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2018 Jean-François DELOCHRE Maréchal un jour 19/12/2018 Compilation des devoirs et corrigés du cycle 2017-2019 CONCOURS DADMISSION À L’ÉCOLE DE GUERRE EN 2018-2019 ÉPREUVES DE CULTURE ET DE SYNTHÈSE

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2018

Jean-François DELOCHRE

Maréchal un jour

19/12/2018

Compilation des devoirs et corrigés du cycle

2017-2019

CONCOURS

D’ADMISSION À

L’ÉCOLE DE GUERRE

EN 2018-2019

ÉPREUVES DE

CULTURE ET DE

SYNTHÈSE

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CONTENU du DOSSIER

CULTURE GENERALE

1. CUGE Concours 2018 « Science sans conscience »

2. CUGE Oct. 2017 : « Puissance des nations »

3. CUGE Déc. 2017 : « Trump, King Jong-Un : risque de conflagration »

4. CUGE Avr. 2018 : « Le militaire doit-il s’adapter au contexte de son époque ? »

5. CUGE Sept. 2018 : « La France et les grandes idées »

6. CUGE Déc. 2018 : « Les grandes puissances peuvent-elles désormais gagner toutes les

guerres ? »

SYNTHESE

1. SD Concours 2018 : « Les forces russes et celles de l’OTAN en Europe du Nord-Est » / Dossier

et corrigé partiel.

2. SD Avr. 2018 : « L’emploi d’armes d’origine française dans le conflit du Yémen » / Dossier et

corrigé.

3. SD Jan. 2018 : « La militaire et la justice » / Dossiers et corrigé

4. SD Oct. 2017 : « Citoyenneté » / Dossiers et corrigé.

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 06 juin 2018

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

A l’heure de la révolution technologique majeure actuellement en cours, liée à l’essor de l’intelligence artificielle, aux interventions génétiques sur le vivant et aux NTIC, que vous inspire cette maxime de Rabelais, en tant que citoyen, mais aussi comme officier ?

RAPPEL : pour ces travaux, l’illustration ne fait pas partie du sujet !

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1

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !1

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation dont il est ici expressément demandé d’établir le lien avec

la question posée. C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple

commentaire de la citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte

retenu. Une autre difficulté de ce sujet précis tient au fait que la citation n’éclaire pas une

problématique, objet de la question, mais que la problématique est dans la citation !

Sens des mots2 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « Science » : première difficulté selon moi venant ici du contexte historique. A l’époque de Rabelais, 16e siècle, le sens du terme « science » était plus large qu’aujourd’hui : somme de connaissances qu'un individu possède ou peut acquérir par l'étude, la réflexion ou l'expérience. La question, par ses exemples, oriente vers l’acception contemporaine, « les sciences ». Elle réduit donc le sujet. Faudra-t-il s’enfermer dans cette seule vision ou « oser » une ouverture dans l’esprit rabelaisien ?

- « Conscience » : connaissance qu'a l'homme de ses états, de ses actes et de leur valeur morale.

1 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 2 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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2

- « Ruine de l’âme » : on peut rapprocher le sens de celui plus courant de « vendre son âme » : aliéner sa liberté, sa dignité... en échange (ou non) de quoi aujourd’hui ?

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

Question posée

- Action « Que vous inspire… ? » : il s'agit, comme le plus souvent, de donner un point de vue personnel. Ici « l’inspiration » peut conduire presque n’importe où sans faire risquer le contre-sens. Cette question « fourre-tout » comme la qualifiée un de vos brillants anciens peut être un piège !

- Objet : « citoyen et officier » [face aux dérives de la science]. La question s’adresse au citoyen et à l’officier. Cela ne signifie pas qu’il faille réduire la réflexion aux risques encourus par les citoyens et les seuls officiers. Les militaires, en général, sont-ils exposés à des risques particuliers que ne connaissent pas les autres citoyens ?

- Limites : « A l’heure de la révolution technologique… en cours ». La question doit bien être abordée dans l’actualité, mais ici encore « l’inspiration » ne ferme pas la période !

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : l’homme face à la science et ses risques de dérives.

- Disciplines concernées : sciences contemporaines, droit, modèles sociaux, éthique…

Reformuler le sujet La particularité de rédaction de ce sujet a été évoquée plus haut dans « Structure du libellé ». La

(re)formulation d’une problématique permettant de développer une argumentation a donc ici une

importance particulière. Il faut vraiment CRÉER son PROPRE SUJET dans l’esprit de la citation et des

commentaires éclairant « l’inspiration » ! Le choix des options n’étant limité que par cette même

« inspiration », la solution proposée ne vise qu’à respecter la logique du sujet :

"La multiplication exponentielle des avancées techniques et scientifiques, touchant en importance et en variété l’ensemble de la société, de ses principes et valeurs, place-t-elle l’homme (vie quotidienne, circonstances exceptionnelles – soldat par ex.) dans le cadre habituel des évolutions qu’il doit (sait) maîtriser ou l’expose-t-elle à une rupture qui menacerait sa transcendance ? »

Cette reformulation personnelle, peut-être un peu « philo », conclut les 00 :30 premières minutes3

de réflexion sur le sujet. Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général

3 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail.

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3

que l'on a défini ici comme celui l’homme face à la science et ses risques de dérives. Les DOMAINES, dans lesquels se manifesteraient ces risques, leur nature, sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent quant à elles d'analyser la question posée qui, ici, demande de conduire une réflexion sur ce qui tient d’une évolution gérable par l’homme ou ce qui annoncerait une rupture.

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 6 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1

Ce qui fait des

avancées

scientifiques une

« évolution »,

même brutale

mais maîtrisable.

R2

Ce qui fait des

avancées

scientifiques une

véritable

« révolution »

qui menace

l’homme dans sa

transcendance.

R3

Ce qui

aujourd'hui peut

influencer

l’opinion sur

cette

alternative4

R4

Tendances et

évolutions dans

la perspective

historique5. Des

« révolutions »

de même nature

ont-elles été

observées dans

le passé ?

D1 : techniques et

technologies,

science pure

D2 : sciences

sociales, humaines

D3 : éthique,

déontologie,

morale, droits et

devoirs

D4 : transcendance

(intelligence,

sensibilité, maîtrise

de la vie…)

D5. Autre

4 Le but est de mesurer l’impact de l’actualité dans l’interprétation des faits (ne pas déterminer l’importance en fonction de l’actualité ou de l’antériorité). Peut se résumer à des signes ˜ ++ " ou ˜ - ˜ 5 Complète la rubrique précédente pour essayer de donner une « valeur absolue » à ses arguments (par ex. « s’inscrit dans une continuité », « marque une réelle rupture » dans une perspective historique.

VOIR UTILISATION page 4 – 1.

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4

J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page).

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici, ses éléments se retrouvent dans le travail rédigé. Chacun(e) pourra retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01 :30 environ

sur les 04 :00 allouées.

Il faut maintenant se lancer dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement « dans la tête ». Car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de plan. C’est le cas ici. Au cours de la construction du tableau s’est dessiné mon fil directeur ; c’est-à-dire l’idée générale qui va guider mon devoir. Concrètement, et cette méthode est personnelle, la recherche d’idées est un « remue méninges organisé » : on liste les idées et citations et quand on « bloque », on retourne au tableau pour voir si on a couvert toutes les cases. Par itérations on arrive à enrichir le contenu

Dans le cas présent, l’analyse a fait apparaître les idées principales suivantes et quelques citations :

- La science est de plus en plus « transgressive ». Après avoir permis d’augmenter l’homme, elle l’a conduit aux limites de son éthique, pour aujourd’hui risquer de le supplanter (le feu, les armes de chasse, les armes de destruction, le clonage, l’intelligence artificielle…)

- Des domaines fondamentaux sont aujourd’hui menacés qui font « l’humanité » : capacité à comprendre, capacité à agir de manière autonome, résilience, « humilité » ;

- Des technologies qui changent la nature et la forme des combats : éloignement physique et moral du champ de bataille, du corps à corps aux frappes par drones, « bouton du mandarin » (J.J. ROUSSEAU) ; WALZER et la guerre sans risque ; CAMUS qui explique que l'on ne peut tuer si l'on n'est pas prêt à mourir ;

- Inversion progressive des valeurs travail-moyen > travail-objectif (révolution industrielle, taylorisme) ;

- EINSTEIN (1953) « Il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité » ; "…un seul remède : confier le secret à un gouvernement du monde".

- François COCHET et « l’inventivité spontanée des combattants » source de dérives ;

- DE GAULLE « l’action c’est l’homme au milieu des circonstances » ;

- Beaufre et la dialectique des volontés ;

- LEIBNIZ : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »

Parmi ces repères, 2 ont émergé (gras / souligné) ils vont orienter le développement.

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2. 2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis par un travail de synthèse pour dégager des

idées plus générales à partir des éléments du tableau.

Il ne faut pas dépasser les 02 :00 pour parvenir à une ossature solide : IM – PLAN – OUVERTURE.

J’ai limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM apporte une réponse pertinente et concise à la question posée ; 2. Le PLAN vient démontrer la valeur de cette position : 3. L’OUVERTURE projette la réflexion vers un sujet connexe sans remettre en cause ce qui vient

d’être développé.

REMARQUE sur l’IM. Comme je le signale de manière récurrente, le risque majeur est de confondre IM et PLAN et d’aboutir à une redondance de rédaction entre ces 2 paragraphes. L’erreur réside toujours dans le fait de considérer que le cheminement démonstratif est l’IM alors qu’il est le plan.

J’ai beaucoup écrit sur ce point ! La rigueur de construction de ces 2 paragraphes constitue la clef de réussite du devoir de culture. On traite le sujet, rien que le sujet mais tout le sujet !

Le travail proposé, réalisé en 5h00 au brouillon pour rester cohérent avec la nature de l'épreuve, figure ci-après.

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INTRODUCTION 0

Préambule

Trois mois après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, Albert Einstein appelait à un « gouvernement du monde » pour se protéger des dangers de l’atome militaire. Huit ans plus tard il reconnaissait pourtant qu’« il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité ». Ces positions font écho à la « science sans conscience » qui pour Rabelais conduisait à la « ruine de l’âme ». La multiplication exponentielle des avancées technologiques et scientifiques peut-elle aboutir à une perte de transcendance de l’homme ?

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Idée maîtresse Parce qu’ils multiplient les sources de transgression, les progrès de la connaissance, et en particulier de la science, peuvent altérer la conscience qu'a l'homme de ses états, de ses actes et de leur valeur morale, mettant ainsi en péril sa prééminence.

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Annonce du plan

Le développement des sciences et des technologies a souvent eu pour origine le besoin de faire échapper l’homme aux contraintes de sa nature. Mais cette vision positive du progrès a rapidement été altérée par des dérives conduisant aux confins des principes d’humanité. Plus que la seule poursuite d’une trajectoire de l’évolution, la tendance actuelle marque donc une rupture dangereuse en ce sens qu’elle permet la contestation de ce qui fait en partie l’état d’homme.

74

DÉVELOPPEMENT 0

ID1

L’homme n’a de cesse d’essayer de se libérer des contraintes que lui imposent ses limites propres et la nature. La technique puis la science ont de tout temps constitué les outils de cette libération. Le progrès a ainsi permis de s’affranchir progressivement des exigences matérielles, de celles liées à la sécurité pour viser enfin un plus grand épanouissement personnel et collectif.

59

IS11

Vulnérable par nature, l’homme n’a pu échapper aux pièges de son environnement que par son intelligence créatrice. Il a survécu en apprenant à dompter les éléments naturels et matériels qui menaçaient sa survie. La maîtrise du feu, de l’outil, des moyens de transport jusqu’à celle des nouvelles techniques de communication contemporaines, sont autant de jalons de cette évolution aux buts pacifiques et utilitaires.

61

IS12

La technique et la science ont de tout temps constitué les vecteurs de ce progrès. Elles ont le plus souvent accompagné, voire ont été à l’origine d’avancées sociales. Les grandes civilisations, les empires, ont toujours été de grands creusets scientifiques et technologiques. La Grèce, la Chine, le monde arabe sont ainsi à l’origine de percées majeures dans les domaines de l’astronomie ou de la physique. Ce seront les grandes découvertes des navigateurs des 15e et 16e siècles qui établiront par la suite l’Europe en phare mondial.

77

IS13

Le progrès scientifique répond par principe aux besoins des sociétés au sein desquels il se développe. Aux simples besoins physiologiques dans les tribus ancestrales (feu, abri, nourriture, protection), il a fallu rapidement ajouter ceux liés aux exigences du nomadisme et au développement des sociétés. La recherche de sécurité et de confort est devenue

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prioritaire. Des premières cabanes du paléolithique à l’habitat social des années 70 en France, permis par la préfabrication, des premières traces d’écriture à l’imprimerie du 15e siècle, on constate cette lente évolution des objectifs des sciences et technologies au service de l’homme et dans le respect de sa fonction.

Transition Tout en restant positif le développement des mayens d’agir sur son environnement a rapidement servi l’homme dans sa volonté et son besoin de puissance au cœur d’un monde qui s’ouvrait à toutes les concurrences.

34

ID2

Face à la complexité croissante des défis à relever par des sociétés de plus en plus organisées et exigeantes, la science a pris le pas dans de nombreux domaines pour régir jusqu’à la vie sociale. Elle a également ouvert le champ de nouvelles puissances aux limites de l’éthique, voire les franchissant.

51

IS21

La mobilité et l’extension des territoires a conduit les sociétés à s’exposer aux problèmes de concurrence. Concurrence avec des voisins, concurrence avec des « prédateurs » divers. Dans le premier cas c’est l’organisation sociale qui a prévalu avec des moyens collectifs de production reposant sur un partage des ressources et la satisfaction de besoins croissants liés à la vie quotidienne. Ce volet du progrès scientifique à des fins sociétales trouve son essor avec la révolution industrielle des 18e-19e siècles. Le taylorisme et le fordisme marqueront cependant une première dérive d’une science, au moins d’un progrès « sans conscience ».

97

IS22

La concurrence avec les prédateurs a permis quant à elle, dès ses origines, le développement des outils de puissance en lien avec l’émergence de techniques que l’on dirait aujourd’hui « innovantes ». Les apparitions permanentes de nouvelles armes sur les champs de bataille ont multiplié, par exemple, le pouvoir destructeur des armées. On trouve peu de réflexions éthiques sur l’emploi de ces armes avant les deux faits saillants des gaz à Ypres et des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. L’éthique cédait souvent le pas à la fatalité.

80

IS23

Cette « science sans conscience », parce qu’elle a eu des effets insoutenables, a fini par mobiliser les opinions pour déboucher sur les « jus ad bellum » et « jus in bello » du droit international humanitaire. Dans les exemples précités, on peut considérer que l’homme a joué aux limites, les a parfois franchies, mais a su installer, en réaction, les barrières morales et éthiques nécessaires pour ne pas risquer « la ruine de l’âme » en reconduisant les erreurs du passé.

83

Transition

Jusqu’à la moitié du 20e siècle, l’homme a semblé pouvoir contrôler les excès paroxystiques de la science malgré des débordements annonciateurs des risques à venir. Aujourd’hui une forme de fuite en avant conduit à une plus grande réserve quant aux conséquences possibles du progrès.

45

ID3

La « révolution technologique » marque le franchissement d’un nouveau seuil, celui de l’intrusion de la science dans les « domaines réservés » de l’homme. Les récents terrains de prédilection de la recherche concernent en effet la maîtrise du savoir, celle de la vie et touchent aux fondements éthiques. Cette évolution est critique notamment pour ceux dont l’application de principes moraux ou déontologiques peut être l’ultime recours dans l’action.

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IS31

Par rapport aux prises de consciences passées, rendues possibles par les excès visibles de ce que François COCHET décrit comme « l’inventivité des combattants », les nouvelles avancées de la science et des technologies, présentées comme constituant une « révolution », touchent les fondements mêmes de l’humanité des individus. Elles sont en ce sens plus dangereuses car elles altèrent insidieusement les capacités de discernement, le libre arbitre, la liberté qu'a l'homme d’analyser ses états, ses actes et leur valeur morale. Qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle, des NTIC ou de la bioéthique, les avancées ne visent plus seulement à obtenir un homme augmenté, mais peuvent aboutir à un homme supplanté !

109

IS32

Pour les militaires la capacité de discernement est capitale car le soldat est conduit avant tout à agir « au milieu des circonstances », comme le professait le général de Gaulle. Le combattant est donc particulièrement vulnérable aux intrusions des technologies qui, en altérant son jugement, peuvent remettre en cause jusqu’à la légitimité de ses actions. L’exemple contemporain le plus caractéristique reste celui des pilotes de drones armés. Michael Walzer analyse ce phénomène dans « La guerre sans risque » où il reprend l’idée d’Albert Camus selon laquelle « on ne peut tuer si l'on n'est pas prêt à mourir ».

98

IS33

Enfin, la difficulté particulière à laquelle la « révolution technologique » expose le militaire tient au double statut de citoyen et de détenteur de la force légitime. L’officier, comme ses subordonnés, est en effet confronté en permanence au décalage croissant entre ses aspirations et tentations ordinaires et les exigences de sa fonction. Cette dualité lui impose constamment de pouvoir évoluer entre les règles d’une société protectrice qui a fait de la mort un tabou, et le pouvoir exorbitant que lui donne la loi. Dans sa dernière lettre « Au contact », le chef d’état-major de l’Armée de terre rappelait opportunément que « L’expérience nous enseigne qu’il n’y a pas de victoire pour celui qui a perdu son âme. »

117

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

La place croissante des sciences, et des nouvelles technologies pousse l’homme aux limites de ses capacités de contrôle. L’immédiateté et la profusion des informations, parfois manipulées, créent une sorte de « miroir aux alouettes » auquel il est difficile d’échapper. Cet effort est d’autant plus exigeant pour ceux dont la légitimité repose, in fine, sur la préservation de valeurs et de principes que le quotidien tend à placer « hors du temps ».

72

Élargissement

Einstein, pour un retour avec lui, avait fait une prophétie optimiste ! S’il reconnaissait le risque de voir les deux-tiers de l’humanité détruite par l’arme nucléaire, il pensait aussi qu’il « restera assez d'hommes capables de penser et assez de livres pour permettre à l'humanité un nouveau départ et à la civilisation d'être restaurée. »

53

TOTAL (pour information) 14086

6 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD. Il correspond au conseil donné aux candidats de procéder à cet exercice pour se familiariser avec le volume de la fiche synthèse. La rédaction proposée correspond à environ 5 pages manuscrites sur copie type concours.

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 10/2017

1

1 L’image ne fait pas partie du sujet. Elle n’illustre qu’un lien entre le sujet et un voyage récent de l’auteur (Athènes, chantier de l’Acropole, oct. 2017)! Suje

t c

ult

ure g

énérale

n°1 –

oct. 2017

Ce corrigé constitue une copie étalon à l'attention des candidats.

L'effort a été porté sur l'organisation de la réponse à partir des règles de composition

enseignées au cours de la préparation.

La structure du corrigé (nombre de parties, processus de démonstration) correspond

à l'une des possibilités indiquées, sans ordre de priorité, aux candidat(e)s.

Les références de culture générale sont personnelles, chaque candidat(e) ayant ses

propres repères en fonction de son niveau et de sa connaissance du champ couvert

par le sujet.

SUJET

« La véritable puissance, dans ce monde, ce n’est pas l’autorité, c’est l’influence. »

Alexandre Vinet - « L’indifférentisme religieux » (1833)

Sous quelles formes pourrait s’exprimer demain la puissance des nations ?

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2018 EDG

© JFD / CG1 2018 1

REGLES DE REDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !2

CORRIGE PROPOSE

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation "sèche" dont il faut établir le lien avec la question posée.

C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple commentaire de la

citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte d'aujourd'hui.

Sens des mots3 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « Puissance » : s’agissant ici des nations, on se situe dans le champ des RI. La puissance concerne donc tout ce qui permet de s’imposer, d’imposer ses positions et orientations sur la scène internationale (diplomatie, économie, culture, coercition par la force)

- « Monde » : pour tous ces sujets il faudra préciser le périmètre de l’étude et de la réflexion. Le risque est, en effet, de généraliser maladroitement notre vision occidentale, voire hexagonale, et d’en faire un point de vue universel. L’affirmation d’Alexandre Vinet vaut-elle pour toutes les situations, toutes les nations, tous les domaines du sujet ?

- « Autorité » : « pouvoir légalement conféré à une personne, à un groupe humain de régir l'ensemble ou une partie du corps social, de régler les affaires publiques » (CNRTL). On retient

2 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 3 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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2018 EDG

© JFD / CG1 2018 2

ici le lien entre autorité et pouvoir légal. On peut aussi envisager l’acception « faire autorité » (« Personne qui jouit d'une grande considération, dont on invoque l'exemple à l'appui d'une thèse » CNRTL), mais là le risque de dérive est réel avec « influence ». Car faire autorité sous-entend une forme d’acceptation, de reconnaissance de l’autorité et on s’approche de l’influence.

- « Influence » : « puissance indéterminée exerçant une action mystérieuse sur les êtres et les choses » ; « action (généralement prolongée dans le temps et non brutale) qu'une personne ou un groupe exerce sur les opinions politiques de tel(le) autre, sur l'orientation du gouvernement, de l'administration. » CNRTL.

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

Question posée

- Action (« Sous quelles formes pourrait s’exprimer… ? » : il s'agit, comme le plus souvent, de donner un point de vue personnel, qui devra donc être étayé avec des arguments précis. On note le pluriel de « formes » et le conditionnel « pourrait ».

- Objet : « puissance des nations ». La réflexion sur le terme « puissance » a été faite, reste « nations » : « Ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique. » Larousse. Comme pour « monde » (supra), il faudra se garder de toute généralisation abusive de principes : toutes les nations ne sont pas équivalentes et n’ont pas les mêmes objectifs !

- Limites : le temps est celui du futur (« demain ») mais on devra s'inscrire dans une trajectoire du fait de l'origine de la citation (1833). Il faudra également, à un moment ou à un autre, préciser la perspective retenue (voir ci-dessous « Cadre général ») en s’appuyant sur des tendances observables aujourd’hui. Il ne s’agit pas de faire de la politique fiction !

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : relations internationales et évolutions prévisibles de leur principaux

« moteurs » à terme (2050 est actuellement l’horizon régulièrement fixé pour ce type de

réflexion).

- Disciplines concernées : politique et diplomatie, sociétés, économie et finance, civilisations

et cultures.

Reformuler le sujet "Je dois définir et justifier quels stratégies et modes d’action traditionnels ou nouveaux, pourraient (devraient ?) privilégier les nations (peuples et États en tenant compte de leurs caractéristiques), à l’horizon 2050, pour atteindre leurs objectifs malgré une compétition internationale de plus en plus exigeante.

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Cette reformulation personnelle conclut les 00:35 premières minutes4 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

Au cours de cette analyse initiale, on peut noter à part un « nuage de mots ». C’est ce qui traverse, parfois fugitivement, l’esprit en cours de réflexion et qui peut s’oublier.

Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général que l'on a défini ici comme celui de l’évolution probable des RI. Les DOMAINES, dans lesquels se manifesteraient ces évolutions et la forme possible de ces dernières, sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent quant à elles d'analyser la question posée qui, ici, demande de conduire une réflexion prospective sur ce qui pourrait se maintenir ou évoluer dans le domaine des RI et plus précisément en ce qui concerne les facteurs de puissance.

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 6 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1 Ce qui devrait rester pérenne en matière de facteurs de puissance

R2 Ce qui devrait (pourrait) évoluer pour devenir de nouveaux facteurs de puissance

R3 Ce qui aujourd'hui favorise l'une ou l'autre voie 5

R4 Tendances et évolutions dans la perspective historique6

D1 : Politique, diplomatie, géopolitique, défense

D2 : Sociétés et travail

D3 : Économie et finance

D4 : Civilisations et cultures

D5. Autre

4 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail. 5 Le but est de mesurer l’impact de l’actualité dans l’interprétation des faits (ne pas déterminer l’importance en fonction de l’actualité ou de l’antériorité). Peut se résumer à des signes ˜ ++ " ou ˜ - ˜ 6 Complète la rubrique précédente pour essayer de donner une « valeur absolue » à ses arguments (par ex. « s’inscrit dans la continuité », « marque une rupture »

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J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page).

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici, ses éléments se retrouvent dans le travail rédigé. Chacun(e) pourra retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:30 environ

sur les 04:00 allouées.

Il faut maintenant se lancer dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement « dans la tête ». Car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de plan. C’est le cas ici. Au cours de la construction du tableau s’est dessiné mon fil directeur ; c’est-à-dire l’idée générale qui va guider mon devoir. Elle peut se résumer ainsi :

J’ai identifié les idées principales suivantes :

- « La paix rend les peuples plus heureux et les hommes plus faibles » (Vauvenargues).

- « Pourquoi vouloir à tout prix procéder par la force, alors que nous pouvons réussir par la paix

? La guerre est toujours un constat d'échec. Ne nous résignons pas à l'irréparable. » (de Villepin

– ONU 07/03/2003)

- Les structures régulatrices internationales, l'institutionnalisation des conflits sociaux dans les sociétés occidentales et l'ouverture du monde, notamment par les facilités croissantes de communication, créent les conditions nécessaires à la régulation pacifique des différends et conflits, inclination naturelle des peuples.

- Dans le même temps, l’aspiration à la liberté provoque une réticence à accepter l’autorité. C’est ainsi que l’on voit exploser, au moins dans nos sociétés occidentales, les « démarches citoyennes », les réseaux sociaux et le lobbying sous toutes ses formes qui suppléent, quand il ne s’oppose pas, aux régulations institutionnelles.

- Par ailleurs, des « démocratures » et dictatures subsistent qui entretiennent au sein de certaines nations les moteurs historiques de la conflictualité dans les RI (Corée… et USA !)

- Le contrôle des RI échappe ainsi de plus en plus aux États, réticents à se réformer radicalement et tend à passer aux peuples ou à des structures ou réseaux transnationaux (ONG, GAFA).

- La caractéristique des RI 2050 pourrait donc être une forme d’hybridation des grilles de lecture traditionnelles. Cette hybridation viendrait de la coexistence persistante, avec des « dosages » différents selon les nations, de deux concepts des rapports de force : l’un fondé sur l’opposition frontale s’appuyant sur le nationalisme et la menace armée ou (et) économique (hard power), l’autre utilisant une stratégie d’influence dans tous les domaines du soft power. Cette évolution trouve aujourd’hui son image dans les « guerres hybrides ».

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2. 2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis par un travail de synthèse pour dégager des

idées plus générales à partir des éléments du tableau.

Il ne faut pas dépasser les 02:00 pour parvenir à une ossature solide : IM – PLAN – OUVERTURE. J’ai

limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM apporte une réponse pertinente et concise à la question posée ; 2. Le PLAN vient démontrer la valeur de cette position : 3. L’OUVERTURE projette la réflexion vers un sujet connexe sans remettre en cause ce qui vient

d’être développé.

REMARQUE sur l’IM. Comme je le signale de manière récurrente, le risque majeur est de confondre IM et PLAN et d’aboutir à une redondance de rédaction entre ces 2 paragraphes. L’erreur réside toujours dans le fait de considérer que le cheminement démonstratif est l’IM alors qu’il est le plan. C’est ce cheminement qui est décrit, dans l’encadré figurant plus haut, ce n’est pas l’IM. Pour mon IM, j’ai retenu une formulation plus générale de mon point de vue, tout en m’assurant que cette réponse « collait » bien avec la question posée : « Sous quelles formes pourrait… ? » Dans les faits l’IM se rapproche davantage du contenu de la 3e partie qui doit être l’aboutissement de la démonstration QUEL QUE SOIT le processus d’argumentation retenu.

Le choix a été fait de rédiger un devoir complet au lieu de se limiter à de seules orientations. Les « plans flash » utiles en préparation ne rendent en effet qu'imparfaitement compte de la cohérence d'ensemble du travail, notamment en ce qui concerne les enchaînements IM-PLAN et CONCLUSION-OUVERTURE. Le travail proposé, réalisé en 5h00 au brouillon pour rester cohérent avec la nature de l'épreuve, figure ci-après.

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INTRODUCTION 0

Préambule

Entre le « Ultima ratio regum » de Louis XIV et « La guerre est un constat d’échec. Ne nous résignons pas à l’irréparable » de Dominique de Villepin à l’ONU en 2011, ce sont quatre siècles qui ont vu se manifester toutes les facettes de la puissance des peuples et États formant les nations. Par ailleurs, dès le début du 19e siècle, Alexandre Vinet, bien que s’exprimant alors dans le domaine religieux, affirmait la prééminence de l’influence sur l’autorité. Ces alternatives restent aujourd’hui encore au centre des réflexions sur les aspects que pourraient revêtir les rapports de forces entre nations au cours des prochaines décennies.

100

Idée maîtresse La mondialisation des échanges et la multiplication des polarités semblent dessiner durablement de nouvelles formes de puissance reposant sur la combinaison et la flexibilité systématiques des moyens de coercition.

29

Annonce du plan

Le lien entre la politique et la guerre demeure une règle structurante des rapports entre les nations. On note pourtant une forte évolution de l’intensité et de la nature des conflictualités dans la période contemporaine A l’horizon 2050, on pourrait ainsi voir s’affirmer durablement, sous l’impulsion des démocraties, l’hybridation des critères de puissance dans les relations internationales.

57

DÉVELOPPEMENT 0

ID1

Les conflits armés constituent un instrument séculaire dans l’arbitrage des rapports de forces entre les nations. Leur persistance dans le monde contemporain plaide pour leur pérennité. On peut même penser que leur multiplication puisse naître de la perte partielle de contrôle par les puissances historiques.

45

IS11

Depuis Babylone et ses rivales, 19 siècles avant notre ère, au gré des ambitions des « princes » ou des différends idéologiques et religieux, les guerres ont toujours constitué le principal moyen d’affirmation de la puissance des nations. Principalement circonscrites à l’origine au bassin méditerranéen et sa périphérie, elles se sont étendues en même temps que le monde s’ouvrait.

44

IS12

Les grandes guerres européennes des 18e et 19e siècles puis les conflits mondiaux du 20e siècle ont marqué les apogées des guerres traditionnelles et des empires. Depuis la fin du second conflit mondial, la multiplication des conflits n’a pas diminué pour autant. On recense ainsi plus de 40 guerres locales ou régionales depuis 1984. Elles auraient fait plus de trois millions de morts.

63

IS13

Dans cette nébuleuse guerrière, les puissances occidentales historiques semblent de plus en plus perdre leur capacité de régulation. Leur diplomatie fragilisée par l’émergence de nouveaux acteurs comme la Chine, le retour des nationalismes, à l’image de la Russie, et le poids croissant des acteurs non conventionnels générateurs d’asymétries, les attirent dans le jeu des ripostes avec ses effets pervers. La guerre tend à ne plus être que la « continuation

97

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de la politique » mais à en devenir l’outil principal. Irak, Lybie, Crimée et aujourd’hui les rodomontades de Donald Trump et de Kim Jong Un illustrent cette dérive.

Transition Des constantes s’identifient dans le jeu complexe des relations internationales et plaident pour la pérennité des guerres comme expression des enjeux de puissance. Cependant, leur poids relatif dans les arbitrages reste lié aux époques et au périmètre du champ des acteurs.

28

ID2

Ainsi, depuis les deux derniers conflits mondiaux, si les tensions restent vives et les points de friction nombreux, force est de constater que la portée des confrontations armées s’est localisée. Depuis la guerre froide la compétition entre les acteurs majeurs des relations internationales a en revanche étendu son champ d’action. A cela s’ajoute le rôle régulateur des structures supranationales.

59

IS21

La rupture, intervenue depuis la fin du second conflit mondial dans les relations internationales, semble aujourd’hui consommée. La guerre froide aura constitué une transition de plus de 40 ans entre un monde bipolaire et celui d’aujourd’hui considéré multipolaire ou apolaire. Au cours de ces décennies, le déport des antagonismes Est-Ouest sur des théâtres périphériques à jeté les bases de l’instabilité actuelle.

61

IS22

Dans le même temps qu’elles s’affrontaient hors de leur sol, comme en Corée au début des années cinquante puis lors de l’épisode des missiles de Cuba dix ans plus tard, les deux superpuissances ont diversifié leurs modes de confrontation, sorte de prémices de ce qu’Hilary Clinton a défini comme le « smart power », combinaison des moyens de coercition et d’influence. Le lancement de Spoutnik en 1957 et les jeux olympiques de Munich en 72 et de Moscou en 80 ont ainsi servi de support à des affrontement idéologiques.

89

IS23

Ce déplacement progressif des centres de gravité des conflits s’est trouvé complété par l’émergence, toujours liée au chaos de la seconde guerre mondiale, d’une régulation internationale supra étatique. Depuis l ’ONU en 1945, le GATT en 1947 jusqu’à l’OMC en 1995, c’est un véritable réseau d’acteurs, plus ou moins interdépendants, qui a pris partiellement le pas sur les États souverains. Les ensembles régionaux (UE, ALENA…), les firmes transnationales (GAFA), les ONG et les grandes institutions mondiales sont ainsi devenus de vecteurs de puissance incontournables.

84

Transition Les rapports de force entre grandes puissances ont déjà vu leurs formes évoluer au cours de la seconde moitié du 20e siècle. A l’horizon des décennies à venir c’est le lissage progressif des forces et faiblesses entre acteurs qui dictera les stratégies de puissance.

43

ID3

La multiplication des agents en genres et en modes d’action rend dès aujourd’hui la notion de puissance particulièrement fluctuante. Elle impose une grande flexibilité des réponses à apporter qu’il s’agisse de leur nature ou de leurs modalités de mise en œuvre. Dans ce contexte, les démocraties semblent les plus aptes à porter et imposer un nouveau modèle de puissance s’appuyant sur une hybridation de leurs capacités.

66

IS31 Les trois décennies écoulées ont vu émerger deux modèles d’évolution géopolitique qui se sont cristallisés autour des ouvrages d’Huntington et de Fukuyama. Aujourd’hui, il semble que la thèse multipolaire et multiculturelle du premier l’emporte sur l’avènement d’un

76

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monde unifié par le libéralisme prédit par le second. La pluralité des acteurs, de leurs sensibilités et de leurs modes d’action complique ainsi les schémas d’intervention. Il convient de ne plus parler de LA puissance mais DES puissances, s’affirmant partiellement, localement et temporairement.

IS32

Les réponses à apporter pour relever les défis à venir seront donc complexes et devront s’inscrire dans une conception des rapports de force à multiples facettes. Les nations soucieuses de conserver leur primat devront réinventer leurs vecteurs de puissance ou tout au moins leur poids respectifs -il ne s’agit pas de faire injure à l’histoire ! Dans ses deux ouvrages récents « La France au défi » et « Le monde au défi », Hubert Védrine trace une nouvelle piste. Pour lui, les puissants de demain seront ceux qui auront vaincu la défiance et le pessimisme et auront su jeter un pont entre géopolitique et écologie.

106

IS33

Les thèses du moment sont ainsi à l’image des relations internationales : fluctuantes, variées, souvent incertaines. Les anglicismes des « hard », « soft » et « smart power » cherchent à les formaliser sans pour autant réussir à rendre compte de leur complexité. Les militaires savent bien les limites de la planification et le rôle des grands capitaines dans la conduite des guerres. Dans ce jeu où la composition permanente des moyens sera déterminante, les démocraties devraient, une fois encore, parvenir à s’imposer grâce à leur capacité à « hybrider » leurs capacités en mêlant force, autorité et influence.

99

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

Si le débat sémantique entre monde apolaire et monde multipolaire reste ouvert, l’évolution durable des rapports de force vers un jeu de plus en plus complexe, dû notamment à un équilibre des forces en présence, semble acté. A l’image des « guerres hybrides » qui deviennent la règle, l’ensemble du champ de relations internationales devrait s’adapter à cette évolution de paradigme.

61

Élargissement

Face à ce mouvement continu de l’histoire une forme d’optimisme peut naître de la mobilisation autour de grandes causes fédératrices comme les droits de l’homme. Même si, pour Vauvenargues, la paix comporte des risques car en rendant les peuples plus heureux elle rend les hommes plus faibles !

49

TOTAL (pour information) 12567

Dans cette rédaction « étalon », j’ai volontairement repris un certain nombre d’éléments tirés de devoirs antérieurs. De même, j’ai utilisé une ouverture assez

classique, que vous pouvez mettre dans votre bibliothèque car elle est facilement adaptable (!), pour montrer le double aspect de ces travaux, tout à la fois de

7 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD. Il correspond au conseil donné aux candidats de procéder à cet exercice pour se familiariser avec le volume de la fiche synthèse. La rédaction proposée correspond à environ 5 pages manuscrites sur copie type concours.

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méthode et de développement d’un fonds8 de références et d’idées… C’est un peu cela la culture générale !

8 Ce qui, au point de vue physique, moral, intellectuel, constitue une sorte de capital (Larousse)

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 2 novembre 2017

Suje

t c

ult

ure g

énérale

n°2 –

décembre 2

017

SUJET

“You would be shocked to see how totally prepared we are if we need to be”,

déclarait le président Trump le 22 octobre 2017 sur Fox news en réponse aux

provocations de Kim Jong-Un.

Au-delà des rodomontades existe-t-il aujourd’hui des risques sérieux de

conflagration ?

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1

REGLES DE REDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !1

CORRIGE PROPOSE

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation "sèche" dont il faut établir le lien avec la question posée.

C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple commentaire de la

citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte d'aujourd'hui. Il n’y a

pas d’exemple récent de citation en « VO ». Celle-ci étant simple à comprendre pour votre niveau

linguistique a été maintenue dans la version prononcée.

Sens des mots2 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « Shocked » : sans être un « faux ami », car le sens de « choqué » est admis, il faut peut-être plutôt retenir ici « stupéfait » qui semble plus adapté à la situation.

- Le reste de la citation n’appelle pas de remarque en dehors d’une concordance des temps qui paraît étrange dans la fin de phrase « … comment nous sommes préparés si nous avons besoin de l’être. »

1 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 2 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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2

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

Question posée

- Attendu : avant la question figure un attendu, « Au-delà des rodomontades… » (vantardises pleines d’insolence. CNRTL). Comment traiter ce groupe de mots ? C’est un peu le cœur du sujet. S’agit-il de simples provocations sans intentions de suite autres que de politique intérieure (en particulier), où sont-elles les prémices d’autres formes d’affrontements ?

- Action : « Existe-t-il… ? » : il s'agit, comme le plus souvent, de donner un point de vue personnel, qui devra donc être étayé avec des arguments précis.

- Objet : « risque de conflagration ». Risque et conflagration méritent l’attention. Le premier terme orientera votre thèse et votre argumentation. La question est en effet de savoir si des situations se mettent en place pouvant déboucher sur (…). Le terme « conflagration » dont l'idée dominante est celle de cataclysme, de grand bouleversement dévastateur, traduit un « accident » sociopolitique concernant une ou plusieurs nations ; en particulier, déclenchement d'un conflit armé où de nombreux pays sont engagés.

- Limites : le temps est celui du présent (« aujourd’hui ») mais on devra s'inscrire dans une trajectoire du fait du cadre de la citation. Il faudra également, à un moment ou à un autre, préciser la perspective retenue (voir ci-dessous « Cadre général ») en s’appuyant sur des tendances observables aujourd’hui. Il ne s’agit pas de faire de la politique fiction ! L’espace est aussi à considérer. Si on retient que la citation éclaire le sujet (cas général) on comprendra la question comme générale et portant sur les provocations en RI et leur risque de dérive (Trump, Kim Jong-Un mais aussi Poutine, Erdogan, Kroutchev …). Si l’on a une bonne connaissance des tensions dans l’Asie et l’Asie du Sud-Est, il est possible de circonscrire l’étude à cet exemple en le généralisant en ouverture. Personnellement je choisirai plutôt la première option.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : relations internationales, médiatisation et évolutions prévisibles des aspects

conflictuels.

- Disciplines concernées : politique et diplomatie, sociétés, économie et finance, civilisations

et cultures, défense.

Reformuler le sujet "Je dois dire si les provocations et gesticulations entre États et dirigeants sont aujourd’hui, avant tout, des outils d’influence au service de politiques intérieure et internationale, ou si elles portent en germes, du fait d’un contexte particulier à définir, des possibilités objectives d’escalade. »

Cette reformulation personnelle conclut les 00:35 premières minutes3 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

3 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail.

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3

Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général que l'on a défini ici comme celui de l’évolution possible de la conflictualité dans les RI. Les DOMAINES, dans lesquels se manifesterait la cristallisation des tensions, sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent quant à elles d'analyser la question posée qui, ici, demande de conduire une analyse du cadre contemporain des RI, des fragilités et des sensibilités de ces relations et des risques de divergence à partir de simples situations de crise.

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 7 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1 Ce qui devrait (pourrait) garantir un confinement des conflits au niveaux local ou régional.

R2 Ce qui devrait (pourrait) favoriser la divergence d’un conflit local ou régional vers une conflagration

R3 Ce qui aujourd'hui pousse à privilégier l'une ou l'autre voie 4

R4 Tendances et évolutions dans la perspective historique5

D1 : Politique (dont intérieure), diplomatie, géopolitique, défense

D2 : Sociétés

D3 : Économies

D4 : Civilisations et cultures

D5. Communication

J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page).

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici du fait du choix de proposer la correction d’un candidat. Chacun pourra cependant retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

4 Le but est de mesurer l’impact de l’actualité dans l’interprétation des faits (ne pas déterminer l’importance en fonction de l’actualité ou de l’antériorité). Peut se résumer à des signes ˜ ++ " ou ˜ - ˜ 5 Complète la rubrique précédente pour essayer de donner une « valeur absolue » à ses arguments (par ex. « s’inscrit dans la continuité », « marque une rupture »

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Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:30 environ

sur les 04:00 allouées.

Il faut maintenant se lancer dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement « dans la tête ». Car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de plan. En effet, au cours de la construction du tableau se dessine le plus souvent un fil directeur ; c’est-à-dire l’idée générale qui va guider le devoir.

2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis par un travail de synthèse pour dégager des idées plus générales à partir des éléments du tableau.

Il ne faut pas dépasser les 02:00 pour parvenir à une ossature solide : IM – PLAN – OUVERTURE. J’ai

limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM apporte une réponse pertinente et concise à la question posée ; 2. Le PLAN vient démontrer la valeur de cette position : 3. L’OUVERTURE projette la réflexion vers un sujet connexe sans remettre en cause ce qui vient

d’être développé.

REMARQUE sur l’IM. Comme je le signale de manière récurrente, le risque majeur est de confondre IM et PLAN et d’aboutir à une redondance de rédaction entre ces 2 paragraphes. L’erreur réside toujours dans le fait de considérer que le cheminement démonstratif est l’IM alors qu’il n’est que le plan.

Dans mon traitement personnel du devoir, j’ai considéré que la citation éclairait le sujet sans en être le coeur. J’ai donc traité la question comme étant générale et portant sur les provocations en RI et leurs risques de dérive. Dans cette option je ne m’enferme pas dès l’introduction dans le seul périmètre du conflit américano-coréen.

J’ai donc retenu cette IM

« Les provocations actuelles entre dirigeants, à l’image de celles des présidents Trump et KJU, peuvent avoir demain des conséquences incontrôlables car elles se développent souvent dans un contexte historique et conjoncturel favorable aux escalades. »

Le choix a été fait de vous proposer exceptionnellement le travail réalisé par un candidat. L’auteur, tout en ayant pris le parti de centrer son sujet sur le seul cas coréen, fournit, grâce à ses connaissances précises, un travail de qualité estimé à 14/20.

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2017 EDG

5

Ce devoir ne présente que quelques faiblesses de forme, faciles à corriger. Pour ce travail j’ai mis la note de 14/20. L’officier qui l’a rédigé a confirmé ses qualités dans le travail suivant et entrera vraisemblablement en fin de cycle dans la fourchette haute des 15 à 18/20.

J’ai dépouillé la copie de mes notes pour ne pas polluer la lecture. Je rappelle simplement ici les remarques essentielles figurant dans ma correction.

1. La conflagration n'est pas nécessairement nucléaire. En faisant ce choix, vous vous enfermez

dans un schéma trop rigide

2. Essayez de mettre dans votre IM les 3 volets CAUSES -CONSEQUENCES – JUSTIFICATIONN, ici

les 2 premiers y sont, le 3e manque (Voir mon exemple d’IM en bas de page précédente. On y

retrouve bien en une seule phrase ces 3 volets).

3. Avec vos idées, j'aurais bien vu une IM comme : "Alors que les multiples acteurs sont à l'origine

des tensions endémiques dans cette région ils devraient, paradoxalement, contribuer au

confinement de la crise à un stade infra-conflictuel". Qu'en pensez-vous ? Sous cette forme,

l'IM se démarque de tout plan qui suivra, elle répond à la question et est facilement

mémorisable. On est alors bien dans l'esprit et la forme de ce que doit être une IM.

4. Évitez ces termes redondants (s'opposent des rivaux.)

5. Les deux paragraphes qui précèdent sont marqués par votre choix du nucléaire comme fil

directeur (voir ma remarque en intro) Vous auriez dû structurer un peu différemment pour ne

pas être amené à conclure vos paragraphes par ces phrases en écho pour justifier votre

position.

6. Ne pas oublier dans ces attitudes (TRUMP et KIM) les objectifs de politique intérieure.

D'ailleurs TRUMP vient de poursuivre dans cette voie avec Jérusalem !

7. Bon travail, pas de problème de rédaction ou d'argumentation. Citations bien choisies et

dosées. Concernant le fond, on peut regretter que vous ayez limité la conflagration à sa seule

option nucléaire. Pourrait-on aller à des provocations terrestres ou maritimes et donc

poursuivre l’escalade au-delà des provocations verbales pour sonder la vraie détermination

des adversaires. Le thème de la guerre hybride est également, me semble-t-il, bien présent

dans ce dossier. Enfin, l'IM est un peu faible alors que par la suite, tous les éléments

nécessaires à son élaboration sont bien présents.

Devoir en pages suivantes

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 04 avril 2018

« Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! » Ce slogan de mai 68 voulait illustrer

la volonté de rupture d’une génération.

Dans quelle mesure le militaire doit-il s’adapter au contexte de son époque ?

RAPPEL : pour ces travaux, l’illustration ne fait pas partie du sujet !

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1

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !1

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation commentée dont il faut établir le lien avec la question posée.

C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple commentaire de la

citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte d'aujourd'hui.

Sens des mots2 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « Vieux monde…derrière » : jugement de valeur sur la société antérieure à mai 68. Qu’est ce qui est définitivement à reléguer au rayon du passé ? Qu’est ce qui est fini ? Qu’est ce qui a vécu ?

- « Volonté de rupture » : sous entend que tous les choix n’étaient pas rationnels. Rupture, changement radical sans continuité avec ce qui a précédé.

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

1 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 2 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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2

Question posée

- Action (« Dans quelle mesure… ? » : il s'agit, comme le plus souvent, de donner un point de vue personnel, qui devra donc être étayé avec des arguments précis. Il est utile de repréciser le sens de « dans quelle mesure » pour éviter les dérives. Ici on peut retenir « Jusqu’à quel point ? Quelles sont les limites de ? » Cette acception semble plus facile à conserver comme cadre de la réponse. Il faudra utiliser cette lecture dans la reformulation du sujet.

- Objet : (« adaptation du militaire au contexte »). Ici encore attention à ne pas se dispenser d’une minute ou deux de réflexion. Les portes qui ne sont pas ouvertes à ce stade ont beaucoup de chances de rester fermées ! Quels sont les domaines d’adaptation possibles : comportement individuel, du groupe, modes d’action, moyens d’actions… « Contexte » (Larousse) Ensemble des conditions naturelles, sociales, culturelles, ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un événement, se situe une action. « Militaire », français, occidental, plus « générique ». Ici encore il y aura un choix à faire et à assumer.

- Limites : (« …de son époque »). Le cadre fixé n’est pas précis, ce n’est pas plus aujourd’hui, qu’hier ou demain. La réflexion devra rester assez générale. Au moins elle ne devra pas uniquement faire référence à des justifications contemporaines. Ce sera une des difficultés de ce sujet que de trouver la bonne trajectoire entre trop d’abstraction et trop d’actualité factuelle. Il va falloir identifier quelques invariants sur lesquels « accrocher » sa thèse.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : « philosophie » de l’action militaire dans un cadre occidental (?)3

- Disciplines concernées : principes de la guerre, droit, modèles sociaux, éthique…

Reformuler le sujet

"Je dois justifier jusqu’à quel point et selon quels arbitrages le militaire doit (peut ?) adapter son action aux conditions du moment (structurelles et conjoncturelles) sans contrevenir à des règles, principes et valeurs qui justifient et légitiment ses engagements. »

A ce stade je conserve en tête le terme de « rupture » figurant dans le préambule car il pourra servir d’articulation avec « adaptation » pour donner un fil directeur.

Cette reformulation personnelle conclut les 00 :30 premières minutes4 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

On constate qu’au cours de cette réflexion, l’idée initiale, intuitive, sur la manière de concevoir le devoir a pu singulièrement évoluer.

3 Voir supra dans « Objet » 4 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail.

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3

Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général que l'on a défini ici comme celui de l’action militaire. Les DOMAINES, dans lesquels se manifesteraient ces adaptations et la limite possible de ces dernières, sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent quant à elles d'analyser la question posée qui, ici, demande de conduire une réflexion générale sur ce qui peut se maintenir ou évoluer dans le domaine de l’action militaire en fonction du cadre de l’époque où elle se déroule.

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 6 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1

Ce qui pousse à

s’adapter au

évolutions et

circonstances

(approche

générale

« historique »)

R2

Ce qui limite,

contraint la

portée de ces

adaptations

(approche

générale

« historique »)

R3

Ce qui

aujourd'hui

favorise l'une ou

l'autre voie 5

R4

Tendances et

évolutions dans

la perspective

historique6

D1 : terrains, cadres

et modes d’action

D2 : cadre juridique,

éthique

D3 : contexte

sociétal

D4 : évolutions

technologiques

D5. Autre

J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page).

5 Le but est de mesurer l’impact de l’actualité dans l’interprétation des faits (ne pas déterminer l’importance en fonction de l’actualité ou de l’antériorité). Peut se résumer à des signes ˜ ++ " ou ˜ - ˜ 6 Complète la rubrique précédente pour essayer de donner une « valeur absolue » à ses arguments (par ex. « s’inscrit dans la continuité », « marque une rupture »

VOIR UTILISATION page 4 – 1.

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4

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici, ses éléments se retrouvent dans le travail rédigé. Chacun(e) pourra retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01 :30 environ

sur les 04 :00 allouées.

Il faut maintenant se lancer dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement « dans la tête ». Car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de plan. C’est le cas ici. Au cours de la construction du tableau s’est dessiné mon fil directeur ; c’est-à-dire l’idée générale qui va guider mon devoir. Concrètement, et cette méthode est personnelle, la recherche d’idées est un « remue méninges organisé » : on liste les idées et citations et quand on « bloque », on retourne au tableau pour voir si on a couvert toutes les cases. Par itérations on arrive à enrichir le contenu

Dans le cas présent, l’analyse a fait apparaître les idées principales suivantes et quelques citations :

- Adaptation aux évolutions mais pas aux ruptures ;

- Des valeurs et repères historiques qui entretiennent une certaine continuité (traditions, formation des cadres France, Europe, monde) ;

- Des principes d’action parfois millénaires qui restent valables et peuvent passer pour de l’immobilisme ;

- Des images colportées « grande muette » qui donnent (au moins chez nous) l’image d’un corps sclérosé ;

- Des limites infranchissables : légalité, légitimité, éthique ;

- Armée professionnelle et conscription : réponse à une vision socio-politique (rôle social) ;

- Loi de mars 1905 sur le recrutement militaire en France, reconnaît définitivement l’universalité et l’obligation du service militaire ; volontaire, conscrit, professionnel : une adaptation politique, sociologique et économique ;

- « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » Alexis de Tocqueville

- Des technologies qui changent la nature et la forme des combats : éloignement physique et moral du champ de bataille, du corps à corps aux frappes par drones, « bouton du mandarin » (J.J. Rousseau) ;

- Judiciarisation, médias, « zéro mort » : nouveau contexte, nouveaux comportements ;

- Le droit à la guerre (jus ad bellum) progressivement suppléé par le droit de la guerre (jus in bello) A. Malraux « guerres justes mais pas d’armées justes » (L’espoir) ;

- Bernard Maris « L’homme dans la guerre » M. Genevoix <> E. Jünger : un même conflit, deux visions homme – nation ;

- François Cochet et « l’inventivité spontanée des combattants » source de dérives ;

- De Gaulle « l’action c’est l’homme au milieu des circonstances » ;

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5

- Beaufre et la dialectique des volontés.

- Michel Rocard et Frits Bolkestein « Peut-on réformer la France ? : le lien pathologique à la réforme. La France est plus disposée aux révolutions qu’aux réformes.

Parmi ces repères, 2 ont émergé (gras / souligné) ils vont orienter le développement.

2. 2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis par un travail de synthèse pour dégager des

idées plus générales à partir des éléments du tableau.

Il ne faut pas dépasser les 02 :00 pour parvenir à une ossature solide : IM – PLAN – OUVERTURE.

J’ai limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM apporte une réponse pertinente et concise à la question posée ; 2. Le PLAN vient démontrer la valeur de cette position : 3. L’OUVERTURE projette la réflexion vers un sujet connexe sans remettre en cause ce qui vient

d’être développé.

REMARQUE sur l’IM. Comme je le signale de manière récurrente, le risque majeur est de confondre IM et PLAN et d’aboutir à une redondance de rédaction entre ces 2 paragraphes. L’erreur réside toujours dans le fait de considérer que le cheminement démonstratif est l’IM alors qu’il est le plan.

J’ai beaucoup écrit sur ce point ! La rigueur de construction de ces 2 paragraphes constitue la clef de réussite du devoir de culture. On traite le sujet, rien que le sujet mais tout le sujet !

Le travail proposé, réalisé en 5h00 au brouillon pour rester cohérent avec la nature de l'épreuve, figure ci-après.

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6

INTRODUCTION 0

Préambule

Les slogans de mai 68 appelant à la construction d’un nouveau monde oubliant le « vieux », la vision gaullienne de l’action, décrite comme « l’homme au milieu des circonstances », illustrent les rôles mêlés de l’histoire et du présent dans les comportements humains. Le militaire, dans ses missions, n’échappe pas au dilemme que constitue le choix entre la préservation d’un socle de principes et de valeurs et sa contestation par les mouvements du moment. Jusqu’à quel point doit-il s’adapter aux inflexions et ruptures de son temps ?

85

Idée maîtresse Parce qu’il est à la fois contraint par les circonstances et en partie garant de la stabilité de l’État, le militaire doit s’adapter aux mutations de son époque sans sortir d’un référentiel pérenne défini par le droit et la morale.

40

Annonce du plan

Le militaire et ses actions peuvent paraître figés par un cadre historique, légal et réglementaire. Cette vision réductrice ne rend pas compte de la réelle et constante adaptation au contexte, gage d’efficacité. Pour autant cette adaptation a des limites imposées par le respect de la légalité, de la légitimité et de l’éthique.

52

DÉVELOPPEMENT 0

ID1

L’action militaire est en partie fondée sur des invariants historiques qui structurent encore la pensée et la culture militaires des principales nations. A cet apparent immobilisme structurel s’ajoutent les cadres juridiques et réglementaires, lents à évoluer, qui peuvent renforcer l’idée d’une inadaptation aux exigences de moment.

46

IS11

Depuis Sun Tsu, au cinquième siècle avant notre ère, et jusqu’aux stratèges contemporains, se sont dégagés des principes devenus de véritables axiomes : importance du renseignement, de la surprise, de la liberté d’action. Ces invariants structurent aujourd’hui encore une grande partie de la pensée militaire et de la conduite de l’action. Chez nous « Des principes de la guerre » de Foch fait référence chez une majorité d’officiers d’état-major. Cette continuité millénaire peut donner l’impression qu’existent des mantras avec leurs limites.

81

IS12

Une autre caractéristique des corps militaires, officiers et sous-officiers, est le poids et le rôle des traditions et d’une formation qui glorifient l’histoire pour éclairer le présent et l’avenir. En Occident, notamment en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, l’aphorisme de Tocqueville « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » est une des lignes directrices de cycles d’enseignement. Cet attachement à l’histoire, concrétisé par la symbolique des tenues de tradition, peut conforter l’idée d’un décalage avec le présent.

85

IS13

Enfin, le déploiement et les interventions sont organisés et encadrés par un corpus de textes, lié à la spécificité de l’état militaire, en décalage croissant avec les tendances les plus progressistes des sociétés. En France, les récentes frappes en Syrie sur ordre du Président de la République font ressurgir le débat sur le rôle du chef de l’État « Chef des armées » défini dans l’article 15 de la constitution de 1958. Pour certains nos institutions sont devenues caduques et les règles d’emploi des forces le seraient par assimilation.

89

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7

Transition Loin d’être enfermé dans un passé révolu qui le confinerait hors des réalités de son temps, le militaire s’adapte avec prudence aux circonstances, accompagnant les évolutions nécessaires à l’efficacité opérationnelle.

30

ID2

Au service de l’État et de la nation, les armées s’ajustent aux inflexions politiques, économiques et sociales. Elles sont également tributaires des avancées techniques qui modifient la nature et la forme des confrontations et les obligent à la lutte ancestrale et permanente entre le glaive et la cuirasse.

48

IS21

Les armées et les militaires qui les constituent n’ont de rôle propre que dans les engagements. La conception générale de la défense, les buts assignés, les états finaux à atteindre, sont d’essence politique. Ainsi, la loi de mars 1905 sur le recrutement militaire en France, reconnaissait définitivement l’universalité et l’obligation du service militaire en réponse aux besoins d’une armée de « gros bataillon ». La suspension de ce service au profit d’une armée professionnelle en 1997 conduit, à son tour, à une « refondation » aux visées avant tout politiques et économiques.

79

IS22

L’adaptation aux évolutions sociales est certainement un des points d’avancée les plus délicats à maîtriser car celles-ci contraignent directement l’action militaire. La judiciarisation, la place des media, la recherche du « zéro mort », définissent un nouveau contexte, imposent de nouveaux comportements, souvent propres à chaque pays. La difficulté d’aboutir à une vision commune est illustré dans « L’homme dans la guerre » de Bernard Maris. L’auteur met face à face M. Genevoix et E. Jünger et observe leur analyse différente d’un même conflit, la « Grande guerre » : l’un y voit une histoire d’hommes, l’autre de nations.

94

IS23

Techniques et technologies figurent au premier rang des adaptations nécessaires, pratiquement sans limite. Dans ces domaines, le choix n’est pas à la demi-mesure. La haute technologie, quelle que soit l’époque de référence, a toujours tenu un rôle déterminant dans l’issue des conflits. André Malraux, encore lui, avait ce raccourci saisissant dans « L’Espoir » : « la guerre, c'est faire l'impossible pour que des morceaux de fer entrent dans la chair vivante ». Cet impossible tient souvent à l’ingéniosité des chercheurs et industriels. Les militaires peuvent difficilement s’y soustraire.

89

Transition

Le militaire et les armées fournissent des efforts constants d’adaptation aux circonstances au service de leur efficacité opérationnelle. Cette adaptation ne peut cependant se faire que dans le respect des principes et valeurs intangibles qui conditionnent l’aboutissement et la pérennité des engagements.

42

ID3

Les conflits armés sont d’abord des affrontements humains et mécaniques qui, sans cadre, peuvent devenir les caricatures des autres luttes d’une époque. Les démocraties ont fixé les véritables limites à l’évolution de l’actions militaire en retenant le caractère prééminent de la légalité, de la légitimité et de l’éthique.

48

IS31 La mise en jeu de sa propre vie et de celle de ses congénères conduit le soldat à mettre en œuvre « l’inventivité spontanée des combattants » décrite par François Cochet dans « La Grande Guerre ». Guidé par le seul instinct de survie le militaire s’expose à la perversion de

89

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8

l’action par une soumission aux circonstances sans cadre contraignant. Les exemples historiques de ces dérives sont multiples depuis les guerres puniques jusqu’à Abu Ghraib. La France n’a pas été épargnée par ces épreuves, notamment pendant la guerre d’Algérie.

IS32

Aussi, les forces ont-elles besoin d’un cadre collectif rigoureux pour garantir l’efficacité et la pérennité de leurs actions. Ce cadre est défini par la légalité et la légitimité. Ces limites sont contraignantes mais ne doivent pas être franchies. Il est pourtant difficile de les dissocier. Ainsi, dans les évolutions contemporaines, le droit à la guerre (jus ad bellum) est progressivement suppléé par le droit de la guerre (jus in bello), comme conséquence de l’émergence d’un autre droit, celui d’ingérence. André Malraux, encore lui, dans « L’Espoir », rapportait cette interrogation de Manuel sur « les guerres justes et les armées justes ».

99

IS33

Si la légitimité et la légalité bordent l’action collective, elles sont insuffisantes pour sécuriser les prises de décisions individuelles de plus en plus fréquentes. En effet, dans les conflits actuels, le nombre de petites cellules quasi autonomes, confrontées à des situations en évolution rapide, se multiplie : équipes, équipages, individus infiltrés. Dans ce conteste particulier le cadre juridique s’avère rapidement insuffisant. L’éthique doit prendre le relais comme clef d’arbitrage, car l’éthique va déclencher des réflexes plus que des raisonnements. L’ouvrage du général Royal « L’éthique du soldat français » est souvent cité comme référence en ce domaine. On oublie trop souvent son sous-titre qui fixe la vraie limite aux adaptations du militaire à son conteste d’intervention : « La conviction d’humanité ».

120

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

Le militaire reste un homme ordinaire soumis à des conditions nécessitant des comportements exceptionnels. Cette dualité lui impose une adaptation raisonnable aux contingences ne remettant pas en cause les fondements légaux et moraux de son action. 36

Élargissement

Le corps social dans son ensemble doit être pénétré de cette singularité pour ne pas susciter, par des réactions fondées sur des règles communes, le doute dans l’esprit de ses défenseurs. Cette précaution vaut au-delà des seuls combattants pour toucher ceux et celles qui, par essence, sont conduits à prendre des risques au profit de la nation.

57

TOTAL (pour information) 13077

7 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD. Il correspond au conseil donné aux candidats de procéder à cet exercice pour se familiariser avec le volume de la fiche synthèse. La rédaction proposée correspond à environ 5 pages manuscrites sur copie type concours.

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 09/2018

1

1 L’image ne fait pas partie du sujet.

Suje

t c

ult

ure g

énérale

n°1 –

sept. 2018

Ce corrigé constitue une copie étalon à l'attention des candidats.

L'effort a été porté sur l'organisation de la réponse à partir des règles de composition

enseignées au cours de la préparation.

La structure du corrigé (nombre de parties, processus de démonstration) correspond

à l'une des possibilités indiquées, sans ordre de priorité, aux candidat(e)s.

Les références de culture générale sont personnelles, chaque candidat(e) ayant ses

propres repères en fonction de son niveau et de sa connaissance du champ couvert

par le sujet.

SUJET

« Quand la France rencontre une grande idée, elles font ensemble le tour du monde. »

François Mitterrand – « Ici et maintenant » (1980)

Cette affirmation s’applique-t-elle encore à la France, et notamment à sa politique de défense ?

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2019 EDG

© JFD / CG1 2019 1

REGLES DE REDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !2

CORRIGE PROPOSE

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation "sèche" dont il faut établir le lien avec la question posée.

C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple commentaire de la

citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte d'aujourd'hui.

Sens des mots3 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « France » : qu’est-ce que la France ? Une entité sociale, politique, historique, une puissance mondiale ? Décortiquer rapidement ce terme pour bien ouvrir le sujet.

- « Grande idée » : idem, qu’entendons-nous par « grande idée » ? Un projet, une conception de la nation, du monde, une position face aux défis, cette « idée » vient-elle du pays, d’ailleurs ?

- « Ensemble le tour du monde » : bien évidemment c’est ici le fait que cette « idée » est prise en compte, adoptée, simplement considérée par d’autres instances, peuples, États. Avec

2 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 3 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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2019 EDG

© JFD / CG1 2019 2

« ensemble », encore un adverbe à ne pas négliger : dans l’esprit du futur président il y a l’idée que la France accompagne ces réformes ou projets.

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

Question posée

- Action « S’applique-t-elle encore » : ici c’est l’adverbe de temps « encore » qui est important. Il marque la persistance d'une action ou d'un état au moment considéré. Il peut aussi marquer une idée de répétition. C’est donc bien la situation d’aujourd’hui qu’il faut considérer avec l’éclairage historique et SURTOUT NE PAS CONSTRUIRE LE DEVOIR A PARTIR DES SOLUTIONS ENVISAGEABLES POUR PRESERVER CETTE SOI-DISANT4 PLACE DANS LE MONDE. Cette approche très, trop, fréquente conduit à des hors sujet. Ici cette perspective aura sa place en ouverture.

- Objet : c’est la place mondiale de la France comme catalyseur de grandes orientations, grands projets, grandes réflexions, nouveaux paradigmes qu’il faut aborder. L’incidence de la précision « notamment à sa politique de défense » est majeure. Il ne faut pas traiter de ce seul sujet mais l’intégrer de manière centrale dans le développement.

- Limites : le temps est celui moment mais on devra s'inscrire dans une trajectoire du fait de l'origine de la citation (19805). Les limites de développement du sujet ne sont pas fixées en ce qui concerne les domaines à aborder. Il faut trouver un juste équilibre entre la politique de défense et les autres secteurs d’influence.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : relations internationales et facteurs de puissance, d’influence, des nations et

en particulier de la France ;

- Disciplines concernées : politique et diplomatie, sociétés, économie et finance, civilisations

et cultures… et bien sûr défense !

Reformuler le sujet "Je dois dire si aujourd’hui, et en quoi, la France dispose toujours d’une capacité à catalyser et porter de grands projets aux répercussions mondiales et si, et en quoi, sa politique de défense constitue un exemple significatif de cette capacité.

Cette reformulation personnelle conclut les 00:35 premières minutes6 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

4 ATTENTION à l’orthographe de cet adjectif invariable ! 5 Voir le rappel des évènements des années 1970-1976 en fin de dossier. 6 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail.

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Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général que l'on a défini ici comme celui de l’évolution probable des RI. Les DOMAINES, dans lesquels se manifesteraient ces évolutions et la forme possible de ces dernières, sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent quant à elles d'analyser la question posée qui, ici, demande de conduire une réflexion prospective sur ce qui pourrait se maintenir ou évoluer dans le domaine des RI et plus précisément en ce qui concerne les facteurs de puissance.

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 6 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1 Ce qui devrait rester pérenne en matière de facteurs de puissance

R2 Ce qui devrait (pourrait) évoluer pour devenir de nouveaux facteurs de puissance

R3 Ce qui aujourd'hui favorise l'une ou l'autre voie 7

R4 Tendances et évolutions dans la perspective historique8

D1 : Politique, diplomatie, géopolitique, défense

D2 : Sociétés et travail

D3 : Économie et finance

D4 : Civilisations et cultures

D5. Autre

J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page).

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici, ses éléments se retrouvent dans le travail rédigé. Chacun(e) pourra retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

7 Le but est de mesurer l’impact de l’actualité dans l’interprétation des faits (ne pas déterminer l’importance en fonction de l’actualité ou de l’antériorité). Peut se résumer à des signes ˜ ++ " ou ˜ - ˜ 8 Complète la rubrique précédente pour essayer de donner une « valeur absolue » à ses arguments (par ex. « s’inscrit dans la continuité », « marque une rupture »

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Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:30 environ

sur les 04:00 allouées.

Il faut maintenant se lancer dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement « dans la tête ». Car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de plan. C’est le cas ici. Au cours de la construction du tableau s’est dessiné mon fil directeur ; c’est-à-dire l’idée générale qui va guider mon devoir. Elle peut se résumer ainsi :

J’ai identifié les idées principales suivantes :

- La France possède une histoire qui l’a hissée au rang des grandes nations dans une Europe longtemps phare du monde : Moyen-Âge, Révolution et Lumières, Napoléon, De Gaulle… Elle a hérité de cette histoire : une langue « officielle » (4e espace linguistique – 300 millions de locuteurs en progression du fait de la démographie africaine) ; 3e réseau d’ambassades et de consulats à quasi égalité avec USA et CHINE (168, 164, 163) ; 4e nation pour les prix Nobel (1re pour littérature) ; 4e puissance nucléaire ; 6e puissance conventionnelle ; DDHC 1789 et DUDH 1948.

- Cette histoire entretient une forme de mythe qui souffre face aux réalités contemporaines.

- On constate une certaine stagnation voire une régression de son poids mondial depuis que l’influence et la communication des idées sont passées de l’occupation du terrain à celle des réseaux.

- Même au sein de l’Europe, la France peine à s’imposer. L’Europe de la défense reste à ce jour un vœu pieux en dépit des exhortations françaises.

- Sur le plan international, le conflit syrien met aux premières places dans les conférences d’Astana, la Russie, l’Iran et la Turquie. Les puissances occidentales assistent en spectateur à leur perte d’influence sur le futur de la Syrie.

- En Afrique, la France est confrontée à la pression sino-russe et son avantage culturel s’effrite en même temps que son poids économique dans la zone CFA (si les locuteurs progressent en nombre leur qualité est en chute importante).

- Mais c’est surtout un appauvrissement général des grandes idées qui pénalise la France comme le reste du monde. Aujourd’hui les grandes idées qui font recette sont avant économiques : le primat de l’économie et de la croissance a propulsé au premier rang les puissances économiques avec des projections dépassant rarement un avenir à moyen terme.

- L’écologie constitue cependant un exemple significatif de grande idée portée par la France mais qui se développe surtout dans les enceintes des grands sommets : depuis 1992 (Rio), 24 COP.

- Si la France garde une voix forte et entendue à défaut d’être écoutée, elle est entrée dans ce nouveau jeu de puissance où ses atouts sont limités. La défense du multilatéralisme par le président français lors du dernier sommet de l’ONU en septembre 2018 a bien peu pesé face à « l’America first » de Donald Trump.

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- En matière de défense et d’armement, alors que la France ne parvient pas à fédérer l’Europe, elle détient le 3e rang mondial des exportations d’armement. On assite là à un changement de paradigme dans la façon « d’occuper le terrain ».

2. 2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis par un travail de synthèse pour dégager des

idées plus générales à partir des éléments du tableau.

Il ne faut pas dépasser les 02:00 pour parvenir à une ossature solide : IM – PLAN – OUVERTURE. J’ai

limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM apporte une réponse pertinente et concise à la question posée ; 2. Le PLAN vient démontrer la valeur de cette position : 3. L’OUVERTURE projette la réflexion vers un sujet connexe sans remettre en cause ce qui vient

d’être développé.

REMARQUE sur l’IM. Comme je le signale de manière récurrente, le risque majeur est de confondre IM et PLAN et d’aboutir à une redondance de rédaction entre ces 2 paragraphes. L’erreur réside toujours dans le fait de considérer que le cheminement démonstratif est l’IM alors qu’il est le plan. Dans les faits l’IM se rapproche davantage du contenu de la 3e partie qui doit être l’aboutissement de la démonstration QUEL QUE SOIT le processus d’argumentation retenu.

Le choix a été fait de rédiger un devoir complet au lieu de se limiter à de seules orientations. Les « plans flash » utiles en préparation ne rendent en effet qu'imparfaitement compte de la cohérence d'ensemble du travail, notamment en ce qui concerne les enchaînements IM-PLAN et CONCLUSION-OUVERTURE. Le travail proposé, réalisé en 5h00 au brouillon pour rester cohérent avec la nature de l'épreuve, figure ci-après.

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INTRODUCTION 0

Préambule

Les années 70 marquent la fin des « Trente glorieuses » et sont agitées par de nombreuses reconfigurations géopolitiques en Asie, en Afrique et au Moyen Orient. En Europe, l’élargissement de la Communauté économique européenne avec l'adhésion du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark, l’accès à la démocratie du Portugal, de la Grèce et de l’Espagne ouvrent de nouvelles perspectives politiques, sociales et économiques. C’est dans ce contexte que le président Mitterrand confirme l’ambition de la France de rester un laboratoire d’idées aux effets mondiaux. Près de 40 ans plus tard, de nombreux paramètres ont changé qui semblent parfois conforter cette vision, mais parfois la contredire. Qu’en est-il « Ici et maintenant » ?

114

Idée maîtresse

Si la France a conservé l'ambition et l'intelligence qui nourrissent les grands projets, à l’image de sa défense, elle semble avoir progressivement perdu une partie des moyens de les imposer, voire simplement de les accompagner, dans un environnement instable où l’horizon des évènements est de plus en plus proche et incertain.

44

Annonce du plan

L’Occident s’est imposé comme référence pour une partie du monde dès le 16e siècle. Au sein de cet ensemble, la France a progressivement occupé une place majeure par le rayonnement de ses idées et sa capacité à projeter sa puissance. Avec la mondialisation, d’abord économique puis sociale et culturelle, de nouveaux équilibres sont apparus qui ont nivelé les capacités d’influence et déplacé les centres de gravité. Aujourd’hui, les rapports de force sont devenus plus matériels que culturels et la France « grande puissance moyenne » peine à faire émerger et vivre des idées structurantes à l’échelle mondiale.

97

DÉVELOPPEMENT 0

ID1

Encore au second plan au 15e siècle, l’Occident a réussi une percée spectaculaire en moins de cent ans. Économie, sciences et culture soutenues par une volonté d’expansion sans précédent ont permis l’émergence des empires. Au sein de cet ensemble conquérant, la France a occupé une place majeure au côté de l’Angleterre, l’Espagne ou le Portugal. Sa capacité de projection aura été son atout majeur.

64

IS11

Jusqu’à la fin du 15e siècle, l’Occident aura subi plus qu’imposé. Les « royaumes barbares », les incursions depuis les territoires nordiques et les contacts avec les cultures byzantine et arabe, auront marqué quelque dix siècles d’un développement chaotique restant centré sur l’Europe continentale et le bassin méditerranéen. Les autres grandes cultures se développaient pour leur part dans une sphère géographique limitée à l’échelle mondiale.

65

IS12

C’est véritablement à la charnière des 15e et 16e siècles, que l’expansion des puissances européennes commencera à couvrir le monde. L’Espagne et le Portugal, avec leurs grands navigateurs colonisent progressivement les cotes africaines, indiennes et sud-américaines. A la fin du 19e siècle, l’Angleterre « prendra le relais » en direction du Canada et de l’Australie avant que la France ne s’implante massivement en Afrique. L’apogée des empires européens se situe au début du 20e siècle.

75

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IS13

Pour les nations européennes, les « grandes idées » nées au cours de la Renaissance et des « Lumières » auront ainsi pu faire le tour du monde principalement par les voies maritimes. La capacité de projection de puissance tant matérielle qu’intellectuelle assurera durablement le primat de l’Occident. Dans cet ensemble, la France tiendra un rôle majeur avec ses grands penseurs et ses grands soldats à l’image des Pascal, Voltaire ou Napoléon et des figures emblématiques de la colonisation comme Savorgnan de Brazza et Lyautey.

85

Transition Ces puissantes racines qui ont irrigué la francophonie sont à l’origine de l’ambition entretenue par la France. Les deux conflits mondiaux mettront cependant le rôle de la nation à rude épreuve en annihilant partiellement sa capacité à suivre l’évolution du monde.

41

ID2

Au lendemain du second conflit mondial, l’Europe exsangue, soutenue par les États-Unis a connu un développement sans précédent qui a masqué un lent délitement de son rôle international. La décolonisation aura été un indice fort de cette perte progressive d’influence. Les sursauts d’orgueil qui ont permis à la France de garder une forte identité seront progressivement mis à mal par la mondialisation et son effet égalisateur.

66

IS21

La capacité de rayonnement de la France s’est affaiblie au cours des années qui ont englobé les guerres mondiales. Peu de répit en effet au cours de ces trois décennies, pour observer un monde en profonde reconfiguration et déjà en bipolarisation entre un bloc occidental et ses adversaires communistes, Russie-URSS et Chine. Les « Trente glorieuses » et la construction européenne masqueront en partie les conséquences annoncées par la décolonisation. Engagée dans une reconstruction sociale et économique, la France a dû restreindre son périmètre d’influence historique.

91

IS22

C’est pourtant dans cette période de transition de la seconde moitié du 20e siècle que le pays retrouvera une dimension internationale due à son statut au sein du camp des vainqueurs. Sa place de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et son rôle majeur au sein de l’OTAN lui ont en effet permis de retrouver une audience fortement éprouvée par les dérives du pouvoir lors du second conflit mondial. Cette réapparition au premier plan s’est manifestée, dès le 10 décembre 1948, par l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à Paris, au Palais de Chaillot. La France des grandes idées marquait son retour.

108

IS23

Un changement de paradigme s’est cependant progressivement opéré d’un monde « intellectuel » vers un monde marchand moins favorable à la France. Le primat de la croissance a en effet propulsé au premier rang des puissances avant tout économiques avec des projections dépassant rarement un avenir à moyen terme. Une « real politik » généralisée et la contraction du temps ont pris le pas sur le temps long des débats majeurs. La prochaine COP 24 traduit cette forme d’immobilisme, due au pouvoir égalisateur de la mondialisation, face au succès apparent de la COP 21 loué par la France !

99

Transition Éprouvée par l’histoire alors que des changements majeurs s’opéraient, la France a su préserver l’essentiel pour être écoutée. L’histoire semble entretenir une forme de mythe qui souffre cependant face aux réalités contemporaines.

32

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ID3

Aujourd’hui, la France est considérée comme une grande puissance moyenne. Par les places qu’elle occupe sur l’échiquier planétaire et son goût héréditaire pour l’indépendance, elle continue à faire entendre une voix originale notamment soutenue par une politique de défense robuste. Pour autant devant l’ampleur des défis à relever et les moyens qu’ils requièrent, notre pays atteint une partie des limites de ses ambitions mondiales.

64

IS31

Le retrait partiel de l’OTAN en 1966 par la volonté du général De Gaulle, a permis à la France, tout en restant dans le concert des grandes nations, de faire entendre sa voix de manière indépendante. Ce choix d’une indépendance de sa politique de défense, maintenu aujourd’hui, et son accès au rang de quatrième puissance nucléaire (et sixième puissance conventionnelle) lui permettent encore de défendre des positions fortes et parfois originales à l’échelle mondiale. Ses actions peuvent être relayées par une francophonie de 300 millions de locuteurs et le 3e réseau diplomatique (160 représentations). A ces titres, la France se situe dans le peloton de tête des puissances moyennes. Écoutée, elle n’est pas toujours entendue.

108

IS32

En effet, bien que 6e puissance économique mais avec un PIB plus de neuf fois inférieur à celui des Etats-Unis (2 800 / 23 000 Mds$), la France ne possède plus son impact passé dans un monde régi par des rapports de forces notamment économiques. Ainsi, même au sein de l’Europe, elle peine à s’imposer. L’Europe de la défense reste à ce jour un vœu pieux en dépit des exhortations françaises. Sur le plan international, le conflit syrien met aux premières places dans les conférences d’Astana, la Russie, l’Iran et la Turquie. Les puissances européennes assistent en spectateur à leur perte d’influence sur le futur de la région. En Afrique enfin, la France est confrontée à la pression sino-russe et son avantage culturel s’effrite en même temps que son poids économique dans la zone CFA.

133

IS33

Ainsi, la France vit-elle le paradoxe de notre temps et de ses valeurs. Pays de la culture (1re nation mondiale pour les prix Nobel de littérature), des Lumières et des droits de l’homme elle reste fidèle à son histoire dans un monde où les « grandes idées » sont avant tout technologiques et économiques (Nobels de médecine, physique, chimie et économie9 attribués à des américains en 2017) et où la présence ne se mesure plus tant sur le terrain réel – ce qui a fait sa force et sa puissance tant politique que culturelle et intellectuelle- que dans les réseaux sociaux et où la majorité des idées, pas nécessairement grandes, est véhiculée par les géants du web que sont les GAFAM. En partie déclassée du fait des priorités du moment, la France ne doit pas s’exposer pour autant au syndrome de Gallilée !

187

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

Par son histoire, les valeurs qu’elle a portées et enracinées dans de nombreux pays, la France conserve une place originale dans le monde. Toujours écoutée sans être nécessairement entendue, elle doit parfois se résigner face aux limites qu’elle rencontre pour agir à la hauteur de ses ambitions. Seule elle ne retrouvera pas son ascendant du passé.

56

Élargissement

L’Europe des nations, malgré ses difficultés de construction, semble actuellement le cadre dans lequel développer de nouvelles et grandes ambitions soutenues par une économie et des moyens de coercition communs à l’échelle du siècle.

33

9 [J’ai ajouté après vérification cette note édifiante sur les priorités du siècle !] « En économie, le comité Nobel a récompensé l’américain Richard H. Thaler pour ses travaux sur les mécanismes psychologiques et sociaux à l’œuvre dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs. » (La Croix)

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TOTAL (pour information) 156210

Dans cette rédaction « étalon », j’ai volontairement repris un certain nombre d’éléments tirés de devoirs antérieurs. De même, j’ai utilisé une ouverture assez classique, que vous pouvez mettre dans votre bibliothèque car elle est facilement adaptable (!), pour montrer le double aspect de ces travaux, tout à la fois de méthode et de développement d’un fonds11 de références et d’idées… C’est un peu cela la culture générale ! J’ai également vérifié et enrichi mes exemples de quelques données supplémentaires, après un premier jet de rédaction, pour que vous puissiez utiliser en toute sécurité les données de ce corrigé dans des travaux ultérieurs. L’original réalisé « dans les conditions du concours » comportait quelque 200 mots de moins.

10 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD. Il correspond au conseil donné aux candidats de procéder à cet exercice pour se familiariser avec le volume de la fiche synthèse. La rédaction proposée correspond à environ 6 pages manuscrites sur copie type concours.

11 Ce qui, au point de vue physique, moral, intellectuel, constitue une sorte de capital (Larousse)

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RAPPEL sur les années 1970-1979 (Source WIKI)

Événements

Les années 1970 sonnent le glas de la période de croissance des « Trente Glorieuses », avec la décision des États-Unis de suspendre la convertibilité du dollar (1971), le premier choc pétrolier consécutif à la guerre du Kippour (1973) et le second choc pétrolier consécutif à la révolution iranienne (1979). Elles marquent également le retour en force des idées libérales (les « Chicago Boys » au Chili, Margaret Thatcher au Royaume-Uni) et islamistes (Khomeiny en Iran). Au Canada, la société québécoise est marquée par la crise d'octobre 1970 qui engendra de nombreuses réformes politiques, économiques et sociales au Québec. À partir du milieu de la décennie, on assiste à une certaine recrudescence de la guerre froide en raison du déclin relatif des États-Unis qui se rapprochent de la Chine, tandis que l'influence soviétique gagne du terrain en Asie et en Afrique (Indochine, Angola, Éthiopie, Afghanistan). En Europe, la CEE passe de six à neuf membres avec l'adhésion du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark, tandis que le Portugal, la Grèce et l'Espagne s'engagent sur la voie de la démocratie.

Guerres et conflits

- La guerre du Biafra s'achève en janvier 1970, après avoir fait un ou deux millions de morts en trente mois.

- "Septembre noir" en Jordanie (1970). - La guerre indo-pakistanaise de 1971 aboutit à l'indépendance du Bangladesh. - La Guerre israélo-arabe du Kippour (entre Israël, l'Égypte et la Syrie) débouche sur le

premier choc pétrolier (octobre 1973). - Les Turcs occupent la partie septentrionale de l'île de Chypre (juillet-août 1974). - La prise de Saïgon par les Vietcongs marque la fin de la guerre du Viêt Nam (avril 1975).

Les Khmers rouges se livrent à un véritable génocide au Cambodge, avant d'être chassés du pouvoir par les Vietnamiens en janvier 1979.

- La guerre civile angolaise débute en 1975, avec trois mouvements de libération rivaux qui se disputent le pouvoir1.

- La guerre civile éclate au Liban en avril 1975. La Syrie et Israël interviennent dans le conflit. - Le conflit du Sahara occidental éclate en novembre 1975. - Les troupes françaises et belges interviennent à Kolwezi (mai 1978). - Les troupes soviétiques interviennent en Afghanistan (décembre 1979).

Géopolitique

- Conférence des Nations unies sur l'environnement à Stockholm (1972). - Premier élargissement de la Communauté économique européenne (CEE) avec l'adhésion

du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark (1er janvier 1973). - Le scandale du Watergate entraîne la démission du président américain Richard Nixon (9

août 1974). - Le 25 avril 1974, la révolution des Œillets entraîne la chute de la dictature au Portugal et

ouvre la voie à la décolonisation du Mozambique et de l’Angola1.

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© JFD / CG1 2019 11

- En Grèce, le régime des colonels s'effondre et la démocratie est rétablie le 23 juillet 1974. - En Éthiopie, l'empereur Haïlé Sélassié est déposé par l'armée le 12 septembre 1974. - En Espagne, le roi Juan Carlos monte sur le trône à la suite de la mort du général Franco,

survenue le 20 novembre 1975. - Le président américain Richard Nixon se rend à Pékin en février 1972, mais il faut attendre

1979 pour que s'établissent de véritables relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine populaire.

- Deux coups d'État militaires particulièrement sanglants se produisent en Amérique latine, l'un instaurant le régime militaire d'Augusto Pinochet au Chili en 1973, avec plus de 3 000 morts et 38 000 tortures2, et l'autre en Argentine en 1976. Environ 30 000 opposants ont été tués ou portés disparus sous le régime militaire argentin, et près de 500 bébés volés à des femmes opposantes ensuite éliminées, pour être par la suite adoptés3.

- En 1976, les émeutes de Soweto, sanglantes, conduisent à des manifestations réprimées dans toute l'Afrique du Sud1.

- Jean-Paul II est le premier pape polonais (de 1978 à 2005). - En 1979, la révolution iranienne provoque la chute du Shah. - Au Nicaragua, la dictature de Somoza est renversée par la révolution sandiniste en 1979.

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Rédacteur Gal (er) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 12/2018

1

1 L’image ne fait pas partie du sujet.

Suje

t c

ult

ure g

énérale

n°3 –

déc. 2018

- Ce corrigé constitue une copie étalon à l'attention des candidats.

- L'effort a été porté sur l'organisation de la réponse à partir des règles de composition

enseignées au cours de la préparation.

- La structure du corrigé (nombre de parties, processus de démonstration) correspond à l'une

des possibilités indiquées, sans ordre de priorité, aux candidat(e)s.

- Les références de culture générale sont personnelles, chaque candidat(e) ayant ses propres

repères en fonction de son niveau et de sa connaissance du champ couvert par le sujet.

- A des fins pédagogiques et de culture générale, les citations et chiffres ont été vérifiés. Dans

le travail réel, certaines citations auraient été tronquées et réduites à l’idée qu’elles

illustrent. Celle de l’ouverture du devoir a été conservée sous cette forme pour illustrer un

principe utile à respecter quand on est pas certain de l’intégralité du texte.

Cette image signale un point important du devoir.

SUJET

Dans la revue Politique étrangère, François Heisbourg évoquait en 1999 « les peines et joies

simples de l’ordre bipolaire »

Les grandes puissances peuvent-elles désormais gagner toutes les guerres ?

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REGLES DE REDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Tous les éléments de compréhension du sujet figurent dans le texte de la copie sans qu'il soit nécessaire à un lecteur de revenir au libellé de la question posée pour savoir de quoi l'on traite.

2. L'argumentation de la thèse retenue prend en compte les objections que peut soulever la position de l'auteur.

3. La thèse, ici l'idée maîtresse, répond précisément à la question posée. Elle reste assez synthétique pour être facilement mémorisable par le lecteur.

4. L'annonce de plan ne constitue pas une simple duplication détaillée de l'idée maîtresse. Elle constitue le fil directeur de la démonstration de la thèse.

5. La cohérence de l'introduction se trouve dans la complémentarité de ses différents constituants (préambule, idée maîtresse et plan).

6. L'ouverture en fin de devoir trace la voie d'un autre sujet, connexe à celui traité, mais ne remet pas en cause la pertinence de la thèse exposée ou (et) de sa démonstration.

7. La forme doit s'effacer derrière le fond… et pas l’inverse !2

CORRIGE PROPOSE

Comprendre le sujet Structure du libellé Le chapeau est ici constitué d'une citation "sèche" dont il faut établir le lien avec la question posée.

C'est là une des difficultés de ce type de sujet : il ne faut pas se limiter à un simple commentaire de la

citation. Le sujet est bien la mise en perspective de la citation dans le contexte d'aujourd'hui.

Sens des mots3 Citation du préambule.

Même si, après une première lecture, on peut avoir le sentiment d'avoir bien compris le sens du sujet,

il est indispensable d'analyser l'un après l'autre chacun des termes ou groupes de mots du libellé, dans

l'esprit du sujet, en ayant systématiquement recours au dictionnaire, au moins pendant la préparation.

- « 1999 » : le cadre historique est celui de l’après guerre froide, 10 ans après la chute du mur de Berlin en novembre 1989

- « ordre bipolaire » : relative stabilité née de la confrontation-neutralisation des deux blocs réunis autour du binôme USA-URSS.

- « peines et joies simples » : traduit vraisemblablement dans l’idée de l’auteur, les conséquences manichéennes de la logique des blocs, avec un ENI bien identifié et des affrontements contrôlés par la menace nucléaire.

Pour autant faut-il se limiter strictement au champ de la citation qui n’est pas le sujet mais un éclairage ? Peut-on en retenir le sens général pour aborder de grands équilibres bipolaires hors

2 L'application trop scolaire de types de plan réputés être "appréciés par les jurys", si elle conduit à des lourdeurs voire des devoirs besogneux, est sanctionnée lors de la préparation. On trouve ainsi un nombre significatif de travaux de préparation dans lesquels les candidats s'arcboutent sur des plans 3x3 les conduisant à des redondances entre les parties ou à des découpages artificiels. 3 Les termes retenus et les réflexions faites n’ont pas de portée exhaustive. Ils montrent simplement l’intérêt, et au-delà la nécessite, de passer un temps significatif sur le sens et la portée du sujet.

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défense (économie, Nord-Sud) ? Ce questionnement est déterminant pour le choix de l’analyse et la profondeur de la réflexion à conduire.

La forme de la question qui suit est essentielle car elle détermine celle de la réponse. Cette remarque peut sembler banale, pourtant de nombreux candidats « partent » sur une impression, un a priori, sans avoir vraiment lu le sujet (peur du temps qui passe !)

Question posée

- Sujet « Les grandes puissances » : il faut ici bien cerner le périmètre retenu qui a en écho la fin de la question avec l’expression « toutes les guerres ». Qu’est-ce qu’une grande puissance (critères) ? Quels sens donner à « guerres » : défense, économie, civilisation, société ?

- Action « peuvent-elles désormais gagner… ? » : ici c’est l’adverbe de temps « désormais » qui est important. Il marque le point de départ dans le temps ; dorénavant, à partir de maintenant, de ce moment (Larousse). On oubliera pas cependant l’orientation de traitement apportée par « peuvent-elles ». Ici on demande d’évaluer si des conditions sont remplies ou non. Le sujet serait très différent avec, par exemple, « gagneront-elles »

- Objet « …toutes les guerres » : certes le sens de « guerres » dépendra du choix fait dans la prise en compte de la citation (cf. supra), mais l’adjectif « toutes » est également important. En fixant l’idée de totalité sans distinction, il force presque le sens de la réponse. On retiendra une réflexion classique en stratégie : on peut remporter une victoire stratégique (guerre) en ayant essuyé des revers tactiques (batailles). Par ailleurs « toutes » peut aussi avoir l’acception « toutes les formes de … »

- Limites : le temps est celui moment mais on devra s'inscrire dans une trajectoire du fait de l'origine de la citation (19994). Les limites de développement du sujet dépendent du choix de lecture fait. Il faut éventuellement trouver un juste équilibre entre les guerres armées et les autres secteurs de conflits.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la question posée !

Cadrer le sujet - Cadre général : relations internationales et facteurs de puissance, d’influence, des nations ;

- Disciplines concernées : politique et diplomatie, sociétés, économie et finance, civilisations

et cultures… et bien sûr défense !

Reformuler le sujet « Je dois dire si à partir de maintenant, et en quoi, dans un monde dans lequel ont disparu les schémas bipolaires, les principales puissances disposent des moyens de remporter toute confrontation (et doivent s’efforcer le faire) ».

Cette reformulation personnelle conclut les 00:35 premières minutes5 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-sens sur la nature et le périmètre du sujet.

4 Voir le rappel des évènements des années 1989-1999 en fin de dossier. 5 Temps moyen passé au brouillon lors de ce type de travail.

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Étudier le sujet La construction d'un tableau d'études pose souvent un problème aux candidats. L'approche est pourtant relativement simple. On peut considérer que les domaines décomposent le thème général que l'on a défini ici comme celui des RI. Les DOMAINES, dans lesquels se manifestent les « guerres », sont suggérés par la citation, la question et la réflexion personnelle. Les RUBRIQUES permettent, quant à elles, d'analyser la question posée qui, ici, demande de se prononcer sur la capacité et la volonté des puissances de remporter les « combats »

Ce tableau est indispensable, c’est un extracteur d’idées. Avec cette matrice on a au moins une quinzaine d’idées, ce qui est suffisant pour un devoir de 5 à 6 pages. On notera aussi dans les cellules les exemples pertinents.

A ce stade, il n'est plus question de revenir en arrière sur la compréhension du sujet et les définitions retenues.

Rubriques

Domaines

R1 Ce qui aujourd'hui favorise les grandes puissances dans leurs combats

R2 Ce qui limite aujourd’hui la capacité des grandes puissances à tout « gagner »

R36 Ce qui impose ou non aux grandes puissances de tout « gagner »

R4 Tendances et évolutions dans la perspective historique7

D1 : Politique, diplomatie, géopolitique, défense

D2 : Sociétés et travail

D3 : Économie et finance

D4 : Civilisations et cultures (migration)

D5. Autre (écologie- climat)

J’ai pour habitude de mettre systématiquement les rubriques « Actualité » et « Tendances » pour forcer la réflexion sur ce qui ne serait que conjoncturel et sur ce qui se dessine. Ces deux visions évitent les analyses trop schématiques (voir notes en bas de page). Ici, la rubrique « Actualité » fait partie du sujet. Elle n’est pas traitée à part.

Le contenu du tableau d’analyse n’a pas été reproduit ici, ses éléments se retrouvent dans le travail rédigé. Chacun pourra retravailler cette approche avec ses propres éléments et mesurer, éventuellement, les lacunes de son travail initial.

