Le Symbolisme. De Puvis de Chavannes à Fantin-Latour, 1880-1920

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1 contact presse : tél. 04 74 68 33 70 [email protected] vernissage presse : jeudi 14 octobre à 11h Musée Paul-Dini, musée municipal de Villefranche-sur-Saône 2 place Faubert, 69400 Villefranche-sur-Saône tél. 04 74 68 33 70 - fax 04 74 62 35 13 www.musee-paul-dini.com Commissariat : Sylvie Carlier, conservateur du musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, avec l'assistance de Damien Chantrenne et Sandra Martin. avec le soutien de l’INHA et du ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Rhône-Alpes dossier de presse exposition du 17 octobre 2010 au 13 février 2011 DE PUVIS DE CHAVANNES À FANTIN-LATOUR, 1880-1920 Claude Dalbanne, Les Parques, 1907, huile sur toile, 315 x 245 cm ; Lyon, musée des Beaux-Arts SOMMAIRE p. 2 : Entre ombre et lumière. Le symbolisme et la région Rhône-Alpes. 1880-1920 (extraits) par Sylvie Carlier p. 3 : Sous le soleil de Péladan (extraits) par Dominique Lobstein p. 4 : Alexandre Séon - L’action et l’idéal (extraits) par Jacques Beauffet p. 5 : Auguste Morisot (1857-1951), Lumière, Ombre, Ténèbres (extraits) par Étienne Grafe p. 6 : La réception de l’œuvre de Richard Wagner à Lyon de 1891 à 1914 : petite phénoménologie poético-sonore (extraits) par Philippe Grammatico p. 7 : liste des artistes exposés p. 8 : autour de l’exposition p. 9 : informations pratiques Les visuels du dossier de presse sont disponibles sur simple demande auprès du secrétariat : [email protected]

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contact presse : tél. 04 74 68 33 70

[email protected] presse : jeudi 14 octobre à 11h

Musée Paul-Dini, musée municipal de Villefranche-sur-Saône 2 place Faubert, 69400 Villefranche-sur-Saônetél. 04 74 68 33 70 - fax 04 74 62 35 13

www.musee-paul-dini.com

Commissariat : Sylvie Carlier, conservateur du musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, avec l'assistance de DamienChantrenne et Sandra Martin.

avec le soutien de l’INHA et du ministère de la Culture et de la Communication /DRAC Rhône-Alpes

dossier de presse exposition du 17 octobre 2010 au 13 février 2011

DE PUVIS DE CHAVANNES À FANTIN-LATOUR, 1880-1920

Claude Dalbanne, Les Parques, 1907, huile sur toile, 315 x 245 cm ; Lyon, musée des Beaux-Arts

SOMMAIRE

p. 2 : Entre ombre et lumière. Le symbolisme et la région Rhône-Alpes. 1880-1920(extraits) par Sylvie Carlier

p. 3 : Sous le soleil de Péladan(extraits) par Dominique Lobstein

p. 4 : Alexandre Séon - L’action et l’idéal(extraits) par Jacques Beauffet

p. 5 : Auguste Morisot (1857-1951), Lumière, Ombre, Ténèbres(extraits) par Étienne Grafe

p. 6 : La réception de l’œuvre de Richard Wagner à Lyon de 1891 à 1914 : petite phénoménologie poético-sonore(extraits) par Philippe Grammatico

p. 7 : liste des artistes exposés

p. 8 : autour de l’exposition

p. 9 : informations pratiques

Les visuels du dossier de presse sont disponibles sur simple demande auprès du secrétariat :[email protected]

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Les trois dernières décennies ont éclairé le symbolisme européen grâce à de nombreusesexpositions et publications. À l’instar de ces événements, l’exposition du musée deVillefranche-sur-Saône tente de définir les contours de ce mouvement à travers desstyles et des sujets communs à une trentaine d’artistes – peintres, dessinateurs,graveurs, illustrateurs et sculpteurs – sur la période couvrant la fin du XIXe et ledébut du XXe siècle dans la région de Lyon, Saint-Étienne, Vienne et Grenoble.

