Paplar ,Artrock 2010 , Vendredi

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Art Rock Saint-Brieuc Vendredi 21 Mai 010 Le magazine du festival

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Art Rock Saint-Brieuc

Vendredi 21 Mai 010

Le magazine du festival

Yelle sort son billetPour l’instant, à part avoir bu plein de

mojitos sans avoir mangé, mon début de festival c’est un peu l’effet Kiss Cool.

Ça s’est très très bien passé hier soir au B52. Il y avait un peu de monde, les gens étaient

sympas. On mixait avec Yelle DJs, on était six en tout, la bande habituelle de copains. On était là pour soutenir notre pote Antoine qui faisait la réouverture de son bar. Une manière de l’aider dans son effort de réveiller Saint-Brieuc, ce qui n’est pas chose évidente. Le seul problème, c’est que beaucoup étaient sur le perron à cause de la loi anti-tabac. C’était un peu dur de les faire rentrer. Enfin, c’était une ambiance cool de début de festival. Je n’en

attendais pas moins. Je n’ai rien vu des concerts d’hier soir. Mais j’ai croisé plein de gens qui revenaient du concert de Air et qui voulaient tous se virginsuicider. « J’aime bien dans mon salon, mais pas en concert. », m’a même dit une copine… Du coup, je me tâte pour y aller ce soir. Comme c’est pendant Olivia Ruiz, je pense que je vais quand même faire l’effort.Dans ce que je n’ai pas envie de rater ces prochains jours, il y a Go ! Team, la soirée pop de samedi avec Lilywood & the Prick, Elysian Fields et la Compagnie Willi Dorner avec « Bodies in urban spaces ». J’attends bien sûr également les soirées du bar VIP. Dans la chapelle, ça devrait donner.

Cette année, le SPOT Festival et Art Rock se déroulent en même temps. Le Danemark et la France ont donc décidé de troquer Stimorol contre Malabar, et vice versa.

Ainsi, Oh No Ono, qui a joué au moins trois ou quatre fois déjà au SPOT d’Århus, Danemark, se retrouve à Saint-Brieuc. « On  s’est  tapé  dix-huit  heures  de  route  depuis Liverpool  pour  venir  jouer  ici.  On  vient  d’arriver  et  tout ce dont on a envie, c’est d’une bonne douche. Donc on n’a pas trop exploré les environs. Par contre, on a joué à South By Southwest  au Texas dernièrement  et  on peut vous dire que c’est tout l’opposé du SPOT. SXSW est un festival chaotique, sans doute plus  fun que  le SPOT où tout est réglé comme du papier à musique. Mais, à bien y réfléchir, le SPOT offre les conditions idéales à un groupe pour  se  produire. » On confirme, pour y être allé il y a quelques années, le SPOT est bien le festival de Monsieur Propre : même les lieux d’aisance sentent le dentiste…

On peut également vous dire que bien qu’ils n’aient appris les conditions du troc (Montgomery et GaBlé au Danemark contre Oh No Ono et Lucy Love en France) qu’au moment de leur arrivée à Saint-Brieuc, Oh No Ono s’est bien vite fait aux us locaux : cadavres de flasques de Calvados et Cointreau jonchent les sanitaires. C’est comme ça qu’ils recréent le seul lieu désordonné de leur contrée : Christiana, quartier artistique de Copenhague aux architectures hétéroclites et « endroit  parfait  pour dégoter de la beuh ». On ne sait pas s’ils ont consommé avant de se coiffer et d’enfiler les bretelles à fleurs qu’ils arborent sur scène, mais ils nous disent qu’ils s’habillent en Tyroliens tous les jours et que le seul rituel qu’ils s’autorisent avant un live, c’est une bonne vieille accolade virile. Oh no, oh no, n’en jetez plus, on a compris, le Danemark, ce n’est pas QUE Legoland… Moins de 18 ans, s’abstenir…

Brèves

ÇA ME DITSamedi, « Jipé », programmateur des Nocturnes de Saint-Brieuc, jouera à l’animateur avec ses amis de Radio Activ. Posté dans la rue piétonne de 17 à 19 heures, il présentera l’émission « Samedi trop rien d’écouter », avec notamment comme invités musicaux Caravan Palace et Craftmen Club. Cette émission éphémère proposera même un challenge aux auditeurs et spectateurs, avec à la clef une place à gagner pour le concert de Muse aux Vieilles Charrues.

GALETTES EN PERSPECTIVE ?Toujours pour occuper votre journée du samedi, les activistes briochins du Disquaire proposent, de 10 à 18 heures, un déjeuner-goûter autour de nombreux DJ sets. Sont conviés à la petite sauterie GrandMarnier, Tepr, JULIEN2000, The 1969 Club, Lamar Shedd et Jessy Dumont. Dans la foulée, le duo Lilywood and The Prick offrira un showcase, avant leur concert de 23 heures au Forum (22, rue du Général Leclerc).

