Macro Econom i e

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1 Louis Sutre – MAGEFI 1 - Université Montesquieu Bordeaux IV – 2011/2012 Magistère d’économie et de finances internationales Cours de Macroéconomie - Mlle Brana

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  • 1 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Magistre dconomie et de finances internationales

    Cours de Macroconomie

    - Mlle Brana

  • 2 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Sommaire

    CHAPITRE 1 7 Les fondements de lanalyse macroconomique : les fluctuations de la demande agrge 7 SECTION 1 LEQUILIBRE MACROECONOMIQUE CLASSIQUE : RAPPELS 7 1. Une conomie relle dchange 7 2. Les hypothses du modle 8 SECTION 2 - LES FONDEMENTS DE LANALYSE KEYNESIENNE 9 1. Les quatre hypothses du modle keynsien 9 1.1 Une conomie de dcision en univers incertain 9 1.2 Une conomie de la demande effective 11 1.3 Une conomie de la monnaie et lintrt 12 1.4 Une conomie du chmage involontaire 14 2- Les consquences de ces hypothses 14 2. 1 La possibilit dun quilibre durable de sous emploi 14 2.2 Le rle de la politique conomique 15 2.3 Les effets multiplicateurs 16 3. Lefficacit de la politique conomique dans le modle IS-LM 18 3.1 Le modle IS-LM 18 3.1.1 Lquilibre sur le march des produits 18 3.1.2 Lquilibre sur le march de la monnaie 18 3.1.3 Lquilibre IS-LM 19 3.2 Lefficacit compare des politiques conomiques 19 3.2.1 Le multiplicateur des dpenses publiques 19 3.2.2 Le multiplicateur montaire 20 3.2.3 Le policy mix 21 Conclusion 22 SECTION 3 LA PRISE EN COMPTE DE LEXTERIEUR DANS LE MODELE IS-LM-BP 23 1. Prsentation du modle IS-LM en conomie ouverte 23 1.1 La courbe BP et le taux de change 24 Balance commerciale : BC = X-H 24 Balance des capitaux 24 Construction de BP 25 Le taux de change 25 1.2 Les nouvelles courbes IS-LM 26 La courbe IS 26 La courbe LM 26 1.3 Lquilibre macroconomique en conomie ouverte 27 2. Les consquences politiques de louverture internationale 28 2.1 Le cas dune petite conomie ouverte avec parfaite mobilit des capitaux 28 2.1.1 En rgime de change flottant 28 2.1.2 En rgime de change fixe 30 2.2 Les cas o les capitaux sont immobiles 32 2.2.1 Le cas des changes flottants 32 2.2.2 Le cas du change fixe 34

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    CHAPITRE 2 36 La prise en compte de loffre et des prix 36 SECTION 1 LA PRISE EN COMPTE DES PRIX ET DES SALAIRES DANS LE MODELE KEYNESIEN 36 1. La courbe de Phillips ou lquation manquante du modle keynsien 36 1.1 La relation salaire-chmage 36 1.2 La relation inflation-chmage 37 1.3 Le bouclage du modle keynsien 38 2. La prise en compte des anticipations et la remise en cause de larbitraire 39 SECTION 2 LE MODELE OFFRE ET DEMANDE GLOBALES 42 1. Les courbes doffre et de demande globales 42 1.1 La courbe de demande globale 42 1.1.1 Leffet Keynes 42 1.1.2 Leffet Pigou ou effet dencaisse relle 43 1.1.3 Leffet Mundell 43 1.2 La courbe doffre globale 43 OG verticale : 44 OG horizontale : cas keynsien pur 44 OG croissante 45 2. Les utilisations du modle OG-DG 45 2.1 Larbitrage inflation-chmage 45 2.2 Chocs et politiques conomiques 46 2.2.1 Chocs inflationnistes 46 2.2.2 Efficacit des politiques conomiques 48 CHAPITRE 3 49 La prise en compte des anticipations et des comportements rationnels 49 SECTION 1 LA NOUVELLE MACROECONOMIE CLASSIQUE 50 1. Un nouveau cadre danalyse 50 1.1 Les limites de lhypothse danticipations adaptatives 50 1.2 Lhypothse danticipations rationnelles 50 2. Linefficacit des politiques conomiques 51 2.1 La critique de Lucas 51 2.2 Le principe dinvariance 52 2.3 Cohrence temporelle et crdibilit 53 2.3.1 Lincohrence temporelle : Kydland et Prescott (1977) 53 2.3.2 Limportance des rgles de politique conomique (Barro-Gordon, 1983) 54 2.4 Anticipations et politique budgtaire 54 2.4.1 La dcision de consommation 54 2.4.2 La contrainte budgtaire inter-temporelle de ltat 56 3. Le taux de chmage naturel et loffre agrge 58 3.1 De la courbe de Phillips loffre globale 59 3.2 Chocs doffre et cycle rel 60

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    3.2.1 Le modle 60 3.2.2 La mesure du progrs technique 61 3.2.3 Les critiques de la thorie du cycle conomique rel 62 SECTION 2 LA NOUVELLE MACROECONOMIE KEYNESIENNE 63 1. Les rigidits nominales 63 2. Les rigidits relles 64 2.1 Salaire rel et chmage involontaire 64 2.1.1 La thorie des contrats implicites (Azariadis 1975) 64 2.1.2 Le modle insider/outsider (Lindbeck & Snower 1986/88) 65 2.1.3 Les thories du salaire defficience 65 2.2 Taux dintrt et march du crdit 66 3. Le modle WS-PS (Johnson & Layard 1986 / Nickell 1988) 68 3.1 La courbe WS 68 3.2 La courbe PS 69

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    Introduction

    La macroconomie va sintresser des questions fondamentales : pourquoi existe-t-il des phases dexpansion ou de rcession ? Quelles sont les causes du chmage ? De linflation ? Comment la politique conomique peut agir sur ces variables ?

    La macroconomie est intressante car on cherche agir sur lconomie. La premire fois que lon a mesur le revenu dun pays ctait dans une optique fiscale.

    Si on regarde lvolution du PIB on se rend compte quil fluctue autour dune tendance (trend). Quand on parle de macroconomie on peut soit tudier les dterminants de la croissance long terme (thorie de la croissance) soit on va chercher expliquer les fluctuations autour de cette tendance (thorie du cycle). On va se poser la question de lorigine de ces fluctuations, de leur persistance durant plusieurs annes, et de leur intrt les rduire. Les classiques pensent que lconomie revient naturellement vers cette tendance et les keynsiens pensent que ces fluctuations sont prjudiciables et que lintervention publique amliore le bien tre social.

    La question de ltude des fluctuations conomiques nintresse la science conomique que depuis le dbut du 20me sicle avec Keynes. Au 19me sicle on avait identifi les cycles conomiques (Juglar et Kondratiev) mais on pensait que le comportement du march conduisait loptimum conomique. Dans ce contexte les cycles taient analyss comme les effets cumulatifs de perturbations exognes. Les thories les plus rcentes (nouveaux classiques, annes 80) reprennent cette ide de perturbations exognes et expliquent les fluctuations par des chocs de productivit ou des chocs technologiques. Le tournant est la grande dpression des annes 30, cette crise provoque des millions de chmeurs qui ncessite une analyse plus pousse de lconomie. Cest la naissance de la macroconomie avec les travaux de Keynes dans la thorie gnrale de lemploi, de lintrt et de la monnaie (1936) o il met en avant les fluctuations de la demande globale dans lexplication des fluctuations conomiques. Dans ce cadre, une politique de gestion de la demande agrge peut rduire les fluctuations et viter les priodes prolonges de rcession. Il faudra avoir les annes 80 pour avoir une thorie qui propose que les fluctuations proviennent de loffre (thorie des cycles rels). Les nouveaux classiques pensent que ces fluctuations refltent le comportement des agents, et comme le comportement des agents est optimal, ces fluctuations reprsentent les fluctuations dun quilibre.

    La question de lintervention des pouvoirs publics pour rduire les fluctuations conjoncturelles renvoie la question de la vitesse dajustement des marchs et implicitement la question de la neutralit de la monnaie. Si lconomie subit un choc, si les prix sajustent immdiatement lconomie revient lquilibre.

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    Si on suppose que les prix sont visqueux ou fixes ce sont les quantits qui vont sajuster suite un choc et les dsquilibres peuvent tre durables.

    On retrouve une analyse proche de celle de la thorie quantitative de la monnaie :

    M.V = P.Y

    log(M) + log(V) = log(P) + log(Y)

    Si il y a cration de monnaie et que les prix sont fixes alors cela engendre de linflation, on parle de non neutralit de la monnaie :

    M Y

    Si il y a cration de monnaie et que les prix sont flexibles alors la monnaie est neutre :

    M P

    Dans le modle keynsien on simplifie le modle en utilisant des prix fixes, lpoque de Keynes le problme expliquer tait le chmage et on avait deux cas : soit la demande tait suprieure la production et on avait un problme dinflation soit la demande tait infrieure la production et on avait un problme de chmage. Keynes pose une hypothse de prix fixe qui ne sajuste pas. Cest sur cette hypothse que le modle keynsien va tre attaqu dans les annes 70. Les nouveaux keynsiens vont montrer que le modle keynsien manque de fondements microconomiques. Toute la macroconomie va reposer sur cette unique question : quel est le degr de rigidit des prix et des salaires ? Si lajustement est lent, tout choc (y compris les chocs de politique conomique) aura un impact sur les variables conomiques relles. Plus on pensera que lajustement est lent plus lintervention publique sera justifie.

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    Chapitre 1

    Les fondements de lanalyse macroconomique : les fluctuations de la demande agrge

    La macroconomie est base sur lopposition entre deux thories sur les vertus rquilibrante du march. Dun ct lanalyse classique met laccent sur lefficacit des automatismes de prix et sur labsence de problmes de dbouches. De lautre les mcanismes de march pour la ralisation du plein emploi. Cest la crise de 1929 qui marque un tournant, cette crise bien quelle soit une crise classique marque par la dflation marque une rupture par rapport aux crises prcdentes. Les crises antrieures avaient soient une phase de dflation soit une phase dinflation. Depuis 1929 on a une croissance moins cyclique marque par une inflation permanente. Cette crise marque une rupture par son ampleur (effondrement de la production et des prix et par un chmage massif sans prcdent) et sa dure (10ans : 1929-1939). Elle est caractrise par labsence de reprise spontane. Cette crise est une infirmation empirique de la thorie classique. Cest le point de dpart de la thorie keynsienne qui va montrer dun point de vue thorique quil nexiste pas de mcanisme dans une conomie concurrentielle qui garantisse le plein emploi et sur ces bases va lgitimer la politique conomique comme remde la dpression et au chmage.

