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LisaSwann

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ADORE-MOI!

Volume4

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1.Black-out

Ilnefaitpasnoirlongtemps.Jereviensàmoi.Dumoins,j’entendscequ’ilsepasseparcequej’ail’impressiond’êtrecoincéedansunmondeoùtoutestétoufféetflou.J’entendslesvoixdeDaytonetde Saskia, mon prénom prononcé avec inquiétude, des murmures affolés, puis je sens qu’on meredresse la têtedoucement.Onmeprend lesmainsetonme les frotte.Ellessontgeléescommesiellesétaientprisesdanslaglace.Jereconnaisl’étreintefermedeDaytonet,mêmesimarespirationrefusedesecalmer,jemesensplusapaiséecontrelui.

– Anna, Anna, je t’en prie, murmure-t-il tout contre mon oreille. Écoute ma respiration etaccroche-toiàelle.Respirecommemoi.

Ilenfaitdestonnespourrespirerbruyamment.Delàoùjesuis,danscetteespècedemondetoutflou,j’aienviederigoler,deluidired’arrêtersoncirque.Jesuisbienoùjesuis.Jenesaisplustroppourquoijem’ytrouve,maisçam’al’aird’êtreunebonnesolution,j’ensuissûre.

–J’ail’impressionqu’elleestdanslesvapes,lanceSaskiaquejesensdéboussolée.

Desmouvementsautourdemoi.Onmedéplacepourm’allongersurlecanapé.Desbruitsdepaspuisunmiaulementquitientplusducouinement.

–C’estbienlemomentd’êtredansmespattes,toi!s’exclameSaskia.

Laportequiclaque.JenesensplusDaytonprèsdemoi.Parcontre,jeperçoistrèsprécisémentunronronnement proche et des poils me chatouillent le visage. Je ne bouge pas. C’est plutôt sympacommesensations.

–Bonsangmaisilesttêtu,cechat!Ilseraitcapabledel’étoufferavecsagraisse!

Saskia râle.Nouveau couinement deChurchill. Puis j’entendsmon amie remettre des choses enplaceprèsdemoi sur la tablebasse.Un silencecommesi elle regardaitquelquechose,puis«Ohmerde!».

Laportedel’appartements’ouvreetdespasserapprochent.EnsuitelavoixdeDayton:

–J’airapprochélavoiture.Jel’aigaréedevantl’immeuble.

Jelesenssepenchersurmoi.

–Ellerespiremieux,ondirait,dit-il.

Puisilajoute:

–Quoi?Qu’est-cequ’ilya?

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–Regardeça,répondSaskia.Jecroissavoircequil’amisedanscetétat.Elleétaitentraindelefeuilleterquandvousparliez,non?

Quelquessecondessansunmot,puisDaytonjureàvoixbasse,denouveauau-dessusdemoi.

–MonDieu,c’estterrible,chuchote-t-il.Anna,tum’entends?

Oui,jet’entends,maisexcuse-moi,Dayton,jesuisbienoùjesuis…

Moncorpsestlourdcommelafonte,commeunsarcophagequienfermemonesprit.Jepensemaissuis incapabledebouger,ou jen’enaipasenvie.Mesmains, je lessens, sontcrispéescommedesgriffesetmesjambestressautentencore.Marespirationestplusrégulièremaintenant,maisjeveuxdormir.Jeneveuxpasmeréveillerquand jemerappellecequ’ils’estpassé justeavantque jemeretrouvedanscetétat.Lessouvenirssontlà,clairscommeunfilmquipassedevantmesyeux:Daytonetmoisur lecanapé,nousdiscutons, jepleureparceque jesuisdésolée, jem’enveux ; j’aicachécertaineschosesdemavie,jen’aipasparlédeJonathan,monex-petitami.Etj’auraisdûtoutdireàDaytonparcequedepuismonarrivéeàNewYork,Jonathannecessedemeharcelerdecoupsdefil.Ilrefused’admettrenotreruptureetmoi,jerefusedediscuteraveclui.

Cequinousaconduitsàlasituationcatastrophiquequiajetétoutlemondedanslemêmemerdier:Jonathanatentédesesuicider,Gauthiers’estprécipitépourlesecouriretSaskiaetmoiavonsplanté,sansunmot,Daytonaubeaumilieud’unvernissageavantdepasserunenuitd’angoisse.Jonathanestapparemmentsauvémaisqu’enest-ildemoi?

Oui,moi,oùj’ensuis?Enouvrantlelivretdefamillequemesparentsm’ontenvoyépourquejepuisse demander ma carte verte, j’ai découvert que j’avais un frère. Enfin est-ce que je peuxconsidéreravoireuunfrèrequandcelui-ciestmorttroisansavantmanaissance?

J’aipasenviedepenseràça…

–Anna,Anna?Tum’entends?répèteDayton.

Jen’arrivepasàparler,Dayton.Aide-moi…

Jesuismolledanssesbras,commeuneBelleauboisdormantdroguée.

– Je l’emmène aux urgences de l’hôpital de Brooklyn, Saskia, dit Dayton. J’ai garé la voituredevantl’immeuble.Ilfautjustequetum’ouvreslavoieentenantlesportes.

JemesenssoulevéedanslesbrasdeDayton.Saskian’arrêtepasdejurer,complètementpaniquée.J’entendsunraffutdansl’entrée,etlavoilàquibraillesurlechatquidoitêtre,luiaussi,affolé.

–Maispousse-toi,groslard!

Jerigoleintérieurement.Jesuislégèrecommeuneplume.Çamerappellequand,enfant,monpèremeportaitendormiedelavoitureàmonlitquandnousrentrionstardàlamaison.

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L’odeurdeDaytonest toutcontremonvisage.Jerespirerégulièrement leparfumdesapeau.Jem’yréfugie.

L’escalier, lesbruitsdelarue,puisilmedéposedanslavoitureetm’attachesurlesiège.J’ailatêtelourde.Toutmoncorpsestanesthésié.

–Jetetiensaucourant,Saskia,dit-il.–Jeprévienssesparents,répondmonamie.

Ouais,c’estça,disleurqueleurfilleestauxabonnésabsents…

***

Jefinisparouvrirlesyeux;lesdiscussionsautourdemoicommencentàm’agacer.Pendanttoutletrajet,l’attenteetl’examenmédical,j’airéussiàresterretranchéedanslemondedecotonoùjeneveuxmesouvenirderien,maisçafaitunmomentmaintenantquejesuisdanscelit.Daytonn’apasbougédemonchevet.Jel’aisentitoutletemps.Jecroisqu’ilestjustesortipourappelerSaskia.

Lalumièrequiinondelachambrem’éblouitetjeplisselesyeux.

–Anna,souffleDaytonprèsdemoienmeprenantaussitôtlamain.

Sestraitssonttirés,samâchoirecrispée.L’inquiétudeassombritsonregard.Malgrétout,lavisiondecethommeprèsdemoiesttellementréconfortante.

–Est-cequeçava?Tuasmalquelquepart?Jevaisappelerl’infirmière,situveux.

Jesecouelatêtedanstouslessenspourrépondreauxquestions.Çamefatigue.

Toutmefatigue.Commejeneprononcepasunmot,Daytonse lèveetseprécipitevers laportepourallerchercherl’infirmière.

Merde,j’étaisbienoùj’étaisfinalement!

Jerefermelesyeux,luttantcontrel’enviedelesgarderouvertsrienquepourprofiterduvisageetdelaprésencedeDayton.C’estpeut-êtrelaseulechosequimefaitenviedepuiscesdernièresheures.

L’infirmièrepasseetrassureDayton.Toutesmesconstantessontnormales.Lafemmemeparleetjemeforceàhocherlatête,etmêmeàrépondred’unevoixrocailleuse.N’importequoipourqu’ellemefichelapaix.

–Jevaisprévenirlemédecinquipasseraquandilaurafinisesvisites,ditlanurseavantdesortir.

Daytonréapparaîtprèsdemoi,samainchaudesurlamienneencoregeléeetdouloureusedes’êtretorduependantcettecrise…

Dequoi,aufait?

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–Qu’est-cequ’ils’estpassé?réussis-jeàdemanderd’unevoixpasvraimentsexy.

Daytonsepenchesurmoietposematêtedanslecreuxdesonbras.

–D’aprèslessymptômesquej’aidécritsaumédecin, tuauraisfaitunecrisedetétanie,expliqueDayton.Tusaiss’ilyadesantécédentsdanstafamille?

J’émetsunpetitricanementironique.

–Commentveux-tuquejelesache?dis-je,presquedésagréablemalgrémoi.Mafamille,jen’aiplusvraimentl’impressiondelaconnaître.

Je suis étonnée par ma réaction incontrôlée, cette agressivité qui me vient comme pour meprotéger de la situation. Je savais quemes parents s’étaient rencontrés auxÉtats-Unis,mais ils nem’ontjamaisparlédecefrère…

J’aicommeunvideenmoiquejenesaiscommentremplir.Toutd’uncoup,jedécouvrequejeneconnaispasvraimentmesparents,etçameblessemalgrémoi.Jesaisqu’ilsm’aiment,jen’endoutepasuneseuleseconde,etjedevineaussiqu’ilsontdûsouffrirdelamortdeleurenfant,qu’ilsonttuetcachécettesouffrance.

JemereprendspournepaschoquerDayton.

–Excuse-moiDayton,dis-je.Jemesenstrahie,oui,trahie.L’ombredemonfrèreadûplanersurmoitoutescesannées,etjelasensvraimentaujourd’hui.Jen’arrivepasàcompatir.J’avaistellementconfiance en mes parents. Et là, ça me tombe dessus. Ils m’ont caché quelque chose d’importantconcernantnotrevie.Pasunmot,rien,pourmeprépareràcequimetombedessus.J’aimeraisqu’ilscomprennentqueçamefaitdumal,àmoiaussi.

Ilauneexpressiongênée.Jevoisqu’ilhésiteàparler.

–C’est terrible,Anna,mais ça n’est certainement pas insurmontable, dit-il. Il y a sûrement uneexplicationàtoutça.Saskiaaappelétesparents,etilssautentdanslepremieravionpourNewYork.

Jesecouelatêteenplissantlesyeuxpourretenirleslarmesquiseformentsousmespaupières.

–Jenecroispasquej’aienviedelesvoir,parviens-jeàmurmurer.

Daytonmeserreplusfortcontrelui.

–Ilvabienfalloir,Anna.Tunepeuxpasfairecommesiderienn’étaitetcontinuerenignoranttoutdetonhistoire.J’ail’impressionquec’estunemauvaisehabitudequetuas,defairel’autrucheenespérantqueleschosessetassentd’elles-mêmes.

Jepourraisprendremalcequ’ilmedit,maisjesaisqu’ilveutmonbien,jelesens.Etilestsurtoutbienplacépoursavoirqu’ilfautapprendreàvivreavecsonpassé,connuouinconnu.

Lemédecinentreàcemoment-làdanslachambre.Jenesuisraccordéeàaucunappareil.Àpart

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mesmembresendoloris,jesensbienquejefonctionnenormalementetquejen’airienàfairedansunhôpital.

Toutça,c’estdansmatête!

Matensionestnormaleetl’examensommaireauquelj’aidroitnerévèleriendegrave.

–Vousavezfaitunecrisedetétanied’aprèscequeM.Reevesnousadécrit,déclarelemédecin,puisvousvousêtes retrouvéeenétatd’absenceépileptique,cequ’onappelleaussi le«petitmal».Pourrésumer,c’estunemanièreintelligentequelecerveauatrouvéepourcoupertouslescircuitsetvouspermettredeprendredurecul.

–Etçarisquedesereproduire?demandé-je.Jevaispouvoirrentrerchezmoi?

LemédecinjetteunregardennuyéàDaytoncommesitouslesdeuxpartageaientunsecret.

Hé,c’estbon,jesuisgrande,jepeuxtoutentendre!Enfinpresque…

–J’aipuparleravecvosparents,expliquelemédecin.Ilyadesantécédentsdansvotrefamille;cequinousapermisdepréciserlediagnostic.

Jefermeunenouvellefoislesyeuxcommesijenevoulaispassavoir.

–Onm’aditquevosparentsétaientenrouteetquevotrepèreestmédecin.Ilsauravousexpliquertout ça,poursuit ledocteur. Jenevois aucunecontre-indicationà cequevous sortiez.Nousallonsjuste procéder à quelques examens complémentaires avant votre sortie, notamment un scannercérébralpournousassurerqu’iln’yapasdelésioncérébrale.Etoui,celapeutsereproduireencasdegrandestensionsnerveuses.Ménagez-vous.

Jehochelatêtesansajouterunmot.Dèsquelemédecinestsortidelachambre,Daytonmeprenddans ses bras, et là, contre celui que j’aimemême si je n’ai plus l’impressiond’être totalement lamême,jeversequelqueslarmesd’épuisement.

– Je te ramène auNouveaumonde juste après le scanner. Je vaism’occuper de toi,me susurreDayton.

***

Nous n’arrivons qu’en début de soirée au Nouveaumonde. Dayton ne cesse d’être dérangé autéléphonepoursontravail,etmêmesiJeffCoolidgetientlabarrechezDayCool,ilneprendaucunedécisionimportantesansconsulterDayton.

Daytonm’installesurlecanapédanslesalonetm’emmitoufledansunplaid,danslequel,trèsvite,jecommenceàétouffer.Ilmenoielittéralementsouslesattentions.

Jen’aipasbeaucoupparlédepuisquej’aiacceptéderéintégrer,àcontrecœur,laréalité.Daytonarespectémonsilenceetm’aprodiguélesgestesaffectueuxd’unamoureuxinquiet.

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Moiquicematincroyaisl’avoirperduàcausedemesdemi-mensongessurJonathan…

Je le regarde se déplacer dans la grande pièce à vivre du 4e étage du Nouveau monde. Il meprépareunplateaudanslacuisine,letéléphonevisséàsonoreille,enpleinediscussionbusiness.Letonde savoix est décalépar rapport à sa tenuedécontractée et chiffonnée. Il n’apasdûbeaucoupdormirlanuitpassée,maisilestbeau,toutsimplement.Jeleregardeetmoncerveausevidedetoutlereste.

Quandilrevientversmoi,ilal’airsoucieux.

–DesproblèmeschezDayCool?Tuveuxm’enparler?demandé-jeaveclafermeintentiondenepasêtrecellequisefaitbichonnersanssesoucierdesautres.

– Pas vraiment des problèmes, répond-il. La NSA a contacté Jeff. Ils voudraient que DayCoolassuredesmissionsdeconseilpoureux.D’unpointdevueéthique,çam’ennuie.

Jehausse lessourcilspour luifairecomprendrequej’aibesoinqu’ilm’éclaireunpeu.Cen’estpasparcequej’aiinterviewéJeffquejecomprendstout.

–Protégerestunechose,poursuit-il,maisrenseignerl’Étatsurlecomptedescitoyensaméricains,oud’autrespaysd’ailleurs,cen’estpastoutàfaitmavisiondenotreprofession.LaNSAsepasseradenosservices,jecroisbien,mêmesi,d’uncertainpointdevue,qu’ilss’intéressentànousestplutôtflatteur.Ondétientsansdouteunpouvoirquidérange.

C’estmonhomme…compétent,efficace,confiant,queriennepeutdéstabiliser.

Jesoupirepresqued’aise.D’uncertaincôté,c’estaussi trèsflatteurquecethommes’intéresseàmoi.

Summerfaitirruptionavecunpotdecrèmeglacéeetvientposeruncoindefessesurleborddelatablebasse.

–Tu enveux ? demande-t-elle enouvrant le pot déjà entamé.Tum’excuses, j’ai unpeupiochédedans,ajoute-t-elleavecunsouriredegamine.