Le terme « symbolisme » apparaît en septembre 1886 sous la plume de Jean Moréas,dans un « manifeste » paru dans Le Figaro. Si la diversité des tendances et despersonnalités rend difficile d’englober sous ce vocable des styles en réalité trèsdifférents, une orientation commune se dessine cependant et plusieurs critiqueset peintres essaient de dégager les caractéristiques du mouvement. Déterminé parle rejet de toutes les formes de « réalisme » et de naturalisme, le symbolisme recoupetous les arts, rassemblant des écrivains, des compositeurs et des artistes désireuxde donner une forme matérielle aux idées sans les dévoiler. L’influence de CharlesBaudelaire (1821-1867) permet l’émergence de formes nouvelles, aux accentssuggestifs et mystérieux. Dans le domaine de la musique, l’histoire de la mélodiefrançaise se nourrit alors des inventions wagnériennes.

Le retour du mysticisme à Lyon dans la première moitié du XIXe siècle, constitueune importante source d’inspiration pour les peintres. Louis Janmot (1814- 1892)immergé dans l’idéalisme lyonnais dès 1835, conçoit un vaste cycle, Le Poème del’âme : deux âmes-soeurs traversent les épreuves terrestres pour regagner leurpatrie céleste. Élève de Janmot, Paul Borel (1828-1913), quant à lui, participe de cerenouveau de l’art spirituel en se spécialisant dans les décors d’édifices religieux(Ars, Oullins, Saint-Paul à Lyon…). Parmi les fondateurs du symbolisme, et ceci malgréson refus d’y être assimilé, figure Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) À Lyon, lemusée des Beaux-Arts lui commande le décor de son escalier, Le Bois sacré cheraux Arts et aux muses (1884- 1886). Son influence est décisive pour Alexandre Séon(1855-1917), Maurice Chabas (1862-1947)) mais aussi sur les Lyonnais ClaudeDalbanne (1877-1864) et Les Parques, 1907 et les triptyques d’Auguste Morisot(1857-1951) et de Pierre Combet-Descombes (1885-1966). La pratique de l’estampe,quant à elle, liée à la tradition de l’imprimerie lyonnaise, se renouvelle avec les nomsde Charles Sénard, de Claude Dalbanne et surtout de Marcel Roux (1878-1922).Ce dernier, marqué par le mysticisme lyonnais (proche de Paul Borel), a produitune oeuvre sombre à l’univers étrange, peuplé de symboles relevant de la démo-nologie, comme en témoignent ses séries Suite fantastique, La Danse macabre.L’exposition de Villefranche-sur-Saône consacre une bonne part au mouvementRose+Croix, auquel Joséphin Péladan (1859-1918), d’origine lyonnaise. La diffusiondu symbolisme se fait aussi à travers la ramification de nombreuses petites revues,parisiennes comme L’Ermitage (fondée par Henri Mazel) ou La Plume mais aussirégionales. Pour Séon, c’est La Revue forézienne, à laquelle contribuent Péladan etAlphonse Germain, qui assure sa fortune critique. En fervent défenseur desRose+Croix, Maurice Chabas (1862-1947) traduit lui aussi sa quête spirituelle dansdes tableaux empreints d’harmonie. En 1895, il obtient la décoration du Buffet dela gare de Lyon-Perrache, comprenant quatre grandes toiles marouflées représen-tant des allégories à la gloire de la soierie lyonnaise. Ses paysages de rêve et sesciels éthérés, comme Nuées, sont empreints d’un style moins classique, influencépar le divisionnisme. Dans un autre registre, Gaston Bussière (1862-1928) prendpart aux salons de la Rose+Croix en 1893, 1894 et 1895 et redonne vie à la légendede Roland et au roman de Tristan et Yseult.

ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE. LE SYMBOLISME ET LA RÉGION RHÔNE-ALPES. 1880-1920

Sylvie Carlier, directrice du musée Paul-Dini, musée municipal de Villefranche-sur-Saône, commissaire de l’expositionextraits

Pierre Puvis de Chavannes, Étude pour Virgile,1882, huile sur toile, 58 x 30,5 cm, Paris, courtesy galerie Jean-Pierre Gros

Pierre Combet-Descombes, Stryge, s. d., huile surcarton, 82,5 x 38,5 cm, Lyon, collection particulière

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La région Rhône-Alpes, dont l’importance économique à la fin du XIXe siècle étaitdéjà indéniable, n’avait pas un seul centre pour la représenter mais plusieurs ; chacunayant une activité artistique propre. Devant l’insatiable appétit des lecteurs [derevues artistiques], la moindre exposition se trouvait désormais signalée, surtoutdans la Chronique des arts et de la curiosité, supplément mensuel de la célèbreGazette des beaux-arts, et les amateurs attendaient avec intérêt les comptes-rendusque ne manquait pas d’entraîner le moindre accrochage, dans toute publication,aussi éphémère soit-elle.

Les expositions organisées à grand renfort de publicité par le Sâr Joséphin Péladann’échappèrent pas à ce phénomène. De 1892 à 1897, six manifestations, qui se pré-sentaient comme exclusivement symbolistes, sous le nom de Salons Rose+Croix,se tinrent à Paris, suscitant leur lot de commentaires et d’énumération d’artistes.

Proche de Paul-François-Gaspard Lacuria, abbé et écrivain ésotérique exilé de Lyonà Paris, et installé dans la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont, Péladan rencontratrès tôt plusieurs artistes dont certains d’origine lyonnaise […] qui ne furent passans influer sur ses conceptions esthétiques. L’un des compatriotes rhodaniens dece dernier, cependant, […] le Lyonnais Pierre Puvis de Chavannes, sur qui la critiques’était beaucoup interrogée, paraissait une recrue de choix pour Péladan qui auraitsouhaité le voir prendre part à ses expositions [Or, Pierre Puvis de Chavannes n’acceptajamais d’y être associé].

Élève de Puvis, Alexandre Séon fit partie des artistes que Péladan […] tint à voirfigurer dans la manifestation de 1892. Celui-ci, qui n’adressera qu’une peinture auSalon de la Société nationale des beaux-arts qui ouvrira le 7 mai, enverra, par contre,dix-neuf oeuvres au Salon Rose+Croix, dit aussi « Geste esthétique » de 1892, ouvertdu 10 mars au 10 avril dans la galerie Durand-Ruel. Deux autres artistes originairesdu Rhône et de l’Isère étaient présents à la « Geste esthétique » de 1892 : les sculpteursJean-Alexandre Pezieux et Pierre Rambaud, respectivement avec six et trois œuvresqui laissèrent les commentateurs relativement indifférents.

La région Rhône-Alpes avec trois représentants dans ce Salon de 1892, qui regroupaitsoixante-dix artistes, se faisait donc peu remarquer. Ceci ne fut plus le cas lors desmanifestations suivantes où ce chiffre ne se modifia guère tandis que le nombrede participants et d’œuvres adressées diminuait progressivement. Ainsi, lors de ladeuxième exposition, en 1893, les artistes rhône-alpins sont encore au nombre dequatre sur un ensemble de soixante et un, et représentent quarante des deux centsoixante quinze oeuvres exposées.

D’année en année, la désaffection pour les « Gestes esthétiques » du Sâr Péladandevient de plus en plus évidente. Quelques nouveaux venus ne parviennent pas àcompenser l’hémorragie commencée en 1893, les étrangers (Delville ou Khnopff,par exemple) ont déserté le rendez-vous annuel. Deux ans plus tard, le Sâr mettaitfin à sa tentative de rénovation de l’art, tandis que des courants moins dogmatiques,tel celui des Nabis, ou des manifestations plus ouvertes, telles celles de la galerieLe Barc de Boutteville, réalisaient son rêve inabouti. Son combat contre l’impres-sionnisme ou le naturalisme avait échoué, mais il préparait bien des évolutions quiapparurent très tôt et auxquelles participèrent certains artistes de Rhône-Alpes,en France mais aussi à l’étranger.

