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C M J N 128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 - N°872 DU VENDREDI 31 JUILLET AU JEUDI 6AOÛT 2009 LE TRADITIONNEL RENDEZ-VOUS D’ÉTÉ DES COMMUNISTES DU PAS-DE-CALAIS AURA LIEU LE JEUDI 20 AOÛT À SALLAUMINES À PARTIR DE 18 HEURES AUTOUR D’UN BARBECUE RENDEZ-VOUS ESPACE VERT DELEURY (FACE À LA MAIRIE PAR LA RUE DE SOLESMES) “BOMBE” PATRONALE À BOSAL ANNEZIN page 14 CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE CONSTITUER UN LARGE FRONT POUR SAUVER LA POSTE PUBLIQUE page 1:page 1 30/07/09 10:23 Page 1

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128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 € - N°872 DU VENDREDI 31 JUILLET AU JEUDI 6 AOÛT 2009

LE TRADITIONNEL RENDEZ-VOUS D’ÉTÉDES COMMUNISTES DU PAS-DE-CALAIS

AURA LIEULE JEUDI 20 AOÛT

À SALLAUMINES À PARTIR DE 18 HEURESAUTOUR D’UN BARBECUE

RENDEZ-VOUS ESPACE VERT DELEURY(FACE À LA MAIRIE PAR LA RUE DE SOLESMES)

“BOMBE”PATRONALEÀ BOSALANNEZIN

page 14CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE

CONSTITUER UN LARGE FRONTPOUR SAUVER LA POSTE PUBLIQUE

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Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009- 2 -

Tribune libreHLM, L’INSTAURATION DU SURLOYER,

LA MIXITÉ SOCIALE ET LE DROIT AU LOGEMENT« LE DERNIER JOUR DE SE DONNER LA MAIN » ?

PAR JACK RALITE,SÉNATEUR DE SEINE-SAINT-DENIS

LL EE 21 août 2008, aumoment de la grande dis-persion, le gouvernement,

par un décret de sa ministre duLogement de lʼépoque, madameBoutin, a décidé que des rési-dents étaient devenus indési-rables dans les HLM. Ce décret,en effet, établit une nouvellenorme pour le droit à un loge-ment HLM. Cette norme décidedʼaugmenter, en fonction desrevenus, le loyer de locatairesqui ne sont pas considéréscomme pauvres, dʼexpulserceux dʼentre eux nʼayant pas 70ans refusant de sʼy soumettre, etdʼabaisser le plafond de res-sources pour accéder à un loge-ment HLM avec effet rétroactif,cʼest-à-dire en bafouant descontrats de location. Ainsi, ledécret Boutin considérait que lesHLM ne doivent être habités quepar des « hommes à part », des« hommes dépréciés », qui sontsupposés ne pouvoir vivrequʼentre eux, sans autre voisina-ge que leur double, des êtres àqui il est demandé de se faireoublier, des êtres entrés parforce dans des histoires closes,que lʼon oblige à rester à quaicomme assignés à résidencedans une portion de lʼespacesocial à échanges et responsa-bilités limités, des êtres privésdu «risque de vivre», commetout le monde, seul moyen pour-tant dʼavoir le «risque de gué-

rir». Non, non et non ! Ces êtresque le président de laRépublique a osé appeler«racailles» à Argenteuil, amenacés du Karcher à LaCourneuve quand leurs souf-frances les ont conduits à desactes désespérés, a trouvéindignes de lire la Princesse deClèves de Madame de LaFayette, ces êtres ne sont pasdes gens «à part» et sont mêmesources dʼinnovations à lamesure des déchirements dont

ils sont victimes. Ces êtres sou-vent précaires et comme sus-pendus ainsi dans le vide parais-sent à ceux qui ne les rencon-trent jamais, étranges (lʼétrangepauvre et le pauvre étranger)alors quʼils avaient créé un liendʼintimité, dʼhumanité, de socia-bilité avec leurs quelques voi-sins ayant une situation nette-ment meilleure que la leur et quine les rejetaient pas. Ils avaientréussi une alchimie sociale oùlʼinhospitalité était exclue, où latendresse nʼétait pas interdite.Certes, depuis un certain temps,ces rapports étaient déjà deve-nus moins fréquents, parfoismême rares, et souvent étaitprononcée lʼexpression : «On vadevenir un ghetto.» Le décret du21 août 2008, dont madameBoutin ose dire quʼil va donnerdes logements pour les plus

pauvres, alors quʼelle enconstruit trop peu et en tout caspas assez, trouve sans douteque ce compagnonnage deproximité était de trop puisquʼel-le tente avec son décret de luiporter un coup fatal tout en répé-tant son attachement à la mixitésociale. Madame Boutin et le

gouvernement nous mettent àun «moment brèche» qui néces-site un refus à lʼétage voulu. Ilfaut dire la vérité : ce ne sontpas des occupants riches que laministre dulʼHumanité PATRICKNUSSBAUM Logement, au nomdu gouvernement et du prési-dent de la République, veutchasser des HLM, ce sont desgens modestes qui ont lutté,appris et réussi à avoir un statutdécent, ce sont des personnesoriginaires de la ville où sont

leurs HLM, y vivant depuis long-temps et ayant participé à lʼhis-toire de ce lieu. Apportons lapreuve de leur supposée riches-se et de lʼintraitabilité gouverne-mentale, par ailleurs si douceaux spéculateurs. ÀAubervilliers, où il y a près de 8000 HLM publiques, 14 loca-taires étaient jusquʼà présentconcernés par le surloyer. Unedérision caricaturale existantedans beaucoup dʼautres officesHLM. Pour que ça nʼatteigne pasune nuance comique, révélantlʼopération gouvernementale, ledécret du 21 août 2008 a dimi-nué le plafond de ressourcespour avoir accès à un logementHLM et fait que des gens quiétaient jusquʼici normalementlocataires deviennent des loca-taires anormaux : avec les 14historiques, lʼoffice HLM

dʼAubervilliers a 154 locatairesdevenus sans droits ! Quelquesexemples significatifs : Vousêtes logés depuis 1980 dans 84mètres carrés. Les enfants sontpartis depuis quelque temps,vous restez à deux personnes,vos retraites sʼélèvent à 3 700euros par mois. Vous payez

actuellement 402 euros de loyer(700 euros avec les charges). Sila loi est appliquée vous devrezpayer 296,10 euros de surloyer,soit un total de 996,10 euros.Vous êtes un jeune ménagedans 70 mètres carrés, vous tra-vaillez tous les deux et gagnezchacun 1 584 euros par mois.Vous êtes éligibles au surloyer,car vous gagnez 20 % de plusque le plafond et allez devoirpayer 47,25 euros de plus. Lʼunde vous deux obtient une aug-

mentation de 100 euros parmois, vous devrez payer un sur-loyer de 89,25 euros. Si lʼautreobtient la même augmentation,le surloyer sera alors de 131,25euros. Bref, plus vous allez croi-re gagner plus, plus vous allezdevoir payer plus : avec 200euros de plus par mois, vousaurez 131,25 euros de surloyer.Veuve depuis un an, vous occu-pez un logement de 65 mètrescarrés, votre retraite est de 1500 euros par mois, vous tou-chez depuis un an la pension deréversion de votre mari, vouspayez actuellement 311 eurospar mois de loyer. Votre surloyerserait de 258,37 euros, soit avecles charges 769 euros par mois.Vous êtes un ménage avec deuxenfants de 18 et 21 ans, logésdans un 86 mètres carrés, avec5 600 euros par mois pour 4 per-sonnes, vous ne payez pas desurloyer. Mais lʼun de vosenfants trouve un travail commestagiaire à 1 000 euros par mois,vous devrez alors payer 58,05euros par mois de surloyer. Pasde chance ! Votre deuxièmeenfant trouve aussi un travail à 1000 euros par mois, votre sur-loyer sera alors de 367,65 eurospar mois, avec les charges celafera 1 067 euros par mois. Silʼun de vos enfants a le malheurde gagner plus de 1 776,50euros par mois, il ne pourramême pas sʼinscrire pourdemander un HLM. On pourraitprendre dʼautres exemples dansdʼautres villes. En Seine-Saint-Denis, et particulièrement dans

les huit villes de PlaineCommune, le décret Boutin mul-tiplie les proscrits dʼHLM par 10.Dans le parc de lʼoffice départe-mental HLM du 93, 42 payaientle surloyer, 500 devront lepayer… Vous ne savez pastout ! Une modification de la loide finances, votée le 30décembre 2008, offre un dégrè-vement fiscal à celui qui investitdans le logement dont on saitque le loyer de sortie est supé-rieur au logement social. Le

