Quelques expériences en physiologie et en psychologie industrielles

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Laboratoire de physiologie du travail. Institut de physiologie de l'Universit~ de Gen~ve. (Directeur: Prof. J. Posternalc) Queiques experiences en physiologie et en psychologie industrielles ~ Par Paul~ Rey L'aspect de la physiologie industrielle, que j'ai choisi de traiter devant vous, est celui de la mdthodologie car il me permettra un survol de certaines de mes expdriences, en les pla~ant dans un cadre plus gdn~ral. Sans m'arr~ter sur les modalitds ou les r~sultats d'aucune d'entre elles, je d~gagerai simplement certains principes de base qui font, de toutes ces expdriences, qu'elles appartiennent £ la physiologie industrielle. En effet, je pense que l'objet m~me de la recherche dgtermine assez les mdthodes d'investiga~ion pour qu'h partir de celles-ci, on soit mieux £ m~me de saisir cet objet. I. 0bjet de la physiologie industrielle Quel est done cet objet que devrait se fixer la physiologie industrielle ? C'est le travail, et le travail en relation avec l'homme, mais le travail d'abord. En effet, le travail industriel n'est pas une activitd quelconque de l'homme, c'est une activit~ qui a un but et dont le but implique des rythmes, un milieu, une organisation. De plus ce travail est impos~ £ l'homme par des techniques et des exigences d'ordre dconomique. C'est en ce sens que nous avons besoin d'une physiologie industrielle, dis- tincte de la physiologie tout court, parce que le travail industriel est une di- mension nouvelle dans la vie de l'homme. Et ce que cherche lointainement cette physiologie industrielle, c'est en somme un maximum de compatibilit~ entre les exigences propres au travail industriel et les exigences du corps et de l'esprit humain. Le travail industriel a, eomme autre caract~re particutier, qu'il se trans- forme avec le perfectionnement des techniques, la m~canisation et ]es crois- sants besoins ~conomiques. Avec les progr~s de la mdeanisation, on a vu dd- croltre la demande en effort musculaire alors que s'aggravait la charge percep- tive et nerveuse du travail. Ces diff~rentes constatations conduisent £ deux consequences: d'une part, toute recherche en physiologie industrielle doit se reporter h une situation r~elle z D'apr6s un ex-pos~ fair le 30 octobre 1958 devant le Groupement romand d'Hygi~ne indu. strielle et de ~I~decine du Travail. 90 Rev. M~d. pr~v. Z. Pr~ventivmed. 4, 90-96 (1959)

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L a b o r a t o i r e de physiologie d u t r ava i l . I n s t i t u t de physiologie de l 'Un ive r s i t~ de Gen~ve.

(Di rec teu r : Prof . J. Posternalc)

Queiques experiences en physiologie et en psychologie industrielles ~ P a r Paul~ Rey

L'aspect de la physiologie industrielle, que j 'ai choisi de traiter devant vous, est celui de la mdthodologie car il me permettra un survol de certaines de mes expdriences, en les pla~ant dans un cadre plus gdn~ral. Sans m'arr~ter sur les modalitds ou les r~sultats d'aucune d'entre elles, je d~gagerai simplement certains principes de base qui font, de toutes ces expdriences, qu'elles appartiennent £ la physiologie industrielle.

En effet, je pense que l'objet m~me de la recherche dgtermine assez les mdthodes d'investiga~ion pour qu'h partir de celles-ci, on soit mieux £ m~me de saisir cet objet.

I. 0bjet de la physiologie industrielle

Quel est done cet objet que devrait se fixer la physiologie industrielle ? C'est le travail, et le travail en relation avec l'homme, mais le travail d'abord. En effet, le travail industriel n'est pas une activitd quelconque de l'homme, c'est une activit~ qui a un but et dont le but implique des rythmes, un milieu, une organisation. De plus ce travail est impos~ £ l 'homme par des techniques et des exigences d'ordre dconomique.

C'est en ce sens que nous avons besoin d'une physiologie industrielle, dis- tincte de la physiologie tout court, parce que le travail industriel est une di- mension nouvelle dans la vie de l'homme. Et ce que cherche lointainement cette physiologie industrielle, c'est en somme un maximum de compatibilit~ entre les exigences propres au travail industriel et les exigences du corps et de l'esprit humain.