Dominique Lobstein, responsable de la bibliothèque du musée d’Orsay

SOUS LE SOLEIL DE PÉLADAN, 1892-1897

Pierre Rambaud,La Pensée, s. d[vers 1891], buste en terrecuite avec patine, 41 x 17 x 22 cm,Allevard, musée Jadis ; dépôt du Muséedauphinois

Joséphin Péladan, La prométhéide, portrait del’auteur, 1888, héliographé par Dujardin d’aprèsune photographie de Cayol, Dalou éditeur, Paris,1888, n°156, Saint-Étienne, collection particulière

extraits

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La période de formation lyonnaise de plusieurs personnalités marquantes duSymbolisme a souvent été invoquée pour justifier l’effet durable, sur leur œuvre,d’un environnement culturel spiritualiste, si profondément ancré dans cette ville,qu’il constitue, tout au long du XIXe siècle, l’une des constantes de sa productionartistique, tant plastique que littéraire. Marquée par cet héritage, la démarche deSéon apparaît toutefois […] comme relevant d’une attitude singulière : […] à l’évasionégoïste dans le rêve, il oppose le rêve d’une société fraternelle, celui d’une humanitéréconciliée dans une harmonie enfin reconquise.

En marge des structures institutionnelles le tournant du siècle marque, pour Séon,le début d’une brève période de reconnaissance par les milieux représentatifs d’uneintelligentsia ligérienne qui trouve dans La Revue Forézienne un espace d’expressionprivilégié. […] Si le premier ouvrage sur l’œuvre de Séon sera l’opuscule publié àSaint-Étienne, en 1900, par de Fusty, c’est bien à la Revue Forézienne qu’il revientd’avoir défendu, avec le plus de constance, l’œuvre du peintre Chazellois. […] Séonapparaîtrait presque, durant ces quelques mois, comme l’artiste « officiel » de larevue : articles dédiés à son œuvre par Péladan et Majola, publication d’élémentsde correspondances, reproductions de ses tableaux en hors texte dans la revue etdans des publications annexes…

La question du militantisme social signe les termes du divorce idéologique opposantSéon et Péladan. D’accord sur ce qui caractérise la beauté et sur quelques notionsesthétiques fondamentales, leurs principes de vie, la conception que chacun se faitde la finalité de l’art et de sa destination, irréductiblement les séparent. Indifférentà l’idée de venir heurter le lectorat d’une région ouvrière marquée par les luttessociales, Péladan, campant sur les positions élitistes et anti-démocratiques quisont depuis toujours les siennes, se plait à retranscrire sur un ton mi-ironique,mi-incrédule, les idées et les opinions qui font de Séon, encore en 1902, l’un dessympathisants actifs de « La Coopération des Idées ».

Pourtant, si son engagement est patent auprès des ouvriers et des milieux soucieuxde redonner un sens au travail et une dignité au travailleur rien ne transparaît, dansce qui nous est connu de son œuvre, de réalisations correspondant à des essais deréinterprétation de l’objet quotidien, de ses modes de production et de la transfor-mation du cadre de vie des individus.

Deux conceptions, touchant à la fonction sociale de l’art comme au statut de l’œuvred’art, s’opposent à nouveau radicalement. Cette querelle sur la place de l’art et del’artisanat agit comme le révélateur d’une fracture que dissimulaient mal desconceptions esthétiques à première vue partagées.

Jacques Beauffet, conservateur honoraire du musée d’art moderne de Saint-Étienne-Métropole

ALEXANDRE SÉON – L’ACTION ET L’IDÉAL

Alexandre Séon, Orphée (Orphée redisant sa douleur aux rochers de la terre Virgile), s. d. [vers 1900], huile surbois, 44,8 x 30,5 cm, Saint-Étienne, muséed’Art moderne de Saint-Étienne Métropole

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Aucun siècle n’est plus sylvestre que le XIXe. Des forêts de Chateaubriand à cellesde Maeterlinck, de celles de Weber et de Schumann à celle de Pelléas, de celles deThéodore Rousseau à celles de Klimt et d’Auguste Morisot, la forêt est, avec la nuit,une source d’inspiration inépuisable pour les romantiques et les symbolistes. Sansdoute, le plus introspectif des siècles a-t-il été sensible au sombre paysage forestier,territoire de l’inconscient, lui-même forêt intérieure.

