UNIVERSITÉ FRANÇOIS – RABELAIS DE TOURS · l’impact de la concentration en sels aux travers...
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UNIVERSITÉ FRANÇOIS – RABELAIS DE TOURS
ÉCOLE DOCTORALE EMSTU Laboratoire Physicochimie des Matériaux et
des Électrolytes pour l'Énergie (PCM2E)
THÈSE présentée par :Yvon Rodrigue DOUGASSA
soutenue le : 18 Décembre 2014
pour obtenir le grade de : Docteur de l’université François – Rabelais de Tours Discipline/ Spécialité : Chimie/ Chimie-physique
Propriétés de transport et Solubilité des gaz dans les électrolytes pour les batteries
lithium-ion THÈSE dirigée par :
Professeur, Université François – Rabelais, Tours Mme ANOUTI Mérièm Co-encadrée par :
Mr JACQUEMIN Johan Senior Lecturer, Université de Belfast, Irlande
RAPPORTEURS : Mr KOKOH Boniface Professeur, Université de Poitiers Mr CHAGNES Alexandre Maître de conférences HDR, Ecole Nationale Supérieure de Chimie, Paris
JURY : Mme ANOUTI Mérièm Professeur, université François – Rabelais, Tours Mr CHAGNES Alexandre Maître de conférences HDR, Ecole Nationale Supérieure de Chimie, Paris Mr LEMORDANT Daniel Professeur Emérite, Université, Tours Mme EL OUATANI Loubna Docteur, Société SAFT, Bordeaux Mr JACQUEMIN Johan Senior Lecturer, Université de Belfast, Irlande Mr KOKOH Boniface Professeur, Université de Poitiers
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Remerciement
Cette thèse a été effectuée à l’Université François-Rabelais de
Tours, au sein du Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux et des
Electrolytes pour l’Energie. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme
que je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué directement ou
indirectement à l’aboutissement de ce travail de thèse.
Je tiens évidemment à débuter ces remerciements en témoignant
ma profonde reconnaissance envers Madame Mérièm Anouti,
professeur à l’Université François-Rabelais de Tours et Monsieur
Johan Jacquemin, Senoir Lecturer à l’Université de Belfast d’Irlande
qui non seulement ont accepté de m’accorder leur confiance en me
proposant cette thèse, mais aussi et surtout m’ont permis de l’’effectuer
dans les bonnes conditions en dirigeant avec patience et avec une
grande rigueur scientifique. Leurs connaissances pointues et leurs
expériences m’ont permis d’améliorer et d’approfondir certaines
étapes liées à la méthode scientifique et à la vie professionnelle. Leurs
méthodologies m’ont permis de valoriser ce travail. Qu’ils trouvent ici
ma sincère et profonde reconnaissance.
J’exprime ma reconnaissance à tous les membres du jury pour le
temps investi dans l’évaluation de cette étude. Je remercie ainsi :
Monsieur Boniface Kokoh, professeur de l’Université de Poitiers et
Monsieur Alexandre Chagnes, maître de conférences à l’Ecole
Nationale Supérieure de Chimie de Paris, d’avoir accepté la lourde
tâche d’être rapporteurs de ce travail.
Mes remerciements s’adressent aussi à l’ensemble du personnel
pour m’avoir accueilli dans leur laboratoire, facilité mon insertion.
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J’adresse un grand merci à tous les doctorants et post-doctorants du
laboratoire qui ont fait régner une ambiance chaleureuse et
dynamique pendant les années passées parmi eux.
Je tiens évidemment à finir ces remerciements en témoignant ma
profonde reconnaissance au Docteur Patrice Porion du Centre de
Recherche sur la Matière Divisée du CNRC de l’Université d’Orléans.
Certains résultats de ce travail n’auraient pas pu être obtenus sans sa
contribution. Je le remercie très chaleureusement pour sa disponibilité
et sa gentillesse.
Je dédie cette thèse :
À ma grande mère Marie Louise, son frère André, mon père et ma
mère :
Ma reconnaissance ne pourra jamais égaler tous les sacrifices
que vous avez faits, tout ce que vous m’avez enseigné et la grande
affection que vous m’avez portée. Veuillez trouver dans ce travail le
témoignage de ma profonde affection et mon attachement indéfectible.
A mes frères et sœurs, particulièrement Martyrs José et sa
Femme Mélanie :
Pour les sacrifices que vous avez consentis pour moi, le soutien et
les encouragements que vous m’apportez. Je vous dédie ce travail en
témoignage de mon amour et mon affection.
A ma fiancée Ndem Marie Michelle et mon fils Nolan Dougassa :
Pour les sacrifices que vous avez consentis pour moi, pour le
soutien et le bonheur que vous m’apportez.
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Résumé
Lors du fonctionnement des batteries Li-ion, la dégradation progressive de l’électrolyte engendre la génération des gaz qui sont à l’origine du phénomène des surpressions dans ces dispositifs, et a pour conséquence des problèmes de sécurité. Cette thèse aborde l’étude de la solubilité des gaz issus des réactions de dégradation des électrolytes tels que le CO2, CH4, ou encore C2H4 dans plusieurs systèmes simples (solvants purs) ou complexes (mélanges binaires, ternaires et quaternaires avec sel de lithium), en fonction de la température, de la structure des solvants et des sels, ainsi que de leurs concentrations en solution. A cet effet, nous avons mesuré préalablement les propriétés volumétriques, de transport, ainsi que les pressions de vapeur des électrolytes formulés en fonction de la composition et de la température. Les résultats ont permis de discuter les phénomènes de solvatation des ions et des solvants en solution aux travers des coefficients de diffusions (Di) et du nombre de transport des ions lithium (t+) déterminés par RMN à gradient de champs pulsés et par des mesures de la conductivité et de la viscosité des électrolytes. Les grandeurs thermodynamiques de dissolution des gaz ont ensuite été quantifiées (constante de Henry (KH), enthalpie (disH), entropiedisS) et enthalpie libre disG)) afin de comprendre les mécanismes responsables de la dissolution des gaz dans l’électrolyte. Cela a permis de remonter, ensuite, aux paramètres de Setchenov (Hi) qui décrivent le rôle de l’anion, et l’impact de la concentration en sels aux travers des effets : « Salting-in » et « Salting-out ». Enfin une étude par simulation a été réalisée pour des données de la solubilité des principaux gaz générés (CO2, CH4, C2H4 et CO) et pour les pressions de vapeur, en utilisant le logiciel COSMOthermX. Une étude comparative entre les résultats expérimentaux et obtenus in-silico, réalisée pour une large sélection d’électrolytes en fonction de la température, a permis de valider les prédictions obtenues par COSMOthermX pour les deux propriétés thermodynamiques étudiées dans certaines conditions de température et de pression. L’utilisation de l’ensemble des résultats obtenus durant cette thèse pourra contribuer à orienter le choix de l’électrolyte et sa formulation pour optimiser la sécurité des batteries Li-ion.
Mots : batteries, li-ion, solvants, électrolyte, surprissions, gaz,
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Abstract
The performance and the safety of a lithium-ion battery depend to a great extent on the
stability of the electrolyte solution, because the high voltage of the battery may cause the
decomposition of lithium salt or organic solvents, which limits then the battery lifetime.
During these degradations, several gases are, generally, generated like the CO2, CO, CH4 and
C2H4, which induce in fact several problems related to the pressure increase inside the sealed
cell. The main objective of this PhD thesis is to understand the key thermodynamic
parameters which drive the gas dissolution in classical solvents and electrolytes. For that,
several pure solvents and electrolytes have been firstly investigated to determine their
volumetric and transport properties, as well as, their vapour pressure as the function of
temperature and composition. This work was conducted to determine key parameters which
induce both battery performance and safety through an investigation of the electrolytes
structure – properties relationship. Secondly, the solubility of generated gases (CO2, CH4,
C2H4 and CO) in selected solvents and electrolytes were then determined as a function of
temperature and pressure close to atmospheric. Then, an attempt was performed to estimate
from these solubility data as a function of temperature, the Henry's law constants and
dissolution properties like the Gibbs energy, the standard enthalpy and entropy of dissolution,
as well as the mixing enthalpy of the solvent with each selected gas in its hypothetical liquid
state. The experimental gas solubility data as a function of the lithium salt structure and
composition were also used to determine Setchenov parameters and salting effects on these
solutions. Finally, the solubility of selected gases (CO2, CH4, C2H4 and CO) in several pure
solvents or formulated electrolytes (binary, ternary or quaternary systems involving a lithium
salt) and their vapour pressure as the function of temperature and composition have been then
calculated by the COSMO-RS methodology using COSMOthermX. These calculated values
were then compared with experimental data to evaluate the COSMOthermX predictive
capability for these properties. Results obtained during this work will guide the formulation of
safer electrolytes able to improve the lifetime and the safety of lithium-ion batteries.