Synthèses, idées et faits tirés de l’analyse - Une même grande puissance ne gagnera pas toutes les guerres, mais est-ce toujours une grande

puissance qui gagne une guerre ? Entrée décisive des USA dans la seconde guerre mondiale, plan

6 Cette rubrique est laissée ouverte sans représenter une priorité d’approche. 7 Essayer de donner une « valeur absolue » aux arguments retenus (par ex. « s’inscrit dans la continuité », « marque une rupture »

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Marshall (1947). Échec USA guerre du Vietnam, en fait échec USA face à coalition sino-soviétique

(premier conflit surmédiatisé et contestation par la population américaine).

- Même si le monde n’est plus bipolaire, les facteurs de puissance n’ont que peu évolué dans leur

nature : économie, défense, diplomatie, culture, société. Les formes ont cependant pu évoluer

avec les réseaux sociaux, la dématérialisation des biens et de l’information, l’accélération des

processus décisionnels, l’hybridation des conflits…

- La puissance aujourd’hui comme hier : capacité à conjuguer les moyens au service d’un but. Les

grandes puissances ont par définition une palette complète de moyens humains, technologiques,

financiers, et un volume supérieur à la moyenne de ces mêmes moyens. PIB : États-Unis : 20.410

milliards. Chine : 14.090 milliards. Japon : 5.170 milliards. Allemagne : 4.210 milliards. Royaume-

Uni : 2.940 milliards. France : 2.930 milliards8. Puissances militaires : Etats-Unis, Russie, Chine,

Inde France. Dès lors, comment la victoire peut leur échapper ?

- Quelles sont les grandes puissances aujourd’hui : États, nations, lobbies, peuples ?

- Les guerres ne sont pas seulement « militaires », pas plus qu’elles ne l’étaient pendant la guerre

froide où les conflits se déportaient certes sur des théâtres annexes, mais aussi, par exemple dans

la guerre pour la conquête de l’espace. La réussite des missions spatiales, enjeu important dans

la rivalité culturelle, technologique et idéologique entre les deux pays (Spoutnik – 1957 ; Apollo

11 – 1969). « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! »

(Arbatov – 1991 ?)

- La limite conflit-concurrence n’était pas toujours nette. Elle ne l’est pas davantage aujourd’hui.

Peut-être même est-elle encore plus floue ?

- Guerres, batailles, tactique et stratégie : « la France a perdu une bataille, mais la France n’a pas

perdu la guerre » De Gaulle – 1944. Les victoires ne peuvent se juger que dans le long terme.

- Comment mesurer la victoire dans les conflictualités contemporaines ? Avec la mondialisation, les

phénomènes chaotiques sont de plus en plus nombreux et imprévisibles : déstabilisation du

Proche et Moyen-Orient (Chute de Saddam Hussein et de Kadhafi, victoires militaires mais échecs

politiques).

- « Les règlements sont faits pour les soldats et non pour les guerriers ; la bataille se rit du code, elle

en exige un nouveau, innové par elle et pour elle et qui disparaît dès qu'elle est terminée. »

Bonaparte.

Après relecture des éléments du tableau, cette idée générale émerge :

Par la complémentarité et l’importance de leurs moyens, les États les plus puissants ont la

capacité de gagner tout type de guerre, mais pas la totalité des guerres.

Comparons-la avec la question posée.

Les grandes puissances peuvent-elles désormais gagner toutes les guerres ?

Avons-nous là une réponse correcte ? « Capacité » répond bien à « peuvent », avec « type » et

« totalité » nous prenons bien en compte le double sens retenu pour « toutes ». Nous avons là une

IM acceptable.

8 Chiffres vérifiés iStock, juin 2018

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INTRODUCTION 0

Préambule

Lorsqu’il évoque en 1999 les « peines et joies simples de l’ordre bipolaire » François Heisbourg traduit le constat inquiétant d’un monde qui n’est plus stabilisé par la neutralisation des blocs, réunis derrière les Etats-Unis et l’URSS. Les guerres du Koweït et de Yougoslavie illustrent ces pertes de contrôle d’une situation rendue encore plus complexe par les effets de la mondialisation des conflictualités. Vingt ans après ce constat, les grandes puissances ont-elles retrouvé la possibilité de vaincre, quels que soient la nature et le nombre des conflits majeurs dans lesquels elles sont engagées ?

93

Idée maîtresse L’analyse des situations contemporaines permet d’avancer que, par la complémentarité et l’importance de leurs moyens, les États les plus puissants ont conservé la capacité de gagner tout type de guerre, mais pas la totalité des guerres.

36

Annonce du plan

En effet, si les confrontations passées ont validé l’idée de la toute puissance de certaines nations majeures, ces mêmes nations ont montré par la suite la limite de buts de guerre pervertis dans un monde devenu pluripolaire. Pourtant, aujourd’hui, ces puissances demeurent les arbitres potentiels des principaux conflits sans pouvoir cependant, au même instant, espérer les résoudre tous.

61

DÉVELOPPEMENT 0

ID1

Depuis le second conflit mondial, s’est imposée l’évidence de la prééminence des grandes puissances, tant dans la résolution des conflits armés que dans le développement économique et la domination idéologique. La définition des critères de puissance ne semble pas devoir être remise en cause.

44

IS11

La seconde guerre mondiale fournit un exemple emblématique de la maîtrise des équilibres mondiaux par les grandes puissances. En 1942, l’opération anglo-américaine « Torch » marque le tournant de la guerre sur le front occidental avec l’implication des Etats-Unis au-delà du seul territoire du Pacifique. Les victoires alliées se succèderont dès lors jusqu'au débarquement de juin 1944. Par la suite, le plan Marshall (1947) permettra le relèvement de l’Europe et son essor économique et industriel pendant les « Trente glorieuses ». La fin des opérations militaires aura d’abord marqué le début d’une « guerre » plus décisive.

94

IS12

En effet, les guerres ne sont pas seulement militaires, pas plus qu’elles ne l’étaient pendant la guerre froide où les conflits se déportaient, certes sur des théâtres annexes comme le Vietnam (où il aura manqué aux Américains deux facteurs de puissance : légitimité de l’action et soutien de la nation), mais aussi, par exemple dans la guerre pour la conquête de l’espace. La réussite des missions spatiales, fut ainsi un enjeu important dans la rivalité culturelle, technologique et idéologique entre les Etats-Unis et l’URSS (Spoutnik – 1957 ; Apollo 11 – 1969). Ces enjeux restent d’actualité.

94

IS13

Au fil de l’histoire, les facteurs de puissance ont donc peu évolué dans leur nature : économie, défense, diplomatie, culture, société ; ils restent, avec la capacité à les faire converger, l’apanage des grandes nations. Leurs formes ont cependant pu muter avec les réseaux sociaux, la dématérialisation des biens et de l’information, l’accélération des processus décisionnels, l’hybridation des conflits. Pierre Verluise, dans sa revue géopolitique, en donne pour sa part une définition plus philosophique en considérant comme fondamentaux, le territoire, les hommes et le désir.

87

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Transition Après des siècles de confrontations, assez traditionnelles dans leurs formes, la guerre froide puis la fin de l’URSS ont plongé le monde dans une série d’aventures aux conséquences aujourd’hui encore prégnantes.

31

ID2

Après 45 ans de « guerre froide », les Etats-Unis, mais aussi la Russie et d’autres nations majeures dont la France, libérés les uns et les autres de leur principal opposant, ont pu laisser libre cours à l’expression de leur puissance au service d’intérêts plus nationaux les conduisant à négliger le long terme où se traduisent les vraies victoires. S’ils ont gagné des batailles, ces pays ont aussi perdu des « guerres ».

76

IS21

Avec la guerre froide, l’aphorisme de François Heisbourg rejoint celui attribué à Sun Tsu : « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même, même avec cent guerres à soutenir, cent fois tu seras victorieux. » Pour violente qu’elle fût parfois, la confrontation de près d’un demi-siècle entre les deux blocs aura eu le mérite d’une certaine clarté. Face à face entre de grandes puissances, la victoire ne pouvait revenir qu’à l’une d’elles. Elle se fit au bénéfice de l’Occident. Elle fut le résultat d’une neutralisation militaire et d’un déséquilibre progressif tant économique qu’idéologique entre l’Ouest et l’Est.

96

IS22

La rupture de 1991 a provoqué un vide conceptuel. Les puissances majeures : Etats-Unis, Russie, mais aussi la France, ont ressenti ce que Pierre Conesa décrit dans son ouvrage « La fabrication de l'ennemi, ou comment tuer avec sa conscience pour soi » (2011) : le manque d’ennemi nuit à la cohésion du groupe. « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! », avait d’ailleurs prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. On peut considérer l’implication déstabilisatrice des Occidentaux dans les conflits du Golfe (Tempête du désert – 1990-1991), de Lybie (2011), comme des manifestations partielles de ce syndrome !

112

IS23

Militairement vainqueurs, au moins dans les conflits précités, les Occidentaux sont aujourd’hui confrontés à de multiples polarités qui brouillent les cartes et étendent le « brouillard de la guerre » sur de nombreux champs. Les migrations préfigurant ce que certains prédisent comme une « guerre de la faim », le défi climatique ainsi que le poids des GAFAM, dessinent une partie de ces nouveaux théâtres. Pour autant, les conflictualités traditionnelles n’ont pas disparu mais ont muté, mettant à mal l’exploitation des capacités militaires classiques. Le terrorisme, les menaces, voire agressions hybrides de la Russie sur ses anciens territoires illustrent ces nouveaux défis.

103

Transition La multiplication des polarités et des acteurs a conduit à une forme de dérégulation des conflits, tant armés qu’économiques et sociaux. Pour autant cette situation n’a pas fondamentalement redéfini les rôles.

31

ID3

Face à des situations polymorphes, le primat des nations majeures dans la capacité à gagner « toutes les guerres » n’est pas remis en cause, du fait de leur aptitude à mettre en œuvre des moyens variés et puissants. Pour autant la démultiplication des intervenants et le caractère chaotique des interactions internationales, limitent leur aptitude à conduire simultanément de multiples actions majeures.

62

IS31 Quelle que soit la définition retenue pour définir la puissance, on y retrouve toujours la capacité à conjuguer les moyens au service d’un but. Les grandes nations ont par essence

189

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une palette complète de moyens humains, technologiques, financiers, et un volume supérieur à la moyenne de ces mêmes moyens. Qu’il s’agisse de produit intérieur, d’armée ou même de population, de mêmes acteurs apparaissent dans les dix premières places mondiales9. Deux d’entre eux voient converger leurs critères : les États-Unis et la Chine. Ils semblent ainsi aujourd’hui en mesure de remporter « toutes les formes de guerre ». Au moins peuvent-ils se confronter à armes quasi égales. Dans le groupe des puissances moyennes, la Grande-Bretagne et la France bénéficient de leurs capacités économiques et militaires pour peser sur l’échiquier mondial. Elles possèdent, à l’image des grands, une palette homogène de moyens et la capacité à en faire converger les effets. Des succès leur restent accessibles.

IS32

La difficulté majeure réside de plus en plus dans l’évaluation de la victoire dans les conflictualités contemporaines. Avec la mondialisation, les phénomènes chaotiques, au sens mathématique, sont de plus en plus nombreux et imprévisibles. Les interactions politiques, économiques et sociales ont brisé les frontières et rendent les problématiques insolubles globalement. Les exemples contemporains, voire tirés de l’actualité, sont édifiants. Comment concilier développement économique et défense du climat ; comment concilier droits de l’homme et phénomènes migratoires ; comment concilier éthique humanitaire et ventes d’armes ? Les grandes puissances, et surtout elles, ont les moyens d’infléchir le cours des évènements, elles n’ont pas la solution à tous les paradoxes. Elles peuvent toujours choisir les « guerres » qu’elles pourront gagner. Elles ne pourront pas les choisir toutes simultanément.

127

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

Alors que le paradigme des rapports de puissance est peu contesté au fil des siècles, les actions qui en découlent depuis la fin de la guerre froide sont de plus en plus complexes à mettre en œuvre simultanément sur plusieurs théâtres. Les grandes puissances ont ainsi conservé leur primat dans la résolution des conflits majeurs mais se voient conduites à des choix d’objectifs exigeants pour servir leurs ambitions.

68

Élargissement

Ces choix sont contraints par la tentation d’une régulation durable, par la voie d’accords et de traités, à laquelle s’oppose la fascination d’une dérégulation totale et « libératrice ». La piste d’une résolution durable de cette alternative se trouve peut-être chez Bonaparte quand il affirmait que : « Les règlements sont faits pour les soldats et non pour les guerriers », et poursuivait en disant que chaque bataille exige un code nouveau qui disparaît avec elle.10

76

TOTAL (pour information) 148011

Ici, l’ID3 est développée en 2 paragraphes pour montrer que l’on peut sortir du schéma rigide

3x3, sous réserve de conserver un volume équilibré entre les parties. Il est préférable de faire ce

choix plutôt que de faire un découpage artificiel pour donner la priorité à la forme !

9 PIB : États-Unis : 20.410 milliards. Chine : 14.090 milliards. Japon : 5.170 milliards. Allemagne : 4.210 milliards. Royaume-Uni : 2.940 milliards. France : 2.930 milliards. Puissances militaires : Etats-Unis, Russie, Chine, Inde France. 10 La citation complète est celle-ci :« Les règlements sont faits pour les soldats et non pour les guerriers ; la bataille se rit du code, elle en exige un nouveau, innové par elle et pour elle et qui disparaît dès qu'elle est terminée. » 11 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD. Il correspond au conseil donné aux candidats de procéder à cet exercice pour se familiariser avec le volume de la fiche synthèse. La rédaction proposée correspond à environ 6 pages manuscrites sur copie type concours.

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RAPPEL sur les années 1990-2000 (Source WIKI)

Événements majeurs

Guerres et conflits.

- La Deuxième guerre du Congo démarra en 1998, engendrant maladies, famines et destruction du lien social. Le bilan serait de 4 à 6 millions de morts, le conflit se poursuivant en 20152.

- La guerre du Koweït (1990-1991), dite aussi guerre du Golfe ou seconde guerre du Golfe si l'on compte la guerre Iran-Irak, fit 25 000 à 100 000 victimes.

- Au Cambodge, l'entrée en vigueur de la nouvelle constitution, adoptée en 1993, marque la fin théorique de la troisième guerre d'Indochine, conformément à l'accord de paix signé à Paris en 1991, mais la guérilla des Khmers rouges n'est définitivement éradiquée qu'en 1999.

- Les guerres de Yougoslavie furent les plus meurtrières en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estime que le bilan humain de ces guerres s'élève à 300 000 morts dont deux tiers de civils, s'accompagnant de 4 millions de personnes déplacées3. Beaucoup des principaux personnages clés impliqués furent ou sont poursuivis pour crimes de guerre. Le Siège de Sarajevo, de 1992 à 1996, est le plus long siège de l'histoire de la guerre moderne, après le siège de Homs.

- Le génocide des Tutsis au Rwanda eu lieu d'avril à juillet 1994. L'ONU estime qu'environ 800 000 Rwandais4, en majorité tutsis, ont perdu la vie durant ces trois mois. L'ampleur du massacre (en trois mois, 1 million de personnes sont tuées selon les autorités rwandaises après recensement, 800 000 selon l'ONU et l'OUA), sa cruauté et le nombre d'exécutants en font un des évènements les plus atroces du XXe siècle.

- Les guerres en Tchétchénie ont fait plus de 350 000 victimes, en grande majorité des civils. - La guerre civile au Liberia (1989-1996) coûta la vie à près de 150 000 personnes, des civils

pour la plupart, et a provoqué un effondrement total de l'État du Liberia. La Deuxième guerre civile libérienne démarra en 1999 et fit entre 150 000 et 300 000 victimes

- La guerre civile en Sierra Leone fit 50 000 tués et 2,5 millions de déplacés. - La guerre civile algérienne opposant l'État à l'opposition islamiste, appelée « Décennie

noire », fit entre 60 000 et 150 000 victimes selon les sources. - La guerre civile somalienne plonge la Somalie dans une famine qui fait près de 220 000

victimes5, dont plus de 100 000 pour la seule période qui va de 1992 à 1994. - La guerre entre l'Éthiopie et l'Érythrée fait 100 000 morts.

Géopolitique

- La chute de l'URSS (traité de Minsk le 8 décembre 1991) marque la fin de la Guerre froide et la réunification de l'Allemagne. Les pays ex-communistes de l'Europe centrale et de l'Est commencent leur transition vers une économie capitaliste. Le 12 mars 1999, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque sont les trois premiers pays de l'Est à entrer dans l'OTAN.

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- Le sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992) puis le Protocole de Kyoto (1997) sont des étapes importantes vers une politique environnementale mondiale. Le premier forum mondial de l'eau se tient par ailleurs à Marrakech en 1997.

- L'attentat d'Oklahoma City (1995) fut l'acte terroriste le plus destructeur sur le sol américain jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, avec la mort de 168 personnes et plus de 680 blessés. L'explosion (camions piégés) a détruit ou endommagé 324 bâtiments dans un rayon de seize pâtés de maisons.

- Le Deuxième référendum du Québec, en 1995, est soldé par un échec, avec 49,42 % de oui 50,58 % de non.

- En Afrique du Sud, l'apartheid est aboli en juin 1991, et Nelson Mandela devient président de la République d'Afrique du Sud en mai 1994. Il le restera jusqu'en 1999, ayant souhaité ne faire qu'un seul mandat.

Économie et société

Économie

Europe

- L’inflation est brisée en France dans les années 1990. - Après avoir légèrement diminué entre 1987 et 1990, le chômage en France connaît une

forte augmentation entre février 1991 et janvier 1994. Il atteint alors 10,8 % de la population active. Il se maintient plusieurs années vers ce niveau, atteignant même 11 % en avril 1997. Il faut attendre avril 1999 pour le chômage commence à décroître durablement1.

- À partir de 1991, l'ex-URSS sombre dans la dépression économique. Chaque république se replie sur elle-même et procède à des échanges avec ses voisines sous forme de troc ; l’espace économique se fragmente ; nombre de production baissent d’environ 10 %. L’inflation commence à atteindre des niveaux vertigineux. Le pouvoir, paralysé, n’ose pas prendre les mesures économiques qui s’imposent.

Afrique

- Après l’effondrement du bloc communiste, l’aide publique au développement en Afrique tombe de 14,7 milliards de dollars en 1990 à 10 milliards en 2000.

Proche-Orient

- L’Égypte profite de son engagement dans la guerre du Golfe. Les États-Unis effacent une grande partie de la dette civile et militaire. Le régime se lance dans un vaste programme de libéralisation : privatisation et ouverture au capital étranger. Le FMI et la Banque mondiale poussent l’Égypte à liquider le secteur public de l’économie. La première mesure adoptée est un assouplissement du contrôle des charges. Le taux de croissance s’élève à 4 % au début des années 1990. Le revenu national est toutefois mal réparti et le taux de chômage est de l’ordre de 20 % de la population active. Une grande partie de la population vit sur les prix subventionnés des produits de base et sur les solidarités familiales. Les renvois d’argent des émigrés de travail font également vivre une bonne partie de la population.

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- La Syrie profite de la guerre du Golfe sur le plan économique et reçoit des aides diverses. Hafez el-Assad maintient une politique d’ouverture aux investissements privés.

Asie

- Dans les années 1990, l’économie de la Corée du Nord reçoit des chocs successifs : l’URSS, puis la Russie, cessent de lui fournir de l’énergie à des prix préférentiels ; la Chine exige le paiement de ses fournitures au tarif mondial ; les inondations dévastent des régions de moins en moins bien entretenues.

- Baisse de la croissance au Japon. L’indice Nikkei atteint en 1991 l’indice record de 38 000. Au même moment les prix de l’immobilier augmentent de façon déraisonnable. Une bulle financière se crée au Japon de manière partiellement autonome. Dès que les perspectives de rentabilité se dissipent, elle éclate. Le Nikkei s'effondre, et oscille entre 14 000 et 18 000. Les années 1990 sont alors pour le Japon les pires connues en termes de croissance économique depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Amérique

- Fin de la récession aux États-Unis. - Croissance de l’économie américaine, - Mise en œuvre des principes de l'économie du savoir (Paul Romer) - Bulle boursière sur les jeunes sociétés (biotechnologie, compagnies minières junior,

informatique et Internet) - La Russie met un terme dans les années 1990 aux conditions économiques antérieures

favorables avec Cuba (achat de sucre à un cours avantageux, vente de pétrole et d’équipement à des tarifs préférentiels). Les États-Unis maintiennent leur embargo, et l’économie cubaine s’effondre. Le régime castriste se voit dans l’obligation de faire des concessions, sans renoncer au système du parti unique et à la répression de toute dissidence.

- Plan du ministre de l’économie Cavallo contre l’inflation en Argentine (1991) : abaissement considérable des droits de douane, privatisation massives, réformes fiscales pour accroître les recettes et réduction des dépenses, convertibilité totale de l’austral en dollar à taux fixe (en 1992, le nouveau peso vaut un dollar), interdiction faite à la banque centrale de financer les déficits budgétaires par la création de monnaie, fin de l’indexation des salaires et des contrats financiers. Grâce au plan Cavallo, l’inflation chute de 800 % par an en 1990 à moins de 5 % en 1995—un taux néanmoins trop élevé pour un peso lié au dollar, d’où une détérioration de la balance des comptes courants, une augmentation du chômage, un ralentissement de la croissance très perceptible à partir de 1995. L’année suivante, Menem renvoie Cavallo.

Évolution des droits de l'Homme

La Convention internationale des droits de l’enfant entre en vigueur en 1990. En 1991 a lieu la première rencontre internationale des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l'homme, organisée par la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), à Paris, sous l'égide des Nations unies. En décembre 1993, la Déclaration et programme d'action de Vienne est adopté par l'Assemblée générale des

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Nations unies, qui accorde une large place à la démocratie et au développement, considérés comme faisant partie intégrante des droits de l'homme, et qui appelle tous les États parties à créer des institutions nationales garantes des droits de l'homme et Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.

Vieillissement de la population et morts prématurées

- Dans les années 1990, le paludisme était annuellement la cause de 400 à 900 millions de cas de fièvres, et entre 700 000 et 2,7 millions de morts7, soit en moyenne un mort toutes les 30 secondes.

Environnement

Biodiversité

Déforestation et diminution des surfaces de forêts entre 1990 et 2005, et notamment dans les années 1990.

En 2016, une étude du WWF (Fond mondial pour la nature) indique que plus de la moitié des vertébrés ont disparu en 40 ans, de 1970 à 2012. Les milieux d’eau douce sont les plus affectés, avec un effondrement de 81 % sur la période, devant les espèces terrestres (− 38 %) et celles marines (− 36 %). Cette tendance est importante durant toute la décennie, en raison des pressions sur les habitats naturels (artificialisation, déforestation, pollutions, dérèglement climatique, catastrophes naturelles), et des excès de prélèvements au milieu (braconnage, chasse, pêche)8.

Inventions, découvertes, introductions

Révolution du numérique

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© JFD / CG3 2019 12

- Le micro-ordinateur se propage dans les foyers occidentaux, et avec lui le système d'exploitation Microsoft Windows9. Mais un système d'exploitation libre, Linux, est également développé. Internet évolue avec la création du World Wide Web.

- Dans les entreprises, les progiciels de gestion intégrés ou ERP sont déployés, en extensions des fonctions des MRP (planification des ressources de production). Elles sont adoptées comme solution dans de nombreuses entreprises pour le passage informatique à l'an 2000 et le passage à l'euro (dans la zone euro).

- On assiste à une convergence numérique (son, image, vidéo, signal télé et téléphonie, etc.), et le téléphone portable (ou mobile) se popularise.

Sciences naturelles

- En agriculture, les OGM (organismes génétiquement modifiés) se développent pour certaines espèces aux États-Unis. Ils sont introduits en 1996. Le maïs et le coton sont les cultures OGM qui se développent le plus rapidement (atteignant respectivement près de 50 % et 40 % des cultures de ces plantes aux États-Unis en 2000).

- Le premier clonage d'un mammifère est réalisé avec la naissance de la brebis Dolly le 5 juillet 1996 en Écosse.

- En astronomie, la première exoplanète est découverte.

Ingénierie

Le tunnel sous la Manche, plus grand tunnel sous-marin au monde, est inauguré le 6 mai 1994.

Culture (extrait)

Cinéma

- Les films vainqueurs des Oscars sont : Danse avec les loups (1990), Le Silence des Agneaux (1991), Impitoyable (1992), La Liste de Schindler (1993), Forrest Gump (1994), Braveheart (1995), Le Patient anglais (1996), Titanic (1997), Shakespeare in Love (1998) et American Beauty (1999)

- Les 15 films les plus lucratifs de la décennie sont (dans l'ordre décroissant) : Titanic, Star Wars, épisode I : La Menace fantôme, Le Monde perdu : Jurassic Park, Independence Day, Le Roi lion, Forrest Gump, Sixième Sens, Armageddon, Maman, j'ai raté l'avion, Pulp Fiction, Ghost, Twister, Il faut sauver le soldat Ryan, Pretty Woman, Matrix, Mission : Impossible, Danse avec les loups, La Momie, et Bodyguard12.

- Le film Titanic devient un phénomène culturel à travers le monde, ainsi que le film le plus lucratif de tous les temps avec des recettes aux environs de 1,8 milliard $ dans le monde entier. Il tiendra ce record pour environ une décennie jusqu'en 2010 quand le même réalisateur James Cameron fit un autre film qui reprit le titre, celui-ci étant Avatar13.

- Les films produits par les Walt Disney Animation Studios devinrent populaires encore une fois quand les studios recommencèrent à tourner des films animés musicaux et familiaux traditionnels (cependant, les films prirent un thème émotionnel plus sombre) ; cette ère fut connue comme étant le Second Âge d'or de Disney.

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SUJET Vous êtes le commandant Dominique INTERARMEES, affecté à l’état-major des armées

(EMA), sous l’autorité de l’officier général chargé des relations internationales militaires.

Le chef d’état-major des armées (CEMA) doit se rendre au Comité militaire de l’Organisation du

traité de l’Atlantique Nord (OTAN), où il sera question de l’évolution des relations entre la Russie

et l’OTAN en Europe du Nord-Est. En préalable, il vient participer, au cabinet de la ministre à une

réunion de calage de la position française.

En vue de cette réunion, vous êtes chargé de rédiger, à partir des documents du dossier joint ainsi

que de vos connaissances et réflexions personnelles, une fiche de synthèse (900 mots avec un

tolérance de plus ou moins 10% soit entre 810 et 990 mots) à l’attention du CEMA.

Cette fiche appréciera les tensions entre les forces russes et celles de l’OTAN en Europe du Nord-

Est et proposera une position française.

SYNT

HÈSE

DE

DOSS

IER - CO

NCOURS

EDG

2018

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EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

2

RÈGLES DE RÉDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Le titre de la fiche est explicite : destinataire et objet y figurent sans ambiguïté dans

des formes cohérentes avec un travail d'état-major.

2. La réponse à la demande et le plan de la fiche (cf. 6 ci-dessous) tiennent compte, dans

leur forme, de la nature du document. La fiche d'état-major va ainsi à l'essentiel avec

un minimum de mots et dans un style simple pour favoriser la mémorisation.

3. Le contenu du dossier transparaît nettement dans la fiche et traduit une sélection de

données cohérente avec la demande, le niveau du demandeur et le cadre de son

intervention.

4. Les données personnelles complètent celles du dossier, voire se substituent à certaines

pour les actualiser. Elles auront, en règle générale, une place plus importante dans les

propositions.

5. Les propositions doivent être cohérentes avec le niveau de responsabilité et les

attributions du destinataire final de la fiche. En général, les propositions n’entrent pas

dans le détail des moyens à mettre en œuvre, mais fixent des objectifs à atteindre.

6. La forme de la fiche s'accommode mieux qu'en culture d'une présentation soulignant

la structure du document fourni (titres des parties notamment).

7. Les transitions sous forme de paragraphes isolés en fin de partie sont facultatives. Le

rédacteur pourra donc les maintenir s’il pense qu’elles facilitent le cheminement dans

son exposé.

8. L'ouverture, également facultative, en fin de fiche peut s'appuyer sur un élément

secondaire du dossier non pris en compte explicitement dans la rédaction.

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EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

3

CORRIGÉ PROPOSÉ 1. Comprendre le sujet

Structure du libellé

La structure du sujet correspond à celle décrite dans les directives : « […] la rédaction d'une fiche d'état-major destinée à une autorité identifiée en préambule du dossier… Le sujet est proposé sous la forme d'une question simple. » Enfin, le sujet rappelle la contrainte de volume de 900 mots ± 10%.

Sens des mots1

On distingue en premier lieu les différences entre chapeau et question :

1. Dans le chapeau vous avez la « mise en ambiance » et l’objectif final auquel concourt2 votre fiche. Ici, votre travail consiste à fournir une fiche à l’attention du CEMA qui participera à un comité de défense de l’OTAN. Il n’y a pas d’ambiguïté sur l’identité du destinataire. En revanche votre position exacte n’est pas connue3 : bureau OTAN, bureau cohérence-synthèse… ? Cette information peut sembler ici superflue…mais il est regrettable que la précision ne figure pas car elle aurait contribué à cadrer la réponse !

2. Le sujet est d’actualité. 3. La question porte sur les tensions entre les forces russes et celles de l’OTAN en Europe du

Nord-Est. Le cœur de la fiche sera constitué par les propositions d’une position française sur ce sujet. Propositions faites au MINARM par le CEMA lors d’une réunion préparatoire.

Maintenant reprenons en détail la question posée :

La formule traditionnelle « à partir du dossier joint et en vous aidant de vos connaissances personnelles » a été reprise. L’épreuve est connue et, en fonction des connaissances particulières de chacun, le dosage dossier – connaissances personnelles reste libre. Ce rappel devient inutile (?)

« … appréciera … proposera ». Contrairement à certains sujets (comme celui de 2016), la structure de la question ne résout pas le problème de la structure de la fiche en 3 parties.

La 3e partie est identifiable sans difficulté, il s’agit des propositions. En revanche « appréciera » doit faire l’objet d’une analyse et d’un choix pour organiser le début de la fiche. Il conviendra de bien cibler le contenu de chaque partie pour ne pas risquer de hors-sujet même partiel.

2. Cadrer et reformuler le sujet La participation du CEMA au comité militaire montre qu’il s’agit de l’une des trois réunions annuelles

de haut niveau de ce comité et pas d’une des réunions hebdomadaires avec les REPMIL4. Il faut donc

avoir en tête le cadre d’intervention final (au-delà de la réunion CEMA-MIN) et l’importance du sujet

abordé pour bien cibler le contenu de la fiche, notamment les propositions et la manière de les

formuler.

1 Comme dans tout sujet (SD ou CUGE), cette analyse initiale est déterminante. Son absence et sa faiblesse sont

la cause de nombreuses dérives aux conséquences lourdes ! 2 Concentrez-vous donc bien sur l’objet et le destinataire de la « commande » qui vous est faite et ne vous laissez pas entraîner par des supputations sur un "besoin caché" ! 3 Voir annexe sur la structure « Relations internationales militaires » de l’EMA. 4 Voir fiche annexe sur le comité militaire de l’OTAN.

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Maréchal un jour – Gal JFD 2018

4

Une fiche n’est pas un dossier, son contenu doit avant tout aider le destinataire à définir les points

majeurs à évoquer dans le cadre de son intervention. La demande fixe 2 niveaux d’information :

1. Problématique (apprécier les tensions) ;

2. Propositions d’une position FR relativement à l’évolution des relations Russie-OTAN.

Il faut dès cette étape du travail faire un choix sur la structure de la fiche pour ne pas en rester à

l’ébauche sommaire de plan suggérée par les 2 points précités.

Le temps contraint impose d’en venir à des schémas-types. Ici, si on retient la problématique Russie-

OTAN en EU du NE (puisque c’est ce point qui est sensible) comme cœur de l’analyse (2nde partie), on

peut centrer la première partie sur des généralités sur l’évolution interne de l’OTAN à la suite du

BREXIT et de la position réaffirmée des USA sur le « partage du fardeau ». Cette approche éclaire

logiquement la seconde partie et les propositions.

On obtient alors :

1. L’OTAN post BREXIT et ère Trump ;

2. Problématique Russie-OTAN en Europe du NE ;

3. Propositions de positions françaises.

Cette réflexion sur le plan vaut en fait reformulation du sujet. Il n’est pas question dans cette épreuve

de se lier à un processus rigide consommateur de temps.

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5

INTRODUCTION

FICHE

à l’attention du CEMA

relative à l’entretien avec la ministre sur les relations Russie-OTAN

18

Préambule

Le prochain sommet de l’OTAN, en juillet 2018, s’annonce comme une date clef dans l’évolution de l’organisation du fait de la liberté reprise par la Grande-Bretagne vis-à-vis de l’Europe et de la position américaine sur le « partage du fardeau ». Dans ce contexte, la Russie et ses forces sont à considérer sous un nouvel éclairage.

61

Idée maîtresse

L’imbrication défense de l’Europe-défense européenne devrait s’imposer comme sujet de premier plan face à une Russie dont le rôle central se confirme du fait d’une Alliance fragilisée. Les positions françaises auront ainsi un poids particulier dans les orientations retenues.

43

Annonce du plan

La situation actuelle et les évolutions possibles de l’OTAN permettent d’apprécier le niveau et la nature des tensions Russie-OTAN, notamment en Europe du Nord-Est. Les axes d’une position française seront proposés en fin de document.

38

DÉVELOPPEMENT * * 0

ID1

Depuis la fin de l’URSS, l’OTAN a développé ses frontières communes avec la Russie, multipliant les points de friction, sans pour autant renforcer son efficacité globale. La position réservée des Etats-Unis à l’avenir, celles toujours hésitantes de la Finlande et de la Suède, la nouvelle place de la Grande-Bretagne, une Turquie en mutation, rendent plus incertains les engagements prévus à l’article 5. Dans le même temps des tergiversations fragilisent le caractère dissuasif de l’Alliance.

78

IS11 0

IS12 0

IS13 0

Transition (facultative)

0

ID2

Face à l’enveloppement géographique de ses frontières occidentales, la Russie renforce sa posture militaire en Europe pour préserver une zone tampon qu’elle estime vitale. Au-delà des efforts de réarmement poursuivis, les tests se multiplient pour évaluer la volonté occidentale. L’Europe du Nord-Est constitue à ce titre une zone d’affrontement potentielle, particulièrement sensible, dans laquelle la Russie peut trouver des arguments « légitimes » d’intervention et procéder par « tâtonnements ».

64

IS21 0

IS22

0

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Maréchal un jour – Gal JFD 2018

6

IS23

0

Transition (facultative)

0

ID3

Sans faire de l’originalité une règle, la France peut tirer parti de particularismes historiques et conjoncturels pour s’investir tant dans la reconstruction d’une confiance Europe-Russie, que dans un renforcement de l’autonomie stratégique du volet européen de l’Alliance, axes convergents pour briser le cercle vicieux de la défiance réciproque.

53

IS31 1.

0

IS32 2.

0

IS33 3. .

0

CONCLUSION * * 0

Reprise de la thèse

Alors que l’OTAN est exposée à l’imprévisibilité des orientations américaines, la Russie ne cesse de multiplier les tests visant à apprécier la vulnérabilité des États tampons du Nord-Est. Pour éviter le retour à une « nouvelle guerre froide », ou pire un affrontement direct, la France doit porter le message d’une double voie diplomatique et militaire.

59

Élargissement (souhaitable)

Le débat récurrent sur défense européenne et de l’Europe, devrait s’imposer à court terme non plus comme un « serpent de mer » mais comme un point de passage obligé vers des solutions pérennes pour une Europe de « l’Atlantique à l’Oural ».

46

TOTAL (pour information) 460 5

5 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD en ajoutant les « élidés » au résultat calculé par l’application.

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EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

7

ANNEXE 1 INSTRUCTION N° 600/DEF/EMA/ESMG/CDA relative à l’organisation et au fonctionnement de l’état-major des armées. Du 22 avril 2015

Divisions et bureaux dépendant du général « RIM »

3.6. L'officier général « relations internationales militaires ». 3.6.1. Attributions. 3.6.2. Organisation.

3.6.2.1. La division « Euratlantique ». 3.6.2.1.1. Le bureau « organisation des nations unies ». 3.6.2.1.2. Le bureau « organisation du traité de l'Atlantique Nord ». 3.6.2.1.3. Le bureau « union européenne ». 3.6.2.1.4. Le bureau « Bilatéral Nord ».

3.6.2.2. La division « coopération bilatérale Sud ». 3.6.2.2.1. Le bureau « Afrique ». 3.6.2.2.2. Le bureau « Proche et Moyen-Orient ». 3.6.2.2.3. Le bureau « Asie - Pacifique, Amérique latine - Caraïbes ».

3.6.2.3. Le bureau « cohérence - synthèse ».

ANNEXE 2

Comité militaire de l’OTAN (Voir pages suivantes)

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CONFIDENTIEL CONCOURS

EDG 2018

EPREUVE DE SYNTHESE

Sujet principal

Vous êtes le commandant Dominique INTERARMÉES, affecté à l'état-major des armées

(EMA), sous l'autorité de l'officier général chargé des relations internationales militaires.

Le chef d'état-major des armées (CEMA) doit se rendre au Comité militaire de l’Organisation

du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), où il sera question de l'évolution des relations entre la

Russie et l’OTAN en Europe du Nord-Est. En préalable il vient participer, au cabinet de la

ministre, à une réunion de calage de la position française.

En vue de cette réunion, vous êtes chargé de rédiger, à partir des documents du dossier joint

ainsi que de vos connaissances et réflexions personnelles, une fiche de synthèse (900 mots

avec une tolérance de plus ou moins 10 % soit entre 810 et 990 mots) à l'attention du CEMA.

Cette fiche appréciera les tensions entre les forces russes et celles de l'OTAN en Europe du

Nord-Est et proposera une position française.

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CONFIDENTIEL CONCOURS

SOMMAIRE DU DOSSIER

N° de pièce Document Nombre de

pages

1 « Baltes Pays »

Article de l’Encyclopédia Universalis 3

2

The NATO of the New North

Ian Birdwell – Center for International Maritime Security

http://cimsec.org/nato-new-north/3259

4

3

Étude sur l’adhésion à l’OTAN publiée en Finlande

Revue de l’OTAN

19/05/2016

5

4

L’OTAN et la Russie : risque de confrontation militaire ?

Paul Quilès, recherches internationales

Octobre 2016

8

5

Kaliningrad, enclave russe coincée entre deux membres de

l’OTAN

Brice Couturier, France Culture

27/202/2017

2

6

Tensions et renouveaux militaires en Europe de l’Est

Simone Augier

Revue en ligne « Ondes de choc »

5

7 L’OTAN menace notre sécurité

Le Temps, 02/04/2017 2

8 Union européenne – Russie : une confiance à reconstruire

Rapport du Sénat, 06/06/2017 2

9

Grandes manœuvres russes en Baltique : la sécurité collective

européenne doit être refondée

Revue en ligne Telos

Cyrille Bret 22/09/2017

4

10 Statistiques OTAN 2017 4

Total 39

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Pièce n° 1

1/3

BALTES PAYS

Écrit par

• Suzanne CHAMPONNOIS : docteur de l'Université, ancien maître de conférences à

l'Institut national des langues et civilisations orientales (histoire des pays Baltes)

Les territoires actuels de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie forment un ensemble

géographique soudé de 175 000 kilomètres carrés. On a coutume de dire que ces États

constitueraient un tout, les pays Baltes. Or, en dehors de leur unité géographique sur la rive

orientale de la mer Baltique, ces pays n'ont, jusqu'au XVIIIème siècle, presque rien en commun. Ni

leurs origines : les Estoniens sont des Finno-Ougriens comme les Finnois et les Hongrois, alors que

les Lettons et les Lituaniens sont des Baltes d'origine indo-européenne. Ni leurs langues : les

Estoniens parlent une langue ouralienne, alors que le letton et le lituanien sont des langues baltes de

la famille indo-européenne. Ni les religions : les Estoniens et les Lettons étaient païens jusqu'au

XIIIème siècle ; convertis de force au catholicisme romain par les Germaniques, ils sont devenus

protestants quand les chevaliers Teutoniques ont opté pour la Réforme au XVIème siècle. Les

Lituaniens, restés païens jusqu'au XVème siècle, ont reçu le catholicisme des Polonais auxquels ils

s'étaient alliés pour résister aux chevaliers Teutoniques. Ni les structures sociales : les Estoniens et

les Lettons, asservis jusqu'au XIXème siècle sous l'autorité des barons baltes héritiers des

Teutoniques, n'ont jamais quitté leurs territoires. Ils n'avaient ni aristocratie, ni élite sociale. Les

Lituaniens, eux, ont constitué dès le XIVème siècle un État grâce aux grands-ducs qui ont étendu leur

autorité jusqu'aux confins de la mer Noire. Ni l'histoire : l'Estonie et la Lettonie ont subi au cours

des siècles une série d'occupations : germanique, suédoise ou polonaise. La Lituanie a associé

librement son destin, au XVIème siècle, à celui de la Pologne pour ne plus former avec elle qu'un

seul État, la Rzeczpospolita.

C'est seulement à partir du XVIIIème siècle, quand ils ont été intégrés à l'Empire russe, que les trois

pays ont connu avec la russification un sort commun.

Du temps des troubles à l'indépendance

La révolution russe de 1905 a constitué dans ces régions une étape essentielle : elle concrétisait une

prise de conscience nationaliste liée à une évolution économique commencée depuis quelques

décennies, et surtout sensible en Lettonie.

La Première Guerre mondiale a permis aux trois pays d'accéder à l'indépendance. À son issue, pour

la première fois, les noms de l'Estonie et de la Lettonie apparurent sur les cartes et celui de la

Lituanie y fit son retour. Chacun d'eux a essayé de son côté de poser les bases d'un régime

républicain démocratique : élaboration d'une Constitution, réforme agraire, création d'une monnaie

nationale. Mais l'inexpérience politique les a entraînés vers des « dictatures » personnelles.

D'une occupation à l'autre

Leur situation géographique, entre le Reich et l'U.R.S.S., a une seconde fois associé le destin des

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Pièce n° 1

2/3

trois pays. Annexés par Moscou à la suite du pacte germano-soviétique de 1939 qui mit un terme

aux vingt années d'indépendance, les trois Républiques devinrent en 1940 des Républiques

socialistes soviétiques.

La guerre germano-soviétique (22 juin 1941-1944) eut des conséquences tragiques. Outre

l'extermination des Juifs en Lettonie et surtout en Lituanie, elle divisa les populations entre, d'un

côté, ceux qui craignaient moins les nouveaux occupants allemands qu'un retour des Soviétiques et,

de l'autre, les partisans de ces derniers. L'Armée rouge rentra en 1944 dans les Républiques

baltiques non pas comme dans des régions libérées, mais comme dans des pays hostiles qu'il fallait

soumettre.

Les mouvements de guérilla anti-allemande, appelés « Frères de la forêt », tournèrent alors leurs

actions contre les troupes russes ; ils trouvèrent des soutiens dans les populations locales jusqu'au

début des années 1950. Dès la réoccupation des trois pays, le pouvoir soviétique s'affirma dans tous

les domaines, par de nouvelles déportations, par l'alignement de la vie quotidienne sur les normes

du Kremlin et par la venue de très nombreux ouvriers et techniciens russophones. Cette politique fut

sensible surtout en Estonie et en Lettonie où l'industrialisation autour des capitales était plus

avancée : la population y devint majoritairement russe. La Lituanie, essentiellement agricole, attira

moins de ces migrants.

Jusqu'à la mort de Staline (1953), la politique de Moscou fut de faire disparaître les « survivances

nationalistes », politique de « communisation » qui eut plus de succès en Estonie et en Lettonie

qu'en Lituanie. Avec la mort du dictateur, la situation évolua : les arrestations politiques cessèrent et

beaucoup de déportés rentrèrent dans leur pays. Mais la vigilance de Moscou pendant le règne de

Nikita Khrouchtchev ne se relâcha pas.

Après l'éviction de ce dernier en 1964, l'une des préoccupations majeures de Leonid Brejnev fut de

faire reconnaître les frontières de l'U.R.S.S. issues de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire

décidées lors du pacte germano-soviétique de 1939. Avec la signature des accords d'Helsinki le

1er août 1975, le dirigeant soviétique put croire qu'il avait atteint son but. Or il avait dû accepter

que fût préconisée dans ces accords la libre circulation des hommes et des idées. Les intellectuels

baltiques s'emparèrent de cette clause et formèrent des comités pour l'application des accords. Leurs

activités, d'abord discrètes et facilement contenues par le pouvoir, se développèrent malgré la

répression et, bientôt relayées par les médias internationaux, firent connaître au monde les réalités

de la situation intérieure de l'U.R.S.S. Pendant la période dite de « stagnation » (début des années

1980), de nombreuses organisations se créèrent, manifestèrent et revendiquèrent (Appel des

quarante-cinq Baltes à l'O.N.U. en 1979).

Trois voix, une voie

Avec l'arrivée au pouvoir en 1985 de Mikhaïl Gorbatchev et sa politique de perestroïka, chaque

pays commença à évoluer à son rythme vers l'autonomie, à travers la création de trois Fronts

populaires.

La contestation prit des formes diverses. Le 23 août 1989, une chaîne humaine relia Tallinn, Riga et

Vilnius pour exiger la publication des accords germano-soviétiques d'août et septembre 1939.

Moscou réagit en envoyant des forces militaires et en créant des mouvements « contre-

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Pièce n° 1

3/3

révolutionnaires » mais ne put, malgré les épisodes sanglants de Vilnius et Riga en janvier 1991,

arrêter l'élan vers la liberté.

L'échec du putsch à Moscou en août 1991 permit aux trois pays de recouvrer leur indépendance qui

fut reconnue par Boris Eltsine en septembre. Tout était à faire dans les trois Républiques pour se

débarrasser de l'emprise soviétique : rebâtir des États avec des Constitutions propres, remplacer

l'économie collectiviste par l'économie de marché, créer des monnaies nationales, obtenir le départ

des troupes russes, intégrer les minorités russophones restées sur place. L'économie subit le

contrecoup de la rupture avec la Russie qui, quoique en pleine décomposition intérieure, était

encore leur premier partenaire commercial et industriel. Le début de la décennie 1990 fut très

difficile, mais les transformations sociales et économiques réalisées en quelques années témoignent

des capacités des trois Républiques et de leur volonté de vivre libres. Elles leur ont permis d'intégrer

l'O.T.A.N. et l'Union européenne en 2004.

— Suzanne CHAMPONNOIS

Suzanne CHAMPONNOIS, « BALTES PAYS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le

28 novembre 2017. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/pays-baltes/

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Pièce n° 2

1/4

The NATO of the New North May 16, 2017

From author Ian Birdwell comes The Changing Arctic, a column focusing on the unique security challenges presented by the increasingly permissive environment in the High North. The Changing Arctic examines legal precedents, rival claimants, and possible resolutions for disputes among the Arctic nations, as well as the economic implications of accessing the region’s plentiful resources.

By Ian Birdwell

Introduction

NATO is justifiably focused on dissuading Russian aggression, especially given the Federation’s aggressive actions over the past two years in the region. However, there is growing concern for NATO’s northern flank: the Arctic Ocean and far northern Atlantic. The warming of global temperatures presents new challenges related to rising sea levels to navies like the United States,’1 but the retreat of ice in the Arctic Ocean poses a new risk as an avenue to exploit NATO’s flank in Europe. Though some budding conversation determining NATO’s role in defending Arctic nations like Norway from new security challenges is occurring,2 NATO’s gaze remains focused on ground threats throughout Eastern Europe. Despite the persistence of NATO’s strategic goals of deterrence and cooperation, a warmer Arctic demands the attention of NATO powers to preserve regional stability. Looking toward the role NATO could play in maintaining an Arctic balance of power into the future, it is important to acknowledge NATO’s regional hurdles and the strategies the alliance could employ to overcome them.

NATO’s goal has always been deterrence through mutual defense and cooperation between member state militaries, but this has never rung quite as clear among its member states as it has since the onset of the ongoing Ukrainian crisis. The crisis, if not instigated by the Russian Federation, certainly advances, exacerbated by the comments of Russian officials and state actions. Since then, Eastern European NATO states have clamored for NATO support in counteracting Russian aggression. Vladimir Putin’s regime regularly draws international ire for their actions moving to exploit Arctic oil resources, the effects those operations may have on surrounding

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Pièce n° 2

2/4

communities, and the measures against those protesting oil exploration.3 For the Russian Federation, the Arctic Ocean represents more than just a birthplace of new oil revenues and potential superpower status, it is one of the only areas of the world were its navy may be able to operate more effectively than NATO.

Russia’s Oil and Gas Activities in the Arctic (Malte Humpert/The Arctic Institute)

The Russian Northern Fleet possesses a slight advantage over NATO forces in several crucial areas, including a slight and recent increase in submarine warfare capabilities,4 a focus on constructing Arctic naval installations,5 and a plethora of icebreakers compared to NATO.6 Russian forces certainly retain a regional upper hand at the moment yet the aged nature of their equipment belays an opportunity for NATO to deter Russian regional aggression if action is swiftly taken. Finally, to accommodate necessary actions to dissuade aggression, the alliance must gather the funding to make readiness plans a reality, which could become a difficult prospect. Most NATO members overlook the requirement to contribute two percent of national GDP towards military operations, leaving other NATO states like the United States to fit the bill.7 With a new American administration critical of NATO’s funding woes, member states may grow concerned NATO capital will go toward the defense of Eastern European states or other areas with higher visibility.8

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Pièce n° 2

3/4

Arctic Adaptation

NATO possesses the capability to address and overcome the challenges laid before it. A promising step to move NATO toward readiness for Arctic operations would be to expand the frequency of training activities in the High North. While the norm for nations with Arctic waters like Canada,9 Norway, and the United States,10 the inclusion of non-Arctic NATO powers in a variety of training exercises could prove pivotal in deterring aggression within the Arctic. This past summer, NATO held an anti-submarine warfare exercise called Dynamic Mongoose in the Norwegian Sea that included vessels from eight alliance members.11 With other operations planned for later this year,12 increasing the frequency of such operations, the variety of weather conditions faced, and diversifying into other types of exercises such as amphibious assault drills will allow NATO to become acclimated to regional obstacles and gain the flexibility to respond to threats.

The costlier long-term readiness goal involves the expansion of ports close to or within the Arctic Circle to house larger vessels and the construction of new facilities. Accomplishing this task would help close Russia’s geographic and logistical advantages while assisting troops in becoming acclimated to the region’s weather conditions. Moreover, those expanded ports hold the potential to facilitate an increase in commercial traffic, provide a base for scientific research vessels, and contribute to the logistical support of search and rescue operations – all valuable assets for nations wishing to study a changing global climate. For these reasons, the Army Corps of Engineers in the U.S. investigated deepening the Port of Nome.13 Dredging and enlarging ports in the region offer a boon to NATO’s defense goals while boosting Arctic infrastructure for other non-military functions.

The last and largest task for NATO powers concerned about Russian Arctic capabilities is providing the funding necessary to meet their NATO obligations. Each NATO nation with Arctic borders proffers in various declarations their preferred method to move forward with Arctic defense is to cooperate with close allies to fill gaps in their defenses.14 If Canada, Denmark, and Norway,15 NATO Arctic powers currently shy of their NATO percentage pledges, increase their military funding closer to the required two percent of national GDP, then it becomes easier for NATO to achieve its overarching security goals within and outside of the Arctic region.

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Pièce n° 2

4/4

Conclusion

NATO transformed from a tool bolstering European Defense in the early days of the Cold War into an alliance pulled in several directions in the name of collective security. Today NATO faces a familiar sight, a Europe pressured by an aggressive Russia. Yet as NATO reinforces its easternmost borders, the Russian Federation focuses on a new, warming frontier that could provide a new threat axis where Russia enjoys preeminence.

Ian Birdwell holds a Bachelor’s Degree in Government and International Politics from George Mason University.

References

1. Myers, Meghann “Rising oceans threaten to submerge 128 military bases:report” Navy Times. July 29, 2016 https://www.navytimes.com/story/military/2016/07/29/rising-oceans-threaten-submerge-18-military-bases-report/87657780/

2. Dearden, Lizzie “Norway urges Donald Trump to announce clear policy on Russia amid fears of military activity in Arctic” Independent December 3, 2016 http://www.independent.co.uk/news/world/europe/donald-trump-russia-vladimir-putin-norway-nato-clear-policy-arctic-bases-submarines-military-a7453581.html

3. Luhn, Alec “Arctic oil rush: Nenet’s livelihood and habitat at risk from oil spills” The Guardian December 23, 2016 https://www.theguardian.com/environment/2016/dec/23/arctic-oil-rush-nenets-livelihood-and-habitat-at-risk-from-oil-spills

4. Sonne, Paul “Russia’s Military sophistication in the Arctic sends echoes of the Cold War” The Wall Street Journal October 4, 2016 http://www.wsj.com/articles/russia-upgrades-military-prowess-in-arctic-1475624748

5. Einhorn, Catrin, Hannah Fairfield, and Tim Wallace “Russia rearms for a new era” New York Times December 24, 2015 http://www.nytimes.com/interactive/2015/12/24/world/asia/russia-arming.html

6. Snow, Shawn “Retired 4-Star: US Military ill-prepared for Arctic confrontation” Military Times December 27, 2016 http://www.militarytimes.com/articles/retired-4-star-us-military-ill-prepared-for-arctic-confrontation

7. Thomassen, Daniel “Norway faces a new era of Russian realpolitik in the Arctic” Center for International Maritime Security July 5, 2016 http://cimsec.org/norway-faces-new-era-russian-realpolitik-arctic/25984

8. Frum, David “Trump will inherit the biggest NATO buildup in Europe Since the Cold War” The Atlantic January 10, 2017

9. Pugliese, David “Canadian Forces to expand Nunavut training centre as Russia plans more bases in the Arctic” National Post February 23, 2016 http://news.nationalpost.com/news/canada/canadian-forces-to-expand-nunavut-training-centre-as-russias-plans-more-bases-in-the-arctic

10. Schehl, Matthew L. “Marines hit the arctic for largest winter exercise since the Cold War” Marine Corps Times March 2, 2016 https://www.marinecorpstimes.com/story/military/2016/03/02/marine-hit-arctic-largest-winter-exercise-since-cold-war/81161832/

11. North Atlantic Treaty Organization “NATO Launches anti-submarine warfare exercise in Norwegian Sea” June 20, 2016 NATO Press Release http://www.nato.int/cps/en/natohq/news_132596.htm?IselectedLocale=en

12. Thomassen, Daniel “Norway faces a new era of Russian realpolitik in the Arctic” Center for International Maritime Security July 5, 2016 http://cimsec.org/norway-faces-new-era-russian-realpolitik-arctic/25984

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Pièce n° 3

1/5

Revue de l'OTAN, 19/05/2016

(https://www.nato.int/docu/review/2016/Also-in-2016/nato-membership-finland-

sweden/FR/index.htm)

Selon une étude sur l’adhésion à l’OTAN publiée en Finlande, « le duo nordique doit rester

uni ».

Le groupe de quatre experts mandaté par le gouvernement finlandais pour évaluer les effets d’une

éventuelle adhésion de la Finlande à l’OTAN a présenté les résultats de ses travaux. Sa principale

constatation est la suivante : qu’elles entrent dans l’OTAN ou pas, la Finlande et la Suède doivent

faire bloc.

Depuis l’occupation et l’« annexion » illégales de la Crimée par la Russie et l’intervention militaire

de cette dernière dans l’est de l’Ukraine, une partie de l’élite politique finlandaise vit dans un

étrange état de déni.

Il est généralement admis que la Russie a violé le droit international et l’Acte final d’Helsinki. Il est

aussi admis qu’en tant que pays membre de l’Union européenne, la Finlande doit suivre le régime

de sanctions décidé à Bruxelles. Cela doit il amener la Finlande à porter un regard différent sur ses

relations bilatérales avec la Russie ? La réponse est non.

Pourquoi solliciter l’avis d’experts ?

Cette réponse négative explique probablement pourquoi le gouvernement finlandais a voulu avoir

l’avis d’experts indépendants sur la question la plus délicate et la plus difficile qui se pose au pays

en matière de politique étrangère et de sécurité. C’est sans doute aussi pour cela que le groupe

d’experts ne compte aucun représentant de l’élite politique finlandaise.

Il a même été fait appel à des experts étrangers : un Français, M. François Heisbourg, et un Suédois,

M. Mats Bergquist, qui sont tous deux des spécialistes des affaires étrangères réputés et respectés.

Les deux autres experts du groupe sont finlandais : M. René Nyberg, ancien ambassadeur, et Mme

Teija Tiilikainen, directrice de l’Institut finlandais des affaires internationales (UPI).

Le rapport d'une soixantaine de pages a été remis le 29 avril 2016 au ministre finlandais des

Affaires étrangères, M. Timo Soini, qui, lors de la conférence de presse organisée pour l'occasion,

est apparu très satisfait et a remercié publiquement le groupe d’experts pour son excellent travail.

Mais les premiers commentaires entendus dans la classe politique après la diffusion du document

n'ont guère été encourageants.

« Rien de neuf ».

Aussitôt, des critiques se sont élevées : selon ses détracteurs, le rapport n’apporte rien de neuf, tout

ce qui y figure est déjà connu, et rien dans son contenu n'est de nature à les faire changer d’avis.

Pour ceux qui l'avaient commandé, le rapport prouvait que « la politique du pays avait toujours été

la bonne » : s'abstenir de toute alliance militaire, développer une étroite coopération avec l’OTAN et

se réserver la possibilité de demander l'adhésion.

En fait, on trouve dans ce rapport de nombreux éléments nouveaux. Et quoi qu'il en soit, il témoigne

du grand amateurisme qui a caractérisé jusqu’ici le débat public finlandais sur l’adhésion du pays à

l’OTAN, lequel a fait la part belle aux réactions épidermiques plutôt qu'aux faits, aux hypothèses

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Pièce n° 3

2/5

gratuites plutôt qu'aux analyses rigoureuses, et aux certitudes plutôt qu'à une véritable connaissance

de la question.

Au-delà du mandat.

Le groupe d’experts n’a pas été chargé de rendre un avis « pour ou contre » l’adhésion à l’OTAN, ni

de procéder à une analyse des avantages et des inconvénients d’une telle adhésion.

Il lui a été simplement demandé d’essayer d’évaluer de la manière la plus « clinique » possible les

effets que pourrait avoir l’adhésion de la Finlande à l’OTAN. Les conclusions finales seront tirées

par le gouvernement finlandais, après la publication, plus tard dans l'année, d’un rapport global sur

la politique étrangère et de sécurité.

Le groupe d’experts s’en est tenu à une interprétation stricte de son mandat, sauf sur un point

important : il lui est tout de suite apparu que le choix – commun ou unilatéral – que feraient la

Finlande et la Suède d’entrer ou non dans l’OTAN pouvait avoir des effets différents sur la sécurité

et la défense de la Finlande.

Il a donc décidé d’étendre son analyse afin d’y inclure l’hypothèse de l’adhésion de la seule Suède à

l’OTAN, étant donné qu’un tel scénario mettrait fin pour la Finlande au statu quo stratégique et

militaire dans la région.

Vers un retour à l’équilibre ?

Le plus long chapitre du document est consacré à l’évolution de l’environnement stratégique. Il est

divisé en deux parties : l’une porte sur la Russie, l’autre sur l’état des cadres de sécurité collective

en Europe.

Pour le groupe d’experts, il est clair que la Russie, puissance déterminée et insatisfaite – un pays

gouverné par l’homme, et non par la loi –, a provoqué d’importants changements négatifs en

Europe. Elle mène une politique ambiguë, et elle s’enorgueillit d’un processus décisionnel qu'elle

veut aussi impénétrable qu'imprévisible. En outre, la rapidité avec laquelle la Russie prend ses

décisions stratégiques ainsi que la vitesse et la souplesse avec lesquelles elle les met en œuvre sur

les plans militaire et politique la différencient de l’empire tsariste ou de l’Union soviétique.

En Europe, l'ambition d'une sécurité fondée sur la coopération est mise à mal par l’assertivité

croissante de la Russie et sa politique de puissance. Le modèle d’ordre international prôné par la

Russie repose sur un équilibre entre les principales puissances, qui s'attachent à maintenir leur droit

à des sphères d’influence.

Le mépris flagrant affiché par la Russie à l’égard du système de normes et de mesure de confiance

qui est en place accroît la méfiance, ce qui a pour effet d’accentuer la confrontation politique et les

tensions militaires dans la région de la mer Baltique également. Étant donné le risque grandissant

d’incidents militaires et l’intensification des activités militaires, la sécurité de la Finlande est

désormais jugée vulnérable.

Sécuriser le Nord.

Dans le même temps, sur le plan stratégique, il est important pour la Finlande et la Suède que la

côte sud du golfe de Finlande et la côte est de la mer Baltique restent en accès libre. Il est donc dans

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Pièce n° 3

3/5

l’intérêt de ces deux pays que la sécurité des États baltes soit renforcée à l’aide de moyens militaires

adéquats.

Du point de vue de l’OTAN, l’adhésion simultanée de la Finlande et de la Suède (ou l’adhésion de

la Suède seule) serait opportune. Pour contourner les difficultés liées au déni d’accès et à

l’interdiction de zone (A2/AD) que pose l’enclave de Kaliningrad et apporter un soutien aux États

baltes pour leur défense, il faudrait probablement passer par la Suède. Pour le groupe d’experts, il

est évident qu’en cas de crise grave ou de conflit militaire, la Finlande et la Suède seraient

impliquées.

Face à l'évolution de la posture de la Russie et à son activité militaire, la Suède reconstruit sa

défense territoriale. Quant à la Finlande, dont la posture de défense repose sur la défense territoriale,

la conscription obligatoire pour tous les citoyens de sexe masculin et une armée de réserve bien

entraînée de 230 000 hommes, elle maintient sa politique de dissuasion par interdiction.

La modification du contexte militaire provoquée par l’occupation de la Crimée est également à

l'origine d'une initiative finno-suédoise totalement inédite ayant amené les deux pays à intensifier

leurs efforts de défense, et notamment à entamer des préparatifs en vue d'une coopération militaire

dans des conditions de crise.

Les différents scénarios possibles.

Les experts ont fait de l’excellent travail en expliquant en détail la signification d’une adhésion à

l’OTAN. Dans leur rapport, ils décrivent aussi bien la finalité première de l’OTAN que les autres

éléments d'une adhésion pleine et entière.

En étendant son mandat, le groupe d’experts a pu étudier méthodiquement les quatre possibilités qui

s’offrent aux deux pays, à savoir :

● la non adhésion à l'Alliance pour la Finlande comme pour la Suède ;

● l’adhésion de la Finlande seule à l’OTAN ;

● l’adhésion de la Suède seule à l’OTAN ;

● l’adhésion des deux pays à l’OTAN.

Dans le rapport, cependant, seules les trois dernières solutions sont analysées en détail. On y part –

assez justement – du principe qu’aucun des deux gouvernements en place n’agira avant les élections

législatives qui se tiendront en 2018 (en Suède) et en 2019 (en Finlande), à moins que des

événements particulièrement dramatiques se produisent dans les régions voisines.

Y a-t-il une « voie express » ?

Si le groupe d’experts s’est attaché à étudier les implications qu’aurait une adhésion du point de vue

des deux pays concernés et comme du point de vue de l’OTAN, et à analyser en détail les aspects

administratifs, techniques et budgétaires, il a également réfléchi à une « voie express » : il s'agirait

de déclarer les engagements prévus à l’article 5 applicables avant même que la Finlande et/ou la

Suède soient devenues membres à part entière de l’OTAN.

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Pièce n° 3

4/5

Le recours à une telle procédure serait une grande première pour l’Alliance. Compte tenu du haut

degré d’interopérabilité militaire entre l’OTAN, la Finlande et la Suède, cette solution serait

relativement simple à mettre en œuvre sur le plan technique. Sur le plan politique, toutefois, elle

pourrait se heurter à de grandes difficultés et incertitudes car elle était totalement absente du débat

en Finlande.

Réaction de la Russie.

Quelle serait alors la réaction de la Russie à une demande d’adhésion et/ou à une adhésion ?

Selon le groupe d’experts, les relations entre la Finlande et la Russie en seraient fortement altérées,

et la réaction politique serait très dure. Lorsque, fin 2015, la Russie a autorisé 2 000 ressortissants

de pays tiers à franchir la frontière avec la Finlande sans visa approprié à deux points de contrôle

situés au nord du pays, elle a enfreint de manière inattendue et non provoquée le régime frontalier

en vigueur. Cet incident illustre la propension de la Russie à créer un problème puis à l’exploiter

pour ensuite proposer de le gérer sans le résoudre pour autant.

Au cours du processus d’adhésion, qui pourrait se dérouler à un rythme accéléré, le climat serait

empoisonné et le commerce pourrait être durement frappé. L’agenda bilatéral traditionnel de la

Finlande volerait en éclats.

Risque de frappe militaire.

Le groupe d’experts rappelle toutefois que la réaction de la Russie aux élargissements successifs de

l’OTAN a presque toujours suivi le même schéma : d’abord l’opposition, parfois virulente et

accompagnée de pressions politiques et économiques, puis le consentement tacite, et enfin, une fois

que l’élargissement a eu lieu, le retour à la situation diplomatique et économique antérieure.

Selon le groupe d’experts, une réaction militaire directe de la Russie serait très peu probable, car

cette dernière ne voudrait pas prendre le risque de s’exposer à une riposte de type article 5. Le

rapport ne s'est d'ailleurs guère arrêté sur cette éventualité, qui est pourtant au cœur du débat en

Finlande.

Dans un essai dont le sérieux ne fait aucun doute, un ancien premier ministre finlandais, M. Matti

Vanhanen, a laissé entendre que l’adhésion de son pays à l’OTAN en ferait presque

automatiquement la cible d’une frappe militaire de la Russie. Sur un blog, un ancien ministre

finlandais des Affaires étrangères, M. Erkki Tuomioja, a même évoqué la possibilité d’une attaque

nucléaire.

« Il existe une limite ».

Lors de la conférence de presse du groupe d’experts, M. François Heisbourg a assuré que les

entretiens qu’il avait eus à Moscou avaient montré qu’il existait une différence nette entre le cas de

la Finlande et ceux de la Géorgie et de l’Ukraine. Il a souligné qu’il y avait clairement « une limite

à l’irrationalité du processus décisionnel de la Russie en matière de politique étrangère ».

Concernant la réaction de la Russie, le groupe d’experts fait un constat important, qu’il qualifie de

paradoxe : la Russie essaie de dissuader la Finlande et/ou la Suède d’adhérer à l’Alliance en les

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Pièce n° 3

5/5

intimidant plutôt qu’en les rassurant. Cet aspect du comportement de la Russie, ou ses implications

profondes, n’ont jamais été publiquement débattus en Finlande.

Un changement radical en perspective ?

Dans son rapport, le groupe d’experts souligne à maintes reprises que la décision d’entrer dans

l’Alliance et d’être couvert par l’engagement de défense collective énoncé dans l’article 5

constituerait un changement radical qui métamorphoserait la politique de sécurité de la Finlande en

général et sa relation avec la Russie en particulier.

Ce n'est pas dans le domaine de la politique et des arrangements militaires que les effets de cette

décision se feraient le plus sentir ; le changement serait plutôt de nature géopolitique et stratégique.

Et l'engagement serait pris pour le long terme.

Par ailleurs, le choix du moment est un élément crucial : d’une part, il ne faut pas précipiter la prise

de décision et, d’autre part, une demande d’adhésion pourrait s’avérer difficile si de graves troubles

venaient à éclater dans la région de la Baltique.

Aujourd’hui, la Finlande se sert de la possibilité de solliciter une adhésion à l’OTAN comme d’une

menace implicite pour tenter de garder un levier face au dilemme géopolitique dans lequel son

imprévisible voisin l'a enfermée. En choisissant de ne pas agir seule, la Finlande laisse cependant

l’avenir de sa propre sécurité dans les mains de Moscou, de Stockholm ou encore de Bruxelles.

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Pièce n° 4

1/8

Le blog de Paul Quilès

12 avril 2017

L'OTAN et la Russie: risque de confrontation militaire?

Ce texte de Paul Quilès, rédigé en octobre 2016,

vient d'être publié par la revue Recherches Internationales

L’aggravation des tensions entre l’OTAN et la Russie :

vers la réapparition d’un risque sérieux de confrontation militaire ?

Les relations entre l’OTAN et la Russie n’ont jamais été franchement bonnes, au moins

depuis l’intervention alliée contre les forces serbes pour venir au secours des Kosovars sans

mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies (mars-juin 1999). Les griefs de la Russie à

l’égard des États-Unis et de l’OTAN sont nombreux et anciens. Ils ont été détaillés par le

président Poutine en février 2007 lors de la rencontre annuelle de Munich sur la sécurité avec

une brutalité qui a surpris de nombreux observateurs : recours à la force sans accord du

Conseil de sécurité, blocage du processus de désarmement conventionnel en Europe,

construction d’un système de défense contre les missiles balistiques susceptible de porter

atteinte à la crédibilité de la dissuasion russe, extension de l’OTAN jusqu’aux frontières de la

Russie, recherche par les États-Unis d’une position hégémonique dans le monde. De leur côté,

les États-Unis et l’Union européenne multipliaient également les reproches à l’égard de la

Russie : usage abusif du veto au sein du Conseil de sécurité en présence de crises

humanitaires, violations massives des droits de l’homme par les autorités russes, notamment

en Tchétchénie, atteinte à la souveraineté de plusieurs anciennes Républiques soviétiques

comme la Moldavie ou la Géorgie, refus de reconnaître le droit de tout État à choisir ses

alliances, développement d’une propagande anti-occidentale et anti-américaine.

Pourtant, dans les années qui ont immédiatement suivi la dissolution du Pacte de

Varsovie et la fin de la Guerre froide, la Russie avait semblé se rapprocher durablement des

États-Unis et de l’OTAN : elle participait aux côtés de tous les autres pays du continent

européen, des États-Unis et du Canada à une nouvelle organisation permanente de sécurité :

l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) créée en 1994. Cette

organisation a vocation à organiser de manière coopérative la sécurité de l’ensemble du

continent européen sur la base de dix principes agréés dès 1975 à Helsinki et comprenant

notamment le refus de la menace ou de l’usage de la force, ainsi que le règlement pacifique

des différends. La Russie avait également conclu avec l’OTAN, comme les autres pays de

l’ancien Pacte de Varsovie, un « partenariat pour la paix » en 1994. Une instance permanente

de consultation et de coopération entre la Russie et l’OTAN était créée en 1997 et devenait en

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Pièce n° 4

2/8

2002 le Conseil OTAN-Russie. Parallèlement s’enclenchait une dynamique de désarmement :

l’OTAN se transformait radicalement en réduisant fortement ses capacités : l’effectif des

forces américaines passait de plus de 200 000 à moins de 70 000 hommes, tous les alliés

procédaient à des réductions comparables de leurs armées et les forces russes, beaucoup

moins nombreuses, se repliaient en quasi-totalité sur le territoire de la Russie. Un traité sur les

forces conventionnelles en Europe, entré en vigueur en juillet 1992 devait éliminer les

disparités entre les armements classiques des différents pays européens, de l’Ouest comme de

l’Est. De fortes réductions intervenaient également dans le domaine nucléaire : après

l’élimination des « euromissiles » ou missiles nucléaires de portée intermédiaire (FNI) dès la

fin des années 1980, on assistait à un retrait d’Europe de la plupart des armes nucléaires

tactiques américaines, les armes russes comparables n’étant plus déployées qu’en Russie. Des

négociations russo-américaines permettaient par ailleurs de notables réductions des armes

stratégiques, selon un processus qui a mené à un plafond de 1550 têtes déployées de part et

d’autre dans le cadre du traité New START de 2010.

Aujourd’hui, les relations entre l’OTAN et la Russie semblent avoir changé du tout au

tout. À la suite des ingérences russes en Ukraine et de l’annexion de la Crimée par la Russie,

les pays de l’OTAN ont suspendu en avril 2014 toute coopération militaire avec ce pays. Des

sanctions d’une sévérité croissante ont été décrétées contre la Russie : elles entraînent

notamment une quasi-paralysie des échanges financiers entre la Russie et les pays

occidentaux. Les démonstrations de force se multiplient des deux côtés.

L’intervention militaire de la Russie aux côtés du régime du président Assad en septembre

2015 a encore détérioré les relations russo-occidentales. Les forces aériennes russes opèrent à

présent dans le ciel syrien, tout comme celles de la coalition internationale constituée par les

États-Unis pour combattre l’organisation dite « État islamique » en Syrie et en Irak. Là aussi

des risques d’incidents militaires graves subsistent malgré les accords ponctuels de «

déconfliction » visant à les éviter.

Quelles sont les causes de ces tensions ? Pourrait-on assister à un affrontement entre

forces russes et de l’OTAN ? Dans ce cas, comment le prévenir ? Y a-t-il des initiatives qui

pourraient conduire à la reprise du dialogue et à la restauration de la confiance dans la

perspective d’une nouvelle architecture de sécurité euro-atlantique ?

1- Les obstacles structurels au rapprochement de l’OTAN et de la Russie

La situation actuelle de tension entre l’OTAN et la Russie a des causes largement

structurelles. Pendant plus de quarante ans, l’Europe avait été le terrain possible de

l’affrontement de deux blocs militaires antagonistes (l’OTAN et le Pacte de Varsovie). Cette

menace avait conduit les pays d’Europe occidentale à rechercher la protection nucléaire

américaine, à souhaiter la présence de soldats américains sur leur sol et à accepter leur

leadership. L’OTAN qui était le cadre essentiel de la coopération entre l’Europe occidentale

et les États-Unis en matière de sécurité et de défense puisait sa légitimité dans cette situation.

Seul le général de Gaulle avait tenté un rééquilibrage des pôles européen et américain de

l’Alliance. Son ambition était de faire de la France une puissance fédératrice des intérêts

européens afin d’amener l’Europe à affirmer son autonomie stratégique à l’égard des États-

Unis. Cette ambition s’est exprimée en octobre 1961 dans le Plan Fouchet et dans le traité

franco-allemand de l’Élysée (1963). Elle s’est heurtée au refus des autres pays européens,

dont l’Allemagne, de s’engager dans une politique de contestation du leadership américain.

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Pièce n° 4

3/8

Mais le général de Gaulle a continué sur la même ligne, ce qui l’a conduit à décider en mars

1966 le retrait de la France des structures militaires intégrées de l’OTAN (mais non de

l’Alliance en tant que telle). Il considérait que l’autonomie stratégique de l’Europe pouvait

rendre possible une entente pragmatique avec l’URSS.

Lorsque Mikhaïl Gorbatchev propose en 1988 la construction d’une « maison commune

européenne » par l’établissement de relations de partenariat à l’échelle du continent, les

réactions des gouvernements occidentaux sont généralement hésitantes. Ils craignent une

manœuvre de division entre l’Europe occidentale et les États-Unis.

François Mitterrand formule alors l’idée de donner à cette « maison commune » un

contenu concret à travers un ensemble d’accords paneuropéens non seulement de

désarmement et de sécurité mais aussi de coopération économique, scientifique et

technologique. Fin 1989, François Mitterrand propose une confédération paneuropéenne

incluant l’URSS. Le but n’est pas de s’opposer aux États-Unis mais de trouver un cadre où les

intérêts européens puissent être exprimés entre Européens. Ce projet échoue néanmoins pour

deux raisons : la volonté des pays d’Europe centrale et orientale de rejoindre au plus vite

l’Europe communautaire ; la crainte générale des Européens d’affaiblir l’OTAN.

En effet, avec la fin de la confrontation des blocs militaires, l’Alliance atlantique semblait

perdre beaucoup de sa signification politique et militaire. Son existence même paraissait

pouvoir être remise en cause. On comprend que, dans ce contexte, toute démarche tendant à

écarter les États-Unis d’un forum paneuropéen incluant l’URSS ne pouvait que susciter

l’hostilité de tous ceux qui ne concevaient pas d’Europe sans leadership américain.

L’Alliance atlantique remplissait, dès sa création, trois fonctions fondamentales : enraciner

la présence américaine dans le paysage stratégique européen ; arbitrer, grâce à cette présence,

entre les intérêts stratégiques des Européens (en particulier, dans les premières années de

l’organisation, intégrer l’Allemagne à la défense de l’Europe occidentale sans inquiéter ses

partenaires) et surtout affranchir l’Europe occidentale des menaces ou pressions soviétiques.

L’importance relative de ces trois fonctions s’est modifiée après la disparition des blocs mais

leur pertinence n’a pas été remise en cause : les Européens considèrent toujours la présence

américaine comme nécessaire pour les prémunir contre un éventuel retour offensif de la

puissance russe ; ils sont attachés au leadership américain parce qu’il facilite la conciliation

des intérêts stratégiques de tous les pays membres, quelle que soit leur puissance. Enfin,

l’existence de l’OTAN écarte l’hypothèse d’un droit de regard de la Russie sur la sécurité de

l’Europe. La plupart des pays membres de l’Alliance refusent en effet toujours la perspective

qu’une Russie, même démocratique, soit étroitement associée à l’OTAN : pour limité que soit

le poids économique de la Russie, sa position géopolitique, son statut militaire et politique,

l’importance de sa population ne pourraient, à leurs yeux, que déséquilibrer l’OTAN.

2- Un éloignement progressif, provoqué par des désaccords de fond entre la Russie et

l’OTAN

Dès les années 1990, la Russie jugeait que les pays occidentaux refusaient toute réelle

prise en compte de ses intérêts de sécurité, alors que cette perception russe était considérée

comme excessive et injustifiée par l’OTAN qui mettait en avant ses propres offres de

dialogue, depuis le partenariat pour la paix jusqu’au Conseil OTAN-Russie. À ces griefs

réciproques s’ajoutait une incompréhension fondamentale : la Russie refusait d’admettre

qu’elle avait perdu la guerre froide en raison de l’échec économique, social et politique du

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Pièce n° 4

4/8

système soviétique dont elle avait été partie prenante et l’OTAN, ainsi que l’Union

européenne, restaient sourdes aux messages que leur adressait la Russie.

Au début des années 1990, l’image de la Russie était profondément dégradée à l’Ouest :

avec un PIB égal à celui du Portugal, la Russie était vue comme un pays en développement

doté d’armes nucléaires. Le chaos de la transition, la corruption, l’enrichissement

considérable des « oligarques » qui avaient mis la main sur les industries nouvellement

privatisées, la répression brutale des indépendantistes tchétchènes, l’image désastreuse du

président Eltsine, tout cela conduisait les pays de l’OTAN à se représenter la Russie comme

un pays faible, très éloigné des valeurs occidentales, auquel toutes les décisions occidentales

pouvaient être unilatéralement imposées. En Russie, cette situation était vécue avec un

profond sentiment d’humiliation.

En conséquence, l’idée d’intégrer la Russie sur un pied d’égalité dans les structures de

sécurité euro-atlantiques n’a jamais été prise au sérieux à l’Ouest. L’OSCE est restée faible,

sans statut juridique solide, soumise à la règle paralysante du consensus et le Partenariat pour

la paix entre la Russie et l’OTAN dépourvu de contenu significatif.

L’évolution de l’OTAN était en outre perçue par la Russie comme fondamentalement

contraire à ses intérêts. Si la Russie a approuvé l’intervention aérienne de l’OTAN en Bosnie-

Herzégovine pour faire respecter l’interdiction de survol du pays au cours de l’année 1994,

elle a exprimé son désaccord avec l’engagement direct de l’organisation à partir d’août 1995,

estimant qu’il allait au-delà du mandat du Conseil de sécurité. Quant à l’intervention aérienne

de l’OTAN lors de la crise du Kosovo en 1999, la Russie l’a expressément condamnée en

raison de l’absence d’autorisation du Conseil de sécurité. Alors que l’OTAN se cherchait une

nouvelle légitimité dans les missions de gestion des crises, la Russie insistait pour que ces

missions restent sous le contrôle étroit du Conseil de sécurité, conformément à la Charte des

Nations Unies, et donc potentiellement soumises à son veto et à celui de la Chine.

Plus encore que la gestion des crises, c’est toutefois l’élargissement de l’OTAN aux pays

d’Europe centrale et orientale qui a profondément inquiété la Russie. Dès la dissolution du

Pacte de Varsovie en 1991, avant même l’éclatement de l’URSS, Moscou exprimait son

opposition à cet élargissement. Toutefois, sous la pression des États-Unis et des pays

d’Europe centrale, les dirigeants alliés affirmaient en janvier 1994, que l'Alliance restait

ouverte à l'adhésion d'autres États européens. En 1997, la Hongrie, la Pologne et la

République tchèque sont invitées à adhérer à l’OTAN. Une modeste contrepartie est concédée

à la Russie : la signature d’un Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité

mutuelles qui lui accorde deux garanties : les Alliés affirment « qu'ils n'ont aucune intention,

aucun projet et aucune raison de déployer des armes nucléaires sur le territoire de nouveaux

membres ». Ils s’engagent en outre à éviter le « stationnement permanent supplémentaire

d'importantes forces de combat » sur ce territoire. Par ailleurs un mécanisme permanent de

coopération est créé sous la forme d’une instance spécifique, dénommée en 2002 Conseil

OTAN-Russie.

Selon les dirigeants russes, les Occidentaux avaient promis à l’URSS, pour lui faire

accepter le maintien dans l’Alliance de la future Allemagne unifiée, qu’il n’y aurait pas

d’extension de l’OTAN au-delà de l’ancienne ligne de séparation des deux blocs. De fait, le

traité d’unification de l’Allemagne exclut la présence de troupes étrangères et de forces

nucléaires sur le territoire de l’ex-RDA, Dans l’esprit des négociateurs de ce traité, il n’était

donc pas envisagé, dans le contexte de l’année 1990, d’étendre l’OTAN au-delà de l’ancien «

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Pièce n° 4

5/8

rideau de fer », ce que rappelle fréquemment Mikhaïl Gorbatchev. Aucun engagement écrit

n’a été pris sur ce point par les Occidentaux mais, lorsque le processus d’élargissement de

l’OTAN a été lancé, les responsables politiques russes se sont sentis trompés. Aujourd’hui,

une dynamique d’élargissement de l’OTAN à des pays situés au pourtour de la Russie ou dans

des zones d’intérêt stratégique pour celle-ci est enclenchée, sans qu’aucune limite n’ait été

fixée à ce processus : à la vague de 2004 qui concernait, outre les pays baltes, la Bulgarie, la

Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie a succédé, en 2008, l’affirmation que l’Ukraine et la

Géorgie rejoindraient un jour l’organisation puis, en 2009, l’adhésion de l’Albanie et de la

Croatie et sans doute bientôt du Monténégro. D’autres adhésions pourraient suivre en

application de la politique dite de « porte ouverte ». Or s’il est vrai que tout État est libre du

choix de ses alliances, cette liberté ne peut s’exercer au détriment des intérêts de sécurité des

autres États. La clarification souhaitée sur ce point par le président Medvedev lorsqu’il

proposa en 2008 la négociation d’un traité de sécurité européen a été refusée par les

Occidentaux.

L’édification par l’OTAN d’un système de défense du territoire européen contre les

missiles balistiques est également source d’irritation du côté russe. Contrairement aux

promesses initiales, aucun engagement concret n’a été pris par l’OTAN pour rassurer la

Russie sur l’absence d’impact de ce système sur la crédibilité de sa propre dissuasion.

De son côté, Vladimir Poutine, même lors de la brève présidence de Dmitri Medvedev,

n’a pas cessé d’accentuer l’orientation anti-occidentale de la politique russe : modernisation

accélérée des forces nucléaires et conventionnelles à partir de 2008, riposte disproportionnée à

une tentative géorgienne de réoccupation des territoires séparatistes d’Ossétie du Sud et

d’Abkhazie (2008), intensification de la propagande nationaliste et de la répression contre les

mouvements politiques réclamant une démocratisation du régime (2011-2013), enfin

annexion de la Crimée et soutien à un mouvement séparatiste dans l’Est de l’Ukraine, après la

chute du président Yanoukovitch, qui venait de refuser un accord de partenariat avec l’Union

européenne (2014).

Les responsabilités de cette crise ukrainienne sont principalement russes mais les pays

occidentaux y ont également contribué : l’accord d’association que proposait la Commission

européenne à l’Ukraine dans le cadre du partenariat oriental ne tenait aucun compte des

intérêts légitimes de la Russie. Les propositions russes d’intégration de l’Ukraine dans une

union économique eurasiatique étaient considérées comme radicalement incompatibles avec

le partenariat européen alors qu’un compromis préservant les liens économiques russo-

ukrainiens aurait pu être envisagé. De plus, le partenariat européen présentait une dimension

de défense et de sécurité qui ne pouvait qu’inquiéter la Russie. Enfin, même s’il abusait de

son pouvoir et pratiquait la corruption à grande échelle, le président Yanoukovitch avait été

régulièrement élu dans des conditions démocratiques reconnues par les Occidentaux eux-

mêmes. Un compromis conduisant à des élections anticipées avait été négocié grâce à la

médiation de la France, de l’Allemagne et de la Pologne. Il a été remis en cause le lendemain

de sa signature sous la pression de la foule. Ces circonstances expliquent (sans les justifier)

les réactions brutales du président Poutine, d’autant plus qu’aucune démarche n’a alors été

faite du côté américain et européen pour apaiser les tensions.

En septembre 2015, la Russie intervient en Syrie pour sauver le régime du président

Assad. Trois motivations peuvent être discernées derrière cette action : empêcher un nouveau

changement de régime soutenu par l’Occident, prévenir l’arrivée au pouvoir de forces

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Pièce n° 4

6/8

islamistes sunnites soupçonnées de vouloir inciter les régions musulmanes de Russie à la

rébellion, sauvegarder une présence et des intérêts, notamment militaires.

Au total, la Russie entend « retrouver son rang, être respectée, rejouer un rôle de premier

plan en Europe et au Moyen-Orient[1] ». Elle est prête dans ce but à risquer la confrontation

avec les États-Unis et leurs alliés.

3 - Les dangers de la situation actuelle de confrontation entre l’OTAN et la Russie

À la suite de la crise ukrainienne, l’OTAN, qui s’était embourbée dans la gestion des

crises, en particulier en Afghanistan, a pu recentrer son discours et ses priorités sur la défense

territoriale en espérant y puiser une nouvelle légitimité. Les sommets alliés de Newport (Pays

de Galles) (septembre 2014) et de Varsovie (juillet 2016) ont défini dans cette perspective un

véritable programme de réarmement. Au pays de Galles, l’OTAN a décidé d’accroître les

capacités de sa Force de réaction rapide en portant son effectif à 40 000 hommes. Une force

opérationnelle interarmées de 5 000 hommes à très haut niveau de préparation est créée. À

Varsovie, ce dispositif est complété par une présence multinationale renforcée à l’avant en

Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne sous la forme de quatre groupements tactiques

de 1 000 hommes chacun, déployés par rotation de manière à rester dans les limites permises

par l’Acte fondateur de 1997.

Les États-Unis renforcent également leur présence en Europe. En février 2016,

l’administration Obama dote son Initiative de réassurance pour l’Europe (IRE) d’un budget

annuel de 3,4 milliards de dollars. Le nombre des brigades blindées de combat américaines

stationnées en Europe par rotation passe de deux à trois. Simultanément, l’OTAN augmente le

nombre de ses exercices (280 en 2015) et organise des manœuvres de grande ampleur.

La Russie n’est pas en reste. Elle continue à moderniser ses forces à un rythme soutenu

malgré ses difficultés économiques, le budget de la défense bénéficiant d’une haute priorité.

Ses frontières occidentale et méridionale bénéficient d’une attention toute particulière.

L’année 2015 a vu l’arrivée, dans le district militaire occidental, de la nouvelle 1ère armée de

blindés et d’une trentaine d’unités militaires de divers types.

Ces déploiements de part et d’autre accroissent le risque d’incidents militaires imprévus

susceptibles de dégénérer en affrontement armé. Les forces déployées par l’OTAN aux

frontières orientales de ses membres sont sans doute trop réduites pour contenir une attaque

de grande envergure, mais leur concept d’emploi est dangereux : elles doivent en effet jouer le

rôle de « fil déclencheur » (tripwire) entraînant une riposte plus que proportionnelle avec des

moyens, non seulement conventionnels mais aussi nucléaires. L’OTAN a en effet mis l’accent

lors de son sommet de Varsovie sur la nécessité de maintenir dans son dispositif aéroterrestre

des forces nucléaires tactiques. Les actuelles bombes nucléaires à gravité américaines en

dotation dans les forces de quatre pays membres (Allemagne, Italie, Pays-Bas, et Belgique[2])

pourraient donc être utilisées dans un scénario de « rétablissement de la dissuasion », en cas

d’attaque russe de grande ampleur. Actuellement, ces armes sont largement obsolètes, ce qui

rend le scénario peu probable mais leur remplacement par des bombes guidées à énergie

réglable est prévu à l’horizon 2020. À plus court terme, d’autres armes nucléaires

américaines, britanniques, voire françaises pourraient également être mises en œuvre.

La dimension nucléaire d’un éventuel affrontement entre la Russie et l’OTAN est

renforcée par la mise en place du système de défense antibalistique du territoire européen.

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Pièce n° 4

7/8

Lors du sommet de Varsovie, il a été déclaré que ce système dispose à présent d’une capacité

opérationnelle initiale. Ses premiers éléments opérationnels sont déployés en Roumanie.

D’autres basés en Pologne doivent être déclarés opérationnels en 2018. L’absence de toute

concertation avec la Russie et de toute transparence à l’égard de ce pays ne peut qu’accroître

la tension et susciter, du côté russe, l’élaboration de scénarios d’attaque préventive. De son

côté, le Kremlin met l’accent sur la dimension nucléaire de son dispositif militaire. Le

président Poutine a ainsi reconnu que les forces nucléaires russes avaient été mises en alerte

lors de l’annexion de la Crimée.

Comme l’a souligné un récent rapport de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, « le

risque de voir des armes nucléaires utilisées dans la région euro-atlantique n’a peut-être

jamais été aussi élevé depuis la fin de la Guerre froide[3] ». Dans la partie de bras de fer dans

laquelle la Russie et les États-Unis sont engagés depuis quelque temps aux niveaux régional et

international, des erreurs d’appréciation deviennent en effet de plus en plus vraisemblables.

4- Les voies de la reprise du dialogue et de la restauration de la confiance

Cette spirale de la confrontation entre l’OTAN et la Russie est dangereuse pour la sécurité

européenne. D'autres solutions que la dissuasion doivent être imaginées pour revenir à une

situation moins inquiétante. Plutôt que de s’installer dans une logique d’équilibre entre

puissances rivales, il convient d’opter pour une démarche de sécurité coopérative.

Les pays occidentaux doivent prendre conscience que le dialogue avec la Russie (comme

du reste avec la Chine et d’autres puissances émergentes) est essentiel pour résoudre les

conflits du Moyen-Orient et affronter les nouvelles menaces globales que sont la prolifération,

le terrorisme et les conséquences du changement climatique.

S’agissant de l’Ukraine, la perspective de son adhésion à l’OTAN accroîtrait les dangers de

confrontation. Il serait dans l’intérêt de toutes les parties qu’elle reprenne son rôle historique

de « pont » entre l’Est et l’Ouest.

Pour ce qui est des relations entre l’OTAN et la Russie, l’arrêt du dialogue est une erreur :

c’est en effet au moment où les tensions sont les plus fortes que la discussion est le plus

nécessaire. Le Conseil OTAN-Russie doit reprendre ses travaux en priorité pour mettre un

terme aux dangereux incidents aériens et navals constatés dans la période récente. Un accord

doit intervenir sur le respect de la lettre et de l’esprit des mesures de confiance et de sécurité

déjà décidées dans le cadre de l’OSCE. Ces mesures doivent être renforcées et étendues.

Le même effort de dialogue doit conduire à une relance du désarmement dans les domaines

conventionnel, nucléaire et balistique. Les conversations doivent être reprises en vue

d’adapter et de remettre en vigueur un dispositif de limitation des armements conventionnels

en Europe. Des négociations doivent également s’engager sur les armes nucléaires tactiques.

Actuellement les États-Unis disposent de 760 de ces armes dont environ 180 sont déployées

en Europe. Le nombre de têtes opérationnelles de ce type possédées par la Russie pourrait être

de 2 000. Au retrait des armes américaines d’Europe devrait donc répondre une réduction des

armes russes et leur éloignement des frontières occidentales de la Russie. Le traité russo-

américain sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI) doit impérativement être préservé,

au besoin par l’activation et le renforcement de ses mécanismes de vérification. Enfin,

l’OTAN pourrait offrir à la Russie des garanties de transparence sur son système antimissile.

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Pièce n° 4

8/8

********

Au sommet de Varsovie de juillet dernier, les pays membres de l’OTAN devaient

manifester leur volonté de renforcer leur dissuasion et d’engager le dialogue avec la Russie

mais c’est surtout de dissuasion qu’il a été question. L’OTAN est, depuis la fin de la Guerre

froide, en quête de légitimité. En organisant la participation des États-Unis à la défense de

l’Europe, elle contribue sans doute aux équilibres stratégiques sur le continent européen. Mais

elle ne convaincra pas les Européens de sa légitimité si elle ne réussit pas participer, avec une

Union européenne plus forte et plus consciente de ses intérêts, à la construction d’une

nouvelle architecture de sécurité, où la Russie aura également sa place. De plus, l’OTAN ne

pourra pas faire elle-même l’impasse sur le respect par ses membres – notamment la Turquie-

des « valeurs » dont elle se considère la dépositaire.

[1] Hubert Védrine, Le monde au défi, Fayard, 2016, p. 39

[2] Ces bombes sont également stockées en Turquie, mais les forces aériennes turques ne

semblent pas en mesure de les mettre en œuvre. Elles ne pourraient donc être employées que

par l’armée de l’air américaine.

[3] « La nouvelle posture de dissuasion de l’OTAN : du Pays de Galles à Varsovie », par

Joseph Day, rapporteur général de la commission de la défense et de la sécurité.

http://paul.quiles.over-blog.com/2017/04/l-otan-et-la-russie-risque-de-confrontation-

militaire.html

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Pièce n° 5

1/2

Le Tour du monde des idées par Brice Couturier

du lundi au vendredi à 11h53

https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/kaliningrad-enclave-

russe-coincee-entre-deux-membres-de-lotan

Kaliningrad, enclave russe coincée entre

deux membres de l'OTAN

27/02/2017

Les Baltes redoutent de faire l'objet d'un nouveau partage de l'Europe entre une Russie

nostalgique de son empire soviétique et une administration américaine en proie à

l'isolationnisme.

Après la deuxième guerre mondiale, les puissances victorieuses se livrèrent à toute sorte de

rectifications de frontières et à des expulsions massives de populations.

