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On peut dire que laction contre la Prfecture dlittralement cass les reins au moral ennemi, dmajor allemand. C est l opration qui a conduidemander la trve .
Henri-Rol Tanguy
La police parisienne a connu dans la priode comme toutes les institutions, des pages sombreshommes de la Rsistance qui ont agi en son seinengag le combat dcisif contre loccupant une nsance. Les rsistants de la police ont bien mritrouge. .
Maurice Kriegel-Valrimont
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Au cur de la Prfecture de Police
de la Rsistance la Libration
3epartie
La Libration de Paris
REMERCIEMENTSos remerciements vont ceux sans qui rien naurait pu tre :
rfecture de Policeervice de lammoire et des affaires culturellesean-Marc GENTIL, conseiller du Prfet de Police, chef du serviceranoise GICQUEL, adjointe au chef de service, charge du dpartement patrimoine icolas BUAT, conservateur du patrimoine, charg de mission auprs du chef de serviceerge SOUSSAN, secrtaire gnralmmanuelle BROUX-FOUCAUD, attache
Malik BEN MILOUD, chef de la section des archives audiovisuellesMichel GRAUR, assistant de conservation au SMAC
urlie GILARDEAU, archiviste au SMAC
ervice de lacommunicationavier CASTAING, conseiller du Prfet de police, chef du serviceric TRUNEL, adjoint au chef du servicealrie FUSCIARDI, chef du dpartement communication institutionnelle
Marlne LOIZON, charge de communication
rigade de sapeurs-pompiers de Parismmanuel RANVOISY, capitaine, conservateur du muse de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris
irectionoprationnelle des services techniques et logistiques
hierry DELVILLE, directeuriovanni FIORI, responsable du bureau technique des moyens dimpression
Marie-Pierre LORDONNOIS, assistante du directeur
irectiondes ressources humainesric BODIN, archiviste
serviste de laPolice Nationalehilippe GESRET, commandant e.f. / e.r.
Ministre de lIntrieurrdric PECHENARD, directeur gnral de la Police Nationaleatherine ASHWORTH, chef du service dinformation et de communication de la Police Nationaleierre-Frdric GARRETT, chef du service historique de la Police Nationaleranois CAZORLA, capitaine de police au service dinformation et de communication de la Police Nationaleatherine FAURE, chef du bureau des commissairesonald PORTEMONT, chef de section au bureau des commissaires
Ministre de la Dfensee Contrleur Gnral des Armes Christian PIOTRE, secrtaire gnral pour ladministratione Contrleur Gnral des Armes Eric LUCAS, directeur de la mmoire, du patrimoine et des archivese Gnral Gilles ROBERT, chef du service historique de la Dfenseatherine OUDIN, conservatrice gnrale du patrimoine, chef du centre historique de Vincennesathalie GENET-ROUFFIAC, conservatrice en chef du patrimoine, chef du dpartement interarmes, ministriel et interministrielernard MOURAZ, service historique de la dfense, dpartement gendarmeriee Capitaine Stphane LONGUET, chef du bureau Rsistance, et ses collaborateurs
Muse de lOrdre de la Librationladimir TROUPLIN, conservateur
Offi ce national des anciens combattantsmy ENFRUN, Prfet, Directeu r gnral de loffi ce national des anciens comb attants
Ministre de la Cultureatricia GILLET, conservateur en chef du patrimoine aux Archives Nationales
Mairie de Parisatherine VIEU CHARRIER, adjointe au Maire de Paris, adjointe charge de la mmoire et du monde combattanthilippe LAMY, conseiller au cabinet du Maire, prvention, Scurit, Mmoire, Droits de lhomme, Affaires militaires, Anciens combattants
Mmorial du Marchal Leclerc et muse Jean M oulinhristine LEVISSE-TOUZE, directrice
Muse de la Rsistance Nationale Champigny-sur-Marneuy KRIVOPISSKO, conservateurcile HEYTENS, attacheharles RIONDET, charg de mission
ite Internet Libration de Parisilles PRIMOUT
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SOMMAIRE
Prfacepar M. Michel Gaudin, Prfet de Police 5
Avant propos : la police parisienne, aot 1944, par Mme Christine Levisse-Touz,
directrice du Mmorial du Marchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libration de Paris
et du Muse Jean Moulin de la Ville de Paris, directeur de recherche associ Montpellier III 6
Douze jours pour Paris, les policiers dans la bataille pour la capitalepar Luc Rudolph 9
En marge des combats : la dfense passivepar Philippe Gesret 145
Le rgiment de sapeurs-pompiers de Paris et la Librationpar Emmanuel Ranvoisy,
conservateur du muse de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris 151
Les gendarmes dans La Libration de Paris : de la clandestinit aux journes insurrectionnelles
par Bernard Mouraz, Service historique de la dfense (dpartement gendarmerie) 163
PrfacePar Michel Gaudin
Pour la troisime anne conscutive, le travail de recherches historiques et scientiques consacr la rdans les forces de scurit parisienne se poursuit.
La publication qui en rsulte marque une tape importante car elle est non seulement laboutissement dmarche approfondie, mais aussi la rvlation dlments danalyse jusqu prsent inexplors.
En eet, les investigations ont permis de dcouvrir peu peu des vnements qui dmontrent une relletion des forces de police dans la prparation et laccomplissement de la Libration de Paris.
Les policiers ont notamment pris part des combats intenses et ont largement contribu la diusion dede rvolte sur le territoire de la capitale.
La libration de la Prfecture de Police, impulse par les mouvements de policiers rsistants le 19 aot 1tre considre comme un basculement dont on mesure aujourdhui le caractre dterminant.
Ce point dappui essentiel qua constitu la Prfecture de Police, au sens militaire du terme, a inchi fla stratgie des librateurs.
Au-del de la modication de leurs stratgies initiales, les troupes allies, le commandement FFI dIle-dcomme le Conseil national de la Rsistance ou le Comit Parisien de l a Libration, ont pris conscience desit dune jonction avec la rsistance policire qui, reconnue comme un pilier solide, a permis le redpdes forces en prsence et la conqute dautres places.
Cette analyse claire dun jour nouveau la structuration progressive du mouvement de libration parisil mme constitue une tape importante dans la connaissance historique des vnements du mois dao
La mthode qui a permis de parvenir de tels rsultats repose sur un examen crois de documents indnant de dirents fonds darchives, non seulement ceux de la Prfecture de Police, des Archives Nationministre de la Dfense, mais aussi ceux du Muse de la Rsistance Nationale Champigny-sur-Marne, dde la Libration et du Mmorial Leclerc, muse Jean Moulin.
Cet hommage au rle dterminant des policiers rsistants et la contribution cruciale de la police parisieface en rien la complicit de l institution policire, au cours des annes noires de lOccupation.
Il ne sagit nullement de sous-estimer certains comportements antrieurs, ni de basculer dun excs di nun excs dhonneur, mais daccomplir, avec la srnit que confre le temps coul, un Devoir dHistoirede la vision quilibre quil convient de porter sur une priode inniment complexe.
Je tiens remercier personnellement celles et ceux qui ont contribu cette dmarche essentielle de claavec un souci louable dimpartialit.
Michel GAUDINPrfet de Police
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sa connaissance des services de la police, a fond son travail sur une exploration fouille des archives peu explores de la Prfecture de Police, des dossiers individuels du bureau Rsistance au Service histola Dfense, et de ceux des Archives Nationales.
Ce travail confirme les travaux de Roger Bourderon dans sa biographie sur Rol-Tanguy1sur une conplus grande que cela na t dit, avec les chefs de la rsistance lors dune runion conscutive la craComit de libration de la police le 14 aot avec Andr Carrel, du Comit parisien de la Librationet lRol-Tanguy, chef des FFI dIle-de-France sur le dclenchement de la grve, en riposte au dsarmemenAllemands de policiers Asnires et Saint-Denis. A partir de lappel la grve le 15 aot, les policiersau sein des Forces franaises de lintrieur.
Cette tude tient de la micro-histoire, analysant quartier par quartier, les oprations armes dans Pmontre ainsi que la bataille a t plus importante qu elle n est habituellement montre. A l exception drcente sur le rgiment de sapeurs-pompiers de Paris 2, avec lexploitation des rapports dintervenconnaissait assez mal lhistoire de cette gurilla urbaine. Elle apparat l dans toute sa ralit.
Elle confirme ce qui avait t soulign en 2004 lors du 60eanniversaire de la Libration de Paris3, qutgie arrte par les Forces Franaises de lIntrieur vise en priorit le ravitaillement des Parisiens, e
contrle des stocks de nourriture, et les armes prises sur loccupant isol ou saisies dans des lieux de En cela, les policiers, aids ponctuellement par les sapeurs-pompiers, jouent un rle actif et multipcoups de main pour armer les FFI comme pour nourrir la population. Leur connaissance est mineutile. Apparat aussi toute la violence de la rpression de loccupant qui met en uvre les ordres du comdu Gross Paris, le gnral Von Choltitz : la lutte outrance contre les bandes. On est loin de la prmansutude du commandant allemand grce cette tude qui tablit une gographie de la rpression det en banlieue.
Ce travail apporte une connaissance plus prcise des lieux mins, btiments publics et centraux tlphIl rvle en effet, l exemple de l assaut du Central tlphonique de la rue des Archives par le Capitaineet ses hommes (2eDB) et des FFI, le rle des artificiers du Laboratoire central qui procdent au dminl action arme aux actions de service dordre pour lutter contre les tireurs des toits, les policiers sont acteurs importants de linsurrection. La constance des liaisons entre le nouveau prfet de police CharleFranais libre, nomm par le gouvernement provisoire, l tat-major du colonel Rol-Tanguy, le CPL, lenational de la Rsistance puis le gnral Leclerc chef de la 2eDB en banlieue dmontre le souci de cooles actions contre l occupant pour librer la capitale.
La Prfecture de Police est la seconde tape du gnral de Gaulle aprs la gare Montparnasse o Leclpass le pouvoir avant quil ne prononce son discours historique lHtel de Ville. Il veut aussi rappelede la police parisienne.
Lors de la crmonie du 12 octobre 1944, le chef du gouvernement provisoire de la Rpublique franaiserendre hommage aux rsistants-policiers et aux policiers insurgs contre lOccupant et leur sacrifipoliciers morts pour la Libration de Paris sur les 900 FFI tus. Il entend aussi restaurer lEtat rpubhonorant ce corps de fonctionnaires, outil et garant de l ordre public. Ce travail tout en nuance, confaire connatre leur histoire dans la bataille pour Paris.
