Librairie Pierre Calvet Catalogue
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Sommaire
Littérature : n° 1 à 15.
Théùtre et poésie : n° 16 à 25.
Histoire : n° 26 à 32.
Alchimie, ésotérisme, franc-maçonnerie et occultisme : n° 33 à 37.
Gastronomie, sciences et techniques : n° 38 à 41.
Curiosa et libertinage : n° 42 à 49.
Régionalisme : n° 50.
Dessins, gravures et livres modernes illustrés : n° 51 à 53.
Lettres et manuscrits : n° 8, 17, 23, 46, 52.
Marques de provenance ou envois remarquables : n° 2, 5, 8, 11, 13, 18, 24, 25, 26, 27, 29, 31, 32, 35, 39, 41, 47, 49, 50, 51.
Livres aux armes : n° 5 (Ville dâAvignon), 7 (PavĂ©e de Vandeuvre),
24 (Gomez de la Cortina), 32 (Caumartin), 40 (Roujault), 48 (Joffrey).
Reliures : n° 17 (Champs), 18 (Thibaron), 21 (Chambolle-Duru).
Illustrations : n° 11, 14, 20, 21, 22, 27, 46, 48, 49, 51, 53.
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Littérature
« Les Liaisons dangereuses à Saint-Domingue »
1. [Anonyme]. La MulĂątre comme il y a beaucoup de Blanches. Ouvrage pouvant faire suite au NĂšgre comme il y a peu de Blancs. Paris, Marchand, an IX-1803. 2 vol. in-12 de 264 pp. [i. e. 254, paginĂ©es 11-264] ; 302 pp. 2 gravures sur cuivre (en frontispice de chaque vo-lume). Pleine basane fauve de lâĂ©poque, dos long dĂ©corĂ© aux petits fers « en Ă©toile » dorĂ©s, aux filets, roulette, filets et grecques dorĂ©s, piĂšces de titre et de tomaison en maroquin havane, simple filet dâencadrement Ă froid sur les plats, filet dorĂ© sur les coupes, tranches mouchetĂ©es de rouge. 1 400 âŹ
Edition originale rare. Lâouvrage fut parfois attribuĂ© Ă Joseph La VallĂ©e, auteur du NĂšgre comme il y a peu de blancs, roman contre lâesclavage qui connut un vif succĂšs lors de sa parution en 1789. La mulĂątresse Mimi est tiraillĂ©e entre son amour pour Sylvain, libertin blanc, et les prĂ©ventions dâalors contre les mariages mixtes. Epistolaire comme Les Liaisons dangereuses de Laclos, La MulĂątre, donne une autre dimension au roman sentimental en dĂ©nonçant les prĂ©jugĂ©s racistes de lâĂ©poque.
Non répertorié au CCFR
Quelques taches et Ă©pidermures sur les plats, mors du plat supĂ©rieur ouvert sur 2 cm en queue au tome I, mi-nimes taches sur les tranches de tĂȘte ; intĂ©rieur frais malgrĂ© de rares rousseurs et dâinfimes mouillures. Exemplaire en bon Ă©tat dâune Ă©dition rare.
Exemplaire bùlois du célÚbre pasteur zurichois Gwaltherius
avec quelques annotations de sa main
2. Aristote ; Jean-Louis VivĂšs ; Philipp Melanchthon ; Simon Grynaeus ; Coelius Calcagninus. Aristotelis stagiritĂŠ, Philosophorum omnium facile principis, opera quĂŠ quidem extant omnia, latinitate veliam olim, vel nunc recens Ă viris doctissimis donata, & graecum ad exemplar diligentissime recognita. Accesserunt in singulos libros optimis ex autoribus argumenta, commentarii vice studiosis futura. Item Io. Ludovici Vivis Valentini, de libris Aristotelicis censura, nunc recens & nata [sic] & edita. Ad hĂŠc De Vita Aristotelis, deque genere philosophiĂŠ, ac scriptis eiusdem, commentatio doctissima, per Philippum Melanchthonem. S. n. [Johannes Bebel], BasileĂŠ [BĂąle], septembre1538. 2 tomes en 1 volume in folio de [6] ff., 843 pp.; [4] ff., 640 pp., 2 ff. bl. Le tome II a pour titre Operum Aristotelis stagiritae, partim ad graecum exemplar diligentissimĂ© recognitorum, partim nunc primum latinitate donatorum, Tomus secundus. Adiecta est vita Aristotelis, deque genere philosophiĂŠ ac scriptis eiusdem, commentatio doctissima, per Philippum Melanch[thonem]. UnĂ cum rerum & verborum hisce in libris omnibus memorabilium copiosissimo Indice. Bois gravĂ© aux armes de BĂąle flanquĂ©es de deux basilics Ă la p. de t., plus de 60 schĂ©mas en bois gravĂ©s, nombreuses lettrines historiĂ©es et vĂ©gĂ©tales. Reliure de lâĂ©poque en pleine peau de truie ivoire estampĂ©e Ă froid sur ais de bois biseautĂ©s en coupe, dos Ă 5 nerfs dĂ©corĂ© de filets, simples et doubles sur les nerfs et entre-nerfs, et hachurĂ©s en queue et en tĂȘte, plats dĂ©corĂ©s en croix de
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frises aux motifs dâarabesques, de profils et de pampres, le tout encadrĂ© par un double filet. Trace de fermoirs. 2 500 âŹ
Une des nombreuses Ă©ditions des Ćuvres dâAristote, celle-ci donnĂ©e par le bĂąlois dâorigine strasbourgeoise Johannes Bebel (VD 16 lâattribue cependant Ă J. Oporinus). Adams cite un troisiĂšme tome de 555 pp., alors que Graesse ne cite que ces deux tomes seuls. Avec au tome I, une adresse au lecteur de Simon GrynĂŠus suivie dâune classification des Ćuvres dâAristote, une critique de Jean-Louis VivĂšs et la table des matiĂšres, une Ă©pitre au lecteur de Coelo Calcagnini prĂ©cĂ©dant sa traduction du « De Coloribus » ; au tome II, un opuscule de ThĂ©ophraste sur la Physique, le registre des signatures et le colophon. Les traductions sont, entre autres, de Guillaume BudĂ©, Joanne Argyropilos, Georgius de Trapezunte, LĂ©onardo ArĂ©tino, Alexandre Paccino et Bessarion. Les introductions sont signĂ©es Ange Politien, RaphaĂ«l Volaterra, ThĂ©odore Gaza, Nicolas LĂ©onicus, Simon GrinĂŠus⊠Jean-Louis VivĂšs (Valence, 1492-Bruges, 1540) thĂ©ologien, philosophe et pĂ©dagogue
espagnol, fut lâun des reprĂ©sentants de lâhumanisme nordique. Il attaqua lâĆuvre dâAristote et la dĂ©vo-tion de ses contemporains pour les Ă©crits du philosophe, et tenta de rĂ©concilier la pensĂ©e classique avec lâinfluence chrĂ©tienne. Philipp Melanchthon (Bretten, 1497-Wittenberg 1560), humaniste, thĂ©ologien et rĂ©formateur allemand. De Vita Aristotelis a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ©e Ă BĂąle en 1548. Simon Grynaeus (Veringen-dorf, 1493-BĂąle, 1541), thĂ©ologien humaniste partisan de la RĂ©forme, fut condisciple et ami de MĂ©lanchthon, enseigna Ă Wittenberg, Ă Heidelberg, puis Ă BĂąle dĂšs 1529 oĂč lui fut confiĂ©e la chaire de grec et de thĂ©ologie ; il y fit des confĂ©rences sur la RhĂ©torique dâAristote. Il propagea la RĂ©forme dans le WĂŒrtemberg et fut lâun des rĂ©dacteurs de la PremiĂšre Confession helvĂ©tique. Il partageait le point de vue de Zwingli sur lâEucharistie. Coelio Calcagnini (Ferrare, 1479-id., 1541), humaniste, poĂšte, astro-nome et diplomate italien, fut estimĂ© dâErasme et de Rabelais. En tant quâastronome, il est considĂ©rĂ© comme un prĂ©curseur de Copernic. Sa traduction du traitĂ© sur les couleurs dâAristote eut beaucoup de succĂšs et connut de nombreuses rĂ©Ă©ditions dĂšs 1544 (Froben, BĂąle). Ex-libris ms. Ă la p. de t. de Rodolphe Gwal-ther datĂ© de BĂąle, 19 juin 1539 : « Sum Rodolphi Gualtheri Tigurini / 1539 / 19 Iunij. / BASILEà », âde Claude Chanisius, acquisition datĂ©e du 20 janvier 1540 (suite Ă un Ă©change contre 2 Adages dâErasme ?) et avec quelques notes de sa main au « De Anima » (I, 467), âde la CommunautĂ© des HermiĂšres, âde A. L. N. Meunier (peintre ?) datĂ© 1791 et âdâAntoine Jurgens, prĂȘtre, datĂ© 1934.
Rodolphe Gwalther (Zurich, 1519- id., 1586), gendre de Zwingli, dont il diffusa la pensĂ©e par ses traductions en latin, fut pasteur Ă Saint-Pierre de Zurich en 1542, doyen du chapitre en 1546, et successeur de Bullinger comme premier pasteur du GrossmĂŒnster en 1575. Entre 1538 et 1541, Gwalther Ă©tudia Ă BĂąle, oĂč il acquit sans doute cet exemplaire dâAristote quâil a annotĂ© : dĂ©but de la prĂ©face de ThĂ©odore Gaza au « De Animalibus » (I, 565 et 566). Gaza en reçut pour tout remerciement le prix de la reliure, que ce pape lui fit rendre (voir infra la note recopiĂ©e par Meunier). Aristote, dans le second livre de sa physique, dit que tout ce que fait la nature, elle le fait pour quelque fin, et que cependant elle ne fait rien Ă dessein, c'est-Ă -dire, avec prĂ©mĂ©ditation, avec connaissance, avec raison. Gaza soutĂźnt cette thĂšse contre PlĂ©thon vers 1460. Quelques notes manuscrites de Gwalther se trouvent Ă©galement Ă la cĂ©lĂšbre traduction de « La Politique » par LĂ©onardo ArĂ©tino (II, 128). La communautĂ© des HermiĂšres est une abbaye dâhommes, de lâordre des PrĂ©mon-
trĂ©s, dans la Brie française, situĂ©e dans la forĂȘt de CrĂ©cy, fondĂ©e vers 1160 par un nommĂ© Regnaud, avec Thibaud, comte de Champagne comme bienfaiteur. En 1525, elle fut mise sous le rĂ©gime des abbĂ©s commendataires, et rĂ©formĂ©e en 1572. Edme Pirot, docteur en Sorbonne, y fut placĂ© comme abbĂ© en 1681 par Louis XIV. Lâabbaye fut dĂ©truite Ă la RĂ©volution. A. Meunier a annotĂ© abondamment lâ « Histoire des animaux » en renvoyant Ă Buffon. Sur un mor-ceau de papier verger se trouve une note de sa main qui reproduit ces lignes de dâAlembert : « Le savant et pauvre ThĂ©odore de Gaza ayant dĂ©diĂ© au pape Sixte IV sa traduction du livre dâAristote sur les animaux, en reçut pour tout remerciement le prix de la reliure, que ce pape lui fit rendre./. » (Note I sur lâEloge de Danjeau in Histoire des membres de lâAcadĂ©mie française⊠Amsterdam, Moutard, 1787, t. III, p. 502)
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Des lettrines reprĂ©sentent des scĂšnes dâactivitĂ© paysanne (chasse, pĂȘche, vendangeâŠ), des putti, et 3, probablement plus anciennes, des scĂšnes religieuses (dont lettre Q : « Adam et Eve chassĂ©s du Paradis »).
VD 16, A 3282 ; Adams, A 1741; Graesse, I, 215. Petites galeries de vers sur les plats, assez nombreuses sur le plat infĂ©rieur, usure aux coins avec, au plat infĂ©-rieur, un petit manque de peau et de bois au coin et Ă la coupe supĂ©rieurs, coiffe de tĂȘte arasĂ©e avec une lĂ©gĂšre perte de peau, et quelques griffures, la reliure est nĂ©anmoins solide et en bon Ă©tat ; mouillures marginales en dĂ©but et fin dâouvrage, dĂ©chirure en coin Ă la page de garde, rares rousseurs, tache marginale en I, ii3, petite tache dâencre au coin inf. droit en I, tt2-uu4, taches rousses en II, O4-P6, galeries de vers en II, L-O et de Y Ă la fin de lâouvrage ; exemplaire assez propre cependant.
Rare Ă©dition sur papier jaune, « lâon prĂ©tend quâil nây en a eu quâun cinquantaine de tirĂ©s ».
3. [Bazin, Gilles Augustin ou Claude de Boze?]. Le Livre Jaune contenant Quelques
Conversations sur les Logomachies, câest-Ă -dire sur les Disputes de mots, abus des termes, contradictions, double entente, faux sens, que lâon employe dans les Discours, & dans les Ecrits. BĂąle, s. n., 1748. In-8° de [22], 184 pp. EntiĂšrement sur papier jaune, imprimĂ© Ă grandes marges. Bandeau et cul de lampe. Demi-basane fauve Ă coins romantique, dos long richement ornĂ© de motifs floraux de part et dâautre du titre, le tout estampĂ© Ă froid, large filet Ă froid sur les plats et les coins, tranches mouchetĂ©es, gardes en papier imprimĂ© Ă motif de coraux rouges entrelacĂ©s. 400 âŹ
Edition originale. « Lâon prĂ©tend quâil nây en a eu quâun cinquantaine de tirĂ©s » (Brunet). QuĂ©rard, Graesse et Barbier sâaccordent eux aussi sur la raretĂ© de lâouvrage, contrairement Ă Brunet. Quant Ă son auteur, Graesse lâattribue Ă Claude Gros de Boze, membre de lâacadĂ©mie française, Brunet Ă Boze et Ă Bazin tout en prĂ©cisant que « Le Livre jaune a Ă©tĂ© lâobjet de deux articles assez Ă©tendus dans un ancien ouvrage pĂ©riodique intitulĂ© le Conservateur, dĂ©cembre 1757 et juin 1760 ; au commencement du second, il est dit que M. de Boze, lâauteur de cet ouvrage, nâen fit tirer que cinq ou six exemplaires ; mais cela nâest pas exact. » QuĂ©rard et Barbier, quant Ă eux, lâattribuent Ă Gilles Auguste Bazin (Paris, 1681-1754), docteur en mĂ©decine, correspondant de lâacadĂ©mie des sciences. « Quelques biblio-graphes donnent cet ouvrage Ă G. A. Bazin, et ils me semblent avoir raison. On sait en effet que Bazin distribuait cet ouvrage Ă ses amis. Dans mon exemplaire, lâĂ©pĂźtre dĂ©dicatoire Ă M. de (Corberon) est signĂ©e Ă la main Bazin. / Au mois de juin 1748, Bazin envoya ce livre comme son ouvrage Ă lâacadĂ©mie de La Rochelle. / Voy. Du Roure, " Analecta biblion", tome II, p. 444. » (Barbier, Dictionnaire des anonymes, II, 1331). Avec dĂ©dicace et avertissement dans lequel lâauteur prĂ©conise lâimpression sur papier de couleur, moins fatiguant pour la vue, et plus favorable aux manufactures françaises au dĂ©triment des papeteries hollandaises. Le Livre jaune contient quelques conversations sur les logomachies, câest Ă dire sur les disputes de mots, abus de formes, contradictions, double entente, faux
sens, et que lâon emploie dans les discours et dans les Ă©crits. « Jâai remarquĂ© comme vous, que le monde est souvent la dupe des termes. Câest un malheur que jâattribue Ă lâindigence des langues, qui nâont pas assĂ©s de mots propres, de ces mots qui ne prĂ©sentent quâun seul objet, ou un sentiment unique ; & qui excluent toute autre interprĂ©tation que celle que lâon veut faire entendre » (pp. 12-13). Ces mal-entendus sont sources de dĂ©saccords, de conflits, voire de guerres qui nâauront de fin que lorsquâon se sera enten-du sur le sens des mots. Ex-libris ms. « J Missner » Ă la 2Ăšme p. de garde, « Christian Missner de Reichenbar » au titre et « Jules de Missner » Ă la 1Ăšre p. du texte.
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Brunet, III, 1129 ; Graesse, I, 516 ; QuĂ©rard, I, 516 (Boze) et I, 489 (Bazin) ; Barbier, II, 1331 ; du Roure : Ana-lecta biblion, II, 444. Cahier B uniformĂ©ment bruni, quelques rousseurs, larges aux 6 derniĂšres pages, a servi dâherbier pour 3 plantes dont quelques feuilles ont gardĂ© lâempreinte. Usures dâusage aux coins. Bon exemplaire cependant. « Un fond de philosophie pratique propre Ă inspirer des sentiments essentiels au bonheur »
4. Benoist, Françoise-Albine. Agathe et Isidore. A Amsterdam et Ă Paris, chez Durand, 1768. 2 vol. in-12 de XII, 304 pp ; 303, [1 bl.] pp. Titre Ă encadrement, bandeaux. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos long richement fleuronnĂ© aux filets et aux petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, filet dorĂ© sur les coupes, tranches rouges. 750 âŹ
Edition originale rĂ©Ă©ditĂ©e en 1769, chez Van Duren, Ă La Haye et Francfort, sous le titre Les Avantures du beau cordonnier, ou les Amours d'Isidore, nĂ© marquis D ***, et de la vertueuse Agathe veuve du marquis dâOlfonte. Françoise Benoist ou BenoĂźt, nĂ©e Albine Puzin de La MartiniĂšre (Lyon, 1724-id. 1789 ou 1809) fut une journaliste et romanciĂšre française. Madame Roland la dĂ©peint ainsi vers 1770: « Madame BenoĂźt avait Ă©tĂ© belle ; les soins de la toilette et le dĂ©sir de plaire, prolongĂ©s au delĂ de lâĂąge qui assure dây rĂ©ussir, lui valaient encore quelques succĂšs. Ses yeux le sollicitaient avec tant dâardeur, son sein toujours dĂ©-couvert jusquâau delĂ de cette petite rose dont la fleur se rĂ©serve ordinairement pour les secrets mystĂšres palpitait si vivement pour les obtenir, quâil fallait bien accorder, Ă la franchise du dĂ©sir et Ă la facilitĂ© de le satisfaire, ce que les hommes accordent ailleurs si aisĂ©ment dĂšs quâils ne sont pas tenus Ă la cons-tance. [âŠ] Je ne fus pas moins frappĂ©e de lâencens poĂ©tique qui lui Ă©tait prodiguĂ© et des expressions de sage BenoĂźt, chaste BenoĂźt, plusieurs fois rĂ©pĂ©tĂ©es dans ces vers, qui lui faisaient porter de temps en temps devant ses yeux un modeste Ă©ventail, tandis que quelques hommes applaudissaient avec transport Ă des Ă©loges quâils trouvaient sans doute bien appliquĂ©s. » (MĂ©moire de Madame Roland, Paris, Plon, 1905, t. II, pp. 148-149). Madame Roland note Ă©galement que « fixĂ©e Ă Paris » (vers 1765), « elle y fai-sait des vers et des romans, quelquefois sans les Ă©crire, donnait Ă jouer, et voyait des femmes de qualitĂ©, qui payaient, en prĂ©sents d'argent ou de chiffons, le plaisir d'avoir Ă leur table une femme bel esprit». DâaprĂšs de nombreux tĂ©moignages, son talent Ă©tait dâavantage innĂ© que le fruit de longues Ă©tudes. Ba-chaumont, prĂ©cise que dans son premier roman «tout ressent[ait] le ton de la bonne compagnie» (II, 280). FĂ©ministe modĂ©rĂ©e, elle Ă©crivait dans son Journal : « Pourvu que l'Etat ni leurs maris n'y souffrent point, qu'elles donnent des citoyens Ă la patrie, je crois qu'elles peuvent se livrer Ă la gloire de donner des enfants Ă la RĂ©publique des Lettres ». FĂ©ministe modĂ©rĂ©e, elle note dans son Journal en forme de lettres, mĂȘlĂ© de critiques et d'anecdotes : « Pourvu quâelles donnent des citoyens Ă leur patrie, et que lâEtat, ni leur mari ne souffrent point de leur manie, je crois quâelles peuvent se livrer Ă la gloire de donner des enfants Ă la RĂ©publique des Lettres » (4Ăšme lettre). Enfin, Madame BenoĂźt, dont lâart de plaire a guidĂ© toute la vie, fut cĂ©lĂ©brĂ©e dans Le Journal des Dames, en juillet 1761, par Monsieur de Campigneulles :
« Belle Benoist, lâart de plaire Dont tu scais si bien parler, A cessĂ© dâĂȘtre un mystĂšre ; Câest lâart de te ressembler. »
Dans la prĂ©face dâAgathe et Isidore, lâauteur prend paradoxalement la dĂ©fense du roman Ă©pistolier, quâelle dĂ©laisse ici en faveur du roman en rĂ©cit pour se conformer au goĂ»t de son siĂšcle et Ă©viter ainsi « les injustices, les tracasseries littĂ©raires » ; style quâelle dĂ©finit dans lâAvis nĂ©cessaire qui suit : « Il nous semble que la peinture des mĆurs doit ĂȘtre la baze dâun Roman, & que les malheurs & les dĂ©lices de lâamour nâen doivent ĂȘtre que les accessoires. [âŠ] il faut rassembler dans un mĂȘme tableau tous les traits propres Ă toucher chacun selon son goĂ»t, son caractĂšre, ou sa position.» Agathe et Isidore associe le style tragique, courtois, sentimental et prĂ©cieux, satire involontaire de ces hĂ©ritages littĂ©raires. « Ce roman est un composĂ© dâutiles et dâagrĂ©ables men-songes, prĂ©sentĂ©s sous les traits de la vĂ©ritĂ© ; la morale y est toujours en action, et il y rĂšgne un fond de
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philosophie pratique propre à inspirer des sentiments essentiels au bonheur. » (Revue des Romans, 1839). Ex-libris ms. sur la contre-garde : « Villiers. De la Bib[liothÚque] de m. le m[arqu]is de Billy. » De la famille de Catherine Villiers de Billy (1682-1758), femme de lettre française ?
QuĂ©rard, I, 274 ; Cioranescu, 11 152. Usure dâusage aux coins, frottements avec infimes pertes de peau sur les plats, petite galerie de vers au dos, intĂ©rieur trĂšs frais.
Aux armes de la ville dâAvignon
5. Berthier, Guillaume François. Les Pseaumes traduits en français, avec des notes et des rĂ©flexions, par le P. G. F. Berthier. TroisiĂšme Ă©dition, revue et corrigĂ©e avec plus de soin. Avignon, Laurent Aubanel, 1817. 6 vol. in-12 de IV, 512 pp. ; 476 pp. ; 552 pp. ; 488 pp. ; 632 pp. ; 549, [1] pp. Pleine basane fauve marbrĂ©e de lâĂ©poque, dos long richement dĂ©corĂ© aux filets, roulettes et petits fers « Ă la corne dâabondance » dorĂ©s, piĂšce de titre et de tomaison en maroquin Ă©meraude avec reprise du petit fer « Ă la corne dâabondance » sur la piĂšce de tomai-son, armes de la ville dâAvignon dorĂ©es sur les plats encadrĂ©es dâun filet et dâune roulette dorĂ©s, roulette dorĂ©e sur les coupes, toutes tranches citron. 120 âŹ
La 1Ăšre Ă©dition date de 1785 et fut suivie de nombreuses rĂ©Ă©ditions. Ex-dono ms. au tome I : « tĂ©moignage de satisfaction de reconnaissance et dâamitiĂ©, offert Ă Mon-sieur Charpy Docteur chirurgien du collĂšge Royal dâAvignon. le 27 aoĂ»t 1822 / Le Proviseur/ LâabbĂ© Vachier. » Tampon humide du collĂšge royal dâAvignon. Guillaume François Berthier, (Issoudun 1704 - mort en 1782), est un jĂ©suite français. Il professa les humanitĂ©s Ă Blois, la philosophie Ă Rennes et Ă Rouen, puis la thĂ©ologie Ă Paris, et rĂ©digea de 1745 Ă 1763 le Journal de TrĂ©voux. Il eut de vifs dĂ©mĂȘlĂ©s avec les encyclopĂ©distes, dont il avait hardiment cen-surĂ© les Ă©crits et avec Voltaire qui publia la Relation de la maladie, de la confession, de la mort et de lâapparition du jĂ©suite Berthier, opuscule pamphlĂ©taire en riposte Ă la suspension de lâEncyclopĂ©die (6 fĂ©vrier 1759). A la fin de 1762, le Dauphin fit nommer Berthier garde de la BibliothĂšque royale, et ad-joint Ă l'Ă©ducation du duc de Berry (futur Louis XVI) et de Monsieur. AprĂšs la dissolution de la SociĂ©tĂ© des JĂ©suites, il alla se fixer Ă Offenbourg rentra en France au bout de 10 ans et se fixa Ă Bourges. Il a continuĂ© l'Histoire de lâEglise gallicane commencĂ©e par le PĂšre Jacques Longueval, et a composĂ© une RĂ©futation du Contrat social. Jean Vachier de Flayosc (1764-1841), nommĂ© professeur agrĂ©gĂ© de philosophie Ă Marseille en 1813, enseigna cette matiĂšre au lycĂ©e de la citĂ© phocĂ©enne de 1817 Ă 1819, et fut par la suite proviseur du col-lĂšge royal dâAvignon (lâactuel Petit LycĂ©e Frederic Mistral) jusquâen 1827 ; on lui doit Ă ce titre une instruction sur le JubilĂ© pour les Ă©lĂšves du collĂšge, Ă©ditĂ©e chez Guichard aĂźnĂ© en 1826. LâabbĂ© Vachier fut ensuite inspecteur de lâAcadĂ©mie de Montpellier, auprĂšs du recteur Victor Marie de Bonald en 1829. Il est Ă©galement lâauteur de Relation de la Mission des prisons dâAix, Aix, G. Mouret, 1820, 8°. Claude Charpy fut chirurgien en chef des Invalides Ă Avignon et chevalier de lâOrdre royal de la LĂ©gion dâHonneur. (Annuaire de lâĂ©tat militaire de France pour lâannĂ©e 1830. Paris, Levrault, 1830, p.607).
DĂ©chirure p. 437 du tome IV sans perte de texte. Quelques rares Ă©pidermures et taches sur les tranches. Les armes sont frappĂ©es horizontalement sur le plat sup. du t. VI, alors quâelles le sont verticalement sur tous les autres plats ; certaines bavent lĂ©gĂšrement.
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« Mis Ă lâindex »
6. Boulanger, Nicolas Antoine-[Paul Henri Thiry Holbach (baron d')-Denis Dide-
rot]. LâAntiquitĂ© dĂ©voilĂ©e par ses usages, ou Examen critique des principales Opinions, CĂ©rĂ©monies & Institutions religieuses & politiques des diffĂ©rens Peuples de la Terre. Amster-dam, Marc Michel Rey [i.e. Paris, dâHolbach], 1768. 3 vol. petit in-8° de XII, 388 pp. ; 387, [1 bl.] pp. ; 399, [1 bl.] pp. ornement typographique Ă la p. de t., modestes bandeaux et culs de lampe. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos long richement fleuronnĂ© de filets, roulettes, et petits fers dorĂ©s, piĂšces de titre et de tomaison en maroquin rouge, filet dorĂ© sur les coupes, tranches rouges. 220 âŹ
1Ăšre rĂ©Ă©dition de lâĂ©dition originale publiĂ©e en 1766 chez le mĂȘme Ă©diteur. « Ouvrage posthume, publiĂ© par le baron dâHolbach, et qui fit beaucoup de bruit Ă la fin du XVIIIe siĂšcle. » (Darbon) Avec une table en tĂȘte de chaque tome et un avant-propos. Nicolas-Antoine Boulanger (Paris, 1722-id., 1759), ingĂ©nieur, homme de lettres et philosophe, est lâauteur de plusieurs articles de lâEncyclopĂ©die (« CorvĂ©e » « DĂ©luge », « Langue hĂ©braĂŻque », « Ćco-nomie politique » entre autres) ; Diderot, tout en faisant son portrait dans lâExtrait dâune lettre Ă©crite Ă lâĂ©diteur sur la vie et les ouvrages de Mr. Boulanger qui sert de prĂ©face Ă LâAntiquitĂ© dĂ©voilĂ©e, a dĂ©-peint le Philosophe idĂ©al ; « On lit, Ă la tĂȘte de son livre, un prĂ©cis de sa vie, esquissĂ© fort Ă la hĂąte par M. Diderot; ce prĂ©cis est intĂ©ressant (Grimm : Correspondance littĂ©raire). (Cf. Sadrin, Paul. Diderot et Nicolas-Antoine Boulanger. In : Recherches sur Diderot et sur l'EncyclopĂ©die, numĂ©ro 4, 1988. pp. 42-47). LâAntiquitĂ© dĂ©voilĂ©e, qui avait dâabord circulĂ© en manuscrit sous le titre de Nouvelle maniĂšre dâĂ©crire lâhistoire, est attribuĂ©e dĂšs le XIXe siĂšcle Ă dâHolbach, qui avait sans doute remaniĂ© le texte de Boulan-ger avec lâaide probable de Diderot. Celui-ci en a fait le commentaire dans sa Lettre sur l'examen de l'Essai sur les prĂ©jugĂ©s. « On aperçoit beaucoup de lueurs, mais on nâen sent pas tous les rĂ©sultats » (Grimm : Correspondance littĂ©raire). Toutes les religions et croyances sont prĂ©sentĂ©es, et cet « examen critique » montre que les religions doivent leur existence Ă la crainte de la mort et de lâau-delĂ , et leur pĂ©rennitĂ© Ă lâintolĂ©rance, Ă la superstition et au despotisme religieux. Darbon prĂ©cise que « plusieurs chapitres sont consacrĂ©s aux mystĂšres dâEleusis, au Sabianisme ou culte des astres, aux idĂ©es astrono-miques et astrologiques des Anciens, aux terreurs causĂ©es par les Ă©clipses, les comĂštes et autres phĂ©nomĂšnes de la nature. » Caillet prĂ©cise que câest « un intĂ©ressant ouvrage sur les diffĂ©rents cultes ». Il est Ă noter que lâouvrage dĂ©finit pour la premiĂšre fois lâidĂ©e de « civilisation ». Il fut interdit par dĂ©-cret du 20 janvier 1823. (Bujanda : Index librorum prohibitorum: 1600-1966, p. 157)
Dorbon, 458 (éd. 1772) ; Caillet, 1530 (ne cite pas cette édition) ; Brunet, I, 1170. Coiffes arasées, usure aux coins, petits accidents aux mors du tome III, quelques minimes galeries de vers au dos ; intérieur trÚs frais.
« Un des premiers traités sur le végétarisme, faux armes de Pavée de Vandeuvre »
7. Porphyre â Jean Levesque de Burigny. TraitĂ© de Porphyre Touchant lâAbstinence
de la chair des Animaux ; avec la vie de Plotin par ce philosophe, et une dissertation sur les gĂ©nies. Paris, de Bure lâaĂźnĂ©, 1747. Avec approbation et privilĂšge du Roi. In-12 de 11, [1 bl.], 498, [5, 1 bl.] pp. Bandeaux, culs de lampe, lettres ornĂ©es. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement fleuronnĂ©, piĂšce de titre en maroquin havane, filets dorĂ©s sur les coupes, armes dorĂ©es sur les plats, tranches rouges. 350 âŹ
Edition originale aux armes de la famille PavĂ©e de Vendeuvre : "au chef d'or au paon au naturel d'azur chargĂ© d'une croisette d'argent accostĂ©e de deux Ă©toiles d'or Ă©cartelĂ© d'azur Ă trois chevrons d'or". Avec une prĂ©face, la vie de Porphyre, une table des matiĂšres sous forme dâindex et une liste dâerrata.
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Jean Levesque de Burigny (Reims, septembre 1692-Paris, 8 octobre 1785), historien français, eut de nombreuses relations avec les Ă©crivains de son temps (Voltaire, Saint-Hyacinthe). Il fut reçu membre de lâAcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres en 1775. Une traduction fort mĂ©diocre du TraitĂ© de Por-
phyre avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Maussac au siĂšcle prĂ©cĂ©dent (Porphyrius, De l'abstinence pythagorique, trad. du grec par de Maussac; ensemble la vie de l'empereur Alexandre SĂ©vĂšre, trad. du latin de Spartian, par le mĂȘme, Paris, P. Chevalier, 1622, in-8°). Lâouvrage de Burigny fut favorablement accueil-li : « ⊠M. de Burigny nâest pas de ces Traducteurs qui se passionnent outre mesure pour leurs originaux, il rend au sien une justice exacte, & il en parle en critique Ă©galement dĂ©sintĂ©ressĂ© & judicieux. Nous ne regardons ce TraitĂ©, dit-il dans sa prĂ©face, âque comme une Dissertation curieuse remplie de paradoxes, dans laquelle on trouve des faits singuliers, des raisonnements bizarres, mĂȘlĂ©s de quelques principes que la Religion ne dĂ©savouerait pasâ⊠» (Le Journal des Sçavans, Paris, Quillau, 1747, janvier 1747, pp. 690-695). Cet Ă©crit majeur de Porphyre (v. 234 -305), en quatre livres, est l'un des deux ouvrages antiques traitant du vĂ©gĂ©tarisme. Alors que Plutarque, dans son S'il est loisible de manger chair , propose le vĂ©gĂ©tarisme dans un souci de justice envers les animaux, Porphyre, lui, choisit de refuser de man-ger la viande des animaux pour dĂ©passer l'emprise de l'instinct carnivore du corps et du plaisir sensuel qui sây rattache afin de sâunir Ă Dieu. « ⊠lâusage de la viande est contraire Ă la tempĂ©rance, Ă la frugalitĂ© & Ă la piĂ©tĂ©, qui nous
conduisent Ă la vie contemplative » (p. 175). ElĂšve de Plotin, le fondateur du nĂ©o-platonisme, Porphyre avait rĂ©digĂ© une vie de celui-ci vers 301 ; c'est lui qui rĂ©unit les 54 traitĂ©s de son maĂźtre sous le titre des EnnĂ©ades. C'est par lui que le nĂ©oplatonisme va passer en milieu chrĂ©tien, via Marius Victorinus, jusque chez saint Augustin. La vie de Plotin (pp. 327 Ă 380) et la Dissertation sur lâexistence des GĂ©nies (pp. 381 Ă 460), reçurent Ă©galement un bon accueil : « La Vie de Plotin, quoique fabuleuse, se lit avec intĂ©rĂȘt [âŠ] dans la Traduc-tion française de Burigny. » ( Biographie universelleâŠ, Paris, Michaud, 1823, vol. XXXV, p. 246). «M. de Burigny a joint [âŠ] une Dissertation sur lâexistence des GĂ©nies dans laquelle il rapporte ce que les peuples les plus cĂ©lĂšbres & ce que les philosophes en ont pensĂ©. » (Le Journal des Sçavans, id., p. 695). Guillaume-Gabriel PavĂ©e de Vandeuvre (Paris, 1779-Troyes, 1870), dĂ©putĂ© de 1820 Ă 1824 et de 1827 Ă 1837, baron dâempire et pair de France. Il contribua Ă l'Ă©tablissement de la monarchie de Louis-Philippe, opina avec la majoritĂ© conservatrice, et le gouvernement de juillet l'appela, le 3 octobre 1837, Ă siĂ©ger dans la Chambre des pairs. La rĂ©volution de fĂ©vrier 1848 le rendit Ă la vie privĂ©e. Il fut conseil-ler gĂ©nĂ©ral et dĂ©putĂ© de lâAube et officier de la LĂ©gion d'honneur,. (A.Robert et G.Cougny : Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des AssemblĂ©es françaises et tous les ministres français, depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, Paris, Bourloton, 1891.)
Cioranescu, 40 141 ; Quérard, VII,282 ; Vicaire, 704. Grand armorial de France, V, 228 ; Rietstap, II, 398. Minimes restaurations discrÚtes à la reliure, bel exemplaire.
« De la bibliothĂšque de F. Z. Collombet, Ă©rudit lyonnais dâorigine franc-comtoise, avec ses annotations et lettres dâauteurs cĂ©lĂšbres »
8. Quatre exemplaires ayant appartenu à Francois-Zénon Collombet et annotés de
sa main, dont plusieurs truffĂ©s de lettres dâauteurs cĂ©lĂšbres (Nodier, Lamartine, Sainte-Beuve, Lamennais, Boissonade âŠ). 3 500 âŹ
François-ZĂ©non Collombet (MiĂšges, 1808-Lyon, 1853), historien et thĂ©ologien ultramontain naquit dans une famille jurassienne aisĂ©e. AprĂšs dâexcellentes Ă©tudes classiques, il suivit les cours de thĂ©ologie au sĂ©minaire Saint-IrĂ©nĂ©e de Lyon. GrĂące Ă un hĂ©ritage, il put dĂšs lors se consacrer Ă la piĂ©tĂ© et Ă lâĂ©tude, dĂ©fenseur acharnĂ© de lâEglise et de la foi en butte aux attaques des libĂ©raux. Latiniste et hellĂ©niste remarquable, il sâattacha Ă diffuser les auteurs chrĂ©tiens, soit par des traductions, soit par des ouvrages historiques consacrĂ©s Ă lâantiquitĂ©, avec no-tamment J.F. GrĂ©goire, son camarade dâĂ©tudes quâil avait connu au sĂ©minaire de Belley et qui fut son collaborateur constant ainsi que son ami le plus intime jusquâĂ ses derniers jours. Collombet publia dans la Re-vue du Lyonnais de nombreux articles consacrĂ©s Ă l'histoire locale. Personnage incontournable de la vie
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intellectuelle et religieuse lyonnaise, il sut, malgrĂ© son appartenance au courant ultramontain et sa dĂ©fense achar-nĂ©e des jĂ©suites, tisser des relations cordiales, voire amicales, avec nombre de personnalitĂ©s du monde littĂ©raires, tels Lamartine, Nodier, Sainte-Beuve ou Lamennais. Les lettres qui truffent ces exemplaires en tĂ©moignent ; Collombet les avaient reçues en remerciement de lâouvrage quâil leur avait adressĂ©. Emile Fourquet : Les Hommes cĂ©lĂšbres et les personnalitĂ©s marquantes de Franche-ComtĂ© du IVe siĂšcle Ă nos jours, Besançon, SĂ©quania, 1929, p. 360 ; Dictionnaire des lettres françaises, le dix-neuviĂšme siĂšcle. Paris, Fayard, 1971, art. de Pierre Sage, t. I (A-K), p. 258 ; Jean-Marie Mayeur, Xavier de Montclos : Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, volume 6, Beauchesne, 1994, pp. 122-123.)
I. Pindare. Les Odes Pythiques de Pindare, traduites, avec des remarques, Par M. Cha-banon, de lâAcadĂ©mie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, & de lâAcadĂ©mie de Lyon. Paris, Lacombe, 1772. In-8° de 63, 1 bl., 347, [1] pp. Texte en grec avec la traduction en re-gard. Ornement typographique Ă la p. de t., culs de lampe, exemplaire Ă grandes marges. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos long richement fleuronnĂ© aux filets, roulettes et petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin havane, roulette dorĂ©e sur les coupes, toutes tranches rouges.
Une des nombreuses Ă©ditions de Pindare, celle-ci revue par Chabanon (Saint-Domingue, 1730-Paris, 1782). Auteur tragique mĂ©diocre, traducteur et imitateur en vers du latin, musicographe, « il eut plus d'esprit que de talent, a dit Fontanes ». Il fut l'ami de Voltaire, qui le sou-tint Ă l'AcadĂ©mie oĂč il remplaça Foncemagne Ă le 16 dĂ©cembre 1779 et fut reçu par le marĂ©chal de Duras le 20 janvier 1780. Il avait Ă©tĂ© nommĂ© Ă l'AcadĂ©mie des Inscriptions en 1760. Il fut favorable aux idĂ©es de la RĂ©-volution. (Source : AcadĂ©mie française). Au contre-plat, Collombet a Ă©crit le commentaire suivant datĂ© de 1849: « Rochefort et la Porte du Theil avaient-ils bien revu cette traduc-tion (voir Ă la fin), qui prĂ©sente tant de fautes, quand on compare les travaux modernes de Gisten[ ?], la version de F. Colin (Strasbourg, 1841, in-8°) et celle de Sommer, un peu faite sur la prĂ©cĂ©dente ? » Ro-chefort et la Porte du Theil avaient Ă©tĂ© chargĂ©s par lâAcadĂ©mie dâexaminer lâouvrage, et en avaient approuvĂ© lâimpression, comme en tĂ©moigne lâextrait des registres de lâAcadĂ©mie imprimĂ© en fin de volume. Le jugement sĂ©vĂšre portĂ© par Collombet est pleinement justifiĂ© en considĂ©ration de ses nombreuses annotations marginales. Ex-libris manuscrit de Collombet au contre-plat.
Brunet, IV, 662. Epidermures et usures dâusage aux coins, mors fendu sur 2 cm. en queue du plat sup., charniĂšres fendillĂ©es ; intĂ©rieur trĂšs frais cependant. Exemplaire intĂ©ressant.
II. F.-Z. Collombet - J.-F. GrĂ©goire. Ćuvres de St Vincent de Lerins et de St Eucher de Lyon ; traduction nouvelle, avec le texte en regard, notes et prĂ©faces. Lyon, Rusand ; Paris, Poussielgue-Rusand, 1834. In-8° de 445, [1 bl., 1, 1 bl.] pp. Demi-veau fauve glacĂ© Ă coins de lâĂ©poque, dos Ă 4 faux nerfs ornĂ© dâun dĂ©cor romantique dorĂ© avec un grand fer central mo-saĂŻquĂ© de maroquin rouge, titre dorĂ©, toutes tranches rouges marbrĂ©es de bleu.
Edition originale. Exemplaire de lâauteur, avec ses annotations, et truffĂ© de 3 lettres autographes de Lamennais (2) et de Sainte-Beuve, dĂ©dicataires respectivement de lâun et lâautre ouvrage, da-tĂ©es du 28 juillet au 15 aoĂ»t 1834. Les deux ouvrages, le Commonitorium de Saint Vincent et les Laudes Eremi et Contempti Mundi de Eucher sâouvrent par une prĂ©face de lâauteur suivie dâune bibliographie des textes et se concluent par des notes, avec Ă la fin de St Eucher, une postface et une table des matiĂšres. Saint Vincent (VĂšme siĂšcle) est un Ă©crivain ecclĂ©siastique, issu dâune famille illustre des Gaules. Quatre ans aprĂšs le concile dâEphĂšse (435), il rĂ©dige le Commonitorium, ouvrage contre les hĂ©rĂ©sies oĂč il Ă©nonce les critĂšres qui permettent de savoir si une doctrine est orthodoxe ou hĂ©rĂ©tique. Il prend position contre les thĂšses de Saint Augustin au sujet de la grĂące ; il affirme que la grĂące de Dieu coopĂšre avec
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lâhomme. Cette derniĂšre position est condamnĂ©e, sous le nom de semi-pĂ©lagianisme, lors du concile dâOrange en 534. Saint Eucher de Lyon (370-449), issu d'une grande famille gallo-romaine et riche propriĂ©taire en pays dâAigues, fut sĂ©nateur d'AquĂŠ SextiĂŠ, puis moine Ă LĂ©rins, ermite dans le Luberon puis Ă©vĂȘque de Lyon de 435 Ă 449. Un an aprĂšs son retour des Ăźles de LĂ©rins, il composa de Laudes Eremi pour louer les bienfaits de la solitude et chanter la gloire de son abbaye. Trois ans plus tard, en 430, afin de conver-tir son cousin paĂŻen le patrice ValĂ©rien, il Ă©crivit de Contempti Mundi. Estafilade en queue du dos, coiffe de tĂȘte arasĂ©e, mors fendus, Ă©pidermures, usures aux coins ; des rous-seurs. Les pages de garde ainsi que 5 ff. volants (en excellent Ă©tat), glissĂ©s dans lâexemplaire, sont couverts de notes relatives aux ouvrages et Ă une bibliographie (« Ă©ditions oubliĂ©es »).