    Section 1 Lquilibre macroconomique classique : rappels

    Les noclassiques ont une approche microconomique, la cohrence mcanique des seuls comportements individuels aboutit un optimum au niveau macroconomique. La comprhension des conomies doit partir de la comprhension des comportements individuels et du mcanisme de march qui permet leur coordination.

    1. Une conomie relle dchange Toute activit est une activit marchande, la production dmarre sur le march des facteurs de production par un change des facteurs de production, ces facteurs de production sont ensuite combins au sein de la firme pour produire des biens qui seront leur tour changs sur un march. La production est une simple activit technique de combinaison de facteurs de production.

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    La coordination des activits conomiques seffectue sur des marchs et ceux-ci sont plus que de simples lieux dchange, ce sont les lieux o sajustent les dcisions individuelles. Les dcisions sont prises sur la base de prix constats et cest par les ajustements de prix que les dcisions individuelles deviennent compatibles au niveau macroconomique. Sur chaque march un prix dtermine lquilibre (salaire rel sur le march du travail, taux dintrt sur le march des capitaux, NGP sur le march de la monnaie).

    Lconomie est une conomie relle, la monnaie est considre comme un simple instrument dchange, elle nest pas dtenue pour elle mme et sert simplement faciliter lchange. Dans cette conomie relle les agents ne sont pas en situation dincertitude et le futur peut tre probabilisable.

    2. Les hypothses du modle Lconomie est reprsente en terme de march qui squilibre automatiquement grce la flexibilit des prix. Lquilibre gnral suppose un comportement doptimisation des agents et suppose une situation de concurrence pure et parfaite. Sur chaque march il y a un grand nombre dacheteurs et de vendeurs et cela suppose une information parfaite. Les nouveaux keynsiens vont remettre en cause cette hypothse de CPP et vont montrer que lajustement nest pas automatique et vont formuler des hypothses de viscosit des prix ou des hypothses de concurrence imparfaite. Les modles de viscosit des prix sappuient sur linformation imparfaite.

    On se situe dans le cadre dune conomie statique, on a une approche intemporelle, les capacits de production sont fixes, le travail est le seul facteur variable. On est dans un modle doffre, la seule contrainte est une contrainte doffre : loffre peut atteindre une seule limite, celle du plein emploi.

    Ce modle doffre repose sur les enchainements suivants :

    On part du march du travail sur lequel stablit le niveau du salaire rel dquilibre la rencontre de la demande et loffre de travail.

    lquilibre on obtient le niveau demploi grce au niveau des prix.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Offre de travail

    Demande de travail

    L (E)

    W/P

    W/P

    L

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    De ce niveau demploi on dtermine le niveau doffre des entreprises sur le march des biens

    La production va dterminer le niveau de la demande

    Cest au march du capital que revient la responsabilit de rpartir loffre entre demande de consommation et demande dinvestissement.

    En conomie ferme : Y = C+I (offre = demande)

    Cest deux variables dpendent du taux rel dintrt dquilibre : Y = C+S

    Pour les classiques la rpartition entre lpargne et la consommation dpend du taux dintrt.

    Condition dquilibre :

    Y =C + IY =C + S!"#

    !!!!!!$!!!I(i) = S(i)

    Section 2 - Les fondements de lanalyse keynsienne

    En 1936 quand Keynes publie la thorie gnrale de lemploie et de lintrt de la monnaie cest contre la thorie classique quil ragit, il soppose lanalyse sur de nombreux points, notamment une analyse fixe sur loffre et la neutralit de la monnaie et lide de march concurrentiel qui fixerait un systme de prix permettant lquilibre sur tous les marchs. Pour Keynes linformation est imparfaite et les prix sont visqueux et dans la ralit les ajustements seffectuent par les quantit et non par les prix ce qui peut entrainer des dsquilibres durables.

    1. Les quatre hypothses du modle keynsien

    1.1 Une conomie de dcision en univers incertain

    Pour Keynes la dynamique macroconomique repose sur des fondements microconomiques savoir ladaptation des agents un univers changeant et incertain et certains comportements vont tre conditionns par des facteurs ou lois psychologiques :

    La prfrence pour la liquidit des mnages, en effet ici les agents dtiennent de la monnaie car il existe une incertitude sur le niveau futur des taux dintrts et cette incertitude rend lachat de titres risque et donc dans certains cas les mnages vont prfrer dtenir des encaisses liquides. Dans lanalyse classique la dtention de monnaie est

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    uniquement but transactionnelle, toute lpargne est ici place en formes de titres.

    La loi psychologique fondamentale, ou propension marginale consommer, les hommes tendent augmenter leur consommation mesure que le revenu augmente mais pas dune quantit aussi grande que laccroissement du revenu, on a une proportion moyenne consommer qui tend diminuer quand le revenu augmente.

    Lincitation psychologique investir, la dcision dinvestissement dans lanalyse keynsienne dpende de lEMC (efficacit marginale du capital) qui dpend elle mme des prvisions sur le rendement futur de linvestissement

    Lide de Keynes tant que ces trois facteurs psychologiques compliquent la ralisation de lquilibre, en effet ces trois lois sont des facteurs de fuite. Plus lconomie est morose plus le comportement des agents accentue cette morosit.

    Ces facteurs psychologiques sont encadrs par des variables institutionnelles, par exemple le taux dintrt de la banque centrale et conventionnelle, les contrats qui fixent les salaires. Les nouveau keynsiens vont dvelopper cet aspect dans un contexte dincertitude il est rationnel de dvelopper des conventions et des contrats ce qui est un facteur de rigidit des prix et peut expliquer la lenteur dajustement des marchs et le maintient de dsquilibres.

    Il est important de prendre en compte les effets dstabilisants de lincertitude sur lconomie et notamment plus lincertitude est forte c'est--dire moins le futur est probabilisable, plus le mimtisme devient un comportement rationnel c'est--dire que les agents utilisent linformation vhicule par le march, sen suit alors un processus dimitation, chacun copie lautre, et le prix reflte la psychologie du march.

    Le problme tant que les anticipations sauto ralisent et le prix sauto-confirment mme sil diffre de lquilibre gnral. Lautre consquence est que chaque opinion du march correspond un quilibre diffrent ce quon appelle aujourd'hui les quilibres multiples (concept dvelopp aprs la crise asiatique, on a les mme fondamentaux cependant un moment donne les prix basculent).

    Dans lanalyse keynsienne on est loin de lhommo conomicus optimisateur des classiques. Dans lanalyse classique, lagent est un calculateur rationnel qui poursuit un intrt individuel sans relation autrui.

    Pour Keynes les agents ont une certaine incertitude, une certaine ignorance de lavenir et vont tre influencs par les comportements des autres agents pour prendre leur dcision (exemple des achats et ventes dactions).

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    1.2 Une conomie de la demande effective Le principe de la demande effective cest que les entrepreneurs fixent le niveau de production qui maximise leur profit compte tenu de leurs prvisions de vente.

    Mcanisme :

    Demande effective niveau de production niveau demploi (demande travail) confronte une offre de travail niveau de chmage

    Loffre de travail est dtermine en grande partie par des considrations dmographiques et la demande de travail na aucune raison dtre gale loffre de travail.

    En conomie ferme la demande effective est gale la consommation des mnages (C) et linvestissement des entreprises (I).

    Pour Keynes lexistence de chmage est lie lorigine une demande trop faible. Il va sintresser dabord la consommation, lorigine de la crise Keynes voit une propension consommer trop faible de la part des mnages et une prfrence pour la liquidit trop leve. La propension consommer trop faible est une fatalit soumise lvolution des socits (loi psychologique fondamentale). La forte prfrence pour la liquidit rsulte de lincertitude qui pse sur les individus et elle les conduit prfrer dtenir des encaisses liquides que des titres porteurs de rmunration. Cette prfrence pour la liquidit les pousse demander des taux dintrt levs pour quils renoncent elle ce qui pnalise linvestissement et donc la croissance.

    Identit comptable :

    Y = C+S

    La rpartition entre consommation et pargne est faite par la propension consommer (c). Et lpargne va soit tre dtenue sous forme de monnaie ou sous forme de titre, cest le taux dintrt (i) qui va dterminer cette rpartition. Plus on veut que les agents placent leur pargne plus on va augmenter le taux dintrt. Avec la fiscalit on peut redistribuer des revenus vers les mnages qui ont une propension consommer forte et ainsi agir sur la propension moyenne consommer.

    Durant la crise on a une propension consommer faible, une prfrence pour la liquidit qui entraine une hausse des taux dintrt et une baisse de linvestissement.

    Dans le mme temps il y a deux choses qui posent problme. Keynes reconnat que les mnages ont une propension moyenne consommer stable dans le temps et donc on peut difficilement expliquer par le comportement des mnages les fluctuations cycliques de lconomie et notamment lentre brutale dans une crise. De plus, une modification de la prfrence pour la liquidit aura un impact sur le taux dintrt sur le march montaire mais cela ne changera

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    pas le volume dpargne qui est dtermin par le revenu. Keynes va donc se tourner vers lautre dterminant de la demande : linvestissement.

    La dcision dinvestissement est une dcision patrimoniale qui concerne les seuls entrepreneurs. Ceux-ci doivent dcider si il est intressant ou non dajouter de nouveaux biens au capital existant cest dire augmenter les capacits de production. Keynes parle dincitation investir, cette incitation investir dpend de la comparaison de deux taux : le taux dintrt et lefficacit marginale du capital. Lefficacit marginale du capital (EMC) est le rendement anticip de linvestissement. Cest une fonction dcroissante du montant des investissements, elle dpend de tout ce qui peut affecter les prvisions et notamment du climat des affaires. Pour Keynes linvestissement est trs instable car il va dpendre de vagues irrationnelles doptimisme ou de pessimisme des entrepreneurs.