JULIEN PUISSANCE 2000Stakhanoviste, JULIEN 2000 offrira également un mix aux Caves bretonnes le samedi après-midi de 15 à 18 heures. « Un set à  la cool, genre ambient,  musique  de  films », dans le jardin. Le lendemain, son compère Lamar Shedd prendra le relais à la même heure (8, rue Michelet).

FÉFÉ L’A FAITAprès dix ans passé avec le Saïan Supa Crew, Féfé défend aujourd’hui, guitare à la main, un projet plus personnel. « Mon  album  est  bien accueilli, mais j’avoue que j’en suis très étonné. Je m’étais tellement préparé à ce que  les gens ne comprennent pas mon  nouveau  projet... » Un artiste à redécouvrir cet après-midi au Forum de La Passerelle (17 heures).

RIMBAUD II« On est  tous Rimbaud », déclare Troy Henriksen dans l’article ci-contre. On est tous Rambo, serait-on tenté de corriger en voyant la photo de Danny Goffey, le batteur de The Hot Rats. Sur photo, on pense directement à Sylvester Stallone, avant opération. Sur scène hier soir, on voyait également Paul Mc Cartney, voire Éric Serra. À vous de juger, il repasse ce soir.

SUPER JUKEBOXInvités à reprendre Virgin  Suicides avec Air, les Hot Rats Danny et Gaz ont fait un mini-set d’une demi-heure en première partie, constitué uniquement de reprises. Les deux anciens Supergrass se sont d’ailleurs présentés au public comme un « juke-box musical ».

ARTE ROCKPour ceux qui rateraient les concerts de Poulain Corbion, Arte Live Web propose à partir d’aujourd’hui des séances de rattrapage sur son site internet. À noter que les captations restent en ligne pendant plusieurs mois...

ÉChANGE ERASMUSLe festival Art Rock est membre de la fédération De Concert. Hier soir, les spectateurs du SPOT Festival à Arhus au Danemark découvraient le show des Rennais de Montgomery et des Caennais de Gablé, tandis que les Briochins avaient droit aux sets des Danois Oh No Ono et Lucy Love au Forum de La Passerelle. Putain, putain, on est tous des européens.

ROCK’N’TOQUES TROISIÈMEPour la troisième année consécutive, Art Rock, en partenariat avec l’Office du Tourisme de Saint-Brieuc, reconduit l’opération Rock’n’Toques. On vous en reparlera plus longuement demain, mais, en deux mots, les meilleurs chefs de la région proposent des spécialités culinaires originales à des prix défiant toute concurrence. Mieux que les kebabs et autres sandwiches américains que l’on trouve habituellement sur les festivals...

Lucy Love a été repérée par la congrégation belge déléguée au SPOT d’Århus. « Pour  moi, la  Belgique  et  la  France  sont  tellement  proches géographiquement  que  j’ai  tendance  à  confondre les  pays.  Alors  quand  des  bookers  belges  m’ont offert une tournée,  je savais que j’allais passer par la France. »Même si on a laissé nos voisins mangeurs de frites faire le travail à notre place, on sait ce qui les a séduit chez Lucy. Ce ne sont pas ses diamants dans le ciel, mais les costumes à capuche noirs et blancs qu’elle conçoit elle-même et qui donnent l’impression que des illusions d’optique à la Vasarely

dansent sous nos yeux. « J’ai fait des études d’art, donc, pour moi l’aspect visuel est très important. Je suis très marquée par l’esthétique digitale en 2D de la fin des années 80 et du début des années 90. »Et, si Lucy se tient à carreaux, c’est parce qu’elle adore les Nintendo. Le motif Vichy qu’elle impose à sa troupe symbolise, en fait, les pixels de ses jeux favoris : Tetris et Super Mario. « J’adore  les intro  musicales  dans  les  jeux  vidéo,  c’est  très accrocheur, ça m’inspire pour mes compositions. » Mais si le générique de Tetris se compte en huit bits, la musique de Lucy fait plus de chiffre : son label s’appelle Superbillion.

Le second échange ERASMUS entre la France et le Danemark de la soirée d’hier : une petite dame carrelée dont le show ressemble à un tableau de Vasarely animé.