dégrèvement est de 75 000euros par logement. Cʼest uneniche fiscale débouchant surdes loyers inaccessibles auxexpulsés soi-disant riches desHLM. Cʼest une réédition de laloi de Robien qui avait créé unedémarche semblable et dontbeaucoup des logements ainsiconstruits avec un avantage fis-cal nʼont pas trouvé preneurs.On est vraiment dans le règnede lʼinsensé, de lʼarrogance, dela pollution des rapportshumains, de lʼanalphabétismesocial, de lʼabsence dʼune pen-sée, même restreinte de lʼ«en-commun» et du «vivreensemble». Cʼest à se deman-der si madame Boutin et son cir-convoisinage politique et gou-vernemental ne souhaitaient pasquʼarrive «le dernier jour de sedonner la main» (Aragon). Leprocessus est dʼailleurs com-mencé. Autrefois, un pauvremenacé dʼexpulsion sʼen allait à«la cloche de bois».Aujourdʼhui, pendant lʼannée derépit qui a été arrachée pourappliquer le décret, ces ouvriersqualifiés, ces cadres moyenssont en train de partir un à un,en silence, du logement où ilsétaient heureux de vivre. Cʼestdʼautant plus inacceptable queles logements privés de la Villede Paris qui ont tant fait parleren leur temps, avec des loyersbas pour des personnes à hautsrevenus, ont été exonérés dudécret du 21 août 2008.Continue toujours parallèlementla résistance des maires ne vou-lant pas de logements sociaux etnʼappliquant pas la loi Gayssotqui exige que chaque communeconstruise 20 % de logementssociaux. Finalement, en France,il nʼy a que les très riches quisont fiers de lʼêtre. Les pauvreset les couches moyennes sontculpabilisés par la politique dupouvoir. Les premiers parcequʼils sont accusés de ne pasfaire dʼefforts, les seconds parcequʼils ont lʼaudace de gagner unpeu plus. Une bataille parlemen-taire a eu lieu où les groupescommunistes ont joué un grandrôle, non sans succès. Mais lacharitable madame Boutin a rat-trapé, par un vote nocturne, lʼes-sentiel de ce qui avait étégommé. Il nʼy a pas dʼautre solu-tion que de se battre et de sebattre ensemble, en voisinagede lutte, comme on vivait jus-quʼici en voisinage de palier. Ondoit pouvoir faire reculer le gou-vernement soit en remettant encause le décret, ce qui serait lemieux, soit en faisant en sorte,dans une ville commeAubervilliers, que tout le territoi-re soit classé en ZUS, ce quirendrait le décret inapplicable.Il faut en finir avec la ségréga-tion sociale, et il nʼest pas ques-tion de faire des accommode-ments.Ne nous limitons pas à saconstatation lucide, transfor-mons-la en un mouvement, et lemot nʼest pas trop grand, decivilisation, puisquʼil sʼagit durespect et de la dignitédʼhommes et de femmes, ceuxet celles qui sont chassés, ceuxet celles qui vont rester avec lerisque de la ghettoïsation.

“ Il nʼy a pas dʼautre solution que de sebattre ensemble, en voisinage de lutte,comme on vivait jusquʼici en voisinage depalier.”

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Événement

Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009

Édito LE TEMPS DU MEPRIS…

LL E SE S salariés de BOSAL àANNEZIN sont en train derecevoir leur lettre de

licenciement. Lâché par sonprincipal donneur dʼordre,RENAULT (où lʼEtat est encoreactionnaire !), lʼentreprise defabrication de pots dʼéchappe-ment a cessé sa production. Etle repreneur de proposer auxsalariés des reclassements…en HONGRIE, pour 425 eurosmensuels.Je connais plus dʼun salarié de

cette entreprise qui regrettentamèrement aujourdʼhui, de nepas avoir fait … «sauter laboîte», comme dans le feu delʼaction, ils lʼavaient envisagé .Bien sur, ce nʼest pas la solu-tion ; mais le mépris patronalfinira par causer des catas-trophes.Et lʼEtat qui ne fait rien ! Oùsont les discours de SARKOZY,sur la «moralisation du capita-lisme» ? Le président nʼavaitpas de mot assez dur pour stig-

matiser les «excès du systè-me», pour menacer les grandsgroupes dʼune intervention delʼEtat, si nécessaire.Tout cela est fini, et bien fini.«Victoire» aux européennes,opposition affaiblie, syndicats àla peine, SARKOZY a tourné lapage de la «moralisation ducapitalisme» et relance les«réformes» que patrons et libé-raux appellent de leurs vœux :retraite à 67 ans, travail dudimanche, privatisation de la

poste, taxe carbone…Pris entre sentiment de révolteet fatalité, le monde du travailsubit la loi du capital.Les entreprises ferment oulicencient ; le droit du travailvole en éclat et la riposte nʼestpas à la mesure de lʼampleur dela crise et de lʼoffensive libérale.Un automne chaud, ça ne sedécrète pas…mais ça sʼorgani-se. Les organisations syndi-cales auront à tirer les ensei-gnements des limites des jour-

nées dʼaction espacées.Quant à la responsabilité desforces de gauche, elle estimmense : proposer une alter-native crédible ; favoriser toutce qui rassemble pour vaincre.La lutte qui a commencé estimpitoyable : elle broie leshommes par milliers. Cessonsdʼêtre naïfs et donnons à laclasse ouvrière les moyens dese défendre, maintenant.

Bertrand PERICAUD

CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE

CONSTITUER UN LARGE FRONT POUR SAUVER LA POSTE PUBLIQUEMercredi, le conseil des ministres a examiné le projet de loi transformant lʼentreprise en sociétéanonyme. Le comité national contre la privatisation prépare une journée de consultation nationale endate du 3 octobre.

MM E R C R E D IE R C R E D I , le conseildes ministres examinait leprojet de loi «relatif à lʼen-

treprise publique La Poste et auxactivités postales» qui sera dépo-sé au Parlement à la rentrée pourêtre discuté à lʼautomne.Un texte relativement court – onzepages- mais qui engage un tour-nant dans lʼhistoire de La Poste,tant pour le personnel que pour lesusagers.En même temps que les ministresmettaient le doigt dans lʼengrena-ge dʼune nouvelle privatisation, àArras et dans de nombreusesgrandes villes de France, les orga-nisations syndicales tenaient desconférences de presse pour tenirun tout autre discours.Une initiative, qui, à Arras, avec laCGT, FO et la CFTC sʼest élargieà Jean Claude Danglot, SénateurPCF, Hervé Poly, Secrétaire de laFédération du Pas-de-Calais duPCF et Catherine Genisson, res-ponsable départementale du PS.Il faut savoir que la gauche, lessyndicats et quelque quatre vingtassociations font partie du ComitéNational contre la privatisation deLa Poste.Les syndicats soulignent que LaPoste est un service public plébis-cité par les Français. Un servicepublic qui garantit lʼégalité de tousen matière de distribution du cour-rier, aux citadins des grandesvilles comme aux ruraux de nʼim-porte quel petit village. Un servicepublic qui pourra devenir la proiedʼinvestisseurs privés, lesquels nemanqueront pas dʼoccuper lescréneaux les plus rentables. Letravail de sape est dʼailleurs large-ment entamé en conformité avecles directives européennes quiparachèvent la libéralisation com-plète du secteur postal, en ne lais-sant plus rien échapper à la sacro-sainte loi de la concurrence. Selonles syndicats la suite de lʼhistoireest prévisible : derrière le change-

ment de statut transformant lʼen-treprise en société anonyme, legouvernement créé les conditionspour une entrée des capitaux pri-vés, y compris majoritaires. Lesyndicat prend lʼexemple deFrance Télécom pour rappelercomment une entreprise publiquepeut être complètement vidée deson statut dʼorigine.Les syndicats ne sont guère ras-surés par le fait que le texte rap-pelle que La Poste SA (sociétéanonyme avant privatisation)continuera de remplir ses quatremissions de service public (amé-nagement du territoire, transportet distribution de la presse, acces-sibilité bancaire et service univer-sel postal). En effet, il nʼest nullepart préciser les modalités dʼunetelle affirmation.Le passé récent est révélateur

dʼune autre réalité.La préparation de la privatisationde La Poste sʼest accompagnéedʼune baisse brutale des effectifs,lʼallongement des files dʼattenteaux guichets, lʼinterdiction faiteaux salariés de discuter avec lesusagers sʼil ne sʼagit pas de leurvendre un produit...Désormais, la charge de travail dechaque facteur est calculée à laseconde dʼoù le manque de tempspour perpétuer le rôle social dufacteur et notamment envers lespersonnes âgées.Avec le regroupement des boitesaux lettres au bout de la rue, lʼin-certitude pour les plus démunis depouvoir continuer à retirer despetites sommes aux guichets, unprix du timbre qui risque dʼexplo-ser.... les usagers nʼont rien debon à attendre de la privatisationde La Poste.Les syndicats font état de la situa-tion de La Poste en Suède, pre-mier pays à privatiser ce secteurpublic à la fin des années 1990 et

dont les habitants se plaignentaujourdʼhui des conséquencesdésastreuses.

Les parlementairescommunistes appellent

à la mobilisationJean-Claude Danglot rappelle letravail important des parlemen-taires communistes depuis lʼan-nonce du changement de statut, ily a un an.Sʼagissant du texte, le Sénateurcommuniste constate quʼil est àdouble détente, puisque, dʼunepart, il prévoit la transformation deLa Poste, exploitant public, ensociété anonyme, au 1er janvier2010, et dʼautre part, organise latransposition en droit français dela directive européenne postale defévrier 2008, qui libéralise totale-ment le marché du courrier au1er janvier 2011. Le gouvernementessaie de faire croire que lʼouver-ture à la concurrence rend obliga-toire le changement de statut deLa Poste, pour lui permettre de sebattre à armes égales avec lesopérateurs privés qui vont arriversur le marché.Catherine Génisson, responsabledépartementale du PS, va dans lemême sens en soulignant que ladirective européenne nʼexigeaitnullement la privatisation de laPoste française et que cette stra-tégie est uniquement dictée par lalogique ultralibérale du gouverne-ment français.Elle fait égalementremarquer que le mois de juilletest le mois des mauvais coups.Elus de gauche et organisationssyndicales estiment que tousensemble, postiers et populationen première ligne, il est possiblede remettre en cause ce projet deloi.Tous souhaiteraient que le gou-vernement organise un référen-dum sur un dossier aussi sensible.Ne se faisant pas beaucoup dʼillu-sion sur la volonté de Sarkozydʼaller vers cette expressiondémocratique, le Comité Nationalcontre la privatisation de La Posteorganisera le 3 octobre uneconsultation nationale pour per-mettre aux usagers de dire«NON» au changement de statut.Les mois dʼaoût et de septembreseront à nʼen pas douter extrême-ment utiles pour apporter les expli-cations nécessaires à la constitu-tion dʼun large front pour sauver laPoste publique.