Voilà, elle est commeça,Summer.Ellenemedemanderapascomment jevais, ellenedirapasqu’elle s’inquiète pour ma santé, elle me fera cadeau d’un pot de sa glace préférée. J’apprécieaujourd’hui sonéconomiedemotsetdedémonstration–et le faitque l’atmosphères’estdétendueentre nous. Jeme force à engloutir une cuillerée de glace pour lui faire plaisir,mais je suis viteécœurée.

Saskiamesauveendéboulantàsontour.Ellesortdel’ascenseuravecdesyeuxcommedesbillesettournelatêtedanstouslessensàs’endévisserlecou.

– Ben dis donc, ça rigole pas ! s’exclame-t-elle. On pourrait loger tout notre immeuble àBrooklyn.

Elle tient à lamain la caisse grillagée contenant un Churchill offensé, qui est tellement gonflé

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qu’onnesauraitdireoùsetrouvesatête.Quandelleenouvrelapetiteporte,monchatroulejusqu’aucanapépourseréfugiercontremoi.

–Jepréfère levoir icique l’entendredans l’appart,déclareSaskiaen tendantaussitôt lamainàSummer.Hello,moi,c’estSaskia,ettoic’estSummer.Sympatonlook!

ElleestsincèreetSummerlesent.JelevoisàsamineréjouiedevantlelooktoutaussisympadeSaskia,maisdansunautregenre…plusfemme.Jecroisquecesdeux-làvontbiens’entendre.

–Alors?demandeDaytonàl’attentiondeSaskiacommes’ilsétaientenconversationsilencieusedepuisplusieursheures.

Saskiasetourneversmoi.

–Tesparentssontdansl’avion,Anna,medit-elleenmescrutantenquêtedelamoindreréaction.Ilsatterrirontcettenuit.

–Donnemoil’heureduvol,Saskia,ditDayton.Jevaisdemanderauchauffeurd’allerleschercher.

Jenebronchepas.Ilsontl’airdetoutavoirenmain.Jesupposequec’estpourmonbien.JeserreChurchillcontremoietlematoucouine.

–Vousvousêtesoccupésde toutàceque jevois,dis-jeenayantdumalàmasquerunsoupçond’ironie.Sijesuisici,c’estpourquemesparentspuissentcrécheràBrooklyn,c’estça?

Daytonprendunairpeiné.

–Non,Anna,dit-ilavecfroideur.J’aiproposédeleslogeràl’hôtel,maisilsontrefusé.Situeslà,c’estparcequej’avaisenvied’êtreavectoietquej’aipenséqueçateferaitdubien.

–Excuse-moi,réponds-jedansunmurmure.

Quel conne je suis ! Ce n’est vraiment pas le moment de jouer à ça avec Dayton, alors qu’ilcomposeavecmoncomportementimbécileetmaviequiressembleàunscénariodemauvaisfilm…

J’ail’impressiond’êtrecoupéeendeux.C’estcettehistoiredesecretdefamillequiprovoqueça.Je me sens froide et détachée, presque cynique, mais je sais aussi que c’est pour me préserver.Cependant, je n’ai pas de raisondemeprotéger deDayton.Si je continue àme conduire ainsi, jerisquedeleblesseretdelelasser!

Jeposemamainsursonbrasetluiadresseunsourire.

–Merci,Dayton.

SaskiaetSummerobservent la scèneensilence.Daytonetmoin’avonspasbesoindebeaucoupparlerpourexprimercequiexisteentrenous.

–J’ailulalettre,excuse-moi,Anna,meditSaskia.Jecroisqu’ilvautmieuxattendretesparents.Jen’aivraimentpasenviedet’endireplus.

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EllelanceunregardàDayton.

– Nous avons discuté avec tonmédecin à l’hôpital, poursuit-elle. Il pense que tu es enmesured’entendrelavérité,maintenantquelepremierchocestpassé.Jecroisqu’ilt’adonnédequoicalmerunecrisesicelasereproduit?

J’acquiesce.

–Jevousappelleraidemain,maisjepensequetesparentsvontvouloirtevoirrapidement,ajoute-t-elle.Onpeutprévoirdeseretrouverpourquevouspuissiezdiscutertranquillement.

Tranquillement?Maisoui,onn’aqu’àprendrelethé!

Unnouveauricanementm’échappe.

–Biensûr,onvapapoterdetoutça,dis-je.Tuproposesqu’onseretrouveoù?–Ici,intervientDayton.Enterrainneutre.Etjeveuxêtrelàavectoi,mêmesiçaneplaîtpasàtes

parents.Tuesd’accord?

Jehochelatête.Jedoiscesserdemalréagir.Jesuisentredebonnesmains.

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2.Lefrèrequejen'aijamaisconnu

Nouspassonsunesoiréecalme.SaskiaetSummers’attardentunpeuavecnousdanslegrandsalondu4eétage.Nousregardonsunfilm,DaytonjouedelaguitareetSaskiaboitunpeutropduvinblancqueDaytonadébouchéetfinitparchanterfaux.

–C’estl’heured’allersecoucher,déclareDaytonaprèsuneénièmepousséevocaledemonamieetunfourirecomplicedeSummer.

Je reste affalée sur le canapé, entortillée dansmon plaid, Churchill sur mon ventre qui dressel’oreilledèsquequelqu’unm’approche.

–Àlevoir,ondiraitquec’estlui,l’hommequiteprotège,ditDaytonenvenants’installerprèsdemoisurlecanapé.

Churchillluilanceunregardnoirderrièresesmoustachestordues.Jelecaresse.

– On dirait que tu les aimes plutôt gras et pas faciles, plaisante Dayton. J’ai eu de la chancefinalement.

Ilarespectémonsilencetoutelasoirée.Biensûr,j’aiappréciécemomenttousensemble,surtoutparcequetoutlemondeasoigneusementévitélesujetdelarencontreavecmesparentsetcequenousallonsaborderdedouloureux.

Là,enface-à-face,c’estplusdifficile.

–Vienslà,medit-ilenm’ouvrantlesbras.

Je me blottis contre lui et pose le visage sur son torse pendant qu’il caresse doucement mescheveux.

–Commenttesens-tu?mechuchote-t-il.

Voilà,onyest!J’étaisbien,moi,àfairel’autruche!

Jefermelesyeux.Jemetais.

–Oui, je sais, onpourrait ne riendire, nepasparler, rester commeça.Après tout, on estbien,non?dit-ilcertainementpoursemoquergentimentdemoi.Maisjenesuispasd’accord,Anna.Toutgarderpour toinevarienarranger,et jen’aipasenvieque tu fassesunenouvellecrisedevant tesparents.

Ilmeredressecontreluietplongesonregarddanslemien.

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Ohlà,çaneplaisantepas…

–Tuesunefemmeintelligente,sensée,talentueuse,poursuit-ilenmemaintenantparlesépaules.Tuprendsdesdécisions, tun’espaspassive,mais ceque jenecomprendspas chez toi, c’est cettecapacitéàtedissimulerlesproblèmes,àtoutbalayersousletapis.Tufinirasparteprendrelespiedsdedans un jour ou l’autre. Crois-moi, ce que tu dois affronter, fais-le aujourd’hui. Alors je tedemandeunesecondefois:commenttesens-tu?

Ilnesedonneraitpasautantdemals’ilnetenaitpasàmoi,hein?

Moi aussi, jemedéteste quand je suis commeça, et pourtant, j’ai le sentiment d’avoir toujoursfonctionnéainsi.Çamefichelatrouille.Vraiment.CettesalemaniedeneriendireamêmecauséunmalentenduavecDayton.Etcelaauraitpuêtrepire.

Euhçal’aété,j’oublieJonathan…Bonenfin,bienpire!

Jesoupireprofondémentetlanceunregardperduàmonamoureux.

–J’aipeur,parviens-jeàarticuleravantqu’ilmeserrefortcontrelui.

***

Summerm’adonnéunedécoctiondeplantesàboireavantdemecoucher,etleremèdenaturelasuffisammentagipourquejedormedixheuresd’affilée.Oh, jenemeréveillepasfraîchecommeune rose,mais plutôt chiffonnée comme un bouton de coquelicot qu’on vient d’exploser entre lesdoigts.

–Tuasencore l’air fatigué,meditDaytonenposantprèsdemoiunplateaugarnipour lepetitdéjeuner.

– Ça veut dire que j’ai une sale tête, non ? Mon Dieu, bonjour le début romantique de notrehistoire…gémis-jeenportantaussitôtlesmainsàmonvisage.

Daytonrigoleetécartemesmains.

– Pour un début d’histoire, je trouve qu’on ne se débrouille pas mal, non ? De l’action, dususpense, des sentiments… dit-il en m’attirant à lui, avant d’ajouter près de mon oreille, etaccessoirementdusexe?

Jereculeenprenantl’airoffusqué,cequidoittoutàfaitembellirmonvisage.

–Commentça,«accessoirement»?!m’exclamé-je.O.K.,aveclatêtequejemepaiecematin,jepeuxconcevoirquejenefaispasenvie.

Daytonmesouritavectendresse.

– Accessoirement parce que le moment ne s’y prête pas toujours, me rassure Dayton ; ce quin’empêchequejetetrouvetrèsdésirable,mêmeavectasaletête.

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Nousprenonsletempsd’uneétreintecâlinequiestenpassedenepasresterchastequandDaytonsereprend:

–Jenesuispascontreunpetitquartd’heuresauvage,maistesparentsdébarquentdansunpeuplusd’uneheure,dit-ilensedétachantdemeslèvres.Jesupposequetuasenviedeprendretontemps.

Ilselèveetouvreuneportemenantdansundressing.

–Saskiat’aapportédesaffaireshier,maisjem’étaisarrangédemoncôtépourquetuaiesdequoit’habillerici,dit-il.

Il s’écarte pour révéler une penderie et des étagères emplies de ce qui me semble être desvêtements de femme. Une question me brûle les lèvres : « Ce sont les affaires de tes anciennesmaîtresses?»,maisjelaretiens.

Çasuffitlesconneries!

Encoreunefois,maréactionestdéplacée.Jefonctionnevraimentàl’enversdepuishier…Cequiestévident,c’estquelesattentionsdeDayton,sesmarquesd’amour,metouchenténormémentautantqu’ellesmegênent.

–Merci,chuchoté-jeenluiadressantunregardtendrepuissancemille.–Jetelaissetepréparertranquillement,meditDaytonensortantdelachambreaprèsavoirdéposé

undouxbaisersurmeslèvres.

Euh,çaveutdirequoi,ça?Quej’habiteici?

Ilavujustepourpasmaldechoses;cequ’ilachoisimeressemblevraiment,etjepiocheunjean–j’aitouteslesformesdeLevi’sàdispositionetsanserreurdetaille!–,untee-shirtblancetsoupleavec col enV et une paire de ballerines en cuirRepetto.Toutmoi ! Pour les dessous, je n’ai quel’embarrasduchoix,etquedugriffé,quivaduconfortablesexyàl’hyper-sexyfroufroutant.

Jedevineàcertainesaffairesrangéesdansledressingquemonamoureuxauraitquelquesenviesbienparticulièresmeconcernant,dugenre talonshautsetrobesmoulantesdécolletées, lingerieoléoléettoutletralala.Etpourquoipas,pensé-jeentouchantlestissussoyeuxetenessayantunstilettoglamour.

Onverraçaplustard!Merevoilàencoreàessayerd’éviterlessujetssensibles…

Jesuispleined’appréhension,conscientedesminutesquipassentetmerapprochentdel’arrivéedemesparents.Ladouchenemedétendpas;mesgestessontnerveuxpendantquejem’habilleetmecoiffe.C’estunevéritablepelotedenerfsquidébarquedans lesalon,oùDayton jouede laguitaredanssoncoinmusique.

– Churchill doit se sentir chez lui, il a fait ses griffes sur mon ampli, dit-il sur le ton de laplaisanterie.

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Unrientenduquandmême…

Jecherchedesyeuxmonmatouanglais.Ilestcouchésurledosparterredansunrayondesoleil.

–Unpeudecompréhensionpourcettepetitechosequiaétéabandonnée,dis-jeavecunsourireattendri,sansmerendrecomptequecegenredephrasespourraittoutàfaitdécriremonamoureux.

Bon,lapetitechosemiseàpart!

–Saskiaaappelé,déclareDayton. Ilssontprêts.Lechauffeurestparti leschercher. Ilsseront làd’iciunepetitedemi-heure.

Etvoyantmaminetendue,ilajoute:

–Respire,Anna.Essaiedetedétendre.Jesuislà,avectoi,pourvivreça,dit-ilenposantsaguitarepours’approcherdemoietmeprendredanssesbras.Tuveuxprendretesmédicamentspourplusdesécurité?

Jesecouelatête.

–Non,tuasraison,réponds-je.Ilesttempsd’affrontermonhistoire,madéception,lesrévélations,ettoutça,sansmevoilerlaface.

***

Quandlesportesde l’ascenseurs’ouvrent, jesuisdans l’entréeavecDaytonpouraccueillirmesparentsetSaskia.Monamiea l’airnerveuse,elleaussi.Etmesparents…ehbien, ilsontunemineépuisée et des cernes sous les yeux. J’ai soudain l’impression qu’ils sont très vieux. Ils regardentautour d’eux, certainement sous le choc de l’endroit impressionnant.Dayton s’avance vers eux enleurtendantlamain.

–Bienvenue,jem’appelleDaytonReeves,dit-ilenfrançais,avecunaccenttellementadorable.Jesuislepetitamid’Anna.

Commeça,direct…cen’estpasmoiquil’aidit,hein?

–Jesuisravidevousaccueilliricietdevousrencontrer,mêmesijepréféreraisquecesoitenuneautreoccasion,poursuit-il.

Ildoitêtreunpeumalàl’aise,jelesens.Enfait,l’ambianceesttoutsimplementhorrible.Mamèrerépond sans enthousiasme à la poignée demain deDayton.Elle cherche à accrochermon regard,mais j’évite que nos yeux se croisent.Mon père est plus poli, plus avenant. C’est certainement saprofessiondemédecinetsonhabitudedesautresquiluirendenttoutplusfacile.

Mamèreetmoisommestouteslesdeuxsurlaréserve.Jelaconnais,nousréagissonstoujoursdelamêmefaçon.Noussommestropsensibles,tropémotives,etc’estnotremanièredenousprotéger.CequeDaytonetSaskiadoiventprendrepourde la froideur–papaa l’habitudedes femmesde la

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famille…–,c’estjustenotreincapacitéàgérernosémotions.

Commejenebronchepas,elles’avanceversmoietmeserredanssesbrassansquejerépondeàsonétreinte.J’ensouffre,maisjesuistétanisée.C’estplusfortquemoi.

Quandelles’écartedemoi,elleaunregardmeurtri.Lesbrasdemonpèresontpluschaleureuxetilacetteparolequidéverrouillemafroideur.

–Noustedemandonspardon,Anna,mechuchote-t-il.

Jesensmonmentoncommenceràtrembler.C’estl’annonced’unecascadedesanglots,maisjemeraidisetmeretiens.Nousdevonsparleravantlesgrandeseffusions.Avantdepardonner,ilmefaudracomprendre.

Dans un silence pesant, Dayton nous conduit dans le salon et nous invite à nous asseoir. Jedécouvrequ’iladisposéunplateaudeboissons,chaudesoufroides,etdesassiettesdedonuts,sconeset autres viennoiseries,même si je devine que personne ne sera vraiment d’humeur à s’empiffrer.Encoreunefois,jesuistouchéeparleseffortsdéployésparDaytonpourquetoutsepassebien.