Christine Levis
Directrice du Mmorial du Marchal Leclerc de Hauteclocque et de la LibratioEt du Muse Jean Moulin de la Vill
Directeur de recherche associ Montp
Avant-proposLa police parisienne, aot 1944
La remise de la fourragre, c est--dire la Lgion dHonneur sur le nouveau drapeau de la Prfecture de policepar le gnral de Gaulle le 12 octobre 1944, a fait grincer quelques dents cause de limage noire attache lapolice sous lOccupation. Police au service de lEtat franais, auxiliaire de lOccupant rsultat de la politique decollaboration dEtat du gouvernement de Vichy, intensifie encore en 1942 par les accords Bousquet-Oberg, ellea t aussi loutil de la perscution antismite de loccupant nazi et du gouvernement de Vichy. Les policiers pari-siens procdent aux premires arrestations de Juifs en aot 1941 puis la tristement clbre rafle du Vl dHiv les 16 et 17 juillet 1942 et celle de fvrier 1943 visant les vieillards et les malades. De sinistre mmoire, les Bri-gades spcia les de la Prfecture de Police (Renseigne ments Gnraux) leffi cacit redoutable, dvel oppent unelutte acharne contre les communo-terroristes . Ils ont notamment dcim la branche MOI des FTP fin 1943.
Pourtant en dpit de cette image noire, l engagement titre individuel a t prcoce : des policiers ont dit non
trs tt aux basses uvres du gouvern ement en dmission nant. Il faut aussi soul igner les diffi cults propres leur corps et leur fonction d ordre et de serviteurs de la loi dun gouvernement lgitime. Il ne va pas de soide transgresser ou de rompre le sacro-saint principe d obissance. Pour ces raisons aussi, ils ont t plus quedautres exposs par les surveillances et les dlations dans un corps de lEtat policier. Plus quailleurs, la rsis-tance y est ses dbuts une affaire individuelle et une mosaque dinitiatives. Comme ce fut le cas pour 40 mil-lions de Franais, rares furent aussi les policiers rejoindre les rangs de la France Libre.
Ds aot 1940 nat de linitiative de policiers du commissariat des Ternes, le Coq Gaulois, rseau qui, en consti-tuant des stocks darmes, vise dj une future insurrection : il est dcim en janvier 1941 sur dnonciation dungardien de la paix. Leurs fonctions les prdisposent en effet travailler pour les rseaux L Alliance, Ajax, PatOLeary, Alibi... Le groupe Valmy de lArme Volontairemis sur pied par un policier, centre son action sur lafabrication des faux papiers et les vasions. Comme les tout premiers rsistants, ils sont durement rprims.
Le tournant rpressif du rgime de Vichy et de loccupant de 1942 puis la nomination de Darnand au Maintien del Ordre fin 1943, dcillent les yeux de ceux qui ont pu tre jusque-l gars par les ambiguts du gouvernementde Ptain. L volution de la guerre et les appels de Londres au ralliement de la police en 1943 pour empcherl envoi d ouvriers en Allemagne, se traduisent par linertie, la passivit excuter ces tches, dnonces parl amiral Platon dans un rapport Ptain. Des milliers de dossiers de rfractaires au Service du Travail Obligatoiresont retenus sous le coude.
Entre 1943 et 1944, le Noyautage des Administrations publiques (NAP) gagne la police. Des policiers four-nissent cartes didentit, autorisations de circulation, faux papiers, cartes de rationnement. Ils renseignent aussisur les collaborateurs, les dnonciations, les arrestations et les rafles projetes. Trois mouvements de rsistancese forment : LHonneur de la Police, n partir des ruines du groupe Valmyoriente vers la propagande, l va-sion et le renseignement. Le Front national de la Policedobdience communiste, manation du mouvement dezone nord, rallie de nombreux policiers et civils au mouvement insurrectionnel. Police et Patrie, n en juillet1942 linitiative de Libration-Norda des liaisons avec le mouvement lOrganisation civile et militaireet lerseau Brutus qui il fournit des renseignements militaires. Signe d volution, les policiers ninterviennent paslors des manifestations Paris et en banlieue les 1eret 14 juillet 1944.
Cette tude de Luc Rudolph, aborde un thme peu dflor, les policiers parisiens dans la bataille de Paris du dclenchement de la grve le 15 aot au dfil du gnral de Gaulle sur les Champs-Elyses. Lauteur, fort de
1RogerBourderon, Rol-Tanguy, Tallandier, 2004.2Odette Christienne etFrdricPlancard, Le Rgimentde Sapeurs-pompiers de Paris 1938-1944, Mairie de Paris, 20113Christine Levisse-Touz, Jean-Louis Goglin, Marie-Andre Corcuff,Paris insurg, Paris libr, Paris-Muses, 2005 ; Christine Levisse-Touz, Paris Libr, Paris retrouv, GallimardDrdition 2004 ; VladimirTrouplin et Christine Levisse-Touz, Paris Compagnon de la Libration, Comit dhistoire de la Ville de Paris, 2010.
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Douze jours pour Ples policiers dans la ba
pour la ca
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Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 1110
DOUZE JOURS POUR PARISLes policiers dans la bataille pour la capitale
par Luc RUDOLPH
Ds les premiers rsistants de la police parisienne4(regroups au sein du Coq
Gaulois, du Groupe Valmyou du Groupe Frise), lt 1940, un de leurs objecti fs
affi chs fut clairement l a prparati on de la lutte arme dan s la capital e. Tout au
long des annes de guerre, une forte minorit parmi les membres de la Prfec-
ture de Police (PP) a jou sa libert et sa vie pour arriver ce moment. Quand
celui-ci survient, ce sont les policiers qui lancent linsurrection parisienne, les
rsistants de vieille souche tant rejoints par tous ceux qui avaient rong leur
frein en silence ou dont le courage se trouvait aiguis par la proximit de la lutte.
Certains aussi ne trouvent que tardivement une telle vocation ou nourrissent
quelque arrire-pense : ils nen sont pas moins ardents. Linsurrection est surtout
le fait de la base : les commissaires rsistants ont t en majorit arrts par les
Allemands ou leurs sides et peu renouvels, et la hirarchie intermdiaire ne
se montre gure. Tout au long de la priode insurrectionnelle, puis pendant lessemaines qui suivent, les policiers accomplissent aussi en parallle des missions
plus proches de lordinaire, en traquant miliciens, tireurs isols et collaborateurs
pour les livrer la Justice. Cest souvent encore la guerre, mais elle n est plus
reconnue comme telle.
L objectif n est pas de dcrire de manire exhaustive toutes les actions des po-
liciers, mais plus prosaquement de montrer le foisonnement de l activit, sa
diversit gographique, et l engagement des agents pendant cette priode cru-
ciale, sans oublier que de nombreux policiers se s ont battus sous d autres ban-
nires, notamment dans des groupes des Forces Franaises de lIntrieur de la
banlieue parisienne. Les prmices se situent dans la grve de la police, lance
le 15 aot 1944 par les trois mouvements de Rsistance de la Prfecture de
Police. Nous suivrons au jour le jour les policiers dans laventure de la libration
de leur ville, chaque fois que les informations disponibles permettent didenti-
fier lorigine professionnelle des auteurs, la date, le lieu, et la nature de laction.
Tout en sachant que des erreurs ont pu se glisser dans la masse des documents.
Les nombreuses autres interventions sur lesquelles manquent des informations
essentielles telles le jour ou le lieu sont volontairement tues.
De la mi-mai la mi-aot de 1944, le bouillonnement au sein des patriotes
policiers va croissant. Les groupes-francs crs dans les trois mouvements se
runissent et sentranent au maniement des rares armes automatiques dont
ils disposent. Des trfonds des Halles de la capitale aux recoins du centre deformation des gardiens de la paix Beaujon, de petits groupes se constituent,
renforant ainsi l es conditions de leur effi cacit et de leur homognit . Ha-
bitus uvrer en units plus ou moins importantes, les policiers taient,
plus que dautres, prpars la forme atypique du combat que constitue la
gurilla urbaine. Dans la nuit, des regroupements de quelques individus se font
galement dans des rues calmes de la capitale et de sa banlieue, ou proximit
dindustries importantes pour familiariser les agents avec les actions de groupe
nocturnes. Les dossiers de Police et Patrieet du Front National de la Police en
particulier font tat de telles mises en condition.
Quelques historiens5 ont raill le rle des policiers dans les combats pour
la libration de Paris. Les flics voulaient se racheter : ctait leur unique
motivation ! Aurait-on prt les mmes arrire-penses sil stait agi dun autre
corps de la socit ? Il faut lire les piles de lettres de dnonciation stockes aux
Archives pour comprendre ce que cette socit recelait parfois en veulerie,
ct dun hrosme moins bien partag. La raction finale des policiers est
courageuse, loi n de celle dune foule composite qui prouve l occasion son
patriotisme tardif en tondant des femmes ou en frappant des prisonniers
dsarms. Il faut aussi lire les dossiers de la PP pour voir l enthousiasme6naf
et sincre des policiers l ide d en dcoudre avec l occupant. Enfin ne plus
courber l chine7. Ne plus risquer la s anction p our n avoir pas sa lu un offi cier
allemand. Ne plus se retrouver en gele pour s tre oppos des exactions des
occupants ou de collabos ! Ne plus avoir contenir avec doigt les dbordements
des manifestants voyous encarts dans les partis collaborationnistes8. Ils s in-
surgent contre une ultime et menaante vexation9. Ils ont pris leur revanche
dune longue humiliation10. En juillet 44 dj, comme une esquisse de contes-
tation s tait affi che l occasion des obsques dun gardi en, victi me des sbires
de Bucard. Des centaines de policiers, en tenue, avaient salu le cercueil, puis
avaient dfil11de Notre-Dame au March aux fleurs via la PP.
On est en tous cas loin du petit s ouci gnral de se racheter , mme sil a pu
clore dans certains cerveaux tardivement veills! Ceux-l alors, c est vrai, en
profitent pour tenter de se ddouaner , se battant souvent bien, tant blesss,
cits, dcors. Ils navaient pas ncessairement le sentiment davoir trahi leur
pays avant : ils avaient servi sa Loi, sa justice, son gouvernement, obi leur
hirarchie, fait leur travail de policiers ordinaires et disciplins. Ils seront
nanmoins sanctionns. Certaines prises de conscience furent donc longues
intervenir : la majorit du pays y a mis quatre ans aussi. On ne comprend pas du
jour au lendemain, dans la police et ailleurs, quil peut y avoir plusieurs patrio-
tismes simultans et antagonistes ! Il est en tous cas peu crdible de prter la
majorit des arrire-penses intresses, simplement parce quils sont policiers.
Or ces hommes allaient risquer leur vie gratuitement, sans obligation, et nombre
dentre eux taient engags de longue date dans la Rsistance. Les bons et les
moins bons sont alls au feu ensemble, contribuant la victoire finale et au
sauvetage de leur ville. Ce qui est parfois presque drle c est de voir aussi que
de s exposer la mort pour autre chose que la scurit publique apparaissait
somme toute banal, nonobstant la cause dfendre qui transcendait.
On a oubli que les policiers sont aussi des hommes de l crit : chacune de leurs
actions donne lieu un rapport, qui souvent se complte par un compte-ren-
du global de linstance suprieure : c est ce qui sest produit pendant les com-
Parco mmodit, les appartenances des groupes de Rsistance sontennralmises auprofitde ceuxqui ont hrit des anciens et existentn aot1944.
