" Relancer le renouvellement urbain " - Juin 2014

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P e n s e r d e s s t r a t é g i e s t e r ri t o r i a l e s D y n a m i s e r l e c o m m e r c e S o u t e n i r li n n o v a t i o n O r g a n i s e r l a c o - c o n s t r u c t i o n I n t é g r e r d e s p o l i t i q u e s u r b a i n e s e t s o c i a l e s S o u t e n i r l’ a c t i v i t é é c o n o m i q u e A m é l i o r e r l a p e r fo r m a n c e é n e r g é t i q u e Re d é ȴ n i r l e s p r i o ri t é s RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN 'HV PLVVLRQV U«DɝUP«HV HW GH QRXYHOOHV DPELWLRQV Cahier détaché n R ȏ MXLQ ȏ 1 R ZZZOHPRQLWHXUIU

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Penser des stratégies territoriales

Dynamiser le commerce

Soutenir l’innovation

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r la co-construction Intégrer des politiques urbaines et sociales

Soutenir l’activité économique

Améliorer la performance énergétique

Redé nir les priorités

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Éditorial

Après le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), voilà le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Après

une première mission bien remplie – 397 conventions signées, plus de 500 quartiers concernés, 10,5 milliards d’euros de subventions engagés entre 2004 et 2013 –, voilà une nouvelle feuille de route. Après dix années de travail inlassable et reconnu (2004-2013), s’annoncent, à partir de 2014, dix années de passionnant labeur.

Paradoxalement, la crise a aidé à rationaliser les objectifs, cibler les priorités, définir les moyens et améliorer les pro-cédures. L’argent se fait plus rare (5 milliards d’euros sont promis). Il doit être mieux employé. Pas de droit à l’erreur. Pertinence et efficacité. Quelque 200 quartiers seront retenus parmi les 1 300 considérés comme prioritaires. L’ambition est intacte, renouvelée elle aussi.

La loi de Programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 fixe clairement le cap : « Ce programme comprend les opérations d’aménagement urbain dont la création et la réhabilitation des espaces publics, la réhabi-litation, la résidentialisation, la démolition et la production de logements, la création, la réhabilitation et la démolition d'équipements publics ou collectifs, la création et la réor-ganisation d'espaces d'activité économique et commerciale ou tout autre investissement contribuant au renouvellement urbain (…). Ce programme contribue à l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments et à la transition écologique des quartiers concernés. »

L’urbain est, évidemment, au centre des préoccupations mais l’humain ne l’est pas moins avec le souci d’associer plus encore les habitants aux décisions, de garantir la mixité sociale et le développement durable, et de faire de l’emploi un territoire de conquête. Une conquête à laquelle le BTP ne manquera pas de s’associer. Car le NPNRU est également un levier économique de première valeur, permettant, en

ces temps de vaches très maigres, de soutenir l’activité d’un secteur qui souffre énormément et dont le regain symbo-lisera la sortie du tunnel dans lequel l’économie nationale chemine depuis 2008.

S’il vivifie des quartiers dont les dysfonctionnements ne sont plus supportables, s’il crée une dynamique territoriale et permet aux acteurs de la ville d’agir ensemble, s’il ouvre la voie à des modes opératoires efficaces jusqu’alors expé-rimentaux ou balbutiants, ce nouvel élan programmé sera plus communicatif que prévu. Et on s’en félicite d’avance.

Michel Dalloni,directeur des rédactions

Un nouvel élan

................................. P. 6uartiers o ulaires de la réno ation

au renou elle ent ur ain

Stratégie territoriale ............................es a lo érations rennent en ain

le destin de leurs quartiers

............................................Les quartiers populaires attendent le déclic écono ique

.....................Le renou elle ent ur ain a pris le tournant de l en ironne ent

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Christophe Czajka. athalie u urtin. Anton Keil. Michel Dalloni. Marie Douce Al ert sous la direction de Do inique rrard . ranck acle rédacteur en che technique M aquette secrétariat de rédaction

éatrice on icono raphie sous la direction de Mathilde Moreau . on onilla directeur co ercial sa elle Morille ser ices . n o er ices Holding. roupe Moniteur A au capital de euros C aris . Code A . i ge social rue d z s aris Cede .

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urbain, un des piliers de la loi de Programmation pour la ville et la cohésion urbaine adoptée le 21 février dernier, alors que François Lamy était ministre délé-gué à la Ville. Une légère évolution du vocabulaire donc mais qui sous-tend un tournant dans l’action à mener dans les quartiers les plus défavorisés.

Du PNRU au NPNRU, la nuance n’est pas immé-diatement perceptible mais elle est réelle. Au Programme national de rénovation urbaine

lancé par la loi de 2003, alors que Jean-Louis Borloo était ministre délégué à la Ville, succède aujourd’hui le Nouveau programme national de renouvellement

de la rénovation au renouvellement urbain

Politique de la ville

Adoptée le é rier dernier la loi de rogra ation pour la ille et la cohésion ur aine redessine les contours de laction de lÉtat en a eur des quartiers dé a orisés une géographie si pli ée des contrats uniques intégrant toutes les inter entions en

ati res sociale ur aine et écono ique. Con ortée dans ses issions onda entales lAnru ettra pro t une décennie de périence pour engager a ant la n de lannée un nou eau progra e de réno ation. Dune durée de ans il sera doté de illiards d’euros.

Alors inistre délégué la ille ran ois La présentait en é rier la loi de rogra ation pour la ille et la cohésion ur aine de ant l’Asse lée nationale.

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Au temps des grands chantiers devrait désormais succéder une approche plus globale, tirant parti de toutes les composantes de la ville. L’urbain évidem-ment, mais aussi le social, l’éducation, l’économie et l’emploi, ou encore la sécurité.

Depuis une trentaine d’années, les politiques se sont succédé pour panser les plaies de ce qu’on appelait encore les banlieues. Mais le lancement du PNRU, suivi de la création en 2004 de l’Agence nationale de rénovation urbaine, l’Anru, chargée de porter le projet, a été « une véritable révolution culturelle, estime Pierre Sallenave, l’actuel direc-teur général de l’institution. Nous sommes passés d’une politique qui visait à atténuer les problèmes à une méthode vraiment curative. Il s’agissait que les quartiers qui étaient en difficulté ne le fussent plus au bout de quelque temps ». L’heure était à la banalisation des zones sensibles ; il fallait en faire des quartiers « comme les autres ».

En dix ans, l’Anru a ainsi signé 397 conventions (1), qui ont impacté un peu plus de 500 quartiers en France métropolitaine et outre-mer. L’investissement total engagé pour rénover ces quartiers dépasse les 46 milliards d’euros, dont 10,5 milliards ont été financés par les subventions de l’Anru. En une décennie, quelque 145 000 logements dégradés ont été démolis et quasiment autant ont été reconstruits, puisqu’une des règles sacro-saintes de la rénovation urbaine est le « un pour un ». Dans le même temps, 318 208 autres étaient réhabilités. Dans ces grands ensembles, l’espace public a été reconfiguré et des équipements ont été installés. « La logique de départ était assez simple : il fallait intervenir vite et fort sur les quartiers, analyse Pierre Sallenave. À travers des fonds publics, nous donnions l’impulsion qui leur permettait de repartir de l’avant. La stratégie s’est sophistiquée au fil du temps et nous avons beaucoup appris, notamment en termes de méthodes, mais le bilan montre que cela a fonctionné ».