Le très regretté anthropologue Ernst Gellner disait que l’Europe centrale ressemblait, avant

cette guerre, à un tableau de Kokoschka. La plupart des Etats de la région ne

correspondaient pas à un seul peuple ; ils étaient pluriethniques. 1/3 des citoyens polonais

étaient ukrainiens, juifs ou allemands. Plus de 3 millions d’Allemands vivaient dans les

Sudètes, en Tchécoslovaquie. Il existait des peuples sans Etat, comme les Ruthènes qu’on

rencontrait aussi bien en Hongrie, dans l’est de la Pologne qu’en Serbie.

Après 1945, selon Gellner, la région s’est mise à ressembler bien davantage à un tableau de

Modigliani. Le temps des taches de couleur, des peuples entremêlés a laissé la place à celui

des grands aplats de couleur uniforme. Polonais et Ukrainiens ont échangé des millions de

nationaux, arrachées de leurs villages, dans un esprit de purification ethnique ; des millions

d’Allemands ont été chassés de villages qu’ils habitaient souvent depuis des siècles dans le

même esprit, sous la supervision de Joseph Staline.

Nul besoin de rappeler que la purification ethnique hitlérienne, elle, avait déjà abouti à ce

moment à la quasi-disparition d’un peuple entier - les Juifs d’Europe centrale, exterminés

dans des camps de la mort, ou tués à petit feu dans des ghettos coupés du monde.

Bien sûr, nul ne contesta à l’Union soviétique les immenses acquisitions territoriales que lui

avait concédées son allié d’alors, suite au Pacte Ribbentrop/Molotov. Les petites républiques

baltes, Lituanie, Lettonie, Estonie, qui avaient gagné leur indépendance en 1918 et avaient

dû la défendre ensuite contre les corps-francs allemands, furent annexées par l’Union

soviétique, qui les avait déjà envahies une première fois en 1940. Mieux, le Nord de la Prusse

orientale, autour de la vieille ville allemande de Königsberg, fut accordée à Yalta à Staline,

qui la réclamait comme tribut de guerre.

Königsberg, la ville d’Emmanuel Kant, en effet, a été fondée par les chevaliers teutoniques au

XIII° siècle. Elle devint par la suite la capitale du duché de Prusse, puis du royaume de

Prusse, d’où partit l’unification de l’Allemagne. Elle fut renommée Kaliningrad, en

hommage au président du Soviet suprême, Mikhail Kalinine, qui venait de mourir, en 1946.

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Pièce n° 5

2/2

La population allemande en fut expulsée en totalité et l’oblad, repeuplé de Russes, auxquels

on promettait les maisons allemandes qui avaient survécu aux bombardements. Cette région

est liée aussi à notre propre histoire, puisque c’est là que se déroulèrent deux des grandes

batailles de Napoléon 1er : Eylau (renommée Bagrationovsk) en février 1807 et Friedland

(aujourd’hui Pravdinsk) qui donne en juin de la même année aux troupes du maréchal Soult

l’accès à Königsberg.

Le généralissime de l’Union soviétique avait de bonnes raisons de vouloir annexer cette

enclave entre la Lituanie et la Pologne : Oh pas l’ambre, dont la région est le premier

détenteur au monde. Ni le pétrole offshore, qu’on ne savait pas encore exploiter en 1945.

Mais la position stratégique. A la différence des autres ports soviétiques, sur la Baltique, celui

de Kaliningrad est accessible en hiver sans brise-glace… Le port de Baltiisk, dans

l’enclave, est aujourd’hui encore le quartier général de la flotte russe de la Baltique. A

l’époque soviétique, c’était une zone militaire interdit d’accès. Une base navale d’où partaient

notamment les sous-marins.

Et l’enclave territoriale russe de Kaliningrad, hypermilitarisée par Vladimir Poutine, est

devenue – je cite Andrew Michta du Carnegie Endowment, « une épine dans le pied de

l’OTAN », « un avant-poste militaire de Moscou, coincé entre la Lituanie et la Pologne »,

deux Etats membres de l’OTAN. Kaliningrad est, ajoute, cet universitaire américain, un

élément essentiel du dispositif stratégique russe. C’est la pièce maitresse de ce que les

spécialistes de la défense appellent _Anti-Access/Area Denia_l. C’est-à-dire les moyens

militaires, missiles en particulier, susceptibles d’interdire à un ennemi de faire mouvement sur

un théâtre d’opération. Kaliningrad, enclave de la Russie entre deux Etats de l’OTAN, est

devenu l’un des points les plus chauds de la planète.

Pourtant, il s’en est fallu de peu que Kaliningrad joue un tout autre rôle dans les relations

entre la Russie et l’Europe. Après l’explosion de l’Union soviétique, les ministres les plus

libéraux de Boris Eltsine avaient imaginé en faire une sorte de Hong Kong russe. En

accordant à ce territoire des exemptions fiscales qui demeurent aujourd’hui, les Russes

comptaient y attirer les capitaux européens et y développer les activités économiques.

L’enclave a, en effet, connu une forte croissance, grâce notamment à ses pêcheries et à son

industrie mécanique. Mais elle est surtout devenue le paradis des trafiquants, un des centres

du trafic d’héroïne. Sa population (environ un million de Russes a été décimée par le Sida).

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Pièce n° 6

1/5

Tensions et renouveaux militaires en Europe

de l’Est

14 mars 2017

Par Simon Augier, diplômé en sécurité internationale et défense à l’Université Pierre

Mendès-France de Grenoble et auditeur jeune de l’Institut des Hautes Études de la Défense

Nationale (IHEDN).

https://ondesdechoc.wordpress.com/2017/03/14/tensions-et-renouveaux-militaires-en-europe-

de-lest/

Zone de tension historique entre l’Est et l’Ouest, les pays d’Europe orientale sont aujourd’hui

les plus exposés aux frictions récentes entre la Russie et l’Alliance Atlantique, notamment

depuis la deuxième guerre d’Ossétie du Sud en Géorgie (2008) et particulièrement depuis les

événements du Donbass en Ukraine (2014). Si la frontière entre les deux « blocs » s’étend des

Carpates à la mer Baltique[1], la Pologne et les États Baltes forment une zone tampon

évidente vis à vis de la Russie et de ses Etats-satellites (notamment la Biélorussie), dans le

cadre d’un affrontement géopolitique qui semble avoir survécu à la guerre froide.

Ces tensions exacerbées par les traumatismes historiques recouvrent des vulnérabilités réelles,

surtout à la lumière des manœuvres asymétriques entreprises par la Russie en Géorgie et en

Ukraine et des avantages stratégiques qu’offre l’enclave russe de Kaliningrad au cœur du

dispositif de l’OTAN. Cette dernière dont la crédibilité en tant qu’alliance militaire est

également entamée par les déclarations contradictoires du président américain Donald Trump,

qui a laissé entendre que les États-Unis (puissance dominante de facto de l’Alliance) devaient

repenser leur stratégie en Europe et renégocier la protection offerte par le traité en fonction

des contributions financières des États concernés au budget de l’Alliance[2]. Cette position

présidentielle est contrebalancée par les déclarations du secrétaire de la défense des USA, le

général Mathis, qui a défendu à la conférence de Munich en février dernier une position très

ferme face à la Russie, « dont les actions agressives de déstabilisation ont violé le droit

international »[3].

Malgré ces inquiétudes et les réactions tendues des pays concernés, il reste indispensable

toutefois de prendre du recul sur les risques réels d’un affrontement dans la région : les

manœuvres de la Russie et de ses alliés font écho aux exercices conjoints de l’OTAN, et la

guerre des nerfs est largement préférable à la guerre tout court.

La Pologne, pivot de l’OTAN à l’Est ?

Malgré les promesses de désengagement des États-Unis (dont la politique est relativement

inconsistante et dont les dépenses militaires déjà très élevées vont encore gonfler[4]), des

troupes et du matériel américain ont été déployés en grand-nombre en Pologne au début de

l’année, dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve de l’OTAN. Ce déploiement s’ajoute

aux exercices massifs Anakonda[5] de l’été 2016, au cours desquels 31 000 militaires de 24

pays membres de l’OTAN ont effectué des manœuvres conjointes sous commandement

polonais visant à simuler une invasion d’un adversaire non nommé – mais opposant,

incidemment, les « bleus » aux « rouges ». Enfin, des troupes françaises y seront

probablement déployées dans un futur proche[6].

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Pièce n° 6

2/5

Ces mouvements massifs de troupes n’ont pas manqué de soulever des protestations à

Moscou. Bien que les communications diplomatiques soient toujours actives entre Varsovie et

Moscou, les relations entre les deux pays restent tendues. Si elles n’ont jamais été

spécialement apaisées depuis la chute de l’URSS, elles sont aujourd’hui aggravées par les

accusations de l’actuel gouvernement polonais, selon lequel la catastrophe aérienne de

Smolensk le 10 avril 2010 au cours de laquelle le président de l’époque Lech Kaczynski ainsi

qu’une partie de son état-major ont trouvé la mort, aurait été orchestrée par les services

Russes. Malgré les accusations (adaptées en film d’Etat à l’automne 2016[7]) de l’actuel

gouvernement du parti polonais Droit et Justice, dont le président, Jaroslaw Kaczynski, est le

frère jumeau de Lech Kaczynski, la thèse privilégiée autant à l’Est qu’à l’Ouest par les

enquêteurs indépendants reste-celle de l’accident.

La Pologne, de ce point de vue, se présente depuis son intégration à l’OTAN comme le

« rempart » contre l’agresseur russe, et communique largement sur ce point. Dotée d’une

armée de métier d’environ 100 000 hommes en 2015, largement équipée en matériel

américain (préféré aux matériels français, comme le démontre l’annulation récente des

contrats d’hélicoptère Caracal avec la France), les forces polonaises sont très engagées dans

les opérations de l’OTAN. Comme souvent les anciens pays du Pacte de Varsovie, l’armée

utilise aussi bien des matériels hérités de l’URSS (avions Mig et Sukhoi, chars T72) que des

équipements européens et américains de l’OTAN (Chasseurs F16, chars Léopard), ce qui a

nécessité un important effort de standardisation des équipements. La Pologne est en outre

engagée dans un effort militaire notable, allouant à son budget militaire plus des 2% du PIB

habituellement exigée par l’OTAN[8]. Enfin, la Pologne se présente aujourd’hui comme un

pivot des capacités de l’OTAN dans la défense de ses membres les plus exposés, les pays

baltes.

Les pays baltes, entre préparation et tension

La Lituanie, la Lettonie, et l’Estonie forment la principale frontière directe entre

l’UE/l’OTAN et la Russie, si l’on excepte l’enclave de Kaliningrad (frontalière de la Pologne

et de la Lituanie). Ces trois petites républiques sont peu peuplées, peu militarisées (bien que

leur armée respective soit proportionnellement très développée compte tenu de leur faible

population), et sont des membres actifs de l’OTAN et de l’Union Européenne. Ces trois pays

comprennent chacun une minorité russe ethnique et russophone non-négligeable, ce qui

constitue une source d’inquiétude majeure car la stratégie russe dans ses interventions sur ses

marges s’est régulièrement basée sur la protection des minorités russe dans les pays

voisins[9].

La protection militaire garantie par l’OTAN est prise très au sérieux dans les républiques

baltes, où elle est considérée comme une garantie non négligeable de la souveraineté

nationale, puisque la disproportion du rapport de force entre ces trois pays et la Russie

implique qu’ils ne sauraient résister à une attaque directe de cette dernière. L’appréhension

d’un possible revirement des Etats-Unis quant à l’OTAN y est donc perçue très nettement

comme un abandon, et génère de vives inquiétudes.

Les tensions dans les pays baltes sont réelles : suite aux événements de la guerre civile

ukrainienne en 2014 (où l’intervention de militaires russes sans insignes a été dénoncée), la

Lituanie a distribué la même année à sa population un livret de résistance civile servant de fait

de guide de guérilla, incluant des informations utiles telles que techniques de survie et de

premier soin, scénarios possibles de guerre asymétrique ou traditionnelle, mais aussi des

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Pièce n° 6

3/5

photos permettant d’identifier les matériels militaires russes (armes, véhicules, uniformes). Ce

livret est censé préparer la population à la résistance militaire en cas d’invasion russe de

grande ampleur qui est, selon les mots employés par le ministre de la défense lituanien dans sa

préface, une probabilité impossible à exclure.

La situation des pays baltes en général est particulièrement précaire car ces pays furent

durablement marqués par l’occupation soviétique de 1940 à août 1991 ; lors de leur prise

d’indépendance en janvier 1991, l’armée soviétique fut envoyée pour « restaurer l’ordre

constitutionnel par la force » (sur ordre de Mikhaïl Gorbatchev) à Riga, Tallinn et surtout

Vilnius, où la tentative d’assaut de la tour de télévision par les forces spéciales soviétiques fit

une dizaine de morts.

L’indépendance des nations baltes a depuis été reconnue par le gouvernement russe, mais pas

leur occupation (jugée légale du point de vue russe, les forces armées russes étant entrées dans

ces pays « avec l’accord des autorités en place »). Les trois pays Baltes ont donc rapidement

rejoint l’OTAN ainsi que l’Union Européenne en 2004, ce qui les place de facto dans une

alliance avec les puissances occidentales : bien que la raison d’être de l’OTAN ne soit plus,

depuis la chute de l’URSS, la lutte contre le péril communiste, l’OTAN est toujours

considérée à Moscou comme une alliance hostile (a fortiori depuis que la coopération OTAN-

Russie a été interrompue suivant le conflit Ukrainien du Donbass).

Comme la Pologne, les républiques baltes accueillent des troupes de l’OTAN sur leur sol, au

titre de l’opération de « réassurance » prévue au sommet de Varsovie durant l’été 2016. On

estime ainsi que plus de 3 600 personnels de l’OTAN (d’une vingtaine de nationalité,

comptant des allemands, anglais, italiens, français, espagnols…) sont déployés dans ces trois

pays[10]. Il faut ajouter à cette présence la mission Baltic Air Policing, au titre de laquelle des

chasseurs de l’Alliance basés en Estonie (sur la base aérienne d’Ämari) et en Lituanie (sur la

base aérienne de Šiauliai) assurent la police aérienne aux frontières avec la Russie ; des

Mirage français y ont été affectés à plusieurs reprises, notamment en septembre 2016. Enfin,

la capitale Estonienne, Tallinn, accueille le centre d’excellence en cybersécurité de

l’OTAN[11], l’Estonie jouissant d’un réel savoir-faire en matière de cybersécurité, et ayant

été confrontée dès 2007 à des vagues de cyberattaques attribuées à la Russie.

L’enjeu de Kaliningrad et la Brèche de Suwalki

L’enclave de Kaliningrad est une enclave russe annexée suite à la seconde guerre mondiale,

située entre la Pologne et la Lituanie, à l’emplacement de l’ancienne Prusse-Orientale.

L’Oblast russe, dont la capitale est l’ancienne ville allemande de Königsberg (ville natale du

philosophe Emmanuel Kant), dispose des seuls ports permettant d’accéder à la Baltique quand

ceux de la région de Saint-Pétersbourg sont pris par les glaces. Outre son importance

commerciale et touristique, l’enclave est surtout une épine stratégique dans le flanc de

l’OTAN : tête de pont dans l’espace contrôlé par l’alliance, elle a été lourdement militarisée et

peut servir de base avancée primordiale en cas de conflit. Y sont déployés plusieurs régiments

d’infanterie mécanisée, d’artillerie, des éléments blindés, des forces spéciales (Spetnatz) de la

flotte baltique, des forces navales de la flotte basées au port Baltiysk (dernier port militaire sur

la mer Baltique)[12] et surtout des systèmes de missiles moyenne portée sur rampe mobile,

notamment des missiles Iskander.

Ces derniers ont une portée estimée entre 280 et 500 kilomètres, et peuvent théoriquement

être équipés de têtes nucléaires. Les positions militaires russes à Kaliningrad ouvrent donc, en

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Pièce n° 6

4/5

théorie, la possibilité d’utiliser ces missiles contre le sol polonais et allemand : peut-être

même contre Berlin, bien que la portée effective de ces équipements soit difficile à évaluer.

L’usage de ces rampes de missile en tant qu’armement nucléaire représente toutefois un

doublon avec les capacités nucléaires russes déjà très développées via les vecteurs aériens et

sous-marins classiques et est donc relativement improbable, mais doit cependant être

envisagée.

L’importance stratégique de Kaliningrad est enfin renforcée par la possibilité qu’elle offre

d’un isolement total des pays baltes via la traversée de la « brèche de Suwalki ». Ce

mouvement suppose une attaque de grande ampleur de forces pré-positionnées en Biélorussie,

qui traverseraient la Mazurie polonaise pour faire jonction avec Kaliningrad, coupant ainsi

totalement les pays baltes de tout soutien. Elle s’effectuerait en lien avec un blocus de la

Baltique par la flotte de Kaliningrad[13]. Ce scénario est l’objet de beaucoup de discussions

tant au commandement européen de l’OTAN qu’au Kremlin et est souvent présenté comme

étant la principale raison d’un potentiel retour de la guerre froide en Europe. Toutefois, les

certitudes sont une denrée rare en matière stratégique, et il est plus que jamais important de se

garder de trop prévoir la guerre au risque de perdre la paix.

La « Menace russe » est-elle réelle ou cosmétique ?

L’analyse objective des risques et des tensions en Europe de l’Est est compliquée par

plusieurs facteurs : l’histoire tourmentée des pays concernés, qui déclenche souvent des

réactions de méfiance voir de paranoïa instinctive vis à vis des ambitions russes ; la faiblesse

structurelle des États frontaliers (dont les républiques baltes), qui du simple fait de leur taille

sont incapables de garantir leur sécurité de manière autonome vis à vis de la Russie, les

rendant donc lourdement dépendant de l’OTAN.

Les cartes sont ensuite brouillées à la fois par la stratégie russe elle-même, consistant en des

actions asymétriques doublées de coup de forces diplomatiques et par la communication faite

sur ces action. Cette communication est à la fois diabolisées par de nombreux médias

classiques qui souffrent de leur manque de nuance et de précision, renforçant ainsi l’idée d’un

« système médiatique » opposé aux intérêts russes, ce qui pousse des pans entiers de l’opinion

publique vers des médias « alternatifs » soutenus ouvertement par les services Russes dans le

cadre de leur stratégie d’influence[14]. Au-delà de tout débat idéologique ou politique, la

simplification à grand traits de ces deux représentations rend toute analyse stratégique

impossible et doit donc être condamnée.

Les manœuvres et déploiements de force de l’OTAN en Europe Orientale n’ont pas manqué

d’attirer des protestations de la part de la fédération de Russie, qui effectue de son coté des

manœuvres régulières et stationne des troupes à Kaliningrad, en Biélorussie et dans la région

d’Ivangorod à la frontière estonienne. Les interceptions d’aéronefs russes sur le territoire de

l’OTAN sont régulières[15] sans pour autant constituer de casus belli ou d’agression à

proprement parler : on considère généralement ces actions comme une manière de

« tâtonner » pour tester les réactions de l’adversaire. Le ministre de la défense français, M. Le

Drian, a également rappelé que des sous-marin russes sont régulièrement repérés au large

(parfois très près) des côtes françaises. Il se joue donc dans toute l’Europe une sorte de jeu de

patience où chaque participant pèse ses coups pour déclencher une réaction attendue de

l’adversaire, tout en cherchant (apparemment) à éviter une provocation majeure qui mènerait

vers la guerre.

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Pièce n° 6

5/5

Si l’expression de « nouvelle guerre froide » employée jusqu’à l’hystérie par certains

commentateurs est peut-être abusive, les frictions et les tensions entre les différents acteurs de

la zone sont indubitables, et les affrontements s’effectue sur un spectre très large : dissuasion

nucléaire, exercices militaires classiques, pénétrations aériennes et sous-marines,

cyberattaques, guerre d’information et d’influence.

[1]NATO and Russia in the Black Sea : a confrontation ?, Center for Strategic and Internaitonal Studies, 6 mars

2017, disponible en ligne : https://www.csis.org/analysis/nato-and-russia-black-sea-new-confrontation

[2]Trump NATO strategy awaited with increasingly frayed nerves in eastern Europe, The Conversation, 18

janvier 2017, disponible en ligne : http://theconversation.com/trump-nato-strategy-awaited-with-increasingly-

frayed-nerves-in-eastern-europe-71424

[3]Voir à ce sujet la transcription de la conférence de presse de M. Mathis au QG Europe de l’OTAN à Bruxelles

le 16 février 2017, disponible en ligne : https://nato.usmission.gov/feb-2017-defense-secretary-mattis-press-

conference/

[4] Le président Trump a annoncé en février dernier une hausse du budget militaire de 10 % soit environ 54

milliards de dollars. Voir Trump to Seek $54 Billion Increase in Military Spending, The New York Times,

Michael D. Shear & Jennifer Steinhauer 27 février 2017.

[5]Voir le site officiel des exercices Anakonda, disponible à l’adresse http://anakonda.do.wp.mil.pl/en/46.html

[6]OTAN : La France envisage d’envoyer une compagnie dans les pays Baltes, Laurent Lagneau, Opex360.com,

09 juillet 2016. Disponible en ligne : http://www.opex360.com/2016/07/09/otan-la-france-envisage-denvoyer-

compagnie-dans-les-pays-baltes/

[7]Sur les écrans polonais, une version conspirationniste du crash de Smolensk, Jakub Iwaniuk, Le Monde

Magazine, 4 octobre 2016, disponible en ligne : http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2016/10/04/sur-les-ecrans-

polonais-une-vision-conspirationniste-du-crash-de-smolensk_5007695_4497186.html

[8]La Pologne, renaissance d’une puissance militaire européenne, Cyrille Bret, 10 octobre 2016, disponible en

ligne : http://www.huffingtonpost.fr/cyrille-bret/armement-pologne-helicoptere/

[9]Voir Talking Russian : Minority Politics and the Putin Doctrine in the Baltic States, 24 mars 2016, disponible

en ligne : http://www.albanyassociates.com/notebook/2016/03/russian-minority-politics/

[10]Voir à ce sujet la carte des déploiements de troupes de l’OTAN en Pologne et dans les pays Baltes :

http://www.independent.co.uk/news/world/europe/russia-nato-border-forces-map-where-are-they-positioned-

a7562391.html

[11]http://www.nato.int/cps/en/natohq/news_138674.htm

[12]Russian Military in Kaliningrad, Number Station : http://www.numbers-stations.com/articles/russian-

military-in-kaliningrad/

[13]Defending the Suwalki Gap in Poland is a critical NATO priority, Craig Smith, US patriot Tactical, 17

décembre 2015, disponible en ligne : http://blog.uspatriottactical.com/defending-the-suwalki-gap-in-poland-is-a-

critical-nato-priority/

[14]The Kremlin playbook : understanding Russian influence in Central and Eastern Europe, CSIS, 13 octobre

2016. Disponible en ligne : https://www.csis.org/events/kremlin-playbook-understanding-russian-influence-

central-and-eastern-europe

[15]NATO : Russian aircraft intercepted 110 times above Baltic in 2016, Damien Sharkov, Newsweek, 4 janvier

2017.

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Pièce n° 7

1/2

L’OTAN menace notre sécurité Ce n’est pas la Russie qui menace l’Europe, mais les Etats-Unis et ses alliés de l’Organisation du

traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui déstabilisent le monde, estiment Gabriel Galice, Daniele

Ganser et Hans von Sponeck

L’OTAN masse des troupes et des armes aux marches de la Russie. Nous tenons à exprimer notre

inquiétude devant la propagande qui déforme la réalité des menaces qui pèsent sur la paix. Cette

propagande insidieuse fabrique des ennemis imaginaires pour justifier le surdéveloppement de

dépenses militaires, des conquêtes de territoires ou de «parts de marché», des prises de contrôle

d’approvisionnement énergétique et pour corroder la démocratie.

Dirigeants russes humiliés

Non, la Russie n’est pas l’agresseur et ne menace aucunement les Pays Baltes, la Pologne ou la

Suède. A l’implosion de l’URSS et du Pacte de Varsovie, la bévue stratégique des Etats-Unis et de

leurs alliés a été de ne pas refonder l’architecture internationale de sécurité. Oubliée la Charte de

Paris (1990) qui promettait la paix à l’Europe. Dans son livre, Le Grand échiquier – l’Amérique et

le reste du monde, Zbigniew Brezinski posait en 1997 la question de savoir s’il fallait intégrer la

Russie dans l’OTAN et dans l’UE. Il finissait par privilégier la sécurité tactique sur la paix

stratégique, non sans prévoir que cela déclencherait des réactions russes.

Il préconisait l’intégration de l’Ukraine, l’un des cinq «pivots géopolitiques» de l’Eurasie, dans

l’OTAN et dans l’UE. En 2010, Charles A Kupchan, Professeur à Georgetown University, proposait

d’intégrer les Russes dans l’OTAN. Oubliant la promesse des USA aux Russes, lors de la

réunification allemande, de ne pas étendre l’OTAN à l’Est, les Occidentaux n’ont eu de cesse de

repousser, d’encercler et d’humilier les dirigeants russes successifs. Quoi que nous pensions du

régime russe, le principal défaut de Vladimir Poutine (et de bien d’autres pays du monde), aux yeux

des Occidentaux, est de cesser d’acquiescer aux volontés hégémoniques occidentales.

La CIA en embuscade

Après l’illégale guerre d’Irak, l’extension du nombre de pays membres de l’OTAN et l’expansion

tous azimuts de son aire d’action, le renversement du régime de Kadhafi en Libye, puis ce que nous

considérons comme un coup d’Etat en Ukraine organisé et soutenu par les Etats-Unis, auront été les

lignes rouges déclenchant les ripostes russe et chinoise qui avaient déjà constitué l’Organisation de

Coopération de Shanghai après le premier élargissement de l’OTAN. Il aura fallu les opérations en

Libye et en Ukraine et l’appui de l’occident (dès 2006 selon Time Magazine du 19 décembre 2006)

aux «rebelles» résolus à renverser le régime syrien, pour que les Russes soutiennent surtout

l’autonomie de la Crimée et interviennent militairement en Syrie.

Tandis que la CIA a surveillé l’élection présidentielle française de 2012, que la NSA, espionne

partout entreprises, organisations et particuliers, la mode est d’imputer aux dirigeants russes une

ingérence directe dans les élections américaines, françaises, allemandes.

Les pays européens renforcent leur alignement sur la politique étrangère des Etats-Unis, embargo

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Pièce n° 7

2/2

contre la Russie inclusivement. Le Président François Hollande parachève la réintégration de la

France dans le commandement militaire de l’OTAN, entamée par Nicolas Sarkozy.

Et les pays neutres ?

Et les pays neutres ? La Suède rétablit la conscription, ce au moment de la diffusion sur Arte d’un

reportage édifiant intitulé « Guerre froide dans le Grand Nord ». L’Etat-major suédois manœuvrait

naguère de concert avec l’OTAN et les Etats-Unis, ce à l’insu du gouvernement d’Olof Palme qui

préconisait la détente avec Moscou… et qui en mourut assassiné. L’adhésion de la Suisse au

Partenariat pour la paix (ou PpP) de l’OTAN vaut-elle neutralité? William Perry, ex-Secrétaire à la

Défense a déclaré: «La différence entre l’adhésion pleine et entière à L’OTAN et le PpP doit tendre

à devenir plus ténue qu’une feuille de papier». Des avions suisses survolent la Baltique aux côtés de

chasseurs de l’OTAN.

Non, l’OTAN, devenue une alliance offensive, n’assure pas notre sécurité. Misons sur

l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), dialoguons avec la Russie et

mettons en œuvre les articles 46 et 47 de la Charte de l’ONU, stipulant un comité d’état-major

auprès du Conseil de Sécurité.

• Gabriel Galice, président de l'Institut international de recherche pour la paix à

Genève

• Daniele Ganser, historien, auteur de Les armées secrètes de l’OTAN

• Hans von Sponeck, ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU

Publié dimanche 2 avril 2017 à 18:28

https://www.letemps.ch/opinions/2017/04/02/lotan-menace-securite

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Pièce n° 8

1/2

Union européenne-Russie : une confiance à reconstruire

Rapport d'information n° 572 (2016-2017) de MM. Yves POZZO di BORGO et Simon SUTOUR,

fait au nom de la commission des affaires européennes, déposé le 6 juin 2017.

[…]

C. L’ÉLARGISSEMENT DE L’OTAN VU DE RUSSIE : DE L’ACCEPTATION INITIALE À LA

CONTESTATION

Les 22 États membres de l’Union européenne appartenant également à l’Organisation atlantique y

défendent, à l’égard de la Russie, des positions cohérentes et comparables : sur le plan de la sécurité

(OTAN), ou sur celui des relations commerciales, politiques ou de coopération (Union européenne).

De surcroît, les deux institutions ont parallèlement, après la chute de l’Union soviétique, mis en

œuvre un processus d’élargissement dont l’impact respectif sur la perception russe a été fort

différent.

Le passage de 16 à 28 membres de l’OTAN entre 1999 et 2009, après l’adhésion des 12 pays

d’Europe centrale, orientale, et de la Slovénie, de l’Albanie et de la Croatie, a suscité en Russie – à

tort ou à raison – un sentiment d’encerclement et d’isolement, sinon de menaces réelles.

La création du Conseil de coopération Nord Atlantique, auquel a participé la Russie, puis de l’Acte

fondateur en 1997, enfin celle du Conseil OTAN–Russie en 2002 instaurant un partenariat

stratégique entre les deux parties, ont été d’utiles canaux de dialogue.

Ces structures de dialogue entendaient démontrer à la Russie que les élargissements, dénués de

toute menace sécuritaire à son endroit, répondaient à une démarche démocratique et souveraine des

nouveaux États membres que l’OTAN présente ainsi : « Depuis que le Conseil OTAN-Russie existe,

l’OTAN et la Russie collaborent dans des domaines tels que la lutte antidrogue, la lutte contre le

terrorisme, le sauvetage des équipages de sous-marins ou les plans civils d’urgence. Aucun autre

partenaire ne s’est vu offrir des relations comparables. À six reprises, entre 1952 et 2009, des pays

européens ont fait le choix de se porter candidats à l’adhésion sur la base d’un processus

démocratique et du respect de l’État de droit. Les pays membres de l’OTAN ont fait le choix

unanime de les accepter.

L’élargissement de l’OTAN et de l’UE a aidé les pays d’Europe centrale et orientale à entreprendre

La relation OTAN-Russie

Dès la fin de la Guerre froide, l’OTAN et la Russie ont entamé un dialogue politique dans le cadre

du Conseil de coopération nord-atlantique (COCONA), devenu en 1997 le Conseil de partenariat

euro-atlantique. En 1997, sous la présidence de M. Boris Eltsine, fut signé à Paris l’Acte fondateur

des relations OTAN-Russie. Dans ce document, qui souligne que les Alliés et la Russie « ne se

considèrent pas comme des adversaires », ceux-ci s’engagent à «construire ensemble une paix

durable et inclusive dans l’espace euro-atlantique, fondée sur les principes de démocratie et de

sécurité coopérative ». La Russie, en signant l'Acte fondateur, s'est d’ailleurs engagée à assurer le

« respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de tous les États et de

leur droit inhérent de choisir les moyens d'assurer leur sécurité ». En 2002, sous la présidence de

M. Vladimir Poutine, avec la Déclaration de Rome est fondé le Conseil OTAN-Russie, au sein

duquel les Alliés et la Russie coopèrent en partenaires égaux pour répondre ensemble aux menaces

communes. Après le conflit russo-géorgien d’août 2008, l’activité du Conseil OTAN-Russie fut

suspendue pendant un an environ avant de reprendre fin 2009. Les Sommets de Lisbonne et de

Chicago ont confirmé la détermination des Alliés à développer un véritable partenariat stratégique

avec la Russie.

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Pièce n° 8

2/2

les réformes difficiles qui étaient requises avant leur adhésion. Ce processus a également contribué

à ce que les citoyens de ces pays jouissent des avantages découlant du choix démocratique, de l’État

de droit et d’une forte croissance économique. De tels efforts ont amené l’Europe à être plus proche

qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire de l’objectif d’être entière, libre et en paix. »1

Pour autant, les positions de part et d’autre restent figées.

En février 2017, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le ministre des affaires étrangères

russe, M. Serguei Lavrov, a déclaré que l’élargissement de l’OTAN avait créé « un niveau de

tensions en Europe jamais observé au cours des trente dernières années. 2017 est l’année du 20ème

anniversaire de la signature à Paris de l’Acte fondateur OTAN-Russie et des 15 ans de la

Déclaration de Rome pour une nouvelle qualité des relations OTAN-Russie. Le principe de base de

ces documents était que la Russie et l’Occident s’engagent conjointement à garantir la sécurité, sur

la base du respect des intérêts de chacun, du renforcement de la confiance mutuelle pour prévenir

toute rupture euro-atlantique et effacer les lignes de division. Ce n’est pas ce qui s’est passé, surtout

parce que l’OTAN est restée une institution de la guerre froide ».

En réponse à l’annexion de la Crimée et au développement de la crise dans le Donbass, l’OTAN a

décidé de renforcer son « flanc oriental », dans le cadre de « l’initiative de réassurance » au profit

de la Pologne et des trois États baltes. Quatre bataillons multinationaux ont ainsi été déployés, par

rotation, dans ces quatre États de l’Union européenne. De même, avec la Force de réaction rapide

de l’OTAN, six nouveaux postes de commandements ont été installés dans des États de l’Union à

l’Est de l’Alliance.

Même si ce déploiement n’est pas en soi de nature à « constituer une menace immédiate pour la

Russie2 », celle-ci a déployé de nouvelles divisions dans sa région militaire ouest. Elle a renforcé sa

présence militaire à Kaliningrad, en y déployant notamment des missiles Iskander à capacité

nucléaire.

Dans ce climat de défiance, il est positif que le Conseil OTAN-Russie ait pu reprendre son rôle

de cadre de dialogue en 2016 et en mars 2017. S'il n'a pas abouti à des résultats concrets, il

permet aux deux parties d'échanger sur leurs « postures militaires respectives », afin

d'installer une transparence nécessaire pour réduire les risques. [...]

1 Source : OTAN – 14 avril 2014.

2 Dmitri Trenin : « Russie/OTAN, maîtriser la confrontation – politique étrangère »

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Pièce n° 9

1/4

Grandes manœuvres russes en Baltique: la

sécurité collective européenne doit être

refondée

Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po

22 septembre 2017

Du 14 au 20 septembre 2017, en présence des présidents Poutine et Loukachenko, la

Fédération de Russie a réalisé – et médiatisé – de grandes manœuvres militaires en

Biélorussie, en Russie septentrionale et dans l’enclave de Kaliningrad, au contact des États-

membres de l’UE de l’espace baltique. Depuis plusieurs semaines, l’organisation de cet

exercice – nommé Zapad ou « Occident » en russe – suscite l’émoi chez nos partenaires

d’Europe centrale et orientale. Parmi les Baltes et les Polonais, certains voient au mieux la

préparation d’un positionnement permanent de troupes russes en Biélorussie, au pire les

prodromes d’une guerre hybride qui reproduirait dans la Baltique les opérations menées en

Ukraine orientale. Réciproquement, les exercices militaires concomitants, menés par

l’Ukraine, la Suède, l’Allemagne et plusieurs États membres de l’OTAN, excitent

l’inquiétude à Moscou.

Depuis l’annexion de la Crimée, les exercices militaires traditionnels (BALTOPS, Saber

Strike… et maintenant Zapad) montent en puissance et ajoutent à la tension. Comme je l’avais

souligné il y a un an sur Telos, les manœuvres militaires nourrissent le cercle vicieux de la

défiance et achèvent de mettre à mal le système de sécurité collective en Europe. Un sursaut

est nécessaire !

Une bataille de chiffres et une controverse tactique

Organisées tous les quatre ans par le ministère de la Défense de la Fédération de Russie, les

manœuvres militaires Zapad rassemblent les forces armées russes et celles de leurs alliés pour

des exercices en Russie métropolitaine, dans l’enclave de Kaliningrad et en Biélorussie. Ainsi,

lors de la présentation de l’exercice aux attachés militaires étrangers à Moscou fin août, le

vice-ministre russe de la Défense, Fomine, a annoncé que Zapad 2017 serait purement

défensif, rassemblerait 70 avions et hélicoptères, 680 véhicules de combat et une dizaine de

navires. Cet exercice a été précédé durant l’été par Combat Commonwealth 2017 qui a testé,

en Russie du sud du 4 au 8 septembre, le réseau de défense aérienne des États alliés de la

Russie au sein de l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) qui réunit la

Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l’Arménie).

Les États limitrophes s’inquiètent de l’ampleur de l’exercice. Il en va de Zapad 2017 à

l’inverse des manifestations de rue en France : les organisateurs (russes) minimisent le

nombre de soldats engagés à 12 700, alors que les observateurs (occidentaux) estiment, eux,

ministre allemande de la Défense en tête, que le contingent engagé est de 100 000 militaires.

Cette bataille de chiffres atteste le délabrement du système de sécurité collective européen. En

effet, si le seuil de 13 000 soldats est dépassé, l’État organisateur est tenu d’afficher une

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Pièce n° 9

2/4

certaine transparence sur ses exercices (observateurs, documentation, etc.). En effet, le

Document de Vienne, adopté par la Russie et les Occidentaux en 1999 dans le cadre de

l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et actualisé en 2011, fait

du respect de ce seuil l'une des principales Mesures de confiance et de sécurité destinées à

prévenir les tensions militaires sur le continent.

De même, la Russie et la Biélorussie soulignent de manière appuyée le caractère défensif de

ces exercices : il s’agit de tester l’interopérabilité des forces alliées à la Russie en cas

d’agression de la Biélorussie par des forces spéciales utilisant des procédés terroristes ; forces

spéciales d’États riverains fictifs dénommés dans l’exercice « Vajsnoryja », « Vesbaria » et

« Lubenia ». La controverse des chiffres se double d’une querelle sur la véritable portée

tactique de l’exercice : n’est-il pas, plutôt, la préparation d’une offensive russe dans la

région ?

Ces controverses constituent le signe que le dispositif de sécurité collective en Europe,

l’OSCE n’est plus en mesure de remplir ses missions. Là, comme en Ukraine et comme

souvent, l’OSCE est incapable d’accéder aux zones de conflit pour vérifier le cessez-le feu.

La bataille de chiffres est le symptôme de la défiance continentale.

Trois messages de Moscou à l’UE et à l’OTAN

L’ampleur exacte des manœuvres militaire russes et biélorusses sera bientôt mieux connue

des services de renseignement militaire – et peut-être du grand public. L’essentiel sera le

contenu des messages stratégiques échangés par la Russie, l’OTAN et l’UE par le truchement

des exercices militaires. Car les manœuvres militaires sont des opérations de communication

stratégique et politique.

Ainsi de Zapad 1981 qui fut le plus grand exercice militaire organisé par le Pacte de Varsovie.

Rassemblant 100 000 hommes en Biélorussie, à proximité de la frontière polonaise (déjà), il

était un signal adressé à la démocratie populaire de Pologne où l’opposition du syndicat

Solidarnosc se manifestait. La mobilisation de nombreuses troupes aéroportée avait envoyé un

signal éloquent sur la capacité et la détermination de l’URSS d’entrer en Pologne en cas de

crise politique majeure. De même, Zapad 2013 qui eut pour thème une mission amphibie de

lutte anti-terroriste. Cet exercice offrit alors une clé de lecture essentielle sur la posture

stratégique russe, à savoir sa volonté de coaliser les États dans la lutte contre le terrorisme

international.

L’édition 2017 de Zapad, qui intervient après l’annexion de la Crimée, la projection d’un

corps expéditionnaire russe en Syrie et le déclenchement d’un conflit récurrent en Ukraine,

adresse trois messages essentiels à l’OTAN et à l’UE. Entre Zapad 2013 et Zapad 2017, la

donne stratégique a changé drastiquement en Europe.

Le premier message est temporel : la Russie a choisi de mener ces manœuvres au moment

où l’Ukraine réalise des exercices sur son territoire avec des troupes américaines et où la

Suède, qui a rétabli le service militaire et réarme ses bases dans la Baltique, conduit des

entraînements importants. L’opération Aurora 2017 met en effet en œuvre 19 000 suédois et

1 500 soldats de plusieurs nationalités (français, américains, norvégiens, finlandais, danois,

lituaniens et estoniens) dans les régions de Stockholm et Göteborg, les deux centres

économiques et politiques du pays, ainsi que sur l’île de Götland, au milieu de la Baltique et à

proximité de l’espace russe. Au même moment, l’Allemagne conduit l’exercice naval

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Pièce n° 9

3/4

international Northern Coasts 2017 qui met en œuvre une cinquantaine de navires de plusieurs

États membres de l’OTAN. Plus largement, la Russie veut montrer qu’elle est capable de

répondre aux exercices militaires menés par l’OTAN, au printemps 2016, en Pologne et dans

la Baltique (BALTOPS, Saber Strike). Le tempo de Zapad 2017 souligne les capacités de

réaction de la Russie.

Le deuxième message est spatial : la Russie réaffirme que l’espace baltique est d’intérêt

stratégique majeur. Elle répond ainsi au sommet de l’OTAN à Varsovie en juillet 2016. En

réaction aux cyberattaques venues de Russie et aux incursions russes dans les espaces aériens

et maritimes des États riverains de la Baltique, ce sommet avait décidé le déploiement de

troupes de l’OTAN dans les États baltes et la Pologne. Zapad 2017 se déroule au contact

direct de cette zone, en Biélorussie et à Kaliningrad. Zapad 2017 rappelle à l’OTAN les

contours de la zone d’influence russe. De plus, la Russie a choisi de mettre en action sa

première armée blindée afin de marquer qu’elle est capable de défendre sa zone d’influence

par des moyens conventionnels.

Le troisième message est européen : en réalisant ses manœuvres à proximité des frontières

de l’UE, en Biélorussie et dans son enclave de Kaliningrad, la Russie rappelle aux Européens

que la Russie est présente dans l’espace stratégique européen. Les Européens ont bien reçu le

message : les ministres française et allemande de la Défense ont rappelé sur place, à Tallin,

qu’elles n’accepteraient pas d’empiètements sur la souveraineté des États membres de l’UE.

La Russie continue donc à tester la solidarité européenne sur le plan militaire. Elle le fait dans

l’espace baltique mais également, on l’oublie souvent, dans l’espace de la mer Noire.

La sécurité collective en Europe doit être refondée

Zapad 2017 prépare-t-il une invasion russe de territoires de l’UE ? Les Baltes et les Polonais

rappellent à juste titre que la guerre entre Russie et Géorgie, en 2008, avait été précédée par

de semblables manœuvres. Toutefois, face à la solidarité réaffirmée de l’OTAN et de l’UE

avec les États de la région, la Russie aurait bien peu à gagner en déclenchant une agression

caractérisée. Un danger territorial immédiat est donc peu probable. Même une guerre hybride,

du type de celle qui est menée en Ukraine orientale, combinant troupes irrédentistes,

cyberattaques et propagande, serait ardue à mener sur une frontière aussi surveillée par l’UE.

La montée en puissance de l’OTAN dans la Baltique peut-elle préfigurer une attaque de la

Russie dans la zone ? Sans doute pas : l’OTAN cherche à neutraliser les capacités militaires

de la Russie mais pas à l’envahir.

En revanche, les risques inhérents à ces manœuvres sont évidents. D’une part, des exercices

menés si près des frontières comportent toujours la possibilité d’incidents techniques (survol

mal calculé ou savamment dosé, par exemple) qui peuvent dégénérer. D’autre part,

manœuvres et contre-manœuvres alimentent le cycle de la défiance mutuelle, érodant encore

le système de l’OSCE.

De tels cercles vicieux durcissent les positions, aliment la course aux armements et poussent

les pays neutres (Suède, Finlande) à choisir un camp. Enfin, les débats autour de Zapad 2017

radicalisent les postures : d’un côté, la Russie se justifie dans la posture de l’ancienne

puissance humiliée, encerclée par l’OTAN. De l’autre, l’OTAN tire argument du plan de

réarmement russe et de son activisme militaire pour renforcer sa présence en Baltique et en

mer Noire.

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Pièce n° 9

4/4

Pour y remédier, il est essentiel de refonder le système de l’OSCE. Issu de l’Acte final

d’Helsinki, conclu en 1975 au temps de la Guerre Froide, ce système est à bout de souffle.

D’un point de vue diplomatique, l’enceinte de l’OSCE est bloquée par la question de la

Crimée et de l’Ukraine. D’un point de vue militaire, les Mesures de confiance et de sécurité

sont érodées par l’augmentation des exercices militaires.

Nous le redisons, il est indispensable et urgent de refonder l’OSCE en renégociant un nouvel

Acte final d’Helsinki. Cela seul permettra de briser le cercle vicieux de la défiance réciproque

et de lancer une dynamique de résolution des tensions sur le continent.

https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/grandes-manuvres-russes-

en-baltique-la-securite-co.html

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CONCOURS BLANC EDG 2018 / EG 26 avril 2018

SUJET

Vous êtes le commandant Louis TERERMER affecté à la DICOD / Département médias. A la suite

d’un article, paru dans un quotidien national, mettant en cause l’emploi d’armes d’origine française

dans le conflit du Yémen, votre chef de département doit proposer au délégué adjoint des éléments

de langage en vue d’un point de presse qui aura lieu demain.

Il vous demande de rédiger pour 12h00 une fiche de 810 à 990 mots abordant les principales

problématiques liées à la production et au commerce des armes et proposant des réponses possibles

en termes de communication.

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

2

RÈGLES DE RÉDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Le titre de la fiche est explicite : destinataire et objet y figurent sans ambiguïté dans

des formes cohérentes avec un travail d'état-major.

2. La réponse à la demande et le plan de la fiche (cf. 6 ci-dessous) tiennent compte, dans

leur forme, de la nature du document. La fiche d'état-major va ainsi à l'essentiel avec

un minimum de mots et dans un style simple pour favoriser la mémorisation.

3. Le contenu du dossier transparaît nettement dans la fiche et traduit une sélection de

données cohérente avec la demande, le niveau du demandeur et le cadre de son

intervention.

4. Les données personnelles complètent celles du dossier, voire se substituent à certaines

pour les actualiser. Elles auront, en règle générale, une place plus importante dans les

propositions.

5. Les propositions doivent être cohérentes avec le niveau de responsabilité et les

attributions du destinataire final de la fiche. En général, les propositions n’entrent pas

dans le détail des moyens à mettre en œuvre, mais fixent des objectifs à atteindre.

6. La forme de la fiche s'accommode mieux qu'en culture d'une présentation soulignant

la structure du document fourni (titres des parties notamment).

7. Les transitions sous forme de paragraphes isolés en fin de partie sont facultatives. Le

rédacteur pourra donc les maintenir s’il pense qu’elles facilitent le cheminement dans

son exposé.

8. L'ouverture, également facultative, en fin de fiche peut s'appuyer sur un élément

secondaire du dossier non pris en compte explicitement dans la rédaction.

CORRIGÉ PROPOSÉ 1. Comprendre le sujet

Structure du libellé

La structure du sujet correspond à celle décrite dans les directives : « […] la rédaction d'une fiche d'état-major destinée à une autorité identifiée en préambule du dossier… Le sujet est proposé sous la forme

d'une question simple. » Enfin, le sujet rappelle la contrainte de volume de 900 mots ± 10%.

Sens des mots1

On distingue en premier lieu les différences entre chapeau et question :

1 Comme dans tout sujet (SD ou CUGE), cette analyse initiale est déterminante. Son absence et sa faiblesse sont

la cause de nombreuses dérives aux conséquences lourdes !

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

3

1. Dans le chapeau vous avez la « mise en ambiance » et l’objectif final auquel concourt2 votre fiche. Ici, votre travail consiste à fournir une fiche à votre chef de département. Il n’y a pas d’ambiguïté sur l’identité du destinataire.

2. Le sujet est d’actualité. 3. La question porte sur la justification-explication, face aux media, d’une politique dont des

effets collatéraux sont critiqués par la presse. Sujet délicat fondé sur des faits observés en partie et qu’il est difficile de contester.

Maintenant reprenons en détail la question posée :

« Vous êtes le commandant Louis TERERMER affecté à la DICOD / Département médias. A la suite d’un article, paru dans un quotidien national, mettant en cause l’emploi d’armes d’origine française dans le conflit du Yémen, votre chef de département doit proposer au délégué adjoint des éléments de langage en vue d’un point de presse qui aura lieu demain.

Il vous demande de rédiger pour 12h00 une fiche de 810 à 990 mots abordant les principales problématiques liées à la production et au commerce des armes et proposant des réponses possibles en termes de communication. »

Ici, la formule traditionnelle « à partir du dossier joint et en vous aidant de vos connaissances personnelles » n’a pas été reprise. L’épreuve est connue et, en fonction des connaissances particulières de chacun, le dosage dossier – connaissances personnelles reste libre. Cette précision est donc inutile.

« … abordant … proposant ». Contrairement à certains sujets (comme celui de 2016), la structure de la question ne résout pas le problème de la structure de la fiche en 3 parties.

La 3e partie est identifiable sans difficulté, il s’agit des propositions. En revanche « abordant » doit faire l’objet d’une analyse et d’un choix pour organiser le début de la fiche. Il conviendra de bien cibler le contenu de chaque partie pour ne pas risquer de hors-sujet même partiel.

2. Cadrer et reformuler le sujet Le cadre d’intervention final est un point de presse dans une salle de la DiCoD (vraisemblablement).

Les auteurs de l’article visé (La Croix) seront peut-être dans la salle. En matière de communication

institutionnelle, il faut toujours se limiter à des informations incontestables (au moins précisément

tracées) et relevant de son niveau de compétence. Cette règle devra guider les propositions.

Il faut donc avoir en tête cette structure d’intervention pour bien cibler le contenu de la fiche,

notamment les propositions et la manière de les formuler.

Une fiche n’est pas un dossier, son contenu doit avant tout aider le destinataire à définir les points

majeurs à évoquer dans le cadre de son intervention. La demande fixe 2 niveaux d’information :

1. Problématiques ;

2. Propositions d’éléments de langage.

Il faut dès cette étape du travail faire un choix sur la structure de la fiche pour ne pas en rester à

l’ébauche sommaire de plan suggérée par les 2 points précités.

Le temps contraint impose d’en venir à des schémas-types. Ici, si on retient les problématiques

nationales (puisque c’est ce point qui est sensible) comme cœur de l’analyse (2nde partie), on peut

2 Concentrez-vous donc bien sur l’objet et le destinataire de la « commande » qui vous est faite et ne vous laissez pas entraîner par des supputations sur un "besoin caché" !

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

4

centrer la première partie sur les généralités sur la production et le commerce mondiaux des armes

(ce sont les 2 aspects de la question).

On obtient alors :

1. Production et commerce mondiaux des armes (repères principaux) ;

2. Problématiques françaises industrielles et économiques ;

3. Éléments de langage concernant les choix industriels et commerciaux français.

Cette réflexion sur le plan vaut en fait reformulation du sujet. Il n’est pas question dans cette épreuve

de se lier à un processus rigide consommateur de temps.

Cette « reformulation » personnelle conclut les 00:20 premières minutes3 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-

sens sur la nature et le périmètre du sujet.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer

suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent

de la question posée !

3. Exploiter le dossier et ses idées personnelles Du fait du caractère de cette épreuve, fortement contrainte par le temps, il n’est pas envisageable de

se lancer dans un travail rigoureux d’analyse du contenu du dossier.

Il suffit de tirer des pièces fournies les éléments d’éclairage nécessaires pour obtenir une fiche

« crédible ».

Le contenu du tableau d’analyse se réduit à quelques prises de notes au fil des pièces (idées principales,

principes retenus, exemples et chiffres) afin de rendre le travail concret. S’y ajoutent, au gré du survol

du dossier les réflexions et idées personnelles qui (re)apparaissent.

On choisit pour la structure du tableau le plan retenu : Production et commerce mondiaux ;

Problématiques françaises industrielles et économiques ; Éléments de langage.

On commence le travail d’analyse sur la base des 3 volets retenus pour la fiche et à partir du seul

sommaire du dossier. On répartit les pièces d’après leur titre dans les colonnes retenues. Certains

items peuvent se retrouver initialement dans plusieurs colonnes. Le tri se fera éventuellement plus

tard ! Puis on surligne les pièces les plus susceptibles d’apporter de la « matière » en termes d’idées

(en jaune). Certaines pièces pourront servir de simples exemples (en vert) quand leur titre est explicite.

Enfin, on identifie les pièces « floues » (en orange), celles dont on n’imagine pas le contenu.

3 Temps moyen à passer au brouillon lors de ce type de travail. Ici les développements à fin pédagogique faussent la brièveté réelle de cette étape.

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Maréchal un jour – Gal JFD 2018

5

Le tableau qui suit regroupe de manière réaliste les éléments recueillis.

SITUATION MONDIALE PROBLEMATIQUES

FRANCAISES ELEMENTS de LANGAGE DIVERS

P3. Les cinq plus grands marchands d'armes dans le monde (2016)

P1. Du matériel de guerre français impliqué dans le conflit yéménite (2018)

P10. La France doit protéger ses industries de souveraineté. (2016)

P9. Lettre 94 du G2S (2018)

Laisser de la place sous les titres de fiche pour placer quelques notes sommaires P8. European Aeronautic Defence and Space Company (2018)

P2. Les ventes d’armes à l’Arabie saoudite sont-elles légales ? (2018) 7

P11. Armement : peut-on parler d’éthique ? (2012)

P12. On garde Moreau, on vend les armes (2017)

P13 Exportations allemandes d’armes vers des zones de tension : niveau record (2018)

P4-5. La France, championne des ventes d’armes (2017)

P15. Peut-on moraliser les ventes d'armes ? (2018)

P6. Selon Mme Parly, la DGA devra trouver des « modes de financement innovants » pour équiper les armées (2017)

P7. Les dossiers qui attendent le prochain patron de la DGA (2017)

P14. Le complexe militaro-industriel « à la française »

Ce tableau représente l’exploitation « primaire » du dossier faite par le rédacteur. En 3h00 de temps

total, difficile d’en faire plus. Il faut faire des choix rapides avec une part de risque, choix qui évitent

cependant le risque majeur : ne pas finir à temps ! Le travail se poursuit directement sur les pièces du

dossier par surlignage ou prises de quelques notes dans les colonnes du tableau (laisser de la place

entre chaque titre de fiche, comme pour la 1re ligne ci-dessus).

A ce stade il est inutile de préciser davantage une méthode de travail. Chacun doit

avoir développé la sienne en fonction de ses habitudes et facilités.

Ce travail sur tableau est capital car il va permettre de mettre de la cohérence dans sa vision du sujet.

Le tri effectué entre les éléments retenus et leur répartition, notamment colonnes 2 et 3, évitera toute

redondance entre les 2nde et 3e parties de la fiche4.

4 Difficulté rencontrée de manière fréquente pour ne pas dire de façon systématique !

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6

4. Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:15 ou

01:20 au grand maximum sur les 03:00 allouées. J’ai mis ici 01:20 !5

Il faut maintenant se lancer rapidement dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle

que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières

étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement

« dans la tête », car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous

sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de

développement ;

2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis un rapide travail de synthèse pour dégager

des idées plus générales à partir des éléments du tableau ou revenir rapidement sur une ou

deux pièces (pas plus !)

Il ne faut pas aller au-delà de 01:30 pour parvenir à une ossature solide : INTRODUCTION (dont

PLAN6) – OPTIONS / SOLUTIONS POSSIBLES - PROPOSITIONS (orientation détaillée). J’ai limité à ces 3

éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM va définir le fil directeur de la fiche et préfigure l’esprit des propositions ;

2. Les OPTIONS / SOLUTIONS (ici les problématiques) suivent la partie analytique du problème

(1re partie) et font déjà appel à de premiers apports personnels ;

3. Les PROPOSITIONS permettent la mesure des qualités du rédacteur. C’est là que vous attend

principalement le demandeur de la fiche et, ici, le correcteur !

Le choix a été fait de rédiger un devoir complet au lieu de se limiter à de seules orientations. Cette

solution rend mieux compte de la cohérence d'ensemble à obtenir, notamment en ce qui concerne

l’enchaînement des 2nde et 3e parties.

Le travail proposé, réalisé dans un délai cohérent avec la nature de l'épreuve7, figure ci-après.

Cette version s’appuie sur l’analyse de copies de candidats des armées (TERRE et MARINE) ayant

obtenu les notes supérieures à 15/20 lors des concours 2016-2017.

On constate une différence par rapport à la fiche d’état-major de l’EEM. En particulier, la 3e partie

n’est pas le choix argumenté d’une des solutions évoquées en 2nde partie.

5 …alors que je suis rédacteur du sujet. Donc c’est toujours assez « chaud » comme épreuve ! 6 La recherche du plan devient accessoire puisque la trame de la fiche est pratiquement fixée par le libellé du sujet. 7 Environ 4h00 au brouillon du fait des prises de notes plus détaillées dans la perspective de la rédaction de ce corrigé et des ajouts pédagogiques (sens des mots par ex.)

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Maréchal un jour – Gal JFD 2018

7

Cette approche s’explique par le caractère interarmées et services de l’épreuve. Les marins, aviateurs

et commissaires ne sont pas astreints au stage de l’EEM à Saumur ! Elle repose aussi sur la question

posée qui doit rester le paramètre déterminant pour structurer la réponse.

Dès lors, il serait maladroit de s’arcbouter sur UN schéma rigide, dans l’approche de cette épreuve !

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8

INTRODUCTION

FICHE

à l’attention du chef de département

relative au point de presse sur industrie et commerce des armes

19

Préambule

La mondialisation des échanges de toutes natures, circulation des biens, des idées et des personnes, n’épargne pas les domaines de souveraineté. Parmi ceux-ci, celui de l’industrie et du commerce des armes possède un poids médiatique particulier lié à la multiplication et l’imbrication des conflits.

47

Idée maîtresse

Le marché de l’armement présente la particularité complexe de nécessiter des choix de natures stratégiques, économiques et éthiques dans un contexte géopolitique mouvant. Placée dans les premiers rangs mondiaux des exportateurs, la France se trouve ainsi particulièrement exposée aux critiques.

41

Annonce du plan

Un point de situation sur les caractéristiques des productions mondiales d’armement permettra d’éclairer les problématiques nationales. Enfin figurent des éléments de langage permettant d’éviter les positions manichéennes sur le thème commerce contre éthique.

34

DÉVELOPPEMENT 0

UN MARCHE RENTABLE MAIS A HAUT RISQUE 7

ID1

Le marché de l’armement n’échappe pas aux aspects contradictoires de la mondialisation qui voit s’affronter profit et éthique. Bien qu’encadrées par des traités et accords, les exportations d’armes conventionnelles restent un sujet sensible des relations internationales.

39

IS11

Le commerce des armes concerne l’équipement des armées nationales et les exportations. Ces deux marchés sont liés, le premier dépendant souvent du second pour des raisons de rentabilité des programmes. En 2016, les exportations mondiales d’armement étaient estimées à plus de 30 milliards de dollars. Cinq nations détiennent la plus grande part du marché, en tête les Etats-Unis avec 30%, suivis par la Russie, la Chine, le Royaume Uni et la France.

74

IS12

Le marché mondial de l’armement est en théorie contrôlé par l’application du traité sur le commerce des armes (TCA). Signé par 130 pays et ratifié par 50, le TCA est entré en vigueur en 2014 sous l’égide des Nations-Unies. Ce traité concerne les armes conventionnelles. Les principes généraux de limitation des exportations sont complétés par des embargos liés aux relations entre États : par exemple, embargo américain sur les armes au Soudan du Sud en février 2018.

80

IS13

Cette composante du commerce mondial présente une sensibilité particulière aux mouvements d’équilibre planétaires. Elle se situe en effet au carrefour d’opportunités économiques, de besoin de souveraineté et de respect de principes éthiques. Les alliances et coopérations ayant une durée de vie parfois inférieure à celle des équipements, les fournisseurs d’armes s’exposent aux contradictions de leurs choix.

60

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9

Transition (facultative)

/ 0

FRANCE : DES PROBLEMATIQUES SPECIFIQUES 4

ID2

La France doit assumer les contraintes de ses ambitions, notamment sa volonté d’autonomie en matière de défense. Ce choix de souveraineté impose l’entretien d’une base industrielle et technologique solide et des efforts budgétaires conséquents pour une puissance moyenne.

41

IS21

Depuis le choix fait par le général De Gaulle en 1958, de doter le pays de l’arme nucléaire, la France a dû assumer les conséquences de ses orientations stratégiques. Le développement de l’autonomie des forces conventionnelles s’est imposé en parallèle avec comme effet, celui d’un complexe militaro-industriel performant regroupant industrie de l’armement, forces armées, lobbys et décideurs publiques. Cet engagement permet de prévoir 10 Mds d’euros d’équipements dans la loi de finances 2018.

80

IS22

Les choix stratégiques se sont déclinés en poids industriel et économique. Cet effet d’entraînement sur l’économie nationale est maintenant incontournable. En 2016, le secteur a généré un solde commercial positif de 6,6 milliards d’euros et représente plus de 70 000 emplois (directs et indirects). En dehors des grands groupes – 4 sont français parmi les 30 premiers mondiaux-, le tissu industriel lié à la défense comporte près de 4000 PME.

73

IS23

Aujourd’hui, la France est confrontée à une situation tendue du point de vue de ses équipements : vétusté des matériels, retard des programmes et dérive des coûts, comme pour l’A400M. A cela s’ajoute le problème de la coopération franco-britanique en « mode BREXIT » et la nécessaire rénovation de la dissuasion nucléaire. Dans ces conditions le soutien à l’exportation revêt une importance particulière. La DGA à la triple mission d’équiper les armées, préparer l’avenir, et soutenir les industriels de l’armement se trouve en première ligne.

91

Transition (facultative)

/ 0

CONTRÔLE : VOLONTE ET LIMITES 4

ID3 Du fait de son rang parmi les principaux pays exportateurs, la France est particulièrement exposée à la survenue et à l’évolution de conflits mettant en cause la moralisation des ventes d’armes. Il est nécessaire de nuancer les jugements.

39

IS31

1. Principes et réalité : la France, le Royaume-Uni et des ONG ont été à l’origine du TCA dès le début des années 2000. Aujourd’hui, les décisions de vente sont prises par le premier ministre sur avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG). Le contrôle amont ne garantit cependant pas l’utilisation ultérieure.

62

IS32

2. Jugement éthique délicat : en dehors des grands programmes qui focalisent l’opinion, comme c’est le cas pour les Leclerc, Mirage et Caesar qui interviendraient au Yémen via l’Arabie saoudite, le comité « Éthique de l’armement » rappelle que « toutes les armes ne se valent pas ». La majorité des morts lors des conflits armés tiendrait aux armes légères comme l’AK47. Ici, le contrôle échappe en grande partie aux États.

73

Jean-François
Texte tapé à la machine
à la prolifération des
Jean-François
Texte tapé à la machine
xxx
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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

10

IS33

3. Légalité et moralité : les textes régissant les ventes d’armes sont fondés sur une moralité. C’est cette légalité dont il faut s’assurer qu’elle est respectée. C’est le rôle de la CIEEMG. La fragilité vient cependant de l’appréciation des risques d’évolution qui pourraient mettre en cause le fondement moral des transactions. On entre alors dans le champ compétence des juridictions pénale et administrative. Cette saisine échappe à la défense.

75

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

La France ne peut éviter les risques de l’équilibre subtil à préserver entre souveraineté, économie et éthique. Ce choix, qui semble intangible, doit être légitimé par un contrôle de légalité renforcé et une véritable prospective géostratégique.

36

Élargissement (souhaitable)

(Non retenu pour maîtrise du volume – Intégré dans la reprise) 0

TOTAL (pour information) 979 8

8 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD en ajoutant les « élidés » au résultat calculé par l’application.

Jean-François
Texte tapé à la machine
de
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Concours blanc EDG 2018 / EG

26 avril 2018

Sujet Vous êtes le commandant Louis TERERMER affecté à la DICOD / Département médias. A la suite d’un

article, paru dans un quotidien national, mettant en cause l’emploi d’armes d’origine française dans le

conflit du Yémen, votre chef de département doit proposer au délégué adjoint des éléments de

langage en vue d’un point de presse qui aura lieu demain.

Il vous demande de rédiger pour 12h00 une fiche de 810 à 990 mots abordant les principales

problématiques liées à la production et au commerce des armes et proposant des réponses possibles

en termes de communication.

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

2

SOMMAIRE du DOSSIER

1. Du matériel de guerre français impliqué dans le conflit yéménite (2018) ..................................... 3

2. Les ventes d’armes à l’Arabie saoudite sont-elles légales ? (2018) ................................................ 7

3. Les cinq plus grands marchands d'armes dans le monde (2016) .................................................. 11

4. La France, championne des ventes d’armes (2017) ...................................................................... 13

5. La France, championne des ventes d’armes (2017) ...................................................................... 16

6. Selon Mme Parly, la DGA devra trouver des « modes de financement innovants » pour équiper les

armées (2017) ....................................................................................................................................... 21

7. Les dossiers qui attendent le prochain patron de la DGA (2017) ................................................. 24

8. European Aeronautic Defence and Space Company (2018) ......................................................... 27

9. Lettre 94 du G2S (2018)................................................................................................................. 31

10. INDUSTRIES STRATÉGIQUES : La France doit protéger ses industries de souveraineté. (2016) 34

11. Armement : peut-on parler d’éthique ? (2012) ........................................................................ 36

12. On garde Moreau, on vend les armes (2017) ............................................................................ 39

13. Exportations allemandes d’armes vers des zones de tension : niveau record (2018) .............. 40

14. Le complexe militaro-industriel « à la française » ..................................................................... 42

15. Peut-on moraliser les ventes d'armes ? (2018) ......................................................................... 43

TOTAL DOSSIER 41 pages

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Maréchal un jour – Gal JFD 2018

3

1. Du matériel de guerre français impliqué dans le conflit yéménite (2018)

La croix 21 mars 2018 FRANÇOIS D’ALANÇON, CORINNE LAURENT, ALAIN GUILLEMOLES, AGNÈS ROTIVEL

La France a vendu et continue de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, utilisées dans le conflit au Yémen. Les industries de défense représentent en France 165 000 emplois et un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros par an.

Quelles armes françaises sont utilisées au Yémen ?

La France a augmenté ses ventes d’armes aux belligérants depuis que l’Arabie saoudite a lancé, le 25 mars 2015, une opération militaire au Yémen, à la tête d’une coalition de dix pays. Selon Amnesty International et l’Observatoire de l’armement, la France a accordé en 2015 et

2016 des licences à des entreprises françaises pour la fourniture de matériels de guerre – et assimilés – pour un montant de plus de 19 milliards d’euros à l’Arabie saoudite et pour un montant de 25,6 milliards d’euros aux Émirats arabes unis (EAU).

Selon le rapport annuel du traité sur le commerce des armes (TCA), la France a livré à l’Arabie saoudite 115 véhicules blindés de combat Aravis et 745 fusils de précision en 2015, 276 véhicules blindés de combat, deux systèmes d’artillerie de gros calibre (90 et 105 mm) et 500 fusils de précision en 2016. 29 missiles ont été livrés aux Émirats arabes unis en 2016.

Le gouvernement français continue à autoriser la signature de nouveaux contrats comme en novembre 2017, un contrat pour la vente de corvettes Gowind 2500 aux Émirats arabes unis ou, début janvier 2018, la fourniture de patrouilleurs de type Combattante FS56, à l’Arabie saoudite. Par ailleurs, des canons Caesar auraient été livrés à Riyad en 2017 et des négociations sont en cours pour la vente de blindés Titus. La coopération militaire bilatérale entre Paris et le royaume se poursuit également avec, en octobre 2017, un exercice commun

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pour la pratique du combat en zone montagneuse entre forces spéciales françaises et saoudiennes dans la région de Taëf.

Selon Amnesty International, l’utilisation d’armes françaises dans le conflit yéménite est établie, notamment des chars Leclerc et des Mirage 2000-9 fournis aux Émirats. La France continue à livrer des munitions probablement utilisées au Yémen, à assurer la maintenance et à fournir une assistance technique pour des matériels engagés au Yémen, à l’exemple des chars Leclerc.

Dans quel cadre la France vend-elle des armes et qui décide ?

La France a pris des engagements internationaux dans le cadre du traité sur le commerce des armes (TCA), adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en 2013, qu’elle a ratifié en 2014, et de la position commune de l’Union européenne établie en 2008. Ce droit international est toutefois sujet à interprétation. « Les deux textes fixent une liste de critères mais ce sont bien les gouvernements nationaux qui autorisent ou non les exportations, selon leurs propres règles et leur propre interprétation de ces critères », explique Lucie Béraud-Sudreau, chercheuse à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Londres.

Concrètement, la décision est prise par le premier ministre sur avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), composée de représentants des ministères des affaires étrangères, des armées et de l’économie. C’est elle qui examine les demandes de licence effectuées par les entreprises auprès de l’État. « Nous devons demander une autorisation avant même de pouvoir commencer à négocier un contrat, confirme un important industriel français du secteur de l’armement. Puis ces négociations sont suivies de près par l’État. Et, à la fin, il vérifie que le matériel livré correspond bien à ce qui a été autorisé. On ne nous signe jamais une autorisation en blanc. Les procédures sont très strictes. » Dans les cas les plus difficiles, la décision est renvoyée à une réunion « post-CIEEMG », d’un niveau hiérarchique supérieur, et, si le désaccord persiste, au président de la République.

Chaque année, la France rend compte de ses exportations d’armes dans plusieurs rapports, notamment au Parlement, au TCA et au registre des Nations unies sur les armes classiques. Mais cette transparence a des limites. L’information arrive avec retard au Parlement et reste insuffisamment détaillée, ne suscitant ni vrai débat, ni contrôle efficace.

Que représente pour la France la vente d’armes aux pays étrangers ?

Le secteur des industries de défense est important en France. Il compte une dizaine de grands groupes, comme Thales, Dassault, MBDA ou Airbus, mais aussi 4 000 petites ou moyennes entreprises réparties sur tout le territoire français. Selon la Direction générale de l’armement (DGA), les industries de défense représentent « 165 000 emplois directs à haute technicité et non délocalisables, et un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros par an, hors activité de maintenance ».

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La France est un des rares pays au monde à pouvoir produire seul un avion de chasse ou à pouvoir concevoir et fabriquer un sous-marin nucléaire. Elle a également la capacité de fabriquer des missiles, des chars et des navires, mais aussi des radars et équipements de télécommunication ou des satellites d’observation. Elle est capable de lancer ces satellites sans dépendre de personne. Préserver cette autonomie, cela coûte cher. C’est pourquoi les entreprises françaises se sont organisées pour exporter, de façon à pouvoir financer le développement de nouveaux systèmes d’armes que la France ne pourrait pas s’offrir seule.

« C’est le général de Gaulle qui a mis en place une politique étrangère et de défense axée sur la question de l’indépendance », rappelle Lucie Béraud-Sudreau. Ce choix est lié, notamment, à celui de disposer de l’arme nucléaire.

Interrogés pour savoir s’ils redoutent d’êtres mis en cause pénalement, les grands groupes du secteur militaire que nous avons joints se défendent d’avoir commis des actes illégaux. Naval Group, qui a vendu des frégates à l’Arabie saoudite, indique qu’il « respecte scrupuleusement la loi ». Chez Dassault Aviation, on répond que « l’exportation de matériel militaire français est totalement contrôlée par l’État ». La réaction est similaire au sein de toutes les entreprises concernées que nous avons pu joindre.

Pourquoi le marché saoudien est-il si convoité ?

Les dépenses militaires dans le monde ont connu une hausse en 2016 de + 0,4 % pour atteindre 1 544,3 milliards d’euros, soit 2,2 % du PIB mondial ou… l’intégralité du PIB de l’Inde. L’Arabie saoudite arrive en 4e position derrière la Russie, la Chine et les États-Unis, en tête avec 497 milliards d’euros. En 2016, Riyad avait dépensé 51,8 milliards d’euros, un chiffre en baisse. Mais, depuis, elle se rattrape. En visite à Londres début mars, le prince saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS) a fait son marché. Il est reparti après avoir acheté 48 avions de combat Eurofighter Typhoon, un contrat potentiel de plusieurs milliards d’euros et signé un protocole d’accord avec le groupe de défense britannique BAE Systems. Selon l’ONG Avaaz, la valeur des exportations d’armes britanniques vers l’Arabie saoudite s’élevait à 1,22 milliard d’euros pour le seul premier semestre 2017.

Soudé par un partenariat datant de 1945, qui assure au royaume une protection militaire contre un accès privilégié au pétrole, l’Arabie saoudite est toujours dépendante de son allié américain en termes militaires. Depuis hier, MBS effectue une tournée aux États-Unis en pays ami. C’est en effet à Riyad, en mai 2017 que Donald Trump a effectué son premier déplacement présidentiel à l’étranger. À cette occasion, les deux pays avaient annoncé des mégacontrats excédant 380 milliards de dollars (309 milliards d’euros), dont 110 (89,6 milliards d’euros) pour des ventes d’armes américaines à Riyad. Après Washington, MBS devait se rendre en France. Prévue fin février, la date de son voyage a été reportée à la mi-avril.

Des ventes d’armes « vraisemblablement » réalisées en violation des traités signés par la France

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Le rapport commandé au cabinet d’avocats Ancile par les ONG Amnesty International et ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), publié hier, estime probable que « les exportations de matériels militaires françaises se poursuivent sans garantie publique que leur utilisation finale soit strictement encadrée afin de garantir qu’ils ne puissent pas être utilisés au Yémen. Dans ce contexte, ces exportations (…) pourraient constituer vraisemblablement une violation par la France » de deux traités signés par elle, celui sur le commerce des armes (TCA), ratifié en 2014, et celui sur la position commune de l’Union européenne de 2008.

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2. Les ventes d’armes à l’Arabie saoudite sont-elles légales ? (2018)

La Croix 21 mars 2018

RECUEILLI PAR LAURENT LARCHER

Hélène Legeay Responsable Maghreb-Moyen-Orient à l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) Selon des ONG, la France a accordé en 2015 et 2016 des licences à des entreprises françaises pour la fourniture de matériels de guerre à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU) qui combattent au Yémen. Un rapport d’avocats estime que de ce fait, Paris risque de se retrouver en violation de ses engagements internationaux. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) estime qu’un recours en annulation des licences d’exportation d’armes pourrait être engagé devant le juge administratif.

Y a-t-il des armes françaises parmi celles utilisées par l’Arabie saoudite et ses alliés dans la guerre au Yémen ?

Hélène Legeay : La réponse est oui. Il y a notamment des canons Caesar, des chars Leclerc, des avions Mirage. Il y en a probablement d’autres. Certaines de ces armes ont été livrées avant le début du conflit, et on peut difficilement contester leur légalité. Ce qui pose un sérieux problème, ce sont les armes dont l’exportation a été autorisée et qui ont été livrées depuis le début de l’intervention de la coalition au Yémen, malgré le risque qu’elles puissent être utilisées pour commettre des attaques contre des civils.

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Nous savons par exemple que depuis 2015, la France a livré à l’Arabie saoudite des véhicules multi-missions Aravis, des fusils de précision, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des véhicules blindés de combat, des patrouilleurs, des intercepteurs. Les autorités françaises continuent en outre à délivrer chaque année pour des milliards d’euros de licences d’exportation, laissant entendre que le commerce se poursuit. J’ajoute que la France ne s’est pas contentée de continuer à vendre des armes à l’Arabie saoudite et ses alliés : elle a aussi poursuivi son assistance technique pour maintenir ses armes en conditions opérationnelles.

A-t-il été trouvé des traces d’armes françaises dans des crimes de guerre au Yémen ?

Hélène Legeay : Nous n’avons pas de preuves matérielles que des armes françaises ont été utilisées pour commettre des crimes de guerre. Tout au moins, pas encore, à ce jour. Quoi qu’il en soit, cela n’a pas de conséquence sur la légalité ou l’illégalité des exportations d’armes par la France à l’Arabie saoudite et ses alliés. Le Traité sur le commerce des armes et la position commune de l’Union européenne qui encadrent les exportations d’armes par la France sont clairs sur le sujet : peu importe que les armes soient utilisées pour commettre un crime de guerre ou une violation grave du droit international humanitaire, la réglementation internationale interdit cette exportation s’il existe seulement un risque qu’elles soient utilisées en ce sens.

J’insiste, car c’est le nœud du problème. Il ne s’agit pas de savoir si ce risque s’est réalisé ou non. La France n’a juste pas le droit de vendre des armes si le risque est avéré.

L’est-il dans le cas du Yémen ?

Hélène Legeay : C’est ce que révèle le rapport que nous avons commandé au cabinet Ancile Avocats. Cette étude établit qu’il y a un risque juridiquement élevé que les transferts d’armes de la France soient illicites au regard de ses engagements internationaux. Par exemple, malgré l’utilisation possible de chars Leclerc par l’armée émirienne pour commettre des violations graves du droit international humanitaire, la France a continué à assurer la maintenance de ce matériel et à livrer, vraisemblablement, des munitions. De même, Dassault assure la maintenance des Mirage 2000-9 alors qu’ils sont engagés dans des missions d’attaques au Yémen.

Alors que le blocus maritime assuré par la coalition est condamné par les ONG et par les Nations unies pour ses conséquences humanitaires catastrophiques, les entreprises françaises continuent à fournir du matériel et une assistance technique, tant à la marine saoudienne qu’aux garde-côtes saoudiens. Ces transferts sont susceptibles de contribuer au blocus.

Quelles sont les entreprises françaises concernées par ces ventes d’armes ?

Hélène Legeay : Elles sont nombreuses : MBDA, Nexter, Thales, Soframe. Ainsi, depuis 2015, Nexter a livré à l’Arabie saoudite 115 véhicules de combat Aravis et aurait aussi livré des

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munitions d’artillerie susceptibles d’être tirées par des canons Caesar déployés dans le cadre du conflit. TDA Armements, une filiale de Thales, aurait vendu une grande quantité d’obus de mortier. Le groupe Renault Trucks Defense a livré des blindés légers Renault Sherpa et VAB Mark 3 à l’Arabie saoudite.

Caesar International a conclu un contrat de 59 millions d’euros avec la garde nationale saoudienne pour la fourniture de missiles sol-air Mistral. En 2016, le chantier naval de Cherbourg CMN (Construction mécaniques de Normandie) aurait négocié la fourniture de 39 patrouilleurs militaires de 35 mètres équipés du système de combat Tacticos fourni par Thales Nederland.

En avez-vous parlé avec ces entreprises ?

Hélène Legeay : Non. Notre objectif, c’est d’interpeller d’abord les autorités françaises. Si ces entreprises ont signé des contrats avec ces pays, c’est qu’elles en ont reçu l’autorisation de la part du premier ministre sur avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre (CIEEMG). Donc nous voulons attirer l’attention des autorités françaises sur le caractère illégal des autorisations qu’elle délivre.

L’idée est d’attirer aussi l’attention des entreprises pour qu’elles prennent conscience qu’il y a un risque que les contrats qu’elles signent soient illégaux. Nous interpellerons certainement directement ces entreprises dès lors que nous disposerons d’une preuve matérielle que les armes qu’elles ont vendues depuis le début du conflit ont contribué à commettre un crime de guerre au Yémen. Si cela était le cas, leur responsabilité pénale pourrait être engagée.

Est-ce que vous interrogez la moralité et l’éthique de ce commerce ?

Hélène Legeay : Nous n’allons pas sur ce terrain-là car il existe un cadre juridique pour ce commerce. Nous interrogeons la légalité de ces exportations : une légalité qui elle-même repose sur une moralité. Cela a l’avantage de rester dans l’objectivité. Le droit est là, il faut le respecter.

Que risque la France ?

Hélène Legeay : Un recours en annulation des licences d’exportation devant le juge administratif pourrait être engagé. En outre, si à l’avenir nous obtenions la preuve qu’une arme française livrée depuis le début du conflit a été utilisée pour commettre un crime de guerre, nous pourrions envisager un autre recours administratif, mettant cette fois en cause la responsabilité de la France pour avoir vendu des armes alors qu’elle savait ou aurait dû savoir qu’elles pourraient être utilisées contre des civils.

Nous n’avons pas encore décidé de la suite juridique que nous allons donner à cette étude, mais les pistes de contentieux sont sérieuses.

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Hélène Legeay - ACAT France

Repères

Une nette accélération des ventes d’armes sous François Hollande

La France est le troisième exportateur d’armes, pour la période 2013-2017, derrière les États-Unis et la Russie, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

14 milliards d’euros de prises de commande en 2016. « Le changement d’échelle radical était notable dès 2015, avec près de 17 milliards d’euros de prises de commandes, contre 4,8 milliards d’euros en 2012 », notait le ministère des armées en 2017.

24 Rafale chacun pour le Qatar et l’Égypte. Ce sont quelques-uns des gros contrats signés sous l’ère Hollande-Le Drian. « Une combinaison de facteurs internes et externes, une réorganisation du soutien aux exportations et une distanciation des pays du Golfe vis-à-vis des États-Unis », explique ce tournant, selon la chercheuse Lucie Béraud-Sudreau de l’International Institute for Strategic Studies (IISS).

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3. Les cinq plus grands marchands d'armes dans le monde (2016)

AMNESTY INTERNATIONAL – Publié le 22.08.2016.

Chine

Les données sur le commerce des armes sont tenues secrètes mais il est estimé que ce pays représenterait environ 5 % du commerce mondial des armes classiques. Ses principaux clients sont souvent des pays en développement dont le bilan en matière de droits humains n’est pas bon : l’Algérie, l’Angola, le Bangladesh, l’Égypte, l’Irak, l’Iran, la Jordanie, le Kenya, le Pakistan, la République démocratique du Congo et le Soudan, notamment. La Chine a, par exemple, fourni des roquettes et des mines antichars à la Libye sous le régime de Mouammar Kadhafi, ainsi que des munitions, des grenades pour lanceurs, des mortiers et des obus de mortier au Zimbabwe.

États-Unis

Les États-Unis sont, de loin, le plus gros exportateur d’armes au monde ; ils sont à l’origine d’environ 30 % des transferts d’armes classiques (en valeur) et fournissent des armes à plus de 170 pays. Ils ont, certes, restreint les transferts d’armes en direction du Myanmar, de la Chine, du Sri Lanka, du Zimbabwe et des pays visés par des embargos sur les armes, décrétés par les Nations unies. Mais ils restent le principal fournisseur d’armes de l’Égypte et d’Israël, à qui ils vendent des armes lourdes ainsi que des armes de petit calibre, des munitions et des agents chimiques antiémeutes, malgré la répression violente menée contre les manifestants.

France

La France fait partie des cinq plus gros exportateurs mondial d’armes classiques en valeur - un classement dominé par les États-Unis et la Russie. La France est généralement favorable à des critères stricts pour les transferts d’armes, mais elle a fourni des armes à des pays où de graves violations des droits humains pouvaient être commises, comme la Libye sous le colonel Kadhafi, l’Égypte, Israël et le Tchad, l’Arabie saoudite, ainsi que la Syrie entre 2005 et 2009.

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni également partie des cinq plus gros exportateurs mondial d’armes classiques en valeur. Il est généralement favorable à des critères stricts pour les transferts d’armes, mais il a fourni des armes à des pays où il existe un risque élevé de graves violations des droits humains, comme l’Arabie saoudite, le Sri Lanka, la Libye lorsque le colonel Kadhafi était au pouvoir, ou encore le Yémen.

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Russie

La Russie est le deuxième plus gros vendeur d’armes au monde en termes de valeur des exportations. Environ 10 % des exportations d’armes russes seraient à destination de la Syrie, faisant de la Russie le principal fournisseur d’armes de ce pays. Ces transferts incluent des missiles antichars et des avions de combat MiG. La Russie vend au Soudan des hélicoptères de combat utilisés pour attaquer des civils au Darfour et au Kordofan du Sud. Elle se positionne aujourd’hui comme un exportateur majeur d’équipements militaires à destination de l’Égypte.

Si les puissances occidentales se félicitent bruyamment d’avoir joué un rôle déterminant dans l’adoption du TCA, elles continuent à vendre des armes à des acheteurs qui affichent le plus grand mépris pour les droits humains.

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4. La France, championne des ventes d’armes (2017) MAJOR PREPA - 8 août 2017 Astrid Plonquet

« La France mère des arts, des armes et des lois » -selon la formule de Joachim du Bellay- les exporte historiquement dans le monde. Du Code Civil à la danse classique (elle a été codifiée sous Louis XIV et les termes techniques utilisés par les danseurs du monde entier sont en français), en passant par les Rafales, la France bénéficie d’une réputation très avantageuse. Le Mistral n’est pas simplement gagnant pour Renaud : les entreprises d’armement françaises concurrencent ainsi celles Américaines, Russes et à présent, Chinoises, et les carnets de commandes ne cessent de se remplir. Indéniablement le complexe militaro-industriel français est ainsi devenu l’un des premiers au monde et se porte on ne peut mieux depuis 2015. On pourra néanmoins s’interroger sur la durabilité de ce phénomène et l’ambiguïté d’une telle spécificité française. Comment expliquer que la France soit devenue incontournable en matière de vente d’armes ? Le restera-t-elle ?

La France, une bonne élève dans le domaine de l’industrie de l’armement à l’échelle mondiale

• La France se classe parmi les premiers pays exportateurs d’armes dans le monde

Tandis que l’Allemagne a perdu sa place de 3e exportateur, la France se place parmi les 5 premiers exportateurs d’armes au monde (3e) et, dans la mesure où le quinquennat Hollande a vu une augmentation de près de 45% des livraisons d’armement, elle pourrait même devancer le géant Russe d’ici à 2018. Toutefois, les Etats-Unis devraient rester de loin le n°1 des 57 pays exportateurs d’armes évoluées dans le monde – à eux seuls ils totalisent en effet le tiers des ventes dans le monde ! Entre 2012 et 2016 les chiffres de prise de commande auprès d’entreprises françaises sont ainsi passés de 4,8 à 20 milliards d’euros selon la DGA. Pour ce qui est des livraisons facturées, selon une étude de l’Observatoire économique de la

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Défense, l’évolution est plus lente : la tendance est cependant bien là et cette relative lenteur s’explique par le temps de matérialisation des commandes ! Remarquons que la France exporte ainsi au total cinq fois plus d’armement qu’elle n’en importe.

• La France, en effet, vend des armes au monde entier

Les chiffres établis par l’Observatoire de la défense sont cependant assez contre-intuitifs et placent l’UE comme premier client de la France – alors même que le SIPRI soulignait une baisse importante des commandes de la part de la région depuis la crise de 2008. Voici les chiffres de l’année 2016 synthétisés sous forme d’un graphique (en pourcentage de ventes) :

Toutefois la Chine est le 2e client de la France sur la période 2011-2016, ce malgré l’embargo sur les armes à son encontre, décidé par les Etats-Unis et l’UE après les évènements de Tian’anmen (1989). Elle se positionne juste derrière le Maroc et devant l’Égypte, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite.

• Elle a depuis 2014 reçu des commandes historiques !

Si l’on excepte la commande brésilienne de quatre sous-marins Scorpène en 2009, la période 2014-2016 a connu les commandes les plus importantes depuis plusieurs décennies.

En 2014, Jean Yves Le Drian a décroché le contrat Falcon Eye de satellites espions pour Abu Dhabi, au nez et à la barbe de l’américain Lockheed Martin, mais ce n’est pas tout. Voici les principales ventes d’armes signées par la France ces dernières années :

3 milliards de dollars d’armes pour le Liban via l’Arabie Saoudite

En novembre 2014, l’Arabie Saoudite a signé une série d’accords, le contrat DONAS, pour équiper les Forces armées libanaises avec du matériel français. Ce contrat a cependant été remis en question en février de la même année à cause des prises de positions diplomatiques de Beyrouth (les équipements devant être redirigés vers l’armée saoudienne pour ne pas tomber entre les mains du Hezbollah).

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24 « Rafale » et une Frégate vendus à l’Égypte pour 5,2 milliards d’euros

Une commande annoncée en février 2015 et historique, car elle met fin à 27 ans sans une seule vente pour l’avion français, qui jusqu’ici n’avait jamais été exporté à l’international. En effet, son prix unitaire – presque 101 millions d’euros alors que son aîné, le Mirage 2000D (1984-aujourd’hui) coûtait 17 millions d’euros– a longtemps été dissuasif pour les gouvernements étrangers.

36 « Rafale » pour 10 à 12 milliards d’euros à l’Inde

Annoncé en avril 2015. J’en profite pour te rappeler que le Rafale est le fleuron de Dassault Aviation.

24 « Rafale » à 6,3 milliards d’euros au Qatar

La vente est annoncée le 30 avril 2015 par l’Élysée. Les premières livraisons devraient avoir lieu dès 2018. L’Armée française a profité de l’occasion pour signer des formations pour 36 pilotes qataris et une centaine de mécaniciens. Les avions livrés seront équipés de tous les armements disponibles, dont des missiles de croisière Scalp et air-air Meteor, ce qui augmente la note finale !

12 sous-marins pour l’Australie à 34,3 milliards d’euros

C’est LE contrat de ces dernières années. Le premier sous-marin devrait être mis en service en 2030 et cet accord comprend la conception, les transferts de technologie, la production, le système de combat et la maintenance pendant 25 ans. Cette commande mobilisera plus de 4000 salariés !

L’Affaire des « Mistral » commandés par la Russie

En juin 2011, la Russie achète, pour 1,2 milliard d’euros, deux BPC de classe Mistral à la France. Mais les deux bateaux construits par les chantiers de Saint-Nazaire vont rester à quai, et leur livraison est suspendue en 2014 par le président français à la suite de l’intervention de la Russie dans la crise ukrainienne. Ils seront finalement vendus en septembre 2015 à l’Égypte pour 920 millions d’euros.

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5. La France, championne des ventes d’armes (2017) CHALLENGEs - Vincent Lamigeon - 16.05.2017 à 13h26

Le quinquennat Hollande a vu les livraisons d’armements français augmenter de près de 45%, à 8,3 milliards d’euros en 2016, selon une étude du ministère de la défense. La France pourrait même dépasser la Russie en 2018.

2016 comparé à 2011 : la France enregistre un bond de +45% de ses ventes d'armements.

DR/Challenges

Voici au moins un point sur lequel le bilan de François Hollande est incontestable. Entre son arrivée à l'Élysée en 2012 et son départ en 2017, l'ex-président de la République a, qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, spectaculairement relancé les ventes d'armements français. On connaissait déjà les chiffres de prises de commandes, traditionnellement publiés par la DGA chaque année : selon cet indicateur, les ventes d'armes sont passées de 4,8 milliards d'euros en 2012 à 6,8 milliards en 2013, puis 8,2 milliards en 2014, 16,9 milliards en 2015, et 20 milliards d'euros environ en 2016. Un dernier chiffre évoqué par Jean-Yves Le Drian en janvier,

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mais contesté en interne, car prenant en compte le contrat de sous-marins australien pas encore officiellement entré en vigueur.

L'Observatoire économique de la défense a donné le 15 mai un éclairage complémentaire sur la performance française. Dans son dernier bulletin, l'organisme publie non pas les prises de commandes, mais bien les livraisons facturées par la France. L'évolution est plus lente que celle des prises de commandes, qui mettent des années avant de se matérialiser en livraisons sur ces marchés hautement technologiques et de long terme. Mais la tendance est bien là : entre 2012 et 2016, les livraisons d'armes françaises ont augmenté de 44,5%, à 8,3 milliards d'euros en 2016. Sur la seule année 2016, la hausse est de 14%. Les importations, elles, n'ont augmenté que de 10% sur la même période, à 1,7 milliard d'euros en 2016. La France exporte donc cinq fois plus d'armement qu'elle n'en importe.

L'UE premier client

A qui la France vend-elle ses armes ? L'Observatoire économique de la défense établit un diagnostic finalement assez contre-intuitif. Le Proche et le Moyen-Orient ne représentent que 16,5% des exportations 2016. La région est devancée par l'UE (23%), l'Asie (22%) et même l'Afrique (21%), cette dernière affichant même la plus forte contribution à la croissance des exportations. Côté importations, 72,5% des équipements importés en 2016 proviennent d'Europe (40% de l'UE) et 16,6% d'Amérique.

L'effet pour l'économie française est non négligeable : l'armement a généré un solde commercial positif de 6,6 milliards d'euros en 2016. L'impact social est estimé à 34.000 emplois directs et 40.400 indirects, soit 74.400 emplois en tout. "A chaque million exporté de matériel de guerre correspondent environ 9 emplois directs et indirects", résume l'Observatoire économique de la défense. L'effet de levier est très important : les entreprises composant la base industrielle et technologique de défense (BITD), dont l'activité est le plus souvent à la fois civile et militaire, représentent 20,7% des exportations françaises et 1,022 million d'emplois directs et indirects.

La tendance est bien partie pour se poursuivre. Selon le cabinet IHS Jane's, la France, troisième exportateur d'armes mondial en 2016, devrait passer devant la Russie en 2018, un résultat impensable il y a encore cinq ans.

Si la France occupe un tel rang aujourd’hui c’est en raison de

décisions politiques historiques et de la qualité de sa production.

La France a voulu produire ses propres armes mais pour rentabiliser le développement d’un complexe militaro-industriel performant, elle a dû devenir exportatrice

La France a en effet fait le choix de produire l’ensemble de son matériel militaire, ce qui représente des investissements colossaux que le marché national ne suffit pas à rentabiliser.

Après avoir développé en interne son complexe militaro-industriel -le terme désigne l’ensemble que constituent l’industrie de l’armement, les forces armées, les lobbys et les décideurs publiques- la France s’est ainsi repositionnée au sein de l’industrie de l’armement

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afin de rester performante dans un contexte très contemporain de mondialisation des ventes d’armes. Parmi les restructurations qu’a connues la branche, figurent l’abandon de la filière du blindé léger (2002), et la production de fusils d’assaut et de munitions de petits calibres (fin des années 1990). On remarquera toutefois que les commandes nationales sont particulièrement importantes en France, car elle est l’un des deux derniers pays européens membres de l’OTAN (avec le Royaume-Unis) à entretenir considérablement ses forces armées. Cela lui permet de dégager des marges pour innover et investir, à travers entre autres des partenariats avec les industries de défense britanniques, italiennes, et plus largement, européennes : Lancaster House, FREMM, Eurocopter Tigre…

Actuellement d’autres raisons stratégiques poussent la France à exporter

Au-delà de la simple rentabilisation de la création du complexe militaro-industriel français, l’exportation d’armes a un effet considérable sur l’économie française. En 2016, ce secteur a généré un solde commercial positif de 6,6 milliards d’euros et représente plus de 70 000 emplois (directs et indirects). Selon l’Observatoire économique de la défense, à chaque million de matériel exporté, correspondent en effet 9 emplois directs et indirects ! C’est entre autres grâce à ce secteur très innovant que la France entretient sa réputation dans des domaines comme l’aéronautiques -on pourra penser au programme ARIANE et à sa participation à des projets comme Galileo, la stratégie militaire et les nouvelles technologies- !