OTA : Des erreurs peuventponctuellement apparatre dans ce texteurles dates, heures, lieuxou personnages : le foisonnementdes tmoi-nages en rvle aussi parfois la confusion. Jai essay de mettre en ordre,e recouperles informations et laiss de ct les faits non-tablis, sansouvoirgarantir la fiabilit absolue de tous les lments.
5En contrepoint, Gilles Primout, dans son tsurla Libration de Paris, voirsur inteplace quelle mrite. Place que souligne Jremarquable DVD surles Policiers sous lOque dans la liste offi cielle (du5 dcembretaientinvites donner la partie militade la Rsistance les plus reprsentatifs dSeine , pas moins de quatre policiers (Fourfigurentparmi les 36 noms que comporte
6 Le grand rsistant Albert Bayett rouvesiasme lo rs de son passage la PP, le 19le vifde Claude Roy sont aussi difiantespris surle vifLes yeuxouverts dans Paris tmoignages recueillis parSerge Campau
7Le nombre de policiers incarcrs suitemands slve plusieurs centaines.
8Ds 1941-42, diverses manifestations dnistes fontde nombreuxblesss dans les
9 Rapportdes RG du29 septembre 1944voque des policiers excutants forcsavaientde la rancur davoira insi t mtaientanims dun esprit combatif.
10Charles De Gaulle.
11Le faitnest voqu que dans deuxtmdes Renseignements Gnrauxne le citen
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Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 1312
bats pour la Libration, traits comme des interventions courantes. La lecture
de ces documents individuels ou collectifs montre que pour beaucoup, ctait
un travail comme un autre, inclus pour certains qui, avant, graient aussi
banalement des arrestations de juifs ou de terroristes : on venait l appel,
on recevait des ordres, on prenait des initiatives, des risques, on excutait des
missions, et on tait, comme dhabitude, en service command 12, dont on
rendait compte. Parfois, on allait plus loin dans cette forme de banalit : si une
majorit des policiers s est totalement investie dans le rle de gurilleros plein
temps, restant au service sans interruption, d autres continuaient, gurilleros
ou pas, aller au travail . On venait prendre son quart , ne rechignant
devant aucune tche guerrire, et, le moment venu, on reprenait sa musette sur
son vlo, et on retournait au risque de sa vie chez lpouse passer la nuit ou
djeuner Puis, avec une totale disponibilit, on repartait vers un autre pril,
sur rappel ou lheure fixe de la reprise du service : les risques du mtier ,
comme l crit avec flegme un gardien du 6e arrondissement, encore vou la
fusillade quelques minutes avant dtre chang lEcole Militaire.
Ces rapports font aussi apparatre un autre lment : la confusion occasionne
dans l esprit des observateurs entre policiers et FFI. Ce n est certes pas tonnant
puisque, agissant en civil, les premiers taient intgrs dans les seconds. Mais
cela a empch de mettre au crdit des policiers leurs propres actes, anonymes
et noys dans ceux des FFI, contribuant lourdement la disparition des pre-
miers des crits des chroniqueurs de l aprs-Libration. A linverse, un nombre
non-ngligeable de FFI se sont agrgs des groupes dagents. Il ne faut certes
pas prendre tous les comptes-rendus, policiers ou autres, pour des paroles
dEvangile : les erreurs, les appropriations indues, les exagrations y existent et
chaque information doit tre vrifie. Le rapport tabli par les Renseignements
Gnraux sur la dcade de la Libration dit les choses somme toute simplement :
la Prfecture de Police engageait le combat librateur, seule voie de lhonneur !
Mme si, pour certains, cet honneur-l ntait discern que tard.
Quelques historiens ont cependant cru pouvoir passer quasiment sous silence
le rle des policiers dans la Libration de la capitale. En raison de la folie
commise la Prfecture de Police , comme le dira plus tard Adrien Dansette,
qui dcrit par ailleurs objectivement les dbuts de linsurrection policire ?
Il est vrai que la Police a pris au pied de la lettre les termes de lordre de mobilisa-
tion gnrale des Parisiens que Rol-Tanguy13a fait affi cher le 18 a ot. Rolaurait
donc eu raison de lancer lordre de mobilisation et daction, mais la police aurait
eu tort de le mettre en uvre Il faut pourtant noter que, depuis longtemps,
quelques groupes des FFI ou de policiers mnent des actions contre les Alle-
mands. Mais, sans que ce soit lobjectif initial, le mouvement collectif final a bient initi par le soulvement de la police, le 19 aot ! Les autres ont suivi.
Nul dans les crits des tmoins impartiaux ou des acteurs des vnements navait
os occulter le rle de la PP : mme des rsistants de vieille souche ou commu-
nistes qui auraient pu tre partisans comme Raymond Massiet -Dufresne- ou
Henri Rol-Tanguy ont honntement rendu lhommage qui tait d aux poli-
ciers rvolts. Le premier rappelle les douze mille hommes de la Police, qui
ont combattu magnifiquement . Seule restriction, il n voque leur implication
que dans les combats de la Cit, alors que les faits montrent quelle sest tendue
toute lagglomration. Il souligne aussi que lautorit des tats-majors FFI
(sur la police) a t conteste tout le temps de linsurrection : c est sans doute
vrai, mme involontairement. Mais il pourrait dire cela p our tous les groupes
des FFI14, atomiss ds avant le 19 aot. Pas plus queux la police n avait
de stratgie planifie, mme si elle avait l avantage d tre organise, entrane
et hirarchise, fut-ce avec une hirarchie de substitution. Par ailleurs, assez
frquemment les pol iciers se pla aient propri o motu sous lautorit doffi ciers
comptents, lesquels, le plus souvent, ne sont cependant le plus souvent apparus
que le 21 aot15. Mais pouvait-il en tre autrement quant ce commandement
clat qui sexerait sans liaisons fiables, mme avec le tlphone surveill et
parfois coup ? Si tous suivaient les mmes orientations gnrales attaquer
les Allemands partout, faire obstacle leurs dplacements et rpondaient
avec clrit aux ordres de renforcer tel ou tel secteur, ctait lvnement qui,
pour tous, commandait laction. Des soldats venaient passer, on les attaquait.
Des combattants t aient en diffi cult, on les aida it. Un groupe tait renforcer
pour une action programme, on y allait ! Il fallait librer un difice, on le fai-
sait ! On demandait de dresser des barricades, elles montaient ! A dire vrai, la
seule chose diffi cile comprendre dans ces vnements est lincapa cit des Alle-
mands mener une action avec des forces rassembles16auxquelles les i nsurgs
auraient diffi cilement pu s opposer. Laisser des groupes de sold ats plus ou moins
dsempars circuler et combattre aux quatre coins de la ville, sans la connatre
vraiment, sans plan ni homognit dans leurs oprations, ouvrit la porte la
gnralisation de la gurilla de linsurrection et la victoire.
Quelques faits majeurs ou la simple chronologie des vnements montrent
la prminence du rle des policiers, particulirement dans les premires 48
heures des combats : documents et tmoignages de lpoque permettent de sen
convaincre. Les comptes-rendus17, parfois trs dtaills, de lactivit des com-
missariats de la PP pendant la priode de la Libration en donnent les grandes
lignes. Les Occupants ne sattendaient lvidence pas la cessation de travail ni
au soulvement de la police Les commissariats dserts ont alors marqu les
esprits, act un tournant de la situation dans la tte des Parisiens. Ceux-ci ont
soutenu avec de la sympathie, de lenthousiasme, un brin dinquitude et parfois
un peu damusement leurs flics qui avaient laiss luniforme au vestiaire,
jusqu une vraie fte qui a connu son apoge quelques jours plus tard.
Cet agentest dcd en accomplissant sa fonction de gardien de laaix (rapporta/s de la mortdugardien Ren Raphanel).
Le chefdes Forces Franaises de lIntrieur(FFI) en Ile-de-France.
14 Jean-Pierre Azma souligne que le Patomis , toutes les forces en prsence
15On ne trouve cependantla trace dans leuvingtaine parmi les policiers tus (offi ciell
16 La vision quavait le commandementtrs imprcise, si on se rfre auxMmoir
17De septembre 1944. A lire auxAPP.
Avis autoris
Membre du Parti Socialiste, rsistant de la premire heure, cofondateurde Police et Patrie, Roger Priou -Valjean-(1912-1999), de Lib-Nordest unconnaisseur intime de la chose policire. Il estime, peut-tre un peu opti-miste, que les sentiments de la population, lgard de la police parisienne
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Louis Brlivet
Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 1514
Le public soulag oubliait les drives dont linstitution policire avait pu tre
lauteur contraint, sachant inconsciemment quelles taient le reflet de ses
propres attitudes. Le soulvement des policiers devenait celui dune population
qui se l appropriait et sy impliquait. Il n est pas question de revendiquer pour
les agents le succs de lensemble de la rvolte parisienne, mais, en contrepoint
de ce qui a t souvent omis, de restituer limportante activit des policiers dans
les combats pendant cette priode.
Le premier questionnement dont on doit s tonner de ne pas lire l quation sous
les plumes des analystes se rsume deux ou trois donnes : les grands tmoinsde lpoque voquent les effectifs utiles parce que structurs et entrans de la
Rsistance parisienne : quelques 155 FFI18arms et entrans selon lvaluation
dHenri Rol-Tanguy19. Les autres chiffres voqus, considrables, taient plus
fictifs que rels : des combattants potentiels aux sympathisants mme actifs il y
avait plus quune marge qui conduisait plus de 20000 combattants20ventuels,
non-arms. En ralit Gallois21voque pour toute la rgion parisienne environ
2000 FFI susceptibles dagir effi cacement mais pas ncessai rement arms et
Rolparle de 600 hommes mobilisables22 immdiatement lors dune runion du
CPL le 17 aot ! Ils citent aussi larmement disponible : moins de 800 armes,
selon les estimations les plus optimistes. Les chiffres croissent par aprs dans les
mmoires au fil des annes
Une dotation en tous cas insuffi sante pour une a ction effi cace contre prs de
1600023Allemands, en grande partie forms et tous arms ! Peut-on imaginer ce
que reprsentait l apport, du jour au lendemain, le 19 aot, dun potentiel de plus
de 2000024policiers habitus aux actions communes en petites ou en grandes
units25, organiss, quadrillant un terrain parfaitement connu et surtout en majo-
rit arms26, fut-ce darmes lgres27? A eux seuls, ils ont dmultipli les moyens
disponi bles pour la Rsistance et plus encore les effectifs effi cients car entrans :
ils ont donn linsurrection sa vraie chance. Mais les policiers eux-mmes
souffrent en ce premier jour de combats intensifs de leur faible armement :
l exemple d un groupe du 4earrondissement est significatif. Le 19 vers 15 heures,
il intervient sur le parvis Notre-Dame, pour aider desserrer l treinte sur la PP.
Faute dun armement suffi sant, il doit se repli er vers le quai des Clesti ns o il se
heurte de nouveau des soldats mieux quips. Un peu plus tard, rue des Deux-
Ponts, il se retrouve dans la mme situation Le nombre des policiers tus ce
premier jour atteste aussi de cette carence.