    Mcanisme :

    Dans lanalyse classique le taux dintrt ajuste lpargne linvestissement. Linvestissement va dpendre du comportement des entreprises mais surtout du comportement dpargne, sans pargne pralable il ne peut pas y avoir dinvestissement. Dans lanalyse keynsienne linvestissement est dtermin indpendamment du montant de lpargne disponible. Il y a une dcision dinvestissement qui est prise et cest par la suite par lintermdiaire de la variation du revenu que lgalit entre pargne et investissement sera assure.

    1.3 Une conomie de la monnaie et lintrt Par rapport au temps lagent a deux dcisions prendre, la premire consiste rpartir son revenu entre la consommation et lpargne. La deuxime dcision concerne la faon deffectuer ce transfert de revenu dans le temps, deffectuer ce transfert de pouvoir dachat. Lagent doit dterminer quelle forme doit prendre son pargne et cest l quintervient le taux dintrt. Soit lagent conserve son pargne sous forme liquide soit il peut dtenir son pargne sous forme dactif financier (acheter des titres). Pour les classiques toute lpargne est place sous forme de titres car il est rationnel pour un agent de placer son pargne. Pour Keynes la monnaie a un avantage par rapport aux titres, la monnaie est la liquidit par excellence et son avantage est une totale disponibilit. On a une opposition forte entre les classiques et les keynsiens,

    Perception

    Instable du futur

    Fluctuations brutales EMC

    Baisse

    production

    Chocs investissement

    Baisse

    revenus

    Effet amplifi sur la demande (multiplicateur)

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    pour les classiques lpargne est un pralable linvestissement donc il faut la favoriser et le taux dintrt rmunre logiquement la renonciation la consommation.

    Pour Keynes lpargne est collectivement nuisible car elle rduit la demande globale, il ne faut donc pas la rmunrer. En revanche une fois la dcision dpargne prise lquilibre du circuit exige que cette pargne soit une pargne financire. Il est souhaitable que les emprunteurs puissent rcuprer les sommes ayant fuit hors du circuit pour assurer le financement de leur activit. Dans ce cadre l, le taux dintrt rmunre la renonciation la liquidit. Dans le modle keynsien le taux dintrt est un phnomne purement montaire. Ce taux dintrt a cette dimension montaire car les agents ont cette prfrence pour la liquidit, la monnaie nest pas considre comme un simple moyen de paiement mais comme une rserve de valeur. Cest mme une meilleure rserve de valeur que les titres car les agents demandent une rmunration supplmentaire pour sen sparer. La dtention de monnaie constitue une scurit par rapport la dtention de titres, cela provient de lincertitude des agents. La monnaie tant lunit de compte, sa valeur nominale est connue avec certitude. La monnaie permet de faire face tout moment nimporte quelle dpense ou dette dans une conomie o tous les contrats sont libells en units de compte.

    3 motifs de dtention de la monnaie :

    Md = L1(Y )encaisse ! transaction!!!!!!!!!!!!!!!+ !encaisse ! prcaution

    ! ! L2(i)encaisse !de ! spculation!

    Lencaisse de prcaution permet de faire face limprvu et lencaisse de spculation permet de faire face lincertitude sur les taux dintrt. On a une demande de monnaie qui dpend des transactions (comme les classiques) mais aussi qui dpend de lincertitude. Quand la confiance se dgrade la prfrence pour la liquidit saccroit, il faudrait une hausse des taux dintrts pour maintenir un mme niveau dpargne financire. Aujourdhui il y a un record de collecte sur les placements les plus srs (livrets pargne). Le taux dintrt va rpartir lpargne entre titres et monnaie, si le taux dintrt est lev les agents prfrent dtenir des titres donc lencaisse de spculation sera nulle au niveau individuel. Si le taux dintrt est bas on va placer son pargne en monnaie (L2>0). Le taux dintrt va tre dtermin par cette hausse du taux dintrt et la dtermination du taux dintrt a une nature conventionnelle, psychologique. La demande de monnaie ne va pas rpondre un comportement mcanique de march, on na pas une raction automatique de la demande par rapport un prix mais cest une procdure qui va faire intervenir lenvironnement psychologique, les traditions, etc. Compte tenu de lincertitude qui entoure lactivit financire et la spculation, une convention se formera sur un niveau de taux dintrt considr comme normal par les agents. La trappe a liquidit

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    est atteinte quand les BC ne peuvent pas baisser les taux dintrts en dessous du taux considr comme normal.

    1.4 Une conomie du chmage involontaire Le chmage dans lanalyse keynsienne nest pas li un dysfonctionnement du march du travail (rigidit du salaire la baisse) mais une insuffisance de la demande globale. Ce sont conjointement la propension marginale consommer et linvestissement nouveau qui vont dterminer le niveau demploi. Cest ce niveau demploi qui dtermine ensuite le salaire rel. Les classique pensent linverse : cest le cot du travail qui va dterminer le niveau demploi. Dans le modle keynsien cest la confrontation de loffre et de la demande qui dtermine le salaire rel. Keynes remet en cause le second postulat classique (plein emploi) : le chmage involontaire se produit si des agents ne trouvent pas offrir leur travail alors mme que le salaire du march est suprieur au salaire de rservation. On a une demande de travail qui est infrieure loffre, lchange sarrte ct court, au niveau de la demande de travail.

    Dans un cadre de CPP ce chmage involontaire doit tre conu comme un phnomne dquilibre car il nest pas li un quelconque systme dinformation, un dysfonctionnement du march du travail ou une rigidit des prix. Le salari ninfluence pas le niveau demploi. La consquence est que le chmage involontaire ne donne naissance aucun processus dajustement vers lquilibre.

    2- Les consquences de ces hypothses

    2. 1 La possibilit dun quilibre durable de sous emploi Le cadre keynsien ici correspond un objectif danalyse de court terme, les prix et salaires sont supposs rigides, laspect offre de lconomie est ignor. Lquilibre sur le march des biens et services est obtenu par variation de la production qui sajuste passivement la demande agrge. Le revenu pour lequel il y a quilibre entre offre et demande sur le march des produits ne correspond ncessairement un niveau de production qui permet le plein emploi des facteurs de production. Loffre de travail est en parti exogne, dtermine par des facteurs dmographiques. Si la demande globale est infrieure la production potentielle lconomie se trouvera en situation dquilibre de sous-emploi (quilibre sur le march des B&S mais dsquilibre sur le march du travail). Inversement si le revenu dquilibre est suprieur au produit potentiel il se produira des tensions inflationnistes et loffre ne pourra pas rpondre la demande.

    Pour les classiques il ne peut y avoir quun quilibre de plein emploi et un seul chmage : le chmage volontaire. Pour Keynes il existe autant dquilibres court terme quil existe de niveaux possibles de la demande effective et donc le cas o le niveau de la demande effective correspond au niveau de plein emploi na aucune raison de se produire. Dans une conomie montaire cest lincertitude qui est lobstacle essentiel la ralisation du plein emploi. Cest une incertitude fondamentale que les agents vont chercher rduire par des

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    anticipations. Les agents ne peuvent pas toujours donner des bases rationnelles ces anticipations, elles vont reposer davantage sur linstinct que sur la raison.

    Comme le revenu des agents dpend dune demande globale elle-mme instable, cest un facteur supplmentaire pour eux de dtention de liquidit. Dans une conomie en incertitude le taux dintrt est pouss la hausse. Au total il y aura une tendance chronique de la propension pargner excder le taux dinvestissement ce qui se traduit par une baisse des revenus et par un sous-emploi lquilibre. Cela entraine une hausse du chmage, comme le chmage est lev les salaris perdent leur pouvoir de ngociation sur les salaires, les salaires ont tendance stagner ou se rduire. Cela entraine une baisse de la demande et les entreprises baissent leurs investissements. On a une croissance de plus en plus faible dans les pays dvelopps et dans le mme temps on a un dveloppement de la sphre financire et de lpargne.

    2.2 Le rle de la politique conomique La politique conomique peut augmenter la demande globale et elle peut galement chercher diminuer lincertitude des anticipations.

    quation fondamentale :

    Y =C + I +G + (X !H )

    C = c "Y +C0 !I = ! j " i+ I0G =G0X = x(e)+ X0 !!!!!!!!!!!!avec!e=taux!changeH = h(e) "Y +H0 !!!!!!avec!h=propension!marginale!!importer

    #

    $

    %%%

    &

    %%%

    La politique budgtaire peut agir directement sur les dpenses publiques (G) ou agir indirectement sur la consommation des agents privs travers leur revenu disponible brut. La politique montaire peut favoriser linvestissement par une baisse du taux dintrt et la politique de change peut agir sur le solde commercial en faisant varier e.

    Keynes voit dans le maniement du taux dintrt la solution dans les dsquilibres. La baisse des taux doit favoriser linvestissement, seulement Keynes y voit deux limites : si les entrepreneurs sont pessimistes lEMC va chuter aussi et la baisse du taux dintrt risque de ne pas suffire relancer linvestissement. La deuxime limite est la trappe liquidit, le taux dintrt peut atteindre une limite la baisse et la politique montaire devient inefficace. La baisse des taux natteint pas la sphre relle et reste dans la sphre financire.

    Une solution est une politique dinvestissements publics sous la forme de grands travaux. Linvestissement public doit briser le cercle vicieux de la dpression, une telle politique doit, au bout de deux ans, restaurer les profits des entreprises qui doivent poursuivre le mouvement. Les dpenses publiques doivent servir

  • 16 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    amorcer la pompe. Keynes envisage aussi des politiques de soutien la consommation afin de favoriser la propension moyenne consommer.

    Il propose une fiscalit correctrice des revenus doit accroitre la propension moyenne consommer. Concernant lpargne il faut euthanasier le rentier et le capitaliste oisif, il propose une politique permanente de faible taux dintrt, une taxation vigoureuse des revenus financiers et surtout des successions.

    Il propose galement de mettre en place des systmes dpargne publique (pargne retraite, assurance maladie, assurance chmage) pour diminuer lpargne de prcaution.

    Dans le systme redistributif il faut privilgier les redistributions en nature pour viter la fuite sous forme dpargne.