Nombreux reconnaissent aujourd’hui le succès de ces opérations et l’amélioration du cadre de vie qui en a découlé. Un sondage mené par l’institut CSA au printemps 2011 révélait que 69 % des habitants des quartiers bénéficiaires de chantiers de rénovation s’en trouvaient satisfaits (2). Néanmoins la Politique de la ville a aussi accusé des manques, qui ont été notamment épinglés par la Cour des comptes

dans un rapport de juillet 2012. « Les handicaps dont souffrent les quartiers ne sont pas atténués », constatait le document qui pointait notamment des actions insuffisamment pilotées et coordonnées, ou encore des objectifs pas assez atteints en matière de mixité sociale et fonctionnelle, dans ces quartiers depuis l’origine consacrés majoritairement à l’habitat social. Enfin, était critiquée « la très grande complexité des zonages et la multiplication des procédures mal articulées ». La Cour des comptes appelait donc à une « réforme de la géographie prioritaire » pour que les efforts puissent être concentrés « sur les zones les plus en difficulté. »

vocabulaire de la villeLes quartiers prioritaires : La géographie des quartiers en dif-ficulté était devenue d’une telle complexité que, pour remplacer notamment les Zones urbaines sensibles (ZUS) ou celles sous Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS), la loi de février 2014 crée un statut unique : le quartier prioritaire de Politique de la ville. Une liste de 1 300 sites doit être établie en juin, sur le critère du revenu de leurs habitants.

Les Contrats de ville : Toutes les dimensions sociales, urbaines, économiques, éducatives, etc. d’un projet de territoire seront réu-nies dans un document unique engageant l’État, les collectivités territoriales et les acteurs concernés. Signé pour une durée de six ans, ce contrat sera piloté à l’échelle intercommunale.

Le NPNRU : Le Nouveau programme national de renouvellement urbain prend la relève du Programme national de rénovation urbaine (PNRU), prolongé, lui, jusqu’en 2015. L’Anru disposera de 5 milliards d’euros pour mener le NPNRU, de 2014 à 2024. Sur les 1 300 quartiers prioritaires, le NPNRU en ciblera environ 200, identifiés comme étant les plus en difficulté.

Le CGET : Créé en mars 2014 et placé sous l’autorité du Premier ministre, le Commissariat général à l’égalité des territoires regroupe la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), le Secrétariat général du comité interministériel des villes (SG-CIV) et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (ACSé). Il incarne la volonté d’une Politique de la ville plus transversale.

L’Anru : La loi confirme la poursuite de l’action de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Elle avait été créée en 2004 pour mettre en œuvre le PNRU en apportant son soutien financier aux porteurs d’opérations de rénovation urbaine.

(1) Chi res arr tés au ai source Anru. (2) ondage réalisé la de ande de l’Anru en a ril aupr s de personnes de ans et plus ha itant dans les pre i res co unes signataires d’une con ention a ec l’agence.

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Politique de la ville

commerces et d’industrie, la police et l’institution judiciaire, les opérateurs de projets urbains, etc. « Une approche plus globale et plus intégrée de la Politique de la ville sera de la sorte mise en place », explique-t-on auprès du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). L’évolution des quartiers prioritaires sera aussi inscrite dans des visions territoriales plus vastes, puisque les Contrats de ville, engagés pour six ans, seront placés sous la responsabilité des intercommunalités.

Dans les objectifs fixés par le gouvernement, l’ur-bain demeure un axe majeur. À travers le NPNRU qui sera lancé avant la fin de l’année, l’Anru se trouve confortée dans ses missions fondamentales. Toutefois, l’agence sera appelée à intervenir sur les quartiers « présentant les dysfonctionnements urbains les plus importants », stipule la loi. « L’enjeu aujourd’hui est d’évaluer la situation des 1 300 sites prioritaires et de les hiérarchiser pour bien cibler les quelque 200 qui nécessiteront notre intervention », explique Franck Caro, directeur de la Stratégie et du développement des programmes à l’Anru.

Une des mesures essentielles de la loi votée en février dernier porte donc sur la simplification de cette carto-graphie difficilement compréhensible. Désormais, elle comportera l’unique catégorie des quartiers prioritaires de la Politique de la ville. Et pour les définir, un seul critère sera pris en compte : le niveau de revenu de ses habitants comparé aux niveaux local et national. Une liste de quelque 1 300 secteurs – au lieu de 2 500 aujourd’hui - doit être annoncée le 17 juin, à l'occasion des Journées d'échanges de la rénovation urbaine (JERU), annonce-t-on dans l'entourage de la nouvelle ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Najat Vallaud-Belkacem (voir son point de vue, page 32).

Dans ce même souci de clarification, la loi institue un nouveau cadre unitaire pour mettre en œuvre la Politique de la ville dans tous ces quartiers : le Contrat de ville, document qui stipulera l’ensemble des objectifs d’amélioration de la vie d’un territoire. L’ambition est de mieux coordonner les initiatives de tous les acteurs de la ville : les préfets, les élus, l’action sociale, le Pôle emploi, les Chambres de

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Lors d’un déplace ent and u re l s anc Meurthe et Moselle le a ril dernier ajat allaud elkace inistre des Droits des e es de la ille de la eunesse et des ports rappelait les a itions de la nou elle politique en a eur des quartiers prioritaires

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a acté d’ailleurs l’expertise acquise au fil du temps pour l’inviter à aller plus loin, notamment sur les projets économiques, de développement durable et même de coopération internationale. « Une autre évolution, sur laquelle la loi insiste fortement, est la participation des habitants, note Pierre Sallenave. Au cours du PNRU, nous avons beaucoup appris de la concertation, au point d’aboutir parfois à des dispositifs très élaborés. Il faut désormais aller plus loin ».

Dès son premier article, la loi de février dernier instaure le principe de « co-construction ». Un conseil citoyen sera ainsi constitué dans les 1 300 quartiers prioritaires. Il sera composé d’habitants, d’acteurs locaux et de représentants associatifs. Pour le consul-tant spécialisé dans les stratégies de développement territorial, François Ohl, voilà qui n’est pas anecdo-tique. « Il faut tenir compte de l’expertise de tous et les habitants ont celle de l’usage. Leur participation est nécessaire à l’élaboration de projets pérennes. Les quartiers vivront en effet d’autant mieux que les gens qui y vivent se les approprieront ». <>

Pour mener à bien ce nouveau programme de renouvellement urbain sur une durée de dix ans (2014-2024) minimum, l’Anru – qui, elle, conserve son intitulé d’agence pour la rénovation urbaine - disposera de 5 milliards d’euros. Le gouvernement compte sur cette mise de départ pour entraîner au total la mobilisation de 20 milliards d’euros dans les quartiers. Pour expliquer l'apparente réduction de son enveloppe par rapport au total de 12,350 mil-liards du PNRU, l’agence rappelle que les 5 milliards seront dédiés aux 200 quartiers de la liste resserrée, ainsi qu’à quelques autres opérations choisies par les préfets, au lieu des 500 du premier programme. Du côté du CGET, on note également que sur la somme totale allouée lors du premier programme, quatre milliards restent encore à utiliser d’ici au 31 décembre 2015, date jusqu’à laquelle vient d’être prolongé le PNRU. « Donc en réalité, nous avons 9 milliards devant nous pour les 10 ans à venir », y souligne-t-on.

Pour mener ces nouveaux chantiers, l’Anru mettra en œuvre le savoir-faire accumulé depuis 2004. La loi

président de l’Agence nationale pour la réno ation ur aine ancien inistre d’État sénateur du Nord.

« Aujourd’hui, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine

est à la fois confortée dans ses missions historiques et invitée à inscrire son action dans une nouvelle Politique de la ville.

L’Anru interviendra prioritairement là où nos conci-toyens en ont le plus besoin, là où les dysfonctionne-ments urbains sont les plus forts. Les enseignements du programme en cours permettent d’aller plus loin en inscrivant le renouvellement urbain dans une dynamique beaucoup plus large d’évolution de la ville à une échelle territoriale plus cohérente.