Néanmoins, ce n’est pas un hasard si l’Etat exerce un contrôle important sur ce secteur -au point même de se voir parfois reproché une absence de transparence-. Les enjeux sont également diplomatiques et géopolitiques. Les transferts de matériel s’accompagnent entre autres de formation des militaires, d’échanges de savoir-faire, et ce sur plusieurs décennies. Exporter des armes, par exemple au Moyen-Orient dont elle dépend fortement pour ses importations de pétrole, est donc une façon de nouer des relations privilégiées avec le pays acheteur et de jouer un rôle dans la région où il est situé.

Toutefois, cela serait impossible sans la réputation de son complexe militaro-industriel liée à la qualité des équipements qu’il propose

Actuellement, la BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense) repose sur une dizaine de grands groupes internationaux et sur un tissu très diversifié de 4 000 PME. Alors que certaines technologies critiques de l’armement demeuraient des exclusivités américaines jusque dans les années 1960, le complexe militaro-industriel français et ses partenaires européens (à travers EADS-Airbus) sont parvenus à se diversifier et couvrent désormais l’ensemble du spectre des armements possibles (à l’exception des fusils d’assaut). On compte aujourd’hui quatre groupes français dans les trente premiers mondiaux -Thales (10), Safran (16), DCNS (19) et Dassault Aviation (53). Ces grands groupes ont développé des armes phares comme le Mirage, puis le Rafale (pour l’aviation), ou encore le Mistral (pour la Marine). Les entreprises françaises sont par ailleurs très actives dans les projets de recherche internationaux. Ainsi, bien que la société mère d’Airbus Group soit de droit néerlandais, le groupe est très implanté en France. On notera enfin que la France est l’un des rares pays à disposer de la technologie des sous-marins nucléaires et qu’elle reste l’un des principaux précurseurs en matière d’aviation, se plaçant comme leader de l’industrie aéronautique !

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De telles performances françaises ne sont cependant pas sans contradiction et l’on peut s’interroger sur leur pérennité.

La France a bénéficié d’un contexte géopolitique « favorable » ces dernières années.

Selon le SIPRI, les ventes d’armes auraient augmenté de 8,4% dans le monde en 10 ans : depuis la Guerre Froide, jamais autant d’armes n’avaient été vendues en si peu de temps que sur la période 2012-2016 ! Seule l’Europe aurait vu ses importations d’armes chuter -malgré les programmes d’équipement des pays Baltes et de la Pologne- à l’inverse de l’Inde et des pays du Moyen-Orient. En Afrique subsaharienne, on remarque que les principaux acheteurs ne sont autres que le Nigéria, le Soudan et l’Éthiopie, trois pays en zone de conflit !

Les récents conflits ont par ailleurs profité aux ventes françaises, faisant de ses produits, des équipements « combat proven » : le Rafale et les hélicoptères Caracal (récemment vendus au Koweït) avaient été utilisés avec succès en Afghanistan, en Libye, Centrafrique, et sur le théâtre syro-irakien…. Certains pays, pris de court, ont été contraints d’acheter le matériel nécessaire à leur armée sans pouvoir développer leur propre industrie, c’est le cas de tous les pays du Proche-Orient à l’exception d’Israël, et pourraient à terme vouloir remédier à cette situation…

En plus de devoir faire face à des conditions économiques moins favorables, la France doit faire face à des critiques liées à ses valeurs

La France va entre autres devoir faire face à un changement de conjoncture économique et des réductions de budgets qui vont, à l’échelle nationale, entraîner une nouvelle diminution des commandes nationales et mettre en péril l’innovation et la recherche. Hors de telles considérations économiques, elle doit, depuis le début des années 2000, faire face à de nombreuses critiques. Alors qu’elle prône la paix et les droits de l’homme, elle est accusée d’avoir, en contribuant au réarmement du régime, contribué au génocide du Rwanda (1994), mais aussi, elle est accusée de contourner les embargos internationaux. La France, pourtant tenue de respecter les embargos votés sur les ventes d’armes, en aurait violé plus de la moitié ces dernières années. Par exemple, malgré l’embargo européen, elle aurait vendu à la Chine plus de 500 millions d’armement entre 2010 et 2014… Il est donc possible que la France doive tôt ou tard rendre des comptes…

Toutefois, il n’est pas exclu que la France réussisse à s’adapter et/ou survivre

Certes la hausse de ses ventes est aussi le fruit d’une conjoncture favorable en ce qui concerne le cours de l’euro (bas) qui facilite les ventes, certes les variations du cours du baril risquent de conduire certains pays à réduire leurs dépenses ou les étaler, mais rien n’est écrit en économie (et les effets que ces variations auraient potentiellement ne sont pas définis !). De plus, la France demeure une alternative importante pour les pays qui ne voudraient pas s’adresser aux Etats-Unis pour leurs commandes. En ce qui concerne le viol des embargos, dans la mesure où toutes les conventions de ce genre -comme le Traité sur le Commerce des Armes visant à réguler la circulation des armes et entré en vigueur en 2014- ne sont pas toujours signés par les principales puissances (ou les principaux clients dans le cas du TCA), le dossier pourrait être classé….

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Ainsi malgré quelques nuages, la France vendeuse d’arme apparaît comme rayonnante, et semble avoir encore de beaux jours devant elle au regard des derniers contrats signés !

Je te conseillerai donc de retenir que :

- La France est la 3ème exportatrice d’armes au monde et ne cesse de se hisser dans la hiérarchie et elle a réalisé d’importantes ventes depuis 2014 grâce notamment à la réputation de ses équipements.

- La qualité de son complexe militaro-industriel résulte de choix politiques historiques, notamment celui d’assurer son indépendance en matière de défense.

- Toutefois son statut risque d’être remis en question avec le changement du contexte économique et géopolitique.

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6. Selon Mme Parly, la DGA devra trouver des « modes de financement innovants » pour équiper les armées (2017)

Politique de défense par Laurent Lagneau le 24-07-2017

Le 6 juillet dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, était invitée à s’exprimer devant les députés de la commission de la Défense. Et la lecture du compte-rendu de cette audition, qui vient d’être mis en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, ne manque pas d’être savoureuse par moment, quand l’on connaît la suite des évènements…

Au moment où a eu lieu cette audition, et même si la rumeur courrait à l’époque, personne ne savait que le ministère de l’Action et des Comptes publics allait demander aux Armées de prendre financièrement à leur charge l’intégralité des coûts liés aux opérations extérieures (OPEX) et intérieures (OPINT) – soit 850 millions d’euros – alors que, en vertu de la Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée, ces derniers auraient dû faire l’objet d’un financement interministériel en fin de gestion.

D’où les propos tenus par le général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major des armées (CEMA) lors de son passage devant la même commission qui avait entendu Mme Parly quelques jours plus tôt. Propos qui lui valurent les foudres d’un président Macron qui confondit autorité avec autoritarisme, oubliant (ou ignorant) l’article D3121-9 du Code de la Défense, lequel précise exactement les prérogatives et devoirs d’un CEMA.

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Cela étant, évoquant, devant les députés, la perspective de cet effort budgétaire qui ne manquerait pas d’être demandé à son ministère, Mme Parly a dit, au sujet du général de Villiers, lors de son audition du 6 juillet : « Il a raison de considérer qu’il faut trouver les financements pour les OPEX et, en même temps, assurer la régénération de l’équipement des armées. » Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas en désaccord sur ce point. »

« L’une des difficultés de l’élaboration du budget pour 2018 tient au fait que le socle budgétaire de 2017 ne comporte pas tous les effets en année pleine liés aux décisions prises après l’attaque du Bataclan ou et autres événements importants survenus pendant l’année 2016 », a également expliqué Mme Parly.

« Pour mon collègue Gérald Darmanin [le ministre de l’Action et des Comptes publics, ndlr], c’est de l’argent frais qu’il va falloir trouver; mais, de mon point de vue, ce n’est pas de l’argent frais puisqu’il s’agit de financer des opérations déjà engagées et sur le financement desquelles nous ne disposons d’aucune marge de manœuvre, à moins de les interrompre », a continué la ministre, avant d’admettre que « des mesures d’ajustement pourraient néanmoins être décidées dans l’immédiat afin de tenir compte des impasses budgétaires mises en lumière par la Cour des comptes. »

« Nous avons également un ‘matelas’ […] de crédits de paiement qui correspondent à des programmes engagés mais dont la trésorerie, en quelque sorte, en termes de crédits budgétaires, peut-être plus ou moins pilotée ; à ceci près que, au bout d’un certain temps, il faut tout de même payer. Si on ne le fait pas, on finit par payer des intérêts moratoires, on crée des situations délicates pour un certain nombre d’entreprises, etc. Nous restons donc très attentifs à ce qu’on ne majore pas les reports en question », a ensuite avancé Mme Parly.

« Quoi qu’il advienne, je puis vous assurer que nous sommes pleinement engagés pour protéger au mieux les moyens prévus pour 2017, car nous avons parfaitement conscience que les années 2017 et 2018 se tiennent : diminuer les moyens décidés pour 2017 rendra d’autant plus difficile le financement de ceux de l’année 2018 », a fini par faire valoir la ministre. En clair, la forte hausse promise du budget des armées en 2018 sera en partie amputée par les coupes effectuées cette année.

En général, quand le ministère des Armées doit faire des économies, il n’a pas 36 solutions : il les prélève sur le programme 146 « Équipement des forces », c’est à dire sur le budget géré par la Direction générale de l’armement (DGA).

Et Mme Parly a indiqué que la « réforme de la DGA sera […] un élément déterminant » pour le renouvellement des matériels par « l’entrée en service de nouvelles générations d’équipements permettant un réel saut technologique. »

« Nous allons prochainement désigner un nouveau DGA [Délégué général pour l’armement, ndlr] qui aura pour mission non seulement d’améliorer la qualité et de veiller à la modernité de nos équipements, mais également d’engager une profonde transformation visant à trouver des modes de financement innovants pour accélérer le renouvellement des matériels », a annoncé la ministre, sans plus de précision.

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Quelles seront donc ces « modes de financement innovants » qu’aura à trouver le successeur de Laurent Collet-Billon, l’ex-Délégué général pour l’armement, dont le mandat a pris fin le 30 juin dernier ? Va-t-on assister au retour des « sociétés de projet », rendues possibles par la loi pour la croissance et l’activité (dite « loi Macron ») voté en 2015 ?

Pour rappel, afin de remédier au retard de la vente aux enchères de fréquences hertziennes aux opérateurs de télécommunications, l’ancien ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait imaginé un dispositif – très critiqué – reposant sur des « sociétés de projet » qui, grâce à l’apport de capitaux publics et privés, auraient acheté des équipements pour ensuite les louer aux armées.

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7. Les dossiers qui attendent le prochain patron de la DGA (2017)

L'Usine Aéro, Aéronautique, Dassault Aviation

Hassan Meddah - Publié le 03/07/2017 À 15H26

Budget des armées, coopération franco-britannique en mode Brexit, grands programmes d’armement, rénovation de la dissuasion nucléaire, soutien à l’exportation : le (ou la) prochain(e) patron de la direction générale de l’armement (DGA) devra monter au front très vite.

Le mandat de Laurent Collet-Billon à la tête de la DGA s'est terminé le 30 juin dernier. Un poste qu'il aura occupé 9 ans. © Paco.Ben Amar/DGA COMM

Qui succèdera à Laurent Collet-Billon au poste clé de délégué général pour l’armement (DGA) ? La question reste entière depuis que vendredi 30 juin le ministère des

Armées a annoncé son départ après neuf années dans ses fonctions. Son directeur général adjoint Vincent Imbert assurera l’intérim.

Au fil des décennies, cette entité du ministère de la Défense s’est imposée comme le rouage indispensable de l’industrie française de défense cumulant les expertises militaires, budgétaire et industrielle. Sa mission est triple : équiper les armées, préparer l’avenir, et soutenir les industriels de l’armement. Pour la mener à bien, la DGA compte 10400 collaborateurs et un budget de plus de 10 milliards d’euros pour équiper les armées.

Qui pour succéder à Laurent Collet-Billon ?

Plusieurs noms circulent pour prendre la tête de l’institution créée par le général de Gaulle en 1961. Les successeurs potentiels de Laurent Collet-Billon, ont l’avantage de connaître parfaitement la maison. Soit parce qu’ils y sont passés soit parce qu’ils (ou elles) sont déjà dans la place à des postes clés. En premier lieu, Bruno Sainjon actuel président de l’ONERA, l’institut public de recherche aérospatial. Il avait quitté la DGA où il occupait le poste de directeur des opérations.

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Deux femmes pourraient également briguer le poste, ce qui serait une première dans l’histoire de cette direction. D’une part, Monique Legrand-Larroche, première femme officier général 4 étoiles en France, est l’actuelle directrice des opérations, en charge de conduire l’ensemble des programmes et opérations d'armement. D’autre part, Caroline Laurent qui a été nommée directrice de la stratégie en 2014.

Mener à bien la bataille budgétaire

A peine installé, le nouveau délégué sera engagé dans une bataille budgétaire à couteaux tirés. Face à Bercy qui souhaite un gel de certaines dépenses militaires, le DGA doit être le principal allié de la nouvelle ministre des Armées Florence Parly, dépourvue d’expertise dans le milieu de la Défense. Le candidat Emmanuel Macron avait promis de porter à 2% du PIB l’effort national de Défense d’ici 2025, soit l’équivalent d’un apport de 2 milliards d’euros supplémentaires par an entre 2018 et 2020.

L’atteinte de cet objectif est clé pour la DGA puisque c’est elle qui détient les cordons de la Bourse pour financer les programmes de recherche et développement et pour passer commande aux grands industriels de la Défense. Chaque année, elle achète pour environ 10 milliards d’euros d’équipements militaires auprès des Airbus, Dassault Aviation, DNCS, Nexter, Thales… et les 4000 PME qui forment le tissu industriel de la défense. Ce qui en fait le premier investisseur de l’Etat.

La DGA devra prendre en compte les arbitrages entre le financement des armes conventionnelles (ravitailleurs, drones, hélicoptères…) et la couteuse modernisation de la dissuasion nucléaire. Les sénateurs ont ainsi estimé qu’il faudrait augmenter l’effort nucléaire de plus de 50% jusqu’à 6 milliards d’euros en 2025.

Miser sur la coopération européenne

Autre dossier délicat pour le DGA : la coopération franco-britannique en mode Brexit. Dans le cadre des traités militaires de Lancaster House signés en 2010, la France et le Royaume-Uni sont engagés dans une coopération structurante dans le domaine des drones de combat. Chaque partenaire a désigné un chef de file industriel, Dassault Aviation côté français et BAE Systems côté britannique, pour mener à bien ce projet porté par un engagement initial de 145 millions d’euros.

Par ailleurs, Paris et Londres ont même coorganisé une dépendance mutuelle dans le domaine des missiles en positionnant de part et d’autre de la Manche les bureaux d’études du missilier MBDA. Au-delà du cas britannique, la DGA devra saisir l'opportunité du nouveau fonds européen de défense, initié par la Commission européen, il vise à établir des coopérations technologiques et industrielles entre les États.

Déminer les grands programmes

Parmi ses missions, la DGA doit également s’assurer du bon déroulement des grands programmes. Le plus à risque du moment : l’A400M, l’avion de transport militaire d’Airbus malheureusement célèbre pour ses années de retards et ses milliards de surcoûts. Si les

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armées constatent que l’avionneur commence à délivrer des avions aux bonds standards, ce dernier n’en est pas pour autant sorti d’affaires. La DGA veillera au fait que le groupe de Tom Enders saura équiper les appareils avec les dernières options exigées comme le ravitaillement des hélicoptères en vol ou le largage des parachutistes par les portes latérales.

Autre programme à gérer avec précaution : le programme Scorpion de renouvellement des 2000 véhicules blindés pour l’armée de Terre ainsi que la modernisation des chars Leclerc. Les armées et les industriels (Nexter, Thales et Renault Trucks Defense) militent pour un doublement des cadences. Responsable du calendrier des livraisons aux armées, la DGA se veut plus prudente et tient à s’assurer que la courbe d’apprentissage industrielle sera bien respectée pour éviter la sortie de route industrielle.

Soutenir les exportations

La signature en mai dernier d’un contrat pour fournir environ 500 véhicules blindés légers à la Belgique pour 1,1 milliard milite pour accélérer la cadence de production des véhicules blindés. Dossier dans le dossier : la DGA aura plus que son mot à dire quant au repreneur de Renault Trucks Defense, fournisseur de la chaîne de mobilité des blindés Scorpion. Sa maison mère, le suédois Volvo, avait annoncé en novembre 2016 son intention de s’en séparer.

Enfin, rouage essentiel de l’équipe de France de la Défense, la DGA doit maintenir son soutien à l’exportation. Son rôle a été clef lors de la vente par Naval Group (ex DCNS) des 12 sous-marins à la marine australienne ou encore des 36 Rafale à l’Inde. Elle intervient pour répondre aux interrogations des pays acheteurs et envisager la faisabilité des éventuelles modifications souhaitées par les armées étrangères. Pour accompagner les ventes record d’armes tricolores à l’exportation, la DGA s’était fixé l’objectif en 2016 de recruter 500 personnes d’ici 2020.

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8. European Aeronautic Defence and Space Company (2018)

ENCYCLOPÆDIA BRITANNICA - 2018

European Aeronautic Defence and Space Company (EADS), major European aerospace company that builds commercial and military aircraft, space systems, propulsion systems, missiles, and other defense products. It was formed in 2000 from the merger of three leading European aerospace firms: Aerospatiale Matra of France, DaimlerChrysler Aerospace (Dasa) of Germany, and Construcciones Aeronáuticas S.A. (CASA) of Spain. Headquarters are in Paris, France, and Munich, Germany.

Measured by sales, EADS is the third largest aerospace company in the world (after Boeing and Lockheed Martin). It holds an 80 percent share in the consortium Airbus Industrie and is responsible for the final assembly of Airbus aircraft. EADS has a controlling interest in the joint venture Astrium (created 2000), the first trinational space company,

whose facilities in France, Germany, and Great Britain cover a full spectrum of the space business from ground systems and launch vehicles to satellites and orbital infrastructure. Its Eurocopter subsidiary develops, builds, and markets a comprehensive range of military and civil helicopters. EADS also has stakes in Arianespace, which markets the commercial services of the Ariane family of launch vehicles; the Eurofighter consortium to develop a multirole combat aircraft; Avions de Transport Régionale (ATR), a leading maker of regional turboprop aircraft; and the French aerospace firm Dassault, which builds the Mirage and Rafale families of fighters as well as Falcon business jets. In 2001 EADS, BAE Systems, and Italy’s Finmeccanica group agreed to combine the missiles and missile-systems activities of their subsidiaries Matra BAe Dynamics, EADS Aerospatiale Matra Missiles, and Alenia Marconi Systems into a single pan-European corporate entity with the name MBDA. At the start of the 21st century the company employed some 100,000 people at more than 90 locations.

Aerospatiale Matra

Aerospatiale Matra was formed in 1999 from the merger of Aerospatiale (Société Nationale Industrielle Aérospatiale) with Matra Hautes Technologies, a subsidiary of the Lagardère Group. Aerospatiale’s history dates to 1936, when France’s leading aircraft makers were nationalized and combined into six companies according to their geographic locations. Through successive mergers and renamings, four of the six became two companies and then one, Sud Aviation, which was formed in 1957. The remaining two, following integration and amalgamation with a third partner, became Nord Aviation in 1958. Sud Aviation achieved great success internationally with the Caravelle medium-range jetliner and the Alouette helicopter series. It also served as the initial French partner for the Concorde supersonic

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transport, developed in the 1960s and ’70s with the United Kingdom. In order to improve efficiency by avoiding duplication of effort, Nord Aviation, Sud Aviation, and French missile maker SEREB (Société pour l’Étude et la Réalisation d’Engins Balistiques) were merged in 1970 to form Aerospatiale. Two years later Aerospatiale joined Messerschmitt-Bölkow-Blohm GmbH (later DaimlerChrysler Aerospace) with its subsidiary Lenkflugkörper GmbH to form Euromissile. Successful guided missile systems developed by Euromissile include the medium-range Milan and long-range HOT antitank weapons and the Roland air-defense missile.

Although its codevelopment of the Concorde never brought Aerospatiale the financial success that it had expected, its participation in Airbus Industrie did. In 1970 Aerospatiale became a founding partner of Airbus, in which it first held a 50 percent share and later a 37.9 percent stake. Formed to fill a market niche for a high-capacity, short-haul jet transport, the consortium eventually became the second largest maker of commercial aircraft in the world (Boeing Company is

first).

In 1981 Aerospatiale and Italy’s Aeritalia (predecessor of Alenia Aerospazio) merged their designs for a turboprop regional aircraft and formed ATR as a 50-50 joint venture to develop, market, and support regional transport aircraft. ATR developed a family of high-wing, twin-turboprop aircraft in the 40–70 seat range based the ATR 42, its first product (entered service 1985), and the later ATR 72 (1989). In 1992 Aerospatiale and Deutsche Aerospace (later DaimlerChrysler Aerospace) merged their helicopter divisions to form the common subsidiary Eurocopter, which became wholly owned by EADS in 2000. Eurocopter was a leading manufacturer of civil helicopters and also expanded in the military market with its Tiger combat helicopter and NH-90 transport helicopter. In 1998 the French government transferred ownership of its 45.76 percent stake in Dassault Aviation to Aerospatiale (the remainder being privately held by founder Marcel Dassault’s heirs and financiers).

Matra (Mécanique Aviation Traction), Aerospatiale Matra’s other line of heritage, was founded in 1945. In 1951 a Matra-built aircraft was the first in Europe to break the sound barrier, and in the 1960s the company emerged as a prime European contractor for satellites. In 1990 Matra merged its space activities with GEC-Marconi’s aerospace division to form MMS, which in 1994 expanded through its acquisition of British Aerospace Space Systems.

In 1992 Matra merged with the French media company Hachette to become, as Matra Hautes Technologies, part of the Lagardère Group. The missile activities of Matra and British Aerospace (later BAE Systems) were combined in 1996 in a 50-50 joint venture named Matra BAe Dynamics. In 1998 the French government announced a plan to partially privatize Aerospatiale and combine it with Matra Hautes Technologies. The following year the transformation was completed with the formation of Aerospatiale Matra. The French government received a 48 percent share of Aerospatiale Matra and the Lagardère Group a 33 percent share, with the rest in public and employee ownership.

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DaimlerChrysler Aerospace

DaimlerChrysler Aerospace was formed in 1989, under the name Deutsche Aerospace AG (Dasa), as a wholly owned subsidiary of the German automobile maker Daimler-Benz AG. It changed its name to Daimler-Benz Aerospace in 1995 and adopted its present name in 1998 (while keeping the acronym Dasa) to reflect the merger of its parent company with Chrysler Corporation, forming DaimlerChrysler AG.

The origin of Dasa dates to 1984, when the German automobile maker Daimler-Benz AG announced its intention to reorganize Germany’s aerospace industry. By the next year the company had acquired a 100 percent interest in the aircraft-engine manufacturer Motoren- und Turbinen-Union München (MTU) and a majority interest in Dornier, a maker of aerospace and medical products. AEG AG (formerly AEG-Telefunken AG), a maker of electrical systems, turbine engines, and communication, radio, and radar systems, became a subsidiary in 1986. Messerschmitt-Bölkow-Blohm GmbH (MBB), the leading German aerospace group at the time, was acquired in 1988. In May 1989 Daimler-Benz formed Deutsche Aerospace AG from Dornier, MTU, and two sectors of AEG ; it brought in MBB later in the year. In 1993 Deutsche Aerospace acquired a controlling interest in the Dutch aircraft manufacturer N.V. Koninklijke Nederlandsche Vliegtuigenfabriek Fokker (Royal Dutch Aircraft Factories Fokker), established by the aviation pioneer Anthony H.G. Fokker in 1919. Because of mounting losses at Fokker, Dasa ceased financial support for it, resulting in bankruptcy for Fokker in 1996. Dasa subsequently acquired Fokker’s German aerospace subsidiary Vereinigte Flugtechnische Werke. (VFW).

The component company Messerschmitt-Bölkow-Blohm had its roots in the aircraft maker Bayerische Flugzeugwerke (BFW) founded in 1926 and a company started by the German aircraft designer Willy Messerschmitt in 1923. The two manufacturers merged in 1927 under the BFW name, which became Messerschmitt AG in 1938. During World War II the company produced the legendary Bf 109 (Me 109) fighter and the Me 262, Germany’s first operational jet fighter (see military aircraft: Early jet fighters). In the postwar period it manufactured civilian goods but returned to aircraft production in 1957. In 1968 Messerschmitt merged with Bölkow GmbH and the following year with the Hamburger Flugzeugbau GmbH and assumed the name Messerschmitt-Bölkow-Blohm GmbH. In 1969 it joined several other European aircraft and engine manufacturers to build a multirole combat aircraft; the result was the successful Panavia Tornado, which entered service in 1980. In 1970 the Airbus Industrie management company was established with MBB as a founding partner (through Deutsche Airbus, a joint venture with VFW-Fokker). MBB also became involved in aircraft modification for the German air force. Its space-related efforts were linked to the European Space Agency (ESA), which in 1974 named a VFW-Fokker subsidiary (later acquired by MBB) as the integrator of Spacelab, a manned research laboratory designed to be carried aboard the U.S. space shuttle.

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VFW, Dasa’s other main German aerospace acquisition, was created in 1963 through the merger of Focke-Wulf (founded 1924) with Weserflug and later with Heinkel (founded in 1922). From 1969 VFW was a part of Fokker until uniting directly with Dasa in 1996. Dornier began in 1914 as an aircraft-design group of the German dirigible maker Zeppelin-Werke under the direction of Claudius Dornier. In 1922, as a separate company, it took the name Dornier GmbH (later, for a time,

Dornier-Werke GmbH).

Construcciones Aeronáuticas S.A.

In the first decade after its founding in 1923, Spain’s Construcciones Aeronáuticas S.A. built a number of Wal “flying boats” under license from Dornier, and it undertook the development of its own first design, a light aircraft called CASA-1. During and after World War II it produced more than 200 German-licensed Heinkel He 111 bombers.

In the early postwar years CASA turned to the development of propeller-driven transport aircraft, among them the C-201 twin-engine light transport (first flown in 1949) and the heavier C-207 (1955); the latter was never used in its originally conceived role as a passenger aircraft but instead was a military troop and cargo transport. In 1971 the company joined the Airbus Industrie consortium with a 4.2 percent share. In the same year, it first flew its high-wing, twin-turboprop C-212 light military transport, designed to operate from short, unpaved runways. Larger short-takeoff-and-landing military transports followed, including the twin-turboprop CN-235 (1983) and its heavier, longer-range derivative, the C-295 (1998).

In the late 1960s CASA gained experience in jet fighter manufacture when it received a license to build fighter and trainer versions of Northrop’s supersonic, twin-engine F-5 for the Spanish Air Force. It subsequently developed its own single-engine C-101 jet trainer (1977). It also joined Dasa, British Aerospace, and Italy’s Alenia in the Eurofighter program. CASA’s Eurofighter Typhoon prototype, designated DA6, first flew in 1996. Prior to its privatization and incorporation into EADS, CASA was owned by the Spanish state holding company SEPI.

Stanley I. Weiss Amir R. Amir

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9. Lettre 94 du G2S (2018) Mars 2018 Le budget 2018 se caractérise par un montant de crédits de paiement (CP) de 34,7 Mds€, dont 200 M€ provenant de ressources exceptionnelles, et par un niveau équivalent d'autorisations d’engagement (AE). Le programme 146 (équipement conventionnel des forces) est doté de 10,3 Mds€ en CP, pour des besoins estimés à 10,7 Mds€ (hors report de charges) ; cela assure notamment la livraison d’un satellite optique Musis, d’un avion de surveillance ALSR, de 2 Airbus 400M, de 8 hélicoptères NH 90, de 5 Hélicoptères Tigre, de 3 Rafale Armée de l’air, d’un rétrofit Rafale Marine, et des 3 premiers VBMR2

pour l’armée de terre. Les AE, d’un montant de 11,4 Mds€ pour des besoins de 12,7 Mds€ permettront de commander notamment, le successeur du missile Mica, le prochain standard du Rafale, les 3 premiers ravitailleurs MRTT sur les 12 prévus, le 5e sous-marin Barracuda sur les 6 prévus, 20 Griffon. Le report de charges attendu pour le programme 146 est de 1,8 Mds€. Le programme dissuasion est en augmentation passant de 3,6 Mds€ à 4,04 Mds€, caractérisant la montée en puissance budgétaire nécessitée par le renouvellement des deux composantes nucléaires, dont les coûts à l’horizon 2030 sont estimés à 30 Mds€. Il restera à intégrer ces besoins « sanctuarisés » dans les futures lois de programmation. L’EPM (entretien programmé des matériels) d’un montant de 3,82 Mds€ , en augmentation de 450 M€, reste encore inférieur au besoin supplémentaire estimé à 1 Md€ pour faire remonter à des niveaux acceptables (supérieurs à 50%) la disponibilité technique opérationnelle (DTO) des matériels très utilisés en opérations ou trop âgés ; il n’est pas acceptable notamment que des matériels aériens (avions de transport et hélicoptères) aient une disponibilité variant de 19% à 40%, alors que la faiblesse de notre capacité en transport aérien est une lacune amplement soulignée depuis plusieurs années. L’autre incidence de cet EPM insuffisant est la difficulté à réaliser un entraînement régulier et efficient de nos forces qui ne disposent pas des matériels suffisants en état de marche pour atteindre les objectifs de journées d’activités opérationnelles. Depuis de nombreuses années, les chefs d’état-major d’armées insistent sur l’impérieuse nécessité de retrouver des marges de manœuvre acceptables afin d'éviter la pérennisation de postures d’armées à deux vitesses, reposant sur un système d’entraînement différencié imposé par ces contraintes. Les crédits de fonctionnement, du même niveau que celui de 2017, soit 3,9 Mds€, sont encore insuffisants pour améliorer sensiblement la vie quotidienne des unités. Il y a là un vrai problème de fond qu’il importe de mettre sur la table afin d'obtenir une amélioration significative à inscrire dans la prochaine loi de programmation. La débrouillardise et le dévouement des personnels ne peuvent constituer les seules réponses à ce qui est souvent et trop légèrement considéré comme une variable d’ajustement, balayée d’un revers de main par des décideurs, qui oublient ou ne connaissent pas objectivement la réalité de la situation. Dans le domaine infrastructure, le montant de 1,5 Md€ soit 330 M€ de plus qu’en 2017 - mais comprenant 140 M€ issus de cessions immobilières toujours aléatoires - permet de poursuivre l’adaptation des installations accueillant les nouveaux systèmes d’armes et la sécurisation des implantations des forces, mais n’améliore pas les crédits d’entretien toujours inférieurs aux normes retenues pour les administrations de l’État. Là encore, on doit se contenter du minimum.

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S’agissant de l’armée de terre, le budget 2018 reste juste acceptable, sans corriger durablement les faiblesses ou lacunes constatées depuis longtemps. Les livraisons et les commandes de matériels assurent le renouvellement prévu des systèmes d’armes, tant dans les domaines de la protection (premiers matériels Griffon et Jaguar3 du programme Scorpion, missile moyenne portée (MMP)), de la projection (hélicoptères Tigre et NH90), que de la capacité de combat individuelle (Fusil HK 416), ou des moyens de commandement (système informatique de combat Scorpion (SICS), poste radio de contact). Ce renouvellement ne comble pas les retards de mise en service et les décalages de cibles décidés antérieurement et pesant sur des capacités opérationnelles majeures. Le programme Scorpion a subi un retard général de 4 ans, accompagné de plus par une diminution significative de cibles, celui du missile MMP également. La réduction de la cible artillerie impose maintenant le renforcement de 32 canons Caesar du parc actuel, dont le potentiel subit une usure inquiétante liée à son emploi à l’entraînement, comme en opérations (Irak). Le remplacement des engins de combat du génie devient aussi une autre priorité. Par ailleurs, la politique de renouvellement des matériels pose la question de son économie au regard des coûts du maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels, soulevée récemment par le CEMAT. Retarder l’entrée d’un nouveau système d’armes, c’est prolonger un matériel ancien dont le coût d’entretien grandissant inexorablement est inversement proportionnel à son efficacité opérationnelle résiduelle. À cet égard, l’exemple de la mise en service du Griffon est instructif : le coût d’un Griffon neuf est de 1,5 M€, celui de la rénovation d’un VAB « Ultima » de 1,4 M€ ; dans ces conditions financières, l’accélération de la chaîne de production du Griffon, pour un surcoût annuel de20 M€, permettrait de disposer en 2025 de 1310 engins au lieu des 800 prévus, évitant ainsi la revalorisation de 460 VAB. Le budget activités et entraînement, d’un niveau de 157 M€ est susceptible de porter le volume des jours d’activités à 82 jours pour 81 jours en 2017. « Effort » qui reste encore très loin de l’objectif des 100 jours inscrit dans deux lois de programmation antérieures, mais jamais atteint. Le besoin financier supplémentaire acceptable serait de 10M€ par an, effort très modeste à comparer avec le niveau de financement annuel consacré par les 2 autres armées à ce même poste. L'EPM des matériels terrestres, avec 506 M€, soit 15% d'augmentation, permet de poursuivre le plan MCO 2025 visant à faire passer le ratio de la maintenance étatique de 90 à 60% au profit de la maintenance privée passant de 10 à 40%, de réaliser les Grandes visites pour le Caesar et le VBCI et de passer des marchés de soutien VAB, VBL. Néanmoins, il manquerait de l’ordre de plus de 100 M€ par an pour prendre en compte notamment le soutien des moyens Scorpion et la remontée rapide des jours d’activités et d’entraînement. L’EPM des matériels aériens de l’armée de terre, avec 373 M€, soit 10% d’augmentation, permet de mieux passer les marchés de soutien du TIGRE et du NH90, dont la disponibilité technique demeure encore insuffisante. Les pilotes pourront effectuer 173 heures de vol (164 en 2017) pour une cible affichée en programmation de 180. Les petits programmes, (munitions, optronique, équipements de spécifiques, SIC) qui concourent à l’accompagnement et à la cohérence de l’emploi des systèmes d’armes « majeurs » ont été souvent les laissés-pour-compte des constructions budgétaires. Dotés de 189 M€, ils parent à l’essentiel, mais le niveau satisfaisant serait au minimum de plus de 200 M€ par an, pour renouveler certaines capacités opérationnelles spécifiques indispensables à l’efficacité de l’ensemble.

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Enfin, pour ce qui concerne l’infrastructure, le montant de 179 M€ permet seulement de réaliser les travaux liés à l’arrivée des matériels Scorpion et de poursuivre ceux liés à l’installation de la 13e DBLE au Larzac et du 5e RD à Mailly. Au bilan, ce budget 2018 reste en deçà des ambitions affichées : il ne permettra pas à l’armée de terre d’amorcer d’emblée la remontée en puissance espérée, sur le chemin la menant en position de première armée de terre en Europe.

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En conclusion, le budget global prévu pour les armées n’est pas un budget de renouveau, voire de rupture ; il s’inscrit simplement dans la trajectoire financière définie par le quinquennat précédent lors des conseils de défense de 2015 et 2016. Il peut aussi être considéré comme un budget en trompe-l’œil, dans la mesure où l’augmentation si lourdement soulignée est déjà gagée par les incidences des mesures de régulation de 2017 et les décisions prises au cours des deux années précédentes. Il soulève plusieurs questions relatives à la future loi de programmation et aux objectifs qui semblent lui avoir été définis par la Revue stratégique de défense et de sécurité d’octobre 2017.

1. Ce budget, et à condition qu’il ne soit pas lui aussi soumis en cours d’année à des mesures de régulation budgétaire, n’est pas de nature à constituer une marche haute permettant d'aborder dans de bonnes conditions les annuités suivantes de la future loi de programmation 2019-2024. À cet égard, la Revue stratégique, préparatoire à cette loi, a défini de nombreuses missions, dont certaines nouvelles, et dans le cadre souligné « d’un modèle d’armée cohérent, complet, capable de mener des opérations sur tout le spectre de la plus haute à la plus basse intensité ». Cet objectif ambitieux nécessitera des capacités opérationnelles adéquates, adaptées à l'exécution de ces missions. Ce qui implique des investissements financiers très conséquents ne se heurtant pas à des contraintes administratives et législatives. Or, la récente loi sur la programmation des finances publiques pour 2018-2022 limite le reste à payer (RAP) au niveau de celui de 2017. Ce RAP est constitué par les engagements financiers (commandes passées, reports de charges successifs, intérêts moratoires...) non encore couverts par des crédits de paiement. Le niveau du RAP pour le budget des armées est estimé à 50 Mds €, dont 30 pour les équipements. Ce niveau constituera donc un frein puissant aux investissements à envisager répondant aux besoins de la future loi de programmation. L’équation financière de celle-ci sera donc très compliquée à résoudre.

2. Par ailleurs, les perspectives budgétaires pour les armées sont à considérer dans le cadre d’une stricte adéquation entre les missions imposées et les moyens attribués afférents. C’est le principe de réalité et d’efficacité sur le terrain qui doit d'abord prévaloir, et non celui d’une approche technocratique et assez irréaliste de pourcentage de PIB, qui reste une référence aléatoire. Cette problématique du pourcentage de PIB, dont celui devenu mythique des 2%, fait l’objet d’un renvoi particulier en fin d’article.

3. Enfin, le souhait très estimable de disposer d’armées françaises se classant les premières en Europe suppose un effort budgétaire très significatif, volontariste et de longue haleine, car on ne peut rattraper en quelques années seulement, deux décennies de réduction du format des armées et d’attrition continue de leurs capacités opérationnelles, alors que les missions ont été amplifiées. Nos voisins britanniques et allemands ont bien compris qu’il leur fallait aussi engager cet effort, comme l’évoquait l’article du G2S sur le budget 2017 ; ils prévoient donc respectivement 47,3 Mds€ en 2018 pour les premiers, 41,9 Mds€ en 2018 et 43 Mds€ en 2019 pour les seconds.

C’est à l’aune de ces éléments qu’il importe d’apprécier, d'une part, les efforts qui seront prévus dans notre prochaine loi de programmation et, d'autre part, la dimension européenne qui lui sera donnée.

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10. INDUSTRIES STRATÉGIQUES : La France doit protéger ses industries de souveraineté. (2016)

ASAF - Posté le lundi 25 avril 2016

Qui se soucie de la prise de contrôle progressive par des intérêts étrangers de nos principales industries stratégiques ?

La plus spectaculaire est l'électronique d'Airbus qui vient d'être rachetée par le fond américain KKR, notoirement proche des services de renseignement. Interrogé sur ce sujet, le ministre de la défense français allègue que l'essentiel de ses activités se trouvent en Allemagne et que le gouvernement allemand n'a pas objecté. Comme s'il ne s'agissait que d'un problème d'emploi et comme si Berlin était en mesure de s'opposer à Washington !

La récente mésaventure du Rafale dont l'administration américaine s'estime en droit d'interdire toute exportation dès lors que s'y trouverait une seule pièce détachée américaine, aurait dû nous mettre en garde. Et n'oublions pas Alstom qui, cédée à General Electric, emporte avec lui une partie de notre savoir-faire nucléaire, par ailleurs mis à mal par le naufrage d'Areva.

Le député Jacques Myard s'est ému récemment du projet de cession, par Safran de sa filiale à 100 % Morpho qui détient des compétences dans deux domaines essentiels à la sécurité de la France : la biométrie et la détection d’explosifs.

La biométrie est un secteur clé qui doit beaucoup au talent des ingénieurs français qui ont fait de Morpho un leader mondial dans ce domaine, présent sur tous les continents. Ainsi Morpho est le principal partenaire de l'Inde qui veut doter tous les Indiens, soit 1,5 milliards de personnes, d’une identité sur une base biométrique !

La détection d’explosifs dans les bagages est aussi un secteur rentable, en pleine expansion. Morpho a fait l’acquisition il y a 3 ans d’une société spécialisée. Il n’y a aucune raison de faire marche arrière aujourd’hui.

Dans sa réponse à J. Myard, insolemment désinvolte, le ministre de la défense Le Drian prétend que Morpho n'est pas dans le périmètre du ministère de la défense. Il sembla oublier que Safran, important fournisseur du ministère de la défense, lui, y est.

Dans tous les cas, ces deux entités doivent rester françaises. Safran, entreprise prospère n’a nullement besoin d’une telle cession vivement souhaitée en revanche par de puissants intérêts anglo-saxons, alors même que des solutions françaises de reprise existent.

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On ne peut que s’interroger sur la précipitation mise à engager une telle opération. Hasard ? Certains ont relevé que si la vente envisagée devait se conclure, elle aurait pour effet de provoquer une augmentation du cours de bourse de Safran et par voie de conséquence de la valeur des stock-options détenues par ses dirigeants.

Un libéralisme à sens unique

S'émouvoir de ces projets de cession est, dira-t-on, contraire au dogme libéral qui désormais semble régner sans partage dans les sphères dirigeantes européennes.

C'est ignorer que le libéralisme est aujourd'hui à sens unique. Aux Etats-Unis le dispositif CFIUS ou Proxy permet au président d'imposer des contraintes extrêmement fortes à tout acheteur étranger d’une entreprise américaine jugée stratégique, et ceci quel que soit le secteur économique concerné. Il peut aller jusqu'à fixer de manière unilatérale la composition du conseil d’administration en y imposant en partie ou en totalité des citoyens américains, choisis par le gouvernement. L'actionnaire n'aura dès lors droit qu'aux informations financières à l'exclusion de tout droit de regard sur l'orientation stratégique ou technologique. Morpho a eu à connaître des rigueurs de cette réglementation lors de l’achat de l’entreprise L 1, éditeur des permis de conduire américains, qui ont la valeur de titre d’identité fédéral, et à ce titre a été jugée stratégique.

Nous voyons au contraire chez nous l’Etat mettre en vente les parts qu’il possède dans des entreprises essentielles à l’exercice de sa souveraineté sans prendre les moyens d’exercer un contrôle. Le décret Montebourg qui donne un droit de veto à l'Etat représente un progrès mais c'est tout ou rien. Le dispositif CFIUS, plus pragmatique, permet de doser l’intervention et n’est pas coûteux pour la puissance publique. Il peut être mise en œuvre sans texte de loi (un décret suffit) et les traités européens ne peuvent lui être opposés dans le domaine de la défense. Il est temps que notre pays se ressaisisse avant d'être dépouillé de tout pouvoir sur ses industries de souveraineté. L'affaire Morpho a valeur de test.

Roland HUREAU

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11. Armement : peut-on parler d’éthique ? (2012) La Croix - CHRISTINE LEGRAND, le 08/10/2012 à 15h07

Les recherches scientifiques et technologiques de pointe permettent aujourd’hui la fabrication d’armes de plus en plus sophistiquées, qui posent des problèmes éthiques complexes.

Les armes non létales sont de plus en plus utilisées par les forces de l’ordre, comme ce flash-ball qui tire des balles en caoutchouc. / Fred MARVAUX / REA

Toutes les armes se valent-elles ? Certaines sont-elles plus condamnables que d’autres ? D’autres plus conformes à l’éthique ? Pour le philosophe Jean-Marie Muller, membre fondateur du « Mouvement pour une alternative non violente », ces deux termes sont résolument antinomiques : pas plus qu’il ne peut y avoir, selon lui, de guerre « juste » – il en démonte un à un les principes –, il ne peut y avoir des armes qui soient des objets de meurtre et qui satisfassent l’exigence éthique de « tu ne tueras point ».

Certains estiment pourtant, que face aux progrès de la science qui permettent de fabriquer des armes de plus en plus sophistiquées, une réflexion sur l’éthique des armes est non seulement possible, mais nécessaire. C’est le cas des membres de ce comité « Éthique de l’armement », créé en 1995 par Olivier Legrand, et présidé aujourd’hui par Alain Crémieux, ancien ingénieur général de l’armement.

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Ce comité « officieux et indépendant » réunit une fois par mois une quinzaine de personnes (ingénieurs et officiers, la plupart à la retraite), mais consulte aussi régulièrement des juristes, philosophes et des représentants des religions. Il publie tous les deux ans les résultats de leur réflexion, évoquées lors du colloque de l’association des auditeurs des cadres des hautes études de l’armement (AACHEAr). Mais ces rapports, bien que non confidentiels, ne franchissent guère le cercle d’une poignée d’initiés.

« Alors que depuis longtemps on parle beaucoup d’éthique de la guerre, on évoque rarement la question des armements », regrette Alain Crémieux. « Il y a certes un lien fort entre la guerre juste et la licéité des armes. Mais je crois aussi que, même si elles ont des conséquences identiques, toutes les armes ne se valent pas ». De tout temps, d’ailleurs, l’utilisation de certaines armes a été réprouvée. L’empoisonnement des puits ou la fourniture aux Indiens d’Amérique de couvertures infestées par la rougeole ont suscité l’indignation.

Et en 1916-1917, un général allemand s’était ému qu’on se débarrasse de ses ennemis « comme des insectes » avec du chlore). Depuis, de nombreux traités internationaux ont proscrit l’utilisation de certaines armes : chimiques et biologiques, mines anti-personnel… « Ce qui montre bien qu’il n’y a pas que la guerre qui compte, mais les armes qu’on utilise. Malgré tout, la réflexion sur ce sujet reste rare », insiste-t-il. « Alors que les progrès de la science et de la technique, et leurs applications militaires, devraient inciter à une vigilance accrue. Le comité a ainsi réitéré sa « condamnation totale » des armes biologiques. Avec l’argument principal « qu’on ne peut utiliser la vie pour donner la mort ». Certes, elles sont désormais totalement prohibées dans de nombreux pays, y compris au niveau de la recherche.

« En France, par exemple, il est interdit de faire de la recherche sur l’“amélioration d’un virus”. En revanche, il n’est pas interdit d’étudier la façon dont on peut contrer une attaque biologique ; et la limite entre les deux peut être floue », précise Alain Crémieux. La question du nucléaire a bien sûr été abordée, même s’il s’agit, selon lui, d’un « cas particulier, qui ne se compare à rien ». « Notre position actuelle, résume-t-il, est qu’utilisées en dissuasion, elles ne sont pas inacceptables. Et que le monde reste trop dangereux pour qu’il soit éthiquement satisfaisant de s’en passer. »

Mais d’autres armes contemporaines, qui font moins parler d’elles, attirent également la vigilance. Les armes non létales (ANL), par exemple, en pleine expansion aujourd’hui. Pistolets électriques, grenades éblouissantes, gaz et incapacitants chimiques non mortels… « Les recherches poursuivies dans ce domaine répondent incontestablement à une exigence éthique », note le comité : celle d’épargner des vies humaines. Elles correspondent aussi aux nouveaux visages que prennent les guerres modernes, du terrorisme aux prises d’otages.

Mais il note également qu’elles ne sont pas toutes « acceptables », notamment celles qui provoquent de grandes souffrances, y compris morales, car dans les ANL, le comité inclut les armes psychologiques (campagnes d’intimidation, chantages). Parmi ces armes qui ne tuent pas, figurent également «la guerre dans le cyberespace » et les « virus informatiques » qui permettent de paralyser le système d’informations de tout un pays, et sur lequel le comité vient d’entamer une nouvelle réflexion dont les conclusions seront publiées dans un an.

Les « robots incontrôlables » préoccupent aussi le comité. Il ne s’agit pas des « drones », autoguidés ou téléopérés, qui ont déjà été utilisés en Irak, en Afghanistan ou dans la bande

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de Gaza, et qui ont déjà suscité des polémiques. « Mais de robots armés qu’on lâche dans la nature et qui vont prendre eux-mêmes des décisions en fonction de leur environnement », explique Alain Crémieux. « Que des robots puissent déclencher eux-mêmes des armes, de façon autonome, sans décision humaine, nous paraît constituer une dérive dangereuse », alerte-t-il. « On n’aimerait pas être attaqués par des armées de robots !» résume-t-il.

Ce scénario n’appartient pourtant plus à la science-fiction. « Les futurs champs de bataille verront vraisemblablement la multiplication et la diversité des robots », note le comité, rappelant que le Congrès américain s’est fixé comme objectif en 2015 que ces derniers représentent un tiers des véhicules de combat. Zobel Behalal, du CCFD-terre solidaire, déplore ainsi que dans le projet de traité sur le commerce des armes, en cours de négociation à l’ONU, « les États n’aient pas voulu expressément intégrer ces nouvelles technologies militaires ».

Robert Ranquet, directeur adjoint de l’IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale), rappelle néanmoins que ce sont les armes classiques, en particulier les plus légères, qui causent aujourd’hui les plus grands désastres, et qu’il n’y a pas « d’éthique de la grenade à main ni de la machette ». Il reconnaît pourtant « qu’avec le développement technologique, qui est en train de franchir un cap, notamment dans ce qu’on peut envisager à la croisée de la biologie, des neurosciences et des nanotechnologies, le fantasme du “surguerrier” ne relèvera sans doute bientôt plus de la science-fiction et soulèvera sans doute encore de nouvelles questions ».

QUELQUES TEXTES JURIDIQUES

1925 : protocole de Genève interdisant l’usage à la guerre de gaz asphyxiants, gaz toxiques et moyens bactériologiques.

1972 : convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et du transfert des armes bactériologiques ou à toxines et sur leur destruction.

1980 : convention de Genève sur l’interdiction ou la limitation de certaines armes classiques, notamment celles qui frappent sans discrimination.

1993 : convention de Paris sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur la destruction des stocks.

1997 : convention d’Ottawa sur l’interdiction, l’acquisition, la production, le stockage, le transfert et l’utilisation des mines antipersonnel.

Quelques chiffres La France se situe au quatrième rang des pays exportateurs d’armes avec 6 % des parts du marché mondial, après les États-Unis (53,7 %), le Royaume-Uni (12, 5 %), la Russie (8,2 %) et devant Israël (5,3 %), ces cinq pays représentant 90 % du marché mondial (chiffres 2011).

En 2011, le montant total des exportations d’armes en France s’élevait à 6,5 milliards d’euros et représentait environ 100 000 emplois (directs et indirects).

CHRISTINE LEGRAND

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12. On garde Moreau, on vend les armes (2017) L’Écho – Belgique - 19 octobre 2017

Retour de la realpolitik en Wallonie.

Derrière le dossier Nethys ou l’octroi des licences sur la vente d’armes wallonnes vers l’Arabie saoudite convergent deux éléments clés : les intérêts économiques et la realpolitik….

Que constate-t-on dans le dossier Nethys ? D’abord l’impuissance du gouvernement wallon à faire appliquer rapidement les recommandations issues du rapport de la commission d’enquête Publifin. De son côté, le monde politique liégeois joue la montre en trouvant une solution alambiquée destinée à maintenir Stéphane Moreau à la tête de Nethys encore quelques mois. Quant aux présidents des partis, tant au MR qu’au CDH ou au PS, personne n’ose taper sur la table en exigeant le respect intégral des recommandations de la commission d’enquête Publifin.

Bien que compréhensibles, les arguments économiques visant à protéger l’activité industrielle et l’emploi développés par Nethys, couplés aux prochaines échéances électorales, paralysent l’action des décideurs politiques. Tant à Liège que dans les états-majors.

On peut poser le même constat à la suite des 25 licences d’armes vers l’Arabie saoudite que vient d’octroyer l’actuel chef du gouvernement wallon, le libéral Willy Borsus. Après avoir appelé la Wallonie, depuis le Fédéral et les bancs de l’opposition wallonne, à stopper ses exportations d’armes vers la riche monarchie pétrolière au nom des droits de l’homme, le MR change de ton. Arrivé au pouvoir en Wallonie, le voici confronté à la realpolitik et aux poids du secteur de l’armement, notamment avec la FN Herstal.

Gouverner, c’est choisir ! Gouverner, c’est avancer sans sombrer dans le populisme et les discours caricaturaux. Gouverner, c’est manier l’art du compromis au nom des intérêts économiques ! Mais gouverner, c’est aussi savoir tourner le dos aux enjeux « particratiques » et faire preuve de fermeté face à des valeurs défendues sans quoi le fossé qui existe aujourd’hui entre le monde politique et le citoyen continuera à se creuser.

François-Xavier Lefèvre, Journaliste

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13. Exportations allemandes d’armes vers des zones de tension : niveau record (2018)

ZONE MILITAIRE par Laurent Lagneau Le 31-01-2018

Quand il prit les rênes du ministère allemand de l’Économie, en décembre 2013, le social-démocrate Sigmar Gabriel avait été clair : il n’allait plus être question de mener la même politique en matière d’exportations d’équipements militaire qui fut celle de la précédente coalition gouvernementale, formée par les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU et les libéraux du FDP.

Pour rappel, la ligne suivie jusqu’alors par Berlin limitait (voire interdisait) toute vente d’armes vers des pays en proie à l’instabilité, partie dans un conflit, présentant une menace à la sécurité d’Israël et/ou ne respectant pas les droits de l’Homme. Au cours des années 2008/2013, cette « doctrine » tendit à s’effacer devant des perspectives de juteux contrats avec des pays n’appartenant ni à l’Otan, ni à l’Union européenne.

« Les perspectives (de l’industrie allemande de la défense) ne dépendent pas seulement de l’export, et certainement pas de l’export vers la péninsule arabique », avait ainsi affirmé M. Gabriel, en août 2014. Mais plus encore, Berlin fit ensuite des difficultés à des industriels français de l’armement en bloquant des composants allemands nécessaires à la fabrication de certains matériels. Quitte à remettre en cause les accords Debré/Schmidt de 1971 et de 1972, lesquels précisent que « aucun des deux gouvernements n’empêchera l’autre gouvernement d’exporter ou de laisser exporter dans des pays tiers des matériels d’armement issus de développement ou de production menés en coopération. »

Seulement, les paroles n’ont pas forcément suivi les actes. Selon une enquête de l’ARD, la chaîne publique d’outre-Rhin, le grande coalition CDU/SPD conduite par la chancelière Angela Merkel a approuvé plus de 25,1 milliards d’euros de ventes d’armements depuis son entrée en fonction, il y a quatre ans.

« Cela place l’administration actuelle au-dessus de tout autre gouvernement allemand dans l’histoire moderne », a souligné l’ARD. Mais là ou le bât blesse, c’est que les autorisations délivrées à des pays hors Otan et hors UE ont bondi d’environ 45%, pour atteindre le montant total de 14,49 milliards d’euros, par rapport à la période 2010-2013 (10 milliards). Ces données, fournies par le ministère de l’Économie, ne sont pas encore définitives : ces chiffres pourraient encore augmenter.

Parmi les plus grands clients de l’industrie allemande de l’armement en 2017, l’on trouve l’Algérie (1,36 milliard), l’Égypte (708 millions, +77%), l’Arabie Saoudite (254 millions) et les Émirats arabes unis (213 millions, +25%).

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

41

« Il y a quatre ans, le SPD avait promis de se détourner d’une politique d’exportation [d’armes] purement économique. En réalité, les vannes n’ont pas été fermées : elles ont été plus largement ouvertes », a commenté Stefan Liebich, un élu du parti « Die Lincke » (gauche radicale).

Cela étant, Frank Haun, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann, l’un des principaux spécialistes allemands de l’armement terrestre, avait bien résumé la situation, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en janvier 2015. « […] En Allemagne, le débat sur les exportations d’armement fait beaucoup de bruit, mais […] in fine et concrètement, il n’en demeure pas moins que par exemple le Qatar et Singapour sont aujourd’hui mes principaux clients export », avait-il lâché.

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

42

14. Le complexe militaro-industriel « à la française » Site « A L’ENCONTRE – Mai 2016

Il est possible de décrire sommairement les structures, très concentrées, de l’industrie d’armement en France, les firmes concernées et leur rapport à l’Etat, principal donneur d’ordre. Le secteur de l’armement est aujourd’hui largement dominé par le secteur privé. En matière militaire, ce secteur est ordonné autour de certaines filières clés.

• DASSAULT AVIATION (11 700 salariés). Avions militaires, notamment Mirage 2000 et surtout le « fleuron » des avions de combat à l’exportation : le Rafale. Actionnaire principal : Groupe Industriel Marcel Dassault (56% du capital), Airbus Group (23%)

• DASSAULT SYSTÈMES (13.300 salariés). Leader mondial du développement et de la commercialisation des logiciels de gestion de cycle de vie des produits (88% de l’activité), Services de Conseil technologique. Actionnaire principal : Groupe Industriel M. Dassault (41 % du capital).

Ces deux sociétés sont donc contrôlées par la même structure : le Groupe Industriel Marcel Dassault, holding de sociétés appartenant à la même famille et présentes dans l’aéronautique, civile et militaire, les logiciels, l’immobilier, la presse (groupe « Le Figaro »), les services de l’eau (6% de Véolia). Le groupe Marcel Dassault, partiellement nationalisé en 1981, a depuis lors totalement retrouvé l’économie de marché et est bien représentatif de ce « capitalisme familial » à la française, étroitement lié au pouvoir politique.

• THALES (61 700 employés), spécialisation Défense et pour 50% dans les systèmes de défense et sécurité. Détenu à 26% par l’Etat, 25% par Dassault Aviation, à 46% par d’autres actionnaires privés. Seulement 26% du chiffre d’affaires réalisé en France.

• SAFRAN (69 000 employés). Se présente comme « groupe international de haute technologie, équipementier de premier rang en matière d’aérospatial, de défense et de sécurité ». Un capital très dispersé, l’Etat, plus gros actionnaire, ne disposant que de 18% du capital, FPCE 8%.

• DNCS (Direction des Constructions Navales et de Services). 13 000 salariés dans 10 pays. Fabrication de navires militaires, de frégates, de porte-avions, de sous-marins et de torpilles, équipements navals de défense. C’est peut-être ce secteur, héritier des anciennes bases navales militaires « d’Etat », avec des personnels « à statut » qui a le plus évolué vers des statuts de droit privé. THALES détient 35% de DNCS.

• NEXTER Group. Se définit comme « acteur majeur de l’industrie de défense terrestre » avec trois pôles : pôle systèmes, pôle munitions, pôle équipement. Fabrication de chars et de canons (AMX et dérivés, rénovation du char Leclerc et programme Scorpion de modernisation « des forces de contact » de l’armée de terre, canon Caesar). Jusqu’à récemment NEXTER était détenu à 100% par GIAT Industries, société publique mais l’article 47 de la loi Macron a autorisé la privatisation de Nexter et de ses filiales. En juillet 2015, Nexter Systems s’est allié avec la firme privée allemande KMW pour la fabrication d’un char européen avec comme direction, Kant, société holding de droit néerlandais.

Source : site « Boursorama Bourse » pour la composition, fin 2015, du capital des principaux groupes d’armement français.

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Synthèse de dossier – Concours blanc EDG 2018

Maréchal un jour – Gal JFD 2018

43

15. Peut-on moraliser les ventes d'armes ? (2018) France culture 15/02/2018

Peut-on tracer les armes que l’on exporte ? Comment s’assurer qu’elles ne seront pas utilisées dans des conflits majeurs ou que les acquéreurs ne bafoueront pas les droits de l’homme ? Est-il vraiment possible de créer un marché de l’armement éthique et responsable.

Des « Rafale » français sur le Charles de Gaulle aux Émirats Arabes Unis en 2014 - Crédits : KARIM SAHIB - AFP

Des obus de mortier et des canons Caesar, des navires d’interception pour les garde-côtes, des avions Mirage et des chars Leclerc : voilà, selon l’énumération faite ces jours-ci par France Info, le type d’armes vendues par la France à l’Arabie saoudite et

aux Émirats Arabes Unis, et susceptibles d’être utilisées dans la guerre que mènent ces deux pays (avec d’autres) au Yémen.

Une guerre terrible : plus de 10 000 morts depuis septembre 2014. De très nombreux civils. Les hôpitaux et les écoles sont visés, les lois de la guerre sont bafouées, l’ONU en a fait le constat. Dans ces conditions, l’usage d’armes françaises dans un tel conflit pose question.

La ministre des Armées était interrogée à ce sujet vendredi dernier sur France Inter. "Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit ?" a répondu Florence Parly, expliquant ensuite que si l’utilisation des armes vendues est contrôlée en amont, elle l’est plus difficilement une fois la vente réalisée.

Le Traité sur le commerce des armes, adopté par les Nations Unies en avril 2013, prévoit pourtant des règles qui visent à arrêter toute circulation d’armes lorsque des atteintes graves aux droits humains sont constatées.

"Peut-on moraliser les ventes d’armes ?"

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SYNT

HESE

de D

OSS

IER – S

D2 2

018

Sujet : le militaire et la justice

Vous êtes officier rédacteur affecté à la division emploi de l’état-major des armées.

Votre chef de division doit intervenir dans 2 jours lors d’un séminaire universitaire dont

le thème est « le citoyen, le droit et la justice ».

Dans cette perspective, il vous demande, à partir du dossier joint et de vos

connaissances personnelles, de rédiger pour H+3 heures une fiche de 900 mots ± 10%

(soit de 810 à 990 mots) portant sur le militaire et la justice.

Cette fiche fera le point sur les spécificités et l’évolution de la justice appliquée aux

militaires et proposera les principaux messages à délivrer aux participants au séminaire.

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EDG 2018

2

RÈGLES DE RÉDACTION Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Le titre de la fiche est explicite : destinataire et objet y figurent sans ambiguïté dans des formes

cohérentes avec un travail d'état-major.

2. La réponse à la demande et le plan de la fiche (cf. 6 ci-dessous) tiennent compte, dans leur

forme, de la nature du document. La fiche d'état-major va ainsi à l'essentiel avec un minimum

de mots et dans un style simple pour favoriser la mémorisation.

3. Le contenu du dossier transparaît nettement dans la fiche et traduit une sélection de données

cohérente avec la demande, le niveau du demandeur et le cadre de son intervention.

4. Les données personnelles complètent celles du dossier, voire se substituent à certaines pour

les actualiser. Elles auront, en règle générale, une place plus importante dans les propositions.

5. Les propositions doivent être cohérentes avec le niveau de responsabilité et les attributions

du destinataire final de la fiche. En général, les propositions n’entrent pas dans le détail des

moyens à mettre en œuvre, mais fixent des objectifs à atteindre.

6. La forme de la fiche s'accommode mieux qu'en culture d'une présentation soulignant la

structure du document fourni (titres des parties notamment).

7. Les transitions sous forme de paragraphes isolés en fin de partie sont facultatives. Le rédacteur

pourra donc les maintenir s’il pense qu’elles facilitent le cheminement dans son exposé.

8. L'ouverture, également facultative, en fin de fiche peut s'appuyer sur un élément secondaire

du dossier non pris en compte explicitement dans la rédaction.

CORRIGÉ PROPOSÉ

1. Comprendre le sujet

Structure du libellé La structure du sujet correspond à celle décrite dans les directives : « […] la rédaction d'une fiche d'état-major destinée à une autorité identifiée en préambule du dossier… Le sujet est proposé sous la forme

d'une question simple. » Enfin, le sujet rappelle la contrainte de volume de 900 mots ± 10%.

Sens des mots1 On distingue en premier lieu les différences entre chapeau et question :

1. Le sujet présente un titre qui restreint le thème du séminaire. Plusieurs mots doivent être conservés à l’esprit (noter sur une feuille les éléments clefs à garder sous les yeux tout au long de la rédaction !) : militaire, justice, citoyen et droit. Le titre « militaire et justice » est repris dans la commande… c’est donc bien là le cœur de la fiche. Le thème du séminaire conduit déjà à envisager les 2 facettes du militaire : combattant et citoyen.

1 Comme dans tout sujet (SD ou CUGE), cette analyse initiale est déterminante. Son absence et sa faiblesse sont

la cause de nombreuses dérives aux conséquences lourdes !

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EDG 2018

3

2. Dans le chapeau vous avez la « mise en ambiance » et l’objectif final auquel concourt2 votre fiche. Ici, votre travail consiste à fournir une fiche à votre chef de division. Il n’y a pas d’ambiguïté sur l’identité du destinataire.

3. Le sujet est d’actualité. Il est sensible du fait des conditions d’engagement des forces. 4. La fiche est nettement à vocation « pédagogique » en direction d’un public à convaincre. Il

faudra garder cette orientation en tête tout au long de la rédaction.

Maintenant reprenons en détail la question posée : « Dans cette perspective il vous demande, à partir du dossier joint et de vos connaissances personnelles, de rédiger pour H+3 heures une fiche de 900 mots ± 10% (soit de 810 à 990 mots) portant sur le militaire et la justice.

Cette fiche fera le point sur les spécificités et l’évolution de la justice appliquée aux militaires (et pas la justice militaire !) et proposera les principaux messages à délivrer aux participants au séminaire. »

« …à partir du dossier joint et de vos connaissances personnelles » : « se servir de quelque chose comme d'un soutien intellectuel » (CNRTL). Le dossier va donc soutenir votre réflexion et votre analyse. Il va en orienter l’approche sans que son contenu soit la seule source d’information de votre travail. Le centrage de la fiche est, une fois encore précisé « militaire et justice » (et pas militaire et droit comme traité par certains candidats !)

« … faire un point… proposera ». Le sujet précise le contenu attendu de la fiche. Ici il n’y a pas, comme parfois 3 verbes mais 2. En revanche les 2 substantifs « spécificités » et « évolution » peuvent être retenus comme thème des 2 premières parties du travail.

Les 3 parties suggérées portent sur des domaines différents : information générale sur la justice devant prendre en compte la spécificité de l’action militaire et des droits exorbitants du combattant, l’évolution du cadre et des procédures pour s’adapter aux circonstances et conditions d’engagement et enfin des propositions visant à mettre en exergue particularismes et similitudes entre justice civile et militaire (les 2 s’appliquant au militaire-citoyen). Il conviendra de bien cibler le contenu de chaque partie pour ne pas risquer de hors-sujet même partiel

2. Cadrer et reformuler le sujet Le cadre d’intervention final est un séminaire universitaire dont le périmètre n’est pas défini

davantage. Néanmoins le thème retenu conduit à envisager un panel de spécialistes allant de juristes

à sociologues, complété par des intervenants externes (comme votre chef de division), donc

représentant le monde du droit et de la justice : magistrats, avocats, voire des employeurs et

représentants syndicaux. Il est important d’imaginer le cadre, à défaut de le connaître précisément,

pour bien adapter le contenu et éviter les maladresses !

Une fiche n’est pas un dossier, son contenu doit avant tout aider le destinataire à définir les points

majeurs à évoquer dans le cadre de son intervention. La demande fixe clairement 3 niveaux

d’information :

1. Analyse des spécificités (dualité) ;

2. Évolution (échelle de temps à se fixer) ;

3. Propositions sous forme de « messages à faire passer ».

2 Concentrez-vous donc bien sur l’objet et le destinataire de la « commande » qui vous est faite et ne vous laissez pas entraîner par des supputations sur un "besoin caché" !

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EDG 2018

4

Le respect de ces 3 niveaux d’information sera capital dans l’évaluation du travail produit.

Je dois donc mettre en évidence les caractéristiques du justiciable particulier qu’est le militaire, à la

fois combattant et citoyen « ordinaire » et leurs conséquences sur les modalités de l’action judiciaire.

Par la suite je dois identifier les évolutions liées, en particulier, à celles du cadre opérationnel récent

(1990-1991 avec l’opération « DAGUET » peut correspondre à un changement d’époque significatif :

début des « OPEX pour tous » et 1995 plan gouvernemental VIGIPIRATE3). Enfin je dois faire des

propositions définissant des éléments de langage visant à dégager 3 à 4 points clefs caractérisant

identités et particularismes entre justiciable civil et justiciable militaire (qui peut dans notre cas être le

même individu)

Cette reformulation personnelle conclut les 00:20 premières minutes4 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-

sens sur la nature et le périmètre du sujet. La rédaction retenue ici, à vocation pédagogique, peut

donner l’impression d’un travail important. En fait beaucoup d’éléments se réduisent à quelques mots

clefs mis en notes en cours de réflexion.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer

suffisamment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent

de la question posée !

3. Exploiter le dossier et ses idées personnelles Du fait du caractère de cette épreuve, fortement contrainte par le temps, il n’est pas envisageable de

se lancer dans un travail rigoureux d’analyse du contenu du dossier.

Il suffit de tirer des pièces fournies les éléments d’éclairage nécessaires pour obtenir une fiche

« crédible ».

Le contenu du tableau d’analyse se réduit à quelques prises de notes au fil des pièces (idées principales,

principes retenus, exemples et chiffres) afin de rendre le travail concret. S’y ajoutent, au gré du survol

du dossier les réflexions et idées personnelles qui (re)apparaissent.

On peut retenir pour le tableau un plan « standardisé » : CONSTAT et PROBLEMATIQUE – OPTIONS /

SOLUTIONS POSSIBLES ou EXISTANTES / MUTATIONS – PROPOSITIONS, qu’il convient simplement

d’adapter plus précisément au sujet proposé comme cela a été fait ici.

On commence le travail d’analyse sur la base des 3 volets retenus pour la fiche et à partir du seul

sommaire du dossier. On répartit les pièces d’après leur titre dans les colonnes retenues. Certains

items peuvent se retrouver initialement dans plusieurs colonnes. Le tri se fera éventuellement plus

tard ! Puis on surligne les pièces les plus susceptibles d’apporter de la « matière » en termes d’idées

(« pièces pivots » en jaune). Certaines pièces pourront servir de simples exemples (en vert) quand leur

3 Premières ébauches en 1978 et premier plan gouvernemental « Pirate » en 1981. 4 Temps moyen à passer au brouillon lors de ce type de travail. Ici les développements à fin pédagogique faussent la brièveté réelle de cette étape.

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EDG 2018

5

titre est explicite. Enfin, on identifie les pièces « floues » (en orange), celles dont on n’imagine pas le

contenu.

Le tableau qui suit montre le « tri » fait par le rédacteur.

Rappel question reformulée : caractéristiques, évolutions, éléments de langage.

CARACTERISTIQUES du

JUSTICIABLE MILITAIRE

(combattant et citoyen)

EVOLUTION du CADRE

OPERATIONNEL et

CONSEQUENCES

JURIDIQUES

ELEMENTS de LANGAGE DIVERS

Le militaire français face au

droit (P12)

Dispositif Sentinelle : les

risques pour les

militaires en question (P6)

Pour les militaires, une

justice presque ordinaire

(P1)

Code de justice militaire

(P13)

L’évolution du cadre

juridique de l’engagement

des forces armées sur le

territoire national en

termes de maintien de

l’ordre (P7)

Allocution du général

d’armée Pierre de Villiers

à l’occasion du colloque

droit et OPEX (P2)

Allocution du général

d’armée Pierre de Villiers à

l’occasion du colloque droit

et OPEX (P2)

Rules of engagement (P9)

Code de la défense (P4) Cadre légal des forces

armées en opération (P3)

Différence entre protection

juridique de

l’administration et

protection fonctionnelle

(P5)

Allocution du général

d’armée Pierre de Villiers à

l’occasion du colloque droit

et OPEX (P2)

La protection juridique dite

protection fonctionnelle

(P8) – (P10)

Les juridictions

compétentes en matière

d'infractions militaires

(P11)

Ce tableau représente l’exploitation « primaire » du dossier faite par le rédacteur. Il suffit par la suite

de piocher quelques éléments dans les pièces sélectionnées en privilégiant les titres, sous-titres et

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EDG 2018

6

synthèses quand elles sont évidentes. Vous pourrez difficilement lire plus que l’équivalent de 10 pages

sur les quelque 40 du dossier.

En 3h00 de temps total, difficile d’en faire plus. Le travail se poursuit directement sur les pièces du

dossier par surlignage ou prises de quelques notes.

A ce stade il est inutile de préciser davantage une méthode de travail. Chacun doit

développer la sienne en fonction de ses habitudes et facilités.

Ce travail sur tableau est capital car il va permettre de mettre de la cohérence dans sa vision du sujet.

Le tri effectué entre les éléments retenus et leur répartition, notamment colonnes 2 et 3, évitera toute

redondance entre les 2nde et 3e parties de la fiche5.

4. Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:15 ou

01:30 au grand maximum sur les 03:00 allouées.

Il faut maintenant se lancer rapidement dans l’élaboration du devoir.

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle

que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières

étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement

« dans la tête », car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous

sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de

développement ;

2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis un rapide travail de synthèse pour dégager

des idées plus générales à partir des éléments du tableau ou revenir rapidement sur une ou

deux pièces (pas plus !)

Il ne faut pas aller au-delà de 01:30 à 01:45 pour parvenir à une ossature solide : INTRODUCTION

(dont PLAN6) – OPTIONS / SOLUTIONS POSSIBLES / MUTATIONS - PROPOSITIONS (orientation

détaillée). J’ai limité à ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM va définir le fil directeur de la fiche et préfigure l’esprit des propositions ;

2. Les OPTIONS / SOLUTIONS / MUTATIONS suivent la partie analytique du problème (1re partie)

et font déjà appel à de premiers apports personnels ;

3. Les PROPOSITIONS permettent la mesure des qualités du rédacteur. C’est là que vous attend

principalement le demandeur de la fiche et, ici, le correcteur !

5 Difficulté rencontrée de manière fréquente pour ne pas dire de façon systématique ! 6 La recherche du plan devient accessoire puisque la trame de la fiche est pratiquement fixée par le libellé du sujet.

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EDG 2018

7

Le travail proposé, figure ci-après. Il a été réalisé par un candidat et noté à 17/20. Les orientations

prises, notamment pour les propositions, sont un peu différentes de celles que j’aurais choisies mais

restent cohérentes avec la question posée.

Cette version s’appuie sur l’analyse de copies de candidats des armées (TERRE et MARINE) ayant

obtenu les notes supérieures à 15/20 lors des concours 2016-2017. La note attribuée ici est donc

cohérente avec ce qui pourrait être obtenu lors du concours (fourchette 15-17/20).

On constate une différence par rapport à la fiche d’état-major de l’EEM. En particulier, la 3e partie

n’est pas le choix argumenté d’une des solutions évoquées en 2nde partie.

Cette approche s’explique par le caractère interarmées et services de l’épreuve. Les marins, aviateurs

et commissaires ne sont pas astreints au stage de l’EEM à Saumur !

Dès lors, il est maladroit de s’arcbouter sur UN schéma acquis, dans l’approche de cette épreuve ! En

particulier lorsque, comme ici et pour le concours 20167, la demande est clairement formulée, inutile

de la tordre pour la faire entrer dans un gabarit inadapté à la « commande ».

Une seconde copie de qualité est donnée en PJ (version PDF). Merci aux 2 rédacteurs (Marine) qui

m’ont autorisé à publier leur réalisation.

7 Ce qui n’a pas été le cas pour 2017 !

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EDG 2018

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EDG 2018

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Jean-François
Texte tapé à la machine
Bien, c'est clair...
Jean-François
Texte tapé à la machine
Bon travail, clair et bien rédigé. Voir quelques détails de forme (et de fond) en 2nde partie de copie
Jean-François
Rectangle
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Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné
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Jean-François
Texte tapé à la machine
Il manque peut-être un mot sur les ROE qui ont été longtemps source de litiges
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Jean-François
Texte tapé à la machine
La judiciarisation et le risque d'inhibition
Jean-François
Texte tapé à la machine
La protection et non la sanction
Jean-François
Rectangle
Jean-François
Rectangle
Jean-François
Texte tapé à la machine
Le droit comme composante opérationnelle
Jean-François
Rectangle
Jean-François
Note
Jean-François
Texte tapé à la machine
+7
Jean-François
Texte tapé à la machine
+6
Jean-François
Texte tapé à la machine
+5
Jean-François
Texte tapé à la machine
La caractérisation des propositions, par de courts titres ou des débuts de phrase significatifs et soulignés, est conseillée
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Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Texte tapé à la machine
Problème d'accord...
Jean-François
Texte surligné
Jean-François
Droite
Jean-François
Texte tapé à la machine
légitimeront son action (le risque de barbarie me semble un peu exagéré. je suis pour qqchose de plus "soft")
Jean-François
Texte tapé à la machine
pour aboutir à une meilleure prise ne compte des spécificités de l'action militaire
Jean-François
Droite
Jean-François
Texte tapé à la machine
+ 4 mots
Jean-François
Texte tapé à la machine
- 4 mots
Jean-François
Texte tapé à la machine
+18 mots selon mes ajouts et corrections > 952
Jean-François
Texte tapé à la machine
Dans la forme proposée, la reprise ne concerne qu'un volet du développement (inhibition). Je préfère une rédaction plus générale.
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SYNT

HESE

de D

OSS

IER – S

D2

2018

Sujet : le militaire et la justice

Vous êtes officier rédacteur affecté à la division emploi de l’état-major des armées.

Votre chef de division doit intervenir dans 2 jours lors d’un séminaire universitaire dont

le thème est « le citoyen, le droit et la justice ».

Dans cette perspective, il vous demande, à partir du dossier joint et de vos

connaissances personnelles, de rédiger pour H+3 heures une fiche de 900 mots ± 10%

(soit de 810 à 990 mots) portant sur le militaire et la justice.

Cette fiche fera le point sur les spécificités et l’évolution de la justice appliquée aux

militaires et proposera les principaux messages à délivrer aux participants au séminaire.

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EDG 2018

2

SOMMAIRE DU DOSSIER

1. Pour les militaires, une justice presque ordinaire - 2015 ..............................................................3

2. Allocution du général d’armée Pierre de Villiers à l’occasion du colloque droit et OPEX - 2015 ....7

3. Cadre légal des forces armées en opération (2009-2011) - 2015 ................................................ 11

4. Code de la défense - 2017 ......................................................................................................... 14

5. Différence entre protection juridique de l’administration et protection fonctionnelle - 2017 .... 16

6. Dispositif Sentinelle : les risques pour les militaires en question- 2017 ...................................... 17

7. L’évolution du cadre juridique de l’engagement des forces armées sur le territoire national en

termes de maintien de l’ordre - 2016 ................................................................................................ 19

8. La protection juridique dite protection fonctionnelle- 2014....................................................... 24

9. Rules of engagement- 2016 ....................................................................................................... 25

10. Protection juridique- 2010 ..................................................................................................... 27

11. Les juridictions compétentes en matière d'infractions militaires - 2010 ................................. 29

12. Le militaire français face au droit - 2011 ................................................................................ 31

13. Code de justice militaire - 2018 ............................................................................................. 38

Fin du dossier ................................................................................................................................... 39

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EDG 2018

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1. Pour les militaires, une justice presque ordinaire - 2015

Le Monde - 03 mai 2015, par G. Moréas

Ainsi, depuis neuf mois, une enquête préliminaire est en cours pour vérifier si des soldats français ont commis des viols ou des agressions sexuelles contre de jeunes enfants en Centrafrique… On peut dire que cette discrétion est étonnante alors que, dans bien des affaires, notamment lorsqu’elles touchent des hommes politiques, on a pris l’habitude de lire dans la presse des extraits des procès-verbaux, voire des écoutes téléphoniques.

La « grande muette » est donc fidèle à sa réputation – et la justice a respecté cette tradition. Du coup, nous, nous avons appris l’information d’un journal britannique. Ce qui la fiche plutôt mal. Et comme il en est de même pour les autorités de Centrafrique, cette affaire s’annonce comme un véritable bide diplomatique.

Devant ce mutisme, il n’est pas anormal de s’interroger : les militaires seraient-ils au-dessus des lois ?

Absolument pas, a répondu le porte-parole du ministère chargé de la défense, les militaires sont des citoyens comme les autres.

Euh !… Pas tout à fait.

L’armée est une société avec des règles de fonctionnement différentes de la société civile et la justice doit tenir compte de ces particularités.

Ce n’est pas nouveau. De tout temps, il a existé des procédures et des juridictions spéciales. Pourtant, la tendance actuelle tend à rapprocher la justice militaire de la justice civile – du moins en temps de paix. Les dernières lois, celle du 13 décembre 2011 et celle du 18 décembre 2013, vont nettement dans ce sens.

Mais il existe encore des différences.

La principale réside dans le fait que les crimes et délits commis, en temps de paix, par des militaires dans l’exercice de leurs fonctions sont du ressort de « juridictions de droit commun spécialisées en matière militaire ». Cette spécialisation concerne toutes les phases : enquête, procédure et jugement.

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Pour les infractions commises sur le sol français : Il existe dans le ressort de chaque cour d’appel, un TGI dans lequel des magistrats sont habilités à traiter les délits commis par des militaires sur le territoire national, dans l’exercice de leur profession.

Pour les crimes, une cour d’assises est désignée. Elle se réunit selon le droit commun. Toutefois, s’il y a un risque de divulgation d’un secret concernant la défense nationale, elle ne comprend pas de jurés, mais uniquement des magistrats professionnels : un président et six assesseurs. En cas d’appel, le nombre d’assesseurs est porté à huit. Et, par dérogation au droit commun, la même cour d’assises constituée avec d’autres magistrats peut être désignée pour connaître de l’appel (art. 698-6 et 7 du CPP).

Pour les infractions commises à l’étranger : Lorsque les faits reprochés à des membres des forces militaires françaises ont été perpétrés sur un sol étranger, en temps de paix, c’est la juridiction spécialisée de Paris qui est compétente pour traiter aussi bien des contraventions, des délits et des crimes.

Cette juridiction est d’ailleurs également qualifiée pour connaître des infractions commises à l’étranger à l’encontre des membres des forces armées.

D’une manière générale, la loi française s’applique à tout citoyen français soupçonné d’un crime commis hors du territoire de la République (art. 113-6 du CP). Mais pour les militaires, le procureur de Paris a le monopole de l’action publique, comme il est dit à l’article 698-1 du code de procédure pénale (voir décision du Conseil constitutionnel du 24 avril 2015). Comme son collègue de Bangui a ouvert une enquête sur les faits reprochés à des membres des forces françaises, ceux-ci pourraient-ils être poursuivis par les autorités judiciaires centrafricaines ? La réponse est probablement non, car, même si ce n’est pas écrit dans le marbre, des accords internationaux accordent une priorité à la France pour poursuivre les infractions commises par des militaires français lorsqu’ils stationnent régulièrement sur un sol étranger.

Lorsque des militaires font l’objet de poursuites, leur défense est assurée par un avocat ou, si l’éloignement y fait obstacle, par un militaire choisi sur une liste préétablie.

La dénonciation : Le procureur peut être saisi sur dénonciation des faits par le ministre de la défense.

Cette dénonciation n’est pas obligatoire. Mais si le procureur est informé d’une autre manière, sauf flagrance, il est quand même tenu de demander l’avis du ministre de la défense avant d’engager toute poursuite judiciaire. Même en cas de réquisition faisant suite à une plainte avec constitution de partie civile. Le ministre répond dans le délai d’un mois. Son rapport doit être annexé à la procédure. Sinon, celle-ci est annulée.

Dans cette affaire, où des enfants accusent d’agressions sexuelles des militaires français de l’opération Sangaris, c’est donc la juridiction parisienne qui est compétente. Comment les choses se sont-elles déroulées ? Si l’on comprend bien, malgré le peu d’informations fournies, fin juillet de l’année dernière, le procureur de Paris a reçu une dénonciation du ministère de la défense. Celui-ci aurait alors ouvert une enquête préliminaire, puisqu’il détient le monopole de l’action pénale. Mais une enquête préliminaire de 9 mois pour des faits aussi graves, c’est

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un peu long… On ne comprendrait pas qu’il tarde plus avant d’ouvrir une information judiciaire dans une affaire qui relève de la cour d’assises.

La quinzaine de militaires français qui pourraient être visés dans cette enquête risquent vingt ans de réclusion criminelle. Comme l’a déclaré François Hollande : « Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable » – service minimum de la part du chef des armées.

Petite curiosité : les grades d’assimilation des magistrats et des avocats.

L’enquête : Elle est assurée par des officiers de police judiciaire des forces armées qui peuvent être des gendarmes ou des officiers, sous-officiers et agents assermentés des différents services des armées.

La protection juridique du soldat : Au combat, un militaire bénéficie d’une sorte d’immunité lorsqu’il fait usage des armes et de la force, sur un sol étranger, à condition qu’il agisse dans le cadre de sa mission et selon les règles internationales. Et si, dans le feu de l’action, il blesse involontairement un civil ou un camarade de combat, il bénéficie d’une excuse pénale. Dans la situation inverse, la mort d’un militaire au combat sur un sol étranger est présumée ne pas avoir une cause inconnue ou suspecte. Elle n’entraîne donc pas d’enquête a priori.

Paix ou guerre ? Les militaires français engagés en Centrafrique sont sous mandat de l’ONU. Il s’agit d’une mission de maintien de la paix effectuée à la demande des autorités françaises.

En temps de guerre, les choses sont plus compliquées. Il est établi des tribunaux territoriaux des forces armées comprenant deux juges civils et trois juges militaires. Et les magistrats de la chaîne judiciaire sont désignés par le ministère de la défense. La défense des soldats mis en cause est assurée par des avocats ou des militaires choisis par le justiciable sur une liste établie par le président du tribunal (voir tableau).

Pour les troupes engagées hors des frontières, des tribunaux militaires peuvent être mis en place. Dans ce cas, la défense peut également être assurée par des « officiers défenseurs assimilés spéciaux » du service de justice militaire. Ils sont nommés par le ministre de la

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défense. Sur une zone de stationnement ou d’opération, un tribunal prévôtal composé d’un magistrat mobilisé et d’un greffier peut être institué. Sa compétence s’étend aux infractions de police, autres que les contraventions de 5° classe.

Les gendarmes sont-ils concernés par la justice militaire ? L’article 697-1 du code de procédure pénale nous donne la réponse : les infractions de droit commun qui seraient commises par des militaires de la gendarmerie dans l’exercice de leurs fonctions de police judiciaire ou de police administrative ne sont pas du ressort des juridictions spécialisées. Celles-ci restent néanmoins compétentes pour les infractions commises dans le service du maintien de l’ordre.

C’est la raison pour laquelle, à la suite de la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, à Sivens, le procureur d’Albi s’est dessaisi au profit de son collègue de Toulouse, là où se trouve la juridiction spécialisée en matière de justice pénale militaire.

On peut d’ailleurs s’étonner qu’un service de maintien de l’ordre effectué sous la responsabilité du préfet et du ministre de l’Intérieur soit considéré comme un acte militaire !

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2. Allocution du général d’armée Pierre de Villiers à l’occasion du colloque droit et OPEX - 2015

École militaire, 2 novembre 2015

Monsieur le secrétaire général pour l’administration,

Madame la directrice des affaires juridiques,

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs,

Permettez-moi de commencer par remercier le secrétaire général pour l’administration, le contrôleur général des armées Jean-Paul Bodin, ainsi que madame Claire Landais, directrice des Affaires Juridiques, pour l’organisation de ce colloque sur le droit et les OPEX. Il est une nouvelle preuve de l’excellent dialogue qui existe, dans notre pays et au sein du ministère de la Défense, entre militaires et juristes, entre opérationnels et praticiens du droit.

Ces échanges entre nous sont d’une grande importance, car l’évolution permanente des modes d’action de nos adversaires, du contexte et du cadre de nos interventions, met sans cesse au défi la bonne articulation entre nécessités de l’action et impératifs juridiques.

Les armées sont l’expression régalienne de la force légitime d’un État de droit qui se reconnaît lui-même dans les obligations du droit international. L’action des armées françaises en opération s’inscrit donc dans une stricte conformité au droit ; sans cette conformité, pas de légitimité ni de succès possible. Une frappe aveugle ne fera jamais une victoire. En retour, le droit lui-même doit sortir renforcé de sa confrontation au réel, comme le montre la lente, mais réelle, prise en compte du droit pénal international dans le monde.

Au-delà de cette exigence de légitimité, nous avons aussi – chefs militaires et juristes – une responsabilité vis-à-vis des hommes et des femmes qui agissent sur le terrain, dans le brouillard de la guerre, et qui y risquent leur vie. Pour leur nécessaire protection, la spécificité militaire doit être préservée ; elle doit être pleinement prise en compte. La guerre est, à bien des égards, exorbitante du droit commun. Mourir au combat n’est pas un accident de travail !

Vous l’avez compris, je suis convaincu que le droit ne s’oppose pas à l’action ; il l’encadre et il protège celui qui la conduit.

Mais, face à une violence protéiforme et en constante évolution, il nous faut trouver quelques pierres solides sur un sol mouvant. Dans cet esprit, je vous propose, pour cette courte

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introduction de ce colloque, quelques réflexions qui, je l’espère, pourront alimenter vos débats.

Pour commencer, je crois que nous devons être particulièrement attentifs à l’évolution de l’expression de la violence. Deux lignes de force dans cette évolution :

1. La première : l’irruption du terrorisme.

Même s’il faut se garder de réduire la violence au seul terrorisme – et donc rester vigilant à toutes ses autres expressions – nous assistons à un phénomène brutal : nos sociétés sont confrontées à une radicalisation djihadiste qui répond à une stratégie délibérée de recherche de la rupture par une surenchère de terreur.

Cette radicalisation est incarnée par Daech et ses affiliés qui ne gardent que l’arbitraire comme seule norme. Ils cherchent l’implosion de la société pour imposer leur propre système. Nous le voyons au Levant ou au Sahel, où des groupes armés terroristes cherchent à se constituer en pseudo-État ou « califat ».

Face à ce terrorisme, plus que jamais, nous devons brandir la force pour nous opposer à la violence. Mais nous devons nous garder de tomber dans un mimétisme où nous perdrions notre légitimité, et, plus encore, notre âme.

2. Deuxième ligne de force : le caractère transfrontalier de la violence.

Ce phénomène est l’un des effets mal maîtrisés de la mondialisation : les terroristes se recrutent, se radicalisent, se financent et se forment en réseau ; leurs cibles et leurs ordres sont transmis par l’intermédiaire de connections internet qui s’affranchissent des frontières et de tous les cadres juridiques.

Nous sommes donc confrontés à la fois à la difficulté de caractériser notre ennemi et à circonscrire nos zones d’opération. Et, selon le territoire sur lequel se situe le combat, la qualification juridique peut être différente, ce qui introduit une complexité supplémentaire que nous devons collectivement prendre en compte.

Face à ces deux lignes de force, nos repères se brouillent, alors que nous nous référons à un système de droit qui distingue traditionnellement état de paix et état de guerre, droit pénal et droit de la guerre, combattants et non combattants.

Or, nous constatons déjà, ne serait-ce qu’au travers de nombreux articles récents, cette difficulté croissante à distinguer la nature de notre ennemi : combattant, terroriste, délinquant ? C’est l’un des grands défis auquel nous sommes confrontés.

A ces difficultés portées par ces évolutions dans les crises, s’ajoutent d’autres défis, selon que l’on se situe en amont de l’action ou pendant celle-ci.

3. Avant l’action, c’est le défi de la légitimité :

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Je l’ai indiqué en début de mon intervention : l’engagement militaire n’est pas concevable sans légitimité. Mais, cette légitimité ne se limite pas à celle du respect de la charte des Nations Unies. Elle doit être complétée par une légitimité politique et s’ancrer dans la réalité du contexte et de l’opinion publique. J’ajouterai aussi que la légitimé d’une action militaire ne saurait être réelle sans s’inscrire dans une véritable stratégie d’action, qui seule permet de gagner la paix après avoir gagné la guerre.

En tant que conseiller du Gouvernement, j’y suis personnellement attentif, car c’est toujours celui qui conduit l’action qui doit répondre de ses actes ; c’est sur lui que la charge de la preuve pèse le plus souvent.

4. Après ce défi de légitimité initiale, les défis au cœur même de l’action.

Je vous en livre deux, qui n’épuisent pas le sujet, mais permettent de l’illustrer :

Ce sont d’abord les défis qui se posent lorsque nous agissons en partenariat avec d’autres nations. Quelle que soit le format de l’intervention, les principes de discrimination et de proportionnalité restent une matrice pour l’emploi de la force. Le respect de ces principes est une responsabilité collective. Nous devons toujours rappeler à nos partenaires que nos coopérations ne les affranchissent pas du respect du droit, du regard de la Cour Pénale Internationale, des obligations humanitaires en matière de détention, pour ne citer que l’essentiel.

Dans l’action, se posent également de nouvelles problématiques liées par exemple au domaine cyber ou à l’emploi des drones ou d’automates armés. Là encore, le droit se vit dans la réalité et nous avons la responsabilité collective de chercher, de trouver et d’appliquer des solutions qui répondent à l’évolution de la technologie, comme aux nouvelles situations opérationnelles. Les militaires, et en particulier les militaires français, parce qu’ils sont confrontés à la violence dans ses différentes formes, sont aux avant-postes pour une bonne adaptation aux réalités du terrain ; c’est l’enjeu du dialogue que nous entretenons.

Dernier pan de ces réflexions introductives : sur le terrain, très concrètement, je suis, en tant que chef militaire, constamment confronté à la dialectique entre force et violence, à l’impératif d’utiliser la force sans tomber dans la violence.

Pour surmonter les difficultés qui se posent à nous dans le quotidien des opérations, je vois deux éléments structurants sur lesquels nous devons nous appuyer : l’éthique et l’attention au temps long.

5. L’éthique.

Le droit s’applique à nous ; il nous oblige. Il nous oblige à l’excellence. Pour autant, et vous le savez mieux que moi, le droit est toujours incomplet, en perpétuelle construction. C’est pour cette raison que l’éthique est si importante.

Droit et éthique se complètent ; ce sont deux éléments constitutifs d’une même boussole qui guide l’action militaire.

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Cette éthique constitue une part importante de la formation de nos jeunes soldats, marins et aviateurs, quelles que soient les écoles initiales. Elle crée chez l’individu un terreau favorable. Elle lui confère une épaisseur, une densité intérieure. L’éthique du soldat est donc, en quelque sorte, une intériorité pour le militaire, qui permet au droit de ne pas être une contrainte extérieure, mais un guide de comportement.

Cette éthique doit être complétée par une constante attention au temps long.

Le responsable militaire sait d’expérience la nécessité d’inscrire son action dans la durée : la résolution des crises demande en effet en moyenne 15 années d’endurance, de constance et de persévérance. Aujourd’hui, la pression pour une réponse immédiate s’applique partout et à tous. C’est ce même phénomène, cette même vision à court terme, qui est souvent à l’origine de comportements contraires au droit et qui ne trouvent leur justification que dans l’efficacité de l’instant.

Au contraire, l’attention au temps long nous oblige au respect du droit qui seul permettra, à terme, une sortie de crise et, in fine, la construction d’une paix durable.

***

Pour terminer, je voudrais vous livrer un dernier message : soyez convaincus de mon intransigeance contre ceux qui ne respecterait pas le droit ou qui se comporteraient contre l’éthique. Céder à la violence, à la discrimination, à la non-distinction des moyens, ou à toute déviance : c’est l’échec de la mission.

Plus encore, c’est l’échec de la conscience collective. Je ne l’accepterai jamais.

Réciproquement, je serai également intransigeant à l’égard de la parole qui nous calomnierait et jetterait l’opprobre sur nos soldats à des fins de manipulations.

