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EXPLOITATION DU BOIS TROPICAL ET DESTRUCTION DE LA FORÊT TROPICALE Quelques faits à propos d’une controverse DBS Dérivés du Bois Suisse Association professionnelle du négoce de bois

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EXPLOITATION DU BOIS TROPICAL ET DESTRUCTION DE LA FORÊT TROPICALE

Quelques faits à propos d’une controverse 

  DBS  Dérivés du Bois Suisse   Association professionnelle du négoce de bois 

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Impressum 

Éditeur :  Dérivés du Bois Suisse (DBS)   Association professionnelle du négoce de bois   Schönenbachstrasse 45, CH‐4153 Reinach   www.boiscom.ch 

  Nouvelle édition remaniée et complétée, octobre 2016 

Conception, rédaction et mise en page :  © Jörg Reimer, Reinach 

Traduction :  Myriam Jung, Binningen 

Illustrations :  Page de titre : «Timidité des cimes» des arbres Kapur, Selangor, Malaisie   Dernière page : Orang‐Outan au centre d’acceuil de Bukit Merah, Perak, Malaisie   (photos : Jörg Reimer) 

  Les sources des autres illustrations et textes sont indiquées dans les rubriques. 

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Table des matières 

Forêts tropicales et bois tropicaux   1 

Causes de la destruction des forêts tropicales  2 

Abattage mondial de bois  4 

Le commerce international de bois tropical  5 

Exploitation illégale des forêts et commerce de bois illégal  8 

Mesures politiques visant à réglementer le commerce de bois  9 

CITES    9 

FLEGT (UE)    10 

RBUE (UE)    10 

Obligation de déclarer le bois et les produits en bois (Suisse)  11 

Lacey Act (Etats‐Unis)   12 

Illegal Logging Prohibition Act (Australie)  12 

Certification du bois et label de durabilité   13 

Le FSC en bref    13 

Le PEFC en bref   13 

Pénurie de bois tropicaux certifiés durables  14 

Propriétés et utilisation du bois tropical  14 

Comparaison de la masse volumique apparente de quelques bois tropicaux et bois indigènes   14 

Exemples d’utilisation de bois tropical  15 

Exemples de coloris et de textures de placages en bois tropical   15 

Plaidoyer pour du bois tropical légal et durable  16 

Quelles mesures pour protéger efficacement les forêts tropicales ?  16 

 

 

 

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Forêts tropicales et bois tropicaux 

Les  forêts  tropicales  couvrent  une  superficie  d’environ  1,66 milliard  d’hectares  et  représentent  près  de 

40 % du couvert forestier mondial. Elles sont situées entre  le tropique du Cancer et  le tropique du Capri‐

corne,  et  peuvent  être  schématiquement  classées  en  forêts  ombrophiles  (forêts  tropicales  pluvieuses), 

forêts tropicales décidues humides et forêts tropicales sèches. Selon l’Organisation internationale des bois 

tropicaux OIBT (2011),  les plus grandes superficies de forêts tropicales se trouvent au Brésil  (520 millions 

d’hectares), en République démocratique du Congo (154 millions d’hectares) et en  Indonésie (94 millions 

d’hectares).  A  titre  de  comparaison,  le  couvert  forestier  de  la  Suisse  s’étend  sur  près  de  1,3  million 

d’hectares. 

Parmi les forêts tropicales, on distingue les forêts primaires, les forêts secondaires et les plantations fores‐

tières. La forêt primaire, aussi appelée forêt vierge, désigne une forêt naturelle qui n’a jamais été exploitée 

ni significativement modifiée par l’homme. La forêt secondaire, contrairement à la forêt primaire, est une 

forêt qui s’est régénérée là où la forêt originelle (forêt primaire,  forêt vierge) a été détruite. Sa structure 

d’âge et la diversité de ses espèces divergent de celles des forêts primaires. Les causes de la destruction des 

forêts  primaires  sont  non  seulement  les  activités  humaines, mais  aussi  les  catastrophes  naturelles  telles 

que  les  incendies,  les  inondations  ou  les  éruptions  volcaniques.  Quant  aux  plantations  forestières,  elles 

désignent des peuplements  forestiers établis par plantation et/ou  semis, en partie aussi d’espèces  intro‐

duites. Elles sont souvent créées après destruction par coupe rase ou brûlis des forêts naturelles et il s’agit 

régulièrement de monocultures sur de grandes surfaces, constituées de peuplements équiennes (dont les 

arbres  ont  plus  ou  moins  le  même  âge).  Ces  plantations  ne  sauraient  remplacer  les  forêts  naturelles 

puisqu’elles s’accompagnent toujours d’une perte de la biodiversité. 

Le terme de bois tropical englobe le vaste groupe des essences provenant des formations boisées tropicales 

ou subtropicales d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et centrale, et plus particulièrement des forêts dites 

ombrophiles. Le bois tropical se distingue par une incroyable diversité des essences, comme en témoigne la 

banque de données de la Centrale suisse du commerce de bois qui a récensé plus de 1'200 essences de bois 

tropicaux sous leurs noms scientifiques et leurs appellations commerciales (au nombre de quelque 5'350 !). 

Illustration : Distribution géographique des forêts tropicales, en vert, les forêts tropicales pluvieuses (source : www.faszination‐regenwald.de)

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Causes de la destruction des forêts tropicales 

Dans  son  rapport  sur  la  situation  des  forêts  du  monde  2012,  l’Organisation  des  Nations  Unies  pour 

l’alimentation  et  l’agriculture  (FAO)  constate  qu’au  cours  de  la  décennie  écoulée,  quelque  13  millions 

d’hectares de forêts ont été détruits chaque année dans le monde. C’est l’équivalent de plus de trois fois la 

taille de la Suisse. La FAO a cependant aussi relevé qu’entre 2000 et 2010, l’Europe, l’Amérique du Nord et 

la Chine avaient enregistré un accroissement des superficies forestières, de sorte que les pertes nettes an‐

nuelles de  forêts ne représentent plus que 5,2 millions d’hectares. Au‐delà de cette arithmétique,  il  con‐

vient  de  rappeler  que  les  reforestations  et  plantations  forestières  ne  sauraient  toutefois  compenser  la 

perte de forêts naturelles ou primaires, notamment du point de vue de la biodiversité. Le recul du couvert 

forestier, dans les régions tropicales surtout, occasionne des dommages écologiques irréversibles et porte 

atteinte non seulement aux espèces animales et végétales, mais aussi à l’équilibre climatique. La destruc‐

tion  des  forêts  naturelles  frappe  surtout  les  pays  et  zones  des  régions  tropicales.  Selon  la  FAO,  les  plus 

grandes pertes annuelles nettes de superficies forestières se sont produites au Brésil et en Indonésie. Les 

causes de la destruction des forêts tropicales sont multiples et difficiles à quantifier dans le détail. De plus, 

elles varient d’une région à l’autre. 

Une part importante de la déforestation est à mettre au compte de l’explosion démographique dans les 

pays tropicaux. Les petits agriculteurs qui pratiquent la culture sur brûlis empiètent de plus en plus sur 

les forêts et les habitants des régions surpeuplées sont déplacés vers des zones de plus en plus reculées 

des forêts tropicales. 

Le Brésil,  deuxième plus  grand producteur de  viande bovine du monde, défriche à  grande échelle de 

vastes étendues de forêts dans la région amazonienne pour les convertir en pâturages d’élevage bovin. 