Il est essentiel en effet que l’impulsion donnée par le premier programme soit amplifiée. C’est une priorité pour les habitants qui expriment d’autres attentes et témoignent d’une aspiration très forte à être partie prenante de projets structurants pour leur environnement.Autant dire que le Nouveau programme national de renou-vellement urbain (NPNRU) s’articulera plus que jamais avec les politiques d’accompagnement social et mettra l’accent sur le potentiel d’attractivité de ces territoires, l’innovation et le développement économique, la création d’emplois étant une priorité absolue.Si le visage des quartiers populaires s’est profondément transformé ces dernières années, grâce à l’action conju-guée de l’Anru et de l’ensemble de ses partenaires, des services de l’État, des élus, des bailleurs, du monde HLM, le renouvellement urbain de la prochaine décennie devra être encore plus ambitieux en favorisant une approche durable de la ville, une ville plus juste, plus solidaire. »

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cohérence urbaine intercommunal avait été établi à l’origine et il a été fait appel à une assistance à maîtrise d’ouvrage unique. L’aménagement a donc été réalisé de façon cohérente, estime Elisabeth Gavrilovi , la directrice de projet. Finalement, il n’y a que l’architecture qui diffère, plus contemporaine d’un côté et plus classique de l’autre. »

L’expert en urbanisme, politique du logement et politiques environnementales, Jean-Pierre Troche regrette, lui, que le Programme national de rénova-tion urbaine (PNRU) « n’ait pas su prendre la mesure de ce que devait être une ville durable multipolaire. Les quartiers sensibles sont une opportunité pour fabriquer de la densité et former des pôles de déve-loppement alternatif à l’étalement urbain ». Ainsi, comme le souligne Thibaud Desbarbieux, directeur opérationnel Régions à l’Anru, « travailler au niveau de l’agglomération permet une gestion globale des chantiers d’aménagement »… et une consomma-tion raisonnée du foncier. Thierry Asselin renchérit : « travailler à cette échelle permet de mutualiser des compétences, mais aussi des moyens financiers. L’agglomération est un meilleur niveau pour organiser la solidarité territoriale. Et finalement, les opérations ont mieux fonctionné dans les collectivités qui ont déjà su élargir la focale ».

«Jusqu’ici, on a confié les clés de la rénovation urbaine aux maires. Ils s’en sont saisis et les opérations ont bien fonctionné. Mais

souvent elles se sont arrêtées aux limites commu-nales, si ce n’est à celles des quartiers », constate Thierry Asselin, directeur opérationnel Grand Ile-de-France à l’Anru (l’Agence nationale pour la rénovation urbaine). Parfois, la situation a été plus complexe encore, lorsqu’un quartier s’étendait sur plusieurs villes, comme au Chaperon Vert, entre Arcueil et Gentilly (Val-de-Marne), ou sur le quar-tier du Plateau, à cheval entre Clichy-sous-Bois et Montfermeil (Seine-Saint-Denis). La démarche pour transformer les grands ensembles en quartiers « comme les autres » peut-elle alors être optimale dès lors qu’elle n’est pas réfléchie à l’échelle du territoire ?

Dans le cas du Chaperon Vert, l’agence d’architec-ture et d’urbanisme TVK n’avait la main que sur la partie arcueillaise du projet, « mais nous nous sommes efforcés de penser des liens avec Gentilly. Il n’y avait pas une totale absence de dialogue », assure l’architecte Pierre-Alain Trévelo. À Clichy-Montfermeil, malgré une convention Anru unique passée en 2004, les opérations ont aussi été menées par deux maîtrises d’œuvre. « Mais un schéma de

Stratégie territoriale

Les agglomérations prennent en main le destin de leurs quartiersDésor ais les opérations de réno ation ur aine et plus large ent les projets de olitique de la ille seront con és au interco unalités.

uand il s’agit d’organiser une juste répartition de l’ha itat et de l’acti ité écono ique ou d’i aginer les nou eau réseau de transports l’échelle du

assin de ie appara t co e plus cohérente. Les opérations pionni res en la ati re ont d’ailleurs o tenu d’intéressants résultats. La preu e Nanc ou L on ordeau ou prochaine ent ointe itre.

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Les agglo érations prennent en ain le destin de leurs quartiers

2007, la convention passée avec l’Anru portait donc sur des sites répartis sur huit communes, explique Nelly Mongeois, la directrice de l’Habitat et de la Rénovation urbaine de la communauté urbaine. La solidarité d’agglomération s’est notamment traduite par un point d’impôts locaux supplémentaire sur les 20 communes pour financer les chantiers de rénovation ».

Surtout, alors que le projet prévoyait quelque 2 000 démolitions de logements pour en reconstruire un peu moins, 1 800, mais en favorisant des apparte-ments plus grands, le Grand Nancy a édicté une règle simple : « Un tiers des logements devait être reconstruit dans leur quartier de départ, le deu-xième tiers, dans la commune d’origine et enfin, le dernier tiers devait être relocalisé dans une des douze communes qui ne comportaient pas de Zone urbaine sensible (ZUS), détaille Nelly Mongeois. Le consensus a été total. Et si finalement, dans les

C’est sans doute parce que le législateur a tiré les leçons des actions menées avec succès dans certaines agglomérations, qu’il a décidé de déplacer le curseur de la responsabilité en matière de Politique de la ville. La loi de Programmation pour la ville et la cohésion urbaine, adoptée en février, stipule que les nouveaux Contrats de ville, qui poseront les bases de l’intervention dans les quartiers prioritaires, seront « conclus à l’échelle intercommunale ». La mesure devrait en particulier avoir des effets bénéfiques en matière de gestion de l’habitat, à l'échelle de ceux observés à Nancy ou à Lyon. Dans le cadre de leurs programmes de démolitions-reconstructions, ces villes ont pratiqué une répartition plus équilibrée du logement social sur l’ensemble de leur territoire.

En 1980, le Grand Nancy avait été une des premières intercommunalités à élaborer un programme local de l’habitat. « Il était naturel que nous soyons aussi compétents en matière de rénovation urbaine. En >>

Le projet glo al ené par le rand L on a per is une di ersi cation de l’ha itat nota ent dans le quartier de la Duch re ci en haut en et en as en . La part du loge ent social de rait passer de au ter e du projet.

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dominant, constate Olivier Brachet, vice-président de la Communauté urbaine en charge de l’Habitat et de la Politique de la ville. Grâce encore à la TVA à 5 %, nous sommes parvenus à y implanter du privé en accession ».

Une vision d’ensemble s’avère aussi utile pour coordonner des opérations complémentaires et éviter, à l’inverse, que des logements en acces-sion ne s’élèvent dans un quartier en rénova-tion urbaine, quand une Zone d’aménagement concertée (ZAC) potentiellement plus attractive sort de terre à proximité. Le principe se vérifie également avec la création d’activités puisque les intercommunalités détiennent la compétence du

Stratégie territoriale

villes dépourvues de ZUS, nous ne sommes pas parvenus aux 33 %, ce n’est pas par manque de volonté mais d’opportunités foncières. »

Par ailleurs, le relogement des habitants dans le parc locatif social a été mutualisé grâce au regroupement des bailleurs sociaux. Du côté du Grand Lyon, une dizaine de quartiers ont fait l’objet d’une convention Anru spécifique, mais là aussi un accord a été conclu à l’échelle du territoire pour que les bailleurs mettent au pot commun leur offre locative. « En diffusant ainsi les relogements à l’échelle de l’aggloméra-tion, nous avons permis une augmentation de la mixité sociale et une plus grande diversification du bâti dans des quartiers où le logement social était

La réputation de l’Anru a su passer les frontières. « Depuis cinq ou six ans, nous

sommes en effet sollicités par l’étranger pour présenter nos méthodes », constate ainsi Anne-Sophie Hainsselin, sa chargée de mission Urbanisme durable et International. Plusieurs délégations venues de Chine, d’Afrique du Sud, de Roumanie ou du Mexique ont ainsi été reçues à l’Anru et devant l’afflux des demandes, l’agence a souhaité structurer davantage ce partage d’expertise. Une convention a notamment été signée en 2011, puis renouvelée l’an dernier, avec l’Agence française de dévelop-pement (AFD). Le second organisme permet ainsi aux programmes qu’il soutient de bénéficier du savoir-faire en matière urbaine du premier. De plus, les deux agences pro-cèdent à un partage d’expériences.