Enfin,cesontpeut-êtrelespetitslutinsduNouveaumondequionttravaillé…

Nous nous installons tous demanière un peu raide, les fesses au bord des canapés et fauteuils,commesinousattendionstousunsignalpours’enfuirencourant.Jenesaispasparoùcommencer.Ilmesemblequecen’estd’ailleurspasàmoideparler.Sij’ouvrelabouche,j’aipeurdememettreàhurler,brailleretpleurer toutenagonisantmesparentsdereproches,etcen’estpasdutoutcequej’aienviedefairevivreàDayton.Alors,commetoujours,l’hommedetouteslessituations,c’estluiquis’apprêteàparlerquandmamèrel’arrêted’ungestedelamain.

–Jevousenprie,jetienstoutd’abordàvousremercierdenousaccueillirici,monsieurReeves,dit-elled’unevoixatone, enaméricain.Mais, toutdemême, j’auraispréféréquecettehistoire soitdiscutéeenfamille.

LestraitsdeDaytonsefigent.

Hébien,çacommencebien…Mieuxvautquej’intervienne.

–Eneffet, jecroisque tupeux remercierDaytonàplusd’un titre,mum,dis-jed’unevoixplatesansl’ombred’uneémotion,commespectatricedelascène.Nonseulementparcequ’ilnousaccueillepourcettecharmanteréuniondefamille,maisaussiparcequ’ilaeulesgestesappropriéslorsdelacrisequej’aieuehier,àl’ouverturedulivretdefamille.

Monpèretoussoted’unairembarrasséetmamèrepinceleslèvres.

Maisparle,maman,jet’enprie…Disquelquechose!Jenesaisplusoùj’ensuis…

Oùestlamamanquej’aimetant?Cellequimeprenddanssesbrasquandjesuistriste.Ellesaitmeconsoler, expliquer. Il a suffi de quelques mots inscrits dans un livret pour que notre amour se

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retrouve bousculé. Le lien paraît coupé. C’est comme si nous ne savions plus comment nousapprocherl’unedel’autre.Celamedésoleetmepeine.

C’est héréditaire, on dirait, ce truc de ne rien dire, histoire de faire comme si les problèmesn’existaientpas…

Jecomprendsd’uncoupqu’ilfautqu’onpercel’abcèspourquetoutredeviennecommeavant;cequenousdésironstouteslesdeux,jelesens.Mêmesionpleure,mêmesioncrie,ilyadeschosesquiserèglentcommeça,dansdespetitspsychodrames,avantqu’onseretrouveplusprochesencore,unefoisl’épreuvepassée.

JeprendslamaindeDaytonassisprèsdemoietlaserretendrement.Saskiaestunpeuenretrait,témoinembarrassédecequi se joue,maisprésentemalgré tout. Je luiadresseunsourirepour luifairecomprendrequejeluisuisreconnaissante.

–Daytona toute légitimitéd’être là, ajouté-jed’unevoixque j’espèreplusdouce. Jeveuxqu’ilsacheégalement.

Nousnousregardonsensuite tous,sansosermettredesmotssurcequenouséprouvons lesunspourlesautres.Jemedemandesi,àunmomentouunautre,l’undemesparentsvafinirparsejeteràl’eau.Alorsjedonnelesignaldedépartenparlantenfrançais,lalanguedenotrefamille.

–Parlez-moidemonfrère,dis-jesimplementdansunsouffle,tantcettephrasemecoûte.

Il y a un silence terrible de quelques secondes. Churchill traverse l’espace entre nous,complètementinconscientdelatensiondelapièce,sebaladantjustedesonpasdebalourdpourallerreniflerlesvictuaillessurlatablebasse.

Monpères’éclaircitlavoixetmumbaisselesyeux.

–Ils’appelaitAlex,machérie,dit-ilencontenantsonémotion.IlestnéàPhiladelphiesixansavanttanaissance,un21février.

Mamère se prend la tête entre lesmains. Jem’accroche àDayton, sansme rendre compte quej’enfoncepeut-êtremesonglesdanssonbras.Jenerespireplus.

– Nous vivions à Philadelphie à cette époque, continuemon père. J’avais une bourse pour mespécialiserdansuneécoledemédecineaméricaine,Janesuivaitdescoursd’art,unpeucommelesBeaux-ArtsenFrance.Nousétionsjeunesetfousamoureuxl’undel’autrequandAlexestné,assezrapidementaprèsnotrerencontre,maisnoussavionsquenousvoulionspassernotrevieensemble.Tusais,machérie,onsentparfoisceschoses-làaupremierregard.

LaprésencedeDaytonprèsdemoisefaitplusdense,commesiunmessagesilencieuxvenaitdepasserentrenous.

–Jesuisdevenuinternedansunhôpitaldelavilleàl’époqueoùAlexacommencéàmarcher.Jenesaispastropcommentnousjonglionsentrenosétudesetnotrerôledeparents,maislefaitestque

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nousnousensortionsbien.Lesparentsdetamèrenousaidaient.Nouspouvionspayerunenourriceetpoursuivrecequenousavionsàfaire.Alexétaitunpetitgarçonéveilléetdynamique.Ilriaittoutletemps;c’étaitunvéritablebonheur.Nousétionsfousdelui.Tuluiressemblesbeaucoup.

–Ques’est-ilpassé?demandé-je,lagorgeserrée.Queluiest-ilarrivé?–Unecrisedetétanie,répondmonpère.Unecrisedetétaniealorsqu’ilétaitseuldansunepièce,

sanssurveillanceimmédiate.TamèreetmoiétionsrespectivementprisparnosobligationsetAlexétaitchezunenourrice.

Uneseconde,j’imaginelepire.

– La nourrice était une dame de confiance, poursuit mon père. Elle était dans la cuisine alorsqu’Alexsetrouvaitdanslachambre.Iljouaitavecunobjetqu’ilavaitportéàlaboucheet,quandlacrise s’est produite, il s’est étouffé. Tout s’est apparemment passé trop vite pour que la nourricepuisseintervenir.Elleauraitsucommentfaire,j’ensuiscertain,maisquandelleestarrivée,ellenesavaitpasqu’ilavaitavalécetobjet,et touslesgestesdesecoursn’ontserviàrien.Onnepeutpastoutprévenir.Malheureusement.

Il baisse la tête et prend lesmainsdemamèredont le visage est ravagépar le chagrin. Je suistoujoursmuette.J’attendsqu’ilcontinuederacontercettehistoirequiestcelledenotrefamille.

–Çaaététerrible.C’estmêmeabsurdedeprononcerunetellephrase,ditmonpèreensecouantlatête. Je suismédecin, et notre fils estmort de quelque chose d’apparence bénigne que j’aurais puévitersij’avaisétéprèsdelui.C’estuneresponsabilitéquejenepeuxm’empêcherdeporter.

Ilsetourneversmamère.Jevoisbienqu’ellesouffre,qu’elleestparalyséeparladouleurencoreviveenelle.Jenel’aijamaisvueainsi,aussidémunie.Jenesaiscommentluiparler,nimêmesijedois,etjedétournelesyeux.

– Tamère a laissé tomber ses cours, ses projets, la carrière brillante qui s’ouvrait devant elle.Nous avons très vite décidé de quitter Philadelphie. Pour nous, tout oublier, c’était partir loin. TamèreaacceptédevenirhabiterenFrance.Nousn’avonspasoublié,maisriendeconcretn’était làtouslesjourspournousrappelercettetragédiequenousportionsdetoutefaçonennous.

Ilmarqueunepauseetm’interrogeduregardcommepoursavoirs’ildoitcontinuer.Jehochelatête.

–Ettuesarrivée,dit-ilensouriant.Nousétionstellementheureuxet,àlafois,nousn’osionspastropnousréjouir,depeurdeteperdretroptôt,commetonfrère.Alorsnoust’avonschoyée;nousavons été attentifs, peut-être trop, c’est vrai. C’était une autre vie qui commençait et elle tournaitentièrementautourdetoi.J’aiouvertuncabinetdeconsultationàlamaisonettamèreacommencéàdonnerdescoursdansl’atelier.Nousavonstoujoursétéprèsdetoi.

Jelesais,jenepeuxpasleleurreprocher.Ilsonttoujoursétéattentifs,soucieuxdemonbien-être.J’aitoujourseucequejevoulais,mêmesi,eneffet,jenepouvaisallerencoloniedevacancesavecmescopinesetquemesparentspréféraientquej’organisedessoiréespyjamasàlamaisonplutôtquej’ailledormirchezdesamies.

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–Maispourquoivousnem’enavezjamaisparlé?demandé-jed’unevoixplusassurée.

Mamèrelèvelesyeuxversmoisansparveniràprononcerunmot.J’aimalpourelle;jelavoisemprisonnéedans sa tristesse. Jecomprendssadouleur,maisnous sommes toutes lesdeuxenvie,bonsang!Etjedoisavancer.Sonsilencem’agacemalgrémoi.

–Pourquoivousnem’avezjamaisparlédecefrèredontj’aidûsentirlaprésencemalgrétout?Pourquoiavez-vouspréférémefairevivredanslesecretetmesurprotégercommevousl’avezfait?C’est comme si l’ombre de la mort avait constamment pesé sur moi ! Comme si vous m’aviezempêchéederespirerenétantsansarrêtderrièremoi!

Dayton passe le bras autour de mes épaules pour m’apaiser. Mon père me lance un regardimpuissant,conscientdel’énormitédel’erreurqu’ilsontfaite,alorsmêmequ’ilspensaientagirpourmonbien.Maisc’estmamèrequiprendlaparole:

–Anna,je…commence-t-elleavantderegardermonpèrecommes’ilallait luisoufflerlasuite.Nousnoussommestrompésenpensantquec’étaitmieuxpourtoideneriensavoir.Nousn’avionspasenviequetuvivesavecunfantôme…

Ellebaisselatête,accablée,perdue,puislarelève.Sesyeuxsontemplisdelarmes.

–Tunepeuxpasimaginercequenousavonsressentiquandtunousasannoncéquetucomptaispartir t’installer à NewYork. Nous avons compris quelle grave erreur nous avions faite en ne teparlantpas.

Jesuisabasourdieparsaréaction.

–Ilétaittemps!Heureusementquej’aipriscettedécision!

J’éclatelittéralementsousleflotdetouteslesémotionscontradictoiresenmoi:matristesse,monamourpourmesparents,macolèreparcequ’ilsnem’ontriendit…

–Vousm’avezcachéunepartiedemonhistoire,maisaussiunepartiedevous-mêmes,dis-jed’unevoixchevrotante.C’estcommesivousn’aviezpasvouluquejevousconnaissevraiment.Commentavez-vous pu croire que vous réussiriez à étouffer complètement le passé ? Vous voyez bien quemême mon corps a réagi. Je n’avais jamais fait de crises de tétanie avant ! C’est bienqu’inconsciemmentjedevaissavoir,non?

Je suis perdue, je ne sais plus trop ceque je dis etmemets à trembler.Dayton sentmon corpsvibrer contre le sien et se raidit,mais je sais que ce n’est pas une crise ; c’est juste la surcharged’émotions.J’aitellementdequestionsquis’embrouillentdansmatête.

–Toutcequ’onneditpasfinitparsesavoir,poursuis-jeenbafouillant.Toutcequ’onfoutsousletapisenespérantqu’onneverrajamaislabossedetouteslesmerdesqu’onavoulucacher.

C’estduvécu,là!Touttourneautourdeça,cesdernierstemps!

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–Quelquepart,vousm’avezmentisurmavie,surcequevousétiez.Vousm’avezchargéedevospeurs,decequevousaviezvécuaveccefrèredontjen’aijamaisriensu.Commentcroyez-vousquejepeuxvous faireconfiancedorénavant?Commentnepas imaginerquevousmecachezd’autreschoses?

Jeme lève, j’aibesoindebouger,c’estvital.Mamèrese lèveàson tour.Tout lemondea l’aird’êtremontésurressorts,maparole!Mums’approchedemoiet j’exploseensanglots,devantellequiestaussienlarmes.

– Excusez-moi, balbutié-je entre deux hoquets, je crois que j’ai besoin d’être toute seule pourdigérertoutça.Ilvaudraitpeut-êtremieuxquevouspartiez.

Mamèreresteimmobileàquelquescentimètresdemoi.J’aimeraistantqu’ellemeprennedanssesbrasetmebercecommeellel’atoujoursfait,maisellenebronchepas,commeunestatuepétrifiéedanslechagrin.Elleestincapabledumoindregeste,mêmeenverssafilleenpleurs.

Avantdesedirigerversl’ascenseuravecmamère,monpèrevientserrersafillestupéfaitedanssesbras.

–Ilfautdutemps,Anna,pourpardonner,memurmure-t-il.Jecomprends.Prendsletempsqu’iltefaut.Jet’aime,mafille.

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3.Recollerlesmorceaux

Dayton raccompagnemes parents et Saskia en bas duNouveaumonde pendant que, debout, lesbrascroisés,devantlabaievitréeetlavueplongeantesurTribeca,jeruminesanssavoirprécisémentquelle formedonneràmesémotions.Quand lesportesde l’ascenseurs’ouvrent surDayton, jemeretourneetremarquesonvisagetendu.Jehausselessourcilsd’unairinterrogateur.

–Alors?dis-je.Çava?–Tesparentsn’ontpasvouluquelechauffeurlesraccompagneàBrooklyn.Ilspréfèrentmarcher

unpeuavantderentrerparleurspropresmoyens.Saskiaestrestéeaveceux.Jesupposequ’ilsnesontpasperdusàNewYork.

Jesuisennuyéequel’explicationaittournéauvinaigre,etsurtoutqueDaytonaitétémêléàçaetaitétéobligéd’intervenir.

Bon,aprèstout,c’estluiquiaproposéquecelasepassechezlui.

Ilestpensif,commes’ilréfléchissaitàcequ’ilvoulaitmedire.

–Discequetupenses,Dayton,dis-jealorspoursoulagertoutlemonde.

Illèveversmoiundrôlederegard.

–Onpeutdirequ’onsaitmaintenantdequitutiens,dit-ilavecundemi-sourirequej’’aidumalàinterpréter.

–Ahoui?C’estironiquepeut-être?

Jesuisàcran.J’essaiedemecontrôler,maislascènequivientdesejouerentremamèreetmoi,quiavonstoujoursétésiproches,m’avraimentperturbée.

Daytons’approchedemoi, le regardsoucieux,etposesesmainssurmesbrascroisés, lesyeuxplongésdanslesmiens.

–Anna,jeconstateseulementquetamèreettoiavezréagidelamêmefaçon.Voussouffreztouteslesdeuxde ce secret enfoui et,malgré tout, vousne réussissezpas à l’exprimer, àvous retrouverdanscetteépreuve. Jen’aipas l’impressionquec’est commeçaquevousallez réussir àpassercemomentdifficile.

Leslarmesaffleurentsousmespaupièresetjehochelatête.LecontactdeDaytonestapaisantetilcalmelatempêted’émotionsenmoi.Là,j’aienviedetoutlâcher.

–Tonpèremeparaîtplussage,poursuitDayton.Ilsesentcoupable,c’estsûr,maisilacomprisqu’ilfallaitdutemps;cequivajouerenvotrefaveuràtouteslesdeux.Ilmel’aconfié.Iln’apasuneplacefacileentredeuxfemmescommevous.

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Ilsepencheversmoipourposeruntendrebaisersurmatempe.

–Quellesfemmes!ajoute-t-il.Bonsang,quelcaractère!

Jesourismalgrémoi.C’estl’effetDayton!Jemerapprochedelui,mecolleàsontorseetleserrecontremoicommesijevoulaismefondreenlui.