Lettres autographes signĂ©es : Lettre I : Lamennais, FĂ©licitĂ© Robert de (Saint-Malo, 1782-Paris, 1854). Ecrivain, prĂȘtre et philosophe français. L.A.S., La ChĂȘnaie, le 28 juillet 1834. A Monsieur J. F. GrĂ©goire [et Collombet]/ chez M. Sauvignot, libraire, rue MerciĂšre, n° 99 / Lyon. (Cachet de la poste : « Dinan, 29 juillet 1834 »). 1 p. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « La ChĂȘnaie, le 28 juillet 1834. Votre lettre, Messieurs, a devancĂ© le volume quâelle mâannonce, mais celui-ci ne tardera certainement pas Ă me parvenir si vous avez choisi la voie de la poste pour me lâenvoyer. Je vous remercie de lâun et de lâautre. Quant au second tome de Salvien, je ne lâai point reçu, Ă mon grand regret, car je dĂ©sirerais beaucoup avoir ce bel ouvrage complet. Continuez, Messieurs, vos utiles travaux. En des temps si passionnĂ©s, si troublĂ©s, câest aussi un refuge que le passĂ©, une sorte de port dâoĂč lâon nâentend le bruit des tempĂȘtes que dans le lointain. Tout est calme sur la rive des ports, et câest pourquoi tant dâĂąmes aspirent Ă y aborder. AgrĂ©er, Messieurs, lâexpression de ma haute estime, de ma gratitude et de mes sentiments dĂ©vouĂ©s ; F. de la Mennais. » Lettre II : Lamennais, FĂ©licitĂ© Robert de. L.A.S., s. l. [La ChĂȘnaie], s. d. [aoĂ»t 1834]. A Monsieur F. Z. Collombet [et GrĂ©goire]/ rue St. Dominique, 11 / Lyon. (Cachet de la poste : «13 aoĂ»t 1834 »). 2 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « Jâai reçu, Messieurs, Vincent de Lerins et le second volume de Salvien, et je vous en rĂ©itĂšre mes remercie-ments. Ces ouvrages ne sont pas prĂ©cieux seulement par la belle traduction qui accompagne le texte, mais encore Ă cause du travail de critique que vous y avez joint. Jâai vu avec beaucoup de plaisir quâoutre Sidoine Apollinaire, vous aviez dessin de publier les lettres de St. JĂ©rĂŽme, parmi lesquelles il en est oĂč la rigueur de cette Ăąme ardente se peint si bien. Vous trouverez aussi, je crois, dans un autre genre, une large moisson Ă recueillir dans Hugues et Richard de St. Victor, aujourdâhui presque inconnus. Il y a aussi des choses charmantes dans les Lettres de St. Basyle et mĂȘme de St. Nil. Mais je voudrais que le texte fĂ»t Ă cĂŽtĂ© de la traduction, et peut-ĂȘtre nâentre-t-il pas dans votre plan de publier des textes grecs. Recevez de nouveau, Messieurs, lâassurance de ma profonde estime et de mes sentiments trĂšs dĂ©vouĂ©s. F. de la Mennais » Lettre III : Sainte-Beuve, Charles-Augustin (Boulogne-sur-Mer, 1804-Paris, 1869). Cri-tique littĂ©raire et Ă©crivain français. Il « a fixĂ© le caractĂšre de presque tous les Ă©crivains français et des hommes ou des femmes qui ont jouĂ© un rĂŽle intellectuel depuis la Renaissance jusquâaprĂšs la moitiĂ© du XIXe siĂšcle » (Remy de Gourmont).
L.A.S., s. l., 15 août 1834. A Monsieur F. Collombet / aux soins de M. Rusand, imprimeur libraire / à Lyon. (Cachet de la poste : « 20 août 1834 »). 2 pp. in-12 sur une feuille de papier jauni pliée en deux (petite rousseur).
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« Monsieur, Je reçois avec un grand sentiment de reconnaissance le volume dans lequel mon nom a lâhonneur, grĂące Ă vous, de se trouver en tĂȘte du traitĂ© dâEucher. Rien ne pouvait mâĂȘtre plus doux, Mon-sieur, quâune telle marque de bienveillance qui nâa pas Ă mes yeux un caractĂšre littĂ©raire, mais un caractĂšre moral et religieux bien autrement prĂ©cieux, je vous assure. Veuillez agrĂ©er, M. GrĂ©goire et vous, tout ce que je sens si bien et ce que je vous exprime si mal Ă ce sujet. â jâai regrettĂ© le retrait du nom de M. de La M[ennais] mais je conçois votre scrupule dĂ©licat et la crainte dâune allusion Ă©pigrammatique. â Je tĂącherai dâannoncer convenablement par une note Ă la Revue des 2 mondes votre publication nouvelle et cette sĂ©rie promise qui tend Ă remettre en circulation parmi la jeunesse les plus saines lectures. Recevez, Monsieur, lâassurance de mes sentiments dâobligation et de considĂ©ration Ste Beuve Ce 15 AoĂ»t »
Cette lettre a Ă©tĂ© publiĂ©e dans les Lettres inĂ©dites de Sainte-Beuve Ă Collombet que Latreille et Roussan ont Ă©ditĂ©es Ă Paris, Ă La SociĂ©tĂ© française dâimprimerie et de librairie, en 1903, p. 158. La correspondance Ă©changĂ©e entre Sainte-Beuve et Collombet a durĂ© dix-neuf ans, de 1834 Ă la mort de François ZĂ©non, en 1853. Marceline Desbordes-Valmore Ă©crivit Ă Collombet toute lâaffection que Sainte-Beuve lui porte: « Il vous aime, et pour vous la louange de son esprit passe par son cĆur. » Sainte-Beuve avait rendu compte Ă©logieusement de la parution des Ćuvres de St Vincent de Lerins et de St Eucher (Premiers lundis, II, 270).
III. F.-Z. Collombet - J.-F. GrĂ©goire. Ćuvres de C. Sollius Apollinaris Sidonius, tra-
duites en français avec le texte en regard et des notes, par J.-F. GrĂ©goire et F.-Z. Collombet. Lyon, M.-P. Rusand ; Paris, Poussielgue-Rusand, 1836. 3 tomes in-8° de XXXIX, 1 bl., 446 pp.; 496 pp.; 483, 1 bl. pp. Demi-veau tabac glacĂ© de lâĂ©poque, dos long romantique Ă grand dĂ©cor dorĂ© de rocaille, tranches marbrĂ©es.
Edition originale. Exemplaire de lâauteur, avec ses annotations, et truffĂ© de 5 lettres autographes de Lamennais, Sainte-Beuve, Douhaire, Bignan et Nodier (3 pp.) datĂ©es du 12 fĂ©vrier au 18 mars 1836. RĂ©Ă©ditĂ© Ă Lyon-Paris, chez Perisse frĂšres en 1839, avec une autre notice (cf. lettres de Boissonade). Sidoine Apollinaire (Lyon, 430-Clermont, 486), prĂ©fet de Rome, Ă©vĂȘque dâAuvergne en 471, fut sancti-fiĂ© par lâEglise catholique. Ses poĂšmes et ses lettres nous fournissent un tĂ©moignage exceptionnel sur lâAuvergne et la Gaulle du Ve siĂšcle, sur les mĆurs et les positions politiques de lâaristocratie gallo-romaine au sein des rĂ©cents royaumes barbares. « Sidoine Apollinaire [est] cet Ă©crivain si considĂ©rable par le rĂŽle politique quâil a jouĂ© et par les renseignements inapprĂ©ciables quâil contient sur lâĂ©tat de la sociĂ©tĂ© dâalors. » (Revue des Deux-Mondes, art. du 1er fĂ©vrier 1837). Nombreuses notes manuscrites de Collombet sur les pages de garde en dĂ©but et fin de chaque volume ; lâauteur prĂ©cise au tome I que « ces remarques sont Ă reporter dans lâappendice quâ[il] prĂ©pare. » A remarquer la retranscription dâune longue note bibliographique que Charles Nodier avait rĂ©digĂ©e sur son propre exemplaire de Sidoine, Ă©dition de 1552, ouvrage prĂȘtĂ© par M. Coste Ă Collombet le 23 janvier 1837. Quelques annotations rĂ©parties dans les 3 vol.
Accident Ă la coiffe de tĂȘte du tome I, tache au dos du tome II, usure et frottement dâusage. Faux-titre et page de titre du tome I dĂ©solidarisĂ©s, des rousseurs.
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Lettres autographes signées :
Lettre I : La Mennais, FĂ©licitĂ© Robert de. L.A.S. La ChĂȘnaie, 10 fĂ©vrier 1836. A Collombet, chez M. Rusand, libraire, grande rue Mer-ciĂšre, n°26, Lyon. (Le cachet de la poste indique le « 12 fĂ©vrier 1836 »). 2 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « La ChĂȘnaie, 10 fĂ©vrier 1836 Je viens de recevoir, Messieurs, votre belle et savante traduction de Sidoine Apollinaire. On mâavait remis aupa-ravant vos Vies des Saints du diocĂšse de Lyon. Je vous dois mille remerciements pour ces deux ouvrages dont jâapprĂ©cie vivement le mĂ©rite. Ceux que vous nous promettez encore devront ĂȘtre accueillis avec autant dâintĂ©rĂȘt que de reconnaissance. Ils renouent parmi nous la tradition des graves Ă©tudes et de ces longs et utiles travaux auxquels la France dut jadis tant de gloire. Le temps ajoute chaque jour quelque chose Ă leur prix, et par lĂ encore ils se distinguent de ces nombreuses et futiles productions destinĂ©es Ă flatter les caprices, quelquefois les passions du moment, et qui passent avec elles. Oserais-je vous prier de faire savoir Ă Mme Pujol nĂ©e Mermet, demeurant Ă Lyon quai Humbert n°1, que jâai reçu le paquet quâelle mâa envoyĂ©, et quâincessamment je lui Ă©crirai Ă ce sujet ? AgrĂ©ez, je vous prie, Messieurs, lâassurance de ma haute considĂ©ration et de mes sentiments trĂšs dĂ©vouĂ©s. F. de la Mennais » Lettre II : Sainte-Beuve, Charles-Augustin. L.A.S., Paris, 29 fĂ©vrier [1836]. A Monsieur Collombet, 11, rue Saint-Dominique, Lyon. (LâoblitĂ©ration postale indique le « 29 fĂ©vrier 1836 »). 3 pp. in-12° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « Mille et mille remerciements, Monsieur, pour tant dâenvois obligeants que je ne sais en vĂ©ritĂ© comment recon-naĂźtre. JâĂ©tais fort en tort avec vous, nâayant pas rĂ©pondu Ă vos Saints de Lyon, et mâĂ©tant aussi laissĂ© adresser un AnacrĂ©on en six langues sans en avoir une seule pour vous remercier. Je nâai rien fait sur ce dernier, par suite dâaccablement de travail et par embarras aussi de louer autre chose quâAnacrĂ©on mĂȘme ; et pourquoi ces six langues ? Ce sont lĂ , Ă mon sens, de pures curiositĂ©s et presque des manies typographiques plutĂŽt que littĂ©-raires. Ce Sidoine, lui, mâira au cĆur comme vous pensez avec raison ; AmpĂšre doit parler de lui Ă son cours avant une quinzaine, je le lirai alors et en ferai une page pour la Revue. Quant aux sonnets de Ste ThĂ©rĂšse et Ă son cantique, je voudrais vous ĂȘtre agrĂ©able, en me mettant Ă la fin aux pieds de la Sainte dont jâai lu au reste et admirĂ© les ouvrages par Dandilly. Je ne sais pas lâespagnol, mais une traduction interlinĂ©aire avec le texte me permettrait de bien sentir. Je ne vous promets pas expressĂ©ment, tant je crains de ne pouvoir tenir, Ă©tant obĂ©rĂ© dâengagements au-dessus de tout ce que je puis dire mais voilĂ un service que je vous demande plus prĂ©cis que mes promesses : câest au sujet de cette brochure de Ballanche. Pourriez-vous me lâenvoyer ? ou au moins sa date, son titre et quelques passages mais je la prĂ©fĂšrerais en personne. On rĂ©imprime prĂ©cisĂ©ment les Portraits : Ballanche doit passer bientĂŽt, et je nâai pas de temps Ă perdre pour y faire cette addition. Si vous pouvez mâenvoyer la brochure, faites-le sâil vous plait, tout directement. Je me remets en ceci Ă votre obligeance bien Ă©prouvĂ©e, & vous prie dâen recevoir mes remerciements, ajoutĂ©s Ă tous ceux que je vous dois dĂ©jĂ , Croyez-moi votre bien dĂ©vouĂ© et remerciez aussi M. GrĂ©goire, je vous prie Sainte-Beuve Ce 29 fĂ©v. Sainte-Beuve. »
Notre lettre a Ă©tĂ© publiĂ©e dans les Lettres inĂ©dites de Sainte-Beuve Ă Collombet que Latreille et Roussan ont Ă©ditĂ©es Ă Paris, Ă La SociĂ©tĂ© française dâimprimerie et de librairie, en 1903, pp. 160-162. Les auteurs prĂ©cisent quâelle « a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans un exemplaire de la traduction de Sidoine Apollinaire, faite par GrĂ©goire et Collombet ; elle Ă©tait collĂ©e Ă la couverture du livre. » Assertion suspecte car notre lettre ne prĂ©sente aucune trace de colle. En sâappuyant sur de larges extraits de cette lettre, Latreille et Roussan avancent dans leur introduction, que « les Lettres de Sainte-Beuve Ă Collombet vont, par des tĂ©moignages positifs, nous dĂ©finir les thĂ©ories critiques dont sâinspirait Sainte-Beuve dans cette pĂ©riode, dĂ©cisive pour lâavenir de son talent et de son autoritĂ© » (p. 49). Ainsi, pour une rĂ©impression deux ans aprĂšs la publication, de lâarticle consacrĂ© Ă Ballanche dans le tome III de ses Critiques et Portraits littĂ©-raires parus en 1836 chez Renduel, la brochure de Ballanche que Collombet envoya Ă Sainte-Beuve lui servit à « ajouter deux phrases exactes au lieu dâune, qui lâĂ©tait peu, sur les dispositions de M. Ballanche
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lors du rĂ©tablissement du culte » (p.50) ; tĂ©moignage, sâil en est, de la rigueur intellectuelle de Sainte-Beuve.
Lettre III : Douhaire, Pierre-Paul, abbĂ©. Professeur dâhistoire au collĂšge de Juilly, rĂ©dac-teur Ă lâUnivers religieux et au Correspondant. L.A.S., Paris, 17 mars 1836. A Monsieur f. z. Collombet, 11, rue Saint-Dominique Ă Lyon. (LâoblitĂ©ration postale indique le « 18 mars 1836 ») 3 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Petit manque de papier avec lĂ©gĂšre atteinte au texte dĂ» au cachet de la lettre. « Effectivement, monsieur, je suis depuis six semaines attachĂ© Ă la rĂ©daction de lâUnivers religieux qui vient de passer des mains de M. lâabbĂ© Migne dans dâautres qui essaieront dâĂȘtre moins imprudentes dans le bien. Câest toutefois une chose bien difficile quâun journal religieux. Outre lâembarras de trouver des rĂ©dacteurs de foi, de talent et de cĆur, il y a celui de satisfaire les lecteurs. Les exigences de ceux-ci sont parfois telles et si contradic-toires quâon se sent tenter de secouer lâencre de sa plume contre la face du public, comme les apĂŽtres faisaient de la poussiĂšre de leurs pieds contre les villes dĂ©sespĂ©rĂ©es. Meliorem partem elegisti ! vous poursuivez dans une studieuse solitude ces beaux travaux, vous y accomplissez des Ćuvres qui resteront, tandis que nous nous Ă©puisons Ă jeter chaque jour Ă la gueule de lâignoble curiositĂ© des lambeaux de pensĂ©es quâelle dĂ©vore sans reconnaissance et sans profit. Vous allez, Monsieur, me faire faire une chose que je nâai jamais faite, vous allez me faire lire dâun bout Ă lâautre, les Ćuvres de lâĂ©vĂȘque des arvernes. Je lâavais essayĂ©, mais jâavais toujours reculĂ© ; cet auteur me pa-raissait intraduisible. Il vous appartient de faire lâimpossible. Ce sera avec un bien grand plaisir que je parlerai de ce beau travail, aussitĂŽt que nous serons un peu dĂ©sencombrĂ©, et que jâaurai la tĂȘte libre des prĂ©occupations dâun premier Ă©tablissement. Je voudrais tant que vous ne vous bornassiez pas Ă le faire annoncer dans les jour-naux religieux [.] votre livre est un document historique qui intĂ©resse tout le monde. Son annonce serait bien placĂ©e dans les Revues et dans les journaux littĂ©raires. Vous ne voulez pas que mon [pl]aisir repose ; en mâenvoyant Sidoine, vous mâannoncez Sainte-ThĂ©rĂšse. O heu-reux solitaire qui pouvez passer la moitiĂ© de vos journĂ©es en gaule et lâautre partir en Espagne ! que je vous porte envie ; Adieu, monsieur, agrĂ©ez lâhommage de la gratitude de la considĂ©ration distinguĂ©e de Votre trĂšs humble et trĂšs obĂ©issant serviteur M. Douhaire Paris, ce 17 mars 1836 » Lettre IV : Bignan, Anne (Lyon, 1795-Pau, 1861). PoĂšte, hellĂ©niste et Ă©crivain. Il dut sa notoriĂ©tĂ© Ă ses traductions de lâIlliade et de LâOdyssĂ©e. Vainqueur de nombreux concours de poĂ©sies, Victor Hugo en a fait une caricature « recevant le prix de poĂ©sie de lâAcadĂ©mie ». L.A.S., s. l., lundi 29 fĂ©vrier 1836. A Monsieur Collombet Rue S. Dominique Ă Lyon. (Le cachet de la poste indique le « 29 fĂ©vrier 1836 », autre cachet de Lyon). 1 p. in-12° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « Mon cher compatriote, Merci mille fois de votre bon prĂ©sent. Jâai dĂ©jĂ lu presque tout votre ouvrage oĂč jâai retrouvĂ©, sans en ĂȘtre Ă©ton-nĂ©, votre talent ordinaire. Je regrette de nâavoir pas mon entrĂ©e au bureau du DĂ©bat. Jâai rĂ©digĂ© une vingtaine de lignes pour le moniteur qui les a insĂ©rĂ©es hier, c. Ă d. dimanche 28. vous pourrez vous le procurer dans un cabinet littĂ©raire de Lyon. Cela sera plus Ă©conomique que de vous envoyer dans une lettre le n° qui contient mon annonce, Encore une fois, merci pour votre Sidoine. Tout Ă vous, cher collĂšgue A. Bignan Ce lundi 29 fĂ©vrier 1836 »
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Lettre V : Nodier, Charles (Besançon, 1780-Paris, 1844). PoĂšte, romancier, membre de lâAcadĂ©mie française, bibliophile, conservateur Ă la bibliothĂšque de lâArsenal oĂč son salon devint le centre dâune sociĂ©tĂ© littĂ©raire et oĂč il accueillit les premiers romantiques en 1823. L.A.S., s. l., s. d. [c. a. 17 fĂ©vrier 1836] Ă M. Collombet, / Homme de lettres, / Rue Saint-Dominique 11. / Ă Lyon / RhĂŽne. (Cachet de la poste : « Besançon, 17 fĂ©vrier 1836 », et deuxiĂšme cachet de Lyon). 3 pp. in-4° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Dans sa lettre, Nodier sâĂ©tonne de ne pas avoir trouvĂ© dans lâenvoi du libraire de Collombet, parmi les « traduc-tions de Salvien, de Vincent de Lerins et de Sidoine », la traduction dâun poĂšme « dont, dit-il, vous avez la bontĂ© de mâoffrir un des 50 exemplaires avec une petite note de votre main qui en augmentera le prix Ă mes yeux » ; il demande ensuite des Ă©claircissements quant Ă la facture quâil doit rĂ©gler au libraire, soupçonnant « quâil a com-mis une erreur Ă son prĂ©judice ; en effet, il cote les Ćuvres de Salvien Ă 4 fr ce qui donne le total 20 fr au lieu de 24, Ă moins quâil nâait voulu [lui] faire une galanterie en [lui] laissant Salvien Ă 2 fr le volume, et [lui] rem-bourser par lĂ les frais de poste ». Puis, Nodier, homme de lettre expĂ©rimentĂ©, recommande Ă son jeune compatriote plus de diplomatie quant Ă ses critiques concernant Marie-Nicolas Silvestre Guillon (Paris,1759-Montfermeil, 1847), Ă©vĂȘque et thĂ©ologien, doyen de la Sorbonne, dont la monumentale BibliothĂšque choisie des pĂšres de lâĂ©glise, ou Cours d'Ă©loquence sacrĂ©e, en 36 volumes, avait paru Ă Paris, chez MĂ©quignon-Harvard, de 1822 Ă 1829 : « Quoique trĂšs pris de besogne, jâai tout quittĂ© pour lire sinon vos traductions qui mĂ©ritent dâĂȘtre lues avec attention, du moins les prolĂ©gomĂšnes et les postfaces oĂč se trouvent les particularitĂ©s dont comme bibliothĂ©caire je suis le plus curieux. Je ne connais ni Mr. Guillon, ni sa nouvelle BibliothĂšque des PĂšres de lâĂ©glise ; mais je vous avouerai que jâai Ă©tĂ© trĂšs frappĂ© du ton de mĂ©pris avec lequel vous parlez de son ouvrage. Eussiez-vous, comme je le crois, raison au fond, permettez-moi de vous le dire, mon cher compatriote, vous avez tort sur la forme, et je ne suis pas du tout Ă©tonnĂ© de la malveillance de Mgr lâĂ©vĂȘque de Belley pour des critiques qui traitent cavaliĂšrement un homme grave, un prĂȘtre respectable au moins par son caractĂšre et dont les erreurs ne devraient ĂȘtre relevĂ©es quâavec tous les mĂ©nagements dus Ă son Ăąge et Ă sa position dans le monde. Je vous propose, comme je vous lâai dit, de communiquer vos traductions Ă lâun des directeurs de notre grand sĂ©minaire, avec lequel je suis liĂ© depuis plu-sieurs annĂ©es, de la maniĂšre la plus intime. Câest un homme de beaucoup de mĂ©rite, dâĂ©rudition comme vous, et Ă qui jâai dĂ©jĂ racontĂ© comment jâavais eu le bonheur de faire votre connaissance ; il est tout Ă fait prĂ©venu en
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votre faveur, et il attend vos traductions avec une vive impatience, mais je crains quâil ne soit choquĂ© de votre ton envers lâabbĂ© Guillon et que cela ne misse dans son esprit un jugement quâil portera sur votre travail. La faute est faite et par malheur elle est de celles qui ne peuvent se rĂ©parer que difficilement, mais croyez-moi, mon cher compatriote, laissez Ă lâavenir le ton tranchant et dĂ©daigneux aux journalistes, amis du scandale puisquâils en vivent, et ne parlez sur tout de vos rivaux quâavec les Ă©gards quâils mĂ©riteraient Ă ce seul titre. Ce sera le moyen de vous en faire des amis, ce qui vaut mieux sous tous rapports que de les avoir pour adversaires. » Nodier prĂ©vient ensuite Collombet de lâannonce quâil fera de ses traductions, et souhaite connaitre la part quâil y a prise : «Votre histoire des Saints de Lyon va figurer dans la liste des productions des auteurs francs-comtois pour 1835 que je fournis chaque annĂ©e aux rĂ©dacteurs de lâannuaire du Doubs. Ce nâest que dans mon rapport pour 1836 que je pourrai parler de votre traduction de Sidonius, et Ă cette occasion, je ne manquerai pas de mentionner vos traductions des ouvrages des PĂšres de Lyon. Dâici lĂ , vous voyez que rien ne presse. Je dĂ©sire-rais connaitre la part que vous avez eue Ă la traduction, vous vous chargez sans doute de la traduction dâun ouvrage et votre collaborateur dâune autre, et faites de mĂȘme pour les notes. Mais je tiens beaucoup Ă savoir que telle page est de vous parce que je lâexaminerai avec plus dâattention et que je la lirai avec plus de plaisir. A ce renseignement, si vous aviez la bontĂ© de joindre une courte notice biographique de vous, jâen serais trĂšs re-connaissant. » Puis il lui demande des renseignements concernant « les francs-comtois actuellement Ă Lyon, qui cultivent les lettres ou les sciences. » Il ajoute : « Je connais M. Faivre, et jâai mĂȘme sa traduct[ion] des lettres de François-Xavier [âŠ]. Comme il est de Besançon mĂȘme, jâaurai toujours par lui tous les dĂ©tails que je puis dĂ©sirer : mais il nâen est pas de mĂȘme de M. le Docteur Gauthier nĂ©, comme vous mâa-t-on dit, dans le Jura et dont je ne sais que le titre dâune de ses brochures. Sâil est dâautres francs-comtois dignes de mĂ©rite Ă Lyon, je ne les connais pas et vous me ferez plaisir de mâapprendre leurs noms. » A cette Ă©poque, Nodier rĂ©unissait des renseignements sur les francs-comtois lyonnais probablement en vue de la parution, en mai de cette annĂ©e, de la revue mensuelle Les Deux Bourgognes, Ă©tudes provinciales consacrĂ©es aux lettres, sciences et arts de Bourgogne et de Franche-ComtĂ©. La publication cessa en 1839. Antoine Faivre est lâauteur de Lettres des Missions du Ja-pon, ou supplĂ©ment aux Lettres de S. François Xavier. Lyon et Paris, Rusand, 1830 ; et Louis Philibert Auguste Gauthier (Saint-Amour, 1792-Lyon, 1851) fut mĂ©decin de lâhospice de lâAntiquaille Ă Lyon, membre de la so-ciĂ©tĂ© littĂ©raire de lâAcadĂ©mie de Lyon et membre correspondant de la sociĂ©tĂ© dâĂ©mulation du Jura. En 1835, il publiait Ă Paris une traduction de lâHistoire de la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire dans lâAntiquitĂ©. Enfin, Nodier informe Collombet quâil a adressĂ© Ă lâĂ©diteur Michaud « une note, dit-il, pour complĂ©ter votre art[icle] Clerjon dont je me suis permis dâeffacer quelques mots qui me semblaient faire longueur. Je le relirai encore pour lâĂ©preuve avec la plus grande attention ; mais M. Michaud ne mâĂ©crit toujours pas et les nouvelles que je reçois de Paris ne sont rien moins que rassurantes ». Lâarticle, signĂ© de Collombet, paraitra dans le sup-plĂ©ment (tome LXI, pp. 125 Ă 127) de la Biographie universelle, ancienne et moderne publiĂ©e par Michaud en 1836. Pierre Clerjon (Vienne, 1800-1832), est un Ă©crivain français dont lâHistoire de Lyon parut de 1829 Ă 1831 Ă Lyon.
Belle et longue lettre dans laquelle Nodier se rĂ©vĂšle fortement intĂ©ressĂ© par les productions franc-comtoises et soucieux de lâavenir littĂ©raire de son jeune compatriote avec lequel il nâhĂ©sitait pas Ă colla-borer.
IV. F.-Z. Collombet - J.-F. GrĂ©goire. Hymnes de SynĂ©sius, Ă©vĂȘque de PtolĂ©mais, traduits du grec en français, avec le texte en regard, par J.-F. GrĂ©goire et F.-Z. Collombet ; prĂ©cĂ©dĂ©s dâune notice sur SynĂ©sius, par M. Villemain. Lyon, Sauvignet et Cie, PĂ©risse FrĂšres, Paris, au dĂ©pĂŽt central de librairie, 1836. In-8° de XV, 1 bl., 143, 1 bl. pp. sur papier fort Ă grandes mar-ges. Demi-veau parme de lâĂ©poque, dos long romantique Ă grands dĂ©cors dorĂ©s de rocaille, titre dorĂ©, tranches marbrĂ©es.
Edition originale. « Le SynĂ©sius a Ă©tĂ© tirĂ© Ă 300 exemplaires, dans le nombre des-quels se trouvent compris les 12 sur papier fort, comme celui-ci » (note ms. de lâauteur en regard du faux-titre). Exemplaire de lâauteur, avec ses annotations, truffĂ© de 13 lettres autographes de Bignan (2), Boissonade (7), A. de Lamartine, Lacretelle, Fauriel, Turquety, datĂ©es du 16 octobre 1834 Ă mai 1837, et enrichi dâune lettre de Mme de Lamartine. Le volume se termine par lâhymne de saint ClĂ©ment au Christ sauveur, en français, avec le texte en regard tel quâil se lit dans le petit in-8° intitulĂ© « Titi Flavii Clementis Hymnus in Christum Salvatorem⊠» paru en 1825. RĂ©Ă©ditĂ© Ă Lyon-Paris, chez Perisse frĂšres en 1839, avec une autre notice, suite au diffĂ©-rend avec Villemain, dĂ©dicataire de lâouvrage (cf. lettres de Boissonade).
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Lettre I : Bignan, Anne. L.A.S. Paris, 16 octobre 1834, Ă Monsieur Collombet, / Rue Saint-Dominique n° 11 / Ă Lyon. (Cachet de la poste : « 17 octobre 1834 »). 2 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « Paris, ce 16 octobre 1834 Mon cher confrĂšre Jâattendais impatiemment lâouverture de la bibliothĂšque royale ; je me suis empressĂ© de mây rendre le premier jour pour mâacquitter de votre commission. Je nâai pas trouvĂ© la lettre dâEucher traduite par BarthĂ©lemy Aneau. Mais en revanche, jâai dĂ©nichĂ© le sieur Jacques Courtin de CissĂ© ! Je vous envoie une note Ă ce sujet. Je vous aurais remerciĂ© plutĂŽt de lâenvoi de votre Vincent de Lerins, si je nâavais Ă©tĂ© privĂ© de ce plaisir par un voyage de Bretagne que je viens dâachever sans encombre. Vous nous annoncez une traduction des lettres de St JĂ©rĂŽme. Ce sera un nouveau service que vous rendez Ă la littĂ©rature. Quand on traduit comme vous, on ne saurait trop traduire. Je ne vous fais pas ce compliment pour vous rendre la monnaye de vos Ă©loges ; je parle en toute cons-cience. Jâai lu votre excellent article du 7 octobre, mais le premier ne mâest point parvenu ; auriez-vous la complaisance de mâen expĂ©dier un duplicata? Je tiens Ă conserver votre jugement tout entier, ce sera pour moi un prĂ©cieux monument de votre amitiĂ©. Je regrette bien de ne pouvoir traduire de nouvelles odes pour lâAnacrĂ©on lyonnais, mais je suis en train de travailler lâOdyssĂ©e dont jâai dĂ©jĂ traduit cinq chants, mon travail ne mâennuye pas trop ; quelle diffĂ©rence de tons et de couleurs avec lâIliade ! Câest un autre monde de poĂ©sie. PuissĂš-je mener ma barque fragile Ă bon port ! on a besoin dans un travail de cette nature dâĂȘtre encouragĂ© par des juges bienveillants et Ă©clairĂ©s comme vous. Merci donc de lâannonce que vous avez faite Ă la fin de votre article. AgrĂ©ez, je vous prie, lâassurance de ma sincĂšre reconnaissance et de mon entier dĂ©vouement. A. Bignan P.S. Vous mâavez demandĂ©, je crois, Ă qui je destinais le 2e exemplaire de ma traduction de lâIliade. Jâai songĂ© que jâavais fait hommage de la 1ere Ă©dition Ă [illisible], je puis donc offrir la seconde Ă la BibliothĂšque de la Ville. »
Collombet publiera un article consacrĂ© Ă lâouvrage de BarthĂ©lemy Aneau : Euchier Ă ValĂ©rian, Exhorta-tion rationale retirant de la mondanitĂ© et de la philosophie Ă Dieu et Ă lâestude des sainctes lettres, Traduite en vers français Iouxte lâOraison latine, avec annotation de lâartifice rhĂ©toric, et choses no-tables en icelle. Lyon, MacĂ© Bonhomme, 1552. (cf. Collombet : Un livre de BarthĂ©lemy Aneau in Revue du Lyonnais, Lyon, Boitel, 1838, vol. VIII, pp. 346-348) Bignan participe Ă lâĂ©dition des Odes dâAnacrĂ©on, traduites en français et en prose par MM. GrĂ©goire et Collombet ; en vers français par MM. St Victor, Didot, [âŠ], etc., Ă©dit. polyglotte, publiĂ©e sous la direc-tion de M. Monfalcon ; Paris, Crozet, Didot, Cormon et Blanc, 1835. Les dix hymnes de SinĂ©sius ont Ă©tĂ© traduits en vers français par Courtin de CissĂ©, Paris, Gilles Beys, 1581 ; Boissonade en a Ă©tabli le texte grec (Lyrici grĂŠci, Paris, Lefevre, 1825).
Lettre II : Bignan, Anne. L.A.S. s.l., 12 dĂ©cembre 1835, Ă Monsieur Collombet, / Rue St Dominique n° 9 / Ă Lyon. 2 pp. in-12 sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. « Mon cher compatriote Jâai obtenu le volume, mais je me suis engagĂ© Ă le rendre le 25 de ce mois. Je lâai portĂ© il y a deux jours chez M. Falsan qui mâa promis de le faire passer Ă M. Bregnot , dĂšs quâil se prĂ©sentera une occasion. Ayez donc la bontĂ© de le garder le moins longtemps quâil vous sera possible, et de me le renvoyer dâune maniĂšre prompte et sĂ»re. Je suis charmĂ© dâapprendre que vous paraitrez avant la fin de lâannĂ©e. Vous serez bien aimable de ne pas mâoublier dans votre distribution. Je tiens beaucoup Ă vous avoir au complet dans ma BibliothĂšque ; ne pouvant jouir du plaisir de vous voir, jâai toujours la consolation de vous lire. Tout Ă vous dâesprit et de cĆur. A. Bignan Ce 12 dĂ©cembre 1835. »
Claude François Falsan (Lyon, 1760-1839), industriel et Ă©conomiste français, fut nĂ©gociant et fabricant de soieries lyonnaises ainsi que syndic de la Chambre de commerce et dâindustrie de Lyon. Il est lâauteur dâouvrages portant sur lâĂ©conomie. Bregnot du Lut est un historien lyonnais auteur de nombreux ouvrages sur sa ville.
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Lettre III : Boissonade de Fontarabie, Jean-François (Paris, 1774-Passy, 1857). HellĂ©niste français, il fut professeur de langue et de littĂ©rature grecque au CollĂšge de France de 1828 Ă 1855, et membre de lâAcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres. L.A.S. s.l. [Paris], 31 mai 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique 11 / Lyon. (Ca-chet de la poste : « Paris, 1 juin 1836 »). 2 pp. in-4° sur une feuille de papier fin jauni pliĂ©e en deux. Pliures, rousseurs et infimes dĂ©-chirures marginales sans perte de papier. « Monsieur Un peu dâindisposition mâa empĂȘchĂ© de lire votre SynĂ©sius aussitĂŽt que je lâaurais souhaitĂ©. Faites-moi la grĂące de mâexcuser. Je v[ou]s soumets les observations qui se sont prĂ©sentĂ©es Ă une lecture assez rapide. » Suivent deux pages dâ « observations » concernant les pp. 3 Ă 32 dâune Ă©preuve que Collombet lui a adressĂ©e ; lâauteur en tiendra compte dans son Ă©dition, comme il le prĂ©cisera dans sa prĂ©face oĂč il rend hommage Ă Boissonade. Lettre IV : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l.[Paris], 19 juin 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique. 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Paris, 20 juin 1836 »). 2 pp. in-4° sur une feuille de papier fin jauni pliĂ©e en deux. Pliures et rousseurs marginales. Suite des observations concernant les pp. 49 Ă 64. Se conclue par « Mille compliments et assurances de dĂ©voĂ»ment Ă Monsieur Collombet, de la part de son r. serviteur. / Boissonade. / 19 juin 1836. Lettre V : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l.[Paris], 2 juillet 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique. 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Paris, 3 juillet 1836 » et autre cachet « Lyon, 3 juillet 1836 »). 1 p. in-8° sur une feuille de papier jauni. Pliures, rousseurs et infimes dĂ©chirures marginales sans perte de papier. Suite des observations concernant les pp. 64 Ă 80. En regard de lâadresse, est indiquĂ© : « rendue Ă monsieur Collombet avec mille compliments empressĂ©s. / Bois-sonade. / 2 juill. 36 » Lettre VI : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l.[Paris],18 juillet 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Paris, 18 juillet 1836 » et autre cachet « Lyon »). 2 pp. in-8° sur une feuille de papier fort jauni pliĂ©e en deux. Excellent Ă©tat malgrĂ© quelques rousseurs. Suite des observations concernant les pp. 80 Ă 111. Lettre VII : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l.[Paris], 27 juillet 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Paris, 27 juillet 1836 » et autre cachet « Lyon »). 2 pp. in-8° sur une feuille de papier fin jauni pliĂ©e en deux. Pliures marginales. Suite et fin des observations concernant les pp. 113 Ă 143. Avec en tĂȘte : « Je vous fĂ©licite, Monsieur, dâavoir touchĂ© le terme de la carriĂšre ; cette lettre v[ou]s parviendra plus tard que vous ne le dĂ©siriez. Mais je nâai eu vos feuilles quâhier soir. Le billet ci-joint de M. Falconet v[ou]s expliquera ce retard. AgrĂ©ez mes compliments sincĂšres et mon dĂ©voĂ»ment. Boissonade. / 27 ao[Ă»t] [i. e. juillet] 1836. » Collombet tiendra compte Ă©galement de ces derniĂšres observations. Ces 4 lettres prĂ©cisent la contribution apportĂ©e par Boissonade Ă la traduction du SynĂ©sius.
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Lettre VIII : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l.[Montrouge], 26 aoĂ»t 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Montrouge, 27 aoĂ»t 1836 » et autre cachet « Lyon »). 3 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Pliures et infimes dĂ©chirures marginales. Lettre Ă©ditĂ©e par M. Roustan et C. Latreille : « La Querelle universitaire Ă Lyon (1838-1843) », Revue dâHistoire de Lyon, t. IV, annĂ©e 1905. « Monsieur Je vous remercie de la maniĂšre obligeante dont vous avez bien voulu reconnaĂźtre le faible service que jâai eu le plaisir de vous rendre. Vos trois exemplaires me sont parvenus vendredi d[ernier] et le lendemain jâai fait tenir Ă M. Villemain celui que v[ou] destiniez Ă lâAcad[Ă©mie] française. Il est le SecrĂ©taire de cette AcadĂ©mie et câest Ă lui naturellement que lâexemplaire devait ĂȘtre transmis. Que je mâattendais peu Ă la lettre quâil vient de mâadresser ! Je vous en transcrirai la plus grande partie. â⊠avant dâoffrir ce livre Ă lâAcadĂ©mie, je vous prie de vouloir bien recevoir ma protestation sur lâusage quâon a fait de mon nom et de mon travail en tĂȘte de ce volume. Je nâai autorisĂ© ni M. Collombet ni personne Ă inscrire sur le titre de cette publication ces mots : prĂ©cĂ©dĂ© dâune notice sur SynĂ©sius par M. Villemain, et Ă rĂ©imprimer quelques pages qui font partie du tableau du 4Ăšme siĂšcle chrĂ©tien, composĂ© par moi et insĂ©rĂ© dans mes mĂ©langes littĂ©raires. Lâhonneur quâon me fait en prenant ainsi mon nom est un abus grave, interdit par la loi : câest uni-quement par Ă©gard pour vous⊠que je ne porte pas immĂ©diatement de plainte sur un fait vraiment blĂąmable et pour lequel jâattendrai une explicationâŠ, ce 25 aoĂ»t,âŠâ Je vous engage, Monsieur, Ă expliquer Ă M. Villemain vos motifs et Ă calmer le dĂ©plaisir que lui cause cette publication. Je lui ai rĂ©pondu que je nâavais Ă©tĂ© prĂ©venu de rien, et que jâallais mâempresser dâĂ©crire Ă Lyon. Vous mâavez laissĂ© ignorer Ă qui vous destiniez le 3eexemplaire que contenait votre paquet. AgrĂ©ez, Monsieur, mon entier dĂ©voĂ»ment. Boissonade 26. aoĂ»t 36 »
Abel-François Villemain (Paris, 1790-id., 1870). Homme politique et Ă©crivain français. Elu Ă lâAcadĂ©mie en 1821, il en fut nommĂ© secrĂ©taire perpĂ©tuel le 11 dĂ©cembre 1834 et y exerça une grande influence pendant cinquante ans. Il fut en outre dĂ©putĂ© en 1830, pair de France en 1832, ministre de l'Instruction publique de 1839 Ă 1848. La notice du SynĂ©sius de Collombet est effectivement la rĂ©im-pression in extenso de lâarticle que Villemain a consacrĂ© Ă SynĂ©sius dans De lâĂ©loquence chrĂ©tienne dans le quatriĂšme siĂšcle, extrait des MĂ©langes historiques et littĂ©raires, Paris, Ladvocat, 1827, t. II, pp. 393 Ă 406.
Lettre IX : Boissonade de Fontarabie, Jean-François. L.A.S. s.l., 21 octobre 1836, Ă Monsieur Collombet, / R. St Dominique 11. / Lyon. (Cachet de la poste : « Lyon, 25 aoĂ»t 1836 »). 3 pp. in-12 sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Petite dĂ©chirure en marge sans manque de papier (due Ă lâouverture de la lettre). « Monsieur Jâai communiquĂ© Ă M. Villemain votre lettre. Il me rĂ©pond quâil nâa reçu de v[ou]s ni lettre ni exemplaire, et que cet oubli a dĂ» ajouter Ă sa surprise ; que les emprunts faits Ă tel Ă©crivain cĂ©lĂšbre dans des livres destinĂ©s Ă la jeunesse nâont point de rapport Ă la question actuelle ; que vous lâavez fait Ă son insçu Ă©diteur & coopĂ©rateur de votre traduction en mettant son nom sur le titre, & en le prĂ©sentant comme auteur dâune notice qui ne lui a pas Ă©tĂ© demandĂ©e. Il croit q[ue] v[ou]s penseriez comme lui, si quelquâun de vos Ă©crits devenait, sans votre consen-tement, lâobjet dâune publication littĂ©raire, et quâon vous associĂąt, sans vous le dire, Ă un travail Ă©tranger etc. Il me semble quâun nouvel exemplaire et une lettre nouvelle rĂ©pareront tout. Envoyez-moi la lettre, & ce 3Ăš exemplaire que vous avez eu la complaisance de me donner trouvera lĂ sa destination.