La conversion des forêts en terres d’élevage s’accompagne aussi d’un défrichement pour la culture de 

soja, surtout utilisé comme fourrage pour le bétail. 

En Asie du Sud‐Est, les forêts tropicales sont de plus en plus menacées par les plantations de palmiers à 

huile. L’Indonésie et la Malaisie sont les deux plus grands producteurs d’huile de palme et assurent 85 % 

de la production mondiale. En Indonésie, ces plantations s’étendent sur plus de 90'000 kilomètres carrés 

et en Malaisie sur près de 50'000 kilomètres carrés. Les plantations de palmiers à huile gagnent désor‐

mais aussi du terrain en Afrique (Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun, Nigéria) ainsi qu’en Amérique du Sud 

(Colombie, Brésil). (Source : IndexMundi). 

*La catégorie « Autres » comprend des causes telles que l’urbanisation, le développement d’infrastructures, les incendies  naturels, les projets hydroélectriques, la collecte de bois de feu 

Source : rainforests mongabay.com 

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L’huile de palme est non seulement utilisée dans l’industrie agro‐alimentaire et cosmétique, mais connaît 

aussi un véritable boom en tant que biocarburant. Cet engouement pour l’huile de palme a été encouragé 

par l’Union européenne qui a adopté en 2009 une directive visant à promouvoir les énergies renouvelables 

(Directive de l’UE relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouve‐

lables). Celle‐ci prévoyait initialement d’augmenter d’ici à 2020 à 10 % la part de biocarburants dans la con‐

sommation totale d’essence et de gazole destinés au transport. Cet objectif – revu à la baisse en 2015 et 

désormais  fixé à 7 % – a entraîné au  sein de  l’UE une hausse des besoins en huile de palme de 456'000 

tonnes en 2010 à 3,2 millions de tonnes en 2014, soit sept fois plus en quatre ans (chiffres selon la Fédéra‐

tion européenne pour le transport et  l’environnement, mai 2016). Voilà de quoi motiver les pays produc‐

teurs des régions tropicales à défricher de nouvelles terres forestières pour les convertir en plantations de 

palmiers à huile. 

La culture illégale sur brûlis pratiquée sur l’île indonésienne de Sumatra pour étendre les plantations (de palmiers à huile surtout) dégage d’épaisses colonnes de fumée blanche propagée par le vent d’ouest en direction de la mer de Chine méridionale et provo‐quant une pollution de l’air record, nocive pour la santé de millions d’habitants, à Singapour et au sud de la péninsule malaisienne. (Photo : NASA, image satellite du 19 juin 2013). 

Récolte de soja dans l’état brésilien du Matto Grosso (photo : GEO.de, Paulo Fridmann)

Récolte de soja dans l’Etat brésilien de Mato Grosso (photo : GEO.de, Paulo Fridmann)

Défrichement de la forêt tropicale pour la culture d’huile de palme dans l’Etat malaisien du Sarawak sur l’île de Bornéo (photo : Mattias Klum, National Geographic)

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Abattage mondial de bois  (Source : FAO, Annuaire statistique 2014 et Produits forestiers mondiaux 2014) 

Les statistiques de la FAO se fondent en premier lieu sur les données fournies par les pays au moyen de questionnaires ou grâce à des publications officielles. En l’absence de données officielles, la FAO procède à une estimation basée sur les meilleures informations disponibles. 

  Total 

bois rond abattu 

(1000 m3) 

dont

bois rond industriel

(bois brut)

(1000 m3) 

dont

bois de feu / d’énergie

(1000 m3)  (en % de l‘abattage

total par région)

Mondial  3'700'368  1'836'542  1'863'826  50 %

Dont, par régions :       

Afrique  728'485  71'565  656'920  90 %

Asie  1'118'695  381'704  736'991  66 %

Europe  722'064  572'409  149'655  21 %

Amérique latine  503'923  240'502  263'421  52 %

Amérique du Nord  552'952  506'746  46'206  8 %

Océanie  74'249  63'616  10'633  14 %

Des 3,7 milliards de m3 de bois ronds abattus dans le monde en 2014, 1,86 milliard de m3 était du bois de 

feu/bois d’énergie (y compris le bois pour la production de charbon de bois) et 1,84 milliard de m3 du bois 

rond industriel (grumes de sciage et de placage ainsi que d’autres types de bois ronds industriels destinés à 

la fabrication de pâte et papier, de panneaux de particules et de panneaux de fibres). 

Ces chiffres de  la FAO n’incluent pas  le bois abattu  illégalement et  il est donc à  supposer que  les vo‐

lumes extraits des forêts sont nettement plus importants. Concernant l’abattage et le commerce illégal, 

voir la rubrique correspondante. 

Près  de  la  moitié  des  bois  ronds  abattus  dans  le  monde  sont  utilisés  comme  bois  de  feu  et  bois 

d’énergie. Cette part varie considérablement d’une région à l’autre. En Afrique, elle représente 90 % de 

la production (les 10 % restants étant du bois rond industriel) et elle est aussi relativement importante 

en Asie et en Amérique latine. Ces chiffres montrent que le bois tropical demeure la principale source 

d’énergie pour la population des régions tropicales et d’un grand nombre de pays en voie de dévelop‐

pement ! 

Le gros des volumes de bois ronds industriels abattus est consommé et utilisé dans les régions mêmes et 

les pays d’origine (à des fins de construction, pour la production de meubles, etc.). C’est ce qui ressort 

des données 2014 de  la FAO relatives à  la consommation  indigène  (calculée sur  la base de  l’équation 

suivante : production propre + importations ‐ exportations = consommation indigène). 

Région  Production propre 

bois rond industriel 

(1000 m3) 

Importation

bois rond industriel

(1000 m3)

Exportation 

bois rond industriel 

(1000 m3) 

Consommation

indigène bois rond

industriel (1000 m3)

Afrique  71'565  488 5'516  66'537

Asie  381'704  72'544 8'258  445'990

Amérique latine  240'502  313 1'515  239'300

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Dans  les différents pays de forêts tropicales,  le rapport entre exportation et consommation  intérieure 

est  similaire :  le  gros du bois est  consommé dans  le pays d’origine et – même en  tenant  compte des 

grumes que les pays d’origine transforment sur place en produits exportables tels que sciages, contre‐

plaqués, placages, etc. – les exportations demeurent modestes. 

Le commerce international de bois tropical 

Les bois tropicaux sont commercialisés dans le monde entier et une des seules organisations à disposer de 

données concrètes sur la production et le commerce de bois tropicaux est l’Organisation internationale du 

bois tropical (OIBT). Ses données n’étant pas toujours fiables en raison de l’insuffisance des chiffres com‐

muniqués par les Etats membres, il convient de les interpréter avec prudence. L’OIBT compte 72 membres, 

dont 34 pays producteurs et 38 pays consommateurs qui représentent près de 80 % des forêts tropicales 

du monde et détiennent 90 % du  commerce mondial des bois  tropicaux. Parmi  les pays  consommateurs 

figurent l’Union européenne, avec ses 28 Etats membres, ainsi que les principales nations industrielles que 

sont les Etats‐Unis, la Chine et le Japon. La Suisse est également membre de l’OIBT. 

Selon  l’OIBT,  la production de bois ronds  industriels d’origine  tropicale  (grumes pour sciages, placages et 

autres types de produits) a atteint en 2013 235,8 millions de m3. Les plus gros producteurs de grumes tro‐

picales sont l’Indonésie (62,4 millions de m3), suivie de l’Inde (43,4 millions de m3), du Brésil (30,8 millions 

de m3) et de la Malaisie (20 millions de m3). 