De premières actions de coopération inter-nationale sont en cours. Par exemple, l’Anru accompagne une structure tunisienne baptisée l’ARRU (Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine), et travaille avec elle sur la requalification-pilote de quatre centres anciens : les médinas de Sfax, Sousse, Kairouan et Tunis. Surtout, la loi Lamy de février dernier a confirmé la capacité de l’agence à agir hors de France. Elle est désormais « habilitée à participer

à l’élaboration et à la mise en œuvre d’accords de coopéra-tion internationale et à réaliser des prestations de services rémunérées ». Enfin, l’Anru souhaite adhérer à Vivapolis (voir « Le Moniteur » n° 5749 du 31 janvier 2014), cette marque de fabrique de l’excellence française en matière de ville durable, lancée en septembre 2013.

Le projet de requali cation de la édina de Kairouan en unisie ici en ars éné cie de l’appui de l’Anru.

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développement économique. Enfin, une de leurs attributions majeures est l’organisation des trans-ports, et penser le tracé des réseaux en même temps que les objectifs de réhabilitation est un gage de désenclavement des quartiers. À Bordeaux ou Strasbourg, l’arrivée du tramway a marqué la fin de l’isolement de certaines zones sensibles. Et celui qui traversera l’agglomération guadeloupéenne de Cap Excellence, qui regroupe Pointe-à-Pitre, Baie-Mahault et Les Abymes, a été conçu dans cette même optique.

Alors qu’à terme, deux lignes circuleront sur 32 km entre ces trois villes, « la première ligne, qui entrera en service à l’horizon 2020, a été conçue avec le Syndicat mixte des transports pour desservir les zones résidentielles et en particulier tous les quartiers objets de la Politique de la ville (Anru et RHI - Résorption de l’habitat insalubre), ainsi que les équipements publics, explique Reynald Labelle, directeur général adjoint de la Communauté d’agglomération en charge du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. L’accès aux équipements structurants sur le territoire de Cap Excellence sera ainsi optimisé. »

Quant au Grand Paris, si son organisation à venir est encore bien imprécise, l’acte I de la métropole a été d’imaginer un outil du désenclavement des quartiers : le Grand Paris Express, le futur métro automatique dont la mise en service de la première ligne devrait se faire entre 2020 et 2030. Son parcours complet a été conçu pour relier les lieux margi-nalisés aux grands pôles d’emploi et de services. Mais l’implantation des gares du réseau, au cœur de quartiers prioritaires, devrait aussi accélérer leur rénovation et booster leur attractivité. À entendre Kanalpa Kancel, la directrice de l’Aménagement et de la Rénovation urbaine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’effet se fait déjà ressentir sur le site choisi des Aulnes : « Même si le marché immobilier privé reste ici encore balbutiant, il y a eu un effet d’annonce et les promoteurs ont déjà communiqué sur les commercialisations ». À Clichy-Montfermeil, Elisabeth Gavrilovi veut y croire : « Le Grand Paris Express est une opportunité pour que les quartiers ne soient pas seulement des lieux d’où on pourra sortir mais aussi des lieux de destination. » <>

président du directoire de la ociété du rand aris.

«Lorsque l’on super-pose les cartes du Grand Paris Express

et des quartiers populaires (voir pages suivantes), on constate la grande perti-nence de son tracé. Et c’est encore plus fort quand on se rend sur le terrain ! Le réseau fonctionnera en rocade sur les territoires périphériques de la capitale, où nombre de villes ont des quartiers « Politique de la ville » à requalifier. Un des objectifs est de désenclaver les territoires aujourd’hui mal desservis.La mobilité, en effet, est un facteur majeur de la cohé-sion sociale, aussi important

que l’éducation et la culture. Comment peut-on s’intégrer et s’épanouir si l’on ne peut pas bouger de son quartier ? Avec ses 205 km de lignes, le Grand Paris Express va améliorer les liaisons domicile-travail et favorisera l’accès de tous aux infrastructures importantes comme les universités, les hôpitaux, les équipements sportifs et culturels. Bien sûr, il contribuera aussi à rééquilibrer les implantations d’entreprises en améliorant l’attractivité de certains territoires, notamment à l’est de Paris.Il est encore indispensable de recoudre la ville, de la rendre plus homogène, plus intense et plus solidaire. Nous devons réussir l’optimisation entre l’arrivée du nouveau réseau et la construction de logements neufs et de statuts diversifiés, pour tirer le maximum de bénéfices de l’implantation de ces 72 gares. Je souhaite développer, avec les autres établissements publics comme l’AFTRP (l'Agence foncière et technique de la région parisienne), l’Établissement public foncier d’Ile-de-France et l’Anru, un travail en commun pour proposer aux maires et aux responsables d’agglomération des opportunités de développement qui leur permettent de mettre en œuvre leur stratégie urbaine. »

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RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

Attractivité

Résoudre la crise du logement. L’objectif de la construction des grands ensembles, il y a cinquante ans, était net. Sont alors sortis de

terre des quartiers quasi exclusivement résidentiels, dotés de-ci de-là d’équipements et de petits centres commerciaux. Mais depuis, les projets de rénovation urbaine n’ont eu de cesse que de les détourner de cette mono-vocation. En même temps qu’on a

réhabilité les logements et remanié l’espace public, on s’est efforcé d’introduire une dose de mixité fonctionnelle. Mais au terme du Programme national de rénovation urbaine (le PNRU, qui s’achèvera fin 2015), le pari du développement économique reste encore à relever.

Il n’est pas dit que les quartiers prioritaires aient tous les qualités requises pour se transformer en pôles d’activités mais Éléonore Hauptmann, responsable du Pôle appui opérationnel de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), en connaît bien les atouts. « Les grands ensembles avaient été implantés à ce qui était à l’origine la périphérie des centres, mais avec le phénomène d’expansion urbaine, ils en sont finalement assez proches et parfois bien davantage que certaines zones d’activités. Sans compter que les efforts engagés ces dernières années sur les réseaux de transports les ont rendus bien plus accessibles. »

Ainsi, le quartier de la Duchère, à Lyon, se trouve à un quart d’heure en voiture de Bellecour, une des places principales de la ville. Et à Strasbourg, quand la communauté urbaine a cherché, il y a quelques années, à créer la première pépinière d’entreprises de la ville, elle a jeté son dévolu sur le quartier de Hautepierre parce qu’il n’est

Les quartiers prioritaires attendent le déclic économiqueLa ré olution onctionnelle des grands ense les doit aussi passer par l’installation d’entreprises et de co erces. Mais si no re d’initiati es pro etteuses ont jusqu’ici été enées les in estisse ents pri és se ont encore désirer. L’État qui ettra nota ent illions d’euros sur la ta le pour acco pagner la ise en u re de projets structurants d’ici

co pte aussi sur les orces i es des quartiers. n plan de soutien l’entreprenariat local a été lancé.

mode d’emploiLes quartiers en rénovation ont des atouts. Encore faut-il les déceler et les faire fructifier. En 2013, l’Anru décidait d’aider les territoires à mieux envisager leur développement économique en publiant un guide pratique. Clair et pédagogique, illustré par de nombreux cas concrets, l’ouvrage « Consolider la dimension économique » ne délivre pas de recette unique mais rappelle en une centaine de pages l’importance de poser un diagnostic, de concevoir

des projets bien dimensionnés et correctement financés. Le guide est téléchargeable gratuitement sur le site www.anru.fr

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RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