Lumière, Ombre, Ténèbres s’inscrit dans le renouveau que la forme ancienne du trip-tyque connaît aux XIXe et XXe siècles. En 1911, date de l’exposition de Lumière, PierreCombet-Descombes [1885-1966] élève de Morisot, expose à Lyon au Salon d’automneLe Fer et le Feu. Les hauts-fourneaux de Chasse et Léonie Humbert-Vignot [1878-1960]Un jour de grève: Triptyque au Salon de la Société lyonnaise des beaux-arts. Cettetentative de sacralisation de sujets d’actualité est sans doute plus novatrice que laforme adoptée par Morisot, tout à fait adaptée au sujet biblique du Paradis perdu.Morisot a été sensible à cette forme picturale, poétique et musicale car il lui consacreau moins trois autres triptyques dont Les Voix de la Forêt (1909) et Triptyque:Voix et Visions (1910).La triple correspondance baudelairienne des parfums, des couleurs et des sons inspirebien des musiciens contemporains de Morisot, parmi tant d’autres : Gabriel Fauré,Poème d’un jour (1880; « Rencontre – Toujours – Adieu »), Déodat de Séverac, Triptyque(1903-1904), Vincent d’Indy, Jour d’été à la montagne (1906 ; « Aurore – Jour – Soir »).

Né dans une famille très modeste, Morisot a dû prendre goût à la musique lors deson séjour parisien de 1879. Comme en littérature, ses goûts sont des plus classiques.Il aime Mozart, Gounod, Bizet, Gluck, Beethoven, et cite ces deux derniers. On a peineà croire que Lumière ne reflète en rien deux oratorios parfois donnés à Lyon, LaCréation (Haydn, Lyon, 1872) et Ève (Massenet, Lyon,1880). De même Ombre etTénèbres, nés à Lyon, berceau du wagnérisme français, évoquent les forêts wagné-riennes, celles de Lohengrin (Lyon, 1891), La Walkyrie (Lyon, 1894), Tristan (Lyon, 1900),Siegfried (Lyon, 1901) et Parsifal (Lyon, 1914)34.Le glaive-croix d’Ombre renvoie peut-être, lui aussi, aux épées wagnériennes, cellede La Walkyrie, celle du Crépuscule des dieux, et à la lance de Klingsor (Parsifal) quis’arrête en plein vol et dont Parsifal s’empare pour faire le signe de la croix. Le paon,quant à lui, appartient à la même lignée que l’Oiseau-Prophète de Schumann (Scènesde la forêt, 1849) et que l’Oiseau de la Forêt de Wagner (Siegfried). Il est de la mêmefamille que tous les oiseaux-oracles qui guident ou égarent dans les contes de fées,de Grimm à Lacuria.

Quant à la thématique du Paradis perdu, sujet rebattu s’il en est, elle est tout aussipeu orthodoxe. Pas d’arbre de la science du Bien et du Mal, pas de pomme, pas deserpent. Le péché d’orgueil est de nature toute païenne. Daam et Véa, comme Icareet Phaéton, ont voulu s’approcher du Soleil et, comme eux, ont été punis. Sommetoute, ces étrangetés qui font aujourd’hui le charme et l’intérêt de Lumière, Ombre,Ténèbres, peuvent se résumer en deux absences on ne peut plus éloquentes : uncrucifix sans Crucifié, un Crucifié sans crucifix.

Étienne Grafe, historien de l’art

AUGUSTE MORISOT (1857-1951), LUMIÈRE, OMBRE, TÉNÈBRES

Auguste Morisot, Ombre – Ténèbres – Lumière, 1911,triptyque, huile sur bois pour Ombre et Ténèbres,huile sur carton pour Lumière, 105 x 75 cm (volet Ombre), 105 x 75 cm (volet Ténèbres), 145 x 98 cm (volet Lumière), Villefranche-sur-Saône,musée Paul-Dini, musée municipal

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Lorsque le public lyonnais découvre en 1883 des extraits de Tannhäuser interprétéspar la Maîtrise de la primatiale Saint-Jean, il est plus coutumier de l’opéra français ouitalien que du répertoire allemand. En février 1891, Poncet programme finalementLohengrin lors d’une soirée au bénéfice de l’« oeuvre des Fourneaux Economiques ».Cet événement artistique est unanimement salué par la presse locale. AprèsTannhäuser, le 21 avril 1892, le Grand-Théâtre de Lyon propose le 30 janvier 1896, lacréation française des Maîtres chanteurs de Nuremberg. Le nouveau directeur Vizentinidirige lui-même l’orchestre et accorde à cette production un soin particulier.