–Jesuisconvaincuquesebraquern’estpaslabonnesolution,mechuchote-t-il,maisc’estfait.Ilvafalloiryréfléchiretsûrementlaisserpasserunpeudetempspourquetoutçasetasseetquevouspuissiezenparlerpluscalmement.

Jemetais, toujoursblottiecontre lui.Lachaleurdesoncorpsestcommunicative.Sonodeurestenivrante.J’aienviequ’oncessedeparlerdecequ’ilvientdesepasser.

Ouais,c’estça,passonsàautrechose…

Mesmainssefontbaladeusesdanssondos,etjesaisqu’iln’estjamaisinsensibleàmoncontact.Pourtantlà,soncorpsseraidit.

– Anna, tu ne serais pas en train d’essayer de détourner ton attention vers autre chose, là ?murmure-t-il.

–Toutà fait, réponds-jeavecunpetit sourirecontre son torse.Pourquoi?Tu trouvesquec’estencoreunemanièred’éviterlessujetsquifâchent?

–Jenesaispas,dit-ilenparcourantluiaussimoncorpsdesesmains.Çapeutêtreunemanièrededénouerlestensions,entouscas.Situmeprometsquecen’estpasuneénièmefuite…

L’enviedeDaytonquim’envahitmesurprendtoutautantquelui.Moiaussi,jelatrouvedéplacée,et pourtant elle est vitale. Comme si le plaisir qu’il est capable de me donner, celui que nouspartageons,m’était indispensablepourmesortirdutumultedesentimentscontradictoiresprovoquéparladiscussionhouleuseavecmesparents.

–Jetepromets,Dayton.

Cethommeestmonantidote.

***

–N’enveuxpastropàtamère,Anna,jet’enprie,meditmonpèreautéléphonequelquesheuresplustard.Celafaittellementd’annéesqu’elleessaied’enfouirça.Restericiluiestvraimentdifficile.

–J’aurais justeaimépouvoirvousvoirencoreunefoisavantvotredépart, réponds-je, lagorgeserrée,maisjecomprends.Apparemment,lesfemmesdelafamillenesontpastrèsfortespourgérerleursémotions.

Monpèreémetunsoupiraffectueux.

–Maisjelesaimecommeça,lesfemmesdelafamille,dit-ild’unevoixdouce.Jesuisd’avisdetelaisser vivre ta vie à ton rythme, Anna. Quand tu te sentiras prête pour une nouvelle discussion,

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j’espèrequetamèreleseraaussi.J’yveillerai,jetelepromets.Enattendant,elleaussiabesoindeprendredurecul.

–Tum’appellesquandvousêtesrentrésenFrance,hein,papa?dis-jed’unetoutepetitevoixdefillette.

–Oui,machérie,répond-il,etjel’entendspresquesouriredesoulagementderetrouversapetitefille.Tusais,jenem’eniraispasconfiantsijen’avaispasrencontréton…petitami,ajoute-t-il,avec,luiaussi,unsoupçond’incrédulitédansleton.

–Çafaitbizarre,hein?m’esclaffé-je.– Oui, plutôt, dit-il. C’est un homme accompli, on dirait. Sûr de lui, présent, confiant et

terriblementprotecteur.Petitami,c’estunpeulégereneffet.Alorsonditquoi,machérie?

J’aime la complicité tout en retenue que j’ai avec mon père. Elle compense les effusionsd’émotionsquejepartageavecmamère.

–Jenesaispas,réponds-je.

J’hésiteavantd’ajouter:

–L’hommequej’aime?– Et j’ai comme l’impression que c’est réciproque, Anna, dit mon père avant que nous nous

quittionsennouspromettantdenousrappelertrèsvite.

***

Lelendemain,mesparentsreprennentl’avionpourlaFrance,et,bienquel’accueildeDaytonauNouveaumondesoitvraimentchaleureux–torrideconviendraitmieux…–,jepréfèreretrouvermonespaceàBrooklynet reprendremesactivités. J’enaibesoin,et je refusequemavies’arrêteparcequ’onvient dem’en révéler unepartie que je ne connaissais pas.Çanon ! Ilm’en reste toute unepartie à inventer ! Dayton comprend. Même si nous apprécions ces moments de « fausse » viecommune,celanousfaitaussipeur,jecrois,etnousrestonssurnotreréserve.Nosviessontpleinesdechosesqu’on sait etd’autresqu’ondécouvre.Ça fait beaucoup toutd’uncoupàmettredansunmêmeespace.

DaytonestpartichezDayCool,et jemeprépareàrentreràBrooklyn.Churchillestdéjàdanssacaisse etmiaule tout ce qu’il peut. Summer débarque à cemoment-là. Elle a peut-être entendu leshurlementsdemonfélin.Ellesepencheverslacaisseetgratouillelemuseaudel’animalautraversdelagrille.

–TurentresàBrooklyn?demande-t-ellesansvraimentmeregarder.

Commed’hab,minederien.

–Oui,j’aipasmaldetrucsàfaire,réponds-jeenrassemblantmabesaceetunsacd’affaires.Dutravail,desdémarchesadministratives…enfin,fautquejemebouge.

Ellehochelatêtetoujourssansmeregarder.

Page 31: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/-VwaP05cOncJQzQZLiT8Qo3rkZ8/Adore-moi-T4-Swann-Lisa.pdfWieser, une jeune et ambitieuse avocate d'affaires,

–Benc’étaitchouettequandmême,hein?lâche-t-elle.

Euh,chouettequoi?Lesecretsuperbiencachédemonfrèredécédé?!

Jelafixesanscomprendre.

–Benc’étaitchouettedet’avoirlà,balance-t-ellecommesiuntelaveuluipesait.

Je souris, mais pas trop affectueusement pour ne pas la gêner. J’ai compris qu’avec Summer,mieuxvautnepasêtretropdémonstrative.

–JepourraivenirtevoiràBrooklyn?EtSaskiaaussi?J’aimeraisbienvoircequ’ellefait,ajouteSummer.

–Hé!Jenedisparaispas,Summer,dis-je.Jevaisrevenirici–enfin,j’espèrebien!–,etbiensûrquetupeuxvenirnousvoir.

–Bonbenc’estchouettealors,répond-elle.Aufait,ajoute-t-elleavantquejeparte,Kathyaappelépourprendredetesnouvelles.Jesupposequ’elleestaucourantparDaytondecequ’ilt’estarrivé,etellet’embrasse.

Jesouris.JenesuispasseuleàNewYork.

***

Churchilletmoi retrouvonsnotreappartementetnoshabitudes : lui,celledene rien fairede lajournée,etmoi,devaqueràdestâchesentousgenrestoutenfaisantdesrecherchespourmonarticlesurlejeu,quin’avancepasassezàmongoût.

Je dessine et je dessine. Cette fois, ce que j’ai besoin de dire ne passera pas par les mots. Jemélange toutcequiestenmoi : jedessinedesportraits imaginairesdece frèreque jen’ai jamaisconnu, des scènes de combats légendaires où ma mère et moi sommes déguisées en guerrièresmythologiques, mon père entre nous deux en dieu bienveillant, et, pour me détendre… des nusmasculinsdontDaytonestl’uniquemodèle.

Quandjesuistropémoustillée,jebalanceundecesdessinsàmonamoureuxenespérantquecelaledétendra, luiaussi,aumilieudesesrendez-vousetdiscussionsavecJeffet laNSA.Enretour, jereçoisdescommentaireslaconiquesmaisparlantsdustyle:«Tuvasvoirquandjevaistechoper…»ou«Oups,simavoisinedetablederéunionaeuunaperçudecelui-ci…»ouencore«Mmm,jevaistedévorer.».

Surmonblog, jem’inspiredemesdémarchespourmademandedecarteverteet faispasser lemessagequel’administration,ehbien,çarestel’administration,qu’onsoitd’uncôtéoudel’autredel’océan… Je dessine une Twinkle, échevelée, au sourire crispé, en train de faire un numéro declaquettes enMoonboots devant l’employé de l’immigration qui lui explique qu’il faudra attendreenvirontroisanspouravoirsacarte.

Troisans!Maisj’auraispeut-êtredécidédeneplusvivreauxÉtats-Unisdanstroisans?!

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J’ailechoix.Jepeuxaussiopterpourlavoieextraordinaireetrassemblerunedizainedelettresderecommandation…

– Je t’en rédige une centaine pour faire valoir tes compétences amoureuses et sensuelles, memurmureDaytonsuruntoncoquinlesoirmême,alorsquenousvenonsdenousadonneraufameux«quartd’heuresauvage».

Benvoyons…

Sinon, ilmereste lecoupde la loteriepourgagnercettefoutuecarteverte.Moiquin’ai jamaisrempliunegrilledeloto…

***

Je pourrais faire comme si de rien n’était. On sait maintenant que je suis championne dans cedomaine. Il faut bien dire que cette affaire de secret de famille me retombe régulièrement sur lafigure,maisjesuisforte,jenemedéfilepas!

–Commentvatamère?medemandeGauthierlorsd’uneconversationsurSkype.–Pastropmal,ilparaît,réponds-je,unpeucoupable.–Comment ça, « il paraît » ? s’offusqueLadyGogo qui porte samaman aux nues et l’appelle

presquequotidiennement.–Bon,enfait,jeneluiaipasparlédepuisqu’elleestvenueàNewYork.Maisjediscuteavecmon

père,ajouté-jeaussitôtpournepaspasserpouruneenfantindigne.–Mouais,faitGauthierenpinçantlabouche.Tusaiscequej’enpense,hein?–Oui,oui,jesais,maisjen’aipascoupélesponts.C’estjustequej’attendsd’avoirreprismavie

unpeuenmains.Enplus,monpèrepensequ’elleestencoreunpeutropfragilepouraffronterunenouvellediscussion.

ÀvoirlatêtedeGauthier,bonsang,jesensqu’ilnemecroitpas!

–Jenefaispasl’autruche!m’indigné-je.–Oui,oui,merépondmonamiavecl’enviedechangerdesujetàl’approchedesnuagesnoirsde

mamauvaisehumeur.Tuveuxdesnouvellesdetonex?Jesaisisl’opportunitépuisquetunefaispasl’autruche…

Qu’ilestfinaud,celui-ci…

–Biensûr,dis-jeavecunsourireunrienforcé.–Eh bien, Jonathan, après une petite cure de repos dans une clinique spécialisée, a été rapatrié

dare-dareenAngleterreparsonpapaqui,ilmel’aassuré,letiendrasousbonnegardepourqu’ilsereprenne.Tevoilàrassurée,non?

–Nonmaisilétaittempsquesesparentss’inquiètentdesoncasquandmême!m’exclamé-je.–Peut-êtren’étaient-ilspasvraimentaucourant…répondGauthier.Turacontestoutàtesparents,

toi?–Quandest-cequetuvienshabiterici,monGauthier?dis-jeavecunevoixsucréepourcontrer

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l’attaque.– Ça se rapproche, je le sens, chantonne Lady Gogo. Micha m’a mis en contact avec une

compagnie de danse installée à New York qui recherche un administrateur. Je devrais bientôtrencontrerledirecteurdelacompagnie.

–Jecroise lesdoigtspourqueça fonctionne, luidis-jeen luimontrantmesdoigtsemmêlés.Etregarde, pareil avec les pieds ! lancé-je en voulant lui montrer que je suis capable de la mêmeprouesseavecmesorteils.

Ilnefautjamaistroppariersursonagilitéetsurl’équilibredecertainstabouretsdebureau…PassûrequeGauthieraiteuletempsdevoirgrand-choseavantmaculbuteenarrière.

***

Avectoutça,jepédaledanslasemoulecôtéarticlesurlesdépendantsaujeu.HeureusementquelesencouragementsquejereçoisnesontpastousdumêmetonqueceuxdeClaireCourtevel,marédac’chef,quiapeurquesaprotégéedéçoivelesattentesdesesnouveauxemployeurs.Commetoujours,sesencouragementssontdignesd’unentraînementdeboxeuroudesMarines.

–Quoi?!hurle-t-elleautéléphone.Nemedispasquetupatauges,Anna!Nemedissurtoutpasça!Tuesunebattante,tuesunedébrouillarde.Riennetefaitpeur!Tuvasyarriver,jetedis!

C’estsûrqueçaréveilledel’avoir,neserait-cequecinqminutes,autéléphone…

–Tuvasteremuer,Anna!Tuvasdonnerlemeilleurdetoi-même.Tuvaslesépaterparcequetuasdutalentetquejecroisentoi!continue-t-elle.

Ouais,tuassurtoutlatrouillequejefouteenl’airtaréputationauseindugroupedepresse…

N’empêche,cegenredecoupdefilaledondemefilerlapêche.Dèsquejeraccroche,jemesenscommeuneRambodanslajungledel’information.

Jeff a une autre méthode pour me soutenir. Plus douce et quand même plus durable que lesélectrochocstéléphoniquesdeClaireCourtevel.Enfait,jecroisqu’onpeutdirequejeconsidèreJeffcommemonnouvelamiaméricain.

***

Ontoqueàlaporte.C’estJeffquipasseencoupdeventprendredesnouvelles.

Onsedemandedequid’ailleurs:deSaskia,quin’estpaslà,oudemoi?

Ilseposeunpeupourdiscuterboulotetdece foutuarticledont tout lemondes’inquiète.Je luiracontemesentrevuesavecdespsysetdesrepentisrencontrésdansdesgroupesdeparole.

–Etcespersonnesacceptentdeteparler?medemande-t-il,sincèrementintéressé.–C’est toujours un peu difficile, réponds-je. J’ai l’impression que les gens ont honte, peut-être

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plusquepouruneautreaddiction,parcequecen’estpasleurcorpsquidemande,qu’ilsn’ontpasdetroubles demanque physiques. Il y a beaucoup de culpabilité. La plupart de ces gens ontmis leurfamilledanslepétrin.Financièrement,jeveuxdire.

Jeffhochelatêted’unairconcerné.

–Situasbesoind’aidesurlesujet,Anna,jeveuxbientefileruncoupdemain,maisilfautqueçaresteentrenous.PasunmotàDayton.

Jefroncelessourcilssanscomprendre.

–Pourêtrefrancavectoi,jefaispartiedecesaccrosaujeu,avoue-t-ilenmefixantdroitdanslesyeuxpourobservermaréaction.

Jenesaisquoidire.

–Ça fait des années que ça dure, poursuit Jeff. Je n’osemême plus compter.C’est commeunemaladiequim’auraitététransmiseparmonpèrequejesuivaisdanslesbureauxdeparisetdanssespartiesdepoker.J’aidûêtrecontaminé.

–Mais…mais, bafouillé-je, tu joues à quoi ?C’est quoi ton truc ?Enfin je ne voudrais pas tedonnerl’impressiondet’interviewerpourmonarticle,mais…

–Maissi,situveux.C’estçal’aidequejetepropose,répond-il,toutàfaitsérieux.Unesortedetémoignage. Je te raconterai tout, le comment, les endroits, l’ambiance, comment on plonge,l’incapacitédes’ensortiretlesemmerdesqueçaapporte.

Jesuissurlecul.Jeff?!Cetypesisécurisant,sifiable.Jeff,monnouvelamiaméricain?!

–Euh,oui,jeveuxbien,réponds-je,complètementdéboussolée.Tuveuxqu’onprenneunesortederendez-vous?

– Ok, Anna, mais, s’il te plaît, tu n’en parles pas à Dayton. On l’a vu, on a tous notre passédouloureux,qu’onconnaîtoupas.Moi,j’aichoisidenepasennuyerDaytonaveclemien,commeilsaitmettrelesiendecôtédansnotreamitié.Jetefaisconfiance,Anna.Gardeçapourtoi.

Unsecretdeplusdonc!MoiquiaipresquejuréàDaytondeneplusrienluicacher!Bravo…

Ceciétant,c’estunpeucommeunsecretprofessionnel,non?