Le travail industriel a, eomme autre caract~re particutier, qu'il se trans- forme avec le perfectionnement des techniques, la m~canisation et ]es crois- sants besoins ~conomiques. Avec les progr~s de la mdeanisation, on a vu dd- croltre la demande en effort musculaire alors que s'aggravait la charge percep- tive et nerveuse du travail.

Ces diff~rentes constatations conduisent £ deux consequences: d'une part, toute recherche en physiologie industrielle doit se reporter h une situation r~elle

z D'apr6s un ex-pos~ fair le 30 octobre 1958 devant le Groupement romand d'Hygi~ne indu. strielle et de ~I~decine du Travail.

9 0 Rev. M~d. pr~v. Z. Pr~vent ivmed. 4, 90-96 (1959)

de travail. D'autre part, il existe dans cette recherche deux attitudes eontra- dictoires qua l'on peut r6sumer par ces deux formulas, qui sont d6jg c61gbres :

* adapter l 'homme au travail * adapter le travail g l'homme. Adapter l 'homme au travail, c'est lg essentiellement la t£che du psycho-

technician qui s61ectionne, en vue d'un poste donn6, les sujets poss6dant les eapacit6s et la formation reqmses.

I1 suppose done que te travail es~ la donn6e fixe et que c'est le travailleur qui devra r6pondre aux exigences du poste. La population en g6n6ral devient alors un grand r6servoir de capacit6s diverses, oh l'on puisera les 616ments con- cordant avec ce que l'on cherche.

I1 suppose, en cons6quence, qua l'on puisse s61ectionner des sujets selon des 6chelles d 'apti tudes pour lesquelles il existe des critbres, susceptibles d'etre valid6s par les r6sultats professionnels. Or, il est tr~s difficile de valider les tests par la r6ussite professionnelle puisque celle-ci d6pend d'autres facteurs que l 'aptitude et de plus, la notion d 'apti tude tend 5, s'estomper. En outre, la s61ec- tion risque de cristalliser des situations de travail aux d6pens, peut-~tre, d 'une am61ioration des conditions de travail.

Adapter le travail g t'homme, c'est le point de rue de la physiologie in- dustrielle ou de ce que l'on appelle aux USA, le ,human engineering~.

II suppose que le travail industrialis6, qui est d6fini par la technique est beaucoup plus facilement transformable que l'homme, soumis g sa consti- tution physique et psychique. Je n'entends pas par lh, naturellement, que tel poste de travail, telle machine par exemple, coul6e dans la fonte, soit adap- table; je veux dire que la machine a 6t6 cr66e de routes pi~ces par Phomme et qu'elle est donc susceptible, dans les limites techniques actuelles, d'6tre pens6e autremen~.

Tant que le travail n'6tait que le fruit d'une activit6 humaine spontan6e et tant que l'outil n'6tait, en quelque sorte, qua le prolongement du bras, le travail 6tait de soi-m6me adapt6 "£ l'homme. Si l'on cr6e une discipline qui s 'attache particuli~rement au travail impos6 g l 'homme, dans t'industrie comme dans l'administration, c'est bien que l'on redoute que le travail, aujourd'hui, n'ali~ne l 'homme de la destin6e naturelle de sa constitution physique et psyehique.

E t cette crainte ne concerne pas seulement les manoeuvres, ella concerne tout le monde puisque c'est la vie moderne, sous tous ses aspects, qui menace notre sant6.

II. De quelles disciplines rel6vent les m6thodes de la physiologie industricllc

L'objet de la physiologie industrielle tel que je l'ai d6fini, implique certaines m6thodes dont nous allons voir qu'elles relbvent de plusieurs disciplines. En effet, il ne suffit plus, de nos jours, d'6tablir certaines normes et certaines limites, o~ doivent se situer des conditions de travail r6put6es saines, pour avoir tout

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fait. Dans ces industries, nombreuses en Suisse, oh les locaux sont clairs, la tempdrature supportable, le bruit pas trop excessif, ne sommes-nous pas en prdsence de risques nouveaux, dont l 'analyse devient ddlicate ? En ne citant que la fatigue des travailleurs ou la ndvrose des dirigeants, on justifie ddj£ la nou- vetle orientation de la physiologie industrielle. Cetle-ci n 'empruntera plus seule- ment les mdthodes de l'hygi~ne, mais elle fera siennes les techniques et les connaissances de la psychologie, de la psyehiatrie, de la m6canique, et m~me de la sociologie.