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3. Cadre légal des forces armées en opération (2009-2011) - 2015

15/03/2015 - Association de Recherches Pénales Européennes (ARPE)

En juillet 2009, l’ARPE a signé avec le ministère de la Défense une convention pour la réalisation d’une étude intitulée « Cadre légal des forces armées en opérations ». Commencée le 13 novembre 2010, cette recherche, commanditée par le Service d’emploi des forces de l’État-major des armées, répondait à la demande de l’armée française de clarifier les cadres juridiques de plus en plus complexes des missions militaires à l’extérieur du territoire français et de l’intervention des forces armées sur le

territoire national ; d’apporter des solutions à des problèmes et défis concrets ; enfin d’étudier l’opportunité de faire évoluer les cadres juridiques existants.

Sous la direction des Professeurs Geneviève Giudicelli-Delage et Stefano Manacorda, trois chercheurs ont travaillé sur cette recherche : Olivier Cahn, maître de conférences à la Faculté de droit de l’Université de Cergy-Pontoise, Julie Alix, maître de conférences à la Faculté de droit de l’Université du Maine, Fatma Boggio-Cosadia, doctorante en droit de l’Université Paris 1, Panthéon Sorbonne.

Durant l’année 2010, trois rapports intermédiaires, rédigés à intervalles de trois mois ont été remis à l’État-major des Armées. Ces restitutions ont été à chaque fois suivies de réunions avec le Comité de pilotage de la recherche au ministère de la Défense dirigé par des militaires du Service d’emploi des Forces armées, et également composé de militaires du Service juridique de l’État-major des Armées. Ces réunions ont été l’opportunité pour les membres du Comité de pilotage de faire des commentaires sur les rapports remis, et pour l’équipe de recherche de l’ARPE de répondre aux questions. Dans tous les cas, ces réunions ont permis de clarifier les attentes de l’État-major des Armées et les choix et orientations de l’ARPE.

Le premier rapport dresse un état général des deux questions : opérations extérieures et missions intérieures, et des pistes de recherche susceptibles d’être explorées dans les rapports suivants.

Le deuxième rapport traite des pouvoirs de police des forces armées en opérations extérieures et des conditions de participation des forces armées sur le territoire national à l’aune de la jurisprudence du Conseil d’Etat, de la Cour de cassation et de la Cour européenne des droits de l’homme.

Le troisième rapport présente la question de la responsabilité pénale des militaires en opérations extérieures et les règles gouvernant le maintien de l’ordre et le recours à la « force légitime » en droit positif et sur le territoire français.

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Le 31 janvier 2011, l’ARPE a remis à l’État-major des Armées le Rapport final de la recherche. Ce rapport présente une synthèse de propositions et de recommandations concrètes concernant les évolutions souhaitables du cadre normatif, ainsi que les mesures pratiques d’accompagnement des cadres juridiques des missions des forces armées à l’extérieur et sur le territoire français. Il présente en annexe un résumé des rapports précédents. La remise du Rapport final a été suivie en avril 2011 d’une réunion de restitution organisée dans les locaux du Service d’emploi des forces de l’État-major des Armées, au cours de laquelle l’équipe de l’ARPE a présenté une synthèse des propositions et des recommandations.

La recherche a mis en exergue une certaine mutation, au cours des dernières années, du contexte dans le cadre duquel les forces armées sont amenées à intervenir, en particulier : une multiplication du nombre et de la variété des missions demandées aux forces armées (peace keeping, peace building, police internationale, maintien de l’ordre public, etc.), avec un risque intrinsèque de déclenchement du système pénal découlant de l’usage de la force ; l’augmentation du nombre des faits potentiellement délictueux ou criminels, témoignée par le recours croissant à la justice pénale (nombre de plaintes et de poursuites d’office et, à une échelle moindre, de condamnations), en France aussi bien qu’à l’étranger ; la complexité croissante du cadre normatif applicable, tenant à la coexistence de normes internes et internationales (dont l’éventail est très large), auxquelles s’ajoutent les règles d’engagement à la portée normative incertaine.

Parmi les nombreuses difficultés surgissant d’une telle mutation du contexte, la recherche a constaté : une certaine inadaptation des normes pénales de fond et de procédure applicables, en raison du défaut de prise en compte des spécificités propres au contexte des opérations ; un affaiblissement de la sécurité juridique tenant à l’incertitude qui accompagne leur application, notamment au plan jurisprudentiel ; un sentiment d’insécurité ressenti en termes opérationnels, susceptible à son tour d’affaiblir la fonction d’orientation de l’interdit pénal.

Le droit français s’organise autour de deux états juridiques : le temps de paix et le temps de guerre. Ces deux états distincts emportent nécessairement des conséquences différenciées sur la répartition des pouvoirs au sein de l’État, mais aussi sur l’action des forces armées, qu’il s’agisse d’opérations extérieures ou intérieures.

Au plan des opérations à l’extérieur du territoire national, la configuration des conflits actuels, en particulier des conflits armés sur le territoire d’États tiers, ainsi que la mobilisation qu’ils suscitent au plan international – missions de maintien, restauration, imposition ou consolidation de la paix menées hors du champ de la guerre conventionnelle – rendent de plus en plus inopérante voire désuète cette distinction binaire entre état de guerre et état de paix et révèlent l’existence d’un cadre juridique inadapté. Dans ce contexte la réglementation des dispositifs d’intervention des forces armées par le droit public, qu’il soit international ou interne, n’est pas celui qui pose le plus de difficultés. Les enjeux de cet encadrement concernent davantage le droit pénal, dans la mesure où l’intervention des forces armées implique l’usage de la force et la mise en œuvre de pouvoirs coercitifs. S’interroger sur les nouvelles dimensions d’ordre pénal que pose l’intervention militaire conduit nécessairement à rechercher instamment des réponses à des problèmes concrets, mais aussi à se confronter à une réalité de plus en plus ardue : l’internationalisation croissante du droit de punir, l’interrelation inéluctable entre les systèmes juridiques, en passant par les thèmes

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particulièrement actuels de la « guerre juste », de la justice rendue par la guerre, ou encore de la guerre pour la paix.

S’agissant des opérations sur le territoire national, le cadre juridique d’emploi des forces armées est celui du droit commun. Ainsi, et à l’exception de la gendarmerie, les militaires ne peuvent faire emploi de la force que dans le cas de la légitime défense selon les dispositions du Code pénal et ont, à l’occasion de l’exécution de leur mission, les mêmes droits que les autres citoyens. Cependant les dispositions des lois relatives à l’état de siège et à l’état d’urgence permettent de confier des pouvoirs de police à l’autorité militaire, laquelle peut apporter des restrictions à l’exercice des libertés publiques sous le contrôle du juge administratif. En dehors de ces dispositions exceptionnelles, l’intervention actuelle des forces armées sur le territoire national procède essentiellement de leur participation à la lutte antiterroriste, mais cette mission de protection du territoire ne leur confère pas le pouvoir d’accomplir des actes de police judiciaire (à l’exception, évidemment, des personnels de la Gendarmerie nationale). L’engagement des armées dans des missions terrestres de sécurité ne peut donc correspondre qu’à des nécessités exceptionnelles et intervenir en complémentarité des forces de police. La question de la lutte contre le terrorisme impose néanmoins de s’interroger sur la définition de ces nécessités exceptionnelles, à la lumière notamment de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, sur les conséquences que la relation de subordination de l’autorité militaire à l’autorité civile créerait sur la chaîne de commandement, et donc sur la responsabilité pénale.

Les lignes directrices retenues par l’ARPE pour traiter des deux volets de la recherche ont été les suivantes. En ce qui concerne le premier volet sur le cadre légal des forces armées en opérations extérieures : clarifier le(s) cadre(s) juridique(s) et légal(aux) applicable(s) ; définir les différents niveaux de droit pénal de fond et de procédure pénale applicables ainsi que leurs interactions ; identifier les questions soulevées par la jurisprudence et les solutions envisagées ; explorer les perspectives d’évolution du cadre actuel à la lumière des débats en cours et de l’actualité législative. En ce qui concerne le second volet sur le cadre légal des forces en opérations sur le territoire national : faire un état des lieux du cadre juridique actuel ; étudier l’opportunité de son évolution.

La ligne directrice fondamentale des propositions émises par l’ARPE consiste à situer les réponses pénales dans le cadre du « pluralisme ordonné », soit, premièrement, de prendre en compte les différentes composantes juridiques de sources interne et internationale (droit international humanitaire, droit des droits de l’homme, droit pénal international) ; deuxièmement, de faire un effort de rationalisation en vue d’ériger en système cet ensemble normatif hétérogène, de manière à contrecarrer le sentiment d’insécurité juridique actuel.

Dans le cas des opérations à l’extérieur du territoire national (OPEX), le rapport envisage « une évolution tempérée » du cadre pénal, dans le sillage des réformes entreprises récemment par le législateur (loi n° 2011-13 du 5 janvier 2011 relative à la lutte contre la piraterie et à l’exercice des pouvoirs de police de l’État en mer, et loi n° 2010-930 du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l’institution de la Cour pénale internationale). Pour les opérations menées sur le territoire national l’ARPE préconise « le maintien du statu quo » du cadre juridique actuel.

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4. Code de la défense - 2017 - PARTIE 4 : LE PERSONNEL MILITAIRE - LIVRE Ier : STATUT GÉNÉRAL DES MILITAIRES - TITRE II : DROITS ET OBLIGATIONS - Chapitre III : Rémunération, garanties et protections - Section 3 : Protection juridique et responsabilité pénale

Article L4123-10

Les militaires sont protégés par le code pénal et les lois spéciales contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils peuvent être l'objet.

L'État est tenu de les protéger contre les menaces et attaques dont ils peuvent être l'objet à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté. Il est subrogé aux droits de la victime pour obtenir des auteurs des menaces ou attaques la restitution des sommes versées aux victimes.

Il peut exercer, aux mêmes fins, une action directe, au besoin par voie de constitution de partie civile, devant la juridiction pénale.

L'Etat est également tenu d'accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits qui n'ont pas le caractère d'une faute personnelle.

Le service compétent pour accorder la protection est celui dont relève le militaire à la date des faits en cause.

En cas de poursuites exercées par un tiers contre des militaires pour faute de service sans que le conflit d'attribution ait été élevé, l'Etat doit, dans la mesure où aucune faute personnelle détachable de l'exercice des fonctions n'a été commise, les couvrir des condamnations civiles prononcées contre eux.

Les conjoints, enfants et ascendants directs des militaires bénéficient de la protection de l'Etat lorsque, du fait des fonctions de ces derniers, ils sont victimes de menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages.

Article L4123-11

Sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3 du code pénal, les militaires ne peuvent être condamnés sur le fondement du troisième alinéa de ce même article pour des faits non intentionnels commis dans l'exercice de leurs fonctions que s'il est établi qu'ils n'ont pas accompli les diligences normales compte tenu de leurs compétences, du pouvoir et des moyens dont ils disposaient ainsi que des difficultés propres aux missions que la loi leur confie.

Article L4123-12

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I. - Outre les cas de légitime défense, n'est pas pénalement responsable le militaire qui déploie, après sommations, la force armée absolument nécessaire pour empêcher ou interrompre toute intrusion dans une zone de défense hautement sensible et procéder à l'arrestation de l'auteur de cette intrusion.

Constitue une zone de défense hautement sensible la zone définie par voie réglementaire à l'intérieur de laquelle sont implantés ou stationnés des biens militaires dont la perte ou la destruction serait susceptible de causer de très graves dommages à la population, ou mettrait en cause les intérêts vitaux de la défense nationale.

Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application des alinéas précédents. Il détermine les conditions dans lesquelles sont définies les zones de défense hautement sensibles, les conditions de délivrance des autorisations d'y pénétrer et les modalités de leur protection. Il précise les modalités des sommations auxquelles procède le militaire.

II. - N'est pas pénalement responsable le militaire qui, dans le respect des règles du droit international et dans le cadre d'une opération militaire se déroulant à l'extérieur du territoire français, exerce des mesures de coercition ou fait usage de la force armée, ou en donne l'ordre, lorsque cela est nécessaire à l'accomplissement de sa mission.

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5. Différence entre protection juridique de l’administration et protection fonctionnelle - 2017

Par Me Maumont 29 septembre 2017 Droit des militaires

Par Aline TELLIER, avocat collaborateur et Me Elodie MAUMONT, avocat associé

Nombreux sont les militaires à ne pas appréhender l’étendue de la protection fonctionnelle de l’Etat et à limiter leur demande à une simple assistance juridique et une prise en charge des frais d’avocat.

En effet, l’article L4123-10 du Code de la Défense inséré dans la section relative à « la protection juridique et responsabilité pénale » ne définit pas les moyens que doit mettre en œuvre l’administration militaire pour protéger un militaire des menaces et attaques dont il est victime à l’occasion de l’exercice de ses fonctions.

La protection juridique est seulement un des aspects de la protection fonctionnelle.

La protection fonctionnelle peut notamment entrainer une assistance juridique par les services de l’administration militaire et/ou la protection juridictionnelle appelée également protection juridique, à savoir la prise en charge financière des frais de procédure dont les frais d’avocat.

Toutefois, la protection fonctionnelle ne se limite pas à la protection juridique.

La protection fonctionnelle ouvre ainsi le droit à la mise en œuvre par l’Etat employeur de tous les moyens pour mettre fin aux faits dénoncés ainsi que l’a rappelé la circulaire dite LEBRANCHU n° SE1 2014-1 du 4 mars 2014 relative à la lutte contre le harcèlement dans la fonction publique et notamment :

- l’engagement de poursuites disciplinaires contre les auteurs des attaques, - l’éloignement de la victime d’une situation préjudiciable et le rétablissement de

l’agent dans ses droits, - une assistance juridique et la protection juridictionnelle ou juridique, - la mise en place d’une enquête interne contradictoire, - la réparation des préjudices subis, - un soutien psychologique, médical et social, - des actions de prévention.

Alors n’hésitez plus à faire valoir votre droit.

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6. Dispositif Sentinelle : les risques pour les militaires en question- 2017

Céline Rouden, le 15/09/2017 à 15h27

Mis à jour le 15/09/2017 à 18h23

L’attaque d’un soldat de l’opération Sentinelle à Paris vendredi 15 septembre intervient au lendemain de l’annonce par le gouvernement d’un aménagement de la mission des militaires qui prévoit notamment des actions moins prévisibles

Des soldats de l'opération Sentinelle en patrouille devant le musée du Louvre à Paris. / Christophe Archambault/AFP

L’opération Sentinelle, mise en place après les attentats de janvier 2015, a une nouvelle fois été la cible d’une attaque vendredi matin 15 septembre à Paris : un homme armé d’un couteau a agressé un militaire en patrouille à la station de métro Châtelet,

sans faire de blessé. C’est la septième agression contre des militaires de la force Sentinelle, mise en place après les attentats de janvier 2015.

Cette agression survient au lendemain de l’annonce par le gouvernement d’une « évolution » de l’opération Sentinelle qui mobilise 7 000 soldats en permanence sur le terrain pour sécuriser les sites sensibles et fait des militaires des cibles de choix pour les terroristes.

« Cette nouvelle attaque légitime pleinement ce que nous voulons faire, c’est-à-dire rendre ce dispositif encore plus imprévisible, encore plus indécelable pour les agresseurs potentiels », a réagi la ministre des armées, Florence Parly. « Nous prendrons l’initiative sur l’ennemi en renforçant notre posture dissuasive par des patrouilles plus aléatoires » avait-elle affirmé la veille devant les personnels du ministère.

Générer de l’incertitude

De fait la nouvelle organisation présentée jeudi 14 septembre en conseil de défense à la demande d’Emmanuel Macron tient en partie compte de cette préoccupation. S’il existera toujours un dispositif permanent de sécurisation des lieux les plus sensibles (sites symboliques, touristiques, gares, aéroport, etc.), le reste des soldats affectés de Sentinelle seront désormais déployés de façon plus ponctuelle pour sécuriser des événements

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occasionnels, comme l’Euro de football l’année dernière, ou saisonniers. « C’est aussi une façon de donner au dispositif un caractère moins prédictible, explique-t-on au ministère des armées. L’objectif est de générer de l’incertitude ».

Il n’en reste pas moins qu’une grande partie des soldats resteront de fait des cibles évidentes, même si ce risque fait partie intégrante de leur mission et qu’ils sont parfaitement formés pour parer ces attaques, comme ils l’ont montré par le passé. Les responsables militaires soulignent toutefois que cette nouvelle organisation est une seconde étape dans l’adaptation du dispositif à la menace terroriste.

Une première étape importante avait déjà été franchie lorsqu’ils ont obtenu de passer des gardes statiques devant des lieux sensibles à des gardes mobiles sous forme de patrouille.

Remonter le niveau de motivation des soldats

Cette fois les militaires, qui répondent aux demandes des préfets, espèrent obtenir une plus grande marge de manœuvre pour déterminer les moyens de sécuriser tel ou tel événement ponctuel, aussi bien en termes d’effectifs que de modes d’actions. Ce qui leur permettrait de mieux tenir compte des risques encourus mais aussi de « remonter le niveau de motivation des soldats », souligne le ministère des armées.

La mission Sentinelle pèse en effet sur le moral des militaires qui ont le sentiment lors de ces missions d’assurer des fonctions d’agents de sécurité plus que de soldats. « Les évolutions engagées nous permettront de développer l’exercice du métier de militaire dans cette fonction » assure-t-on dans l’entourage de Florence Parly. La ministre a par ailleurs indiqué jeudi dans une adresse aux armées qu’elle présenterait fin octobre un plan « d’accompagnement des familles et d’amélioration des conditions de vie des militaires », notamment lors de ces opérations.

Une réflexion plus globale

L’opération Sentinelle étant appelée à devenir une opération « continue », alors qu’elle avait été d’abord conçue comme provisoire, est sans doute appelée à encore évoluer et à faire l’objet d’une réflexion plus globale sur l’utilisation des forces sur le territoire national.

La revue stratégique des armées confiée au député européen Arnaud Danjean (LR) qui doit rendre ses conclusions courant octobre pourrait en être l’occasion. Et la prochaine loi de programmation militaire qui s’appuiera sur son travail doit faire des choix aussi bien en termes d’effectifs que de modes d’action.

Céline Rouden

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7. L’évolution du cadre juridique de l’engagement des forces armées sur le territoire national en termes de maintien de l’ordre - 2016

Par le LCL Claude FRANC

Sous l’Ancien Régime, la sécurité intérieure constituait une mission des régiments de l’armée royale au même titre que leur engagement hors des frontières du pré carré royal. Il suffit de se rappeler la façon dont la paix religieuse a été rétablie par les dragons du maréchal de Villars dans les Cévennes, au tout début du XVIIIe siècle, consécutivement aux troubles générés par la révocation de l’Édit de Nantes. Mais c’est la Constituante qui l’a codifié juridiquement pour la première fois. Et depuis 1791, ce cadre juridique n’a fait que s’enrichir tant par les textes que par les notions qu’ils sous tendaient, voire qu’ils introduisaient dans l’arsenal juridique national.

Initialement centré uniquement sur le maintien de l’ordre public, ce cadre juridique est toutefois demeuré très axé sur ce domaine au cours de son évolution et, en l’occurrence, la distinction entre état d’exception et règles de droit commun est apparue dès la moitié du XIXe siècle.

Dès 1791, la Constituante, ayant bien perçu toute la nécessité d’encadrer le recours par l’Etat ou les

autorités administratives à des moyens dont ce n’est pas la vocation première définit la notion de réquisition et légifère à ce sujet. C’est dans le cadre de ces dispositions qu’en 1795, le Directoire, Barras en l’occurrence, réquisitionne l’armée de Paris dont il confie le commandement à Bonaparte pour « mâter » un début d’insurrection royaliste après le coup de force gouvernemental d’annulation des élections de Fructidor qui leur avait donné la majorité[i]. C’est par ce biais que Bonaparte a eu le pied à l’étrier et on sait ce qu’il en est advenu par la suite.

Si la période du Consulat et de l’Empire n’a pas ou très peu donné lieu à des phases de troubles intérieurs nécessitant le recours à la force armée, son origine, le 18 Brumaire, plonge ses racines dans un coup d’Etat militaire, exécuté avec l’aide de la troupe (la défenestration des députés convoqués à Saint Cloud par les escadrons de cavalerie de Murat).

En revanche, au cours de la période suivante, la Restauration et la monarchie de Juillet, le rôle officiellement assigné à l’armée, était un rôle de maintien de l’ordre intérieur. Raison pour laquelle, compte tenu également de la stabilité de la situation internationale due à l’équilibre du concert européen grâce à l’action de la Sainte Alliance, l’armée française était d’un format beaucoup plus réduit et était redevenue une armée de métier recrutée sur la base

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d’engagements longs. C’est pour cette raison que les unités changeaient de garnison pratiquement annuellement, pour éviter que la troupe comme l’encadrement n’entretinssent des relations suivies avec leur environnement social civil. A cette époque, juridiquement, à Paris, le gouverneur militaire de Paris partageait la responsabilité du maintien de l’ordre avec le préfet de police. Aussi, en juillet 1830, lorsque la promulgation des ordonnances de Polignac visant à restreindre la liberté de la presse déclencha des troubles dans la capitale, c’est tout à fait régulièrement que le Gouvernement réquisitionne le gouverneur militaire, le maréchal Marmont, duc de Raguse, et engage les troupes de la garnison de Paris contre la population insurgée de la capitale. C’est la fraternisation de la troupe avec les insurgés, due en partie à de mauvaises dispositions prises par Marmont, voire un double jeu politique joué par celui-ci[ii], qui provoqua le succès de l’insurrection.

Sous la monarchie de Juillet, le rôle imparti à l’armée demeurera identique, mais dans son application, son intervention comme force de maintien de l’ordre glissera du terrain politique au terrain social. En effet, l’apparition – tardive par rapport à l’Angleterre – de la révolution industrielle en France amena son corollaire, les conflits sociaux sous une forme insurrectionnelle. La répression de la révolte des canuts à Lyon en 1832 demeurera dans les consciences ouvrières comme l’action répressive militaire la plus emblématique de la période. Tout le règne de Louis Philippe sera marqué d’engagements de la force armée pour « mâter » des troubles sociaux. Cette situation aura des conséquences profondes : les partis de gauche, c'est-à-dire favorables au retour d’un régime républicain, s’opposeront toujours avec vigueur à la constitution d’une armée de métier[iii], tandis que celle-ci prend, à tort ou à raison, l’image d’une armée briseuse de grèves et gardienne de l’ordre social. Ce clivage politique vis-à-vis de la forme qui devra être donnée à l’armée perdurera dans les esprits très longtemps, pratiquement jusqu’à la Ve République.

En février 1848, contrairement aux apparences, le scénario de 1830 ne se reproduisit pas, même si l’aboutissement politique, l’abdication du monarque et la chute du régime, fut identique. Lors des premiers troubles en février 1848, le commandement aussi bien que les troupes étaient sûrs et Thiers, proposa à Louis Philippe de faire évacuer Paris par les troupes, de les rassembler autour de Versailles et de reconquérir progressivement la capitale insurgée, schéma qu’il exécutera avec brio lors de la répression de la Commune. Louis Philippe refusa l’option de force et préféra s’exiler. La période qui s’en suivit fut assez mouvementée jusqu’à la révolte des Ateliers nationaux, brisée d’une main de fer par Cavaignac en juin 1848.

C’est alors, avec l’apparition de la Seconde République, régime conservateur s’il en fut, que l’arsenal juridique national va s’enrichir de la notion de l’état d’exception. Le même Cavaignac[iv], ministre de l’Intérieur du Prince-Président, va faire promulguer une loi destinée à légitimer juridiquement l’état d’exception, c’est à dire un état juridique dérogatoire à l’application des règles de droit commun, notamment en matière d’ordre public en reprenant une vieille notion, alors un peu tombée en désuétude, celle de gouverneur d’une place militaire assiégée, d’où le terme d’état de siège : ce texte vise à transférer l’intégralité des responsabilités de maintien de l’ordre dévolues aux autorités administratives (autorités préfectorales) à l’autorité militaire sur tout ou partie du territoire (circonscriptions administratives supérieures ou égales au département), ainsi que les responsabilités judiciaires des parquets aux tribunaux militaires. Les autorités administratives peuvent toutefois continuer à exercer les pouvoirs dont l’autorité militaire n’a pas été saisie. Le texte instaurant l’état de siège, est un décret de l’exécutif qui doit être confirmé par un vote du

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Parlement dès lors que la session parlementaire est ouverte et que les chambres siègent. Son application est limitée dans le temps (durée d’un conflit par exemple). La première application de ce texte aura lieu trois ans plus tard, le 2 décembre 1851, pour étouffer dans l’œuf toute velléité d’opposition et de résistance au coup d’Etat perpétré par le futur Napoléon III de la part des partis et mouvements de gauche. Il a à nouveau été appliqué pour réprimer la subversion de la Commune en 1871. Enfin, ce texte n’a été mis en œuvre – et encore avec des restrictions drastiques s’agissant du transfert du pouvoir judiciaire – que durant la Grande Guerre dans les départements où se déroulaient les opérations, dans la zone dite « des armées » et dans le département de la Seine où, durant toute la durée du conflit, ce fut le général gouverneur militaire de Paris qui devint responsable du maintien de l’ordre par transfert de pouvoirs du préfet police, ce qui explique l’importance du choix du titulaire de ce poste.

Enfin, c’est en vertu de ce texte qu’en juin 1917, fait unique dans les annales constitutionnelles françaises, le président de la République, M. Poincaré, s’était dessaisi de son droit de grâce en le déléguant, dans la zone des armées, au commandant en chef, le général Pétain, lors de la crise dite des Mutineries. Le général Pétain s’est d’ailleurs empressé de le rétrocéder à son détenteur légitime dès le mois de septembre de la même année, la crise étant jugulée.

Pour revenir au XIXe, comme le gouvernement du Second Empire avait de la suite dans les idées, les mesures d’urbanisme réalisées par le préfet Haussmann à Paris répondaient, pour certaines d’entre elles, à des contraintes de maintien de l’ordre : c’est ainsi que les Grands Boulevards furent percés d’une largeur telles qu’un escadron de cavalerie pouvait y charger au botte à botte, déployé en bataille en demi-pelotons et que les tronçons en ligne droite devaient être suffisamment longs pour permettre des feux de salves d’infanterie destinés à disperser des attroupements sans que les fantassins ne se trouvassent au contact direct ou à portée des insurgés. Ces dispositions s’avéreront judicieuses lors de la Commune.

A partir de 1873, date de la mise en sommeil de l’état de siège à Paris à la suite de la Commune, la IIIe République va chausser les bottes des régimes précédents en matière d’ordre public. Le recours à la force armée sous forme de réquisition sera monnaie courante et va donner lieu à plusieurs formulations juridiques plus modernes que la loi de 1791 : il s’agit dès lors « d’un Acte unilatéral de la puissance publique permettant d’imposer à des personnes physiques ou morales des contraintes destinées à satisfaire les besoins exceptionnels reconnus d’intérêt général » (lois des 3 juillet et 2 août 1877 et du 11 juillet 1938).

Mais, dans son application, comme la nature de l’armée avait changé, l’armée étant devenue une armée de conscription à recrutement local, il s’en suivit des manquements graves à la discipline : en 1907, les appelés du 17e d’Infanterie, requis par le préfet de l’Aude pour disperser par la force les viticulteurs qui voyaient leurs prix de vente s’effondrer à cause d’une surproduction manifeste, firent cause commune avec leurs parents et rejoignirent les manifestants en « mettant crosse en l’air »[v]. Quelques années auparavant, dans les départements de l’Ouest, la réquisition de régiments dans le cadre des Inventaires des biens de l’Église avait donné lieu à quelques spectaculaires abandons de poste par des officiers en charge de commandement qui ont été sévèrement condamnés par la Justice militaire[vi]. Enfin, toujours dans le cadre du maintien de l’ordre, jusqu’en 1914, une brigade de cuirassiers (deux régiments) tiendra garnison à Paris à des fins de maintien de l’ordre, et sera stationnée au quartier Dupleix et à l’École militaire. Dans le plan de mobilisation exécuté en août 1914, il

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était prévu que cette brigade ne rejoigne sa zone de concentration, qu’à la toute dernière phase de celle-ci, afin de parer à tout trouble éventuel lié à la mobilisation. Comme celle-ci s’est effectuée dans le calme le plus parfait, en dépit de l’assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914, elle pu rejoindre sa division assez rapidement. A l’issue du conflit, Paris demeurant encore sous le régime de l’état de siège, le 1er mai 1919, le général Berdoulat, récemment nommé gouverneur militaire de Paris, fit quadriller la ville par une division d’infanterie renforcée d’une brigade de cavalerie pour s’opposer à des manifestations annoncées de la C.G.T., interdites par Clemenceau, la paix n’étant pas encore signée. Face à un tel déploiement de forces, aucun trouble public ne fut à déplorer. Enfin, à la suite des évènements de février 1934, le gouvernement Doumergue généralisera la constitution d’unités de « garde mobile » dépendant de la Gendarmerie, instruites et entrainées pour des missions de maintien de l’ordre, ce qui fit que le recours à la réquisition de moyens militaires ne releva plus que de situations exceptionnelles. Ce fut notamment le cas en 1947 lors des grèves insurrectionnelles déclenchées par le parti communiste lorsque Jules Moch, ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramadier n’hésita pas à promulguer des réquisitions complémentaires spéciales[vii] à destination des commandants de Régions.

En 1955, l’arsenal juridique français s’enrichit d’une nouvelle notion, l’état d’urgence, loi votée sous la contrainte des évènements d’Algérie (loi Soustelle[viii]). Elle vise à renforcer les pouvoirs de police des préfets disposant des forces de 1ère et de 2ème catégorie en allégeant certaines contraintes de droit commun préjudiciables à leur action (limite au droit de réunion, allongement des délais d’assignation à résidence, élargissement du droit d’interpellation et de perquisition…). Ce texte ne prévoit aucun transfert automatique de responsabilité de l’autorité administrative à l’autorité militaire. Mis en œuvre par un décret pris en Conseil des Ministres, il doit faire l’objet, dans un délai de dix jours suivant sa promulgation, d’un vote de la Chambre. Néanmoins, dans le cadre ainsi élargi de leurs prérogatives, les préfets peuvent, sur réquisition, faire appel aux forces de troisième catégorie pour les exercer, ce qui a constitué le fondement juridique de l’action des unités de la Xe Région sur le théâtre algérien, assimilé au territoire national, puisque départementalisé. C’est dans le cadre de ce texte qu’à la demande de M. Lacoste, Ministre Résident et non du général Salan, commandant en chef[ix], les pouvoirs du préfet d’Alger, M. Baret, en matière d’ordre public ont été transférés au commandant de la 10è D.P., le général Massu en janvier 1957 pour l’agglomération algéroise (le secteur dit Alger-Sahel). Toujours dans le cadre de ce même texte, un an auparavant, en 1956, lors du redécoupage des trois départements d’Alger, Oran et Constantine en 12 nouveaux départements, les pouvoirs en matière de maintien de l’ordre des préfets et des sous préfets ont été en tout ou partie transférés aux commandants de Zone et de Secteurs, dont les limites territoriales ont été dès lors calquées sur les limites administratives. En 1960, le Premier ministre, M. Debré, mettra fin à cette situation d’exception, le corps préfectoral retrouvant l’intégralité de ses prérogatives. Il est à noter que durant toute cette période, il n’y eut aucun transfert d’autorité en matière judiciaire, le Parquet conservant seul la haute main sur l’autorité judiciaire.

L’état d’urgence a été remis en application par M. de Villepin, Premier ministre, en novembre 2005 lors de la crise des banlieues, mais sans aucun appel aux forces de troisième catégorie (les moyens militaires).

Enfin, en matière d’état d’exception, pour la première fois dans les annales constitutionnelles françaises, le général de Gaulle a fait introduire dans la Constitution de 1958 un article

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spécifique, l’article 16, visant au renforcement de l’exécutif au détriment des deux autres pouvoirs, Mis en œuvre une seule fois, par le président de la République, lors du putsch des généraux d’avril 1961, il est très intéressant de constater que le législateur, pas fou, a décidé que les ordonnances promulguées à cette occasion relevaient du domaine réglementaire et non du domaine législatif. Ainsi, le juge administratif, et en conséquence, le conseil d’Etat était compétent pour les réfuter. C’est ce qui n’a pas manqué de se passer lorsque, jugeant que de Gaulle avait outrepassé le principe intangible – même sous article 16 - de séparation des pouvoirs, en instaurant de sa propre autorité une juridiction d’exception, le haut tribunal militaire, pour juger les officiers putschistes, le Conseil d’Etat l’a invalidé. De Gaulle a répliqué en créant, toujours de sa propre autorité et toujours sous article 16, une nouvelle juridiction d’exception, la Cour de Sûreté de l’Etat, que le Président François Mitterrand s’est empressé de dissoudre dès 1981, jugeant sa création exorbitante du droit constitutionnel, ce qui sur le strict plan juridique, constitue un argument indiscutable.

[i] C’est ce qu’on appelle un « coup d’Etat gouvernemental ». [ii] Marmont était coutumier du fait. C’est lui qui, début avril 1814, fit glisser de sa propre initiative, le dispositif du 6ème Corps qu’il commandait, depuis les rives de l’Essonne jusqu’à Versailles, découvrant ainsi les communications entre Paris et Fontainebleau où était réfugié l’Empereur, rendant l’abdication inéluctable. [iii] Cette option politique trouvera son aboutissement avec Jaurès lorsque, avant 1914, il proposera dans l’Armée nouvelle la constitution d’une armée sur la base d’une milice et qu’il s’opposera avec force à la « loi de trois ans », résurgence selon lui et la SFIO d’une forme larvée d’armée de métier à une époque où Clémenceau, le « premier flic de France » ne se privait pas d’avoir recours aux moyens militaires pour maintenir l’ordre. [iv] Son fils sera ministre de la Guerre en 1898 et aura à traiter « l’Affaire » du procès en révision de Dreyfus. [v] Le régiment au complet a été envoyé sur le champ dans le Sud tunisien. [vi] Cf l’étude de madame Sabine Garnier, Les évènements de Ploërmel, Éditions François Xavier de Guibert, 2011. [vii] Entraînant l’autorisation d’ouverture du feu d’initiative. [viii] Alors Gouverneur Général à Alger. [ix] Artifice de pure forme, certes, mais qui offre l’avantage de respecter les principes, notamment celui de la subordination du commandement militaire au pouvoir politique.

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8. La protection juridique dite protection fonctionnelle- 2014

Mise à jour : 02/10/2014 - Direction : BOG Les agents du ministère de la défense (civils et militaires) bénéficient d’une protection juridique dite protection fonctionnelle. Références : - article L4123-10 du code de la défense ; - art. 11 et 11 bis de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 ; - article 15 de la loi n° 2005-270 du 24 mars 2005. Références de la protection fonctionnelle La protection juridique peut être attribuée dans 3 cas :

- vous êtes victime d’une infraction pénale volontaire (menaces, violences, voies de fait, injures, outrage ou diffamation) en votre qualité d’agent de l’Etat ;

- votre conjoint, vos enfants et ascendants directs de l’agent sont victimes d’infraction pénale volontaire du fait de votre fonction ;

- vous faites l’objet de poursuites civiles ou pénales, dans la mesure où les faits ont un lien avec le service et qu’ils ne relèvent pas d’une faute personnelle de votre part.

- La protection juridique revêt plusieurs formes :

- une intervention judiciaire directe de l’Etat en vue de réparer le préjudice causé ou subi ;

- des conseils juridiques donnés par le service local du contentieux[i] ou par la cellule protection juridique de la direction des affaires juridiques (DAJ) ;

- la prise en charge des sommes d’argent engagées pour la procédure (honoraires d’avocats, frais de déplacement, frais d’expertise, frais de consignation, dommages et intérêts, …).

Les demandes de protection juridique sont transmises à la cellule de conseil juridique de l’organisme d’administration, qui prend contact avec le service local du contentieux de rattachement. Les coordonnées des différents SLC sont accessibles sur le portail du Service du Commissariat aux Armées (rubrique : Les organismes du SCA/juridique). [i]Service local du contentieux (SLC) : organisme extérieur relevant de la direction centrale du service du commissariat aux armées, Au nombre de 6 (SLC Bordeaux, SLC Lyon, SLC Metz, SLC Rennes, SLC Toulon, SLC Villacoublay), les SLC assurent des missions pour le compte de la direction des affaires juridiques.

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9. Rules of engagement- 2016

- Military directives - Written By : The Editors of Encyclopædia Britannica - See Article History - Alternative Title : ROE

Rules of engagement (ROE), Military directives meant to describe the circumstances under which ground, naval, and air forces will enter into and continue combat with opposing forces. Formally, rules of engagement refer to the orders issued by a competent military authority that delineate when, where, how, and against whom military force may be used, and they have implications for what actions soldiers may take on their own authority and what directives may be issued by a commanding officer. Rules of engagement are part of a general recognition that procedures and standards are essential to the conduct and effectiveness of civilized warfare. Rules of engagement must be consistent while also accounting for a variety of potential scenarios and the political and military aspects of a given situation. They might describe appropriate action regarding unarmed mobs, the property of local civilians, the use of force in self-defense, the returning of hostile fire, the taking of prisoners, the level of hostility (that is, whether the country is at war), as well as a number of other issues. In the United States, two commonly recognized rules of engagement are standing ROE (SROE), which refer to situations in which the U.S. is not actually at war and thus seeks to constrain military action, and wartime ROE (WROE), which do not limit military responses to offensive actions. Historically, the notion that war should be regulated has been backed by a long list of international treaties and agreements, the most significant being the Geneva Conventions, which regulate the treatment of prisoners of war and civilians. However, rules of engagement are a modern concept necessitated by the possibility of nuclear warfare, advances in telecommunications, and the increased use of military forces in peacekeeping roles. During the Cold War, both the United States and the Soviet Union realized that the potential advantages of attacking were not worth the consequences of retaliation. The possibility that a minor incident could result in nuclear warfare inspired a need to establish procedures defining allowable actions. At the same time, technological advances enabled greater monitoring of the battlefield, tightening the chain of command and creating a more prominent role for the media. Indeed, it was media exposure during the Vietnam War that highlighted the problems of requiring soldiers to fulfill ambiguous objectives. The standard operating procedures imposed on U.S. troops during the Vietnam War resulted in accusations that domestic concerns were inhibiting the military’s freedom of operation. Since the 1983 Beirut barracks bombings, a caveat has been added to American rules of engagement to state that all personnel have an inherent right of self-defense. Peacetime rules of engagement (PROE) were also developed that differentiated hostile acts versus hostile

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intent and also emphasized that a response must be appropriate to the level of threat. Prior to the development of PROE, rules of engagement had only served to inform wartime actions ; such directives were then distinguished as WROE. In 1994 PROE were replaced by Joint Chiefs of Staff standing ROE (JCS SROE), which mandate that the use of force must also be consistent with international law.

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10. Protection juridique- 2010 Mise à jour : 12/07/2010 Les agents du ministère de la défense bénéficient (comme la plupart des agents publics) d'une protection juridique aussi appelée "protection fonctionnelle". Les textes régissant la protection juridique

- L'article L4123-10 du Code de la Défense ; - La loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires

(articles 11 et 11 bis) ; - La loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure (article 112).

Qui peut demander le bénéfice de la protection juridique ? (sous conditions)

- Les militaires en activité ou non ; - Les personnels civils de la Défense ; - Les conjoints, ascendants et descendants directs des personnels cités ci-dessus.

Quand demander le bénéfice de la protection juridique ?

- Quand un tiers demande la réparation de son préjudice, causé par l'agent à l'occasion de l'accomplissement de la mission ;

- Quand le demandeur est victime d'une infraction pénale volontaire, à raison de sa qualité d'agent de l'Etat ou de celle de son conjoint, ascendant ou descendant ;

N.B: La victime d'un accident ne peut en principe pas prétendre au bénéfice de la protection juridique.

- Quand le demandeur est mis en cause dans le cadre d'une affaire pénale (doit faire l'objet de poursuites pénales) :

- si l'infraction commise est en rapport avec l'exécution du service, - si aucune faute personnelle n'a été commise par l'agent.

"Parcours" d'une demande de protection juridique Chaque demande doit être écrite, datée, signée et motivée par la personne demandant le bénéfice de la protection juridique. La demande ainsi que les pièces la complétant doivent être transmises par voie hiérarchique au service local du contentieux (SLC) dont dépend l'intéressé. Les SLC accusent réception de la demande. Si, à compter de cette date, aucune décision n'est notifiée dans les deux mois, cela implique une décision de rejet implicite. Le SLC compétent vérifie le bien fondé de la demande. Si un accord est envisagé Si le SLC ou la cellule protection juridique (CPJ) de la direction des affaires juridiques (DAJ) estime la demande de protection juridique justifiée, elle peut décider de son octroi, qui pourra prendre plusieurs formes :

- La réparation directe du préjudice causé ou subi ; - La délivrance de conseils juridiques par le SLC ou la CPJ (explication donnée sur la

procédure à suivre, l'évaluation du préjudice et des dommages intérêts à demander lors de l'audience…) ;

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- Le paiement des frais et honoraires d'un avocat. Une fois la protection juridique accordée, l'agent nomme l'avocat qu'il a choisi pour le représenter, le SLC ou la CPJ prend alors contact avec celui-ci afin d'établir une convention d'honoraires.

Si un refus est envisagé Lorsqu'un SLC estime qu'une demande doit être rejetée ou a un doute sur le bien fondé de celle-ci, il transmet le dossier à la cellule protection juridique de la sous-direction du contentieux de la DAJ qui est seule compétente pour émettre des décisions de rejet. Celle-ci étudie à son tour l'opportunité de la demande et, après avoir demandé un avis à l'autorité dont dépend l'agent demandeur (DGGN, EMAT, EMAA, EMM, DRHMD…), elle peut prendre une décision de rejet qui devra être signée par le directeur des affaires juridiques ou son adjoint. Une fois celle-ci signée, la CPJ transmet l'original de la décision à l'intéressé par lettre recommandée avec accusé de réception. L'agent bénéficiera d'un délai de deux mois à compter de la notification de la décision pour former un recours contre celle-ci :

- auprès de la Commission de Recours des Militaires pour un militaire, - auprès du tribunal administratif pour un personnel civil de la défense.

NB : C'est le ministre qui décide en tout état de cause de la forme sous laquelle la protection est accordée et, le cas échéant, du montant de la prise en charge financière des frais à ce titre

Sources : SGA/DAJ / Droits : MinDef / SGA

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11. Les juridictions compétentes en matière d'infractions militaires - 2010

Les juridictions militaires ne sont pas des juridictions permanentes. Elles sont par ailleurs différentes selon la situation militaire du pays. Les militaires susceptibles d’être jugés par ces juridictions sont tous les militaires de carrière : les militaires engagés par contrat ; les militaires qui accomplissent leur service ; les militaires placés dans un hôpital, un établissement pénitentiaire, etc.). Aussi, lorsqu’une infraction est commise par un militaire, ses complices ou coauteurs sont eux aussi jugés par la juridiction miliaire. On distingue les périodes de paix des périodes de guerre. En temps de paix, les délits militaires commis sur le territoire français sont jugés par des tribunaux correctionnels spécialisés en matière militaire. Il en existe un par ressort de Cour d’appel. Les crimes militaires sont quant à eux jugés par des Cours d’assises sans jury populaire. Seuls y sont présents des magistrats professionnels. Ils sont sept pour cette formation particulière de la Cour d’assises. Pour ce qui est des infractions militaires commises hors du territoire français par des militaires en temps de paix, elles sont jugées par des juridictions spécialisées : le tribunal aux armées des forces françaises stationné en Allemagne (il a aujourd’hui été supprimé), le tribunal aux armées de Paris (qui devrait lui aussi être supprimé courant 2011) et il existe des tribunaux qui peuvent être créés sur décision du Ministre de la Défense pour connaitre des contraventions des quatre premières classes. Généralement, ces juridictions sont donc créées en temps voulu pour répondre à un besoin particulier. Par conséquent, lorsqu’aucun tribunal militaire n’existe pour juger les militaires établis à l’étranger, il revient aux juridictions spécialisées de droit commun de juger les infractions commises par les militaires. Il y aura une option de compétence : la juridiction du lieu de l’affectation ou du débarquement. C’est donc généralement aux juridictions de droit commun qu’il revient de traiter les infractions militaires commises par des militaires dans l’exerce de leurs fonctions. Ainsi le tribunal correctionnel, la Cour d’assises voire la Cour d’appel seront compétentes. Elles seront cependant spécialement composées. Les infractions commises par les militaires en dehors du cadre de leurs fonctions relèvent quant à elles du droit commun et donc des juridictions ordinaires.

La procédure devant les juridictions militaires en temps de paix

La procédure applicable aux infractions commises par des militaires sur le territoire français se différencie très peu de la procédure applicable aux juridictions de droit commun. Il revient au Procureur de la République d’engager l’action publique. Il est le seul compétent en la matière. La victime ne peut donc pas l’engager elle-même, sauf dans trois cas : décès, infirmité ou mutilation permanente. Les jugements rendus peuvent être contestés en appel.

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Toutefois, à la différence du droit commun, le Procureur de la République qui souhaite mettre en mouvement l’action publique doit préalablement solliciter l’avis du Ministre de la Défense ou de l’autorité militaire. Seule exception : il est dispensé de demander cet avis en cas de crime flagrant. Lorsque des investigations doivent être menées dans les locaux militaires, l’autorité militaire doit avoir été avertie afin de pouvoir être présente au moment des opérations. Pour des questions de sécurité, les militaires incarcérés ne peuvent pas être détenus avec les autres prisonniers. S’agissant à présent de la procédure applicable aux infractions commises par des militaires hors de France les règles sont très différentes. Les références à la procédure de droit commun sont peu nombreuses. Ce sont essentiellement les règles du Code de justice militaire qui s’appliquent. La mise en mouvement de l’action publique relève du Commissaire du Gouvernement (devenu le rapporteur public) exerçant et non du Procureur de la République. Les victimes quant à elles peuvent engager l’action publique dans les mêmes conditions que précédemment, à savoir, en cas de décès, de mutilation ou d’infirmité permanente. Pour que des poursuites puissent être engagées, il faut obtenir l’avis du ministre de la Défense. Toutefois, cet avis n’est requis qu’en l’absence de dénonciation par les autorités militaires. Ce qui signifie que si les autorités militaires dénoncent elles-mêmes l’infraction, le Commissaire du Gouvernement a l’obligation de poursuivre. La détention provisoire applicable aux infractions militaires est elle aussi différente puisque le militaire peut être détenu pendant cinq jours et plus. Enfin, en matière de justice militaire pour les infractions commises hors du territoire de la République, l’appel n’est pas possible pour les délits et contraventions. Seule demeure la possibilité du pourvoi en cassation.

Les juridictions militaires en temps de guerre

En temps de guerre, les infractions commises par des militaires sur le territoire français sont jugées par les tribunaux territoriaux des forces armées (composé de deux magistrats professionnels et trois militaires) et le Haut tribunal des forces armées, dont le siège est à Paris et qui ne juge que les infractions commises par les maréchaux, amiraux, officiers généraux et membre du contrôle des armées. s’agissant des infractions commises hors du territoire français en temps de guerre, elles relèvent de la compétence des tribunaux militaires aux armées. Ils sont composés d’un président et de quatre juges militaires. En temps de guerre, quel que soit le lieu de l’infraction, la procédure est totalement différente du droit commun. Le Commissaire du Gouvernement a un rôle bien plus réduit puisqu’il se contente de formuler un avis quant à l’opportunité des poursuites. C’est à l’autorité militaire seule qu’il revient de décider si oui ou non les poursuites se justifient. Elle délivre alors un ordre de poursuite. Par ailleurs, dans un souci de protection de la sécurité publique, la procédure reste relativement secrète puisque la communication des débats au public peut être interdite.

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12. Le militaire français face au droit - 2011

par Oriane BARAT-GINIES Doctorante en droit public à l’Université de Poitiers Lauréate du programme de soutien financier aux doctorants de l’IHEDN 2010 Juriste au Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations (CICDE) Auteur de L’engagement militaire français en Afghanistan 2001-2011, L’Harmattan, 2011. Le code de la défense dans son article L 4111-1 prévoit que « l’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême ». Entre ses droits et devoirs, le militaire n’est pas tout à fait un citoyen comme les autres. Il est amené à intervenir et se déployer dans des zones difficiles pour rétablir la sécurité, souvent dans un cadre multinational accompagné d’un dispositif juridique extrêmement dense. De ces situations exceptionnelles et très complexes, peut naître chez le soldat un sentiment d’« insécurité juridique »1 pouvant entraîner des effets négatifs voire désastreux à tous les échelons de la chaîne de commandement. La première des difficultés rencontrée porte sur la complexité des engagements multinationaux et la diversité des missions extérieures dans lesquelles il intervient. Les opérations qu’il mène s’effectuent de plus en plus hors du champ habituel du droit des conflits armés2, ce qui peut mener à certaines confusions dans la réalisation de la mission lorsque les mandats sont imprécis et les règles opérationnelles qui en découlent trop nombreuses ou peu adaptées. La superposition, l’imbrication voire la contradiction entre les différents corpus juridiques d’engagement de la force au niveau international, national et local imposent au soldat un degré de complexité supplémentaire. La seconde difficulté concerne la judiciarisation du théâtre des opérations et la place croissante du droit dans la responsabilité qui incombe au militaire de répondre de ses actes devant la justice pénale internationale ou nationale. Au vu de ce corpus juridique dans lequel est plongé le militaire au cœur de son engagement sur un territoire étranger, la question posée est celle de savoir si celui-ci est suffisamment protégé par le droit.

1 L’insécurité juridique pourrait correspondre à l’absence de protection de l’individu par le droit, du manque d’encadrement de sa mission et de la recherche automatique de sa responsabilité pénale. Cette notion est alimentée par une incompréhension du phénomène de judiciarisation des théâtres d’opération et parfois de mauvaises connaissances des sciences juridiques. 2 L’exemple de l’Afghanistan est une des références les plus actuelles. Le conflit armé a été qualifié de « non international » (CANI), cependant, la France n’intervient qu’en soutien de l’Etat afghan, comme tous les autres États membres de la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). C’est un régime de « temps de paix » qui s’applique aux soldats. En revanche ils sont tenus de respecter, sur le théâtre, les règles relatives aux CANI. 2 L’exemple de l’Afghanistan est une des références les plus actuelles. Le conflit armé a été qualifié de « non international » (CANI), cependant, la France n’intervient qu’en soutien de l’Etat afghan, comme tous les autres États membres de la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). C’est un régime de « temps de paix » qui s’applique aux soldats. En revanche ils sont tenus de respecter, sur le théâtre, les règles relatives aux CANI.

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Afin d’apporter une première réponse à la question de l’étendue de la protection accordée au soldat, il est nécessaire de présenter la complexité du cadre juridique de l’engagement des forces armées pour ensuite évaluer les avancées du droit au regard de la spécificité du statut de soldat pour enfin développer sa responsabilité pénale.

Le cadre juridique de l’engagement Pour ne citer que le plus récent théâtre des engagements français, qui depuis 10 ans, occupe l’esprit des politiques et militaires sur la manière de traiter un tel conflit, l’Afghanistan est le symbole même de la mission présentant de multiples caractéristiques juridiques complexes. Dès l’automne 2001, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies vinrent préciser le cadre juridique de l’engagement et du déploiement des forces des nations membres. La résolution 1368 ouvrait le droit à la légitime défense, la résolution 1386 créait la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS) dont le mandat limité et circonscrit à la région de Kaboul s’est petit à petit élargi à tout le territoire afghan. Les missions actuelles s’effectuent, pour toutes les forces engagées sous mandat onusien, dans le cadre du Chapitre VII des Nations unies autorisant l’emploi de mesures coercitives. Lors des premières frappes aériennes lancées par les américains le 7 octobre 2001 dans le cadre de l’opération « liberté immuable », l’engagement pour les États-Unis était clair. Les talibans présents en Afghanistan avaient agressé directement les intérêts américains, la riposte a donc été réalisée dans le cadre de la légitime défense3. Lorsque les États membres de l’OTAN sont intervenus en Afghanistan par solidarité affichée envers les alliés américains, les missions se sont tournées vers un objectif de sécurisation du territoire et de soutien au nouvel État afghan4. Or, la situation sur le terrain s’est très vite complexifiée en raison, d’une part, du nombre croissant d’acteurs présents, et d’autre part, de la dégradation progressive de la sécurité sur le terrain. Une mission qui devait s’occuper prioritairement de l’aide au peuple afghan, de la stabilisation et de la reconstruction du territoire après la chute du régime taliban s’est ainsi transformée, dans certaines régions, en véritables actions de combat. La question s’est ainsi posée de savoir dans quel cadre juridique les soldats engagés au nom de l’OTAN se trouvaient. Pour toutes les missions de sécurisation menées par les forces des États membres de l’OTAN de l’OTAN, le conflit a été qualifié de « conflit armé non international » au sens des conventions de Genève de 1949, les forces armées soutenant le gouvernement en place dans la stabilisation du pays. Ainsi, le Comité international de la croix rouge (CICR) a précisé que le droit international humanitaire (droit des conflits armés) devait s’appliquer, entraînant pour les forces une obligation de respecter l’article 3, commun aux quatre conventions de Genève, ainsi que l’intégralité du protocole additionnel II de 1977. Dans certaines zones, de réelles actions de guerre étaient conduites dans le cadre de l’opération « liberté immuable », dans d’autres, des missions de sécurisation du territoire. Ces

3 La légitime défense est autorisée par la Charte des Nations unies à l’article 51. 4 Une loya jirga (grande assemblée en Pachto) formée d’un millier de représentants provenant des 37 régions du pays s’est réunie entre le 11 et le 19 juin 2002. La constitution a été adoptée en janvier 2004 et les élections présidentielles ont eu lieu quelques mois plus tard. Karzaï a été élu avec 55,4% des voix.

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dernières réalisées par les forces internationales de sécurité pouvaient aller de la participation aux « shuras »5 à des actions de coercitions lorsque cela était nécessaire, ce que l’on appelle dans le monde militaire « la contre insurrection »6. Tout ceci est encadré par un mandat otanien assez large et des règles opérationnelles d’engagement variées selon les nations. L’exemple du conflit afghan est révélateur des difficultés juridiques liées au cadre de l’engagement.

- Une intervention militaire dépend dans un premier temps d’une volonté politique claire et d’une stratégie cohérente qui doit s’inscrire dans une durée déterminée.

- Cette intervention doit ensuite être légalisée le plus souvent par un mandat international résultant du Conseil de sécurité des Nations unies7. Cependant, ces résolutions bien que définissant le cadre juridique de référence sont issues de négociations politiques, donc parfois assez larges dans leur rédaction.

L’engagement peut également être mené par une organisation multinationale telle que l’OTAN, ce qui accroît les difficultés et les nécessités d’interopérabilité. Ensuite, chaque nation a la possibilité de présenter des restrictions dans l’emploi de la force8 ou même des restrictions plus larges dans leur engagement, ce qui rend le travail en multinational parfois périlleux. Enfin les règles opérationnelles d’engagement9 (ROE) attachées au « plan d’opération »10 sont extrêmement nombreuses (souvent présentées sous forme de catalogues) et encadrant l’usage de la force11. Au centre de ce dispositif le soldat a une mission à effectuer. Cependant le cadre exceptionnel dans lequel il est placé pour intervenir lors de sa mission ne l’exonère pas de sa propre responsabilité (pénale) en cas de faute grave.

Les avancées du droit national au regard de la spécificité du statut de soldat Le phénomène de judiciarisation est commun à tous les métiers et touche également celui de soldat. Le droit est présent comme on l’a vu supra dans le cadre d’engagement de la force. Il légalise l’intervention le plus souvent par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il permet, sans doute parfois avec quelques difficultés, de qualifier le conflit pour permettre une application directe du droit international humanitaire. Cependant, ce cadre

5 Réunions avec les Maleks (maires), gouverneurs ou chefs de guerre. 6 « La contre insurrection (COIN) est l’ensemble des activités politiques, sociales, militaires, juridiques, et psychologiques, institutionnelles ou non, nécessaires pour neutraliser une insurrection et répondre aux principaux motifs d’insatisfaction de la population ». Définition tirée de la doctrine interarmées de contre insurrection du CICDE, DIA- 3.4.4, accessible en ligne sur le site du CICDE : http://www.cicde.defense.gouv.fr/spip.php?article630, mise en ligne le 16/11/2010. 7 Les missions qui ne sont pas sous mandat onusien concernent par exemple l’évacuation des ressortissants 8 Le terme employé est « caveats ». 9 Les ROEs n’ont aucune valeur juridique, elles sont considérées comme des directives d’usage de la force rédigées lors de la planification de l’opération et avalisées au niveau politique. Elles servent à autoriser, limiter ou interdire cet usage de la force. 10 Le terme employé dans le langage militaire est « OPLAN ». 11 L’usage de la force s’entend de l’emploi de mesures coercitives jusqu’au recours à la force létale dans le cadre de la nécessité de l’accomplissement de la mission en respectant le droit international et les exigences de proportionnalité.

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assez solide au niveau institutionnel, qui temporise également la volonté politique, ne protège pas le soldat de la responsabilité qui lui incombe dans la mission qu’il coordonne ou réalise. A tous les niveaux de commandement, chaque militaire a des devoirs et des responsabilités dans les ordres qu’il peut donner et/ou recevoir. Dans sa mission, il ne peut agir comme il le souhaite. Il est regardé, contrôlé, surveillé et finalement encadré. La perception d’insécurité juridique semble-t-elle fondée au regard de la spécificité même du statut de soldat ?

- « Les militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs et sont responsables de l’exécution des missions qui leur sont confiées »12.

Dans l’organisation hiérarchisée de l’engagement militaire à servir et à défendre son pays, la chaîne de commandement reste assez rigide. L’obéissance est une donnée fondamentale de la fonction de soldat, c’est un devoir énoncé à l’article L 4122-1 du code de la défense. On comprend aisément qu’au cœur de l’action, il serait délicat qu’un des opérationnels sur le terrain discute voire conteste l’ordre donné. D’ailleurs, tout refus d’exécuter un ordre constitue une faute disciplinaire, voire une infraction pénale. Cependant, deux contraintes imposées au commandant13 sont liées à cette obéissance ‘sans failles’ que l’on impose au soldat. La première concerne l’interdiction d’ordonner ou de faire accomplir des actes qui seraient contraires aux lois et coutumes de la guerre ainsi qu’aux conventions internationales. Celui qui ordonne a le devoir de ne donner que des ordres « légaux », et celui qui reçoit l’ordre de pouvoir ne pas l’exécuter si celui-ci est « manifestement illégal ». Cet équilibre précaire entre le devoir d’obéir et celui de pouvoir contester est très délicat pour le subordonné d’autant plus que des paramètres extérieurs tels que le stress en condition opérationnelle, la mauvaise compréhension d’un ordre ou encore la rapidité de l’action peuvent brouiller la perception de l’individu. La seconde contrainte qui n’est qu’une conséquence directe de la première, énonce que la responsabilité propre des subordonnés ne dégage pas leurs supérieurs de leurs propres responsabilités. Il doit également assumer les conséquences de ses décisions ou des agissements de ses subordonnés lorsque ceux-ci sont directement issus des ordres donnés. Le statut du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) énonce dans son article 6 al. 3 que les actes commis par le subordonné n’exonèrent pas son supérieur de sa responsabilité pénale s’il savait ou avait des raisons de savoir que le subordonné s’apprêtait à commettre cet acte ou l’avait fait et que le supérieur n’a pas pris les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher que ledit acte ne soit commis ou en punir les auteurs. Récemment, quatre militaires français ont été poursuivis pour le meurtre d’un civil ivoirien, en 2005, dans le cadre de la force Licorne déployée en Côte d’Ivoire sous le mandat de l’ONU. Firmin Mahé, est mort étouffé par un sac plastique posé sur sa tête. Les militaires présents

12 Article 8 (abrogé au 30 mars 2007) du chapitre II obligations et responsabilités de la loi du 24 mars 2005 portant statut général des militaires. 13 « Toute personne ayant des responsabilités de commandement, depuis les commandants supérieurs jusqu’aux chefs de peloton n’ayant que quelques hommes sous leurs ordres » : conférence diplomatique sur la réaffirmation et le développement du droit international humanitaire applicable dans les conflits armés (CDDH/I/S. R50), Genève 1974-1977.

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ont vue leur responsabilité engagée. Un adjudant-chef répondra en 2011 d’homicide volontaire, celui qui tenait la victime de « complicité de meurtre par aide et assistance » et le chauffeur qui conduisait le véhicule blindé pendant l’acte d’« omission d’empêcher la réalisation d’un crime »14. Le colonel responsable de la mission qui aurait donné un ordre manifestement illégal est lui poursuivi pour « complicité par instigation du meurtre ». En revanche, le général Poncet, commandant de la force Licorne, mis en examen en décembre 2005 pour « complicité d’homicide volontaire » bénéficie actuellement d’un non-lieu. Le soldat reste donc pénalement responsable lorsque l’ordre prononcé est « manifestement illégal ou contraire aux règles de droit international applicables dans les conflits armés ».

- « N’est pas pénalement responsable le militaire qui, dans le respect des règles du droit international et dans le cadre d’une opération militaire se déroulant à l’extérieur du territoire français, exerce des mesures de coercition ou fait usage de la force armée, ou en donne l’ordre, lorsque cela est nécessaire à l’accomplissement de sa mission ».

L’alinéa 2 de l’article L. 4123-12 du code de la défense protège ainsi les soldats engagés sur des théâtres extérieurs, dans lesquels ils pourraient user de leurs armes pour l’accomplissement de l’objectif demandé. Avant la rédaction de cet alinéa, en 2007, les soldats engagés dans des théâtres extérieurs répondaient directement aux ordres définis dans les règles opérationnelles d’engagement. Ces ROE, ne constituant certes pas une disposition législative ou règlementaire s’imposant au juge, étaient rédigées de telle sorte à respecter le droit des conflits armés. L’emploi de la force armée était donc jugé au regard de la légitime défense et de l’état de nécessité seulement, sans prendre en compte au niveau de la justice pénale française l’existence de ces ROE. Aujourd’hui les ROE ne sont toujours que des moyens de faciliter l’action mais ne sont pas reconnus devant les tribunaux français. En revanche cet alinéa permet de protéger pleinement le soldat qui use de la force dans le cadre de la mission, créant ainsi un espace de protection élargi à ce cas particulier de l’engagement extérieur où l’utilisation de la force peut être faite rapidement comme une fracture dans la phase de stabilisation menée par exemple par le gouvernement afghan soutenu par les membres de l’OTAN. La protection dans l’accomplissement de sa mission est une avancée pour les soldats engagés. L’adéquation entre la réalité du terrain, de l’engagement et le droit français permet de limiter les difficultés pouvant être relevées lors d’une action menée par la force. Cependant, la meilleure protection dont ils bénéficient depuis 2007 ne les exonère pas de la possibilité de se retrouver devant la justice en cas de faute grave et de non respect du droit.

La responsabilité pénale du soldat

Pour que la responsabilité du militaire soit engagée il faut qu’une faute de nature pénale et non simplement une faute disciplinaire ait été commise. Les opérations extérieures actuellement sont de nature diverse. La France, qui envoie des troupes pour assurer des missions de sécurité, ne se trouve pas en « temps de guerre » mais bien en « temps de paix ». Elle signe des accords de défense prévoyant qu’en cas de poursuites pénales, les tribunaux de l’État français seront compétents pour y juger ses propres ressortissants. Dans le cadre d’une

14 « Quatre ex-militaires français poursuivis pour meurtre » in Le Monde, samedi 24 juillet 2010, p.6.

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intervention en tant que membre de l’Otan le même processus s’applique, portant le non de « status of forces agreement » (SOFA). La justice militaire est rendue sous le contrôle de la Cour de cassation en temps de paix et pour les infractions commises hors du territoire de la République par le tribunal aux armées de Paris (TAP) et, en cas d’appel, par la juridiction d’appel compétente, en faisant application en matière criminelle (…)15. Un projet de loi visant à supprimer le TAP et à transférer ses compétences à une juridiction spécialisée du tribunal de grande instance de Paris sera soumis prochainement à l’examen du parlement pour une effectivité prévue en 2011. Lors d’une audition de l’ancien chef d’état-major des armées Jean-Louis Georgelin, face aux réactions éventuelles d’inquiétude s’agissant de la reconnaissance de la spécificité militaire, celui-ci a affirmé que les dispositions générales du code de justice militaire16 et du code de la défense restant inchangées, la spécificité militaire sera préservée. L’ancien ministre de la défense, Hervé Morin, a également souhaité que le contexte des opérations extérieures et la complexité liée aux engagements dans le cadre du droit des conflits armés soit pris en considération et surtout préservé. Il a indiqué également que « cette réforme va mettre fin à une particularité qui n’avait plus aucun sens aujourd’hui »17.

« Trois éléments illustrent cette volonté : - l'existence d'une formation spécialisée unique au sein du TGI de Paris ; - le maintien de l'avis consultatif préalable du ministre de la défense avant toute poursuite pénale (hors cas de flagrance) ; - la confirmation de l'exception procédurale selon laquelle il est impossible, pour la victime d'une infraction commise par un militaire, de faire citer directement ce militaire devant une juridiction de jugement »18.

Le tribunal compte une vingtaine d’instructions en cours dont les plaintes des familles de victimes de l’embuscade d’Uzbin en août 2008, les bombardements de Bouaké en 2004 et la responsabilité de l’armée française dans les événements du Rwanda. L’État reste tenu de protéger les militaires contre les menaces et attaques dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions et de réparer le préjudice qui en est résulté19. Il est également tenu d’accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l’objet de poursuites pénales à l’occasion des faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle 20.

15 Article LI al.1er, titre préliminaire du code de justice militaire. Modifié par Loi 2007-289 2007-03-05 art. 2 1° JORF 6 mars 2007 en vigueur le 12 mai 2007 16 « Audition du général d’armées, Jean-Louis Georgelin, chef d’état major des armées, sur la situation en opérations extérieures », consultable sur le site armees.com : http://www.armees.com/info/articles/analyses/Audition-du-general-d-armee-Jean.html, publié le 21 février 2010, [consulté le 7/02/11]. 17 Secrétariat général pour l’administration, direction des affaires juridiques, « Transfert des compétences du tribunal aux armées de Paris à une formation spécialisée du TGI de Paris », consultable en ligne : http://www.defense.gouv.fr/sga/rubrique-actualites/transfert-des-competences-du-tribunal-aux-armees-de-paris-a-une-formation-specialisee-du-tgi-de-paris/(language)/fre-FR, mise à jour le 26 juin 2010, [consulté le 4/02/11]. 18 Idem 19 Article 15 al.2 du statut général du militaire. 20 Article 15 al. 4 du statut général du militaire

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Toutefois, le nombre d’affaires jugées (crimes et délits commis par les militaires à l’étranger) au TAP reste assez limité. « Sur 1600 affaires par procureur que traite le tribunal par an contre 4000 en moyenne par procureur pour un tribunal classique, 1300 sont classées sans suite. 90 % d'entre elles relèvent du droit commun »21. Un militaire auteur d’une infraction de nature pénale reste seul responsable de ses actes. La faute pénale est toujours individuelle dans sa condamnation. En revanche, si la faute n’est pas dénuée de lien avec le service elle peut entraîner la responsabilité pécuniaire de l’État. Tout se joue sur l’interprétation du lien avec le service. Si la faute est commise pendant le service mais sans lien avec celui-ci, la responsabilité pécuniaire de l’État peut être recherchée. Cette faute pénale peut également être intentionnelle, c’est-à-dire qu’elle doit être caractéristique d’une volonté de commettre un acte illicite. Ainsi les cas d’intervention en légitime défense ou en état de nécessité ne sont pas punissables. Ceci est donc apprécié selon le contexte et la situation particulière dans laquelle se trouve le soldat. Il faut que cette illégalité paraisse évidente. En cas de doute, le soldat peut toujours demander un ordre écrit pour avoir la certitude de la légalité de son action. Mais la possibilité d’utiliser une telle procédure reste exceptionnelle remettant en cause le lien de confiance entre le chef et son subordonné et pouvant parasiter la mission en créant de nombreuses inerties. Le militaire français a pris conscience de l’importance du droit dans sa mission. C’est un aspect qui ne peut plus être évité dans les opérations, et avec lequel les forces armées doivent composer. Bien qu’il soit difficile de connaître et appliquer l’ensemble des dispositions, le rôle du conseiller juridique appelé communément LEGAD (legal adviser) soutient le commandement dans ses prises de décisions et forme également au droit opérationnel. Les différentes directions spécialisées en droit des conflits armés sont également présentes pour apporter leurs expertises. Il est indispensable de remplacer la méfiance de certains militaires vis-à-vis du droit par une meilleure connaissance de celui-ci, ce qui représente un effort constant des professionnels du droit opérationnel.

21 21 Samantha LILLE, « Le tribunal aux armées de Paris : mode d’emploi », consultable en ligne : http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles2/le-tribunal-aux-armees-de-paris-mode-d-emploi, mise à jour le 23 juillet 2010, [consulté le 02/02/11].

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13. Code de justice militaire - 2018

Article L1 Modifié par Loi 2007-289 2007-03-05 art. 2 1° JORF 6 mars 2007 en vigueur le 12 mai 2007 La justice militaire est rendue au nom du peuple français sous le contrôle de la Cour de cassation : 1° En temps de paix et pour les infractions commises hors du territoire de la République, par le tribunal aux armées et, en cas d'appel, par la juridiction d'appel compétente, en faisant application en matière criminelle du deuxième alinéa de l'article L. 221-2 ; 2° En temps de guerre, par des tribunaux territoriaux des forces armées et par des tribunaux militaires aux armées ; 3° Lorsqu'ils sont établis dans les conditions prévues par le présent code, par les tribunaux prévôtaux.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

Article L2 En temps de paix, les infractions commises par les militaires sur le territoire de la République relèvent des juridictions de droit commun lorsqu'elles sont commises hors service et des juridictions de droit commun spécialisées en matière militaire lorsqu'elles sont commises en service.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

Article L3 En temps de paix, les infractions de la compétence du tribunal aux armées sont poursuivies, instruites et jugées selon les dispositions du code de procédure pénale, sous réserve des dispositions particulières édictées par les articles 698-1 à 698-9 de ce code et de celles édictées par le présent code. Les attributions conférées par le code de procédure pénale au juge d'instruction, au procureur de la République, au président du tribunal et au président de la cour d'assises sont exercées respectivement par le juge d'instruction du tribunal aux armées, le procureur de la République près le tribunal aux armées et le président du tribunal aux armées. Le procureur général exerce vis-à-vis du tribunal aux armées les attributions qui lui sont dévolues par le code de procédure pénale à l'égard des juridictions de droit commun. En temps de guerre, les infractions de la compétence des tribunaux territoriaux des forces armées et des tribunaux militaires aux armées sont poursuivies, instruites et jugées selon les règles du présent code.

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Article L4 Le présent code est applicable sur le territoire de la République et hors de ce territoire dans les cas et situations qu'il prévoit.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

Fin du dossier

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Durée : 05 heures – Coef. : 40 - Note éliminatoire < 05 sur 20 L'épreuve consiste en la rédaction en six cents mots (+ ou – 10 %), soit environ trois pages, d'une synthèse objective, dénuée de toute appréciation personnelle, construite selon un plan classique (introduction, développement, conclusion). Elle est entièrement rédigée et seules les grandes parties peuvent éventuellement être précédées d'un titre. Le fait de ne pas respecter la longueur imposée pour la rédaction (six cents mots + ou – 10 %) entraîne l'attribution d'une pénalité de la manière suivante :

- Dépassement de 10 mots ou moins (entre 530 et 539 ou entre 661 et 670) : moins 1 point ;

- Dépassement de 11 à 20 mots (entre 520 et 529 ou entre 671 et 680) : moins 2 points ;

- Dépassement de 21 à 30 mots (entre 510 et 519 ou entre 681 et 690) : moins 3 points ;

- Dépassement de 31 à 40 mots (entre 500 et 509 ou entre 691 et 700) : moins 4 points ;

- Dépassement de plus de 40 mots (moins de 500 ou plus de 700) : attribution de la note de zéro.

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« Le gendarme et la justice : comme tout citoyen? »

SOMMAIRE DU DOSSIER

1. Pour les militaires, une justice presque ordinaire - 2015 ..............................................................3

2. Allocution du général d’armée Pierre de Villiers à l’occasion du colloque droit et OPEX - 2015 ....7

3. Cadre légal des forces armées en opération (2009-2011) - 2015 ................................................ 11

4. Code de la défense - 2017 ......................................................................................................... 14

5. Différence entre protection juridique de l’administration et protection fonctionnelle - 2017 .... 16

6. Dispositif Sentinelle : les risques pour les militaires en question- 2017 ...................................... 17

7. L’évolution du cadre juridique de l’engagement des forces armées sur le territoire national en

termes de maintien de l’ordre - 2016 ................................................................................................ 19

8. La protection juridique dite protection fonctionnelle- 2014....................................................... 24

9. Rules of engagement- 2016 ....................................................................................................... 25

10. Protection juridique- 2010 ..................................................................................................... 27

11. Les juridictions compétentes en matière d'infractions militaires - 2010 ................................. 29

12. Le militaire français face au droit - 2011 ................................................................................ 31

13. Code de justice militaire - 2018 ............................................................................................. 38

14. Une première approche de la spécificité militaire - 2016 ....................................................... 40

15. Mort de Rémi Fraisse : la justice rend un non-lieu en faveur du gendarme - 2018 .................. 44

16. Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale - 2014 ................ 46

Fin du dossier ................................................................................................................................... 52

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1. Pour les militaires, une justice presque ordinaire - 2015

Le Monde - 03 mai 2015, par G. Moréas

Ainsi, depuis neuf mois, une enquête préliminaire est en cours pour vérifier si des soldats français ont commis des viols ou des agressions sexuelles contre de jeunes enfants en Centrafrique… On peut dire que cette discrétion est étonnante alors que, dans bien des affaires, notamment lorsqu’elles touchent des hommes politiques, on a pris l’habitude de lire dans la presse des extraits des procès-verbaux, voire des écoutes téléphoniques.

La « grande muette » est donc fidèle à sa réputation – et la justice a respecté cette tradition. Du coup, nous, nous avons appris l’information d’un journal britannique. Ce qui la fiche plutôt mal. Et comme il en est de même pour les autorités de Centrafrique, cette affaire s’annonce comme un véritable bide diplomatique.

Devant ce mutisme, il n’est pas anormal de s’interroger : les militaires seraient-ils au-dessus des lois ?

Absolument pas, a répondu le porte-parole du ministère chargé de la défense, les militaires sont des citoyens comme les autres.

Euh !… Pas tout à fait.

L’armée est une société avec des règles de fonctionnement différentes de la société civile et la justice doit tenir compte de ces particularités.

Ce n’est pas nouveau. De tout temps, il a existé des procédures et des juridictions spéciales. Pourtant, la tendance actuelle tend à rapprocher la justice militaire de la justice civile – du moins en temps de paix. Les dernières lois, celle du 13 décembre 2011 et celle du 18 décembre 2013, vont nettement dans ce sens.

Mais il existe encore des différences.

La principale réside dans le fait que les crimes et délits commis, en temps de paix, par des militaires dans l’exercice de leurs fonctions sont du ressort de « juridictions de droit commun spécialisées en matière militaire ». Cette spécialisation concerne toutes les phases : enquête, procédure et jugement.

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Pour les infractions commises sur le sol français : Il existe dans le ressort de chaque cour d’appel, un TGI dans lequel des magistrats sont habilités à traiter les délits commis par des militaires sur le territoire national, dans l’exercice de leur profession.

Pour les crimes, une cour d’assises est désignée. Elle se réunit selon le droit commun. Toutefois, s’il y a un risque de divulgation d’un secret concernant la défense nationale, elle ne comprend pas de jurés, mais uniquement des magistrats professionnels : un président et six assesseurs. En cas d’appel, le nombre d’assesseurs est porté à huit. Et, par dérogation au droit commun, la même cour d’assises constituée avec d’autres magistrats peut être désignée pour connaître de l’appel (art. 698-6 et 7 du CPP).

Pour les infractions commises à l’étranger : Lorsque les faits reprochés à des membres des forces militaires françaises ont été perpétrés sur un sol étranger, en temps de paix, c’est la juridiction spécialisée de Paris qui est compétente pour traiter aussi bien des contraventions, des délits et des crimes.

Cette juridiction est d’ailleurs également qualifiée pour connaître des infractions commises à l’étranger à l’encontre des membres des forces armées.

D’une manière générale, la loi française s’applique à tout citoyen français soupçonné d’un crime commis hors du territoire de la République (art. 113-6 du CP). Mais pour les militaires, le procureur de Paris a le monopole de l’action publique, comme il est dit à l’article 698-1 du code de procédure pénale (voir décision du Conseil constitutionnel du 24 avril 2015). Comme son collègue de Bangui a ouvert une enquête sur les faits reprochés à des membres des forces françaises, ceux-ci pourraient-ils être poursuivis par les autorités judiciaires centrafricaines ? La réponse est probablement non, car, même si ce n’est pas écrit dans le marbre, des accords internationaux accordent une priorité à la France pour poursuivre les infractions commises par des militaires français lorsqu’ils stationnent régulièrement sur un sol étranger.

Lorsque des militaires font l’objet de poursuites, leur défense est assurée par un avocat ou, si l’éloignement y fait obstacle, par un militaire choisi sur une liste préétablie.

La dénonciation : Le procureur peut être saisi sur dénonciation des faits par le ministre de la défense.

Cette dénonciation n’est pas obligatoire. Mais si le procureur est informé d’une autre manière, sauf flagrance, il est quand même tenu de demander l’avis du ministre de la défense avant d’engager toute poursuite judiciaire. Même en cas de réquisition faisant suite à une plainte avec constitution de partie civile. Le ministre répond dans le délai d’un mois. Son rapport doit être annexé à la procédure. Sinon, celle-ci est annulée.

Dans cette affaire, où des enfants accusent d’agressions sexuelles des militaires français de l’opération Sangaris, c’est donc la juridiction parisienne qui est compétente. Comment les choses se sont-elles déroulées ? Si l’on comprend bien, malgré le peu d’informations fournies, fin juillet de l’année dernière, le procureur de Paris a reçu une dénonciation du ministère de la défense. Celui-ci aurait alors ouvert une enquête préliminaire, puisqu’il détient le monopole de l’action pénale. Mais une enquête préliminaire de 9 mois pour des faits aussi graves, c’est

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un peu long… On ne comprendrait pas qu’il tarde plus avant d’ouvrir une information judiciaire dans une affaire qui relève de la cour d’assises.

La quinzaine de militaires français qui pourraient être visés dans cette enquête risquent vingt ans de réclusion criminelle. Comme l’a déclaré François Hollande : « Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable » – service minimum de la part du chef des armées.

Petite curiosité : les grades d’assimilation des magistrats et des avocats.

L’enquête : Elle est assurée par des officiers de police judiciaire des forces armées qui peuvent être des gendarmes ou des officiers, sous-officiers et agents assermentés des différents services des armées.

La protection juridique du soldat : Au combat, un militaire bénéficie d’une sorte d’immunité lorsqu’il fait usage des armes et de la force, sur un sol étranger, à condition qu’il agisse dans le cadre de sa mission et selon les règles internationales. Et si, dans le feu de l’action, il blesse involontairement un civil ou un camarade de combat, il bénéficie d’une excuse pénale. Dans la situation inverse, la mort d’un militaire au combat sur un sol étranger est présumée ne pas avoir une cause inconnue ou suspecte. Elle n’entraîne donc pas d’enquête a priori.

Paix ou guerre ? Les militaires français engagés en Centrafrique sont sous mandat de l’ONU. Il s’agit d’une mission de maintien de la paix effectuée à la demande des autorités françaises.

En temps de guerre, les choses sont plus compliquées. Il est établi des tribunaux territoriaux des forces armées comprenant deux juges civils et trois juges militaires. Et les magistrats de la chaîne judiciaire sont désignés par le ministère de la défense. La défense des soldats mis en cause est assurée par des avocats ou des militaires choisis par le justiciable sur une liste établie par le président du tribunal (voir tableau).

Pour les troupes engagées hors des frontières, des tribunaux militaires peuvent être mis en place. Dans ce cas, la défense peut également être assurée par des « officiers défenseurs assimilés spéciaux » du service de justice militaire. Ils sont nommés par le ministre de la

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défense. Sur une zone de stationnement ou d’opération, un tribunal prévôtal composé d’un magistrat mobilisé et d’un greffier peut être institué. Sa compétence s’étend aux infractions de police, autres que les contraventions de 5° classe.

Les gendarmes sont-ils concernés par la justice militaire ? L’article 697-1 du code de procédure pénale nous donne la réponse : les infractions de droit commun qui seraient commises par des militaires de la gendarmerie dans l’exercice de leurs fonctions de police judiciaire ou de police administrative ne sont pas du ressort des juridictions spécialisées. Celles-ci restent néanmoins compétentes pour les infractions commises dans le service du maintien de l’ordre.

C’est la raison pour laquelle, à la suite de la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, à Sivens, le procureur d’Albi s’est dessaisi au profit de son collègue de Toulouse, là où se trouve la juridiction spécialisée en matière de justice pénale militaire.

On peut d’ailleurs s’étonner qu’un service de maintien de l’ordre effectué sous la responsabilité du préfet et du ministre de l’Intérieur soit considéré comme un acte militaire !

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2. Allocution du général d’armée Pierre de Villiers à l’occasion du colloque droit et OPEX - 2015

École militaire, 2 novembre 2015

Monsieur le secrétaire général pour l’administration,

Madame la directrice des affaires juridiques,

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs,

Permettez-moi de commencer par remercier le secrétaire général pour l’administration, le contrôleur général des armées Jean-Paul Bodin, ainsi que madame Claire Landais, directrice des Affaires Juridiques, pour l’organisation de ce colloque sur le droit et les OPEX. Il est une nouvelle preuve de l’excellent dialogue qui existe, dans notre pays et au sein du ministère de la Défense, entre militaires et juristes, entre opérationnels et praticiens du droit.

Ces échanges entre nous sont d’une grande importance, car l’évolution permanente des modes d’action de nos adversaires, du contexte et du cadre de nos interventions, met sans cesse au défi la bonne articulation entre nécessités de l’action et impératifs juridiques.

Les armées sont l’expression régalienne de la force légitime d’un État de droit qui se reconnaît lui-même dans les obligations du droit international. L’action des armées françaises en opération s’inscrit donc dans une stricte conformité au droit ; sans cette conformité, pas de légitimité ni de succès possible. Une frappe aveugle ne fera jamais une victoire. En retour, le droit lui-même doit sortir renforcé de sa confrontation au réel, comme le montre la lente, mais réelle, prise en compte du droit pénal international dans le monde.

Au-delà de cette exigence de légitimité, nous avons aussi – chefs militaires et juristes – une responsabilité vis-à-vis des hommes et des femmes qui agissent sur le terrain, dans le brouillard de la guerre, et qui y risquent leur vie. Pour leur nécessaire protection, la spécificité militaire doit être préservée ; elle doit être pleinement prise en compte. La guerre est, à bien des égards, exorbitante du droit commun. Mourir au combat n’est pas un accident de travail !

Vous l’avez compris, je suis convaincu que le droit ne s’oppose pas à l’action ; il l’encadre et il protège celui qui la conduit.

Mais, face à une violence protéiforme et en constante évolution, il nous faut trouver quelques pierres solides sur un sol mouvant. Dans cet esprit, je vous propose, pour cette courte

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introduction de ce colloque, quelques réflexions qui, je l’espère, pourront alimenter vos débats.

Pour commencer, je crois que nous devons être particulièrement attentifs à l’évolution de l’expression de la violence. Deux lignes de force dans cette évolution :

1. La première : l’irruption du terrorisme.

Même s’il faut se garder de réduire la violence au seul terrorisme – et donc rester vigilant à toutes ses autres expressions – nous assistons à un phénomène brutal : nos sociétés sont confrontées à une radicalisation djihadiste qui répond à une stratégie délibérée de recherche de la rupture par une surenchère de terreur.

Cette radicalisation est incarnée par Daech et ses affiliés qui ne gardent que l’arbitraire comme seule norme. Ils cherchent l’implosion de la société pour imposer leur propre système. Nous le voyons au Levant ou au Sahel, où des groupes armés terroristes cherchent à se constituer en pseudo-État ou « califat ».

Face à ce terrorisme, plus que jamais, nous devons brandir la force pour nous opposer à la violence. Mais nous devons nous garder de tomber dans un mimétisme où nous perdrions notre légitimité, et, plus encore, notre âme.

2. Deuxième ligne de force : le caractère transfrontalier de la violence.

Ce phénomène est l’un des effets mal maîtrisés de la mondialisation : les terroristes se recrutent, se radicalisent, se financent et se forment en réseau ; leurs cibles et leurs ordres sont transmis par l’intermédiaire de connections internet qui s’affranchissent des frontières et de tous les cadres juridiques.

Nous sommes donc confrontés à la fois à la difficulté de caractériser notre ennemi et à circonscrire nos zones d’opération. Et, selon le territoire sur lequel se situe le combat, la qualification juridique peut être différente, ce qui introduit une complexité supplémentaire que nous devons collectivement prendre en compte.

Face à ces deux lignes de force, nos repères se brouillent, alors que nous nous référons à un système de droit qui distingue traditionnellement état de paix et état de guerre, droit pénal et droit de la guerre, combattants et non combattants.

Or, nous constatons déjà, ne serait-ce qu’au travers de nombreux articles récents, cette difficulté croissante à distinguer la nature de notre ennemi : combattant, terroriste, délinquant ? C’est l’un des grands défis auquel nous sommes confrontés.

A ces difficultés portées par ces évolutions dans les crises, s’ajoutent d’autres défis, selon que l’on se situe en amont de l’action ou pendant celle-ci.

3. Avant l’action, c’est le défi de la légitimité :

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Je l’ai indiqué en début de mon intervention : l’engagement militaire n’est pas concevable sans légitimité. Mais, cette légitimité ne se limite pas à celle du respect de la charte des Nations Unies. Elle doit être complétée par une légitimité politique et s’ancrer dans la réalité du contexte et de l’opinion publique. J’ajouterai aussi que la légitimé d’une action militaire ne saurait être réelle sans s’inscrire dans une véritable stratégie d’action, qui seule permet de gagner la paix après avoir gagné la guerre.

En tant que conseiller du Gouvernement, j’y suis personnellement attentif, car c’est toujours celui qui conduit l’action qui doit répondre de ses actes ; c’est sur lui que la charge de la preuve pèse le plus souvent.

4. Après ce défi de légitimité initiale, les défis au cœur même de l’action.

Je vous en livre deux, qui n’épuisent pas le sujet, mais permettent de l’illustrer :

Ce sont d’abord les défis qui se posent lorsque nous agissons en partenariat avec d’autres nations. Quelle que soit le format de l’intervention, les principes de discrimination et de proportionnalité restent une matrice pour l’emploi de la force. Le respect de ces principes est une responsabilité collective. Nous devons toujours rappeler à nos partenaires que nos coopérations ne les affranchissent pas du respect du droit, du regard de la Cour Pénale Internationale, des obligations humanitaires en matière de détention, pour ne citer que l’essentiel.

Dans l’action, se posent également de nouvelles problématiques liées par exemple au domaine cyber ou à l’emploi des drones ou d’automates armés. Là encore, le droit se vit dans la réalité et nous avons la responsabilité collective de chercher, de trouver et d’appliquer des solutions qui répondent à l’évolution de la technologie, comme aux nouvelles situations opérationnelles. Les militaires, et en particulier les militaires français, parce qu’ils sont confrontés à la violence dans ses différentes formes, sont aux avant-postes pour une bonne adaptation aux réalités du terrain ; c’est l’enjeu du dialogue que nous entretenons.

Dernier pan de ces réflexions introductives : sur le terrain, très concrètement, je suis, en tant que chef militaire, constamment confronté à la dialectique entre force et violence, à l’impératif d’utiliser la force sans tomber dans la violence.

Pour surmonter les difficultés qui se posent à nous dans le quotidien des opérations, je vois deux éléments structurants sur lesquels nous devons nous appuyer : l’éthique et l’attention au temps long.

5. L’éthique.

Le droit s’applique à nous ; il nous oblige. Il nous oblige à l’excellence. Pour autant, et vous le savez mieux que moi, le droit est toujours incomplet, en perpétuelle construction. C’est pour cette raison que l’éthique est si importante.

Droit et éthique se complètent ; ce sont deux éléments constitutifs d’une même boussole qui guide l’action militaire.

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Cette éthique constitue une part importante de la formation de nos jeunes soldats, marins et aviateurs, quelles que soient les écoles initiales. Elle crée chez l’individu un terreau favorable. Elle lui confère une épaisseur, une densité intérieure. L’éthique du soldat est donc, en quelque sorte, une intériorité pour le militaire, qui permet au droit de ne pas être une contrainte extérieure, mais un guide de comportement.

Cette éthique doit être complétée par une constante attention au temps long.

Le responsable militaire sait d’expérience la nécessité d’inscrire son action dans la durée : la résolution des crises demande en effet en moyenne 15 années d’endurance, de constance et de persévérance. Aujourd’hui, la pression pour une réponse immédiate s’applique partout et à tous. C’est ce même phénomène, cette même vision à court terme, qui est souvent à l’origine de comportements contraires au droit et qui ne trouvent leur justification que dans l’efficacité de l’instant.

Au contraire, l’attention au temps long nous oblige au respect du droit qui seul permettra, à terme, une sortie de crise et, in fine, la construction d’une paix durable.

***

Pour terminer, je voudrais vous livrer un dernier message : soyez convaincus de mon intransigeance contre ceux qui ne respecterait pas le droit ou qui se comporteraient contre l’éthique. Céder à la violence, à la discrimination, à la non-distinction des moyens, ou à toute déviance : c’est l’échec de la mission.

Plus encore, c’est l’échec de la conscience collective. Je ne l’accepterai jamais.

Réciproquement, je serai également intransigeant à l’égard de la parole qui nous calomnierait et jetterait l’opprobre sur nos soldats à des fins de manipulations.

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3. Cadre légal des forces armées en opération (2009-2011) - 2015

15/03/2015 - Association de Recherches Pénales Européennes (ARPE)

En juillet 2009, l’ARPE a signé avec le ministère de la Défense une convention pour la réalisation d’une étude intitulée « Cadre légal des forces armées en opérations ». Commencée le 13 novembre 2010, cette recherche, commanditée par le Service d’emploi des forces de l’État-major des armées, répondait à la demande de l’armée française de clarifier les cadres juridiques de plus en plus complexes des missions militaires à l’extérieur du territoire français et de l’intervention des forces armées sur le

territoire national ; d’apporter des solutions à des problèmes et défis concrets ; enfin d’étudier l’opportunité de faire évoluer les cadres juridiques existants.

Sous la direction des Professeurs Geneviève Giudicelli-Delage et Stefano Manacorda, trois chercheurs ont travaillé sur cette recherche : Olivier Cahn, maître de conférences à la Faculté de droit de l’Université de Cergy-Pontoise, Julie Alix, maître de conférences à la Faculté de droit de l’Université du Maine, Fatma Boggio-Cosadia, doctorante en droit de l’Université Paris 1, Panthéon Sorbonne.

Durant l’année 2010, trois rapports intermédiaires, rédigés à intervalles de trois mois ont été remis à l’État-major des Armées. Ces restitutions ont été à chaque fois suivies de réunions avec le Comité de pilotage de la recherche au ministère de la Défense dirigé par des militaires du Service d’emploi des Forces armées, et également composé de militaires du Service juridique de l’État-major des Armées. Ces réunions ont été l’opportunité pour les membres du Comité de pilotage de faire des commentaires sur les rapports remis, et pour l’équipe de recherche de l’ARPE de répondre aux questions. Dans tous les cas, ces réunions ont permis de clarifier les attentes de l’État-major des Armées et les choix et orientations de l’ARPE.

Le premier rapport dresse un état général des deux questions : opérations extérieures et missions intérieures, et des pistes de recherche susceptibles d’être explorées dans les rapports suivants.

Le deuxième rapport traite des pouvoirs de police des forces armées en opérations extérieures et des conditions de participation des forces armées sur le territoire national à l’aune de la jurisprudence du Conseil d’Etat, de la Cour de cassation et de la Cour européenne des droits de l’homme.

Le troisième rapport présente la question de la responsabilité pénale des militaires en opérations extérieures et les règles gouvernant le maintien de l’ordre et le recours à la « force légitime » en droit positif et sur le territoire français.

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Le 31 janvier 2011, l’ARPE a remis à l’État-major des Armées le Rapport final de la recherche. Ce rapport présente une synthèse de propositions et de recommandations concrètes concernant les évolutions souhaitables du cadre normatif, ainsi que les mesures pratiques d’accompagnement des cadres juridiques des missions des forces armées à l’extérieur et sur le territoire français. Il présente en annexe un résumé des rapports précédents. La remise du Rapport final a été suivie en avril 2011 d’une réunion de restitution organisée dans les locaux du Service d’emploi des forces de l’État-major des Armées, au cours de laquelle l’équipe de l’ARPE a présenté une synthèse des propositions et des recommandations.

La recherche a mis en exergue une certaine mutation, au cours des dernières années, du contexte dans le cadre duquel les forces armées sont amenées à intervenir, en particulier : une multiplication du nombre et de la variété des missions demandées aux forces armées (peace keeping, peace building, police internationale, maintien de l’ordre public, etc.), avec un risque intrinsèque de déclenchement du système pénal découlant de l’usage de la force ; l’augmentation du nombre des faits potentiellement délictueux ou criminels, témoignée par le recours croissant à la justice pénale (nombre de plaintes et de poursuites d’office et, à une échelle moindre, de condamnations), en France aussi bien qu’à l’étranger ; la complexité croissante du cadre normatif applicable, tenant à la coexistence de normes internes et internationales (dont l’éventail est très large), auxquelles s’ajoutent les règles d’engagement à la portée normative incertaine.

Parmi les nombreuses difficultés surgissant d’une telle mutation du contexte, la recherche a constaté : une certaine inadaptation des normes pénales de fond et de procédure applicables, en raison du défaut de prise en compte des spécificités propres au contexte des opérations ; un affaiblissement de la sécurité juridique tenant à l’incertitude qui accompagne leur application, notamment au plan jurisprudentiel ; un sentiment d’insécurité ressenti en termes opérationnels, susceptible à son tour d’affaiblir la fonction d’orientation de l’interdit pénal.

Le droit français s’organise autour de deux états juridiques : le temps de paix et le temps de guerre. Ces deux états distincts emportent nécessairement des conséquences différenciées sur la répartition des pouvoirs au sein de l’État, mais aussi sur l’action des forces armées, qu’il s’agisse d’opérations extérieures ou intérieures.