***

Çan’estpaslaseuleidiotiequejetrouveàfaireaucoursdemafabuleusecampagnedel’autrucherefusant de se fourrer la tête dans le sable. On dirait que l’angoisse génère chezmoi un énormepotentield’imaginationetd’inconscience–etdelibido,Daytonenatteste…

Daytonestendéplacement–où?Ondiraquejenesaispas…–,etSaskianousentraîne,Summeretmoi,dansuneexpéditionnocturnedansCentralPark.Celafaitplusieursjoursqu’elletravaillesurdes sculptures en terre de visages inspirés de vieilles gravures. Sculptures qu’elle compte coller àl’aided’unegluécologiqueetbiodégradablesurdesarbresdeCentralPark.

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– Aucun risque d’être accusé de détérioration, c’est de l’art éphémère, nous assure Saskia. Lapluie,lesoleil,toutvatransformerlesvisages,puisçafiniraparsedécollerettombertoutseul.C’estcensé rappeler ces visages qui ont construit la ville. C’est symbolique, s’exclame-t-elle avec desgrandsmoulinetsdebras.

–Ben,jesaispas,commenteSummer,maisfaudraitpasdireàDaytonquej’étaisavecvous.

Devantnostêtesahuries,lamissexpliqueavecraison:

–VoussavezpasqueCentralPark,çapeutcraindrelanuit?

Non,onnesaitpas,etmoi,jeneveuxsurtoutpassavoir.Surtoutquandj’entendsdesmurmuresetdespasautourdenousalorsquenouscollonslesvisagessurlestroncs.

–Jesuissûrequ’onestaubeaumilieudel’endroitleplusloucheduparc,lancé-jeàvoixbasseàSaskiaquiestabsorbéeparson«art».Bordel,onvafinirdanslesfaitsdivers,étripéesdanslesbois.

Summerpouffenerveusement,leseaudegluàlamain.

La peur, ça unit et ça donne de l’énergiemalgré tout.Notre travail de la nuit a vraiment de lagueuleaugrandjour,quandnousrevenons,lelendemainaprès-midi,surleslieuxdenotreméfaitencompagniedeDayton.

–Évidemmentquec’est intéressantetbeau, très fort,avoue-t-ilàcontrecœur,mais j’auraisbienenvie de vous pendre toutes les deux par les pieds à un arbre pour vous apprendre à entraînerSummerdansunendroitpareilenpleinenuit.

Saskiaetmoiaffichonsunsourirepincé.

Les sculptures ont été photographiées et apparaissent dans un quotidien de la ville. J’ai faitmapremièrepagebimensuelledansOptiWomansurcesœuvreséphémères…

–Turefaissurface,Anna,c’estbien,mesusurreDaytonenpassantsonbrasautourdemesépaules.

Mesyeuxpétillent.

– Moi, je veux bien que tu m’attaches à un arbre, lui chuchoté-je en lui caressant le lobe del’oreilledeslèvres,maispaslatêteenbas…

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4.Rugirdeplaisir

Deuxjoursplustard,alorsquejetravaillesurmatablettegraphiquepourproposerunenouvellepagepourOptiMan, intitulée «Messieurs, quel est cet étrange animal qui vit à vos côtés ? » – enl’occurrence, cela s’appelle une femme –, j’entends Saskia recevoir un appel et s’éclipser dans sachambrepourdiscutertranquillement.

Toi,malouloute,tutraficotesquelquechose…

Dix minutes plus tard, je l’entends farfouiller dans la cuisine, ouvrir des placards, puis elles’approche,sonsacsurl’épaule.

–Disdonc,lagamelledugrosestvide,dit-elle,l’airconcerné.–C’estdoncqu’iladéjàingurgitésarationdelajournéeendeuxheures,réponds-jesansleverles

yeuxdecequejesuisentraindefaire.

Jelasensprèsdemoiquinebronchepas.

–Letruc,c’estquesonsacdecroquettesestpresquefini.Ilnetiendrapasdeuxjoursàcerythme,dit-elle,etlalitière,c’estpareil.

Jerelèvelatêteetlafixe,leregardvide.

–Saskia,depuisquandtutesouciesdeChurchill?J’avaisl’impressionquetuétaisplutôtd’avisdemettrelegroslardàladièteetlelaissermacérerdanssalitièresalepourluiapprendrelavie,àcepurracesurdixgénérations…

Jevoisqu’ellecherchequoirépondre,etjemedemandebiencequ’elletrame.

–Nonmaisjefileàl’atelier,là,répond-elle.Tumedisoùtut’approvisionnespourlegrosetjefaislepleinenrentrantsituveux.Commejevoisquetuesoccupée,là…ajoute-t-elleensentantbienqu’ellen’estpascrédiblepourunsou.

–O.K.,dis-je avantde lui indiquer l’adresseduvétochezqui j’achète les croquettesde luxedupedigreeetdeluidonnerl’argentpourrapporterunsachet.

Jefiniraibienparsavoircequ’ellemanigance…

Àpeineest-ellepartieque jereçoisunappeldeJeffavecqui j’ai rendez-vousenfinde journéepourcettefameuse«confession»dejoueurinvétéré.

–Euh,Anna,dit-ilaprèslepetitbavardagederigueur.J’aiunsoucipournotrerendez-vousdetoutàl’heure.Onpeutreporter?

–Oui,biensûr,dis-moi,demain,çat’irait?

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Unsilencecommes’ilconsultaitsonagenda.

Ouqu’ilcherchaituneexcuse.J’espèrequ’ilnevapasmelaissertomber!

–Ah!Là!Là!C’estunpeucompliquéencemoment.Onvoitçaenfindesemaineprochaine,siçanetedérangepas?

–Euhnon,réponds-jeunpeusurprise.Tun’aspasd’ennuis?Tuessûrqueçava?–Oui,oui,t’inquiète,m’assureJeff.Ceserapluscalmealors.

Qu’est-cequ’ilsonttouslesdeuxavecleursairsénigmatiques?Aussibienilssontentraindesepréparerune escapadeendouce…Bon, j’ai dequoim’occuper en attendant l’interviewde Jeff. Jedoisrédigercequej’aidéjàrecueillicommeinfos.

Montéléphonesonne,c’estDayton.Ah!Çafaitpresquedeuxjoursquejen’avaispasvraimentdesignesdelui.Jesaisqu’ilesttrèspris,maisquandmême…

–Bonjour,mademoiselleClaudel,medit-ildanssonfrançaisàtomberraide.–Hello,misterReeves,luiréponds-jeàlaJaneBirkin.–Commentvas-tu?Jetedérange?Tutravailles?–Oui,maisjepeuxbienfaireunepause,dis-jeenmetortillantsurmontabouret.–Jen’aipastropletemps,enfait,jesuissurlepointd’entrerenrendez-vous.

Benpourquoitum’appellesalors?!

–Jevoulaisjustesavoircommentmabeautéfrançaiseallait.Aufait,tuassuiviletraitementquet’afilélemédecin,tusais,contrelescrises?

Nonmaisqu’est-cequ’ilsonttousaujourd’huiavecleursquestionsàdeuxballes?!

–Euhnon,commetusais,j’aidécidéd’êtreunegrandefilleetdegérermesémotionsetmaviedefaçonànepasenavoirbesoin,réponds-jeunpeusèchement.

–O.K.,parfait,beauté,dit-il,sansavoirl’airdeseformaliserdemaréponse.Jedoistelaisser,là,jeterappelle.Jet’embrasse.

Bon,d’accord…Ilssesontdonnélemotpoursecomporterbizarrementouquoi?Jemeremetsau boulot en ruminant, un peu demauvais poil.Dayton a quandmême l’art parfois de souffler lechaudetlefroid.Jesuisàdeuxdoigtsd’êtreagacée,etcen’estpaslemomentdemedéconcentreretderepartirdansmesréflexionsnoiresetvides.

Troisheuresplustard,jereçoisunSMSdeDayton:

[Toc,toc!]

Ah!Letempsdesexplicationsestvenu!

Jemeprécipiteverslaportequandl’interphonesonne.Quinzesecondesplustard,DaytonapparaîtsurlepalierentenueMrRock,trèssexy.

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Unquartd’heuresauvageavantlesexplications?

Ilprendmonvisageentresesmainspourm’embrasser.

–Mmm,c’estquandmêmemieuxquedebavarderau téléphone,non?dit-ilquandils’écarteetquenousrentronsdansl’appartement.

Voilà,c’estcon,hein,maisilseraitpresquepardonné…

–Évidemmentque jepréfère tevoirplutôtquedediscuter au téléphone, lui réponds-je avecunpetitsourire.C’estjustequejenesaispascequevousaveztousaujourd’hui;vousvouscomportezdefaçonintrigante.

Etjenedonnepasplusdeprécisions,aurisquedetrahirlesecretdeJeffetdenotreinterview.Detoutefaçon,j’ail’impressionqueDaytons’enfout.Àbienl’observer,lamanièredontilmeregardeetsonsourireencoin,celui-ciaussitramequelquechose.

–Bon,dis-moi,fais-jeenlaissanttomberlesbras,amuséeparsonpetitjeu.

Lesourires’élargit.

–Non,maisc’estvrai,dis-je,depuiscematin,j’ail’impressiond’êtreunebestioledanslajunglequelesfauvesguettentsansenavoirl’air…

Ilhausselessourcils,amusé.Sonsourire,deplusenplusépanoui,estsurlepointdemetapersurlesnerfs.Alorsjemefigecommeunegamineprêteàbouder,etiléclatederire.Ils’approchedemoipourm’attirercontrelui.

–Tunecroispassibiendire,Anna,jesuisunfauveetjevaistemanger.

Etceseraitmoilachampionneenmatièredechangementdesujet?!

–Maisjepréféreraislefairedansmonhabitatnatureldegrandfauvesauvage,poursuit-ilenmemordillantlecou.

Jemetortilleentresesbrasenpouffant,puisjem’écarted’uncoup.

–Çaveutdirequoitoutça!lâché-je,presséedesavoircequ’ilmijote.–Çaveut dire que tuvas filer préparer un sac avec cequ’il faut pour barouderdans la jungle,

parcequec’estlàqu’onpart,merépond-ilenmedévisageantpoursedélecterdematêted’ahurie.

***

Danslavoiturequinousconduitsàl’aéroport–voitureavecchauffeurévidemment–,tandisqueDaytonestautéléphonepourleboulot, jeréfléchisàcequ’ilvientencoredesepasser.Jen’aipasdiscuté. Encore une fois, j’ai fait mon sac, trop heureuse de la surprise – et c’en est encore unepuisque je ne connais pas notre destination précise ! Avec Dayton, j’ai le sentiment qu’il ne peut

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arriverquedebelleschoses.J’aimecettefaçontrèsdirectivequ’ilaavecmoi.Letrucdu«C’estmoiqui décide, fais ta valise, je t’emmène. », c’est grisant. Quelle femme ne rêve pas de ça ?N’empêche…

N’empêchequedepuisquej’airencontrécethomme,aumomentmêmeoùj’aidécidédeprendremavieenmain,j’aitoujoursunpeul’impressionqu’ilmevoleunepartiedecettemaîtrisedemavie.Uneseconde,jem’interroge,maiscen’estqu’uneseconde,parcequec’estévidentqueledésirquenous éprouvons l’un pour l’autre, cette chose incontrôlable, nous pousse à nous mesurer l’un àl’autreetànouspréserverunpeuaussi.

–Toi,tuesentraindecogiter,déclareDaytonenposantlamainsurmacuisseaprèsavoirfinisadiscussion.

Commetoujours,cesimplecontactm’électrise.Jesecouelatête,undemi-souriresurleslèvres,commepriseenflagrantdélit.

–Tupensesquej’auraisdûtepréveniravant?medemande-t-il.

C’estunequestion-piège?

–Moncoupdetéléphonedetoutàl’heure,c’étaitpoursavoirsitupouvaisprendreletraitementcontrelepaludisme,poursuit-ilsuruntonneutre.Onn’estpasobligésdeprendrelescachetscontrelepaludans lepaysoùonva,maisdisonsque,pour lecoinoùonvapasserquelques jours, c’estrecommandédeprendreuntraitementpluslégerpendantleséjour.

–Tun’aspasbesoindetejustifier,Dayton,dis-je,embarrasséedegâcherunpeulasurpriseparmesréflexions.

–Jenemejustifiepas,répond-il.Unesurpriseresteunesurprise.Etsitucroisquejedécidepourtoi,c’estquetuoubliesquejefaisçaparcequej’aienviedetefaireplaisiretdet’étonner.

Maiscetypelitdansmespenséesouquoi?!

–Etnemedispasqueçanet’apastraversél’esprit,ajoute-t-ilavecunpetitsourirejoueurdevantmonexpressionhébétée.

***

Bon,quelques jours, jecroisque jevaispouvoirgérerniveauboulot,mais,aucasoù, j’aiprismes notes pour les synthétiser. Quant à mes colocataires, humain et félin, je crois maintenantcomprendrequeSaskiaavaitétéavertieàl’avanceparDaytondenotredépartetquec’estpourcetteraison qu’elle se souciait du bien-être alimentaire deChurchill. C’est vrai que son soudain intérêtpourlechatparaissaitbizarre…

Oùva-tonalors?Directionl’AfriqueduSud!Dix-huitheuresdevoljusqu’àJohannesburg–jecomprendspourquoiDaytonm’aconseillédeprendredeslivresettoutmonmatérieldedessindansmonbagagedecabine–,puisunavionprivénousemmèneradanslaréservenationaledeKruger,unpeuplusaunord.

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Aupassagedeladouane,nousavonsjusteunpetitsouciconcernantmaboîtededessin.C’estcelleenboisquemamèrem’aofferteilyadesannées,etsonapparitiondansmonsacalertelesagentsquimefontvidertoutmonmatérieletl’inspectentendétail,avantdenouslaisserpasser.Dansl’avion,Daytonsouritenmevoyantdéballerl’objetdudélit.

–C’estlapremièrefoisquejevoiscetteboîte,dit-il,histoired’ensavoirplus.–C’estuncadeaudemamèrepourmes15ans,réponds-jeendevinantaussitôtquellevaêtresa

réaction.–C’esttouchantquetularessortes,dit-ilgentiment.Jesupposequec’estparcequetupensesàelle.–Évidemment…Ellememanque,avoué-jesanspeine.–Tu sais,Anna, c’est important de savoir d’oùonvient, ajoute-t-il avecunpeud’émotion.Tes

parents,quoiqu’ilsaientputecacher,sesontoccupésdetoiett’aiment,tuenescertaine.Moi,j’aidûmerésignerànepassavoirquijesuisvraiment,nid’oùjeviens.Peut-êtreai-jeégalementpeurdeconnaîtrelavérité,quinedoitpasêtrereluisante.C’estunechancequetuas,etjesuiscontentquetuenaiesconscience.

Levoyageestéreintant.Presqueunejournéecomplètepournousretrouveràencommencerunenouvelle à notre arrivée, dans une chaleur, certes supportable, mais nous aurions tous les deuxappréciéunpeudefraîcheur.Malgrétout,lepaysagequis’offreànousquandnouspénétronsdanslaréserve est tellement époustouflant que nous en prenons plein les yeux.Bringuebalée dans la jeepvenuenouschercher,jen’arrivepasàtrouvermesmots.Jemecontentedefairedes«Oh!»etdes«Ah!»hallucinés,enm’accrochantaubrasdeDaytondontlevisageestlumineuxdejoie.