Ou mieux encore, pour dtablir ce pont ndcessaire entre la science du labora- toire et l 'application pratique dans l'industrie, elle prdconise la formation d'dquipes pluri-spdcialisdes oh seront reprdsentdes ces diffdrentes disciplines.

III. Laboratoire et atelier

Ce pont entre le laboratoire et l'atelier, il n'est peut-~tre pas aussi facile crder que l'on pense. La plupart des m~thodes, des connaissances, en physiologie industrielle, ont dtd apportdes par le laboratoire. Dans un milieu connu, puisque artificiellement organisd, nos tests peuvent devenir des crit~res fid~les et spdci- fiques, qui, transport~s ~ l'atelier, dans ta complexit~ de la situation de travail, ne sont plus que des instruments approximatifs.

Car il est certain que ce qui diff~rencie le plus une situation de laboratoire d 'une situation r~elle, c'est la complexitd de la seconde. Shakespeare ne disait-il pas d~j£ qu'il y a beaucoup plus de choses dans la rdalit~ que dans nos theories ? C'est pour nous approeher de cette richesse que nous avons considdrd, d~s le ddbut de notre exposd, le travail au sens le plus large, c'est-~-dire, comportant outre les mouvements et les acres producteurs, tous les dldments qui Fen- tourent, tets que les cadences, l 'ambiance physique et morale, le salaire, etc.

IV. R61e avant tout pr6venti[ de la physiologie industrielle

La physiologie industrielle est 1£ pour prdvenir~ non pour gu~rir, ce qui est d'ailleurs plus difficile. Et prdvenir au niveau du travail, en emp~chant la crdation de mauvaises conditions de production (c'est pourquoi son action doit prendre place au moment m~me de la construction des machines ou des ateliers), ce qui dvitera, ainsi, aux travailleurs, le surmenage ou l'ex- position ~ un milieu dangereux.

La physiologie industrielle fair moins appel aux m~thodes cliniques qu'£ l 'dtude statistique des groupes; de plus elle analyse autant le travail que l 'homme au travail.

De ce fair, la physiologie industrielle occupe une position un peu ambigu~ entre la mddecine du travail qui s'occupe davantage de l 'homme et l'organi- sation du travail qui a recours £ des notions physiologiques rudimentaires.

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C'est peurquoi la physiologic indus~rielle risque d'etre real comprise et d'etre critiqu~e des deux c6t6s. L'industrie, tout imprggn6e des principes de l'organisation scientifique du travail, ne voit plus la, necessit~ de pousser davantage .les reeherches; la m~decine du travail qui se donne aussi un r61e pr6ventif, ne remarque pas en quoi la physiologic industrielle se distingue d'elle e t en quoi, de ce fait, elle peut lui ~tre utile.

A mon avis, la physiologic industrielle, en plus de ses pr6rogatives devrait, gtre cet interm6diaire oblig~ entre la mddecine du travail qui connalt real le travail et l 'industrie qui connalt mal l 'homme.

Des exp6rienees pratiques auxquelles j 'ai pris part, je n'en citerai que trois. La premigre fair appel/ t une m~thode d'analyse proprement physiologique, la deuxi~me k un test psychologique et la troisi~me £ la m6thode d'enqu~te. Les deux premieres prennent place en laboratoire, la troisi~me concerne directe- ment une situation industrielle. Je ne donnerai pas les rdsultats puisque ceux-ci ddpassent mon propos; je dirai seulement pourquoi, 6tant donn6 la nature de la recherche, on a fait appel £ telle m~thode.