    Une baisse des impts peut galement accroitre la dpense mais Keynes ny croit pas trop. En effet les agents savent que les baisses dimpt sont provisoires et limpact sur la consommation sera limit. Politiquement si il est facile pour ltat de baisser les impts, il est plus difficile de les r-augmenter une fois que la situation conomique sest amliore. Cest un outil difficile manier.

    Keynes propose aussi des mesures de protectionnisme temporaire.

    2.3 Les effets multiplicateurs Keynes tudie comment laugmentation de linvestissement entraine un accroissement plus important de la production et de lemploi. Le multiplicateur est le coefficient qui compare lampleur de la modification subie (variation revenu) lampleur de la perturbation initiale (variation investissement). Cet effet multiplicateur est expos sous la forme dondes successives dcroissantes de dpense. Dans un premier temps une variation donne de la demande entraine une variation quivalente du revenu car la production rpond la demande. Si linvestissement augmente de 100, la production va augmenter de 100.

    Le mcanisme ne sarrte pas l car laugmentation de la production contribue la distribution de revenus supplmentaires dun montant identique. Ces nouveaux revenus influencent dautres composantes de la demande globale. La consommation travers la propension marginale consommer, linvestissement (effet acclrateur). Elle va influencer galement les importations travers la propension marginale importer. Laugmentation induite de la demande provoque son tour une nouvelle hausse de la production, une nouvelle distribution de revenus et ainsi de suite. Parce que la totalit des revenus ainsi cre ne sont pas dpenss, les vagues successives de dpenses et de revenus sont dcroissantes et le processus de multiplication ne sera pas infini. terme laugmentation initiale de la demande globale aura provoqu une augmentation du revenu bien suprieure limpulsion initiale.

  • 17 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Multiplicateur keynsien simple :

    Y =C + I +GY = c !Y0 +C0 + I0 +G0Y = 11" c

    multiplicateursimple

    !# C0 + I0 +G0[ ]

    Demande !autonome! "## $##

    La valeur du multiplicateur est le mme quelle que soit la variable de la demande autonome qui varie. Les multiplicateurs valus aujourdhui se situent entre 1 et 2. Dans lanalyse keynsienne la propension marginale pargner est mise en avant, plus celle ci est leve plus le multiplicateur est faible. Lpargne constitue une fuite inhrente au modle, mais on peut avoir des fuites dues limportation ou au revenu. Ce principe du multiplicateur fonctionne aussi bien en rcession quen expansion. Dans le processus du multiplicateur dinvestissement lessentiel nest pas le but de linvestissement mais quil y ait dpense. Le principe du multiplicateur permet de comprendre pourquoi lgalit entre pargne et investissement est une galit ex-post. Laugmentation de linvestissement va augmenter le revenu via le multiplicateur, cette augmentation du revenu va se traduire par une augmentation de la consommation et de lpargne. Cette augmentation de lpargne va se rpercuter dans une augmentation de linvestissement.

    Imaginons que dans une conjecture morose les mnages souhaitent pargner davantage pour se prmunir de lincertain :

    Y =1500C =1300S = 200s =13% Suite une variation de +100 de l'pargne : S = 300C =1200s = 20%

    !Y = "500!!#!!Y =1000!!!!!!avec!!!C = 800!!et !!S = 200 Le montant de lpargne est identique mais le niveau de vie se dtriore car la consommation a baiss.

    Les limites du modle sont simples, lconomie doit se trouver dans une situation de sous emploi des facteurs de production sinon leffet multiplicateur se transforme en hausse des prix. La deuxime limite est la fuite via les importations, dans les petits pays trs ouvert on peut avoir un multiplicateur infrieur 1. La troisime limite est la prise en compte des effets dviction, la dpense publique vince-t-elle la dpense prive ? Il peut y avoir une viction

  • 18 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    par la hausse des taux dintrts. La hausse des dpenses publiques peut avoir un effet ngatif sur ltat de confiance de la population et donc entrainer la baisse des dpenses prives du fait dune peur dune hausse dimpt futur.

    3. Lefficacit de la politique conomique dans le modle IS-LM

    Ds 1937 cest Hicks qui va rinterprter le modle keynsien et cest en 1973 que Hausen met en forme le modle keynsien actuel. Ils vont donner un cadre thorique de comparaison defficacit des politiques conomiques. On retrouve un modle statique prix fixe dans lesquels les sphres relles et montaires sont intgres par un systme dquations simultanes.

    Les reproches que lon a pu faire cest de ne pas prendre en compte un certain nombre dapports de lanalyse keynsienne : lincertitude, les anticipations, le caractre endogne de la monnaie. Dans le cadre IS-LM la thorie de Keynes nest plus rvolutionnaire mais seulement un cadre particulier court terme de lanalyse classique. Cest Modigliani qui va montrer que ce sont les rigidits du salaire nominal et du taux dintrt qui sont lorigine du chmage involontaire dquilibre. Le cas keynsien est le cas dun quilibre temporaire de court terme dans lequel les prix sont rigides. plus long terme, quand les prix redeviennent flexibles le plein emploi est atteint et on revient au modle classique dichotomique.

    3.1 Le modle IS-LM

    3.1.1 Lquilibre sur le march des produits

    quation sur le march des biens :

    Y =C + I +G!!!=! c !Y +C0[ ]+ " j ! i+ I0[ ]+G0IS :!!Y = " j1" c ! i+

    11" c C0 + I0 +G0[ ]

    La pente de IS dpend de j cest dire quelle dpend de la sensibilit de linvestissement au taux dintrt. Dans le modle IS-LM lefficacit conomique dpendra en grande partie de j. Le niveau de IS va dpendre du montant de la demande globale et notamment de la politique budgtaire. On voit ici que un des lments ncessaire pour dterminer lquilibre sur le march des produits est dtermin en dehors de ce march : cest le taux dintrt. Le taux dintrt est une variable montaire dtermine sur le march de la monnaie. Cest le taux dintrt qui dtermine le lien entre les deux marchs et qui permet labandon de la dichotomie montaire relle.

    3.1.2 Lquilibre sur le march de la monnaie Lapport de Keynes est qu ct des fonctions normales il va introduire une fonction de demande de monnaie et accorder un rle important la monnaie.

  • 19 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    quilibre sur le march de la monnaie :

    Mo = L1vitessetransactionmonnaie

    ! !Y " L2prfrenceliquidit

    ! ! i

    LM !!:!!Y = L2L1! i+ MoL1

    Pour Keynes plus les agents sont inquiets plus le taux dintrt sera lev. Loffre de monnaie est dtermine par la BC et donc exogne. La pente de LM dpend de L2 et le niveau de LM dpend de la politique montaire.

    3.1.3 Lquilibre IS-LM

    Systme dquation lquilibre :

    !Y = ! j1! c " i+

    11! c # C0 + I0 +G0[ ]

    Y = L2L1" i+ MoL1

    $

    %&&

    '&&

    Y = j(1! c) "L2 + j "L1multiplicateur !montaire! "## $##

    #Mo +L2

    (1! c) "L2 + j "L1multiplicateur !budgtaire! "## $##

    # C0 + I0 +G0( )

    3.2 Lefficacit compare des politiques conomiques

    3.2.1 Le multiplicateur des dpenses publiques

    Si on prend le multiplicateur de dpenses publiques :

    kG =L2

    (1! c) "L2 + j "L1kG =

    1(1! c)+ j " L1L2

    frein ! financier!

    Le frein financier est nul si linvestissement nest pas sensible au taux dintrt (j=0) et il est nul si la prfrence pour la liquidit est forte (L2+).

    ! +G "" 11!c

    " #"

    """

    ""! +Y """ l1" #" """"!+ L1(Y )""""#" "! ! L2"" l2" #" ""!

    ! i"" j"#" ""! ! I

    "#" ! !Y

  • 20 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Plus la prfrence pour la liquidit est forte moins le taux dintrt augmentera, moins linvestissement sera sensible au taux dintrt et plus la politique budgtaire sera efficace.

    Schma explicatif :

    Point de dpart : A(Y1, i1)

    Politique de relance : G, IS1IS2

    Modle keynsien simple : B(Y2, i1) et B est droite de LM : Md > Ms

    Variation positive de i : C(Y3, i2)

    Leffet dans le cas keynsien est une droite LM horizontale avec un taux dintrt qui ne varie pas et dans le cas classique l2=0 et on a un effet dviction totale (LM ne varie pas et IS se dplace le long de LM).

    3.2.2 Le multiplicateur montaire

    Multiplicateur montaire :

    kM =1

    (1! c) l2j + l1 La politique montaire sera dautant plus efficace que la prfrence pour la liquidit tendra vers 0 (l2) et que j sera grand (investissement sensible au taux dintrt).

    ! +Mo l2! "! !# I j!"! ! + I!"! ! + A!"! ! +Y

    La politique montaire sera dautant plus efficace quon ne sera pas dans une situation de trappe liquidit. La politique est dautant plus efficace que linvestissement est sensible au taux dintrt.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Axe des X

    Axe d

    es Y

    IS1 IS2

    LM

    A

    C

    B

    G

    Y1 Y2Y3

    i2

  • 21 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Schma :

    3.2.3 Le policy mix Keynes dit que lefficacit de la politique budgtaire sera maximale si elle est accompagne dune cration montaire qui permet de suivre la croissance de lactivit conomique. La politique optimale est quand la politique budgtaire est associe une politique montaire de relance et la cration montaire doit empcher la hausse des taux dintrt et donc leffet dviction.

    Schma explicatif :

    Au point C lefficacit de la politique est maximale car les taux dintrts ne bougent pas. La hausse des dpenses publiques permet de passer de IS1 IS2 (point B) puis laccompagnement montaire fait passer de LM1 LM2 (point C).

    La politique montaire est accommodante si elle satisfait la hausse de la demande dencaisse. Pour les keynsiens la croissance des dpenses publiques

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Axe des X

    Axe d

    es Y

    IS1

    LM2

    LM1

    A

    B

    Y1 Y2

    i1

    i2

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Axe des X

    Axe d

    es Y

    IS1

    LM2

    LM1

    A

    Y1 Y3

    i1

    i2

    IS2

    C

    B

  • 22 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    finances par limpt est dune efficacit limite mais non nulle sur le niveau dactivit.

    Pour les classiques lefficacit conomique est nulle, lviction est totale. Mais les keynsiens montrent que ce nest pas le cas grce au thorme de Haavelmo (multiplicateur budget quilibr est gal 1 : Y = G = T).