De ces 235,8 millions de m3 de bois ronds industriels, 13,2 millions de m3 (soit 5,6 %) sont directement ex‐

portés par  les pays producteurs et près de 94 % transformés sur place en sciages, placages ou contrepla‐

qués, soit pour la consommation indigène, soit pour l’exportation. Pour 2013, le classement des principaux 

exportateurs parmi les pays producteurs de bois tropicaux se présente comme suit : 

Exportations de bois tropicaux des pays producteurs en 2013 (source : Revue biennale OIBT 2013‐2014 / Base de données statistiques)) 

Grumes  Sciages 

  Quantité (m3)   Quantité (m3)

Total pays producteurs OIBT  13'197'000 Total pays producteurs OIBT  9'258'000

‐ Papouasie‐Nouvelle‐Guinée  3'097'000 ‐ Malaisie  1'963'000

‐ Malaisie  3'097'000 ‐ Thaïlande (surtout du bois 

   d’hévéa issu de plantations) 

1'936'000

‐ Myanmar  2'718'000 ‐ Indonésie  732'000

‐ Cameroun  802'000 ‐ Cameroun  626'000

Placages  Contreplaqués 

  Quantité (m3)   Quantité (m3)

Total pays producteurs OIBT  1'212'000 Total pays producteurs OIBT  6'397'000

‐ Viêtnam  651'000 ‐ Malaisie  3'032'000

‐ Malaisie  242'000 ‐ Indonésie  2'836'000

‐ Gabon  108'000 ‐ Viêtnam  163'000

‐ Côte d‘Ivoire  54'000 ‐ Équateur  61'000

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Les présentes données sur le commerce international des bois tropicaux se limitent aux grumes, sciages, 

placages et contreplaqués. Et ce pour cause :  le système international harmonisé de désignation et de 

codification des marchandises (nomenclature) qui sert de base aux tarifs douaniers nationaux et sur le‐

quel repose aussi la saisie des données économiques (statistiques du commerce extérieur) ne fait de dis‐

tinction entre bois tropical et non tropical que pour ces groupes de marchandises. Il existe d’autres pro‐

duits finis et semi‐finis en bois tropical commercialisés à l’international (par exemple produits rabotés, 

bois lamellé‐collé, meubles et autres), mais dont les volumes ne peuvent être identifiés avec certitude. 

Par conséquent,  les aperçus ci‐dessous des  importations de bois  tropicaux pour  l’année 2013 se  limitent 

par  la  force  des  choses  aux  groupes  de  marchandises  susmentionnés.  Le  tableau  indique  pour  chaque 

groupe les deux pays qui ont importé les plus gros volumes, puis le volume total des importations de l’UE, 

avec mention du principal importateur de l’espace européen. Quant aux importations de la Suisse, acteur 

insignifiant sur le marché international des bois tropicaux, elles sont données à titre de comparaison. 

Importations de bois tropicaux en 2013 (source : Revue biennale OIBT 2013‐2014) 

Grumes  Sciages 

Les principaux 

importateurs (pays) 

Quantité (m3) Les principaux 

importateurs (pays) 

Quantité (m3)

Chine  9'342'189 Chine  4'199'633

Inde  4'355'870 Thaïlande  761'000

UE  320'000 UE  1'344'000

‐ France  127'302 ‐ France  324'767

Suisse *  389 Suisse *  11'433

Placages  Contreplaqués 

Les principaux 

importateurs (pays) 

Quantité (m3) Les principaux 

importateurs (pays) 

Quantité (m3)

Chine  525'691 Japon  2'602'653

Taïwan  159'919 États‐Unis  637'817

UE  197'000 UE  799'000

‐ France  68'183 ‐ Pays‐Bas  138'527

Suisse *  297 Suisse *  3'162

*Chiffres pour la Suisse : Administration fédérale des douanes, statistique du commerce extérieur, banque de données Swiss‐Impex 

La majeure partie du commerce international de bois tropicaux s’opère au sein de l’espace asiatique. La 

Chine, deuxième puissance économique mondiale, est aujourd’hui de loin le plus grand importateur de 

bois tropicaux. Selon l’OIBT, la Chine a produit en 2013 près de 6 millions de m3 de contreplaqués tropi‐

caux fabriqués à partir de grumes importées. Cela fait de la Chine le plus grand producteur de contre‐

plaqués  tropicaux, devant  la Malaisie  (avec près de 4 millions de m3). Avec un volume de 616'000 m3 

(chiffre pour 2013), la Chine est également le troisième plus grand exportateur de contreplaqués tropi‐

caux, après  la Malaisie et  l’Indonésie. Ses propres ressources étant  insuffisantes,  la Chine a un besoin 

énorme et croissant en bois, besoin qu’elle ne couvre pas seulement avec du bois  tropical, mais aussi 

avec des importations de grumes de Russie, d’Amérique du Nord et d’Europe. 

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Après avoir occupé jusqu’au milieu des années 1990 le premier rang des principaux pays importateurs 

de bois tropicaux,  le Japon a été supplanté par la Chine et n’a réussi à conforter sa position de leader 

que pour les importations de contreplaqués tropicaux. 

Sur les 2,659 millions de m3 de produits en bois (sans le bois d’énergie et le papier/carton) consommés 

en  Suisse en 2013  (source : Office  fédéral  de  l’environnement OFEV),  les  importations de  grumes,  de 

sciages,  de  placages  et  de  contreplaqués  tropicaux  en  2013  ne  représentaient  que  15'281  m3,  soit 

quelque 0,6 %, de la consommation totale. 

Les  importations suisses de bois  tropicaux ont  fortement diminué au cours des 25 dernières années.  Les 

raisons de ce recul sont multiples : 

La baisse des importations s’explique pour l’essentiel par la controverse sur l’utilisation des bois tropi‐

caux et la destruction des forêts tropicales. Diverses initiatives privées et organisations environnemen‐

tales telles que le WWF et Greenpeace se sont employées à sensibiliser le grand public et les consom‐

mateurs. Désormais, ces derniers n’acceptent que le bois tropical – si tant est qu’ils  l’acceptent –qui a 

été certifié légal et durable. 

Entre 1990 et 2015, le volume total des grumes, sciages, placages et contreplaqués tropicaux importés 

en Suisse a chuté de près de 75 %, passant de 33'726 tonnes à 8'470 tonnes. 

En l’espace de 25 ans,  les  importations suisses de grumes tropicales se sont  littéralement effondrées : 

alors qu’elles totalisaient encore 47'450 tonnes en 1980, elles ne représentaient plus que 11'903 tonnes 

en 1990 et 143 tonnes en 2015. Une des raisons pour ce recul massif est que la Suisse ne compte plus 

qu’une ou deux scieries capables de débiter des grumes tropicales. A cela s’ajoute que les pays produc‐

teurs ont commencé, au cours des dernières décennies, à transformer eux‐mêmes sur place le bois tro‐

pical destiné à l’exportation (avec la production de sciages, de contreplaqués et de placages aussi). Les 

politiques favorisant la transformation locale contribuent ainsi à accroître dans les pays producteurs la 

valeur ajoutée de ce secteur d’activité. 