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Un peu dâindisposition mâa empĂȘchĂ© dâachever cette lettre commencĂ©e il y a dĂ©jĂ bien longtemps. Jâadmire vos libraires de Lyon. Les catalogues me les montrent imprimant des livres graves dont ils trouvent, je lâespĂšre, un assez bon dĂ©bit pour ĂȘtre rĂ©compensĂ©s de leurs efforts et encouragĂ©s Ă les continuer. Jâai la pensĂ©e quâune Ă©dition de lâAnthologie Grecque leur pourrait convenir. Seriez v[ou]s assez bon pour employer vos relations avec eux Ă nĂ©gotier [sic] pour moi cette affaire ? LâexĂ©cuter en petit format comme les autres poĂ©sies que jâai pu-bliĂ©es, il y a q[uel]q[ues] annĂ©es aurait en apparence q[uel]que avantage ; mais il y aurait beaucoup de papier perdu parce quâil faudrait sans cesse, Ă cause de la peti-tesse des diffĂ©rentes Ă©pigrammes, laisser des pages courtes. Le format in-12° ou in-8° serait plus utile, ce semble. Je ne peux pas croire que lâensemble puisse faire moins de 3 forts volumes. Jâajouterais beaucoup de piĂšces nouvelles Ă lâappendix dĂ©jĂ donnĂ©. Les notes seraient courtes autant que possible. Je ne prendrais rien de ce qui est fait. Elles seraient nombreuses cepen-dant Ă cause du nombre infini des morceaux dont presque chacun a besoin dâun renseignement. Je serais prĂȘt au 1er janvier prochain ; et lâon pourrait imprimer sans retards aucuns, la d[erniĂšre] page de la copie Ă©tant Ă peu prĂšs achevĂ©e quand on imprimerait la premiĂšre. Mais je tiens Ă ce que lâimpression se fasse Ă Paris. Pour ce qui me regarde, mes conditions seraient celles que lâon mâoffrira, sĂ»r que je suis que lâon ne mâen offrirait que de raisonnables. Je me contenterais en grande par-tie de livres. AgrĂ©ez, Monsieur, mes trĂšs humbles civilitĂ©s. Boissonade. 21 oct. 36 »
Lettre Ă©ditĂ©e par M. Roustan et C. Latreille : « La Querelle universitaire Ă Lyon (1838-1843) », Revue dâHistoire de Lyon, t. IV, annĂ©e 1905. Il semble que Villemain ait menacĂ© Collombet des tribunaux, mais que son irritation lĂ©gitime se soit quelque peu calmĂ©e par la suite. Le SynĂ©sius fut rĂ©Ă©ditĂ© en 1839 sans sa notice, lâauteur prĂ©cisant : « nous avons remplacĂ© par une longue Ă©tude sur la vie et sur les Ă©crits de SynĂ©sius la brillante, mais in-complĂšte notice de Villemain » (p. XII). Ce dernier ayant attaquĂ© les jĂ©suites, Collombet, prenant leur dĂ©fense, publia en 1843 M. Villemain. De ses opinions religieuses et politiques Ă Lyon, chez Allard, avec en exergue de ce pamphlet, ce portrait paru dans le Courrier français en octobre 1843 : « M. Vil-lemain est conservateur par ambition, voltairien par vanitĂ©, catholique par peur, quelquefois libĂ©ral par esprit de rhĂ©teur ; il obĂ©it aux tendances de ses collĂšgues, tantĂŽt par lĂ©gĂšretĂ©, tantĂŽt par complaisance, tantĂŽt par nĂ©cessitĂ©, toujours par faiblesse. » Collombet y souligne au passage quelques erreurs com-mises par Villemain au sujet de SynĂ©sius et conclue avec une rare ingratitude et sans aucun scrupule : « Il est vrai que les notices de M. Villemain sont jetĂ©es dans un cadre Ă©lĂ©gant et ingĂ©nieux, quâelles sont Ă©crites en un langage dâassez bon aloi, mais y-a-t-il donc lĂ de quoi se rĂ©crier dâadmiration ? [âŠ] Que signifient ces maigres notices Ă cĂŽtĂ© des grands travaux de Lenain de Tillemont, de Dom Cellier et de tant dâautres ? » (p. 120). Collombet avait cependant bien apprĂ©ciĂ© celle quâil avait placĂ©e en tĂȘte de sa 1Ăšre Ă©dition. Cette charge vindicative contre Villemain corrobore lâhypothĂšse quâAlexandre Nicolas Ă©nonce en 1844 dans sa RĂ©ponse Ă l'Ă©crit de M. F.-Z. Collombet, ayant pour titre : M. Villemain ; de ses opinions religieuses et de ses variations : « Un plagiaire dĂ©pouillĂ© se venge tĂŽt ou tard. » Il est vrai que cet Ă©pisode de la vie littĂ©raire nâest guĂšre Ă lâhonneur de Collombet. (Cf. M. Roustan et C. Latreille : « La Querelle universitaire Ă Lyon (1838-1843) », Revue dâHistoire de Lyon, t. IV, annĂ©e 1905.) Les matĂ©riaux rĂ©unis par Boissonade pour son Ă©dition projetĂ©e dâune Anthologie grecque seront pu-bliĂ©es aprĂšs sa mort dans la BibliothĂšque grecque-latine de Firmin Didot dont le premier volume a paru en 1864.
Lettre X : Lamartine, Alphonse de (Macon, 1790-Paris, 1869). PoÚte, romancier et homme politique français. L.A.S. s.l., s.d. [mai 1837]. A Monsieur Ernest Falconet. [sic] / 16. Rue Bleue / à Paris. 1 p. in-12 sur une feuille de papier fort jauni pliée en deux.
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« Amenez samedi soir ou ce soir M. Collombet. Je lâaime et lâadmire beau-coup. Je ne le croyais pas Ă Paris. Il est venu pendant que je faisais mes 40 jours de lit. Je lui conterai ce qui mâest arrivĂ© Ă cause de lui et de son ho-monyme. Mille affectueux compliments. Lamartine. » Collombet a Ă©crit Ă la suite : « Le Collombet dont il sâagit est un mien ho-monyme, se disant de Strasbourg, et qui vint Ă Paris demander de lâargent Ă Lamartine. Au mois de mai 1837, je fus prĂ©sentĂ© chez Lamartine, en son hĂŽtel de lâUniversitĂ©, 84, et bien accueilli. Le poĂšte me raconta lâhistoire de mon homonyme, Ă qui il avait donnĂ© 200 fr., et me prĂ©senta Ă Mme de La-martine, douce et gracieuse femme, qui me fit compliment, ainsi que son mari, de la traduction de SynĂ©sius. Il y a lĂ , disait Lamartine, Ă qui voulait lâentendre, des choses aussi romantiques que tout ce que lâon peut faire aujourdâhui. »
Collombet, dans le tome III de son Cours de littĂ©rature profane et sacrĂ©e paru en 1833, avait fait lâĂ©loge de Lamartine et notamment des Harmonies poĂ©tiques et religieuses que le poĂšte avait publiĂ©es en 1830. Dans une lettre Ă Boissonade datĂ©e de Lyon, 21 octobre 1836, il Ă©crit : « Lamartine trouve Sy-nĂ©sius trĂšs beau ; il lâa dit Ă plusieurs personnes ; il y a, du reste, une frappante ressemblance entre certaines faces du talent de ces deux poĂštes. » Ernest Falconnet, publiera en 1838 les Petits poĂšmes grecs, auxquels Collombet participa, et en 1839 une biographie de Lamartine.
Lettre XI : Lacretelle, Charles de, dit Lacretelle le jeune (Metz, 1766-Macon, 1855). Avo-cat, journaliste et historien français, fut acadĂ©micien dĂšs 1811 et professeur dâhistoire Ă la Sorbonne. L.A.S. Belair par Macon, 6 septembre [1836]. A Monsieur Collombet / Membre de lâAcadĂ©mie / Ă Lyon. 1 p. in-8° sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Rousseurs et petites dĂ©chirures margi-nales. « Monsieur, Je connaissais dĂ©jĂ tout le prix de lâouvrage dont vous avez bien voulu me faire prĂ©sent. Il y a peu de temps que M. de Lamartine mâen parlait avec enthousiasme et nous en lisions ensemble deux hymnes oĂč lâon croit entendre Platon touchant la lyre sacrĂ©e. Votre traduction est si animĂ©e et si fidĂšle quâelle se place Ă merveille Ă cĂŽtĂ© du fragment traduit par lâĂ©loquent Villemain. JâespĂšre, Monsieur, jouir lâannĂ©e prochaine dâune connaissance ouverte sous de si heureux auspices. AgrĂ©ez lâexpression de ma haute considĂ©ration. Belair par Macon. Lacretelle. 6 juillet septembre. » Lettre XII : Fauriel, Claude (Saint-Etienne, 1772-Paris, 1844). Historien, linguiste, critique et Ă©rudit, il fut professeur de littĂ©rature Ă la Sorbonne. L.A.S. S.l., s.d. [1837]. A Monsieur Collombet, rue Richelieu, HĂŽtel de PiĂ©mont, n° 22 / Ă Paris. 2 pp in-12 sur une feuille de papier pliĂ©e en deux. Excellent Ă©tat. « Monsieur, Jâai reçu, avec les mots bienveillants dont vous avez bien voulu lâaccompagner, votre traduction des hymnes de SynĂ©sius. Je nâai pu jusquâĂ ce jour que jeter un coup dâĆil rapide sur cette traduction : mais ce coup dâĆil a suffi pour me donner le besoin dây revenir et lâassurance dây revenir avec une pleine satisfaction, dĂšs lâinstant oĂč mes occupations me le permettront. Il est vrai que je me suis engagĂ© envers la SociĂ©tĂ© dâHistoire de France, non prĂ©cisĂ©ment Ă lui faire un rapport, mais Ă lui dire quelques mots de votre traduction de Sidoine Apollinaire, et je serai charmĂ© dâavoir cette occasion de rappeler des Ă©loges plus Ă©clairĂ©s et plus honorables que les miens. AgrĂ©ez, Monsieur, lâassurance de ma considĂ©ration la plus distinguĂ©e. / C. Fauriel.
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Lettre XIII : Turquety, Edouard (Rennes, 1807-Paris, 1867). PoĂšte influencĂ© par Lamar-tine, il passa du romantisme lyrique dans ses Esquisses poĂ©tiques de 1829, Ă une poĂ©sie religieuse fervente. Il fut admirĂ© de Charles Nodier et ami de Lamennais. L.A.S. S.l. [Rennes], 28 aoĂ»t 1836. A Monsieur Collombet homme de / lettres rue St Domi-nique 11 / Lyon Membre de lâAcadĂ©mie / Ă Lyon. (Cachet de la poste : « Rennes, 29 aoĂ»t 1836 »). 3 pp. in-8° sur une feuille de papier bleu pliĂ©e en deux. Rousseurs, pliures et dĂ©chirures marginales sans atteinte au texte. Belle et longue lettre dans laquelle Turquety remercie Collombet pour son double envoi de Sainte ThĂ©rĂšse et de SynĂ©sius et le fĂ©licite pour ses ouvrages : « Votre vie de Sainte TĂ©rĂšse mâa vivement Ă©mu [âŠ] on y respire je ne sais quelle odeur cĂ©leste qui rappelle le Cantique des Cantiques, ce chef dâĆuvre de puretĂ© et dâamour. » « Les Hymnes de SynĂ©sius Ă©tait chose nouvelle pour moi [âŠ] On y trouve originalitĂ©, Monsieur, et je ne sais quoi de ce cachet antique ⊠» Il lui fait compliment sur la qualitĂ© de lâimpression « Votre livre de SynĂ©sius est admira-blement imprimĂ© et certes Ă Paris on ne trouve pas mieux chez les meilleurs typographes. » Paris oĂč Turquety compte se rendre bientĂŽt pour rĂ©imprimer ses Esquisses poĂ©tiques publiĂ©es en 1829, et y rencontrer Collombet ; enfin, il envoie un exemplaire du SynĂ©sius Ă un de ses meilleurs amis, professeur de collĂšge Ă Mulhouse.
A la suite de la Vie de Sainte TĂ©rĂšse publiĂ©e en 1836 Collombet avait insĂ©rĂ© le poĂšme Sainte TĂ©rĂšse ex-trait du recueil de Turquety intitulĂ© PoĂ©sie catholique, Rennes, Molliex, 1836. Celui-ci il lui en exprime sa reconnaissance : « je mâen trouve heureux et honorĂ© »
Lettre jointe : Lamartine, Marianne Elisa de, nĂ©e Mary-Ann Elisa Birch, (vers 1800-Paris, 1863). Artiste peintre et sculptrice française dâorigine anglaise, Ă©pousa Alphonse de Lamartine le 6 juin 1820. L.A. Paris, 8 janvier 1838. A Monsieur Ernest Falconnet. / 15. gde rue verte / Paris. / Parti Rue bleue/ n° 16. 1 p. in-12 sur une feuille de papier jauni pliĂ©e en deux. Petites dĂ©chirures, rousseurs et pliures marginales. « Mrde Lamartine sâempresse de faire savoir Ă Monsieur Falconnet que son manteau est entre les mains de Monsr de Juvigny, 19 rue cherche midi. que sans doute ils auront fait une Ă©change. Mr de Lamartine vient dâĂ©crire Ă Madame Lardet et saisira lâoccasion de parler au ministre. Mr de Lamartine renouvelle Ă monsieur Falconnet lâassurance de son entier dĂ©vouement et de sa considĂ©ration distinguĂ©e. Paris, 8 janvier 1838. Collombet a rajoutĂ© au bas de la lettre : « Lettre de Mme de Lamartine. »
« La frĂ©nĂ©sie de lâamour nâa jamais Ă©tĂ© rendue avec plus de chaleur, de voluptĂ© et de chastetĂ© »
9. [Fleuriau, Jean-Marie-JĂ©rĂŽme-Charlemagne, dit le marquis de Langle.] Amour ou
Lettres dâAlexis Ă Justine par M*****. Neuchatel, Jeremie Witel, 1786. 2 parties en 1 volu-me. In-8° de IV, 223, [1 bl] pp. ; [2], 354, [2] pp. Non rognĂ©, Ă grandes marges. Ornement typographique Ă la page de titre, bandeaux en tĂȘte de partie, culs de lampe. Demi-vĂ©lin du temps Ă 6 nerfs, plats en papier beige sur cartonnage, titre dorĂ© dans le 2Ăšme caisson de tĂȘte dans un encadrement Ă double filet dorĂ© (trĂšs effacĂ© et sali). 100 âŹ
Edition originale de ce roman Ă©pistolaire rĂ©Ă©ditĂ© en 1797 en 3 vol. in-18. Avec une Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire de lâĂ©diteur, une table et un errata.
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Jean-Marie-JĂ©rĂŽme Fleuriot, dit le marquis de Langle (Dinan, 13 dĂ©cembre 1749 - Paris, 12 octobre 1807) est issu d'une branche cadette d'une famille de la noblesse bretonne ; il devint page de la Dau-phine en 1767, puis mousquetaire noir. Un scandale dont on ne sait rien lui valut deux ans d'exil dans une ville de province. Il s'engagea ensuite sur le vaisseau Le Solitaire, commandĂ© par un de ses parents et participa Ă la guerre d'AmĂ©rique. Ă son retour, n'ayant pu se maintenir dans l'armĂ©e, il se tourna vers la carriĂšre littĂ©raire oĂč il s'essaya dans plusieurs genres tels que le roman par lettres, le recueil d'anec-dotes ou le rĂ©cit de voyage. Il connut le succĂšs avec son Voyage de Figaro en Espagne (Saint-Malo, 1784, 2 vol. in-12), critique violente du gouvernement, des mĆurs et de la religion espagnole, ouvrage scandaleux qui fut condamnĂ© Ă ĂȘtre brĂ»lĂ©. Ă la RĂ©volution, Fleuriot fut emprisonnĂ© six mois Ă la prison de la Force, puis servit d'agent secret au ministre Molleville. Son physique ingrat, sa causticitĂ©, ses dĂ©-sordres et son goĂ»t de faire parler de lui, firent qu'il fut comparĂ© parfois Ă Mirabeau. P. J. Levot le dĂ©crit ainsi : « De Langle avait les yeux Ă©garĂ©s, les cheveux en dĂ©sordre, lâair dâun fou ; il parlait comme il
Ă©crivait, avec feu, avec volubilitĂ©, sans suite, sans liaison dans les idĂ©es ; nĂ©anmoins, son style hachĂ©, dĂ©cousu, Ă©tait parfois pittoresque et original. Comme tous les esprits mĂ©diocres, il mĂ©prisait la poĂ©sie, et il mettait sa prose au dessus des chefs-dâĆuvre de racine et de Boileau. LâĂąge nâavait ni modifiĂ© son caractĂšre, ni empĂȘchĂ© le retour des erreurs de sa jeunesse. Il sâĂ©tait mariĂ©, in extremis, Ă sa cuisiniĂšre. » (Prosper Jean Levot, Biographie bretonne, re-cueil des notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, Vannes, Cauderan, 1852, t. I, p. 707). Michaud Ă©crit Ă propos dâAmour ou lettres dâAlexis Ă Justine « quâil ne faut pas confondre avec le trop cĂ©lĂšbre roman du marquis de Sade. » Il ajoute quâ « on nâa rien Ă dire de lâauteur, quâil avait de lâesprit, mais quâil nâen a pas toujours fait un usage honorable. » (Michaud Biographie Universelle, Paris, Desplaces, 1856, tome XIV, p. 228.) Barbier prĂ©cise : « La ressemblance de ce titre avec celui de lâinfĂąme ouvrage intitulĂ© : Justine ou les malheurs de la Vertu, a fait confondre M. le marquis de Langle avec le vĂ©ritable auteur de ce dernier ouvrage. » Lâauteur, dĂ©clare que la frĂ©-nĂ©sie de lâamour nâa jamais Ă©tĂ© rendue avec plus de chaleur, de voluptĂ© et de chastetĂ©, tout Ă la fois, que dans cet ouvrage. A noter quâun prĂ©cis dâHistoire espagnole et une intĂ©ressante description de TolĂšde sont insĂ©rĂ©s dans le cours de lâouvrage ; avec une dĂ©dicace de lâĂ©diteur, une table et une liste dâerrata.
Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, Paris, Barrois lâaĂźnĂ©, 1822, I, 636 ; QuĂ©rard, la France littĂ©raire, Paris, Didot, 1829, t. III, p. 133 ; Cioranescu, 28 679 ; Prosper Jean Levot, Biographie bre-tonne, recueil des notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, Vannes, Cauderan, 1852, t. I, pp. 705-707. Plats trĂšs frottĂ©s ; coupes et coins usĂ©s avec quelques manques ; 2Ăšme caisson de tĂȘte tachĂ©, infime accident Ă la coiffe de tĂȘte. Quelques dĂ©chirures sans perte de texte et taches dâencre sans gravitĂ©.
« Rare édition de Mayence du célÚbre ouvrage de Molanus concernant la représentation des images saintes »
10. [Molanus, Johannes]. Historia sacrarum imaginum, Strena almĂŠ congregationi ma-
jori academicĂŠ sub titulo B. M. V. ab angelo salutatae. MoguntiĂŠ [Mayence], Benj. Wailandt, 1771-1772. 2 parties en 1 vol. in-8° de [14], 307, [1 bl.] pp. ; [16], 218, [30] pp. Marque typographique de la Compagnie de JĂ©sus Ă la p. de t. (diffĂ©rente au t. II), bandeaux, cul de lampe. Plein veau fauve de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement fleuronnĂ© aux filets, rou-lettes et petits fers dorĂ©s, titre dorĂ© au dos, large roulette doublĂ©e dâune roulette en « dents de rat » dorĂ©s en encadrement sur les plats, toutes tranches dorĂ©es ciselĂ©es en pointillĂ©s aux ex-trĂ©mitĂ©s de la gouttiĂšre. 220 âŹ
Historia sacrarum imaginum et picturarum, pro vero earum usu contra abusus libri IV fut éditée à Louvain en 1574, puis en 1669 à Lyon, et de nouveau à Louvain en 1771 avec les révisions de François Paquot (François-Marie PérennÚs : Dictionnaire de bibliographie catholique, Paris, Migne, 1838, Cha-
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pitre XXIII, ThĂ©ologie scolastique et dogmatique, p. 582). LâĂ©dition revue par Pa-quot est assez courante, la notre, Ă©ditĂ©e Ă Mayence est beaucoup plus rare. Johannes Molanus ou Jan Vermeulen (Lille, 1533-Louvain, 1585), thĂ©ologien catho-lique flamand, fut professeur Ă Louvain, et influença considĂ©rablement la contre-rĂ©forme. Dans son TraitĂ© sur les Images Saintes, il dĂ©veloppa des thĂšses trĂšs fermes conformes aux positions prises par le Concile de Trente quant Ă la reprĂ©sentation de scĂšnes religieuses, notamment concernant la dissimulation de la nuditĂ©, et qui furent largement appliquĂ©es dans les pays catholiques. Avec Ă la 1Ăšre partie : dĂ©dicace, adresse au lecteur, imprimatur datĂ© du 2 juillet 1770 Ă Mayence et signĂ© de Stephan Alexander WĂŒrdwein, censeur de lâarchevĂȘque prince Ă©lecteur, et table des chapitres ; Ă la 2Ăšme partie : une nouvelle adresse au lecteur et un index alphabĂ©tique. LĂ©ger accident Ă la coiffe supĂ©rieure, usures aux coins, quelques rousseurs.
Exemplaire de BenoĂźt Flaget, missionnaire et Ă©vĂȘque de Bardstown et de Louisville en AmĂ©rique
11. [Kempis, Thomas a]. De Imitatione Christi. Libri quatuor, Ad Manuscriptorum ac
primarum editionum fidem castigati, & mendis plus sexcentis expurgati. Recensuit J. Valart, Acad. Amb. Dissertationemque de ejusdem operis auctore addidit. Nova editio. Paris, J. Bar-bou, 1764. In-12 de XI, [1], 417, [3] pp. Frontispice et 4 gravures hors texte en taille douce de Longueil dâaprĂšs Mariller, marque dâĂ©diteur en page de titre, bandeaux, culs de lampe. Plein chagrin noir dĂ©but XIXe, triple filet Ă froid en double encadrement sur les plats, dos Ă 4 faux nerfs ornĂ© de filets et de caissons Ă froid avec le titre dorĂ©, filet dorĂ© sur les coupes, roulette dorĂ©e sur les chasses, toutes tranches dorĂ©es. 500 âŹ
Cette Ă©dition proposĂ©e par lâabbĂ© Valart en 1758 connut un grand succĂšs : 4 rĂ©Ă©ditions en vingt ans (1760, 1764, 1774, 1778) ; lâouvrage contient des extraits de Fontenelle et de Leibniz au verso du titre, une prĂ©face, 4 pages de priĂšres, une table, un dictionnaire de mots latins dont le sens diffĂšre des auteurs classiques, un index, un catalogue des priĂšres contenues dans lâouvrage, une « Dissertation sur lâauteur de lâImitation, revue & considĂ©rablement augmentĂ©e » (pp. 385 Ă 417), des « Passages tirĂ©s des livres de lâImitation, dâoĂč lâon peut tirer quelques lumiĂšres touchant lâAuteur. » ImprimĂ© avec les caractĂšres de M. Fournier le jeune. Notre texte a Ă©tĂ© suivi par Didot en 1789 et par Bodoni en 1793, dans son Ă©dition de luxe. « LâabbĂ© Va-lart [FrĂ©vent 1698-1781] joignit Ă son Ă©dition une dissertation française sur lâauteur de lâImitation, elle est toute en faveur de Gersen. Câest contre cette dissertation que sont dirigĂ©es celles du P. GĂ©ry, abbĂ© de Sainte-GeneviĂšve, imprimĂ©e en 1758, in-12 ; de lâabbĂ© GhesquiĂšre, publiĂ©e par lâabbĂ© de Saint-LĂ©ger, en 1775, in-12 ; du P. Desbillons, Ă la tĂȘte de lâĂ©dition latine de lâImitation, Mannheim, 1780. » (Augustin de Backer, Essai bi-bliographique sur le livre de Imitatione Christi, LiĂšge, L. Grandmont-Donders, 1864. p. 24). La question concernant lâattribution de cet ouvrage est toujours ouverte ; dans son ou-vrage De lâ « Imitation de JĂ©sus-Christ », Paris, Cerf, avril 2002, Brian McNeil prends lui aussi position pour l'attribution de ce texte anonyme Ă Jean Gersen, abbĂ© bĂ©nĂ©dictin de la pre-miĂšre moitiĂ© du XIIIe siĂšcle. Marque de provenance manuscrite au recto du frontispice : « Ce livre a appartenu Ă MsgrBenoit Flaget, EvĂȘque de Bardstooyn en AmĂ©rique : il lâa oubliĂ© Ă son passage Ă Besan-çon en 1838. il sâen est seulement apperçu Ă Lauzanne et lĂ jai pu lui dire avec bonheur que quoiquâil y tint beaucoup, moi, je tenais encore plus Ă mâen croire dĂšs lors le possesseur. / Be-sançon, le 21 janvier 1839 / ThiĂ©baud / Ch. Secret. » Note manuscrite dâune autre main sur la page de garde infĂ©rieure in-diquant des rĂ©fĂ©rences dâun livre et datĂ©e : « avignon-MaurĂšze / le 20 8bre 1841. »
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BenoĂźt Joseph Flaget est nĂ© Ă Contournat, prĂšs de Clermont-Ferrand, le 7 novembre 1763. OrdonnĂ© le 1er juin 1788, il fut prĂȘtre saint sulpicien, il enseigna la thĂ©ologie Ă Nantes pendant 2 ans, et dirigea un sĂ©minaire Ă Irrite, en Anjou, jusquâĂ la rĂ©volution. Parti en AmĂ©rique comme missionnaire en 1792, Ă Fort Vincennes, dans lâIndiana, il contribue Ă la diffusion du catholicisme. Il aurait dĂ©clarĂ© : « Un missionnaire amĂ©ricain doit ĂȘtre capable de se nourrir de rien et de le cuisiner lui-mĂȘme. » Il enseigna ensuite Ă lâUniversitĂ© de Georgetown de 1795 Ă 1798. AprĂšs un sĂ©jour de 1795 Ă 1798 Ă Cuba, oĂč il contracte la fiĂšvre jaune, il retourne Ă Baltimore et est nommĂ© Ă©vĂȘque de Bardstown (Kentucky) en 1808, devenant ainsi le deuxiĂšme Ă©vĂȘque des Etats-Unis d'AmĂ©rique. Le diocĂšse de Bardstown Ă©tait le plus grand diocĂšse jamais formĂ© aux Etats-Unis comprenant une superficie de 10 Ă©tats, dont entre autres le Kentucky, l'Ohio, le Tennessee, le Michigan, l'Indiana. Aujourd'hui ce secteur comporte 35 diocĂšses. Flaget meurt le 12 fĂ©vrier 1850. Son corps repose dans la cathĂ©drale de Louisville (Kentucky) dont il fut lâĂ©vĂȘque de 1841 Ă sa mort. Victor Joseph ThiĂ©baud (4 septembre 1799 Pontarlier â 1892 Besançon) fut ordonnĂ© prĂštre en 1822, curĂ© dâOugney jusquâen 1829, secrĂ©taire adjoint de lâarchevĂȘchĂ© vers 1830, puis chef de secrĂ©tariat. Il fut membre titulaire du chapitre en 1844. Personnage haut en couleur et contestataire, il fut un homme Ă la plume facile, pamphlĂ©taire redoutable, et a surtout alimentĂ© la controverse liturgique pour dĂ©fendre les idĂ©es romaines contre les opinions gallicanes du cardinal Mathieu, archevĂȘque de Besançon. On ne compte pas moins de 27 Ćuvres polĂ©miques, comme par exemple la Crise nouvelle du bisontinisme agonisant, Besançon, 1864, in-8°. (M. Roche â Michel Vernus : Dictionnaire biographique du DĂ©par-tement du Doubs, Arts et littĂ©ratures, Lons-le-Saunier, s.d. [1997 ?], pp. 460-461 ; Emile Fourquet : Les Hommes cĂ©lĂšbres et les personnalitĂ©s marquantes de Franche-ComtĂ© du IVe siĂšcle Ă nos jours, Besan-çon, SĂ©quania, 1929, p. 423 )
Cohen, 510 ; Backer, 386-392. Coiffe supérieure arasée, plats frottés et épidermés, légÚres usures aux coins ; mouillure sur le frontispice et la 1Úre gravure. Bon état général.
« Belle édition entiÚrement lyonnaise tirée à seulement 100 exemplaires. »
12. Moyria, Gabriel vicomte de. Odilie ou lâange du bocage. Lyon, Louis Perrin, 1827. In-8 de 384 pp. Faux-titre, belle lithographie en frontispice dâAuguste Flandrin dâaprĂšs Genod et rĂ©alisĂ©e par H. Brunet de Lyon, bel ornement typographique sur la page de titre reprĂ©sen-tant un amour pensif au papillon, 2Ăšme faux-titre h. t. encadrĂ© dans une couronne dâĂ©pis de blĂ© et de fleurs, culs de lampe ; impression sur papier teintĂ© Ă grandes marges. Demi-reliure Ă coins en maroquin rouge rubis de lâĂ©poque, dos Ă quatre faux nerfs richement ornĂ© de larges roulettes, de filets et de fers dorĂ©s, ainsi que de fers et roulettes estampĂ©s Ă froid, titre do-rĂ©, plats recouverts de papier rouge carmin imitation cuir de Russie ; tranches et gardes cailloutĂ©es bleues. 480 âŹ
« Cet ouvrage nâĂ©tant pas destinĂ© au Public, nâa Ă©tĂ© tirĂ© quâĂ cent exemplaires » imprimĂ© au verso de la 2Ăšme page de garde ; QuĂ©rard prĂ©cise que ces 100 exemplaires Ă©taient destinĂ©s à « ĂȘtre donnĂ©s en prĂ©sent aux amis de lâauteur ». Gabriel, vicomte de Moyria (Bourg 1770-id., 1838), agronome, littĂ©rateur et poĂšte. Peu douĂ© pour la carriĂšre militaire, il quitta son rĂ©giment de cavalerie en 1790 et retourna dans ses foyers pour se consacrer Ă la poĂ©sie et la peinture, ses deux vĂ©ritables passions ; pour Ă©chapper Ă la levĂ©e en masse des troupes, il se fit typographe Ă Nantua en 1795 ; lâannĂ©e suivante, il retourna dans sa famille et reprit le cours de ses Ă©tudes favorites. Il traversa lâempire uniquement occupĂ© de poĂ©sie, de musique et de dessin. Ce fut en 1808 quâil mit au jour ses premiers essais. « Lâaccueil que leur fit le public engagea lâauteur a poursuivre sa carriĂšre poĂ©tique et il publia diffĂ©rentes productions qui obtinrent du succĂšs. [âŠ] Il Ă©tait membre de lâInstitut historique, de la SociĂ©tĂ© royale dâagriculture de lâAin et de lâacadĂ©mie de Lyon » (Michaud Biographie Universelle, Paris, Desplaces, 1842, tome XXIX, p. 490). Il est considĂ©rĂ© comme lâun des premiers reprĂ©sentants de la poĂ©sie rĂ©gionaliste des Pays de lâAin. Dans son roman Odilie ou lâange du bocage, lâauteur, aprĂšs avoir prĂ©sentĂ© une dĂ©fense du Roman en guise de prĂ©face, « cherche Ă Ă©mouvoir par des scĂšnes dâamour et de douleur, par des sentiments nobles et
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tendres, et par des Ă©vĂšnements qui, liĂ©s Ă une Ă©poque de lâhistoire contemporaine, ne peuvent pas ĂȘtre sans intĂ©rĂȘt » (p. 15). Michel-Philibert Genod (1796-1862), peintre d'histoire et de genre lyonnais, fut professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Auguste Flandrin (1804-1842), peintre, graveur et lithographe lyonnais, enseigna son art dans sa ville natale oĂč la pluspart de ses lithographies furent publiĂ©es. Câest lui qui initia Ă la lithographie ses jeunes frĂšres Hyppolite (1809-1864) et Paul (1811-1902). Horace-Antoine Sastre dit Brunet et Cie (1781-1848) fut un imprimeur lithographe lyonnais. Edition soignĂ©e de Louis Perrin (1799-1865), lâun des grands imprimeurs lyonnais du XIXĂš. Apprenti dĂšs 1818 chez Rusand, imprimeur lyonnais, il sâinstalla en 1822 associĂ© Ă Zacharie Durand jusquâen 1826. Ses rĂ©alisations sont alors des Ă©ditions de qualitĂ© Ă la typographie soignĂ©e. Ce nâest que vers 1846 quâil grava et fondit les caractĂšres « augustaux » inspirĂ©s des inscriptions romaines.
QuĂ©rard, VI, 353 ; Lemonnyer, III, 450. Beraldi : Les graveurs du XIXe siĂšcle, Paris, Conquet, 1887, t. VI, p. 136. LĂ©gĂšre usure aux coins, quelques minuscules trous de vers aux charniĂšre, trĂšs rares rousseurs. Bel exemplaire dâune Ă©dition extrĂȘmement rare due Ă la collaboration dâartistes lyonnais.
« Rare et curieux ». Exemplaire de Gaspard Pezel, fils de lâĂ©diteur, avec ses annotations manuscrites »
13. Peucer, Gaspard. Historia carcerum et liberationis divinĂŠ. OperĂą & studio Christo-
phori Pezelii, SStĂŠ TheologiĂŠ D. nunc primĂčm in lucem edita. Seriem scriptorum in hac Historia contentorum, penultima ab hac pagina indicabit. Tiguri [ZĂŒrich], s. n. [Christophe Pezel], 1605. in-8° de [8 ff.], 831 pp., 1 p. bl. Alternance de textes en latin et en allemand (impression gothique pp. 365- 461, 554-612, 654-672, 739-761, 768-771, 775-776, 790-792), bandeaux, lettres ornĂ©es. Plein vĂ©lin ivoire de lâĂ©poque Ă recouvrement, plats estampĂ©s Ă froid (mĂ©daillon central composĂ© dâentrelacs encadrĂ© dâun double filet et de petits fers dans les coins), coutures apparentes, dos long avec titre en tĂȘte manuscrit Ă lâencre (trĂšs estompĂ©), la-cets sur le plat infĂ©rieur, traces de lacets sur le plat supĂ©rieur. 2 200 âŹ
Edition originale avec marque de provenance manuscrite sur la page de titre : « Ex bibliotheca Casparis Pezelis. Anno 1606. » De nombreuses notes latines manuscrites sont de la mĂȘme main sur les pages de garde (sentences de Marcile Ficin, dâH. Rantzorinus, dâAntoninus Caretinus, concernant la vie de cour âAulicusâ) ainsi que dans les marges des 142 premiĂšres pages ; elles sont probablement de Caspar Pezel (1573-1634), fils de lâĂ©diteur, avocat, conseiller du comte Simon VI de Lippe, Hofge-richtsfiskal et bibliothĂ©caire. LâĆuvre fut Ă©ditĂ©e de façon posthume par son ami Pezel. Une 2Ăšme Ă©dition fut publiĂ©e en 1615 Ă Francfort (i. e. Hanau ?) in Officina hĂŠred. Guilielmi Antonii ; du Pin ne cite que lâĂ©dition de 1615.
Michaud indique lâouvrage comme « rare et cu-rieux », du Pin le qualifie Ă©galement de « curieux ». « MĂ©decin et mathĂ©maticien, nĂ© le 6 janvier 1525, Ă Bautzen, dans la Lusace, [Gaspard Peucer] acheva ses cours Ă lâacadĂ©mie de Wittenberg, et y prit ses degrĂ©s. Son activitĂ© lui mĂ©ri-ta lâamitiĂ© de MĂ©lanchthon, dont les conseils lui furent trĂšs utiles, et qui finit par lui donner en mariage une de ses filles. Peu-cer, chargĂ© dâabord de lâenseignement des mathĂ©matiques, fut pourvu, en 1559, dâune chaire de mĂ©decine, quâil remplit avec beau-coup de succĂšs. Il se vit alors lâobjet des
attentions de toute la Saxe. LâĂ©lecteur lui-mĂȘme, charmĂ© dâavoir fixĂ© dans ses Ă©tats un homme dâun si rare mĂ©rite, le confirma dans la sur-
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intendance de lâacadĂ©mie, dont, Ă sa priĂšre, il augmenta les revenus, et lui fit lâhonneur dâĂȘtre le parrain [dâun de ses enfants]. Cette haute faveur fut de courte durĂ©e. Les liaisons de Peucer avec Hubert Lan-guet, calviniste zĂ©lĂ©, le firent soupçonner dâen partager les opinions, et refroidirent lâĂ©lecteur Ă son Ă©gard. On rĂ©pandit le bruit quâil favorisait la lecture des ouvrages de ThĂ©od. De BĂšze ; enfin ses enne-mis lâaccusĂšrent dâĂȘtre lâauteur dâun traitĂ© de la CĂšne, composĂ© dâaprĂšs les principes de Zwingli. MandĂ© Ă Dresde (1er avril 1574), pour se justifier des imputations qui pesaient sur lui, il fut jetĂ© dans une pri-son, et traitĂ© avec la derniĂšre rigueur. En vain Peucer protesta de son innocence. On lui fit entendre que lâaveu de ses fautes pouvait seul en mĂ©riter le pardon ; et il consentit enfin Ă signer une dĂ©claration qui lui fut dictĂ©e par ses juges eux-mĂȘmes. Cet acte, qui lui avait Ă©tĂ© arrachĂ© par ses ennemis, devint entre leurs mains une arme terrible. On lâavait obligĂ© de se reconnaĂźtre le chef dâun complot tendant Ă faire prĂ©valoir dans la Saxe les principes du calvinisme ; on voulut le contraindre Ă nommer ses complices : en vain protesta-t-il quâil nâen avait pas ; le malheureux Peucer, au lieu de la libertĂ© quâon lui avait pro-mise, fut renfermĂ© dans une tour, et traitĂ© comme un criminel dâĂ©tat. Son courage lâempĂȘcha de se livrer au dĂ©sespoir : il finit mĂȘme par sâhabituer Ă sa prison ; et, comme il Ă©tait privĂ© de papier et dâencre, il prit une Bible, qui faisait son unique lecture, et Ă©crivit ses pensĂ©es sur les marges avec une paille trem-pĂ©e dans une liqueur oĂč il avait fait dissoudre des croĂ»tes de pain brĂ»lĂ©es. Lâempereur et le landgrave de Hesse sollicitĂšrent inutilement la grĂące de Peucer. Ce ne fut quâau bout de onze annĂ©es quâil recouvra sa libertĂ©, Ă la priĂšre du prince dâAnhalt, beau-pĂšre de lâĂ©lecteur de saxe. Il sortit de prison, le 8 fĂ©vrier 1586, aprĂšs avoir jurĂ© solennellement quâil ne se permettrait jamais aucune plainte sur la maniĂšre dont on en avait agi avec lui. Il apprit alors que sa femme Ă©tait morte de chagrin, et que ses biens avaient Ă©tĂ© dissipĂ©s pendant sa longue dĂ©tention. Il se retira Ă Zerbst, dans les Ă©tats du prince dâAnhalt, et Ă©pousa, en 1587 [, le 30 mai], une riche veuve [Christine Schildin, veuve de JĂ©rĂŽme Bergmann, consul de Baut-zen], qui voulut faire partager sa fortune Ă un homme quâelle estimait. Peucer mourut Ă Dessau, le 25 septembre 1602, Ă lâĂąge de soixante-dix-huit ans, regrettĂ© pour la douceur de ses mĆurs et pour sa pro-bitĂ©.[âŠ] Câest Peucer qui fut lâĂ©diteur des Ćuvres de MĂ©lanchthon, son beau-pĂšre, quâil publia Ă Wittenberg, en 1562, avec des prĂ©faces Ă la tĂȘte de chaque volume. » (Biographie universelle, Paris, Michaud, 1823, XXXIII, pp. 539-541). « Il a laissĂ© des Livres de Physique & de MĂ©decine qui lui ont fait beaucoup dâhonneur : heureux si se contentant de se mĂȘler de sa Profession, il ne fut point entrĂ© dans les disputes des ThĂ©ologiens. » (L. E. du Pin : BibliothĂšque des auteurs sĂ©parez de la communion de lâEglise romaine, du dix-septiĂšme siĂšcle, Paris, AndrĂ© Pralard, 1719, t. II, p. 18). Voici comment Gaspard Peucer se prĂ©sente : « Jâai Ă©tĂ© utile Ă ceux Ă qui jâai pĂ» rendre service. Je nâai nui Ă personne. Je nâai dĂ©noncĂ© qui que ce soit. Je ne me suis pas vangĂ© des injures quâon mâa faites. Je nâai jamais inspirĂ© de la haine aux Princes, je ne les ai jamais aigris lorsquâils Ă©toient en colĂšre. Jâai tĂąchĂ© de plaire Ă tout le monde, & mĂȘme Ă mes ennemis. Je nâai pas mĂ©dit de mon prochain, ni enviĂ© son bonheur. Je ne me suis pas rĂ©joui de la calamitĂ© des autres, & jâai eu souvent dans la bouche ces mots, quâon est bien malheu-reux, de faire son supplice de leur fĂ©licitĂ©. Je nâai pas insultĂ© les affligĂ©s, bien loin dâaugmenter leur misĂšre & de contribuer Ă leur ruine. Je nâai jamais exagĂ©rĂ© les fautes des autres, & si je nâai pĂ» les excu-ser, je les ai extĂ©nuĂ©es autant quâil mâa Ă©tĂ© possible. Jâai regardĂ© la bienvaillance des Princes comme un bien funeste, & plus ils mâĂ©taient favorables, plus je mâhumiliois, apprĂ©hendant de perdre leurs bonnes graces, pendant que la bonne fortune rendoit les autres insolens. Je savois quâil nây a rien de ferme ni de durable dans les choses humaines, sur-tout Ă la Cour ; que de la plus haute Ă©levation on tomboit dans le prĂ©cipice, & que plus mon bonheur avait Ă©tĂ© prompt, plus ma chĂ»te seroit subite. Dieu qui connoĂźt les cĆurs mâest tĂȘmoin que je ne mens point, & mes Amis, Ă qui jâai dĂ©couvert mes pensĂ©es, peuvent en rendre tĂ©moignage. » (Histor. Carcer. pp. 67-68, texte extrait de Antoine Teissier : Les Ă©loges des hommes savans, tirez de lâHistoire de M. de Thou, Leyde, 1715, t. IV, p. 417). Notre ouvrage, divisĂ© en deux parties, contient, outre lâhistoire de lâemprisonnement et de la libĂ©ration de Peucer, le testament de lâauteur, la table des matiĂšres, une prĂ©face, son portrait sous le titre Aulicus (câest lâ histoire de sa vie, de la maniĂšre dont il sâest conduit Ă la Cour, et de tout ce qui sâest passĂ© Ă son Ă©gard avant et aprĂšs son emprisonnement), sa profession de foi, des lettres Ă lâElecteur de Saxe, des Ă©crits religieux (dont deux controverses : « de Christo filio Dei, vero Deo & homine » et « de vera prĂŠsentia Christi in Sacra CĆna »), ses mĂ©ditations durant son incarcĂ©ration, le dĂ©cret du Consistoire de Dresde concernant sa sĂ©pulture dans lâĂ©ventualitĂ© de son dĂ©cĂšs en prison, des extraits de la correspon-dance entre le duc de Wurtemberg et Guillaume, Landgrave de Hesse, au sujet de Peucer, etc. Christophe Pezel (5 mars 1539, Plauen â 24 fĂ©vrier 1604, BrĂȘme), professeur Ă Wittenberg, puis pas-teur Ă BrĂȘme, fut un thĂ©ologien calviniste influent qui introduisit la religion rĂ©formĂ©e Ă Nassau-Dillembourg et Ă BrĂȘme. Il a Ă©ditĂ© de nombreux Ă©crits thĂ©ologiques, dont les plus importants sont la theologici Loci de son maĂźtre, Victorinus Strigel (Neustadt, 1581-1584) et les Consilia de Melanchthon (1600).
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VD 17, 12 : 116322 H ; Nicéron, XXVI, 172-173 ; Louis Ellies du Pin, II, 16-18 ; A. Teissier, IV, 414-420 ; Oettinger, 1409. Vélin légÚrement sali au dos, quelques épidermures en queue du dos. Intérieur frais. Ouvrage rare à la prove-nance prestigieuse.
« Apparition du déisme critique dans un roman conventionnel »
14. [Tyssot de Patot, Simon.] Les Amours et les Avantures dâArcan et de BĂ©lize. Histoire vĂ©ritable, traduite du Latin en Français par le Chevalier de P. Leyde, ThĂ©odore Haak, 1714. in-12 de [8], 362, [9, 1 bl.] pp. Frontispice gravĂ© sur cuivre de R. Blockhuysen, 7 gr. s. c. hors texte, p. de titre en rouge et noir avec un ornement typographique, lettre ornĂ©e et bandeau. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 4 nerfs fleuronnĂ©s Ă la roulette, au filet et aux pe-tits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin havane, simple filet estampĂ© Ă froid sur les plats, roulette dorĂ©e sur les coupes, tranches mouchetĂ©es. 300 âŹ
Edition originale dâun ouvrage rare ; « les bibliographies nationales, tout comme les catalogues de bibliothĂšques, sembl[ent] ignorer son existence » (Aubrey Rosenberg). Ăcrivain d'expression française, Simon Tyssot de Patot (Londres 1655 â 1738) fut protestant et passa la majeure partie de sa vie en Hollande comme professeur de mathĂ©matiques Ă l'Ăcole de Deventer. Il cri-tiqua audacieusement les dogmes chrĂ©tiens dans les romans utopiques qu'il composa. Les hĂ©ros des Voyages et aventures de Jacques MassĂ© (vers 1714) et de la Vie, les aventures et le voyage de Groen-land (1720) quittent l'Europe pour des terres lointaines oĂč ils dĂ©couvrent des sociĂ©tĂ©s pratiquant l'Ă©galitarisme et professant la religion naturelle. Ces romans accumulent les Ă©pisodes et les rĂ©cits en-chĂąssĂ©s, les dissertations et les hors-d'Ćuvre, mais tous ces Ă©lĂ©ments convergent pour dĂ©noncer les impostures clĂ©ricales et prĂȘcher, avec plus ou moins de prudence, le doute cartĂ©sien et un sensualisme Ă©voluant vers le matĂ©rialisme. AccusĂ© d'athĂ©isme et d'immoralisme par les autoritĂ©s rĂ©formĂ©es, Tyssot perdit sa place. Il publia Ă©galement des poĂ©sies et un recueil de lettres (1727). (EncyclopĂ©die Larousse). Aubrey Rosenberg, professeur de littĂ©rature française Ă lâUniversitĂ© de Toronto, observe que notre « ou-vrage contient un mĂ©lange dâĂ©lĂ©ments caractĂ©ristiques des romans historiques, sentimen-taux, chevaleresques, hĂ©roĂŻques, baroques et rĂ©alistes, avec une variĂ©tĂ© de digressions qui ne con-tribuent en rien au dĂ©veloppement de lâintrigue. » Il prĂ©cise que, du point de vue de lâoriginalitĂ©, est ex-posĂ© pour la premiĂšre fois dans un roman conventionnel le thĂšme du dĂ©isme critique, câest Ă dire lâappel Ă la raison, la critique de la superstition et du clergĂ©, une enquĂȘte sur lâorigine du monde et la nature de Dieu, et ainsi de suite. Lâouvrage comprend une dĂ©dicace « Ă Mademoiselle la baronne D. » et un catalogue de lâĂ©diteur. A.-R. Blockhuysen fut un dessinateur et graveur flamand qui travaillait Ă Leyde au commencement du XVIIIe siĂšcle pour les libraires. (Le Blanc : Manuel de lâamateur dâestampes. Paris, Jannet, 1854, t. I, p. 373.)