Jean-Michel HUMEZ

AAUJOURD'HUIUJOURD'HUI, 29 juillet,vont se tenir, dans toute laFrance, des initiatives orga-

nisées par les comités de défensede la Poste pour s'opposer à la pri-vatisation de cette entreprisepublique. Celle-ci est en effet pro-grammée dans le projet de loiexaminé en conseil des ministresce jour et que le gouvernementsouhaite soumettre au vote duParlement dès la rentrée.Je confirme avec lʼensemble desparlementaires communistes,députés et sénateurs, mon opposi-tion totale, non seulement auchangement de statut de l'établis-sement public, mais également àla transposition de la directivevotée en 2008 qui prévoit la libéra-lisation totale des activités pos-tales au 1er janvier 2011.Nous estimons que loin de donnerde nouvelles marges demanœuvre à ce groupe public,cette nouvelle déréglementationprive «La Poste» des moyens demener à bien ses missions de ser-vice public notamment en termesd'aménagement du territoire et desatisfaction des besoins de nospopulations et ce , quelque soitleur lieu dʼhabitation.Aujourd'hui déjà, la «Poste» estsoumise à des pressions impor-tantes pour améliorer sa compétiti-vité économique au détriment deses missions au service du public.De nombreux bureaux de postesont déjà été fermés, transformésen simples points de contact ou enagences postales communales,des suppressions d'emplois ontconduit à réduire l'amplitude d'ou-verture des bureaux.L'accessibilité bancaire est large-ment remise en cause par la filiali-

sation de la banque postale ainsique par banalisation du livret A.De plus, cette ouverture du capital,malgré les assurances donnéesque celui ci reste 100% public,constitue de fait un premier pasvers la privatisation de la poste. Eneffet, les exemples sont aujour-d'hui nombreux où l'ouverture ducapital des établissements publicss'est finalement transformé en uneprivatisation pure et simple,comme cela fut le cas pour EDF etGDF ou bien encore pour FranceTelecom. Le refrain est bienconnu: on transforme en sociétéanonyme puis on privatise.Les sénateurs du groupe commu-niste, républicain et citoyen et lessénateurs du parti de gauche sou-tiennent les initiatives du comité dedéfense de La Poste et notam-ment la tenue de votationscitoyennes le 3 octobre prochain,dans le plus grand nombre delocalités.Par conséquent, ils demandent auPrésident de la République leretrait du texte en l'absence demise en œuvre d'un référenduminstitutionnel sur l'avenir du servicepublic postal.En tout état de cause, ils seront, sice texte est examiné par le Sénat,des opposants déterminés à ceprojet de loi qui lamine ce servicepublic de proximité, auquel lescitoyens sont attachés. Pour mapart je mʼengage dès aujourdʼhui àfaire aboutir dans la plus grandeconcertation, avec tous les acteursconcernés, cette mobilisation dansnotre département du Pas deCalais.

Arras le 29 Juillet 2009

JEAN-CLAUDE DANGLOTET LES SÉNATEURS DU GROUPE CRC-SPG

AUX CÔTÉS DES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA POSTECONTRE LE PROJET DE LOI PROPOSÉ

PAR LE GOUVERNEMENT

Elus de gauche et syndicalistes réunis mercredi à la Maisons des Sociétés à Arras

De gauche à droite : Jean-Claude Danglot, Jean-Luc Flahaut, collaborateur au Sénat, Hervé Poly etCatherine Génisson

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Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009- 4 -

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AUCHEL

LES ÉLUS DES LISTES DE L’OPPOSITION«TOUS UNIS POUR AUCHEL», «AGIR POUR AUCHEL»

ET «L’AVENIR ENSEMBLE AUTREMENT».S’INSURGENT CONTRE LE MÉPRIS DES RÈGLES RÉPUBLICAINES

La communauté républicaine et laïque auchelloise sʼest fortement étonnée de découvrir parvoie de presse que les enfants du centre de loisirs, géré par la communauté du Béthunoisplacé sous le contrôle municipal, avaient participé à une séquence éducative encadrée pardes missionnaires dʼune congrégation religieuse.

CC ʼ E S Tʼ E S T dans le cadre dela semaine de lʼEvangileà lʼéglise baptiste

dʼAuchel quʼune délégation desept témoins internationaux delʼévangile sʼest invitée aucentre de Loisirs avec lʼaccordde monsieur le Maire. Leur pré-sence avait pour objectif dʼen-cadrer les enfants confiés aucentre de loisirs dʼAuchel. Leurvisite nʼavait rien de religieuxmais seulement un but ludique.La directrice précisant que leschoses étaient claires « Nousnous sommes mis dʼaccordpour quʼils ne parlent pas de

religion au cours des activi-tés », et le pasteur dʼajouter «Nous essayons dʼouvrir nosportes tout en respectant lescroyances de chacun, noussouhaitons briser certainesidées toutes faites sur les évan-gélistes et montrer que noussommes bien intégrés dans lasociété Française. Les évangé-listes ne sont pas des sectes.Nous sommes des citoyensordinaires».Toutefois, lʼillustration photo-graphique à lʼappui de lʼarticlede lʼAvenir de lʼArtois du jeudi23 juillet 2009 nous donne un

aperçu en image de lʼactivi-té : confection dʼobjets en bal-lons de baudruche ! Mais voilàque cette image nous montre lacroix du crucifix !Nous avons alors beaucoup demal à nous convaincre quʼilsʼagissait dʼune animation sansarrière pensée, quʼil nʼy avaitpas en filigrane un message,tout ceci sous lʼœil averti dʼuneéquipe Laïque, dans des locauxcommunaux et sous la tutellede la Direction départementalede la Jeunesse et des sports…Il est temps de rendre descomptes à nos concitoyens surles intentions dʼoffrir ce type detribune aux enfants auchelloiset sans le consentement paren-tal ! Aujourdʼhui cʼest lʼégliseréformée, pourquoi pas demainlʼéglise de scientologie, lestémoins de Jéhovah ou partispolitiques…Le Centre de Loisirs soumis

au contrôle républicainLe centre de loisirs quiaccueille chaque année descentaines dʼenfants dont la plu-part sont issus des familles lesplus humbles est un servicepublic répondant à lʼesprit de laRépublique c'est-à-dire Laïque.Tous concepts politiques oureligieux doivent être bannis àlʼimage de lʼécole. Il existedʼautres structures dʼaccueil(écoles libres, clubs privés,structures dʼanimation confes-sionnelle…) qui permettent auxparents de se déterminer dansun mode de garde pour leurenfant en parfaite harmonieavec leurs pensées.Parce que cʼest leur choix dʼyinscrire leurs enfants, lʼaccueilen centre de Loisirs Laïque sedoit de respecter la croyance

philosophique et religieuse dechaque usager en proposantdes activités éducatives plaçantlʼenfant ou le jeune au cœurdʼapprentissages dans un envi-ronnement ludique. Cʼest parcequʼil y a cette convivialité aucentre de loisirs que les mes-sages éducatifs passent plusfacilement entre lʼadulte et lʼen-fant. Le rythme des activitésproposées pouvant se gérer enphase avec le rythme biolo-gique de lʼenfant (pas de pro-gramme académique imposé),lʼenfant se trouve plus réceptifaux actes éducatifs qui lui per-mettent de construire sa per-sonnalité. Cʼest donc auprès dece public plus captif quʼil sʼagitdʼêtre vigilent en garantissant leplus grand respect de neutrali-té.

Les garantsde cette neutralité ont failli !En premier lieu, MadameBLASZCZYK adjointe au Maire,déléguée à cette mission muni-cipale qui a cautionné la pré-sence des missionnaires pourencadrer les activités alors quedes personnels qualifiés étaientrecrutés pour cette fonction.Dʼailleurs, ces intervenantsétaient-ils diplômés du BrevetdʼAnimation comme lʼexige laréglementation au regard dutaux dʼencadrement ?En second lieu, la responsabili-té de la Communauté duBéthunois est engagée puisqueles déclarations auprès duministère de tutelle relève de sacompétence. Nous demandonsau Président de laCommunauté du Béthunoisainsi quʼaux élus en charge dece secteur de sʼexpliquer. Les

choses doivent être claires : quipilote le projet éducatif descentres de loisirs placés sousson autorité ?Enfin, lʼadministration départe-mentale de la jeunesse et dessports qui délivre les habilita-tions dʼouverture de ce type destructure dʼaccueil de mineursdoit rendre compte aux repré-sentants du peuple que noussommes de lʼexamen de cetécueil et définir les manque-ments dans cette hiérarchiediluée qui est soumise au pou-voir politique partagée entredeux entités. Nous nʼaccepte-rons pas que les agents recru-tés à lʼencadrement de cecentre soient sanctionnés si lesvrais responsables étaient lesélus qui auraient exercé despressions sur le personnel pouraccepter cette visite.Nous sommes très respectueuxdes différentes formations reli-gieuses, de ces femmes et ceshommes qui prêchent pour desidées auxquelles chaquecitoyen peut adhérer librementpour y construire sa conscien-ce, son sens critique et philoso-phique, cela ne peut se condui-re sous le patronage dʼune ins-titution soumise aux règlesrépublicaines de neutralitéconstitutionnelle.La responsabilité du maire estdonc aujourdʼhui de démettreson adjointe défaillante de sadélégation pour manquementaux règles républicaines qui setrouvent placées au dessus deslois et de leurs intérêts person-nels. Il doit également présen-ter ses excuses aux autresconfessions religieuses et auxrépublicains pour son manquede vigilance quant au respectde la laïcité au sein de son ser-vice dʼaccueil dʼun public captif.