Cinquante toiles et collages, colorées et annotées, dessinent un univers entre Cy Twombly et Basquiat. Une page du Figaro dont Raymond Barre fait les gros titres, transformée en building pour les besoins d’une œuvre nous interpelle. « Je  ramasse des  journaux  dans  la  rue  car  cela me  permet  de  disposer  d’un matériau gratuit. Ce papier,  je  l’aime particulièrement du fait de sa couleur ocre. Je n’ai aucune  idée de qui est Raymond Barre. » Les mots griffonnés sur tous les tableaux, ils viennent avant ou après la peinture ? « Tout vient en même  temps. » Et pourquoi les mots sont-ils tronqués ? « J’adore le  langage,  jouer avec  les mots. Par exemple,  le mot  « therapist »  devient « the  rapist »  ce  qui  peut  donner l’impression que les mots ne sont pas finis. » Quel poète ce Troy. D’ailleurs, il y a un autoportrait dans l’expo où le peintre s’est donné un air de Rimbaud… « Mais  je  suis  Rimbaud ! On est tous Rimbaud ! » À ses heures perdues Troy écrit également des chansons. « Il n’y a qu’un seul genre de  chanson :  une  mélodie,  des notes  et  des mots… » Pas étonnant qu’Arthur H ait fait poser des œuvres d’Henriksen dans son studio pour composer Négresse  Blanche. Mais si l’ancien Monoprix de Saint-Brieuc devait prendre feu et que le peintre ne pouvait sauver qu’une seule toile, il sauverait Reincarnation, peint en 2000 dans un appartement où a séjourné… Rimbaud.

Art Rock accorde cette année une carte blanche au peintre américain Troy Henriksen. Pour sa première rétrospective en France, il expose dans un ancien supermarché.

—Jeune & jolie—J’attendais hier soir avec impatience. Tout d’abord car c’était mon dépucelage d’Art Rock, et c’est toujours un plaisir de se faire bousculer dans son for intérieur (sauf quand on couche avec un monsieur monté comme un poney. Après mieux vaut commencer par du death-metal que par de la minimale pour ne pas être déçu par la suite). La transition, vous la voyez venir gros comme un refrain d’Olivia Ruiz : le concert de Air sur Virgin Suicides. Pas envie de trop charger la mule sur les Versaillais car ils ont la bonne idée de proposer leur plus bel album et le seul qui peut convenir à la rêverie scénique (sinon leurs concerts sont une vaste propagande pour Hi-Fi Magazine. « Tu  as  vu  chéri, ça  ressemble  en  tout point  au Cd,  c’est  superbe on se  croirait  dans  notre  salon »). Mais là, ils ont réussi l’impossible : se rendre indispensables sur un film déjà parfait dans sa réalisation. Oui pour moi, Sofia est une génie et sa filmographie passera les temps (même le décrié Marie-Antoinette qui n’est qu’un caprice jouissif d’enfant choyé par la critique). Les Versaillais touchaient par ailleurs à un de mes sujets obsessionnels. Je parle de l’adolescence en tant que portée philosophique, pas en tant que pratique polanskinesque. Pour bon

nombre, cette période de vie se matérialise par des saouleries à la bière et de la mauvaise musique trop forte (hip-hop de gangsters joailliers ou techno avec trop de gel), mais peu ont compris l’importance du rêve et de l’errance. Seuls deux types qui n’ont jamais dû penser devenir stars pouvaient donc nous faire revivre l’incompatibilité permanente à tout environnement. Et oui, lorsque tu nais roux comme l’un d’entre eux, tu espères juste survivre à ta journée et pas retrouver un paquet de merde dans ton cartable. Tout cela m’a rappelé qu’être ado, c’est aussi respecter ton crew. J’ai donc une pensée toute particulière ce soir pour mes dudes de Montgomery partis jouer au Spot Festival au Danemark. Enfin, il faut faire preuve de mauvaise foi et d’ignorance flagrante. Je conclurai donc par un sentiment d’arnaque au fait d’avoir échangé mes potes et Gablé pour Lucy Love et Oh No Ono, deux projets prenant sur le papier la kitscherie pour de l’innovation quand ils nous manquent la poésie crasse mais tendre des précédents. Ne jamais oublier que de se faire déflorer, c’est plus que trois gouttes de sang sur les draps de maman. C’est le début de ta vie baby.

JOCELYN BORDE

Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invitée / Yelle – Graphisme / Gregg Bréhin – Journalistes / Marie Gallic, Jocelyn Borde – Photos / DoTheAndyGibbon, Agathe Monnot – Diffusion / Lucie Gautier – Assistante commerciale / Marion Bourgeon – Internet / Charles Loyer – Thanks / Jean-Michel, Solene, François et toute l’équipe d’Art Rock. – Imprimerie Poisneuf.Mail / [email protected] – Saison 3 / n°90 – www.paplar.comLe magazine Paplar bénéficie du soutien du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire et du Conseil Général de Loire-Atlantique.

Jocelyn Déborde