Ce renfort, inattendu cette heure 28, est du Yves Bayet29,Jean-Marie Boucher,
sous-prfet, dont la personnalit est plus controverse que celle de son pre
Albert, rsistant exemplaire. Tardif responsable du NAP-Policeen rgion pari-
sienne, dsign impromptu par de Chalvron quelques semaines avant les v-
nements, c est pourtant bien le fils Bayet qui sut prendre les devants, et gnrer
l entre quelque peu anticipe des policiers dans une mle quils ont ds lors
ouverte et en partie mene.
Plus des effectifs indtermins de quelques mouvements ou rattachsrectement Chaban-Delmas.
In La Libration de Paris.
Les policiers nysont sans doute pas compts.
Le commandantRoger Cocteau.
Dans ses dclarations ultrieures, Rolvoquera, au15 aot1944, 1750ommes arms et entrans pour toute lle-de-France. Les policiersstimentavoir euau totalun renfortde 5000 combattants extrieurs
PP. Un chiffre sans aucun doute nettementsous-valu au 24 aot.autres estimations voquent6000 combattants civils en armes : l, onstsans doute plus prs de la ralit. Les milliers de FFI supplmentairesisaientmass e, ce qui ntaitpas inutile !Beaucoup yont laiss leurvie.
23 Les effectifs allemands dans Paris le 1Choltitzles minore fortementdans ses Maussi ne disposerque de quatre chars, ce
24 Chiffre potentiel : on peutraisonnable12000 policiers cits par Massietontrellela Libration. Les commissariats onten efflordre 75 pourcent, chiffre remarquablenavaientpas vocatio n faire la guerre... tivement prsents surle terrain, mais pades roulements sur24 heures, mme si laSeuls les 3/5e sontalors arms.
25 Le commandantVigne op. cit critqfatalement de la cohsion ncessaire tdiffrence de la police !
26Dans les premires heures aprs la prisprsents sont effectivement arms. Mexistent, stockes la PP.
27En grande majorit des pistolets ourevocation des ordres allemands.
28 Dans les synthses nationales tabliela mi-aotpar le 2eBureaudes FFI, la quasi-absente, en bien comme en mal, la Gendarmerie.
29Mme si le 14 aotune runion des troila PPa arrt le principe mme de linsur
Pas darme
Le 18 aot Roldit Hamon disposer de moins de 1000 armes... RobertAron voque un autre tmoignage de Rolqui avoue navoir loriginedes combats, darmement que pour quatre cents hommes . Le mme jour,le commandant Vigne, chef dun secteur des FFI du Nord-Paris crit quilna aucune arme automatique, sauf quelques revolvers, fusils et grenades.Rolaffi rmera bien plus tard avoir reu quelques 150 tonnes darmes peuaprs... Le 16 aot les FFI de Noisy-le-Sec-Villemomble reconnaissaient nepas disposer dune seule arme. A rapprocher des rapports des commandantsterritoriaux des FFI : Le groupe FFI du 10earrondissement ne dispose quedes armes des policiers faisant partie de la Rsistance, et de six revolverspour son compte personnel . A Belleville seul le groupe A (14 hommes) desFFI est arm. La 15ecompagnie de lArme Secrterend compte : Darmes,point ! . Le 21 aot, des units de FFI et de policiers venues la PP depuis labanlieue doivent tre renvoyes : la plupart non arme sen retourne .Le 23 aot, le commandant FFI du 14earrondissement se plaint encore deson armement insuffi sant qui lempche de tenir une barricade. Etc...Do limportance capitale du modeste mais relativement nombreux arme-ment quapportait la police en dot.
Autre plan...Des groupes de la rsistance policire parfois importants ont t oublis dans la prparation de linsurrection : Zadigou Barnpar exemple. Il est vraiaussi que le commissaire de police Achille Peretti, dont dpendaitAjax-Zadigtait hostile la grve : il voulait dtourner les policiers dans le cadrede leurs missions traditionnelles. Son objectif tait de faire prendre lesdifices publics de la capitale par lintrieur, via les agents chargs de leurgarde...
Tmoins
Le tmoignage de Roger Cocteau, commandantGallois, un des adjointsdirects deRol, est sans ambigit : On sait que le signal de cette insurrectionfut donn par la police parisienne. Ce premier geste qui dclencha toutle reste ne fut pas le rsultat dun ordre de lorganisation militaire maisconstitua nanmoins lavant-garde de linsurrection . Le 18 aot encoreChabantlgraphiait au gnral Koenig, le chef national des FFI, en excluantvisiblement une action de la police, mais en redoutant que dautres mettent profit le vide laiss par elle : Disparition police par grve ne peut que faci-liter dclenchement insurrection . Cest elle qui la dclencha ! Au probablesoulagement de Chaban, qui craignait bien sr une action du PC. Selon lemme, et pour la mme raison, Londres ne voulait pas dune insurrectionsans ordres du gouvernement.
...
taient sympathiques parce que les gardiens de la paix navaient pas hsit manifester, pour la plupart, leur sentiment lgard de loccupant. Ltatdesprit de la police tait un tat desprit rsistant, rserve faite de quelquesformations spciales (Recueilli par Ph. Ragueneau).
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C est donc Bayet qui lance dans l action les trois mouvements de Rsistance
maison de la PP, LHonneur de la Policeen tte. Pour ce groupe le chef fut
Anthoine, le brigadier de police Armand Fournet, successeur lactivit jusque
l plus discrt e du commissaire Edm ond Dubent. Il joue ra cependant effi ca-
cement le premier rle dans linsurrection policire. Ainsi propuls, il sera
quelques jours plus tard un inattendu commissaire divisionnaire30, comme ses
deux confrres. Du ct du Front National de la Police et de la Gendarmerie, ce
n est pas son chef, l apparatchik Serge Lefranc31, Grard, qui se retrouve aux
commandes, mais un gardien de la paix, Lon Pierre32, Dupuy, une des chevilles
ouvrires, il est vrai, du Front. Quant Police et Patrie, ce n est pas Jean Strau-
mann, le discret grand patriote qui fut son vrai chef, mais un membre de l appa-
reil de mrites plus modestes et plus tardifs 33, Georges, le brigadier-secrtaire
Joseph Lamboley qui apparait au premier plan.
C est cette action anticipe des policiers parisiens qui a sans doute en grande
partie empch que soit ralis le plan de destructions massives pour lesquelles
les troupes allemandes s taient entranes : le temps de la mise en oeuvre
concrte leur fit dfaut. Ds avant les 17-18 aot, le flot des Allemands fugitifs,
tous partant vers lEst, s est amplifi dans des proportions rjouissantes pour
les Parisiens. Et i l est vrai que lon peut sinterroger sur la relle dtermination
combative de lOccupant, tant ses initiatives sont alors dcousues. On peut aussi
prsumer que le commandement allemand na pas souhait mettre en uvre
son programme de destruction de ponts, voulant conserver pour ses troupes
de louest la possibilit dun repli. Mais, comme en tmoignent des tentatives de
mise feu avortes du fait des combats et certaines concrtises, dimportants
locaux avaient t mins34(les explosifs furent dsamorcs par tonnes par le
laboratoire de la PP) tels les centraux tlphoniques Archives et Saint-Amand,
le Snat, pig par soixante cavits, des ponts comme ceux de Saint-Cloud,
Alexandre III ou de Neuilly35, des itinraires telle lavenue de Versailles Paris
ou certaines voies du secteur de Saint-Denis, les Invalides, le Cercle Militaire
Saint-Augustin ou le fort de Charenton, ou encore le chteau de Vincennes36.
Il ne s agissait donc pas l de menaces abstraites, comme le prouvent cer-
tains passages l acte. L insurrection policire prcipite a rendu les objectifs
diffi ciles daccs aux artificiers alle mands. Mme si leur rage destructrice avait
perdu de sa virulence.
Les policiers qui ont combattu pour la libration de leur ville ont fini par tre
reconnus comme membres des FFI : ce ne fut pas le premier mouvement de
la Commission dhomologation, qui refusa en bloc tous les dossiers. FFI pour
Rol-Tanguy, les membres de la PP qui avaient fait la guerre aux Allemands ne
faisaient que leur travail d agents de police aux yeux de la Commission ! In
fine, ceux tombs pour la libration de Paris ont tous t dcors de la Lgion
dHonneur et de la Croix de Guerre 37. La plupart des blesss a reu minima
la Croix de Guerre. A ct des principaux combats, nous voquerons aussi bien
les faits que les tus ou les blesss les plus significatifs de ces folles journes.
L objectif nest pas une relation exhaustive ni des combats pour la libration de
la capitale, ni mme de laction de la police pendant cette priode : trop dincon-
nues et dimprcisions subsistent. Cest plutt de donner, travers de multiples
exemples, une image du flot dactions imputables avec certitude aux policiers.
Les autres ont t dlibrment omises38. De vrais oublis, aussi, sans tre volon-
taires, sont, en loccurrence, inluctables. Enfin, restent de nombreux dossiers,
non-dpouills encore.
Le 14 juillet 1944, les policiers parisiens, rpondant aux slogans la police avec
nous refusent de charger la masse des manifestants qui sest runie Belleville.
Le 24 juillet 1944, une camionnette des Services Techniques de la PP vient se
ravitailler en armes au lieudit Les 4 routes(77). Ce n tait pas la premire fois :
plusieurs livraisons avaient t faites dans des camions gazognes anonymes,
des sacs d armes taient camoufls parmi dautres produits. Le tout tait laiss
au garage du boulevard de lHpital. Le lendemain, lquipage reprenait le
camion vide et le gazogne rvis.
Le 28 juillet 1944, le gardien Paul Lagoutte de Sceaux est srieusement bless
la jambe au cours dune fusillade lors dun reprage d emplacements de DCA
Villacoublay. Il est sauv par son coquipier Charbuillet, qui loigne les Alle-
mands de sa cachette.
Le 7 aot 1944, Hitler reoit le nouveau commandant du Gross Paris, Dietrich
Von Choltitz, et lui ordonne de dtruire Paris en cas de retraite des troupes
allemandes.
Le 8 aot 1944, Police et Patrieprend linitiative de contacts avec LHonneur de la
Policeet le Front National de la Police.
Le 9 aot 1944, les services administratifs allemands prennent la route du retourvers le Reich. Laval arrive pour tenter de runir lAssemble Nationale.
Le 10 aot 1944, les cheminots se mettent en grve.
Les 11 et 12 aot 1944, les Services Techniques de la Prfecture de Police
Dontla chute sera rude, dans le cadre de laffaire Joinovici.
Affect parle Parti Communiste la libration de Versailles etde laeine-et-Oise.
Sa biographie figure dans le f ascicule 2010.
Rsistantde novembre 1942, sans commandementeffectif ni grandectivit jusquen mai 1944 o il est charg de la coordination avecleseuxautres mouvements de la PP. Son autorit sur les units de PolicetPatriependantlinsurrection fut incertaine, Jean Straumann exerant
commandementrel.