Nous parvenons enfin au Lion Sands River Lodge. Ça n’a rien à voir avec le campementimprovisédeRobertRedfordetdeMerylStreepdansOutofAfrica.Luxueux–toujoursetencore!–,l’établissements’étalelelongdelarivièreSabi,etnotresuite–deuxfoislasurfacedenotreappartdeBrooklyn!–,estsituéetoutauboutdel’hôtel,loindesregards,laterrassetournéeverslarivière,la jungleet les…éléphants !Dans lagrandechambreblanchequasimentouvertesur lebush, le littrône,coifféd’uneimposantemoustiquairecommeuncieldelitprincier.

–Tufaisbiendedéciderpourmoi,dis-jeàDaytonenmelovantdanssesbras.J’aimeça.–Mmm,décider…entoutesoccasions?mechuchote-t-il.

Jesenssonsourirecontremapeau.Jehochelatêtedoucementcontrelui.

–Que dirais-tu de nousmettre en tenue d’AdametEve et d’essayer cettemagnifique baignoirefaceàlajungle?poursuit-ilsurlemêmeton.

–Non,maislà,tumeproposes!Tunedécidespaspourmoi…réponds-jeavecl’enviedejouer.–Trèsbien,rétorque-t-ild’unevoixplusferme,alors,déshabille-toi.

Finalement,nousessayonscettefabuleusebaignoire…

***

Nousdînonsauxflambeaux lesoirsur laplage,aumilieudesbruitsétrangesde la jungle,et lafatiguenousemportetôtverscegrandlitquiressembleàunvaisseaufantôme,entourédesesfines

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moustiquaires.

C’estunprogrammemerveilleuxquinousattendpourcescinq joursde rêve.Chaquematin,unguidenousemmèneenjeepdanslabroussepourobserverlesanimauxsauvages.Jemeremplislesyeuxetlatêtedechosesquejen’auraisjamaisimaginévoirunjourenvrai–enfin,pasaussivite,pasaussi jeune…Lemidi,nousbivouaquonsetdéjeunonsaumilieudesbêtes.LevisagedeDaytonsedétendjouraprèsjour.Toutsoncorpsseremplitdechaleuretdesoleil,desodeursdecettecontréelointaine.Lesoir,sursapeau, jesens toutçaet je lecaressepourgoûter toutcequesachairetsapeau ont accumulé. Nos corps s’épanouissent dans ce nouveau voyage. Nos rires ont une autremusique.Nosregardssontplusclairs,plusintensesetnoscaressesplusprécisesetplus…sauvages.Commesilepaysquinousentoureprenaitpossessiondenosâmes.

Jepassedesheuresàdessiner,àm’essayeràdenouvellescouleursetdenouvellestechniques,quecepaysage inconnumedonneenviede tenter.Fini lesanimauxdomestiquescroquéssurphotos, jepeux vous dire que c’est autre chose de dessiner un lion quand il se trouve à quelquesmètres devous…

– Ça te change de ton gros chat anglais, hein ? me glisse Dayton, un jour, alors que je meconcentresurl’esquissed’unlionceauentraindejouerprèsdesamère.

–Qu’est-cequevousaveztouscontreChurchill…bougonné-jed’unairrigolard.

Enrentrantdenotreexpéditiondelajournée,nousdécidonsdenousjoindre,pourledîner,àuncoupled’Anglaisquenouscroisonsdanslehalldel’hôteletavecquinoussympathisonsrapidement.Si l’épouseaàpeuprès l’âgedeDayton–unesuperbeetéléganteblondequiasûrement toujoursvécudans le raffinement…à savoir pas empotée comme je peux l’être parfois –, l’homme a bienquinzeansdeplusqu’elle.Blond,levisagemarquéparlesoleil,lestraitsémaciés,ondiraitunestardecinémadel’ancientemps.

Quandnousnousretrouvonstouslesquatre,lesoir,pourundînerauxchandelles,dansnoshabitsdesoirée,onsecroiraitvraimentdansunvieuxfilmd’Hollywood.

Pincez-moi,cen’estpasmoil’actricedecettescène!

J’aipasséune robeverteen tissusatinéet fluide, largementdécolletéeetéchancréedans ledos.Uneautre surprisequeDaytona sortiedesesbagages.Quantà lui, ilporte le smokingsansnœudpapillonavecunedésinvolturequiferaitpenserquecettetenueluiesthabituelle.

Pendantlerepas,quandl’hommedemandeàDaytoncequ’ilfaitdanslavie,monamoureuxélude.

– J’ai la chance de ne pas avoir à devoir gagner ma vie, enfin pas vraiment, dit-il d’un airapparemmentlégermaisjevoisbienquelemensongeluipèse.Alorsjem’adonneàmapassionpourlamusiqueetjem’occuped’unerésidencepourartistes.Etvous?

Daytonoul’artdel’esquive…Onvabienensembledécidément!

–Jesuisphotographe-reporter,répondl’hommesousleregardadmiratifdesafemme.

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Moiaussi,j’ail’aird’unegourdecommeçaquandjeregardeDayton?

–J’aimebeaucoupcetendroit,poursuit-il.Nousvenons tous lesansnousdétendre ici. Jenemelassepasdecapturerlaviesauvagedansmonobjectif.

Ladiscussion suitdélicatement soncours.Nouséchangeonsnosexpériencesetnos impressionssur ce lieu magique, mais je ne peux m’empêcher de relever que le photographe plongerégulièrementsonregarddansmondécolleté.Auboutdeplusieursfoisoùjeleprendsenflagrantdélit,ilm’adresseunsourireravageuretj’enrougisjusqu’àlaracinedescheveux,convaincuequetoutlemondeautourdelatablearemarquésonpetitjeu.Maissonépousen’estpasnonplusfaroucheavecDayton.C’estunevéritabledansedel’amourqu’elleluifait…Siellepouvait,ellesemettraitàroucouler.QuantàDayton, lebraspassésurmesépaulesnues, jenesuispassûrequ’il sentemonembarras,niqu’ilsoittouchéparleseffortsdeséductiondelacompagneduphotographe.

Un groupe de jazz sud-africain s’installe pour animer la soirée, alors qu’on nous propose dedégusterundigestifdevantlefeudecheminée.Nousnousasseyonssurlesconfortablescanapésdugrandsalon.Daytonnousabandonneauboutd’unmomentpourrejoindrelegroupeetdiscuteraveclesmusiciens.

Quelques minutes plus tard, il se lance dans un bœuf avec eux, après avoir emprunté soninstrumentauguitariste.L’épouseduphotographes’approchede l’effervescencemusicale, fascinéeparl’aisancedeDaytonetlajoiequ’ilprendàjouer.Moiaussi,j’aimeraisbeaucoupmerapprocher,mais lephotographem’a littéralementmis legrappindessus.Unemainsurmonbras, ilmeretientminederien.

–Anna,jesuistrèsintéresséparcequevousfaites.Accepteriez-vousdememontrerquelques-unsdesdessinsquevousavezfaitspendantvotreséjour?

Danstesrêves,obsédé…

–Euh,voussavez,cenesontquedesesquisses,riendebienimpressionnant,réponds-jeententantdem’esquiver.

–Jevoussensréticente,Anna,medit-ild’untonplusbas,sauvagemême…J’aimebeaucoupcettenaturequejesenschezvous.J’aimeraisbeaucouplacapturer,elleaussi.

Oui,c’estsurtoutmondécolletéquetuaimes…

J’essaie de contenirma gêne et la colère quimonte lentement,mais sûrement. Je jette un coupd’œilversDayton,toujoursprisdanssamusique.

–Vousvoulezdirelacaptureravecvotreobjectif?Enphoto,c’estça?– Je préférerais autrement,murmure-t-il d’une voix rauque, qui trahit tout à fait la grosse idée

qu’iladerrièrelatête.

Jemelèved’uncoup.

–Excusez-moi,lajournéem’aépuisée.Jevoussouhaiteunebonnenuit,dis-jeavantdetournerles

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talonsetdefilerhorsdusalonenjetantdesregardséperdusversDayton…quinemevoitpas!

Vingtbonnesminutesplus tard,Daytonentredansnotre suite. Je suisassise sur leborddu lit àressasser l’épisodedéplaisant avec le photographe.Quand je lève les yeuxvers lui, sonvisage estfermé,sestraitstendus.

Bordel,qu’est-cequ’ils’estpassé?

–Jemedemandaissituseraisdanslachambre,déclare-t-ild’unevoixfroide.

Quoi?

Jenecomprendsvraimentrienàsonhumeur.

–Ahoui?Etoùaurais-jepuêtre?demandé-je,surprise.–Jenesaispas.Notrecopainreporteravait,luiaussi,disparu,etsafemmemecollaitdefaçonpas

trèshonnête.Çasentaitlecoupmonté.–Tuplaisantes,là?Tucroyaisquoi?Quej’allaissuivrecebellâtredanssachambrependantque

sabonnefemmecherchaitDieusaitquoiavectoi?Jemesuisbarrée,oui!dis-je,écœurée.Cetypen’apascessédemereluquerlesseinspendanttoutlerepas!Tun’asrienvu?

–Si,j’aibienvu,répond-ilengardantsoncalme.Jenesaispas,celaauraitputeplaire,aprèstout.

Jesuisdebout,figéesurplacedevantlui,lesyeuxécarquillés.

–Dayton,regarde-moivraiment,dis-jedansunsouffle.Tunecroispasça?

Ilplongesesyeuxdanslesmiens.

–Tunecroispasça?répété-je.–Jenesuispasleseulàtedésirer,Anna,répond-il.Onenaeulapreuveflagrantecesoir,non?Et

çamefichelatrouille,oui,jel’avoue.Çamerendfoudejalousie.Quandj’aivuquetun’étaispluslàetquecesalopardnonplus,j’aiimaginén’importequoi…

Jesuisabasourdie.Jesecouelatête.

–Maisjesuisavectoi,parviens-jeàmurmurer,lesoufflecoupé.Jesuis…àtoi.

Sonregards’enflammed’uncoupàcesmotschuchotés.Toutsoncorpssetend.

–Tuesàmoi,Anna?demande-t-ild’unevoixchaude.Alorsprouve-le-moi.

Savoixsonnecommeunrugissementbasetsauvage.

JesuispétrifiéesurplacefaceàDayton.Sonregardn’estpasglacial,ils’estembraséd’uncoup,etuneesquissedesouriresedessinesurseslèvressensuelles.J’ailesoufflecoupéparledésirquiseréveillesoudainementenmoi,commeunefleurchaudedansmonventre,etquis’étale,s’étiredanstoutmoncorps.

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Onjoue,n’est-cepas?

Oui, je le sens, c’est un jeu terriblement excitant.Ça ne fait aucun doute, lamagie sauvage deslieux s’empare de nous.Nous sommes comme envoûtés. Lemoment ne demande pas une étreinteamoureusetendre,ilexigedesébatsdéchaînés.

Daytoncherchemonassentimentduregard,etsavoixestplusdoucequandilrépète:

–Prouvemoiquetuesàmoi.

Unesecondedétonationdansmoncœuretmoncorpssemetàvibrer.Messeinssetendentsousledoux tissu satiné de ma robe. Les yeux de Dayton le remarquent aussitôt, et son sourire estvéritablementceluidufauveprêtàdévorersaproie.

Uneproieoutrageusementconsentante,onestbiend’accord!

–Tuesprêteàmeprouverquetuesàmoi,Anna?medemande-t-ilencored’unevoixrauque.–Oui,réponds-jeaveclemêmetrouble.–Comment?Dis-moicomment,m’ordonne-t-ilpresque.« Je n’ai pas peur », me répété-je intérieurement, parce que c’est important après la petite

discussion tenduequenousvenonsd’avoir. Jenediraispasquec’était prévudepuis ledébutde lasoirée,maisnousdevionsenarriveràcetypederencontrecharnelle.Nousavonspassélasoiréeencompagniedececoupleambigu.Lerepasaétéchargéniveausensualitéparlesregardséquivoquesdececouple.Nousavonsétél’enjeudeleursdésirsetnousavonssurésister.

J’avoue queme sentir désirée toute la soirée, par Dayton sans aucun doute,mais aussi par cethomme – tout en sachant que je ne lui céderai pas et que le trouble n’était pas partagé –, avéritablementenflammémalibido.Jen’enétaispasvraimentconsciente,mais,àprésentqueledouteaétélevépourDayton,quesespeurssontécartées,c’estcommesinousavionslechamplibrepourtoutoser.

J’aienvied’oser…

–Dis-moicequetuveuxquejefasse,Dayton,murmuré-je.

Ilreculed’unpaspourmieuxm’observerdespiedsàlatête.Unfrissonmeparcourt.

–Déshabille-toietallonge-toisurlelit,dit-il.

Bonsang,l’effetquemefaitsavoix…

Jem’exécute.J’aibeauparfoism’interrogersurcettemaniequ’ilasouventdedéciderpourmoi,c’estincontestable,j’adorequandilagitainsipendantnosrencontressexuelles.Etnon,jenemesenspasseulementsachose,car jesais,et luiaussi,quelesimplefaitd’accepterdemesoumettreàsesdésirsetdenepasenavoirpeurestaussiuneforcechezmoi.

Jeredresselementonetnelequittepasdesyeux.Jen’aipasgrand-choseàfairepourmedévêtir,

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justedécrocherledosnudemarobepourlalaisserglisser.Alorsjelèvelesmainsàmanuquepourlefaire.

–Attends,dit-il.Enlèvetaculotted’abord.

Oh,ons’emmêlelespédales…Letroublepeut-être?

Jesuspendsmongeste,puisbaisselesmainspourremontermarobesurmescuisses,attrapelesbordsdemaculotteetlafaisglisserlelongdemesjambes.

–Détachetessandales.

Je dénoue le fin lacet de cuir qui court autour de mes chevilles et me débarrasse de meschaussures.JerelèvelesyeuxversDaytonenattendantqu’ilmedictemesgestes.Monsexeestmoite,mes seins durs, je ferai tout ce qu’il attenddemoi parce que je sais qu’il neme laissera pas sansplaisir.Mieuxencore,leplaisir,jelesens,enseradécuplé.

–Recule-toietinstalle-toisurlelit.

Sivousmeledemandezdecettevoixsexy,misterReeves…

Jem’assiedssurleborddulit.

–Maintenant,défaislehautdetarobeetremontelebasjusqu’àlataille.

Hum,çaseprécise…

Dansmatête,jevoisexactementquellevisionjevaisluioffrir;celled’unefemmeàdemi-dévêtuedévoilantsapoitrineetsonsexe.Jedéglutis,troubléeparcettevisiondemoiquejevaisluidonner,rienquepourlui.

Letissusatinédelarobecoulesurmapeautantilestfluide.Jeressembleàuneservantedocile,soumise au bon plaisir de son maître. Dayton se régale, je le vois, de mon corps ainsi dénudé.Appuyée surmesmains, bras tendus derrièremoi, le collier ethnique que je porte vient se nicherentremesseinsenmecaressantlapeau.Mesmamelonssonttellementdursqu’ilm’estimpossibledecachermonexcitation.

–Écartelescuisses,Anna,continueDaytondontlavoixsebloqued’uncoupdanssagorge.

Iln’yapasquemoiquecejeumetdanstoussesétats…

Jedévoilecomplètementmonsexebrillantdedésir.AusoufflesaccadédeDayton,jedevinequ’ilavu, qu’il sait, qu’il se retientdenepasmeprendre.L’attente est délicieuse,maispresque cruellepournousdeux.

Toujoursdeboutdevantlelit,faceàmoiquiexhibemonintimitéhumided’envie,Daytonôtesaveste,qu’illaissetomberparterre,puisc’estsachemisequisuitlemêmechemin.Lesyeuxdanslesyeux,luidebout,moiallongée,jambesécartées,gorgenouée.Ilsedévêtentièrementavecdesgestes

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précisetsecs,commes’ilétaitprisparl’urgence.Sonérectionrépondàlamoiteurdemonsexe.Sonmembrebatcontresonventre.