Les quartiers prioritaires attendent le déclic écono ique

fragile, adéquation au marché… Mais certaines belles réussites nous incitent à poursuivre cette politique. »

Tout comme la Caisse des dépôts, l’Établissement public national d’aménagement et de restructu-ration des espaces commerciaux et artisanaux, l’Epareca, a injecté beaucoup de moyens dans les quartiers depuis sa création en 1998. À la demande des collectivités territoriales, l’opérateur prend en effet en charge les projets complexes de construction ou la réhabilitation de locaux commerciaux ou d’activités. « À ce jour, nous avons mené une quarantaine de projets, surtout de petites opérations d’immobilier commercial à forte valeur sociale ajoutée, explique Thierry Febvay, son directeur général. Le commerce est notamment essentiel pour répondre aux besoins des habitants et il est un argument pour attirer de nouvelles populations, comme l’offre scolaire ou la qualité des espaces publics. De plus, cette activité représente de l’emploi non délocalisable. »

L’Epareca, qui commence aussi à développer des villages d’artisans, conserve la gestion de ses opéra-tions quelques années avant de les revendre. Ainsi,

qu’à quelques stations de tramway de la gare centrale. De plus, l’agglomération alsacienne y disposait d’un terrain. C’est en effet un autre avantage des quartiers en rénovation urbaine : ils disposent souvent de foncier. « Si l’on ajoute à cela que les chantiers de cette dernière décennie ont permis de faire évoluer l’image des quartiers, les investisseurs ont désormais de bonnes raisons pour envisager de venir s’y installer. La nouvelle étape de rénovation urbaine qui commence va tirer profit des actions de la précédente », poursuit Éléonore Hauptmann.

À ce jour, pour Christian Costrejean, directeur des opérations d’investissement à la Caisse des dépôts, « si les résultats restent encore modestes, ils traduisent la difficulté à mettre en place une diversification fonctionnelle dans les quartiers où la priorité a été mise dans un premier temps sur le volet habitat. Grâce à notre expérience d’inves-tisseur immobilier, à notre accompagnement des territoires, nous apportons notre expertise pour favoriser les opérations à vocation économique. Il faut toutefois reconnaître que de telles initiatives sont complexes à mener : disponibilité foncière, recherche de co-investisseurs, équilibre financier

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RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

peut pas être une variable d’ajustement, elle doit être traitée d’entrée de jeu », approuve Thierry Febvay à l’Epareca.

Autre nécessité absolue, le gouvernement insiste sur la création d’emplois dans des quartiers où les inégalités ont encore été accrues par la crise économique. Comme la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Najat Vallaud-Belkacem l’écrivait récemment aux maires, « le taux de chômage [y] a progressé de six points entre 2008 et 2012, soit deux fois et demie plus que la moyenne nationale ». Au cours des six prochaines années, 600 millions d’euros seront donc consacrés à des investissements – ou des co-investissements – dans les quartiers prioritaires. Cette enveloppe sera financée par la Caisse des dépôts et le Programme d’investissement d’avenir (PIA). Quant à l’Anru, elle a désormais aussi capacité à soutenir directement des projets à vocation économique.

« La loi de février dernier nous autorise explicite-ment à sortir du mode d’un financement purement subventionnel, même s’il restera majoritaire,

après avoir restructuré le centre commercial situé au cœur de la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), l’établissement l’a cédé l’an dernier à l’entreprise Gift. « Nous nous sommes spécialisés dans des projets concernant des quartiers dits « popu-laires », ceux qui n’intéressent pas les autres, explique Grégory Touret, son représentant. Aujourd’hui la plupart des investisseurs ne recherchent que du « prime » (NDLR : les meilleurs actifs situés dans les meilleures localisations, en général en centre-ville) ou du « sécurisé ». Pourtant, quand on sait absorber le facteur risques, ces opérations en zones sensibles sont plutôt rentables. Maintenant qu’un organisme public comme l’Epareca a démontré que ça l’était, il devrait être moins difficile de faire intervenir le privé plus en amont des projets ».

Mieux prendre en compte l’activité dès la concep-tion des projets fait aujourd’hui partie des objectifs de la Politique de la ville. Les nouveaux Contrats de ville, institués par la loi votée en février dernier, serviront à aborder tous les sujets pour mieux les coordonner, y compris celui de l’attractivité. « La question du développement économique ne

Attractivité

Dans la foulée de la loi de 2003, « le lancement de grands chantiers dans les quartiers allait générer de l’activité dans

ces secteurs où les populations étaient en difficulté. Il aurait été alors impensable que cela ne leur profite pas aussi en termes d’emploi ». Chargée de mission Politiques sociales à l’Anru, Marie Courouble rappelle qu’un volet insertion avait donc été rendu obligatoire dès l’origine du programme de rénovation urbaine au bénéfice des habitants des Zones urbaines sensibles (ZUS) sans emploi.

Tout en étant conformes aux règles de la commande publique, les clauses d’insertion permettaient en particulier de leur réserver au minimum 5 % du nombre total d’heures travaillées dans le cadre des travaux d’investissement des projets soutenus par l’agence. Si l’initiative était, il y a 10 ans, assez expérimentale, les derniers chiffres en date révèlent que depuis le début du programme et jusqu’au 30 juin 2013, 19,3 millions d’heures d’insertion ont pu être ainsi effectuées dans 375 projets. Ce pan de la Politique de la ville a bénéficié à 50 400 personnes « dont 35 % de jeunes sans qualification et/ou sans expérience et 26 % de demandeurs d’emploi de longue durée », précise Marie Courouble. La responsable indique également que « 75 % des bénéficiaires dont la situation est connue ne sont plus en demande d’emploi 6 mois après leur premier contrat. »

La loi de Programmation pour la ville et de cohésion urbaine de février 2014 réaffirme cette obligation. Une nouvelle charte d’insertion sera rédigée pour être en cohérence avec les Contrats de ville.

n chantier d’insertion dans le quartier de la ustice Épinal Vosges en .

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RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

est désormais de consulter ce site internet dédié : www.entreprisesdesquartiers.fr

Accompagner étape par étape les porteurs de projets est d’ailleurs une des qualités du pro-gramme économique développé dans le quartier de Montreynaud, un grand ensemble construit dans les années 1970 sur une colline de Saint-Étienne. Dans ce secteur associant les dispo-sitifs de la Zone franche et du Programme de rénovation urbaine se sont créés une pépinière d’une vingtaine de bureaux, un hôtel d’entre-prises à loyer progressif ou encore un centre d’affaires installé dans un immeuble de loge-ments sociaux… Autant de structures permettant d’être soutenu lors d’une création d’entreprise. Néanmoins, à entendre le nouveau maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, « les retombées en matière d’emploi dans le quartier n’ont pas été suffisantes ». À nouveau, l’objectif prioritaire des années à venir est bien fixé : de l’activité, mais surtout du travail. <>

pour engager des co-investissements, explique Franck Caro, le directeur de la Stratégie et du Développement des programmes de l’agence. Tout reste à définir précisément mais nous pourrons procéder à des prises de participa-tion minoritaires dans des entreprises privées. Elles y gagneront, outre un apport en capital, une garantie vis-à-vis des créanciers. Et pour l’Anru, c’est une manière de pouvoir orienter le développement économique ».

Pour le consultant spécialisé dans les stratégies de développement territorial, François Ohl, il faut aussi susciter l’initiative dans les quartiers. « La formation doit être favorisée et la culture entrepreneuriale valorisée », estime-t-il. Un avis que partagent les pouvoirs publics puisqu’en décembre dernier, François Lamy, alors ministre délégué à la Ville, a lancé le « Plan entrepreneurs des quartiers » pour accompagner, conseiller et soutenir financièrement les aspirants chefs d’entreprises. Pour eux, le premier pas à faire

secrétaire d’État chargée du Co erce de l’Artisanat de la Conso ation et de l’Écono ie sociale et solidaire.