Von Choltitz disposait dun bataillon de pionniers de la Luftwaffe,pcialistes duminage.
Dontles chambres de mise feu, dcouvertes grce Joseph Teyssier,n policierde LHonneurde la Police, sontgardes ds le 18 aotpar desgents.
Oplusieurs mines exploseront. La cartoucherie sera dtruite.
Nous ne signalerons ds lors que les cas atypiques. 38 Toutcom me lontt presque tous lelieue.
Biographie
En juillet 1944, le gardien de GagnyJoseph Segrettin(n le 27 juin 1913 Sauzelles dans lIndre) est arrt au cours dun sabotage sur la ligne SNCF Gagny. Amen au commissariat de Neuilly-sur-Marne, il svade aussittet rejoint le maquis de la Marne. Membre de la Rsistance depuis 1942, auRgiment Armor, il aide les rfractaires, fournit des explosifs et participe des actions. Le 20 aot 1944 Segrettin est nouveau captur les armes lamain La Fert-sous-Jouarre. Il est aussitt fusill avec dautres FFI dans leparc du chteau de Morsains.
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fournissent au CNR huit voitures avec des conducteurs policiers placs sous
l autorit de Jean Straumann. Leur s chefs directs sont arrts p ar la PP et les
fuyards rvoqus.
Le 13 aot 1944, un dimanche, entre 6 et 7 heures, les Allemands prennent les
commissariats de police dAsnires, de Gennevilliers et de Saint-Denis, ainsi que
la caserne de gendarmerie de Courbevoie, dont ils gardent les postes militai-
rement. A Asnires, le coup a t port 6 heures, pendant une coupure de
courant. Tous les policiers sont bloqus au fond du local, mais ne donnent ni
la voiture ni le stock d essence exigs par les soldats, qui coupent le tlphone.
A Gennevilliers, les assaillants s emparent du car Police-Secours, et ils dsarment
les gardiens de la brigade de relve au fur et mesure de leur arrive : un agent
administratif parvient s clipser et prvenir les autres arrivants et la PP. Vers
10 heures du matin, environ 500 personnes se regroupent sur la place de lHtel
de Ville local : 13 heures 30, les occupants restituent les armes et s en vont. Ds
ce jour, une partie des gardiens vient travailler en civil dans certains arrondis-
sements de l ouest parisien, alors quun communiqu lnifiant du directeur de
la Police Municipale, Emile Hennequin, dment la volont allemande de dsar-
mer la Police Le bruit court dune dportation des policiers vers Nancy.
Le Comit directeur du FNP se runit 18 rue Vulpian39. Rol est prsent.
Quand les membres apprennent par le gardien Roger Puydebois des Services
Techniques le dsarmement des policiers de certains commissariats, ils arrtent
le principe dune grve compter du 15 aot. Lefranc et Pierre partent au square
Denfert-Rochereau rencontrer Fournet, chef de LHonneur de la Policeet Lam-
boley, le reprsentant de Police et Patrie, qui donne son accord et sengage
faire imprimer 20 000 tracts40. Il rend de ce pas compte Henri Ribire, le chef
de Lib-Nord, qui s oppose au projet et demande Lamboley de faire traner
l affaire. Les trois responsables ont rdig sur place le texte de lappel la grve.
Les gendarmes se mettent en grve : celle-ci n est que trs irrgulirement sui-
vie. Le service continue tre assur en de nombreux lieux, dont la PP, lHtel
de Ville, le Snat, les casernes... Ce qui fut parfois utile ultrieurement.
Le lundi 14 aot 1944, rue Chapon, se retrouvent nouveau les reprsentants
des trois principaux mouvements de Rsistance au sein de la PP. Lefranc pour
le FNP, Priou-Valjean42et Lamboley pour Police et Patrie, Fournet pour LHon-
neur de la Police, mais aussi Yves Bayet43pour le NAP-Police, Andr Carrel et
Rol-Tanguy. Ils dcident de la grve mais demandent aux policiers de conserver
leurs armes44. Ils crent alors le Comit de Libration de la Police CLP .
Les gardiens membres de la direction du FNPRoger Herlaut, Clment Roycourt
et Roger Varlet vont la prison de la Sant : le directeur promet de librer les d-
tenus le lendemain. De son ct, le gardien conducteur des Services Techniques
Pierre Rondet va chercher au laboratoire de la PP des explosifs que lartificier
Andr Tabor a soustraits aux saisies allemandes, avec lambulance municipale
de Villejuif quil a rquisitionne : des pylnes sont ainsi sabots autour de cette
ville. A Paris, la voiture du gnral, secrtaire de Dat, est emprunte par le
brigadier Joseph Gaudin et vient renforcer le parc de la PP.
L ordre de grve est diffus par messagers aux responsables 20 heures 45 :
les points de rendez-vous pour le lendemain sont fixs et les corps-francs sont
constitus. A 2 heures, les ordres sont confirms.
Le domicile de lagent des Services Techniques Maurice Torchy.
Qui nontjamais t fournis...
Il est vrai que quelques agents staientimpliqus dans lass che-ent de la belle cave duprfet de police, pourrcuprer les bouteillesdes rclames parle professeurFrdric Joliot-Curie afin de fabriqueres engins incendiaires...
42Ladjointde Ribire pourla Police.
43 Contrairement certains crits, on neBayetdans LHonneurde la Police. Par cpostrieurs la Libration, le mouvemedu NAP.
44 Les Allemands avaient restreint fortemunitions dtenues parles policiers.
45Surinformation de Joinovici. La Brigadrations extrieures contre les maquis. Leont quadrupl dans les comptes-rendugroupe descendent deux tonnes darmtage parun escalierextrieuren colima
46Affaire Lon .
Biographie
Le nom deJoseph Lamboleyne vient sur le devant de la scne que tardive-ment : quand le 12 aot 1944 il est charg de la coordination entre Policeet Patrie, quil reprsente, et les deux autres mouvements de la PP. Membrede Brutus, il fait partie des crateurs du mouvement policier en novembre1943. Il tombe malade au moment du dclenchement de la grve, ce qui luipargne une rvocation laquelle nchappent pas ses collgues... Il se pr-sente comme linterlocuteur majeur de son groupe, sur lequel son autoritest conteste. Il en garde quelque acrimonie, malgr les mdiations dHenriRibire, et se venge en accusant ses collgues davoir t en permanenceivres41, ce qui ne renforce pas sa popularit. Lamboley est n le 23 avril 1908
Saint-Dizier : gardien en mai 1930, il prend sa retraite de commissaire divi-sionnaire en mai 1949, dcor comme ses pairs et homologu lieutenant.
Biographie
Armand Fournet, Anthoine,Pricls, est n le 24 fvrier 1905 La Villetelledans la Creuse. Dabord ouvrier agricole, puis maon, il devient gardien dela paix en octobre 1928 et sera brigadier lors de linsurrection. Il travaille audbut de la guerre pour la filire dvasions du groupeDomergue, animepar le maire du 6earrondissement, Boussard. Adhrent prcoce lArmeVolontaire-Groupe Valmyet lOCM, il est proche du NAPet dAjax. Il pour-suit son activit au sein deLHonneur de la Policeavec Edmond Dubent,auquel il succde mi-janvier 1944 aprs l e trs bref intermde dAdrienPeltier. Il tient le rle majeur dans linsurrection policire, et a particip saprparation, inclus en prenant une part active dans lopration de rcup-ration darmes auprs de la Gestapo de Neuilly45. Le 11 aot il est sollicitpar le chef du NAP-Policepour prparer lenlvement dEdouard Herriot :il met en place le dispositif qui devient inutile du fait du refus de llu. Ilconnait une promotion-clair la Libration quand il est propuls commis-saire divisionnaire. Il doit quitter la police en 1952, rvoqu comme simplebrigadier, en consquence directe de laffaire Joinovici, car condamn pouravoir soustrait celui-ci aux recherches de la police, versant Sret Nationale.Fournet voue une vraie reconnaissance Joino, qui a permis la remise enlibert de nombreux patriotes et juifs, notamment la demande de Lib-Nord, et qui a aliment en armes la Rsistance parisienne, quand Londres syrefusait. Il est vrai aussi que le comportement de Fournet a parfois manqude clart, comme en tmoigne un autre dossier46, sans que sa qualit dersistant sincre, quoique lactivit variable, ni le rle majeur quil a bienassur lors de linsurrection puissent tre mis en doute. Il fut dcor de laLgion dHonneur, de la Mdaille de la Rsistance et de la Croix de Guerre. Ilmeurt le 11 janvier 1995.
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Marcel Douret
Bernard Gante
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Le mardi 15 aot 1944au lever du jour, le gardien Jean Benot sintroduit avec
un groupe de rsistants du MLNdans le centre de Jeunesse, route dOrlans
Cachan pour y drober un stock de tenues.
Prvue pour prendre effet zro heure, c est 7 heures que la grve des policiers
entre en vigueur aprs affi chage de lavis dans les commissari ats. Les postes sont
dserts : mme si certains commissariats assurent pendant quelques heures une
permanence de secours , la grve est totale 14 heures. Les grvistes veillent
par leurs contrles et des quasi-piquets de grve au respect du mouvement
et renvoient les vellitaires. La grve est ds lors suivie par plus de 98 pour
cent47de l effectif. Les policiers assurent le plus souvent une permanence tl-
phonique. Les agents, en civil, se runissent frquemment hors des emprises
de linstitution: locaux dhabitation prts par un policier ou par un Parisien,
bistrots, garages , entreprises, clin iques, etc. Les affi ches appellent soutenir la
grve : Vive la grve gnrale de la police parisienne . Rolinvite toutes les
forces de l ordre, inclus les gardiens de prison, refuser de participer toute
opration au profit des Allemands.
Dans le 16earrondissement, c est une clinique sise 70 rue Michel-Ange qui
accueille les policiers. Des PC annexes sont ouverts dans une cave, rue Cortam-
bert et 10 rue Mesnil. Un peu partout, des quipes de policiers parfois aids par
quelques FFI vont garder des entreprises dintrt gnral : centrale lectrique
de Gennevilliers, usines gaz, transformateurs, etc. Au commissariat dIvry, le
commissaire Soreau se met la disposition des responsables, qui dcident de
fondre en un seul les trois groupes locaux de la Rsistance policire. A Saint-
Denis, le PC policier est install un temps dans un garage deux issues.