Au plan des opérations à l’extérieur du territoire national, la configuration des conflits actuels, en particulier des conflits armés sur le territoire d’États tiers, ainsi que la mobilisation qu’ils suscitent au plan international – missions de maintien, restauration, imposition ou consolidation de la paix menées hors du champ de la guerre conventionnelle – rendent de plus en plus inopérante voire désuète cette distinction binaire entre état de guerre et état de paix et révèlent l’existence d’un cadre juridique inadapté. Dans ce contexte la réglementation des dispositifs d’intervention des forces armées par le droit public, qu’il soit international ou interne, n’est pas celui qui pose le plus de difficultés. Les enjeux de cet encadrement concernent davantage le droit pénal, dans la mesure où l’intervention des forces armées implique l’usage de la force et la mise en œuvre de pouvoirs coercitifs. S’interroger sur les nouvelles dimensions d’ordre pénal que pose l’intervention militaire conduit nécessairement à rechercher instamment des réponses à des problèmes concrets, mais aussi à se confronter à une réalité de plus en plus ardue : l’internationalisation croissante du droit de punir, l’interrelation inéluctable entre les systèmes juridiques, en passant par les thèmes

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particulièrement actuels de la « guerre juste », de la justice rendue par la guerre, ou encore de la guerre pour la paix.

S’agissant des opérations sur le territoire national, le cadre juridique d’emploi des forces armées est celui du droit commun. Ainsi, et à l’exception de la gendarmerie, les militaires ne peuvent faire emploi de la force que dans le cas de la légitime défense selon les dispositions du Code pénal et ont, à l’occasion de l’exécution de leur mission, les mêmes droits que les autres citoyens. Cependant les dispositions des lois relatives à l’état de siège et à l’état d’urgence permettent de confier des pouvoirs de police à l’autorité militaire, laquelle peut apporter des restrictions à l’exercice des libertés publiques sous le contrôle du juge administratif. En dehors de ces dispositions exceptionnelles, l’intervention actuelle des forces armées sur le territoire national procède essentiellement de leur participation à la lutte antiterroriste, mais cette mission de protection du territoire ne leur confère pas le pouvoir d’accomplir des actes de police judiciaire (à l’exception, évidemment, des personnels de la Gendarmerie nationale). L’engagement des armées dans des missions terrestres de sécurité ne peut donc correspondre qu’à des nécessités exceptionnelles et intervenir en complémentarité des forces de police. La question de la lutte contre le terrorisme impose néanmoins de s’interroger sur la définition de ces nécessités exceptionnelles, à la lumière notamment de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, sur les conséquences que la relation de subordination de l’autorité militaire à l’autorité civile créerait sur la chaîne de commandement, et donc sur la responsabilité pénale.

Les lignes directrices retenues par l’ARPE pour traiter des deux volets de la recherche ont été les suivantes. En ce qui concerne le premier volet sur le cadre légal des forces armées en opérations extérieures : clarifier le(s) cadre(s) juridique(s) et légal(aux) applicable(s) ; définir les différents niveaux de droit pénal de fond et de procédure pénale applicables ainsi que leurs interactions ; identifier les questions soulevées par la jurisprudence et les solutions envisagées ; explorer les perspectives d’évolution du cadre actuel à la lumière des débats en cours et de l’actualité législative. En ce qui concerne le second volet sur le cadre légal des forces en opérations sur le territoire national : faire un état des lieux du cadre juridique actuel ; étudier l’opportunité de son évolution.

La ligne directrice fondamentale des propositions émises par l’ARPE consiste à situer les réponses pénales dans le cadre du « pluralisme ordonné », soit, premièrement, de prendre en compte les différentes composantes juridiques de sources interne et internationale (droit international humanitaire, droit des droits de l’homme, droit pénal international) ; deuxièmement, de faire un effort de rationalisation en vue d’ériger en système cet ensemble normatif hétérogène, de manière à contrecarrer le sentiment d’insécurité juridique actuel.

Dans le cas des opérations à l’extérieur du territoire national (OPEX), le rapport envisage « une évolution tempérée » du cadre pénal, dans le sillage des réformes entreprises récemment par le législateur (loi n° 2011-13 du 5 janvier 2011 relative à la lutte contre la piraterie et à l’exercice des pouvoirs de police de l’État en mer, et loi n° 2010-930 du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l’institution de la Cour pénale internationale). Pour les opérations menées sur le territoire national l’ARPE préconise « le maintien du statu quo » du cadre juridique actuel.

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4. Code de la défense - 2017 - PARTIE 4 : LE PERSONNEL MILITAIRE - LIVRE Ier : STATUT GÉNÉRAL DES MILITAIRES - TITRE II : DROITS ET OBLIGATIONS - Chapitre III : Rémunération, garanties et protections - Section 3 : Protection juridique et responsabilité pénale

Article L4123-10

Les militaires sont protégés par le code pénal et les lois spéciales contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils peuvent être l'objet.

L'État est tenu de les protéger contre les menaces et attaques dont ils peuvent être l'objet à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté. Il est subrogé aux droits de la victime pour obtenir des auteurs des menaces ou attaques la restitution des sommes versées aux victimes.

Il peut exercer, aux mêmes fins, une action directe, au besoin par voie de constitution de partie civile, devant la juridiction pénale.

L'Etat est également tenu d'accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits qui n'ont pas le caractère d'une faute personnelle.

Le service compétent pour accorder la protection est celui dont relève le militaire à la date des faits en cause.

En cas de poursuites exercées par un tiers contre des militaires pour faute de service sans que le conflit d'attribution ait été élevé, l'Etat doit, dans la mesure où aucune faute personnelle détachable de l'exercice des fonctions n'a été commise, les couvrir des condamnations civiles prononcées contre eux.

Les conjoints, enfants et ascendants directs des militaires bénéficient de la protection de l'Etat lorsque, du fait des fonctions de ces derniers, ils sont victimes de menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages.

Article L4123-11

Sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3 du code pénal, les militaires ne peuvent être condamnés sur le fondement du troisième alinéa de ce même article pour des faits non intentionnels commis dans l'exercice de leurs fonctions que s'il est établi qu'ils n'ont pas accompli les diligences normales compte tenu de leurs compétences, du pouvoir et des moyens dont ils disposaient ainsi que des difficultés propres aux missions que la loi leur confie.

Article L4123-12

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EDG 2018

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I. - Outre les cas de légitime défense, n'est pas pénalement responsable le militaire qui déploie, après sommations, la force armée absolument nécessaire pour empêcher ou interrompre toute intrusion dans une zone de défense hautement sensible et procéder à l'arrestation de l'auteur de cette intrusion.

Constitue une zone de défense hautement sensible la zone définie par voie réglementaire à l'intérieur de laquelle sont implantés ou stationnés des biens militaires dont la perte ou la destruction serait susceptible de causer de très graves dommages à la population, ou mettrait en cause les intérêts vitaux de la défense nationale.

Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application des alinéas précédents. Il détermine les conditions dans lesquelles sont définies les zones de défense hautement sensibles, les conditions de délivrance des autorisations d'y pénétrer et les modalités de leur protection. Il précise les modalités des sommations auxquelles procède le militaire.

II. - N'est pas pénalement responsable le militaire qui, dans le respect des règles du droit international et dans le cadre d'une opération militaire se déroulant à l'extérieur du territoire français, exerce des mesures de coercition ou fait usage de la force armée, ou en donne l'ordre, lorsque cela est nécessaire à l'accomplissement de sa mission.

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EDG 2018

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5. Différence entre protection juridique de l’administration et protection fonctionnelle - 2017

Par Me Maumont 29 septembre 2017 Droit des militaires

Par Aline TELLIER, avocat collaborateur et Me Elodie MAUMONT, avocat associé

Nombreux sont les militaires à ne pas appréhender l’étendue de la protection fonctionnelle de l’Etat et à limiter leur demande à une simple assistance juridique et une prise en charge des frais d’avocat.

En effet, l’article L4123-10 du Code de la Défense inséré dans la section relative à « la protection juridique et responsabilité pénale » ne définit pas les moyens que doit mettre en œuvre l’administration militaire pour protéger un militaire des menaces et attaques dont il est victime à l’occasion de l’exercice de ses fonctions.

La protection juridique est seulement un des aspects de la protection fonctionnelle.

La protection fonctionnelle peut notamment entrainer une assistance juridique par les services de l’administration militaire et/ou la protection juridictionnelle appelée également protection juridique, à savoir la prise en charge financière des frais de procédure dont les frais d’avocat.

Toutefois, la protection fonctionnelle ne se limite pas à la protection juridique.

La protection fonctionnelle ouvre ainsi le droit à la mise en œuvre par l’Etat employeur de tous les moyens pour mettre fin aux faits dénoncés ainsi que l’a rappelé la circulaire dite LEBRANCHU n° SE1 2014-1 du 4 mars 2014 relative à la lutte contre le harcèlement dans la fonction publique et notamment :

- l’engagement de poursuites disciplinaires contre les auteurs des attaques, - l’éloignement de la victime d’une situation préjudiciable et le rétablissement de

l’agent dans ses droits, - une assistance juridique et la protection juridictionnelle ou juridique, - la mise en place d’une enquête interne contradictoire, - la réparation des préjudices subis, - un soutien psychologique, médical et social, - des actions de prévention.

Alors n’hésitez plus à faire valoir votre droit.

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6. Dispositif Sentinelle : les risques pour les militaires en question- 2017

Céline Rouden, le 15/09/2017 à 15h27

Mis à jour le 15/09/2017 à 18h23

L’attaque d’un soldat de l’opération Sentinelle à Paris vendredi 15 septembre intervient au lendemain de l’annonce par le gouvernement d’un aménagement de la mission des militaires qui prévoit notamment des actions moins prévisibles

Des soldats de l'opération Sentinelle en patrouille devant le musée du Louvre à Paris. / Christophe Archambault/AFP

L’opération Sentinelle, mise en place après les attentats de janvier 2015, a une nouvelle fois été la cible d’une attaque vendredi matin 15 septembre à Paris : un homme armé d’un couteau a agressé un militaire en patrouille à la station de métro Châtelet,

sans faire de blessé. C’est la septième agression contre des militaires de la force Sentinelle, mise en place après les attentats de janvier 2015.

Cette agression survient au lendemain de l’annonce par le gouvernement d’une « évolution » de l’opération Sentinelle qui mobilise 7 000 soldats en permanence sur le terrain pour sécuriser les sites sensibles et fait des militaires des cibles de choix pour les terroristes.

« Cette nouvelle attaque légitime pleinement ce que nous voulons faire, c’est-à-dire rendre ce dispositif encore plus imprévisible, encore plus indécelable pour les agresseurs potentiels », a réagi la ministre des armées, Florence Parly. « Nous prendrons l’initiative sur l’ennemi en renforçant notre posture dissuasive par des patrouilles plus aléatoires » avait-elle affirmé la veille devant les personnels du ministère.

Générer de l’incertitude

De fait la nouvelle organisation présentée jeudi 14 septembre en conseil de défense à la demande d’Emmanuel Macron tient en partie compte de cette préoccupation. S’il existera toujours un dispositif permanent de sécurisation des lieux les plus sensibles (sites symboliques, touristiques, gares, aéroport, etc.), le reste des soldats affectés de Sentinelle seront désormais déployés de façon plus ponctuelle pour sécuriser des événements

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occasionnels, comme l’Euro de football l’année dernière, ou saisonniers. « C’est aussi une façon de donner au dispositif un caractère moins prédictible, explique-t-on au ministère des armées. L’objectif est de générer de l’incertitude ».

Il n’en reste pas moins qu’une grande partie des soldats resteront de fait des cibles évidentes, même si ce risque fait partie intégrante de leur mission et qu’ils sont parfaitement formés pour parer ces attaques, comme ils l’ont montré par le passé. Les responsables militaires soulignent toutefois que cette nouvelle organisation est une seconde étape dans l’adaptation du dispositif à la menace terroriste.

Une première étape importante avait déjà été franchie lorsqu’ils ont obtenu de passer des gardes statiques devant des lieux sensibles à des gardes mobiles sous forme de patrouille.

Remonter le niveau de motivation des soldats

Cette fois les militaires, qui répondent aux demandes des préfets, espèrent obtenir une plus grande marge de manœuvre pour déterminer les moyens de sécuriser tel ou tel événement ponctuel, aussi bien en termes d’effectifs que de modes d’actions. Ce qui leur permettrait de mieux tenir compte des risques encourus mais aussi de « remonter le niveau de motivation des soldats », souligne le ministère des armées.

La mission Sentinelle pèse en effet sur le moral des militaires qui ont le sentiment lors de ces missions d’assurer des fonctions d’agents de sécurité plus que de soldats. « Les évolutions engagées nous permettront de développer l’exercice du métier de militaire dans cette fonction » assure-t-on dans l’entourage de Florence Parly. La ministre a par ailleurs indiqué jeudi dans une adresse aux armées qu’elle présenterait fin octobre un plan « d’accompagnement des familles et d’amélioration des conditions de vie des militaires », notamment lors de ces opérations.

Une réflexion plus globale

L’opération Sentinelle étant appelée à devenir une opération « continue », alors qu’elle avait été d’abord conçue comme provisoire, est sans doute appelée à encore évoluer et à faire l’objet d’une réflexion plus globale sur l’utilisation des forces sur le territoire national.

La revue stratégique des armées confiée au député européen Arnaud Danjean (LR) qui doit rendre ses conclusions courant octobre pourrait en être l’occasion. Et la prochaine loi de programmation militaire qui s’appuiera sur son travail doit faire des choix aussi bien en termes d’effectifs que de modes d’action.

Céline Rouden

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7. L’évolution du cadre juridique de l’engagement des forces armées sur le territoire national en termes de maintien de l’ordre - 2016

Par le LCL Claude FRANC

Sous l’Ancien Régime, la sécurité intérieure constituait une mission des régiments de l’armée royale au même titre que leur engagement hors des frontières du pré carré royal. Il suffit de se rappeler la façon dont la paix religieuse a été rétablie par les dragons du maréchal de Villars dans les Cévennes, au tout début du XVIIIe siècle, consécutivement aux troubles générés par la révocation de l’Édit de Nantes. Mais c’est la Constituante qui l’a codifié juridiquement pour la première fois. Et depuis 1791, ce cadre juridique n’a fait que s’enrichir tant par les textes que par les notions qu’ils sous tendaient, voire qu’ils introduisaient dans l’arsenal juridique national.

Initialement centré uniquement sur le maintien de l’ordre public, ce cadre juridique est toutefois demeuré très axé sur ce domaine au cours de son évolution et, en l’occurrence, la distinction entre état d’exception et règles de droit commun est apparue dès la moitié du XIXe siècle.

Dès 1791, la Constituante, ayant bien perçu toute la nécessité d’encadrer le recours par l’Etat ou les

autorités administratives à des moyens dont ce n’est pas la vocation première définit la notion de réquisition et légifère à ce sujet. C’est dans le cadre de ces dispositions qu’en 1795, le Directoire, Barras en l’occurrence, réquisitionne l’armée de Paris dont il confie le commandement à Bonaparte pour « mâter » un début d’insurrection royaliste après le coup de force gouvernemental d’annulation des élections de Fructidor qui leur avait donné la majorité[i]. C’est par ce biais que Bonaparte a eu le pied à l’étrier et on sait ce qu’il en est advenu par la suite.

Si la période du Consulat et de l’Empire n’a pas ou très peu donné lieu à des phases de troubles intérieurs nécessitant le recours à la force armée, son origine, le 18 Brumaire, plonge ses racines dans un coup d’Etat militaire, exécuté avec l’aide de la troupe (la défenestration des députés convoqués à Saint Cloud par les escadrons de cavalerie de Murat).

En revanche, au cours de la période suivante, la Restauration et la monarchie de Juillet, le rôle officiellement assigné à l’armée, était un rôle de maintien de l’ordre intérieur. Raison pour laquelle, compte tenu également de la stabilité de la situation internationale due à l’équilibre du concert européen grâce à l’action de la Sainte Alliance, l’armée française était d’un format beaucoup plus réduit et était redevenue une armée de métier recrutée sur la base

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d’engagements longs. C’est pour cette raison que les unités changeaient de garnison pratiquement annuellement, pour éviter que la troupe comme l’encadrement n’entretinssent des relations suivies avec leur environnement social civil. A cette époque, juridiquement, à Paris, le gouverneur militaire de Paris partageait la responsabilité du maintien de l’ordre avec le préfet de police. Aussi, en juillet 1830, lorsque la promulgation des ordonnances de Polignac visant à restreindre la liberté de la presse déclencha des troubles dans la capitale, c’est tout à fait régulièrement que le Gouvernement réquisitionne le gouverneur militaire, le maréchal Marmont, duc de Raguse, et engage les troupes de la garnison de Paris contre la population insurgée de la capitale. C’est la fraternisation de la troupe avec les insurgés, due en partie à de mauvaises dispositions prises par Marmont, voire un double jeu politique joué par celui-ci[ii], qui provoqua le succès de l’insurrection.

Sous la monarchie de Juillet, le rôle imparti à l’armée demeurera identique, mais dans son application, son intervention comme force de maintien de l’ordre glissera du terrain politique au terrain social. En effet, l’apparition – tardive par rapport à l’Angleterre – de la révolution industrielle en France amena son corollaire, les conflits sociaux sous une forme insurrectionnelle. La répression de la révolte des canuts à Lyon en 1832 demeurera dans les consciences ouvrières comme l’action répressive militaire la plus emblématique de la période. Tout le règne de Louis Philippe sera marqué d’engagements de la force armée pour « mâter » des troubles sociaux. Cette situation aura des conséquences profondes : les partis de gauche, c'est-à-dire favorables au retour d’un régime républicain, s’opposeront toujours avec vigueur à la constitution d’une armée de métier[iii], tandis que celle-ci prend, à tort ou à raison, l’image d’une armée briseuse de grèves et gardienne de l’ordre social. Ce clivage politique vis-à-vis de la forme qui devra être donnée à l’armée perdurera dans les esprits très longtemps, pratiquement jusqu’à la Ve République.

En février 1848, contrairement aux apparences, le scénario de 1830 ne se reproduisit pas, même si l’aboutissement politique, l’abdication du monarque et la chute du régime, fut identique. Lors des premiers troubles en février 1848, le commandement aussi bien que les troupes étaient sûrs et Thiers, proposa à Louis Philippe de faire évacuer Paris par les troupes, de les rassembler autour de Versailles et de reconquérir progressivement la capitale insurgée, schéma qu’il exécutera avec brio lors de la répression de la Commune. Louis Philippe refusa l’option de force et préféra s’exiler. La période qui s’en suivit fut assez mouvementée jusqu’à la révolte des Ateliers nationaux, brisée d’une main de fer par Cavaignac en juin 1848.

C’est alors, avec l’apparition de la Seconde République, régime conservateur s’il en fut, que l’arsenal juridique national va s’enrichir de la notion de l’état d’exception. Le même Cavaignac[iv], ministre de l’Intérieur du Prince-Président, va faire promulguer une loi destinée à légitimer juridiquement l’état d’exception, c’est à dire un état juridique dérogatoire à l’application des règles de droit commun, notamment en matière d’ordre public en reprenant une vieille notion, alors un peu tombée en désuétude, celle de gouverneur d’une place militaire assiégée, d’où le terme d’état de siège : ce texte vise à transférer l’intégralité des responsabilités de maintien de l’ordre dévolues aux autorités administratives (autorités préfectorales) à l’autorité militaire sur tout ou partie du territoire (circonscriptions administratives supérieures ou égales au département), ainsi que les responsabilités judiciaires des parquets aux tribunaux militaires. Les autorités administratives peuvent toutefois continuer à exercer les pouvoirs dont l’autorité militaire n’a pas été saisie. Le texte instaurant l’état de siège, est un décret de l’exécutif qui doit être confirmé par un vote du

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Parlement dès lors que la session parlementaire est ouverte et que les chambres siègent. Son application est limitée dans le temps (durée d’un conflit par exemple). La première application de ce texte aura lieu trois ans plus tard, le 2 décembre 1851, pour étouffer dans l’œuf toute velléité d’opposition et de résistance au coup d’Etat perpétré par le futur Napoléon III de la part des partis et mouvements de gauche. Il a à nouveau été appliqué pour réprimer la subversion de la Commune en 1871. Enfin, ce texte n’a été mis en œuvre – et encore avec des restrictions drastiques s’agissant du transfert du pouvoir judiciaire – que durant la Grande Guerre dans les départements où se déroulaient les opérations, dans la zone dite « des armées » et dans le département de la Seine où, durant toute la durée du conflit, ce fut le général gouverneur militaire de Paris qui devint responsable du maintien de l’ordre par transfert de pouvoirs du préfet police, ce qui explique l’importance du choix du titulaire de ce poste.

Enfin, c’est en vertu de ce texte qu’en juin 1917, fait unique dans les annales constitutionnelles françaises, le président de la République, M. Poincaré, s’était dessaisi de son droit de grâce en le déléguant, dans la zone des armées, au commandant en chef, le général Pétain, lors de la crise dite des Mutineries. Le général Pétain s’est d’ailleurs empressé de le rétrocéder à son détenteur légitime dès le mois de septembre de la même année, la crise étant jugulée.

Pour revenir au XIXe, comme le gouvernement du Second Empire avait de la suite dans les idées, les mesures d’urbanisme réalisées par le préfet Haussmann à Paris répondaient, pour certaines d’entre elles, à des contraintes de maintien de l’ordre : c’est ainsi que les Grands Boulevards furent percés d’une largeur telles qu’un escadron de cavalerie pouvait y charger au botte à botte, déployé en bataille en demi-pelotons et que les tronçons en ligne droite devaient être suffisamment longs pour permettre des feux de salves d’infanterie destinés à disperser des attroupements sans que les fantassins ne se trouvassent au contact direct ou à portée des insurgés. Ces dispositions s’avéreront judicieuses lors de la Commune.

A partir de 1873, date de la mise en sommeil de l’état de siège à Paris à la suite de la Commune, la IIIe République va chausser les bottes des régimes précédents en matière d’ordre public. Le recours à la force armée sous forme de réquisition sera monnaie courante et va donner lieu à plusieurs formulations juridiques plus modernes que la loi de 1791 : il s’agit dès lors « d’un Acte unilatéral de la puissance publique permettant d’imposer à des personnes physiques ou morales des contraintes destinées à satisfaire les besoins exceptionnels reconnus d’intérêt général » (lois des 3 juillet et 2 août 1877 et du 11 juillet 1938).

Mais, dans son application, comme la nature de l’armée avait changé, l’armée étant devenue une armée de conscription à recrutement local, il s’en suivit des manquements graves à la discipline : en 1907, les appelés du 17e d’Infanterie, requis par le préfet de l’Aude pour disperser par la force les viticulteurs qui voyaient leurs prix de vente s’effondrer à cause d’une surproduction manifeste, firent cause commune avec leurs parents et rejoignirent les manifestants en « mettant crosse en l’air »[v]. Quelques années auparavant, dans les départements de l’Ouest, la réquisition de régiments dans le cadre des Inventaires des biens de l’Église avait donné lieu à quelques spectaculaires abandons de poste par des officiers en charge de commandement qui ont été sévèrement condamnés par la Justice militaire[vi]. Enfin, toujours dans le cadre du maintien de l’ordre, jusqu’en 1914, une brigade de cuirassiers (deux régiments) tiendra garnison à Paris à des fins de maintien de l’ordre, et sera stationnée au quartier Dupleix et à l’École militaire. Dans le plan de mobilisation exécuté en août 1914, il

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était prévu que cette brigade ne rejoigne sa zone de concentration, qu’à la toute dernière phase de celle-ci, afin de parer à tout trouble éventuel lié à la mobilisation. Comme celle-ci s’est effectuée dans le calme le plus parfait, en dépit de l’assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914, elle pu rejoindre sa division assez rapidement. A l’issue du conflit, Paris demeurant encore sous le régime de l’état de siège, le 1er mai 1919, le général Berdoulat, récemment nommé gouverneur militaire de Paris, fit quadriller la ville par une division d’infanterie renforcée d’une brigade de cavalerie pour s’opposer à des manifestations annoncées de la C.G.T., interdites par Clemenceau, la paix n’étant pas encore signée. Face à un tel déploiement de forces, aucun trouble public ne fut à déplorer. Enfin, à la suite des évènements de février 1934, le gouvernement Doumergue généralisera la constitution d’unités de « garde mobile » dépendant de la Gendarmerie, instruites et entrainées pour des missions de maintien de l’ordre, ce qui fit que le recours à la réquisition de moyens militaires ne releva plus que de situations exceptionnelles. Ce fut notamment le cas en 1947 lors des grèves insurrectionnelles déclenchées par le parti communiste lorsque Jules Moch, ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramadier n’hésita pas à promulguer des réquisitions complémentaires spéciales[vii] à destination des commandants de Régions.

En 1955, l’arsenal juridique français s’enrichit d’une nouvelle notion, l’état d’urgence, loi votée sous la contrainte des évènements d’Algérie (loi Soustelle[viii]). Elle vise à renforcer les pouvoirs de police des préfets disposant des forces de 1ère et de 2ème catégorie en allégeant certaines contraintes de droit commun préjudiciables à leur action (limite au droit de réunion, allongement des délais d’assignation à résidence, élargissement du droit d’interpellation et de perquisition…). Ce texte ne prévoit aucun transfert automatique de responsabilité de l’autorité administrative à l’autorité militaire. Mis en œuvre par un décret pris en Conseil des Ministres, il doit faire l’objet, dans un délai de dix jours suivant sa promulgation, d’un vote de la Chambre. Néanmoins, dans le cadre ainsi élargi de leurs prérogatives, les préfets peuvent, sur réquisition, faire appel aux forces de troisième catégorie pour les exercer, ce qui a constitué le fondement juridique de l’action des unités de la Xe Région sur le théâtre algérien, assimilé au territoire national, puisque départementalisé. C’est dans le cadre de ce texte qu’à la demande de M. Lacoste, Ministre Résident et non du général Salan, commandant en chef[ix], les pouvoirs du préfet d’Alger, M. Baret, en matière d’ordre public ont été transférés au commandant de la 10è D.P., le général Massu en janvier 1957 pour l’agglomération algéroise (le secteur dit Alger-Sahel). Toujours dans le cadre de ce même texte, un an auparavant, en 1956, lors du redécoupage des trois départements d’Alger, Oran et Constantine en 12 nouveaux départements, les pouvoirs en matière de maintien de l’ordre des préfets et des sous préfets ont été en tout ou partie transférés aux commandants de Zone et de Secteurs, dont les limites territoriales ont été dès lors calquées sur les limites administratives. En 1960, le Premier ministre, M. Debré, mettra fin à cette situation d’exception, le corps préfectoral retrouvant l’intégralité de ses prérogatives. Il est à noter que durant toute cette période, il n’y eut aucun transfert d’autorité en matière judiciaire, le Parquet conservant seul la haute main sur l’autorité judiciaire.

L’état d’urgence a été remis en application par M. de Villepin, Premier ministre, en novembre 2005 lors de la crise des banlieues, mais sans aucun appel aux forces de troisième catégorie (les moyens militaires).

Enfin, en matière d’état d’exception, pour la première fois dans les annales constitutionnelles françaises, le général de Gaulle a fait introduire dans la Constitution de 1958 un article

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spécifique, l’article 16, visant au renforcement de l’exécutif au détriment des deux autres pouvoirs, Mis en œuvre une seule fois, par le président de la République, lors du putsch des généraux d’avril 1961, il est très intéressant de constater que le législateur, pas fou, a décidé que les ordonnances promulguées à cette occasion relevaient du domaine réglementaire et non du domaine législatif. Ainsi, le juge administratif, et en conséquence, le conseil d’Etat était compétent pour les réfuter. C’est ce qui n’a pas manqué de se passer lorsque, jugeant que de Gaulle avait outrepassé le principe intangible – même sous article 16 - de séparation des pouvoirs, en instaurant de sa propre autorité une juridiction d’exception, le haut tribunal militaire, pour juger les officiers putschistes, le Conseil d’Etat l’a invalidé. De Gaulle a répliqué en créant, toujours de sa propre autorité et toujours sous article 16, une nouvelle juridiction d’exception, la Cour de Sûreté de l’Etat, que le Président François Mitterrand s’est empressé de dissoudre dès 1981, jugeant sa création exorbitante du droit constitutionnel, ce qui sur le strict plan juridique, constitue un argument indiscutable.

[i] C’est ce qu’on appelle un « coup d’Etat gouvernemental ». [ii] Marmont était coutumier du fait. C’est lui qui, début avril 1814, fit glisser de sa propre initiative, le dispositif du 6ème Corps qu’il commandait, depuis les rives de l’Essonne jusqu’à Versailles, découvrant ainsi les communications entre Paris et Fontainebleau où était réfugié l’Empereur, rendant l’abdication inéluctable. [iii] Cette option politique trouvera son aboutissement avec Jaurès lorsque, avant 1914, il proposera dans l’Armée nouvelle la constitution d’une armée sur la base d’une milice et qu’il s’opposera avec force à la « loi de trois ans », résurgence selon lui et la SFIO d’une forme larvée d’armée de métier à une époque où Clémenceau, le « premier flic de France » ne se privait pas d’avoir recours aux moyens militaires pour maintenir l’ordre. [iv] Son fils sera ministre de la Guerre en 1898 et aura à traiter « l’Affaire » du procès en révision de Dreyfus. [v] Le régiment au complet a été envoyé sur le champ dans le Sud tunisien. [vi] Cf l’étude de madame Sabine Garnier, Les évènements de Ploërmel, Éditions François Xavier de Guibert, 2011. [vii] Entraînant l’autorisation d’ouverture du feu d’initiative. [viii] Alors Gouverneur Général à Alger. [ix] Artifice de pure forme, certes, mais qui offre l’avantage de respecter les principes, notamment celui de la subordination du commandement militaire au pouvoir politique.

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8. La protection juridique dite protection fonctionnelle- 2014

Mise à jour : 02/10/2014 - Direction : BOG Les agents du ministère de la défense (civils et militaires) bénéficient d’une protection juridique dite protection fonctionnelle. Références : - article L4123-10 du code de la défense ; - art. 11 et 11 bis de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 ; - article 15 de la loi n° 2005-270 du 24 mars 2005. Références de la protection fonctionnelle La protection juridique peut être attribuée dans 3 cas :

- vous êtes victime d’une infraction pénale volontaire (menaces, violences, voies de fait, injures, outrage ou diffamation) en votre qualité d’agent de l’Etat ;

- votre conjoint, vos enfants et ascendants directs de l’agent sont victimes d’infraction pénale volontaire du fait de votre fonction ;

- vous faites l’objet de poursuites civiles ou pénales, dans la mesure où les faits ont un lien avec le service et qu’ils ne relèvent pas d’une faute personnelle de votre part.

- La protection juridique revêt plusieurs formes :

- une intervention judiciaire directe de l’Etat en vue de réparer le préjudice causé ou subi ;

- des conseils juridiques donnés par le service local du contentieux[i] ou par la cellule protection juridique de la direction des affaires juridiques (DAJ) ;

- la prise en charge des sommes d’argent engagées pour la procédure (honoraires d’avocats, frais de déplacement, frais d’expertise, frais de consignation, dommages et intérêts, …).

Les demandes de protection juridique sont transmises à la cellule de conseil juridique de l’organisme d’administration, qui prend contact avec le service local du contentieux de rattachement. Les coordonnées des différents SLC sont accessibles sur le portail du Service du Commissariat aux Armées (rubrique : Les organismes du SCA/juridique). [i]Service local du contentieux (SLC) : organisme extérieur relevant de la direction centrale du service du commissariat aux armées, Au nombre de 6 (SLC Bordeaux, SLC Lyon, SLC Metz, SLC Rennes, SLC Toulon, SLC Villacoublay), les SLC assurent des missions pour le compte de la direction des affaires juridiques.

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9. Rules of engagement- 2016

- Military directives - Written By : The Editors of Encyclopædia Britannica - See Article History - Alternative Title : ROE

Rules of engagement (ROE), Military directives meant to describe the circumstances under which ground, naval, and air forces will enter into and continue combat with opposing forces. Formally, rules of engagement refer to the orders issued by a competent military authority that delineate when, where, how, and against whom military force may be used, and they have implications for what actions soldiers may take on their own authority and what directives may be issued by a commanding officer. Rules of engagement are part of a general recognition that procedures and standards are essential to the conduct and effectiveness of civilized warfare. Rules of engagement must be consistent while also accounting for a variety of potential scenarios and the political and military aspects of a given situation. They might describe appropriate action regarding unarmed mobs, the property of local civilians, the use of force in self-defense, the returning of hostile fire, the taking of prisoners, the level of hostility (that is, whether the country is at war), as well as a number of other issues. In the United States, two commonly recognized rules of engagement are standing ROE (SROE), which refer to situations in which the U.S. is not actually at war and thus seeks to constrain military action, and wartime ROE (WROE), which do not limit military responses to offensive actions. Historically, the notion that war should be regulated has been backed by a long list of international treaties and agreements, the most significant being the Geneva Conventions, which regulate the treatment of prisoners of war and civilians. However, rules of engagement are a modern concept necessitated by the possibility of nuclear warfare, advances in telecommunications, and the increased use of military forces in peacekeeping roles. During the Cold War, both the United States and the Soviet Union realized that the potential advantages of attacking were not worth the consequences of retaliation. The possibility that a minor incident could result in nuclear warfare inspired a need to establish procedures defining allowable actions. At the same time, technological advances enabled greater monitoring of the battlefield, tightening the chain of command and creating a more prominent role for the media. Indeed, it was media exposure during the Vietnam War that highlighted the problems of requiring soldiers to fulfill ambiguous objectives. The standard operating procedures imposed on U.S. troops during the Vietnam War resulted in accusations that domestic concerns were inhibiting the military’s freedom of operation. Since the 1983 Beirut barracks bombings, a caveat has been added to American rules of engagement to state that all personnel have an inherent right of self-defense. Peacetime rules of engagement (PROE) were also developed that differentiated hostile acts versus hostile

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intent and also emphasized that a response must be appropriate to the level of threat. Prior to the development of PROE, rules of engagement had only served to inform wartime actions ; such directives were then distinguished as WROE. In 1994 PROE were replaced by Joint Chiefs of Staff standing ROE (JCS SROE), which mandate that the use of force must also be consistent with international law.

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10. Protection juridique- 2010 Mise à jour : 12/07/2010 Les agents du ministère de la défense bénéficient (comme la plupart des agents publics) d'une protection juridique aussi appelée "protection fonctionnelle". Les textes régissant la protection juridique

- L'article L4123-10 du Code de la Défense ; - La loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires

(articles 11 et 11 bis) ; - La loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure (article 112).

Qui peut demander le bénéfice de la protection juridique ? (sous conditions)

- Les militaires en activité ou non ; - Les personnels civils de la Défense ; - Les conjoints, ascendants et descendants directs des personnels cités ci-dessus.

Quand demander le bénéfice de la protection juridique ?

- Quand un tiers demande la réparation de son préjudice, causé par l'agent à l'occasion de l'accomplissement de la mission ;

- Quand le demandeur est victime d'une infraction pénale volontaire, à raison de sa qualité d'agent de l'Etat ou de celle de son conjoint, ascendant ou descendant ;

N.B: La victime d'un accident ne peut en principe pas prétendre au bénéfice de la protection juridique.

- Quand le demandeur est mis en cause dans le cadre d'une affaire pénale (doit faire l'objet de poursuites pénales) :

- si l'infraction commise est en rapport avec l'exécution du service, - si aucune faute personnelle n'a été commise par l'agent.

"Parcours" d'une demande de protection juridique Chaque demande doit être écrite, datée, signée et motivée par la personne demandant le bénéfice de la protection juridique. La demande ainsi que les pièces la complétant doivent être transmises par voie hiérarchique au service local du contentieux (SLC) dont dépend l'intéressé. Les SLC accusent réception de la demande. Si, à compter de cette date, aucune décision n'est notifiée dans les deux mois, cela implique une décision de rejet implicite. Le SLC compétent vérifie le bien fondé de la demande. Si un accord est envisagé Si le SLC ou la cellule protection juridique (CPJ) de la direction des affaires juridiques (DAJ) estime la demande de protection juridique justifiée, elle peut décider de son octroi, qui pourra prendre plusieurs formes :

- La réparation directe du préjudice causé ou subi ; - La délivrance de conseils juridiques par le SLC ou la CPJ (explication donnée sur la

procédure à suivre, l'évaluation du préjudice et des dommages intérêts à demander lors de l'audience…) ;

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- Le paiement des frais et honoraires d'un avocat. Une fois la protection juridique accordée, l'agent nomme l'avocat qu'il a choisi pour le représenter, le SLC ou la CPJ prend alors contact avec celui-ci afin d'établir une convention d'honoraires.

Si un refus est envisagé Lorsqu'un SLC estime qu'une demande doit être rejetée ou a un doute sur le bien fondé de celle-ci, il transmet le dossier à la cellule protection juridique de la sous-direction du contentieux de la DAJ qui est seule compétente pour émettre des décisions de rejet. Celle-ci étudie à son tour l'opportunité de la demande et, après avoir demandé un avis à l'autorité dont dépend l'agent demandeur (DGGN, EMAT, EMAA, EMM, DRHMD…), elle peut prendre une décision de rejet qui devra être signée par le directeur des affaires juridiques ou son adjoint. Une fois celle-ci signée, la CPJ transmet l'original de la décision à l'intéressé par lettre recommandée avec accusé de réception. L'agent bénéficiera d'un délai de deux mois à compter de la notification de la décision pour former un recours contre celle-ci :

- auprès de la Commission de Recours des Militaires pour un militaire, - auprès du tribunal administratif pour un personnel civil de la défense.

NB : C'est le ministre qui décide en tout état de cause de la forme sous laquelle la protection est accordée et, le cas échéant, du montant de la prise en charge financière des frais à ce titre

Sources : SGA/DAJ / Droits : MinDef / SGA

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11. Les juridictions compétentes en matière d'infractions militaires - 2010

Les juridictions militaires ne sont pas des juridictions permanentes. Elles sont par ailleurs différentes selon la situation militaire du pays. Les militaires susceptibles d’être jugés par ces juridictions sont tous les militaires de carrière : les militaires engagés par contrat ; les militaires qui accomplissent leur service ; les militaires placés dans un hôpital, un établissement pénitentiaire, etc.). Aussi, lorsqu’une infraction est commise par un militaire, ses complices ou coauteurs sont eux aussi jugés par la juridiction miliaire. On distingue les périodes de paix des périodes de guerre. En temps de paix, les délits militaires commis sur le territoire français sont jugés par des tribunaux correctionnels spécialisés en matière militaire. Il en existe un par ressort de Cour d’appel. Les crimes militaires sont quant à eux jugés par des Cours d’assises sans jury populaire. Seuls y sont présents des magistrats professionnels. Ils sont sept pour cette formation particulière de la Cour d’assises. Pour ce qui est des infractions militaires commises hors du territoire français par des militaires en temps de paix, elles sont jugées par des juridictions spécialisées : le tribunal aux armées des forces françaises stationné en Allemagne (il a aujourd’hui été supprimé), le tribunal aux armées de Paris (qui devrait lui aussi être supprimé courant 2011) et il existe des tribunaux qui peuvent être créés sur décision du Ministre de la Défense pour connaitre des contraventions des quatre premières classes. Généralement, ces juridictions sont donc créées en temps voulu pour répondre à un besoin particulier. Par conséquent, lorsqu’aucun tribunal militaire n’existe pour juger les militaires établis à l’étranger, il revient aux juridictions spécialisées de droit commun de juger les infractions commises par les militaires. Il y aura une option de compétence : la juridiction du lieu de l’affectation ou du débarquement. C’est donc généralement aux juridictions de droit commun qu’il revient de traiter les infractions militaires commises par des militaires dans l’exerce de leurs fonctions. Ainsi le tribunal correctionnel, la Cour d’assises voire la Cour d’appel seront compétentes. Elles seront cependant spécialement composées. Les infractions commises par les militaires en dehors du cadre de leurs fonctions relèvent quant à elles du droit commun et donc des juridictions ordinaires.

La procédure devant les juridictions militaires en temps de paix

La procédure applicable aux infractions commises par des militaires sur le territoire français se différencie très peu de la procédure applicable aux juridictions de droit commun. Il revient au Procureur de la République d’engager l’action publique. Il est le seul compétent en la matière. La victime ne peut donc pas l’engager elle-même, sauf dans trois cas : décès, infirmité ou mutilation permanente. Les jugements rendus peuvent être contestés en appel.

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Toutefois, à la différence du droit commun, le Procureur de la République qui souhaite mettre en mouvement l’action publique doit préalablement solliciter l’avis du Ministre de la Défense ou de l’autorité militaire. Seule exception : il est dispensé de demander cet avis en cas de crime flagrant. Lorsque des investigations doivent être menées dans les locaux militaires, l’autorité militaire doit avoir été avertie afin de pouvoir être présente au moment des opérations. Pour des questions de sécurité, les militaires incarcérés ne peuvent pas être détenus avec les autres prisonniers. S’agissant à présent de la procédure applicable aux infractions commises par des militaires hors de France les règles sont très différentes. Les références à la procédure de droit commun sont peu nombreuses. Ce sont essentiellement les règles du Code de justice militaire qui s’appliquent. La mise en mouvement de l’action publique relève du Commissaire du Gouvernement (devenu le rapporteur public) exerçant et non du Procureur de la République. Les victimes quant à elles peuvent engager l’action publique dans les mêmes conditions que précédemment, à savoir, en cas de décès, de mutilation ou d’infirmité permanente. Pour que des poursuites puissent être engagées, il faut obtenir l’avis du ministre de la Défense. Toutefois, cet avis n’est requis qu’en l’absence de dénonciation par les autorités militaires. Ce qui signifie que si les autorités militaires dénoncent elles-mêmes l’infraction, le Commissaire du Gouvernement a l’obligation de poursuivre. La détention provisoire applicable aux infractions militaires est elle aussi différente puisque le militaire peut être détenu pendant cinq jours et plus. Enfin, en matière de justice militaire pour les infractions commises hors du territoire de la République, l’appel n’est pas possible pour les délits et contraventions. Seule demeure la possibilité du pourvoi en cassation.

Les juridictions militaires en temps de guerre

En temps de guerre, les infractions commises par des militaires sur le territoire français sont jugées par les tribunaux territoriaux des forces armées (composé de deux magistrats professionnels et trois militaires) et le Haut tribunal des forces armées, dont le siège est à Paris et qui ne juge que les infractions commises par les maréchaux, amiraux, officiers généraux et membre du contrôle des armées. s’agissant des infractions commises hors du territoire français en temps de guerre, elles relèvent de la compétence des tribunaux militaires aux armées. Ils sont composés d’un président et de quatre juges militaires. En temps de guerre, quel que soit le lieu de l’infraction, la procédure est totalement différente du droit commun. Le Commissaire du Gouvernement a un rôle bien plus réduit puisqu’il se contente de formuler un avis quant à l’opportunité des poursuites. C’est à l’autorité militaire seule qu’il revient de décider si oui ou non les poursuites se justifient. Elle délivre alors un ordre de poursuite. Par ailleurs, dans un souci de protection de la sécurité publique, la procédure reste relativement secrète puisque la communication des débats au public peut être interdite.

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12. Le militaire français face au droit - 2011

par Oriane BARAT-GINIES Doctorante en droit public à l’Université de Poitiers Lauréate du programme de soutien financier aux doctorants de l’IHEDN 2010 Juriste au Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations (CICDE) Auteur de L’engagement militaire français en Afghanistan 2001-2011, L’Harmattan, 2011. Le code de la défense dans son article L 4111-1 prévoit que « l’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême ». Entre ses droits et devoirs, le militaire n’est pas tout à fait un citoyen comme les autres. Il est amené à intervenir et se déployer dans des zones difficiles pour rétablir la sécurité, souvent dans un cadre multinational accompagné d’un dispositif juridique extrêmement dense. De ces situations exceptionnelles et très complexes, peut naître chez le soldat un sentiment d’« insécurité juridique »1 pouvant entraîner des effets négatifs voire désastreux à tous les échelons de la chaîne de commandement. La première des difficultés rencontrée porte sur la complexité des engagements multinationaux et la diversité des missions extérieures dans lesquelles il intervient. Les opérations qu’il mène s’effectuent de plus en plus hors du champ habituel du droit des conflits armés2, ce qui peut mener à certaines confusions dans la réalisation de la mission lorsque les mandats sont imprécis et les règles opérationnelles qui en découlent trop nombreuses ou peu adaptées. La superposition, l’imbrication voire la contradiction entre les différents corpus juridiques d’engagement de la force au niveau international, national et local imposent au soldat un degré de complexité supplémentaire. La seconde difficulté concerne la judiciarisation du théâtre des opérations et la place croissante du droit dans la responsabilité qui incombe au militaire de répondre de ses actes devant la justice pénale internationale ou nationale. Au vu de ce corpus juridique dans lequel est plongé le militaire au cœur de son engagement sur un territoire étranger, la question posée est celle de savoir si celui-ci est suffisamment protégé par le droit.

1 L’insécurité juridique pourrait correspondre à l’absence de protection de l’individu par le droit, du manque d’encadrement de sa mission et de la recherche automatique de sa responsabilité pénale. Cette notion est alimentée par une incompréhension du phénomène de judiciarisation des théâtres d’opération et parfois de mauvaises connaissances des sciences juridiques. 2 L’exemple de l’Afghanistan est une des références les plus actuelles. Le conflit armé a été qualifié de « non international » (CANI), cependant, la France n’intervient qu’en soutien de l’Etat afghan, comme tous les autres États membres de la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). C’est un régime de « temps de paix » qui s’applique aux soldats. En revanche ils sont tenus de respecter, sur le théâtre, les règles relatives aux CANI. 2 L’exemple de l’Afghanistan est une des références les plus actuelles. Le conflit armé a été qualifié de « non international » (CANI), cependant, la France n’intervient qu’en soutien de l’Etat afghan, comme tous les autres États membres de la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS). C’est un régime de « temps de paix » qui s’applique aux soldats. En revanche ils sont tenus de respecter, sur le théâtre, les règles relatives aux CANI.

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Afin d’apporter une première réponse à la question de l’étendue de la protection accordée au soldat, il est nécessaire de présenter la complexité du cadre juridique de l’engagement des forces armées pour ensuite évaluer les avancées du droit au regard de la spécificité du statut de soldat pour enfin développer sa responsabilité pénale.

Le cadre juridique de l’engagement Pour ne citer que le plus récent théâtre des engagements français, qui depuis 10 ans, occupe l’esprit des politiques et militaires sur la manière de traiter un tel conflit, l’Afghanistan est le symbole même de la mission présentant de multiples caractéristiques juridiques complexes. Dès l’automne 2001, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies vinrent préciser le cadre juridique de l’engagement et du déploiement des forces des nations membres. La résolution 1368 ouvrait le droit à la légitime défense, la résolution 1386 créait la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS) dont le mandat limité et circonscrit à la région de Kaboul s’est petit à petit élargi à tout le territoire afghan. Les missions actuelles s’effectuent, pour toutes les forces engagées sous mandat onusien, dans le cadre du Chapitre VII des Nations unies autorisant l’emploi de mesures coercitives. Lors des premières frappes aériennes lancées par les américains le 7 octobre 2001 dans le cadre de l’opération « liberté immuable », l’engagement pour les États-Unis était clair. Les talibans présents en Afghanistan avaient agressé directement les intérêts américains, la riposte a donc été réalisée dans le cadre de la légitime défense3. Lorsque les États membres de l’OTAN sont intervenus en Afghanistan par solidarité affichée envers les alliés américains, les missions se sont tournées vers un objectif de sécurisation du territoire et de soutien au nouvel État afghan4. Or, la situation sur le terrain s’est très vite complexifiée en raison, d’une part, du nombre croissant d’acteurs présents, et d’autre part, de la dégradation progressive de la sécurité sur le terrain. Une mission qui devait s’occuper prioritairement de l’aide au peuple afghan, de la stabilisation et de la reconstruction du territoire après la chute du régime taliban s’est ainsi transformée, dans certaines régions, en véritables actions de combat. La question s’est ainsi posée de savoir dans quel cadre juridique les soldats engagés au nom de l’OTAN se trouvaient. Pour toutes les missions de sécurisation menées par les forces des États membres de l’OTAN de l’OTAN, le conflit a été qualifié de « conflit armé non international » au sens des conventions de Genève de 1949, les forces armées soutenant le gouvernement en place dans la stabilisation du pays. Ainsi, le Comité international de la croix rouge (CICR) a précisé que le droit international humanitaire (droit des conflits armés) devait s’appliquer, entraînant pour les forces une obligation de respecter l’article 3, commun aux quatre conventions de Genève, ainsi que l’intégralité du protocole additionnel II de 1977. Dans certaines zones, de réelles actions de guerre étaient conduites dans le cadre de l’opération « liberté immuable », dans d’autres, des missions de sécurisation du territoire. Ces

3 La légitime défense est autorisée par la Charte des Nations unies à l’article 51. 4 Une loya jirga (grande assemblée en Pachto) formée d’un millier de représentants provenant des 37 régions du pays s’est réunie entre le 11 et le 19 juin 2002. La constitution a été adoptée en janvier 2004 et les élections présidentielles ont eu lieu quelques mois plus tard. Karzaï a été élu avec 55,4% des voix.

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dernières réalisées par les forces internationales de sécurité pouvaient aller de la participation aux « shuras »5 à des actions de coercitions lorsque cela était nécessaire, ce que l’on appelle dans le monde militaire « la contre insurrection »6. Tout ceci est encadré par un mandat otanien assez large et des règles opérationnelles d’engagement variées selon les nations. L’exemple du conflit afghan est révélateur des difficultés juridiques liées au cadre de l’engagement.

- Une intervention militaire dépend dans un premier temps d’une volonté politique claire et d’une stratégie cohérente qui doit s’inscrire dans une durée déterminée.

- Cette intervention doit ensuite être légalisée le plus souvent par un mandat international résultant du Conseil de sécurité des Nations unies7. Cependant, ces résolutions bien que définissant le cadre juridique de référence sont issues de négociations politiques, donc parfois assez larges dans leur rédaction.

L’engagement peut également être mené par une organisation multinationale telle que l’OTAN, ce qui accroît les difficultés et les nécessités d’interopérabilité. Ensuite, chaque nation a la possibilité de présenter des restrictions dans l’emploi de la force8 ou même des restrictions plus larges dans leur engagement, ce qui rend le travail en multinational parfois périlleux. Enfin les règles opérationnelles d’engagement9 (ROE) attachées au « plan d’opération »10 sont extrêmement nombreuses (souvent présentées sous forme de catalogues) et encadrant l’usage de la force11. Au centre de ce dispositif le soldat a une mission à effectuer. Cependant le cadre exceptionnel dans lequel il est placé pour intervenir lors de sa mission ne l’exonère pas de sa propre responsabilité (pénale) en cas de faute grave.

Les avancées du droit national au regard de la spécificité du statut de soldat Le phénomène de judiciarisation est commun à tous les métiers et touche également celui de soldat. Le droit est présent comme on l’a vu supra dans le cadre d’engagement de la force. Il légalise l’intervention le plus souvent par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il permet, sans doute parfois avec quelques difficultés, de qualifier le conflit pour permettre une application directe du droit international humanitaire. Cependant, ce cadre

5 Réunions avec les Maleks (maires), gouverneurs ou chefs de guerre. 6 « La contre insurrection (COIN) est l’ensemble des activités politiques, sociales, militaires, juridiques, et psychologiques, institutionnelles ou non, nécessaires pour neutraliser une insurrection et répondre aux principaux motifs d’insatisfaction de la population ». Définition tirée de la doctrine interarmées de contre insurrection du CICDE, DIA- 3.4.4, accessible en ligne sur le site du CICDE : http://www.cicde.defense.gouv.fr/spip.php?article630, mise en ligne le 16/11/2010. 7 Les missions qui ne sont pas sous mandat onusien concernent par exemple l’évacuation des ressortissants 8 Le terme employé est « caveats ». 9 Les ROEs n’ont aucune valeur juridique, elles sont considérées comme des directives d’usage de la force rédigées lors de la planification de l’opération et avalisées au niveau politique. Elles servent à autoriser, limiter ou interdire cet usage de la force. 10 Le terme employé dans le langage militaire est « OPLAN ». 11 L’usage de la force s’entend de l’emploi de mesures coercitives jusqu’au recours à la force létale dans le cadre de la nécessité de l’accomplissement de la mission en respectant le droit international et les exigences de proportionnalité.

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assez solide au niveau institutionnel, qui temporise également la volonté politique, ne protège pas le soldat de la responsabilité qui lui incombe dans la mission qu’il coordonne ou réalise. A tous les niveaux de commandement, chaque militaire a des devoirs et des responsabilités dans les ordres qu’il peut donner et/ou recevoir. Dans sa mission, il ne peut agir comme il le souhaite. Il est regardé, contrôlé, surveillé et finalement encadré. La perception d’insécurité juridique semble-t-elle fondée au regard de la spécificité même du statut de soldat ?

- « Les militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs et sont responsables de l’exécution des missions qui leur sont confiées »12.

Dans l’organisation hiérarchisée de l’engagement militaire à servir et à défendre son pays, la chaîne de commandement reste assez rigide. L’obéissance est une donnée fondamentale de la fonction de soldat, c’est un devoir énoncé à l’article L 4122-1 du code de la défense. On comprend aisément qu’au cœur de l’action, il serait délicat qu’un des opérationnels sur le terrain discute voire conteste l’ordre donné. D’ailleurs, tout refus d’exécuter un ordre constitue une faute disciplinaire, voire une infraction pénale. Cependant, deux contraintes imposées au commandant13 sont liées à cette obéissance ‘sans failles’ que l’on impose au soldat. La première concerne l’interdiction d’ordonner ou de faire accomplir des actes qui seraient contraires aux lois et coutumes de la guerre ainsi qu’aux conventions internationales. Celui qui ordonne a le devoir de ne donner que des ordres « légaux », et celui qui reçoit l’ordre de pouvoir ne pas l’exécuter si celui-ci est « manifestement illégal ». Cet équilibre précaire entre le devoir d’obéir et celui de pouvoir contester est très délicat pour le subordonné d’autant plus que des paramètres extérieurs tels que le stress en condition opérationnelle, la mauvaise compréhension d’un ordre ou encore la rapidité de l’action peuvent brouiller la perception de l’individu. La seconde contrainte qui n’est qu’une conséquence directe de la première, énonce que la responsabilité propre des subordonnés ne dégage pas leurs supérieurs de leurs propres responsabilités. Il doit également assumer les conséquences de ses décisions ou des agissements de ses subordonnés lorsque ceux-ci sont directement issus des ordres donnés. Le statut du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) énonce dans son article 6 al. 3 que les actes commis par le subordonné n’exonèrent pas son supérieur de sa responsabilité pénale s’il savait ou avait des raisons de savoir que le subordonné s’apprêtait à commettre cet acte ou l’avait fait et que le supérieur n’a pas pris les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher que ledit acte ne soit commis ou en punir les auteurs. Récemment, quatre militaires français ont été poursuivis pour le meurtre d’un civil ivoirien, en 2005, dans le cadre de la force Licorne déployée en Côte d’Ivoire sous le mandat de l’ONU. Firmin Mahé, est mort étouffé par un sac plastique posé sur sa tête. Les militaires présents

12 Article 8 (abrogé au 30 mars 2007) du chapitre II obligations et responsabilités de la loi du 24 mars 2005 portant statut général des militaires. 13 « Toute personne ayant des responsabilités de commandement, depuis les commandants supérieurs jusqu’aux chefs de peloton n’ayant que quelques hommes sous leurs ordres » : conférence diplomatique sur la réaffirmation et le développement du droit international humanitaire applicable dans les conflits armés (CDDH/I/S. R50), Genève 1974-1977.

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ont vue leur responsabilité engagée. Un adjudant-chef répondra en 2011 d’homicide volontaire, celui qui tenait la victime de « complicité de meurtre par aide et assistance » et le chauffeur qui conduisait le véhicule blindé pendant l’acte d’« omission d’empêcher la réalisation d’un crime »14. Le colonel responsable de la mission qui aurait donné un ordre manifestement illégal est lui poursuivi pour « complicité par instigation du meurtre ». En revanche, le général Poncet, commandant de la force Licorne, mis en examen en décembre 2005 pour « complicité d’homicide volontaire » bénéficie actuellement d’un non-lieu. Le soldat reste donc pénalement responsable lorsque l’ordre prononcé est « manifestement illégal ou contraire aux règles de droit international applicables dans les conflits armés ».

- « N’est pas pénalement responsable le militaire qui, dans le respect des règles du droit international et dans le cadre d’une opération militaire se déroulant à l’extérieur du territoire français, exerce des mesures de coercition ou fait usage de la force armée, ou en donne l’ordre, lorsque cela est nécessaire à l’accomplissement de sa mission ».

L’alinéa 2 de l’article L. 4123-12 du code de la défense protège ainsi les soldats engagés sur des théâtres extérieurs, dans lesquels ils pourraient user de leurs armes pour l’accomplissement de l’objectif demandé. Avant la rédaction de cet alinéa, en 2007, les soldats engagés dans des théâtres extérieurs répondaient directement aux ordres définis dans les règles opérationnelles d’engagement. Ces ROE, ne constituant certes pas une disposition législative ou règlementaire s’imposant au juge, étaient rédigées de telle sorte à respecter le droit des conflits armés. L’emploi de la force armée était donc jugé au regard de la légitime défense et de l’état de nécessité seulement, sans prendre en compte au niveau de la justice pénale française l’existence de ces ROE. Aujourd’hui les ROE ne sont toujours que des moyens de faciliter l’action mais ne sont pas reconnus devant les tribunaux français. En revanche cet alinéa permet de protéger pleinement le soldat qui use de la force dans le cadre de la mission, créant ainsi un espace de protection élargi à ce cas particulier de l’engagement extérieur où l’utilisation de la force peut être faite rapidement comme une fracture dans la phase de stabilisation menée par exemple par le gouvernement afghan soutenu par les membres de l’OTAN. La protection dans l’accomplissement de sa mission est une avancée pour les soldats engagés. L’adéquation entre la réalité du terrain, de l’engagement et le droit français permet de limiter les difficultés pouvant être relevées lors d’une action menée par la force. Cependant, la meilleure protection dont ils bénéficient depuis 2007 ne les exonère pas de la possibilité de se retrouver devant la justice en cas de faute grave et de non respect du droit.

La responsabilité pénale du soldat

Pour que la responsabilité du militaire soit engagée il faut qu’une faute de nature pénale et non simplement une faute disciplinaire ait été commise. Les opérations extérieures actuellement sont de nature diverse. La France, qui envoie des troupes pour assurer des missions de sécurité, ne se trouve pas en « temps de guerre » mais bien en « temps de paix ». Elle signe des accords de défense prévoyant qu’en cas de poursuites pénales, les tribunaux de l’État français seront compétents pour y juger ses propres ressortissants. Dans le cadre d’une

14 « Quatre ex-militaires français poursuivis pour meurtre » in Le Monde, samedi 24 juillet 2010, p.6.

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intervention en tant que membre de l’Otan le même processus s’applique, portant le non de « status of forces agreement » (SOFA). La justice militaire est rendue sous le contrôle de la Cour de cassation en temps de paix et pour les infractions commises hors du territoire de la République par le tribunal aux armées de Paris (TAP) et, en cas d’appel, par la juridiction d’appel compétente, en faisant application en matière criminelle (…)15. Un projet de loi visant à supprimer le TAP et à transférer ses compétences à une juridiction spécialisée du tribunal de grande instance de Paris sera soumis prochainement à l’examen du parlement pour une effectivité prévue en 2011. Lors d’une audition de l’ancien chef d’état-major des armées Jean-Louis Georgelin, face aux réactions éventuelles d’inquiétude s’agissant de la reconnaissance de la spécificité militaire, celui-ci a affirmé que les dispositions générales du code de justice militaire16 et du code de la défense restant inchangées, la spécificité militaire sera préservée. L’ancien ministre de la défense, Hervé Morin, a également souhaité que le contexte des opérations extérieures et la complexité liée aux engagements dans le cadre du droit des conflits armés soit pris en considération et surtout préservé. Il a indiqué également que « cette réforme va mettre fin à une particularité qui n’avait plus aucun sens aujourd’hui »17.

« Trois éléments illustrent cette volonté : - l'existence d'une formation spécialisée unique au sein du TGI de Paris ; - le maintien de l'avis consultatif préalable du ministre de la défense avant toute poursuite pénale (hors cas de flagrance) ; - la confirmation de l'exception procédurale selon laquelle il est impossible, pour la victime d'une infraction commise par un militaire, de faire citer directement ce militaire devant une juridiction de jugement »18.

Le tribunal compte une vingtaine d’instructions en cours dont les plaintes des familles de victimes de l’embuscade d’Uzbin en août 2008, les bombardements de Bouaké en 2004 et la responsabilité de l’armée française dans les événements du Rwanda. L’État reste tenu de protéger les militaires contre les menaces et attaques dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions et de réparer le préjudice qui en est résulté19. Il est également tenu d’accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l’objet de poursuites pénales à l’occasion des faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle 20.

15 Article LI al.1er, titre préliminaire du code de justice militaire. Modifié par Loi 2007-289 2007-03-05 art. 2 1° JORF 6 mars 2007 en vigueur le 12 mai 2007 16 « Audition du général d’armées, Jean-Louis Georgelin, chef d’état major des armées, sur la situation en opérations extérieures », consultable sur le site armees.com : http://www.armees.com/info/articles/analyses/Audition-du-general-d-armee-Jean.html, publié le 21 février 2010, [consulté le 7/02/11]. 17 Secrétariat général pour l’administration, direction des affaires juridiques, « Transfert des compétences du tribunal aux armées de Paris à une formation spécialisée du TGI de Paris », consultable en ligne : http://www.defense.gouv.fr/sga/rubrique-actualites/transfert-des-competences-du-tribunal-aux-armees-de-paris-a-une-formation-specialisee-du-tgi-de-paris/(language)/fre-FR, mise à jour le 26 juin 2010, [consulté le 4/02/11]. 18 Idem 19 Article 15 al.2 du statut général du militaire. 20 Article 15 al. 4 du statut général du militaire

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Toutefois, le nombre d’affaires jugées (crimes et délits commis par les militaires à l’étranger) au TAP reste assez limité. « Sur 1600 affaires par procureur que traite le tribunal par an contre 4000 en moyenne par procureur pour un tribunal classique, 1300 sont classées sans suite. 90 % d'entre elles relèvent du droit commun »21. Un militaire auteur d’une infraction de nature pénale reste seul responsable de ses actes. La faute pénale est toujours individuelle dans sa condamnation. En revanche, si la faute n’est pas dénuée de lien avec le service elle peut entraîner la responsabilité pécuniaire de l’État. Tout se joue sur l’interprétation du lien avec le service. Si la faute est commise pendant le service mais sans lien avec celui-ci, la responsabilité pécuniaire de l’État peut être recherchée. Cette faute pénale peut également être intentionnelle, c’est-à-dire qu’elle doit être caractéristique d’une volonté de commettre un acte illicite. Ainsi les cas d’intervention en légitime défense ou en état de nécessité ne sont pas punissables. Ceci est donc apprécié selon le contexte et la situation particulière dans laquelle se trouve le soldat. Il faut que cette illégalité paraisse évidente. En cas de doute, le soldat peut toujours demander un ordre écrit pour avoir la certitude de la légalité de son action. Mais la possibilité d’utiliser une telle procédure reste exceptionnelle remettant en cause le lien de confiance entre le chef et son subordonné et pouvant parasiter la mission en créant de nombreuses inerties. Le militaire français a pris conscience de l’importance du droit dans sa mission. C’est un aspect qui ne peut plus être évité dans les opérations, et avec lequel les forces armées doivent composer. Bien qu’il soit difficile de connaître et appliquer l’ensemble des dispositions, le rôle du conseiller juridique appelé communément LEGAD (legal adviser) soutient le commandement dans ses prises de décisions et forme également au droit opérationnel. Les différentes directions spécialisées en droit des conflits armés sont également présentes pour apporter leurs expertises. Il est indispensable de remplacer la méfiance de certains militaires vis-à-vis du droit par une meilleure connaissance de celui-ci, ce qui représente un effort constant des professionnels du droit opérationnel.

21 21 Samantha LILLE, « Le tribunal aux armées de Paris : mode d’emploi », consultable en ligne : http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles2/le-tribunal-aux-armees-de-paris-mode-d-emploi, mise à jour le 23 juillet 2010, [consulté le 02/02/11].

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13. Code de justice militaire - 2018

Article L1 Modifié par Loi 2007-289 2007-03-05 art. 2 1° JORF 6 mars 2007 en vigueur le 12 mai 2007 La justice militaire est rendue au nom du peuple français sous le contrôle de la Cour de cassation : 1° En temps de paix et pour les infractions commises hors du territoire de la République, par le tribunal aux armées et, en cas d'appel, par la juridiction d'appel compétente, en faisant application en matière criminelle du deuxième alinéa de l'article L. 221-2 ; 2° En temps de guerre, par des tribunaux territoriaux des forces armées et par des tribunaux militaires aux armées ; 3° Lorsqu'ils sont établis dans les conditions prévues par le présent code, par les tribunaux prévôtaux.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

Article L2 En temps de paix, les infractions commises par les militaires sur le territoire de la République relèvent des juridictions de droit commun lorsqu'elles sont commises hors service et des juridictions de droit commun spécialisées en matière militaire lorsqu'elles sont commises en service.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

Article L3 En temps de paix, les infractions de la compétence du tribunal aux armées sont poursuivies, instruites et jugées selon les dispositions du code de procédure pénale, sous réserve des dispositions particulières édictées par les articles 698-1 à 698-9 de ce code et de celles édictées par le présent code. Les attributions conférées par le code de procédure pénale au juge d'instruction, au procureur de la République, au président du tribunal et au président de la cour d'assises sont exercées respectivement par le juge d'instruction du tribunal aux armées, le procureur de la République près le tribunal aux armées et le président du tribunal aux armées. Le procureur général exerce vis-à-vis du tribunal aux armées les attributions qui lui sont dévolues par le code de procédure pénale à l'égard des juridictions de droit commun. En temps de guerre, les infractions de la compétence des tribunaux territoriaux des forces armées et des tribunaux militaires aux armées sont poursuivies, instruites et jugées selon les règles du présent code.

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Article L4 Le présent code est applicable sur le territoire de la République et hors de ce territoire dans les cas et situations qu'il prévoit.

NOTA : Ordonnance n° 2006-637 du 1er juin 2006 art. 4 : La présente ordonnance entre en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d'Etat portant partie réglementaire du code de justice militaire. La partie réglementaire a été publiée par le décret n° 2007-759 du 10 mai 2007 dans le Journal officiel du 11 mai 2007.

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14. Une première approche de la spécificité militaire - 2016

Par le général de division (2s) Henri Paris Dans un Etat de droit, il est indispensable que le militaire de métier, le soldat, soit totalement intégré à la société nationale dont il fait partie et qu’il sert en assurant sa défense. Tout naturellement, le métier des armes entraîne une spécificité, ce qui ne signifie pas un monde à part ou une mentalité cultivant un élitisme particulier. Cette question est cruciale, car il en va de la démocratie qui ne peut s’accorder avec un régime s’apparentant à une dictature militaire. Il en est ainsi en France et dans la majorité des pays industrialisés développés relevant de l’Occident. Un soldat peut donc, en France, être défini comme un fonctionnaire appartenant à la fonction publique nationale, ce qui est exact sans nuance quant à sa rémunération. Pourtant, le soldat se distingue de ses collègues fonctionnaires par une série de traits, des particularités qui, entre autres, rendent exceptionnel le passage à un office dépendant d’un autre ministère que celui de la Défense. La question qui se pose alors est de définir si ces singularités caractérisent le soldat au point qu’existe une spécificité proprement militaire. Autre problème, cette spécificité, au cas où elle existerait, exige-t-elle du soldat, étant amené à quitter son état au profit d’une fonction civile, une reconversion complète ? Et la réciproque est-elle vraie, s’agissant d’un civil souhaitant rejoindre les armées d’une manière générale ? Si ces deux dernières questions s’avéraient effectives, elles viendraient corroborer la réalité du concept d’une spécificité militaire. A première vue, selon une appréciation facilement commune, un militaire se reconnaît à son habillement. Il porte un uniforme avec des marques distinctives voyantes qui définissent son arme et son grade. En dehors de toute question de parade, cet uniforme est inhérent à la fonction afin que dans la masse, tout un chacun puisse déterminer le grade et l’arme qui correspondent à une fonction ainsi qu’à un degré de responsabilité et de compétence. Cet uniforme a, de plus, une destination pratique qui lui permet d’assumer son métier dans les meilleures conditions matérielles, notamment en opérations. Les militaires ne sont pas les seuls à être dotés d’un uniforme. Bien d’autres agents de l’Etat, et même dans l’ordre civil, en sont dotés, bien que l’usage s’en perde avec le temps. Cependant, dans les armées, le port d’un uniforme est indispensable, ne serait-ce qu’en campagne, afin de distinguer l’ami de l’ennemi. Enfin, la Convention de Genève exige du combattant le port de marques distinctives pour bénéficier du statut de belligérant avec les protections et privilèges qui s’attachent à cet état. Par ailleurs, l’uniforme des militaires se distingue facilement de celui des policiers et d’autres. Cependant, même en civil, un soldat se discerne quelque peu par son attitude et son comportement, certes plus difficilement, mais quand même, et aussi par son aspect général : coupe de cheveux, allure sportive. Il conserve parfois une attitude un peu raide, un comportement plus tranché. Il conserve assez souvent des expressions importées du langage

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militaire. En revanche, quel que soit le grade atteint, il détient le sens de valeurs communément partagées dont il professe le culte : l’honneur, la loyauté et le respect de la parole donnée, ce qui transparaît autant dans ses propos que dans son action, ce qui lui donne son prix lorsqu’il embrasse une profession civile. Lorsqu’il a atteint des postes de responsabilité importante, le soldat, alors officier supérieur, mieux encore, officier général, se caractérise par une vaste culture générale, au-delà de la norme commune. Il n’est pas le seul dans ce cas, bien des civils en sont au même niveau, mais dans l’ensemble, l’officier supérieur ou général se détermine par ce point par rapport au monde civil, tout en n’étant pas le seul à se distinguer par ce point, loin de là. S’il n’a pas le monopole du patriotisme, loin de là, le soldat n’en est jamais dénué. Ce patriotisme le conduit à avoir toujours le bien commun présent à l’esprit. Ce sens du bien commun, très naturellement, conduit le soldat à cultiver un esprit de camaraderie particulièrement développé, beaucoup plus développé que dans n’importe quel milieu civil. L’ensemble additionné de ces caractéristiques ne constituent pas totalement l’exclusivité militaire : elles sont néanmoins plus partagées au sein de la communauté militaire, au contraire de toute communauté civile. Pourtant, ce qui tranche spécifiquement les soldats des civils, la communauté militaire du monde civil, en en faisant une entité sociale spécifiquement distincte, est le statut juridique et légal particulier des soldats. Il ne saurait être question d‘établir une analyse comparée des différents statuts qui régissent la fonction publique dans son ensemble pour faire ressortir les particularités du statut des militaires. L’examen se bornera à quelques caractéristiques particulièrement tranchées. La première particularité du métier des armes est le problème de la mort. Ce métier implique l’acceptation du risque d’être tué ou blessé au combat. Ce risque accepté est inhérent à ce métier des armes, de même que le devoir de porter la mort dans les rangs adverses, en fonction des circonstances du conflit. Le métier des armes est le seul à faire de la capacité et de la licéité légale à tuer un devoir dont les limites sont prévues par les lois et les règlements, mais avec une appréciation inévitablement laissée à l’entendement du soldat dans les circonstances de la lutte. Sa responsabilité est énorme. Ce point est central dans la spécificité militaire, car – cela vaut d’être répété – le soldat ne partage avec aucun autre une telle responsabilité. D’autres métiers sont périlleux au point de faire courir le risque d’être tué : celui de policier notamment ou de pompier. Cependant, le risque, là, s’assimile à un accident, et relève des tribunaux pour l’auteur, en ce qui concerne les policiers, avec la clause impérative de la légitime défense. A la totale différence du soldat pour lequel la mort sur le champ de bataille est un article commun ! Le statut général des militaires fixe qu’ils sont en disponibilité permanente, ce qu’implique la disponibilité opérationnelle. Cet aspect est primordial et caractérise le soldat car il ne le partage pas. Aucun autre métier n’exige une disponibilité totale dans tous les sens du terme. Cette particularité tombe sous le sens, mais elle est un trait spécifique. C’est ainsi que le droit de grève ne s’applique pas aux militaires, quels qu’en soient les motifs et les circonstances, à la différence des fonctionnaires, entre autres ceux relevant du ministère de l’Intérieur pour qui s’applique également la même interdiction, mais à qui il arrive de la tourner, sans qu’il y

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ait sanction, tandis que la question ne s’est jamais posée au ministère de la Défense. L’interdiction du droit de grève découle d’une logique évidente, mais le devoir de disponibilité s’applique également à un droit moins commun, celui du retrait. En effet, le code du travail établit que quand un salarié a « un motif raisonnable de penser qu’il se trouve en situation de danger grave et imminent pour sa santé ou sa vie », il peut se soustraire à son travail pour se mettre en sécurité. En août 1975, une unité des Compagnies républicaines de sécurité, appartenant à la Police nationale donc, s’est prévalue de ce droit de retrait, face à des indépendantistes corses sous la direction d‘Edmond Simeoni. Ils défendaient une cave viticole à Aléria en mettant en œuvre un armement de guerre dont un fusil-mitrailleur. Pour réduire cette résistance, il a fallu engager une unité de la Gendarmerie nationale qui, à l’époque, relevait encore du ministère de la Défense et non de l’Intérieur, mais surtout était sous statut militaire. Deux gendarmes mobiles seront d’ailleurs tués. Jusqu’en 2014, les militaires n’avaient pas le droit d’adhérer à une association professionnelle de défense de leurs intérêts. Le droit de syndicalisation leur était interdit. Une réforme intervient pour faire suite à des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. En découle un nouveau statut des militaires, mais amené à prendre inévitablement en compte les spécificités de l’état militaire. La disponibilité des militaires ne peut être que totale, dans ce nouveau cas de figure. A remarquer que la haute hiérarchie politique et militaire a bien eu tort de procrastiner sur cette question ! Il fallait la prendre à bras le corps, sans attendre l’arrêt de la Cour de Strasbourg ! Il arrive inéluctablement que les militaires quittent le service des armes. Les raisons sont multiples : soit que le contrat du militaire arrive à expiration, soit qu’il en soit de même pour son engagement, soit plus simplement qu’il y ait départ à la retraite… Le soldat quitte alors le service des armes à un âge plus précoce que dans n’importe quel département civil, dans la majeure partie des cas. Soit qu’il le veuille, soit qu’il y soit obligé, faute de ressources, le militaire recherche un emploi civil. Un stage de reconversion s’impose, que la Défense prend en charge. Il y a bien des exceptions, mais elles sont rares. Il s’agit fréquemment des mécaniciens des trois armées et de personnel issu de l’administration centrale ou des services communs que les employeurs s’arrachent. Mais il s’agit d’une minorité. Ce stage de reconversion n’est pas une exclusivité des militaires, mais sa nécessité absolue contribue à renforcer le concept de spécificité de l’état de soldat. La Défense prouve son excellence dans la formation du personnel. Mais encore une fois, il s’agit d’une minorité. Dans la majeure partie des cas, les connaissances acquises dans le service des armes ne sont pas transposables dans le monde civil, en dehors des qualités morales. C’est pourquoi, un travail de reconversion est une nécessité absolue. La réciproque est tout aussi vraie, en ce sens qu’un civil ne peut devenir soldat opérationnel qu’après une période d’instruction. Un engagement ne suffit pas ! La période des gros bataillons de volontaires de la Révolution est définitivement close, comme celle de 1914-1918 avec des troupes peu ou pas instruites, autrement que sur le tas et à la va-vite. Il y a alors même lieu de s’interroger sur le bien-fondé de l’administration des forces par de hauts fonctionnaires civils. Est-il possible d’administrer correctement une catégorie d’individus sans avoir un minimum de connaissance expérimentale de leur métier ? Il serait aussi plus simple de réaliser entièrement l’administration des forces par des militaires. De toutes les manières, si l’on maintient une mutation de hauts fonctionnaires civils vers

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l’administration des armées, il convient d’organiser une osmose sous forme de mutation d’officiers supérieurs et généraux à destination de ministères civils. La mesure amènera l’extinction d’un autre problème qui, autrement, sera inévitablement relayé par des associations professionnelles de militaires, dès lors qu’elles deviendront licites, à savoir la réciprocité dès qu’est engagée, de près ou de loin, une responsabilité militaire. Il existe une spécificité du métier des armes qui rejaillit sur le soldat. C’est un fait irréfragable, consubstantiel à l’existence des armées. Elle paraît parfois étonnante au monde civil qui, faute de l’assimiler, s’agace à son encontre, mais, à la réflexion, doit s’incliner devant l’existence de ce phénomène social. Cette spécificité militaire peut se révéler bénéfique en ce sens qu’elle amène le soldat à s’interroger sur sa finalité et surtout sur sa responsabilité intrinsèque. Cela doit aussi conduire le soldat à être fier de la confiance que met la nation en lui, en lui confiant ses armes. Elle peut se révéler nocive par des dérives successives qui engendrent la création d’une caste. A ce moment, il y a naissance d’un Etat dans l’Etat, mettant en péril les institutions républicaines. Il appartient aux plus hautes autorités de l’Etat – civiles et militaires – de veiller à une intégration correcte de la spécificité militaire dans l’ordonnancement de la Nation et de l’Etat.

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15. Mort de Rémi Fraisse : la justice rend un non-lieu en faveur du gendarme - 2018

Le non-lieu concerne le gendarme ayant lancé la grenade qui a tué le militant écologiste de 21 ans le 26 octobre 2014 sur le chantier du barrage de Sivens. Source AFP Modifié le 09/01/2018 à 18:22 - Publié le 09/01/2018 à 15:53 | Le Point.fr

Le jeune homme est mort en 2014. © citizenside.com Les juges d'instruction enquêtant sur la mort de Rémi Fraise en 2014 à Sivens (Tarn) ont délivré, mardi, une ordonnance de non-lieu en faveur du gendarme ayant tiré la grenade qui a tué le militant écologiste, a indiqué le parquet de Toulouse, confirmant une information de Mediapart. « L'ordonnance de non-lieu était inévitable, car personne n'avait été mis en examen [dans cette affaire], donc ce n'est pas réellement une surprise », a indiqué l'avocat du gendarme, Me Jean Tamalet. « Par ailleurs, le réquisitoire définitif [du parquet de Toulouse] réclamait un non-lieu en insistant sur les fruits de l'instruction qui concluaient à un épouvantable accident », a-t-il ajouté à l'Agence France-Presse. « Le procureur rappelait qu'il y avait eu une instruction fouillée, de nombreuses expertises, et que l'emploi de la force avait été proportionné à la situation », et que celui de « la grenade correspondait à l'application des textes » alors en vigueur, a poursuivi Me Tamalet. Rémi Fraisse, âgé de 21 ans, avait succombé à l'explosion d'une grenade tirée par un gendarme lors d'affrontements sur le chantier de la retenue d'eau controversée de Sivens, le 26 octobre 2014. Trois semaines après la mort du militant écologiste, le gouvernement avait annoncé l'interdiction des grenades offensives à l'origine de ce décès, après avoir suspendu leur utilisation. Selon le réquisitoire définitif du parquet, cité par l'avocat, le gendarme n'a commis aucune faute et à aucun moment il n'a « visé qui que ce soit ». « Mon client est

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soulagé, même s'il continue à vivre avec ce drame », a souligné Me Tamalet. Avec cette décision, « il va pouvoir continuer à se reconstruire ». « Justice aux ordres » « On s'y attendait. Tout a été fait par les juges et le parquet pour une instruction à décharge des gendarmes », a lancé Jean-Pierre Fraisse. Selon lui, « de toute façon, la décision a été prise à un haut niveau. La justice est aux ordres, point barre. » « La raison d'État de deux gouvernements successifs a prévalu, alors qu'il n'y avait aucune raison puisqu'il y a mort d'homme. La raison d'État ne gouverne pas la justice. Si la France n'est pas capable de faire toute la vérité alors qu'il y a mort d'homme, dans quel pays vivons-nous ? » s'est-il insurgé. L'avocate de la famille Fraisse a annoncé qu'elle interjetait appel du non-lieu. « La décision des juges est susceptible d'appel. Nous allons faire appel ! » a affirmé Me Claire Dujardin, soulignant qu'elle était décidée à aller « au bout » de la procédure en France, mais qu'elle ne se « fait pas d'illusion ». « On sait déjà comment ça va se passer », a-t-elle ajouté, rappelant dans un communiqué que ses « demandes d'acte ont toutes été refusées : absence de reconstitution, d'appel à témoins, d'auditions du préfet du Tarn » ... « Toute personne qui sait lire verra dans le dossier les incohérences, les zones à exploiter, les manquements dans les responsabilités de l'autorité civile. Toute personne découvrira aussi, les contradictions dans les auditions des gendarmes... Les juges ne s'en sont pas saisis ! » a-t-elle déploré. L'avocate est prête à porter « les faits devant la Cour européenne des droits de l'homme » et à demander « que la responsabilité de l'État soit engagée ». « Calme, pondéré et pacifique » En mars 2016, le maréchal des logis J. avait été entendu en tant que témoin assisté et n'avait pas été poursuivi. Un rapport de l'Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) l'avait déjà blanchi en décembre 2014, estimant que les avertissements nécessaires avaient été effectués avant le tir de la grenade. Dans ses réquisitions, le parquet avait, lui aussi, estimé que le gendarme avait « effectué dans des conditions d'absolue nécessité et de stricte proportionnalité un lancer de grenade OF-F1 alors que des violences ou des voies de fait étaient exercées contre des officiers et des sous-officiers de gendarmerie et qu'il ne pouvait défendre autrement le terrain qu'il occupait, lui et les militaires de son groupe ». Le parquet de Toulouse était aussi revenu dans ses réquisitions sur la personnalité de Rémi Fraisse : « Un jeune homme totalement intégré, calme, pondéré et pacifique. » « Rien dans son parcours, bien au contraire, ne met en exergue une quelconque agressivité ou acte de violence à l'encontre des institutions ou représentants des forces de l'ordre », avait-il souligné. Le projet de barrage a depuis été abandonné, mais un autre, réduit de moitié, est à l'étude. Les zadistes qui occupaient le site en ont été délogés le 6 mars 2015.

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16. Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale - 2014

Le code de déontologie de la police et de la gendarmerie nationales est codifié au livre IV, titre 3, chapitre 4 de la partie réglementaire du code de la sécurité intérieure. Il entre en vigueur le 1er janvier 2014. Article R. 434-2 - Cadre général de l'action de la police nationale et de la gendarmerie nationale Placées sous l’autorité du ministre de l’intérieur pour l'accomplissement des missions de sécurité intérieure et agissant dans le respect des règles du code de procédure pénale en matière judiciaire, la police nationale et la gendarmerie nationale ont pour mission d'assurer la défense des institutions et des intérêts nationaux, le respect des lois, le maintien de la paix et de l'ordre publics, la protection des personnes et des biens. Au service des institutions républicaines et de la population, policiers et gendarmes exercent leurs fonctions avec loyauté, sens de l’honneur et dévouement. Dans l’accomplissement de leurs missions de sécurité intérieure, la police nationale, force à statut civil, et la gendarmerie nationale, force armée, sont soumises à des règles déontologiques communes et à des règles propres à chacune d’elles. Ces dernières sont précisées au titre III du présent décret. Article R. 434-3 – Nature du code de déontologie et champ d’application I. - Les règles déontologiques énoncées par le présent code procèdent de la Constitution, des traités internationaux, notamment de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, des principes généraux du droit, et des lois et règlements de la République. Elles définissent les devoirs qui incombent aux policiers et aux gendarmes dans l’exercice de leurs missions de sécurité intérieure pendant ou en dehors du service et s’appliquent sans préjudice des règles statutaires et autres obligations auxquelles ils sont respectivement soumis. Elles font l’objet d’une formation, initiale et continue, dispensée aux policiers et aux gendarmes pour leur permettre d’exercer leurs fonctions de manière irréprochable. II. - Pour l’application du présent code, le terme « policier » désigne tous les personnels actifs de la police nationale, ainsi que les personnels exerçant dans un service de la police nationale ou dans un établissement public concourant à ses missions et le terme « gendarme » désigne les officiers et sous-officiers de la gendarmerie, ainsi que les gendarmes adjoints volontaires.

TITRE PREMIER PRINCIPES GÉNÉRAUX

CHAPITRE IER

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AUTORITÉ ET PROTECTION Article R. 434-4 – Principe hiérarchique I. - L’autorité investie du pouvoir hiérarchique prend des décisions, donne des ordres et les fait appliquer. Elle veille à ce que ses instructions soient précises et apporte à ceux qui sont chargés de les exécuter toutes informations pertinentes nécessaires à leur compréhension. L’autorité hiérarchique assume la responsabilité des ordres donnés. Ordres et instructions parviennent à leurs destinataires par la voie hiérarchique. Si l’urgence impose une transmission directe, la hiérarchie intermédiaire en est informée sans délai. II. - Le policier ou le gendarme porte sans délai à la connaissance de l’autorité hiérarchique tout fait survenu à l’occasion ou en dehors du service, ayant entraîné ou susceptible d’entraîner sa convocation par une autorité de police, juridictionnelle, ou de contrôle. Article R. 434-5 – Obéissance I. - Le policier ou le gendarme exécute loyalement et fidèlement les instructions et obéit de même aux ordres qu’il reçoit de l’autorité investie du pouvoir hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. S’il pense être confronté à un tel ordre, il fait part de ses objections à l’autorité qui le lui a donné, ou, à défaut, à la première autorité qu'il a la possibilité de joindre, en mentionnant expressément le caractère d’illégalité manifeste qu’il lui attribue. Si, malgré ses objections, l'ordre est maintenu, il peut en demander la confirmation écrite lorsque les circonstances le permettent. Il a droit à ce qu’il soit pris acte de son opposition. Même si le policier ou le gendarme reçoit la confirmation écrite demandée et s’il exécute l’ordre, l’ordre écrit ne l’exonère pas de sa responsabilité. L’invocation à tort d’un motif d’illégalité manifeste pour ne pas exécuter un ordre régulièrement donné expose le subordonné à ce que sa responsabilité soit engagée. Dans l’exécution d’un ordre, la responsabilité du subordonné n'exonère pas l’auteur de l'ordre de sa propre responsabilité. II. - Le policier ou le gendarme rend compte à l'autorité investie du pouvoir hiérarchique de l’exécution des ordres reçus ou, le cas échéant, des raisons de leur inexécution. Dans les actes qu'il rédige, les faits ou événements sont relatés avec fidélité et précision. Article R. 434-6 – Obligations incombant à l'autorité hiérarchique I. - Le supérieur hiérarchique veille en permanence à la préservation de l’intégrité physique de ses subordonnés. Il veille aussi à leur santé physique et mentale. Il s’assure de la bonne condition de ses subordonnés. II. - L'autorité investie du pouvoir hiérarchique conçoit et met en œuvre au profit des personnels une formation adaptée, en particulier dans les domaines touchant au respect de l'intégrité physique et de la dignité des personnes ainsi qu'aux libertés publiques. Cette formation est régulièrement mise à jour pour tenir compte des évolutions affectant l'exercice des missions de police administrative et judiciaire. Article R. 434-7 - Protection fonctionnelle L'État défend le policier ou le gendarme, ainsi que, dans les conditions et limites fixées par la loi, ses proches, contre les attaques, menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations et outrages dont il peut être victime dans l’exercice ou du fait de ses fonctions.

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L'État accorde au policier ou au gendarme sa protection juridique en cas de poursuites judiciaires liées à des faits qui n’ont pas le caractère d’une faute personnelle. Il l’assiste et l’accompagne dans les démarches relatives à sa défense.

CHAPITRE II DEVOIRS DU POLICIER ET DU GENDARME Article R. 434-8 - Secret et discrétion professionnels Soumis aux obligations du secret professionnel et au devoir de discrétion, le policier ou le gendarme s’abstient de divulguer à quiconque n’a ni le droit, ni le besoin d’en connaître, sous quelque forme que ce soit, les informations dont il a connaissance dans l’exercice ou au titre de ses fonctions. Article R. 434-9 – Probité Le policier ou le gendarme exerce ses fonctions avec probité. Il ne se prévaut pas de sa qualité pour en tirer un avantage personnel et n’utilise pas à des fins étrangères à sa mission les informations dont il a connaissance dans le cadre de ses fonctions. Il n’accepte aucun avantage ni aucun présent directement ou indirectement lié à ses fonctions ou qu’il se verrait proposer au motif, réel ou supposé, d’une décision prise ou dans l’espoir d’une décision à prendre. Il n’accorde aucun avantage pour des raisons d’ordre privé. Article R. 434-10 - Discernement Le policier ou le gendarme fait, dans l'exercice de ses fonctions, preuve de discernement. Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter. Article R. 434-11 - Impartialité Le policier et le gendarme accomplissent leurs missions en toute impartialité. Ils accordent la même attention et le même respect à toute personne et n’établissent aucune distinction dans leurs actes et leurs propos de nature à constituer l’une des discriminations énoncées à l'article 225-1 du code pénal. Article R. 434-12 - Crédit et renom de la police nationale et de la gendarmerie nationale Le policier ou le gendarme ne se départ de sa dignité en aucune circonstance. En tout temps, dans ou en dehors du service, y compris lorsqu'il s'exprime à travers les réseaux de communication électronique sociaux, il s’abstient de tout acte, propos ou comportement de nature à nuire à la considération portée à la police nationale et à la gendarmerie nationale. Il veille à ne porter, par la nature de ses relations, aucune atteinte à leur crédit ou à leur réputation. Article R. 434-13 - Non cumul d'activité Le policier ou le gendarme se consacre à sa mission. Il ne peut exercer une activité privée lucrative que dans les cas et les conditions définis pour chacun d’eux par les lois et règlements.

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TITRE II DISPOSITIONS COMMUNES À LA POLICE NATIONALE ET A LA GENDARMERIE NATIONALE

CHAPITRE IER RELATION AVEC LA POPULATION ET RESPECT DES LIBERTÉS Article R. 434-14 - Relation avec la population Le policier ou le gendarme est au service de la population. Sa relation avec celle-ci est empreinte de courtoisie et requiert l’usage du vouvoiement. Respectueux de la dignité des personnes, il veille à se comporter en toute circonstance d’une manière exemplaire, propre à inspirer en retour respect et considération. Article R. 434-15 - Port de la tenue Le policier ou le gendarme exerce ses fonctions en uniforme. Il peut être dérogé à ce principe selon les règles propres à chaque force. Sauf exception justifiée par le service auquel il appartient ou la nature des missions qui lui sont confiées, il se conforme aux prescriptions relatives à son identification individuelle. Article R. 434-16 – Contrôles d'identité Lorsque la loi l’autorise à procéder à un contrôle d’identité, le policier ou le gendarme ne se fonde sur aucune caractéristique physique ou aucun signe distinctif pour déterminer les personnes à contrôler, sauf s’il dispose d’un signalement précis motivant le contrôle. Le contrôle d'identité se déroule sans qu’il soit porté atteinte à la dignité de la personne qui en fait l'objet. La palpation de sécurité est exclusivement une mesure de sûreté. Elle ne revêt pas un caractère systématique. Elle est réservée aux cas dans lesquels elle apparaît nécessaire à la garantie de la sécurité du policier ou du gendarme qui l’accomplit ou de celle d’autrui. Elle a pour finalité de vérifier que la personne contrôlée n’est pas porteuse d’un objet dangereux pour elle-même ou pour autrui. Chaque fois que les circonstances le permettent, la palpation de sécurité est pratiquée à l’abri du regard du public. Article R. 434-17 - Protection et respect des personnes privées de liberté Toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers ou des gendarmes et préservée de toute forme de violence et de tout traitement inhumain ou dégradant. Nul ne peut être intégralement dévêtu, hors le cas et dans les conditions prévus par l’article 63-7 du code de procédure pénale visant la recherche des preuves d'un crime ou d'un délit. Le policier ou le gendarme ayant la garde d’une personne appréhendée est attentif à son état physique et psychologique et prend toutes les mesures possibles pour préserver la vie, la santé et la dignité de cette personne. L'utilisation du port des menottes ou des entraves n’est justifiée que lorsque la personne appréhendée est considérée soit comme dangereuse pour autrui ou pour elle-même, soit comme susceptible de tenter de s’enfuir.

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EDG 2018

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Article R. 434-18 – Emploi de la force Le policier ou le gendarme emploie la force dans le cadre fixé par la loi, seulement lorsque c’est nécessaire, et de façon proportionnée au but à atteindre ou à la gravité de la menace, selon le cas. Il ne fait usage des armes qu’en cas d’absolue nécessité et dans le cadre des dispositions législatives applicables à son propre statut. Article R. 434-19 – Assistance aux personnes Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger. Article R. 434-20 – Aide aux victimes Sans se départir de son impartialité, le policier ou le gendarme accorde une attention particulière aux victimes et veille à la qualité de leur prise en charge tout au long de la procédure les concernant. Il garantit la confidentialité de leurs propos et déclarations. Article R. 434-21 - Usage des traitements de données à caractère personnel Sans préjudice des exigences liées à l’accomplissement de sa mission, le policier ou le gendarme respecte et préserve la vie privée des personnes, notamment lors d’enquêtes administratives ou judiciaires. A ce titre, il se conforme aux dispositions législatives et réglementaires qui régissent la création et l'utilisation des traitements de données à caractère personnel. Il alimente et consulte les fichiers auxquels il a accès dans le strict respect des finalités et des règles propres à chacun d’entre eux, telles qu’elles sont définies par les textes les régissant, et qu’il est tenu de connaître. Article R. 434-22 - Traitement des sources humaines A l’occasion de la recherche des renseignements nécessaires à ses missions, le policier ou le gendarme peut avoir recours à des informateurs. Dans ce cas, il est tenu d’appliquer les règles d'exécution du service définies en la matière pour chacune des deux forces.

CHAPITRE II CONTROLE DE L’ACTION DE LA POLICE ET DE LA GENDARMERIE Article R. 434-23 – Principes du contrôle La police nationale et la gendarmerie nationale sont soumises au contrôle des autorités désignées par la loi et par les conventions internationales. Dans l’exercice de leurs missions judiciaires, la police nationale et la gendarmerie nationale sont soumises au contrôle de l’autorité judiciaire conformément aux dispositions du code de procédure pénale. Article R. 434-24 - Défenseur des droits La police nationale et la gendarmerie nationale sont soumises au contrôle du Défenseur des droits conformément au rôle que lui confère l’article 71-1 de la Constitution.