I. Exp6rience effectu6e dans les laboratoires du Professeur Soula, ~ Paris. Elle concerne la d~finition des aires de travail, non plus seulement en fonc-

tion des mesures anthropom~triques, mais 5galement en fonction de l'effort fourni. Le sujet est pri6 de faire des mouvements de va-et-vient, sa main portant un poids d 'un kilo, d'un point devant lui £ diffdrents points dessin~s sur une table de travail. Ces mouvements se font £ un certain rythme et £ une certaine frdquence, de telle sorte que'l 'on puisse 6valuer l'effort dans un temps donn6. Ces points, sur la table, son~ situds s u r u n are de cerele de 30 cm, aux 4 angu- tations suivantes, 0, 30, 60 et 90 degrds. I1 s'agit de ddmontrer quelle est l'angu- lation qui demande le moins grand effort et, de ce fait, dolt ~tre pr6f6r6e lors de l'organisation d'une table de travail, pour le poids eonsiddr6.

L'effort est donc ici purement musculaire. Aucun autre facteur n'intervient que l'effort musculaire cin6tique (les mouvements), et l'effort musculaire statique (le sujet devant conserver la mSme position assise durant route la p6riode de l'exp6rience).

On a ehoisi l'6tude de la consommation d'oxyg~ne pour mesurer ce double effort. Cette mdthode a mis en dvidence que certaines angulations 6taient favorables alors que d'autres demandaient nettement davantage d'6nergie.

La deuxigme m6thode employee, qui a corrobord les r~sultats de la premigre, c'est le pi~zodynamographe que je vais ddcrire en quelques roots. Le pi6zo- dynamographe est une plateforme triangulaire reposant par ses sommets sur trois quartz pi6zo-61ectriques, ceux-ci 6tant conneet6s ~ un oscillographe cathodique. Ce qu'enregistre cet appareit, qui est comme une sorte de balance, ((c'est le retentissement sur la pesanteur d'un sujet des diverses forces mises en

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jeu par tout d4placement segmentaire de son corps, int4gr4es en son centre de gravit4,. (C. Soula. Recherehes sur la fatigue, p 2. Insti tut national de s4curit4, Paris.) On estime que plus la courbe enregistr4e est ample plus l'effort qu'elle repr4sente est 41ev4. Le pi4zodynamographe, qui ne mesure pas l'effort statique puisque seuls les d4placements comptent, a donn4 les m~mes r4ponses que la consommation d'oxyg~ne; l'effort statique, et c'est bien ce que l 'on at tend ici, peut done ~tre consid4r4 comme une constante, d 'une 4preuve £ l 'autre.

Cet exemple montre que lorsque l'on a affaire £ un effort purement muscu- laire, on peut soit l'4valuer par la consommation d'4nergie £ laquelte it donne lieu, soit plus directement, par les mouvements effectu4s par le corps, lors de cet exereice.

II. La deuxi~me exp4rience a 4t4 effeetu4e dans les laboratoires du Profes- seur Faverge, £ Paris.

I1 s'agit d'appr4cier selon le mode d'4clairage u~ilis4 sur un continu £ filer, la quantit4 et la qualit4 du travail fourni. Le travail sur continu £ filer est essentiellement un travail de surveillance au cours duquel on rep~re les ills cass4s. L'exp4rience avait pour but de d4cider quel 4tait le meflleur 4clairage pour ce poste, quels 4taieut 4galement les meilleurs contrastes lumineux.

L'effort demand4 est done ici essentiellement sensoriel (en atelier, il faudrait aussi tenir compte de la fatigue due £ la marche le long des continus £ filer) et les m4thodes choisies seront done surtout des tests de performance. On pourrait 4galement utiliser des tests comme la fr4quence de fusion, mais la mesure de la performance est ici £ la lois simple et sfire.

On a construit, en laboratoire, un prototype de eontinu £ filer qui permettait de chercher diverses combinaisons d'4clairage (4clairage ambiant ou frisant, quantit4 de lumi~re) et diverscs qualit4s de contraste entre le f i le t l 'appareil en changeant la couleur du continu ~ filer.

Le crit~re d'appr4ciation 4tait le test de performance suivant : on cassait un certain hombre de ills au hasard, le long du continu, et le sujet devait rep4rer les casses dans le temps le plus court, l 'erreur 4rant done d'oublier une des casses.

Dans un exemple comme celui-ci, on connait exactement les conditions que t'on a crd4es et ceci de fagon mesurable, ce qui est essentiel. La performance est 4gatement mesurable puisqu'il s'agit d 'un temps, d'une part, et d 'un nombre de fautes, d 'autre part. C'est une condition id4ale d'exp4rimentation.