    Thorme de Haavelmo :

    kG =1Y =C + I +GY = c(Y !T )+ I0 +G +C0Y = 11! c I0 +G0 ! c "T +C0[ ]

    !Y = 11! c !G0 ! c! T[ ]!G =! T!Y = 1! c1! c "!G

    Conclusion On voit que lefficacit de la politique budgtaire est maximale quand LM est horizontale (trappe a liquidit) et quand IS est verticale (niveau investissement ne dpend pas du cot du capital). Les entreprises regardent la demande future quand elles veulent investir. Hicks dit que cest un double cas keynsien : prfrence pour la liquidit, investissement sensible aux dbouches. Les keynsiens plus gnralement prfrent la politique budgtaire car elle a un impact direct sur la demande et sur lactivit. La politique montaire a une efficacit qui dpend du comportement des mnages et du comportement des investisseurs. En priode de crise les keynsiens sont assez pessimistes sur ces comportements car les mnages vont prfrer dtenir de la liquidit et les entreprises ne vont pas investir quel que soit le taux dintrt.

    loppos, Hicks montre que la politique montaire est plus efficace dans un cas classique . Pour que la politique montaire soit efficace il faut que la demande de monnaie soit peu sensible au taux dintrt et que linvestissement soit sensible au taux dintrt. Dans ce cas classique l2 = 0 et on cherche dtenir de la monnaie uniquement pour effectuer ses achats.

    Multiplicateur montaire :

    kM =1

    (1! c) l2j + l1 si l2 = 0 on a kM= 1/l1 (cas classique )

  • 23 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    On observe que le multiplicateur montaire va tre donn par le coefficient V de lquation quantitative :

    M.V = P.Y et si P = 1 alors M.V = Y

    et V = 1/l1

    = vitesse de circulation de la monnaie

    = multiplicateur montaire

    = inverse lasticit revenu de la demande de monnaie

    On voit donc que si les prix sont fixes le produit Y est entirement dtermin par la quantit de monnaie disponible.

    Lefficacit de la politique budgtaire est maximale quand LM est minimale. Son seul effet est dagir sur la rpartition entre dpenses publiques et dpenses prives mais pas sur lactivit conomique. Lanalyse de Hicks aboutit des conclusions paradoxales puisque le modle IS-LM attribut lconomie de type keynsien lefficacit de la politique budgtaire alors que Keynes a cherch dcrire une conomie montaire de production. Encore plus paradoxal, on attribut au modle classique, pour qui la monnaie est neutre, la proprit defficacit montaire.

    Section 3 La prise en compte de lextrieur dans le modle IS-LM-BP

    1. Prsentation du modle IS-LM en conomie ouverte

    On parle ici de modle Mundell Flemming publi en 1962. Cest lpoque de la monte en puissance du FMI et de changes fixes. Mundelle va montrer que lefficacit du change fixe va dpendre du degr de mobilit des capitaux. Cest la premire fois que lon introduit la dimension financire de la Balance des Paiements (BP). Flemming publi son article un peu plus tard et montre limpact du rgime de change sur la politique conomique.

    Le modle IS-LM en conomie ouverte est le modle de rfrence pour la politique conomique, cest le modle que lon utilise encore aujourdhui pour tudier les interdpendances entre pays, les interdpendances mondiales.

    Dans le modle IS-LM la prise en compte de lextrieur aura trois consquences :

    Lajout dune courbe BP qui reprsente lquilibre de la BP. Rajout de la balance commerciale IS (prise en compte de X et H).

  • 24 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Si le pays est en rgime de change fixe lquilibre sur le march de la monnaie doit intgrer la cration montaire qui va tre lie aux interventions des autorits sur le march des changes.

    1.1 La courbe BP et le taux de change La courbe BP va reprsenter lensemble des combinaisons (Y ; i) qui assurent lquilibre de la BP.

    lments de la balance des paiements :

    Compte transaction courante = Balance commerciale o Balance commerciale o Compte de revenu

    Compte financier + Compte de capital = Balance capitaux

    Balance commerciale : BC = X-H Les exportations dpendent positivement du taux de change rel (incertain) et positivement de la demande des non-rsidents.

    Taux de change rel : er =e !P*P !!!!on!pose!:!P = P

    * =1!" er = e

    Exportations :

    X = x(e+!) !Y *

    +! + X0

    Plus e augmente, plus la monnaie domestique se dprcie et le pays gagne en comptitivit prix : on exporte davantage.

    Importations :

    H = h(e!!) "Y

    +! +H0

    Balance des capitaux On va trouver des mouvements de capitaux (IDE, investissement portefeuille), des crdits et dpts et la variation des rserves de change.

    Balance des capitaux :

    BK = f (i! i*)+ evar iationanticipe !taux !change

    !

    "

    #

    $$$$

    %

    &

    ''''

    !+F0 !on!considre!i* !exogne

    BK = f (i+!)+F0

    Le modle IS-LM est un modle de flux et ne tient pas compte des stocks et des dettes.

  • 25 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Construction de BP

    BP = BC +BKBP = x(e)! h(e)!H0 + X0 + f (i)+F0BP = 0!"!Y = fh(e) # i+

    x(e)!H0 + X0 +F0h(e)

    Si!e!est !donn !:!Y = fh $ i+x !H0 + X0 +F0

    h

    BP sera dautant plus horizontale que f sera grand (capitaux mobiles) et BP sera dautant plus verticale que les capitaux seront immobiles.

    Le taux de change Il rsulte de la confrontation de loffre et la demande de devises. Loffre de devise rsulte des non rsidents qui souhaitent acqurir soit des marchandises soit des titres soit de la monnaie du pays considr. La demande de devise provient des rsidents qui souhaitent se procurer de la monnaie ou des actifs dun pays tranger.

    Le taux de change va dpendre des flux de capitaux et de marchandises. Ces mmes flux vont rciproquement dpendre de la valeur du taux de change. Si la balance courante est dficitaire, la demande de devise pour rgler les achats ltranger est suprieure loffre de devise pour effectuer les achats dans le pays. La monnaie aura tendance se dprcier par rapport aux autres devises. Si on a une balance des paiements excdentaire notre monnaie est davantage demande et elle aura tendance sapprcier.

    En rgime de change flottant le cours des monnaies est dtermin librement par le simple jeu de loffre et la demande sur le march des changes. Une variation de la demande provoquera une variation du taux de change, et toute variation du taux de change se traduira par un dplacement de BP.

    En rgime de change fixe, les autorits sengagent maintenir le prix de leur monnaie par rapport une devise ou un panier de devise de rfrence. La BC intervient sur le march des changes pour maintenir le cours de sa monnaie la parit initialement fixe. Elles doivent donc tre en mesure dacheter ou de vendre la quantit de monnaie ncessaire au respect de lobjectif de change, et maintenir des rserves de change.

    Exemple : dans le cas dun dficit de la balance courante il y a une demande de monnaie excdentaire de devises qui fera que la monnaie domestique se dprcie. La BC va puiser dans ses rserves de change pour maintenir la parit de sa monnaie, elle va vendre des devises et acheter de la monnaie nationale.

    Le choix dun change fixe est une contrainte pour lconomie car toute modification de lquilibre extrieur doit tre compens au niveau interne. Un

  • 26 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    dficit chronique ou une attaque spculative va puiser les rserves de la BC et elle ne pourra plus intervenir de faon efficace et accepter une dvaluation.

    1.2 Les nouvelles courbes IS-LM

    La courbe IS

    Offre : Y+H Demande : C+I+G+X

    Courbe IS :

    Y =C + I +G + (X !H )Y = c "Y +C0 ! j " i+ I0 +G0 + x(e)+ X0 ! h(e) "Y !H0Y = ! j1! c+ h " i+

    11! c+ h C0 + I0 +G0 + X0 !H0 + x[ ]

    Plus le pays est ouvert plus le multiplicateur sera faible, il sera donc moins intressant de faire des politiques de relance car ce sont les autres pays qui en profiteront.

    La courbe LM En conomie ouverte loffre de monnaie ne va pas plus tre forcment exogne, cest--dire parfaitement contrle par les autorits.

    La cration montaire a deux origines, deux contreparties :

    Crdit interne (M0) : crdit lconomie Crances sur extrieur : rserves de change

    Lincidence des rserves de change sur la cration montaire va dpendre du rgime de change.

    En change flexible loffre de monnaie reste exogne (Ms=M0), un dsquilibre de la balance des paiements modifie la demande relative de la monnaie nationale par rapport aux devises. En changes flexibles le taux de change va sajuster immdiatement aux nouvelles conditions doffre et de demande. Par exemple un excdent de la balance courante fait apprcier le taux de change ce qui, en pnalisant les importations et en favorisant les exportations, contribue restaurer lquilibre extrieur.

    En rgime de change fixe le taux de change ne pouvant sajuster face au dsquilibre entre offre et demande de monnaie nationale sur le march des devises cest loffre de monnaie qui va restaurer lquilibre. On a une offre de monnaie qui devient endogne. Par exemple en situation dexcdent de balance des paiements courante il existe un excdent de la demande de monnaie nationale qui pousse la monnaie sapprcier. Pour viter cette apprciation, la BC doit intervenir sur le march des changes, elle vend sa monnaie contre des

  • 27 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    devises (augmentation des rserves de change). La cration montaire augmente en contrepartie des augmentations des rserves de change. Symtriquement si on a un dficit de la BP, la monnaie a tendance se dprcier et la BC doit soutenir sa monnaie et lachte contre des devises. Elle dtruit de la monnaie et ses rserves de change diminuent.

    !M =! Rserve"change = (BP) 1.3 Lquilibre macroconomique en conomie ouverte

    Quand BP est parfaitement horizontale les capitaux sont parfaitement mobiles (zone au dessus de BP : excdent / en dessous : dficit).

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    LM

    BP

    IS

    Eie

    Ye

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    LM

    BP

    IS

    Eie = i*

    Ye

  • 28 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    La BP ne dpend pas des taux dintrt et se confond avec la balance commerciale. Zone gauche de BP : excdent / droite : dficit.