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EDG 2018

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L’exercice par le Défenseur des droits de ce contrôle peut le conduire à saisir l'autorité chargée d'engager les poursuites disciplinaires des faits portés à sa connaissance qui lui paraissent de nature à justifier une sanction. Lorsqu’il y est invité par le Défenseur des droits, le policier ou le gendarme lui communique les informations et pièces que celui-ci juge utiles à l'exercice de sa mission. Il défère à ses convocations et peut à cette occasion être assisté de la personne de son choix. Article R. 434-25 – Contrôle hiérarchique et des inspections L'autorité investie du pouvoir hiérarchique contrôle l'action de ses subordonnés. Le policier ou le gendarme est également soumis au contrôle d’une ou de plusieurs inspections générales compétentes à l’égard du service auquel il appartient. Sans préjudice des règles propres à la procédure disciplinaire et des droits dont le policier ou le gendarme bénéficie en cas de mise en cause personnelle, il facilite en toute circonstance le déroulement des opérations de contrôle et d’inspection auxquelles il est soumis. Article R. 434-26 – Contrôle des pairs Les policiers et gendarmes de tous grades auxquels s’applique le présent code en sont dépositaires. Ils veillent à titre individuel et collectif à son respect. Article R. 434-27 – Sanction des manquements déontologiques Tout manquement du policier ou du gendarme aux règles et principes définis par le présent code l’expose à une sanction disciplinaire en application des règles propres à son statut, indépendamment des sanctions pénales encourues le cas échéant.

TITRE III DISPOSITIONS PROPRES À LA POLICE NATIONALE OU À LA GENDARMERIE NATIONALE

CHAPITRE Ier DISPOSITIONS PROPRES À LA POLICE NATIONALE Article R. 434-28 – Considération, respect et devoir de mémoire La fonction de policier comporte des devoirs et implique des risques et des sujétions qui méritent le respect et la considération de tous. Gardien de la paix, éventuellement au péril de sa vie, le policier honore la mémoire de ceux qui ont péri dans l’exercice de missions de sécurité intérieure, victimes de leur devoir. Article R. 434-29 – Devoir de réserve Le policier est tenu à l’obligation de neutralité. Il s’abstient, dans l’exercice de ses fonctions, de toute expression ou manifestation de ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques. Lorsqu'il n'est pas en service, il s’exprime librement dans les limites imposées par le devoir de réserve et par la loyauté à l’égard des institutions de la République. Dans les mêmes limites, les représentants du personnel bénéficient, dans le cadre de leur mandat, d’une plus grande liberté d’expression. Article R. 434-30 - Disponibilité

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Le policier est disponible à tout moment pour les nécessités du service.

CHAPITRE II DISPOSITIONS PROPRES À LA GENDARMERIE NATIONALE Article R. 434-31 – L'état de militaire, le service de la Nation et le devoir de mémoire Le militaire de la gendarmerie obéit aux règles militaires et adhère aux valeurs inhérentes à son statut. L'état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. Les devoirs qu'il comporte et les sujétions qu'il implique méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation. Les honneurs militaires sont rendus aux militaires de la gendarmerie nationale victimes du devoir ou du seul fait de porter l'uniforme. Leur mémoire est honorée. Article R. 434-32 - Devoir de réserve Les militaires de la gendarmerie ne peuvent exprimer des opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques qu'en dehors du service et avec la réserve exigée par l'état militaire, conformément aux dispositions du code de la défense. Dans le cadre du dialogue interne mis en place au sein de l’institution militaire, ils disposent de différentes instances de représentation et de concertation dans lesquelles les membres s'expriment librement. Article R. 434-33 – Autres textes afférents à la déontologie des militaires de la gendarmerie nationale Le gendarme, soldat de la loi, est soumis aux devoirs et sujétions prévus par le statut général des militaires défini par le code de la défense, ainsi qu'aux sujétions spécifiques liées aux conditions de l'exercice du métier de militaire de la gendarmerie.

Fin du dossier

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Rédacteur Gal (2S) Jean-François DELOCHRE - © Maréchal un jour – 2018

SYNT

HESE

de D

OSS

IER – S

D1 20

18

Citoyenneté et civisme Vous êtes officier rédacteur affecté au bureau « personnel, moral et formation »

de l’état-major des armées. Votre chef de bureau doit participer dans 2 jours à

une réunion de la commission ARMEES-JEUNESSE portant sur le thème « citoyen-

neté et civisme »

Dans cette perspective, et pour se préparer à ce rendez-vous, il vous demande,

à partir du dossier joint et de vos connaissances personnelles, de rédiger pour H+3

heures une fiche de 900 mots ± 10% (soit de 810 à 990 mots)

Cette fiche fera le point sur la thématique générale de la citoyenneté et du ci-

visme. Elle abordera les principales orientations nationales et occidentales rete-

nues dans ces deux domaines et proposera des axes d’effort, nouveaux ou à con-

forter, à fixer pour manifester l’engagement de nos armées.

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1

RÈGLES DE RÉDACTION

Pour la rédaction de ce corrigé, les règles suivantes ont été privilégiées :

1. Le titre de la fiche est explicite : destinataire et objet y figurent sans ambiguïté dans

des formes cohérentes avec un travail d'état-major.

2. La réponse à la demande et le plan de la fiche (cf. 6 ci-dessous) tiennent compte, dans

leur forme, de la nature du document. La fiche d'état-major va ainsi à l'essentiel avec

un minimum de mots et dans un style simple pour favoriser la mémorisation.

3. Le contenu du dossier transparaît nettement dans la fiche et traduit une sélection de

données cohérente avec la demande, le niveau du demandeur et le cadre de son in-

tervention.

4. Les données personnelles complètent celles du dossier, voire se substituent à certaines

pour les actualiser. Elles auront, en règle générale, une place plus importante dans les

propositions.

5. Les propositions doivent être cohérentes avec le niveau de responsabilité et les attri-

butions du destinataire final de la fiche. En général, les propositions n’entrent pas dans

le détail des moyens à mettre en œuvre, mais fixent des objectifs à atteindre.

6. La forme de la fiche s'accommode mieux qu'en culture d'une présentation soulignant

la structure du document fourni (titres des parties notamment).

7. Les transitions sous forme de paragraphes isolés en fin de partie sont facultatives. Le

rédacteur pourra donc les maintenir s’il pense qu’elles facilitent le cheminement dans

son exposé.

8. L'ouverture, également facultative, en fin de fiche peut s'appuyer sur un élément se-

condaire du dossier non pris en compte explicitement dans la rédaction.

CORRIGÉ PROPOSÉ

Comprendre le sujet

Structure du libellé

La structure du sujet correspond à celle décrite dans les directives : « […] la rédaction d'une fiche d'état-major destinée à une autorité identifiée en préambule du dossier… Le sujet est proposé sous la forme d'une question simple. » Enfin, le sujet rappelle la contrainte de volume de 900 mots ± 10%.

Sens des mots1

On distingue en premier lieu les différences entre chapeau et question :

1. Le sujet présente un titre repris dans le libellé, titre qui distingue citoyenneté et civisme. Ces deux volets doivent être conservés à l’esprit (noter sur une feuille les éléments clefs à garder sous les yeux tout au long de la rédaction !)

1 Comme dans tout sujet (SD ou CUGE), cette analyse initiale est déterminante. Son absence et sa faiblesse sont

la cause de nombreuses dérives aux conséquences lourdes !

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2

2. Dans le chapeau vous avez la « mise en ambiance » et l’objectif final auquel concourt2 votre fiche. Ici, votre travail consiste à fournir une fiche à votre chef de bureau. Il n’y a pas d’ambi-guïté sur l’identité du destinataire.

3. Le sujet est d’actualité, et dépasse le seul champ de la défense. 4. La question porte sur une recherche d’amélioration d’un état de fait mis en évidence par un

constat.

Maintenant reprenons en détail la question posée :

« Dans cette perspective il vous demande, à partir du dossier joint et de vos connaissances person-nelles, de rédiger pour H+3 heures une fiche de 900 mots ± 10% (soit de 810 à 990 mots)

Cette fiche fera le point sur la thématique générale de la citoyenneté et du civisme. Elle abordera les principales orientations nationales et occidentales retenues dans ces deux domaines et proposera des axes d’effort, nouveaux ou à conforter, à fixer pour manifester l’engagement de nos armées. »

« …à partir du dossier joint et de vos connaissances personnelles » : « se servir de quelque chose comme d'un soutien intellectuel » (CNRTL). Le dossier va donc soutenir votre réflexion et votre analyse. Il va en orienter l’approche sans que son contenu soit la seule source d’information de votre travail.

« … faire un point… abordera… proposera ». Le sujet précise les 3 volets de la fiche. Chaque verbe oriente sur le contenu de la partie correspondante : préciser le périmètre de ces 2 sujets, faire une étude de différentes solutions existantes pour améliorer leur prise en compte, suggé-rer des orientations montrant l’implication des armées sur ces thèmes.

Les 3 parties suggérées portent sur des domaines différents : information générale (sans péri-mètre géographique défini), analyse portant sur l’Occident dont la France et enfin des proposi-tions relatives aux armées. Il conviendra de bien cibler le contenu de chaque partie pour ne pas risquer de hors-sujet même partiel

Cadrer et reformuler le sujet Le cadre d’intervention final est une réunion de la CAJ. Ses 92 membres couvrent un large panel :

- Associations et mouvements de jeunesse,

- Associations de cadres de réserves,

- Ministère des Armées,

- Ministères, Secrétariats d'état, Délégations interministérielles et grandes administrations,

- Syndicats (branches jeunes).

Il faut donc avoir en tête cette structure d’intervention pour bien cibler le contenu de la fiche, notam-

ment les propositions et la manière de les formuler.

Une fiche n’est pas un dossier, son contenu doit avant tout aider le destinataire à définir les points

majeurs à évoquer dans le cadre de son intervention. La demande fixe clairement 3 niveaux d’infor-

mation :

1. Définitions et constat ;

2. Situation de l’existant ;

2 Concentrez-vous donc bien sur l’objet et le destinataire de la « commande » qui vous est faite et ne vous lais-sez pas entraîner par des supputations sur un "besoin caché" !

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EDG 2018

3

3. Propositions concernant les Armées

Le respect de ces 3 niveaux d’information sera capital dans l’évaluation du travail produit.

Je dois donc définir un état (la citoyenneté) et un comportement (le civisme) et préciser comment ils

se vivent et se pratiquent aujourd’hui (en France ?) Par la suite je dois identifier les mesures mises

en œuvre, ou les lacunes constatées, dans ces deux domaines (France et Occident). Enfin je dois faire

des propositions pour développer des pratiques existantes ou nouvelles, au sein des Armées, ou mises

en œuvre par les Armées, ou auxquelles les Armées sont associées, concourant à développer prise de

conscience et comportement civiques.

Cette reformulation personnelle conclut les 00:20 premières minutes3 de réflexion sur le sujet.

Cette étape est trop souvent menée au pas de charge et conduit à des restrictions voire des contre-

sens sur la nature et le périmètre du sujet.

Si j’ai ici détaillé cette phase, c’est pour attirer votre attention sur la nécessité de consacrer suffisam-

ment de temps à l’analyse du sujet afin de ne pas s’enfermer dans un développement indigent de la

question posée !

Exploiter le dossier et ses idées personnelles Du fait du caractère de cette épreuve, fortement contrainte par le temps, il n’est pas envisageable de

se lancer dans un travail rigoureux d’analyse du contenu du dossier.

Il suffit de tirer des pièces fournies les éléments d’éclairage nécessaires pour obtenir une fiche « cré-

dible ».

Le contenu du tableau d’analyse se réduit à quelques prises de notes au fil des pièces (idées principales,

principes retenus, exemples et chiffres) afin de rendre le travail concret. S’y ajoutent, au gré du survol

du dossier les réflexions et idées personnelles qui (re)apparaissent.

On peut retenir pour le tableau un plan « standardisé » : CONSTAT et PROBLEMATIQUE – OPTIONS /

SOLUTIONS POSSIBLES ou EXISTANTES – PROPOSITIONS, qu’il convient simplement d’adapter plus pré-

cisément au sujet proposé comme cela a été fait ici.

On commence le travail d’analyse sur la base des 3 volets retenus pour la fiche et à partir du seul

sommaire du dossier. On répartit les pièces d’après leur titre dans les colonnes retenues. Certains

items peuvent se retrouver initialement dans plusieurs colonnes. Le tri se fera éventuellement plus

tard ! Puis on surligne les pièces les plus susceptibles d’apporter de la « matière » en termes d’idées

(en jaune). Certaines pièces pourront servir de simples exemples (en vert) quand leur titre est explicite

(exemple ici la pièce 8 ou encore la 16). Enfin, on identifie les pièces « floues » (en orange), celles dont

on n’imagine pas le contenu.

Le tableau qui suit regroupe de manière réaliste les éléments recueillis.

3 Temps moyen à passer au brouillon lors de ce type de travail. Ici les développements à fin pédagogique faus-sent la brièveté réelle de cette étape.

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4

Rappel question reformulée : définitions, constats … existant FR et Occident… pratiques à amélio-rer ou développer.

DEFINITIONS et CONS-TATS

EXISTANT en FR et dans l’OCCIDENT

PRATIQUES à AMELIO-RER ou DEVELOPPER AU SEIN, PAR ou AVEC les

ARMEES

DIVERS

Patrimoine (P1) CAJ (P3) Implication des réserves Solutions économiques Histoire (P2) Les volontariats (P6) Citoyenneté par l’enga-ge-

ment civique (RCSC) Ne pas surcharger davan-tage les forces

Esprit civique et religion (P4) Journal citoyenneté (P7) « Civilo-militaire » sur le ter-ritoire national

Esprit civique et vivre en-semble (5)

Droit du sol et du sang (P9) Actions européennes

Brexit et Juifs (P8) Citizenship (P10) Valoriser SENTINELLE République, citoyenneté et civisme (P12)

Code du soldat (P11) Implication dans la vie poli-tique (élus cf. Saumur)

Citoyenneté européenne (P19)

EPIDE (P13-14) IHEDN jeunes

Passeport civisme (P15) CAJ européenne

Communes récompensées (P16)

Éducation, civisme, santé > Europe (P17)

CIDAN (P18)

Ce tableau représente l’exploitation « primaire » du dossier faite par le rédacteur.

En 3h00 de temps total, difficile d’en faire plus. Le travail se poursuit directement sur les pièces du

dossier par surlignage ou prises de quelques notes.

A ce stade il est inutile de préciser davantage une méthode de travail. Chacun doit

développer la sienne en fonction de ses habitudes et facilités.

Ce travail sur tableau est capital car il va permettre de mettre de la cohérence dans sa vision du sujet.

Le tri effectué entre les éléments retenus et leur répartition, notamment colonnes 2 et 3, évitera toute

redondance entre les 2nde et 3e parties de la fiche4.

Aborder la construction du devoir

Ce qui précède constitue une partie incontournable du travail qui doit vous conduire à 01:15 ou

01:30 au grand maximum sur les 03:00 allouées. J’ai mis ici 01:35 !5

Il faut maintenant se lancer rapidement dans l’élaboration du devoir.

4 Difficulté rencontrée de manière fréquente pour ne pas dire de façon systématique ! 5 …alors que je suis rédacteur du sujet. Donc c’est toujours assez « chaud » comme épreuve !

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EDG 2018

5

À mon sens Il n’y a plus, à partir de là, à se couler avec rigidité dans une méthode aussi processionnelle

que celles que préconisent les documents de méthodologie. En effet, le plus souvent, si les premières

étapes détaillées plus haut ont été suivies avec rigueur, la construction s’est faite progressivement

« dans la tête », car, heureusement, nous n’avons pas un fonctionnement séquentiel rigide mais nous

sommes assez itératifs en cours de réflexion.

A ce stade donc, deux choix se présentent :

1. J’ai une bonne idée de ce que je vais dire et je passe à la rédaction de l’IM et de la trame de

développement ;

2. C’est encore flou et alors seulement je poursuis un rapide travail de synthèse pour dégager

des idées plus générales à partir des éléments du tableau ou revenir rapidement sur une ou

deux pièces (pas plus !)

Il ne faut pas aller au-delà de 01:30 à 01:45pour parvenir à une ossature solide : INTRODUCTION

(dont PLAN6) – OPTIONS / SOLUTIONS POSSIBLES - PROPOSITIONS (orientation détaillée). J’ai limité à

ces 3 éléments car ils constituent les clefs de la logique du devoir :

1. L’IM va définir le fil directeur de la fiche et préfigure l’esprit des propositions ;

2. Les OPTIONS / SOLUTIONS suivent la partie analytique du problème (1re partie) et font déjà

appel à de premiers apports personnels ;

3. Les PROPOSITIONS permettent la mesure des qualités du rédacteur. C’est là que vous attend

principalement le demandeur de la fiche et, ici, le correcteur !

Le choix a été fait de rédiger un devoir complet au lieu de se limiter à de seules orientations. Cette

solution rend mieux compte de la cohérence d'ensemble à obtenir, notamment en ce qui concerne

l’enchaînement des 2nde et 3e parties.

Le travail proposé, réalisé dans un délai cohérent avec la nature de l'épreuve7, figure ci-après.

Cette version s’appuie sur l’analyse de copies de candidats des armées (TERRE et MARINE) ayant

obtenu les notes supérieures à 15/20 lors des concours 2016-2017.

On constate une différence par rapport à la fiche d’état-major de l’EEM. En particulier, la 3e partie

n’est pas le choix argumenté d’une des solutions évoquées en 2nde partie.

Cette approche s’explique par le caractère interarmées et services de l’épreuve. Les marins, aviateurs

et commissaires ne sont pas astreints au stage de l’EEM à Saumur !

Dès lors, il est maladroit de s’arcbouter sur UN schéma acquis, dans l’approche de cette épreuve ! En

particulier lorsque, comme ici et pour le concours 20168, la demande est clairement formulée, inutile

de la tordre pour la faire entrer dans un gabarit inadapté à la « commande ».

6 La recherche du plan devient accessoire puisque la trame de la fiche est pratiquement fixée par le libellé du sujet. 7 Environ 4h00 au brouillon du fait des prises de notes plus détaillées dans la perspective de la rédaction de ce corrigé et des ajouts pédagogiques (sens des mots par ex.) 8 Ce qui n’a pas été le cas pour 2017 !

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EDG 2018

6

INTRODUCTION

FICHE

à l’attention du chef de bureau

relative à la réunion CAJ « citoyenneté, civisme »

15

Préambule La mondialisation des échanges de toutes natures, circulation des biens, des idées et des personnes, à laquelle s’ajoutent les sociétés virtuelles issues des réseaux sociaux, ont pro-fondément modifié les liens au sein des nations occidentales.

36

Idée maîtresse

Confrontés à des problèmes d’identité et de civisme, les acteurs tant publics que privés multiplient les initiatives et mettent en place des mesures correctives. Au sein de ces en-gagements, celui des armées occupe une place particulière.

36

Annonce du plan

Un point de situation sur les principales dérives et faiblesses civiques précède le rappel d’actions conduites au sein des nations occidentales. Enfin figurent des pistes nouvelles ou des améliorations, à mettre en œuvre sous couvert de la défense.

37

DÉVELOPPEMENT 0

DERIVES et FAIBLESSES 3

ID1

Citoyenneté et civisme sont indissociables. La première est un état acquis ou à acquérir. Le second est un comportement lié au statut détenu. Faute d’avoir suffisamment évolué l’une et l’autre sont aujourd’hui fragilisés.

36

IS11

La citoyenneté est un des acquis majeurs des démocraties. Elle apparaît en Grèce dès les premiers siècles même si, alors, elle ne concerne qu’une minorité (10%). Après une éclipse pendant la royauté, la citoyenneté retrouve droit de cité avec la révolution. Il faudra at-tendre en France la moitié du 20e siècle pour qu’une citoyenneté pleine et entière soit progressivement reconnue à des catégories auparavant exclues (1944 vote des femmes).

71

IS12

Si la citoyenneté est un état, le civisme concerne le respect des règles en vigueur dans la cité. Le premier des enseignements est celui des valeurs de la République. Ces valeurs sont des freins aux pulsions, elles rendent les relations possibles. Le civisme s’éduque par une imprégnation progressive sans systématisation, mais par l'exemple et par la pratique.

59

IS13

Faute d’avoir pris en compte l’évolution de la société occidentale, notamment sous l’in-fluence des apports « exo-européens », une fracture s’est progressivement installée au cœur des États. Cette fracture sociale, mais aussi économique et culturelle a mis à mal la notion d’appartenance à une nation. Le communautarisme et l’intérêt personnel ont pris le pas sur l’intérêt général. L’absentéisme électoral et les incivilités caractérisent cette situation.

72

Transition (facul-tative)

/ 0

Une DISPERSION des REPONSES 4

ID2 Au sein de l’UE et au-delà en Occident, les réponses apportées tant à l’acquisition de la citoyenneté qu’à la définition de ses exigences sont disparates. La formation au civisme

46

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7

et la reconnaissance des actes qui y sont liés ne présentent pas l’homogénéité suffi-sante.

IS21

Dans un monde ouvert caractérisé par la mobilité des individus, le sentiment national peine à s’exprimer. Au besoin d’ouverture répond souvent une forme de protection-nisme « sociétal ». Une profusion de lois tend à encadrer les comportements sans appor-ter de réponse solide. Ainsi au sein de l’UE, l’accès à la citoyenneté varie considérablement selon les États. Les « droit du sol » et « droit du sang » tracent encore une ligne de partage entre, par exemple, la Suède et l’Italie.

86

IS22

On note également que la nationalité peut devenir un simple critère de choix économique. Des terres d’accueil comme l’Australie ou le Canada imposent ainsi des règles draco-niennes de séjour et d’intégration comme préalables à la naturalisation. Par ailleurs, in-quiétés par le vote du Brexit, des juifs britanniques veulent (ré)acquérir la citoyenneté allemande.

55

IS23

Face à ces pertes de références, les acteurs publics et privés font preuve d’imagination à défaut de véritables politiques à long terme. En France, c’est un véritable catalogue « à la Prévert » qui s’agrège autour des actions institutionnelles comme celles de l’éducation nationale ou du SGA (DMPA, SHD). On trouve ainsi un passeport citoyen dans une com-mune, la distinction d’une collectivité dans un département en même temps que se mul-tiplient les « démarches citoyennes ».

81

Transition (facul-tative)

/ 0

La DEFENSE, un ACTEUR MAJEUR ? 5

ID3

Parce qu’elle est perçue comme une référence par les valeurs civiques qu’elle incarne, la défense et en son sein les armées ont un rôle à jouer dans le panorama national. La valorisation de dispositifs existants, limitant les sujétions des forces doit être privilé-giée.

45

IS31

1. Irriguer la société civile. Le « turn over » du personnel militaire est important quelles que soient les catégories. La reconversion en fin de contrat pourrait être accompa-gnée d’une clause « d’engagement civique » en contrepartie d’un soutien à définir. De même, l’accès à des fonctions électives devrait être facilité pour porter nos valeurs dans un monde où les militaires sont encore sous représentés.

64

IS32

2. Accéder à l’emploi par l’engagement. Développer, à l’image des ECTS (European Cre-dits Transfer System), un système de « crédits civiques » liés aux différents volonta-riats ou engagements offerts au sein de la défense. Ces crédits ouvrant, par exemple, un droit prioritaire aux contrats armée-jeunesse en complément de ce qui est déjà acquis pour le compte personnel d’activité (CPA) via le compte d’engagement citoyen (CEC).

68

IS33

3. Développer des « ACM » métropolitaines. Parmi les volontariats ouverts aux Fran-çais, figure la réserve communale de sécurité civile (RCSC). Moins connu que celui de pompier volontaire, cet engagement fait défaut, le plus souvent par manque de com-pétences locales. Une information des réservistes, voire une formation dédiée à la création de ces structures communales fournirait un moyen de rayonnement civique et militaire privilégié.

64

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8

CONCLUSION 0

Reprise de la thèse

Face à des sociétés qui ne s’incarnent plus spontanément dans des valeurs traditionnelles ou historiques, l’ensemble des acteurs garants de la solidité de la nation doivent s’enga-ger avec volontarisme et imagination dans la refondation de la citoyenneté et du civisme. La défense doit développer son rôle d’incubateur d’idées.

52

Élargissement (souhaitable)

Il conviendra en revanche de bien défendre le « partage du fardeau » pour ne pas faire de ce sujet celui de spécialistes que seraient les seules armées.

26

TOTAL (pour information) 9619

RAPPEL : Il est important de ne pas se focaliser sur une forme qui peut encore évoluer (et le fera

certainement au fil des concours) et de bien se concentrer sur le fond de l’étude proposée, notam-

ment sur les propositions qui conditionneront une partie importante de la note finale.

9 Le décompte de mots est indicatif et réalisé en partie avec l’outil « statistiques » de WORD en ajoutant les « élidés » au résultat calculé par l’application.

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SYNT

HESE

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OSS

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D1 20

18

Sujet : citoyenneté et civisme Vous êtes officier rédacteur affecté au bureau « personnel, moral et formation »

de l’état-major des armées. Votre chef de bureau doit participer dans 2 jours à une

réunion de la commission ARMEES-JEUNESSE portant sur le thème « citoyenneté et

civisme »

Dans cette perspective, et pour se préparer à ce rendez-vous important, il vous

demande, à partir du dossier joint et de vos connaissances personnelles, de rédiger

pour H+3 heures une fiche de 900 mots ± 10% (soit de 810 à 990 mots)

Cette fiche fera le point sur la thématique générale de la citoyenneté et du civisme.

Elle abordera les principales orientations nationales et occidentales retenues dans

ces deux domaines et proposera des axes d’effort, nouveaux ou à conforter, à fixer

pour manifester l’engagement de nos armées.

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SOMMAIRE du DOSSIER

1. DMPA - 2017 ...........................................................................................................................2

2. SHD - 2017 ..............................................................................................................................3

3. COMMISSION ARMEES JEUNESSE - 2017 .................................................................................4

4. Esprit civique, le retour des chrétiens en politique ? - 2013 .....................................................6

5. Un esprit civique pour mieux vivre ensemble - 2015 ................................................................8

6. Les différentes formes de volontariat - 2016 ......................................................................... 10

7. Le journal de la citoyenneté - 2016 ........................................................................................ 12

8. Inquiétés par le vote du Brexit, des juifs britanniques veulent (ré)acquérir la citoyenneté

allemande - 2017 .............................................................................................................................. 14

9. Droit du sol et droit du sang : que font nos voisins ? - 2013 ................................................... 16

10. Find out if you’re eligible : Citizenship - 2017 ......................................................................... 18

11. Le Code du Soldat - 2006 ....................................................................................................... 22

12. LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME - 2016 ................................... 24

13. Armée de terre – EPIDE : un cadre propice pour les projets professionnels - 2017 ................. 28

14. L’EPIDE, UNE MISSION : L’INSERTION DANS L’EMPLOI ........................................................... 29

15. Vendée : un maire invente un « passeport » pour former les élèves au civisme - 2016 .......... 30

16. Rennes. Les communes du département récompensées pour leur civisme - 2017 ................. 32

17. Éducation, Civisme et Santé pour renforcer le modèle européen - 2014 ................................ 34

18. CiDAN : civisme, défense, armée-nation - 2017 ..................................................................... 36

23. Citoyenneté européenne - 2016 ............................................................................................ 39

24. Fin du dossier ........................................................................................................................ 44

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1. DMPA - 2017

Défense.gouv 2017

Relevant du secrétariat général pour l’administration (SGA) du ministère de la défense, la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) a trois grands domaines de compétence : l’immobilier et l’environnement, la politique culturelle, éducative et de mémoire, les archives et les bibliothèques.

En matière de politique de mémoire, la DMPA a pour missions notamment d’accroître le rayonnement des commémorations nationales (médiatisation, participation de scolaires, caractère international, produits éditoriaux, soutien aux actions des associations ou fondations de mémoire), de développer une politique de tourisme de mémoire (valorisation du patrimoine, animation du réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains) et de renforcer l’action et les coopérations éducatives (partenariat interministériel Défense/Éducation Nationale/Enseignement agricole et soutien aux projets des établissements scolaires).

DIRECTRICE DE LA MÉMOIRE, DU PATRIMOINE ET DES ARCHIVES

Contrôleur général des armées Myriam ACHARI

Haut fonctionnaire au développement durable du ministère (HFDD)

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2. SHD - 2017

Défense.gouv 2017

Lieu de conservation des archives des ministères chargés des affaires militaires depuis l'origine, le service historique de la défense (SHD) dispose en outre d’une bibliothèque spécialisée parmi les plus riches de France. Il est également chargé d’homologuer, de répertorier et de rassembler les éléments de la symbolique militaire (emblèmes et insignes) et de contribuer aux travaux relatifs à l’histoire de la défense.

Ressources documentaires de premier ordre, ses collections (450 km d’archives remontant au XVIIe siècle, près d’un million d’ouvrages), représentent une part de la mémoire de la nation que les archivistes, les bibliothécaires, les historiens, les personnels scientifiques et techniques du SHD s’emploient à conserver, transmettre et partager. Elles appartiennent à tous les Français.

Créé le 1er janvier 2005 par regroupement des anciens services historiques d'armées, le service historique de la défense est rattaché à la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), l'une des directions du secrétariat général pour l'administration (SGA) du ministère de la défense.

Il se compose de trois centres : le centre historique des archives (implanté à Vincennes, Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon, Caen, Le Blanc), le centre des archives de l’armement et du personnel civil (implanté à Châtellerault), et le centre des archives du personnel militaire (implanté à Pau).

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3. COMMISSION ARMEES JEUNESSE - 2017

Défense.gouv 2017

La commission Armées-Jeunesse est un organisme de réflexion et d’action placé auprès du ministre des armées destiné à favoriser la connaissance entre les armées et les jeunes.

Elle contribue à promouvoir l'esprit de défense, préparer les jeunes à leur responsabilité de citoyen et resserrer les liens entre la communauté nationale et les armées.

A cet effet, elle est un lieu unique de dialogue entre des organismes aux sensibilités très différentes, un centre de réflexion sur les questions relatives aux jeunes et aux armées, un organisme de propositions au profit du ministre des armées et une structure opérationnelle d'action au profit des jeunes (contrat armées-jeunesse, Prix armées-jeunesse, journées sport armées-jeunesse, évènements autour de thèmes à caractère éducatif ou mémoriel).

Elle compte, en 2016, 92 membres :

• 62 membres actifs (associations professionnelles ou familiales, syndicats et mouvements de jeunesse ou d’étudiants)

• 16 ministères, délégations interministérielles, • 13 organismes du ministère de la défense (dont les armées)

La Commission est organisée en quatre groupes de travail qui se réunissent chacun tous les mois autour de leurs président et rapporteurs, désignés par leurs pairs. Ces groupes, dans lesquels se répartissent, selon leur choix, les membres de la Commission, étudient des thèmes de réflexion proposés tous les ans par le ministre de la Défense. L'un d'eux est chargé d'organiser chaque année un événement sous forme de Colloque, Forum ou Séminaire.

Une assemblée plénière ouvre les travaux de chaque session en septembre, une autre en permet la restitution au ministre en juin. Une troisième, en janvier, permet de faire, à mi-parcours, un point de situation générale et d'écouter un conférencier de renommée sur un thème rejoignant les préoccupations de la Commission. Par ailleurs, des visites dans des formations des forces armées et des organismes de la Défense permettent de rester au contact des réalités du terrain.

Elle gère, dans les Armées comme dans la Gendarmerie ou la Délégation générale pour l'armement, à Paris comme en province, plus de quatre cents stages rémunérés « armées-jeunesse », du niveau Bac+3 à Bac+7 et centralise sur son site internet les informations liées à l'offre de stages au sein du ministère de la défense (plus de 10.000 stages dans toute la France).

Elle remet, chaque année, le Prix armées-jeunesse à l'organisme civil ou militaire qui aura le mieux contribué, par son action, à créer, développer ou renforcer le lien entre les armées et la jeunesse. Enfin, la Commission est aussi l’initiateur des Journées sport armées-jeunesse permettant des échanges sportifs entre les unités militaires et les jeunes français.

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Ainsi, depuis plus de 50 ans, la Commission armées-jeunesse reste un lieu d'échange irremplaçable entre la jeunesse française et son armée.

Son fonctionnement

La commission est présidée par un officier général de haut rang nommé par le ministre de la défense.

Elle est animée par un secrétariat général permanent (composé de 5 militaires et 4 civils) chargé de l’organisation et de la conduite des différentes activités. Ce secrétariat général soutient également les activités du délégué ministériel à la jeunesse et de son équipe.

Son fonctionnement, au profit de ses membres, est défini par une charte. Il est organisé autour d’un cycle annuel d’activités, comprenant notamment trois assemblées plénières qui réunissent l’ensemble de ses membres. Son organisation

La commission dispose de deux modes d’action, elle est un centre de réflexion et de propositions et

organise des actions concrètes au profit de la jeunesse. Elle conduit des études, pilote des stages,

organise des événements, anime son vaste réseau, par de nombreux échanges, visites, participations

à diverses activités.

Elle est un centre de réflexion et de propositions

La Commission anime annuellement trois ou quatre groupes de travail traitant chacun un sujet d’étude. Les groupes se réunissent sur une base mensuelle autour de leurs président et rapporteurs, désignés par leurs pairs. Ces groupes, de 20 à 40 personnes, dans lesquels se répartissent, selon leur choix, les membres de la Commission, étudient des thèmes de réflexion liés aux préoccupations de la jeunesse définis tous les ans par le ministre des armées. Ces thèmes sont en phase avec l'actualité (service civique), avec les problèmes de société (jeunesse et autorité, contribution de la défense à la politique d’intégration), avec les préoccupations des armées (premier emploi, scolarité partagée, reconversion). L’objectif est d’être pro-actif ce qui peut s’illustrer par des sujets traités antérieurement par la commission et déclinés aujourd’hui, ainsi par exemple : SMV (2000/2001), défense et service civique (2011/2012).

Les groupes de travail traitent sur l’année 2014/2015 les thèmes suivants :

- La communication de la défense envers les jeunes

- Une plus grande synergie entre les acteurs du lien armée-nation.

- Jeunesse et patrimoine militaire (recensement, intérêt, utilisation de ce patrimoine pour contribuer à l’éducation, voire à l’insertion des jeunes).

- Les journées "sports-armée-jeunesse" : un nouvel élan

Dans le cadre de ces études et pour enrichir sa réflexion, la commission auditionne des experts ou des témoins. Elle organise également, au profit des membres des visites d'unités permettant de concrétiser les problématiques traitées. Ces visites sont aussi l'occasion de mieux faire connaître le monde de la défense aux membres de la commission. Plus de 35 études ont été conduites en 15 ans.

Elle organise des actions concrètes au profit de la jeunesse

Il s’agit d’événements particuliers, du prix armée-jeunesse, des stages, des journées sport-armées-jeunesse.

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Droits : CAJ

4. Esprit civique, le retour des chrétiens en politique ? - 2013

Laurent Grzybowski publié le 09/04/2013

Un nouveau club de réflexion réunit

élus et militants associatifs héritiers

du christianisme social. Il veut donner

un second souffle à l’action publique.

Le projet ne manque pas d’ambition. Des élus et des personnes engagées dans le mouvement social (ONG, associations…) et dans le monde de l’entreprise lancent un club

de réflexion politique dont le nom est déjà tout un programme : Esprit civique. S’inscrivant dans la tradition du christianisme social, ce laboratoire d’idées se veut une force de proposition aux côtés des pouvoirs publics et des élus, au Parlement et dans les territoires. « En dehors des partis et de tout esprit partisan », précise l’un de ses fondateurs, Jérôme Vignon, président des Semaines sociales et de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. « Nous nous voulons ouverts à tous ceux qui, dans la diversité de leur sensibilité, de leur croyance ou de leur non-croyance, partagent la culture humaniste inspirée du personnalisme communautaire. »

À l’origine de ce think tank, des collectifs comme la Table des chrétiens de gauche ou le Pacte civique de solidarité, des courants politiques comme les Poissons roses, et quelques élus socialistes. Ceux-là n’ont pas accepté la manière dont le gouvernement a géré le débat sur le mariage pour tous. « On peut s’affronter sur des sujets de société, mais encore faut-il avoir entendu ce que l’autre a à dire. Repérer les désaccords et trouver des compromis, c’est l’essence même de la politique », estime Jérôme Vignon, pour qui « l’absence de débat en démocratie, où chacun se contente de camper sur ses positions, est bien plus grave que le scandale Cahuzac ou que n’importe quelle affaire financière. »

C’est aussi l’avis de Jean-Philippe Mallé, cofondateur du cercle avec Dominique Potier. Tous deux font partie des dix députés PS qui se sont abstenus ou ont voté contre le projet de loi. « N’est-on pas en train de passer d’une politique de la loi pour tous et du bien commun à celle de l’injonction ? Faut-il répondre à toutes les demandes particulières, catégorielles ? », s’interroge l’élu socialiste des Yvelines qui, tout en dénonçant « le règne d’une idéologie libérale libertaire », se refuse à faire une fixation sur ce dossier. « C’est vrai, cette affaire a été pour nous un élément déclencheur, mais nous voulons voir plus large. Bien d’autres questions nous préoccupent et nous poussent à une réflexion en profondeur pour rénover l’action politique de notre pays. »

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Pour mener ce travail de fond, les fondateurs du club veulent s’inscrire dans le sillage philosophique de trois géants de la pensée morale et politique au XXe siècle : le catholique Emmanuel Mounier (1905-1950), fondateur de la revue Esprit et du courant personnaliste, le juif Emmanuel Levinas (1906-1995) et le protestant Paul Ricœur (1913-2005), tous deux philosophes de l’éthique. « Nous ne voulons pas seulement dénoncer le matérialisme, l’individualisme et le libertarisme, mais nous souhaitons promouvoir le personnalisme, qui insiste sur le lien social et sur la nécessaire solidarité entre les hommes », affirme Jean--Baptiste de Foucauld, membre d’Esprit civique et fondateur de l’association Démocratie et Spiritualité. Pour celui qui fut l’un des principaux inspirateurs du Pacte civique, lancé par des organisations de la société civile en mai 2011, « la gauche doit absolument se remettre en question et réfléchir sur sa vision de l’individu, sur ses droits et sur ses devoirs ».

La fondation d’Esprit civique signe-t-elle le retour des chrétiens de gauche en politique ? Depuis la fin des années 1980, les héritiers du christianisme social ne savaient plus à quels saints (ou plutôt à quels « élus ») se vouer. Ceux que François Mauriac appelait les « chrétiens de l’autre bord », qui rêvaient de construire un « socialisme humaniste », qui avaient pris fait et cause pour les prêtres ouvriers, incarnaient selon lui « l’esprit franciscain adapté aux exigences de l’ère industrielle ». Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel ont récemment retracé leur histoire dans À la gauche du Christ (Seuil, 2012), dans lequel on redécouvre l’importance de l’engagement pour la décolonisation, contre la guerre d’Algérie, mais aussi le dialogue avec le marxisme du jeune Paul Ricœur ou d’Emmanuel Mounier. Sans oublier le droit au logement défendu par l’abbé Pierre.

Mais c’est dans le monde du travail et du syndicalisme que la présence des chrétiens de gauche aura été la plus massive. D’abord en milieu rural, avec la Jeunesse agricole catholique, puis dans le syndicalisme ouvrier et les débats sur l’autogestion, ainsi que dans la construction européenne. La génération des Jacques Delors et des Michel Rocard ayant passé la main, beaucoup se sentent orphelins. Certes, il y a encore des chrétiens à l’œuvre sous d’autres bannières, dans les associations humanitaires et caritatives, dans le mouvement altermondialiste. Mais on redécouvre leur présence chez les Verts et au Parti socialiste. Ceux-là vont pouvoir rejoindre Esprit civique, club très ouvert qui a attiré des personnalités telles que Jean Vanier, fondateur de l’Arche, ou Guy Aurenche, président du CCFD-Terre solidaire, connues pour leur engagement humain. Pour eux, c’est certain, « le souci de la charité doit s’incarner dans l’action politique ».

Soutenu par Jacques Delors, qui se réjouit de voir les nouvelles générations reprendre le flambeau, Esprit civique organisera des colloques et des rencontres qui donneront lieu à des publications. Entre la montée des populismes, les enjeux de la laïcité, l’éthique en politique ou le rapport entre l’économique et le politique, les sujets de débat ne devraient pas manquer. Lieu de formation et d’information, notamment en direction des jeunes, ce think tank voudrait, au-delà du calendrier politique, « redonner du champ à la vie publique et contribuer au renouvellement civique de la gauche ».

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5. Un esprit civique pour mieux vivre ensemble - 2015

Publié le 30/11/2015 à 5h14 par Ghislaine Castillon.

Quentin et Manon, les deux médiateurs volontaires de service civique. Photo G. c.

Quentin et Manon ont choisi de faire un service civique pendant huit mois à la mairie de Guéthary. Leur mission : promouvoir et éduquer à la citoyenneté pour mieux vivre ensemble. « Tout est parti d’un constat d’incivilités récurrentes dans le village », explique la première adjointe, Marie-Pierre Burre-Cassou. « La répression n’étant pas la seule réponse, nous avons estimé qu’une expérience de médiation permettrait de mieux vivre ensemble en promouvant la citoyenneté et le civisme. »

C’est ainsi que le Conseil municipal, dans sa délibération du 8 avril dernier, a décidé de recourir au service civique. Il s’agit d’un dispositif pris en charge par l’État et la commune, destiné aux jeunes de 16 à 25 ans qui s’engagent à accomplir une mission d’intérêt général.

Actions de terrain

Sélectionnés parmi une quinzaine de candidatures, Quentin et Manon sont tous les deux âgés de 21 ans et sont sensibilisés aux questions de citoyenneté et de solidarité. Quentin, bayonnais, joueur de foot à la Real Sociedad depuis ses 11 ans, a saisi cette opportunité pour réfléchir à son orientation professionnelle.

Manon, angloy, suit un cursus universitaire d’éducation familiale et, avant d’entamer son master, a choisi aussi cette expérience de terrain. Arrivés mi-octobre, ils ont été accueillis par

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leurs tutrices, la première adjointe, Marie-Pierre Burre-Cassou, et Marthe Auzi, déléguée aux affaires scolaires, qui vont les accompagner tout au long de ces huit mois.

Leurs tâches : mettre en œuvre des actions de terrain auprès des jeunes, des moins jeunes et des aînés. Si la priorité est de sensibiliser tout un chacun à la citoyenneté, le civisme et au respect des autres, il s’agit aussi d’améliorer et renforcer le lien social et de proximité avec et entre les habitants. Pour ce faire, le binôme travaillera avec les enfants dans le cadre des activités périscolaires et, à l’heure de la cantine, sur les notions de civisme et de respect de l’autre. Ils iront aussi au contact des adolescents, les vendredis soir, dans un lieu de rencontres, pour leur apprendre à avoir un comportement responsable.

Pour les aînés, ils mettront en place des « cafés » et des visites avec des jeunes afin de tisser un lien intergénérationnel et rompre leur isolement. Et enfin ils effectueront des actions de médiation auprès de la population pour un meilleur partage de l’espace public. Le binôme Quentin et Manon entend bien relever ces défis et a déjà d’autres projets en tête pour début 2016.

Ghislaine Castillon

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6. Les différentes formes de volontariat - 2016

Publié le : lundi 13 décembre 2010 - Modifié le : mardi 8 novembre 2016

Différentes modalités et formes de volontariat existent, permettant aux jeunes de s’engager dans des projets, en France ou à l’international, en faveur de l’intérêt général.

Le service civique

Le service civique peut prendre différentes formes. La forme principale est l’engagement de service civique, ouvert aux jeunes âgés de 16 à 25 ans et donnant lieu à une indemnité prise en charge par l’État. La loi du 10 mars 2010 prévoit que le service civique peut également prendre la forme d’un volontariat associatif pour les personnes âgées de plus de 25 ans. Il consiste en une mission d’intérêt général effectuée à temps plein pendant 6 à 24 mois, en France ou ailleurs dans le monde, dans une structure agréée par l’Agence du service civique.

Le volontariat franco-allemand – VFA

Associations françaises et allemandes envoient et accueillent simultanément un ou plusieurs jeunes volontaires et assurent leur accompagnement en concertation. Le volontariat franco-allemand est donc basé sur la réciprocité et le partenariat associatif.

Pour les jeunes Français ou résidents en France, ce volontariat prend la forme d’un service civique effectué en Allemagne, en réciprocité avec de jeunes Allemands qui font la même expérience d’engagement en France.

Le service volontaire européen – SVE

Destiné à encourager la mobilité des jeunes de 18 à 30 ans, le SVE leur permet de se mettre au service d’un projet d’intérêt général à l’étranger durant 2 à 12 mois, et de vivre une expérience formatrice, de développer leur citoyenneté active et de faire preuve de solidarité, de découvrir une autre culture, une autre langue, etc.

Le volontariat de solidarité internationale – VSI

Le volontariat de solidarité internationale consiste en un engagement d’une personne majeure pour une mission de développement ou d’urgence humanitaire dans un pays du Sud ou de l’Est, au sein d’une association reconnue par l’Etat et agréée, pour un temps déterminé. Ce volontariat est un engagement à l’international du service civique.

Le volontariat international en entreprise – VIE

Destiné principalement aux étudiants, jeunes diplômés, ou chercheurs d’emploi, de 18 à 28 ans, le Volontariat International en entreprise permet au volontaire d’effectuer une mission

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d’ordre commercial, technique ou scientifique au sein d’une entreprise française à l’étranger, pendant 6 à 24 mois.

Le volontariat international en administration – VIA

D’une durée de 6 à 24 mois, le volontariat international en administration (VIA) s’adresse aux jeunes de 18 à 28 ans désirant participer à l’action de la France dans le monde en matière d’action culturelle, de protection de l’environnement, de développement technique, scientifique et économique, et d’action humanitaire.

Le volontariat pour l’insertion - Défense 2e chance

Le volontariat pour l’insertion, dispositif « Défense 2ème chance » (D2C), permet aux jeunes de 18 à 21 ans en échec scolaire ou en difficulté d’insertion sociale et professionnelle, de bénéficier d’une formation durant 6 à 24 mois.

Le volontariat de sapeur-pompier

"196 800 sont sapeurs-pompiers volontaires. Ce sont des hommes et des femmes, citoyens ordinaires, qui, en parallèle de leur profession ou de leurs études, tout en tenant compte de leur vie familiale, ont choisi de conserver une disponibilité suffisante pour répondre immédiatement à toute alarme émise par le centre de secours dont ils dépendent. Ils suivent régulièrement des formations et peuvent assurer tous les types de missions incombant aux services d’incendie et de secours. 56% des volontaires ont moins de 35 ans. Ils perçoivent une indemnité sous forme de vacations horaires ainsi qu’une "prestation de retraite" lorsqu’ils ont accompli au moins 20 ans de service".

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7. Le journal de la citoyenneté - 2016 C'est en « citoyennant » que l'on devient citoyen

Petite histoire de la citoyenneté

Publié le 19 avril 2016 par Julien GOUPIL

La citoyenneté, une source antique

La notion de citoyenneté s'est précisée dans le contexte des Cités-Etats qui comme Athènes, Sparte ou Rome deviennent autonomes au V° siècle av. J. C. C'est particulièrement l'expérience athénienne qui assoit la notion de citoyenneté favorisant la distinction entre « citoyen » et « sujet ».

Une fois la citoyenneté acquise elle impose un principe essentiel : tous les citoyens sont égaux devant la loi et interviennent donc, de manière égale, à la prise de décision politique.

Les citoyens sont des hommes libres, ils peuvent se réunir dans un lieu unique afin de débattre des grandes questions intéressant la cité (guerres, traités de commerce, élections à divers postes…). La citoyenneté et ses obligations politiques y reçoivent littéralement un traitement moral : la citoyenneté active apparaît comme une vertu, et son abandon comme un vice. L’homme qui n'y prend aucune part est considéré comme un citoyen inutile.

Une citoyenneté nuancée

Périclès (leader démocrate du gouvernement athénien) présente le régime démocratique athénien comme le cadre naturel de la citoyenneté épanouie du fait qu'il combine l'égalité des droits au mérite individuel, provoquant l'émulation entre les membres de la cité en matière de civisme. Puisque le régime athénien repose sur la participation des citoyens aux processus de décision politique, Périclès perçoit Athènes comme la capitale du monde libre et comme le phare de l'humanité éclairée.

Pour autant il semble nécessaire d'objectiver et donc de nuancer ce jugement car à Athènes la citoyenneté ne concerne qu’une petite minorité. Seuls 10% des habitants ont la qualité de citoyens. Les femmes, les esclaves et les "métèques", c’est-à-dire ceux dont l'origine était

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extérieure à la cité, même s'ils étaient grecs, en sont exclus et n’ont donc pas le droit de participer à la gestion des affaires publiques.

La citoyenneté, un concept révolutionnaire

Après l'antiquité, la notion de citoyenneté connaît ensuite une éclipse à l’ère des monarchies : sociétés de privilèges, elles écartent toute participation de leurs sujets à la décision politique.

Cependant, la notion réapparaît au XVIIe siècle avec la Révolution anglaise, notamment à travers l’œuvre philosophique Le citoyen ou les fondements de la politique (1642) de Thomas Hobbes considéré comme l’un si ce n’est le fondateur de la philosophie politique moderne.

Ensuite, tout au long du XVIIIe siècle, les philosophes comme Kant, Voltaire, Rousseau, Hegel, s’interrogent sur cette notion. C’est la période révolutionnaire qui installe en France la notion de citoyen qui remplace officiellement le terme de bourgeois. Si dans les premiers temps de la Révolution, on accorde la citoyenneté aux étrangers résidant sur le sol national, la règle change rapidement et la nationalité française devient une condition sine qua non de l’acquisition de la qualité de citoyen. Le lien entre nationalité et citoyenneté est dès lors installé.

La citoyenneté une notion progressive

En 1792 la Convention est élue au suffrage universel masculin.

En 1795, on rétablit un suffrage censitaire qui donne droit de vote aux seuls citoyens « actifs » soit les hommes les hommes de 25 ans au minimum, et dont le montant des impôts équivalent à trois journées de travail.

En corolaire on distinguait le citoyen « passif », qui dispose de plusieurs droits, mais pas de celui de voter ou d’être élu.

Ce suffrage continue de s’appliquer pendant la première moitié du XIXe siècle témoignant ainsi d’une conception toujours restreinte de la citoyenneté.

C’est en 1848 que le suffrage universel masculin est instauré et n’est plus remis en cause dans son principe.

Une citoyenneté pleine et entière est progressivement reconnue à des catégories auparavant exclues. Ainsi le 21 avril 1944 le droit de vote est accordé aux femmes, en 1972 aux militaires.

Aujourd’hui seuls demeurent exclus, de droit, les jeunes de moins de 18 ans et les étrangers non communautaires. Ces derniers peuvent néanmoins voter aux élections professionnelles et universitaires.

Vers une notion nouvelle de la citoyenneté

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Au fil des âges, la citoyenneté a évolué, elle a élargi ses bénéficiaires et étendue ses prérogatives exclusivement politiques pour épouser l'idée d'intérêt général. La citoyenneté intègre dès lors des principes humanistes, à savoir le respect des autres et de leurs différences.

Et demain ?

8. Inquiétés par le vote du Brexit, des juifs britanniques veulent (ré)acquérir la citoyenneté allemande - 2017

2 décembre 1938 - Réfugiés juifs et non-aryens en provenance d'Allemagne et arrivant en Angleterre. (Photo de Fred Morley/Fox Photos/Getty Images)

Publié le 12 janvier 2017

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des milliers de familles allemandes juives persécutées par le régime nazi avaient choisi l'exil en Grande-Bretagne. A une moindre échelle et pour des raisons certes incomparables aujourd'hui, le Brexit motive certains d'entre eux ou de leurs descendants à faire le chemin inverse, en demandant la (ré)acquisition de la nationalité allemande à laquelle ils ont été contraints de renoncer. Sept semaines seulement après le référendum du 23 juin dernier, l’ambassade allemande à Londres rapportait en effet 400 demandes supplémentaires, alors qu’elles n’étaient seulement qu’une vingtaine par an jusque là.

Theresa May a eu beau nier son intention d’entreprendre des négociations dures pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, déclarant au journal Skynews qu’elle n’acceptait pas

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« les termes de Brexit dur et de Brexit doux », cela ne devrait pas décourager les personnes motivées à acquérir la nationalité allemande. Michael Newman, directeur de l’Association des réfugiés juifs (AJR), avait d’ailleurs déclaré au journal The Telegraph qu’il « pourrait y avoir plus de candidatures une fois que les détails de la relation post-Brexit de la Grande-Bretagne avec l’Europe seraient plus clairs ».

Ces demandes reposent sur l’application de l’article 116 de la Loi fondamentale allemande - équivalent de la Constitution française -, qui permet aux anciens citoyens allemands, privés de leur nationalité pour des raisons politiques, raciales ou religieuses entre le 30 janvier 1933 et le 8 mai 1945, de candidater pour son rétablissement.

Leurs descendants peuvent également y prétendre, sous certaines conditions relatives aux règles d'acquisition de la nationalité par filiation à leur date de naissance. La loi prévoit par exemple que la citoyenneté allemande ne peut être transmise que par le père pour les personnes nées avant le 1er avril 1953, alors qu'une personne née après le 1er janvier 1975 peut y prétendre si au moins un des deux parents étaient allemands.

Selon l’AJR, 70.000 personnes ont fui le régime nazi en rejoignant la Grande-Bretagne et 5.000 parmi elles ou leurs descendants vivraient encore dans le pays. Ceci implique que des milliers de personnes sont susceptibles de prétendre à l’obtention de la nationalité allemande.

Thomas Harding, écrivain et journaliste britannique, ayant entrepris la démarche, explique : « La Grande-Bretagne a accueilli ma famille lors d’une période de traumatisme, et j’en suis très reconnaissant. Mais obtenir la citoyenneté allemande n’est pas dire « au revoir » à la Grande-Bretagne, sinon « bonjour » à l’Europe. »

Le Brexit inquiète en effet les britanniques quant à d’éventuelles mesures restrictives, pouvant affecter leur liberté professionnelle par exemple. Cette démarche permettrait à certains d’entre eux de garder leur citoyenneté européenne, et par conséquent, les droits qui en découlent, comme ceux de circuler, de séjourner, de travailler et d’étudier librement sur le territoire des pays membres.

Pour Sam Bowers, chercheur en écologie à l’Université d’Edimbourg, dont la demande a été acceptée en septembre dernier, « être capable de postuler pour des emplois en Europe, sans le désavantage d’un passeport non-européen est extrêmement important. »

Acquérir une nouvelle nationalité pour pouvoir continuer à bénéficier des avantages de la citoyenneté européenne ? Une manière de réagir contre le Brexit pour certains.

Marine Clerc avec Loïc De la Mornais

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9. Droit du sol et droit du sang : que font nos voisins ? - 2013

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 23/10/2013

La plupart des législations en Europe combinent comme en France des éléments de droit du sang et de droit du sol.

Reuters/Kai Pfaffenbach

Jean-François Copé, président de l'UMP, veut redéfinir le droit du sol, pour

mettre fin à l'obtention automatique de la nationalité française. Quelques

exemples du droit appliqué dans les autres pays européens.

La plupart des législations en Europe combinent comme en France des éléments de droit du sang (jus sanguinis) et de droit du sol (jus soli). Mais le droit du sol absolu n'est en vigueur dans aucun des pays européens. L'Irlande, qui faisait exception, a changé son code de la nationalité en 2005.

Ainsi, dans le cas français, par exemple, la nationalité s'acquiert par le droit du sang et celui du sol. La première disposition prévoit que tout enfant est français si au moins l'un de ses deux parents l'est également.

Ce droit du sol est toutefois limité : la nationalité française est acquise automatiquement et de plein droit à 18 ans pour tout enfant né en France à condition de résider en France à sa majorité et d'avoir habité sur le territoire pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans depuis l'âge de 11 ans.

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Aux origines, le code civil

En Europe, d'une façon générale, c'est à la fin de l'Ancien Régime que le droit en matière d'acquisition de la nationalité a été fixé, comme l'explique le Musée de l'histoire de l'immigration. La législation était jusque-là régie par le droit du sol hérité du servage.

Le Code civil français, introduit en Europe par les conquêtes napoléoniennes, remplace ce droit du sol par le droit du sang -contre la volonté de Bonaparte*. Le Royaume-Uni et l'Irlande, qui n'ont pas été occupés par les troupes napoléoniennes, ont conservé le droit du sol -et l'ont transmis en héritage au Canada et aux Etats-Unis. En 1889, la France revient au droit du sol.

La Belgique, la Finlande, le Luxembourg, le Danemark, le Portugal et la Suède ont adopté des formes variées du droit du sol.

L'Allemagne a changé sa loi sur la nationalité en 2000, mettant fin au principe exclusif du droit du sang, qui prévalait depuis 1913. Désormais, tout enfant né dans ce pays d'un parent étranger résidant légalement dans le pays depuis au moins 8 ans, peut acquérir la nationalité allemande.

L'Irlande a choisi la voie inverse : partant d'un droit du sol absolu en 2004, elle l'a modéré avec des éléments du droit du sang, après un référendum.

La Grande Bretagne a également restreint, en 1983, en son droit du sol qui était presque absolu. Désormais, devient citoyen britannique un enfant dont au moins un parent réside en permanence dans le royaume.

L'Italie est l'un des pays d'Europe de l'ouest encore régi par le droit du sang. Un projet de réforme avait été ébauché en 2007 sous le gouvernement de Romani Prodi, mais il était resté dans les cartons. Récemment, la ministre de l'intégration Cécile Kyenge, a renouvelé la proposition d'introduire un droit du sol tempéré : les parents étrangers d'enfants nés en Italie devraient prouver qu'ils sont en situation régulière, qu'ils résident dans le pays depuis plusieurs années. La ligue du Nord, mais également le populiste Beppe Grillo y sont opposés.

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10. Find out if you’re eligible : Citizenship - 2017

Citizenship requirements for physical presence, language and knowledge changed on October 11. You can apply for citizenship under the new rules using updated forms.

To be eligible to become a Canadian citizen, you must meet all conditions, including :

• Permanent Resident status • Time you have lived in Canada • Income tax filing • Language skills • How well you know Canada • Prohibitions

If you have served in or with the Canadian Armed Forces, you might be able to apply through a fast-track process.

Permanent Resident status

Regardless of your age, if you are applying for citizenship, you must have :

• Permanent Resident (PR) status in Canada • No unfulfilled conditions related to your PR status

Your PR status must not be in question. This means you must not :

• Be under review for immigration or fraud reasons • Have certain unfulfilled conditions related to your PR status • Be under a removal order (an order from Canadian officials to leave Canada)

You don’t need a valid PR card to apply for citizenship. If you have an expired PR card, you can still apply for citizenship.

Time you have lived in Canada

Regardless of your age, you must have been physically present in Canada for at least :

• 1095 days during the five years right before the date you sign your application

You may be able to use some of your time spent in Canada as a temporary resident or protected person towards your physical presence calculation. Each day spent physically in Canada as a temporary resident or protected person before becoming a permanent resident within the last 5 years will count as one half day, with a maximum of 365 days, towards your physical presence.

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Temporary resident status includes lawful authorization to enter or remain in Canada as a :

• Visitor, • Student, • Worker or, • Temporary resident permit holder

A protected person is someone who:

• Was found to be in need of protection or a convention refugee by the Immigration and Refugee Board, or

• Received a positive decision on a Pre-Removal Risk Assessment from Immigration, Refugees and Citizenship Canada.

Note : If you made a refugee claim, or were included on a family member’s refugee claim, you will not be credited time in Canada from the date of the refugee claim until you have received a positive decision confirming that you are a protected person as described above.

These requirements don’t apply to children under 18 where a parent or guardian has applied on their behalf for citizenship using the subsection 5(2) application form.

You may be eligible to apply even if you don’t meet the minimum time lived in Canada if you’re a :

• Crown servant (certain categories of public officials) • family member of a Crown servant

Find out if you have lived in Canada long enough to apply to become a citizen.

Income tax filing

Regardless of your age, if required under the Income Tax Act, you must meet your personal income tax filing obligations in three tax years that are fully or partially within the five years right before the date you apply.

Language abilities

Canada has two official languages: English and French. To become a citizen, you must show that you can speak and listen in one of these languages. This means you can :

• Take part in short, everyday conversations about common topics • Understand simple instructions, questions and directions • Use basic grammar, including simple structures and tenses • Show you know enough common words and phrases to answer questions and express

yourself

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If you are 18 to 54 years old, you must submit proof that demonstrates you can speak and listen in English or French at this level. Find out what examples you can send with your application.

Note : Applicants under 18 years of age applying under the subsection 5(1) or 5(2) grant category do not have to meet the language requirement.

Citizenship staff will decide how well you can communicate in English or French during your interview. A citizenship officer will make the final decision on your application.

How well you know Canada

To become a citizen, you’ll need to take a test to meet the knowledge requirement for citizenship. You’ll need to answer questions about Canada’s:

• Values • History • Symbols • Institutions • Rights, responsibilities and privileges of citizenship, such as voting in elections and

obeying the law

The tests are :

• In English or French • Made up of questions based on the Discover Canada study guide • Usually in a written format, unless you need to take it orally with a citizenship officer • Given to applicants 18 to 54 years old.

Note : Applicants under 18 years of age applying under the 5(1) and 5(2) grant category do not have to meet the knowledge requirement.

If you need any accommodations to take the test, let us know as soon as possible.

Everything you need to know for the test is in Discover Canada : The Rights and Responsibilities of Citizenship.

Prohibitions

If you have committed a crime in or outside Canada, you may not be eligible to become a Canadian citizen for a period of time. This includes if you:

• Are serving a sentence outside Canada • Are serving a term of imprisonment, on parole or on probation in Canada • Are charged with, on trial for, or involved in an appeal of an :

o Indictable offence in Canada o Offnce outside Canada

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• Have been convicted in the four years before applying for citizenship of an : o Indictable offence in Canada o Offence outside Canada

Time spent serving a term of imprisonment, on parole, or on probation doesn’t count as time you have lived in Canada.

Read more about situations that may prevent you from becoming a Canadian citizen.

Top questions about Canadian citizenship

• What are the requirements for becoming a Canadian citizen ? • I already have a citizenship application in process. How will the 2017 changes to the

citizenship legislation affect my application ? • Do I become a Canadian when I marry a Canadian ? • How much does it cost to apply for Canadian citizenship ? • I am a citizen of another country. Will I lose that citizenship if I become a Canadian ?

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11. Le Code du Soldat - 2006 Extrait du Bulletin d'information du Régiment Blindé de la Méditerranée (1-11 Cui Carpiagne), Le Templier N° 2006/3 AVR-MAI

« Code. Nom masculin. Ensemble de conventions en usage dans un domaine déterminé ». Larousse. Dictionnaire usuel.

Lors des différents rassemblements régimentaires (prise d'armes, amphis...) le chef de corps fait régulièrement référence au Code du Soldat. Mais quelle doit être réellement la valeur de ce texte ? Comment s'y référer ? Comment bien le mettre en pratique ? Les questions sont nombreuses autour des 11 articles qui le constituent. Et pourtant... Ce code est à la base de notre engagement individuel et collectif. Sans appropriation de ce code, les combattant que nous sommes ne seraient que des miliciens et non des soldats. Ou donc situer la différence ? Elle est en réalité très simple : un soldat a des valeurs, des « référents » qui le guident en toutes circonstances et que le mercenaire n'a pas. Ces principes s'articulent autour des maîtres-mots que sont :

- Le service : Qu'il soit de la paix, des autres, de la Nation..., le soldat sert de manière désintéressée, et ne confond jamais « servir » avec « se servir ».

- L’honneur : le respect, l'obéissance, le dévouement, la loyauté sont autant de valeurs qui sont associées à cette vertu cardinale. Avoir un sens de l'honneur c'est accepter de se sacrifier pour le bien commun, c'est ne pas agir contre la morale ou les lois.

- La cohésion : c'est avoir conscience que l'on appartient à une communauté, c'est faire preuve de solidarité, c'est aider son prochain.

- Le professionnalisme : c'est considérer que rien n'est jamais acquis, qu'il faut entretenir son corps, ses capacités intellectuelles et militaires, c'est avoir un sens profond de la mission et du travail bien fait.

- La neutralité : être soldat est un engagement exigeant qui implique plus de devoirs que de droits. Un de ces devoirs c'est se priver de sa liberté d'expression et ne plus s'exprimer en son nom propre. C'est faire preuve de réserve.

Le code du soldat développe au travers de ses 11 articles ces différents maîtres-mots. Ce code est le notre et est pour cette raison à connaître par cœur. Chacun d'entre nous doit en disposer à portée de main et c'est la raison pour laquelle il a été édité sur les cartes format de poche distribuées récemment individuellement. Le chef de corps, vos capitaines commandants, vos chefs de peloton, vos cadres de contacts ont la mission de vous inculquer ce code, de vous le commenter, de vous l'expliquer. Cet investissement collectif ne doit pas rester lettre morte : tous les personnels du régiment doivent connaître le code, l'avoir compris et le cultiver au quotidien.

1. Au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu.

2. Il accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre et si nécessaire au péril de sa vie.

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3. Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations.

4. Il obéit aux ordres dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.

5. Il fait preuve d’initiative et s’adapte en toute circonstance.

6. Soldat professionnel, il entretient ses capacités intellectuelles et physiques, et développe sa compétence et sa force morale.

7. Membre d’une communauté solidaire et fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyauté.

8. Attentif aux autres et déterminé à surmonter les difficultés, il œuvre pour la cohésion et le dynamisme de son unité.

9. Il est ouvert sur le monde et la société et en respecte les différences.

10. Il s’exprime avec réserve pour ne pas porter atteinte à la neutralité des armées en matière philosophique, politique et religieuse.

11. Fier de son engagement, il est toujours et partout un ambassadeur de son régiment, de l’armée et de la France.

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12. LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME - 2016

République, loi et vivre ensemble

http://ti.diak.over-blog.com/2016/07

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

« C’est par la loi qu’on s’émancipe de la force » (J.J. Rousseau)

En France, le problème réel, en passe de devenir mal absolu, c'est le non-respect de la règle commune. La lutte contre la délinquance quelle qu'elle soit, celle des mineurs comme celle des adultes, doit être une des priorités de l'État. La délinquance des mineurs ne doit pas faire oublier ni occulter celle des adultes. Il y va de l'équilibre de la nation. Le progrès moral n'est jamais acquis définitivement ou passivement. Il importe de le reconstruire sans cesse, condition de la survie d'une nation civilisée. Cette reconstruction constante doit s'inscrire dans des projets éthiques affirmés, conduits par des hommes d'État intègres et courageux, car la démocratie ne consiste pas à flatter les bas instincts des uns ou des autres en fuyant les vrais problèmes de la société. Être citoyen, c'est être civique et sans civisme, point de démocratie. A cet égard, l'État a trois sortes de missions qui lui sont spécifiques : d'abord concevoir et promulguer la bonne loi, ensuite, informer sur le bien-fondé de la loi (pédagogie de la loi), éduquer à la loi ; enfin, veiller à la bonne application de la loi, sévir au besoin sans faiblesse mais avec intelligence et humanité.

Civisme, condition de la réalité de la République démocratique

Avant tout, le premier des enseignements en ce sens, c'est celui des valeurs de la République. Les valeurs, c'est ce qui donne sens à la vie dans la société car seul on ne peut trouver un sens à sa vie. Elles sont donc inséparables de la communauté humaine dans laquelle on baigne ; les valeurs sont ce dont personne ni aucune société ne peut se passer sous peine de désagrégation individuelle ou collective. Ainsi conçues, les valeurs sont un code de conduite qui donne des repères, structure, et constitue notre personnalité : antidote contre notre nature, elles nous humanisent et nous sauvent de l'absurdité. Freins à nos pulsions, elles rendent les relations possibles. C’est un processus de sublimation qui permet à l'individu de s'élever au-dessus de lui-même et tendre vers l'autre par la maîtrise de son ego et celle de ses pulsions multiples.

C'est ainsi qu'il faut entendre, pratiquer et enseigner les valeurs de la République, ciment de la nation. Elles constituent à la fois le phare et le viatique de chaque citoyen pour se mouvoir et évoluer au sein de la communauté nationale vers son épanouissement personnel et celui de la collectivité. La liberté, l'égalité, la solidarité, le respect de l'autre, la laïcité, sont les valeurs fondatrices de notre République dont la négation constitue une rupture avec son héritage culturel et spirituel. Les jeunes doivent en être imprégnés progressivement sans systématisation, mais par l'exemple et par la pratique, avec générosité.

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La démocratie se nourrit de l’exemplarité

A ces quelques jeunes qui se signalent par des actes d'incivilité incompatibles avec les normes de la vie en société, il faut aussi pouvoir enseigner que la réussite nécessite l'effort, en premier lieu l'effort de soi sur soi, lequel permet de progresser, d'aller vers l'autre, et qu'aucune réussite ne tombe du ciel. La plus merveilleuse des aventures, ce n'est pas casser ou blesser, c'est participer positivement à l’œuvre de construction de soi par soi. Seulement, afin que ces jeunes s'en imprègnent, il faut aussi savoir le leur dire et le leur enseigner dans une langue et un langage qu'ils comprennent. Que cette tâche soit difficile la rend encore plus nécessaire et exaltante ! Un handicap de départ pour un être humain n'a jamais signifié une sentence irréversible de damnation. Il peut être au contraire un levain, facteur de sublimation pour viser les sommets (les sommets de soi), c'est-à-dire, l'exploration maximale de ses facultés et potentialités enfouies, ignorées ou méconnues.

Bien entendu, l'État et la collectivité doivent apporter leur concours, tendre la main pour aider à cette œuvre individuelle d'édification de l'être et du citoyen, concours à la fois vigilant et généreux. Tous les citoyens sont fils et filles de la République. L'État pourrait, en vue d'encourager et d'éduquer la jeunesse à la civilité républicaine, prendre quelques initiatives telle la création d'une médaille de la citoyenneté, ou médaille nationale du civisme pour différents âges, de 5 à 15 ans, de 16 à 20 ans, de 21 à 25 ans, qui récompenserait des actes de civilité ou de courage dans lesquels des jeunes se seraient illustrés comme nettoyer une plage souillée par la marée noire, porter secours à une personne âgée en difficulté... (école d’éveil à soi et aux autres pour l’épanouissement de tous), qui ne s’apparente en rien à un quelconque endoctrinement.

L’État, garant de la vie démocratique

Civisme et civilité : une mission d’éducation et d’éveil à soi et aux autres

L'État veillera à utiliser toutes les ressources et tous les ressorts possibles en sollicitant tous les supports appropriés pour informer, encourager, éduquer. Il pourra ainsi utiliser la dimension culturelle, du timbre-poste entre autres, en éditant des timbres à messages pédagogiques sur des thèmes d'intérêt collectif comme la sécurité routière, les dangers de la route, la nocivité de l'abus d'alcool, du tabac, la nécessité de protéger l'environnement etc.

La République doit assurer à chacun la liberté et la garantie de ses droits. Elle doit dans le même temps avoir la capacité d'exiger de chacun le respect, la garantie de la liberté et des droits des autres. Cette garantie, la République la doit à tous, et plus particulièrement aux plus fragiles de ses fils et filles. Insécurité et démocratie sont antinomiques. Rendre la justice, faire respecter la loi et le droit doivent être son credo. Un État républicain, c'est avant tout un État qui sait faire respecter ses lois, en faisant ressortir la nécessité et l’utilité de chacune d’elles pour tous. La sécurité est la première des libertés ; sans elle, il n'est ni justice, ni égalité, ni droits de l'homme par conséquent.

Un acte de délinquance, quel qu'en soit le degré de gravité doit appeler réparation, mais réparation appropriée, à la mesure de la nature et de l'échelle du délit. Un acte de délinquance

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impuni constitue un appel d'air qui, à terme, porte atteinte à la qualité de vie d'un quartier, d'une cité... C'est de toute manière, un coup porté à la démocratie. Personne ne doit se sentir contraint de vivre indéfiniment les actes d'incivilité commis par une minorité au sein de la collectivité ; ceci engage la responsabilité de l'État. La loi fonde la République par les idées d'égalité et de protection des citoyens qu'elle incarne. Le respect de la loi est donc fondamental car condition de la survie de la République. L'impunité à l'égard de ceux qui transgressent les lois de la République constitue une faiblesse mortelle pour celle-ci.

Mais, de même que l'impunité tue la démocratie, trop de lois tue la loi. Il ne sert à rien d'accumuler des lois, fussent-elles les meilleures du monde, si elles ne sont pas appliquées.

La loi, colonne vertébrale de la République et de la démocratie

« Sorti de l’esclavage, je n’ai d’autre maître que moi, mais de ma liberté, je ne veux faire usage que pour obéir à la loi », proclame un slogan des Révolutionnaires de 1789.

Que faut-il entendre par lois ?

Des textes représentant la volonté du peuple, clairs, lisibles, compréhensibles du plus grand nombre, adaptés, diffusés, commentés, appliqués, ayant pour finalité la régulation harmonieuse des rapports sociaux.

Or, en France, de bonnes lois sont votées (de moins bonnes aussi parfois sans doute), mais trop de lois sont marquées de deux faiblesses majeures.

La première est que leur nombre excessif et leur empilement font que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi » doit être révisé et amendé puisque bon nombre de Français ne semblent pas intellectuellement aptes à décrypter des articles de lois fondamentaux, complexes dans leur formulation et impossibles à suivre au jour le jour.

La seconde faiblesse qui découle de la première, c'est la non-application effective de la plupart de ces lois, parfois faute de moyens matériels et humains, mais aussi parce qu'elles n'ont pas pénétré culturellement une fraction de la population par manque de simplicité et surtout de pédagogie.

A quoi cela sert-il de voter une bonne loi si elle n'est pas appliquée ou pire, si elle n’est pas applicable ? D'autant plus que cela induit dans l'esprit des citoyens que la loi n'est pas faite pour être respectée. La capacité d'expression démocratique des citoyens s'en trouve amoindrie de même que l'esprit civique car « les nations ont le visage de leur justice ». A-t-on fait ou fera-t-on un jour l'inventaire de lois vouées aux oubliettes, une étude portant sur les textes de loi votés, promulgués et non appliqués en France ? Quel est le pourcentage de textes de loi non appliqués sur la quantité de textes votés en une année ? En une décennie ? Et quelles sont les raisons de la non-application ? Tel pourrait être un bon sujet de mémoire d'étudiant en droit, voire de thèse de doctorat.

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Est-ce un hasard si les « Rapports de la Commission d'enquête sur la délinquance des mineurs » publiés par le Sénat portent le sous-titre : « La République en quête de respect ? »

République, loi, respect sont consubstantiels, inséparables. Aucun de ces termes n'est viable sans les autres. Force doit rester à la République pour faire respecter la loi.

Le fait que de plus en plus de jeunes issus de l'immigration soient concernés par les statistiques de la délinquance tel qu'il apparaît dans cette enquête sénatoriale n'implique-t-il pas un rappel du passé colonial de la France, mais surtout, d’un déficit d’attention spécifique à l’endroit de ces jeunes (futurs citoyens) ?

A-t-on cherché à les connaître ? Leur a-t-on enseigné la République et ses valeurs ? Où ? Comment ? Qui ?

S’est-on soucié d’égalité, en donnant plus à ceux qui ont le moins, pour se construire et construire ?

Bref, s’est-on soucié de leur impréparation véritable à la France et à la République ? À la société française ?

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13. Armée de terre – EPIDE : un cadre propice pour les projets professionnels - 2017

Date de publication : 19/05/2017

Dans le cadre de cette coopération, l’Armée de Terre s'engage à :

• Communiquer des informations utiles sur les plans de recrutement trimestriels, par le CIRFA de référence au directeur recrutement insertion du centre EPIDE ;

• Transmettre aux centres EPIDE du calendrier des périodes militaires susceptibles de répondre aux besoins des jeunes volontaires (en liaison avec le bureau Terre du CIRFA) ;

• Établir un programme annuel d’actions d’information (informations collectives et présentations métiers), à conduire en lien avec chaque centre EPIDE ;

• Respecter un délai de 2 mois maximum pour convoquer en visite médicale d’aptitude en GSE tout candidat à l’engagement proposé par un centre EPIDE ;

• Établir une évaluation annuelle du pourcentage des candidatures retenues sous statut EVAT ou VDAT, assortie des taux de dénonciation au cours de la période probatoire affectant les jeunes gens issus de l’EPIDE.

Simultanément, l’EPIDE s’engage à :

• Permettre aux conseillers en recrutement des bureaux Terre des CIRFA d’apprécier la fiabilité du projet et de procéder à l’orientation du volontaire, dans le cadre de la demande de décision d’engagement. A cet effet, le centre EPIDE fournira au conseiller en recrutement, par le biais d’un document d’aide à la décision récapitulant les compétences acquises, les renseignements sur le parcours, le profil et les résultats du candidat à l’engagement ;

• Établir et mettre en œuvre un parcours et une offre de services adaptés aux besoins de l’insertion dans l’armée de Terre. L’architecture générale de cette offre de services est jointe en annexe 1 ;

• Valider, aux environs du quatrième mois de leurs parcours, les projets professionnels des jeunes gens faisant le choix d’une insertion dans l’armée de Terre. A la validation du projet s’attache un avis médical réalisé sur la base des critères généraux d’aptitude définis par l’armée de Terre (candidat évalué en GSE). La visite médicale d’aptitude à l’engagement a pour but de limiter les rejets de candidatures et les échecs tardifs impactant le parcours des jeunes. Elle ne présage en aucun cas des épreuves complémentaires d’évaluation et de la décision d’engagement en fin de processus ;

• Permettre aux CIRFA de développer l’orientation vers l’EPIDE des jeunes gens dont le profil exigerait le recours à son offre de services, en amont de leur recrutement dans l’armée de Terre. Les besoins des CIRFA sont exprimés directement auprès du cadre référent de chaque centre concerné conformément au plan de rattachement joint.

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14. L’EPIDE, UNE MISSION : L’INSERTION DANS L’EMPLOI

Date de publication : 2017

Accompagner les jeunes les plus éloignés de l’emploi vers

l’insertion sociale et professionnelle…

Placé sous la tutelle des ministères chargés de l’Emploi et de la

Ville, l’EPIDE – Établissement pour l’insertion dans l’emploi –

est un acteur reconnu de l’insertion des jeunes de 18 à 25 ans

sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification

professionnelle.

Dans ses 19 centres ces jeunes – les volontaires de l’EPIDE – sont

accueillis en internat, dans un cadre structuré, où ils vivent les

valeurs de la République au quotidien.

Construire et réussir son projet professionnel ; acquérir une

formation générale et spécialisée ; apprendre à prendre soin de

soi et des autres sont les objectifs partagés par les volontaires

et les professionnels qui les accompagnent. L’éducation à la

citoyenneté est la pierre angulaire de la pédagogie de l’EPIDE.

La force de l’EPIDE, c’est aussi son réseau de partenaires. Un nombre toujours croissant d’employeurs

accordent leur confiance aux volontaires en leur proposant un stage ou un emploi.

Depuis sa création en 2005, l’EPIDE a formé près de 30 000 citoyens responsables.

… par la mise en œuvre d’une méthode unique en son genre.

L’originalité du dispositif repose sur des équipes pluridisciplinaires qui :

• Garantissent au volontaire un accompagnement global qui permet notamment de lever les

freins périphériques à l’emploi et à l’apprentissage (conseillers éducation et citoyenneté,

moniteurs, formateurs d’enseignement général, d’informatique, de mobilité et de sport,

infirmiers, chargés d’accompagnement social, conseillers en insertion professionnelle et

chargés de relations entreprises) ;

• Opèrent dans un cadre structurant d’inspiration militaire, fondé notamment sur l’internat de

semaine et l’apprentissage de la vie en collectivité (port d’une tenue d’uniforme, acquisition

du respect de soi et des autres, participation à des projets collectifs et aux tâches de service

courant, etc.) ;

• Offrent à chaque volontaire un suivi personnalisé (accompagnement adapté au rythme et au

projet personnel et professionnel, grâce notamment à des entretiens individuels).

Les jeunes évoluent dans un environnement qui leur permet d’acquérir ou de reprendre confiance en

eux et de se projeter dans l’avenir.

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15. Vendée : un maire invente un « passeport » pour former les élèves au civisme - 2016

• Par Eugénie Bastié

• Publié le 04/10/2016

Participer à une commémoration, parrainer un « aîné », aider une association… À travers une série de

8 épreuves, les élèves de CM2 de Talmont-Saint-Hilaire sont invités à gagner les galons d'un « diplôme

de civisme ». Une initiative inédite qui séduit d'autres municipalités.

Forger la citoyenneté. C'est l'objectif de Maxence de Rugy, le tout jeune maire (LR) de Talmont Saint

Hilaire, une petite ville de 7800 habitants en Vendée. Il lance ce mardi la deuxième édition d'un «

passeport de civisme » distribué en début d'année à tous les élèves de CM2 de sa commune. Ce

document, qui se présente comme un petit livret de 20 pages, est une succession d'exercices proposés

aux élèves, ponctués d'injonctions patriotiques à l'accent lavissien. L’objectif ? « Leur transmettre

l'amour de leur pays et le goût de s'impliquer dans la vie de la Cité », à travers un parcours de 8 «

épreuves ».

Parmi les expériences proposées : apprendre à « connaître les valeurs de la République » en visitant

une exposition sur les emblèmes de France à la mairie, participer à une commémoration comme celle

du 11 novembre ou du 8 mai, donner un jouet au profit d'un association caritative, organiser la collecte

lors du marché de Noël, adresser une carte de vœux aux personnages âgées de la maison de retraite à

l'occasion de la nouvelle année… Mais aussi : visiter un château du patrimoine, apprendre la

Marseillaise, etc. Des actions concrètes censés tisser le lien social et inscrire de façon empirique le

patriotisme dans la conscience enfantine. A l'issue de ce parcours de 8 épreuves, les jeunes reçoivent

un « diplôme du civisme » et une médaille d'or, d'argent ou de bronze en fonction du nombre

d'épreuves validées.

« Émulation collective »

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Des « ambassadeurs » sont là pour guider les enfants dans leurs démarches : anciens combattants,

président du Secours catholique, animateur d'EHPAD, gendarme ou pompier… L'ancien ministre des

Anciens combattants Philippe Mestre a été le « parrain » de la première promotion. Ce mardi 4

octobre, la deuxième édition sera proposée aux 93 élèves de CM2 de la commune, en présence de

leurs parents et des ambassadeurs.

L'idée est venue à Maxence de Rugy après les attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015. « On a alors

eu des rassemblements très nombreux dans nos communes, autour de valeurs. Mais comment

matérialiser ce retour aux valeurs ? Il fallait dépasser le stade de l'émotion pour passer à l'action. J'ai

voulu donner une réponse locale à un problème national. », explique-t-il au Figaro.

Le « passeport de civisme » s'exerce dans le cadre des « projets éducatifs » que doivent porter chaque

année les écoles. Si certaines activités se font dans le cadre de l'école, d'autres sont laissés à l'initiative

de l'élève en dehors de la classe. Les quatre établissements de la commune, privés et publics ont

répondu à l'appel.

Selon le maire, les enfants ne traînent pas des pieds pour participer à cette « petite compétition

ludique », qui crée une véritable « émulation collective ». À la fin de l'année, lors d'une cérémonie les

élèves reçoivent une récompense, la médaille d'or, s'ils ont rempli toutes les « épreuves ».

L'idée pourrait-elle faire florès ? Le maire se dit « pas mal sollicité » par des municipalités «

vendéennes, sarthoises et ligériennes », et même par un conseiller municipal de Nouvelle-Calédonie,

qui lui a demandé un exemplaire du passeport. Il va déposer un label et fonder une association pour

promouvoir son idée.

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16. Rennes. Les communes du département récompensées pour leur civisme - 2017

OUEST France - Publié le 06/10/2017

Yves Gérard, le maire de Saint-Christophe de Valains (deuxième en partant de la droite), reçoit son

diplôme de la Marianne du civisme au cours d’une cérémonie organisé au Conseil départemental

35. | (Photo : Ouest-France)

Les Mariannes du civisme ont été remises cette après-midi dans l'enceinte du Conseil départemental

d’Ille-et-Vilaine, aux communes qui ont le plus voté lors des élections présidentielles et législatives de

2017.

« C’est une célébration du civisme », souligne la présidente de l’Association des maires de France

d’Ille-et-Vilaine (AMF 35), Françoise Gatel. Organisée ce vendredi après-midi au cœur du Conseil

départemental d’Ille-et-Vilaine, la cérémonie des Mariannes du civisme a permis de mettre à l’honneur

cinq communes dont les électeurs ont prouvé leur civisme en participant en grand nombre aux

élections présidentielles et législatives.

Les lauréats ont reçu leur Marianne du civisme des mains de Pierre Levieil, président de l’Association

des anciens maires et adjoints aux maires de l’Ille-et-Vilaine (ADAMA 35) en présence du président du

Conseil départemental, Jean-Luc Chenut.

« Une fierté pour la ville »

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Créé en 2007, ce concours de participation électorale est « divisé en plusieurs catégories, en fonction

du nombre d’administrés », précise Pierre Levieil.

Pour certains maires récompensés l’émotion est forte et la voix mal assurée. « Ce n’est pas tous les

jours que l’on a des récompenses pour une petite commune de 225 habitants », lance avec un sourire

crispé l’édile de Saint-Christophe-de-Valains, Yves Gérard.

Pour Youri Moysan, maire de la commune d’Aubigné, « c’est une fierté pour la ville de savoir que la

population est impliquée dans le processus démocratique ». Après la remise des plaques et diplômes

symbolisant leur réussite, la quarantaine de maires a partagé un pot de l’amitié.

Les principaux lauréats : Dans la catégorie jusqu’à 500 habitants : Saint-Christophe de Valains, 90,26 %

de taux de participation ; jusqu’à 1 000 habitants, Clayes, 91,25 % ; jusqu’à 3 500 habitants, Chevaigné,

88,61 % ; jusqu’à 10 000 habitants, Châteaugiron, 86,28 % ; 10 000 habitants et plus, Vitré, 73,65 %.

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17. Éducation, Civisme et Santé pour renforcer le modèle européen - 2014

L’EXPRESS / Noëlle Lenoir, publié le 07/12/2014

A propos de l'auteur

Ancienne Ministre des Affaires européennes, Noëlle Lenoir

aujourd’hui avocate associée, poursuit son engagement au

service d’une Europe forte et intégrée apte à affronter la

compétition internationale tout en offrant un modèle solidaire

unique au monde. Elle œuvre pour que la France, dont c’est la

vocation historique, reste l’un des puissants moteurs de la

construction européenne initiée sur les bases de la réconciliation

franco-allemande.

Le droit à la protection de la santé est un droit humain fondamental ancré dans le modèle européen

et qu’exprime l’article 35 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne lorsqu’elle

dispose que « toute personne a le droit d’accéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier

de soins médicaux dans les conditions établies par les législations et pratiques nationales. Un niveau

élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en œuvre de toutes les

politiques et actions de l’Union. »

Alors que la croissance marque le pas en Europe et que la pauvreté s’étend, l’Europe doit, plus que

jamais, multiplier les actions pour permettre à chacun de ressentir du bien-être et de réduire les

inégalités devant la maladie et la mort. L’Union européenne n’a certes que des compétences limitées

en la matière. L’article 168 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne la cantonne surtout

dans la prévention des maladies et la lutte contre les grands fléaux, ainsi que dans la surveillance de la

sécurité des produits de santé.

Mais c’est suffisant pour que l’Union marque son empreinte. Deux champs d’action sont à privilégier :

la lutte contre la drogue et celle contre le tabagisme. Or les progrès sont lents et insuffisants. Les

statistiques sur la consommation de drogue sont aléatoires car celle-ci est clandestine. Mais les chiffres

sur les dégâts du tabac sont là : 650 000 morts dans l’UE en 2009 et sans doute près d’un million par

an aujourd’hui. C’est la première cause de décès, de maladies et d’incapacités d’après la Commission

européenne.

La drogue est mortifère elle aussi. Mais l’une des premières tares du tabac est d’abord que la fumée

ambiante est extrêmement dangereuse, en particulier pour les enfants. C’est la raison pour laquelle la

Convention cadre de l’OMS de 2003, applicable depuis 2005, prescrit des mesures de protection contre

l’exposition à la fumée du tabac. Selon son article 8 « chaque citoyen a droit à un niveau élevé de

protection de la santé et doit être protégé contre l’exposition à la fumée du tabac ».

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Les pays de l’Union – qui ont, ainsi que l’UE elle-même, ratifié cette Convention – ont interdit le

tabagisme dans les lieux publics fermés, mais pas dans les lieux publics ouverts. Il faut franchir ce pas,

et d’urgence. Les rues des villes sont devenues en effet un espace tabagique dont le niveau de pollution

est parfois étouffant et suffoquant. En outre, le mauvais exemple donné par ceux qui fument dans les

rues crée un effet moutonnier notamment vis-à-vis des jeunes, les plus vulnérables. Enfin, dans les

villes comme Paris où la question des mégots n’est pas encore résolue et où des centaines de milliers

de mégots jonchent le sol en transformant notre capitale en vaste poubelle, on assiste à une

dégradation accélérée de l’environnement qui ternit l’image de la ville, mais aussi du pays tout entier.

Santé et éducation ont partie liée, car l’on sait que la protection de la santé dépend essentiellement

des conditions d’hygiène de vie. Je rentre du Japon et ai été émerveillée de constater combien c’est

toute l’éducation d’un peuple qui permet à tous et à chacun de contribuer à cette hygiène impeccable

qui est la marque de fabrique de ce grand pays. Pas un mégot, pas un papier, pas une immondice par

terre, les rues sont propres et l’air est clair. Les enfants à l’école sont formés pour savoir faire le

ménage, des cours leur sont dispensés dès le plus jeune âge. Voilà un programme « Éducation à la

Santé et à l’Hygiène » que le nouveau commissaire européen à la santé, le lituanien Vytenis

Andriukaitis, devrait lancer sur ce modèle. Il contribuerait ainsi à la formation d’une communauté de

citoyens respectueux du voisin et de l’environnement.

Noëlle Lenoir

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18. CiDAN : civisme, défense, armée-nation - 2017

Prix Européen « Civisme, Sécurité et Défense »

LES LAURÉATS

Les délibérations du jury.

Les délibérations du jury sont secrètes, non

publiées et sans appel. Les concurrents, dès lors

qu’ils participent au concours, s’engagent à se

soumettre à l’ensemble du présent règlement

ainsi qu’aux décisions du jury.

Le lauréat est déclaré hors concours pour une période de trois ans.

Palmarès 2017

Le jury du Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” s’est réuni, le 12 octobre 2017, à Strasbourg,

dans les locaux du Conseil de l’Europe.

Après délibération, le palmarès 2017 revient aux candidats suivants :

• Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” à l’institution lithuanienne “House of Arts and

Education”, avec ses partenaires du Portugal, de Hongrie, de Lithuanie et du Montenegro ;

Pour le projet “la voie du citoyen dans le miroir de l’Histoire”, dont le but est, par le théâtre

“Forum”, de rappeler aux jeunes que les droits de l’Homme ne sont pas acquis pour toujours et de

montrer que l’appartenance à l’Union européenne aide à défendre ces droits et à se sentir plus en

sécurité qu’isolé comme par le passé.

• Prix spécial “Travail de Mémoire” à la mairie de Auchy les Mines

Pour l’exceptionnel engagement de la population de cette petite commune à commémorer en

2014 et 2015 le centenaire de la Première Guerre mondiale, par des activités riches et variées, et plus

particulièrement pour accueillir des délégations des anciens des régiments britanniques qui ont

participé à la Bataille de Loos (septembre- octobre 2015), ainsi que des collégiens de ce pays.

• Prix spécial “Innovation” à Madame Elodie Ferreira,

Pour son mémoire de recherche sur la représentation des conflits et des traumatismes dans les

musées et mémoriaux, pour la réalisation du site internet ComMemories, dont le but est de

moderniser le travail de mémoire, pour la rédaction du guide pratique “Parler d’Evénements Tragiques

Avec Votre Enfant”, permettant entre autres de renforcer la résilience face au terrorisme, enfin, en

encouragement, pour la rédaction de deux livres intitulés “Le Travail de Mémoire Expliqué aux

Enfants”, l’un s’adressant aux enfants de 6 à 8 ans et l’autre aux enfants de 9 à 11 ans.

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La 7e cérémonie de remise du Prix européen se tiendra, le 28 novembre 2017, dans le cadre de la

Conférence de Sécurité de Berlin.

Palmarès 2016

Le jury du Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” s’est réuni, le 13 octobre 2016, à Strasbourg,

dans les locaux du Conseil de l’Europe.

Après délibération, le palmarès 2016 revient aux candidats suivants :

• Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” aux associations EuroDéfense-Espagne et

EuroDéfense-Portugal,

Pour l’organisation de la 5ème conférence EuroDefense des jeunes européens et pour son

suivi. 70 jeunes délégués, étudiants d’université ou élèves-officiers, de six pays de l’Union européenne

se sont réunis pour échanger dans un cadre multidisciplinaire sur “la défense de l’Europe au passé, au

présent et à l’avenir”.

19. © Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

• Prix spécial “Ethique militaire” au Centre de Stockholm sur l’éthique de la guerre et de la paix

(département de philosophie de l’université de Stockholm),

Pour la formation de jeunes chercheurs, pour ses travaux sur l’éthique militaire, ses publications, ses

conférences et la mise en relation, essentiellement dans les pays du Nord de l’Europe, de chercheurs,

de décideurs politiques, de militaires et du public sur ce thème.

20. © Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

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• Prix spécial “Travail de Mémoire ” à l’association française “Mondement 1914 – les soldats de

la Marne – Joffre – Foch”,

Pour la commémoration chaque année et plus particulièrement en 2014, des combats de la première

bataille de la Marne et la diffusion des informations les concernant, particulièrement auprès des

jeunes, en relation avec l’association de recherches militaires saxonnes de Dresde, le Royal Fusiliers de

Londres et l’école allemande internationale de Paris.

21. © Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

• Prix spécial “Conscience européenne de sécurité et de défense” au Dr Carolin Rüger de

l’institut de sciences politiques et de sociologie de l’université de Würzburg en Allemagne,

Pour ses travaux de recherche et d’enseignement sur la Politique européenne commune de sécurité

et de défense, et plus spécifiquement sur l’élaboration, la mise en œuvre et la mesure de la perception

de cette politique par les citoyens européens.

22. © Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

Madame Carolin Rüger, toute jeune maman de deux jumeaux, n’avait pu faire le déplacement et était

représentée par sa mère, Madame Hildegund Rüge.

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23. Citoyenneté européenne - 2016

1. Quels sont les obstacles auxquels les citoyens européens doivent faire face dans l’exercice de leurs

droits ? Que pourrait-on faire pour alléger ces obstacles ?