I I I . La troisi~me exp4rience concerne une enqu~te sur l'absent4isme que ]'ai faite £ Ebauehes SA (darts le service de 5~onsieur Philippe de Coulon).

L'absent4isme est un ph4nom~ne simple, facile £ d4finir. E t une lois le but de l'enqu~te fix4, la collection des donn4es ne pose plus que des questions d'ordre administratif. Ces donn4es song chiffrables: c'est un nombre d'absences qui se r4partit entre un certain nombre de sujets qui ont telle ou telle caract4ristique.

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C'es t l~ qu ' in t e rv ien t la connaissance de l ' en t repr ise qui doit ~tre aussi compl6te que possible, de faqon ~ ce que l ' absentd isme prerme une signification.

Ces absences concernent une ma in d 'ceuvre don t on peu t connal t re les pr incipales earactdr is t iques: n o m b r e d ' h o m m e s e t d e femmes , &ge moyen , quali- fication, etc. Des absences, il est dgalement facile d ' a p p r e n d r e le n o m b r e p a r personne, la durde, le m o m e n t off elles ont lieu. Ce qui demande , p a r contre, une in te rprd ta t ion nuancde, c 'es t la cause des absences.

Car la cause d 'absence, qui donne une bonne p a r t de sa signification l ' absentdisme, repose sur une d imension m o u v a n t e : le tdmoignage. Tdmoignage de l ' absent , de ses cam£rades de t ravai l , du mddeein, etc.

C 'est pourquoi dans tou te enqu i r e en usine, oh Ies fairs ne sont pas enti6re- m e n t passibles d 'ob jec t iva t ion , il f au t d ' une par t , r assembler t o u s l e s fairs qui concernent cet te entreprise, m6me s'ils sont a p p a r e m m e n t dloignds de l ' ob je t de l 'enqu6te . C 'es t un des moyens de contr61e quand ar r ive l ' in te rprd ta t ion des donndes. D ' a u t r e par t , on peut , comme dans l 'd tude de tou t phdnom6ne humain , faire appe l ~ la compara ison . Dans l ' exemple en cause, on a dtabli des compara isons entre plusieurs entrepr ises du m~me t y p e et des entrepr ises de t ype diffdrent.

Conclusion: Comme tou te science, la physiologie industriel]e se dis t ingue pa r son obje t et pa r ses mdthodes d ' inves t iga t ion . E t c 'es t parce que son obje t s 'dlargit t o u s l e s jours, que la physiologie industrielIe se doit de faire appe l £ des techniques tou jours plus nombreuses et rarities. De plus, elle devra i t ~tre un intermddiaire en t re les sciences de l ' h o m m e et l ' industr ie , de fa~on £ assurer £ tous des condit ions de t rava i l compat ib les avec la santd du corps et de l 'espri t .

Summary Industrial physiology may be defined, as any other science, by its object and by its

methods of research. What is this object? I t is the relationship between man and work; relation which is going to change according to the evolution of industrial technics and which has created two different attitudes: the first one being to adapt the worker to his work and the second one to adapt the work to the worker. Industrial physiology is more concerned with the second aspect. Work is endeed entirely conceived by the human mind and therefore may be more easily changed than man, who is determined by his psycho- physiological limits.

When industrial physiology has such a large scope, as we said, it must use the knowledge brought by different sciences such as sociology, psychology or industrial organisation. Furthermore every experiment made in laboratory should be directed towards its application in a real life situation. Industrial physiology should also, in its preventive action, help medicine and industry to communicate.

The scope of the experiences, shortly described afterwards, is restricted to the setting up of three types of methods used by industrial physiology. According to the nature of the task to be evaluated or the functions or the aptitudes requested by the task, we will select the physiological or the psychological approach. Group events, such as absenteeism, are studied by the method of survey.

I t is certain that the knowledges and research-methods used by industrial physiology are destinated to follow the progress of industrial technics.

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Rdsumd

La physiologie indus t r ie l le peu t se dbf ini r ; comme t o u t e a u t r e discipline, p a r son ob j e t e t p a r ses m d t h o d e s d ' i n v e s t i g a t i o n . Son ob je t , c ' e s t la r e l a t i on en t r e le t r a v a i l e t l ' h o m m e , r e l a t i o n qui se t r a n s f o r m e avec l '~vo lu t ion des t echn iques , mises en ceuvre p a r l ' i ndus t r i e , e t qui a donn~ l ieu h deux a t t i t u d e s oppos~es: a d a p t e r t ' h o m m e a u t r a v a i l ou a d a p t e r le t r a v a i l h l ' h o m m e .