Gay-Lemonnyer : Bibliographie des ouvrages relatifs Ă lâamourâŠ, I, 131 ( donne Puisieux pour le « chevalier de P.») ; Aubrey Rosenberg : âTyssot de Patotâs âLostâ Novel : Les Amours et Avantures dâArcan et de BĂ©lize,â Romance Notes, Spring, 1981, pp. 349-351 ; Aubrey Rosenberg : Le DĂ©isme critique dans un roman â inconnuâ de Tyssot de Patot, University of Toronto, [1988], pp. 67-73. Pas chez QuĂ©rard, Barbier, Tchemerzine, ni Ciora-nescu.
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Coiffes arasĂ©es, usures aux coins et aux coupes infĂ©rieures, mors fendillĂ©s ; rares mouillures marginales nâaffectant pas les gravures. Bon exemplaire cependant.
« Une fort bonne analyse des livres dâAristote »
15. Vossius, Johannes-Gerardus. Philosophia et philosophorum sectis. Libri II. HagĂŠ-Comitis [La Haye], Adrian Vlacq, 1658 (pour le livre I) et 1657 (pour le livre II). 2 ouvrages en 1 vol. Petit in-4° de [8], 182, [12] pp., 1 f. bl. ; [8], 117, [9] pp., 1 f. bl. Avec Ă la 1Ăšre partie, la p. de t. en rouge et noir avec marque dâimprimeur sur bois gravĂ© reprĂ©sentant le soleil et un livre ouvert avec la devise « Hic noctis tenebras, Hic pectoris aufert » ; Ă la 2Ăšme partie, une autre belle vignette Ă©galement en bois gravĂ© reprĂ©sentant un phĂ©nix sur un foyer embrasĂ© par les rayons solaires avec la devise « Ex morte immortalitas » ; belle grande lettre initiale Ă la prĂ©face. Plein veau brun mouchetĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 4 nerfs richement ornĂ©s de filets, rou-lettes et petits fers dorĂ©s, titre dorĂ©, tranches mouchetĂ©es de rouge. 500 âŹ
Edition originale rĂ©Ă©ditĂ©e dans le De artium et scientiarum natura (livres IV et V), Ă Amsterdam, chez Blaeu, 1696-1701. Belle Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire en dĂ©but dâouvrage signĂ©e Isaac Vossius (Leyde, 1618-Windsor, 1689), fils de lâauteur, bibliothĂ©caire et maĂźtre de littĂ©rature grecque de Christine de SuĂšde. LâĂ©pĂźtre est adressĂ©e Ă Conrad van Beuningen (1622-1693), diplomate hollandais, ancien Ă©lĂšve de Johannes Gerardus, et qui Ă©labora avec Isaac un traitĂ© sur la circulation naturelle de lâair. Table des chapitres et index dans chaque livre. Johannes-Gerardus Vossius (Heidelberg, 1577-Amsterdam, 1649), lâun des derniers humanistes et Ă©ru-dits universels, fut lâun des professeurs les plus renommĂ©s de lâUniversitĂ© de Leyde, oĂč il enseigna la rhĂ©torique pendant dix ans. Il occupa ensuite la chaire dâhistoire Ă lâEcole illustre dâAmsterdam en 1632 oĂč il est appelĂ© dĂšs sa fondation. Il publia divers ouvrages sur lâhistoire, la rhĂ©torique, la grammaire, ainsi quâun dictionnaire Ă©tymologique. Il fut lâami de Grotius et lâun des humanistes les plus estimĂ©s de son Ă©poque. Sa Philosophia traite de la logique, de la philosophie spĂ©culative et pratique, y compris la morale, de la politique, de lâart militaire, de la mĂ©decine, de la thĂ©ologie naturelle, de la divination et de la chimie. Michaud note quâon y trouve « une fort bonne analyse des livres dâAristote. » Le Philosopho-rum sectis a pour objet les thĂ©ories philosophiques grecques anciennes accompagnĂ© de lâhistoire de
leurs Ă©coles. Michaud prĂ©cise que « Bayle et dâautres critiques ont remarquĂ© plusieurs inexactitudes dans ce traitĂ© que lâauteur nâavait point livrĂ© au public et dont la premiĂšre Ă©dition nâest [âŠ] que de 1658 (sic). » Il ajoute cependant que « tous ses livres sont Ă©crits en latin avec une Ă©lĂ©gance fort remarquable [et que] lâimmortalitĂ© est promise Ă ses ouvrages dans lâĂ©pitaphe que Thysius a inscrite sur son tombeau : "Invida Mors ridet, ridet quoque Vossius illam / DĂčm calamo Mortem vincit et ingenio." (Michaud : Bio-graphies universelles, Paris, 1827, t. XLIX, p. 550) Adrien Vlacq, imprimeur-libraire hollandais, est ori-ginaire de Gouda. Il a publiĂ© en 1659 une contrefaçon
de Johannes Elzevier et de Pieter Leffen, et a Ă©galement publiĂ© sous les fausses adresses et pseudo-nymes de « Cologne, Pierre Du Marteau » et « Amsterdam, Peter Le Grand ». Ăgalement mathĂ©maticien connu pour ses travaux sur les logarithmes et auteur d'ouvrages d'astronomie et de pamphlets en faveur des royalistes anglais en 1652-1655, il meurt peu avant le 8 avril 1667. Des Ă©ditions paraissent encore sous son nom jusqu'en 1669, en association avec Johannes Vlacq. Ex-libris manuscrit dâun jĂ©suite nommĂ© Oudin Ă la p. de t.
EncyclopĂ©die philosophique universelle : Les Ćuvres philosophiques, Dictionnaire. Presses Universitaires de France, t. I, p. 1535 Plats Ă©pidermĂ©s et frottĂ©s ; intĂ©rieur trĂšs frais. Bon exemplaire.
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Théùtre-Poésie
Variations douces amĂšres sur lâAmour
16. Berl, Jean. Jeu de dupes. Romances. Paris, La presse Ă bras, 22 avril 1932. In-4° de 65, 1 bl. pp., 1 f. de justification, 3 ff. blancs. Titre, initiales et numĂ©rotation des poĂšmes en bleu. Demi-box bleu marine de lâĂ©poque coupĂ© en biais sur les plats et bordĂ© dâun double filet dorĂ©, dos Ă 2 faux nerfs ornĂ© Ă la roulette et aux petits fleurons dorĂ©s avec le titre dorĂ©, papier « ocĂ©an » sur les plats, pages de garde marbrĂ©es en bleu et vert. 300 âŹ
Unique Ă©dition extrĂȘmement rare de ce poĂšte des annĂ©es 30. PubliĂ© Ă 200 exemplaires, cet exemplaire est le n° 79. Jean Berl a dĂ©diĂ© lâouvrage Ă sa femme :
« Quand tu nâes pas lĂ je mâennuie, Mais tu mâennuies quand tu es lĂ . »
Cette dĂ©dicace ironique donne le ton du recueil ; les 52 romances qui le composent sont des variations douces amĂšres sur lâamour :
« Mes serments, tu dis quâil les faut Graver sur le sable ! Non ! le sable est encor trop stable : JâĂ©cris sur lâeau. » (XXIV) « Trouant le rideau de suie Quels doigts ont ouvert Vos deux yeux beaux comme un air Dâorgue sous la pluie ? » (XXVI)
Lâexemplaire est imprimĂ© Ă presse Ă bras par RaphaĂ«l Maillol sur papier vergĂ© pur fil des cuves de Montval fabriquĂ© spĂ©cialement pour cet ouvrage par Gaspard Maillol. Vers 1910, Aristide et Gaspard Maillol, mĂ©contents des papiers cellulose chlorĂ©s qui jaunissent et se dĂ©gradent avec le temps, crĂ©ent Ă partir des draps de lin et de tissus de chanvre un papier dâun blanc et dâune texture exceptionnelle, le « papier de Montval ».
MalgrĂ© quelques infimes rousseurs et taches sur les tranches, lâexemplaire est en parfait Ă©tat.
« 6 lettres de lâauteur au sujet de sa piĂšce »
17. Bouilhet, Louis. HĂ©lĂšne Peyron, drame en cinq actes, en vers. Paris, A. Taride, 1858. In-12. 136 pp. Demi marocain fauve du temps, dos Ă 5 nerfs avec titre dorĂ©, tĂȘte dorĂ©e, non rognĂ© ; couverture et dos conservĂ©s (Champs). 1 300 âŹ
Edition originale enrichie de 6 lettres manuscrites de lâauteur Ă propos de sa piĂšce (17 aoĂ»t 1857-8 janvier 1858) : 5 adressĂ©es Ă La Rounat, directeur du thĂ©Ăątre de lâOdĂ©on, et 1 Ă EugĂšne Delattre, avocat, ancien Ă©lĂšve de Bouilhet Ă Rouen, et propriĂ©taire du journal LâAudience. Louis-Hyacinthe Bouilhet (Cany, 1821-Rouen, 1869), condisciple de Flaubert au collĂšge de Rouen, fut interne en mĂ©decine Ă lâHĂŽtel-Dieu que dirigeait le docteur Flaubert, pĂšre de Gustave. Il abandonna la mĂ©decine pour la carriĂšre des lettres avec un certain succĂšs, notamment au thĂ©Ăątre (Madame de Montar-cy). Il avait « une verve, une fantaisie rieuse, une perfection technique qui retiennent encore Ă cette Ćuvre les esprits curieux. On peut considĂ©rer Bouilhet comme le prĂ©curseur de lâĂ©cole parnassienne. » (Talvart et Place : Bibliographie des auteurs modernes de langue française (1801-1927). II, 142, 3). Ami fidĂšle de Flaubert, il fut le dĂ©dicataire de Madame Bovary ; câest lui qui avait indiquĂ© Ă Gustave le
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fait divers qui fut Ă lâorigine du roman. Ce dernier Ă©crivait Ă George Sand le 12 janvier 1870 : « En per-dant mon pauvre Bouilhet, jâai perdu mon accoucheur, celui qui voyait dans ma pensĂ©e plus clairement que moi-mĂȘme. » Il fut conservateur de la bibliothĂšque de Rouen. HĂ©lĂšne Peyron fut crĂ©Ă©e Ă lâOdĂ©on le 11 novembre 1858. La piĂšce connut 80 reprĂ©sentations malgrĂ© un accueil mitigĂ© comme en tĂ©moigne lâarticle dâEugĂšne Lataye paru dans la Revue des Deux Mondes : « M. Louis Bouilhet traduit une inspiration rĂ©ellement poĂ©tique par des rĂ©miniscences dont il nâa point su encore dĂ©gager une vĂ©ritable personnalitĂ©. On lui a reprochĂ© avec raison lâabus des images et des mĂ©taphores, la tendance Ă transformer perpĂ©tuellement lâidĂ©e en un objet sensible, lâemploi de comparaisons vieillies, de procĂ©dĂ©s convenus, toutes choses dont lâeffet est dâautant plus fĂącheux quâelles sont elles-mĂȘmes le rĂ©sultat de lâimitation. [âŠ] HĂ©lĂšne Peyron nâest pour le talent de M. Bouilhet ni un progrĂšs ni une dĂ©cadence ; câest la mĂȘme maniĂšre, transportĂ©e seulement dans un cadre moins heureux, car la comĂ©die ne sâaccommode guĂšre du vers romantique. Au point de vue quâil a lui-mĂȘme choisi, M. Bouilhet serait donc lâun des derniers reprĂ©sentants de cette Ă©cole qui crut remplacer par la poĂ©sie lyrique lâanalyse rĂ©guliĂšre des sentiments et le dĂ©veloppement logique des caractĂšres. La nullitĂ© des personnages, lâabsence presque complĂšte de lâaction, lâirrĂ©gularitĂ© du plan sont des dĂ©fauts assez visibles dans HĂ©lĂšne Peyron. Pourtant, croyons-nous, M. Bouilhet avait tentĂ© dâĂ©chapper cette fois, par le choix de son sujet, aux puissantes influences qui avaient dominĂ© complĂštement son premier drame ; mais la constante prĂ©occupation dâune certaine forme lâa ramenĂ© sur lâecueil quâil voulait Ă©viter. Ce soin prĂ©cieux dâun style factice lui a fait oublier et la composition dramatique et lâĂ©tude des carac-tĂšres. Or le style nâest que lâenveloppe de lâidĂ©e ; il nâest rien sans elle. M. Bouilhet sâengage donc dans une mauvaise voie en transportant dans le style un spectacle que M. Victor Hugo introduisait dans les accessoires dramatiques ; il fait combattre pour lâheureux effet dâune pĂ©riode les mots qui la composent comme autant de partisans isolĂ©s. Câest lĂ une erreur et un danger ; le beau dans le style obĂ©it aux lois communes. Ce doit ĂȘtre un ensemble harmonique dâĂ©lĂ©ments simples. » (2e pĂ©riode, tome IX, 1859, pp. 508-511). Reliure de V[ictor] Champs (1844-1912) dont les reliures sont recherchĂ©es par les collectionneurs pour la bonne tenue de leurs corps dâouvrage et le fini du travail (Julien FlĂ©ty : Dictionnaire des relieurs français ayant exercĂ© de 1800 Ă nos jours).
Vicaire, I, 893. LĂ©gĂšre Ă©pidermure au dos. Bel exemplaire dans une Ă©lĂ©gante reliure de Victor Champs. Les 6 lettres sont contenues dans une enveloppe ancienne collĂ©e sur la 2Ăšme p. de garde avec, rĂ©digĂ© au crayon, le commentaire suivant : « ⊠Elles concernent sa piĂšce HĂ©lĂšne Peyron, quâil Ă©crivait Ă Mantes, en fin dâannĂ©e 1857, dans la solitude. Dumas fils avait fait Ă©crire dans les journaux parisiens que Louis Bouilhet (dont la piĂšce Ă©tait annoncĂ©e sous le titre de La Fille Naturelle, titre auquel lâauteur nâavait jamais songĂ©) sâĂ©tait emparĂ© de lâidĂ©e de la piĂšce que lui-mĂȘme Ă©tait en train dâĂ©crire sous le titre du Fils Naturel [comĂ©die en 5 actes donnĂ©e Ă Paris, au Gymnase dramatique, le 16 janvier 1858]. Grande indignation de Louis Bouilhet qui (dans les lettres ci-jointes) fait appel au souvenir de ses amis pour dĂ©montrer lâoriginalitĂ© et lâantĂ©rioritĂ© de la concep-tion. » Excellent Ă©tat gĂ©nĂ©ral des lettres.
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I. L.A.S. [à La Rounat]. Mantes, lundi 17 août 1857. 3 pages in-8° sur une feuille de pa-pier bleu pliée en 2. Une petite fente au centre de la pliure.
Bouilhet sâĂ©tonne de lâannonce de sa piĂšce dans les journaux et informe La Rounat de lâavancement de son tra-vail. « ⊠je ne sais pas qui a fait mettre dans les journaux le titre et lâannonce de ma piĂšce â câest un ami qui aura voulu me faire prendre rang, Ă cause du fils naturel de Dumas. du reste La fille naturelle nâest point le titre de mon drame. â câest : HĂ©lĂšne Peyron / il sâagit, il est vrai dâune fille naturelle â mais jâai Ă©tĂ© grandement surpris de voir cela annoncĂ© dans les journaux â ma piĂšce nâest point aussi avancĂ©e quâon le dit â je termine le second acte. les cinq actes seront faits pour le mois de dĂ©cembre â pas avant â câest pour moi un coup dĂ©cisif, et jây vais avec lenteur et prudence. ce qui mâa demandĂ© le plus de temps â une fois le sujet trouvĂ© â câest le scĂ©nario de la piĂšce â quand il a Ă©tĂ© terminĂ©, jâai Ă©tĂ© Ă Paris pour te le lire, mais quatre fois, je tâai trouvĂ© absent â jâai donc commencĂ© les vers â je crois, du reste, que le scĂ©nario, cette fois, est solide â je suis en pleine actualitĂ©, et, ce qui est pour moi un bon signe, je mâamuse beaucoup Ă Ă©crire ce drame â qui est en grande partie une comĂ©-die de caractĂšre[âŠ] je vis retirĂ© du monde â je ne rentrerai Ă Paris quâavec mes cinq actes dans ma poche⊠»
II. L.A.S. à La Rounat. [Mantes, c.a. fin novembre 1857] 4 pp. in-8° sur une feuille de papier jauni pliée en 2.
Bouilhet se justifie face aux attaques de Dumas fils, et donne des prĂ©cisions intĂ©ressantes concernant la gestation et la rĂ©daction de sa piĂšce. « ... jâai fouillĂ© toutes mes lettres, je ne retrouve que celle qui a prĂ©cĂ©dĂ© ton second voyage. mais, Ă te dire le vrai, je crois que tu es venu directement Ă Mantes, sans me prĂ©venir. je devais te voir Ă Paris, et jâavais manquĂ© le rendez-vous. tĂąche de te rappeler ces circonstances. donc, si tu as Ă©crit Ă quelquâun, vers cette Ă©poque, câest Ă Flaubert. tu devrais lui toucher deux mots de la chose.
quant Ă lâinqualifiable accusation de Dumas fils, câest Ă ne pas y croire. Du reste rien nâest plus facile Ă dĂ©truire que cette lĂ©gĂšre calomnie dâun homme qui se sent probablement Ă bout de forces. Jâai trouvĂ© mon sujet Ă Mantes, dans les premiers jours de mai â lâaccouchement a eu des tĂ©moins â jâai commencĂ© Ă lâĂ©crire le 15 juin â vers le 20, jâallais Ă Paris â pour un banquet offert Ă PhiloxĂšne Boyer â je communiquai tout mon scĂ©na-rio, comme il est aujourdâhui, Ă mon ami Charles Dâosmoy â et, je crois, Ă Mr Delattre, avocat. gens quâon pourrait appeler en tĂ©moignage, si besoin Ă©tait â dâautre part, Flaubert a de moi des lettres oĂč je lui parle de mon scĂ©nario jour Ă jour, scĂšne Ă scĂšne, Ă©crites dans le mois de mai â jâai en outre communiquĂ© mon scĂ©nario Ă 3 amis de Rouen, vers la mĂȘme Ă©poque.
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Ce sont les journaux qui mâont annoncĂ©, Ă mon grand Ă©tonnement, le titre de la piĂšce de Dumas, et le titre de la mienne, car jamais je nâai eu lâidĂ©e de lâintituler ainsi â mon titre Ă©tait alors et est encore : HĂ©lĂšne Peyron. donc si les journaux ont pu annoncer de moi une fille naturelle, câest quâils devaient la communication de mon sujet Ă un de mes amis. Je crois que câest PhiloxĂšne Boyer qui a fait mettre dans La presse lâannonce que tu as lue, et qui a Ă©tĂ© reproduite par le Figaro â avec une 3e piĂšce ["LâEnfant de lâamour "], mĂȘme sujet, par Mr Du-penty, je crois.
dans tous les cas, Boyer qui est venu Ă Mantes, avant ton premier voyage, pourra tĂ©moigner que jâavais mon sujet Ă cette Ă©poque.
enfin â quand tu es venu â jâavais fait tout le 1er acte, que je tâai lu Ă toi et Ă Fechter [directeur de lâOdĂ©on, comme La Rounat] â vous ne vouliez mĂȘme pas connaĂźtre le scĂ©nario, avant la lecture â ce nâest quâaprĂšs, que je vous ai dĂ©veloppĂ© le sujet. une chose certaine, câest que tu ne savais pas toi-mĂȘme, positivement, si ma piĂšce inconnue serait pour lâOdĂ©on, bien que la note des journaux lâait annoncĂ© dĂšs lors, par anticipation.
cette accusation de Dumas se rattache peut-ĂȘtre Ă un autre petit fait qui mâa Ă©tonnĂ© la semaine passĂ©e. on a Ă©crit dans le journal de Rouen que jâavais terminĂ© 2 actes de mon drame â or, Ă Rouen, plus que partout ail-leurs, on est au courant de ce que je fais â donc lâentrefilet vient de Paris, et de la part de gens qui seraient, sans doute, heureux de prouver que mon sujet ne mâest venu que tard, et aprĂšs lecture des journaux annonçant le titre de Dumas â je suppose cela â je nâen ai pas de preuves. la vĂ©ritĂ© est que jâai terminĂ© le 4Ăšme acte, dâune façon dĂ©finitive, et que je suis Ă la moitiĂ© du 5Ăšme [,] tout sera terminĂ© dans une douzaine de jours. ne serait-il pas bon que tu fisses annoncer cela ? vois et dĂ©cide â tout cela est bien misĂ©rable â et dĂ©goĂ»terait du mĂ©tier â si lâon nâavait une foi supĂ©rieure Ă toutes ces sottises â franchement, quand jâai su que Dumas fils traitait le mĂȘme sujet que moi, jâen ai Ă©tĂ© dans la jubilation. pourquoi ne fait-il pas de mĂȘme ?
Adieu â je vais Ă©crire tout cela Ă Flaubert, pour lâamuser un peu. (sâil faut cent preuves, tu les auras.) serre pour moi la main de Fechter â et Ă bientĂŽt â je crois que nous ferons bien de nous occuper vite des
rĂ©pĂ©titions â tout Ă toi L. Bouilhet
[Ă©crit verticalement dans la marge :] â sâil se produit quelque incident nouveau Ă ce sujet â Ă©cris-moi. Ce quâil y a de bon, câest que je ne savais mĂȘme pas que Dumas fils tâavait racontĂ© sa piĂšce â tu mâas dit seulement quâil disait beaucoup de mal de la Montarcy â tu vois que jâai la mĂ©moire fidĂšle.â»
Dans sa lettre adressĂ©e le 1er dĂ©cembre 1857 Ă Flaubert, Bouilhet prĂ©cise : « je viens de rĂ©pondre Ă La Rounat qui me demandait une lettre de lui, quâil croit mâavoir Ă©crite, et dans laquelle il me demandait ce que je faisais. Mais il se trompe, il est venu Ă Mantes, directement, et mâa surpris au lit un matin, sans sâĂȘtre annoncĂ©. Câest peut-ĂȘtre toi qui aurait des lettres de lui dans ce sens-lĂ . [âŠ] Si tu ne les as pas brĂ»lĂ©es ou perdues, elles pourraient lui ĂȘtre agrĂ©ables Ă tenir dans ses mains, si toutefois il y est question de moi. » (Correspondance de Flaubert, La plĂ©iade, t. II, p. ) Bouilhet insiste encore : « TĂąche, si tu as un moment de retrouver mes lettres du mois de mai et juin, oĂč mon scĂ©nario est expliquĂ© scĂšne Ă scĂšne, avec tous les dĂ©tails de lâaccouchement. » (mĂȘme lettre ?) Charles Rouvenet de La Rounat (1818-1884), auteur dramatique, fut directeur du thĂ©Ăątre de lâOdĂ©on. Charles François Romain Le BĆuf comte dâOsmoy (1827-1894), conseiller gĂ©nĂ©ral de lâEure en 1862, dĂ©putĂ© en 1871 et sĂ©nateur en 1885, collabora avec Flaubert et Bouilhet Ă la rĂ©daction du « ChĂąteau des cĆurs ». PhiloxĂšne Boyer (Cahors, 1825-1867), Ă©crivain, fut lâami de Flaubert, Hugo, Baudelaire et des poĂštes parnassiens.
III. L.A.S. à La Rounat. Mantes, vendredi [4 décembre 1857]. 2 pp. in-8° sur une demi-feuille de papier jauni.
Bouilhet adresse Ă son ami les lettres quâil demandait et quâil a reçues de Flaubert. « âŠFlaubert mâenvoie ces deux lettres de toi â elles sont, je crois, concluantes. malheureusement, il nâa pas mis les enveloppes â jâespĂšre quâil les a chez lui â je vais lui Ă©crire Ă ce sujet. / il tient, en outre, Ă la disposition du jeune Dumas une liasse de preuves antĂ©rieures Ă tes lettres. » Il prĂ©cise Ă©galement lâavancĂ©e de ses travaux : « ⊠dans cent vers, jâĂ©crirai : fin. »
Le lendemain, Bouihet Ă©crivait Ă Flaubert : « Merci, mon vieux, tes deux lettres me paraissent con-cluantes. Je les ai immĂ©diatement expĂ©diĂ©es Ă La Rounat (si tu nâas pas dĂ©truit les enveloppes des deux lettres tant mieuxâŠ) » (Ibid. t. II, p. )
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IV. L.A.S. [à La Rounat, Mantes,] mercredi 9 [décembre 1857], 2 pp. in-8° sur une feuille de papier bleu.
Bouilhet parle de ses problĂšmes de santĂ© dus Ă ses dĂ©mĂȘlĂ©s avec Dumas fils, et annonce lâachĂšvement imminent de sa piĂšce. « ⊠je pars demain pour Croisset â tu connais lâami Flaubert â il mâen voudrait Ă mort de lui manquer de pa-role â du reste jây serai huit jours, tout au plus. / jâai Ă©tĂ© un peu malade, ce qui mâa fait perdre quelques jours ; jâai encore une quarantaine de vers â tu vois que câest fini. Je crois que le 5Ăšme acte est bien venu maintenant. Sans mon indisposition, il serait terminĂ© â Le Dumas mâa remuĂ© la bile â câest fort bĂȘte â mais câest comme cela [âŠ] Ă Croisset, chez Flaubert / je vais avoir lĂ une huitaine pour donner le coup de pouce un peu partout â je nâen suis pas fĂąchĂ© !... »
Dans une lettre adressĂ©e Ă Flaubert le mĂȘme jour, Bouilhet dĂ©crivait « son indisposition » : « Tout ce vacarme mâa Ă©chauffĂ© la bile. FĂąhouthre, Docteur ! jâai Ă©tĂ© deux jours et deux nuits sans travail et sans sommeil. Je souffrais partout. » Suit la description des symptĂŽmes et des effets gastriques, pour con-clure par : « Trois jours perdus. » (Ibid. pp.)
V. L.A.S. à Delattre [Paris], 6 janvier 1858. 1 p. in-8° sur une feuille de papier jauni.
Bouilhet demande Ă lâavocat EugĂšne Delattre de rĂ©cupĂ©rer le manuscrit de sa piĂšce dĂ©posĂ© chez La Rounat, avec qui ses rapports semblent sâĂȘtre quelque peu tendus, comme en tĂ©moigne la lettre suivante. « âŠjâai absolument besoin de faire tirer copie de ma piĂšce HĂ©lĂšne Peyron â dĂ©posĂ©e par moi, au cabinet de Mr
Larounat. Je suis indisposĂ©, et je compte sur ta complaisance ordinaire, pour vouloir bien, en mon nom, rĂ©cla-mer le manuscrit, le plus tĂŽt possible â il me faut immĂ©diatement une copieâŠ. »
EugÚne Delattre (1830-1898), écrivain et avocat à Paris, ami de Gambetta et de Clémenceau, fut préfet de Mayenne en 1870 et député en 1881.
VI. L.A.S. Ă La Rounat, Paris, 8 janvier 1858. 2 pp. in-16 sur une feuille de papier jauni.
Brouille entre Bouilhet et La Rounat. « Tu sais, mon cher ami, que je tâai fait demander ma piĂšce dâHĂ©lĂšne Peyron, dĂ©posĂ©e momentanĂ©ment chez toi, pour en avoir moi-mĂȘme une copie. En effet, ce manuscrit est le seul complet et lisible que je possĂšde â câĂ©tait pour travailler aux nombreuses retouches que tu mâas demandĂ©es et que tu as signalĂ©es dĂ©jĂ Ă dâautres per-sonnes quâĂ moi.
mais jâai, en vain, passĂ© la nuit Ă relire ma piĂšce â je ne trouve rien â tes observations sont si capitales quâelles changent et dĂ©naturent mes intentions. Câest une autre piĂšce Ă faire. Je ne mâen sens point le courage. Excuse une manie dâauteur qui tient Ă son idĂ©e. Accuse mĂȘme si tu veux, mon indomptable paresse. dâailleurs, ce qui est plus important, les choses qui se sont passĂ©es entre nous me rendent Ă moi ma complĂšte libertĂ© ; je garde donc la piĂšce et jây renonce pour lâodĂ©on Mr. Delattre tâapporte un reçu signĂ© de moi. Je te salue L : Bouilhet »
La brouille sera passagĂšre, car la piĂšce sera finalement donnĂ©e Ă lâOdĂ©on le 11 novembre 1858, aprĂšs avoir Ă©tĂ© refusĂ©e au ThĂ©Ăątre-Français et Ă la Porte Saint-Martin. Flaubert, devant le dĂ©couragement de son ami, avait pris lâaffaire en main et sâĂ©tait occupĂ© de la reprĂ©sentation de la piĂšce.
Lettres particuliĂšrement instructives quant Ă lâĂ©laboration dâHĂ©lĂšne Peyron et intĂ©ressantes au vue de la Corres-pondance Ă©changĂ©e entre Flaubert et Bouilhet.
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« Recueil fort rare de la bibliothÚque de Robert Hoe, relié par Thibaron »
18. Bouillon, M. de. Les Ćuvres de feu Monsieur de BoĂŒillon, contenans Lâhistoire de
Ioconde. Le Mary Commode. LâOyseau de Passage. La mort de Daphnis. Lâamour desguisĂ©. Portraits. Mascarades. Airs de Cour. Et plusieurs autres pieces galantes. Paris, Louis Bil-laine, 1663. In-12 de 283, [3] pp., 2 ff. bl. Bandeaux, lettres ornĂ©es, culs de lampe. Plein maroquin au petit grain jansĂ©niste bleu nuit (1860-1874) dos Ă 5 nerfs, titre et date dorĂ©s, double filet dorĂ© sur les coupes, chasses richement ornĂ©e de filets et de larges roulettes dorĂ©es, toutes tranches dorĂ©es (Thibaron). 2 000 âŹ
Edition originale de ce « recueil fort rare » (Lemonnyer), parue Ă©galement la mĂȘme annĂ©e chez Jean Guignard, Claude Barbin et Charles de Sercy avec qui Louis Billaine sâĂ©tait associĂ©, comme en attestent le privilĂšge royal, lâenregistrement et lâachevĂ© dâimprimĂ© reliĂ©s en fin dâouvrage. M. de Bouillon, mort en 1662, gentilhomme attachĂ© au service de Gaston dâOrlĂ©ans, frĂšre de Louis XIII, puis promu son secrĂ©taire pour le cabinet des Finances de 1652 jusquâau dĂ©cĂšs de ce prince en 1660, appartenait avec Blot, MaulĂ©vrier, Verderonne, Ă lâĂ©quipe dâamuseurs dont Monsieur, amateur de gaillardises, Ă©gayait sa retraite de Blois. Ce recueil, dont les piĂšces ont Ă©tĂ© rĂ©-unies par La Place. (Cf. La Fontaine, Fables, contes et nouvelles, La plĂ©iade, p.1347), « contient, notamment, un grand nombre de chansons adressĂ©es aux personnes de la cour, et lâHymen, mascarade dansĂ©e Ă Blois devant leurs Al-tesses Royales, piĂšce dialoguĂ©e et divisĂ©e par entrĂ©es » (Lemonnyer). Michaud prĂ©cise que Bouillon eut des relations avec Chapelain, MĂ©nage, PĂ©-lisson et dâautres hommes de lettres de son temps, et quâil a laissĂ© quelques poĂ©sies, dans lesquelles la dĂ©cence nâest pas toujours respectĂ©e. « Il paraĂźt sâĂȘtre proposĂ© BensĂ©rade pour modĂšle dans ses airs de cour et mascarades, et il a quelques fois approchĂ© de sa maniĂšre. Câest Ă lâoccasion de sa Joconde et de celle de La Fontaine, que DesprĂ©aux a fait la Dis-sertation qui se trouve dans ses Ćuvres. » (Michaud, III, 191). Ce classique de la littĂ©rature satirique sur lâinfidĂ©litĂ© des femmes, tirĂ© du Roland furieux de lâArioste, fut imitĂ©e par La Fontaine, et seulement traduite par Bouillon (« il sâĂ©tait entiĂšrement attachĂ© Ă son texte, et nâavait pas abandonnĂ© dâun pas lâArioste » comme le prĂ©cise le Journal des savants du 26 janvier 1665.)
Thibaron (â 1885) fut un grand relieur parisien de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; Ă©lĂšve de Trautz, il sâassocia avec Joly en 1874, et signa dĂšs lors ses reliures Thibaron-Joly. Notre exemplaire a donc Ă©tĂ© reliĂ© avant 1874. (FlĂ©ty : Dictionnaire des relieurs fran-çais ayant exercĂ© de 1800 Ă nos jours. p. 167) Ex-libris dorĂ© sur cuir noir de Robert Hoe sur la contre-garde. Robert Hoe (New-York, 1839-Londres, 1909), cĂ©lĂšbre bibliophile amĂ©ricain, fut lâun des fondateurs du fameux cercle de bibliophiles amĂ©ricains, le Grolier club.
Cioranescu, 15 362 ; LachĂšvre : Bibliographie des recueils collectifs de poĂ©sies publiĂ©es de 1597 Ă 1700, II, 165-168 et III, 225-226 ; Lemonnyer : Bibliographie des ouvrages relatifs Ă lâamour, aux femmes et au mariage, III, 500. Mis Ă part quelques frottements aux nerfs et aux charniĂšres, ainsi que de fines annotations anciennes au crayon sur les pages de garde, câest un bel exemplaire finement reliĂ© et Ă la provenance prestigieuse. Non rĂ©pertoriĂ© par le ccfr pour cet Ă©diteur.
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« Comme les rayons du soleil illuminent lâobscuritĂ©, Les FlĂ©ches dâApollon transpercent la bĂȘtise et lâignorance »
19. [Chaudon, Esprit-Joseph]. Les FlĂ©ches dâApollon, ou nouveau recueil dâĂ©pigrammes
anciennes et modernes. Londres, s.n. [i. e. Paris, Cazin],1787. 2 vol. in-18 de 251 pp., 1 f. blanc ; 215 pp., 3 bl. pp. Plein veau porphyre de lâĂ©poque, dos long Ă quatre caissons riche-ment fleuronnĂ©s, piĂšce de titre et de tomaison en maroquin havane, triple filets dorĂ©s sur les plats, filet dorĂ© sur les coupes, roulette fleuronnĂ©e dorĂ©e sur les chasses, toutes tranches do-rĂ©es, gardes en papier Ă la cuve marbrĂ© bleu. 320 âŹ
Unique Ă©dition de ce recueil dâĂ©pigrammes et de poĂšmes satyriques, comiques et lĂ©gers, tirĂ©s de nom-breux auteurs français du XVIe au XVIIIe siĂšcle, dont Ronsard, Piron, Voltaire, Pavillon, Colletet, Scarron, Marot, FuretiĂšre⊠Avec, au tome I, un avertissement et un vĂ©ritable petit traitĂ© sur lâĂ©pigramme en guise de prĂ©face. Esprit Joseph Chaudon, nĂ© Ă Valensole en Provence vers 1738 et mort en 1800, fut prĂȘtre, bibliographe et homme de lettres français. Il enseigna les humanitĂ©s dans divers collĂšges oratoriens avant de se livrer Ă une carriĂšre littĂ©raire. Outre les ouvrages qu'il publia anonymement, il prĂ©para pour son frĂšre, Louis-Mayeul Chaudon, les matĂ©riaux qui devaient former la BibliothĂšque d'un homme de goĂ»t, Avignon, Au-banel, 1772, 2 vol. in-12 ; cet ouvrage sera ensuite refondu par lâabbĂ© de La Porte, Desessarts et Antoine-Alexandre Barbier. (Biographie universelle, supplĂ©ment, Paris, Michaud, 1836, t. LX, p. 555). Dans notre recueil, 49 piĂšces sont en Ă©dition originale dont 8 tirĂ©s dâun manuscrit de la bibliothĂšque du roi et 20 de lâabbĂ© Chaudon. A noter le piquant « Portrait du Charlatanisme, fait par lui-mĂȘme, dans un moment de franchise » (e.o.), la satyre vigoureuse des « Grands seigneurs » de Reignier des Marets, et le virulent « Portrait de la fausse philosophie » de Gilbert ; comme les rayons du soleil illuminent lâobscuritĂ©, les FlĂšches dâApollon transpercent la bĂȘtise et lâignorance.
Barbier, Dictionnaire des anonymes, II, 468 ; Cioranescu, 18 821. Quelques rares épidermures, intérieur trÚs frais. Bel exemplaire.
Edition originale « extrĂȘmement rare » magnifiquement illustrĂ©e par Monnier
20. Desmares, EugĂšne. Les MĂ©tamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831. Paris, De-launay, 1831. 2 vol. In-8° de 256 pp. (numĂ©rotĂ©es I Ă VI puis 9 Ă 256) ; 319, [1 bl.] pp. Faux-titre et 18 vignettes gravĂ©es sur bois debout en 2nd tirage dessinĂ©es par Henri Monnier et gra-vĂ©es par [Charles ou John] Thompson (1 rĂ©pĂ©tĂ©e aux p. de t., 10 au t.1 et 6 au t. 2). Demi-maroquin citron Ă coins de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement ornĂ©s de filets, roulette et petits
fers dorĂ©s, piĂšces de titre en maroquin havane, piĂšces de tomaison en maroquin Ă©meraude, date dorĂ©e en queue, filet dorĂ© bordant les plats, tĂȘtes dorĂ©es. 1 200 ⏠Ădition originale « extrĂȘmement rare » (Ro-chambeau, 397) de ce recueil satirique en douze livres de fables politiques, chacune deve-nant une parodie habile d'une fable composĂ©e par La Fontaine. Ce fut au lendemain des Ă©vĂš-nements de juillet 1830 que le journaliste EugĂšne Desmares (mort en 1839) Ă©dita ces fables converties en pamphlets rĂ©volutionnaires dirigĂ©s contre Louis-Philippe accusĂ© dâavoir confisquĂ© la rĂ©volution de 1830 Ă son profit. Leurs titres sont Ă©vocateurs : La RĂ©publique, le
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duc de Reichstadt, le duc de Bordeaux et le duc dâOrlĂ©ans (La GĂ©nisse, la ChĂšvre et la Brebis, en sociĂ©-tĂ© avec le Lion), Casimir Perrier voulant imiter Metternich (Le Corbeau voulant imiter lâAigle), Louis-Philippe et la LibertĂ© (Le Charretier embourbĂ©), etc... Lâauteur prĂ©cise dans sa PrĂ©face : « Entrez dans nos ministĂšres, dans nos administrations, dans nos chambres mĂȘmes ! ce ne sont pas des bĂȘtes que vous y trouvez ; ce ne sont point des renards, des loups, des buses ou des serpents ; ce sont bien des hommes ! avec des yeux plus ou moins faux, des mains plus ou moins longues, des bouches plus ou moins grandes ; des hommes ! en habits brodĂ©s, en livrĂ©es, en fracs Ă©lĂ©gans, en soutanes ; tous avec un ruban rouge ou bleu sur la poitrine. Mais Ă©coutez-les parler, leur nature change. [...] ce ne sont plus les BĂTES qui parlent le langage des HOMMES, mais bien les hommes celui des BĂTES. Si notre belle rĂ©volu-tion a produit des fruits ! les voilĂ ! et la preuve !..... » Brivois note que lâĂ©dition fut poursuivie et lâauteur condamnĂ© Ă 6 mois de prison et 500 Fr. dâamende ; Drujon prĂ©cise que « cet ouvrage fut pour-suivi sous la prĂ©vention dâoffenses envers la personne du roi, prĂ©vention renfermĂ©e tout entiĂšre dans la qualification de â Citoyen tyranâ, donnĂ©e au roi des Français par lâauteur, dans lâune de ses fables intitu-lĂ©e : âle Chameau et les BĂątons flottantsâ. AprĂšs une courte dĂ©libĂ©ration du jury, qui a rendu un verdict nĂ©gatif, lâauteur a Ă©tĂ© purement et simplement acquittĂ© par arrĂȘt de la cour dâassise de la Seine, en date du 25 janvier 1832. » Henri Bonenvature Monnier (Paris, 1799-id., 1877) fut un caricaturiste renommĂ© des mĆurs et phy-sionomies de ses contemporains, de la grisette Ă lâemployĂ© de bureau. Il est le crĂ©ateur du caricatural Monsieur Prudhomme, dont Balzac dira quâil sâimpose comme « lâillustre type des bourgeois de Paris » et dont Paul Verlaine sâinspirera, dans les PoĂšmes saturniens, pour un poĂšme homonyme. Henry Mon-nier a Ă©galement servi de modĂšle Ă Balzac pour le personnage de Jean-Jacques Bixiou, caricaturiste, homme de bons mots, et qui revient dans de nombreux romans de La ComĂ©die humaine. « Le nom de Charles Thompson caractĂ©rise, avec celui de BrĂ©viĂšre, non pas la renaissance de la gra-vure sur bois en France (ce serait trop dire, et câest un honneur quâil faut rĂ©server Ă Porret), mais la pĂ©riode prĂ©paratoire Ă cette renaissance. » (BĂ©raldi : Les Graveurs du XIXesiĂšcle. Paris, Conquet, 1892, t. XII, p. 118-119). Charles Thompson (Londres, 1789-Bourg-la-Reine, 1843) arriva Ă Paris en 1816 sur lâinsistance de Firmin Didot ; il rĂ©alise principalement des vignettes et des fleurons pour des polytypes â petites gravures reproduites par moulage, qui sont ensuite revendues aux imprimeurs. Thompson col-labore aussi avec l'imprimeur Pillet qui sera le premier Ă utiliser la gravure sur bois debout pour de vĂ©ritables illustrations, et non plus seulement des ornements passe-partout. Charles Thompson, graveur associĂ© Ă Achille DevĂ©ria comme Ă d'autres illustrateurs de l'Ă©poque romantique, a connu un immense succĂšs de son vivant. (Benezit, XIII, 608). Alors que BĂ©raldi attribue ces gravures Ă Charles, Bassy les impute Ă son frĂšre John ( Manchester, 1785- Kensington, 1866) tout aussi cĂ©lĂšbre. (Benezit, XIII, 610). Sont joints 5 Ă©tats supplĂ©mentaires des bois en 1er tirage sur papier teintĂ© composĂ©s pour lâĂ©dition des Fables de La Fontaine publiĂ©e en livraisons chez Urbain Canel en 1828, avec pour lĂ©gende les titres des Fables de La Fontaine : au t. I : Le Corbeau et le Renard, I, 2 ; Le Loup et le Chien, I, 5 (1Ăšre livraison) ; Le Rat de ville et le Rat de champs, I, 9 (2Ăšme livraison). au t. II : Le Loup et lâAgneau, I, 10 ; La Mort et le BĂ»cheron, I, 16 (2Ăšme livraison). Le Corbeau et le Renard est reproduit p. 57 (ill. n° 53) dans Les Fables de La Fontaine. Quatre siĂšcles dâillustration dâAlain Marie Bassy. Les couvertures de ton rosĂ© illustrĂ©es nâont pas Ă©tĂ© conservĂ©es.
Rochambeau, 397 ; Carteret : Le TrĂ©sor du Bibliophile, III, 198-199 et III, 415 ; Drujon, 257-258 ; Vicaire, III, 215-216 ; Brivois : Bibliographie des ouvrages illustrĂ©s du XIXe siĂšcle, Paris, Rouquette, 1883, pp. 122-123 ; QuĂ©rard : Supercheries littĂ©raires, 914, n.1. Alain Marie Bassy : Les Fables de La Fontaine. Quatre siĂšcles dâillustration, Promodis, 1986 ; Benezit, IX, 760 ; BĂ©raldi, XII, 121. Dos et en tĂȘte du plat infĂ©rieur du t. 2 insolĂ©s, intĂ©rieur trĂšs frais, bel et rare exemplaire.