LENSLES QUARTIERS D’ETE 2009

ONT PERMIS DE PASSER UN BON MOMENT

CC ʼ E S Tʼ E S T par un bel après-midi estival ensoleillé queles quartiers dʼété 2009 se

sont posés sur la plaineFaucquette de la Grande

Résidence de Lens, avec leconcours du Conseil régional et lesmoyens techniques de la ville. Lesassociations regroupées au seindu F.P.H. (Fonds de Participation

des Habitants) ont durant lajournée fourni un énormetravail pour faire passerdʼagréables moments auxnombreux enfants venusen famille. A la fin de lajournée un spectacle futoffert ainsi quʼune brochet-te pour terminer en dou-ceur cet après-midi richeen émotions.

Photo J.L.D

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VINGT CINQ ANS APRES LA FERMETURE DE MASSEY FERGUSONA MARQUETTE- LEZ- LILLE

UN ANNIVERSAIRE POUR RESTITUERQUELQUE SOIXANTE ANNEES DE TRAVAIL ET DE LUTTE

Le dernier combat des salariés de cette entreprise de machinisme agricole est encore dansde nombreuses mémoires.

FF I NI N juin, les retraités et lesanciens salariés deM a s s e y - F e r g u s o n ,

(Marquette-lez-Lille ) sʼétaientdonné rendez-vous pour célébrerles vingt cinq ans de la fermeturede cette entreprise spécialiséedans le machinisme agricole.Une démarche qui peut paraîtreinconvenante au premier abordmais qui trouve sa justificationdans lʼhistoire même de cetteentreprise qui vit le jour àMarquette en 1925. Les soixanteans dʼexistence de cette entrepri-se dans le Nord furent marquéspar de nombreux combats contrele patronat, le gouvernement etmême contre lʼenvahisseur nazi.A la fermeture, lʼusine deMarquette comptait 2 200 per-sonnes, licenciées en quelquesmois, en deux tranches dont unepremière tranche de 600 dans unpremier temps.La fin de cette histoire industriel-le fut ressentie comme un véri-table cataclysme sur le secteurmais également dans toute larégion et au-delà.En organisant ces deux journées

de rencontre, en ce vingt cinquiè-me anniversaire de la fermeturede lʼentreprise, il sʼagissait de sesouvenir le plus dignement pos-sible de ce qui à fait son vécutant sur le plan travail que sur leplan humain ainsi que du contex-te de lʼépoque où parallèlementune autre entreprise du machinis-me agricole, la CIMA, installée àquelques kilomètres à Croix,taillait elle aussi dans les effectifspassant de quatre mille àlʼépoque à trois cents aujour-dʼhui. Cette année 2009 est éga-lement celle du centenaire delʼimplantation, de cette entrepriseà Croix.Cʼest cette histoire commune quia poussé les ex-salariés desdeux entreprises à créer lʼasso-ciation «Mémoire ouvrière dumachinisme agricole Marquette,Beauvais, Croix, Saint-Dizier » àlʼorigine du programme des 19 et20 juin concocté par deuxanciens de Massey FergusonMarquette et de la CIMA, ClaudePainault et Roger Demortier, res-pectivement président et vice-président de lʼassociation.

Luttes et solidaritéDe nombreuses luttes ont marquélʼhistoire de lʼusine de Marquette-lez-Lille. Des luttes globales maiségalement des luttes sectorielles(fondeurs, soudeurs, profession-nels...) des luttes pour les salairesmais également pour lʼembauchede jeunes, des luttes pour la digni-té mais également des luttes ensolidarité des peuples opprimés(Vietnam...) mais également pourles mineurs en grève et autressalariés dans le besoin...Lorsquʼen 1984, la direction instal-lée à Toronto, au Canada, décidede licencier 50 000 personnesdans le monde, aux Etats-Unis, enGrande-Bretagne, en Italie, enEcosse, et Allemagne et enFrance, la CGT décide dʼintensifierses contacts avec les syndicatsdes entreprises européennesconcernées.Auguste Parent, responsable dusyndicat UFICT-CGT (ingénieurs,cadres et techniciens) et secrétai-re de lʼassociation «Mémoireouvrière du machinisme agricole»se souvient fort bien des dernièresannées de lʼentreprise et desultimes combats qui sʼétalèrent surquelque huit années. En 1991,eurent lieu les dernières discus-sions sur le plan social.Auguste Parent replace ce conflitdans un contexte particulier à lʼen-treprise de Marquette réputée poursa combativité et par son syndica-lisme de masse.La CGT avec ses 1 000 syndiquésrecueillait 70% des suffrages auxélections professionnelles aussibien dans le collège ouvriers etemployés que dans le collègecadres, techniciens et agents demaîtrise.

suite page 6 �Lors d’une des multiples manifestations contre les licenciements

Une délégation de la CGT de Marquette avec leurs camarades italiens. On reconnaît sur la photoJean-Michel Humez, dernier responsable du syndicat ouvrier CGT (debout 1er à gauche) et AugusteParent, dernier responsable du syndicat UFICT - CGT (debout 1er à droite).

Recueillement devant la stèle des travailleurs de Massey Marquette, morts en déportation. On recon-naît sur la photo Patrice Humez, dernier secrétaire du Comité d’Entreprise (à gauche chemiseblanche)

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«Ca nʼa jamais été facile pour ladirection et quand il a sʼagit de por-ter lʼestocade, elle a utilisé toutesles ficelles. En jouant sur la divi-sion, en licenciant 600 salariés,pour disait-elle sauver les 1 600autres» rappelle le responsableCGT.Il ne manque pas de souligner quela multinationale avait bénéficiéauparavant dʼune subvention duMinistre de lʼIndustrie de 100 mil-lions de francs à lʼépoque (environ15.2 millions dʼeuros). Cʼest pour-quoi Mauroy, Delebarre, et Fabiusont subi lʼassaut des responsablessyndicaux qui réclamaient descomptes auprès des pouvoirspublics.Un film dʼune vingtaine de minutesréalité par la fille de lʼancien res-ponsable CFDT de lʼépoque,Dieudonné Demolin, permetdʼailleurs de voir comment les poli-tiques et notamment LaurentFabius ont pris de haut les revendi-cations des salariés qui ont du luttépied à pied durant des années pourobtenir les compensations les plusélevées.

Premières délocalisationsavec détournementdes fonds publics

En transférant sa production enNorvège, la direction Massey-Ferguson inaugurait les premièresdélocalisations telles quʼon lesconnaît aujourdʼhui.Finalement, les méthodes au capi-talisme se perpétuent. Commentne pas faire le rapprochement avecla crise actuelle ?Car lʼentreprise de Marquette estreconnue pour la qualité de sesfabrications.En 1956, la télévision française(lʼORTF à lʼépoque) a déplacé uneéquipe sur place pour réaliser undocumentaire dans les différents

ateliers. Moment dʼhistoire pré-cieux, puisque la caméra a enregis-tré de nombreux postes de travail :parc aciers, forges, tôlerie, fonde-rie, ligne de montage... Ce film étaitaxé sur la fabrication du tracteurPony qui on a vu souvent sillonnerles champs dans les années cin-quante et soixante. Un tracteur quifonctionne encore dans certainesfermes, ce qui prouve la robustes-se de cet engin.La mémoire du passé facilitela mesure exacte du présent

Comme il nʼy a pas véritablementde politique de réutilisation desfriches industrielles on peut se féli-citer de lʼintervention directe etmassive de lʼEtat pour la réhabilita-tion de la filature Motte-Bossut,dans le centre de Roubaix, qui abri-te les archives du monde du travail.Cʼest en ces lieux que les salariésde Massey-Ferguson et de la CIMA(parmi dʼautres) ont déposé leursarchives et cʼest dans ces mêmeslieux quʼils ont décidé de passerune partie des deux journées derencontre des 19 et 20 juin.Ce fût lʼoccasion pour la directricedes Archives du monde du travail,Françoise Bosman de souligner lavolonté des salariés du machinis-me agricole de continuer à se faireentendre.Après avoir fait remarquer que lʼona davantage lʼhabitude dʼhistoirespatronnées, de près ou de loin, parles services de relations publiquesdes entreprises, ayant à cœurdʼaméliorer lʼimage de marque dela firme, Françoise Bosman consi-dère que «Les Massey sont lestémoins et les acteurs de grandsmoments du syndicalisme aujour-dʼhui en péril».Pourtant est-ce que les choses ontvraiment changé entre hier etaujourdʼhui ? Cʼest toujours le

même combat à reprendre àchaque génération. La simple dis-parition du mot ouvrier dans levocabulaire est lourde de significa-tion.Il y a toujours des gens qui trimentpour gagner leur croûte. Le SMICreste le SMIC et les médias mon-trent assez peu de gens du travail,excepté ceux qui se chargent dumaintien de lʼordre : la Police et lajustice qui occupent largement lesécrans.Pour Françoise Bosman le voile estépais qui laisse dans lʼombre la viedes travailleurs, leur dignité et leurscombats.Cʼest pourquoi les Massey etdʼautres encore sʼattachent à per-pétuer le vécu des travailleurs deleurs entreprises respectives aveclʼidée que la mémoire du passéfacilite la mesure exacte du pré-sent.Perdre son passé –ou en être privé– cʼest perdre une dimension de saliberté. Lʼentreprise ayant unevocation économique, seule latechnicité des travailleurs, calculéeen terme de rentabilité, est recon-nue ; les compétences humainessont assimilées aux moyens tech-niques.Avec leurs photos, avec leurstextes, avec leur film, les ex-sala-riés de Masey-Ferguson ont voulureconstituer cette identité non alté-rée du travailleur, pas seulement«agent économique» voué exclu-sivement à la production, mais êtrehumain qui vit pleinement son tra-vail, fait de rencontres, dʼéchangeset de créativité, qui participe auxluttes qui forgent le statut social.Comme lʼa écrit le poète RenéChar : «La dignité dʼun hommeseul, ça ne sʼaperçoit pas. La digni-té de mille hommes, ça prend uneallure de combat».