L a physiologie indus t r ie l le pr~f~re ce t t e seconde formule , cons idb ran t que le t r a v a i l , congu t o u t e n t i e r p a r l ' e spr i t h u m a i n , est plus a i s~ment modif iab le que l ' h o m m e , soumis h ses exigences phys io log iques e t psychologiques .

Si l ' ob j e t de la physiologie indus t r ie l l e es t aussi large que nous l ' a v o n s di t , il est cer- t a i n qu 'e l le d e v r a faire appe l ~ des no t i ons r e l e v a n t de d o m a i n e s diff~rents te ls que la psychologie , la sociologie, l ' o rgan i sa t ion d u t r ava i l , e tc . De plus, son ob j e t veu t que les conna issances , p r o v e n a n t de l ' exp~r i m en t a t i on , t r o u v e n t leur a p p l i c a t i o n duns u n e s i tua - t i on r6elle de t r ava i l . D'ofi ce t t e n6cessi t6 d ' u n e co l l abora t ion 6 t ro i te en t r e le l abo ra to i r e e t Fate l ier .

La physiologie indus t r ie l le doi t b t re 6ga lement , duns son ac t ion p r6ven t ive , l ' i n te r - m6dia i re e n t r e la m6dec ine du t r ava i l et l ' i ndus t r i e .

Les exp6riences , b r i ~ v e m e n t cit6es ensui te , n ' o n t d ' a u t r e a m b i t i o n que de m e t t r e en 6vidence t ro is t ypes de m 6 t h o d e s uti l is6es p a r la physiologie indust r ie l le . Selon la qua l i t6 de l 'effor t que l ' on v e u t appr~cier , selon l ' o rgane ou l ' a p t i t u d e auxque l s la thche fa i t appel , on a u r a recours /~ des mesures p o r t a n t soi t sur des fonc t ions physiologiques , soi t su r des fonc t ions psycholog iques . Q u a n d il s ' ag i ra d ' u n p h 6 n o m b n e de g roupe comme l ' absen - t6 isme, on emplo ie ra la m ~ t h o d e d ' e n q u b t e .

La physiologie indus t r ie l le , p a r la complex i t6 de son obje t , est done des t in6e h m e t t r e en oeuvre u n large 6ven ta i l de conna i s sances et de m 6 t h o d e s qui, avec le progr~s indus t r ie l , i ra t ou jou r s s '6 laINissant .

V. Poliomyelitis-Symposium in Madrid, September 1958 Von E. Lc Grand, L a n g e n t h a l 1

Unter der gliinzenden Leitung yon Herrn Prof. Fanconi fund vom 28.-30. September 1958 in Madrid das V. Poliomyelitis-Symposium start. Entsprechend der Entwicklung der Dinge dominierte die Impfung den ganzen KongreB ein- deutig,wenn aueh andere sehr)viehtige Probleme zur ]3ehandlunggekommen sind.

Eine ganze Reihe yon Staaten, die gr6Bere Erfahrung betreffend Vakzination gemacht hatten, gaben ihre Resultate bekannt. Im folgenden werde ieh nicht auf die einzelnen Ergebnisse eingehen, sondern die prinzipiellen Punkte dar- ]egen.

Vorerst interessiert uns die Wirksamkeit der Salk-Vakzine, die tiberall als gut angegeben worden ist, jedoch sehr oft die gfinstigen Ergebnisse unserer schweizerischen Statistiken nicht erreichte. Man erkundigte sich natiirlich speziell n~eh den Epidemien in Detroit uud Israel, wo 1958 eine H~tufung yon schweren F~tllen auch bei Geimpften erfolgte. Payne vonder OMS ~uBerte sich zu dieser Frage dahin, dab noch keine genfigenden Ergebnisse vorlSgen, die ein

x Autor: Dr. reed. E. Le Grand, Vertrauensarzt der Kinderl~hmungsversicherung, Schulhaus. stra/]e 12, Langenthal , Bern

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