Pour la critique lyonnaise, l’orchestre est bien le « personnage principal » de l’actiondramatique ; l’entrelacs mélodique ininterrompu des Leitmotive alimente la narra-tion. Le terme allemand Leitmotiv (motif conducteur), imaginé par le directeur desBayreuther Blätter, Hans von Wolzogen, s’est peu à peu substitué au Grundthema(thème fondamental, générateur) utilisé par Wagner. Ces motifs – dont le conflitcinétique polarise le flux musical – sont liés à des éléments du drame, qui influenten retour sur leur évolution mélodique, harmonique, rythmique et orchestrale.

Un riche instrumentarium se conjugue aux Leitmotive caractérisant personnageset états psychologiques. De l’assemblage des motifs à fonction symbolique naissentde véritables « tableaux sonores », comme le « Lever du soleil » du Crépuscule desdieux – entrée successives des huit cors en canon sur le motif du Rhin, au sein d’unbrouillard entretenu par les contrebasses –, ou les « Murmures de la forêt » deSiegfried, dans lequel le bruissement des cordes divisées associées aux cors environneles «chants d’oiseaux» dévolus aux flûtes, hautbois et clarinettes.

Wagner a surpris. Ses sonorités nouvelles et sa science orchestrale proposent àl’auditeur des illusions acoustiques inédites et renforcent la portée narrative oumétaphysique du message.L’enchantement s’estompera néanmoins, inexorablement. Tandis que se distendla programmation wagnérienne du Grand-Théâtre de Lyon, les commentaires sontmoins passionnels : « L’apaisement s’est fait depuis la mort du grand compositeur,nous en savons bien quelque chose à Lyon43. » Avec certaine métaphore gastrono-mique, Jacques Mauprat, prophétique, semble sonner le glas du « grand frisson »des années 1900 : « Le Wagner, c’est fort bien ; mais il y a aussi autre chose, et c’estplutôt ceci qu’on se propose de nous donner de l’ancien répertoire. […] De la sorte,la place réservée au répertoire wagnérien se trouvera sagement limitée. Et ce seratant mieux. L’histoire du pâté d’anguille est toujours vraie; c’est un mets excellentque ce pâté, mais il ne faut pas en manger tous les jours ».

Philippe Grammatico, professeur associé au CNSMD de Lyon et directeur adjoint au Conservatoire de Musique de Villeurbanne

LA RÉCEPTION DE L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À LYON DE 1891 À 1914 : PETITE PHÉNOMÉNOLOGIE POÉTICO-SONORE

Gaston Bussière, Les Filles du Rhin, 1906,étude, huile sur toile, 61 x 50,5 cm, Mâcon,musée des Ursulines

Henri Fantin-Latour, Siegfried, acte III,Évocation d’Erda, 1887, lithographie surpapier, épreuve d’essai, 37,1 x 28,5 cm,Grenoble, Musée

Henri Fantin-Latour, Le Crépuscule desdieux, acte III, Siegfried et les filles du Rhin,1887, lithographie sur papier chine finplaqué sur papier, 1er état, 39,2 x 28 cm, 1er

état sans nom d’imprimeur, tiré à 7 ou8 épreuves d’essai, Grenoble, Musée

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LISTE DES ARTISTES EXPOSÉS

L’exposition présentera les œuvres de peintres, décorateurs et illustrateurs :

Alexandre Lepage, dit Lepage jeune(1800 – 1878)

Paul Chenavard (Lyon, 1807 – Paris, 1895)

Jean-Baptiste Frenet (Lyon, 1814 – 1889)

Louis Janmot (1814 – 1892)

Paul Borel (Lyon, 1828 – 1913)

Pierre Puvis de Chavannes (Lyon, 1824 – Paris, 1898)