J.M.H.

PROGRAMME DES DEUX JOURNEES QUI SE SONT DEROULEES FIN JUINVendredi 19 juin :14 h 45 :Rendez-vous à la salle du Parvis, Grand-Place à Marquette-lez-Lille.15 h 00 :Dépôt de gerbes à la stèle Massey (au cimetière), en hommage aux déportés de lʼentreprise16 h 00 :Réception salle du Parvis avec projection dʼun film de lʼORTF sur la fabrication duPony en 1956.18 h 00 :Le Cabaret de lʼUnion à Roubaix « Les grandes familles patronales ».Samedi 20 juin :9 h 00 : Réception salle du Parvis.11 h 00 :Départ des bus avec passage devant lʼex-usine Massey et usine CIMA11 h 30 :Rassemblement au Pont-levis (Archives du monde du travail)12 h 00 :Intervention, projection, exposition13 h 00 :Réception14 h 00 :Repas et après-midi dansant.Durant toute la journée, exposition photographique visible aux Archives nationales du monde du travail :150 photos dʼhier et aujourdʼhui.

� suite de la page 5

La stèle en mémoire des déportés a été transférée, lors de la fermeture de l’entreprise, au cimetièrede Marquette.

Lors de la projection des films retraçant l’activité et la lutte des Massey

Les “Massey toujours là” et notamment par l’intermédiaire de la section syndicale des retraités.

A Roubaix, dans les bâtiments des Archives du monde du travail.On reconnaît Claude Painault, CGTMarquette, Françoise Bosman, directrice, Dominique Maugez, CGT Beauvais, Jean Fatoux , CGTMarquette et au fond Roger Demortier, CGT CIMA.

Une partie des militants CGT lors d’une distribution de tracts à Lille

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HistoireAVES LES AMIS D’EDWARD GIEREK

RÉÉCRIRE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION POLONAISEEn 1926, ils représentent un tiers des effectifs des concessions minières du Pas-de-Calais.A Marles-les-Mines ou Rouvroy, presquʼun habitant sur deux est de nationalité polonaise.Invités à assurer la relance de la production charbonnière, les immigrés polonais contribuè-rent, dans lʼentre-deux-guerres, au relèvement de la région. Ils sʼimaginaient la Francecomme un Eldorado «où le miel coulait dans les rivières». Confrontés à un patronat desmines uniquement soucieux de rentabilité, ils déchantèrent très vite. Les Amis dʼEdwardGierek se proposent de retracer lʼhistoire de lʼaile gauche de la Polonia organisée au sein duPCF ou de la CGTU et dont les acteurs se placeront sous la menace constante dʼun licen-ciement, dʼun emprisonnement ou… dʼune expulsion pour prétendu «trouble à lʼordrepublic» ! De fait, la réflexion de lʼassociation sʼétend à la problématique de lʼintégration de cegroupe ethnique dans la société française. Aujourdʼhui présentée comme «exemplaire», leprocessus dʼassimilation fut au contraire largement chaotique.

AA UXUX côtés de leurs com-pagnons dʼinfortune,Français, Belges ou

Italiens, les mineurs polonaisont, très tôt, revendiqué sur lescarreaux de fosse et au cœurdes cités, de meilleures condi-tions de travail et dʼexistence…Ils sʼorganisent au sein du Particommuniste français qui prendvite conscience que «la conquê-te de la main-dʼœuvre étrangèreest quelque chose dʼurgent etdʼindispensable», à travers laconstitution de sections étran-gères spécifiques dites«groupes de langues». Mêmeraisonnement au sein de laCGT Unitaire soucieuse dʼasso-cier les Polonais aux luttes desautochtones pour empêcher lepatronat, en leur faisant jouer unrôle de régulateurs de salaires,«de se servir dʼouvriers étran-

gers pour nous affamer là où lehasard nous a fait naître».Aussi, lors des grèves de 1936,au sein des Francs-Tireurs etPartisans dans la résistancearmée à lʼoccupant nazie ou,plus tard, comme artisans delʼhéroïque grève de lʼautomne1948, des Polonais de Franceont fait le choix de la lutte desclasses et de lʼinternationalis-me. Cet engagement au servicedʼun idéal dʼune société égalitai-re débarrassée des miasmes delʼexploitation capitaliste, ils lʼontde suite payé au prix fort.

Répression tous azimutsPour le seul arrondissement deBéthune, lʼEtat français a, entredécembre 1920 et juin 1922,déjà prononcé une quarantainedʼexpulsion à lʼendroit de com-

munistes polonais. Le pouvoircraint lʼinfluence de militantsparfois chevronnés qui auraientpu être au contact de laRévolution dʼOctobre. Cesmesures de représailles sontalors censées détourner lamasse des travailleurs de lʼac-tion publique. «Il existe bienentendu des individus ayant desopinions bolcheviques, mais lacrainte de lʼexpulsion les fait setenir assez tranquilles», révè-lent aussitôt lesRenseignements généraux.Cette logique prévaut pendanttrente ans, de 1920 à 1950. Aupays des Droits de lʼHomme,hormis à la Libération, il ne ferajamais bon être membres de laCGT Unitaire ou du PCF.Dʼorigine galicienne, ThomasOlszanski, pourtant naturaliséfrançais dans les années 1920,lʼapprend à ses dépends.Propagandiste de la Fédérationdes mineurs de la CGT Unitaire,extrêmement populaire dans lesmilieux polonais, il est dénatura-lisé en 1932 avant dʼêtre expul-sé deux ans plus tard. 1934,cʼest lʼannée de la grève deLeforest. Pour protester contrelʼexpulsion de compatriotes, lesPolonais de la fosse 10 de laCompagnie des Mines delʼEscarpelle entament une grèveau fond du puits. Quelquesjours plus tard, 77 dʼentre euxsont eux-mêmes expulsés versla Pologne nobiliaire, aux mainsdu dictateur Pilsudski et bientôtdes Colonels ! A la Libération,lʼembellie née de la présence deministres communistes au gou-vernement est de courte durée.Dès leur éviction en mai 1947,dans un contexte dʼantisoviétis-me exacerbé par la Guerre froi-de, lʼEtat français fait interdireles organisations favorables à laPologne populaire : la sectionfrançaise du Parti ouvrier polo-

nais (PPR) en 1948, puis lesassociations dépendant duConseil national des Polonaisen France (RNP), en janvier1950. Le quotidien GazetaPolska, lʼorgane de référencede la gauche polonaise enFrance, subit le même sort.Pendant la grève des mineursde lʼautomne 1948, le ministresocialiste de lʼIntérieur JulesMoch menace dʼexpulsion lestravailleurs polonais qui ont lʼou-trecuidance de manifester !

Réalité occultée ?Cette réalité est aujourdʼhui lar-gement méconnue «quand ellenʼest pas délibérément occultéepar les faiseurs dʼimage ou lesdicteurs dʼopinion proches de laMission catholique polonais enFrance ou de la très conserva-trice Maison de la Poloniabasée à Hénin-Beaumont. Cesderniers passent sous silencecet engagement, préférant,pour des raisons idéologiques,se concentrer sur la dimensionculturelle ou religieuse de cecourant migratoire. De ce fait, ilsenjolivent le passé et confortentle mythe dʼune assimilation faci-le et sans histoires malheureu-sement repris à lʼunisson par lesautorités françaises comme cefut encore le cas lors de lʼAnnéede la Pologne décrétée par leConseil général du Pas-de-Calais, en 2007», estime lʼasso-ciation des Amis dʼEdwardGierek. Aussi, celle-ci comptebien rappeler le «rôle incontour-nable joué par les travailleurspolonais dans les luttessociales» et «détricoter ainsi lafable dʼune intégration exem-plaire».Loin de la «légende rose», lʼas-sociation évoque volontiers «lesrapatriements forcés de cen-taines de travailleurs polonais et

de leur famille, dans des condi-tions souvent dramatiques,dans les années 1930, enconséquence de la crise struc-turelle du capitalisme ou enco-re, à la Libération, les départs,volontaires cette fois, decitoyens polonais ».Une autre approche de lʼim-

migration polonaiseParaphrasant volontiers lʼhisto-rien Gérard Noiriel, les AmisdʼEdward Gierek sont persua-dés que lʼon a jusquʼà présent«écrit lʼhistoire des vainqueursau détriment des vaincus, lʼhis-toire de ceux qui ont laissé unetrace de leur passage au détri-ment des invisibles, des sans-voix». Longtemps, bien que sesituant dʼemblée sur le terrainde la francisation, la Fédérationdes mineurs CGT ou lʼassocia-tion France-Pologne ont portécette mémoire spécifique.Aujourdʼhui, désireuse de nepas abandonner lʼhistoire delʼimmigration polonaise à saseule frange cléricale et droitiè-re, lʼassociation des AmisdʼEdward Gierek sʼest lancéedans une vaste entreprise decollecte de témoignages et derecherches archivistiques. Enattendant de solliciter AdamGierek, le propre fils dʼEdward,aujourdʼhui député européen,elle sʼest trouvée un présidentdʼhonneur en la personnedʼHenryk Skirlo qui vit aujour-dʼhui à Gliwice, en Silésie. Cedernier, natif de Libercourt,gagna la mère-patrie en mai1946 à lʼappel du gouvernementpolonais en charge de lareconstruction, sur des basesnovatrices, dʼun pays ravagépar six ans dʼoccupation nazie.Tout un symbole !