« Dans les quartiers popu-laires, le commerce et l’artisanat tiennent une

place essentielle parce qu’ils forment des lieux d’échanges, et donc de lien social. L’offre commerciale de proximité

satisfait par ailleurs les besoins d’approvisionnement d’une population parfois peu mobile. Surtout, la bataille pour l’emploi doit aussi se mener dans ces quartiers. Aujourd’hui, le niveau d’emploi y est inférieur de 18 points à celui du territoire dans son ensemble et l’objectif du gouvernement est de diminuer cet écart de moitié. Or le commerce et

l’artisanat sont générateurs d’emplois, en embauches et en création d’entreprises.La nouvelle phase de la Politique de la ville mettra en œuvre de nouveaux leviers au service de cette priorité. Une enveloppe globale de 600 millions d’euros sera mobilisée, via la Caisse des dépôts et le Programme d’investissements d’avenir (PIA), pour lancer des projets aptes à soutenir le développement économique comme les pépinières d’entreprises. Les moyens de l’Epareca seront renforcés : aux 70 millions d’euros d’inves-tissement déjà engagés s’ajoutent 75 millions supplémentaires pour la période 2013-2015. Et alors qu’il nous faut faire partager la confiance que nous avons dans ces quartiers et en ouvrir la porte aux entrepreneurs privés, les nouvelles possibilités de co-investissement permettront de les faire intervenir plus en amont, et durablement, dans les nouveaux projets. Enfin, la loi Artisanat-commerce-TPE, votée récemment, bénéficiera à ces territoires grâce à ses dispositifs de simplification et de protection des commerçants de proximité. »

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n’était pas à l’époque une évidence », reconnaît Anne-Sophie Hainsselin, la chargée de mission Urbanisme durable et International à l’Anru. La question n’était pas tellement d’actualité et se limitait souvent à des exigences sur la gestion des déchets ou la question énergétique. Néanmoins, dans les conventions passées avec les collectivités, ces préoccupations pouvaient être inscrites en annexes. Puis à partir de 2007, pour accompagner la prise de conscience générale entraînée par le Grenelle de l’Environnement, l’Anru a procédé par émulation. « Le développement durable n’est pas dans nos règles d’intervention alors, pour pousser les opérateurs sur cette voie, nous avons cherché à valoriser les bonnes pratiques en orga-nisant deux appels à projets successifs », explique Anne-Sophie Hainsselin.

« Cette initiative nous a mis le pied à l’étrier, se souvient Bruno Couturier, le directeur de projet de la Duchère à Lyon. À partir de 2011, une analyse environnementale et urbaine a été menée et nous a permis de faire le bilan de la première phase et de réorienter la deuxième. Par exemple, la trame urbaine a été revue pour que l’orientation des bâtiments soit meilleure. Nous avons donc pris un tournant environnemental en cours de route ».

Développement durable

A l’automne dernier, treize quartiers français connaissaient la consécration : ils étaient les premiers à se voir décerner le label

EcoQuartier par la ministre du Logement et de l’Éga-lité des territoires, Cécile Duflot. Or, à ce palmarès figuraient trois opérations de rénovation urbaine : la Ravine Blanche à Saint-Pierre, sur l’île de La Réunion, Wolf-Wagner à Mulhouse et la Duchère à Lyon. La liste « bis » des 32 des sites engagés de la labellisation en comptait également trois : le plateau de Haye dans l’agglomération du Grand Nancy, Croix-Rouge à Reims ainsi que le Nouveau Mons à Mons-en-Barœul. Ainsi donc les grands ensembles, pourtant nés à cette époque des Trente Glorieuses dépourvue de toute attention pour les économies d’énergie et stigmatisés ensuite pour leur urbanisme bétonné, peuvent prétendre à l’excellence en matière de développement durable. Une reconnaissance notable pour les grands chantiers engagés ces dix dernières années sous la houlette de l’Agence natio-nale pour la rénovation urbaine (Anru) et dont ce n’était pourtant pas l’objectif principal. Du moins, au départ.

Si la loi de 2003 qui inaugurait le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) men-tionnait l’enjeu du développement durable, « ça

Le renouvellement urbain a pris le tournant de l’environnementnscrire l’ur anis e des rente lorieuses dans une dé arche dura le pou ait se ler une gageure. La réha ilitation e cace de loge ents construits sans aucun souci d’écono ie d’énergie reste encore un dé rele er. Bien sou ent en re anche les opérations de réno ation ont été tr s per or antes dans l’a énage ent des espaces pu lics et le ilan est aussi honora le en ati re de gou ernance de projet Au point que trois sites ont décroché l’an dernier le la el co uartier

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25RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

rénovation. Le projet est mieux pensé par et pour ses habitants ». Un autre atout des grands ensembles est souvent leur site d’implantation. S’ils ont été construits à l’écart des cœurs de villes, certains sont juchés sur des hauteurs, dans des environnements splendides. Il en va ainsi pour le quartier de la Justice, à Épinal, qui jouit d’une vue imprenable sur les méandres de la Moselle. Encore fallait-il en tirer avantage.

« Jusqu’alors, les barres fermaient le quartier et cachaient ce panorama sur la rivière et sur la ville », raconte Pascale Deau, l’adjointe au maire d’Épinal qui suit le programme de rénovation urbaine depuis 2005. Depuis, les immeubles ont été démolis et l’aménagement conçu par l’agence d’architecture Passagers des Villes a permis de créer un parc de 4 hectares qui s’étend d’un boisement ancien, joli mais autrefois mal entretenu, jusque dans la pente pour former un belvédère. « Ainsi, ce parc des Vues a non seulement un rôle de lien social pour les habitants du quartier, mais il réussit aussi à attirer ceux du centre-ville », assure Pascale Deau.

De par leur conception d’origine, les grands ensembles en mutation étaient toutefois désavantagés sur les questions purement écologiques. Mais une fois que la définition de la performance durable a aussi pris en compte la gouvernance des projets, la qualité du cadre de vie ou la progression équilibrée des territoires, les opérations de rénovation urbaine ont pu mieux faire valoir leurs atouts. « Par nature, les ambitions de développement intégré à partir des richesses du territoire des projets soutenus par l’Anru sont assez proches de celles du développe-ment durable », analyse l’urbaniste et chercheuse Emeline Bailly, chef de projets en Recherche et Développement sur la ville durable au CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment).

De « richesses », les grands ensembles ne sont en effet pas dénués, à commencer par leur population. « La participation des habitants fait partie des piliers du développement durable, rappelle Bruno Couturier à Lyon. Et tandis que les quartiers neufs doivent partir de rien, l’humain est déjà là dans les zones en

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26 RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

en urbanisme, politique du logement et politiques environnementales, Jean-Pierre Troche. Mais il juge le bilan plus mitigé sur le bâti : « des efforts importants ont été portés sur les immeubles neufs en matière de performance énergétique mais la requalification de l’existant a été insuffisamment pensée… Alors que ce patrimoine est le plus énergivore qui soit ».

Quelques projets sont parvenus à bonifier ces appartements construits au temps de l’électricité peu chère. Ainsi, dans l’ancienne ville nouvelle de Val-de-Reuil, dans l’Eure, où 2 500 logements ont été réhabilités, du double vitrage a été posé

Un bel espace vert a aussi été créé dans le quar-tier réunionnais de la Ravine Blanche. Surgi d’une ancienne friche, il joue un rôle écologique sur ce site proche de la mer, et plus précisément d’un lagon. « Comme l’eau douce est néfaste pour les coraux, le parc a donc été conçu comme un collecteur pour pallier l’effet des pluies souvent torrentielles », explique Sylvie Delabeye chargée de mission à la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de l’île.