« Belle reliure de Chambolle-Duru »
21. Favre, N. abbĂ© de. Les Quatre heures de la toilette des dames, poĂ«me Ă©rotique en quatre chants, dĂ©diĂ© Ă son Altesse SĂ©rĂ©nissime Madame la Princesse de Lamballe, Chef du Conseil & Surintendante de la Maison de la Reine. Par M. de Favre, de la SociĂ©tĂ© LittĂ©raire de Metz. Paris, Jean-François Bastien, 1779. Grand in-8 sur papier de Hollande de[6 ff.], 84 pp. Faux-titre, titre-frontispice de Leroy dâaprĂšs Leclerc, vignettes, 4 belles figures avec en-
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cadrement hors-texte et 4 culs de lampe gravĂ©s en taille douce par Arrivet, Halbon, Legrand, Leroy et Patas dâaprĂšs Leclerc. Plein maroquin bleu nuit XIXe signĂ© Chambolle-Duru, dos Ă 5 nerfs richement ornĂ© Ă la roulette et aux fers dorĂ©s reprĂ©sentant un oiseau aux ailes dĂ©ployĂ©es dans un cĆur stylisĂ©, (lâoiseau, posĂ© sur une branche, a les ailes repliĂ©es en queue du dos), caissons avec titre, lieu et date dorĂ©s ; plats ornĂ©s dâun large dĂ©cor dorĂ© composĂ© dâun jeu de doubles filets et de pointillĂ©s avec, en Ă©coinçon, la reprise du fer « Ă lâoiseau » utilisĂ© au dos, surplombant des motifs de fleur et de papillon, lâensemble encadrĂ© de pointillĂ©s au sein dâun double filet ; double filet dorĂ© sur les coupes et les coiffes, chasses richement ornĂ©e de filets dorĂ©s, de fines roulettes et dâune large roulette dorĂ©s au motifs dâoiseaux, de corne dâabondance et de musette, toutes tranches dorĂ©es, pages de garde Ă la cuve. 1 650 âŹ
Edition originale magnifiquement reliĂ©e par Chambolle-Duru. PoĂšmes octosyllabiques, gentiment Ă©rotiques, chantant quatre rencontres entre Dieux et DĂ©esses, Ă chaque heure de la toilette (le matin, le midi, le goĂ»ter, le soir). Lâouvrage contient une dĂ©dicace Ă Ma-dame de Lamballe, une prĂ©face et le sujet des estampes en dĂ©but dâouvrage, ainsi quâune nomenclature mythologique des quatre chants en fin de volume. Rahir prĂ©cise que « beaucoup dâexemplaires sont datĂ©s 1780 », le nĂŽtre lâest bien 1779. MalgrĂ© le succĂšs de lâouvrage, lâaccueil fut mitigĂ© : « Lâauteur et le graveur semblent sâĂȘtre donnĂ© le mot pour repousser les personnes curieuses de parcourir cet ouvrage. Le sujet prĂȘtoit cependant Ă des images riantes. Câest PsichĂ© quâun nĂ©gligĂ© sĂ©duisant rend plus tou-chante Ă son rĂ©veil ; Diane au bain, couverte de ses cheveux qui flottent au grĂ© des zĂ©phirs ; Europe, mĂ©lant aux lis de son teint, par un heureux artifice, le rouge dĂ©robĂ© Ă Junon ; ThĂ©sis enfin nâayant plus dâautre voile que la ceinture des GrĂąces, lorsquâelle reçoit Apollon : tels sont les divers rapports de la Toilette, sous lesquels M. Favre peint les quatre heures du jour. Il est fĂącheux quâon ne puisse pas dire beaucoup de bien de ses vers : il montre dans sa PrĂ©face les sentiments les plus honnĂȘtes. » (Affiches, Annonces et Avis divers, Vingt-sixiĂšme feuille hebdoma- daire du mercredi 28 juin 1780, [ru-brique des] livres nouveaux. Pa- ris, du Bureau des Affiches, rue des Bourdonnois, Ă la Couronne dâor.) Cohen, dans le Guide de lâamateur de Livres Ă gravures du XVIIIe siĂšcle, prĂ©cise : « Belles illustrations, mais manquant un peu de finesse ; les culs de lampe surtout sont superbes. Celui du troi-siĂšme chant , qui passe pour reprĂ©senter la tĂȘte coiffĂ©e de plumes de la princesse de Lamballe, est parti-culiĂšrement curieux, Ă cause de la fin tragique de cette dame. [Elle fut massacrĂ©e par les rĂ©volutionnaires, et sa tĂȘte empalĂ©e sur une pique, fut prĂ©sentĂ©e Ă Marie-Antoinette sous les fenĂȘtres de la prison du Temple.] On signale, pour la derniĂšre figure, une eau-forte dĂ©couverte. Le dessin original du frontispice et celui de la vignette dâarmoiries, ont fait partie de la collection du baron Portalis.» Ra-hir, dans sa BibliothĂšque de lâamateur, p. 423, prĂ©cise : « Le portrait de la princesse de Lamballe, Ă qui le livre est dĂ©diĂ©, se retrouve dans plusieurs des illustrations. » J. Arrivet, dessinateur et graveur au burin français, actif Ă Paris. Outre de nombreuses vignettes pour lâAtlas Corse, de N. Bellin et pour le Petit Atlas maritime, cet artiste exĂ©cuta un grand nombre dâillustrations, notamment pour les Fables de Dorat, et pour Quatre heures de la toilette des Dames, et
une vignette pour le plan de bataille de Johansberg, 1766. (Benezit, I, 474) SĂ©bastien Jacques Leclerc, dit Leclerc des Gobelins (Paris 1734-id. 1785). Peintre de sujets mythologiques, scĂšnes de genre, peintre Ă la gouache, aquarelliste, gra-veur, dessinateur. Il fut lâĂ©lĂšve de son pĂšre Sebastien Le-clerc le Jeune. Il fut nommĂ© professeur adjoint de perspec-tive Ă lâAcadĂ©mie Royale de peinture le 31 janvier 1778 en remplacement de Challes et devint professeur aux Go-belin. (Benezit, VIII, 399) La biographie de Louis Legrand (1730- ?) est vague. Nous ne savons pas de qui il fut lâĂ©lĂšve, mais sa contribu-tion Ă la fameuse Ă©dition dâOvide de 1767-17771, et aux Fables de Dorat met en Ă©vidence son statut dâartiste re-connu. Charles-Emmanuel Patas (Paris 1744 - id. 1802 ou
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1817), graveur, spĂ©cialiste des vignettes, se fit tout dâabord remarquĂ© par ses reproductions soignĂ©es de tableaux pour le « Cabinet Choiseul », le catalogue illustrĂ© le plus cĂ©lĂšbre de son temps. Par la suite, Moreau lui commanda deux gravures pour le « Monument du costume ». Bien que le style de Patas soit parfois pesant et sans Ă©clat, ses prix furent Ă©levĂ©s ; Ă©tait-ce parce quâEisen avait rĂ©ussi Ă obtenir diverses sommes pour des dessins quâil nâexĂ©cuta pas, tandis que le graveur ne fĂ»t jamais remboursĂ© ? (French Engravings of the Eighteenth Century in the Collection of Joseph Widener, Lynnewood Hall, London, Chiswick Press, 1923, p. 192). Benezit prĂ©cise quâil fut lâĂ©lĂšve de Baquoy et quâil figura au salon de 1791 (Benezit, X, 627 ; Pierre Sanchez, Dictionnaire des artistes exposant dans les salons des XVII et XVIII siĂšcles Ă Paris et en province, Dijon, lâĂ©chelle de Jacob, 2004, p. 1327). L. M. Halbou (1730-1818), Ă©lĂšve de Dupuis, fut un graveur dâune grande habiletĂ©, sa technique fut trĂšs proche de celle de Longueil et de Ghendt. Il sut tirer un grand profit de son art (la « Madeleine » dâaprĂšs Van de Vers qui fut insĂ©rĂ©e dans le MusĂ©e français, fut facturĂ©e 1600 livres). Il lĂ©gua ses locaux Ă lâun de ses proches qui se consacra Ă une activitĂ© moins artistique : « Chez Halbou, marchand dâombrelles, sous le soleil dâor, rue de la ComĂ©die Française. » (Benezit, VI, 680 ; French Engravings of the Eight-eenth Century in the Collection of Joseph Widener, Lynnewood Hall, London, Chiswick Press, 1923, p. 621). RenĂ© Victor Chambolle (1834-1898) et Hippolyte Duru (â 1884) furent associĂ©s dĂšs 1861. Jouissant dâune grande notoriĂ©tĂ©, deux de leurs ouvrages figurent dans lâexposition des 180 livres dâart rĂ©unis par le duc dâAumale pour les membres du Fine Arts Club de Twickenham. Le duc apprĂ©ciait particuliĂšre-ment Duru, quâil considĂ©rait comme lâun des trois grands relieurs vivants (les autres Ă©tant Trautz et CapĂ©). Il dĂ©clarait en 1856 : « Ce Duru est un habile homme et jâai de magnifiques reliures qui sortent de ses mains. » DĂšs 1863, RenĂ© Chambolle restait seul en charge de la maison de reliure tout en con-servant le nom de Chambolle-Duru pour signer les ouvrages rĂ©alisĂ©s ensuite.
Cohen-de Ricci, 376-377 ; Cioranescu, 28 418 ; QuĂ©rard, III, 81 ; Rahir : La bibliothĂšque de lâamateur, 180 et 423 ; M. Boissais â Jacques Deleplanque : Le livre Ă gravures au dix-huitiĂšme siĂšcle, Paris, GrĂŒnd, p. 74. Infime usure sous les coins infĂ©rieurs. Excellent Ă©tat. TrĂšs bel exemplaire.
« Edition originale de La FacultĂ© vengĂ©e dâOffray de La Mettrie, piĂšce extrĂȘmement mĂ©chante »
22. Recueil de 6 piÚces de théùtre dont 5 en éditions originales rares.
[La Mettrie, Julien Offray de]. La FacultĂ© vengĂ©e, comĂ©die en trois actes. Par Mr.*** Docteur RĂ©gent de la FacultĂ© de Paris. Paris [i. e. en Hollande], Quillau, 1747. In-8° de 182 pp., [1] p. de clefs, 1 p. bl. Belle vignette gravĂ©e sur cuivre Ă la p. de t. re-prĂ©sentant un enfant pĂ©chant Ă la ligne, bandeaux, lettres ornĂ©es, culs de lampe. PrĂ©cĂ©dĂ© de Prosper Jolyot de CrĂ©billon. XercĂ©s. Paris, Prault Fils, 1749. In-8° de 70 pp. Ornement typographique Ă la p. de t., bandeaux, lettres ornĂ©es, culs de lampe. Ainsi que de [Charles-Simon Favart]. LâEcole des amours grivois, opĂ©ra comique-ballet. Divertissement flamand en un acte. Par Mrs. F. D. L. G. & L. S. [Favart, Bridard de La Garde & Lesueur]. Paris, Prault Fils, 1744. In-8° de 48 pp. Ornement typographique Ă la p. de t., bandeau, lettre ornĂ©e, cul de lampe. Ainsi que de [Pierre Rousseau]. La Mort de BucĂ©phale. En un acte, en vers. A BucĂ©-phalie, chez Gilles Poignard, au grand Phoebus, s. d. [1748 ?]. In-8° de 32 pp. Ornement typographique Ă la p. de t., bandeaux, lettre ornĂ©e. Ainsi que de Pierre Rousseau. La Ruse inutile, co-mĂ©die en un acte en vers, par M. Rousseau. ReprĂ©sentĂ©e pour la
premiÚre fois au Théùtre François le 6 Octobre 1749. Paris, chez Sébastien Jorry, 1749. In-8° de 39, [1 bl.] pp. Ornement typographique à la p. de t., bandeaux, lettre ornée, belle vignette
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gravĂ©e sur cuivre aux armes du duc de Chartres en tĂȘte de la dĂ©dicace qui lui est adressĂ©e. Suivi de Nicolas Ragot de Grandval. Agate, ou la chaste princesse. TragĂ©die. Paris, s.n., s.d [1750]. In-8° de 55, [1 bl.] pp., 4 ff. de musique gravĂ©e, 1 f. blanc. P. de t. encadrĂ©e gravĂ©e sur cuivre avec deux putti se battant en duel, belles vignettes non signĂ©es gr. s. c. reprĂ©sentant des scĂšnes thĂ©Ăątrales de putti en tĂȘte de chaque acte, bandeaux, lettres ornĂ©es, culs de lampe. Plein veau havane marbrĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement fleuronnĂ© aux filets, roulettes et pe-tits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, roulette dorĂ©e sur les coupes, tranches mouchetĂ©es. 800 âŹ
âą Julien Offray de La Mettrie, La FacultĂ© vengĂ©e. Edition originale de cette comĂ©die satirique dont Tchemerzine situe lâimpression en Hollande. Julien Offray de La Mettrie (Saint-malo, 1709-Potsdam, 1751), mĂ©decin, philosophe et Ă©crivain français commence sa MĂ©decine Ă Paris pour terminer avec le bonnet doctoral de Reims le 29 mars 1733. Il part pour la Hollande et sâattache au prestigieux Boerhaave Ă Leyde dont il traduisit de nombreux ouvrages en français. Il revient en France et grĂące au Chirurgien Sauveur, il accĂšde au poste de MĂ©decin des Gardes françaises. AmenĂ© Ă suivre son rĂ©giment, il participe au terrible siĂšge de Fribourg en Brisgau. Une grave fiĂšvre des camps lui valut un rapatriement. Il se rĂ©tablit et traduit alors le livre de Sharp : Histoire naturelle de lâĂąme (1745) affichant ainsi un matĂ©rialisme complet, engendrant aussitĂŽt la perte de toutes ses places et un retour rapide Ă Leyde. Suite Ă de nouvelles dĂ©mĂȘlĂ©s avec les protes-tants, il sâenfuit encore pour ĂȘtre recueilli par le Grand FrĂ©dĂ©ric II de Prusse dont il devient le mĂ©decin Ă la cour, et qui fit son oraison funĂšbre (Eloge de La Mettrie). (Cf. Alain SĂ©gal, Les cĂ©lĂ©britĂ©s issues de lâancienne FacultĂ© de MĂ©decine de Reims). La FacultĂ© vengĂ©e attaque la FacultĂ© de mĂ©decine de Paris et fustige le charlatanisme des mĂ©decins sous la forme dâun procĂšs que ces derniers intentent aux chi-rurgiens. Chacun des mĂ©decins est affublĂ© dâun sobriquet ridicule, dont la clef se trouve en fin dâouvrage : Marcot est « Jaunisse », Bouillac devient « Sot en cour », Astruc « Savantasse », HelvĂ©tius « GrĂ©sillon », lâauteur lui-mĂȘme y figure sous le nom de « Chat-huant ». Drujon prĂ©cise que « cette piĂšce extrĂȘmement mĂ©chante et injuste fut composĂ©e par lâauteur Ă Amsterdam, alors que dĂ©noncĂ© comme athĂ©e par quelques uns de ses confrĂšres qui se vengeaient de lui et de ses sarcasmes, il jugea prudent de ne point attendre un procĂšs en forme et sortit de France. » AprĂšs la mort de lâauteur, cette comĂ©die a reparu sous le titre suivant : Les Charlatans dĂ©masquĂ©s, ou Pluton vengeur de la SociĂ©tĂ© de mĂ©decine. Paris et GenĂšve, 1762, in-12.
Barbier, Dictionnaire des anonymes, II, 421, b ; Quérard, Supercheries littéraires, III, 1043, c ; Quérard, La France littéraire, IV, 496 ; Drujon, Les livres à clef, I, 351 ; Tchemerzine, VI, 463 ; Brunet, II, 1159 ; Graesse, II, 546 ; Cioranescu, 36 378 ; Léris : Dictionnaire portatif historique et littéraire des théùtres, Paris, Jombert, 1763, p. 179.
âą Prosper Jolyot de CrĂ©billon (PĂšre), XercĂ©s. LâĂ©dition originale date de 1740, Paris, s. n., et fut suivie de nombreuses rĂ©Ă©ditions (Cioranescu ne cite que lâĂ©dition de 1749). Cette tragĂ©die en 5 actes fut crĂ©Ă©e le 7 fĂ©vrier 1714 et fut reçue froidement, ne connaissant quâune seule reprĂ©sentation. Avec Approbation de Fontenelle datĂ©e du 26 fĂ©vrier 1749. Prosper Jolyot de CrĂ©billon (Dijon, 1674-Paris, 1762), auteur dramatique, acadĂ©micien, censeur royal des librairies et des spectacles, bibliothĂ©caire du roi, fut le rival malheureux de Voltaire. XercĂ©s ren-ferme quelques beaux alexandrins comme celui-ci : « La crainte fit des dieux ; lâaudace a fait les rois. »
LĂ©ris : Dictionnaire, 456 ; Cioranescu, 21 667.
âą Charles-Simon Favart, LâEcole des amours grivois. Edition originale qui connut de nombreuses rĂ©Ă©ditions de ce vaudeville crĂ©Ă© Ă lâOpĂ©ra comique le 16 juillet 1744 et « fut continuĂ©e pendant plus de deux mois, avec beaucoup de succĂšs » (LĂ©ris). Jean Monnet, le directeur de lâopĂ©ra qui avait appelĂ© Favart comme rĂ©gisseur et directeur des piĂšces en 1743, venait de se voir retirer lâexploitation du thĂ©Ăątre. Favart, associĂ© Ă La Garde et Lesueur, pour maintenir la programmation, crĂ©a LâEcole des amours grivois, opĂ©ra-comique ballet en 17 scĂšnes sui-vies dâune ronde et dâune branle, dont il composa lui-mĂȘme la musique. LĂ©ris prĂ©cise que « le principal acteur de cette piĂšce est Joli cĆur, tambour, qui fut reprĂ©sentĂ© par le sieur de LâEcluse, trĂšs connu pour ces sortes de rĂŽles », Lemonnyer ajoute que LĂ©cluse Ă©tait « trĂšs bon dentiste et auteur comique ».
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Charles-Simon Favart (Paris, 1710- id. 1792) fut un auteur Ă succĂšs de nombreuses comĂ©dies et opĂ©ra-comiques (plus de 150). Bridard de La Garde (Paris, 1710 ?-id., 1767), auteur de nouvelles, fut bibliothĂ©caire de Madame de Pompadour, puis censeur royal. Aux mĆurs dissolus, trĂšs attachĂ© aux actrices de lâopĂ©ra, il Ă©tait appelĂ© « Lagarde-BicĂȘtre » dans la sociĂ©tĂ© des Menus-Plaisirs.
Léris : Dictionnaire, 156 ; Lemonnyer, II, 58 ; Quérard, III, 76 ; Cioranescu, 28 258. Pierre Rousseau, La Mort de Bucéphale.
Edition originale de cette tragĂ©die reprĂ©sentĂ©e en 1748 Ă CompiĂšgne pendant le sĂ©jour du Roi. « SixiĂšme Ă©dition » indiquĂ© sur la p. de t. avec la prĂ©cision : « Nâen soyez pas la dupe, ce nâest que la premiĂšre. » RĂ©imprimĂ©e Ă Paris en 1749 (Cailleau) et 1767 (Veuve Duchesne), Ă Toulouse en 1786 (Brouilhet), et Ă Avignon en 1791 (Garrigan). Pierre Rousseau (Toulouse, vers 1725-Bouillon, 1785), dit « Rousseau de Toulouse » pour se distinguer de Jean-Jacques et Jean-Baptistes, fut journaliste et auteur dramatique ; il fonda le Journal encyclopĂ©-dique dont il fut lâun des rĂ©dacteurs de 1756 Ă 1769, et qui compta entre autres collaborations celles de Voltaire, Chamfort et de lâabbĂ© PrĂ©vost. Il fonda Ă©galement le Journal politique Ă Bouillon en 1769 et la SociĂ©tĂ© typographique de Bouillon qui dĂ©ploiera une activitĂ© fabuleuse. La Mort de BucĂ©phale « est une critique ingĂ©nieuse des diffĂ©rentes situations forcĂ©es & peu naturelles de la plĂ»part de nos trag[Ă©dies] » (LĂ©ris) comme en tĂ©moignent la prĂ©face ainsi que la fin de la piĂšce :
« O rage ! O dĂ©sespoir ! Il la poursuit encore : Passerai-je mon tems en regrets superflus ! Je succombe & me meurs dâun colera-morbus.
Il meurt, & les gardes lâemportent en riant, Comme cela se pratique. »
Léris : Dictionnaire, 303 ; Quérard : La France littéraire, VIII, 191 ; Barbier : Dict. des anonymes, III, 359 ; Cioranescu, 57 449.
âą Pierre Rousseau, La Ruse inutile. Edition originale de cette comĂ©die qui nâeut que 7 reprĂ©sentations. Avec une dĂ©dicace au duc de Chartes, approbation de CrĂ©billon datĂ©e de Paris, 23 octobre 1749, permis dâimprimer de Berryer datĂ© du 24 octobre 1749 et lâenregistrement par Legras Ă Paris le 4 novembre 1749.
Léris : Dictionnaire, 392 ; Quérard : La France littéraire, VIII, 191 ; Cioranescu, 57 451.
âą Nicolas Ragot de Grandval. Agate, ou la chaste princesse. Edition originale de cette tragĂ©die burlesque reprĂ©sentĂ©e en 1749 chez la demoiselle Dumesnil. Leiris signale que lâouvrage fut imprimĂ© in-8° en 1750, Cohen donne 1756. Lemonnyer prĂ©cise que « cette bouffonnerie a Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ©e dans le format petit in-12 Ă BrĂ©da (Bruxelles) en 1866, tirĂ©e Ă 120 ex. Nicolas Grandval (Paris, 1676-id., 1753) fut musicien, organiste et claveciniste, ainsi quâĂ©crivain. Agate, piĂšce en trois actes, en alexandrin, fut reprĂ©sentĂ©e en 1749, Ă la BarriĂšre-Blanche, maison de campagne de la cĂ©lĂšbre actrice Mlle Dumesnil. Lâouvrage est prĂ©cĂ©dĂ© dâune Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire Ă M ***[Voltaire], dâun avis au lecteur, dâun prologue, et est suivi dâun « Divertissement grotesque » com-posĂ© dâune marche, dâune danse, dâun vaudeville et dâune contre-danse. La musique de ce divertissement et du concert du 2Ăšme acte est gravĂ©e en fin dâouvrage.
LĂ©ris : Dictionnaire, 9 ; QuĂ©rard : La France littĂ©raire, III, 448 ; Cioranescu, 31 889 ; Cohen : Livres Ă gravures, 450, col. 172 ; Lemonnyer, I, 34. Mors en queue du plat supĂ©rieur fendu sur 3 cm., usures aux coiffes et aux coins, quelques petites galeries de vers au dos et aux charniĂšres ; mouillures. Etat cependant convenable de ce recueil dâĂ©ditions originales.
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« Manuscrit autographe avec corrections de Jean Lacoste »
23. Lacoste, Jean. ClĂ©opĂątre. S. l., s. n., s. d. In-folio de 24 ff. non chiffrĂ©s manuscrits Ă lâencre. « ClĂ©opĂątre / par Jean Lacoste nĂ© a Dijon en 1725 / mort le 15 septembre 1793. / manuscrit autographe de lâauteur » ms. ajoutĂ© au recto du 1er f. Cousu, sans reliure, non ro-gnĂ©. 400 âŹ
Manuscrit autographe de lâauteur, avec ses corrections (concernant une douzaine de vers). Les corrections ont Ă©tĂ© prises en compte lors de la publication de lâĆuvre.
Cette tragĂ©die en 5 actes et en vers fut Ă©ditĂ©e Ă Dijon chez Frantin, imprimeur du Roi, et Ă Paris chez Pissot, quai des Augustins, en 1774, in-12. Elle fut rĂ©Ă©ditĂ©e Ă Dijon chez Frantin en 1789 dans les Ćuvres de M. L***, 2 vol. in-12. Jean-Baptiste Lacoste (Dijon, 1725-15 septembre 1793) fut bĂątonnier de lâordre des avocats au parlement de Dijon. Voici quel fut le compte rendu de sa ClĂ©opĂątre que donna lâhebdomadaire Affiches, annonces et avis divers dans sa trentiĂšme feuille du mercredi 26 juillet 1775 : « [âŠ] encore une PiĂšce de cabinet. [âŠ] Brochure de 64 pages. Prix 18 fr. LâĂ©poque de lâaction dramatique est le court inter-valle mis par lâAuteur entre la bataille dâActium, supposĂ©e trĂšs rĂ©cente, & les grands Ă©vĂšnements qui la suivirent. Ces Ă©vĂšnements, fort rapprochĂ©s, comprennent la mort de Marc-Antoine & celle de ClĂ©opĂątre, qui fait le dĂ©nouement de la piĂšce.[âŠ] La piĂšce manque de vraisemblance physique, et surtout morale, comme aprĂšs la ba-taille dâActium et le combat dâAlexandrie, lorsque Antoine et Octave se trouvent sous les mĂȘmes murs. [âŠ] Les poĂštes dramatiques, qui nâont pas rigoureusement besoin de vraisemblance physique, ne peuvent se dispenser de vraisemblance morale, au risque de manquer lâillusion, sans laquelle lâArt ne peut subsister. » Lâauteur a cherchĂ© Ă la fois la concision et la prĂ©cision dans sa piĂšce, « câest mĂȘme une singularitĂ© de cette piĂšce, qui la caractĂ©rise. »
LâĂ©criture cursive, fine et Ă©lĂ©gante, est parfaitement lisible. Nonobstant quelques taches au 1er feuillet, le manus-crit est en excellent Ă©tat. QuĂ©rard, IV, 369 (pour la piĂšce Ă©ditĂ©e) ; Barbier, II, 13 268 (ne signale que lâĂ©dition de 1789).
« Aux armes de Gomez de la Cortina »
24. Pastor Diaz, D. Nicomedes. PoesĂas. Madrid, Aguado, 1840. Grand in-8° de 271, [5] pp. Faux titre, ornement typographique en p. de t., culs de lampe. Plein maroquin Ă©bĂšne du temps, dos long avec le nom de lâauteur, le titre, le lieu et la date dorĂ©s, le tout ornĂ© de rou-lettes et de double filets dorĂ©s, armes dorĂ©es de J. Gomez de la Cortina sur les plats encadrĂ©es dâun double filet dorĂ©. 550 âŹ
Edition originale, rĂ©Ă©ditĂ©e en 1866. Avec un prologue, un index et un errata. Nicomedes Pastor Diaz Corbelle (Vivero, 1811-Madrid, 1863), fut Ă©crivain, journaliste et homme poli-tique espagnol. De 1840 Ă 1843, il se consacre principalement Ă lâĂ©criture et au journalisme. Il participe Ă la fondation du journal El Conservador, interdit lâannĂ©e suivante par le gouvernement, puis en 1842, le journal El Heraldo. Il fut ensuite dĂ©putĂ©, ministre du Commerce, de l'Instruction et des Travaux pu-blics en 1847, et ministre d'Ătat en 1856. Il fut Ă©galement membre de lâAcadĂ©mie royale espagnole dĂšs 1847. Il est qualifiĂ© de « poĂšte lyrique, dĂ©licat, mĂ©lancolique et pessimiste, dâinspiration souvent reli-gieuse » (Histoire de la littĂ©rature espagnole, Fayard, 1994, II, p. 261). ComposĂ©es dĂšs 1828, ses PoesĂas ont Ă©tĂ© publiĂ©es en 1840 aprĂšs avoir Ă©tĂ© diffusĂ©es dans El Artista et dâautres revues. Dans le prologue, Pastor Diaz dĂ©clare que la poĂ©sie doit avoir une fonction sociale et
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ĂȘtre lâexpression de lâĂąme du poĂšte ; et en effet, presque tous les poĂšmes du recueil sont autobiogra-phiques ; son Ăąme galicienne, obsĂ©dĂ©e par la mort, la solitude et les paysages brumeux de sa terre natale, chante Lina, son amour de jeunesse et une belle aristocrate madrilĂšne, muse inaccessible. Pastor Diaz influença notablement la crĂ©ation poĂ©tique de son temps, tel Zorilla qui a puisĂ© dans « Mi inspira-ciĂłn » sa conception du poĂšte exilĂ© dans le monde et la mission de celui-ci. Joaquim Gomez de la Cortina (1808-1868) fut un fameux bibliophile espagnol dont la bibliothĂšque, dispersĂ©e aprĂšs sa mort, comptait prĂšs de 120 000 volumes, en grande partie de qualitĂ© et finement re-liĂ©s. Ex-libris non identifiĂ© (Cortina ?) contrecollĂ© sur la contre-garde supĂ©rieure.
Coiffes, coins et coupes légÚrement frottés, rares épidermures, des rousseurs. Néanmoins, bon exemplaire à la provenance prestigieuse de cet ouvrage qui marqua la poésie romantique espagnole.
Avec les corrections de lâauteur
25. Salverte, EusĂšbe. Romances et poĂ©sies Ă©rotiques. Paris, Honnert, an VI,-1798. In-8° de VIII, 103 pp., [1] p. dâerrata. Faux titre. Plein veau havane marbrĂ© de lâĂ©poque, dos long richement ornĂ© aux filets et aux petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, simple filet Ă froid sur les plats, filet dorĂ© sur les coupes. ImprimĂ© Ă grandes marges. 300 âŹ
Edition originale avec des corrections de lâauteur. 21 romances suivies de stances, dâĂ©lĂ©gies et de madrigaux. Note manuscrite sur la page de faux-titre : « De la part de lâauteur ». Le texte a Ă©tĂ© corrigĂ© de la mĂȘme main suivant les erra-ta tout en y ajoutant 2 correc-tions p. 9 (v. 9 : « Hier » remplace « Un jour » et v. 13 : « Au-jourdâhui » remplace « Depuis lors »), ainsi que la prĂ©cision p. 51 : « imitation de Jean Second. Elegie 17. » concernant le 5Ăšme madrigal. « DĂ©putĂ© de 1828 Ă 1839, nĂ© Ă Paris le 18 juillet 1771, mort Ă Paris le 27 octobre 1839, fils d'un administra-teur du contrĂŽle et des domaines, [Anne, Joseph, EusĂšbe BaconniĂšre de Salverte] fit ses Ă©tudes chez les
Oratoriens de Juilly, et fut avocat au ChĂątelet. A la suppression de cette juridiction, il entra (1792) dans les bureaux du ministĂšre des Relations extĂ©rieures, en sortit Ă la suite de dĂ©nonciations dont il fut l'objet, et devint professeur d'algĂšbre Ă l'Ecole des ponts et chaussĂ©es. Compromis dans l'insurrection du 13 vendĂ©miaire, il fut condamnĂ© Ă mort par contumace, vint purger sa contumace en 1796, et fut acquittĂ©. Il occupa alors un emploi au cadastre, et se fit connaĂźtre par des brochures antireligieuses et politiques. Deux ans aprĂšs son mariage avec la veuve du comte de Fleurieu, il se retira Ă GenĂšve (1814), oĂč il resta cinq ans, et ne cessa de publier en faveur des idĂ©es libĂ©rales des brochures de circonstance contre le gouvernement de la Restauration. Le 21 avril 1828, il fut Ă©lu dĂ©putĂ© du 3e arrondissement de Paris [...] Il prit place Ă gauche, demanda (1829) la mise en accusation des ministres pour concussion et trahison, parla contre les JĂ©suites, pour la suppression de la loterie, pour le refus de l'impĂŽt en cas de violation de la Charte, et signa l'Adresse des 221. RĂ©Ă©lu, le 12 juillet 1830 [...] il protesta contre les Ordonnances, demanda de prendre la dĂ©claration de la Chambre de 1815 pour base de nos institutions politiques, rĂ©-clama la mise en accusation des derniers ministres de Charles X, et rĂ©clama la libertĂ© de l'imprimerie et de la librairie. Ce fut le 5e arrondissement de Paris qui l'envoya Ă la Chambre, aux Ă©lections du 5 juillet 1831, [...] il signa le "compte rendu" de 1832, et parla en faveur du rappel des Bonaparte, et pour la mise en libertĂ© de la duchesse de Berry. [RĂ©Ă©lu en1834], il continua de siĂ©ger dans l'opposition de gauche, et de harceler les ministres, dans la forme piquante et incisive qui lui Ă©tait familiĂšre. Successi-
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vement rĂ©Ă©lu, le 4 novembre 1837 [...] il mourut en octobre suivant, en refusant les secours religieux : son enterrement fut purement civil. Membre libre de l'AcadĂ©mie des sciences morales depuis 1830. On a de lui de nombreuses brochures politiques, historiques, littĂ©raires; il collabora en outre Ă un certain nombre de journaux, de revues et de recueils. » (A.Robert et G.Cougny : Dictionnaire des parlemen-taires français comprenant tous les membres des AssemblĂ©es françaises et tous les ministres français, depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, Paris, Bourloton, 1891.) Dans ses Romances et poĂ©sies Ă©rotiques, notre jeune poĂšte chante lâamour dans le style antique. « Quand jâĂ©crivais, jâaimais, et je ne songeais point Ă avoir de lâesprit : aujourdâhui mĂȘme encore, je nây songerais pas », prĂ©cise-t-il dans sa prĂ©face. A noter Ă©galement un beau fragment de poĂšme sur lâamitiĂ©, dans lequel perce dĂ©jĂ le citoyen engagĂ© : « [âŠ] Jâavais vu la terreur, jâavais vu ses forfaits : / Mille af-freux souvenirs assiĂ©geant ma mĂ©moire, / Aux vertus des humains je ne pouvais plus croire. / Le nom dâhomme, Ă mes yeux, Ă©tait un nom souillĂ©, / Ce despote insolent de toute la nature, / Nâoffre quâhypocrisie, injustice et imposture. / Le seul Dieu des mortels, lâIntĂ©rĂȘt, Ă son grĂ©, / A leurs fausses vertus dispense un nom sacrĂ© ; / Esclaves et tyrans, tous sont vils et coupables. / Tu me rends au bon-heur dâestimer mes semblables, / AmitiĂ© ! [âŠ] »
QuĂ©rard, VIII, 428 ; Lemonnyer, III, 1044. Une rousseur. Infimes usures dâusage aux coins, plats trĂšs lĂ©gĂšrement frottĂ©s. Bel et rare exemplaire avec les corrections de lâauteur.
Histoire
« De la bibliothÚque du comte de Thorigny »
26. [Artainville dâ.] MĂ©moires historiques et politiques de François EugĂšne prince de Sa-voye, PrĂ©sident du conseil de guerre de S.M. ImpĂ©riale, & GĂ©nĂ©ralissime de ses ArmĂ©es. La Haye, Etienne Foulque, 1712. 2 volumes in-18 de [8], 473, [3 bl.] pp. ; 392, [2 bl.] pp. Titre en rouge et noir avec ornement typographique, frontispice gravĂ© sur cuivre reprĂ©sentant le Prince EugĂšne et datĂ© « octobre 1663 », bandeaux, lettres ornĂ©es. Pleine basane fauve de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs dĂ©corĂ©s Ă la roulette, aux filets et aux petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin havane, tomaison dorĂ©e, tranches mouchetĂ©es de rouge. 450 âŹ
RĂ©Ă©dition de lâĂ©dition de 1710, chez le mĂȘme Ă©diteur. Orphelin, dâArtainville fut recueilli par son oncle, riche et influent financier de Paris. AprĂšs des dĂ©buts
prometteurs dans la Finance, sous le coup dâune lettre de cachet pour avoir eu une liaison amoureuse avec la jeune maĂźtresse de son vieil oncle, il quitte la capitale pour rejoindre le Prince EugĂšne Ă Vienne, oĂč il parvient aprĂšs quelques aventures en Hollande. Il suit alors le Prince dans toutes ses campagnes et se « fait un plaisir de recuĂ«illir tout ce qui sâest passĂ© de plus remarquable, non seulement dans cette der-niĂšre Guerre, mais encore dans la prĂ©cedente, & [il] commence par les troubles de Hongrie [en 1683] oĂč [le Prince] a fait ses premiĂšres Campagnes.» (Aver-tissement, p. [3]). Lâouvrage sâachĂšve Ă la bataille de Malplaquet en 1709. Lâauteur prĂ©vient dans sa prĂ©-face quâ « on ne doit point considĂ©rer [ces MĂ©-moires] comme un sujet qui se borne uniquement
aux Ă©vĂšnements de la Guerre, mais plutĂŽt comme un mĂ©lange, oĂč la Politique, la Guerre, & les Avan-tures auront leur tour, sans quâil y entre rien de fabuleux. » (p. [4]).
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Avec un avertissement en tĂȘte du tome I. EugĂšne de Savoie-Carignan, dit le Prince EugĂšne, (Paris 1663-Vienne 1736) fut un brillant gĂ©nĂ©ral au service de lâAutriche. Lors de la guerre de la Succession dâEspagne, il vainquit lâarmĂ©e de Louis XIV Ă Malplaquet (1709), mais fut battu Ă Denain par Villars (1712). Ex-libris gravĂ© sur cuivre aux armes de Goyon de Matignon sur le contre-plat supĂ©rieur de chaque tome avec lâinscription manuscrite suivante : « Le Comte de Thorigny, 1712. » Olivier in-
dique que Jacques-François-LĂ©onor de Goyon, sire de Matignon et de la Roche-Goyon, marquis des Baux, comte de Carladez, de Thorigny et dâHambye, baron de Saint-LĂŽ, fils aĂźnĂ© de Jacques III, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es et de la province de Normandie, et de Charlotte de Matignon, nĂ© Ă Thorigny en Normandie le 22 novembre 1689, fut nommĂ© colonel dâinfanterie en septembre 1702, mestre de camp de cavalerie en novembre 1710 et obtint en 1713 la charge de lieutenant gĂ©nĂ©ral de Normandie sur la dĂ©mission de son pĂšre, avec les gouvernements de Cherbourg, Granville, Saint-LĂŽ et Ăźles Chau-sey ; en faveur de son mariage, Louis XIV lui accorda le 24 juillet 1715 le brevet de duc et pair de France, au titre de duchĂ© de Valentinois ; Jacques de Goyon hĂ©rita de la principautĂ© de Monaco en fĂ©vrier 1731, Ă la mort de son beau-pĂšre, mais il sâen dĂ©fit en novembre 1733, en faveur de son fils aĂźnĂ©. Il
mourut Ă Paris le 23 avril 1751. Il avait Ă©pousĂ© Ă Monaco le 20 octobre 1715 Louise-Hippolyte Grimadi, duchesse de Valentinois, sous la condition de prendre le nom et les armes de Grimaldi. O.H.R. prĂ©cise Ă©galement que lâexemplaire sur lequel les fers de Goyon sont frappĂ©s (planche 1820) renferme un « ex-libris aux mĂȘmes armoiries, avec lâinscription manuscrite suivante : â Le Comte de Thorigny, 1712 â ».
Barbier, III, 227. O.H.R., pl. 1820. Plats frottĂ©s et lĂ©gĂšrement Ă©pidermĂ©s, accidents aux mors, aux coiffes, aux coupes et aux coins, charniĂšre en queue du plat infĂ©rieur ouverte sur 2 cm. Papier de qualitĂ© mĂ©diocre, nombreuses rousseurs, frontispice rognĂ© court, mouillure Ă la p. de titre et aux trois derniers cahiers du t. II. Exemplaire modeste et usagĂ© dâune Ă©dition cependant rare et Ă la provenance prestigieuse.
« Rare Ă©dition de Poschiavo dans une belle reliure italienne de lâĂ©poque »
27. [Bassus, Tommaso barone de - Georg Wilhelm Zapf et Gottlieb Friedrich Riedel]. Galleria degli antichi Greci, e Romani con una piccola descrizione delle loro vite. Traduzione
dal Tedesco. Poschiavo, Giuseppe Ambrosioni, 1783. 2 tomes in-4° de 136 pp., 1 f. bl.; 127, [3] pp. 82 gra-vures sur cuivre en taille douce h. t. dont 36 au tome I, et 46 au tome II. Bandeaux. Reliure italienne en plein veau fuchsia de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement or-nĂ©s de filets, roulettes et fleurons dorĂ©s, piĂšce de titre vert foncĂ©, plats ornĂ©s dâun grand fer fleuronnĂ© central encadrĂ© dâune large frise fleuronnĂ©e avec le fleuron du dos repris aux 4 coins, elle-mĂȘme entre deux chaĂź-nettes avec un fleuron en coins intĂ©rieurs et extĂ©rieurs; roulettes dorĂ©es sur les coupes et les chasses. Toutes tranches dorĂ©es. 1 100 ⏠Edition originale de la traduction italienne de lâouvrage de Georg Wilhelm Zapf intitulĂ© Gallerie der alten Griechen und Römer sammt einer kurzen Geschichte ihres Lebens paru Ă Augsburg chez Riedel en 1781, et rĂ©Ă©ditĂ© en 1801. Avec une dĂ©dicace de Bassus Ă Charles FrĂ©dĂ©ric, Margrave de Bade et Hochberg, et une prĂ©face en tĂȘte du tome I, ainsi quâun avis au lecteur et un index en fin du tome II. Lâauteur des vies, Guillaume Henri Zapf (1747-1810), fut bio-
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graphe et historien allemand, ainsi que conseiller Ă la cour princiĂšre de Hohenlohe ; les portraits gravĂ©s sont de Gottlieb Friedrich Riedel (1724-1784), dâAugsbourg, qui sâest inspirĂ© de la magnifique Ă©dition Maibomiana de LaĂ«rce, du livre intitulĂ© Joannis Fabri Bambergensis medici romani, in imagines illus-trium ex Fulvii Ursini bibliotheca AntverpiĂŠ Ă Theodoro GallĂŠo expressas commentarium, Anvers, Plantin, 1616, in-4, et de la DactyliothĂšque de Lippert, lâune des plus fameuses collections de pierres gravĂ©es du XVIIIe siĂšcle. Le premier tome contient les philosophes, le second les historiens, poĂštes, lĂ©-gislateurs, orateurs, mĂ©decins, mathĂ©maticiens et philologues. Le troisiĂšme tome annoncĂ© dans la prĂ©face nâa pas paru. Thomas Franz Maria Bassus (Poschiavo en Suisse, 1742-Sandersdorf en Allemagne, 1815) fut podestat de Poschiavo dans le canton des Grisons et chambellan de lâĂ©lecteur de BaviĂšre. Patriote grison et membre de lâordre des IlluminĂ©s de BaviĂšre, sous le nom de guerre dâHannibal, il vit ses propriĂ©tĂ©s ba-varoises sĂ©questrĂ©es lors de lâinterdiction de lâordre en 1784 ; il vendit alors ses biens de Poschiavo en 1790 et perdit ses domaines de Valteline en 1797. La Galleria degli antichi Greci, e Romani tĂ©moigne du goĂ»t quâavait Bassus pour la culture antique et notamment romaine, racine de cette Italie dans la-quelle il avait projetĂ© dâintroduire lâIlluminisme de BaviĂšre par les Alpes, tel Hannibal. Sous lâimpulsion de Bassus, ami de Goethe et de Mozart, Poschiavo, situĂ© au centre du massif alpin, devint un centre important dâĂ©dition et de diffusion, comme en tĂ©moigne la premiĂšre traduction ita-lienne, en 1782, du Werther sortit des presses de Giuseppe Ambrosioni, typographe et Ă©crivain, qui a cĂ©lĂ©brĂ© en vers lâactivitĂ© de Bassus dans la Raccolta dâalcune poesie indirizzate al nobilissimo signor podestĂ Don Tommaso Barone de Bassus⊠Ex-libris dâAndrĂ© Lambert contrecollĂ© au contre plat. Il sâagit sans doute du latiniste et bibliophile AndrĂ© Lambert (1884-1967), dâorigine suisse, lâun des grands illustrateurs du milieu du XXe siĂšcle. Dans les annĂ©es 20, avec Georges Aubault, il fondait la luxueuse revue Janus entiĂšrement rĂ©digĂ©e en la-tin.
Usure dâusage aux coins et aux coupes, dos du tome I Ă©pidermĂ©. IntĂ©rieur trĂšs frais malgrĂ© quelques trĂšs rares taches et rousseurs. Les gravures sont de toute beautĂ©. Bel exemplaire dans une reliure peu courante.