A moyen et à plus long terme, les mesures politiques visant à combattre l’exploitation et le commerce 

illégal pourraient aussi se solder par un recul des  importations de bois tropicaux, notamment dans  les 

pays industrialisés occidentaux. Par ailleurs, les réglementations de l’UE en la matière vont certainement 

aussi avoir des répercussions en Suisse, puisqu’une part notable des importations suisses de bois tropi‐

caux transite par des Etats de l’Union européenne tels que l’Allemagne, la France ou les Pays‐Bas. 

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Abattage illégal de bois découvert par l’armée brésilienne (photo : Exército Brasileiro) 

Exploitation illégale des forêts et commerce de bois illégal 

On entend par exploitation illégale des forêts et commerce de bois illégal la récolte, le transport, la vente 

ou  l’achat  de  bois  en  violation  des  lois  nationales  applicables.  Cette  définition  couvre  un  large  éventail 

d’infractions dont : 

Infractions liées à l’exploitation illégale des forêts : 

‐ La corruption dans l’attribution des permis d’exploitation et l’obtention frauduleuse des licences 

‐ L’exploitation des forêts sans permis 

‐ La surexploitation dans une zone sous licence ‐ L’abattage d’espèces d’arbres protégées ‐ La récolte de bois dans des aires protégées ‐ La violation des droits fonciers des populations locales et autochtones. 

Infractions liées au commerce de bois illégal :  

‐ La violation des réglementations d’exportation 

‐ La falsification des documents douaniers 

‐ Le non‐paiement des impôts, redevances (droits de douane) ou taxes. 

D’après  les  estimations  de  l’Organisation  pour  la 

coopération  et  le  développement  économiques 

OCDE  (Illegal  Trade  in  Environmentally  Sensitive 

Goods, 2012), l’exploitation illégale des forêts et le 

commerce  de  bois  illégal  représentent  une  perte 

annuelle en revenus et taxes de 5 milliards de dol‐

lars  américains  pour  les  gouvernements  des  pays 

producteurs.  A  ces  pertes  s’ajoutent  des  dom‐

mages pour  l’ensemble de  la  filière  légale du bois 

estimés  à  10  milliards  de  dollars  américains.  De 

plus,  avec  l’effondrement  des  prix  du  bois  et  des 

produits en bois sur le marché international de 7 à 

16 %,  la  compétitivité  des  entreprises  de  la  filière 

légale du bois est fortement mise à mal, tant dans 

les pays exportateurs qu’importateurs. 

L’exploitation  illégale du bois est un problème global qui concerne surtout  les pays avec  les plus grandes 

étendues forestières. Ce phénomène ne touche pas seulement les régions tropicales, mais également des 

pays telles que la Russie ou les Etats de l’ancien bloc soviétique. La déforestation et l’exploitation illégale se 

produisent majoritairement dans les forêts tropicales d’Amazonie, d’Afrique centrale et d’Asie du Sud‐Est. 

Les estimations quant à l’étendue de l’exploitation illégale varient selon les sources. L’organisation interna‐

tionale de police criminelle INTERPOL estime que 15 à 30 % du bois commercialisé à l’international est de 

source illégale. Et selon une étude de l’institut britannique renommée Chatham House publiée en 2010, 40 

à 61 % du bois récolté en Indonésie et 35 à 72 % du bois extrait au Brésil proviennent de coupes illégales 

(voir le site www.illegal‐logging.info). Probablement, la Chine est le principal importateur de bois illégal. 

Une grande partie  du bois  d’origine  illégale  provient  non pas de  l’abattage  sélectif  traditionnel, mais  du 

défrichement par coupe rase à des fins d’agriculture commerciale pour des plantations agro‐industrielles. 

Selon l’analyse de Sam Lawson (Consumer Goods and Deforestation, 2014), l’agriculture commerciale est à 

l’origine de plus de 70 % de la déforestation survenue dans les zones tropicales entre 2002 et 2012, et près 

de la moitié des terres forestières tropicales converties en surfaces agricoles proviennent du défrichement 

illégal, lequel produit à son tour du bois illégal. 

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Mesures politiques visant à réglementer le commerce de bois 

A ce  jour, différentes mesures politiques ont été prises aux niveaux  international  et  national pour  lutter 

contre le commerce de bois illégal. 

CITES 

La  Convention  sur  le  commerce  international  des  espèces  de  faune  et  de  flore 

sauvages menacées d’extinction (CITES, aussi connue sous  le nom de Convention 

de  Washington)  est  un  accord  commercial  international.  Entrée  en  vigueur  en 

1975, la convention compte présentement 182 Etats membres, dont la Suisse qui a 

été un des premiers pays signataires. CITES vise à protéger contre la surexploitation par suite du commerce 

international  les espèces  animales et  végétales  figurant  sur une  liste  régulièrement mise à  jour,  appelée 

liste des espèces CITES. La convention est l’unique instrument international à régler le commerce de bois. 

Par commerce au sens de la CITES, on entend toute importation, exportation, réexportation de spécimens 

des espèces couvertes par la convention. 

La liste des espèces CITES recense actuellement quelque 180 espèces d’arbres et de bois, dont près de 90 % 

sont d’origine tropicale. 

Les espèces protégées sont classées en trois catégories définies en fonction du degré de menace pesant sur 

elles et désignées sous le nom d’Annexes I, II et III. Celles‐ci établissent les régimes de réglementation du 

commerce international applicables à chacune des espèces. 

Annexe I :   L’annexe I regroupe les espèces de bois les plus menacées et dont le commerce international 

est  strictement  interdit,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  produits  issus  d’espèces  acquis  avant 

l’entrée en vigueur de la convention. 

  Exemple : bois de rose brésilien (nom scientifique : Dalbergia nigra) 

Annexe II :  L’annexe  II  comprend  toutes  les  espèces  de  bois  qui  ne  sont  pas  nécessairement menacées 

d’extinction, mais dont le commerce doit être réglementé pour éviter une exploitation incom‐

patible avec  leur survie. Le commerce  international de ces espèces est autorisé, mais stricte‐

ment contrôlé au moyen de permis d’exportation CITES du pays d’origine ou d’une attestation 

de réexportation du pays de provenance. 

  Exemple : bois de gaïac (nom scientifique : Guaiacum spp.) 

Annexe III :  Les espèces de bois visées à  l’annexe  III  sont des espèces  inscrites  sur  la  liste CITES à  la de‐

mande d’un Etat signataire de la convention. Le commerce international des produits en ques‐

tion  nécessite  la  présentation  d’un  permis  d’exportation  CITES  uniquement  pour  les  pays 

d’origine cités à l’Annexe III. Un certificat d’origine établi par l’organe de gestion CITES de l’Etat 

d’exportation  suffit pour  les marchandises à destination des autres pays  signataires.  Lors de 

réexportations, la marchandise doit être accompagnée d’une attestation de réexportation.  

  Exemple : palissandre du Nicaragua (nom scientifique : Dalbergia tucurensis). Seules les popu‐

lations du Guatemala et du Nicaragua sont protégées. 

Par ailleurs, les essences ne sont pas toutes protégées dans leur intégralité : pour certains bois, toutes les 

parties  ainsi  que  les  produits  finis  sont  soumis  à  l’obligation  de  produire  un  certificat,  alors  que  pour 

d’autres, seuls certains produits ou parties (grumes, bois sciés, placages ou contreplaqués) sont soumis aux 

dispositions CITES. 

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FLEGT (UE) 

L’UE a adopté en 2003  le Plan d’action  communautaire  sur  l’application des  ré‐

glementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT). 