–Caresse-toipourmoi,Anna,chuchote-t-ild’unevoixpressante.

Quoi?Mais…

Devantmonregardunpeuaffolé,ils’adapte.Surtoutnepasbriserlejeu.

–Tusaistedonnerduplaisir,Anna?–Oui,avoué-jedansunsouffle.–Tunel’asjamaisfaitdevantunhomme?demande-t-ild’unevoixplusrassurante.

Je secoue la tête,presquegênéedemon inexpérience,consciente soudaindecequ’ilme resteàdécouvriretdupeuquej’aivécu.

– Tu veux bien le faire pour moi ? ajoute-t-il, sans brusquerie. Te caresser… Parce que je teregarde…

Jecroyaisque leshommesnevoulaientpasdeça,qu’ilsavaientpeurd’êtredépossédésde leurpouvoirdedonnerduplaisir.Daytonestau-delàdeça.C’estmoiqu’ilveut,jelesais,monintimité,cequejesuisetcequejefais.Iln’apaspeurdeperdrequoiquecesoit.Ilaconfianceencequ’ilest,encequenouspartageons.

Comme pour m’encourager, il s’empare de son sexe en érection qu’il commence à masserlentement. J’ai la gorge serrée, prête àm’étouffer, tant ce spectaclem’affole etme fascine. C’estcommeàmoninsuqu’àdemi-allongéemaintenant,unedemesmainssemetàjoueraveclapointedurcied’unsein tandisque l’autreécarte les lèvresdemonsexe.Nosyeux jouentavec lecorpsdel’autre,leparcourentaveccuriositéetenvie,tandisquenosmainsnouscaressent.Noussommesdeuxcréaturespossédéesparledésir,auxgestesincontrôlés,uniquementdestinésànousdonnerduplaisir.

–Voilà,dit-ildoucement.Fais-toidubien.Jeteregarde,tulesaisettuaimesça.Tuestrèsbelle,Anna.

Mesdoigtsglissentsurmonclitoristantjesuisexcitée.Jevaisetviensentreleslèvresmouilléesdemonsexe.Desvaguesdefrissonsnaissentencorolleetsedispersentsurmonventre,messeins,jusquedansmoncou,mecouvrantdechairdepoule.J’halèteetjefermedorénavantlesyeuxparcequejesensqu’ilsuffiraitquejeregardeDaytonsecaresserpourjouirbrutalement.

Cen’est pas la première fois que jeme touche ainsi et je sais, commedenombreuses femmes,commentmedonnerduplaisir,maiscetteexpériencen’arienàvoir.Mescaressesn’ontpaslemêmeimpact sous le regarddeDayton. Jeneveuxpas jouir sans l’avoirenmoi. J’ouvre lesyeuxetmeredresse surmes coudes.Dayton fait aller et venir samain le long de son érection, dénudant songlandquiperleluiaussidedésir.Jeveuxluiparler,luidirequej’aienviequ’ilmeprenne,maismavoixseperdquelquepartdansmagorge.Ohoui,j’aienviedesonsexe,desaforceetdelesentirenmoi.

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Daytonsuspendlemouvementdesamain.Ils’éclaircitlavoixavantdes’adresseràmoi:

–Moiaussi,dit-il.

Illitdansmespensées…

–Retourne-toi,Anna.Surlelit.

Je suis droguée par l’attente sensuelle. Mes membres sont lourds et j’ai l’impression de memouvoir dans une brume, le regard perdu. J’entends la voix de Dayton et j’obéis, memettant enpositionpourl’accueillircommeunanimalauxgesteslents.Toutcelaesttrèsfélin.Lesodeursdelajunglenousparviennentdepuislesfenêtresauxrideauxmouvants.

Àquatrepattes,larobesatinéequinetientqu’àmataillebalaielapeaudemescuisses.Jesoupiresous la caresse de l’étoffe et d’une fine brise qui court sur mon dos. Je baisse la tête pour medébarrasserdulourdcollierethnique,puislarelèveenentendantDaytonouvrirunpréservatifqu’ildoitenfilerens’approchantderrièremoi.Lelitbougeàpeinequandilappuiesescuissescontrelebord.Samainvientfrôlermanuque,puisdévaletoutlelongdemondosquejecambrecommeunanimalraviparlacaresse.

–Bonsang,Anna,tuessuperbe,chuchote-t-il.

Sesmains frôlent l’arrondidemes fesses tenduesvers lui, lesenglobentet s’enemparent. Jenepeuxmeretenirdegémirdeplaisir.

–Tuesàmoi,dit-ilavantdepasseràlavitessesupérieure.

Sesmainsagrippentmescuissesetmetirentversleborddulit.Ilcolledoucementsonmembreàl’entrée de mon sexe, et je le sens peser tout d’abord lentement, avant de s’enfoncer d’un couptotalementenmoi.

Unpetitcrim’échappeetjerejettelatêteenarrière.

–Tuestrempée,Anna,grogne-t-ilavantdeseretirer,puisdemepénétrerànouveau.

Un autre gémissement s’envole de ma gorge. Dayton passe sa main sur mon ventre, remontejusqu’àmesseinsdontilfrôlelespointes,lestaquineunpeuenlespinçant,sonsexetoujoursrivéenmoi.

Je creuse les reins,m’offre complètement à lui pour le contenir. Son sexe est gonflé à bloc etm’emplit.Jerouledesfessescontresonventre,mepoussantcontrelui.Mestempessontbrûlantes,lasueurperlesurmanuqueetj’enveuxplus,plusencoredelui.

Illesait,illesent.Lesdeuxmainsrivéesàmeshanches,ilcommenceàmepilonneraveclenteur,faisantcourirtoutelalongueurdesonsexeenmoi,seretirantcomplètementpourm’envahiraussitôtlasecondesuivante.C’estenivrant,jechaviresoussespoussées.Ilmepossède.Demagorges’élèvedepetitscriscommeunchantmagique,queviennentrythmerseshalètementsdefauve.

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Ilm’attireencorepluscontresonventreetmeprenddeplusenplusfort,deplusenplusvite.Mescuisses s’écartentdavantagechaque foisqu’ilmedévaste.Mesmembres sontprisde tremblementsdélicieuxalorsqu’ilm’ouvrechaquefoisplus.

Desmotsmeviennententêteetjelesrepousse.C’estl’excitation,jesais,lachaleuretlafoliedecettecontréesauvagequimedonnentenviedel’encourageràmeprendretoujoursplusfort.Maisjene peux retenir ce qui éclate brutalement enmon ventre : un orgasme insensé crispe soudainmescuissesetmefaitmeresserrerautourdusexedeDayton.Jecriecommeçanem’estjamaisarrivé.Sansmesoucierdusilencedelanuit,dequipeutnousentendre,lajouissancesetransformedansmagorgeenunchantprimitif.

Je m’écroule sur le lit, Dayton toujours enfoncé en moi. Je suis à bout de souffle, ravagée etcomblée…

Quand la vague du plaisir se retire, je suis comme abandonnéemalgré la chaleur du corps deDayton contre lemien.Un sanglot irrépressiblemevient, des larmes coulentmalgrémoi surmesjoues.

Maisqu’est-cequ’ilm’arrive?

Jenesuispastristepourtant;jesuisjusteexcessivementsatisfaite.

Daytonmecouvredesoncorps.Sesdoigtstrouventtrèsviteleslarmessurmonvisage.Ilseretireets’étendsurlecôté,contremoi,puisprendmonvisagedanssesmains.

–Anna?Quesepasse-t-il?

J’essuieleslarmesduboutdesdoigtsetluisouris.

–Jet’aifaitmal?J’aiététropbrutal?demande-t-ilencore,laminesoucieuse.

Jesecouelatête.

–Non,luiassuré-jed’unetoutepetitevoix.Jenesaispascequ’ilm’arrive.C’estlapremièrefoisqueçamefaitça.Jecroisquej’aijouitellementfortque…jemesuissentievideensuite.Jenesuispastriste,ajouté-jeenluisouriant.C’esttoutlecontraire.

Ilposesurmeslèvresunbaiserd’unetendressequin’arienàvoiraveclavigueurdenosébats.

–J’aieupeurd’avoirététropbrutalavectoi,murmure-t-ilencaressantmajoue.–Non, réponds-je avec un sourire coquin.C’était plutôt excitant.Enfin…çam’a plu, beaucoup

même.Jesaisquecen’estpastoujourscommeça.

Ilcollesoncorpsbrûlantcontrelemien,encorelourddemajouissance.

–Jenesaispascequej’avais,dit-ilensouriant.Cetype,là,ilm’arendufou.Cettemanièrequ’ilavaitdeteregarder.J’aivraimentvurouge.Jecroisbienquej’étaisjaloux.J’avaisbesoinde…

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–D’êtresûrqu’iln’yaquetoi…pourmoi,dis-jeenfinissantsaphrase.

Ilrépondens’emparantunenouvellefoisdemeslèvres.Sonbaiserestpluspassionnémaintenant.Nousnouscomprenons,c’estcequ’ilmeditenm’embrassant.Jesenssonsexe toujours tenduquifrottecontremonventre.

–Tun’aspasjoui,luichuchoté-jeentredeuxbaisers.–Non,répond-il,lesoufflecourt.Jevoulaistedonnerduplaisir…fort…puistefairel’amour…

encore,ajoute-t-ilenmedébarrassantdemarobeplisséeautourdemataille.

Ilmefaitroulersurledospourmecouvrirdetoutsoncorps.

J’aime quand je le sensm’envelopper de la sorte, son corps peser surmoi et tous sesmusclesjouersousmesmains.Jeparcourssondos jusqu’àsesfessesfermes.J’aimetoutdecethommeet,chaquefoisquejeletouche,jem’émerveilledecequim’estoffert.

Son bassin roule contre lemien, nos hanches se touchent, nos ventres sont pressés l’un contrel’autre.J’ouvreinstinctivementmescuissespourl’accueillir.Sonérectiontoujourspuissantetrouvefacilement son chemin enmoi. Je suis toute trempée demon orgasme.Malgré tout, dès qu’il mepénètre, je me sens repartir et grimper vers le plaisir, plus haut, devinant que la jouissance seraencoreplusforte,maisdifférente.Nosbouchessedévorentetnossexesentamentunedansefaitederoulementsetd’avancées.J’aimequandsoncorpssurmoiadesmouvementsdevague.Unevaguedeplusenplusamplesansqu’ils’écartetropdemoi,sonsexeauchaudbougeantpresquesurplace.Etplusilroule,desépaulesaubassin,plusjem’agrippeàsondosetsenssonérectionmeremplir.Sonventrepoussecontremonclitoriset j’en tremblepresque.Mesmainsdescendent jusqu’àses fessespourlepresserplusfortcontremoi,quandunsecondorgasmeexplosedansmonventre.Daytonseredresse alors d’un coup, en appui sur ses bras, le dos creusé, la tête rejetée en arrière, boucheentrouvertesurlesouffleensuspens,etiljouit.

Cela semble durer des secondes et des secondes. Les paupières closes, il paraîtmême souffrir,maisc’estuneidéefausse,commecellequemeslarmesdetoutàl’heureontdonnée.

J’attrapesonvisageentremesmainsquandsoncorpss’assouplitpours’allongercontremoi.Jeleregardedroitdanslesyeux,puisjel’embrassecommejamaisjen’aiembrasséunhomme.Detoutemonâme.Ilarriveparfoisqueledésir,leplaisiretl’amourquilesfaitnaîtresoientsifortsqu’ilsenparaissentpresqueinsoutenables…maisc’estparcequ’ilssontextatiques.

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5.BluetattooattheBlueNote

Unnouveau jourse lèvesur la junglesud-africaineaprèscettenuitpassionnéequiamarquéuntournantdansl’histoirecharnellequimelieàDayton.

Aumatin,noussommespluscomplices,etnosjeuxsauvagesnousontrendusencoreplustendresetplusprochesquenousnel’étionsdéjà.Cettecontréemagiqueavéritablementprispossessiondenos âmes. Quand nous croisons, en route pour la dernière expédition de notre séjour, le coupleéquivoquedelaveille,nouslesignoronsaveclasuperbedeguerriersprimitifsdédaignantunenneminégligeable.Bon,passonslescomparaisonsromanesques,noussommesfollementamoureux,quoi.C’esttoutetc’estmerveilleux!Parcequejamais,jusqu’alors,jen’avaisressenticetteforcequemedonnecequejevisavecDayton.Jamaisjen’avaisconnucetrucquifaitqu’onal’impressiond’êtreinvincibles,intouchableset…terriblementsexyvingt-quatreheuressurvingt-quatre!

Quelque chose s’est passé que je ne saurais définir précisément,mais ça se sent et les autres levoient.À l’aéroport,onnousscruteendouce,commesinousétionsAngelinaetBradenvacancesincognito.Leshôtessesdel’air,quandelless’occupentdenous,ontdesgestesmaladroitscommesinotresex-appealétaittroppuissantpourqu’ellesparviennentàtenirunplateaudroitouàparlersansbafouiller.Évidemment,çamefaitsourire.

–Onpeutsavoircequivousrendaussijolietoutd’uncoup,mademoiselleClaudel?medemandeDaytondanssonfrançaisàcraquer.

–Tuveuxparlerdecetteespècedenuageroseetparfuméquinousentoureenpermanenceetquirendtoutlemondeunpeustupide?réponds-jetoujoursaveclemêmesouriredebonheur.

– Ah ! C’est ça ? dit-il en prenant un air un peu frustré. Je croyais que tu repensais aux nuitstorridesquetonroidelajunglet’afaitvivre.

Nonmaisfranchement…

***

En rentrant à l’appart deBrooklyn, je suis aumoins certaine quemon fauve anglais aura eu àmangerpendantmasemainedesafari–puisqueSaskias’estsisincèrementpréoccupéedesaréservedevivresavantmondépart…

Unesemainedanslajunglen’aeuaucuneprisesurletempsàNewYork.PourSaskia,visiblement,cesjourssontpassésenunclaquementdedoigts.Unsacréclaquementdedoigts,façonBroadway!

–J’aiétésuperoccupéeparmonprojet,dit-elleenseposantavecmoienfindejournée.

Jesuisencoretoutedéboussoléeparlelongvoyage,avachiesurlecanapé,écraséesousleskilosd’amourdeChurchill.Malgrétout,jesensbienquemonamiecrèved’enviedemeraconterquelquechose.

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–Ahoui,superoccupée?Commentaujuste?demandé-jepourl’encouragerunpeu.–Ben,lestoilesquejefaisdeJeff,çaavancebien.Jesuisassezsatisfaitedurésultat,répond-elle

sansleverlesyeuxdesesgenouxquiontl’airdignesd’unintérêtsurnaturel.–C’est bien, réagis-jeminede rien,unpeuamuséequandmême.Et sinon, tu as lesplusbeaux

genouxdumondeouc’estseulementquetuneveuxpasmeracontercequ’ilsepasseavecJeff?

Ellerelèvelatêted’uncoup.

–Rhooo,incroyable,commenttuasdeviné?fait-elleavecunsourirequiluiremontejusqu’auxoreilles.

Jelèvelesyeuxaucielenfaisantunebilledeclown.

Commesijeneconnaissaispasmacopineparcœur…

–Situveuxvraimentsavoir,commence-t-ellesansmêmemelaisserletempsdeluirépondre,ehbien,jecroisqu’onestpassésauxchosessérieuses.C’estvraiqu’onjouaitàseséduire,mêmesijeteprometsqu’audébut,monintérêtétaitpurementartistique!