« Le traitement des espaces publics a beaucoup bénéficié de la rénovation urbaine », apprécie l’expert

Développement durable

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27RELANCER LE RENOUVELLEMENT URBAIN

ensembles. « Elles deviendront une vraie alternative à la démolition, sujet sur lequel le NPNRU sera plus regardant », explique Anne-Sophie Hainsselin, à l’Anru. Le précédent programme, en particulier à ses débuts, s’était traduit par nombre de « déconstruc-tions » spectaculaires. Une méthode censée marquer les esprits mais que beaucoup ont jugé discutable. « Ce fut, certes, un peu caricatural mais cela avait permis de lever un tabou, assure Jean-Pierre Troche. La démolition se justifie pleinement quand elle sous-tend un projet porteur d’espoir pour le quartier ».

Dans le même temps, le préjugé de la mutation impossible de l’architecture des Trente Glorieuses a, lui aussi, été battu en brèche. Des opérations comme la rénovation par les architectes Anne Lacaton, Jean-Philippe Vassal et Frédéric Druot de la tour Bois-le-Prêtre, à Paris, récompensée par l’Équerre d’Argent 2011, ont ainsi démontré que l’existant pouvait parfaitement être réformé. La nouvelle philosophie de la rénovation des quartiers prioritaires pourrait donc bien être : ni dogme, ni interdit. <>

et, quand c’était possible, de l’isolation thermique par l’extérieur installée, tandis que l’eau sanitaire est désormais chauffée par panneaux solaires. « L’engagement de diviser par deux les charges de chauffage a été tenu », assure Fabrice Barbe, responsable du Projet de rénovation urbaine à la Ville. Et si dans le quartier d’Orléans-la-Source, le programme a permis jusqu’à la création de cinq mai-sons passives réalisées par l’agence GA Architecture, l’effort a aussi porté sur l’existant. Selon l’adjoint au maire et député du Loiret, Olivier Carré, l’étiquette énergie des bâtiments datant des années 1970 est « passée de la catégorie F à la catégorie C ».

Cette question est donc dans la ligne de mire du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) puisque la loi de février dernier, qui marque son lancement, affirme nettement qu’il « contribue à l’amélioration de la performance éner-gétique des bâtiments et à la transition écologique des quartiers concernés ». Cette volonté devrait se traduire notamment par des réhabilitations plus poussées, plus lourdes du patrimoine des grands

Le Programme d’investissement d’avenir (PIA), plus connu lors de son lancement en 2009

sous le nom de « Grand emprunt Juppé-Rocard », avait ciblé dès l’origine, entre autres, la transition énergétique et écologique comme un vecteur d’une croissance plus durable. Ce dispositif s’appuie sur divers opérateurs, comme l’Agence nationale à l’amélioration de l’Habitat (Anah) ou l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), et des programmes portant par exemple sur la rénovation thermique de l’habitat. L’Anru, qui est également acteur de cette politique, menait notamment jusqu’alors un programme pour finan-cer la construction ou la rénovation des internats d’excellence, établissements scolaires accueillant des élèves issus des milieux défavorisés. Désormais, l’agence est aussi chargée de soutenir la qualité environnementale dans le renouvellement urbain. Dans le cadre du programme « Ville et territoires durables », elle dispose d’une enveloppe de 85 millions d’euros pour subventionner une quinzaine de projets. Ils pourront porter sur des techniques de réhabilitation plus performantes des bâtiments et sur le développement des procédés innovants, par exemple en matière de désamiantage.

Seront également ciblés des projets traitant de l’eau, de la chaleur ou de la qualité de l’air à l’échelle non plus d’un immeuble mais d’un quartier. L’Anru pourra en outre co-investir dans des opérations de diversification fonctionnelle des quartiers prioritaires et disposera pour cela de 250 millions d’euros.

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Points de vue

Une feuille de route

En février dernier, le vote de la loi de Programmation pour la ville et la cohésion urbaine a marqué la refonte de la politique des quartiers, la première

d’importance depuis dix ans. La feuille de route de l’inter-vention de l’État dans ces lieux parmi les plus défavorisés de son territoire a donc été fixée pour une nouvelle décennie. Autant d’objectifs et de moyens associés que Najat Vallaud-Belkacem, en charge du portefeuille des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports depuis le remaniement ministériel du mois d’avril, fait aujourd’hui siens. Elle en rappelle ici la raison d’être et l’essence, cette volonté de doter, égalitairement, les quartiers d’équipements et de logements, d’espaces publics et de commerces, de transports et d’activités économiques, de bien-être et de sécurité. Bref de tout ce qui constitue ou doit constituer la ville.

Avec la création des quartiers prioritaires, la signature à venir des Contrats de ville et le lancement d’un Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) qui sera porté par l’Anru (Agence nationale pour la réno-vation urbaine), il s’agit donc de tirer parti des leçons de dix années de chantiers, mais aussi d’en corriger les manques. Ceux-ci avaient été inventoriés par divers tra-vaux d’évaluation mais aussi par les acteurs du terrain. Ces derniers avaient été interrogés lors d’une vaste consulta-tion nationale lancée entre octobre 2012 et janvier 2013, préalablement à la rédaction de la nouvelle loi.

Le temps de sa mise œuvre va venir, une fois notam-ment, qu’aura été dressée la liste des quartiers présentant aujourd’hui les dysfonctionnements les plus patents et donc demain les plus prioritaires. Mais dès à présent, un urbaniste, Yves Lion, le maire de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet, et un chef d’entreprise, Ohran Kilic, profitent de la tribune qui leur est offerte et racontent les projets dans lesquels ils se sont jusqu’alors lancés au profit de ces quartiers, et les obstacles qu’ils ont pu rencontrer. Ils disent aussi, désormais, leurs attentes.

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«Quand la société Kilic Bâtiment s’est installée à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 1998, nous avons dû travailler dans des bâtiments modulaires provi-soires pendant deux ans. Depuis sa création en 1991,

l’entreprise était installée à Chelles mais nous avions besoin de locaux plus grands. Nous avons donc acheté un terrain à Clichy, pour y construire nos futurs bureaux, mais aucune banque n’acceptait de financer un tel projet dans ce type de quartier, en dépit de sa classification en Zone franche urbaine. Le prêt a finalement été accordé sous garanties personnelles. Sans doute étions-nous un peu fous de vouloir entreprendre là un investissement aussi important mais nous souhaitions contribuer à valoriser l’image de la Zone franche et soutenir des jeunes entrepreneurs issus de ce quartier en les accueillant dans un immeuble de qualité. Aujourd’hui, outre le groupe Kilic, ce bâtiment de 2 000 m² héberge plusieurs entreprises locales et, depuis février 2014, la première antenne du Pôle emploi de la ville. Mission accomplie !À la suite des malheureux événements survenus à Clichy en 2005, l’État a montré une volonté forte de dynamiser le quartier. Ainsi, la Caisse des dépôts nous a sollicités pour la réalisation d’un second immeuble de bureaux et de locaux

d’activités. Les banquiers se sont montrés bien plus coopératifs pour financer un projet soutenu par la Caisse des dépôts et l’Anru, et le bâtiment a été conçu, réalisé et livré en 18 mois ! Il propose 2 500 m² de surface pour des PME et TPE. C’est un maximum pour qu’un projet soit viable dans ces quartiers. Les entrepreneurs ont en effet besoin de petites surfaces, mais aussi, parce qu’ils sont souvent fragiles, d’un accompagnement humain et d’une écoute attentive.Après cette expérience réussie, nous avons mené deux autres projets avec la Caisse des dépôts, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) et à Argenteuil (Val-d’Oise). Mais à Chanteloup, la volonté politique s’est montrée très forte et l’étude de marché fournie par les autorités locales était un peu trop optimiste. Nous n’avons jamais réussi à remplir les 4 000 m² de l’immeuble et aujourd’hui encore, cette opération est pour nous financiè-rement catastrophique. Nous, investisseurs privés, ne pouvons pas jouer les démineurs dans les quartiers les plus stigmatisés, pour ensuite nous retrouver seuls face aux problèmes. La solu-tion du co-investissement (public et privé) qui serait désormais possible, pourrait être une bonne garantie. Mais il faudra avant tout répondre aux besoins du marché immobilier dans ces quartiers et veiller à lancer des projets viables. »

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président du Groupe Kilic entreprise générale de âti ent.