Ce plan d’action vise à promouvoir la gestion légale des forêts et la mise en œuvre 

d’accords de partenariat volontaires (APV) avec les Etats producteurs. 

Dans le cadre du régime d’autorisation prévu par le plan d’action, les Etats partenaires s’engagent à mettre 

en place un système de vérification de la légalité du bois (SVLB). Une fois ce système en place, seuls les bois 

couverts par une autorisation FLEGT pourront être  importés dans  l’UE. En délivrant  les autorisations con‐

formes au FLEGT, les autorités compétentes des Etats partenaires confirment que les bois et les produits en 

bois exportés vers l’UE sont d’origine légale.  

A  ce  jour  (juin 2016),  l’UE a  conclu des  accords de partenariat  volontaires  avec  le Ghana,  l’Indonésie,  le 

Cameroun,  le  Libéria,  la  République  du  Congo  et  la  République  centrafricaine.  Cependant,  aucun  de  ces 

pays  n’a  encore  définitivement  finalisé  ses  travaux  de mise  en œuvre  du  système  de  vérification.  Seule 

l’Indonésie est sur le point de parachever le processus et les premières livraisons de bois indonésien sous 

license FLEGT sont attendues avant la fin de l’année 2016. D’autres accords de partenariat sont en cours de 

négociation avec plusieurs Etats, dont la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le 

Guyana, le Honduras, le Laos, la Malaisie, la Thaïlande et le Viêtnam. 

RBUE (UE) 

Sous  la  pression  des  organisations  environnementales  déplorant  la  lenteur  du  processus  FLEGT,  l’UE  a 

adopté en 2010, en complément du plan d’action FLEGT, le RBUE (Règlement Bois de l’Union européenne) 

qui est entré en vigueur en mars 2013.  

Le RBUE interdit la mise sur le marché de bois issus d’une récolte illégale ou de produits dérivés de ces bois. 

L’interdiction  s’applique pratiquement  à  tous  les produits :  du bois  de  chauffage en passant  par  les bois 

bruts,  les bois sciés,  les feuilles pour placage,  les produits dérivés du bois et  les cadres en bois  jusqu’aux 

ouvrages de menuiserie et pièces de charpente pour construction. Le RBUE couvre aussi bien le bois abattu 

au sein de l’UE que le bois et les produits en bois importés d’Etats tiers. Et il va sans dire que l’interdiction 

porte aussi sur le bois tropical et ses produits dérivés. 

Pour  autant  qu’il  soit mis  en œuvre  de manière  conséquente,  le  RBUE  constitue  un  instrument  efficace 

pour lutter contre le commerce de bois illégal. Il vise à responsabiliser tous les opérateurs qui mettent pour 

la première fois sur le marché intérieur de l’UE du bois et des produits dérivés. Les opérateurs (et plus par‐

ticulièrement les importateurs) doivent s’assurer de la légalité du bois et des produits en bois, et sont tenus 

de  faire preuve de « diligence  raisonnée » afin de  limiter  le plus possible  le  risque de  commercialiser du 

bois ou des produits dérivés contenant du bois récolté illégalement. Le système de diligence comporte trois 

éléments inhérents à la gestion du risque : l’accès à l’information, l’évaluation du risque et l’atténuation du 

risque  identifié.  Le  système  doit  notamment  donner  accès  aux  informations  concernant  le  produit, 

l’essence forestière, le pays de récolte, le fournisseur, y compris les informations pertinentes portant sur le 

respect de la législation nationale du pays producteur. Sur la base de ces informations, les opérateurs doi‐

vent procéder à une évaluation du risque. Si cette évaluation révèle le risque que du bois ou des produits 

dérivés issus d’une récolte illégale soient mis sur le marché (notamment en cas de prévalence de la récolte 

illégale de  certaines essences  forestières ou de  la prévalence de conflits armés ou de corruption dans  le 

pays  de  provenance),  les  opérateurs  sont  tenus  d’appliquer  des mesures  et  procédures  adéquates  pour 

réduire  le  plus  possible  ledit  risque.  Ces mesures  peuvent  inclure  l’exigence  d’informations  ou  de  docu‐

ments complémentaires et/ou l’exigence d’une vérification par une tierce partie dans le pays où le bois a 

été abattu. 

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Le  RBUE  ne  s’applique  pas  seulement  aux  opérateurs, mais  aussi  aux  commerçants  en  aval  qui,  dans  le 

cadre  d’une  activité  commerciale,  vendent  ou  achètent  sur  le marché  intérieur  du  bois  ou  des  produits 

dérivés. Ces derniers sont tenus de livrer des informations de base sur leurs fournisseurs et acheteurs pour 

que soit assurée la traçabilité du bois et des produits dérivés. 

Le RBUE admet expressément que les bois couverts par une autorisation FLEGT ou un permis CITES répon‐

dent à priori aux exigences de légalité du RBUE. Tel n’est pas automatiquement le cas avec les bois certifiés 

FSC et PEFC. Ces labels de certification garantissent certes la légalité de l’exploitation des forêts, mais font 

abstraction de  la chaîne d’approvisionnement et ne  fournissent pas  les  informations exigées par  le RBUE 

sur la provenance exacte ou l’essence des bois vendus. De plus, les labels FSC et PEFC ne garantissent pas 

aux opérateurs de  l’UE que  le producteur du pays de récolte s’est dûment acquitté des  impôts,  taxes ou 

droits de douane avant et lors de l’exportation. 

Chaque Etat membre désigne une ou plusieurs autorités chargées du contrôle et de la bonne application du 

RBUE. Il doit par ailleurs veiller à ce que les infractions au RBUE soient passibles de sanctions effectives et 

dissuasives, pouvant aller jusqu’à des amendes substantielles ou la saisie du bois et des produits dérivés du 

bois.  Pour  l’heure,  les  Etats  membres  de  l’UE  n’appliquent  pas  encore  tous  scrupuleusement  le  RBUE. 

L’Allemagne peut être considérée comme exemplaire. En 2015, elle a contrôlé 154 entreprises et constaté, 

entre autres, des  infractions à  l’obligation de déclarer  les essences et  la provenance du bois. Cependant, 

aucun élément n’a permis de prouver l’illégalité du bois mis sur le marché allemand. 

Obligation de déclarer le bois et les produits en bois (Suisse) 

En Suisse,  les obligations des opérateurs sont régies par  l’Ordonnance sur  la dé‐

claration concernant  le bois et  les produits en bois. Celle‐ci a été édictée par  le 

Conseil fédéral le 1er octobre 2010 et est entrée en vigueur le 1er janvier 2012, soit 

plus d’un an avant le RBUE. L’adoption de cette ordonnance fait suite à une péti‐

tion du WWF de 2005 qui demandait non seulement une obligation de déclarer, mais une interdiction gé‐

nérale d’importer du bois issu de sources illégales. Lors des délibérations aux Chambres fédérales, la propo‐

sition  d’interdire  l’importation  et  le  commerce  de  bois  issus  d’une  récolte  illégale  a  été  rejetée  par  une 

majorité des députés, lesquels estimaient qu’une interdiction générale n’était pas compatible avec les obli‐

gations commerciales internationales de la Suisse. Dès lors, le législateur s’est contenté d’une obligation de 

déclarer, censée créer une plus grande transparence pour les consommateurs. 