Ouais,monœil…

–EtjecroisqueJeffestsincèrementintéresséparmontravail,poursuit-elle.Maisbon,c’estvraiquepeindreunhommenuqu’ontrouveattirant,c’esttroublant.

– Je ne veux connaître aucun détail qui pourraitme gêner en présence de Jeff, interviens-je enagitantlesmainspourl’arrêter.

–Tuastort,çavautledétour,répond-elleavecunpetitsourirecoquin.Enfin,bref…auboutdequelquesverresprisensemble,delonguesdiscussions,ehbien,ças’estpassécommetoutlemonde,jecrois…Onafiniparallerplusloin,etj’avouequejesuisvraimentépatéeparmoncomportement,Anna,parceque,jetejure,jen’aipasfaitderentre-dedansàcemec,commetuasdéjàpumevoirlefaire.

–Jetecrois,Saskia,réponds-jeenluisouriant.C’estparcequecen’estpasunmeccommeceuxquetuasdéjàrencontrés,non?Rienàvoir,enfait.

Etlà,jelaisseSaskiamelisterlesinnombrablesqualitésdecethommedontjesensqu’elleestentraindetomberamoureuse…vulalongueurdeladiteliste.

***

Juste le temps deme remettre du décalage horaire – et de poster quelques esquisses d’animauxsauvagessurmonblogenfaisantpasserTwinklepouruneKarenBlixendes tempsmodernes–,etnousconvenonsd’unrendez-vousrapideavecJeffpourqu’ilmeparledesonexpériencedejoueurinvétéré.SaskiaetDaytonnesontpasaucourantdecettediscussion.JenesaispaspourJeff,maisjemesensunpeucoupabledemeretrouverencoreunefoisàdissimulerquelquechoseauxpersonnesquej’aime.

Onavaitditquej’arrêtais,non?

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Cette fois, dès qu’on entame la discussion, Jeff a l’air nerveux, beaucoupmoins détenduque ladernièrefoisoùnousavonsabordélesujet.

–C’estunesaloperie,lejeu,lâche-t-ilavecuneexpressionamère.–Oui,j’aicrucomprendre,dis-jesuruntonneutremaiscompréhensif.–Franchement,jemedemandesijenepréféreraispasêtreaccroàladopeoupicoler,continue-t-il

aveclamêmeaigreur.Lecorps,tudoispouvoirlesevrer,maislà,c’estcetteputaindetêtequineveutrienentendre…

–Mais je suppose qu’il y a quelque chose de physiologique dans cette dépendance, une zonecérébralequieststimulée,dessensationsphysiquesaussipourtoi.Leplaisirquetuyprends,tupeuxm’enparler,Jeff?

–Ouais,jepourraist’enparlerdesheures,Anna;surtoutquandjesuisdansunebonnepériode,quelegainappellelegain,quetoutcequejetouchemerapportedublé,quetousleschevauxcourentpourmoietquej’ail’impressionqu’unemaindivinedistribuelescartespendantlapartie.

Jesuissurlaréserve.Jeffavraimentl’airtendu.Çasevoitsursonvisageetdanssesgestes,plusnerveuxqued’habitude.

–Jepeuxteparleraussidecequ’onressentphysiquementquandc’esttoutlecontrairequisepasseet qu’on est incapable de se raisonner, poursuit-il les lèvres pincées. Quand chaque perte que tuencaisses tepousseà tenter tachanceunefoisdeplus,histoirede tesortirde ladernièremauvaisepasse.Tutedisquecettefois,çavamarcher,maistut’enfonceschaquefoisplus.Etlà,toncerveausemetàfonctionneràl’envers.Alorsquedanslavienormale,sionpeutdire,tuaslespiedssurterre,tu prends les bonnes décisions pour les autres, là, tu te retrouves à nier la réalité. C’est presquemystique,tucomprends?Commes’ilfallaitquetutombestoujoursplusbas.

J’avouequejesuisperdue.Jecomprendsbienquesonmonologueexprimeunecertainedétresse,maistoutcelaresteflou.Alorsjejouelacartedel’amitié.

– Jeff, tu as des emmerdes en ce moment ? demandé-je avec beaucoup de précaution et decompassion.

Jeffseprendlatêteàdeuxmains,lesdoigtscrispésdanssescheveux.

–C’est lamerde,Anna,parvient-ilàarticuler.Jemesuisfoutudansunputaindepétrinaveclesgensqu’ilnefautpas.Destypesquisefoutentdel’addictionaujeu,jepeuxtel’assurer.Desmecsquinerigolentpasavecl’argentqu’onleurdoit.

Jesuisbouchebée,jenesaispasquoidired’autrequ’uneénormeconnerie:

–Jeff,situasdesennuis,tunecroispasquetupeuxenparleràDayton?

Jeffdevientblême,etjesensqu’ilestprêtàseleveretàdécamperdel’appartement.

Ehbien,bravoTwinkle…

–Surtoutpas,Anna,medit-ilenselevanteffectivementpourprendrecongé,niàSaskia!Ilsme

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fontconfianceetjelestrompesurcequejesuis.C’estàmoidemesortirdecemerdier,sansquecelalestouche.

Jesuissurlepointdeluidemanderpourquoiilseconfieàmoi,quandilmedonnel’explicationlui-même.

– Quand tu m’as parlé de cet article que tu devais écrire, j’ai pris ça comme un signe, Anna,confie-t-il.Jemesuisdit :«Voilà,c’est lemomentd’enparleràquelqu’undeconfiance.».J’étaisconvaincuquelefaitdem’entendreteracontercettedépendancem’aideraitàenprendreconscienceetàm’endétacher.Mais,soitc’estarrivétroptard,soit…jenesuisqu’unhommefaibleincapabledesedéfairedesesmauvaiseshabitudes…

Jesuisbouleverséeparcequ’ilm’avoueetaussiparlaconfiancequ’ilaenmoi,maisjemesensimpuissante.Jevoudraistellementl’aider.Jemelèveavecl’enviedeleprendredansmesbraspourlui assurer que je suis làmalgré tout, mais il se défile, honteux, enm’assurant qu’il m’appellerabientôtpourfixerunnouveaurendez-vouspourmonarticle.Aprèssondépart,jedoisbatailleravecmoi-mêmepournepasavertirDaytonquesonamiadesennuis,maisj’aidonnémaparole…etjem’enmordslesdoigts.

Sij’avaissu…

***

Alors je garde ce secret et, comme d’habitude, je me plonge dans le travail en ponctuant cespériodesdecréationetderédactionparlesapparitionssurprisesdeDayton.Ilestdetoutefaçontrèsprisparlesrépétitionsaveclegroupe–cequim’évitedemeretrouverenpositiondeluicacherquoiquecesoit…ThreePointsCircledoitdonnerunconcertavecd’autresgroupesauBlueNotelesoirdu11septembre,danslecadredescommémorations.C’estunhommageenmusiqueauxvictimesquitientbeaucoupàcœuràDayton,évidemment.Ilaécritplusieursnouvelleschansonspourl’occasion.

Parcontre,c’estplusdifficiled’affronterSaskiaauquotidien.Cequim’aide,c’estqu’ellesembleflottersurunpetitnuagerosequejeconnaisbien,découvrantpeut-êtrepourlapremièrefoiscequec’estqued’êtrevraimentamoureused’unhomme–dontellenesaitpastout…

Lesoirduconcert,jeretrouveDaytonauBlueNote,uncélèbreclubdejazzdeManhattanoùlesplus grands musiciens de l’histoire ont joué, mais qui s’ouvre dorénavant à d’autres genres demusique. L’endroit est bondé, et je m’installe à une table bien en vue de la scène afin de ne rienmanquerdelaprestationdemonamoureux.Seulbémolàlasoirée,Petrachanteaveclegroupecesoir…Depuisl’histoiredelafuguedeSummeretlesalecoupqu’ellem’afaitenmeconseillantdemefringuercommeunetraînéepoursoi-disantplaireàDayton,jenel’aipasrevue.

Franchement,ellenem’apasmanqué!

Etlavoilàquidébouleàmatable,profitantsansdoutequelegroupeestencoulissepourvenirmebalancersonvenin.

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–Salut,Anna,dit-elle,deboutprèsdemoi,jepeuxm’asseoircinqminutes?

Non!Dégage!

–Biensûr,dis-jed’unairpasvraimentengageantenluidésignantlachaiselibre.

PoisonIvys’installe,visiblementdanssespetitssouliers.Jemedisque le tempsdesexcusesestpeut-êtrevenu.Jenemetrompepas.

–Anna,jevoulaisteprésentermesexcuses,dit-ellesansdétournerleregard.

O.K.,merci,aurevoir.

–Jemesuiscomportéecommeuneimbécileavectoi,poursuit-elleavecapparemmentledésirdemesortirlegrandjeu.J’aidûavoirpeurquetumefauchestoutd’uncoupmonexetcopain,Summeretlarelationqu’onavait,etpuisj’aitoutfaitmerder.

Certes…

Jenedécrochetoujourspasunmot.Excusezdupeu,maisjenesuispasdustyleàtendrel’autrejoue.J’aiparfoislepardonunpeulongetunemémoired’éléphant…

–J’aiappriscequ’il t’estarrivé, l’histoiredetonfrère, tacrisedetétanie,continuePetraquineveutpaslâcherl’affaire.Sacrécoupdur…Jen’avaisvraimentpasbesoind’enrajouter.Enfin,jenepouvaispasvraimentsavoirnonplus,hein?Entoutcas,bon,jesuisdésolée.Jecompatisvraiment,Anna.

Jem’interroge soudain sur lebrusquechangementd’attitudede lademoiselle.Se serait-elle faitremonterlesbretellesparDayton?Etquidoncluiaracontétoutecettehistoire?Summer?Bref,peuimporte,pourvuqu’ellesecasse.

–O.K.,merci,Petra,réponds-jeduboutdeslèvres,enespérantqu’elleafinisonpetitnuméroderepentie.

Ellecomprendlemessageetselève.

–Aufait,jequittelegroupe,ajoute-t-elle.Jenesaispassituesaucourant.JerejoinsmoncopainenSuède.Onvamonteruntruclà-bas.

Peuimporte le« truc»,super!Enfait,ellevoulait justeremettre lescompteursàzéroavantdepartir…

–Alorsbonnechance,dis-jepourclorel’entrevue.–Oui,toiaussi,merépond-elle.JevoussouhaitepleindebelleschosesavecDayton.

Jesuisbienobligéedereconnaîtrequ’elleafaitl’effortdugestederéconciliation.Maisaveccequ’il s’est passé entre nous, ilm’est un peudifficile de verser dans le sentimentalisme avecPetra.Nousnousquittonsdoncsurdeuxsplendidessouriresforcés.

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Quelquesminutesplustard,elleréapparaît,maissurscènecettefois,etsaprésenceestlargementéclipsée par celle de mon amant sexy… Je suis subjuguée comme le soir où je l’ai vu pour lapremièrefoisauDucdesLombards.Ladifférence–l’énormedifférence!–,c’estquejesuislananadu guitariste et chanteur du groupe. Ce qui fait de moi une sorte de groupie qui pose un regardenamouréetpropriétairesurcethommequetouteslesfemmesconvoitent.

C’estmonmec…

Monregardsebaladesursoncorps,quejeconnaisnudansl’intimité.Jesavouresesattitudesetses expressions qui, même si elles me sont familières dorénavant, me font toujours un effet dutonnerre.Moncorpsestparcourudefrissonsetmoncœurs’emballequandilchantel’amour.Cettefois,j’airéellementl’impressionqu’ilparledenous.D’autantque,parmoments,illancedesregardslangoureuxetsensuelsdansmadirection…

Leconcertsefinitsurunechansontrèsémouvante,«BraveNewWorld»,qu’ilfredonnesouventetdont,jesuppose,ils’estinspirépourbaptisersonimmeubledeTribeca.Legroupesortdescènesouslesapplaudissementsetlesacclamationsdefillessurexcitées.

Daytonmerejointàmatableunepetitedemi-heureplustard.Ilirradiedebonheur.Jouerenpublicle transformevraiment.Quand ilm’enlace etm’embrasse, je sensdes regards jaloux seposer surnous.

Nousneprofitonsmalheureusementpasassezlongtempsàmongoûtdecetteintimitécar,trèsvite,unhommed’unecinquantained’années,auxalluresdevieuxcowboyquienavud’autres,vientseposterprèsdenotretableavecl’envieévidented’échangeravecDayton.

–Chapeau,mongars,lance-t-ilenguised’introduction.Sacréconcert!–Merci,répondDayton,toutsourireetjamaisméprisantenverssesfans.–Non,vraiment,vousassurez,continueletype.Jem’yconnais,jefréquentepasmallesclubs.Je

suisaussidelapartie,jejouedelaguitare.

Puisletypetireunechaisevoisineets’installeànotretabledemanièredésinvolte.

– Je ne veux pas vous déranger,mais j’ai une question à vous poser, dit-il ensuite.La dernièrechansonquevousavezchantéecesoir,«BraveNewWorld»,sansindiscrétion,vouslatenezd’où?

Daytonestsurprisparlaquestion.

–C’estmoiquil’aicomposée,s’esclaffe-t-il.J’ail’impressiondel’avoirtoujoursportéeenmoi.

Levieuxmusicienprendunairintrigué.

–Ahouais?fait-il.Jevoudraispasvousparaîtregrossierouquoi,maiscettechanson,j’aiplutôtl’impressiondelaconnaîtred’ailleurs.Etpourcause,jel’aicomposéemoi-mêmeilyaplusdetrenteans…Lesparolesnesontpastoutàfaitlesmêmes,certes,maispourcequiestdelamélodie,j’enmettraismamainàcouperquec’estlamienne.

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JeregardeDaytondontlevisagesedécompose.Jenesaissic’estdecolèreoudehonte.Iln’auraitpaspiquélacompositiond’unautremusicienquandmême?LevieuxgarsremarquebienlatêtequefaitDaytonetiln’apasl’aird’êtrevenuchercherdeshistoires.

–Ah,excusez-moi,jenemesuispasprésentéavectoutça.RobPieters,dit-ilentendantlamainàDayton.

–DaytonReeves,répondDaytonenrépondantàsamaintendue.

Quand lesdeuxmainsse rencontrentpours’adonnerà lapoignéevirilede rigueur,RobPieterstend sa main gauche pour saisir le poignet droit de Dayton et le tourner un peu vers l’extérieur,dévoilantletatouagediscretmaisbienprésentàcetendroit.

Troispointsetuncercle.

–Hé!Marrant,ça!s’exclameRobPieters.Ilsembleraitqu’onaitlemêmetatouage!

Ilremontealorslamanchedesachemisepourdévoilerlemêmemotiftatouésursapeau.

Pendant quelques secondes sans fin, nous fixons tous les trois en silence les deux tatouagesidentiques.LevisagedeDaytonsedécompose.Ila l’aircomplètementbouleversé.Quelmystèresecachederrièrecetatouagedontiln’ajamaisvouluparler?

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

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Egalementdisponible:

Sexfriends

AlistairMonroeabeauêtreunjeunemultimilliardaireabsolumentcharmantetbeauàtomber,ChloéHaughtonn’envisagepasuneseuleseconded’entamerunehistoiresérieuseaveclui.Lajeunefemmeest terrorisée à l'idée d'avoir une relation de plus d'une nuit avec un homme. Et cela implique derespecterlachartequ'elles'estfixée,dontlarèglenuméro2est:Passerunenuitavecunhomme:ok;deuxnuits:alerterouge,troisnuits:danger!oulaplusimportante,lanuméro4:Nepastomberamoureuse.Saufqu’Alistairn’apasl’habitudequ'onluiimposedesrèglesetentendbienséduirelabelleChloé.

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.