Batteries, Li-ion, solvent, electrolyte, pressures, gas
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Introduction générale ................................................................................................ 8
Introduction Bibliographique ................................................................................. 10
Chapitre-I Contexte, problématique, lignes directrices de l’étude ...................... 10
1. Demande d’énergie, quelques chiffres ........................................................... 10
2. Nouvelles technologies pour l’énergie ........................................................... 11
3. Les clés de développement et de sécurité de la Batterie lithium-ion .............. 15
3.a) Principe de fonctionnement de la batterie lithium-ion ............................... 15
3.b) Matériaux d’électrodes positifs .................................................................. 17
3.c) Matériaux d’électrodes négatifs .................................................................. 18
3.d) L’électrolyte ............................................................................................... 21
4. Mécanisme de vieillissement de la batterie lithium-ion ................................. 23
4.a) Formation et dégradation de la SEI ............................................................ 24
4.b) Décomposition de l’électrolyte et génération des gaz ................................ 26
4.c) Influence de la composition d’électrolyte ................................................... 27
5. Du constat à la stratégie de l’étude ................................................................. 29
Partie I : Phénomènes de transport ......................................................................... 32
Chapitre-II Propriétés de transport dans les électrolytes des batteries Li-ion ..... 32
1. Introduction .................................................................................................... 32
2. Solubilité et solvatation dans les électrolytes ................................................. 33
3. Forces intermoléculaires solvant-soluté : solvatation ..................................... 35
4. Mobilité ionique, autodiffusion, rayon hydrodynamique ............................... 39
5. Formulation et propriétés physicochimique des électrolytes étudiées ........... 42
5.a) Introduction ................................................................................................. 42
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5.b) Structures et propriétés physico-chimiques des solvants utilisés ............... 42
5.c) Structures et propriétés des sels utilisés...................................................... 44
6. Mesure de la conductivité ............................................................................... 46
6.a) Effet de la température – Effet de la présence de gaz dissout .................... 46
6.b) Effet de la nature de sel et la composition sur la conductivité ................... 48
7. Mesures de la viscosité ................................................................................... 51
8.a) Méthodologie de mesure ............................................................................. 51
8.b) Masse volumique ........................................................................................ 52
8.c) Viscosité dynamique des électrolytes ......................................................... 55
8. Effet de la concentration et de la nature de sels sur la viscosité dynamique .. 59
9. Etude de la diffusion des ions par RMN à gradient de champ pulsé .............. 64
9.a) Présentation de la technique PGSE RMN .................................................. 65
9.b) Coefficients de diffusion du Lithium 7Li dans l’électrolyte ternaire .......... 68
9.c) Mesure de la relaxation par RMN du noyau 7Li des ions Li+, T1 et T2 ....... 69
10. Comparaison des coefficients de diffusion des ions de sel : LiPF6 et LiFAP 70
10.a) Etude Nombre de transport du lithium déterminé par RMN PGSE ......... 71
10.b) Rayon hydrodynamique effectif des ions ................................................. 72
10.c) Taux de dissociation de LiFAP et LiPF6 déterminé par RMN PGSE ...... 73
11. Conclusion ...................................................................................................... 75
Partie II : Etude d’équilibre des phases .................................................................. 76
Chapitre-III Solubilité des gaz et pression de vapeurs des électrolytes ............... 76
1. Introduction .................................................................................................... 76
2. Méthodes de mesure de solubilité des gaz et pression de vapeur. .................. 77
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2.a) Méthodes de la solubilité de gaz ................................................................. 77
2.b) Solubilité de gaz et Pressions de vapeur disponible dans la littérature ...... 79
2.b-1) Données des solubilités de gaz dans les systèmes étudiés .................. 79
2.b-2) Données de la littérature des pressions de vapeur des systèmes étudiés
82
3. Présentation de techniques utilisées dans cette thèse ..................................... 83
3.a) Description de la méthode chimique utilisée dans cette thèse .................... 84
3.b) Description de la technique PVT utilisé au cours de ce travail de thèse .... 86
4. Pression de vapeur des solvants purs et en mélange, avec et sans sel ............ 89
4.a) Méthodologie de mesure de pression de vapeur ......................................... 89
4.b) Pression de vapeur dans les carbonates d’alkyles-purs .............................. 89
4.c) Pression de vapeur des mélanges des solvants avec et sans sels de lithium91
4.d) Conclusion .................................................................................................. 94
5. Solubilité du CO2 dans les solvants et électrolytes des batteries lithium-ion . 95
5.a) Solubilité du CO2 dans les solvants purs .................................................... 95
5.a) Solubilités du CO2 dans les mélange solvants avec ou sans sel de lithium 97
5.b) Solubilité dans les mélanges des solvants avec et sans sel ......................... 98
5.c) Solubilité du CO2 dans les électrolytes complexes................................... 101
5.d) Effet de la concentration des sels sur la solubilité du CO2 ....................... 103
6. Solubilité du CH4 et C2H4 ............................................................................. 107
4.a) Mode opératoire de la solubilité des gaz par la méthode PVT ................. 107
4.b) Traitement des données de solubilité des gaz par la méthode PVT .......... 108
6.c) Solubilité du CH4 et C2H4 dans les solvants et électrolytes...................... 110
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6.d) Solubilité du CH4 et C2H4 dans les électrolytes des batteries lithium-ion 113
7. Propriétés thermodynamiques de dissolution de gaz .................................... 117
7.a) Grandeurs thermodynamiques de solvatation du CH4 .............................. 120
7.b) Grandeurs thermodynamiques de solvatation du C2H4 ............................ 123
8. Conclusion .................................................................................................... 126
Chapitre-IV Prédiction de la solubilité des gaz et pression de vapeur par
COSMOthermX .................................................................................................... 127
1. Introduction .................................................................................................. 127
2. Simulation des pressions de vapeur par COSMOThermX ........................... 129
2.a) Simulation des pressions de vapeur des solvants purs.............................. 129
2.b) Comparaisons des tensions de vapeur simulée avec les valeurs mesurées
131
2.b-1) Cas des solvants purs ........................................................................ 131
2.b-2) Cas des mélanges binaires ................................................................. 133
2.b-3) Effet de l’ajout de sel sur la prédiction de la pression de vapeur ...... 134
3. Prédiction de la solubilité du CO2: Comparaison avec les mesures ............. 135
4. Simulation de la solubilité du CH4 et C2H4 comparaison avec l’expérience 140
4.a) Cas des solvants purs ................................................................................ 140
4.b) Cas des mélanges binaires, effet de la nature du sel ................................. 141
5. Prédiction de la solubilité de CO par COSMOThermX ............................... 143
6. Conclusion .................................................................................................... 147
Conclusion générale ............................................................................................. 149
Annexe .................................................................................................................. 152
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Introduction générale Depuis plus de deux siècles, nos besoins en énergie sont pratiquement, voire
exclusivement, couverts par les énergies fossiles qui représentent aujourd’hui plus de 80 % de
la consommation mondiale en énergie. Sous la double pression de la demande en ressources
énergétiques des pays émergents, et de la prise de conscience du dérèglement climatique, la
maîtrise de nouvelles sources d’énergies propres, de leur conversion à leur stockage, est sans
doute l’un des plus grands défis du XXIème siècle. C’est dans ce contexte qu’ont émergé
divers systèmes de stockage électrochimique parmi lesquels, les accumulateurs lithium-ion
sont relativement matures et largement industrialisés dans divers secteurs mobiles et
stationnaires. Les batteries lithium-ion délivrent une haute densité d’énergie, permettant une
autonomie suffisante, pour une masse et un encombrement réduits, tout à fait adaptés aux
attentes d’un marché en pleine croissance. Cependant, les réactions d’insertion et de
désinsertion du lithium, à l’origine du fonctionnement de la batterie sont également
responsables de la décomposition de l’électrolyte. Cette dégradation peut entrainer une perte
de performances et une génération de gaz causant de surcroît des problèmes de sécurité. Dans
l’optique d’améliorer la durée de vie et de fiabiliser les composants des batteries lithium-ion
de nombreux travaux visent à adapter/modifier les matériaux d'électrodes, les électrolytes
pour ainsi accéder à la compréhension des mécanismes de dégradations mis en jeu. Cette
thèse s’inscrit dans ce contexte, en visant la quantification de la solubilité des gaz issus des
réactions de dégradation de l’électrolyte dans les solvants carbonates d’alkyles et dans divers
électrolytes formulés. L’objectif de cette thèse repose sur l’étude des propriétés
thermodynamiques et d’équilibre entre phases (pression de vapeur et solubilité de gaz) des
solvants et des sels fréquemment utilisés dans la formulation des électrolytes pour batteries
lithium-ion en fonction de température.
Ce manuscrit est structuré en deux parties précédées d’un chapitre introductif sur l’état
de l’art dans le domaine de la solubilité des gaz. L’intérêt de ce chapitre est de rappeler le
contexte et la problématique de la thèse. Nous y dressons un état de l’art des systèmes de
stockage d’énergie, en relevant leurs principaux avantages et leurs inconvénients connus à ce
jour. Ce chapitre reprend une description qui se veut plus détaillée de la batterie lithium-ion
(composition, fonctionnement, problèmes qui restent à résoudre..). Un accent particulier est
mis sur les mécanismes de vieillissement à l’origine de la génération des gaz dans les batteries
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lithium-ion. De ces observations, nous proposons la stratégie développée durant cette thèse
pour aborder cette problématique.
La première partie est consacrée à l’étude de propriétés de transport des électrolytes
utilisés dans les batteries lithium-ion. Elle est focalisée sur l’étude des propriétés
volumétriques, de transport (conductivités, viscosités) et dynamiques (coefficients de
diffusion, nombre de transport) des électrolytes sélectionnés en fonction de la température.
Avant de présenter les résultats expérimentaux, nous faisons un rappel succinct des
principales théories relatives aux mécanismes de solvatation, mobilités ioniques et de
transport dans les milieux électrolytiques.