Jusqu’à nouvel ordre, seuls les bois ronds, les bois bruts, le bois de chauffage et le charbon de bois ainsi que 

certains produits en bois massif (sciages, bois rabotés, lames à parquet, cadres en bois pour tableaux, etc. 

ainsi que les meubles ayant des composants principaux en bois massif) sont soumis à déclaration.  Il était 

initialement  prévu  d’étendre  l’obligation  à  d’autres  produits  en  bois  tels  que  les  dérivés,  placages,  etc., 

mais à ce jour, cela ne s’est pas encore fait. L’obligation de déclarer se limite au devoir d’informer les con‐

sommateurs  finaux  sur  l’essence  et  la  provenance  du  bois  et  des  produits  en  bois.  Sont  soumis  à 

l’obligation de déclarer les personnes (physiques et morales) qui remettent du bois et des produits en bois 

aux consommateurs finaux. L’ordonnance vise donc – en plus des menuisiers, charpentiers et constructeurs 

en bois – les points de vente tels que les magasins de meubles et les grandes surfaces et centres de brico‐

lage. L’essence et la provenance du bois doivent être indiquées de manière adéquate, c’est‐à‐dire apposées 

sur  le produit  lui‐même, sur  l’emballage, à proximité  immédiate du produit dans  les étalages ou les cata‐

logues de vente. Le négoce de bois qui ne remet pas de bois ou des produits en bois à des consommateurs 

finaux n’est pas soumis à  l’obligation de déclarer ;  ceci dit,  le négoce doit être en mesure de  fournir aux 

revendeurs  proches  des  consommateurs  les  informations  concernant  l’essence  et  la  provenance du  bois 

afin de permettre à ces derniers de s’acquitter de leurs obligations légales envers les consommateurs. 

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12 

Le contrôle de l’obligation de déclarer incombe au Bureau fédéral de la consommation (BFC). Pour faciliter 

aux  commerçants  et  consommateurs  l’identification  des  bois,  le  BFC  propose  sur  son  site 

(www.konsum.admin.ch) une banque de données qui fournit tous les renseignements utiles concernant les 

essences, les noms scientifiques et appellations commerciales. 

Rétrospectivement,  force est de constater que  le Parlement et  le Conseil  fédéral auraient été bien avisés 

d’attendre les résultats des travaux de l’UE avant d’adopter à la va‐vite une solution propre à la Suisse. Et 

ce d’autant plus que l’ordonnance suisse ne répond pas aux attentes initiales des auteurs de l’initiative qui 

voulaient exclure le bois illégal de la chaîne commerciale. L’essence et la provenance des bois s’avèrent des 

aides décisionnelles peu pertinentes pour juger de la légalité du bois mis sur le marché suisse et il eût été 

souhaitable que la Suisse se dote d’un instrument plus efficace pour combattre le commerce de bois illégal. 

Elle  aurait  eu  amplement  le  temps  d’édicter,  pratiquement  en même  temps  que  l’UE,  une  ordonnance 

suisse sur le bois analogue au RBUE et compatible avec le règlement européen. Cela lui aurait évité de de‐

voir subir des entraves techniques au commerce et d’être mise au rang d’Etat tiers soumis au système de 

diligence raisonnée. Désormais, la Suisse cherche une solution lui permettant d’introduire – quoiqu’avec un 

certain retard – une réglementation analogue à celle du RBUE. 

Pour  la Suisse,  le RBUE a au moins pour effet positif  immédiat de  réduire  le  risque de voir arriver  sur  le 

marché indigène du bois et des produits en bois issus de récoltes illégales, puisque 95 % des importations 

suisses de bois et produits en bois soumis au régime de diligence raisonnée du RBUE proviennent des Etats 

membres de l’UE et pour l’essentiel d’Allemagne. Et cela vaut aussi pour le bois tropical ! 

Lacey Act (Etats‐Unis) 

Les Etats‐Unis ont été les premiers à adopter une loi interdisant le commerce de 

bois illégal. Dans le but d’enrayer l’exploitation et le commerce de bois de sources 

illégales, les Etats‐Unis ont amendé en 2008 la « Lacey Act » (loi de 1900 relative à 

la  protection  des  ressources  naturelles),  érigeant  en  infraction  l’importation, 

l’exportation, le transport, la vente, l’obtention et l’acquisition de bois et produits à base de bois d’origine 

illégale. La loi américaine, entrée en vigueur au 1er avril 2009, vise plus ou moins les mêmes catégories de 

produits que le RBUE et requiert que les bois et produits à base de bois importés aux Etats‐Unis soient ré‐

coltés, produits et exportés dans  le  respect des  législations des pays de provenance. Toute personne ou 

entreprise qui importe du bois ou des produits du bois doit fournir pour chaque importation une déclara‐

tion spécifiant, entre autres, le nom scientifique des essences et le pays d’origine. Les autorités chargées de 

la bonne application de la loi ont la compétence de vérifier l’exactitude des données figurant dans la décla‐

ration et en cas d’infraction à la Lacey Act, elles peuvent engager des poursuites judiciaires. Le cas du fabri‐

cant de guitares Gibson, condamné à une peine pécuniaire de 300‘000 dollars américains pour avoir impor‐

té du bois d’origine illégale venant de Madagascar et d’Inde, témoigne de l’efficacité de cet instrument de 

lutte contre l’exploitation et le commerce de bois illégal. 

Illegal Logging Prohibition Act (Australie)

L’Australie  s’est  également dotée d’une  loi  visant  à  combattre  l’exploitation  illé‐

gale  des  forêts.  La  loi  (connue  sous  le  nom d’Illegal  Logging  Prohibition Act)  est 

entrée en vigueur en novembre 2012 et tout comme la Lacey Act et le RBUE, elle 

interdit à  la  fois  l’importation et  la  transformation de bois  illégalement coupé et 

de produits dérivés de ce bois. Les produits auxquels s’applique la loi (produits largement identiques à ceux 

du  RBUE)  ainsi  que  les  obligations  de  diligence  raisonnée  des  importateurs  et  des  transformateurs  sont 

définies  dans  un  règlement  qui  a  pris  effet  fin  novembre  2014  (règlement  modificatif  interdisant 

l’exploitation illégale). 

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Certification du bois et label de durabilité 

Diverses initiatives de certification du bois se sont dédiées à la protection des forêts et prônent leur gestion 

durable. Une forêt est considérée comme gérée durablement lorsqu’elle maintient sa capacité à satisfaire 

ses fonctions écologiques, économiques et sociales, pour le bien des générations présentes et futures. Les 

forêts exploitées légalement ne sont pas nécessairement des forêts gérées de manière durable : l’assurance 

de la légalité est un concept beaucoup moins large que celui de la durabilité et ne prend pas en compte les 

questions plus complexes relatives à  l’exploitation durable dans ses diverses dimensions relevant des do‐

maines économique, social et environnemental. En d’autres termes : dans  les  législations nationales, cer‐

taines exigences essentielles pour garantir une gestion durable des ressources naturelles font souvent dé‐

faut. 

Il  existe  aujourd’hui  une  multitude  de  systèmes  de  certification  du  bois.  Pour  la  plupart,  il  s’agit 

d’instruments  à  initiative  non gouvernementale,  basés  sur  le  volontariat.  Parmi  les  systèmes qui  se  sont 

imposés au niveau international figurent le « Forest Stewardship Council » (FSC), pionnier de la certification 

forestière, fondé en 1993 ainsi que le « Programme for the Endorsement of Forest Certification Schemes » 

(PEFC),  crée  en  1999.  Ces  deux  initiatives  de  certification  se  livrent  une  âpre  concurrence  et  refusent 

jusqu’à ce jour de se reconnaître mutuellement. 