Le prfet Amde Bussire rvoque de ses fonctions le dtest chef de la Police
Municipale Emile Hennequin, pour le remplacer par lphmre Louis Godard
de Donville. Des dtenus des Tourelles et du Dpt sont librs. A midi, le com-
missariat du 5earrondissement est occup et mis sac par des miliciens qui
raflent des documents. Le responsable du service note : Les Parisiens qui nous
reconnaissent nous font des gestes et nous sourient : on sent quil y a quelque
chose de chang entre eux et nous ; tous les concours nous sont offerts, bons lits,
casse-crotes Des policiers prennent la charge de la protection des princi-
paux dirigeants de la Rsistance puis des responsables du pouvoir clandestin. La
police des occupants renforce sa prsence la PP. Inutilement, car presqu aucun
agent parisien n est l. Les Autorits Allemandes voquent en interne l ven-
tualit de fusiller 250 policiers pour mettre fin la grve. Dans la rue dAssas,
une cinquantaine de policiers en civil, mais ayant leur ceinture et leur bton
blanc suivent en silence et en ordre, par groupes de trois-quatre, un des leurs en
grand uniforme portant en haut dun poteau un disque noir : Mort au prfet
de police . Tout cela, grave et en silence 48.
A 20 heures, des agents i nterviennent sur une fusillade que des jeunes gens ont
dclenche en s en prenant des Allemands cantonns dans un garage de la porte
d Orlans, rue August e Reyer. Le gardien Louis Brli vet49blesse grivement
un offi cier, mais il finit par tre touch et captu r, puis achev sur place. L es
policiers du 12earrondissement attaquent et neutralisent deux sentinelles dans
la rue de Zone. Au PC divisionnaire de l arrondissement install pendant douze
jours chez des particuliers, les poux Bruto, 3 rue des Jardiniers, la femme du
gardien Jouve50assure la prparation de la nourriture fournie par les propri-
taires pour tout l effectif, qui inclut le corps-franc. Elle en sera aussi linfirmire
bnvole, avec dautres conjointes de policiers et participera des coups de main.
Assistant chirurgien la PP Jean Hamel 51prend ses fonctions de chirurgien
des FFI du secteur de Gennevilliers. Le CLP sige jusqu 19 heures 30.
On se presse aux portes des commissariats pour lire lappel du Comit de
Libration de la Police52. Le mtro se met en grve. Pour masquer les dbrayages,
le gouvernement dcrte un pont de six jours.
Le mercredi 16 aot 1944, le corps-franc du 12e arrondissement aux ordres du
gardien membre de LHonneur de la PoliceRobert Leduc56s empare du contenu
de wagons stationns en gare de Lyon-Messageries. 800 kilos de cigarettes et
350 kilos de Mazena destins la Milice de Riom sont chargs dans des cars
Police-Secours et distribus aux habitants des 11e, 12eet 20earrondissements. A
9 heures 30, linspecteur Georges Morin dclenche la grve dans les locaux de
la Police Judiciaire : tous les inspecteurs quittent leur travail p our se retrouver
dans le square des Batignolles57. Dans le 16earrondissement, au 15 de la rue
Leroux, deux gendarmes et deux repentis de la Lgion des Volontaires Franais
qui veulent rcuprer des armes sont fusills sur l ordre du lieutenant Gnin, un
cadre de cette Lgion58. A Asnires, un poste de la Croix-Rouge est install dansle commissariat o ne restent quun tlphoniste et un agent de liaison. Dans
dautres services, tel Aubervilliers, les policiers restent dans leurs murs tout au
long de linsurrection. Rolinstalle provisoirement son PC au 103 avenue Verdier
Montrouge. C est aussi par cette ville que se scelle le destin de Pierre Jarrige59,
auxiliaire aux critures lInspection Gnrale des Services de la PP. Agent de
La minorit non-grviste sera sanctionne minima par des blmestrieurementen Comit dpuration.
PaulTuffrau: De la drle de guerre la libration de Paris.
49 N le 10 dcembre 1916 Kerramarygardien en 1941. Adhrent LHonneurdetdes juifs.
50Son mari fera partie des policiers dten
51N le 27 octobre 1904 Chteauroux, Aprs les combats, le docteur Hamel scomme mdecin-capitaine. Ilquitte le po la PP en avril1954.
52Claude Roy.
53N le 25 novembre 1913 Monthermla Rsistance : ilest responsable dun groVillemomble) depuis 1942 et participe remarqueren enlevantun poste radio dan la barbe des Allemands qui gardentlesdes parachutages. Ilesthom ologu capit
54 N le 7 mai 1945 Paris, il est membcachaitdes aviateurs allis. Pre de deuxLHonneurde la Policeetfut homologu
55N le 9 aot1925 Chelles : il a participlementdun train le 15 janvier1944 Pdes Groupes Mobiles de Rserve eta quitrejoindre le groupe FFI de Chelles. Ilest dtance.
56N le 27 juillet1913 Paris, ilprend sa reten juillet1968. Ilest homologu adjudanRsistance etde la Croixde Guerre.
57Le lendemain une nouvelle runion a Mtiers, oun nouveau chef se mansans beaucoup dgards.
58Le 22, ce sontdes gendarmes qui occupdans le 9earrondissement.
59N le 20 janvier1924 Paris, ilesthomo
Prlude tragique au Bois de Boulogne
Le 16 aot 1944 7 heures 45, trois gardiens de la paix du secteur de
Noisy-le-Sec-Villemomble partent avec des groupes de FFI pour prendrelivraison de huit tonnes darmes. Marcel Douret53, qui emmne avec luiquatre membres du groupe Armor, Roland Verdeaux et Bernard Gante54sont en fait les victimes dun tratre, qui conduit trente-cinq jeunes FFI versla mort. Ils sont massacrs la cascade du Bois de Boulogne, trahis par unfaux-agent de lIntelligence Service, le Captain Jack, Guy de Marcheret dEu.Le gardien stagiaire Roland Verdeaux55voulait ramener des armes pour lemaquis de Dourdan depuis la rue dArmaill, quand il est captur comme sescompagnons dinfortune dans le guet-apens tendu place des Ternes. Au furet mesure des arrives, tous les FFI sont pris, puis ils sont conduits rue desSaussaies, interrogs et gards dans la cour jusque vers 22 heures. Ils sontalors conduits en camions vers le Bois, puis ils sont fusills leur descentedes vhicules.
Le tratre sera lui aussi jug puis fusill en dcembre 1949 au Fort de Montrouge.
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7/22/2019 PP Resistance Part3
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Pierre Jarrige
Andr Duret
Andr Collibeaux
Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 2322
liaison du groupe de Rsistance de Clamart command par Henry Golaudin, il
est charg par celui- ci de porter un mess age au PC dun autre offi cier de la Rsis -
tance, 116 rue de Bagneux Montrouge. Il est arrt avec un camarade, vers 15
heures, porte de Vanves. Jarrige est fusill avec quatre autres rsistants dont son
chef, le 20 aot aux Friches de Malabry Chatenay. A lautre bout de la ban-
lieue, dans la clairire des Quatre Chnes, Domont, 14 rsistants sont passs
par les armes. Parmi eux se trouve un gardien du 9e arrondissement, Andr
Duret60. En congs chez ses beaux-parents, il a rejoint le groupe Remon, qui est
compos de rsistants de la rgion. Il est captur avec ses camarades par une
troupe mixte de miliciens et de Feldgrau, alors quil conduit un camion charg
darmes appartenant son corps-franc.
Hitler donne lordre d vacuer de Par is les se rvices de scurit d occupation
ainsi que les personnels non-combattants. Les postiers (hors tlphone) se
mettent en grve.
Le jeudi 17 aot 1944, le Comit Parisien de Libration et le Conseil National
de la Rsistance trouvent toute insurrection prmature, malgr la volont
communiste.
Des Allemands se prsentent au garage de la PP, boulevard de lHpital et exigent
sous la menace des armes la remise de la quarantaine de cars prsents au garage.
Aprs avoir russi leur faire croire que la plupart de ces vhicules taient l en
rparations, inutilisables, les rsistants des Services Techniques parviennent
ne donner que sept cars plus huit autres entreposs dans lannexe de la rue des
Carmes.
Des Miliciens dversent dans la Seine depuis un pont le chargement dune
camionnette pendant que quatre dentre eux tiennent le public en respect. Le
lendemain, un tmoin plonge par six mtres de fond pour voir ce qui a t ainsi
dvers et il remonte environ 250 fiches en zinc provenant dun adresso-
graphe . Il dpose ces fiches la PP le 21. Sans ractions de celle-ci, ce sont les
pompiers qui remontent plus de 5000 fiches de la Milice, qui feront le bonheur
du Tribunal Militaire.
Les responsables de la Garde, contacts par la Rsistance, refusent de s engager
et restent neutres et loyalistes : la grve de la police est pour eux une inadmis-
sible atteinte la sret de lEtat61 !
A 19 heures 30, les 553 prisonniers politiques de la Sant retrouvent la libert
grce leurs propres gardiens, aprs la tentative policire externe, avorte la
veille. Ce mme jour des policiers contribuent en force la prise de la mairie
de Montreuil. Rue de Crime, vers 17 heures, un lment du corps-franc du
commissariat des Lilas, rattach au MLNet command par le brigadier Marcel
Martin sempare dun vhicule Citron de la police allemande momentanment
abandonn par ses cinq occupants. A Chevilly-Larue, quelques policiers dirigs
par le gardien Jean Benot obtiennent l vacuation des soldats du poste de garde
du transformateur lectrique et la matrise de celui-ci par la Rsistance. Les
agents de Saint-Ouen sinstallent dans labri de la Dfense Passive, au groupe
scolaire Jean Jaurs. La fatigue gagne les policiers prsents 24 heures sur 24. En
dbut de nuit, des incidents opposent des Parisiens moqueurs des Allemands,
qui ripostent la mitraillette : on en voit les traces du boulevard Saint-Michel
jusqu la Sorbonne. Dans la nuit, au retour dune mission de surveillance,
disparat le gardien du 2e arrondissement Andr Bauduret67: il est vu pour la der-
nire fois, nu-pieds place de la Rpublique. Il est alors prisonnier et enchan,
entour de plusieurs soldats allemands, avec un camarade.
Dans les vnements du jour : les Allis sont annoncs Chartres, Dreux et
Orlans. Le consul de Sude passe avec les Allemands un accord relatif la
libration des dtenus politiques. Le dernier convoi de dports quitte Drancy
pour lAllemagne. A 18 heures 30, Pierre Laval prside son dernier Conseil desMinistres avant de partir pour Belfort.
Le vendredi 18 aot 1944, dans la nuit, les Allemands font sauter des munitions
dans la gare de la Fosse-aux-Bergers de Villemomble : beaucoup restent intactes
dans des wagons, mais le site est gard par un dtachement de dix s oldats. Vers
N le 26 novembre 1913 Beaumont-sur-Oise, ilest pre dun enfant.embre de LHonneurde la Police, ilesthomolo gu adjudant.
Tmoignage de Massiet.
62N le 16 juin 1910 Sentein (Arige), ce quitterla police en aot1951.