Dans la deuxième partie, nous nous sommes intéressés à la pression de vapeur des
électrolytes utilisés dans les batteries lithium-ion ainsi qu’à la solubilité des gaz (CO2 CH4 et
C2H4). Cette étude met en évidence les facteurs clés qui influencent la solubilité des gaz dans
les milieux électrolytiques et leur pression de vapeur. La détermination de la solubilité des gaz
en fonction de la température a permis d’accéder aux propriétés thermodynamiques de
solvatation des gaz dans les milieux sélectionnés : enthalpie, entropie et enthalpie de Gibbs,
de solvatation. Cela a permis de comprendre la manière dont les molécules de solvants et du
soluté (sel) interagissent, selon la nature de l’anion du sel de lithium aux travers les
phénomènes de « salting in » et « salting out ». En parallèle des résultats expérimentaux, nous
avons effectué des calculs prédictifs à l’aide de COSMOThermX, de la solubilité de gaz
(CO2, CH4, C2H4 et CO) et de la pression de vapeur de quelques électrolytes et solvants
sélectionnés. Les simulations ont été ensuite comparées aux résultats expérimentaux, et cette
comparaison démontre une bonne concordance entre l’expérience et la simulation. Ce qui
ouvre la perspective d’accéder de manière purement prédictive au calcul de la solubilité des
gaz et de la pression de vapeur des solvants et électrolytes utilisés dans les batteries Li-ion.
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Introduction Bibliographique
Chapitre-I Contexte, problématique, lignes directrices de l’étude
1. Demande d’énergie, quelques chiffres
L’activité industrielle a toujours été malheureusement liée aux émissions des gaz à
effet de serre (GES) dont le principal composant est le dioxyde de carbone (CO2). De nos
jours, cette relation induit un déséquilibre global de notre écosystème. De plus, les chiffres
relatant la production mondiale d’énergie primaire et ceux retraçant les émissions mondiales
de GES tendent à démontrer que c’est bien l’activité humaine qui est à l’origine des
bouleversements climatiques observés depuis le début du XXème siècle.
Or, il est prévu que la demande mondiale d’énergie primaire devrait augmenter
d’environ un tiers d’ici à 2035. Cette augmentation de la demande concerne en particulier les
pays qui se trouvent hors de l'Organisation de Coopération et de Développement
Économiques (OCDE) [1]. La tendance semble être justifiée par le fait que la consommation
d’énergie mondiale primaire des pays hors OCDE a plus que doublé en 10 ans. En effet, la
consommation d’énergie primaire de ces pays en voie développement est passée de 3,5 Mtep
(méga tonne équivalent pétrole) en 1993 à 7,5 Mtep, en 2013 (Figure (I 1)). De surcroît, il est
reconnu que l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) restera
dominante même si, proportionnellement, une baisse de leurs consommations, de 81 % en
2009 à 75 % en 2035 est attendue. Cette baisse est intimement liée non seulement à la hausse
des prix, mais aussi à la diversification des sources d'énergie, avec notamment l’émergence de
nouvelles énergies propres [2].
De surcroît, en l’absence d’action politique majeure, l’Agence Internationale de
l’Energie (AIE) prédit une hausse de 20 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'ici à
2035 [1]. Dans ce contexte, la commission européenne a présenté, dans le cadre du Paquet
Energie-Climat, une procédure visant, entre autres, à réduire de 20% les émissions de GES
d’ici à 2020. Au niveau national, la France a pour objectif de diviser par quatre ses émissions
de GES pour l’horizon 2050. Pour ce faire, des travaux de recherche et les premières solutions
sont mises en œuvre pour réduire ces émissions tant au niveau industriel, qu’aux niveaux de
l'habitat et du transport. Le développement de nouvelles technologies pour la production, le
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stockage et la distribution de l’énergie plus respectueuse de l’environnement s’inscrit donc
dans ce contexte.
Figure (I 1) :Variations de la consommation de l’énergie mondiale primaire en milliards de tonne équivalent pétrole (gauche) et de l’inflation des prix des énergies fossiles(droite) sur la période 1993 - 2013 [3].
2. Nouvelles technologies pour l’énergie
Les technologies de types éolienne et solaire (photovoltaïque) sont les plus
prometteuses et les plus avancées, en raison, notamment de la disponibilité des sources
primaires génératrices d’énergies. Cependant, à la vue de la discontinuité dans le temps de la
source primaire, la production d’énergies issues de ces technologies se caractérise par son
intermittence. L’intermittence va, par essence, à l’encontre d’une production continue et reste
donc inadaptée au profil de la demande et de la consommation actuelle. L’essor des énergies
renouvelables intermittentes a fait apparaître de nouveaux défis pour le secteur électrique,
reliés au stockage et à la redistribution de ces énergies propres.
Le stockage de l’énergie électrique est un vieux sujet, c’est en 1800 que le physicien
Italien Alessandro Volta élabore le premier système de stockage de l’énergie électrique sous
la forme d’une pile électrochimique (dispositif non rechargeable ou système primaire). C’est
en 1860 que le chimiste Français Gaston Planté a inventé le premier système de stockage
électrochimique réversible (dispositif rechargeable ou système secondaire). Malheureusement,
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encore de nos jours, les techniques de stockages disponibles ne répondent pas pleinement au
concept de développement durable défini par les Nations-Unions en 1987. Cela étant lié à
leurs coûts, leurs rendements, leurs durées de vie, et aux problèmes de sécurité qui subsistent
au sein de ces techniques. Le développement des technologies de stockage a pour but, dans un
premier temps, de diminuer la production de CO2 des centrales thermiques et, dans un
deuxième temps, de limiter les importations d’électricité ainsi que la consommation des
ressources fossiles.
En fonction de l’application stationnaire ou mobile visée, les caractéristiques
énergétiques ou de puissances du système de stockage sont plus ou moins contraignantes.
Idéalement, le dispositif de stockage doit pouvoir à la fois emmagasiner l’énergie électrique
rapidement et la restituer suivant les besoins, mais aussi posséder à la fois une densité
d’énergie et de puissance élevées. Les systèmes classiques capables de stocker l’énergie
récupérée sous forme chimique, pour ensuite la libérer sous forme électrique, sont rappelés ci-
dessous :
Les supercondensateurs : ces dispositifs permettent de stocker l’énergie avec une
faible densité d’énergie (entre 1 et 10 Wh.kg-1) mais de fortes densités de puissance (de
l’ordre de 1000-5000 W.kg-1) avec des rendements supérieurs à 90% et des tensions de
fonctionnement ne dépassant généralement pas 3 V [4-7]. Leurs fortes puissances (>10000
W) peuvent être utiles, pour récupérer, par exemple, l’énergie produite par des grues
portuaires motorisées lors de la descente et la restituer en phase de levage. Les super
condensateurs sont utilisés dans de nombreuses applications pour les besoins dans le domaine
du transport terrestre (véhicule électrique/ hydride, tramway), et aérien (lors de l’ouverture des
portes de l’Airbus A380) ainsi que pour le contrôle de l’orientation des pales d’éolienne [8, 9].
Les batteries au plomb : les batteries plomb-acide sont connues et utilisées depuis
plus d’un siècle. Leurs coûts, leurs fabrications, leurs fiabilités et les filières de recyclage sont
maintenant maitrisés [10, 11]. Elles permettent une charge rapide avec une bonne cyclabilité,
une puissance massique élevée (200 W.kg-1) et un faible coût, ce qui en fait un élément
indispensable pour le stockage d’électricité. Cependant, les batteries plomb-acide ont une
faible densité d’énergie (50 Wh.kg-1) et supportent mal des régimes de décharges élevés. Ces
batteries sont utilisées pour le démarrage et l’éclairage des véhicules, dans les chariots
élévateurs, les sous-marins…
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Les batteries Nickel-cadmium (Ni-Cd) : malgré des performances moyennes (faible
densité d’énergie 30 Wh.kg-1), des pertes de performances et des décharges incomplètes au
cours du temps (effet mémoire), cette technologie est très fiable (grande durée de vie et une
large plage d’utilisation en température). Néanmoins, son coût élevé ainsi que la toxicité du
cadmium (dangereux pour l’environnement) limitent sa diffusion massive [12, 13].
Les batteries Ni-MH : Les accumulateurs nickel-hydrure métalliques sont utilisés sur
les premiers véhicules électriques/hydrides commercialisés [14, 15]. En effet, leur densité
d’énergie est relativement importante (≈ 80 Wh.kg-1), soit environ 30% de plus que les
dispositifs Ni-Cd, et sont moins sensibles à l’effet mémoire et moins toxiques que les batteries
Ni-Cd. Cependant, leur prix moyen reste élevé et leurs performances aux basses températures
sont limitées avec un taux d’auto décharge élevé (30% par mois) [16].
Les batteries au Lithium : Cette technologie est venue suppléer les deux
précédemment exposées pour pallier les limitations observées. Les batteries au lithium sont
très nombreuses et différentes selon l’application visée. Les densités d’énergies sont beaucoup
plus importantes que pour toutes les autres technologies (entre 160 à 250 Wh.kg-1) [17, 18]
avec des tensions nominales d’environ 3,7 V et des gammes de températures de
fonctionnement étendues (-20 à 65 °C). Cependant, elles sont également beaucoup plus
coûteuses. Malgré cela, les batteries au lithium sont aujourd’hui présentes dans tous les
secteurs d’activités, pour des applications de stockage électrochimique comme l’électronique
grand public, l’automobile, l’aérospatial… Elles sont également utilisées en complément de
systèmes de production et de conversion de l’énergie pour des applications stationnaires et
non stationnaires (énergie solaire et éolienne).
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Figure (I 2) : Comparaison des performances des différents types d’accumulateurs en termes de densité puissance (W kg-1) et de densité d’énergie massique (Wh.kg-1) [19].