Dans les pays tropicaux, on trouve par ailleurs des systèmes nationaux de certification, dont le « Lembaga 

Ekolabel  Indonesia »  (LEI)  ainsi  que  le  « Malaysian  Timber  Certification  Scheme »  (MTCS).  Ces  deux  sys‐

tèmes sont toutefois loin de faire l’unanimité des organisations environnementales. Bien que garantissant 

la  légalité  de  l’exploitation  forestière,  ils  suscitent  des  points  d’interrogation quant  à  la  gestion durable. 

Ainsi, en Indonésie, 90 % des forêts certifiées LEI sont des plantations forestières (état août 2016), dont une 

part non négligeable a probablement été créée après destruction par coupe rase ou brûlis des forêts natu‐

relles. Aussi longtemps que les forêts tropicales naturelles sont converties en plantations forestières com‐

merciales, ces systèmes de certification demeurent discutables. 

Les systèmes FSC et PEFC font tous deux une distinction entre la certification de la gestion forestière (Fo‐

rest Management, FM) et  la certification des entreprises qui commercialisent et transforment  le bois  issu 

des forêts certifiées (Chain of Custody, CoC). Alors que le certificat FM confirme qu’une forêt a été exploi‐

tée selon les principes et critères de gestion durable, le certificat CoC garantit que le bois ou les produits en 

bois  certifiés  sont  documentés  et  traçables  tout  au  long  de  la  chaîne  de  transformation,  depuis  la  forêt 

jusqu’aux consommateurs. Les bois et produits en bois portent des labels distincts selon qu’ils sont certifiés 

FSC ou PEFC (voir les logos ci‐après). 

FSC en bref (état juillet 2016) 

Surface forestière certifiée FSC à l’échelle mondiale (hectares)  191‘023‘790 

Total des certificats de gestion forestière Nombre de pays avec certificats de gestion forestière 

1'402 

81 

Total des certificats Chain of Custody  30‘750 

Nombre de pays avec certificats Chain of Custody  118 

PEFC en bref (état juin 2016) 

Surface forestière certifiée PEFC à l’échelle mondiale (hectares)  300‘749‘838 

Total des certificats de gestion forestière Nombre de pays avec certificats de gestion forestière 

1'651 

33 

Total des certificats Chain of Custody  10‘909 

Nombre de pays avec certificats Chain of Custody  68 

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En Suisse, près de la moitié des membres de la filière organisée du négoce de bois sont certifiés FSC CoC, 

dont un tiers est également en possession du certificat PEFC CoC. 

Pénurie de bois tropicaux certifiés durables 

La  FAO  chiffre  la  superficie  totale  des  forêts  de  la  planète  à  un  peu  plus  de  4 milliards  d’hectares  (état 

2015), dont près de 490 millions d’hectares sont certifiés FSC ou PEFC (état juillet 2016). Cela correspond à 

quelque 12 % de la superficie forestière mondiale totale. De ces 490 millions d’hectares certifiés, seuls près 

de 28 millions d’hectares ou 6 % appartiennent aux forêts situées entre le tropique du Cancer et le tropique 

du Capricorne. Ces chiffres révèlent la faible percée de la certification forestière dans les régions tropicales, 

avec pour conséquence que le marché international est confronté à une pénurie de bois tropicaux et pro‐

duits en bois tropical avec certification crédible, validée au niveau international et attestant d’une gestion 

forestière durable. 

Propriétés et utilisation du bois tropical 

La plupart des feuillus tropicaux se distinguent par des propriétés technologiques particulières. Leur masse 

volumique apparente leur confère une résistance à  la compression (dureté) nettement supérieure à celle 

de  la plupart des  feuillus des zones  tempérées. De nombreux bois  tropicaux contiennent par ailleurs des 

substances qui les rendent plus durables et plus résistantes aux intempéries. Enfin, les bois tropicaux sont 

fort appréciés pour la richesse de leurs coloris qui rehaussent leur attrait visuel. 

Comparaison de la masse volumique apparente de bois tropicaux et de bois locaux sélectionnés 

La masse volumique apparente du bois en kg/m3 ou en g/cm3 (aussi désignée comme poids spécifique) dépend de la teneur en eau du bois. Le bois à  l’état frais est nettement plus  lourd que le bois à  l’état sec. Les valeurs ci‐dessus se réfèrent à  l’état sec. Par ailleurs,  la masse volumique apparente des essences  indiquées dans  le graphique ci‐dessus (exprimée en g/cm3) peut varier considérablement d’une station à l’autre selon les conditions climatiques et la nature du sol. Dans le présent tableau, les valeurs correspondent à des moyennes. 

Plus la valeur de la masse volumique apparente est élevée, plus le bois est difficile à usiner et plus l’effort 

imposé aux outils  et machines de  traitement du bois est  important,  avec un  risque d’usure prématurée. 

Certains  bois  tropicaux  affichent  une masse  volumique  apparente  comparable  à  celle  des  essences  indi‐

gènes (hêtre ou chêne). Tel est notamment le cas de l’iroko ou du sipo dont la masse volumique apparente 

est identique, voire inférieure à celle du chêne et du hêtre. A l’inverse, certains bois tropicaux tels que l’ipé 

ou  le  jatoba ont une masse volumique apparente supérieure à 1g/cm3 et sont  tellement  lourds, même à 

l’état sec, qu’ils ne flottent pas. 

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Arbre de Meranti dans le parc national de Pulau Pinang, Malaisie (photo : Jörg Reimer) 

Exemples d’utilisation des bois tropicaux  

En  Suisse,  on  trouve  dans  le  commerce  un  large  assortiment  de 

bois  tropicaux  sous  de  multiples  formes  et  employés  à  de  mul‐

tiples usages. Ci‐après une liste (non‐exhaustive) de quelques‐uns 

des domaines d’utilisation : 

Terrasses en bangkiraï, ipé, jatoba ou sipo  Parquet avec couche d’usure en iroko, wengé ou jatoba  Contreplaqué en okoumé pour la construction et 

l’aménagement intérieur, contreplaqué pour la construction 

de bateaux en sapelli 

Contreplaqué latté (panneau fort) pour la confection de meubles et l’aménagement intérieur, avec placages des faces 

en limba 

Portes avec cadres ou chants en abachi, sapelli ou sipo, portes intérieures avec placages en limba ou makoré 

Plinthes en doussié, koto ou ramin 

Bandes de chant en placage pour la confection de meubles 

en anègre, doussié, koto, limba, makoré, wengé ou zébrano 

Panneaux de particules pour la confection de meubles et 

l’aménagement intérieur, avec placages des faces en sapelli, 

wengé ou zébrano. 

La  Suisse  ne  compte  plus  que  quelques  rares  négociants  de  bois  tropicaux  avec  un  large  assortiment 

d’essences. Et rares sont aussi les commerçants spécialisés dans les placages de bois tropicaux, les placages 

étant – soit dit en passant – l’emploi le plus efficace et économe du bois tropical. 