« Le chef dâĆuvre de Boulainvilliers »
28. Boulainvilliers, Henri comte de. Histoire de lâancien gouvernement de la France, Avec XIV. Lettres Historiques sur les Parlemens ou Etats-GĂ©nĂ©raux. La Haye & Amsterdam, Aux dĂ©pens de la Compagnie, 1727. 3 tomes in-12 de [24], 352 pp. ; 324, [6] pp. ; 240 pp. Titre en rouge et noir, ornement typographique Ă la p. de t., bandeaux, lettres ornĂ©es, culs de lampe. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos long richement ornĂ© de filets, roulettes, pe-tits fers et fleurons dorĂ©s, filet dorĂ© sur les coupes, piĂšces de titre et de tomaison en maroquin rouge, tranches marbrĂ©es bleues. 450 âŹ
Edition originale. Lâouvrage ne fut publiĂ© en Hollande quâaprĂšs sa mort et fut interdit en France. Avec une intĂ©ressante prĂ©face au t. I et la table en fin du tome II. Le comte Henri de Boulainvilliers (Saint-Saire, 1658-Paris, 1722), historien et astrologue français, fut lâun des premiers Ă analyser lâhistoire des institutions françaises, et, en tant quâhistorien, Ă consi-dĂ©rer lâart de gouverner comme une science. Il est le principal reprĂ©sentant du courant idĂ©ologique de rĂ©action fĂ©odale au XVIIIe
siĂšcle. Alors que Montesquieu rejette son ouvrage et affirme que « le comte de Boulainvilliers a fait un systĂšme qui semble ĂȘtre une conjuration contre le tiers Ă©tat » (Michaud), Voltaire en fait lâun des convives du cĂ©lĂšbre DĂźner qui porte son nom et lâhonore de « plus savant gentilhomme du royaume dans lâhistoire, et le plus capable dâĂ©crire celle de France sâil nâavait pas Ă©tĂ© trop systĂ©matique » (Cf. Catalogue des Ă©crivains du SiĂšcle de Louis XIV). RenĂ©e Simon, la grande spĂ©cialiste de Boulainvilliers, estime quant Ă elle, que son Histoire de lâancien gouvernement de la France est son « chef dâĆuvre ». Se proposant de « montrer des rĂšgles de Gouvernement propres Ă nous faire connoĂźtre quel a Ă©tĂ© le soĂ»tien de lâEtat pendant
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un si long cours de gĂ©nĂ©rations, & quelles peuvent ĂȘtre nos ressources dans les disgraces qui nous ac-cablent », Boulainvilliers y dĂ©nonce la magistrature des intendants, nerfs de lâabsolutisme royal, et regrette le systĂšme fĂ©odal qui assurait plus de libertĂ© au peuple. Il rĂ©clame le rĂ©tablissement des Etats gĂ©nĂ©raux comme contrĂŽle du pouvoir royal. Lâauteur se rĂ©fĂšre aux MĂ©moires des GĂ©nĂ©ralitĂ©s du Royaume dressĂ©s par les intendants des provinces, et fournit, entre autres, des indications sur la popula-tion et les diverses activitĂ©s Ă©conomiques de lâĂ©poque. Ex-libris gravĂ© sur les contre-plats supĂ©rieurs aux armes du marquis de Fauquembergue, « fa-mille noble de Normandie » (De la Chenaye-Desbois) ou de Fauquemberg que Rietstap situe en Artois (« dâazur Ă la fasce dâor »).
Cioranescu, 13 374 ; QuĂ©rard, I, 455 ; Brunet, VI, table, 24 032. De la Chenaye-Desbois : Dictionnaire de la Noblesse, Paris, Boudet, 1773, t. VI, p. 276 ; Rietstap : Armorial GĂ©nĂ©ral, Gouda, Zonen, 1884, t. I, p. 651. Coiffes arasĂ©es, plats lĂ©gĂšrement frottĂ©s, usures dâusage aux coins et aux coupes, petite galerie de vers en queue du tome II, rares rousseurs, intĂ©rieur trĂšs frais.
« Edition originale avec envoi de lâauteur »
29. [Buchez, Philippe-Joseph-Benjamin]. Introduction Ă la science de lâHistoire ou science du dĂ©veloppement de lâhumanitĂ©. Paris, Paulin, 1833. In-8° de [4], 568 pp. Demi-veau fauve de lâĂ©poque, dos lisse richement ornĂ© de multiples filets, larges roulettes et petits fers dorĂ©s, piĂšces de titre en maroquin vert Ă©meraude, tranches mouchetĂ©es de rouge. 600 âŹ
Edition originale rééditée en 1834 à Bruxelles chez Louis Haumann et comp. et en 1842 à Paris chez Guillaumin.
Philippe-Joseph-Benjamin Buchez (1796-Rodez, 1865), philosophe et historien, exposa, dĂšs la monarchie de juillet, des thĂ©ories dâun socialisme chrĂ©tien nĂ© des courants catholiques, dĂ©mocratiques et saint-simoniens, comme par exemple la crĂ©ation de coopĂ©ratives de production pour amĂ©liorer les conditions de vie des travailleurs. En 1833, autrefois libre-penseur et toujours rĂ©publicain, Buchez Ă©volue vers le christianisme et affirme dans lâIntroduction Ă la science de lâHistoire, que seul le spiritualisme fonde la libertĂ© humaine. Il y expose sa conception de lâhistoire, de la perfectibilitĂ© et de leur aboutissement dans un Ăąge dâor. « Son idĂ©e fondamentale est celle du progrĂšs, fait plus quâhumain, fait universel, mais âqui dit progrĂšs dit but finalâ. Il y a dans lâhistoire une constante et des va-riantes ; une constante puisque lâhumanitĂ© est en marche vers une association de tous les hommes sous une mĂȘme loi morale qui est celle de Dieu ; des va-riantes parce que dans les sociĂ©tĂ©s qui se succĂšdent le but sâexprime avec des formes diverses et particu-
liĂšres. » (J. Droz) Envoi de lâauteur « A mon ami Roux ». Pierre-CĂ©lestin Roux-Lavigne (Figeac, 1802-Rennes, 1874), professeur dâhistoire et de philosophie Ă la facultĂ© de Rennes, fut dĂ©putĂ© en 1848. Il avait Ă©crit avec Buchez lâHistoire parlementaire de la RĂ©volution française, Paris, Paulin, 1834-1838, 40 vol. Les deux amis se sĂ©parĂšrent Ă la suite de graves dissentiments reli-gieux, sujets de la thĂšse que Roux soutint brillamment en 1847 Ă Montpellier. Lorsque ce dernier fut candidat Ă lâassemblĂ©e Nationale en 1848, Buchez Ă©crivit : « Roux est un homme mobile, impression-nable, qui peut sâexalter au plus haut degrĂ©, pour tomber ensuite plus bas ; tout Ă fait impropre Ă la fonction de reprĂ©sentant, oĂč il faudra du calme, de la fermetĂ© et de la raison froide. » Vers 1855, Roux-Lavigne entra dans les ordres et mourut chanoine honoraire de la cathĂ©drale de Rennes. (Cf. A. Robert et G. Cougny : Biographie extraite du Dictionnaire des parlementaires français de 1789 Ă 1889).
Dictionnaire des lettres françaises, le dix-neuviÚme siÚcle. Paris, Fayard, 1971, art. de Jean Touchard, t. I, pp. 206-207.
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Usures dâusage aux coins, plats lĂ©gĂšrement frottĂ©s, dos lĂ©gĂšrement Ă©pidermĂ©, quelques rousseurs, bon exem-plaire cependant.
Considérations morales déduites de textes historiques
30. Camus, Jean-Pierre. Spéculations historiques par Jean-Pierre Camus, Evesque de
Belley. Paris, Jacques Villery, 1643. Petit in-8° de [8], 317, [1] pp. Vignette en bois gravĂ© reprĂ©sentant JĂ©sus, Marie et le Saint Esprit Ă la p. de t., bandeau, lettre ornĂ©e. Plein vĂ©lin souple ivoire de lâĂ©poque, coutures apparentes, titre manuscrit Ă lâencre au dos, tĂȘte mouche-tĂ©e de rouge. 450 âŹ
Edition originale Ă©ditĂ©e la mĂȘme annĂ©e Ă Paris par G. Aliot. Avec prĂ©face, approbation des Docteurs, table et privilĂšge royal. Jean-pierre Camus (Paris, 1584-id., 1652), thĂ©ologien et Ă©crivain prolifique, fut lâun des premiers Ă©vĂȘques de France Ă se rallier au dogme dĂ©finit par le Concile de Trente. EvĂȘque de Belley en 1609, prĂ©dicateur renommĂ©, il Ă©dita nombre de ses sermons ; surnommĂ© le « Lucien de lâĂ©piscopat » pour ses nombreux romans pieux, antidote des romans dâamour Ă la mode, il Ă©crivit Ă©galement contre les moines. Dans les SpĂ©culations historiques, Camus ex-pose des considĂ©rations morales quâil dĂ©duit de textes historiques. Comme lâanalyse Alain Santacreu, « des prĂ©ceptes moraux et religieux, Ă travers les diverses interventions de lâauteur, viennent encadrer le "narrĂ©" afin de lui donner valeur dâexemplum, convertissant ainsi le rĂ©cit en "anti-roman". »
Cioranescu, 17 533 VĂ©lin lĂ©gĂšrement tachĂ©, petite perte de peau au mors de tĂȘte, intĂ©rieur bien frais malgrĂ© quelques rousseurs Ă la page de titre. Bon exemplaire dâune Ă©dition originale rare.
De la bibliothĂšque de Georges Montandon
31. [Mancini, Hortense - CĂ©sar Vischard de Saint-RĂ©al]. MĂ©moires D. M. L. D. M. [i. e. De Madame La Duchesse de Mazarin]. Cologne [i.e. Lyon], chez Pierre du Marteau, 1675. in-12 de 246 pp.,1 f. bl. Plein veau havane mouchetĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement fleu-ronnĂ© aux filets et petits fers dorĂ©s, roulette dorĂ©e sur les coupes, tranches mouchetĂ©es de rouge. 350 âŹ
Edition originale que la B.N.F. situe Ă Lyon pour les caractĂšres dâimpression. RĂ©Ă©ditĂ©e, avec les MĂ©-moires de sa sĆur Marie, en 1701 sous le titre des Illustres avanturiĂšres dans les Cours des princes dâItalie, de France, dâEspagne et dâAngleterre, Ă Cologne, chez Pierre du Marteau. Hortense Mancini (Rome, 1646- Londres, 1699), niĂšce du Cardinal de Mazarin, « lâune des plus belles femmes de son siĂšcle » (Michaud), avait manquĂ© lâoccasion dâĂ©pouser, entre autres, Charles II dâAngleterre, le duc de Savoie et don Pedro de Portugal. Fuyant un mari avare et jaloux, elle mena une vie brillante Ă Rome, ChambĂ©ry et Londres, oĂč sa maison Ă©tait le lieu de rĂ©union de la sociĂ©tĂ© la plus brillante et des hommes les plus aimables et spirituels. AprĂšs son dĂ©cĂšs, son Ă©poux, « M. Mazarin, de-puis si longtemps sĂ©parĂ© dâelle et sans aucun commerce, fit rapporter son corps et le promena prĂšs dâun an avec lui de terre en terre. Il le dĂ©posa un temps Ă Notre-Dame-de-Liesse, oĂč les bonnes gens la priaient comme une sainte et y faisaient toucher leurs chapelets. A la fin, il lâenvoya enterrer avec son fameux oncle, en lâĂ©glise du collĂšge des Quatre-Nations Ă Paris. » (Saint-Simon : MĂ©moires, Ă©d. de La PlĂ©iade, t. I, ch. XLV, p. 642).
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Nos MĂ©moires, qui relatent ses aventures jusquâĂ son installation Ă ChambĂ©ry en 1672, sont suivis dâun beau portrait dâHortense sous la forme dâune Lettre de 24 pp., probablement de Saint-RĂ©al (1643-1692). Michaud prĂ©cise : « M. lâabbĂ© de Saint-RĂ©al, dit Desmaiseaux, dans la Vie de Saint-Evremond, avait lâhonneur de lâentretenir tous les jours, et de lui lire les meilleurs livres français et italiens. Cet abbĂ© ne fut pas insensible Ă ses charmes. Pour sâinsinuer dans ses bonnes grĂąces, il lui suggĂ©ra lâidĂ©e dâĂ©crire lâhistoire de sa vie, et se chargea de la composer sur les particularitĂ©s quâelle lui fournirait. [âŠ] ce fut alors quâil Ă©crivit Les MĂ©moires de la duchesse de Mazarin, quâil accompagna dâune Lettre oĂč il faisait lâĂ©loge de cette dame. On a dit avec raison que cet ouvrage de Saint-RĂ©al fut plutĂŽt composĂ© pour la gloire de son hĂ©roĂŻne que pour la sienne propre.» (Biographie universelle, Paris, Michaud, 1825, t. XL, p. 90-91). Michaud observe ailleurs que ces MĂ©moires « sont lâouvrage de lâabbĂ© de Saint-RĂ©al : Bayle nâest pas de cet avis ; mais Desmaiseaux nous apprend quâil Ă©tait possesseur dâun exemplaire de la pre-miĂšre et rare Ă©dition de 1675, qui avait appartenu Ă Hortense, et qui Ă©tait chargĂ© de corrections marginales de la main de Saint-RĂ©al. Ces MĂ©moires ont Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ©s dans le MĂ©lange curieux des meilleures piĂšces attribuĂ©es Ă Saint-Evremond, tom. II, et dans le Recueil des Ćuvres de Saint-RĂ©al, tom. VI. (op. citĂ©e, t. XXVI, p. 454.). Barbier les attribue Ă Mancini elle-mĂȘme. Ex-libris « Mde de la BegraisiĂšre » manuscrit et ancien tampon rouge humide de bibliothĂšque Ă la p. de titre, ex-libris imprimĂ© collĂ© sur le contre-plat supĂ©rieur de Georges Montandon (Cortaillod, en Suisse, 1879-Clamart, 1944), mĂ©decin, explorateur et ethnologue au MusĂ©e de lâHomme ; il jeta les bases de « lâethno-racisme » dans son ouvrage LâEthnie française parue chez Payot en 1935 et fut lâune des cautions scientifiques du racisme avant la Seconde Guerre mondiale. Ses travaux aideront Ă la mise en place de lâexposition « Le Juif et la France ». Il est nommĂ© en 1943 directeur de lâInstitut dâĂ©tudes des questions juives et ethnoraciales qui publient Le Cahier Jaune dans lequel il propose de pratiquer une « opĂ©ration dĂ©figurante pour les belles juives ». Il fut utili-sĂ© par le Commissariat aux questions juives pour pratiquer des « visites raciales » dont les conclusions furent adressĂ©es aux autoritĂ©s de Vichy. Il a Ă©tĂ© abattu par la rĂ©sistance en 1944.
Barbier, III, 185 ; Graesse : TrĂ©sor des livres rares et prĂ©cieux, II, 479 ; Brunet, III, 1604. Habiles restaurations en tĂȘte et en queue du dos ainsi quâaux coins, mors fendus, mais la reliure reste solide ; quelques taches et une mouillure aux 3 derniers cahiers de la Lettre.
Aux armes de Caumartin
32. [Temple, William - Le Vasseur] LâEstat prĂ©sent des Provinces-Unies des Pays-Bas. Traduit de lâAnglois de Monsieur le Chevalier Temple, Ambassadeur par le Roy de la Grande Bretagne, vers les Estats GĂ©nĂ©raux, Ă Aix la Chappelle, en lâannĂ©e 1668. Paris, Gervais Clou-zier et Claude Barbin, 1674. Avec privilĂšge du Roy. 2 parties en 1 volume in-12 de [8], 245, [1 bl.] pp. ; 197, [3 bl.] pp. Bandeaux, lettres ornĂ©es. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement fleuronnĂ©s aux roulettes, filets et petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maro-quin rouge, armes dorĂ©es sur les plats, roulette dorĂ©e sur les coupes, toutes tranches dorĂ©es. 550 âŹ
Edition originale de la traduction française, aux armes de Louis-Urbain Le FĂšvre de Caumartin, Marquis de Saint-Ange et avec son ex-libris. QuĂ©rard et Barbier signalent cette Ćuvre comme parue Ă Paris en 1689 ; QuĂ©rard signale la parution chez Clouzier en 1674, en 2 vol. in-12, des Remarques sur lâEtat des Provinces-Unies des Pays-Bas, faites en 1672. Niceron prĂ©cise que « ces remarques sont cu-rieuses » (MĂ©moires pour servir Ă lâhistoire des hommes illustresâŠ, Brisson, 1730, XIII, 173). Avec la table, le privilĂšge datĂ© du 25 janvier 1674, et le certificat dâenregistrement datĂ© du 3 fĂ©vrier 1674. Le chevalier William Temple (1628-1699), seigneur de Sheene, baronet, fut ambassadeur du roi de la Grande-Bretagne auprĂšs de MM. des Etats-GĂ©nĂ©raux des Provinces-Unies, et aux confĂ©rences pour la paix dâAix-la-Chapelle, en 1688, et de NimĂšgue, en 1678 ; mort Ă Morpack dans la province de Sou-thampton, le 5 fĂ©vrier 1699. (J.M. QuĂ©rard : La France littĂ©raireâŠ, Paris, Didot, 1838, tome IX, p.
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366.) Le comte dâAlbon prĂ©cise quâĂ la Chambre, « ⊠Le Chevalier Temple,[âŠ], & plusieurs autres, parlent avec noblesse & font toujours briller leur esprit, soit quâils prĂ©sentent leurs propres vues, soit quâils combattent celles dâautrui. » (Comte dâAlbon, Discours sur lâHistoire, GenĂšve et Paris, Moutard, 1782, t. I, p. 235). Louis-Urbain Le FĂšvre de Caumartin, Marquis de Saint-Ange, (1653 -1720) Ă©tait dâune taille Ă©levĂ©e, « beau et trĂšs bien fait, fort capable dans son mĂ©tier de robe et de finances, qui savoit tout en histoires, en gĂ©nĂ©alogies, en anecdotes de cour, avec une mĂ©moire qui nâoublioit rien de ce quâil avoit vu ou lu, jusquâĂ en citer les pages sur-le-champ, dans la conversation. Il Ă©toit fort du grand monde, avec beau-coup dâesprit, et il Ă©toit obligeant, et au fond honnĂȘte homme ; mais sa figure, la confiance de Pont-Chartrain et la cour, lâavoient gĂątĂ© : il Ă©toit glorieux, quoique respectueux, avoit tous les grands airs qui le faisoit moquer, et haĂŻr encore de ceux qui ne le connoissoient pas ; en un mot, il portoit sous son man-teau toute la fatuitĂ© que le marĂ©chal de Villeroy Ă©taloit sous son baudrier. » (Saint-Simon : MĂ©moires, PlĂ©iade, t. I, ch. XXV, p. 363). Saint-Simon ajoute : « Il nâavoit jamais lu que la plume ou un crayon Ă la main ; il avoit infiniment lu, et nâavoit jamais rien oubliĂ© de ce quâil avoit lu, jusquâĂ en citer le livre et la page. » (Op. cit., t. VI, p. 651). Il avait Ă©tĂ© successivement conseiller au Parlement de Paris, maĂźtre des requĂȘtes, intendant des finances et ministre dâEtat. Il laissa dans ces diffĂ©rents postes la rĂ©putation dâun magistrat plein de jugement et de savoir. Câest Ă lui que Boileau fait allusion dans ce distique : « Chacun de lâĂ©quitĂ© ne fait pas son flambeau, / Tout nâest pas Caumartin, Bignon, ou Daguesseau. » de son cĂŽtĂ©, Voltaire, sâadressant au prince de VendĂŽme, grand-prieur de France, dit : « Tout simplement donc je vous dis / Que dans ces jours de Dieu bĂ©nis, / OĂč tout moine et cagot mange / Harengs, saurets et salsifis, / Ma muse qui toujours se range / Dans les bons et sages partis, / Fait avec faisans et perdrix / Son carĂȘme au ChĂąteau Saint-Ange. / Au reste, ce chĂąteau divin, / Ce nâest pas celui du Saint-PĂšre, / mais bien celui de Caumartin, / Homme sage, esprit juste et fin, / Que de tout mon cĆur je prĂ©fĂšre / Au plus grand pontife romain⊠» Câest dans ce fameux chĂąteau Ă©levĂ© par François Ier, prĂšs de Fontaine-bleau pour la Duchesse dâEtampes, que le marquis de Saint-Ange Ă©rigea cette bibliothĂšque objet de lâadmiration des amateurs contemporains. Non quâelle fut considĂ©rable, mais le choix des livres et la beautĂ© exceptionnelle des reliures la rendaient pour ainsi dire unique en son genre. Tous les volumes habillĂ©s pour lui portaient sur les plats ses armes. Et ceux qui lui venaient dĂ©jĂ reliĂ©s soit par don, Ă©change ou acquisition avaient dans lâintĂ©rieur un ex-libris, reproduisant lâĂ©cusson [de ses armes] mais avec deux lions comme supports. Sauf une douzaine de manuscrits lĂ©guĂ©s Ă lâĂ©vĂȘque de Blois, toutes ses richesses bibliographiques furent acquises par deux libraires. Leurs choix faits, le reste fut livrĂ© aux enchĂšres. Ce fastueux bibliophile mourut en sa terre de Saint-Ange le 2 dĂ©cembre 1720, dans la soixante-septiĂšme annĂ©e de son Ăąge. Meyer-Noirel estime que lâex-libris BibliothĂšque de Saint-Ange est gravĂ© par Jean-Charles Baquoy (1721-1777) (Lâex-libris, Paris, Picard, 1989, p. 114.)
Quérard, IX, 366 ; Barbier, 6006 ; Cioranescu, 43 259. Guigard, II, 119-120 ; O.H.R., 651, fer n°4. Coiffes arasées, usure aux coins intérieurs et extérieurs des plats avec légÚre perte de peau, plats légÚrement épidermés ; rogné court, bon état intérieur malgré une petite mouillure aux 4 premiers feuillets non chiffrés.
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Alchimie-Esotérisme-Franc-maçonnerie-Occultisme
« Rare édition originale »
33. [Anonyme]. RĂšglement de la Loge de la Concorde [arrĂȘtĂ©s le 1er fructidor an XI].
Dijon, Bernard-Defay, an .. [XI, frottĂ©] [1803]. In-8° de 33 pp. sur papier vĂ©lin. Page de titre servant de couverture, lâouvrage est cousu par une seule couture. Non rognĂ©. 180 âŹ
Edition originale de cette plaquette rĂ©Ă©ditĂ©e Ă Dijon, par le F\ Carion, en 1810. Contient le rĂšglement et la composition de la Loge, les « devoirs des chefs » (i. e. des Officiers), les dispositions gĂ©nĂ©rales et parti-culiĂšres. A noter quâil est prĂ©cisĂ© que « le nombre des membres de la Loge est limitĂ©. Ils sont distinguĂ©s en rĂ©sidens et non rĂ©sidens. Les premiers peuvent excĂ©der le nombre de trente ; les seconds ce-lui de vingt » (Art. 1, 2 et 3 du rĂšglement) ; concernant lâadmission dâun profane, elle « exige lâunanimitĂ© des prĂ©sens. Une seule boule noire dĂ©termine lâajournement » (art. 6 et 7 des dispositions gĂ©nĂ©rales.) LâĂ©dition de 1810 introduit principalement la fonction de VĂ©nĂ©rable dâhonneur, sorte de VĂ©nĂ©rable adjoint. La respectable Loge la Concorde Ă lâOrient de Dijon fut constituĂ©e en 1711, elle fut la « Loge des parlementaires bourguignons avant 1789 » (D. Ligou) ; elle joua un grand rĂŽle dans lâexpansion du Rite Ecossais RectifiĂ© entre 1780 et 1785. Ce rite fut introduit Ă la Concorde en 1780 par Esmonin de Dampierre (1744-1824), con-seiller au Parlement. Cette Loge relevait de la Ve Province du R.E.R. et de son « Directoire de Bourgogne », sis Ă Strasbourg. Charles Claude Devoyo (1745-1796), conseiller au Parlement de Dijon, fut vĂ©nĂ©rable de la Concorde de 1782 Ă 1789 ; elle cessa ses travaux le 22 juillet 1789. Le secrĂ©taire de la Loge, le parlemen-taire Renfert de BreteniĂšres, informa le Grand Orient que la Loge Ă©tait « supprimĂ©e, au moins elle ne sâassemble plus » (Daniel Ligou, « La maçonnerie dijonnaise Ă la fin du XVIIIe siĂšcle », Bulletin dâhistoire Ă©conomique et sociale de la RĂ©volution française, annĂ©e 1980-1981 (paru en 1983), pp. 46-47).
Fesch : Bibliographie de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrÚtes, 1158 ; D. Ligou : Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, I, 314. Feuille de la page de titre tachée et frottée avec une déchirure de 2 cm. en queue de la pliure ; intérieur trÚs frais.
« Ce Roman cabalistique nâest pas commun » (Stan. de GuaĂŻta)
34. [Anonyme]. Le Roman Cabalistique. Amsterdam, Joli, 1750. In-12 de 70 pp. Cul-de lampe typographique Ă motif dâĂ©toiles Ă 6 branches encerclĂ©es Ă la p. de t., bandeau, cul-de-lampe. Demi-chagrin noir XIXe, dos long avec le titre en long et la date en queue dorĂ©s. 500 âŹ
Edition unique. « Rare, inconnu de tous les bibliographes [âŠ] Curieux Opuscule qui mĂ©riterait dâĂȘtre rĂ©imprimĂ©. » (Caillet) Avec prĂ©face.
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« Ce Roman cabalistique nâest pas commun. Soit hasard, soit que lâauteur fĂ»t initiĂ©, il a dĂ©peint trĂšs net-tement, sous lâappellation des animaux invisibles, les ĂȘtres inconscients, semi-conscients, ou simplement instinctifs, que les occultistes nomment : Ă©lĂ©mentaux, larves, fantĂŽmes astraux » (S. de
GaĂŻta citĂ© par Dorbon). Lâauteur diffĂ©rencie nettement les Esprits, capables de former un dessin et de tirer des consĂ©quences sur les moyens de rĂ©ussir, dâavec des animaux invisibles, bĂȘtes de pur instinct. Ceux-ci naissent, meurent et sont susceptibles de se reproduire ; ils se manifestent par les songes, les pressenti-ments et les hasards, et favorisent ainsi nos actions. Ils errent comme toutes les bĂȘtes et sont souvent seuls ou en troupeaux ; ils donnent le ton Ă une nation en-tiĂšre : « Lâanthousiasme & lâĂ©lĂ©vation de lâEspagne a Ă©tĂ© altĂ©rĂ©e par des espĂšces de Biches mĂ©lancoliques qui laissent trop de langueur & de mollesse dans les Esprits ; un genre semblable aux BĆufs sâest emparĂ© de lâAllemagne, dont les caractĂšres pesans ne sont pas incapables dâune profonde Ă©motion ; & une troupe de Singes AĂ«riens se sont Ă©tablis Ă la Chine, & dans les Etats voisins quâils ont remplis des imaginations bizarres oĂč leur vivacitĂ© les rend sujets » (p. 33). Ce qui justifie lâhumanitĂ© de quelques extravagances dont une nation nâest pas capable : « On a vu un seul Homme en France rĂ©duire en systĂšme lâart de voler, qui Ă©tait suivi dâune multitude prodigieuse Ă qui il commandait avec une absolue autoritĂ©, & qui formait plutĂŽt, par une exacte discipline, une secte rĂ©glĂ©e quâune troupe de brigands » (p. 35), allusion Ă peine voilĂ©e au ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des finances Law et Ă son systĂšme.
Caillet, 9571 ; Dorbon, 4218. Quelques Ă©pidermures ; tĂȘte rognĂ©e court, petite cerne en tĂȘte. Bon exemplaire.
« Reliure maçonnique de lâĂ©poque avec super ex-libris »
35. [Anonyme]. Statuts de lâOrdre de la Franc-Maçonnerie, en France. S.n., s.l., s.d. [Pa-ris, 1801]. Suivi des Articles rĂ©glementaires arrĂȘtĂ©s en lâAssemblĂ©e du G\O\, du 4 Germinal an X. S. n., s. l., s. d. [Paris, ca. 25 mars 1802]. In-8° de [4], 250 pp. ; 4 pp., [39] ff. blancs. Grand et petit sceau de lâOrdre en dĂ©but et fin de chaque ouvrage. Pleine basane raci-nĂ©e fauve de lâĂ©poque, dos long richement dĂ©corĂ© de roulettes et de petits fers maçonniques dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, roulette « en dents de rat », filet et chaĂźnette dorĂ©s en encadrement sur les plats avec super ex-libris « L\ de la Parfaite Union / O\ du Puy » dorĂ© sur le plat sup., roulette dorĂ©e sur les mors et les coupes. 650 âŹ
Edition originale. Table en fin dâouvrage. Les Statuts de lâOrdre, en XV chapitres, sâouvrent, en guise de prĂ©face, par un Extrait du Livre dâOr dĂ©posĂ© aux archives du Grand Orient de France dans lequel le Grand Orient, en date du 28 novembre 1800, ordonne lâimpression et lâenvoi du RĂšglement subsĂ©quent Ă toutes les Loges et Chapitres, voulant ainsi « assurer lâunitĂ© de rĂ©gime et lâuniformitĂ© ». Ce RĂšglement est la consĂ©quence du concordat passĂ© en juin 1799 entre le Grand Orient et lâancienne Grande Loge de France, Ă©vitant ainsi un schisme. Les Articles rĂ©glementaires sont au nombre de 5 ; ils apportent des prĂ©-cisions aux statuts de lâOrdre quant Ă la prĂ©sĂ©ance, la Grande Loge et les Loges RĂ©guliĂšres. Ils portent la signature manuscrite du FrĂšre « Doisy », SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Grand Orient de France. Doisy Ă©tait, en outre, Grand Orateur de lâOrdre. « La Parfaite Union » fut fondĂ©e au nom et sous les auspices de la Grande Loge de France, par des maçons de la « Parfaite RĂ©union » de Lyon, mais câest le Grand Orient de France qui lui dĂ©livrera sa patente de reconstitution le 26 mars 1774, et câest le FrĂšre Chevalier, avocat au Parlement, qui en sera le VĂ©nĂ©-rable MaĂźtre. En sommeil durant la RĂ©volution de 1789, elle reprend ses travaux le 11 avril 1802
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jusquâen 1812. Quatre-vingts ans plus tard, elle reprendra force et vigueur avec la naissance du « RĂ©veil Anicien ».
Fesch, 1300. Plats frottés présentant des galeries de vers, notamment au plat supérieur, usure aux coins ; quelques rousseurs, bon exemplaire.
« La dĂ©fense dâune alchimie spirituelle »
36. [Belin, Dom Jean-Albert]. Les Aventures du philosophe inconnu, en la recherche & en lâinvention de la Pierre Philosophale. DivisĂ©es en quatre livres. Au dernier desquels est parlĂ© si clairement de la façon de la faire, que jamais on nâa parlĂ© avec tant de candeur. Pa-ris, Estienne Danguy, 1646. In-12 de [12], 225 pp. Bandeaux, cul de lampe, lettres ornĂ©es. Plein vĂ©lin souple ivoire de lâĂ©poque, dos long avec le titre manuscrit Ă lâencre. 1 500 âŹ
Edition originale. Ouvrage qualifiĂ© de « curieux » par Michaud. Ce texte sur lâalchimie fut rĂ©Ă©ditĂ© en 1674 (Paris, Jacques de Laize-de-Bresche) et en 1709 (Paris, Laurent dâHoury). A signaler une rĂ©Ă©dition rĂ©cente accompagnĂ©e dâune introduction remarquable de Sylvain Matton (Paris, Retz, 1976). Avec une Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire Ă Monsieur Maulnourry et une ode au philosophe inconnu.
« Belin (Dom Albert, ou Jean-Albert), natif de Besançon [vers 1610], fit profession Ă lâabbaye de Faverney le 29 dĂ©cembre 1629. AprĂšs quâil eut fait profession et achevĂ© ses Ă©tudes, il fut envoyĂ© en France, ou il demeu-ra dans lâabbaye de Cluny et ensuite dans les monastĂšres de La-CharitĂ©-sur-Loire, de Saint-Etienne de Nevers, Ă Paris, et en dâautres lieux, ce qui lui fournit lâoccasion de cultiver son esprit et de se former dans la prĂ©dication. Il Ă©tait dâune humeur douce et affable, dâune conversation aisĂ©e. Il a fait paraĂźtre la subtilitĂ© de son esprit dans les ouvrages quâil a composĂ©s et dans les confĂ©rences publiques quâil a tenues Ă Paris, prou-vant par raisonnement tous les articles de notre Foi. AprĂšs avoir Ă©tĂ© pendant quelque temps prieur du collĂšge de Cluny Ă Paris, et abbĂ© de Notre-Dame-de-la-Chapelle dans lâĂ©vĂȘchĂ© de TĂ©roĂŒanne, il cĂ©da ces deux bĂ©nĂ©fices Ă Du Laurent, grand prieur de Cluny. LâĂ©vĂȘchĂ© de Bel-ley, sous la mĂ©tropole de Besançon, Ă©tant venu Ă vaquer en 1666, il en fut pourvu et obtint son brevet du Roi par la faveur de M. de Colbert, ministre dâEtat, au fils duquel Dom Albert Belin avait procurĂ© auprĂšs de tous les religieux lâĂ©lection pour le prieurĂ© de La CharitĂ©. Sa provision, ayant Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au Conseil de Conscience du Roi, fut rejetĂ©e ; le Roi voulut voir Dom Belin et demeura si satisfait de lui quâil dit tout haut que ce religieux seul avait plus dâesprit que tous ceux qui lui Ă©taient opposĂ©s, et il dĂ©clara quâil voulait absolument quâil fut Ă©vĂȘque de Belley. Ses lettres patentes furent enregistrĂ©es ; il obtint ses bulles et prit posses-sion en 1666 ou 1667 [âŠ] Il mourut Ă Belley en 1677. Tout ce dĂ©tail est tirĂ© de la BibliothĂšque SĂ©quanaise de M. Lampinet, citĂ©e par Dom Cons-tance Guillot dans son Histoire manuscrite de Saint-Vincent de
Besançon. » (Dom Calmet : BibliothĂšque de Lorraine, ou histoire des hommes illustres qui ont fleuri en Lorraine, Nancy, Leseure, 1751, col. 102-103). Lors de son sĂ©jour Ă La-CharitĂ©-sur-Loire, Belin fut probablement en contact avec ce singulier « foyer alchimique » du Nivernais que constituait alors la cour des Gonzagues, alors ducs de Nevers. Les Aven-tures du philosophe inconnu nâest ni « dirigĂ© contre les alchimistes » (Michaud), ni empreint dâamertume (Dorbon : « [il] sâoccupa de la Pierre Philosophale. Infructueux dans ses recherches, il Ă©cri-vit ce petit ouvrage pour tourner en ridicule souffleurs et alchimistes. ») ; Dom Albert Belin, dans ce texte en quatre livres, prend la dĂ©fense dâune alchimie spirituelle, qui sâoriente vers une alchimie chrĂ©-tienne, soutenant ainsi la matĂ©rialitĂ© et la spiritualitĂ© du Grand Ćuvre. « Iâavois autant de passion de rencontrer quelque bon Philosophe que de peur de trouver quelque Chymique, mon amour estoit autant grand pour ceux-lĂ que ma haine pour ceux-cy. » ( p.131). Dom Belin se propose de transmettre analo-giquement un enseignement philosophique traditionnel grĂące Ă son rĂ©cit symbolique. Le philosophe
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inconnu, câest Ă dire lâalchimiste, effectue un voyage initiatique dont la quĂȘte aboutit Ă Dieu, orient mystique, pĂŽle spirituel. Lors de ses pĂ©rĂ©grinations, il croisera des charlatans, des incrĂ©dules, il dĂ©fendra sa religion catholique contre des luthĂ©riens et des calvinistes quâil convertira, et dans le Livre III, il as-sistera Ă une rĂ©union de soit disant Alchimistes ; Ă cette occasion, les thĂ©ories les plus farfelues, voire ridicules, sur la matiĂšre de la Pierre philosophale sont exposĂ©es : lâor, le plomb, le fer, lâantimoine, le vitriol, lâarsenic, le mercure, le tartre, la terre, la rosĂ©e du mois de mai, lâair, lâĆuf dâun coq, le crachat, lâurine et lâexcrĂ©ment humain ! Le prĂ©sident de la sĂ©ance rĂ©alise une synthĂšse de tous ces ingrĂ©dients sous les applaudissements de toute lâassemblĂ©e. Passage cocasse sâil en est que Dom Belin conclue ain-si : « Moy entendant sela, jâaurois fourny volontiers de lâurine, car ie pissois dans mes chausses de rire⊠» (p. 128). Enfin, aprĂšs avoir rencontrĂ© deux bĂ©nĂ©dictins, avoir doutĂ©, voyagĂ© longuement et pen-sĂ© mourir, la rĂ©vĂ©lation divine lui apprend que seul Dieu peut communiquer le secret de la Pierre Philosophale. Pour ĂȘtre digne de recevoir la rĂ©vĂ©lation divine, il faut se dĂ©pouiller de toute affection autre que divine, Ă©loigner de son Ăąme un quelconque dĂ©sir de vengeance, et se donner absolument Ă Dieu et le servir dâun cĆur ferme. Au Livre IV, Dame Philosophie, ou Sagesse, lui apparaĂźt et lui ap-prend ce quâest la Pierre : sa nature, ses effets et excellences, sa matiĂšre et la façon de la rĂ©gir et gouverner pour la conduire Ă la perfection. La Pierre est possible, sa matiĂšre est une seule chose, elle est eau de notre minĂ©ral. Dame Philosophie expose ensuite les quatre phases dâĂ©laboration : la prĂ©paration, la corruption, la gĂ©nĂ©ration et la multiplication. AprĂšs ces rĂ©vĂ©lations, Dom Belin conclue son ouvrage ainsi : « A Dieu donc & me laissez aller dedans ma solitude pour ne penser plus quâĂ mourir pour vivre dans le jour Ă©ternel & y trouver une autre Pierre infiniment plus riche & plus heureuse, Petra autem erat Christus. » [« Et cette Pierre Ă©tait le Christ. » I, Cor. X, 5].
Caillet, 925 ; Cioranescu, 11139 ; Barbier : Dictionnaire des anonymes, 343 ; QuĂ©rard : Supercheries littĂ©raires, III, 118 d ; Michaud : Biographie Universelle, Paris, Thoisnier Desplaces, 1843, III, 533 ; Lenglet-Dufresnoy : Catalogue raisonnĂ© des philosophes hermĂ©tiques ; Histoire de la philosophie hermĂ©tique, Paris, 1742, III, 93 ; Dorbon : 5441 (seulement pour lâĂ©dition de 1674) ; L. Alloing : Dictionnaire dâhistoire et de gĂ©ographie ecclĂ©-siastique, I, col. 1352 ; Emile Fourquet : Les Hommes cĂ©lĂšbres et les personnalitĂ©s marquantes de Franche-ComtĂ© du IVe siĂšcle Ă nos jours, Besançon, SĂ©quania, 1929, pp. 116-117 ; M. Roche â M. Vernus : Dictionnaire biographique du dĂ©partement du Doubs, Lons-le-Saunier, Arts et LittĂ©rature, p.38 VĂ©lin jauni lĂ©gĂšrement tachĂ© ; quelques minuscules galeries superficielles sur le plat supĂ©rieur ; quelques indica-tions anciennes de prix Ă©crites Ă lâencre sur le plat et contre-plat supĂ©rieurs ainsi que sur plat infĂ©rieur. Manuscrit Ă lâencre sur la page de titre : « on dit quâil est de lâabbĂ© albert Belin.bib.chyor.» et de la mĂȘme main p. 189 : « et en badinant. » ; de nombreux passages concernant « la nature de la Pierre, ses effets, ses excellences, avec sa possibilitĂ© & facilitĂ© » soulignĂ©s au crayon rouge ou Ă lâencre noire ; mince dĂ©coupe de papier au bas de la page de titre et en derniĂšre page sans perte de texte, mouillures marginales en toute fin de lâouvrage (pp. 211 Ă 225). Bon exemplaire cependant.
« Intéressant ensemble maçonnique »
37. Pochette maçonnique de la Loge La LibertĂ© de Lausanne contenant : Constitution de lâunion des Loges suisses Alpina. Berne, BĂŒchler & co., 1900. In-12 de 32 pp. Brochure agrafĂ©e, couverture en papier bleu avec le sceau de lâobĂ©dience. Statuts de la Loge LibertĂ© Ă Lausanne. Lausanne, Guilloud-Howard et F\V. Fatio, 1886. In-12 de 39, 1 bl. pp. Bel ornement typographique maçonnique en p. de t. BrochĂ©, couverture en papier bleu avec le titre et lâornement typographique encadrĂ©s, Ă©querres et compas en coins. Rapport sur lâactivitĂ© de la J\ & P\ Loge de St. Jean La LibertĂ© Or\ de Lausanne de 1891 Ă 1903. Berne, BĂŒchler & Co., 1903. In-12 de 25, 1 bl. pp. Ornements typographiques maçonniques. Brochure agrafĂ©e, couverture en papier bleu ciel avec un bel encadrement nĂ©o-classique de la p. de t. Emile Paccaud. ExposĂ© sommaire des principales doctrines du socialisme contemporain, rĂ©sumĂ© dâune confĂ©rence du Fr. E. Paccaud, VĂ©n. DâHonneur de la LibertĂ© Ă Lausanne (dĂ©-cembre 1900). Berne, BĂŒchler & Co. 1901. In-12 de 15, 1 bl. pp. AgraffĂ© avec une couverture en papier bleu avec ornement typographique maçonnique sur la 1Ăšre de couv.
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2 affichettes anti-maçonniques de la FĂ©dĂ©ration Nationale Catholique, sur papier beige (28 cm. x 21 cm.), datant des annĂ©es 1924 et intitulĂ©es La Dictature de la Franc-Maçonnerie et La VĂ©ritĂ©, ainsi quâun tract anonyme de 1924 reprĂ©sentant « La Pieuvre Maçonnique » (non coloriĂ©). 1 photo ancienne reprĂ©sentant la mĂ©daille de la Loge La LibertĂ© encadrĂ©e (Ă©preuve sur papier albuminĂ© montĂ©e sur support cartonnĂ© vert sapin). 200 âŹ
⹠La pochette à rabat en carton recouvert de percaline noire présente une étiquette de papier brun contre-
collĂ©e avec lâindication imprimĂ©e : « A retourner Ă la Loge / LibertĂ© / 16, Caroline, 16, / Lausanne. » Elle est antĂ©rieure Ă fin janvier 1911, date Ă laquelle la LibertĂ© sâinstalla Avenue Ruchon-net. La Loge LibertĂ© de la Grande Loge Suisse Alpina, fondĂ©e Ă Lausanne le 11 septembre 1871, est toujours en activitĂ©.
âą Edition originale des Statuts de la Loge LibertĂ© Ă Lausanne, statuts adoptĂ©s par la Loge lors de lâassemblĂ©e du 30 aoĂ»t 1886, sous la prĂ©sidence du F\ E. Paccaud, et acceptĂ©s par le Conseil adminis-tratif de lâAlpina dans sa sĂ©ance du 13 novembre 1886. Des rousseurs, notamment sur la 1Ăšre de couv. IntĂ©rieur assez frais cependant, bon exemplaire. Fesch : Bibliographie de la Franc-Maçonnerie et des sociĂ©tĂ©s secrĂštes, 1307
âą Le Rapport sur lâactivitĂ© de la Loge⊠de 1891 Ă 1903 est prĂ©sentĂ© par Louis Gauthier, MaĂźtre en Chaire. Il est suivi du compte rendu de la « 1Ăšre tenue universelle anniversaire du 18 mai pour lâidĂ©e de la paix » qui sâest dĂ©roulĂ©e dans le temple de la LibertĂ©, organisĂ©e par les deux Loges de Lausanne, la LibertĂ© et lâEspĂ©rance et CordialitĂ©. A noter le compte rendu de la planche du F\ Bersier, de la Liber-tĂ©, sur lâĂ©tude du dĂ©veloppement de lâidĂ©e de la paix, suivi du discours du F\ Gacon, membre de lâEspĂ©rance et CordialitĂ©, sur la « TrĂȘve de Dieu », tentative commune menĂ©e en 1036 par les vaudois pour instaurer la paix dans leur pays ravagĂ© par les dissensions et la guerre. Fascicule en trĂšs bon Ă©tat.