La Figure (I 2) qui représente un panel de système de stockage de l’énergie électrique
sur un diagramme de Ragone, montre que les batteries lithium ont les plus grandes densités
d’énergie massique (quantité d’énergie stockée par unité de masse). En d’autres termes, elles
permettent une meilleure autonomie, et restent parmi les plus performantes dans des
applications visant les véhicules électriques hybrides (HEV) ou tout électrique (EV). De plus,
elles délivrent une bonne densité de puissance par rapport aux autres technologies hormis les
super condensateurs qui possèdent les meilleures densités de puissance (énergie électrique
fournie par unité de temps). La compétition internationale est très vive et la demande
s’intensifie, notamment dans les secteurs de l’automobile, l’aéronautique, l’aérospatial et les
transports ferroviaires toujours dans le but de trouver une alternative crédible au
remplacement des énergies fossiles. Dans cette optique, la technologie lithium-ion est l’une
des plus compétitives et semble être actuellement la plus prometteuse pour le domaine des
véhicules électriques, tant pour ces bonnes conditions de sécurité, de confort d’utilisation, que
d’autonomie pour des coûts relativement « acceptables ».
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3. Les clés de développement et de sécurité de la Batterie lithium-ion
Une batterie au lithium est un ensemble d’accumulateurs associés en série ou en
parallèle. Un accumulateur est un système de stockage électrochimique capable de
transformer réversiblement l’énergie chimique récupérée en énergie électrique. Il est constitué
de deux électrodes, d’un isolant électrique séparant les deux électrodes appelé séparateur, de
collecteurs de courant métallique sur lesquels sont déposés les matériaux d’électrode et d’un
électrolyte solide ou liquide permettant la conduction ionique. Le principe de fonctionnement
d’un accumulateur au lithium repose sur l'exploitation du couple Li+/Li aux deux électrodes.
Aujourd’hui, on distingue deux grandes technologies de batterie basées sur le lithium
(cf. Figure (I 2)). La première est conçue avec une électrode négative à base de lithium métal
utilisant un polymère conducteur d’ions lithium comme électrolyte solide. On parle alors de
technologie lithium polymère. Cette technologie confère une légèreté à la batterie (M(lithium) =
6,94 g.mol-1 et ρ(lithium)= 0,53 g.mol-1) [20] et sa flexibilité permet d’optimiser les
performances (grande surface et faible épaisseur de l’électrolyte) mais elle est limitée par sa
température de fonctionnement (60 à 80°C). Elle est utilisée pour la traction électrique et les
alimentations de secours (Batscap (Blue solution), Hydro Quebeq, EDF…). La seconde
technologie consiste à s’affranchir des problèmes de sécurité (croissance de dendrites), en
remplaçant le lithium métal par un matériau d’insertion des ions lithium (Li+) fonctionnant à
bas potentiel. Cette technologie dite lithium-ion associe le graphite « lithié » (ou une autre
électrode négative permettant l’insertion du lithium) avec un oxyde de métal de transition
comme électrode d’insertion positive.
3.a) Principe de fonctionnement de la batterie lithium-ion
Le principe de fonctionnement d'un accumulateur lithium-ion est basé sur la
conversion d’énergie chimique en énergie électrique, dans lequel la réaction Li+ Li + e-
s’opère aux deux électrodes positive et négative, tout au long des cycles de charge ou de
décharge. Le lithium contenu dans l'électrode négative, se désinsère de la structure cristalline
du matériau, puis migre et se diffuse, sous forme ionique, dans l'électrolyte, et vient
finalement s'intercaler dans le réseau cristallin du matériau de l'électrode positive. Le transfert
d'un ion Li+ dans le circuit interne de l'accumulateur est compensé exactement par le passage
d'un électron dans le circuit électrique externe, générant ainsi un courant électrique. Lors de la
charge, le processus inverse est imposé par l'apport d'un courant extérieur, durant lequel les
ions Li+ se réinsèrent dans la structure hôte du matériau de l'électrode négative. Les
-
16
mécanismes de charge et de décharge de l’accumulateur lithium-ion sont résumés dans la
Figure (I 3). Le principe général de fonctionnement peut être expliqué sur l’exemple de
Graphite //(Li+)électrolyte // LiMO2 (Oxyde de métal de transition).
Cathode Electrolyte Anode
(LiMO2) (Graphite)
Figure (I 3) : Schéma descriptif d’un d’accumulateur lithium-ion ; mécanismes de désinsertion et d’insertion des ions lithium [21].
Les réactions d’oxydoréduction se produisant aux deux électrodes sont :
L’oxydation de l’électrode positive (Anode) :
(I 1)
La réduction de l’électrode négative (Cathode) :
(I 2)
L’équation bilan d’oxydoréduction du fonctionnement de l’accumulateur est donc:
-
17
(I 3)
3.b) Matériaux d’électrodes positives
Le sulfure de titane (TiS2) fut le premier matériau utilisé comme électrode positif pour
les batteries lithium-ion [22]. Depuis, bien d’autres oxydes de métaux de transition ont été
utilisés et il a été démontré qu’il est possible d’intercaler réversiblement le lithium sans
modifier la structure du matériau hôte [23]. Il existe trois groupes d’oxydes de métaux de
transition lithiés fréquemment utilisés qui sont subdivisés suivant leurs structures
cristallographiques : les oxydes lamellaires, les oxydes de type « spinelle » et les phospho-
olivines [24]. Les composés lamellaires sont très nombreux. La structure de ces oxydes est
caractérisée par l’alternance de couches contenant les ions lithium et les ions de métaux de
transition (Co, Ni, Mn...) dans un environnement oxygéné. Ils possèdent une bonne
conduction électronique et fonctionnent à des potentiels élevés (~4 V) compatibles avec le
domaine de stabilité d’un électrolyte liquide organique classique. Leurs performances
électrochimiques dépendent cependant de la nature du métal de transition.
Par exemple, LiCoO2 (LCO) a de bonnes performances électrochimiques (160
mAh.g1) mais est très peu stable et très couteux. Malgré cela, ce matériau reste le plus
répandu aujourd’hui dans l’industrie [25]. Néanmoins, les recherches se sont poursuivies vers
les nouvelles compositions susceptibles de remplacer le cobalt ou de réduire sa présence dans
les matériaux. Ainsi, le LiNi0,8Co0,15Al0,05O2 (NCA) présente une structure voisine à l’oxyde
de cobalt avec une bonne capacité (200 mAh.g-1). De plus, la faible présence d’aluminium
améliore la stabilité de la structure du matériau par rapport à celle du LiCoO2 [26]. En effet, le
nickel est un bon compromis en remplacement du cobalt. Il permet une meilleure stabilité
thermique tout en gardant une bonne densité d’énergie. C’est le cas, de LiNi1/3Mn1/3Co1/3O2 (NMC) qui montre de meilleures performances électrochimiques par rapport à celles du
LiCoO2 (180 mAh.g-1). De plus, il est bon marché (manganèse abondant), possède une
meilleure stabilité comparée aux autres composés lamellaires [27]. Toutefois, ses faibles
performances en cyclabilité à haute température et potentiel (4,6 V) freinent son usage dans
l’automobile [28].
Les composés spinelles, comme le LiMn2O4 (LMS) et ses dérivés (Mn substitué par
d’autres métaux de transition) sont très attractifs grâce à leur potentiel élevé (3,8 à 5 V). Le
manganèse de la structure de ces composés peut, en revanche, se dissoudre facilement (en
-
18
particulier à haute température) [29] ainsi, leurs durées de vie est généralement très moyenne.
Les spinelles à base de manganèse sont des composés très stables, avec un coût de fabrication
relativement faible. Mais leur structure spinelle ne leur confère malheureusement pas une
capacité massique importante (120 mAh.g-1). Malgré ces défauts, ce composé est aujourd’hui
utilisé dans l’industrie automobile [30].
a) Structure b) Structure c) Structure
laminaire cubique spinelle cristallographique α-LiCoO2 du LiMn2O4 du LiFePO4
Figure (I 4) : représentation de la structure cristalline des principaux matériaux utilisés pour fonctionner à la cathode des batteries lithium-ion [21].
Actuellement, les recherches s’orientent vers les composés d’électrodes positives de
type olivine LiMPO4 (M = Ni, Mn, Fe, Co…). Ils possèdent, eux aussi, un métal de transition
dans leur structure et ont une excellente stabilité structurale et chimique [24, 31].
L’inconvénient de ces composés réside dans le fait qu’ils sont des isolants électroniques et
donc la vitesse de diffusion de l’ion lithium y est limitée mais aussi dans le fait qu’ils sont
instables comme le manganèse et toxique pour l’environnement, à l’exemple du nickel. Le
seul composé de ce genre à être massivement utilisé est le phosphate de fer lithié LiFePO4
(LFP). Il possède une capacité théorique massique moindre (170 mAh.g-1) avec un potentiel
relativement faible (3,45 V) [32]. Pourtant, c’est actuellement le matériau le plus utilisé pour
les applications à forte puissance (véhicules électriques) [33, 34].
3.c) Matériaux d’électrodes négatives
Les recherches sur les matériaux d’électrodes négatives se sont développées sur deux
axes. Le premier vise à améliorer les performances des matériaux carbonés (essentiellement le
graphite) et le second consiste à chercher des alternatives au carbone graphitique. Il existe, en
effet, plusieurs types de matériaux pouvant servir d’électrode négative. De nos jours, les
-
19
alliages avec le lithium comme, par exemple (LiAl), les composés d’insertion du carbone, les
oxydes mixtes de vanadium amorphes, les oxydes mixtes à base d’étain et les oxydes mixtes à
base de titane (Li4Ti5O12) sont fréquemment utilisés comme électrode négative (anode).
Cependant, les deux matériaux les plus utilisés aujourd’hui sont le graphite (et ses dérivés) et
le titanate de lithium.