Exemples de coloris et de textures de placages en bois tropical : 

 

 

 

 

    

Amarante  Bois d’ébène de Macassar  Palissandre de Santos  Wengé (Peltogyne venosa)  (Diospyros celebica)  (Machaerium scleroxylon)  (Millettia laurentii) Amérique centrale / du Sud  Asie du Sud‐Est  Amérique du Sud  Afrique centrale 

(Images : Jörg Reimer) 

Considérées comme particulièrement nobles, les essences tropicales servent à la confection de mobilier et 

produits (haut de gamme et de tous les jours), tels que des meubles de jardin (en teck, presque exclusive‐

ment  issu de plantations  forestières), des boîtes à  cigares  (en okoumé), des accessoires de bricolage  (en 

balsa, presque exclusivement  issu de plantations  forestières) ou des  instruments de musique (divers bois 

tropicaux pour les corps de résonance et manches de guitares). 

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Plaidoyer pour du bois tropical légal et durable 

Les  appels  au  boycott  des  années  1980  n’ont  pas  réussi  à  stopper  la  destruction  des  forêts  tropicales. 

L’exploitation commerciale s’est poursuivie à un rythme soutenu et a certainement aussi affecté les forêts. 

Le principal facteur de la déforestation demeure cependant la conversion des forêts en surfaces agricoles 

commerciales. Et une grande partie de ce déboisement a lieu dans l’illégalité. 

Il est illusoire de penser pouvoir stopper la déforestation et préserver les forêts tropicales en renonçant à 

importer, acheter ou utiliser du bois tropical. Et  les  initiatives qui continuent à prôner une telle approche 

omettent de voir que le boycott ne constitue pas une réponse appropriée au problème de la déforestation. 

D’une  part,  les  volumes  auxquels  renonceraient  les  pays  industriels  occidentaux  trouveraient  facilement 

d’autres débouchés, notamment en Asie et plus particulièrement en Chine, pays peu sensibilisé aux pro‐

blèmes de l’exploitation du bois tropical et à la protection des forêts vierges. D’autre part, renoncer au bois 

tropical peut aussi engendrer  l’effet  inverse :  lors de  la  Journée du commerce extérieur de  la Fédération 

allemande  du  négoce  de  bois,  Sheam  Satkuru‐Granzella,  représentante  du Malaysian  Timber  Council,  a 

souligné que les plantations de palmiers à huile qui ne couvrent présentement que 11 % du territoire rap‐

portaient à  l’économie malaisienne quatre  fois plus que  les  forêts  tropicales qui occupent 56 % du  terri‐

toire. D’où une pression économique de plus en plus  forte pour convertir  les  forêts  tropicales en planta‐

tions d’huile de palme (Holz‐Zentralblatt du 24 avril 2015, page 371). Dès lors, si le bois tropical est mis au 

ban de la communauté internationale, l’exploitation commerciale de ces forêts ne serait plus rentable et il 

deviendrait financièrement plus intéressant de défricher et convertir les forêts tropicales en plantations de 

palmiers à huile ou plantations pour la production de cellulose. 

L’utilisation de bois  tropicaux  issus de  récoltes  légales  reconnues comme durables est non seulement 

légitime, mais  soutient aussi  les efforts des pays  tropicaux qui  tentent de  tirer profit de  l’exploitation 

des forêts tropicales, tout en les préservant. 

Selon  les domaines d’utilisation,  le bois  tropical ne  se  laisse pas  toujours  remplacer par des essences 

domestiques. Là où les propriétés techniques particulières et les avantages esthétiques du bois tropical 

l’emportent sur le bois indigène, son utilisation peut certainement se justifier. 

Quelles mesures pour protéger efficacement les forêts tropicales ? 

Différentes mesures peuvent contribuer à protéger les forêts tropicales et préserver leurs fonctions écolo‐

giques et sociales. La mise en œuvre de ces mesures suppose toutefois une étroite collaboration au niveau 

international. Aux fins d’une protection efficace des forêts, il convient notamment de recourir aux mesures 

suivantes :  

Il faut renforcer et appliquer de manière conséquente les mesures politiques visant à endiguer le com‐

merce de bois  illégal.  La Suisse devrait  suivre  l’exemple de  l’Union européenne et adopter une  régle‐

mentation analogue au RBUE. Et  il faut avant tout que les pays qui  importent et transforment de gros 

volumes de bois tropical, dont  la Chine,  l’Inde et  le Japon, prennent à  leur tour des mesures efficaces 

pour prohiber le commerce de bois illégal. La communauté internationale est appelée à signaler haut et 

fort aux pays producteurs de bois tropicaux qu’elle ne saurait tolérer plus longtemps l’abattage illégal de 

ces bois. 

La responsabilité de protéger les forêts tropicales incombe en premier lieu aux pays des régions tropi‐

cales. Au‐delà de la lutte contre l’abattage illégal, ces derniers sont appelés à adopter des standards de 

gestion durable reconnus à l’échelle internationale ainsi que des systèmes indépendants de certification 

forestière analogues à ceux pratiqués dans les pays industrialisés occidentaux. 

Page 20: EXPLOITATION DU BOIS TROPICAL ET DESTRUCTION DE LA … · tion européenne pour le transport et l’environnement, mai 2016). Voilà de quoi motiver les pays produc‐ teurs des régions

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Un autre  instrument  important pour préserver  les dernières forêts tropicales naturelles  intactes est  la 

création de vastes aires protégées. 

Les  pays  industrialisés  sont  par  ailleurs  appelés  à  apporter  un  soutien  financier  aux  pays  des  forêts tropicales. La déforestation participe notablement au changement climatique et aux émissions de gaz à 

effet  de  serre.  Sachant  que  les  forêts  ont  la  capacité  de  séquestrer  et  de  stocker  le  carbone  de 

l’atmosphère, il faut absolument les protéger en tant que puits de carbone et réserves de CO2. Protéger 

les forêts, c’est protéger le climat. Pour inciter les pays tropicaux à préserver leurs forêts, la communau‐

té internationale a initié un programme de financement novateur pour réduire les émissions résultant 

du déboisement et de la dégradation des forêts. Ce programme du nom de REDD+ (Reduced Emissions 

from Deforestation and Forest Degradation) prévoit que les pays industrialisés versent des aides finan‐

cières aux pays des forêts tropicales qui s’engagent à promouvoir la préservation et la gestion durable 

de leurs forêts et à renoncer à défricher les forêts pour l’agriculture commerciale (plantations d’huile de 

palme, de soja, etc.). Ces aides sont destinées, entre autres, à compenser les pertes économiques et fi‐

nancières que  les pays  tropicaux  subiraient du  fait  qu’ils  renoncent à défricher  leurs  forêts  à des  fins 

agricoles. Les mécanismes du programme REDD+ sont ancrés dans la nouvelle Convention‐cadre des Na‐

tions unies sur les changements climatiques, adoptée mi‐décembre 2015 à Paris. 

Pour atténuer la pression sur les essences de bois tropicaux surexploitées et menacées de disparation, il 

convient  de  promouvoir  l’exploitation  et  l’écoulement  d’essences  moins  connues.  Beaucoup  d’entre 

elles présentent des propriétés identiques ou similaires aux essences tropicales traditionnelles. Citons à 

titre d’exemples les bois d’Amérique du Sud jatoba et massaranduba qui ont trouvé un créneau sur le 

marché des parquets et des terrasses. 

De manière générale, les investisseurs et instituts financiers devraient aussi veiller à ne soutenir que des 

projets de gestion durable et légale des forêts tropicales. 

La filière organisée du négoce de bois en Suisse 

affirme son attachement à la protection des forêts tropicales et 

à l’exploitation durable des bois tropicaux. 

 

 

 

 

 

Elle condamne l’exploitation illégale des forêts et le commerce de bois illégal.