Jacques Kmieciak

Au sujet des AmisdʼEdward Gierek

Lʼassociation a pris le nomdʼEdward Gierek, une «figureemblématique de lʼaile gauche delʼimmigration polonaise enFrance» dans la mesure «où cemineur, syndicaliste et militantcommuniste, sera reconduit à lafrontière en vertu dʼun décretdʼexpulsion signé le 8 août 1934,

pour son rôle au cours de lafameuse grève au fond deLeforest».N° 1, de 1970 à 1980, du Partiouvrier unifié (POUP) au pouvoiren Pologne, il est lʼéquivalentdʼun chef dʼEtat. Pourtant tou-jours interdit de séjour en France,il est reçu en grande pompe parle président Georges Pompidouen 1972 à lʼoccasion dʼun voyageofficiel qui lui permet de rencon-

trer dʼanciens amis de Leforest, àlʼambassade de Pologne à Paris.Les personnes intéressées parlʼactivité de lʼassociation peuventsʼen rapprocher

au 03.21.64.10.94ou écrire à :

Amis dʼEdward Gierek,22, rue nationale,

62150 Rebreuve-Ranchicourt.

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Juillet en Liberté

ON CHANGE DE LOISIRS

EENN bord de mer la principa-le occupation de nos loi-sirs reste la baignade.

Pour bien en profiter encorefaut-il prendre quelques précau-tions et notamment en ce quiconcerne les enfants et tousceux qui nʼont pas encore dʼaffi-nité avec lʼélément liquide.Pourtant au commencement desa vie de barboteur, le bébé nʼaen théorie besoin de rien, fortdes réminiscences de sa vie enmilieu maternel.Encore doté de tous sesréflexes dʼhumain amphibie, ilse meut dans la piscine commeun poisson dans lʼeau. Maisbientôt, les lois de la gravité etde la tasse se rappellent un sou-venir de lʼintrépide. Lʼurgent estde rester la tête hors de lʼeau.Alors, à lʼâge des premierspâtés de sable, lʼenfant se dan-dine fièrement sur les plages,bouée en plastique autour deshanches.De son illusoire gloriole de pou-voir nager seul et sans effort, ilviendra fièrement informer cha-cun de ses proches qui sʼassu-reront régulièrement du bon étatde la bouée.Il faut savoir que la bouée tienthistoriquement son prestige desa fonction de sauvetage enmer.Apparue dès le XIXème sièclechez les Anglais, on retrouveses traces en France au postede sauvetage de Boulogne-surMer, le premier en France. Desimages montrent des ceinturesfaites de liège, lointainesancêtres de nos classiquesbouées orange en mousse depolystyrène, accrochées à tousles navires, selon les normes envigueur à lʼépoque dans la mari-ne marchande.Mais si celles-là sont fiables, etextrêmement contrôlées il nʼenest pas de même pour leur cou-sine des plages. Selon certainsspécialistes, «si un enfant seretourne dans lʼeau avec sa

bouée, il nʼaura pas la force desortir sa tête de lʼeau. En plus,sur les plages, les bouées sʼen-volent, et les enfants courentaprès, ce qui peut être dange-reux. Les parents ont tout intérêtà donner des bracelets gon-flables à leur enfant».Les brassards nʼont pas plusdʼambition olympique que leurrivale. Apparus grâce aux acquiscumulés des congés payés etde la technologie de la souduredu plastique gonflable, ils nʼai-deront personne à apprendre ànager.Mais les brassards savent toutsimplement, humblement maisavec assurance, remplir leurmission de flottaison simple.

Châteaux éphémèresPour les plus petits sʼamuseravec le sable reste en mêmetemps le terrain idéal pour lʼap-prentissage des rapportssociaux. En témoignent Bruno etMartine en cet après-midi enso-leillé. Lorsque Bruno lui arrachala pelle des mains, Martine eutla réplique immédiate : ellereverse le seau plein de sablehumide sur la tête de son petitcamarade, qui se mit à pleurer,à trépigner.Leurs chamailleries de gaminsse terminaient toujours de lamême façon. Les parents deBruno et ceux de Martine étaientexaspérés. Ils avaient pourtanttort de se plaindre ! Pourquoinʼavaient-ils pas acheté unepelle et un seau à chacun ?Tout avait pourtant bien com-mencé. Les premiers jours, lesenfants avaient joué calmementsur le sable. Bruno eut envie deconstruire, de construire nʼim-porte quoi, pourvu que ça sʼélè-ve le plus haut possible : «Jeveux un château» insistaMartine.Un château, cʼet bien beau,mais où ? Seul le sable imbibédʼeau est assez compact pour

édifier quoi que ce soit. Il fautdonc sʼinstaller près des flots.Bruno se rapprocha des flots,trop au goût de Martine : «Ici lesvagues vont détruire notre châ-teau ! » Bruno ne voulut rienentendre, ce serait ici et pasailleurs.Avec la pelle, Martine remplis-sait le seau, que Bruno renver-sait dʼun geste rapide et sûr.Pâté après pâté, les murs sʼéle-vaient.Bruno était fier de son œuvre,lʼaide de Martine étant à sesyeux négligeable. Ce château,pensait-il était assez solide pourrésister à toutes les attaques. Lamarée montante poussa unevague plus importante qui sapalʼédifice. Le château sʼaffaissa,Martine fondit en larmes.Une scène que les bâtisseurs enherbe reproduisent de généra-tion en génération.Le hublot des profondeurs

Pour les plus grands la trempet-te cʼest dépassée et le nec plusultra cʼest de se faufiler sous lesflots, lʼair en bouche et lesmirettes au sec.Sʼil lʼavait pu, Poséidon auraitcertainement troqué son tridentcontre un masque : immortel oupas, on est tous myope ouhypermétrope sous lʼeau. Lemasque, lui, rétablit le contactair-œil, donc la netteté de lʼima-ge. Facile, au fond. Mais encorefallait-il y penser.On raconte que les plongeursantiques laissaient échapper deleur bouche de petites quantitésdʼhuile qui, passant devant lesyeux, rétablissaient une visionplus ou moins claire.A partir du XIXème siècle, onutilise les premières lunettes deplongée sans parvenir à unrésultat concluant. A cetteépoque, seul le scaphandrelourd permet de gambader souslʼeau en permettant dʼy voir clair.Il faut attendre 1936 pour voir

lʼinvention du masque tel quʼonle connaît aujourdʼhui. Lemasque nʼest plus lʼapanage delʼélite de la plongée et la formu-le hublot a évolué il y a trente-cinq ans avec la jupe qui couvrele nez quʼon peut ainsi pincerpour décompresser.Question raffinement, la fin dufin reste quand même lesmodèles avec verres correc-teurs pour myopes, hypermé-tropes, astigmates et autrespresbytes.Impossible de louper une sirène.Mais rétablir une vision nette nepeut se faire quʼau prix dequelques contraintes : distancesréduites, champ visuel rétréci etvision latérale déformée.Attention, enfin, aucun masquenʼest antibuée et cʼest là que letuba entre en jeu. Il est le com-plément idéal du masque.Allez savoir pourquoi, ce sontles Grecs qui ont inventé cetobjet à la forme longue, fine etcylindrique au IVème siècleavant J.C. ? Et dont le premierbrevet ne date que de 1932 !vieux comme le monde, ce sontles chasseurs sous-marins quilʼont remis au goût du jour pen-dant lʼentre-deux-guerres.