Le graphite avec sa capacité à insérer le lithium, est reconnu depuis plus de 30 ans
comme alternative au remplacement du lithium métallique. Le lithium métallique est
l’élément chimique le plus réducteur (- 3,03V vs ENH) et possède une haute densité d’énergie
(capacité théorique de 3860 mAh.g-1). Il apparait comme le matériau anodique par excellence
des générateurs électrochimiques les plus performants, mais il engendre d’énormes problèmes
de sécurité (grande réactivité, très instable au contact des matériaux réducteurs). Le graphite
présente une structure lamellaire, composée de feuillets parallèles appelés : graphènes. Les
ions lithium vont s’insérer à l’intérieur du graphite, i.e. entre les feuillets de graphènes,
distants de 0,670 µm en revanche les deux carbones situés dans un même plan sont distants de
1,42 µm. Le stade d’insertion correspond au nombre de plans de graphène séparant deux
couches d’intercalation successives [35] il existe, pour le graphite, quatre stades
d’intercalation qui sont observables en mode galvanostatique à des potentiels différents (I (85
mV), II (120 mV), III (122 mV), IV (210 mV) vs Li+/Li) [36] comme le montre la Figure (I
5).
Figure (I 5) : Les quatre stades d’insertion du graphite avec un taux de lithiation croissant [37].
-
20
Le graphite possède une grande capacité massique théorique de 372 mAh.g-1 ; celle-ci
correspond au stade optimum d’intercalation du lithium (LiC6) conformément à la réaction
d’insertion (équation (I 2 et 3) où n = 6). En effet, l’intercalation de lithium dans les plans de
graphènes conduit à des composés de formule LixC6 (équation (I 1, 2 et 3) où 0≤ x ≤ 1) selon
la valeur du stade [20]. Le graphite est léger, peu coûteux et a un potentiel moyen très faible,
proche de celui du lithium métallique. Cependant, le processus particulier d’insertion des ions
lithium au sein des feuillets est accompagné par la formation d’une couche de passivation
obtenue par réduction électrochimique irréversible des espèces électrolytiques. La
décomposition des solvants et du sel forme des composés qui précipitent à la surface du
graphite pour former un film protecteur appelé couche de passivation ou SEI (Solid
Electrolyte Interphase). Quoique nécessaire au bon fonctionnement du dispositif, la SEI est à
l’origine, en grande partie, du vieillissement non-maitrisé de l’accumulateur et peut également
être à l’origine des limitations de la vitesse d’insertion des ions lithium observés sous forts
régimes.
Le titanate de lithium, Li4Ti5O12 (LTO), est le deuxième matériau d’électrode négative
le plus utilisé. Il possède une structure spinelle, contrairement au graphite, le LTO ne
nécessite pas de couche de passivation protectrice, ce qui fait de lui un matériau très fiable
avec une grande durée de vie. Ces qualités font du titanate de lithium une alternative crédible
au graphite, en particulier pour des applications à forte puissance. Par contre, ces
performances restent moins attractives que celles du graphite (175 mAh.g-1 de capacité
massique), mais surtout son plateau de potentiel élevé (1,60 V vs Li/Li+) ne permet pas
d’obtenir une forte densité d’énergie (270 Wh.kg-1). Finalement, la synthèse de ce matériau
est difficile, ce qui engendre un coût plus important de production que celui du graphite [38].
En conclusion, ce bref aperçu des matériaux utilisés dans la technologie Li-ion, dont
un panel est présenté Figure (I 6), démontre la diversité et les limitations de chaque classe de
matériau. De plus, cette revue montre qu’aucun matériau ne possède toutes les propriétés
déterminantes (coût, sureté, capacité, durée de vie,…) et que le choix des matériaux
d’électrodes de la batterie Li-ion se base sur des compromis visant à optimiser une propriété
au détriment d’une autre.
-
21
Figure (I 6) Comparaison des différents matériaux électrodes négatives et positives des batteries lithium-ion [20].
3.d) L’électrolyte
Dans les batteries lithium-ion, l’électrolyte a pour fonction d’assurer la continuité
électrique et le transport des ions Li+. Il peut être employé sous forme de liquide, gel ou
polymère. Il est généralement composé d’un sel de lithium dissout dans un solvant polaire
non-associatif. Il doit être à la fois un bon conducteur ionique et un parfait isolant
électronique afin d’éviter le court-circuit mais aussi limiter l’autodécharge de la batterie. En
outre, il doit posséder un large domaine de stabilité thermique (-30 à 80°C) et électrochimique
(0 à 4,5 V vs Li+/Li). Enfin, il est nécessaire qu’il soit stable chimiquement, vis-à-vis des
matériaux d’électrodes utilisés dans le dispositif. En réponse au cahier des charges, la
composition de l’électrolyte est souvent optimisée. La formulation de l’électrolyte est
généralement optimisée par la préparation de mélanges (binaire, ternaire et quaternaire)
associant des solvants polaires non-associatifs capables de dissocier le sel de lithium employé
et d’ainsi optimiser la solvatation des sels en solution tout en favorisant leurs propriétés de
transport.
Actuellement, les électrolytes pour batteries lithium-ion sont formulés à partir de
carbonates d’alkyles cycliques tels que le carbonate d’éthylène (EC) et le carbonate de
propylène (PC), car ils permettent la dissociation du sel de lithium grâce à leurs grandes
permittivités relatives. Ces solvants sont associés à des co-solvants, tels que les carbonates
d’alkyles acycliques comme le carbonate de diméthyle (DMC), le carbonate de diéthyle
-
22
(DEC) et le carbonate d’éthyle méthyle (EMC), afin de réduire la viscosité de la solution. Le
carbonate de vinylene (VC) et le carbonate de fluoro éthylène (FEC), sont aussi très utilisés
en tant qu’additif pour améliorer la qualité de la SEI formée sur le graphite [39, 40].
Tableau (I 1) : Comparaison des sels potentiellement utilisés dans les batteries lithium-ion [41, 42].
Sels de lithium Avantages Inconvénients
LiPF6 Conductivité élevée, excellente
stabilité anodique, stabilité électrochimique, améliore la SEI
Très hygroscopique, instabilité thermique, pas stable avec eau
formation de HF prix élevé, Peu toxique
LiTFSI (LiN(SO2CF3)2)
Bon conducteur, très dissociant, stabilité électrochimique,
non toxique, stabilité thermique, plus stable que
LiPF6 et LiBF4
Corrode le collecteur d’aluminium, très coûteux,
conductivité moyenne
LiFAP (LiPF3(C2F5)3)
Stabilité thermique, non toxique, stabilité électrochimique, pas de
formation de HF
Très coûteux, conductivité moyenne
LiAsF6 Excellent conducteur, excellente
stabilité anodique Très toxique et dangereux
LiClO4 Bon marché, bon conducteur, excellent stabilité anodique Dangereux et très toxique
LiBF4 Bonne mobilité ionique,
moins toxique, améliore la SEI
Pas stable avec eau formation de HF
Prix élevé Faible conductivité
Les sels de lithium utilisés sont constitués d’anions monovalents afin de maintenir un
haut degré de dissociation du sel et une meilleure mobilité des ions Li+. Les anions
fréquemment utilisés sont soit organiques (TFSI-, FSI-, CF3SO3-…) soit minéraux (BF4-, ClO4-
, PF6- …). Typiquement, la teneur en sel permettant une conductivité optimale de l’électrolyte
est de l’ordre de 1 mol.L-1. Le Tableau (I 1) présente quelques avantages et inconvénients de
différents sels de lithium usuels. Nous reviendrons plus largement sur la composition et la
caractérisation des électrolytes dans le chapitre sur les propriétés de transport.
-
23
4. Mécanisme de vieillissement de la batterie lithium-ion
L’étude des mécanismes de vieillissement des accumulateurs Li-ion est en général très
complexe. Les causes de vieillissement sont multiples, et très souvent liées entre elles. Les
conséquences sur le fonctionnement de la batterie se traduisent, soit par une augmentation de
l’impédance qui est à l’origine d’une perte de puissance, soit par une perte de capacité de
stockage [43], soit les deux à la fois ; mais pas forcément de manière concomitante et
proportionnelle. En effet, l’augmentation de l’impédance de la batterie au cours du
fonctionnement se manifeste par une production de chaleur qui induit une croissance de la
température localisée [43]. Cette dernière va accélérer et amplifier les phénomènes observés
aux températures standards (40 à 60 °C). Dans ces conditions, la batterie subit alors des
réactions électrochimiques irréversibles qui conduisent à la dégradation des composants, et
par conséquent, à une perte des performances, voire la fin de la vie du dispositif
électrochimique.
Les réactions irréversibles susceptibles d’affecter et d’endommager le fonctionnement
de la batterie-et par conséquent entrainer son vieillissement-sont nombreuses et se produisent
généralement soit:
- lors de la décomposition de la SEI,
- lors des réactions entre l’électrolyte et les matières actives des électrodes,
- lors de la décomposition de l’électrolyte, etc. [44, 45].
Ces réactions sont à l’origine de la formation de nombreux gaz (CO2, CH4, C2H4, H2, etc.). La
pression induite par leur accumulation dans, et hors électrolyte, produit une surpression
dommageable pouvant provoquer des problèmes de sécurité. C’est dans ce contexte que se
positionne l’étude de la solubilité de gaz dans les électrolytes réalisée lors de cette thèse.
La présentation de tous les phénomènes de vieillissement liés à la dégradation de
l’électrolyte est quasi impossible. Nous nous sommes limités, pour cette thèse, aux réactions
de décomposition qui ont un impact sur la production de gaz. Autrement dit, celles qui
concernent la modification des propriétés de l’électrolyte, et qui sont à l’origine de la
génération des gaz occasionnant la surpression dans l’accumulateur (gonflement de la
batterie). En clair, il s’agit de présenter les réactions qui provoquent la perte de performances
et qui conduisent, parfois, à l’explosion ou à l'embrasement de la batterie, cf. Figure (I 7).