63 N le 23 mai 1911 Rosendal(NordPoliceetdu FNP, ilesthom ologu adjud
64N le 20 dcembre 1905, gardien de nov
65N le 29 avril1920 Maisons-Alfort, medepuis mai 1943, ilest homologu adjud
66N le 20 fvrier1912 Paris, iladhre L
67 N le 14 septembre 1910 Paris, ilrejnovembre 1942. Ce pre de deuxenfants
Radio-Paris ne ment plusLa radio nationale suspend ses missions. Les policiers rsistants sont pr-venus de ce que les Allemands veulent faire sauter Radio-Paris avant de fuir.Dans la nuit du 17 au 18 aot 1944, partir de 22 heures, des groupes depoliciers du 11earrondissement dcident de prendre le poste collaboration-niste au 116 bis avenue des Champs-Elyses. Un premier groupe dune tren-taine de rsistants, trs majoritairement policiers, vient scuriser les lieux.
...
Un second groupe de dix gardiens et trois civils du 12earrondissement vienten renfort. Une partie des premiers se heurte aux Allemands. Le chef ducorps-franc du 11earrondissement, le gardien Armand Berne62est capturet gard 36 heures pour lui faire avouer o est son PC, avant dtre chang.Les gardiens de la paix du 11e Louis Claeysen63, Paul Dupont64, Andr Colli-beaux65et Raymond Perretin66y laissent leur vie. Dupont est tu au cours ducombat. Claeysen est fait prisonnier la Porte Saint-Martin alors quil revientvers minuit trente avec le car Police-Secours accompagn de Collibeauxet de Perretin pour chercher des armes au commissariat du 11e: nul ne lajamais revu vivant aprs son passage dans la caserne du Prince Eugne, oil est interrog par le lieutenant Walter Quade. Son corps y fut retrouv dansune fosse commune. Ses deux collgues ont disparu sans doute fusills dansla mme caserne (ou Vincennes), comme francs-tireurs. Le lendemain aupetit jour, les Allemands et leurs collaborateurs quittent les locaux de Radio-Paris.
Les quatre morts policiers semblent avoir disparu des commmorations dela libration du poste... un jour plus tard et sans risques.
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Pierre Paul Guillemot
Andr Monnier
Arthur Pothier
Gustave Gallien
Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 2524
13 heures, le brigadier Joseph Gaudin68 reoit l ordre du commandant FFI local
d attaquer les militaires avec dix agents et un g roupe FFI. Aprs un minutieux
reprage des lieux par Gaudin et deux inspecteurs, les rsistants parviennent
approcher les wagons, quils descellent : ils rcuprent des armes et des munitions
qui sont transportes dans le vhicule du commissariat de Noisy-le-Sec, lequel
est brivement prise en chasse p ar deux automitrailleuses qui sont distances.
L opration a permis de rcuprer 60 mitraillettes et des caisses de munitions
qui sont amenes dans le garage FFI de la rue Saint-Charles ou envoye au
RgimentArmorpar linspecteur Guillemot69.
A Saint-Denis, une patrouille dun brigadier et deux gardiens se rend au dpt
de vivres et de matriel de lancienne cartoucherie du fort de la Briche. Ils y
trouvent deux Allemands en train de charger des barres dtain dans un camion
et les font prisonniers. Un peu plus tard, un autre groupe de policiers installs
la Butte-Pinson Pierrefitte attaque quatre soldats venus dans un camion de
vivres et de matriel : deux sont capturs. Les autres fuient mais reviennent avec
un renfort et semparent dune femme et dun enfant en otages, dont ils ngo-
cient l change contre les deux prisonniers. Le troc est accept. Un gardien est
bless dans laffaire.
Vers 11 heures, Paris, les gendarmes de la caserne Exelmans demandent du
renfort car attaqus par la Milice : deux corps-francs de policiers du 16earron-
dissement vont sur place, mais l alerte est leve s ans quils aient intervenir.
Linspecteur principal des gardiens de la paix Jules Guilbert70et son groupe de
rsistants capturent trois camions allemands passage de Dantzig dans le 14e
arrondissement. Le commissariat de Clichy est inform par son groupe de sur-
veillance de la situation lhpital Beaujon. Evacu la veille par les occupants,
il s avre que plusieurs camions de SS viennent de sy prsenter pour rcuprerles prisonniers allis blesss. Un corps-franc de la p olice locale pntre discrte-
ment dans les lieux et russit exfiltrer 14 blesss anglo-amricains, aprs avoir
chapp de justesse aux Allemands. Les rescaps sont logs chez des policiers,
qui sont aussi parvenus empcher le dpart de quelques intransportables
face des SS presss. Le gardien Charles Frdy russit soustraire deux caisses
d armes et de munitions sous le nez des sentinelles. A 13 heures 30 le commis-
sariat du 15earrondissement rouvre et hisse les couleurs dans le dlire de la
foule. A 15 heures, Yves Bayet, le directeur du Cabinet du Prfet et le futur prfet
Luizet ont un premier contact au Quartier Latin. Rendez-vous est pris pour
le lendemain 11 heures langle boulevard Saint-Germain-rue du Dragon 71.
De son ct, linspecteur principal adjoint Georges Massonneau, en charge du
Dpt, ngocie avec le prfet Bussire la libration de ce qui reste de dtenus,
aprs avoir essuy un refus de la part du procureur.
Les agents conducteurs de la PP Georges Charpentier, Fernand Poulain,
Andr Monnier72etArthur Pothierprennent une voiture de service emprunte
Lucien Rotte, le directeur des Renseignements Gnraux. Ils se rendent
Andilly, en Seine-et-Oise, pour mettre en s curit trois parachutistes canadiens.
L quipe excute, d ans la journe, dan s la mairie de Bic tre lancien maire,
Grard, dnonc par Alger pour avoir livr de nombreux patriotes. Dans la fou-
le, ils excutent aussi, boulevard Arago, Mme Ch la mre dun milicien, elle-
mme accuse de multiples dnonciations. A Clichy, le groupe de policiers du
gardien Charles Hullois tue deux soldats dans une voiture. Vers 18 heures 30, le
gardien Arthur Lucot73est grivement bless Romainville, alors quil part en
mission vers la porte de Montreuil, lors dun change de tirs avec les Allemands
qui avaient tabli un barrage. Il meurt le lendemain lhpital Tenon. Plusieurs
mairies de banlieue sont occupes par les FTP(Montreuil, Les Lilas).
Dans la clinique du 16 eo ils sont replis, les policiers de l arrondissement aids
par leur htesse cousent jusqu minuit les brassards FFI sigls CPL Comit
Parisien de Libration .
Les FFI du 14earrondissement dirigs par linspecteur Georges Brchat mnent
des actions en petits groupes pour se procurer des armes : ils capturent quatre
Russes de larme Vlassov dans la cour du n12 de la rue du gnral Maudhuy.Les 18 et 19 aot les policiers du 19eprotgent les Magasins Gnraux, 102 rue
Petit, dun groupe de pillards allemands. Ils contribueront ainsi galement au
bon ravitaillement de la PP. Linspecteur spcial Gustave Gallienest tu l dune
rafale de mitraillette dans la poitrine74. Srieusement bless, le gardien Ray-
mond Balluet est sauv du coup de grce par lintervention dun de ses collgues.
Ilprendra sa retraite de brigadier-chefen fvrier1953.
Ils attribue seul, dans son rapport, la paternit de laction.
N le 25 dcembre 1900, cest un rsistantde longue date, agent re-uteurde LHonneurde la Police. Il est dcor aussi de la Mdaille deRsistance.
71Selon le tmoignage ducolonel Arnouldtionnelles, Luizetaurait eudes contacts britanniques etlarme amricaine depuradio durseau Jade-Amicol, rattach BCRA. . Les archives PPsontm uettes surde liaison directe avecLeclerc.
72PourPothier, Monnieret Dugarreau, se
73Membre de LHonneurde la Police, Lu Longuyon (Meurthe-et-Moselle). Il taide 21 jours.
74 N le 10 janvier1915 EqueurdrevillePolice Judiciaire en avril1939.
Biographie
Pierre Paul Guillemot La Guillaumette, devient policier en novembre 1942,aprs avoir t employ de mairie Villemomble. Il est n le 31 mai 1911 Saint-Mand. Mobilis, Guillemot est fait prisonnier dans la Sarthe, au Lude,le 19 juin 1940, pour se retrouver un peu plus tard dans un stalag prochede Hanovre, Fallingsbostel. Il sen vade le 24 novembre 1941 et se faitdmobiliser deux jours aprs en France. Devenu inspecteur Noisy-le-Sec i l
sengage dans le Rgiment Armor, un important groupe de Rsistance. Il yremplit des fonctions dinterprte et dagent de renseignements, en parti-culier sur les positions des troupes allemandes. Il aide aussi des prisonniersvads et des patriotes. Le 21 aot 1944, il fait partie des FFI et policiersqui prennent la mairie de Villemomble, dont ils assurent la dfense durantquatre jours. Pierre Guillemot est homologu adjudant.
Biographie
Yves Bayetest un ancien commissaire de police pass sous-prfet. Il estn le 18 mai 1910 Paris. Son attitude sous loccupation est controverse :pendant sa prsence Nantes il est accus par des rsistants davoir colla-bor avec le Service de Police Anticommuniste. Il joue le rle majeur dans ledclenchement de linsurrection policire. Ayant engag un rapprochementNAP-LHonneur de la Police, il choisit Fournet pour mener laction, vraisem-blablement en fonction de la solidit de lorganisation dont celui-ci a hrit.Bayet quitte ses fonctions dans le corps prfectoral en aot 1946, et meurten 1977.
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Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 2726
Les trois chefs de mouvement se rencontrent et dcident lentre en lice de la
Police pour le lendemain, sans en dterminer la forme ni le moment. Ds cette
soire du 18 un important groupe de policiers arms assure la scurit de ltat-
major de Liz75, ladjoint de Rol.
Dans la soire, Yves Bayet apprend que le CPL ordonnerait le lendemain linsur-
rection gnrale. A 20 heures il fait porter Fournet lordre de rassemblement
des policiers devant la PP pour le lendemain sept heures : son intention tait de
cerner la caserne de la Cit. Fournet mobilise les agents de liaison de LHonneur
de la Policeet joint les deux autres groupes de Rsistance pour, vlo77ou pied,
malgr le couvre-feu, dans le noir uniquement perc par la lune, en une nuit, in-
viter un maximum de rsistants se prsenter le lendemain matin partir de six
heures trente sur le parvis Notre-Dame devant la PP : il ny eut pas de fuites
fatales vers les occupants ou la collaboration. Les policiers seront entre deux et
trois mille regroups devant la PP, arrivs pied ou vlo , sans intervention de
loccupant. Leurs collgues sont rests sur le territoire de leurs commissariats, le
plus frquemment en civil, le brassard des FFI au bras ils avaient t prpars
lavance78, mais arms79chaque fois que possible.
Le samedi 19 aot 1944, 4 heures, des estafettes repartent de plus belle pour
prvenir un maximum de collgues de l vnement prvu pour le dbut de la
matine81. Tout au long de leurs dplacements, ces agents de liaison croisent
des gardiens dj en route pour la PP : quelques-uns font du transport en
commun sur leur vlo . A 6 heures, Fournet retrouve Pierre et Lamboley place
Valhubert : ils arrtent les modalits de laction venir, puis, longeant les quais,
ils se mlent aux policiers qui se regroupent devant la PP. A 7 heures 45 sont
distribus les premiers brassards FFI.