âą Rare Ă©dition du compte rendu dâune planche dâEmile Paccaud (PrĂ©vonloup, 1836-Lausanne, 1915), personnalitĂ© politique vaudoise, membre du parti radicale, Ă©conomiste, qui fut directeur de la Banque cantonale vaudoise de 1892 Ă 1900, et dĂ©putĂ© au Grand Conseil de 1862 Ă 1905. Dans son exposĂ©, Pac-caud traite du communisme, du mutuellisme, du collectivisme, de lâanarchisme, pour arriver Ă la conclusion que « de nos jours, le communisme est gĂ©nĂ©ralement abandonnĂ©, pour le collectivisme, qui
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en est lâattĂ©nuation, et le mutuellisme pour lâanarchisme, qui en est lâexagĂ©ration. » Quelques rousseurs, notamment sur la couverture ; intĂ©rieur trĂšs frais. Bon exemplaire.
âą La Constitution de lâunion des Loges suisses Alpina fut adoptĂ©e le 19 avril 1879 et fut frĂ©quemment rĂ©-Ă©ditĂ©e depuis. Quelques rousseurs, notamment sur la couverture, marque de pliure en coin de la 4Ăšme de couv. Bon exemplaire.
La pochette est en bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral malgrĂ© des usures dâusage, quelques taches, et une petite fente Ă une char-niĂšre (sur 1 cm.). Bel ensemble.
Gastronomie-Sciencesettechniques
« Edition originale de La Gastronomie de Berchoux »
38. [Berchoux, Joseph]. La Gastronomie ou lâHomme des Champs Ă table, poĂ«me didac-tique en quatre chants, pour servir de suite Ă lâHomme des Champs. Par Joseph B****** x. Paris, Giguet et Cie, 1801 ([an] 9). 108 pp. Suivi de : Jacques-Maximilien-Benjamin Bins de Saint-Victor. LâEspĂ©rance, poĂ«me. Paris, Barbat, an IX-1803. 91 pp., [1 p. bl.]. Belle li-thographie en frontispice de Robert de Launay dâaprĂšs AimĂ©e Thibault reprĂ©sentant une jeune femme mĂ©lancolique assise sous un arbre, un bouquet de fleurs Ă ses pieds avec pour lĂ©-gende : « Du Dieu qui lâaffligea la tendre Providence / A cette infortunĂ©e a laissĂ© lâEspĂ©rance », marque typographique de Didot lâaĂźnĂ© en page de titre. Suivi de : [Jean-Baptiste Murat]. La DestinĂ©e dâune jolie femme, poĂšme Ă©rotique en six chants par J.-B⊠de M⊠Paris, Mongie, an XI-1803. 71 pp, [1 p. bl.]. Belle lithographie en frontispice reprĂ©sen-tant deux femmes Ă la toilette et lĂ©gendĂ©e : « Manon souritâŠ.. elle est une imbĂ©cille ! / Peut-on penser que Lise a des projets ? ». In-12. Les 3 ouvrages ont conservĂ© leurs marges dâorigine. Pleine basane fauve racinĂ©e de lâĂ©poque, dos long richement ornĂ© aux roulettes, filets et petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en basane maroquinĂ©e rouge, filet estampĂ© Ă froid sur les plats, roulette dorĂ©e sur les coupes, toutes tranches citrons, gardes bleu roi. 600 âŹ
âą Joseph Berchoux : La Gastronomie ou lâHomme des Champs Ă table. Edition originale rare, tirĂ©e Ă petit nombre, de ce poĂšme, grand classique de l'art de la table, dont 6 Ă©ditions suivirent jusquâen 1829. Joseph Berchoux (Saint Symphorien, 1760-Marcilly, 1838), historien, sociologue, poĂšte, humoriste français, inventa le mot « gastronomie » en publiant La Gastronomie en 1801, poĂšme badin qui obtint un grand succĂšs. Les 4 poĂšmes en alexandrins de notre ouvrage chantent lâhistoire de la cuisine des an-ciens suivie dâun repas composĂ© dâun premier service, dâun second service et dâun dessert. Ils sont prĂ©cĂ©dĂ©s dâune « Lettre Ă©crite Ă lâauteur de La gastronomie », et suivis de 44 pp. de notes et dâun errata. A noter la profession de foi de lâauteur dans laquelle il fait lâĂ©loge du gigot et la critique du Cuisinier Français (pp. 88 Ă 94). OberlĂ© en fait ainsi lâĂ©loge : « Ce spirituel badinage parut en 1800 et assura Ă lâauteur une gloire durable. Dans ce poĂšme, qui sera rĂ©imprimĂ© sans cesse et qui deviendra un des âclas-siques de la tableâ, personne ne connaĂźtrait plus Berchoux, car sa production ultĂ©rieure fut moins heureuse. La Gastronomie fut traduite en plusieurs langues ; certains vers devinrent des proverbes : âUn poĂšme jamais ne valut un dĂźnerâ ou encore âRien ne doit dĂ©ranger lâhonnĂȘte homme qui dĂźneâ. La Gas-tronomie est une excellente illustration de la joie de vivre remise Ă lâhonneur par le Directoire. » Dans son Dictionnaire, Emile LittrĂ©, au mot « gastronomie » Ă©crivit, Ă propos de cette Ćuvre : « Berchoux a donnĂ© en 1801 un poĂ«me de la Gastronomie qui lui fait une rĂ©putation mĂ©ritĂ©e » ; lâĂ©rudit lyonnais F. Z. Collombet, prĂ©cise en outre que « de nos jours, lâart des Apicius a trouvĂ© des panĂ©gyristes, qui en ont tracĂ© sĂ©rieusement les leçons. Plus heureux et plus habile, un de nos plus aimables poĂštes, Berchoux, a
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gaĂźment traitĂ© ce sujet dans son poĂšme de la Gastronomie » (Ćuvres de C. Sollius Apollinaris Sidonius, Lyon, 1836, t. I, p. 423).
Vicaire, Manuel de lâamateur de livres, I, 422 ; Vicaire, 83 ; OberlĂ©, 385 ; Querard, I, 280 ; Barbier, II, 522 f. ; OberlĂ©, Les Fastes de Bacchus et de Comus, 385 (ne cite que la 2Ăšme Ă©dition). Quelques trĂšs rares rousseurs et une lĂ©gĂšre mouillure marginale Ă la derniĂšre feuille sans atteinte au texte.
âą Bins de Saint-Victor : LâEspĂ©rance. 6Ăšme Ă©dition de Didot lâaĂźnĂ© ; lâĂ©dition originale de ce poĂšme cĂ©lĂšbre date de 1802. Jacques-Maximilien-Benjamin Bins de Saint-Victor (Saint-Domingue Ă HaĂŻti 1772-Paris 1858) fut arrĂȘ-tĂ© comme conspirateur royaliste pendant le Premier Empire, et fut incarcĂ©rĂ© Ă Paris. AprĂšs la chute de NapolĂ©on, il figure parmi les rĂ©dacteurs du Journal des dĂ©bats et collabore Ă©galement au Drapeau blanc. Ayant tentĂ© sans succĂšs, avec Lamennais, de fonder une librairie, il s'exile quelque temps en AmĂ©rique. Ă son retour, il collabore au journal La France. Outre ses Ćuvres poĂ©tiques et une traduction d'AnacrĂ©on en vers, Jacques Bins de Saint-Victor a publiĂ© plusieurs Ă©tudes historiques ainsi que trois li-vrets d'opĂ©ra. Dans LâEspĂ©rance, lâauteur peint en alexandrins une suite de tableaux dâaprĂšs la lĂ©gende de la boĂźte de Pandore selon HĂ©siode. LâespĂ©rance, restĂ©e au fond du vase ouvert par lâĂ©poux de Pan-dore, EpimĂ©thĂ©e, consolera lâHomme de ses maux tout au long de sa vie. Avec une prĂ©face de lâauteur, 45 pp. de notes dans lesquelles lâauteur relate la fondation de Venise et lâĂ©tablissement de la Hollande, et Ă©tablit un parallĂšle entre CicĂ©ron le rĂ©publicain et Sylla le dictateur, allusion Ă la terreur rĂ©volutionnaire de la derniĂšre dĂ©cennie. Une liste de quelques ouvrages vendus chez le Libraire clĂŽt lâĂ©dition. AimĂ©e Thibault (1780-1868) peintre français. Robert De Launay (1754-1814) graveur de la SociĂ©tĂ© libre des Arts de Rouen, appartient Ă lâĂ©cole des graveurs-vignettistes du XVIIIe siĂšcle. (Beraldi, IX, 58.)
QuĂ©rard, VIII, 382 (pour lâĂ©d. de 1804 en prĂ©cisant « IVe Ă©dition » [sic]) Infime mouillure marginale au frontispice sans atteinte Ă la gravure.
âą Jean-Baptiste Murat : La DestinĂ©e dâune jolie femme. Rare Ă©dition originale. ImprimĂ© par Langlois, Ă Paris. Dans un long poĂšme en dĂ©casyllabiques, lâauteur dĂ©peint lâavilissement dâun cĆur tendre. Lise, dĂ©lais-sĂ©e par son mari, sĂ©duite puis abandonnĂ©e par un lovelace, deviendra coquette, libertine, intrigante et enfin dĂ©vote. Avec un avant propos, une table et un erratum.
Barbier, Dictionnaire des anonymes, I, 913,c ; Querard, VI, 363-364. Petite déchirure p. 65 sans atteinte au texte. Rares épidermures, petite perte de peau en queue du plat supérieur, petite tache sur le plat inférieur, 3 petits trous de vers sur la charniÚre inférieure, coins légÚrement émoussés. Cependant, bon état général, intérieur trÚs frais.
« Rare et unique édition tirée à petit nombre »
39. Revillout, EugĂšne. Le Syllabaire dĂ©motique. 1er fascicule. LâAlphabet. Paris, s. n., 1912. Suivi du 5Ăšme fascicule. PĂ©riode classique. Paris, s. n., 1913. In-4° de 7, 272 pp. Pagina-tion continue. Edition imprimĂ©e du manuscrit autographiĂ©. Introduction en caractĂšres romains. Demi-basane rouge du temps, dos Ă 4 faux nerfs, titre dorĂ© au dos. Les 2 couvertures dâĂ©diteur, lâune verte et lâautre violette, sont conservĂ©es. 800 âŹ
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Rare et unique édition tirée à petit nombre.
EugĂšne RĂ©villout (Besançon, 1843-Paris, 1913), Ă©gyptologue, attachĂ© Ă la conservation du musĂ©e du Louvre, fut professeur Ă lâĂ©cole du Louvre de 1884 Ă 1908. Brillant professeur de copte et de droit Ă©gyp-tien, il fut en outre directeur de la Revue Ă©gyptologique. Le Syllabaire dĂ©motique est une sorte dâalphabet de caractĂšres phonĂ©tiques plutĂŽt syllabiques dont lâĂ©criture, dans lâancienne Egypte, pouvait ĂȘtre lue et comprise du peuple. Notre publication constitue le dernier ouvrage de lâauteur qui mourut du-rant sa rĂ©daction, comme lâindique le petit commentaire en italique imprimĂ© Ă la fin de lâouvrage : « Câest Ă cette page que la plume est tombĂ©e des mains de celui qui fut un si grand travailleur, et dont toute la vie sâest rĂ©sumĂ©e dans sa devise : Laboremus. La veille de sa mort, il rĂ©digeait encore une page dâautographie. On peut donc dire que cette fin a Ă©tĂ© comme la synthĂšse de sa vie. » Ex-libris de Pierre Prudon, avec sa devise, contrecollĂ© sur le contre-plat supĂ©rieur, tampon humide rose de sa bibliothĂšque archĂ©ologique et philologique sur la p. de t, et enfin son ex-libris manuscrit, sur la 3Ăšme de couv. du 1er fascicule : « Livre appartenant Ă Monsieur Prudon Pierre / 14 rue de Marseille 69 Lyon 7Ăšme / A Lyon le 11-12-69».
Emile Fourquet : Les Hommes cĂ©lĂšbres et les personnalitĂ©s de Franche-ComtĂ©, 496 ; M. Roche â M. Vernus : Dictionnaire biographique du dĂ©partement du Doubs, Lons-le-Saunier, Arts et LittĂ©rature, p. 420. Dos en partie insolĂ©, lĂ©gĂšres griffures sur le plat supĂ©rieur, usure dâusage aux coins et aux coupes ; intĂ©rieur trĂšs frais, sans rousseurs, petite dĂ©chirure sans perte de papier, Ă la page de garde et au faux titre du 1er fascicule (probablement lors de la reliure). Bon exemplaire de cet ouvrage rare.
« Edition originale rare dâun des premiers Ă©crits sur la musique de Rousseau, aux armes de Roujault »
40. Rousseau, Jean-Jacques. Dissertation sur la musique moderne. Paris, Quillau, 1743.
8° de XVI, 101, [3] pp. Marque dâimprimeur Ă la page de titre, bandeaux, culs de lampe et lettres ornĂ©es, 1 pl. dĂ©pliante gravĂ©e sur cuivre par D.Vincent reprĂ©sentant la Table gĂ©nĂ©rale de tous les tons et de toutes les clefs. Plein veau havane de lâĂ©poque, filet estampĂ© Ă froid et armes dorĂ©es sur les plats, dos Ă 5 nerfs richement fleuronnĂ©, aux filets, roulettes et petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, roulette dorĂ©e sur les coupes, tranches rouges. 2 000 âŹ
Edition originale aux armes de la famille Roujault. La Dissertation fut insĂ©rĂ©e dans les Ćuvres com-plĂštes dĂšs 1764. Avec approbation, privilĂšge et liste dâerrata en fin de volume. Le 22 aoĂ»t 1742, Rousseau prĂ©sentait avec succĂšs Ă lâAcadĂ©mie des Sciences un mĂ©moire intitulĂ© Projet concernant de nouveaux signes pour la musique ; encouragĂ© par cet accueil favorable, il dĂ©cida de le prĂ©senter au public. « Je mâenfermai dans ma chambre et travaillai deux ou trois mois avec une ardeur inexprimable Ă refondre dans un ouvrage destinĂ© pour le public le mĂ©moire que jâavois lĂ» Ă lâAcadĂ©mie.
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La difficultĂ© fut de trouver un libraire qui voulut se charger de mon manuscrit ; vĂ» quâil y avoit quelque dĂ©pense Ă faire pour les nouveaux caractĂšres, que les libraires ne jettent pas leurs Ă©cus Ă la tĂȘte des dĂ©butans, et quâil me sembloit bien juste que mon ouvrage me rendit le pain que jâavais mangĂ© en
lâĂ©crivant. Bonnefond me procura Quillau le pĂšre qui fit avec moi un traitĂ© Ă moitiĂ© profit, sans compter le privilĂ©ge que je payai seul. Tant fut opĂ©rĂ© par ledit Quillau que jâen fus pour mon privilĂ©ge et nâai tirĂ© jamais un liard de cette Edition qui vraisem-blablement eut un dĂ©bit mĂ©diocre, quoique lâAbbĂ© Desfontaine mâeut promis de la faire aller, et que les autres Journalistes en eussent dit assez de bien » (Les Confessions, VII, 7-8). Contrairement Ă ses espĂ©rances, la critique, Ă
lâexception de Desfontaines, ne fut pas Ă©logieuse ; en effet, lâabbĂ© Desfontaines (1685-1745), ami de Jean-Jacques, Ă©crit dans ses Observations sur les Ă©crits modernes, du 1er fĂ©vrier 1743, que cet ouvrage « annonce non seulement lâhomme versĂ© dans la thĂ©orie de la musique, mais mĂȘme lâhomme dâesprit et lâhomme de lettres » (lettre 462, pp. 265-286) ; mais les notices favorables que lâon trouve dans les journaux (comme Le Mercure et le Journal de Verdun de fĂ©vrier 1743) sont de Jean-Jacques lui-mĂȘme. Dans son Dictionnaire de musique, il Ă©crira en 1768, dĂ©sabusĂ© : « Mais comme, au fond, tous ces sys-tĂ©mes, en corrigeant dâanciens dĂ©fauts auxquels on est tout accoutumĂ©, ne faisoient quâen subsister dâautres dont lâhabitude est encore Ă prendre ; je pense que le Public a trĂšs-sagement fait de laisser les choses commes elles sont, et de nous renvoyer, nous et nos systĂšmes, au pays des vaines spĂ©culations » (article « CaractĂšres de musique »). Cependant, en 1776, il dĂ©fend de nouveau son systĂšme ; il Ă©crit dans une lettre au Dr. Burney : « ⊠ses dĂ©fauts, que jâai remarquĂ© le premier, nâempĂȘchent pas quâelle nâait de grands avantages sur lâautre, surtout pour la pratique de la composition, pour enseigner la mu-sique Ă ceux qui ne la savent pas, et pour noter commodĂ©ment, en petit volume, les airs quâon entend et quâon peut dĂ©sirer de retenir. » Dans une longue prĂ©face, Rousseau affirme que seul lâintĂ©rĂȘt peut vaincre lâhabitude et les prĂ©jugĂ©s ; et il dĂ©montre combien sa mĂ©thode est avantageuse pour le musicien et le pĂ©dagogue, notamment pour les dĂ©butants. Il propose dâ « abroger les transpositions et les Clefs » en remplaçant les notes par des chiffres, simplifiant ainsi lâembarras et la complexitĂ© de la notation ordinaire. Rameau Ă©mit quelques rĂ©serves concernant ce systĂšme : « Vos signes, me dit-il, sont trĂšs bons, en ce quâils dĂ©terminent simplement et clairement les valeurs, en ce quâils reprĂ©sentent nettement les inter-valles et montrent toujours le simple dans le redoublĂ©, toutes choses que ne fait pas la note ordinaire : mais ils sont mauvais en ce quâils Ă©xigent une opĂ©ration de lâesprit qui ne peut toujours suivre la rapidi-tĂ© de lâexecution. » (Les Confessions, VII, 6). Cependant, da par sa mobilitĂ© concernant la transposition et sa facilitĂ© dâanalyse musicale, le systĂšme de Rousseau influença la pĂ©dagogie de lâapprentissage mu-sical jusquâau dĂ©but du XXe siĂšcle (Galin, Wilhem, Pestalozzi, Mason , Hundoegger, Szonyi,âŠ). Comme le prĂ©cise Bernard Gagnebin : « De nos jours, ce dĂ©bat concernant la notation musicale reste ouvert ; en Chine, lâutilisation dâune mĂ©thode chiffrĂ©e est encore prĂŽnĂ©e aujourdâhui » ( Rousseau : OC, PlĂ©iade, Gallimard, V, p. xvii). Guigard attribue ces armes Ă Vincent-Etienne-Nicolas Roujault qui avait Ă©tĂ© reçu prĂ©sident Ă la qua-triĂšme Chambre des enquĂȘtes au parlement de Paris, le 24 avril 1722 ; O.H.R., quant Ă eux, restent plus circonspect : « on ne peut pas, comme lâindique Guigard, attribuer ce fer Ă Vincent-Etienne-Nicolas Roujault, prĂ©sident au Parlement de Paris, car ce personnage mourut en 1723. Faute de documents, nous ne pouvons prĂ©ciser quel fut le membre de la famille Roujault qui sâen servit. »
Tchemerzine, X, 23 b ; QuĂ©rard, 197 ; Cioranescu, 54 854 ; Jean SĂ©nelier : Bibliographie gĂ©nĂ©rale des Ćuvres de J.J. Rousseau, Paris, PUF, 1950, n°111. J. Guigard, II, 421 ; O.H.R., 1147. Infime accident Ă la coiffe supĂ©rieure, plats lĂ©gĂšrement frottĂ©s, usure dâusage. Bel et rare exemplaire.
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« Offert Ă Monsieur Cabanis par lâauteur, dĂ©dicataire de lâouvrage »
41. Salverte, EusĂšbe. Des Rapports de la mĂ©decine avec la politique. Paris, Moreau, 1806. In-12 de XVI, 223, [1] pp. Plein veau fauve racinĂ© de lâĂ©poque, dos long richement ornĂ© aux petits fers dorĂ©s Ă motif de gerbes, roulettes et filets dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, deux roulettes dorĂ©es dont une ornĂ©e « en dents de rat » sur les plats, filet dorĂ© sur les coupes et roulette dorĂ©e sur les chasses, toutes tranches dorĂ©es. 1 800 âŹ
Edition originale rare. Avec une dĂ©dicace Ă Monsieur Cabanis suivie dâune prĂ©face en tĂȘte dâouvrage, et une table sommaire puis une page de corrections et dâadditions en fin. (La biographie dâEusĂšbe Salverte est prĂ©sentĂ©e au n° 25 du catalogue : Romances et PoĂ©sies Ă©rotiques) Concernant les Rapports de la mĂ©decine avec la politique, « câest lâĆuvre dâun penseur profond. M. Salverte y montre tous les anneaux de la chaĂźne qui lie les une aux autres les connaissances les plus Ă©loignĂ©es en apparence ; il indique Ă lâhomme dâĂ©tat le parti quâil peut tirer de cette connexitĂ© souvent inaperçue. » (QuĂ©rard). Salverte dĂ©taille les avantages mĂ©dicaux de lâEmpire napolĂ©onien. Parce que le territoire soumis sâĂ©tend sur de nombreux climats et de nombreux peuples, il est possible par des « transmigrations » dâadapter les populations aux climats qui leur seraient les plus favorables. LâautoritĂ© nouvelle du gouvernement permet aussi dâenvisager des hybridations entre les peuples afin de produire un optimum racial. Enfin, par des grands travaux, le gouvernement pourrait amĂ©liorer la « constitution physique du climat » et derechef celle des populations. (Cf. J. B. Fressoz & F. Locher : Le climat fragile de la modernitĂ©, 20-04-2010, idĂ©es. fr). Ex-dono manuscrit et signĂ© par lâauteur au faux-titre : « offert Ă Monsieur Cabanis par lâauteur ». Lâouvrage est dĂ©diĂ© au cĂ©lĂšbre mĂ©decin Pierre Jean Georges Cabanis (Cosnac, 1757 - Seraincourt, 1808), professeur d'hygiĂšne, puis de cli-nique mĂ©dicale Ă l'Ăcole de mĂ©decine de Paris, membre de l'Institut et acadĂ©micien. Dans les Rapports du physique et du moral de l'homme publiĂ© en 1802, il traite de la part des organes dans la formation des idĂ©es, de l'influence des Ăąges, des sexes, des tempĂ©raments, des mala-dies, du rĂ©gime; ainsi que de la rĂ©action du moral sur le physique. Il y explique tout par des causes purement physiques, y enseigne le matĂ©-rialisme, et va jusqu'Ă dire que le cerveau digĂšre les impressions et sĂ©crĂšte la pensĂ©e comme l'estomac digĂšre les aliments. InfluencĂ© con-sidĂ©rablement par ces thĂ©ories matĂ©rialistes, son ami EusĂšbe Salverte les appliquera aux Rapports de la mĂ©decine avec la politique, et en conclura que : « La Physiologie seule peut fournir Ă lâhomme les moyens dâun perfectionnement indĂ©fini, si la possibilitĂ© de ce perfec-tionnement nâest pas un rĂȘve. » ( ch. VIII).
QuĂ©rard : La France littĂ©raire, VIII, 427. Petit accident en queue du mors supĂ©rieur, usure aux coins en queue du plat infĂ©rieur avec petite perte de peau sur la coupe, infimes galeries de vers aux charniĂšres ; excellent Ă©tat intĂ©rieur malgrĂ© deux cahiers uniformĂ©ment roussis (prĂ©face et cahier C). Bel et rare exemplaire Ă lâenvoi prestigieux.
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Curiosa-Libertinage
« Recueil dâouvrages libertins dont une contrefaçon de lâĂ©dition de 1747 de LâEcole de la voluptĂ© de La Mettrie »
42. Ferrand, Antoine. PiÚces libres de MR. Ferrand, et Poësies de quelques auteurs sur
divers sujets. S.n. [Godwin Harald ?], Londres, 1747. Petit in-8° de 179, [1 bl.] pp., 1 f. bl. Page de titre en rouge et noir avec une vignette libre gravĂ©e sur cuivre reprĂ©sentant lâAmour dans un dĂ©cor ovale ; bandeaux, lettres ornĂ©es et culs de lampe. Suivi de : [La Mettrie, Julien Offray de]. LâEcole de la voluptĂ©. Dans lâisle de Calypso, au dĂ©pens des Nymphes [i.e. LiĂšge, Bassompierre], 1747. Petit in-8° de 75, [1 bl.] pp. Faux-titre. Page de titre en rouge et noir avec une vignette gravĂ©e sur cuivre par Demeuse, bandeaux et lettres ornĂ©es. Plein veau ha-vane mouchetĂ© verni du temps, dos Ă 5 nerfs dĂ©corĂ©s aux filets et petits fers dorĂ©s, piĂšce de titre en maroquin rouge, simple filet estampĂ© Ă froid sur les plats, tranches rouges. 800 âŹ
⹠Antoine Ferrand, PiÚces libres et Poésies de quelques auteurs sur divers sujets. Cet ouvrage, recueil de
textes libertins, fut Ă©ditĂ© Ă Londres en 1738, et rĂ©imprimĂ© en 1744, 1745, 1747, 1760 et 1762. Antoine Ferrand (1678-Paris, 1719), poĂšte, fut conseiller Ă la cour des aides de Paris. Libertin, il fut un habituĂ© des orgies du Palais du Temple du Grand Prieur de VendĂŽme (Philippe de VendĂŽme, 1655-1727, arriĂšre petit-fils du roi Henri IV et de Gabrielle dâEstrĂ©e). Voltaire observe que Ferrand, qui joutait avec Rousseau dans lâĂ©pigramme et le madrigal, « mettait plus de naturel, de grĂące et de dĂ©lica-tesse dans les sujets galants, et Rousseau plus de force et de recherche dans les sujets de dĂ©bauche. » Ce qui lui appartient dans ce recueil ne va pas au delĂ de la page 18 ; lâouvrage comprend : le Luxurieux de Legrand, piĂšce libertine en un acte au titre Ă©vocateur, LâOrigine des oiseaux, ou les amours du Soleil et de VĂ©nus, poĂšme de Jacques Vergier, une Imitation de la XII. ElĂ©gie latine dâAdrien Reland sur la mort de GalatĂ©e, 2 odes sur La Chambre de Justice dont une de Voltaire, le Discours que devait prononcer Mr. lâabbĂ© SĂ©gui, pour sa rĂ©ception Ă lâAcadĂ©mie Française, vĂ©ritable libelle contre lâAcadĂ©mie de lâabbĂ© Desfontaines, dĂ©masquĂ© grĂące Ă une enquĂȘte judiciaire, chansons (dont une dâune rare violence faisant allusion aux mĆurs dĂ©viants des Bourbons, notamment du rĂ©gent, Philippe dâOrlĂ©ans, avec sa fille, la duchesse de Berry), impromptus, noĂ«ls, vaudevilles, lettres, Ă©pigrammes, pasquinade sous forme dâun dialogue contre Le Tellier, violent ennemi des jansĂ©-
nistes, et enfin, la version du Mondain de Voltaire, antĂ©rieure Ă celle plus policĂ©e de 1739, dont le texte brutal incita lâauteur Ă sâenfuir en Hollande quelques mois, craignant les rĂ©actions du pouvoir.
Gay, III, 1742-1743 ; Pia, 1134-1135 ; Ciaronescu, 28530 (pour lâĂ©dition de 1744) ; QuĂ©rard, III, 109 ; Enfer de la B.N., 77 et 320.
âą Julien Offray de La Mettrie, LâEcole de la voluptĂ©. Contrefaçon de lâĂ©dition de 1747. Lâouvrage connut de multiples remaniements et La Mettrie lui donne trois titres diffĂ©rents : La VoluptĂ© apparemment en 1746, LâEcole de la voluptĂ© en 1746 et en 1747, et une version largement remaniĂ©e sans en changer le fond en 1751 Ă Berlin intitulĂ©e LâArt de jouir. Barbier, dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes tout comme TchĂ©merzine, cite une Ă©dition de LâEcole de la voluptĂ© en 1746, et Lemmonyer cite comme Ă©ditions 1742, 1746 et 1747. La premiĂšre Ă©dition, selon Ciaronescu, porte la date de 1747, Ă Cologne, Ă l'adresse de Pierre Marteau, en 130 pages (avec un titre-frontispice entiĂšrement gravĂ©). Une rĂ©Ă©dition date de 1769 (Paphos). Julien Offray de La Mettrie (Saint-Malo, 1709-Potsdam, 1751), mĂ©decin, phi-losophe et Ă©crivain français fut un de ces libertins athĂ©es et matĂ©rialistes. Menant une vie dâĂ©picurien, il mourut des suites dâune indigestion aprĂšs un
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festin ; adepte de la jouissance et refusant la morale chrĂ©tienne, il fit lâapologie du plaisir et de lâamour ; FrĂ©dĂ©ric II de Prusse, dont il Ă©tait le mĂ©decin Ă la cour, fit son oraison funĂšbre (Eloge de La Mettrie). Dans son essai lĂ©ger plutĂŽt que philosophique, La Mettrie, aprĂšs avoir fait lâĂ©loge dâĂ©crivains volup-tueux, tels Voltaire, Ste-Foi, CrĂ©billon, Moncrif, Bernard, Gresset, Bernis, FrĂ©ron pour les modernes, puis pĂȘle-mĂȘle Catule, AnacrĂ©on, Tibule, PĂ©trone, Ovide, Chaulieu, Montesquieu, il diffĂ©rencie les Ă©cri-vains obscĂšnes et dissolus des maĂźtres de voluptĂ© plus Ă©purĂ©e, dans laquelle lâimagination joue un grand rĂŽle. Lâauteur disserte ensuite sur le plaisir et lâart dâaimer, distinguant le plaisir dâavec la voluptĂ© et celle-ci dâavec la dĂ©bauche, non dĂ©sirable et Ă dĂ©conseiller. « Les vrais plaisirs et la vraie voluptĂ© par-tagĂ©e associent lâimagination Ă lâimmĂ©diatetĂ© physique pour atteindre la vĂ©ritable jouissance. Lâesprit peut bien ĂȘtre le pur produit du cerveau et dĂ©pendre des sens pour toutes les connaissances, il nâen est pas pour autant passif. » (La Mettrie : De la voluptĂ©, DesjonquĂšres, 1996, commentaires dâAnn Thom-son, p. 11). Gilles Demeuse, ou De Meuse est un graveur liĂ©geois qui a Ă©galement collaborĂ© en 1748 Ă une contre-façon du Paradis terrestre de Madame Du Boccage donnĂ©e par Bassompierre sous lâadresse de « Londres ».
Lemonnyer, II, 55 ; Barbier : Dictionnaire des ouvrages anonymes, II, 15 ; TchĂ©merzine, VI, 463 (pour lâĂ©dition chez Pierre Marteau) ; Ciaronescu, 36389 (ne cite que lâĂ©dition de 1747 de 130 pp.) ; Daniel Droixhe : Une his-toire des LumiĂšres au pays de LiĂšge : livre, idĂ©es, sociĂ©tĂ©. LiĂšge, ULG, 2007, pp. 40-41. Accident sans gravitĂ© Ă la reliure (plat supĂ©rieur brisĂ© sans perte de peau), quelques taches, rousseurs. Bon exemplaire cependant.
« TrĂšs rare, lâauteur ayant plus tard retirĂ© cet ouvrage avec le plus grand soin »
43. [Jouy, Victor Joseph Etienne dit de]. La Galerie des femmes, Collection incomplĂšte de huit Tableaux recueillis par un amateur. Hambourg, s.n., 1799. 2 tomes en 1 vol. In-12 de VIII , 170 pp.; [2], 154 pp. Frontispice gravĂ© sur cuivre par Dambrun dâaprĂšs Bornet. Pleine basane havane de lâĂ©poque, dos long ornĂ© de doubles filets dorĂ©s et de petits fers dorĂ©s « en toile dâaraignĂ©e », tranches mouchetĂ©es. 300 âŹ
Edition originale « trĂšs rare, lâauteur ayant plus tard retirĂ© cet ouvrage avec le plus grand soin [âŠ] Ces deux volumes, plein de peintures voluptueuses, nâont pas Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ©s dans les Ćuvres de leur auteur » (Lemonnyer). RĂ©imprimĂ© par J.H. Briard, Ă Bruxelles, en 1869 Ă 300 exemplaires illustrĂ©s avec la rubrique : Hambourg, 1799 ; câest un in-12 de 203 pp., avec 9 eaux-fortes assez mauvaises. La
Galerie des femmes fut rĂ©imprimĂ©e par Lemonnyer en 1874, avec 8 fig. libres, puis par Belin en 1880 et par Tumin en 1882. Victor Joseph Etienne de Jouy (Versailles 1764 - Saint-Germain-en-Laye, 1846), aprĂšs une carriĂšre militaire tumultueuse, se rangea des armes pour se consacrer aux Lettres. Journaliste, dramaturge et libret-tiste (auteur du livret du Guillaume Tell de Rossini et de La Vestale de Spontini), Ă©lu Ă lâAcadĂ©mie en 1815, il fut maire de Paris puis biblio-thĂ©caire du Louvre. Ćuvre de jeunesse, La Galerie des femmes offre un Ă©ventail Ă©rotique de la femme en huit nouvelles aux titres Ă©vocateurs : « AdĂšle, ou lâInnocence », « Elisa, ou la Femme sensible », «Corinne, ou la Femme Ă tempĂ©rament », « ZulmĂ©, ou la Femme voluptueuse », « Eulalie, ou la Coquette », « DĂ©idamie, ou la Femme savante » (avec une scĂšne Ă©rotique comique dans une bibliothĂšque oĂč Arthur triomphe de DĂ©idamie sur un lit fait de livres), « Sapho, ou les Lesbiennes », « Sophie, ou lâAmour ». Monselet observe : « Etonnerons-nous beau-coup de monde en disant que La Galerie des femmes est le dĂ©but ano-nyme de M. de Jouy, alors jeune et fringant incroyable ? Plus tard, le
diable devait se faire ermite. Plus tard aussi, il devait faire rechercher et détruire avec la plus grand soin les exemplaires de cette érotique fantaisie ».
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Le frontispice reprĂ©sente une scĂšne nocturne durant laquelle un amant baise la main de sa maĂźtresse en dĂ©shabillĂ©, abandonnĂ©e lascivement sur une otto-mane ; la gravure est lĂ©gendĂ©e : « Cet amour sera-t-il constant ? / Il aura la durĂ©e de ma vie. » Claude Bornet (1733-1804) a illustrĂ© par des gravures les Ćuvres du marquis de Sade. Jean Dambrun (1741-1808) fut un des maĂźtres de lâillustration du XVIIIe siĂšcle. Câest dans la vignette quâil a donnĂ© toute sa mesure. Les livres quâil a illustrĂ©s en tout ou en partie sont nombreux. A cer-tains comme le Voltaire de Kehl, la Bible de Mariller ou le Nouveau Testament de Moreau le jeune, il a fourni un apport considĂ©rable. (Cf. Marcel Roux : Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIIe siĂšcle, Paris, Biblio-thĂšque Nationale, 1946, t. V, pp. 433-434.) Ex-libris imprimĂ© contrecollĂ© de M. Claye avec son chiffre et notice dâun ca-talogue de vente de 1886 rĂ©digĂ©e au crayon au contre-plat supĂ©rieur ; « Par Desforges » rayĂ© avec, Ă la suite, « E. Jouy » manuscrit au crayon Ă la page de titre.
QuĂ©rard : La France littĂ©raire, IV, 258 ; QuĂ©rard : Supercheries littĂ©raires, I, 287, f ; Lemonnyer, II, 383. Charles Monselet : Les Galanteries du XVIIIe siĂšcle. Paris, 1862, pp. 168-169. Absence de la piĂšce de titre, coiffes arasĂ©es, usure aux coins, mors fendillĂ©s; mouillure affectant le frontispice, 2 feuillets du tome I trĂšs lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ©s, intĂ©rieur trĂšs propre. Exemplaire modeste dâune Ă©dition cependant fort rare.
« Edition originale clandestine »
44. Le Nismois [i. e. Alphonse Momas]. La Louve. Paris, Londres, s. n., 1899. Petit in-8°. de 186 pp., 1 f. blanc. Faux titre, bandeaux. Demi-basane orange du temps bordĂ©e dâun filet dorĂ©, dos long sobrement ornĂ© de roulettes et dâun petit fer dorĂ©s avec la date dorĂ©e en pied, piĂšce de titre en percaline noire, papier Ă la cuve marbrĂ© sur les plats, tĂȘte orange. 250 âŹ
Edition originale clandestine de ce roman Ă©pistolaire composĂ© de 32 lettres. Alphonse Momas (Paris, 1846-id. 1933), fonctionnaire Ă la prĂ©fecture de la Seine au dĂ©but des annĂ©es 1890, Ă©crivit un trĂšs grand nombre de romans Ă©rotiques sous divers pseudonymes : « BĂ©bĂ© », « Clic-Clac », « L'Ărotin », « Fuckwell », « Le Nismois », « LĂ©na de Mauregard », « Camille Mireille », « Mercadette », « Pan-Pan », « Tap-Tap », « Trix », « Un journaliste du dernier siĂšcle », « ZĂ©phyr », et fut le plus prolixe des Ă©crivains pornographiques des annĂ©es 1890 ; dĂšs 1915 il publia Ă son compte des brochures plus mystiques et Ă©sotĂ©riques. « Secrets de poste, Le Carnet de Marguerite, terminent dans la Louve, par une sĂ©rie de lettres oĂč l'on retrouve Daniel Hollaz et Marguerite de Marvejane Ă©chan-geant leurs confidences. Les deux innocentes jeunes filles du dĂ©but connaissent les dĂ©lices du pacte d'amour, elles sont enrĂ©gimentĂ©es dans la lĂ©gion si brillante des GĂ©randiennes. A leur tour, elles combattent pour attirer de nouveaux amants, de nouvelles maĂźtresses ; l'autel de VĂ©nus est dressĂ©, les sexes s'unissent dans la frĂ©-nĂ©sie des plaisirs voluptueux ; chaque personnage qui apparaĂźt se dĂ©tache de suite en relief, et vit dans l'Ăąme du lecteur. Marthe de Montiersy, Laure Hollaz la Louve, entraĂźnent, sous le joug de leurs charmes, amoureuses et amoureux. Qui ne
rĂȘverait de se joindre Ă leur cortĂšge ? La fin de La Louve serait un regret, si on ne savait revoir dans le Mariage de Danielle tous les vaillants et toutes les dĂ©esses du Pacte d'amour. » (n° 106 du Catalogue de la Maison Richard, Paris, 1902. RĂ©Ă©ditĂ© sous Jacques Bonhomme : L'Art Ă©rotique, s. l., RĂ©gine De-forges,1970).
Pia, 824 ; Perceau : Bibliographie du roman Ă©rotique, 172. Exemplaire en excellent Ă©tat dâun ouvrage rare.
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« Un plaidoyer en faveur de la réouverture des maisons closes »
45. [Mandeville, Bernard]. Venus la populaire, ou apologie des maisons de joye.
Londres, A. Moore, 1727. in-8° de XII, 130 pp., 1 f. bl. Ornement typographique Ă la page de titre, bandeau et cul de lampe. Cartonnage crĂšme de lâĂ©poque, titre manuscrit sur papier collĂ© au dos. Non rognĂ©. 900 âŹ
Edition originale de la traduction française de A modest defense of public stews attribuĂ© Ă Bernard Mandeville. Lâouvrage fut souvent rĂ©imprimĂ© notamment chez Mercier, Ă Paris, 1796, et par Gay et Douce, Ă Bruxelles, en 1881. Pia ne cite que la rĂ©Ă©-dition de 1869 Ă Bruxelles chez Carlier (Les livres de lâenfer, 1496). Bernard Mandeville (Rotterdam 1670-Hackney 1733), Ă©crivain et mĂ©decin hollandais dâexpression anglaise vĂ©cut en Angleterre de 1693 Ă sa mort. Il est connu principalement pour son poĂšme La Fable des abeilles, publiĂ© une pre-miĂšre fois en 1705 sous le titre The Grumbling Hive, or Knaves Turn'd Honest et republiĂ© et commentĂ© en 1714/1723 sous le titre Fable of the Bees : or, Private Vices, Publick Benefits. Venus la populaire, du nom dâune des trois statues de VĂ©nus que les ThĂ©bains honoraient et qui marquait un amour dĂ©rĂ©-glĂ©, dĂ©bute par une Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire adressĂ©e ironiquement « aux membres de la SociĂ©tĂ©, Ă©tablie pour la rĂ©formation des mĆurs » signĂ©e « Phil-Pornix. », (« lâami des prostituĂ©es », en grec). ConsidĂ©rant les galanteries des philo-sophes antiques, lâauteur observe : « Si ces maĂźtres de la vertu ont tĂ©moignĂ© tant de fragilitĂ©, que devons-nous espĂ©rer des hommes de notre siĂšcle ? » Suit un plaidoyer en faveur de la rĂ©ouverture des maisons closes fermĂ©es au milieu du XVIIe siĂšcle Ă lâinstigation des rĂ©formateurs comme Bucer. Souhaitant une rĂ©forme des mĆurs, ces maisons, administrĂ©es, contrĂŽlĂ©es, taxĂ©es, fournies si possible en filles Ă©trangĂšres, constitueraient alors un facteur puissant dâordre et de salubritĂ© publique, en mettant un frein Ă la dĂ©bauche, en Ă©radiquant la vĂ©role, en favorisant la natalitĂ© au dĂ©triment de lâavortement, en allant mĂȘme jusquâĂ former dâexcellents maris en dĂ©niaisant les jeunes hommes !
En fin de volume, se trouve le « Pro Lena» de Buchanan, adressĂ© Ă Briand VallĂ©e, en latin (pp. 122-130). Ad Briandum Vallium Senat. burdig. pro Lena apologia est extrait de Elegiarum liber, Paris, Robert Es-tienne, 1567. Georges Buchanan (Killearn, 1506-Edimbourg, 1582), poĂšte, dramaturge et historien Ă©cossais, sâenfuit de son pays natal aprĂšs avoir Ă©crit une satire contre les franciscains. Enseignant Ă Bor-deaux oĂč il fut le professeur de latin de Montaigne, il y rencontra Briand VallĂ©e (ou Briant de la VallĂ©e), sieur du Douhet, prĂ©sident au prĂ©sidial de Saintes, sa patrie, puis conseiller Ă Bordeaux de 1527 Ă 1544, date de sa mort ; lâhumaniste GouvĂ©a Ă©crivait de lui dans une de ses Ă©pigrammes quâil se rĂ©fugiait dans son cellier lorsquâil y avait du tonnerre, parce quâil pensait que dans son cellier, il n y avait pas de Dieu. En guise de rĂ©ponse, son ami Rabelais Ă©crivit la piĂšce de vers Francisci RablĂŠsii allusio. VallĂ©e Ă©tait un joyeux compĂšre, plus semblable, paraĂźt-il, Ă frĂšre Jean quâĂ Panurge. Dans Pantagruel, ch. X, Rabelais le qualifie ainsi : « Du Douhet, le plus sçavant, le plus expert et prudent de tous les aultres⊠» ; « Bu-chanan lui a adressĂ© en faveur dâune entremetteuse une apologie qui fait plus dâhonneur Ă lâesprit de Buchanan quâau caractĂšre du prĂ©sident. [âŠ] AprĂšs avoir invoquĂ© en faveur de sa cliente les arguments dâordre philosophique, les services rendus par les entremetteuses aux amoureux, aux maris et aux cĂ©li-bataires, aux dieux mĂȘmes de la mythologie, il insinue que le â tant bon, tant vertueux, tant docte et Ă©quitable prĂ©sident â [(Rabelais : Quart Livre, XXXVII)] connaĂźt mieux que par ouĂŻ-dire le genre de services quâelles peuvent rendre.
âAdde quod est levibus non impenetrabile telis Cor tibi : sensisti tu quoque quid sit amor. âŠâŠQuae vita animi, miserande, fuisset Tum tibi, si fidam lena negassat opem ? Olim tu quod eras, alios nunc esse putato.â »
(Henri Busson : Rationnalisme dans la littérature française de la renaissance, Paris, J. Vrin, 1957, p. 108
Barbier : Dictionnaire des anonymes, IV, 922 b ; Pia, 1496 ; Lemonnyer, III, 1314-1315. Plats tachés, coiffe de queue arasée. Quelques rousseurs, galerie de ver marginale sans atteinte au texte.