Henri Fantin-Latour(Grenoble, 1836 – Buré, 1904)

Alexandre Séon(Chazelles-sur-Lyon [Loire], 1855

– Paris, 1917)

Auguste Morisot (Seurre [Côte d’Or], 1857

– Bruxelles, 1951)

Pierre Combet-Descombes (Lyon, 1885 – id., 1966)

Joseph Auguste Brunier (Chambéry, 1860 – Lyon, 1929)

Charles Jean Marie Sénard(Caluire, 1878 – 1934)

Claude Dalbanne(Lyon, 1877 – Lyon, 1964)

Marcel Roux (Bessenay [Rhône], 1878

– Chartres, 1922), graveur

Tony Zacharie, Antoine dit Tony Zac (Vienne, 1819 – id.,1899)

Gaston Bussière (Cuisery [Saône-et-Loire], 1862 –Seaulieu, 1928)

Maurice Chabas(Nantes, 1862 – Versailles, 1947)

Victor Koos (1864, Lyon – 1925)

Emma Thiollier (1875, Saint-Étienne – 1973 ?)

section sculpture

Léopold Renard (1898 ? – 1945)

Jean Carries (Lyon, 1855 – Paris, 1894)

Pierre Rambaud (Allevard, 1852 – 1893)

Pierre Fix-Masseau (Lyon, 1869 – 1937)

Pierre Devaux (1865, Tassin – 1938, Lyon)

Joseph Bernard (1866, Vienne [Isère]– 1931, Boulogne-Billancourt)

Jean Larrive (Lyon, 1875 – 1928)

Marc Leriche (Roanne, 1885 – Lyon, 1918)

Germaine de Roton (Beaujeu, 1889 – Lyon, 1942)

Eugène Gairal de Serezin (1873, Lyon – avant 1955 ?)

PUBLICATION : LE SYMBOLISME ET RHÔNE-ALPES DE PUVIS DE CHAVANNES À FANTIN-LATOUR, 1880-1920

édition Villefranche-sur-Saône, MuséePaul-Dini , 180 pages, format 20,5 x 26 cm,broché, 150 reproductions couleurs, prix public : 28 e

Sous le direction éditoriale de Sylvie Carlieravec les contributions de Dominique Lobstein, Jacques Beauffet,Étienne Grafe et Philippe Grammaticoavec le concours de Damien Chantrenneet de Sandra Martin

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CONCERT SANDWICHen partenariat avec le Théâtre de Villefranche-sur-Saône

> vendredi 10 décembre à 12hQuatuor Debussy location au Théâtre de Villefranche-sur-Saône : 04 74 68 02 89

PEINTURE ET CINÉMAen partenariat avec le cinéma Les 400

coups et l’association L’Autre cinéma

> vendredi 7 janvier 2011projection du film Orphée de JeanCocteau, le film sera précédé d’unevisite de l’exposition

visite au musée : 17h30

(durée : 30 min) limitée à 30 inscritstarif 3 e par personne

projection à 18h30 - tarif 4 e

pour les personnes qui assistent à la visite commentée de 17h30

(sur présentation du ticket d’entrée du musée). Réservation de la visite au Musée : 04 74 68 33 70

LES COUPS DE CŒUR DU MUSÉE

> samedi 13 novembre à 15hART ET ÉSOTÉRISME (parcours dans l’expositionLe Symbolisme)

> samedi 12 février 2011CONTES ET LÉGENDES(parcours dans l’exposition Le Symbolisme)en partenariat avec le conservatoire de musique de la communautéd'agglomération de Villefranche-sur-Saône

durée : 1h tarif séance : 7 e / pers.proposés aux individuels conditions de réservation :15 min à l’avance rendez-vous assuré à partir de 3 inscrits (limité à 30 personnes)Renseignements et réservations :Service des publics, DamienChantrenne 04 74 68 33 70

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Maurice Chabas, Méditation devant les ruines antiques, s. d., huile sur toile, 67 x 123 cm, coll. André de Palma

Marcel Roux, Métamorphose, (Ceux qui la reconnaissent trop tard), 1905série Danse macabre, pl. VI, taille-douce, eau-forte, 18,1 x 24,2 cm (c.), Lyon, bibliothèque municipale