-
24
Figure (I 7) : Photos de batteries Li-ion pour dispositifs mobiles tel qu’un téléphone cellulaire ou ordinateur portable qui prennent feu (photos de gauche et centrée) ; et gonflement (photo de droite) d’une batterie Li-ion provoqué par la production de gaz issue de la dégradation de l’électrolyte.
4.a) Formation et dégradation de la SEI
La couche de passivation formée lors des premiers cycles de charge et décharge de
l’accumulateur varie en fonction de l’électrolyte. Elle est majoritairement composée de
produits issus de la réduction des alkyl-carbonates et d’autres produits engendrés lors de la
décomposition du sel de lithium, tel que LiPF6, par exemple. En effet, d’une part, les produits
de la réduction des carbonates d’alkyle à l’anode sont majoritairement des sels carbonates
d’alkyle de lithium (réaction mono-électronique), et des carbonates de lithium (réaction bi-
électronique) accompagnés de la formation des hydrocarbures, le mécanisme est représenté
par les réactions en chaine (I 4 à I 7) suivantes :
Carbonates cycliques:
(I 4)
(I 5)
Carbonates linéaires:
(I 6)
(I 7)
où "RR est un alcène dans le cas des alkyl-carbonates cycliques et RR est un alcane dans le cas
des alkyl-carbonates linéaires. D’autre part, l’hexafluorophosphate de lithium (LiPF6), le sel,
le plus utilisé de nos jours dans les batteries lithium-ion commercialisées, se décompose
-
25
aisément avec la température (T > 60 °C) en fluorure de lithium (LiF) et en pentafluorure de
phosphore (PF5) gazeux selon l’équation (I 8) suivante :
(I 8)
Par ailleurs, la réduction des molécules de solvants intercalées engendre la production
des gaz qui conduit à une exfoliation du graphite et donc à la destruction de l’électrode
négative. Dès lors, la production des gaz dans les accumulateurs Li-ion utilisant les
électrolytes à base des alkyl-carbonates et du sel hexafluorophosphate de lithium est
inévitable. Elle se produit dès la formation de la couche de passivation et se poursuit dès que
l’électrolyte est soumis à des conditions de fonctionnement abusives. La formation de gaz
provoque l’augmentation de la pression interne au sein des accumulateurs, jusqu’à l’ouverture
de la soupape de sécurité, et donc à la fin de la vie du dispositif. Le remplacement des
carbonates d’alkyle, par une autre famille de solvants susceptible de générer moins de gaz,
n’est à ce jour pas crédible industriellement [46] [39, 47].
La part minérale de la SEI formée : LiF, Li2CO3, Li2O, LiOH, LixPO4y, et la part
organique est formée : ROCO2Li et ROLi [48] se décompose à relativement faible
température (69 °C) [49]. Les réactions de décomposition des composants de la SEI sont
extrêmement exothermiques et peuvent donc atteindre des températures élevées (90 à 120 °C)
[44, 50]. Elles produisent principalement des gaz, des carbonates de lithium et des oxydes de
lithium (équation (I 9) et (I 10)).
Le carbonate d’éthylène (EC) est le solvant dont la réduction assure la majorité des
composés stables de la couche de passivation comme Li2CO3 et (CH2OCO2Li)2 selon les
équations (I 9) (I 10) [44, 51] :
(I 9)
(I 10)
Cependant, il est largement décrit dans la littérature que les composés minéraux
métastables et même stables de la SEI issus de l’EC peuvent se décomposer facilement
lorsque la température est supérieure à 60 °C. Cette décomposition suit les équations
suivantes :
-
26
(I 11)
(I 12)
Il apparaît donc clairement que la formation de la couche de passivation et son
évolution notamment à température élevée sont à l’origine de la génération de gaz et par
conséquent de la perte de performance de l’accumulateur lithium-ion.
4.b) Décomposition de l’électrolyte et génération des gaz
La décomposition de la SEI, sa tenue mécanique et/ou sa dissolution partielle
provoquent des failles technologiques dans la protection du matériau actif libérant ainsi des
espèces qui engendrent des réactions secondaires ; lesquelles rendent possible les réactions de
décomposition de l’électrolyte avec l’électrode négative (anode). Toutes ces réactions sont
exothermiques et contribuent à l’élévation de la température et de la pression interne de la
batterie, mais affectent aussi sa résistance interne [44, 52]. En effet, les solvants de
l’électrolyte vont, d’une part, réagir avec le lithium intercalé à l’électrode pour donner des
hydrocarbures inflammables (éthane, méthane, éthylène…) ainsi que des carbonates de
lithium. D’autre part, les carbonates de lithium libérés vont réagir avec le sel et les produits
issus de sa décomposition en produisant des molécules telles que ; CO2, LIF, POF3…[53]. Les
groupes de Spotnitz et Wang ont étudié les réactions susceptibles de se produire dans une
batterie Li-ion lorsque la couche de passivation a subi des dommages pour un ensemble
d’électrolytes composés de carbonate d’éthylène (EC), de carbonate de propylène (PC), de
carbonate de diméthyle (DMC) et de l’hexafluorophosphate de lithium (LiPF6) [44, 53]. Ces
réactions sont résumées ci-dessous :
(I 13)
(I 14)
(I 15)
(I 16)
(I 17)
-
27
D’autre part, les éléments commerciaux opérant avec des cathodes de type LiCoO2
(LCO) contiennent du Li2CO3 comme additif de sécurité. Cependant, en cas de surcharge le
Li2CO3 est transformé en CO2 (équations (I 16) et (I 17)). En effet, la pression interne d’un
accumulateur composé du LCO contenant une teneur de 2% de Li2CO3 et d’un mélange
ternaire d’alkyle carbonate à 1 mol. L-1 de LiPF6, passe de 0 à 6 bars en 200 heures lorsqu’il
est maintenu à une tension de 4,2 V à 60 °C. En revanche, dans les mêmes conditions, la
pression interne de cet élément n’atteint que 6 bars après 1450 heures de fonctionnement
lorsque la cathode ne contient pas de Li2CO3 [54]. Ainsi, la présence de Li2CO3 dans la
matière active de l’électrode positive LCO réduit la durée de vie de l’accumulateur exposé à
des tensions élevées (~ 4,2 V) et des températures supérieures à 60 °C.
L’impact de l’ajout de Li2CO3 dans la matière active de l’électrode positive n’est pas
négligeable. En effet, la formation de CO2 dans l’accumulateur maintenu à 60 °C et à fort
potentiel (3,3 à 5,1) V est différente lorsque la cathode est composée de Li(Ni, Co, Al)O2
(LNCAO) ou de Li(Ni, Mn, Co) (LNMC). Une différence notable de dégagement de CO2 est
donc observée in situ dans des batteries dont les électrodes positives (LNCAO) et (LNMC)
contiennent 3% de Li2CO3 avec un mélange d’électrolyte de EC:PC:DMC + 1 mol.L-1 de
LiPF6 [55]. Le groupe de Vettera a montré une forte production de CO2 dans la batterie avec
(LNCAO) à la cathode. Cette quantité de CO2 est comparable à celle générée lors de la
synthèse du propylène carbonate. Cependant, dans les mêmes conditions (surcharge et 60 °C)
l’accumulateur composé d’une cathode (LNMC) produit une quantité de CO2 très négligeable
[56].
4.c) Influence de la composition d’électrolyte
La composition de l’électrolyte utilisé influence également la formation des gaz à
l’origine de la perte de capacité et du gonflement des accumulateurs Li-ion. Wu et
collaborateurs ont clairement montré un fort taux de gonflement des accumulateurs LTO//
DMC+1 mol.L-1 LiPF6//MNC, par rapport à d’autres. En effet, ils ont trouvé un taux de
gonflement de 325%, ce qui correspond à un volume de 32,5 mL de gaz formés dans cet
accumulateur, alors qu’il est de 50% soit 5 mL de gaz lorsque l’électrolyte est un mélange
binaire à base de PC:DMC (1:1 wt%) + 1 mol.L-1 LiPF6 (Figure (I 8)) [57]. L’ajout du PC
dans le DMC réduit donc la production de gaz, et donc améliore les performances de la
batterie.
-
28
D’autre part, Blanchard et collaborateurs ont montré que des accumulateurs contenant
une forte proportion de DMC présentent une durée de vie plus courte que les autres. Pour
cela, ils ont étudié les évolutions de la pression interne de deux accumulateurs industriels MP
(Société SAFT, Bordeaux France) maintenus à une tension 4,2 V et à 60 °C, contenant une
cathode LCO et un électrolyte composé de EC:DEC:DMC (2:1:2) + 1 mol.L-1 LiPF6+2% VC
soit à base de EC:DEC (2:3) + 1 mol LiPF6+2% VC. Ces travaux montrent que la pression
interne de l’élément contenant le DMC passe de 0 à 6 bars en 1500 heures tandis qu’elle n’est
que de 3 bars après 2000 heures de fonctionnement pour l’élément ne contenant pas de DMC
[54]. Enfin, le groupe de Kumaia a montré par chromatographie en phase gazeuse que
l’espèce majoritairement formée est le CO2 [54, 58, 59] et qu’il provient de l’oxydation de
l’électrolyte avec la matière active de l’électrode positive.
Figure (I 8) : Variation du taux de gonflement dans des accumulateurs LTO/MNC avec différents électrolytes à 1mol LiPF6. Les électrolytes binaires sont (1 :1wt%) d’après (ref [57])
La Société SAFT a également démontré que le maintien d’un dispositif Li-ion sous 4
V et 60 °C durant 1 mois, génère 200 mL de gaz dont 61% de CO2 (CH4 est négligeable).