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Elégant manuscrit illustrés de 30 fines gravures
46. [Manuscrit de piĂšces galantes]. RecuĂ«uil de plusieurs piĂšces galantes. Tant en proses quâen vers. TirĂ©e des meilleurs Autheurs. Sur diffĂ©rents sujets. En lâannĂ©e 1711. S.n., s.l., 1711. In-4° de [3] ff. bl., [2], 238 pp., [3] ff. bl. 30 gravures sur cuivre hors texte de Duflos (12), Picart, Jeaurat (9), ... Plein veau havane granitĂ© de lâĂ©poque, dos Ă 5 nerfs richement ornĂ© aux filets, roulettes et fers dorĂ©s, titre dorĂ©, roulettes dorĂ©es sur les coupes et les chasses, tranches rouges. 3 000 âŹ
Le manuscrit est entiĂšrement rĂ©glĂ© et dâune Ă©criture Ă©lĂ©gante parfaitement lisible. Le compilateur des piĂšces, « C. F. A. », a paginĂ© lâouvrage. Les piĂšces, de Rabelais Ă La Fontaine, dâesprit libertin, sont en grande partie extraites de lâElite des bons mots et des pensĂ©es choisies, recĂŒeillies avec soin des plus cĂ©lĂšbres Auteurs, & principalement des livres en ANA (tome II, Amsterdam, Jacques Desbordes, 1709). On trouve Ă©galement, outre chansons, Ă©nigmes, Ă©pigrammes et madrigaux, la Satire nouvelle sur lâEmbaras (sic.) du pont saint Michel et plusieurs autres piĂšces galantes, poĂšme anonyme rare publiĂ© en 1709, s.l. et s.n. (Brunet, suppl., II, 595), les Maximes dâamour de Bussy Rabutin et les Vers que Monsieur le Marquis de C[hevreuse] fit sur la pre-miĂšre nuit quâil possĂ©da Madame de M[aintenon] citĂ©s par le mĂȘme Bussy dans son Histoire amoureuse des Gaules. AprĂšs la derniĂšre piĂšce, le compilateur a prĂ©cisĂ© que « Dans ce livre il y a trente estampes », gravures quâil a numĂ©rotĂ©es 1 Ă 30 et paraphĂ©es. Ce sont des eaux fortes dâexcellente facture, Ă caractĂšre parfois libertin. A lâexception de la gravure n° 11, dans un encadrement rectangulaire, toutes ont une bor-dure ovale (utilisĂ©es pour dĂ©corer des couvercles de tabatiĂšres ?) Elles sont gravĂ©es par :
âą Claude Duflos (Coucy-le-ChĂąteau, 1665-Paris, 1727). 12 gravures : n° 1 : « Ces innocents plaisirs de ZĂ©phire et de Flore », « peint par Coypel, le tableau est chez Mr le duc dâOrlĂ©ans gravĂ© par Duflos » â n° 5 Ă 8 : suite intitulĂ©e « Les Heures du jour » : « Le Ma-tin » dâaprĂšs La Rosalba, « Le Soir » (jeune femme en train de priser) dâaprĂšs La Rosalba, « Le Midy » dâaprĂšs L. Santerre, « LâaprĂšsdinĂ© » dâaprĂšs La Rosalba â n° 11 : « le mĂ©pris de lâAmour pour les Ri-chesses » dâaprĂšs lâAlbane, magnifique eau forte de 13x17 cm. â n° 17 : « LĂ©da » dâaprĂšs Picart, â n° 19 Ă 22 : suite intitulĂ©e « Les 4 saisons » : « Le Printemps », « LâEstĂ© », « LâAutomne », « LâHyver », dâaprĂšs La Rosalba (« Les Heures du jour » et « Les 4 saisons », dans une bordure ovale, font partie dâune sĂ©rie de 11 vignettes utilisĂ©es pour dĂ©corer des couvercles de tabatiĂšres) â n° 23 : « Lamour piquĂ© par une Abeille⊠» dâaprĂšs Coypel.
âą Bernard Picart (Paris, 1673-Amsterdam, 1733). « HĂ©ritier de la tradi-tion de Jacques Callot, il dessine avec prĂ©cision et mĂȘme parfois avec minutie, se laissant aller avec une certaine forme dâĂ©lĂ©gance soutenue par une vivacitĂ© technique qui annonce lâesprit du XVIIIe siĂšcle, en particulier de Gillot et de Watteau » (Benezit, X, 871). 1 gravure : n° 16 reprĂ©sentant une vieille chiromancienne : « Lâamour, ma belle enfant vous paraist re-doutable ⊠» [dâaprĂšs Mignard], 1705.
âą Edme Jeaurat (Vermenton, 1688-Paris, 1738). DĂšs son arrivĂ©e Ă Paris, il fut placĂ© chez Bernard Picart, dont il adopta le style. DĂšs 1715, « il pouvait se placer Ă cĂŽtĂ© des meilleurs burinistes de son temps. M. Crozat lâemploya pour la gravure de plusieurs tableaux de sa collection [âŠ] Son Ćuvre est considĂ©rable et comprend plus de cent cinquante piĂšces, un peu dans tous les genres, et qui mĂ©ritent dâĂȘtre rĂ©unies » (Benezit, VII, 508). 9 gravures : n° 2, HĂ©bĂ© « ⊠la DĂ©esse qui verse le nectar aux Dieux », 1710 â n° 3 : « PĂšlerin de lâIsles de CithĂšre », non signĂ©e, dâaprĂšs Picart ( ?), Ă Paris chez Diacre â n° 10 : « Lâaurore », 1710 â n° 12 : « Flore sâapuiant sur lâAmour », 1710 â n° 13 : « VĂ©nus qui choisit des Fleches », 1710 â n° 14 : « LâAurore et CĂ©phale », non signĂ©e et non datĂ©e, sans lieu â n° 15 : « SirĂźnx pour fuir ce laid satire ⊠» dâaprĂšs Mignard, 1710 â n° 26 : « Du couvercle de sa marmite / Cette sĆur faisant un miroir
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/ Couvre sa gorge qui sâirrite / DâĂȘtre en prison sous un mouchoir », non signĂ©e, non datĂ©e, chez Diacre Ă Paris â n° 28 : « Dame tenant un petit verre Ă liqueur » non signĂ©e, non datĂ©e, chez Diacre Ă Paris.
âą 8 gravures anonymes dont lâauteur nâest pas identifiĂ© : n° 4 : double gravure reprĂ©sentant Gorgone et PosĂ©idon (?) et Gorgone et Amour (?) â n° 9 « LĂ©da » â n° 18 sans titre reprĂ©sentant lâAurore et VĂ©nus (?) â n° 24 : double gravure reprĂ©sentant dâune part AmymonĂ© et un satyre ( ?) et dâautre part AmymonĂ© et PosĂ©idon ( ?) â n° 25 reprĂ©sentant Flore et Amour ( ?) â n° 27 : « VĂ©nus dans lâIsle de CithĂšre » â n° 29 et 30 : sans titre, reprĂ©sentant Amour ap-portant de la mousse Ă VĂ©nus Ă©tendue ( ?), chez Diacre Ă Paris.
Ch. Le blanc : Manuel de lâamateur dâestampes, Paris, Jannet, 1854 ; Marcel Roux : Inventaire du fonds fran-çais, Paris, BibliothĂšque Nationale, 1931.
Usure aux coins, intérieur trÚs frais. Bel exemplaire.
« Tiré à 81 exemplaires et condamné à la destruction »
47. Maynard, François. PriapĂ©es de Maynard publiĂ©es pour la premiĂšre fois dâaprĂšs les manuscrits, et suivies de quelques piĂšces analogues du mĂȘme auteur, extraites de diffĂ©rents recueils. Freetown, imprimerie de la bibliomaniac society [i. e. Bruxelles, Jules Gay], 1864. in-12 de 69, [1 bl., 1, 1 bl.] pp. Ornement typographique Ă la p. de t., bandeaux et culs de lampe. Demi-chagrin bordeaux du temps, dos Ă 4 faux-nerfs avec le titre dorĂ©, papier marbrĂ© rouge sur les plats, tĂȘte dorĂ©e, gouttiĂšre non rognĂ©e. 500 âŹ
PremiĂšre Ă©dition « tirĂ©[e] Ă 81 exemplaires » (Graesse) et « condamnĂ©[e] Ă la destruction » (Dru-jon) de ce recueil de chansons Ă boire et de poĂšmes Ă©rotiques et libertins, voire blasphĂ©matoires ; Brunet, comme Cioranescu, en compte 100 exemplaires qui renferment 51 piĂšces inĂ©dites ; Vicaire en compte 500 exemplaires et Drujon 506. La BNF en possĂšde 2 exemplaires sous la cote Enfer numĂ©ros 377 et 378. En 1833, François-Xavier Feller, dans son Dictionnaire historique, observe que ces « poĂ©-sies infames, dignes dâun Ă©ternel oubli [âŠ] nâont pas vu le jour » (IX, p. 67) ; Jules Gay, le cĂ©lĂšbre libraire, Ă©diteur et bibliographe spĂ©cialisĂ© dans la littĂ©rature galante, les publia clandestinement en 1864, « jolie et curieuse publication depuis longtemps Ă©puisĂ©e. » (Brunet) « François Maynard, prĂ©sident dâAurillac, nĂ© Ă Toulouse vers 1583, mĂ©rite au jugement de Voltaire dâĂȘtre comptĂ© parmi ceux qui ont annoncĂ© le siĂšcle de Louis XIV. Il vint fort jeune Ă la cour et y fut se-crĂ©taire de la reine Marguerite En 1634 il fit un voyage Ă Rome Ă la suite de François de Noailles comte dâAyen ambassadeur auprĂšs du saint siĂšge. A son retour en France Maynard se lia avec ce quâil y avoit de plus distinguĂ© dans les lettres et se vit recherchĂ© des grands mais sa fortune nâen devint pas meilleure et ce fut pour lui un sujet inĂ©puisable de plaintes quâon ne peut lui pardonner quâen faveur des bons vers quâelles nous ont valu. Tout le monde connoĂźt ces fameuses stances oĂč aprĂšs avoir prodiguĂ© les plus grands Ă©loges au cardinal de Richelieu, il lui dit en parlant de François Ier : â Mais sâil demande Ă quel emploi Tu mâas occupĂ© dans le monde Et quel bien jâai reçu de toi Que veux-tu que je lui rĂ©ponde ? â Ce mot cruel â rien â fut, dit-on, la seule rĂ©ponse de Richelieu. Maynard fit un second voyage Ă Rome sous la rĂ©gence dâAnne d Autriche. Mais peu de temps aprĂšs fatiguĂ© dâencenser en pure perte les idoles du jour, il dit adieu Ă Paris dans un sonnet oĂč respire la plus noble indĂ©pendance, se retira Ă Aurillac et fit graver cette belle inscription sur la porte de son cabinet : âLas dâespĂ©rer et de me plaindre Des muses, des grands et du sort, Câest ici que j attends la mort, Sans la dĂ©sirer ni la craindre.â Il mourut le 28 dĂ©cembre 1646 ; il avait reçu quelque temps avant sa mort un brevet de conseiller dâĂ©tat. » (Pierre RenĂ© Auguis : Les poĂštes françois, depuis le XIIe siĂšcle jusqu'Ă Malherbe, Paris, Crapelet, 1824). AcadĂ©micien, Voltaire le comptait « parmi ceux qui ont annoncĂ© le siĂšcle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux ». Ex-libris imprimĂ© de Robert Garrisson (1904-1994), historien et bibliophile montalbanais, contrecollĂ© sur le contre-plat supĂ©rieur.
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Cioranescu, 46 691 ; Pia, 1177. Tchemerzine, VIII, 198 ; Brunet : Manuel du libraire, supplément, I, 991 ; Le-monnyer, III, 847 ; Vicaire, V, 630 et II, 651 ; Graesse : Trésor de livres rares et précieux, supplément, 421 ; Drujon : Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprimés ou condamnés, 328. TrÚs rares taches et rousseurs. Exemplaire en excellent état.
« Aux armes de Joffrey »
48. [Nogaret, François FĂ©lix]. Le Fond du sac, ou restant des babioles de M. X***. Membre Ă©veillĂ© de lâAcadĂ©mie des Dormans. Membre Ă©veillĂ© de lâAcadĂ©mie des Dormans. Venise, Pantalon â PhĂ©bus [i. e. Paris, Cazin], 1780. 2 volumes in-18 de VI, 204 pp. ; XVI, 199, [1] pp. Faux-titre, portrait de lâauteur Ă la grotesque en frontispice et 9 vignettes gravĂ©s sur cuivre (5 dans le tome I, 4 dans le tome II), bandeaux, culs de lampe. Plein veau fauve marbrĂ© de lâĂ©poque, armes sur les plats supĂ©rieurs, simple filet estampĂ© Ă froid sur les plats, dos long ornĂ© de filets et de petits fers dorĂ©s en forme de fleur, piĂšce de titre et de tomaison en veau blond, toutes tranches vert anis, gardes singuliĂšres imprimĂ©es (motifs de pointillĂ©s rouges et de cils stylisĂ©s en vert et rouge). 520 âŹ
Edition originale aux armes de Joffrey dont plusieurs membres de cette famille, originaire de Vevey, dans le canton de Vaud, en Suisse, passĂšrent au service de la France. (« Pa-lĂ© de six piĂšces, de gueules, dâor, dâazur, de gueules, dâor et dâazur, avec en cimier : un ours issu au naturel tenant dans ses pattes un bĂąton dâor en pal », avec la devise OFFERO MEUM COR ; le graveur du fer a dĂ©butĂ© Ă tort par une piĂšce dâazur, ce qui donne un palĂ© de sept piĂšces). PremiĂšre Ă©dition dâun recueil de piĂšces en prose et en vers quelque peu licencieuses ; quoique ni sĂ©ditieuses ni terriblement immorales, elles furent cependant clandestines. Lâouvrage fut faussement attribuĂ© au marquis de XimenĂšs (en rĂ©alitĂ©, M. X. est M. Xanferligote, anagramme de Felix Noga-ret). LâĆuvre fut rĂ©Ă©ditĂ© de nombreuses fois (1789, 1805, 1866). Il reparut sous ce titre : le Fond du sac renouvelĂ©, ou Bigarrures et passe-temps cri-tiques de lâAristĂ©nĂšte français, Paris, an 13 (1805), 3 vol. in-18. FĂ©lix Nogaret (Versailles 4 novembre 1740-Paris 2 juin 1831), courtisan, bibliothĂ©caire de la comtesse dâArtois et homme de lettres prolifique, Ă©tait un auteur piquant ; ses ouvrages tĂ©moignent d'une littĂ©rature enlevĂ©e et parfois mĂȘme Ă©rotique. A propos de son portrait en frontispice, voici com-ment lâauteur dĂ©peint son Ćuvre : « Peut-ĂȘtre quâĂ lâaspect des instruments de mort qui sortent de ma laide bouche, on sera tentĂ© de croire que je cherche Ă faire peur. Il nâen est rien. Ce sabre, ces piques, ces dards mĂȘlĂ©s de flĂ»tes, de rabats & de quenouilles, tout cela est relatif Ă divers sujets que jâai traitĂ©s en diffĂ©rens temps : câest mon enseigne ; on nây voit pas moins dâinstrumens de paix que dâinstrumens de guerre. » (tome II, p. XIII, note 1). Michaud prĂ©cise : « Ses imitations, quelquefois heureuses, de Ti-
bulle, dâOvide, et surtout sa traduction libre dâAristĂ©nĂšte, qui a fait oublier celle de Lesage, lui valurent les Ă©loges de Parny et de Palissot. Ce dernier mĂȘme nous semble les avoir poussĂ©s jusquâĂ lâexagĂ©ration dans ses MĂ©moires littĂ©raires. Mais Grimm, dans sa Correspondance littĂ©raire, Laharpe, dans son Cours de littĂ©rature, ChĂ©nier, dans son Tableau de la littĂ©rature française, nâont fait aucune mention de FĂ©lix Nogaret ; et le marquis de Langle, dans son NĂ©crologe des auteurs vivants, ne lui a consacrĂ© que ce court article, qui nous paraĂźt assez juste, quoique sĂ©vĂšre : â Du bon, du mĂ©diocre, du mauvais, comme dans tous les mĂ©langes en gĂ©nĂ©ral ; style incorrect et sans goĂ»t. On dirait que lâauteur nâĂ©crit que pour ses amis, peu difficiles en fait de goĂ»t et de correction.â Il est nĂ©anmoins certain que Nogaret avait de lâesprit, mais il ne lâa exercĂ© que sur des sujets frivoles, tant en prose quâen vers. Son style, as-sez naturel, quelquefois piquant et souvent familier, nâest pas toujours exempt dâaffectation et surtout de pĂ©danterie. Ses Ă©crits se font remarquer par une tendance philosophique et par trop de prĂ©tention Ă lâoriginalitĂ© qui dĂ©gĂ©nĂšre souvent en bizarrerie. » (Michaud Biographie Universelle, Paris, Desplaces, 1842, tome XXXI, p. 2).
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Notre Ă©dition comprend, entre autre, au tome I, le conte intitulĂ© « Roger-bon-temps, ou les Ćufs cas-sĂ©s » (en fait le dĂ©niaisement dâune servante paysanne, « scĂšne, comme dit lâauteur dans ses notes, qui paraĂźt scandaleuse, au premier coup dâĆil, [mais] qui devient Ă©difiante pur quiconque la suit jusques au bout » (p. 50) ; se trouvent aussi le poĂšme sur « Lâorigine de lâĂ©ventail » accompagnĂ© dâ « examens » critiques dâautres publication sur le sujet (dont celle de J. Gay) ainsi quâune table des piĂšces, une pre-miĂšre « Lettre de Madame X*** Ă M. Pantalon-PhĂ©bus » et une prĂ©face dans laquelle lâauteur fustige les plagiats ; le tome II contient une deuxiĂšme « Lettre de Madame X*** » au mĂȘme, un « portique qui ne mĂšne Ă rien », et diverses piĂšces dont une anecdote comique sur lâEncyclopĂ©die et les effets dĂ©sas-treux de son poids et de son volume (p. 25), une satire des collectionneurs (p. 127), et une allusion au prĂ©servatif : « ⊠de ces anneaux de Caout-chouc, imaginĂ©s par les Sauvages de Quito, pour les passer ailleurs quâau doigt⊠Dieu & leurs femmes savent Ă quelle fin ! » (p. 126) ; la table des piĂšces clĂŽt ce volume. La prose et les vers de cet ouvrage sont parfaite-ment mis en valeur par les gravures de P. L. Durand, (mort vers 1780), dans le genre de Du-plessi-Bertaux, typiques de la fin du XVIIIe siĂšcle (Benezit, IV, 903). Cohen, dans son Guide de lâamateur de livres du XVIIIe , prĂ©cise que la cazinophile Brissart-Binet les attribue Ă Desrais, « si le fait est vrai, ce qui est trĂšs douteux, lâartiste sâest surpassĂ©. » M. Boissais et J. Deleplanque les attribue Ă Duplessi-Bertaux (Le livre Ă gravures au XVIIIe siĂšcle, Paris, GrĂŒnd, 1948). L'une des vignettes reprĂ©sente un intĂ©rieur de bibliothĂšque avec un groupe de femmes luttant avec un grand volume in-folio (t. II, p. 13).
Cohen : Guide de lâamateur de livres du XVIIIe, col. 327 ; Cohen-Ricci, 752 ; Gay, II, 335-336 ; Vicaire, VI, 201 ; Cioranescu, 48 269 ; QuĂ©rard, Supercheries littĂ©raires, III, 1005 ; QuĂ©rard : La France littĂ©raire, VI, 439 ; Rahir, 562 ; Barbier, II, 178 ; Hoefer : Nouvelle biographie gĂ©nĂ©rale, Paris, Didot, 1864, t. XXXVIII, 194-195 ; Tablettes biographiques des Ă©crivains français, Paris, Debray, 1810, II, 112. O.H.R., 766 ; Rietstap, I, 1045. Coins lĂ©gĂšrement Ă©moussĂ©s, intĂ©rieurs trĂšs frais. ElĂ©gante Ă©dition Cazin. 25 mars 2004 : 400 euros paris Drouot
« Les bĂȘtes ne font-elles pas aussi de la politique ? »
49. [RĂ©vĂ©roni Saint-Cyr, Jacques-Antoine de]. Historiettes galantes et grivoises, ou Su-jets de Vaudevilles, en vers, suivies des Erreurs du jour, fables critiques et politiques. Paris, chez J.-N. Barba, 1822. in-12 de 219 pp. (numĂ©rotĂ©es I Ă IV puis 5 Ă 219), 1 bl., [3], 1 bl. pp. 24 lithographies anonymes hors-texte dans un style naĂŻf, modeste ornement typographique Ă la p. de t. Demi-reliure basane fauve de lâĂ©poque, dos long ornĂ© dâune roulette et de filets do-rĂ©s et estampĂ©s Ă froid, titre dorĂ©. 350 âŹ
Edition originale rare, rĂ©Ă©ditĂ©e par Aubry en 1858, Baillieu en 1877 et Filleul en 1878. Jacques Antoine de RĂ©vĂ©roni, baron de Saint-Cyr (Lyon, 1767-Paris, 1829), militaire et homme de lettres français, fut crĂ©Ă© baron et officier de la LĂ©gion d'honneur par NapolĂ©on, chevalier de Saint-Louis par Louis XVIII, et dĂ©corĂ© de lâordre du MĂ©rite militaire de BaviĂšre. Devenu prince de NeufchĂątel et de Wagram, Berthier lâavait fait son chambellan. Mis Ă la retraite en 1814 avec le grade de lieutenant-colonel dans le gĂ©nie, il se consacra Ă lâĂ©criture. Il fut lâauteur de romans, de piĂšces de thĂ©Ăątre et dâouvrages scientifiques. Il appartenait Ă la sociĂ©tĂ© des sciences et arts de Paris, Ă lâAcadĂ©mie de Lyon, et Ă dâautres sociĂ©tĂ©s et acadĂ©mies.
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Chacune de ses Historiette est en forme de poĂšme, illustrĂ© par une gravure, Ă lâexception du « Mari vengĂ© » (lâouvrage est bien complet de ses 24 gravures). Lâauteur, dans sa prĂ©face, assure que ces historiettes, « petits canevas drama-tiques rimĂ©s », sont vraies. Il a semblĂ© Ă lâauteur des 34 fables que « lâallĂ©gorie adoucissait un peu lâĂąpretĂ© du sujet et lui donnait parfois plus de piquant dans la bouche des interprĂštes champĂȘtres. Dâailleurs les bĂȘtes [âŠ] ne font-elles pas aussi de la politique ? leur langage mĂȘme ne lui est pas aussi Ă©tranger que certains publicistes et diplomates modernes pourraient le croire. » Avec erratum, prĂ©face et table. Ex-libris gravĂ© sur le contre-plat supĂ©rieur du Mareschal de MontĂ©clain, en rĂ©alitĂ© Gabriel Mareschal de BiĂšvre, nĂ© en 1866, inspecteur des eaux et forĂȘts, chevalier de la lĂ©gion dâhonneur, auteur de plusieurs ouvrages historiques. (Comte Mareschal de BiĂšvre, dans les Archives de la SociĂ©tĂ© française des Col-lectionneurs dâEx-libris, 1910, p. 115). (O.H.R., 575). Lemonnyer, II, 603. Absent chez QuĂ©rard, Graesse, Brunet, Cioranescu.
Des rousseurs en marge des gravures ; charniĂšres fendillĂ©es, accident au mors supĂ©rieur, griffures sur les plats, usures sur la coupe. LâĂ©tat est cependant trĂšs convenable pour cet ouvrage rare.
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RĂ©gionalisme
« De la bibliothÚque du vicomte de Noailles »
50. PiĂ©pape, LĂ©once de. Histoire de la rĂ©union de la Franche-ComtĂ© Ă la France. EvĂ©-nements diplomatiques et militaires (1279 Ă 1678) avec notes, piĂšces justificatives et documents inĂ©dits. Paris, Champion ; Besançon, Marion, Morel & Cie, s.d. [1881]. 2 vol. in-8° de XX, 483, 1 bl. pp. ; 512 pp. 1 planche dĂ©pliante h.t. au vol.1 reprĂ©sentant La Franche-ComtĂ© au XVIe siĂšcle dâaprĂšs lâAtlas de Mercator. Demi-maroquin rouge Ă grain long du temps, dos long ornĂ© de double filets et roulette dorĂ©s, piĂšce de titre et de tomaison en daim fauve maroquinĂ© ; couvertures conservĂ©es. TĂȘtes rognĂ©es. 800 âŹ
Edition originale. LĂ©once Marie Gabriel Philpin de PiĂ©pape est nĂ© le 16 mai 1840 Ă Langres et dĂ©cĂšde le 23 fĂ©vrier 1925 Ă PiĂ©pape. Il Ă©tait gĂ©nĂ©ral de brigade, commandeur de la LĂ©gion dâHonneur. Il prĂ©sente ainsi son ouvrage : « ... ce livre nâest, Ă proprement parler, ni lâhistoire militaire ni lâhistoire politique de la Franche-ComtĂ© : câest simplement le rĂ©cit des nĂ©gociations et des luttes qui, du XIIIe au XVIIe siĂšcle, ont Ă diffĂ©rents intervalles, prĂ©parĂ© ou retardĂ© lâentrĂ©e de cette province frontiĂšre dans la grande patrie française, but maintes fois poursuivi, maintes fois abandonnĂ©. » (p. VI). Ouvrage couronnĂ© par lâAcadĂ©mie française. Prix ThĂ©rouanne, 1881. Avant propos et introduction, table dans chaque volume. 36 piĂšces justificatives dans le vol. 1 et 53 dans le vol. 2. Le cĂ©lĂšbre bibliothĂ©caire Ulysse Robert accueillit favorablement lâouvrage : « Les deux volumes que M. de PiĂ©pape a consacrĂ©s Ă lâhistoire de la rĂ©union de la Franche-ComtĂ© Ă la France sont le rĂ©sultat de longues et consciencieuses recherches. Les fonds dâarchives de la province, les dĂ©pĂŽts de la guerre et des affaires Ă©trangĂšres, les collections manuscrites de la BibliothĂšque nationale, lui ont fourni quantitĂ© de documents qui nâavaient pas encore Ă©tĂ© utilisĂ©s avant lui. Des documents quâil a tirĂ©s de ces sources et des meilleurs ouvrages imprimĂ©s, il a su faire un livre plein dâintĂ©rĂȘt, oĂč lâĂ©rudition ne nuit pas aux
qualitĂ©s de style. Aussi lâauteur a-t-il mĂ©ritĂ© dâĂȘtre couronnĂ© par lâAcadĂ©mie française. LâĂ©rudit, lâĂ©crivain et le patriote mĂ©ritait Ă tous Ă©gards cette distinction, aprĂšs laquelle tout Ă©loge est superflu. Les sa-vants compĂ©tents trouveraient Ă signaler Ă M. de PiĂ©pape quelques erreurs de dĂ©tail ; les critiques raffinĂ©s lui reprocheraient dâavoir man-quĂ© de prĂ©cision dans lâindication de ses sources, de nâavoir pas suffi-samment connu certains travaux rĂ©cents ou dâavoir admis avec trop de confiance le tĂ©moignage dâĂ©crivains qui ont fait de lâhistoire dâaprĂšs des lĂ©gendes ; ces reproches ne diminueraient pas de beaucoup la valeur de son ouvrage. » (Histoire de la rĂ©union de la Franche-ComtĂ© Ă la France..., par L. de PiĂ©pape., BibliothĂšque de l'Ă©cole des chartes, 1882, vol. 43, n° 1, p. 87.) « Ces reproches » ne semblent pas si mineurs Ă lire la note manuscrite au stylo bleu sur une vignette encadrĂ©e collĂ©e sur les deux faux titres : « Il est utile de faire remar-quer au lecteur que ce livre contient
beaucoup de fautes historiques, dont quelques-unes trĂšs grosses. » Ex-libris du vicomte de Noailles sur les contre-plats supĂ©rieurs. Lâexemplaire provient de la bibliothĂšque de Noailles-La Force conservĂ©e au ChĂąteau de Perrochel (Ă Saint-Aubin de Locquenay) et qui sâest vendue aux enchĂšres par MaĂźtre Fenaud au Mans Salle Wagram le 2 avril 2011. Cette bibliothĂšque historique avait Ă©tĂ© rĂ©unie par Amblard de Noailles (1856-1926) puis par son gendre Auguste de Caumont (1878-1961) de lâAcadĂ©mie française, 15e duc de La Force.
Excellent Ă©tat.
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Dessin,Gravures,Livremoderneillustré
Exemplaire non numĂ©rotĂ© dâ « une Ă©dition recherchĂ©e »,
avec une magnifique aquarelle originale de Dignimont accompagnĂ©e dâune dĂ©dicace Ă Jean-Gabriel DaragnĂšs »
51. [Dignimont] Wilde, Oscar. Ballade de la geĂŽle de Reading. Traduit par Henry-D.
Davray. PrĂ©face de Pierre Mac Orlan. Illustrations de Dignimont. Paris, Librairie Marceau, 15 fĂ©vrier 1942. In-4° de 70, [1, 1 bl.] pp., 2 ff. blancs, 7 ff. non chiffrĂ©s. ImprimĂ© par Du-moulin sur vĂ©lin dâArches, titre en rouge et noir, frontispice illustrĂ© en couleurs, 40 aquarelles in-texte reproduites en phototypie par Duval et coloriĂ©es par Reynal, dont 6 en pleine page, suite de 7 gravures en noir reliĂ©es Ă la fin de lâouvrage. Plein chagrin fauve jansĂ©niste de lâĂ©poque ; couverture et dos conservĂ©s. 900 âŹ
« Une Ă©dition recherchĂ©e » (Carteret). Cet exemplaire non numĂ©rotĂ©, lâun des 172 tirĂ©s, avec une suite en noir des hors-textes, prĂ©sente en tĂȘte dâouvrage une magnifique aquarelle originale de Dignimont accompagnĂ©e dâune dĂ©dicace Ă Jean-Gabriel DaragnĂšs dont lâex-libris gravĂ© sur bois est contrecollĂ© au verso de la 1Ăšre page de garde : « Ă Jean Gabriel DaragnĂšs, Ă mon cher vieux Gab en lui demandant pardon dâavoir eu le culot de refaire cette "Ballade" aprĂšs lui, avec toute ma vieille et fidĂšle amitiĂ©, Dignimont 1942 » (la dĂ©-dicace est rognĂ©e court). Dignimont fait bien sĂ»r allusion Ă lâĂ©dition de cet ouvrage paru Ă Paris, chez LĂ©on Pichon, en 1917, et illustrĂ© par DaragnĂšs de 28 gravures sur bois. AndrĂ© Dignimont (Paris, 1891-id., 1965), peintre, graveur, fut Ă©troitement mĂȘlĂ© aux milieux littĂ©raires de son temps, et illustra des journaux tels que Le Rire ou Le Crapouillot. Il a beaucoup reprĂ©sentĂ© le monde des « mauvais garçons et des filles de mauvaise vie ». Il se situe par lĂ dans la continuitĂ© du travail des natu-ralistes. Francis Carco, dont Dignimont illustra ses Nuits de Paris, a ainsi soulignĂ© avec enthousiasme « un art si proche du sien ». Il illustra Ă©galement Mir-beau, LouĂżs, Mac Orlan, et Colette qui le prĂ©sente ainsi : « Quand je veux me trouver seule Ă seul avec vous, j'Ă©carte poliment vos acrobates, vos matelots et vos sous-officiers Ă la bouche en cerise, je dis pardon Ă votre doux bĂ©tails fĂ©minin, je tourne Ă l'angle d'une maison vide dont la persienne bat, paisiblement tachĂ©e de sang, et je vous rencontre penchĂ© sur un cul-de-lampe fleuri â cĆurs de Jeanette, narcisses et ancolies mĂȘlĂ©es (n'oublions pas le myosotis !) que vous peignez soigneux, Ă©mu et rĂȘveur comme une ancienne jeune fille ». Son ami Jean-Gabriel DaragnĂšs (Bordeaux, 1886-Paris, 1950) figure parmi les meilleurs illustrateurs d'ouvrages de littĂ©rature illustrĂ©e de la premiĂšre moitiĂ© du vingtiĂšme siĂšcle. Dignimont et DaragnĂšs ont collaborĂ© Ă lâĂ©dition de Jours de Gloire. Histoire de la libĂ©ration de Paris. Paris, Lambusier, s.d. [1945]
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Luc Monod : Manuel de lâamateur de livres illustrĂ©s modernes 1875-1975, p. 1651 ; Carteret : Le trĂ©sor du bi-bliophile. Livres illustrĂ©s modernes 1875 Ă 1945, t. V, p. 206. Infimes Ă©pidermures et frottements Ă la reliure, trĂšs bel exemplaire.
Magnifique témoignage de la guerre de 14-18, laissé par le célÚbre acteur Saturnin Fabre
52. Fabre, Saturnin. [Album manuscrit, souvenirs de guerre 14-18]. [Savy, dans
lâAisne], 3 au 5 mai 1917. 20 feuilles libres (28 x 22,5 cm.) de papier calque insĂ©rĂ©es dans un cahier aux pages cartonnĂ©es muettes (32 x 24 cm.). Une prĂ©face manuscrite, Notre table de mess reprĂ©sentant un sympathique browning braquĂ© face aux lignes, et 18 portraits charges Ă lâencre bleue nuit puis noire (certains ayant conservĂ© leur esquisse au crayon gris) accompa-gnĂ©s dâun court commentaire ; toutes les pages sont signĂ©es et datĂ©es de lâauteur (Ă lâexception de la prĂ©face seulement signĂ©e et lĂ©gĂšrement postĂ©rieure). BrochĂ©, couverture cartonnĂ©e bleue ciel muette. 1 800 âŹ
Saturnin Fabre (Sens, 1884-Montgeron, 1961), acteur, lâun des plus singuliers seconds rĂŽles du cinĂ©ma français d'avant et d'aprĂšs-guerre, avait sans doute lâintention de publier ce petit album ; il note dans son Ă©mouvante prĂ©face : « Tu goĂ»tes aujourdâhui les joies et le repos de la paix : tu souris en feuilletant notre petit album de guerre ; Veuille mâexcuser, mon cher frĂšre dâarme, de nâavoir su peindre lâaurĂ©ole de souffrance et de gloire qui tâilluminait et confonds-moi de nâavoir pensĂ© quâĂ dĂ©naturer tes traits Ă lâĂ©poque mĂȘme oĂč tu as Ă©tĂ© tant grandi par les Ă©vĂšnements. » Tous ces militaires croquĂ©s sont probablement du 121 R.I., compagnons dâarme et de repas de Fabre qui a reprĂ©sentĂ© la table du mess avec lâemplacement marquĂ© de chacun : Grosmangin, Normand, Kollen, Henry, Bertrand, Mas, Trinel, Fabre, Verdot, Lasson, Cusenier, Bally, Valaz, Ricaud, Rousseau, Moine, Javouhey, Camels. A noter que le 8Ăšme portrait, magnifique, est un auto-portrait avec le texte suivant : « Quâimporte aux spectateurs qui se saoulent aux gradins que les gladiateurs sâentre tuent dans lâarĂšne. 3-5-17 », texte rĂ©vĂ©lateur du sentiment de lâauteur alors que de graves mutineries se dĂ©clarent dans lâarmĂ©e française suite Ă lâĂ©chec de lâoffensive du chemin des Dames ; ce commentaire trouvera un Ă©cho dans son ouvrage auto-biographique la Douche
Ă©cossaise publiĂ© chez Fournier Valdes en 1948 : « Les gladiateurs sâentrâĂ©gorgent dans lâarĂšne. Les spectateurs rient. Pourquoi les gladiateurs nâĂ©gorgeraient-ils pas les spectateurs ?⊠» (p. 170). En mai-juin 1917, le 121 R.I. est Ă Savy dans lâAisne ; il participera Ă la bataille de Verdun en aoĂ»t 1917 puis sera engagĂ© dans lâArgonne. La finesse du trait, dâune rare qualitĂ©, est soutenue par des textes truculents (« Il est marron ce garçon-lĂ , mais la raison en est simple et je vais tâen donner lâexplique. »), humoristiques (« AprĂšs tant dâemmerdement, jâen arrive Ă me demander si je dois rester avec ma femme. » ou « Et lorsquâon lui demande un mandat, il rĂ©pond je nâai mĂȘme pas le mandat dâamener lâamant dâAmanda. »), et mĂȘme politiques ( « Evidemment tu estimes que nous pouvons arriver Ă une renaissance de la RĂ©publique »).
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Saturnin Fabre a Ă©tĂ© peu loquace sur ses souvenirs de guerre : « Nous Ă©tions des brutes. Les brutes nâont pas de souvenirs⊠» Ă©crit-il dans la Douche Ă©cossaise ; notre album en est un tĂ©moignage dâautant plus prĂ©cieux.
Quelques infimes et rares taches, couverture insolée. Document rare et émouvant en excellent état.
« Recueil de fines gravures du XVIe siÚcle »
53. [Borcht, Peter van der - Crispinus van der Broeck]. [Recueil de gravures sur les MystĂšres et miracles de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ.] S. l., s. n., s.d. [1571]. Petit in-4° (20,5 x 12 cm.) de 3 ff. bl., 16 gravures en eau-forte et taille douce de 11,5 x 7,5 cm et contre-collĂ©es sur recto de papier vergĂ©, 1 f. bl. ; non paginĂ©, non foliotĂ©. Demi-chagrin tabac du XIXe, dos Ă 5 faux nerfs ornĂ© de roulettes dorĂ©es et de doubles filets estampĂ©s Ă froid, titre do-rĂ© au dos, tranches rouges. 550 âŹ
Il sâagit des gravures XXXV Ă L (sur LXXI) extraites de lâĂ©dition princeps de Humanae salutis monu-menta. B. Ariae Montani Studio constructa et decantata. Anvers, Plantin, 1571, in-8°. Dans lâouvrage de Montanus, des odes latines sont imprimĂ©es au recto des gravures ; chaque ode de Montanus est illus-trĂ©e par une gravure pleine page en regard, celle-ci lĂ©gendĂ©e dâune devise et surmontĂ©e dâun verset biblique ; dans notre recueil, seules les gravures sont rĂ©unies. Les gravures reprĂ©sentent : n° 1 : « Lâ an-nonciation » (non monogrammĂ©e) ; n° 2 : « La Visitation » (monogrammĂ©e PB et PH) ; n° 3 : « La
naissance de Jean-Baptiste » (monogrammĂ©e IRW et PB) ; n°4 : « La nativitĂ© » (monogrammĂ©e PB et PH) ; n° 5 : « La circoncision » (non monogrammĂ©e) ; n° 6 : « lâAdoration des Mages » (monogrammĂ©e IHW et PB) ; n° 7 : « la Fuite en Egypte » (monogrammĂ©e IHW et PB) ; n° 8 : « JĂ©sus dans le temple parmi les docteurs » (monogrammĂ©e Cris-pi[nus Van der Broeck] et ADB) ; n° 9 : « le prĂȘche de Jean le Baptiste » (monogrammĂ©e IRW et PB) ; n° 10 : « Bap-tĂȘme du Christ dans le Jourdin » (monogrammĂ©e PB et IW) ; n° 11 : « La tentation » (monogrammĂ©e IRW et PB) ; n° 12 : « les noces de Cana » (monogrammĂ©e PB et IHW 157[0]) ; n° 13 : « JĂ©sus prĂȘchant » (monogrammĂ©e PB et ADB) ; n° 14 : « La multiplication des pains » (mono-grammĂ©e IHW et PB) ; n° 15 : « rĂ©surrection de Lazare » (monogrammĂ©e PB et PH) ; n° 16 : « JĂ©sus dĂ©pĂȘche ses apĂŽtres » (monogrammĂ©e IRW et PB). A lâexception des gravures n° 1 et n° 5, non monogrammĂ©e, (de van der Borcht ?) toutes, sauf la n° 8, sont dâaprĂšs Peter van der Borcht (PB), gravĂ©es par Johan ou HiĂ©ronymus Wierix (I.H.W ou I. R. W. ou W.H.) pour les n° 3, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 14, 16, par Pierre Huys (PH) pour les n° 2, 4, 15, et par Abraham de Bruyn (ADB) pour la n°13 ; quant Ă la gravure n° 8, elle est dâAbraham de Bruyn dâaprĂšs Crispi-nus van der Broeck, probablement son parent par alliance. Crispinus van der Broeck ou Paludanus (Malines vers 1524-mort entre 1588et 1591), peintre flamand de composi-tions religieuses, graveur, dessinateur, fut lâĂ©lĂšve de Frans Floris vers 1555, puis maĂźtre Ă Anvers. Il est probable quâil voyagea en Italie, car il fut compagnon de la ConfrĂ©rie des
Romanistes, qui nâadmettait parmi ses membres que des artistes ayant Ă©tĂ© Ă Rome. Il Ă©pousa vers 1555 Barbara de Bruyne, et en 1557, acquitta son droit dâissue Ă Malines. Il reçut le 19 mai le droit de citĂ© Ă Anvers. En 1584, il sâĂ©tablit Ă Middelbourg, mais dut revenir Ă Anvers, sous la menace de confiscation des biens faite par la magistrature anversoise Ă tout citoyen qui abandonnait la ville. Il eut pour Ă©lĂšve, Ă Anvers, Nicolas Ficet en 1577, Henri de Ruit en 1584 et Pierre van de Wal en 1588. (Benezit, II, 831).- Peter van der Borcht (1545-1608), peintre de sujets religieux, graveur, dessinateur, travaillait Ă Ma-lines et Ă Anvers (Benezit, II, 556).
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Abraham de Bruyn (Anvers 1540-Cologne( ?) 1587), peintre de sujets religieux et de portraits, gra-veur, alla Ă Cologne vers 1577 et revint Ă Anvers en 1580. En 1581, il Ă©tait bourgeois dâAnvers et y travailla pour Plantin. Il avait Ă©galement une activitĂ© dâĂ©diteur (Benezit, II, 910). â Pierre Huis ou Huys ou Hus (Anvers vers 1519-id. 1584) est un peintre flamand de sujets religieux, scĂšnes de genre, graveur et illustrateur. MaĂźtre Ă Anvers en 1545. En tant que graveur, il travailla chez Plantin et illustra les Ju-dices de Valverde, les Emblemata poetica de Sambucus et une Bible Royale en 1566 (Benezit, VII, 297). Ses estampes sont « dures avec les extrĂ©mitĂ©s trĂšs nĂ©gligĂ©es et cependant recherchĂ©es par les amateurs parce quâelles sont dâune grande propretĂ© de burin » (Franz Brulliot : Dictionnaire des monogrammes, marques figurĂ©es, lettres initialesâŠ, I, 107). â Hieronymus Wierix (Anvers vers 1553-id. 1619), dessinateur et graveur. On croit quâil fut lâĂ©lĂšve de son frĂšre Johan dont il imita le style, le peu de diffĂ©rence dâĂąge permettant de supposer que, instruits Ă une source commune, il y eut plutĂŽt col-laboration des deux frĂšres. Leur exĂ©cution est si semblable quâil est parfois presque impossible de distinguer avec sĂ»retĂ© lâĆuvre de chacun. A cette similitude de travail, sâajoutent des monogrammes prĂȘtant Ă confusion. Hieronymus a surtout gravĂ© des sujets de dĂ©votion, des allĂ©gories, des saints, des PĂšres delâĂ©glise. Nombre de ces estampes sont gravĂ©es dâaprĂšs ses dessins. â Johan Wierix (Anvers vers 1549- ?).On ne sait qui fut son maĂźtre. Comme ses frĂšres Anthonie et Hieronymus, il forma son style par lâĂ©tude de DĂŒrer dont il copia avec une exactitude remarquable plusieurs estampes. Il se servit du burin avec un brio remarquable et fut un dessinateur expĂ©rimentĂ©. (Benezit, XIV, 598-599). Humanae salutis monumenta de Montanus Ă©ditĂ©e en 1571 par Plantin est un des plus beaux livres dâemblĂšmes qui soit, lâune des productions les plus recherchĂ©es de lâĂ©diteur flamand ; c'est le premier travail illustrĂ© de Montanus, qui sera chargĂ© par Philippe II d'Espagne de l'Ă©dition de la Bible polyglotte envisagĂ©e par Christophe Plantin, imprimĂ©e en 1572, la « polyglotte de Plantin », l'une des plus cĂ©lĂšbres bibles de la contre-rĂ©forme. TĂ©moignage de l'influence du maniĂ©risme italien, les magnifiques gravures de lâHumanae salutis monumenta sont dâun rĂ©alisme remarquable rendu par une maĂźtrise magistrale du trait et par un souci exceptionnel du dĂ©tail.
Dans lâĂ©dition de Plantin, la gravure n° 16 est situĂ©e avant la n° 14. MalgrĂ© un lĂ©ger dĂ©faut au contre-collage (pliure) Ă lâextrĂȘme gauche en queue de la gravure n° 14, les gravures sont en excellent Ă©tat.