    2. Les consquences politiques de louverture internationale

    Les politiques conomiques vont aussi avoir un impact sur le solde de la balance des paiements. La politique conomique modifie soit Y soit i, en change flexible ce solde va modifier le taux de change et donc la demande : on va voir IS et BP qui vont se dplacer. En change fixe le choc de demande modifie loffre de monnaie et cest LM qui va se dplacer. Le modle Mundell-Flemming est bas sur le cas dune petite conomie ouverte dans laquelle la mobilit des capitaux est parfaite. Dans une petite conomie, les taux dintrts nont pas dimpact sur lconomie mondiale et ses dcisions conomiques ninfluencent pas les variables mondiales. Lconomie peut prter ou emprunter sans limite sur les marchs financiers internationaux.

    2.1 Le cas dune petite conomie ouverte avec parfaite mobilit des capitaux

    2.1.1 En rgime de change flottant On va avoir ici deux variables endognes (Y et e) et une variable exogne (i=i*).

    La politique budgtaire

    Comme en conomie ferme les relances budgtaires augmentent la demande autonome ce qui provoque une hausse du revenu national et une hausse du taux dintrt.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    0

    1

    2

    3

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    7

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    9

    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    LM

    BP

    IS

    Eie

    Ye

  • 29 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Cette double hausse va avoir un impact sur la BP :

    La hausse de Y va entrainer une hausse des importations dautant plus forte que la propension marginale importer est forte et provoque un dficit commercial. Si les capitaux sont mobiles, la hausse du taux dintrt entraine des entres de capitaux car les placements nationaux deviennent relativement mieux rmunrs. Cela provoque alors un excdent de la balance des capitaux. Une situation de forte mobilit des capitaux va se traduire par une pente plus faible de la courbe BP (BP en dessous de LM).

    Dans le cas o les capitaux sont parfaitement mobiles, la hausse du taux dintrt suite la relance budgtaire provoque un excdent de la balance des capitaux donc de la BP ce qui fait apprcier le taux de change. Cette apprciation rduit la comptitivit prix du pays ce qui pnalise les exportations jusqu ce que le dficit commercial compense les excdents de la balance des capitaux. La BP revient lquilibre mais leffet de relance est annul : IS revient au point de dpart puisque la relance de lactivit par la hausse des dpenses publiques est annule par la baisse des exportations. Si BP est parfaitement horizontale on a un effet dviction total, donc la politique budgtaire est inefficace car elle provoque une apprciation du taux de change.

    La politique montaire

    Si on cre de la monnaie cela fait baisser le taux dintrt et donc on assiste une sortie de capitaux du pays. On a un dficit de la balance des capitaux et la monnaie se dprcie, cela favorise les exportations et donc un excdent de la balance commerciale.

    tape 1 : passage de A B / tape 2 : passage de B C

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    1

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    9

    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    LM 1

    IS 1

    i = i*

    Y1

    ABP

    LM 2

    B

    IS 2

    Y2

    i2

    M

    X

    Y3

    BP = x(e)+ X0 ! h(e) "Y !H0 + f (i)+F0

  • 30 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Autres applications

    Imaginons une hausse du taux dintrt mondial : on a alors i*>i, la monnaie nationale se dprcie (e) et IS et BP se dplacent vers la droite. Au final on a une augmentation du revenu (Y) et une augmentation du taux dintrt (i) qui fait que lon va revenir au taux dintrt mondial.

    Imaginons une politique de relance ltranger (+G*) : il y a une augmentation du revenu tranger (+Y*) donc une hausse des exportations domestiques (+X) qui entraine une hausse des excdents de la BC (+BC) puis une apprciation de la monnaie. Au final les droites reviennent leur niveau initial puisque la monnaie sapprcie.

    Cas dune augmentation des prix tranger (+P*) : cette hausse va tre compense par une baisse du taux de change (-e) qui compensera la hausse des prix trangers.

    Cas de linstauration dun droit de douane pour limiter les importations : la baisse des importations (-H) entraine un excdent commercial, la monnaie sapprcie et les importations diminuent. Au final on revient lquilibre et il ny a pas dimpact sur le revenu.

    2.1.2 En rgime de change fixe En rgime de change fixe e devient exogne et loffre de monnaie et le revenu (Y et M) sont endognes. Cest M qui va ajuster la balance des paiements. Comme e ne varie plus BP ne se dplace plus par contre cest LM qui va se dplacer.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    1

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    9

    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    BP 1

    BP 2

    IS 1IS 2

    i=i*

    i*2

    A

    B

    Y1 Y2

    +Y

  • 31 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    La politique budgtaire

    Une augmentation des dpenses publiques entraine une augmentation du revenu et du taux dintrt. Comme les capitaux sont parfaitement mobiles, la hausse des taux dintrt entraine des sorties de capitaux et une tendance lapprciation de la monnaie. Pour viter cette apprciation la BC doit intervenir sur le march des changes, elle cre de la monnaie ce qui conduit une hausse de la demande de monnaie (+M) jusqu ce que le taux dintrt revienne son niveau initial qui correspond au niveau du taux dintrt mondial.

    La politique montaire

    En changes fixes la politique montaire est totalement inefficace pour une raison simple : elle est linstrument qui sert maintenir le taux de change fixe ce qui est incompatible avec la poursuite dobjectifs internes. En situation de parfaite mobilit des capitaux, le taux dintrt domestique ne peut diffrer du taux dintrt mondial. La cration montaire (+M) fait baisser le taux dintrt (-i), la monnaie tend se dprcier et la BC doit dtruire de la monnaie (-Ms). Au final LM revient au point de dpart.

    Triangle dincompatibilit de Mundell

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    Revenu (Y)

    Taux

    de ch

    ange

    (i)

    BP 1

    BP 2

    IS 1IS 2

    i=i*

    i*2

    A

    B

    Y1 Y2

    +M

    LM 1

    LM 2

    Y3

    C

    Change jixe

    Parfaite mobilit des capitaux

    Autonomie de la politique montaire

  • 32 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Autres applications

    Politique commerciale : On instaure un droit de douane, ce droit de douane va favoriser un excdent commercial, la BC doit intervenir pour viter lapprciation de la monnaie. Elle va crer de la monnaie et on va avoir un effet trs positif sur lactivit conomique.

    Une dvaluation : La dvaluation dplace BP vers la droite (+e), si la condition LMR est vrifie il se produit un excdent commercial (hausse des exportations/baisse des importations) et IS se dplace vers la droite. Ce surplus de la balance commerciale tend faire apprcier la monnaie, la BC doit intervenir et la BC augmente sa cration montaire pour viter lapprciation du taux de change (dplacement de LM vers la droite).

    Ici la dvaluation a un triple effet de relance :

    +e +X -i +I +Y +C

    Taux dintrt mondial qui augmente : Le pays subit des sorties de capitaux, la monnaie a tendance se dprcier et la BC doit intervenir. On a LM qui se dplace vers la gauche, on va avoir une hausse du taux dintrt domestique et une baisse de lactivit. En change fixe on doit saligner sur les taux dintrts mondiaux.

    Hausse de la croissance mondiale : il y a un effet bnfique sur les exportations domestiques (effet relance), la monnaie domestique a tendance sapprcier et la BC doit intervenir en crant de la monnaie ce qui renforce leffet de relance.

    Dans un rgime de change fixe ou dans un rgime o les pays cherchent contrler leur taux de change, les pays deviennent interdpendants et il y a un besoin de coordination internationale des politiques.

    2.2 Les cas o les capitaux sont immobiles

    2.2.1 Le cas des changes flottants

    La politique budgtaire

    Une hausse des dpenses publiques (+G) entraine une hausse du revenu (+Y) donc une hausse des importations (+H). Cette hausse entraine en dficit commercial donc une dprciation de la monnaie, cette dprciation entraine une hausse des exportations (+X) donc une hausse du revenu (+Y).

  • 33 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    On a ici un double effet de relance. La relance est plus efficace en conomie ouverte quen conomie ferme. Comme les capitaux sont immobiles la hausse du taux dintrt (+i) a un impact marginal, cela rduit linvestissement (-I) et rduit la hausse du revenu (+Y).

    Politique montaire

    On est en change flottant, la cration montaire (+M) provoque une baisse du taux dintrt (-i) cela entraine une hausse de linvestissement (+I) donc une hausse du revenu (+Y).

    Le dficit de la balance courante entraine son tour une baisse du taux de change (+e) donc une hausse des exportations (+X) et au final une hausse du revenu (+Y).

    Au point C on a un effet de relance plus important.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    Revenu (Y)

    Taux

    intr

    t (i)

    BP 1 BP 2LM

    IS 1

    IS 2

    IS 3

    A

    B

    C

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    0

    1

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    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu (Y)

    Taux

    intr

    t (i)

    BP 1 BP 2LM 1

    IS 1

    IS 2

    A

    B

    LM 2

    C

  • 34 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    2.2.2 Le cas du change fixe

    Politique budgtaire

    Laugmentation des dpenses publiques (+G) augmente le revenu national ce qui favorise les exportations, le dficit de la balance commerciale tend faire dprcier la monnaie, la BC doit intervenir. Elle soutient sa monnaie en achetant contre devise, il y a destruction montaire et LM se dplace vers la gauche.

    quilibre en conomie ouverte

    On voit que le revenu est revenu au point de dpart et les taux dintrt ont fortement augment. Dans le cas extrme o les capitaux sont parfaitement immobiles et le change est fixe la politique budgtaire est inefficace.

    La politique montaire

    En change fixe la politique montaire est inefficace, on a le mme mcanisme, la cration montaire baisse le taux dintrt. Cela augmente linvestissement donc le revenu national, on a une hausse des importations qui entrainent un dficit de BP. Il y a une tendance de dvaluation de la monnaie donc destruction de monnaie : LM revient au point de dpart.

    Louverture nest pas forcment un signe dinefficacit de la politique conomique, certes en change fixe elle est inefficace mais en change flottant elle est plus efficace quen conomie ferme. En effet en conomie ouverte fait dprcier le taux de change qui relance via les exportations les effets de relance.