Cependant, après 8 mois, la formation de 360 mL de gaz dont 74% de CO2 (CH4 reste
toujours négligeable) a été observée. En résumé, le dégagement gazeux à l’origine de
l’augmentation de la pression interne de l’accumulateur Li-ion, peut être provoqué aussi bien
par la décomposition de couche de passivation, due à la présence d’impuretés réactives, qu’à
-
29
la réduction de l’électrolyte. Toutefois, les facteurs qui conduisent à la perte de capacité, à
l’augmentation de la pression interne des cellules et donc au vieillissement des batteries Li-
ion peuvent également dépendre des matériaux d’électrodes choisis, ainsi que de la
composition de l’électrolyte et des additifs utilisés. Tous ces facteurs « impactent » la
solvatation des gaz générés et conditionnent, par conséquent, les performances et le
vieillissement des batteries.
5. Du constat à la stratégie de l’étude
Nous avons vu dans cette introduction bibliographique que la formation des gaz est
liée à la modification non seulement des différents composants des accumulateurs Li-ion,
mais aussi à leurs évolutions au cours du cycle de vie de la batterie, et en particulier, de
l’électrolyte. Ces modifications sont dues à la dégradation de la couche de passivation au
cours du cyclage, aux réactions électrochimiques de décomposition de l’électrolyte et à
l’augmentation de l’impédance des électrodes causée par l’accumulation de dépôts minéraux
en surface, et qui sont à l’origine de réactions irréversibles. L’ensemble de ces facteurs est
responsable non seulement du vieillissement prématuré de la batterie, mais engendre aussi des
problèmes de sécurité.
Pour résoudre ces problèmes et ainsi améliorer la durée de vie et la sécurité de la
batterie, il est nécessaire :
i) de prendre en compte les phénomènes de surpression au sein de la batterie ;
ii) de pouvoir les quantifier, c’est-à-dire de comprendre les mécanismes qui les
engendrent et les amplifient ;
iii) de quantifier les processus de solvatation des gaz générés au sein de l’électrolyte.
Certes, les nombreux travaux concernant le vieillissement des accumulateurs Li-ion mettent
en évidence l’effet positif de l’optimisation de la couche de passivation. Celle-ci permet de
réduire la formation des gaz par l’ajout des additifs VC et Li2CO3, respectivement dans
l’électrolyte et à la cathode. Ces derniers conduisent à la formation d’une SEI plus compacte
et stable et empêchent la co-intercalation des solvants ainsi que l’exfoliation du graphite [56,
59]. De même, l’ajout de AlF3 dans la matière active de l’électrode LTO permet un
revêtement de surface à l’anode. En effet, il se forme une couche mince qui empêche la
décomposition de l’anode, et donc la production des gaz [60].
-
30
Toutefois, en cas de surcharge (~4 V) à des températures élevées (60 °C), ces additifs
se décomposent et génèrent des gaz. De plus, aujourd’hui, les matériaux d’électrodes positives
haute tension fonctionnent sur des potentiels largement supérieurs à 4 V (E ~ 5 V), et dans
ces conditions, l’oxydation des carbonates même limitée implique obligatoirement la
formation de gaz dès 4 V [54, 58, 61]. Cela signifie que la formation des gaz de
décomposition est aujourd’hui quasi inévitable dans les accumulateurs lithium-ion.
Cependant, on constate que très peu de travaux, disponibles dans la littérature, rapportent une
étude systématique des paramètres clés de la dissolution des gaz dans les électrolytes en
fonction de la température, pression et composition. On note même, étonnamment, que les
données de la solubilité des gaz dans les mélanges de solvants avec ou sans sel de lithium
servant de base pour les électrolytes, sont tout simplement inexistantes, ou très peu
disponibles malgré leur fort intérêt industriel. Plusieurs accidents (Tableau (I 2)) liés
directement ou indirectement à la formation des gaz dans les batteries lithium-ion attestent la
nécessité de considérer ce problème et d’étudier, de surcroit, les processus de solvatations de
ces gaz produits dans l’accumulateur avec un large panel de solvants purs et d’électrolytes
formulés en fonction de la structure et de la composition des ions et molécules en solution.
Tableau (I 2) Quelques incendies ou explosions enregistrés ces dernières années des batteries lithium-ion[44].
Date différent Accident Cause d'incendie
18-juin-11 VE bus incendie, Shanghai chine Surchauffe des batteries puis inflammation (LFP)
11-avr-11 VE bus, incendie, Hangzhou Chine Surchauffe (16 Ah) de la batterie (LFP)
03-sept-10 A Boeing B747-400F avion-cargo incendie, Dubaï Surchauffe de la batterie lithium puis explosion
26-avr-10 2700 Rappel d’ordinateur portable, Dell, Apple, Toshiba, Lenovo et Sony (2006) Surcharge, inflammation
mars-10 2 lecteurs de musique, incendie, Japon Surchauffe de la batterie lithium et inflammation
janv-10 2 VE bus, incendie, Urumqi, Chine Surchauffe des batteries puis inflammation (LFP)
juil-09 Avion-cargo, incendie, Shenzhen, Chine Combustion spontanée de la batterie Li-ion
21-juin-08 Lors d’une conférence PC portable, incendie 5 min, Japon Surchauffe de la batterie
puis inflammation
juin-08 VEH Honda incendie; Japon Surchauffe des batteries puis inflammation (LFP)
2006 Des dizaines de milliers de téléphones mobiles brûlent ou explosent Court-circuit, surchauffe,
etc.
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31
Lorsqu’on examine la quantité de gaz récupérée dans la batterie après son cycle de vie,
il apparaît cependant que cela ne correspond pas à celle calculée par la relation :
( TRVPQ uraccumulatelibrevolumeernepressiongazquantité ./.int ) [54], ce qui indique une solubilité non
négligeable des gaz dans l’électrolyte [62]. La connaissance de la solubilité des gaz dans les
solvants et électrolytes permettrait donc d’orienter la formulation d’électrolytes présentant
une plus forte solubilité en fonction de la structure des solvants et sels de lithium. L’utilisation
de ces électrolytes dans les accumulateurs Li-ion permettrait dès lors de diminuer la pression
interne, et donc d’augmenter leur durée de vie. Un bon compromis entre la pression de vapeur
des solvants et la solvatation des gaz permettrait d’optimiser la formulation d’électrolytes plus
sécuritaires et augmenter la durée de vie des batteries lithium-ion. L’effet de la température
sur les propriétés d’équilibres des phases est également un paramètre à considérer, car la
température est un facteur clé lors de la génération des gaz et des performances des dispositifs
électrochimiques aussi bien dans les phases de démarrage à froid, qu’aux températures
élevées (0 à 85 °C).
La stratégie de cette thèse consiste donc à étudier de façon systématique les propriétés
de transports et la pression de vapeur saturante des solvants et des électrolytes utilisés dans les
batteries Li-ion. A cet effet, nous avons entrepris une étude exhaustive à partir de plusieurs
formulations d’électrolytes en prenant en considération l’effet de la température, de la
composition, de la nature et de la structure des solvants et sels de lithium sélectionnés. Le but
ici, est de comprendre et de quantifier les phénomènes liés à la solvatation des ions en
solution, selon la nature/structure des anions utilisés, mais aussi de comprendre les
interactions solvant-solvant, ions-solvant, ion-ion dans des mélanges complexes. D’autre part,
une étude de la solubilité des principaux gaz générés dans les batteries Li-ion (CO2, CH4,
C2H4 et CO) a été menée dans le but de comprendre les paramètres physicochimiques qui
influent sur la solubilité de gaz en considérant, là aussi, les effets de la température et de la
formulation des électrolytes sur cette propriété. Une étude théorique nous a permis de
confronter les résultats expérimentaux à ceux générés par simulation, en utilisant le logiciel
COSMOThermX. L’objectif principal étant de contribuer à orienter le choix des solutions
techniques pour améliorer la durée de vie et la sécurité des batteries Li-ion.
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Partie I : Phénomènes de transport
Chapitre-II Propriétés de transport dans les électrolytes des batteries Li-ion
1. Introduction
Dans les systèmes de stockage de l’énergie, l’électrolyte a un rôle déterminant et
représente une des clés d’optimisation. Dans ces dispositifs, la formulation des électrolytes
doit répondre à un cahier des charges bien spécifique dont la satisfaction passe nécessairement
par la compréhension à la fois des propriétés physicochimiques de l’ensemble des éléments
qui composent l’électrolyte (solutés et solvants), mais aussi par la maîtrise des paramètres qui
influencent les propriétés de mélanges lors de la formulation. La plupart des travaux récents
dédiés aux systèmes électrochimiques, et en particulier, ceux qui sont liés au stockage de
l’énergie, soulignent le rôle non négligeable des phénomènes ayant lieu aux interfaces entre
l’électrolyte et le matériau actif (électrodes) ou encore le séparateur [63-65]. Ainsi
l’optimisation des systèmes ne se réduit plus à l’amélioration des composants des électrodes.
Il est fondamental de considérer l’électrolyte dans une démarche d’optimisation en particulier
celle liée à la sécurité.