Marcel Roux, Morceau à quatre mains (Elle joue avec nous), 1905série Danse macabre, pl. III, taille-douce, eau-forte, 22,5 x 34,6 cm (c.), Lyon, bibliothèque municipale

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DEUX ESPACES À DÉCOUVRIRL’espace Grenette, ancienne halleaux grains, abrite la collectionpermanente du musée. Au premierétage, les anciens greniers formentune succession de petites sallesautour d’un espace central suspendu. Les parquets de chêne clair, les mursblancs et les charpentes grises, créentun environnement chaleureux etlumineux qui rend la visite agréableet met en valeur les œuvres.

LA BIBLIOTHÈQUE D’ARTMODERNE ET CONTEMPORAINLe musée développe, en lien avec sescollections, un fonds documentaire axé sur la spécificité de la collectionper ma nente. Les expositionstemporaires sont l’occasion de faire le point sur un artiste et de permettrel’accès aux divers documents tant aux chercheurs qu’aux visiteurs.Revues d’art, catalogues d’exposition,monographies d’artistes,dictionnaires et essais sur les grands mouvements de l’artmoderne et contemporain peuventêtre consultés sur place ouempruntés par les personnesdétentrices du passe-musée.

L’ARTOTHÈQUEOuverte depuis 1984, l’artothèquecompte aujourd’hui 700 œuvres de 350 artistes. Sa collection est enrichie chaque année. L’abonnépeut em prunter des gravures, des lithographies, des photos, desdessins, des sculptures, selon uneformule d’abonnement annuel.

Autrefois usine de confection textile,l’espace Cornil a été réhabilité afin derecevoir les expositions temporairesdu musée. Cet espace est proposé à la location pour les opérations derelations publiques des entreprises.

INFORMATIONS PRATIQUES

horaires d’ouverture

du mercredi au vendredi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18hsamedi et dimanche de 14h30 à 18h

le musée est fermé le lundi, le mardi et les jours fériés(14 juillet, 15 août, 1er et 11 nov em bre,du 22 au 25 décembre 2010 ; le 31 décembre, le musée fermera à 17h ; les 1er janvier, 24 avril, 1

er et 8 mai, 14 juillet et 15 août 2011)

fermetures exceptionnelles au public des espaces Grenette et Cornil : du 22 septembre au 15 octobre 2010 (inclus) et du 16 février au 25 mars 2011 (inclus)

droits d’entréeplein tarif : 5 e

tarif réduit : 3 e

groupes : 3 e

(à partir de 10 personne,sur réservation)gratuité : moins de 18 anspass’ musée : 20 e

(libre accès pendant 1 an)entrée libre et gratuite pour tous les 1er dimanches du mois

visites commentées individuels les dimanches 17 et 24 octobre, 14 et 21 novembre, 12 et 19 décembre 2010,

16 et 23 janvier, 13 février 2011

(visite assurée à partir de 3 inscrits,inscription à l’accueil 15 min avant la visite) tarif : 3 e par pers. + entréemoins de 18 ans : gratuit

visites commentées groupes(à partir de 10 personnes, réservation obligatoire) visite 1h : 6 e par pers.visite 1h30 : 7,5 e par pers.renseignements et réservation au 04 74 68 33 70

groupes scolaires et centres de loisirsrenseignements et tarifs au 04 74 68 33 70

LE MUSÉE PAUL-DINI

Une histoire de la peinture à Lyon et en Rhône-Alpes de 1865 à nos jours

La collection permanente du musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saônecomprend des œuvres d’artistes ayant un lien de vie ou de travail avec la régionRhône-Alpes du 19e siècle à nos jours. Suite à la donation de Muguette et Paul Dinien 1999, le musée municipal, ouvert en 2001 propose un déploiement chronologiquede ses collections depuis l’influence de l’École de Barbizon, en passant par lescourants novateurs du début 20e et pour aborder les visions de la nouvelle figurationlyonnaise de l’après guerre à aujourd’hui. Depuis juillet 2009, les 6e et 7e donationsde Muguette et Paul Dini enrichissent la collection municipale.