Le pilier des grèvesQui, en vacances, au bord demer, nʼa jamais, jeune ou moinsjeune, cédé à la pêche à maréebasse.Cʼest là que lʼépuisette entre enscène. Les origines de cet ins-trument se perdent dans lʼhistoi-re de la pêche. Chaque régionde France possède la sienne.Bouteux, bouqueton, truble,cadre, troublette, puisette.....Elle est la «bonne à tout faire dupêcheur ».Cʼest au début du siècle dernier,avec les premiers bains de mer,que les estivants découvrent lesjoies de la pêche sur les grèves.Ces épuisettes de loisirs appa-raissent alors en devanture des

premiers bazars balnéaires.Depuis, les techniques de fabri-cation se sont améliorées.Dans les contrées océanes, par-tir pêcher à la crevette devientune véritable expédition. Carnetdes marées dans une main,seau, grattoir et gros sel (pourfaire sortir les couteaux) danslʼautre, lʼépuisette sous le braset le panier à crevettes en ban-doulière, on part tôt le matin àlʼassaut des grèves.Une ou deux heures plus tard,les plus téméraires laissent tom-ber lʼinstrument et farfouillent àla main sous les rochers, sanssavoir à quels dangers ils sʼex-posent. Entre anémone de merqui pique et crabe qui pince.Mais dans les règles de lʼart, ilfaut, dʼun mouvement délicat dupoignet, soulever les algues desrochers pour surprendre lesbouquets, petits crustacés déli-cieux mais très malins. Ou pous-ser, dʼun geste continu, la«bichette» au long manche surles bancs de sable pour piégerles crevettes grises.Parfois, on tombe sur un beaubanc et cʼest la pêche miracu-leuse.Pour optimiser vos chances,sachez respecter quelquesconsignes. Se méfier du vent,qui pousse les crevettes àmigrer vers le large, dans desfonds marins moins agités.Préférez une mer pas trop clai-re, car les petits crustacés nesʼaventurent pas dans les eauxtransparentes.Pas folle la crevette ! Penchezaussi pour lʼeau tiède et allez-ydès aujourdʼhui, car cʼest enjuillet et en août que les cre-vettes prolifèrent sur nos côtes.Ainsi, de retour à la maison,vous pourrez les plonger danslʼeau bouillante et les dégusteraprès une dure journée delabeur...Epuisante épuisette.

Jean-Michel HUMEZ

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LivreLUCIEN SUEL, SOUFFLEUR DE VERS

A la limite de la Flandres et de lʼArtois, entre son jardin et ses livres, Lucien Suel sème etrécolte. Son dernier livre Mort dʼun jardinier est un véritable plaidoyer pour la vie. Un artistepolyphonique nous dévoile une fraction de son univers. Portrait dʼun auteur qui nʼoubliespas son enfance.

«S«S II le livre deviens trèscélèbre, on pourraitorganiser un jeu

concours ? » facétieux LucienSuel ? Le jeu littéraire est sondada. Et le lecteur attentif a toutintérêt à lʼêtre bien plus encore.Sous des airs très sages de jeuneretraité, se cache un Punk. Maispas orthodoxe, un punk deschamps. « Jʼai toujours vécu à lacampagne, jʼai toujours eu un jar-din ». Une seule exception, lʼécoleNormale dʼinstituteurs dʼArras,dans le Pas-de-Calais, où il arriveen 1963. Il nʼa pas encore 15 ans.Jospin (ministre de lʼEducationnationale à lʼorigine des IUFM)nʼavait pas encore tué la vieille etnoble institution républicaine. Il vay découvrir les joies de la ville, lecinéma, les librairies, la biblio-thèque « cʼétait vraiment desannées de formation. Je cherchaisun auteur après jʼen découvrais unautre… » . Et la fin des clopes encachette, la liberté.Et lʼécriture déjà prend forme.« Jʼécrivais des poèmes qui ontété publiés dans la revue de lʼéco-le normale » se souvient-il en sou-riant. Et lʼécriture sʼinstalle. Il éditeune revue dans les années 70« The Stars Screwer », le baiseurdʼétoiles… « Je faisais tout de A àZ. Même lʼimpression à la ronéo lesoir à la mairie… » Pendantquatre ans, Lucien publie des tra-ductions de ses auteurs favoris,Burroughs, Bukowski… ou lesparoles françaises des chansonsdes Clashs ou des Sex-Pistols, dePatty Smith. « Cʼest lʼépoque de ladécouverte de la contre culture, dela beat génération. Première postedʼ « instit » dans un petit villageprès de Lens. Nous sommes en68… Il y découvre le militantismesyndical. Ensuite, cʼest la luttecontre les centrales nucléaires,lʼachat une maison en Ardèche.« Jʼai failli créer une communauté,mais pour moi la première commu-nauté cʼest la famille » souligne-t-il. « Je trouvais anormal que ceuxqui se disaient « écolos »habitenten ville »…écolo il lʼest toujoursmais à sa façon. « Par exemplequand on a un jardin, c'est unefaçon de lutter contre les super-marchés,» pestent-t-ils contreceux qui tondent leurs pelouses

chaque samedi.Il se retrouve aussi parmi les pion-niers des radios libres. En 1982 ilhérite de la responsabilité deRadio Banquise à …Isbergues.«Cʼest ma femme qui avait trouvéle nom» avoue-t-il savourant enco-re. Aujourdʼhui cʼest sur la «toile »que Lucien sévit. Communicationet écriture, sur trois sites, pasmoins. Dont un blog, A Noir etBlanc, avec son épouse, Josiane.Pour elle les images, pour lui lespoèmes. Lʼaccord parfait. LucienSuel donne aussi dans la musiquedepuis 1990 avec son groupeRock-Punk «Potchük». Autrecorde à son arc, le mail art, quʼilpratique avec des correspondantsdu monde entier, jusquʼà ce queles coûts postaux internationauxexplosent avec la libéralisationdes services publics et lʼapparitiondʼinternet.

Dissert tant sur le jardinque sur la littérature

Et lʼécriture toujours, plus impor-tante que tout. A part le jardinpeut-être. «Jʼai découvert juste-ment en écrivant sur l'abbéLemire, la correspondance qu'ilpeut y avoir entre l'écriture et letravail du jardin. La correspondan-ce qu'il peut y avoir le jardincomme un lieu de mémoire, entretemps mon grand père estmort,…. » Confie-t-il. « En me rap-pelant tous ses gestes, je merends compte que le jardin est unlieu où on reproduit ceux qui ontété faits par nos ancêtres et desgénérations des générations avantnous, ce sont plus que des rémi-niscences; oui c'est carrément unlien, un lien très fort avec le passé,« la tradition », je fais exprès d'em-ployer le mot tradition. Ce quin'empêche pas d'être résolumentmoderne ». Même à lʼavant-garde? « Peut-être ». La terre tou-jours et les étoiles encore…Il a bâti sa maison avec son épou-se, sans machines. Un seul princi-pe, nʼutilisez que des techniqueséprouvées. « On a mis trois ans eton est content du résultat ».Derrière sʼétend le terrain, enpente. Une partie fleurie et arbo-rée, avec « une pelouse qui lʼestdevenue à force de tontes ». Des

arbres et puis cʼest le jardin pota-ger défriché par le propriétaire.600m2 où tout est fait à la main,pas de machines à moteur dans lejardin. Adepte des méthodes tradi-tionnelles, le jardinier nʼutilise pasde produits. « À part lʼanti-limace,difficile de faire sans », et se sertdu compost pour enrichir sa terre,de la rotation des cultures. « À lalimite, je peux laisser une partie enjachère pendant un an pour plan-ter des patates ou autre chosel'année suivante, je ne suis pas unjardinier très intensif. » Une pas-sion familiale héritée de père enfils. Moi j'ai vu mon grand-père, quicultivait à la main, avec sa bêche,et mon père aussi qui cultivait sonjardin et on été abonné au JOF,les graines des jardins ouvriers deFrance; à Valenciennes, çan'existes plus, ça été repris parune espèce de prospectus, ...quand j'étais gamin, j'avais unbout de jardin à moi où je pouvaissemer les radis, les graines dontils ne voulaient pas. Il y a unetransmission, par imitation, obser-vation. Et puis il a une périoded'adolescence, de jeunesse, où onen avait rien à faire du jardin parcequ'on avait autre chose à faire ». Ily reviendra grâce au jardin atte-nant un logement de fonction quʼiloccupe après son mariage. Et ferapartager son savoir à ses élèvesqui sʼen souviennent encore.Lʼengouement littéraire vient dutréfonds également. Les lecturesadolescentes dʼabord, de MichelStrogoff aux Trois Mousquetaires.« Vers 21 ans, cʼest Lautréamont,avec les chants de Maldoror, çama vraiment fait un choc, la façond'écrire, les thèmes abordés, lanoirceur, le coté désespoir .Enfince sont des impressions que j'aide l'époque, je nʼai pas reludepuis. Un choc esthétique, émo-tionnel; après évidemment il y a lalecture de Rimbaud,…les poèmesde Baudelaire et Verlaine » toustrois incontournables. Cʼest à lʼin-vitation dʼIvar ChʼVavar, fondateurde la revue Amiénoise Le JardinOuvrier quʼil se lance dans unfeuilleton en 42 épisodes sur la viede lʼAbbé Lemire. « Çà m'intéres-sait parce que j'en avais entenduparler quand j'étais gamin mais jene connaissais pas plus que ça.

Je savais que j'allais pouvoir par-ler de la guerre 14, éventuellementde l'enfance à cette époque là, dejardins, tout ce qui m'intéresse ».Le résultat donnera au final La jus-tification de lʼAbbé Lemire (épuiséen librairie).Il est sorti de lʼenseignement trois

ans avant la retraite, en disponibi-lité sans traitement. Le poids desinspecteurs, les dossiers dʼélèvedès la maternelle… : terminé. Il adécouvert quʼil pouvait vivre, sim-plement mais librement, de saplume en alternant ateliers dʼécri-ture et résidence. Mais la médaille

à son revers : « avant je connais-sais quasiment tous mes lecteurs,avec le succès de Mort dʼun jardi-nier, çà mʼéchappe un peu.»