Dans le cas des accumulateurs lithium-ion, l’étude des propriétés de transports
(conductivité, fluidité, diffusion, transport des ions, …) des électrolytes, en particulier celles
relatives au transport des ions lithium est primordiale, car elle permet d’orienter ensuite la
formulation des électrolytes pour cibler des applications spécifiques : en puissance, à haute
température, ou à forte densité d’énergie. En outre, lors de la dégradation progressive des
électrolytes au cours du cyclage, il y a saturation des électrolytes par les gaz de décomposition
(CO2, CO, CH4, C2H4…), la compréhension des interactions ions-solvants-gaz, aide à cerner
les paramètres qui influencent le fonctionnement des batteries Li-ion et permet d’améliorer la
sécurité, et la longévité des systèmes. C’est pour toutes ces raisons que nous avons jugé
important de rappeler dans ce chapitre les notions liées aux propriétés de transport des
électrolytes, spécifiquement ceux à base de solvants organiques et de sels de lithium. Le but
ici n’est pas de décrire de façon exhaustive les propriétés de transports des électrolytes étudiés
durant cette thèse, mais de fournir des éléments de compréhension du comportement des
électrolytes lors de la dissolution de gaz.
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33
Cette partie est par conséquent focalisée sur l’étude de la densité, la viscosité, la
conductivité, et les coefficients de diffusion des électrolytes sélectionnés en fonction de la
température à pression atmosphérique. En effet, après avoir rappelé les mécanismes de
solubilité et de solvatation dans ces milieux, nous avons décrit de manière très succincte
l’approche théorique des phénomènes de transports basée sur les forces intermoléculaires
solvants/solutés dans les milieux électrolytiques, puis nous avons vérifié leur applicabilité sur
les électrolytes étudiés. Nous présenterons ensuite nos travaux sur les propriétés de transports
tels que la conductivité, la viscosité et la RMN à gradient de champ pulsé.
2. Solubilité et solvatation dans les électrolytes
Un électrolyte est une solution conductrice d’ions, constituée d’un mélange homogène à
l’échelle moléculaire d’au moins deux composés ; l’un plus abondant, le solvant, joue le rôle
de phase dispersante et le ou les autres nommé (s) soluté (s) sont dispersés dans le premier. La
notion de solubilité dans un électrolyte est associée au phénomène purement physique de la
dissolution. Elle nécessite la formation de liaisons physiques entre les molécules du solvant et
les espèces moléculaires ou ioniques du soluté. Ces liaisons sont assurées par les forces
d’interactions intermoléculaires, c’est-à-dire des interactions énergétiques solvant-solvant,
soluté-soluté et solvant-soluté. Au cours de la dissolution, les interactions solvant-solvant et
soluté-soluté sont rompues, les unes pour libérer les particules du soluté, les autres pour leur
faire de la place. En outre, le phénomène de solubilité dépend de plusieurs facteurs qui
rendent leurs prévisions difficiles. Toutefois, on peut distinguer trois paramètres majeurs,
intimement liés aux mécanismes de solubilité :
La température (T) : elle contrôle l’équilibre thermodynamique entre le soluté dissous et
le soluté en excès. Ainsi, lorsque le phénomène de solubilité est endothermique, une
croissance de la température sera favorable à la dissolution. Dans le cas contraire, la
solubilité va diminuer avec une augmentation de la température.
La pression (P) car elle influence la dissolution, en particulier lorsqu’il s’agit de la
solubilité des gaz. La dépendance de la solubilité d’un gaz sur sa pression partielle est
résumée par la loi de William Henry (1775-1836) ; ce cas est traité dans le chapitre III.
La constante diélectrique () du milieu influence également la solubilité. En effet, la
cohésion d’un cristal ionique (soluté) est assurée par les forces électrostatiques qui
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34
s’exercent entre les ions de signes contraires. Ces forces sont inversement
proportionnelles à du milieu (Equation II 1):
2211
dzzF
(II 1)
Où 1z et 2z sont les charges des ions séparées à une distance d et d 04 est la
constante diélectrique du milieu.
Figure (II 1) : Représentation de la solubilité –solvatation d’un sel de lithium
Ainsi, la force de cohésion du cristal ionique sera d’autant plus faible que la constante
diélectrique du milieu est grande. Autrement dit, le soluté sera plus soluble dans un solvant à
forte constante diélectrique. Par ailleurs, lorsqu’un ion se détache du cristal, il est
immédiatement entouré par d’une couche de molécule de solvant. En effet, les molécules du
solvant se comportent comme des dipôles permanents et sont fortement attirées par les ions.
On parle alors de la solvatation ; laquelle correspond aux interactions énergétiques qui
s’exercent entre les ions du soluté et les molécules du solvant. Notons, en outre, que lors de la
solvatation, le nombre des molécules du solvant qui entourent l’ion n’est pas défini. Il dépend
de la taille et de la charge de l’ion. Les différentes couches formées par les molécules du
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solvant autour de l’ion constituent les couronnes de solvatation et la couche la plus proche est
nommée première couronne de solvatation (Figure (II 2)).
Pour une meilleure compréhension des mécanismes de solvatation et des propriétés de
transport dans les électrolytes, il nous est apparu important de rappeler de manière très
succincte les principales forces intermoléculaires présentes dans les milieux électrolytiques.
3. Forces intermoléculaires solvant-soluté : solvatation
Dans l’électrolyte, les molécules de solvant sont généralement assimilées à des
dipôles, le soluté est, soit une espèce dipolaire, soit une espèce ionique. Les interactions entre
le solvant et le soluté sont de différentes natures : électrostatiques, dipôle-dipôle, ion-ion et
dipôle-ion. [66, 67].
Les interactions entre les ions du soluté sont dues à des forces de longues portées,
elles dépendent de la viscosité dynamique du milieu et sont fortement influencées par les
mécanismes de solvatation. Pour deux ions de charge ez1 et ez2 situé à une distance
r l’énergie inter-ionique est donnée par:
rezzrU 0
221
4)(
(II 2)
Avec 1z et 2z le nombre de charge portée respectivement par l’ion 1 et 2, e, la charge
élémentaire, 0 , la permittivité du vide, ε la constante diélectrique du milieu, et r, la distance
qui sépare les ions. L’énergie inter-ionique sera donc d’autant plus faible que la distance qui
sépare les ions ou que la constante diélectrique du milieu est grande, et cela, d’autant plus que
les ions sont dissociés, celle-ci diminue lorsque le milieu devient de plus en plus dense.
(Équation (II 2)).
Les interactions ion-dipôle comme, par exemple, les interactions qui existent entre les
ions Li+ et l’éthylène carbonate (EC). Ce sont aussi des forces coulombiennes [2-5], et elles
sont plus fortes lorsqu’elles concernent les dipôles et l’ion de la première couronne de
solvatation (Figure ((=II 2)). De plus, l’énergie de solvatation est d’autant plus grande que
l’ion est de petite taille et que sa densité de charge est élevée, par exemple, dans le méthanol
les énergies de solvatation calculées par simulation par Pliegoi et al et mesurées
expérimentalement par Marcus et al et Kelly et al sont données dans le Tableau (II 1). Ces
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valeurs augmentent suivant l’ordre croissant des rayons atomique des cations et leur densité
de charge.
Tableau (II 1) : Comparaison des énergies libres de solvatation calculées et expérimentales des ions dans le méthanol
ions G°(solvatation) des ions dans le
méthanol (Kcal.mol-1)
Marcusexp Kellyexp Pliegoi cal H+ -252,7 -263,5 -253,6 Li+ -116,6 - -118,1 Na+ -89,3 -101,1 -91,9 K+ -72,3 -83,3 -74,4 Rb+ -66,8 - -68,3 Cs+ -61,5 - -62,1 NH4+ -69,2 -85,6 -75,5
Cette énergie peut être proche de l’énergie thermique, ce qui signifie que les dipôles
restent en état de rotation thermique naturelle. L’énergie d’interaction entre l’ion et la
molécule du solvant polaire est exprimée par :
420
2
)4(6).()(KTr
ezrUr
(II 3)
Avec z la charge de l’ion, est le moment dipolaire, et r la distance entre l’ion et le
centre du dipôle. L’énergie de liaison entre l’ion et le dipôle de la molécule du solvant dépend
non seulement de la constante diélectrique et de la distance qui les séparent, mais elle est
également inversement proportionnelle à l’énergie thermique (KT). Les interactions ion-
dipôles à longue portée existent aussi, mais elles sont, quant à elles, impliquées dans la
deuxième sphère de solvatation. Ces forces d’interactions sont inversement proportionnelles
au carré des distances entre les ions et les dipôles. Leur intensité et leurs signes dépendent
fortement de l’orientation du dipôle par rapport à l’ion. L’énergie d’interaction entre l’ion et
le centre du dipôle est donnée par l’expression suivante :
-
Sphère de solvatation, interneMolécules de soldent orientées
Sphère de solvatation externeLiaisons faibles, semi-ordonnée
Région hors solvatation ou Bulkarrangement aléatoire du solvant
-
-
-
Gaz
-
40
molaire. Ce dernier regroupe deux phénomènes : la diffusion et la migration, avec deux
composantes, électrique et chimique. Il s’exprime par l’équation suivante :
Fziii ~ (II 6)
Avec i le « potentiel chimique » en J.mol-1, F la constante de Faraday, le champ
électrique en V, et iz le nombre de charges en valeur algébrique portées par l’espèce i . La
conductivité électrique d’une espèce i dans l’électrolyte soumise à l’influence d’un champ
électrique est donnée par l’expression : iiiiii CFzC 22~ . Avec i la conductivité
électrique de l’espèce i en 1mS . La conductivité électrique est toujours fonction du nombre
des porteurs de charges par unité de volume. On définit alors la conductivité molaire de
chaque type des espèces i en 12 molmS par : 22~ Fziii . Dans le cas où seuls les
phénomènes de migration sont considérés, on définit une grandeur appelée nombre de
transport. C’est un rapport sans dimension entre la contribution de l’espèce i avec la
conductivité électrique totale du milieu est donné par l’équation :
iit , ti est compris entre
0 et 1. Avec la conductivité électrique