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Points de vue

«La mise en place d’une nouvelle génération d’opéra-tions de renouvellement urbain figure au cœur des engagements du président de la République, pour réinstaurer la justice dans les quartiers populaires

et transformer le cadre de vie de leurs habitants.Le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) est inscrit dans la loi de Programmation pour la ville du 21 février dernier, avec un niveau de concours de l’Anru fixé à 5 milliards qui permettra de lever près de 20 milliards d’euros d’investissements sur les dix ans qui viennent.Pour engager une vraie transformation urbaine, le nou-veau programme sera concentré sur les 200 quartiers « cœur de cible ». Nous ferons en sorte que ces territoires d’exception, où se concentrent les dysfonctionnements urbains les plus importants, deviennent demain des ter-ritoires exceptionnels.Pour améliorer durablement le cadre de vie des habitants, il faudra mieux encore concevoir les projets avec eux et mettre en synergie les politiques d’éducation, d’emploi et de cohésion sociale pour favoriser l’attractivité et le développement économique de ces quartiers.Grâce au Contrat de ville de nouvelle génération, il sera désormais possible de définir un projet de territoire à

l’échelle intercommunale où les engagements de tous seront contractualisés. La reconnaissance de la participation des habitants aux décisions qui les concernent, passe par la création de « conseils citoyens » dans chaque quartier prioritaire. Des « maisons du projet » seront mises en place dans toutes les opérations de renouvellement urbain pour accueillir ces « conseils citoyens » et concrétiser la co-construction des projets avec les habitants.Je souhaite que l’Anru fasse preuve d’ambition : les enjeux urbains et sociaux sont particulièrement complexes et mobi-liseront des investissements importants. Aussi les projets de requalification urbaine sont-ils une véritable opportunité de réinventer une ville plus fonctionnelle, plus mixte et équilibrée, plus respectueuse de son environnement pour le bien-être des habitants tout en y réunissant des conditions propices au dynamisme et à l’innovation.Le passage de la rénovation urbaine au renouvellement urbain est en prise avec la volonté de sortir la Politique de la ville du strict périmètre des quartiers pour tendre vers l’essentiel qui est de produire de la cohésion urbaine, d’arrimer les quartiers aux dynamiques des aggloméra-tions et de promouvoir un modèle de ville durable et solidaire. »

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«Val-de-Reuil n’avait pas réussi sa création ni son développement, mais elle a réussi sa rénovation urbaine. Cette ville nouvelle née dans les années 1970, aujourd’hui la plus jeune commune de France,

a connu une descente aux enfers avec son bâti dégradé, son centre sur dalle en piteux état et sa réputation de réprouvée. L’Anru a été notre chance. La mise de fond apportée par l’agence a permis d’impulser une véritable renaissance. Concrètement, 91 opérations ont pu être menées, 2 500 logements sur les 4 500 que compte la ville ont été réhabilités, des équipements publics neufs ont été réalisés. Nous devons aussi à l’Anru une ten-dance à l’augmentation de la population de 12 000 vers 20 000 habitants à l’avenir, et finalement une estime de soi retrouvée. Contrairement à ce qu’on a parfois pu entendre, les moyens mis en œuvre n’ont donc pas été « de l’eau sur le sable ».Mais notre position de ville qui a mené sa rénovation urbaine nous donne aussi une bonne vision des progrès qu’il reste à accomplir. Il demeure des interstices à com-bler. Tout d’abord, le périmètre de l’Anru était très défini. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec des logements qui se trouvaient juste au-delà du pointillé et n’ont pas profité du chantier. Les habitants ont donc du mal à admettre que

les immeubles d’en face aient été réhabilités et pas les leurs, alors qu’ils avaient été construits au même moment et par les mêmes architectes. Le NPNRU devra aussi veiller à intervenir sur la question des copropriétés dégradées. Là aussi, ces oubliées de la rénovation sont ici d’autant plus visibles qu’au milieu des bâtiments remis à neuf, elles ont l’allure d’épaves.La dalle de Val-de-Reuil, elle-même, est une incroyable imbrication de propriétés. Les bailleurs sociaux ont joué un rôle essentiel dans la restauration de l’espace public et l’amélioration du cadre de vie, mais là où l’ouvrage appartient à des propriétaires privés, ils n’ont pas eu les moyens de financer les travaux. Néanmoins, comme la rénovation de la dalle avait été considérée comme l’urgence absolue de la rénovation urbaine, nous sommes parvenus à la rendre plus agréable. Désormais, il nous faut envisager la rénovation des quartiers qui se sont développés alentour dans les années 1990, c’est-à-dire un véritable océan pavillonnaire. Et là où sur la dalle, pour améliorer l’environnement de 100 appartements nous avons eu à rénover les abords de quelques immeubles, il nous faudra traiter des kilomètres de voirie pour en faire de même pour 100 maisons. C’est un formidable défi à relever.»

Marc-Antoine Jamet, aire de Val-de- euil ure depuis .

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Points de vue

«Le bilan des grands ensembles et de leur rénova-tion est contrasté. À l’origine, ils représentaient un net progrès et certains architectes, comme Fernand Pouillon, ont bâti des projets essentiels. Mais en 1964,

dans l’agence où j’ai commencé à travailler, on ne parlait pas d’architecture mais de mode de production et de mètres carrés exclusivement.Aujourd’hui la situation des grands ensembles français est probablement une des plus dégradées. Souvent, les com-munes ont trop attendu des architectes et des urbanistes. Or l’organisation urbaine est indispensable mais pas plus que la vie sociale, l’action de la police ou la relation aux autres quar-tiers. Le principe des nouveaux Contrats de ville me semble donc être exactement ce qu’il faut faire : réunir tout le monde et coordonner les actions pour enfin « faire ville ».Nous constatons cette nécessité notamment dans les projets de rénovation dont nous sommes maîtres d’œuvre urbains, au Neuhof à Strasbourg et dans les quartiers sud de Grenoble dont la Villeneuve fait partie. La construction de cette dernière avait été très élaborée. Située à quelques minutes en tram du centre, son architecture est de bonne facture et ses appartements de qualité. Mais curieusement, on avait construit la rue sous les

immeubles et les équipements au rez-de-chaussée, et ainsi créé une sorte d’autarcie. Les habitants d’origine ayant laissé place à une population souvent immigrée, cette organisation ne convient plus aux usages. L’urgence d’intervenir n’a pas été comprise et nous avons dû faire face à des objectifs anta-gonistes : il faut retrouver à Grenoble une conduite de projet forte pour répondre à une structure urbaine si complexe.À Strasbourg, en revanche, nous avons profité d’une énergie exceptionnelle, y compris de la part des acteurs sociaux et de promoteurs privés. Il y a maintenant des indices de mixité très forts autour de l’accession à la propriété et de l’activité économique. On peut citer le cas de cet entrepreneur qui souhaitait installer là son activité de staffeur : comme le Neuhof est assez marqué par l’incivilité, il avait d’abord prévu de bâtir des locaux très fermés, mais finalement, il en a fait une vitrine de son entreprise, très présente sur l’espace public. Avec l’arrivée du tramway ou l’installation de la mairie de quartier au vu de tous, des signaux forts ont été envoyés et, malgré les alternances politiques, la volonté des élus a été continue. Ce quartier, qui était un endroit de désespoir, est devenu un secteur dont la qualité repose sur un certain éclectisme. Il faut y voir un des lieux d’avenir de Strasbourg. »

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architecte ur aniste.

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