    Le degr defficacit de la politique montaire dpend du systme de change :

    Change fixe : aucun effet Change flottant : effet important

    Lefficacit de la politique budgtaire est lie au degr de mobilit des capitaux :

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

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    8

    9

    Revenu (Y)

    Taux

    intr

    t (i)

    BPLM 1

    IS 1

    IS 2

    A

    B

    LM 2

    C

  • 35 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Change fixe : dautant plus efficace que les capitaux seront mobiles Change flexible : dautant plus efficace que les capitaux seront peu

    mobiles

    Ces rsultats sappliquent une petite conomie ouverte, le cas dune grande conomie sera un peu diffrent car elle aura un impact sur les taux dintrt mondiaux. Une grande conomie aura dune part une politique budgtaire plus efficace quune petite conomie (effet multiplicateur plus important car le taux douverture est plus faible) et dautre part la politique montaire sera plus efficace que la politique budgtaire.

    Ce modle en conomie ouverte a comme limites dune part de ne pas tenir compte de linflation (prix), ce modle ne tient pas compte des anticipations des agents or ces anticipations peuvent modifier le comportement des agents privs et donc modifier lefficacit de la politique conomique. La troisime limite est que le modle IS-LM est un modle de flux qui ne tient pas compte de laccumulation de dsquilibres. Laccumulation des dficits augmente le poids des dettes qui peut poser un problme de solvabilit et peut modifier le comportement des agents.

  • 36 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Chapitre 2

    La prise en compte de loffre et des prix

    Les thories de la croissance sont dveloppes aprs la seconde guerre mondiale, la dcouverte de la courbe de Philips date de 1958 et permet au courant keynsien de prsenter une thorie combinant inflation et chmage. On va intgrer la courbe de Philips au modle IS-LM ce qui permet de prendre en compte de nouvelles variables (inflation, chmage). Tout comme la grande dpression des annes 30 avait marqu les limites du modle classique, le choc ptrolier de 1973 (choc doffre inflationniste) va remettre en cause le modle keynsien qui privilgie la demande dans un cadre prix fixe. La crise de 1973 marque le retour des fluctuations conjoncturelles et le retour des thories classiques. Lenlisement de la crise dans les annes 70, lapparition de la stagflation remettent en cause le consensus keynsien loccasion dun renouvellement de la thorie. Cest la prise en compte plus explicite des anticipations des agents, et cest le retour de la thorie de la neutralit de la monnaie.

    Section 1 La prise en compte des prix et des salaires dans le modle keynsien

    1. La courbe de Phillips ou lquation manquante du modle keynsien

    Dans les annes 50 il existe un consensus autour du modle keynsien, cest le modle de rfrence et la base de travail des macroconomistes. Il manque cependant ce modle une relation entre les variables relles et les variables nominales (prix, salaire). Ce lien va tre tir de la courbe de Phillips.

    1.1 La relation salaire-chmage Phillips est un statisticien no-zlandais qui veut juste regarder si le prix sur un march dpend de loffre. Il sintresse au march du travail en GB sur la priode 1861-1957. Il trouve une relation ngative sur cette priode entre le taux de variation du salaire nominal et le taux de chmage (article publi en 1958).

  • 37 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Il en dduit que : !w = !(u!!)

    La baisse du chmage favorise les hausses de salaire car les salaris deviennent plus exigeants en matire de revendications salariales et les entreprises cherchent attirer une main duvre plus rare. Inversement pour la hausse du chmage.

    La relation classique pure est remise en cause par cette courbe, on voit que les salaires continuent daugmenter mme en priode de sous emploi. Le taux de chmage compatible avec la stabilit des salaires est le NAWRU (non accelerating wage rate of unemployment).

    1.2 La relation inflation-chmage Ds 1960 la courbe de Phillips va devenir une rfrence suite aux travaux de Samuelson et Solow. Ils vont publier un article dans lamerican economic review et vont trouver une relation ngative similaire entre le taux dinflation (taux croissance des prix) et le chmage. Ils supposent que les entreprises fixent leurs prix en appliquant un taux de marge sur leurs cots de production ( court terme les cot de production = cots salariaux). Cest ce quon appelle la stratgie de mark-up pricing.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    1

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    9

    Taux de chmage (%)

    Taux

    de cr

    oissa

    nce d

    es sa

    laire

    s (%)

    Courbe de Phillips originale (1958)

    Taux croissance salaires ngatif

    Limite : 5,5% (Phillips)

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    9

    Taux de chmage (%)

    Taux

    d'infl

    ation

    (%

    )

    Courbe de Samuelson-Solow (1958)

    NAIRU : 5,5%

  • 38 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    P = lcot ! salarial

    ! ! (1+ mtaux !de !marge !

    ! )

    Le cot salarial reprsente lexcs de croissance des salaires par rapport aux gains de productivit.

    !p = !l = !w = !z

    !w = !(u)! = "(u)! !z

    Gains ! productivit!

    Dans leur article cette relation est interprte de diffrentes manires :

    Pour avoir un accroissement des salaires un taux annuel qui ne dpasse pas 2,5% (accroissement de la productivit) lconomie amricaine parat devoir subir un taux de chmage de 5 6%. Cest le cot payer pour avoir la stabilit des prix. Si on veut avoir une inflation nulle il faut accepter le cot du chmage.

    Si on veut atteindre un objectif dune production suffisamment leve pour que le taux de chmage ne dpasse pas les 3% linflation devrait avoir monter autour de 4 5% par an. Une telle hausse des prix peut apparatre comme le cot ncessaire pour atteindre un haut niveau demploi.

    Cette relation invalide la dichotomie classique car elle dmonte le lien entre lactivit relle, le taux de chmage et le taux de variation des prix. On observe que la stabilit des prix correspond un taux de chmage non nul : le NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment). On voit que les BC vont surveiller cet indicateur, il correspond au taux de chmage naturel. Ce taux de chmage naturel nest pas constant, plus le taux de chmage est lev plus le NAIRU augmente car plus les gens sont au chmage longtemps plus ils deviennent inemployables.

    1.3 Le bouclage du modle keynsien Au cours de la mme priode lconomiste amricain Arthur Okun a mis en vidence une relation dans un article en 1961. Il montre une relation empirique entre les mouvements conjoncturels du PIB et du chmage.

    On en tire la loi dOkun :

    Une baisse de 1point de pourcentage du taux de chmage par rapport son niveau dquilibre correspond une hausse approximative de trois points de pourcentage du PIB par rapport au PIB potentiel .

    U !Un = !!(Y !Yn )

    Sur la priode 1970-200 aux USA :

  • 39 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Ut !Ut!1 = !0, 4 " (gt !3%)

    Le taux de 3% signifie que la croissance doit tre au moins gale 3% pour que le chmage naugmente pas. Il est bas sur le fait que la population active augmente de 1,7% par an et que sur la priode la productivit du travail augmente de 1,3%. Cette quation montre quune croissance suprieure de 1 point la croissance normale permet de baisser le chmage de 0,4%. Ce coefficient (0,4) dpend de la faon dont les firmes ajustent lemploi aux variations de la production. Cela va dpendre du fonctionnement du march du travail et notamment des rgles dembauche et de licenciement.

    La courbe de Phillips et la loi dOkun permettent de boucler le modle keynsien. La demande effective dtermine le niveau de production (multiplicateur keynsien) le niveau de production dtermine le niveau de chmage (loi dOkun) le taux de chmage dtermine le taux dinflation (courbe de Phillips).

    On donne ainsi un nouveau rle la politique conomique (politique montaire) : on peut baisser le chmage en crant de linflation. Cette courbe de Phillips remet en cause le modle classique et surtout elle est base sur des faits et non des thories. Dapparence elle couronne le modle keynsien mais en ralit cest le point de renouveau du modle classique.

    2. La prise en compte des anticipations et la remise en cause de larbitraire

    Les travaux de Friedman (1968) vont consister rechercher des fondements microconomiques cette courbe de Phillips. Il va montrer quun arbitrage entre inflation et chmage ne peut exister que si il existe des imperfections sur le march du travail. En utilisant ces erreurs danticipation les autorits peuvent crer une inflation surprise et baisser artificiellement le chmage mais ds que les agents corrigent leurs erreurs lactivit et le chmage reviennent leur niveau naturel. La dmonstration de Friedman repose sur deux apports, le premier est la reprsentation dune courbe de Phillips augmente des anticipations, le second est lintroduction du concept de taux de chmage naturel. Dans lanalyse classique la monnaie est neutre, donc toute hausse de prix ne doit avoir aucun effet ni sur la production ni sur le chmage.

    Une baisse des prix (-P) entraine une augmentation du salaire rel (W/P) et la demande de travail des entreprise diminue donc loffre de travail des mnages augmente. Cela conduit, sur un march du travail flexible, diminuer le salaire nominal jusqu ce que W/P ne revienne son niveau initial. Dans ce cadre comment expliquer la courbe de Phillips qui est lien entre le taux dinflation (variable nominale) et le taux de chmage (variable relle) ? Il faut supposer un dysfonctionnement au niveau du march du travail ou une illusion montaire.

    Pour Friedman la courbe de Phillips est mal spcifie car certes les ngociations salariales fixent le salaire nominal mais en ralit que ce soit les entreprises ou

  • 40 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    les mnages, ces agents sintressent au salaire rel. Les salaris car cela reprsente leur pouvoir dachat et les employeurs car cela reprsente le cot du travail. Les salaris cherchent maintenir leur salaire rel constant. Pour Friedman puisque les salaires sont ngocis pour une priode donne les agents vont se baser sur linflation future anticipe.

    Il va mettre en place le concept dinflation anticipe : !w = !(u)+" e

    Courbe de Phillips augmente des anticipations dinflation :

    ! = "(u)! !z+! e

    Il y aura autant de courbes de Phillips que danticipations dinflation diffrentes. Pour expliquer les fluctuations conjoncturelles Friedman va introduire lide que les anticipations peuvent tre errones, il peut y avoir des erreurs danticipation dans des conomies peu habitues linflation.

    Si linflation est sous-estime les agents vont surestimer leur salaire rel, ils ngocient un salaire nominal plus faible et loffre de travail est leve. Le niveau de chmage va stablir en dessous de son niveau naturel.