Vers 8 heures, aprs concertation entre les trois chefs de mouvement, les policiers
entrent dans la PP par la porte ct cathdrale : quelques gardes mobiles se
joignent eux. Quand un garde82de faction leur entrouvre la porte, plus de 2500
agents s engouffrent sans plus attendre aucun signal, dmettent le prfet Amde
Bussire de ses fonctions, occupent avec des quipes dsignes lavance lesprincipaux locaux stratgiques83 et affi rment lexistence du premier difice
public dlivr symbolisant le nouveau pouvoir dans la capitale. Ils emmnent
dans la cour un premier prisonnier : un s oldat allemand dun certain ge, effar.
Il en rejoint en fait dautres, pigs dans la PP : quelques membres de lquipe de
surveillance 84 des occupants, prsente en permanence dans les locaux.
Le colonelde Marguerittes.
Pourtous les tmoignages, nous avons systmatiquementretenu lesersions premires.
Dontla possession constituaitune obligation statutaire pourles agents.
8000 ontt confectionns, grce dutissu fourni par Joinovici... quivre paralllementcelui ncessaire lhabillementde la sinistre Brigadeord-Africaine la solde de loccupant.
Le fait nestpas contestable : le nombre lev de policiers fusills oubattus surplace est d ce que les Allemands les onttrouvs porteursarmes, sans tre en tenue ni en service... Des francs-tireurs donc !
Voirle fascicule 2009.
Linitiative en seraiten fait commune Henri Ribire et Yves Bayet.
82Les policiers tant en grve, cestla Garen grve aussi...)qui assure la protection dparle prfet Bussire, dans la PPdserte
83Transmissions, htelprfectoral, Brigadteurs.
84Selon deuxtmoignages policiers, non-
Linsurrection : quand ?
Les notes de Jean de Vog conservs aux Archives Nationales montrent lesdivergences qui ont souvent rgn durant cette priode entre les diffrentescomposantes du Conseil National de la Rsistance quant la stratgie mettre en uvre en rgion parisienne. Raliste, Lo Hamon76crit, le 19aot : Pendant que nous discutons lordre dinsurrection, cest linsurrec-tion elle-mme qui se faisait. Parodi, de son ct, admet avoir embraysur la rvolte policire pour ne pas courir le risque de briser lunit de laRsistance. Il signe Rollordre dinsurrection, quand celui-ci vient le voir, le19 aot.
Coup denvoi
Yves Bayet crit au Comit de Libration de la Police, sous le couvertdAnthoine, Fournet, le 18 aot au soir :
Le CPL donnera dans la matine lordre dinsurrection. Il faut rassemblerdeux mille hommes demain matin 7 heures aux abords immdiats dela Prfecture de Police. Vous attendrez les instructions du CNR et du CPL.Salut et Fraternit.
Lorganisation mise en place par Edmond Dubent80fait alors ses preuves en
permettant la russite de cet exploit.
Les yeux ouverts...
Le parvis de Notre-Dame est noir de monde. Partout des brassards tri-colores. Les chefs du Comit de Libration de la Policeharanguent leurshommes en civil. Le grand portail souvre. En quelques minutes, la Prfec-ture de Police est occupe. Les standardistes sont sur les dents, les ordrespartent. En civil, les milliers dagents de Paris vont roccuper les commissa-riats abandonns pendant la grve . (Les yeux ouverts dans Paris insurg,de Claude Roy, correspondant du journal Front National).
Parvis Notre-Dame
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Jean-Louis Chassagnette
Douze jours pour Paris : les policiers dans la bataille pour la capitale 2928
Ds cet instant, linsurrection est dclenche 85. Les gardiens du 7earrondisse-
ment sont l avec une chelle : si cela avait t ncessaire, il tait prvu de s en ser-
vir et dentrer par une fentre du 1ertage. Les policiers se forment en carrs par
arrondissements et par divisions dans la cour. Un peu avant 9 heures, le drapeau86
est hiss au mt dans la cour87, alors que tous sont au garde--vous, au son de
Aux champs puis de la Marseillaise. Yves Bayet, arriv entre-temps, mon-
t sur le toit dun vhicule, proclame la lgitimit de ce bout de territoire qui
chappe lemprise de Vichy. A 9 heures 30, loffi cier de rserve Ch assagne tte est
charg par Bayet de la dfense de la caserne de la Cit.
Il rpartit les mitraillettes des gardes de la gendarmerie entre des policiers qui
avaient t forms leur emploi : avec celles des rsistants, de sept au dbut, il
y en aura un peu plus tard dans la journe une trentaine pour toute la PP. Des
brassards sont distribus tous les dfenseurs : des gardiens en tenue sont en-
core vus dans les rues. Des membres du FNPmnent une action cible dans les
locaux des Brigades Spciales pour rcuprer les archives qui les intressent. Les
membres du corps-franc Mathieu des Renseignements Gnraux88 : Orsini89,
Laperrine90, mais aussi Gresset leur succdent dans les locaux des dirigeants
des RG, quils viennent occuper. La PP devient une cible pour les Allemands
et, avec elle, les commissariats de police et les mairies darrondissement ou des
communes o ils sont le plus souvent implants. Un primtre de dfense de la
caserne est tabli qui prend appui sur le Tribunal de Commerce et sur lHtel-Dieu. La dfense du Palais de Justice est assure par la Police Judiciaire 91, des
groupes du corps-franc des Renseignements Gnraux (CFRG)et quelques FFI.
A la demande de Bayet, le drapeau est alors hiss sur le toit92de la PP, sous les
yeux et la joie du public qui sest regroup aux abords du btiment93. Deux
heures plus tard, lHtel de Ville suit.
Le prfet Bussire est dtenu dans son bureau : le 15 il avait dsesprment tent
d empcher la grve, puis quatre jours aprs, lins urrection, avan t d tre reconduit
dans ses appartements. Le prfet de la Seine, Ren Bouffet, le Prsident du
Conseil Municipal, Pierre Taittinger, et six autres personnalits viendront
le rejoindre. Tous seront plus tard transfrs dans le bureau 22 des RG, puis au
Dpt. L tat-major de la Police Municipale (PM) commence son travail obscurmais indispensable de plaque tournante des actions, grant appels94au secours,
envois de renforts et toutes les oprations, sous la direction dOctave Pillard95,
d Armand Lafont et de Lucien Hnique96. Les requt es qui affl uent vers la PP
sont loin de ne concerner que lactivit des seuls policiers : les units de FFI
engages se tournent volontiers vers la caserne de la Cit pour faire prendre en
compte ou relayer leurs informations ou demandes. Les Allemands, eux, entrent
dans le combat avec un handicap majeur : ils se battent dans une ville quils ne
connaissent pas. Les panneaux indicateurs ont disparu et le mtro est en grve.
Ds 7 heures 30, Jean Straumann97, le responsable de Police et Patrie, avec un
groupe men par les agents Paul Daley98et Marcel Torchy, prend possession des
stratgiqu es Services Techniques, boul evard de lHpital. Il conduit l attaque
bord dun side-car conduit par le gardien Ulysse et arrte les rares cadres
favorables la collaboration rsidents et prsents dans les lieux. Devant la gare
de Lyon, le responsable Andr Fournier est bless par balle la cuisse, en se
rendant la Cit pour prendre le commandement de ses hommes. Un car de
police appel sur une bagarre est mitraill place de la Concorde : trois agents
sont blesss par des tirs venus du sige de la Kriegsmarine. Simultanment, un
sous-offi cier allemand se promenant sur le parvis Notre-Dam e devient lui aussi
prisonnier de la caserne de la Cit. Un mess est cr au Lyce Henri IV, qui
sert de refuge au trop-plein de la PP, afin de pourvoir lalimentation des
policiers du secteur : une quinzaine dagents sont chargs du ravitaillement, de
la cuisine et du service ! Le 21 les lieux seront vacus au profit du CercleConcordia, rue Lhomond. Dans la PP les premires roulantes apparaissent :
elles serviront du singe midi. A 8 heures 30, six policiers volontaires sont en-
voys en voiture de la PP vers le 61 rue de Monceau, domicile de Darnand, pour
saisir ses archives : place de la Concorde, les agents sont arrts par un barrage
allemand. Le vhicule est accident en tentant une manuvre de dgagement.
Voir, dition spciale Libration de Paris. La une de Franc-Tireurdu2 aotest aussi sans ambigit surla place de la PPdans linsurrection :La Prfecture de Police a tenucontre toutes les attaques des troupeslemandes , puis elle voque Lpope symbolique de la Prfecturee Police .
Le drapeauest celui de la Musique des gardiens de la Paix, dontla lyre a dcousue en hte pouren faire une Croixde Lorraine : loriginalexiste
ncore dans la salle de billarddes appartements prfectoraux. Ds le 18drapeaut ricolore esttemporairement lev sur lune oulautre mairie.
e 19, toutes sontpavoises de tricolore, saufMontreuil etTorcy, oflottedrapeaurouge... Pendant les sixjournes de linsurrection, chaque
is quun engagementun peuviolent avaitl ieudu ct de la Prfecturen levaitles yeux, avecanxit, sur le fate de cetdifice etles tours de laathdrale ; et lon taitrassur en voyantque nos couleurs yflottaientncore .
Qui deviendra la Courdu19 aot parla grce de Georges Bidault.
CFRG.
Voirle fascicule 2010.
MarcelLaperrine, gardien en mai 1935, ilprendsa retraite de commis-ire principalen octobre 1970.
Dontle brigadier-chefHenri Lasserre, un ancien combattantabondam-entdcor etrsistantconfirm, qui se distingue auxcombats et vaus les jours assurerle ravitaillementdes dfenseurs auxHalles.
Ma concierge ma hurl : le drapeauest surla Prfecture ! (Claudeoy).
Illavait t dj le 14 juillet1943 vers 23 heures, parle gardien Valaderetir parles pompiers.
94Les historiens reprsententvo lontiers cl dutlphone : cesten partie vrai. Masible pourun homme seul. La PP a fonctioappels entrants etsortants passant parle dement, qui prpare etenvoie ses instrucPisani esttrs normalement, aprs Bayet,auprs desquels on sollicite les instructioon relaie les appels les plus importants.
95Voirfascicule 2010.
96Pseudo : Pers, Agentde Zadig.
97Voirfascicule 2009.
98Rsistantdoctobre 1940, membre dugsable pendantles combats, de la sectioadjointdu Bureaumilitaire de Lib-NordLHonneurde la Police.
Commandant militaire de la PP
Linspecteur principal adjoint et lieutenant du Gnie de rserveJean-LouisChassagnette, est membre du FNPdepuis mai 1942. Il y est en charge duravitaillement en armes et munitions et organise les groupes-francs descompagnies de circulation. N le 20 mai 1900 Youx (Puy-de-Dme), il estgardien de la paix en juin 1922, brigadier en 1938 et brigadier-chef quatreans plus tard, aprs sa libration par les