Franck Jakubec

Sur internetLucien Suelʼs Desk :http://luciensuel.blogspot.com/Silo Académie 23 :http://academie23.blogspot.com/A noir e blanc :http://anoir-eblanc.blogspot.com/

NNOUSOUS manquerions deplace pour citer la listedes ouvrages déjà parus

de Lucien Suel en voici néan-moins une liste toute suggesti-ve et non exhaustive :- Sombre Ducasse. Troisièmeédition, le Mort-qui-trompe,Nancy, 2007.- Chapelet. Ecbolade éditions,Béthune, 1996.- La Justification de l'abbéLemire. Editions Mihàly,Gennevilliers, 1998- Têtes de porcs, moues deveaux (photos de P. Roy). Ed.Pierre Mainard, Bordeaux,1999.- Visions d'un jardin ordinaire(photos de Josiane Suel). Ed.

du Marais, Hazebrouck, 2000.- Semailles. EditionsSansonnet, Coll. Récits d'ici,Lille, 2000.- Coupe Carotte. EditionsDerrière - - La Salle De Bains,Rouen, 2002.- Ultime arithmogramme pourCh'Vavar. Editions del'Agneau, collection Poème duJour, Saint-Quentin deCaplong, 2003.- Canal Mémoire. Marais duLivre, Hazebrouck, 2004- Un trou dans le monde. Auxéditions Pierre Mainard,Nérac, 2006.- La limace à tête de chat (des-sins). Station UndergrounddʼEmerveillement Littéraire, La

Tiremande, 2004.A paraitreProchain roman, le seconddonc, toujours aux Editions deLa Table Ronde : «La patiencede Mauricette», écrit dans lecadre dʼune résidence àlʼEtablissement Public deSanté Mentale dʼArmentièressera en librairie le 24 sep-tembre 2009.- «Livre des esquisses», tra-duction de «Book of Sketches»de Jack Kerouac, Editions deLa Table Ronde, sera dispo-nible en novembre 2009.- «Les versets de la bière -Journal 1986-2006» à paraîtreen janvier 2010 aux éditionsdu Dernier Télégramme.

Le paradis du bêcheurLa mort cʼest la vie dans les lignesde Lucien Suel ; comme dans sonjardin. À chaque page, sa surprise,écho littéraire, plaisir ou émotion.On ne peut pas ne pas penser à«Ulysse» de James Joyce pour lecaractère singulier de contractiondu temps. Seul lʼévénement annon-cé dans le titre est imaginaire. «il ya un coté très autobiographique,c'est très intime, cʼest très précis, lejardin en pente,…la part d'imagina-tion en gros dans ce livre, c'est lamort du jardinier et sa maladie...ence qui me concerne il n'y a pas deproblèmes; je suis allé voir monmédecin à Guarbecque avantd'écrire ce chapitre, pour décrire lessymptômes, et on en a discuterdevant un bon petit whisky»confesse lʼéternel jeune homme.Le flot, rythmé, évocateur, faisantrejaillir passé, sensations et souve-nirs, nʼest pas sans évoquer «Je

me souviens» de Perec. Le livrevibre à chaque virgule comme lesol résonne à chaque pas du jardi-nier. Cʼest une invitation à la décou-verte. Le lecteur y croisera, sansparfois même s'en rendre compte,un « geai gélatineux » fleurant lacraie de lʼenfance. Ou, la chansonde Craonne, en plein Artois, cœuraussi des boucheries de 14-18.Lʼauteur se plait à semer au fil despages. Les phrases sont chapitres,les chapitres font sens. La virguleest maitresse du rythme dans undéchainement de contraintes. Lespages sʼenchainent truffées declins dʼœil. A lire au soleil ou sousla pluie, à midi ou à minuit, maisdans son jardin.

FJMort d'un jardinier, roman deLucien Suel, novembre 2008, auxEditions de La Table Ronde, enlibrairie.

photo Franck Jalubec

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Liberté 62 n°872 - Le 31 Juillet 2009- 14 -

France

EXPLOSION D'UNE «BOMBE» PATRONALEÀ BOSAL ANNEZIN

Jusqu'où peut aller le cynisme du grand patronat automobile...Très loin si l'on considère,alors que les lettres de licenciement tombent depuis lundi, deux offres de reclassement faitepar la direction de Bosal à ses ex-salariés : magasinier chez Bosal Autoflex Hongrie,425 euros mensuels, 40 heures de travail hebdomadaire... Langue utilisée : Hongrois.

RR E N D U EE N D U E publique levendredi 10 juillet, ladécision du tribunal de

commerce d'Arras concernantl'avenir de l'entreprise Bosald'Annezin placée en cessationde paiement depuis le début del'année se déclinait en deuxparties. La première engageaitla liquidation de l'activité deproduction de pots d'échappe-ments sur le site. La secondedonnait son aval à l'offre dereprise de l'activité de distribu-tion de pièces de rechange parDaniel Cassier, ex-directeurmarketing de Bosal France. Entout, près de 300 licenciementsprogrammés et une grandamertume chez les salariés decette entreprise en lutte contreune opération de restructura-tion télécommandée par ladirection de Bosal International,multinationale belgo-néerlan-daise, avec en vue, la délocali-sation de l'activité industriellevers l'est européen, ses bassalaires et ses promesses desurprofit.

Au méprisde la vie des travailleurs

Signé huit jours après la déci-sion du tribunal, le protocole defin de conflit avait mis unterme, le samedi 18 juillet, à

une grève totale qui duraitdepuis le 15 juin avec occupa-tion du site.La tension retombait... Aprèsl'entreprise Staf d'Hénin-Beaumont qui avait proposé àses employés licenciés de lesreclasser au Brésil avec unsalaire de 315 euros mensuelsou encore la société Carremande Castres qui avait proposédes «offres de reclassement»à Bangalore, en Inde, pour 69euros par mois, Bosal Frances'est invitée cette semaine aubal des faiseurs de «proposi-tions indécentes» pour salariéslicenciés en proposant aux«siens» – à prononcer en Ch'ti,peut-être, pour mieux saisir-, àtitre d'«offres de reclasse-ment», deux postes de travailchez Bosal Autoflex, enHongrie, emplois rémunérés à425 euros par mois, à raison de40 heures par semaine.L'«offre» précise : "Langue utili-sée : Hongrois". Réagissantimmédiatement, les élus CGTde Bosal Annezin ont jugés cespropositions scandaleuses et«illégales» et ont décidé decontre-attaquer.De son côté, la mairied'Annezin a arrêté de prêterdes locaux communaux aucabinet Altedia, en charge dureclassement.

Un patronat «conscient»et militant

Nommé jusqu'au 15 septembrepar le liquidateur et les admi-nistrateurs judiciaires, le ges-tionnaire de transition de lasociété, Jean-Marc Wieczoreka expliqué, pour dédouanerBosal France sur ce point, quecette démarche relevait del'«obligation légale», adopté finjuin en première lecture parl'Assemblée nationale, un textede loi imposant à une entrepri-se qui procède à un licencie-ment économique d'assortir sesoffres de reclassement àl'étranger d'une "rémunérationéquivalente" à un salaire fran-çais. Le représentant de Bosaldénonçait en passant le "mille-feuilles du code du travail". "Onrépond à une obligation admi-nistrative par une procédureadministrative" a-t-il expliqué.Ainsi donc, non contente depratiquer la provocation, BosalInternational «milite» sur lesruines encore chaudes d'uneentreprise dont elle a program-mé la liquidation, et ceci dou-blement. D'une part en dénon-çant la «complexité» du codedu travail français – rengainepermanente du grand patronat,adepte, c'est bien connu, declarté, de transparence et de

simplcité en ces matières (ences matières seulement), sec-tateurs du MEDEF ou del'UIMM en tête. D'autre part, enprétendant établir, sur la based'un argument infaillible,l' «équivalence» d'un salaireFrançais et, en l'occurence,Hongrois.

«En relationavec les coûts de la vie»

La note accompagnant l'«offre»signée par André Wagner, DRHde Bosal France, est on ne peutplus explicite sur le caractèreagressivement «militant» de ladémarche de la multinationalebelgo-néerlandaise une foisessuyées les larmes de croco-dile qui en troublent la lecture.Noir sur blanc : «Nous sommesconscients que le niveau derémunération proposé est bienen deçà de ce qui se pratiquecouramment en France, cepen-dant il est en relation avec lescoûts de la vie dans ce pays.»En relation avec les «coûts dela vie» en Hongrie, le salaired'un travailleur, en France, estdonc équivalent, selon BosalInternational, avec le salaired'un travailleur en Hongrie.Poursuivons le raisonnement :...donc en Bulgarie, en Tunisie,donc à Singapour, donc, donc...

sur l'Ile de Pâques. Continuons,continuons : donc à ... zéro.CQFD Tout n'est donc qu'unequestion de «perspective».Tout, sauf le profit bien sûr quilui reste un absolu dont la crois-sance de la croissance doit res-ter intangible : +15%, +50%,+100%, +400%... - Ah, le rêve !Et «en relation avec les coûtsde la vie» dans les quartierschics, toujours si «petit», quec'en est une misère. Quellequ'en soit la taille, le fauveteste toujours sa cage. Legrand patronat «voyou», enFrance, avide de délocalisationet de superprofit, peut remer-cier l'Etat UMP de lui avoirtaillé, avec la peau des tra-vailleurs, une loi sur mesure età la mesure du mépris qu'ilaffiche pour leur vie et la vie deleurs familles.Pour l'instant, le journal devingt heures n'a pas encore faitde «gros titre» sur l'ultra-violen-ce de ce grand patronat, surles «saccages» auquels il selivre, sur ces vies qu'il«séquestre» et sur ces«bombes» qu'il pose autour detant d'entreprises industrielles.Il est vrai, celles-ci explosenteffectivement; cet été, à lapelle.

Jérôme Skalski

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