    Friedman suppose une asymtrie de comportement, les mnages peuvent se tromper dans leurs anticipations, en revanche les entreprises sont parfaitement informes sur leurs cots de production et sur leur prix de vente. Si lon cre de linflation surprise cela peut avoir un impact rel sur le taux de chmage et la production. Friedman va montrer que cet arbitrage inflation-chmage nest que provisoire. Les mnages vont prendre conscience de la baisse de leur pouvoir dachat et rclamer des hausses de salaire, larbitrage naura t que provisoire mais les agents vont anticiper le maintient de la hausse des prix. Dans une conomie habitue linflation les agents vont se baser sur les taux dinflation passe pour effectuer leurs anticipations et lillusion montaire sera dautant plus faible.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

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    9

    Chmage

    Inflati

    on

    Un

    CP (e = 0)

    A

    B(1)

    CP (e = (1)

    C

    Retour du chmage au taux naturel

  • 41 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Cette situation est provisoire (AB) puis revient au taux de chmage naturel (C). Il y aura autant de courbes de Phillips que danticipations dinflation diffrentes, ces courbes de Phillips sont des courbes de court terme. Friedman et Phelps vont montrer quil est impossible de sloigner durablement du taux de chmage naturel ou alors au prix dune inflation croissante.

    Friedman cite :

    On peut tromper tous les gens quelques temps et quelques gens tout le temps mais on en peut pas tromper tous les gens tout le temps.

    Abraham Lincoln

    Pour Friedman la courbe de Phillips de long terme est celle qui correspond au taux de chmage naturel car les agents vont prvoir correctement linflation.

    Courbe de Phillips de long terme :

    ! = ! e

    ! = "(u)! !z+! !!!!!soit !!!!"(u)! !z = 0

    Il ny a quune seule valeur de u qui peut quilibrer correctement cette quation, cette valeur est indpendante de linflation cest le taux de chmage de long terme (un). Le taux de chmage qui quilibre le march du travail est un taux de chmage volontaire. On retrouve ici la dichotomie classique concernant la neutralit de la monnaie long terme.

    Ce modle est purement thorique mais il a trouv son illustration lors des chocs ptroliers. Dans les annes 70 on a constat une hausse continue de linflation sans que le chmage ne diminue. Cette courbe de Phillips augmente donne une explication la verticalisation de la courbe de Phillips. partir de 1979 la FED dcide de lutter contre linflation en mettant en place des politiques montaires restrictives et on assiste un retour de la courbe de Phillips avec une hausse du chmage.

    Les nouveaux classiques vont aller plus loin (Lucas en 1976) et selon eux il nest pas possible de tromper tous les gens pour peu de temps. Il ny a aucune raison de penser que les agents se trompent systmatiquement et lide est que les agents sont capables de prvoir comment les autorits ont intrt agir et ils sont capables de ne pas se laisser surprendre.

    La courbe de Phillips relie linflation et le chmage, le chmage dpend du niveau demploi et lemploi est li la production et finalement on peut en tirer une courbe doffre.

  • 42 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    Section 2 Le modle offre et demande globales Dans la thorie keynsienne on suppose loffre lastique la demande, dans la thorie classique on se base sur la loi de Say et on nglige la demande. Le modle offre et demande globales va combiner ces deux thories do son nom de synthse no-classique. Il lve lhypothse de prix fixe du modle keynsien et va rajouter un ct offre ce modle en dcrivant le processus de mobilisation de ressources productives en vue de la production de B&S. Dans une perspective de court terme il repose sur ltude du fonctionnement du march du travail et sur la prise en compte des conditions techniques de production. Ce modle permet dintroduire les effets dviction lis aux hausses de prix. On aura donc un effet de relance plus faible que celui prsent dans le modle keynsien.

    1. Les courbes doffre et de demande globales

    1.1 La courbe de demande globale La courbe de demande globale est construite partir du modle IS-LM, on fait disparatre le taux dintrt et on obtient une seule quation qui lie Y et P.

    IS : Y = ! j1! c+ h " i+1

    1! c+ h C0 + I0 +G0 + xe "P*P

    #

    $%

    &

    '(+ X0 !H0

    )

    *+

    ,

    -.

    LM : Y = l2l1 ! i+1l1M0P

    "

    #$%

    &'

    Do :

    Y = j ! k M0P"

    #$

    %

    &'+ l2 ! k A+ x

    e !P*P

    "

    #$

    %

    &'

    (

    )*

    +

    ,-!!!!

    avec!!!k = 1(1. c+ h) ! l2 + j ! l1!!!!!!!et !!!!!A =C0 + I0 +G0 + X0 .H0

    /

    0

    11

    2

    11

    Courbe!!DG

    La courbe de demande est dcroissante, quand le niveau des prix augmente la demande globale diminue.

    En ralit il y a trois effets qui expliquent le lien entre la demande globale et le niveau gnral des prix.

    1.1.1 Leffet Keynes Lides est que la baisse des prix va entrainer une hausse de la quantit de monnaie en terme rel (M0/P) ce qui va faire diminuer le taux dintrt donc une hausse de linvestissement et une hausse de la demande.

  • 43 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    1.1.2 Leffet Pigou ou effet dencaisse relle La baisse des prix augmente le pouvoir dachat des encaisses dtenues sous forme montaire. Cela stimule la dpense de consommation et la courbe de demande globale se dplace vers la droite.

    1.1.3 Leffet Mundell Cet effet se produit en conomie ouverte, la baisse des prix nationaux augmente le taux de change rel ce qui amliore la comptitivit prix de la nation. Les exportations sont stimules ce qui augmente la demande globale.

    Courbe de demande globale :

    La pente de la courbe de demande va dpendre de llasticit de la demande, de la raction de la demande un prix o un taux dintrt. Ce qui va faire dplacer DG cest tout ce qui fait varier IS ou LM.

    1.2 La courbe doffre globale Elle associe chaque niveau de prix la quantit de B&S que les entreprises sont disposes offrir. Lorsque les prix sont parfaitement flexibles ils assurent lajustement entre loffre et la demande sur le march des B&S et les entreprises ne sont pas contraintes sur leurs dbouches. Les entreprises dterminent leur niveau de production qui maximise leur profit compte tenu du cot des facteurs de production.

    Le niveau de production va tre dtermin sur le march du travail et va dpendre du niveau du salaire rel. La construction de la courbe doffre revient tudier les effets des variations de prix sur le cot rel du travail. Une hausse des prix (+P) entraine une baisse du salaire rel (-W/P) et conduit une hausse du revenu (+Y). La courbe doffre va dpendre directement du mode de formation des salaires sur le march du travail et de la faon dont ils ragissent aux fluctuations du NGP.

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu

    Prix

    Courbe de demande globale

  • 44 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    La courbe doffre dpend ngativement du salaire rel (croissante avec les prix) et plus long terme elle dpend ngativement du cot des autres facteurs de production (prix nergie), elle dpend ngativement du taux de change, elle dpend positivement de la productivit et de la technologie.

    OG verticale : = 1 Salaires flexibles March travail compltement concurrentiel quilibre entre offre et demande dtermine le salaire rel pour un NGP

    donn Lconomie se situe au niveau de plein emploi Une baisse des prix ne rduit pas le production ou lemploi parce que les

    salaires nominaux sajustent dans les mmes proportions si bien que le cot rel de la production reste inchang

    Cette courbe doffre repose sur deux hypothses :

    Salaires nominaux parfaitement flexibles Agents anticipent parfaitement les variations de prix

    OG horizontale : cas keynsien pur = 0 Loffre de travail des mnages dpend du salaire nominal et non du

    salaire rel court terme on a des prix fixes et un ajustement des quantits

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu (Y)

    Prix

    OG verticale : cas classique

    Y*

    OG

    OG horizontale : cas Keynsien

    OG croissante

  • 45 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    OG croissante < 1 Flexibilit imparfaite des prix Information imparfaite

    Explications :

    Soit les agents anticipent mal les prix Soit ils acceptent que les salaires ne soient pas indexs sur les prix ou

    que les prix ne soient pas indexs sur les cots de production

    2. Les utilisations du modle OG-DG

    2.1 Larbitrage inflation-chmage Un ratio de sacrifice calcule le cot en terme de chmage ou dactivit dune rduction de linflation. Dans un modle classique le cot est nul. Ce ratio de sacrifice est la part en pourcentage du PIB rel annuel laquelle il faut renoncer pour rduire linflation d 1point de pourcentage. Les estimations situent ce ratio aux alentours de 5points. On peut estimer ce ratio de sacrifice en terme de chmage, selon la loi dOkun une variation de 1point de pourcentage du taux de chmage correspond une variation de 2 points du PIB. Une rduction de 1point dinflation cote 2,5 points de chmage.

    Ratio!sacrifice!=! (U !Un )"" ! inflation =(Y !Yn )"

    " ! inflation

    100 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    10

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    Revenu (Y)

    Prix

    OG

    DG 1DG 2

    P2

    P1

    Y1 Y2

  • 46 Louis Sutre MAGEFI 1 - Universit Montesquieu Bordeaux IV 2011/2012

    U U-Un

    (Un = 6%)

    Inflation

    France 1981 7,6% 1,6 11,2%

    1982 8,1% 2,1 -

    1983 8,5% 2,5 -

    1984 8,9% 2,9 -

    1985 10,2% 4,2 -

    1986 10,4% 4,4 -

    1987 10,5% 4,5 2,9%

    - Inflation = 8,3% en 6 ans

    (U-Un) = 21,6pts

    Ces chiffres sont levs, on a sensiblement les mmes dans les pays anglo-saxons. Cela signifierait que nous ne sommes pas dans le modle classique avec une neutralit de la monnaie.

    Cela pose deux problmes :

    Comment expliquer a ? Quels sont les mcanismes sous-jacents ? On voit sur ce point que la thorie nest pas trs claire.

    Pourquoi les variables ne reviennent pas leur niveau dquilibre ?

    2.2 Chocs et politiques conomiques

    2.2.1 Chocs inflationnistes Tout choc qui dplace les courbes doffre ou de demande cre de linflation, cette inflation est de linflation par les cots ou une inflation par la demande. Linflation par les cots est lie tous les facteurs susceptibles daugmenter les cots de production des entreprises (cot salarial, hausse du salaire minimum, baisse offre de travail, augmentation du prix des matires premires). Un choc doffre ngatif dplace OG vers la gauche.

    Le deuxime type dinflation est linflation par la demande qui peut tre provoque par un excs de demande alors que lconomie est au plein emploi. En situation de sous-emploi une hausse de la demande peut galement tre inflationniste si loffre nest pas assez lastique ou si lconomie nest pas homogne.

    Ra