Les obstacles :

Tout d’abord, il y a un problème identitaire chez le citoyen européen. Les citoyens des États membres

ne se sentent pas citoyens européens en tant que tel, mais se considèrent comme citoyen « national

» (un belge est un citoyen belge, un français citoyen français, etc…).

Ils ne sont pas assez sensibilisés à l’Union Européenne, ne la comprennent pas, trouvent son

fonctionnement trop complexe. A titre d’exemple, peu de citoyens peuvent dire aujourd’hui qui

préside l’Union Européenne. Il persiste un problème d’intérêt des citoyens et d’implication.

Il y a trop de distance entre l’Union et les citoyens de celle-ci : le Parlement Européen représente les

intérêts des citoyens européens, mais ceci est loin d’être clair pour cette population. La preuve en est

avec les élections qui ne rassemblent que peu d’électeurs.

Les citoyens ne saisissent pas toujours les conséquences des politiques européennes dans leur vie au

quotidien. Comment se rapprocher d’une communauté qui donne l’impression d’être peu préoccupée

par ce qui touche directement la population européenne.

Solutions envisageables :

- Un travail d’information : Trouver un moyen de mieux informer les citoyens européens sur leurs

droits, leur statut et la vie européenne en général.

Faire prendre conscience qu’être citoyen européen est un véritable statut leur offrant des droits. Il est

indispensable de leur donner confiance dans l’Union Européenne car peut-être ont-ils l’impression de

ne voir dans cette Union que des contraintes ?

- Rapprocher les citoyens de l’Union Européenne et de ses institutions : il faut absolument les faire

participer dans la prise de décision des questions préoccupant l’Union Européenne, de quelque

manière que ce soit : qu’ils soient citoyens, PME, ONG, …

Il faut qu’ils se sentent plus proches des institutions et que nous puissions agir directement auprès de

celles-ci.

Par exemple, la CJUE garantit les droits des citoyens : or, il n’existe aucun accès direct à celle-ci. Peut-

être une évolution serait envisageable par la création d’un Tribunal qui « filtrerait » les requêtes des

particuliers… Dans tous les cas, il faudrait que nous puissions intenter une action en justice si nous

estimons qu’un État membre viole nos droits de citoyens européens.

- Le droit de pétition/l’initiative citoyenne : Le droit de pétition représente le droit pour tout citoyen

de l’Union ou pour toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un

État membre, individuellement ou en association, de présenter au Parlement Européen une demande

sur un sujet relevant du domaine d’activité de la Communauté.

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- La pétition est recevable si elle porte sur des sujets relevant des compétences et si elle concerne

directement son auteur. Il existe une Commission des Pétitions.

La pétition est envoyée à la Commission des pétitions qui décide d’abord si elle est recevable. Si tel est

le cas, la Commission des pétitions demande à la Commission Européenne de lui fournir les

informations pertinentes ou son avis sur les points soulevés par le pétitionnaire.

Lorsque suffisamment d’informations sont rassemblées, la pétition est inscrite à l’ordre du jour d’une

réunion de la Commission des pétitions à laquelle la Commission Européenne est invitée.

Le problème de ce droit de pétition, c’est qu’il n’aura aucune valeur contraignante pour les institutions

communautaires.

En raison des conditions lourdes de ce droit de pétition, de la lenteur de la procédure, le Traité sur

l’Union Européenne est venu apporter une innovation majeure, surtout dans le fonctionnement

démocratique de l’Union en instituant le droit d’initiative citoyenne. Celle-ci permet aux citoyens

d’inviter la Commission à présenter directement certaines propositions législatives.

Les conditions à réunir sont les suivantes : il faut au moins un million de signatures qui proviennent

d’un nombre d’États significatifs (fixé à 9). L’initiative doit relever des attributions de la Commission et

concerner des questions pour lesquelles les citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est

nécessaire aux fins de l’application des Traités.

Grâce à cet outil est enfin introduite une démocratie participative en plus de la démocratie

représentative et cela permet de rapprocher les citoyens de l’Union Européenne.

Cette initiative, pour avoir l’effet escompté, devrait obliger la Commission Européenne à prendre

sérieusement en considération les demandes présentées.

Il est important d’établir une procédure et des conditions simples, à la portée de tout le monde, tout

en fixant un certain nombre d’exigences afin que cet instrument soit crédible et afin d’éviter les abus.

Quoiqu’il en soit, cet outil est une avancée majeure, d’autant plus qu’aujourd’hui existent bon nombre

de réseaux sociaux permettant de réunir un maximum de personnes, et ce même au-delà des

frontières.

2. Dans quels secteurs les droits des citoyens pourraient-ils être renforcés ?

- Droit social : il faut prendre en compte le travailleur, qui est un citoyen européen et le protéger de

manière efficace. Par exemple, en pleine crise économique se sont intensifiés des phénomènes tels

que les restructurations ou les délocalisations. Il est nécessaire que l’Union Européenne encadre ces

phénomènes qui constituent un fléau pour les travailleurs européens afin de mieux les protéger.

- Secteur judiciaire : il faudrait faire en sorte que les droits des citoyens soient respectés et garantis.

L’organe apte à réaliser cet objectif existe, il s’agit de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

Mais il serait souhaitable aujourd’hui que celle-ci ait la capacité de mettre en application cet objectif,

notamment par la possibilité pour les citoyens de la saisir directement (comme cela existe déjà pour

la Cour Européenne des Droits de l’Homme) ou par le biais d’organismes proches d’eux (association…).

Il faudrait également renforcer le rôle du médiateur européen qui constitue un moyen fort pour les

citoyens de faire entendre leurs voix et leurs plaintes : il est nécessaire de le faire connaitre et

d’informer les citoyens sur son existence.

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- Les critères d’obtention de la citoyenneté européenne : prendre en compte la durée de résidence dans

un État membre plutôt que celui de la nationalité d’un Etat membre pour attribuer les droits relatifs

à la citoyenneté européenne car ce critère de la nationalité revient à exclure des ressortissants qui

sont sur le territoire européen et en font pleinement parti.

- Droit à un environnement sain : l’affirmation d’un droit à l’environnement en Europe est essentielle

pour que la protection de l’environnement puisse revêtir les caractères d’un droit transversal et

fondamental.

Nous avons connu un premier échec lors de la préparation du Traité de Maastricht (1992) en tentant

de donner la définition d’un « droit individuel à l’environnement ».

Puis, en 2000, avec la Charte des Droits Fondamentaux, on a fait le choix de n’y inclure qu’une formule

assurant un “niveau élevé de protection de l’environnement et d’amélioration de sa qualité devant

être intégrés dans les politiques de l’Union et assurés conformes au principe de développement

durable”. Ce choix pourrait paraître une avancée non négligeable, sauf qu’il ne représente aucune

nouveauté puisque l’article 6 du Traité CE affirmait déjà que la protection de l’environnement devait

être intégrée dans les politiques de l’Union.

Il n’existe donc pas véritablement de droit à l’environnement en droit communautaire, formulé en tant

que tel, même si les préoccupations environnementales sont présentes et que l’Union Européenne se

place même parmi le continent appliquant les normes environnementales les plus strictes.

Un petit effort semble donc à portée de main concernant maintenant le droit à un environnement sain

pour les citoyens européen

- Droits de l’homme : Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’Union Européenne a été adopté un texte

unique qui reprend l’ensemble des droits civiques, politiques, économiques et sociaux des citoyens

européens ainsi que de toute personne vivant sur le territoire de l’Union : il s’agit de la Charte des

Droits Fondamentaux, du 7 décembre 2000. Le problème est que pendant quasiment 10 ans, cette

charte n’avait aucune valeur juridique.

Indéniablement, le Traité de Lisbonne apporte une avancée majeure en matière de droits de l’homme,

et ce concernant deux points essentiels.

D’une part, avec son entrée en vigueur, la Charte des Droits Fondamentaux acquiert enfin une valeur

juridique, et pas des moindres : elle a désormais la même valeur que les Traités.

Par conséquent, elle devient opposable pour les citoyens européens, c’est-à-dire que ces derniers

pourront faire valoir la Charte devant un juge pour faire annuler des actes qui ne la respectent pas ou

sont contraires au droit qu’elle contient.

La Charte a surtout renforcé la protection des droits sociaux, en incluant notamment le droit de

négociation et d’action collective, le droit à la sécurité sociale et à l’aide sociale, le droit d’accès aux

services d’intérêt économique générale ou encore la protection contre les licenciements injustifiés.

Il n’y a vraiment de quoi dire sur ce point qui reste un point très positif puisque cette valeur juridique

accordée à la Charte était largement attendue.

D’autre part, l’article 6 du Traité de Lisbonne proclame l’adhésion de l’Union Européenne à la

Convention Européenne des Droits de l’Homme. Cette Convention constitue le texte de référence en

matière de droits de l’homme. Elle proclame notamment des droits civils et politiques fondamentaux

et instaure un mécanisme de protection basé à Strasbourg : toute personne s’estimant victime d’une

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violation de ces droits peut saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dès lors que toutes les

voies de recours ont été épuisées dans son État.

Cette adhésion renforce encore la protection des droits de l’homme en Europe en soumettant le

système juridique de l’Union à un contrôle externe indépendant. Elle permet également de combler

des lacunes dans la protection juridique des citoyens européens en leur octroyant la même protection

à l’égard des lois européennes que celle actuellement garantie par les États membres.

Cependant, malgré cette adhésion, l’Union Européenne reste un ordre juridique distinct dont la Cour

de Justice de l’Union Européenne est la plus haute instance judiciaire. De plus, le principe d’autonomie

de l’Union n’est en aucun cas remis en cause : pour saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme,

le demandeur devra avoir épuisé les voies de recours judiciaires de l’État en cause ainsi que le renvoi

préjudiciel devant la Cour de Justice.

Il faudra alors guetter si ce processus permet réellement aux citoyens européens de voir leurs droits

fondamentaux protégés de manière efficace et opérationnelle.

3. Que pourrait-on faire pour améliorer la reconnaissance des documents relatifs à la naissance, au

mariage, à la fin de vie … entre les États-membres et pour réduire les formalités administratives

et les coûts ?

En ce qui concerne les documents purement administratifs, il est clair qu’une procédure harmonisée

dans les 27 États membres serait bénéfique.

Prenons l’exemple du mariage, si la procédure administrative d’obtention de la qualité de marié était

la même dans chaque État, ce serait beaucoup plus simple.

Nous nous intéressons ensuite à la reconnaissance mutuelle des diplômes dans l’Union, qui pose

toujours problème. En effet, même s’il existe aujourd’hui 2 directives qui instituent un système

généralisé de reconnaissance des diplômes, des problèmes subsistent.

En ce qui concerne la reconnaissance académique (qui sert à pouvoir poursuivre une formation dans

un autre État membre sans être pénalisé), cette reconnaissance n’est pas automatique puisqu’il faut

engager bien à l’avance des démarches auprès de l’établissement d’accueil étranger.

C’est une procédure longue et lourde qui ne garantit même pas une reconnaissance parfaite.

En ce qui concerne la reconnaissance professionnelle (qui permet à son titulaire d’exercer sa

profession dans un autre État membre), s’il s’agit d’une profession réglementée, la reconnaissance ne

sera pas non plus automatique puisqu’il sera bien souvent nécessaire de passer un test d’aptitude, de

suivre une formation complémentaire ou d’attester de l’expérience professionnelle acquise. Or, pour

certaines professions bien ciblées, une directive a été adoptée et reconnait leur reconnaissance

automatique.

Une première difficulté apparait puisqu’il faudra chercher si le métier que l’on exerce entre dans le

champ d’application de la directive ou pas. Il faudrait pouvoir établir un système harmonisé. De plus,

la procédure est longue, lourde et couteuse.

La principale complexité est liée au fait que chaque État membre a son propre système de délivrance

des diplômes et que certains diplômes qui paraissent identiques ne sanctionnent en réalité pas du tout

la même formation et le même niveau d’études.

Solution possible : mettre en place un système unique de diplôme, ou tout le moins, un système

harmonisé pour les diplômes universitaires. Il faudrait prendre en compte un modèle de système et

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l’appliquer à tous les États membres. De cette manière, les États membres délivreraient les mêmes

diplômes et ceci faciliterait la reconnaissance.

Il faudrait également rendre cette harmonisation contraignante pour les États membres afin que tous

l’appliquent.

Enfin, nous sommes particulièrement concernés par la question concernant le statut d’association

européenne.

En effet, nous soulignons que nombreux sont les citoyens européens vivant un engagement associatif

qui peut aller de la simple adhésion à la conduite quotidienne d’un projet collectif. Or, cette réalité est

méconnue alors que la participation à la vie associative des citoyens contribue à la participation des

citoyens à la vie publique européenne.

Il serait souhaitable de créer un statut européen pour les associations puisqu’aujourd’hui, il existe des

inégalités entre les citoyens européens quant à la liberté d’association.

De plus, les associations ayant des activités transfrontalières ou transnationales sont confrontées à de

fortes difficultés : en effet, il existe une grande complexité administrative (notamment des difficultés

techniques, juridiques et financières) alors que l’Union Européenne souhaite développer ses échanges

communautaires.

Enfin, tant qu’un statut européen (voir international) n’est pas mis en place, les ONG et associations

restent soumises à la législation associative en vigueur dans l’État ou elles ont leur siège.

Ainsi, un statut d’association européenne permettrait aux associations de conduire plus facilement des

opérations avec les associations installées sur le territoire d’autres États membres. Ce statut faciliterait

également le développement des activités des grandes associations comme les ONG Internationales

qui ont des bureaux dans plusieurs États membres. Les grandes associations ou les associations de

tailles moyennes ainsi que les petites structures ayant une activité transfrontalière sont également

concernées.

Il faudrait par conséquent organiser des débats dans lesquels participeraient les acteurs du monde

associatif afin de faire évoluer cette question le plus rapidement possible. Le plus simple serait de

déterrer le projet de directive qui avait été présenté au Parlement Européen.

4. Que peut-on faire pour augmenter l’engagement dans la vie démocratique européenne des

citoyens qui résident dans un autre État de l’Union ?

Il est aujourd’hui facile pour un citoyen européen de se déplacer à l’intérieur de l’Union Européenne,

et ce encore plus avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Mais une fois qu’il est installé,

certaines procédures sont lourdes à mettre en œuvre pour ce citoyen.

A titre d’exemple, l’inscription sur les listes électorales pour un ressortissant communautaire qui

souhaite voter pour les élections au Parlement Européen sont assez lourdes : il devra rédiger une

déclaration écrite dans laquelle il mentionnera 4 éléments (sa nationalité, son adresse dans le pays

d’accueil, qu’il n’a pas été déchu de son droit de vote dans son Etat d’origine et qu’il n’exercera son

droit de vote qu’en France).

Il faudrait peut-être faciliter cette inscription pour que les citoyens puissent aisément accéder aux

urnes dans le pays d’accueil. En effet, il n’est plus à démontrer que les citoyens européens ne sont pas

vraiment enthousiastes à l’idée d’aller voter mais si en plus, les formalités pour réaliser leur vote sont

lourdes, ils le seront encore moins.

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Alléger ces formalités d’inscription ne peut constituer qu’une amélioration de leur envie de participer

à la vie démocratique et politique de l’Union.

5. Que peut-on faire pour augmenter la participation aux votes des citoyens européens ?

Il est nécessaire de trouver des mesures incitatives car chaque élection européenne montre jusqu’à

présent que les citoyens se déplacent peu vers les urnes.

Tout d’abord, il faudrait sensibiliser les citoyens à l’importance pour eux d’aller voter : une campagne

forte et diffusée largement qui leur montrerait l’impact d’une telle élection sur leur quotidien devrait

être prévue pour les prochaines élections. Il faut leur faire comprendre que leur vote est important et

qu’ils sont un acteur direct de la vie européenne.

Ensuite, il serait bien d’organiser les élections européennes sur une journée qui serait la même pour

tous les États membres. Ainsi, tous les citoyens européens se déplacent aux urnes le même jour, ce

qui renforce le sentiment d’appartenir à la même Communauté et de voter pour un même objectif.

24. Fin du dossier

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SYNT

HESE

de D

OSS

IER

(GEN

D) –

SD1 2

018

SYNTHESE de DOSSIER

Durée : 05 heures – Coef. : 40 - Note éliminatoire < 05 sur 20 L'épreuve consiste en la rédaction en six cents mots (+ ou – 10 %), soit environ trois pages, d'une synthèse objective, dénuée de toute appréciation personnelle, construite selon un plan classique (introduction, développement, conclusion). Elle est entièrement rédigée et seules les grandes parties peuvent éventuellement être précédées d'un titre. Le fait de ne pas respecter la longueur imposée pour la rédaction (six cents mots + ou – 10 %) entraîne l'attribution d'une pénalité de la manière suivante :

- Dépassement de 10 mots ou moins (entre 530 et 539 ou entre 661 et 670) : moins 1 point ;

- Dépassement de 11 à 20 mots (entre 520 et 529 ou entre 671 et 680) : moins 2 points ;

- Dépassement de 21 à 30 mots (entre 510 et 519 ou entre 681 et 690) : moins 3 points ;

- Dépassement de 31 à 40 mots (entre 500 et 509 ou entre 691 et 700) : moins 4 points ;

- Dépassement de plus de 40 mots (moins de 500 ou plus de 700) : attribution de la note de zéro.

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« Citoyenneté et civisme : des défis à relever ? »

SOMMAIRE du DOSSIER

1. DMPA - 2017 ................................................................................................................................ 2

2. SHD - 2017 ................................................................................................................................... 3

3. COMMISSION ARMEES JEUNESSE - 2017 .................................................................................... 4

4. Esprit civique, le retour des chrétiens en politique ? - 2013 ....................................................... 6

5. Un esprit civique pour mieux vivre ensemble - 2015 .................................................................. 8

6. Les différentes formes de volontariat - 2016 ............................................................................ 10

7. Le journal de la citoyenneté - 2016 ........................................................................................... 12

8. Inquiétés par le vote du Brexit, des juifs britanniques veulent (ré)acquérir la citoyenneté

allemande - 2017 ................................................................................................................................... 14

9. Droit du sol et droit du sang : que font nos voisins ? - 2013 ..................................................... 16

10. Find out if you’re eligible : Citizenship - 2017 ........................................................................... 18

11. Le Code du Soldat - 2006 ........................................................................................................... 22

12. LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME - 2016 ................................... 24

13. Armée de terre – EPIDE : un cadre propice pour les projets professionnels - 2017 ................. 28

14. L’EPIDE, UNE MISSION : L’INSERTION DANS L’EMPLOI ............................................................. 29

15. Vendée : un maire invente un « passeport » pour former les élèves au civisme - 2016 .......... 30

16. Rennes. Les communes du département récompensées pour leur civisme - 2017 ................. 32

17. Éducation, Civisme et Santé pour renforcer le modèle européen - 2014 ................................. 34

18. CiDAN : civisme, défense, armée-nation - 2017 ........................................................................ 36

19. Citoyenneté européenne - 2016 ............................................................................................... 39

20. Décortiquons les incivilités du quotidien .................................................................................. 45

21. L’incivisme… .............................................................................................................................. 48

22. Une citoyenneté en crise ........................................................................................................... 50

23. Les incivilités minent le moral des Français .............................................................................. 53

24. FIN du DOSSIER .......................................................................................................................... 54

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1. DMPA - 2017

Défense.gouv 2017

Relevant du secrétariat général pour l’administration (SGA) du ministère de la défense, la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) a trois grands domaines de compétence : l’immobilier et l’environnement, la politique culturelle, éducative et de mémoire, les archives et les bibliothèques.

En matière de politique de mémoire, la DMPA a pour missions notamment d’accroître le rayonnement des commémorations nationales (médiatisation, participation de scolaires, caractère international, produits éditoriaux, soutien aux actions des associations ou fondations de mémoire), de développer une politique de tourisme de mémoire (valorisation du patrimoine, animation du réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains) et de renforcer l’action et les coopérations éducatives (partenariat interministériel Défense/Éducation Nationale/Enseignement agricole et soutien aux projets des établissements scolaires).

DIRECTRICE DE LA MÉMOIRE, DU PATRIMOINE ET DES ARCHIVES

Contrôleur général des armées Myriam ACHARI

Haut fonctionnaire au développement durable du ministère (HFDD)

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2. SHD - 2017

Défense.gouv 2017

Lieu de conservation des archives des ministères chargés des affaires militaires depuis l'origine, le service historique de la défense (SHD) dispose en outre d’une bibliothèque spécialisée parmi les plus riches de France. Il est également chargé d’homologuer, de répertorier et de rassembler les éléments de la symbolique militaire (emblèmes et insignes) et de contribuer aux travaux relatifs à l’histoire de la défense.

Ressources documentaires de premier ordre, ses collections (450 km d’archives remontant au XVIIe siècle, près d’un million d’ouvrages), représentent une part de la mémoire de la nation que les archivistes, les bibliothécaires, les historiens, les personnels scientifiques et techniques du SHD s’emploient à conserver, transmettre et partager. Elles appartiennent à tous les Français.

Créé le 1er janvier 2005 par regroupement des anciens services historiques d'armées, le service historique de la défense est rattaché à la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), l'une des directions du secrétariat général pour l'administration (SGA) du ministère de la défense.

Il se compose de trois centres : le centre historique des archives (implanté à Vincennes, Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon, Caen, Le Blanc), le centre des archives de l’armement et du personnel civil (implanté à Châtellerault), et le centre des archives du personnel militaire (implanté à Pau).

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3. COMMISSION ARMEES JEUNESSE - 2017

Défense.gouv 2017

La commission Armées-Jeunesse est un organisme de réflexion et d’action placé auprès du ministre des armées destiné à favoriser la connaissance entre les armées et les jeunes.

Elle contribue à promouvoir l'esprit de défense, préparer les jeunes à leur responsabilité de citoyen et resserrer les liens entre la communauté nationale et les armées.

A cet effet, elle est un lieu unique de dialogue entre des organismes aux sensibilités très différentes, un centre de réflexion sur les questions relatives aux jeunes et aux armées, un organisme de propositions au profit du ministre des armées et une structure opérationnelle d'action au profit des jeunes (contrat armées-jeunesse, Prix armées-jeunesse, journées sport armées-jeunesse, évènements autour de thèmes à caractère éducatif ou mémoriel).

Elle compte, en 2016, 92 membres :

• 62 membres actifs (associations professionnelles ou familiales, syndicats et mouvements de jeunesse ou d’étudiants)

• 16 ministères, délégations interministérielles, • 13 organismes du ministère de la défense (dont les armées)

La Commission est organisée en quatre groupes de travail qui se réunissent chacun tous les mois autour de leurs président et rapporteurs, désignés par leurs pairs. Ces groupes, dans lesquels se répartissent, selon leur choix, les membres de la Commission, étudient des thèmes de réflexion proposés tous les ans par le ministre de la Défense. L'un d'eux est chargé d'organiser chaque année un événement sous forme de Colloque, Forum ou Séminaire.

Une assemblée plénière ouvre les travaux de chaque session en septembre, une autre en permet la restitution au ministre en juin. Une troisième, en janvier, permet de faire, à mi-parcours, un point de situation générale et d'écouter un conférencier de renommée sur un thème rejoignant les préoccupations de la Commission. Par ailleurs, des visites dans des formations des forces armées et des organismes de la Défense permettent de rester au contact des réalités du terrain.

Elle gère, dans les Armées comme dans la Gendarmerie ou la Délégation générale pour l'armement, à Paris comme en province, plus de quatre cents stages rémunérés « armées-jeunesse », du niveau Bac+3 à Bac+7 et centralise sur son site internet les informations liées à l'offre de stages au sein du ministère de la défense (plus de 10.000 stages dans toute la France).

Elle remet, chaque année, le Prix armées-jeunesse à l'organisme civil ou militaire qui aura le mieux contribué, par son action, à créer, développer ou renforcer le lien entre les armées et la jeunesse. Enfin, la Commission est aussi l’initiateur des Journées sport armées-jeunesse permettant des échanges sportifs entre les unités militaires et les jeunes français.

Ainsi, depuis plus de 50 ans, la Commission armées-jeunesse reste un lieu d'échange irremplaçable entre la jeunesse française et son armée.

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Son fonctionnement

La commission est présidée par un officier général de haut rang nommé par le ministre de la défense.

Elle est animée par un secrétariat général permanent (composé de 5 militaires et 4 civils) chargé de l’organisation et de la conduite des différentes activités. Ce secrétariat général soutient également les activités du délégué ministériel à la jeunesse et de son équipe.

Son fonctionnement, au profit de ses membres, est défini par une charte. Il est organisé autour d’un cycle annuel d’activités, comprenant notamment trois assemblées plénières qui réunissent l’ensemble de ses membres. Son organisation

La commission dispose de deux modes d’action, elle est un centre de réflexion et de propositions et

organise des actions concrètes au profit de la jeunesse. Elle conduit des études, pilote des stages,

organise des événements, anime son vaste réseau, par de nombreux échanges, visites, participations

à diverses activités.

Elle est un centre de réflexion et de propositions

La Commission anime annuellement trois ou quatre groupes de travail traitant chacun un sujet d’étude. Les groupes se réunissent sur une base mensuelle autour de leurs président et rapporteurs, désignés par leurs pairs. Ces groupes, de 20 à 40 personnes, dans lesquels se répartissent, selon leur choix, les membres de la Commission, étudient des thèmes de réflexion liés aux préoccupations de la jeunesse définis tous les ans par le ministre des armées. Ces thèmes sont en phase avec l'actualité (service civique), avec les problèmes de société (jeunesse et autorité, contribution de la défense à la politique d’intégration), avec les préoccupations des armées (premier emploi, scolarité partagée, reconversion). L’objectif est d’être pro-actif ce qui peut s’illustrer par des sujets traités antérieurement par la commission et déclinés aujourd’hui, ainsi par exemple : SMV (2000/2001), défense et service civique (2011/2012).

Les groupes de travail traitent sur l’année 2014/2015 les thèmes suivants :

- La communication de la défense envers les jeunes

- Une plus grande synergie entre les acteurs du lien armée-nation.

- Jeunesse et patrimoine militaire (recensement, intérêt, utilisation de ce patrimoine pour contribuer à l’éducation, voire à l’insertion des jeunes).

- Les journées "sports-armée-jeunesse" : un nouvel élan

Dans le cadre de ces études et pour enrichir sa réflexion, la commission auditionne des experts ou des témoins. Elle organise également, au profit des membres des visites d'unités permettant de concrétiser les problématiques traitées. Ces visites sont aussi l'occasion de mieux faire connaître le monde de la défense aux membres de la commission. Plus de 35 études ont été conduites en 15 ans.

Elle organise des actions concrètes au profit de la jeunesse

Il s’agit d’événements particuliers, du prix armée-jeunesse, des stages, des journées sport-armées-jeunesse.

Droits : CAJ

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4. Esprit civique, le retour des chrétiens en politique ? - 2013

Laurent Grzybowski publié le 09/04/2013

Un nouveau club de réflexion réunit

élus et militants associatifs héritiers

du christianisme social. Il veut donner

un second souffle à l’action publique.

Le projet ne manque pas d’ambition. Des élus et des personnes engagées dans le mouvement social (ONG, associations…) et dans le monde de l’entreprise lancent un club

de réflexion politique dont le nom est déjà tout un programme : Esprit civique. S’inscrivant dans la tradition du christianisme social, ce laboratoire d’idées se veut une force de proposition aux côtés des pouvoirs publics et des élus, au Parlement et dans les territoires. « En dehors des partis et de tout esprit partisan », précise l’un de ses fondateurs, Jérôme Vignon, président des Semaines sociales et de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. « Nous nous voulons ouverts à tous ceux qui, dans la diversité de leur sensibilité, de leur croyance ou de leur non-croyance, partagent la culture humaniste inspirée du personnalisme communautaire. »

À l’origine de ce think tank, des collectifs comme la Table des chrétiens de gauche ou le Pacte civique de solidarité, des courants politiques comme les Poissons roses, et quelques élus socialistes. Ceux-là n’ont pas accepté la manière dont le gouvernement a géré le débat sur le mariage pour tous. « On peut s’affronter sur des sujets de société, mais encore faut-il avoir entendu ce que l’autre a à dire. Repérer les désaccords et trouver des compromis, c’est l’essence même de la politique », estime Jérôme Vignon, pour qui « l’absence de débat en démocratie, où chacun se contente de camper sur ses positions, est bien plus grave que le scandale Cahuzac ou que n’importe quelle affaire financière. »

C’est aussi l’avis de Jean-Philippe Mallé, cofondateur du cercle avec Dominique Potier. Tous deux font partie des dix députés PS qui se sont abstenus ou ont voté contre le projet de loi. « N’est-on pas en train de passer d’une politique de la loi pour tous et du bien commun à celle de l’injonction ? Faut-il répondre à toutes les demandes particulières, catégorielles ? », s’interroge l’élu socialiste des Yvelines qui, tout en dénonçant « le règne d’une idéologie libérale libertaire », se refuse à faire une fixation sur ce dossier. « C’est vrai, cette affaire a été pour nous un élément déclencheur, mais nous voulons voir plus large. Bien d’autres questions nous préoccupent et nous poussent à une réflexion en profondeur pour rénover l’action politique de notre pays. »

Pour mener ce travail de fond, les fondateurs du club veulent s’inscrire dans le sillage philosophique de trois géants de la pensée morale et politique au XXe siècle : le catholique

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Emmanuel Mounier (1905-1950), fondateur de la revue Esprit et du courant personnaliste, le juif Emmanuel Levinas (1906-1995) et le protestant Paul Ricœur (1913-2005), tous deux philosophes de l’éthique. « Nous ne voulons pas seulement dénoncer le matérialisme, l’individualisme et le libertarisme, mais nous souhaitons promouvoir le personnalisme, qui insiste sur le lien social et sur la nécessaire solidarité entre les hommes », affirme Jean--Baptiste de Foucauld, membre d’Esprit civique et fondateur de l’association Démocratie et Spiritualité. Pour celui qui fut l’un des principaux inspirateurs du Pacte civique, lancé par des organisations de la société civile en mai 2011, « la gauche doit absolument se remettre en question et réfléchir sur sa vision de l’individu, sur ses droits et sur ses devoirs ».

La fondation d’Esprit civique signe-t-elle le retour des chrétiens de gauche en politique ? Depuis la fin des années 1980, les héritiers du christianisme social ne savaient plus à quels saints (ou plutôt à quels « élus ») se vouer. Ceux que François Mauriac appelait les « chrétiens de l’autre bord », qui rêvaient de construire un « socialisme humaniste », qui avaient pris fait et cause pour les prêtres ouvriers, incarnaient selon lui « l’esprit franciscain adapté aux exigences de l’ère industrielle ». Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel ont récemment retracé leur histoire dans À la gauche du Christ (Seuil, 2012), dans lequel on redécouvre l’importance de l’engagement pour la décolonisation, contre la guerre d’Algérie, mais aussi le dialogue avec le marxisme du jeune Paul Ricœur ou d’Emmanuel Mounier. Sans oublier le droit au logement défendu par l’abbé Pierre.

Mais c’est dans le monde du travail et du syndicalisme que la présence des chrétiens de gauche aura été la plus massive. D’abord en milieu rural, avec la Jeunesse agricole catholique, puis dans le syndicalisme ouvrier et les débats sur l’autogestion, ainsi que dans la construction européenne. La génération des Jacques Delors et des Michel Rocard ayant passé la main, beaucoup se sentent orphelins. Certes, il y a encore des chrétiens à l’œuvre sous d’autres bannières, dans les associations humanitaires et caritatives, dans le mouvement altermondialiste. Mais on redécouvre leur présence chez les Verts et au Parti socialiste. Ceux-là vont pouvoir rejoindre Esprit civique, club très ouvert qui a attiré des personnalités telles que Jean Vanier, fondateur de l’Arche, ou Guy Aurenche, président du CCFD-Terre solidaire, connues pour leur engagement humain. Pour eux, c’est certain, « le souci de la charité doit s’incarner dans l’action politique ».

Soutenu par Jacques Delors, qui se réjouit de voir les nouvelles générations reprendre le flambeau, Esprit civique organisera des colloques et des rencontres qui donneront lieu à des publications. Entre la montée des populismes, les enjeux de la laïcité, l’éthique en politique ou le rapport entre l’économique et le politique, les sujets de débat ne devraient pas manquer. Lieu de formation et d’information, notamment en direction des jeunes, ce think tank voudrait, au-delà du calendrier politique, « redonner du champ à la vie publique et contribuer au renouvellement civique de la gauche ».

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5. Un esprit civique pour mieux vivre ensemble - 2015

Publié le 30/11/2015 à 5h14 par Ghislaine Castillon.

Quentin et Manon, les deux médiateurs volontaires de service civique. Photo G. c.

Quentin et Manon ont choisi de faire un service civique pendant huit mois à la mairie de Guéthary. Leur mission : promouvoir et éduquer à la citoyenneté pour mieux vivre ensemble. « Tout est parti d’un constat d’incivilités récurrentes dans le village », explique la première adjointe, Marie-Pierre Burre-Cassou. « La répression n’étant pas la seule réponse, nous avons estimé qu’une expérience de médiation permettrait de mieux vivre ensemble en promouvant la citoyenneté et le civisme. »

C’est ainsi que le Conseil municipal, dans sa délibération du 8 avril dernier, a décidé de recourir au service civique. Il s’agit d’un dispositif pris en charge par l’État et la commune, destiné aux jeunes de 16 à 25 ans qui s’engagent à accomplir une mission d’intérêt général.

Actions de terrain

Sélectionnés parmi une quinzaine de candidatures, Quentin et Manon sont tous les deux âgés de 21 ans et sont sensibilisés aux questions de citoyenneté et de solidarité. Quentin, bayonnais, joueur de foot à la Real Sociedad depuis ses 11 ans, a saisi cette opportunité pour réfléchir à son orientation professionnelle.

Manon, angloy, suit un cursus universitaire d’éducation familiale et, avant d’entamer son master, a choisi aussi cette expérience de terrain. Arrivés mi-octobre, ils ont été accueillis par

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leurs tutrices, la première adjointe, Marie-Pierre Burre-Cassou, et Marthe Auzi, déléguée aux affaires scolaires, qui vont les accompagner tout au long de ces huit mois.

Leurs tâches : mettre en œuvre des actions de terrain auprès des jeunes, des moins jeunes et des aînés. Si la priorité est de sensibiliser tout un chacun à la citoyenneté, le civisme et au respect des autres, il s’agit aussi d’améliorer et renforcer le lien social et de proximité avec et entre les habitants. Pour ce faire, le binôme travaillera avec les enfants dans le cadre des activités périscolaires et, à l’heure de la cantine, sur les notions de civisme et de respect de l’autre. Ils iront aussi au contact des adolescents, les vendredis soir, dans un lieu de rencontres, pour leur apprendre à avoir un comportement responsable.

Pour les aînés, ils mettront en place des « cafés » et des visites avec des jeunes afin de tisser un lien intergénérationnel et rompre leur isolement. Et enfin ils effectueront des actions de médiation auprès de la population pour un meilleur partage de l’espace public. Le binôme Quentin et Manon entend bien relever ces défis et a déjà d’autres projets en tête pour début 2016.

Ghislaine Castillon

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6. Les différentes formes de volontariat - 2016

Publié le : lundi 13 décembre 2010 - Modifié le : mardi 8 novembre 2016

Différentes modalités et formes de volontariat existent, permettant aux jeunes de s’engager dans des projets, en France ou à l’international, en faveur de l’intérêt général.

Le service civique

Le service civique peut prendre différentes formes. La forme principale est l’engagement de service civique, ouvert aux jeunes âgés de 16 à 25 ans et donnant lieu à une indemnité prise en charge par l’État. La loi du 10 mars 2010 prévoit que le service civique peut également prendre la forme d’un volontariat associatif pour les personnes âgées de plus de 25 ans. Il consiste en une mission d’intérêt général effectuée à temps plein pendant 6 à 24 mois, en France ou ailleurs dans le monde, dans une structure agréée par l’Agence du service civique.

Le volontariat franco-allemand – VFA

Associations françaises et allemandes envoient et accueillent simultanément un ou plusieurs jeunes volontaires et assurent leur accompagnement en concertation. Le volontariat franco-allemand est donc basé sur la réciprocité et le partenariat associatif.

Pour les jeunes Français ou résidents en France, ce volontariat prend la forme d’un service civique effectué en Allemagne, en réciprocité avec de jeunes Allemands qui font la même expérience d’engagement en France.

Le service volontaire européen – SVE

Destiné à encourager la mobilité des jeunes de 18 à 30 ans, le SVE leur permet de se mettre au service d’un projet d’intérêt général à l’étranger durant 2 à 12 mois, et de vivre une expérience formatrice, de développer leur citoyenneté active et de faire preuve de solidarité, de découvrir une autre culture, une autre langue, etc.

Le volontariat de solidarité internationale – VSI

Le volontariat de solidarité internationale consiste en un engagement d’une personne majeure pour une mission de développement ou d’urgence humanitaire dans un pays du Sud ou de l’Est, au sein d’une association reconnue par l’Etat et agréée, pour un temps déterminé. Ce volontariat est un engagement à l’international du service civique.

Le volontariat international en entreprise – VIE

Destiné principalement aux étudiants, jeunes diplômés, ou chercheurs d’emploi, de 18 à 28 ans, le Volontariat International en entreprise permet au volontaire d’effectuer une mission

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d’ordre commercial, technique ou scientifique au sein d’une entreprise française à l’étranger, pendant 6 à 24 mois.

Le volontariat international en administration – VIA

D’une durée de 6 à 24 mois, le volontariat international en administration (VIA) s’adresse aux jeunes de 18 à 28 ans désirant participer à l’action de la France dans le monde en matière d’action culturelle, de protection de l’environnement, de développement technique, scientifique et économique, et d’action humanitaire.

Le volontariat pour l’insertion - Défense 2e chance

Le volontariat pour l’insertion, dispositif « Défense 2ème chance » (D2C), permet aux jeunes de 18 à 21 ans en échec scolaire ou en difficulté d’insertion sociale et professionnelle, de bénéficier d’une formation durant 6 à 24 mois.

Le volontariat de sapeur-pompier

"196 800 sont sapeurs-pompiers volontaires. Ce sont des hommes et des femmes, citoyens ordinaires, qui, en parallèle de leur profession ou de leurs études, tout en tenant compte de leur vie familiale, ont choisi de conserver une disponibilité suffisante pour répondre immédiatement à toute alarme émise par le centre de secours dont ils dépendent. Ils suivent régulièrement des formations et peuvent assurer tous les types de missions incombant aux services d’incendie et de secours. 56% des volontaires ont moins de 35 ans. Ils perçoivent une indemnité sous forme de vacations horaires ainsi qu’une "prestation de retraite" lorsqu’ils ont accompli au moins 20 ans de service".

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7. Le journal de la citoyenneté - 2016 C'est en « citoyennant » que l'on devient citoyen

Petite histoire de la citoyenneté

Publié le 19 avril 2016 par Julien GOUPIL

La citoyenneté, une source antique

La notion de citoyenneté s'est précisée dans le contexte des Cités-Etats qui comme Athènes, Sparte ou Rome deviennent autonomes au V° siècle av. J. C. C'est particulièrement l'expérience athénienne qui assoit la notion de citoyenneté favorisant la distinction entre « citoyen » et « sujet ».

Une fois la citoyenneté acquise elle impose un principe essentiel : tous les citoyens sont égaux devant la loi et interviennent donc, de manière égale, à la prise de décision politique.

Les citoyens sont des hommes libres, ils peuvent se réunir dans un lieu unique afin de débattre des grandes questions intéressant la cité (guerres, traités de commerce, élections à divers postes…). La citoyenneté et ses obligations politiques y reçoivent littéralement un traitement moral : la citoyenneté active apparaît comme une vertu, et son abandon comme un vice. L’homme qui n'y prend aucune part est considéré comme un citoyen inutile.

Une citoyenneté nuancée

Périclès (leader démocrate du gouvernement athénien) présente le régime démocratique athénien comme le cadre naturel de la citoyenneté épanouie du fait qu'il combine l'égalité des droits au mérite individuel, provoquant l'émulation entre les membres de la cité en matière de civisme. Puisque le régime athénien repose sur la participation des citoyens aux processus de décision politique, Périclès perçoit Athènes comme la capitale du monde libre et comme le phare de l'humanité éclairée.

Pour autant il semble nécessaire d'objectiver et donc de nuancer ce jugement car à Athènes la citoyenneté ne concerne qu’une petite minorité. Seuls 10% des habitants ont la qualité de citoyens. Les femmes, les esclaves et les "métèques", c’est-à-dire ceux dont l'origine était extérieure à la cité, même s'ils étaient grecs, en sont exclus et n’ont donc pas le droit de participer à la gestion des affaires publiques.

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La citoyenneté, un concept révolutionnaire

Après l'antiquité, la notion de citoyenneté connaît ensuite une éclipse à l’ère des monarchies : sociétés de privilèges, elles écartent toute participation de leurs sujets à la décision politique.

Cependant, la notion réapparaît au XVIIe siècle avec la Révolution anglaise, notamment à travers l’œuvre philosophique Le citoyen ou les fondements de la politique (1642) de Thomas Hobbes considéré comme l’un si ce n’est le fondateur de la philosophie politique moderne.

Ensuite, tout au long du XVIIIe siècle, les philosophes comme Kant, Voltaire, Rousseau, Hegel, s’interrogent sur cette notion. C’est la période révolutionnaire qui installe en France la notion de citoyen qui remplace officiellement le terme de bourgeois. Si dans les premiers temps de la Révolution, on accorde la citoyenneté aux étrangers résidant sur le sol national, la règle change rapidement et la nationalité française devient une condition sine qua non de l’acquisition de la qualité de citoyen. Le lien entre nationalité et citoyenneté est dès lors installé.

La citoyenneté une notion progressive

En 1792 la Convention est élue au suffrage universel masculin.

En 1795, on rétablit un suffrage censitaire qui donne droit de vote aux seuls citoyens « actifs » soit les hommes les hommes de 25 ans au minimum, et dont le montant des impôts équivalent à trois journées de travail.

En corolaire on distinguait le citoyen « passif », qui dispose de plusieurs droits, mais pas de celui de voter ou d’être élu.

Ce suffrage continue de s’appliquer pendant la première moitié du XIXe siècle témoignant ainsi d’une conception toujours restreinte de la citoyenneté.

C’est en 1848 que le suffrage universel masculin est instauré et n’est plus remis en cause dans son principe.

Une citoyenneté pleine et entière est progressivement reconnue à des catégories auparavant exclues. Ainsi le 21 avril 1944 le droit de vote est accordé aux femmes, en 1972 aux militaires.

Aujourd’hui seuls demeurent exclus, de droit, les jeunes de moins de 18 ans et les étrangers non communautaires. Ces derniers peuvent néanmoins voter aux élections professionnelles et universitaires.

Vers une notion nouvelle de la citoyenneté

Au fil des âges, la citoyenneté a évolué, elle a élargi ses bénéficiaires et étendue ses prérogatives exclusivement politiques pour épouser l'idée d'intérêt général. La citoyenneté intègre dès lors des principes humanistes, à savoir le respect des autres et de leurs différences.

Et demain ?

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8. Inquiétés par le vote du Brexit, des juifs britanniques veulent (ré)acquérir la citoyenneté allemande - 2017

2 décembre 1938 - Réfugiés juifs et non-aryens en provenance d'Allemagne et arrivant en Angleterre. (Photo de Fred Morley/Fox Photos/Getty Images)

Publié le 12 janvier 2017

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des milliers de familles allemandes juives persécutées par le régime nazi avaient choisi l'exil en Grande-Bretagne. A une moindre échelle et pour des raisons certes incomparables aujourd'hui, le Brexit motive certains d'entre eux ou de leurs descendants à faire le chemin inverse, en demandant la (ré)acquisition de la nationalité allemande à laquelle ils ont été contraints de renoncer. Sept semaines seulement après le référendum du 23 juin dernier, l’ambassade allemande à Londres rapportait en effet 400 demandes supplémentaires, alors qu’elles n’étaient seulement qu’une vingtaine par an jusque là.

Theresa May a eu beau nier son intention d’entreprendre des négociations dures pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, déclarant au journal Skynews qu’elle n’acceptait pas « les termes de Brexit dur et de Brexit doux », cela ne devrait pas décourager les personnes motivées à acquérir la nationalité allemande. Michael Newman, directeur de l’Association des réfugiés juifs (AJR), avait d’ailleurs déclaré au journal The Telegraph qu’il « pourrait y avoir plus de candidatures une fois que les détails de la relation post-Brexit de la Grande-Bretagne avec l’Europe seraient plus clairs ».

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Ces demandes reposent sur l’application de l’article 116 de la Loi fondamentale allemande - équivalent de la Constitution française -, qui permet aux anciens citoyens allemands, privés de leur nationalité pour des raisons politiques, raciales ou religieuses entre le 30 janvier 1933 et le 8 mai 1945, de candidater pour son rétablissement.

Leurs descendants peuvent également y prétendre, sous certaines conditions relatives aux règles d'acquisition de la nationalité par filiation à leur date de naissance. La loi prévoit par exemple que la citoyenneté allemande ne peut être transmise que par le père pour les personnes nées avant le 1er avril 1953, alors qu'une personne née après le 1er janvier 1975 peut y prétendre si au moins un des deux parents étaient allemands.

Selon l’AJR, 70.000 personnes ont fui le régime nazi en rejoignant la Grande-Bretagne et 5.000 parmi elles ou leurs descendants vivraient encore dans le pays. Ceci implique que des milliers de personnes sont susceptibles de prétendre à l’obtention de la nationalité allemande.

Thomas Harding, écrivain et journaliste britannique, ayant entrepris la démarche, explique : « La Grande-Bretagne a accueilli ma famille lors d’une période de traumatisme, et j’en suis très reconnaissant. Mais obtenir la citoyenneté allemande n’est pas dire « au revoir » à la Grande-Bretagne, sinon « bonjour » à l’Europe. »

Le Brexit inquiète en effet les britanniques quant à d’éventuelles mesures restrictives, pouvant affecter leur liberté professionnelle par exemple. Cette démarche permettrait à certains d’entre eux de garder leur citoyenneté européenne, et par conséquent, les droits qui en découlent, comme ceux de circuler, de séjourner, de travailler et d’étudier librement sur le territoire des pays membres.

Pour Sam Bowers, chercheur en écologie à l’Université d’Edimbourg, dont la demande a été acceptée en septembre dernier, « être capable de postuler pour des emplois en Europe, sans le désavantage d’un passeport non-européen est extrêmement important. »

Acquérir une nouvelle nationalité pour pouvoir continuer à bénéficier des avantages de la citoyenneté européenne ? Une manière de réagir contre le Brexit pour certains.

Marine Clerc avec Loïc De la Mornais

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9. Droit du sol et droit du sang : que font nos voisins ? - 2013

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 23/10/2013

La plupart des législations en Europe combinent comme en France des éléments de droit du sang et de droit du sol.

Reuters/Kai Pfaffenbach

Jean-François Copé, président de l'UMP, veut redéfinir le droit du sol, pour

mettre fin à l'obtention automatique de la nationalité française. Quelques

exemples du droit appliqué dans les autres pays européens.

La plupart des législations en Europe combinent comme en France des éléments de droit du sang (jus sanguinis) et de droit du sol (jus soli). Mais le droit du sol absolu n'est en vigueur dans aucun des pays européens. L'Irlande, qui faisait exception, a changé son code de la nationalité en 2005.

Ainsi, dans le cas français, par exemple, la nationalité s'acquiert par le droit du sang et celui du sol. La première disposition prévoit que tout enfant est français si au moins l'un de ses deux parents l'est également.

Ce droit du sol est toutefois limité : la nationalité française est acquise automatiquement et de plein droit à 18 ans pour tout enfant né en France à condition de résider en France à sa majorité et d'avoir habité sur le territoire pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans depuis l'âge de 11 ans.

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Aux origines, le code civil

En Europe, d'une façon générale, c'est à la fin de l'Ancien Régime que le droit en matière d'acquisition de la nationalité a été fixé, comme l'explique le Musée de l'histoire de l'immigration. La législation était jusque-là régie par le droit du sol hérité du servage.

Le Code civil français, introduit en Europe par les conquêtes napoléoniennes, remplace ce droit du sol par le droit du sang -contre la volonté de Bonaparte*. Le Royaume-Uni et l'Irlande, qui n'ont pas été occupés par les troupes napoléoniennes, ont conservé le droit du sol -et l'ont transmis en héritage au Canada et aux Etats-Unis. En 1889, la France revient au droit du sol.

La Belgique, la Finlande, le Luxembourg, le Danemark, le Portugal et la Suède ont adopté des formes variées du droit du sol.

L'Allemagne a changé sa loi sur la nationalité en 2000, mettant fin au principe exclusif du droit du sang, qui prévalait depuis 1913. Désormais, tout enfant né dans ce pays d'un parent étranger résidant légalement dans le pays depuis au moins 8 ans, peut acquérir la nationalité allemande.

L'Irlande a choisi la voie inverse : partant d'un droit du sol absolu en 2004, elle l'a modéré avec des éléments du droit du sang, après un référendum.

La Grande Bretagne a également restreint, en 1983, en son droit du sol qui était presque absolu. Désormais, devient citoyen britannique un enfant dont au moins un parent réside en permanence dans le royaume.

L'Italie est l'un des pays d'Europe de l'ouest encore régi par le droit du sang. Un projet de réforme avait été ébauché en 2007 sous le gouvernement de Romani Prodi, mais il était resté dans les cartons. Récemment, la ministre de l'intégration Cécile Kyenge, a renouvelé la proposition d'introduire un droit du sol tempéré : les parents étrangers d'enfants nés en Italie devraient prouver qu'ils sont en situation régulière, qu'ils résident dans le pays depuis plusieurs années. La ligue du Nord, mais également le populiste Beppe Grillo y sont opposés.

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10. Find out if you’re eligible : Citizenship - 2017

Citizenship requirements for physical presence, language and knowledge changed on October 11. You can apply for citizenship under the new rules using updated forms.

To be eligible to become a Canadian citizen, you must meet all conditions, including :

• Permanent Resident status • Time you have lived in Canada • Income tax filing • Language skills • How well you know Canada • Prohibitions

If you have served in or with the Canadian Armed Forces, you might be able to apply through a fast-track process.

Permanent Resident status

Regardless of your age, if you are applying for citizenship, you must have :

• Permanent Resident (PR) status in Canada • No unfulfilled conditions related to your PR status

Your PR status must not be in question. This means you must not :

• Be under review for immigration or fraud reasons • Have certain unfulfilled conditions related to your PR status • Be under a removal order (an order from Canadian officials to leave Canada)

You don’t need a valid PR card to apply for citizenship. If you have an expired PR card, you can still apply for citizenship.

Time you have lived in Canada

Regardless of your age, you must have been physically present in Canada for at least :

• 1095 days during the five years right before the date you sign your application

You may be able to use some of your time spent in Canada as a temporary resident or protected person towards your physical presence calculation. Each day spent physically in Canada as a temporary resident or protected person before becoming a permanent resident within the last 5 years will count as one half day, with a maximum of 365 days, towards your physical presence.

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Temporary resident status includes lawful authorization to enter or remain in Canada as a :

• Visitor, • Student, • Worker or, • Temporary resident permit holder

A protected person is someone who:

• Was found to be in need of protection or a convention refugee by the Immigration and Refugee Board, or

• Received a positive decision on a Pre-Removal Risk Assessment from Immigration, Refugees and Citizenship Canada.

Note : If you made a refugee claim, or were included on a family member’s refugee claim, you will not be credited time in Canada from the date of the refugee claim until you have received a positive decision confirming that you are a protected person as described above.

These requirements don’t apply to children under 18 where a parent or guardian has applied on their behalf for citizenship using the subsection 5(2) application form.

You may be eligible to apply even if you don’t meet the minimum time lived in Canada if you’re a :

• Crown servant (certain categories of public officials) • family member of a Crown servant

Find out if you have lived in Canada long enough to apply to become a citizen.

Income tax filing

Regardless of your age, if required under the Income Tax Act, you must meet your personal income tax filing obligations in three tax years that are fully or partially within the five years right before the date you apply.

Language abilities

Canada has two official languages: English and French. To become a citizen, you must show that you can speak and listen in one of these languages. This means you can :

• Take part in short, everyday conversations about common topics • Understand simple instructions, questions and directions • Use basic grammar, including simple structures and tenses • Show you know enough common words and phrases to answer questions and express

yourself

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If you are 18 to 54 years old, you must submit proof that demonstrates you can speak and listen in English or French at this level. Find out what examples you can send with your application.

Note : Applicants under 18 years of age applying under the subsection 5(1) or 5(2) grant category do not have to meet the language requirement.

Citizenship staff will decide how well you can communicate in English or French during your interview. A citizenship officer will make the final decision on your application.

How well you know Canada

To become a citizen, you’ll need to take a test to meet the knowledge requirement for citizenship. You’ll need to answer questions about Canada’s:

• Values • History • Symbols • Institutions • Rights, responsibilities and privileges of citizenship, such as voting in elections and

obeying the law

The tests are :

• In English or French • Made up of questions based on the Discover Canada study guide • Usually in a written format, unless you need to take it orally with a citizenship officer • Given to applicants 18 to 54 years old.

Note : Applicants under 18 years of age applying under the 5(1) and 5(2) grant category do not have to meet the knowledge requirement.

If you need any accommodations to take the test, let us know as soon as possible.

Everything you need to know for the test is in Discover Canada : The Rights and Responsibilities of Citizenship.

Prohibitions

If you have committed a crime in or outside Canada, you may not be eligible to become a Canadian citizen for a period of time. This includes if you:

• Are serving a sentence outside Canada • Are serving a term of imprisonment, on parole or on probation in Canada • Are charged with, on trial for, or involved in an appeal of an :

o Indictable offence in Canada o Offnce outside Canada

• Have been convicted in the four years before applying for citizenship of an :

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o Indictable offence in Canada o Offence outside Canada

Time spent serving a term of imprisonment, on parole, or on probation doesn’t count as time you have lived in Canada.

Read more about situations that may prevent you from becoming a Canadian citizen.

Top questions about Canadian citizenship

• What are the requirements for becoming a Canadian citizen ? • I already have a citizenship application in process. How will the 2017 changes to the

citizenship legislation affect my application ? • Do I become a Canadian when I marry a Canadian ? • How much does it cost to apply for Canadian citizenship ? • I am a citizen of another country. Will I lose that citizenship if I become a Canadian ?

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11. Le Code du Soldat - 2006 Extrait du Bulletin d'information du Régiment Blindé de la Méditerranée (1-11 Cui Carpiagne), Le Templier N° 2006/3 AVR-MAI

« Code. Nom masculin. Ensemble de conventions en usage dans un domaine déterminé ». Larousse. Dictionnaire usuel.

Lors des différents rassemblements régimentaires (prise d'armes, amphis...) le chef de corps fait régulièrement référence au Code du Soldat. Mais quelle doit être réellement la valeur de ce texte ? Comment s'y référer ? Comment bien le mettre en pratique ? Les questions sont nombreuses autour des 11 articles qui le constituent. Et pourtant... Ce code est à la base de notre engagement individuel et collectif. Sans appropriation de ce code, les combattant que nous sommes ne seraient que des miliciens et non des soldats. Ou donc situer la différence ? Elle est en réalité très simple : un soldat a des valeurs, des « référents » qui le guident en toutes circonstances et que le mercenaire n'a pas. Ces principes s'articulent autour des maîtres-mots que sont :

- Le service : Qu'il soit de la paix, des autres, de la Nation..., le soldat sert de manière désintéressée, et ne confond jamais « servir » avec « se servir ».

- L’honneur : le respect, l'obéissance, le dévouement, la loyauté sont autant de valeurs qui sont associées à cette vertu cardinale. Avoir un sens de l'honneur c'est accepter de se sacrifier pour le bien commun, c'est ne pas agir contre la morale ou les lois.

- La cohésion : c'est avoir conscience que l'on appartient à une communauté, c'est faire preuve de solidarité, c'est aider son prochain.

- Le professionnalisme : c'est considérer que rien n'est jamais acquis, qu'il faut entretenir son corps, ses capacités intellectuelles et militaires, c'est avoir un sens profond de la mission et du travail bien fait.

- La neutralité : être soldat est un engagement exigeant qui implique plus de devoirs que de droits. Un de ces devoirs c'est se priver de sa liberté d'expression et ne plus s'exprimer en son nom propre. C'est faire preuve de réserve.

Le code du soldat développe au travers de ses 11 articles ces différents maîtres-mots. Ce code est le notre et est pour cette raison à connaître par cœur. Chacun d'entre nous doit en disposer à portée de main et c'est la raison pour laquelle il a été édité sur les cartes format de poche distribuées récemment individuellement. Le chef de corps, vos capitaines commandants, vos chefs de peloton, vos cadres de contacts ont la mission de vous inculquer ce code, de vous le commenter, de vous l'expliquer. Cet investissement collectif ne doit pas rester lettre morte : tous les personnels du régiment doivent connaître le code, l'avoir compris et le cultiver au quotidien.

1. Au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu.

2. Il accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre et si nécessaire au péril de sa vie.

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3. Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations.

4. Il obéit aux ordres dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.

5. Il fait preuve d’initiative et s’adapte en toute circonstance.

6. Soldat professionnel, il entretient ses capacités intellectuelles et physiques, et développe sa compétence et sa force morale.

7. Membre d’une communauté solidaire et fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyauté.

8. Attentif aux autres et déterminé à surmonter les difficultés, il œuvre pour la cohésion et le dynamisme de son unité.

9. Il est ouvert sur le monde et la société et en respecte les différences.

10. Il s’exprime avec réserve pour ne pas porter atteinte à la neutralité des armées en matière philosophique, politique et religieuse.

11. Fier de son engagement, il est toujours et partout un ambassadeur de son régiment, de l’armée et de la France.

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12. LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME - 2016

République, loi et vivre ensemble

http://ti.diak.over-blog.com/2016/07

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

« C’est par la loi qu’on s’émancipe de la force » (J.J. Rousseau)

En France, le problème réel, en passe de devenir mal absolu, c'est le non-respect de la règle commune. La lutte contre la délinquance quelle qu'elle soit, celle des mineurs comme celle des adultes, doit être une des priorités de l'État. La délinquance des mineurs ne doit pas faire oublier ni occulter celle des adultes. Il y va de l'équilibre de la nation. Le progrès moral n'est jamais acquis définitivement ou passivement. Il importe de le reconstruire sans cesse, condition de la survie d'une nation civilisée. Cette reconstruction constante doit s'inscrire dans des projets éthiques affirmés, conduits par des hommes d'État intègres et courageux, car la démocratie ne consiste pas à flatter les bas instincts des uns ou des autres en fuyant les vrais problèmes de la société. Être citoyen, c'est être civique et sans civisme, point de démocratie. A cet égard, l'État a trois sortes de missions qui lui sont spécifiques : d'abord concevoir et promulguer la bonne loi, ensuite, informer sur le bien-fondé de la loi (pédagogie de la loi), éduquer à la loi ; enfin, veiller à la bonne application de la loi, sévir au besoin sans faiblesse mais avec intelligence et humanité.

Civisme, condition de la réalité de la République démocratique

Avant tout, le premier des enseignements en ce sens, c'est celui des valeurs de la République. Les valeurs, c'est ce qui donne sens à la vie dans la société car seul on ne peut trouver un sens à sa vie. Elles sont donc inséparables de la communauté humaine dans laquelle on baigne ; les valeurs sont ce dont personne ni aucune société ne peut se passer sous peine de désagrégation individuelle ou collective. Ainsi conçues, les valeurs sont un code de conduite qui donne des repères, structure, et constitue notre personnalité : antidote contre notre nature, elles nous humanisent et nous sauvent de l'absurdité. Freins à nos pulsions, elles rendent les relations possibles. C’est un processus de sublimation qui permet à l'individu de s'élever au-dessus de lui-même et tendre vers l'autre par la maîtrise de son ego et celle de ses pulsions multiples.

C'est ainsi qu'il faut entendre, pratiquer et enseigner les valeurs de la République, ciment de la nation. Elles constituent à la fois le phare et le viatique de chaque citoyen pour se mouvoir et évoluer au sein de la communauté nationale vers son épanouissement personnel et celui de la collectivité. La liberté, l'égalité, la solidarité, le respect de l'autre, la laïcité, sont les valeurs fondatrices de notre République dont la négation constitue une rupture avec son héritage culturel et spirituel. Les jeunes doivent en être imprégnés progressivement sans systématisation, mais par l'exemple et par la pratique, avec générosité.

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La démocratie se nourrit de l’exemplarité

A ces quelques jeunes qui se signalent par des actes d'incivilité incompatibles avec les normes de la vie en société, il faut aussi pouvoir enseigner que la réussite nécessite l'effort, en premier lieu l'effort de soi sur soi, lequel permet de progresser, d'aller vers l'autre, et qu'aucune réussite ne tombe du ciel. La plus merveilleuse des aventures, ce n'est pas casser ou blesser, c'est participer positivement à l’œuvre de construction de soi par soi. Seulement, afin que ces jeunes s'en imprègnent, il faut aussi savoir le leur dire et le leur enseigner dans une langue et un langage qu'ils comprennent. Que cette tâche soit difficile la rend encore plus nécessaire et exaltante ! Un handicap de départ pour un être humain n'a jamais signifié une sentence irréversible de damnation. Il peut être au contraire un levain, facteur de sublimation pour viser les sommets (les sommets de soi), c'est-à-dire, l'exploration maximale de ses facultés et potentialités enfouies, ignorées ou méconnues.

Bien entendu, l'État et la collectivité doivent apporter leur concours, tendre la main pour aider à cette œuvre individuelle d'édification de l'être et du citoyen, concours à la fois vigilant et généreux. Tous les citoyens sont fils et filles de la République. L'État pourrait, en vue d'encourager et d'éduquer la jeunesse à la civilité républicaine, prendre quelques initiatives telle la création d'une médaille de la citoyenneté, ou médaille nationale du civisme pour différents âges, de 5 à 15 ans, de 16 à 20 ans, de 21 à 25 ans, qui récompenserait des actes de civilité ou de courage dans lesquels des jeunes se seraient illustrés comme nettoyer une plage souillée par la marée noire, porter secours à une personne âgée en difficulté... (école d’éveil à soi et aux autres pour l’épanouissement de tous), qui ne s’apparente en rien à un quelconque endoctrinement.

L’État, garant de la vie démocratique

Civisme et civilité : une mission d’éducation et d’éveil à soi et aux autres

L'État veillera à utiliser toutes les ressources et tous les ressorts possibles en sollicitant tous les supports appropriés pour informer, encourager, éduquer. Il pourra ainsi utiliser la dimension culturelle, du timbre-poste entre autres, en éditant des timbres à messages pédagogiques sur des thèmes d'intérêt collectif comme la sécurité routière, les dangers de la route, la nocivité de l'abus d'alcool, du tabac, la nécessité de protéger l'environnement etc.

La République doit assurer à chacun la liberté et la garantie de ses droits. Elle doit dans le même temps avoir la capacité d'exiger de chacun le respect, la garantie de la liberté et des droits des autres. Cette garantie, la République la doit à tous, et plus particulièrement aux plus fragiles de ses fils et filles. Insécurité et démocratie sont antinomiques. Rendre la justice, faire respecter la loi et le droit doivent être son credo. Un État républicain, c'est avant tout un État qui sait faire respecter ses lois, en faisant ressortir la nécessité et l’utilité de chacune d’elles pour tous. La sécurité est la première des libertés ; sans elle, il n'est ni justice, ni égalité, ni droits de l'homme par conséquent.

Un acte de délinquance, quel qu'en soit le degré de gravité doit appeler réparation, mais réparation appropriée, à la mesure de la nature et de l'échelle du délit. Un acte de délinquance impuni constitue un appel d'air qui, à terme, porte atteinte à la qualité de vie d'un quartier, d'une cité... C'est de toute manière, un coup porté à la démocratie. Personne ne doit se sentir

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contraint de vivre indéfiniment les actes d'incivilité commis par une minorité au sein de la collectivité ; ceci engage la responsabilité de l'État. La loi fonde la République par les idées d'égalité et de protection des citoyens qu'elle incarne. Le respect de la loi est donc fondamental car condition de la survie de la République. L'impunité à l'égard de ceux qui transgressent les lois de la République constitue une faiblesse mortelle pour celle-ci.

Mais, de même que l'impunité tue la démocratie, trop de lois tue la loi. Il ne sert à rien d'accumuler des lois, fussent-elles les meilleures du monde, si elles ne sont pas appliquées.

La loi, colonne vertébrale de la République et de la démocratie

« Sorti de l’esclavage, je n’ai d’autre maître que moi, mais de ma liberté, je ne veux faire usage que pour obéir à la loi », proclame un slogan des Révolutionnaires de 1789.

Que faut-il entendre par lois ?

Des textes représentant la volonté du peuple, clairs, lisibles, compréhensibles du plus grand nombre, adaptés, diffusés, commentés, appliqués, ayant pour finalité la régulation harmonieuse des rapports sociaux.

Or, en France, de bonnes lois sont votées (de moins bonnes aussi parfois sans doute), mais trop de lois sont marquées de deux faiblesses majeures.

La première est que leur nombre excessif et leur empilement font que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi » doit être révisé et amendé puisque bon nombre de Français ne semblent pas intellectuellement aptes à décrypter des articles de lois fondamentaux, complexes dans leur formulation et impossibles à suivre au jour le jour.

La seconde faiblesse qui découle de la première, c'est la non-application effective de la plupart de ces lois, parfois faute de moyens matériels et humains, mais aussi parce qu'elles n'ont pas pénétré culturellement une fraction de la population par manque de simplicité et surtout de pédagogie.

A quoi cela sert-il de voter une bonne loi si elle n'est pas appliquée ou pire, si elle n’est pas applicable ? D'autant plus que cela induit dans l'esprit des citoyens que la loi n'est pas faite pour être respectée. La capacité d'expression démocratique des citoyens s'en trouve amoindrie de même que l'esprit civique car « les nations ont le visage de leur justice ». A-t-on fait ou fera-t-on un jour l'inventaire de lois vouées aux oubliettes, une étude portant sur les textes de loi votés, promulgués et non appliqués en France ? Quel est le pourcentage de textes de loi non appliqués sur la quantité de textes votés en une année ? En une décennie ? Et quelles sont les raisons de la non-application ? Tel pourrait être un bon sujet de mémoire d'étudiant en droit, voire de thèse de doctorat.

Est-ce un hasard si les « Rapports de la Commission d'enquête sur la délinquance des mineurs » publiés par le Sénat portent le sous-titre : « La République en quête de respect ? »

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République, loi, respect sont consubstantiels, inséparables. Aucun de ces termes n'est viable sans les autres. Force doit rester à la République pour faire respecter la loi.

Le fait que de plus en plus de jeunes issus de l'immigration soient concernés par les statistiques de la délinquance tel qu'il apparaît dans cette enquête sénatoriale n'implique-t-il pas un rappel du passé colonial de la France, mais surtout, d’un déficit d’attention spécifique à l’endroit de ces jeunes (futurs citoyens) ?

A-t-on cherché à les connaître ? Leur a-t-on enseigné la République et ses valeurs ? Où ? Comment ? Qui ?

S’est-on soucié d’égalité, en donnant plus à ceux qui ont le moins, pour se construire et construire ?

Bref, s’est-on soucié de leur impréparation véritable à la France et à la République ? À la société française ?

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13. Armée de terre – EPIDE : un cadre propice pour les projets professionnels - 2017

Date de publication : 19/05/2017

Dans le cadre de cette coopération, l’Armée de Terre s'engage à :

• Communiquer des informations utiles sur les plans de recrutement trimestriels, par le CIRFA de référence au directeur recrutement insertion du centre EPIDE ;

• Transmettre aux centres EPIDE du calendrier des périodes militaires susceptibles de répondre aux besoins des jeunes volontaires (en liaison avec le bureau Terre du CIRFA) ;

• Établir un programme annuel d’actions d’information (informations collectives et présentations métiers), à conduire en lien avec chaque centre EPIDE ;

• Respecter un délai de 2 mois maximum pour convoquer en visite médicale d’aptitude en GSE tout candidat à l’engagement proposé par un centre EPIDE ;

• Établir une évaluation annuelle du pourcentage des candidatures retenues sous statut EVAT ou VDAT, assortie des taux de dénonciation au cours de la période probatoire affectant les jeunes gens issus de l’EPIDE.

Simultanément, l’EPIDE s’engage à :

• Permettre aux conseillers en recrutement des bureaux Terre des CIRFA d’apprécier la fiabilité du projet et de procéder à l’orientation du volontaire, dans le cadre de la demande de décision d’engagement. A cet effet, le centre EPIDE fournira au conseiller en recrutement, par le biais d’un document d’aide à la décision récapitulant les compétences acquises, les renseignements sur le parcours, le profil et les résultats du candidat à l’engagement ;

• Établir et mettre en œuvre un parcours et une offre de services adaptés aux besoins de l’insertion dans l’armée de Terre. L’architecture générale de cette offre de services est jointe en annexe 1 ;

• Valider, aux environs du quatrième mois de leurs parcours, les projets professionnels des jeunes gens faisant le choix d’une insertion dans l’armée de Terre. A la validation du projet s’attache un avis médical réalisé sur la base des critères généraux d’aptitude définis par l’armée de Terre (candidat évalué en GSE). La visite médicale d’aptitude à l’engagement a pour but de limiter les rejets de candidatures et les échecs tardifs impactant le parcours des jeunes. Elle ne présage en aucun cas des épreuves complémentaires d’évaluation et de la décision d’engagement en fin de processus ;

• Permettre aux CIRFA de développer l’orientation vers l’EPIDE des jeunes gens dont le profil exigerait le recours à son offre de services, en amont de leur recrutement dans l’armée de Terre. Les besoins des CIRFA sont exprimés directement auprès du cadre référent de chaque centre concerné conformément au plan de rattachement joint.

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14. L’EPIDE, UNE MISSION : L’INSERTION DANS L’EMPLOI

Date de publication : 2017

Accompagner les jeunes les plus éloignés de l’emploi vers

l’insertion sociale et professionnelle…

Placé sous la tutelle des ministères chargés de l’Emploi et de la

Ville, l’EPIDE – Établissement pour l’insertion dans l’emploi –

est un acteur reconnu de l’insertion des jeunes de 18 à 25 ans

sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification

professionnelle.

Dans ses 19 centres ces jeunes – les volontaires de l’EPIDE – sont

accueillis en internat, dans un cadre structuré, où ils vivent les

valeurs de la République au quotidien.

Construire et réussir son projet professionnel ; acquérir une

formation générale et spécialisée ; apprendre à prendre soin de

soi et des autres sont les objectifs partagés par les volontaires

et les professionnels qui les accompagnent. L’éducation à la

citoyenneté est la pierre angulaire de la pédagogie de l’EPIDE.

La force de l’EPIDE, c’est aussi son réseau de partenaires. Un nombre toujours croissant d’employeurs

accordent leur confiance aux volontaires en leur proposant un stage ou un emploi.

Depuis sa création en 2005, l’EPIDE a formé près de 30 000 citoyens responsables.

… par la mise en œuvre d’une méthode unique en son genre.

L’originalité du dispositif repose sur des équipes pluridisciplinaires qui :

• Garantissent au volontaire un accompagnement global qui permet notamment de lever les

freins périphériques à l’emploi et à l’apprentissage (conseillers éducation et citoyenneté,

moniteurs, formateurs d’enseignement général, d’informatique, de mobilité et de sport,

infirmiers, chargés d’accompagnement social, conseillers en insertion professionnelle et

chargés de relations entreprises) ;

• Opèrent dans un cadre structurant d’inspiration militaire, fondé notamment sur l’internat de

semaine et l’apprentissage de la vie en collectivité (port d’une tenue d’uniforme, acquisition

du respect de soi et des autres, participation à des projets collectifs et aux tâches de service

courant, etc.) ;

• Offrent à chaque volontaire un suivi personnalisé (accompagnement adapté au rythme et au

projet personnel et professionnel, grâce notamment à des entretiens individuels).

Les jeunes évoluent dans un environnement qui leur permet d’acquérir ou de reprendre confiance en

eux et de se projeter dans l’avenir.

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15. Vendée : un maire invente un « passeport » pour former les élèves au civisme - 2016

• Par Eugénie Bastié

• Publié le 04/10/2016

Participer à une commémoration, parrainer un « aîné », aider une association… À travers une série de

8 épreuves, les élèves de CM2 de Talmont-Saint-Hilaire sont invités à gagner les galons d'un « diplôme

de civisme ». Une initiative inédite qui séduit d'autres municipalités.

Forger la citoyenneté. C'est l'objectif de Maxence de Rugy, le tout jeune maire (LR) de Talmont Saint

Hilaire, une petite ville de 7800 habitants en Vendée. Il lance ce mardi la deuxième édition d'un «

passeport de civisme » distribué en début d'année à tous les élèves de CM2 de sa commune. Ce

document, qui se présente comme un petit livret de 20 pages, est une succession d'exercices proposés

aux élèves, ponctués d'injonctions patriotiques à l'accent lavissien. L’objectif ? « Leur transmettre

l'amour de leur pays et le goût de s'impliquer dans la vie de la Cité », à travers un parcours de 8 «

épreuves ».

Parmi les expériences proposées : apprendre à « connaître les valeurs de la République » en visitant

une exposition sur les emblèmes de France à la mairie, participer à une commémoration comme celle

du 11 novembre ou du 8 mai, donner un jouet au profit d'un association caritative, organiser la collecte

lors du marché de Noël, adresser une carte de vœux aux personnages âgées de la maison de retraite à

l'occasion de la nouvelle année… Mais aussi : visiter un château du patrimoine, apprendre la

Marseillaise, etc. Des actions concrètes censés tisser le lien social et inscrire de façon empirique le

patriotisme dans la conscience enfantine. A l'issue de ce parcours de 8 épreuves, les jeunes reçoivent

un « diplôme du civisme » et une médaille d'or, d'argent ou de bronze en fonction du nombre

d'épreuves validées.

« Émulation collective »

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Des « ambassadeurs » sont là pour guider les enfants dans leurs démarches : anciens combattants,

président du Secours catholique, animateur d'EHPAD, gendarme ou pompier… L'ancien ministre des

Anciens combattants Philippe Mestre a été le « parrain » de la première promotion. Ce mardi 4

octobre, la deuxième édition sera proposée aux 93 élèves de CM2 de la commune, en présence de

leurs parents et des ambassadeurs.

L'idée est venue à Maxence de Rugy après les attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015. « On a alors

eu des rassemblements très nombreux dans nos communes, autour de valeurs. Mais comment

matérialiser ce retour aux valeurs ? Il fallait dépasser le stade de l'émotion pour passer à l'action. J'ai

voulu donner une réponse locale à un problème national. », explique-t-il au Figaro.

Le « passeport de civisme » s'exerce dans le cadre des « projets éducatifs » que doivent porter chaque

année les écoles. Si certaines activités se font dans le cadre de l'école, d'autres sont laissés à l'initiative

de l'élève en dehors de la classe. Les quatre établissements de la commune, privés et publics ont

répondu à l'appel.

Selon le maire, les enfants ne traînent pas des pieds pour participer à cette « petite compétition

ludique », qui crée une véritable « émulation collective ». À la fin de l'année, lors d'une cérémonie les

élèves reçoivent une récompense, la médaille d'or, s'ils ont rempli toutes les « épreuves ».

L'idée pourrait-elle faire florès ? Le maire se dit « pas mal sollicité » par des municipalités «

vendéennes, sarthoises et ligériennes », et même par un conseiller municipal de Nouvelle-Calédonie,

qui lui a demandé un exemplaire du passeport. Il va déposer un label et fonder une association pour

promouvoir son idée.

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16. Rennes. Les communes du département récompensées pour leur civisme - 2017

OUEST France - Publié le 06/10/2017

Yves Gérard, le maire de Saint-Christophe de Valains (deuxième en partant de la droite), reçoit son

diplôme de la Marianne du civisme au cours d’une cérémonie organisé au Conseil départemental

35. | (Photo : Ouest-France)

Les Mariannes du civisme ont été remises cette après-midi dans l'enceinte du Conseil départemental

d’Ille-et-Vilaine, aux communes qui ont le plus voté lors des élections présidentielles et législatives de

2017.

« C’est une célébration du civisme », souligne la présidente de l’Association des maires de France

d’Ille-et-Vilaine (AMF 35), Françoise Gatel. Organisée ce vendredi après-midi au cœur du Conseil

départemental d’Ille-et-Vilaine, la cérémonie des Mariannes du civisme a permis de mettre à l’honneur

cinq communes dont les électeurs ont prouvé leur civisme en participant en grand nombre aux

élections présidentielles et législatives.

Les lauréats ont reçu leur Marianne du civisme des mains de Pierre Levieil, président de l’Association

des anciens maires et adjoints aux maires de l’Ille-et-Vilaine (ADAMA 35) en présence du président du

Conseil départemental, Jean-Luc Chenut.

« Une fierté pour la ville »

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Créé en 2007, ce concours de participation électorale est « divisé en plusieurs catégories, en fonction

du nombre d’administrés », précise Pierre Levieil.

Pour certains maires récompensés l’émotion est forte et la voix mal assurée. « Ce n’est pas tous les

jours que l’on a des récompenses pour une petite commune de 225 habitants », lance avec un sourire

crispé l’édile de Saint-Christophe-de-Valains, Yves Gérard.

Pour Youri Moysan, maire de la commune d’Aubigné, « c’est une fierté pour la ville de savoir que la

population est impliquée dans le processus démocratique ». Après la remise des plaques et diplômes

symbolisant leur réussite, la quarantaine de maires a partagé un pot de l’amitié.

Les principaux lauréats : Dans la catégorie jusqu’à 500 habitants : Saint-Christophe de Valains, 90,26 %

de taux de participation ; jusqu’à 1 000 habitants, Clayes, 91,25 % ; jusqu’à 3 500 habitants, Chevaigné,

88,61 % ; jusqu’à 10 000 habitants, Châteaugiron, 86,28 % ; 10 000 habitants et plus, Vitré, 73,65 %.

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17. Éducation, Civisme et Santé pour renforcer le modèle européen - 2014

L’EXPRESS / Noëlle Lenoir, publié le 07/12/2014

A propos de l'auteur

Ancienne Ministre des Affaires européennes, Noëlle Lenoir

aujourd’hui avocate associée, poursuit son engagement au

service d’une Europe forte et intégrée apte à affronter la

compétition internationale tout en offrant un modèle solidaire

unique au monde. Elle œuvre pour que la France, dont c’est la

vocation historique, reste l’un des puissants moteurs de la

construction européenne initiée sur les bases de la réconciliation

franco-allemande.

Le droit à la protection de la santé est un droit humain fondamental ancré dans le modèle européen

et qu’exprime l’article 35 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne lorsqu’elle

dispose que « toute personne a le droit d’accéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier

de soins médicaux dans les conditions établies par les législations et pratiques nationales. Un niveau

élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en œuvre de toutes les

politiques et actions de l’Union. »

Alors que la croissance marque le pas en Europe et que la pauvreté s’étend, l’Europe doit, plus que

jamais, multiplier les actions pour permettre à chacun de ressentir du bien-être et de réduire les

inégalités devant la maladie et la mort. L’Union européenne n’a certes que des compétences limitées

en la matière. L’article 168 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne la cantonne surtout

dans la prévention des maladies et la lutte contre les grands fléaux, ainsi que dans la surveillance de la

sécurité des produits de santé.

Mais c’est suffisant pour que l’Union marque son empreinte. Deux champs d’action sont à privilégier :

la lutte contre la drogue et celle contre le tabagisme. Or les progrès sont lents et insuffisants. Les

statistiques sur la consommation de drogue sont aléatoires car celle-ci est clandestine. Mais les chiffres

sur les dégâts du tabac sont là : 650 000 morts dans l’UE en 2009 et sans doute près d’un million par

an aujourd’hui. C’est la première cause de décès, de maladies et d’incapacités d’après la Commission

européenne.

La drogue est mortifère elle aussi. Mais l’une des premières tares du tabac est d’abord que la fumée

ambiante est extrêmement dangereuse, en particulier pour les enfants. C’est la raison pour laquelle la

Convention cadre de l’OMS de 2003, applicable depuis 2005, prescrit des mesures de protection contre

l’exposition à la fumée du tabac. Selon son article 8 « chaque citoyen a droit à un niveau élevé de

protection de la santé et doit être protégé contre l’exposition à la fumée du tabac ».

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Les pays de l’Union – qui ont, ainsi que l’UE elle-même, ratifié cette Convention – ont interdit le

tabagisme dans les lieux publics fermés, mais pas dans les lieux publics ouverts. Il faut franchir ce pas,

et d’urgence. Les rues des villes sont devenues en effet un espace tabagique dont le niveau de pollution

est parfois étouffant et suffoquant. En outre, le mauvais exemple donné par ceux qui fument dans les

rues crée un effet moutonnier notamment vis-à-vis des jeunes, les plus vulnérables. Enfin, dans les

villes comme Paris où la question des mégots n’est pas encore résolue et où des centaines de milliers

de mégots jonchent le sol en transformant notre capitale en vaste poubelle, on assiste à une

dégradation accélérée de l’environnement qui ternit l’image de la ville, mais aussi du pays tout entier.

Santé et éducation ont partie liée, car l’on sait que la protection de la santé dépend essentiellement

des conditions d’hygiène de vie. Je rentre du Japon et ai été émerveillée de constater combien c’est

toute l’éducation d’un peuple qui permet à tous et à chacun de contribuer à cette hygiène impeccable

qui est la marque de fabrique de ce grand pays. Pas un mégot, pas un papier, pas une immondice par

terre, les rues sont propres et l’air est clair. Les enfants à l’école sont formés pour savoir faire le

ménage, des cours leur sont dispensés dès le plus jeune âge. Voilà un programme « Éducation à la

Santé et à l’Hygiène » que le nouveau commissaire européen à la santé, le lituanien Vytenis

Andriukaitis, devrait lancer sur ce modèle. Il contribuerait ainsi à la formation d’une communauté de

citoyens respectueux du voisin et de l’environnement.

Noëlle Lenoir

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18. CiDAN : civisme, défense, armée-nation - 2017

Prix Européen « Civisme, Sécurité et Défense »

LES LAURÉATS

Les délibérations du jury.

Les délibérations du jury sont secrètes, non

publiées et sans appel. Les concurrents, dès lors

qu’ils participent au concours, s’engagent à se

soumettre à l’ensemble du présent règlement

ainsi qu’aux décisions du jury.

Le lauréat est déclaré hors concours pour une période de trois ans.

Palmarès 2017

Le jury du Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” s’est réuni, le 12 octobre 2017, à Strasbourg,

dans les locaux du Conseil de l’Europe.

Après délibération, le palmarès 2017 revient aux candidats suivants :

• Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” à l’institution lithuanienne “House of Arts and

Education”, avec ses partenaires du Portugal, de Hongrie, de Lithuanie et du Montenegro ;

Pour le projet “la voie du citoyen dans le miroir de l’Histoire”, dont le but est, par le théâtre

“Forum”, de rappeler aux jeunes que les droits de l’Homme ne sont pas acquis pour toujours et de

montrer que l’appartenance à l’Union européenne aide à défendre ces droits et à se sentir plus en

sécurité qu’isolé comme par le passé.

• Prix spécial “Travail de Mémoire” à la mairie de Auchy les Mines

Pour l’exceptionnel engagement de la population de cette petite commune à commémorer en

2014 et 2015 le centenaire de la Première Guerre mondiale, par des activités riches et variées, et plus

particulièrement pour accueillir des délégations des anciens des régiments britanniques qui ont

participé à la Bataille de Loos (septembre- octobre 2015), ainsi que des collégiens de ce pays.

• Prix spécial “Innovation” à Madame Elodie Ferreira,

Pour son mémoire de recherche sur la représentation des conflits et des traumatismes dans les

musées et mémoriaux, pour la réalisation du site internet ComMemories, dont le but est de

moderniser le travail de mémoire, pour la rédaction du guide pratique “Parler d’Evénements Tragiques

Avec Votre Enfant”, permettant entre autres de renforcer la résilience face au terrorisme, enfin, en

encouragement, pour la rédaction de deux livres intitulés “Le Travail de Mémoire Expliqué aux

Enfants”, l’un s’adressant aux enfants de 6 à 8 ans et l’autre aux enfants de 9 à 11 ans.

La 7e cérémonie de remise du Prix européen se tiendra, le 28 novembre 2017, dans le cadre de la

Conférence de Sécurité de Berlin.

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Palmarès 2016

Le jury du Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” s’est réuni, le 13 octobre 2016, à Strasbourg,

dans les locaux du Conseil de l’Europe.

Après délibération, le palmarès 2016 revient aux candidats suivants :

• Prix Européen “Civisme, Sécurité et Défense” aux associations EuroDéfense-Espagne et

EuroDéfense-Portugal,

Pour l’organisation de la 5ème conférence EuroDefense des jeunes européens et pour son

suivi. 70 jeunes délégués, étudiants d’université ou élèves-officiers, de six pays de l’Union européenne

se sont réunis pour échanger dans un cadre multidisciplinaire sur “la défense de l’Europe au passé, au

présent et à l’avenir”.

© Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

• Prix spécial “Ethique militaire” au Centre de Stockholm sur l’éthique de la guerre et de la paix

(département de philosophie de l’université de Stockholm),

Pour la formation de jeunes chercheurs, pour ses travaux sur l’éthique militaire, ses publications, ses

conférences et la mise en relation, essentiellement dans les pays du Nord de l’Europe, de chercheurs,

de décideurs politiques, de militaires et du public sur ce thème.

© Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

• Prix spécial “Travail de Mémoire ” à l’association française “Mondement 1914 – les soldats de

la Marne – Joffre – Foch”,

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Pour la commémoration chaque année et plus particulièrement en 2014, des combats de la première

bataille de la Marne et la diffusion des informations les concernant, particulièrement auprès des

jeunes, en relation avec l’association de recherches militaires saxonnes de Dresde, le Royal Fusiliers de

Londres et l’école allemande internationale de Paris.

© Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

• Prix spécial “Conscience européenne de sécurité et de défense” au Dr Carolin Rüger de

l’institut de sciences politiques et de sociologie de l’université de Würzburg en Allemagne,

Pour ses travaux de recherche et d’enseignement sur la Politique européenne commune de sécurité

et de défense, et plus spécifiquement sur l’élaboration, la mise en œuvre et la mesure de la perception

de cette politique par les citoyens européens.

© Behörden Spiegel, Klaus Dombrowsky

Madame Carolin Rüger, toute jeune maman de deux jumeaux, n’avait pu faire le déplacement et était

représentée par sa mère, Madame Hildegund Rüge.

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19. Citoyenneté européenne - 2016

1. Quels sont les obstacles auxquels les citoyens européens doivent faire face dans l’exercice de leurs

droits ? Que pourrait-on faire pour alléger ces obstacles ?

Les obstacles :

Tout d’abord, il y a un problème identitaire chez le citoyen européen. Les citoyens des États membres

ne se sentent pas citoyens européens en tant que tel, mais se considèrent comme citoyen « national

» (un belge est un citoyen belge, un français citoyen français, etc…).

Ils ne sont pas assez sensibilisés à l’Union Européenne, ne la comprennent pas, trouvent son

fonctionnement trop complexe. A titre d’exemple, peu de citoyens peuvent dire aujourd’hui qui

préside l’Union Européenne. Il persiste un problème d’intérêt des citoyens et d’implication.

Il y a trop de distance entre l’Union et les citoyens de celle-ci : le Parlement Européen représente les

intérêts des citoyens européens, mais ceci est loin d’être clair pour cette population. La preuve en est

avec les élections qui ne rassemblent que peu d’électeurs.

Les citoyens ne saisissent pas toujours les conséquences des politiques européennes dans leur vie au

quotidien. Comment se rapprocher d’une communauté qui donne l’impression d’être peu préoccupée

par ce qui touche directement la population européenne.

Solutions envisageables :

- Un travail d’information : Trouver un moyen de mieux informer les citoyens européens sur leurs

droits, leur statut et la vie européenne en général.

Faire prendre conscience qu’être citoyen européen est un véritable statut leur offrant des droits. Il est

indispensable de leur donner confiance dans l’Union Européenne car peut-être ont-ils l’impression de

ne voir dans cette Union que des contraintes ?

- Rapprocher les citoyens de l’Union Européenne et de ses institutions : il faut absolument les faire

participer dans la prise de décision des questions préoccupant l’Union Européenne, de quelque

manière que ce soit : qu’ils soient citoyens, PME, ONG, …

Il faut qu’ils se sentent plus proches des institutions et que nous puissions agir directement auprès de

celles-ci.

Par exemple, la CJUE garantit les droits des citoyens : or, il n’existe aucun accès direct à celle-ci. Peut-

être une évolution serait envisageable par la création d’un Tribunal qui « filtrerait » les requêtes des

particuliers… Dans tous les cas, il faudrait que nous puissions intenter une action en justice si nous

estimons qu’un État membre viole nos droits de citoyens européens.

- Le droit de pétition/l’initiative citoyenne : Le droit de pétition représente le droit pour tout citoyen

de l’Union ou pour toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un

État membre, individuellement ou en association, de présenter au Parlement Européen une demande

sur un sujet relevant du domaine d’activité de la Communauté.

- La pétition est recevable si elle porte sur des sujets relevant des compétences et si elle concerne

directement son auteur. Il existe une Commission des Pétitions.

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La pétition est envoyée à la Commission des pétitions qui décide d’abord si elle est recevable. Si tel est

le cas, la Commission des pétitions demande à la Commission Européenne de lui fournir les

informations pertinentes ou son avis sur les points soulevés par le pétitionnaire.

Lorsque suffisamment d’informations sont rassemblées, la pétition est inscrite à l’ordre du jour d’une

réunion de la Commission des pétitions à laquelle la Commission Européenne est invitée.

Le problème de ce droit de pétition, c’est qu’il n’aura aucune valeur contraignante pour les institutions

communautaires.

En raison des conditions lourdes de ce droit de pétition, de la lenteur de la procédure, le Traité sur

l’Union Européenne est venu apporter une innovation majeure, surtout dans le fonctionnement

démocratique de l’Union en instituant le droit d’initiative citoyenne. Celle-ci permet aux citoyens

d’inviter la Commission à présenter directement certaines propositions législatives.

Les conditions à réunir sont les suivantes : il faut au moins un million de signatures qui proviennent

d’un nombre d’États significatifs (fixé à 9). L’initiative doit relever des attributions de la Commission et

concerner des questions pour lesquelles les citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est

nécessaire aux fins de l’application des Traités.

Grâce à cet outil est enfin introduite une démocratie participative en plus de la démocratie

représentative et cela permet de rapprocher les citoyens de l’Union Européenne.

Cette initiative, pour avoir l’effet escompté, devrait obliger la Commission Européenne à prendre

sérieusement en considération les demandes présentées.

Il est important d’établir une procédure et des conditions simples, à la portée de tout le monde, tout

en fixant un certain nombre d’exigences afin que cet instrument soit crédible et afin d’éviter les abus.

Quoiqu’il en soit, cet outil est une avancée majeure, d’autant plus qu’aujourd’hui existent bon nombre

de réseaux sociaux permettant de réunir un maximum de personnes, et ce même au-delà des

frontières.

2. Dans quels secteurs les droits des citoyens pourraient-ils être renforcés ?

- Droit social : il faut prendre en compte le travailleur, qui est un citoyen européen et le protéger de

manière efficace. Par exemple, en pleine crise économique se sont intensifiés des phénomènes tels

que les restructurations ou les délocalisations. Il est nécessaire que l’Union Européenne encadre ces

phénomènes qui constituent un fléau pour les travailleurs européens afin de mieux les protéger.

- Secteur judiciaire : il faudrait faire en sorte que les droits des citoyens soient respectés et garantis.

L’organe apte à réaliser cet objectif existe, il s’agit de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

Mais il serait souhaitable aujourd’hui que celle-ci ait la capacité de mettre en application cet objectif,

notamment par la possibilité pour les citoyens de la saisir directement (comme cela existe déjà pour

la Cour Européenne des Droits de l’Homme) ou par le biais d’organismes proches d’eux (association…).

Il faudrait également renforcer le rôle du médiateur européen qui constitue un moyen fort pour les

citoyens de faire entendre leurs voix et leurs plaintes : il est nécessaire de le faire connaitre et

d’informer les citoyens sur son existence.

- Les critères d’obtention de la citoyenneté européenne : prendre en compte la durée de résidence dans

un État membre plutôt que celui de la nationalité d’un Etat membre pour attribuer les droits relatifs

à la citoyenneté européenne car ce critère de la nationalité revient à exclure des ressortissants qui

sont sur le territoire européen et en font pleinement parti.

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- Droit à un environnement sain : l’affirmation d’un droit à l’environnement en Europe est essentielle

pour que la protection de l’environnement puisse revêtir les caractères d’un droit transversal et

fondamental.

Nous avons connu un premier échec lors de la préparation du Traité de Maastricht (1992) en tentant

de donner la définition d’un « droit individuel à l’environnement ».

Puis, en 2000, avec la Charte des Droits Fondamentaux, on a fait le choix de n’y inclure qu’une formule

assurant un “niveau élevé de protection de l’environnement et d’amélioration de sa qualité devant

être intégrés dans les politiques de l’Union et assurés conformes au principe de développement

durable”. Ce choix pourrait paraître une avancée non négligeable, sauf qu’il ne représente aucune

nouveauté puisque l’article 6 du Traité CE affirmait déjà que la protection de l’environnement devait

être intégrée dans les politiques de l’Union.

Il n’existe donc pas véritablement de droit à l’environnement en droit communautaire, formulé en tant

que tel, même si les préoccupations environnementales sont présentes et que l’Union Européenne se

place même parmi le continent appliquant les normes environnementales les plus strictes.

Un petit effort semble donc à portée de main concernant maintenant le droit à un environnement sain

pour les citoyens européen

- Droits de l’homme : Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’Union Européenne a été adopté un texte

unique qui reprend l’ensemble des droits civiques, politiques, économiques et sociaux des citoyens

européens ainsi que de toute personne vivant sur le territoire de l’Union : il s’agit de la Charte des

Droits Fondamentaux, du 7 décembre 2000. Le problème est que pendant quasiment 10 ans, cette

charte n’avait aucune valeur juridique.

Indéniablement, le Traité de Lisbonne apporte une avancée majeure en matière de droits de l’homme,

et ce concernant deux points essentiels.

D’une part, avec son entrée en vigueur, la Charte des Droits Fondamentaux acquiert enfin une valeur

juridique, et pas des moindres : elle a désormais la même valeur que les Traités.

Par conséquent, elle devient opposable pour les citoyens européens, c’est-à-dire que ces derniers

pourront faire valoir la Charte devant un juge pour faire annuler des actes qui ne la respectent pas ou

sont contraires au droit qu’elle contient.

La Charte a surtout renforcé la protection des droits sociaux, en incluant notamment le droit de

négociation et d’action collective, le droit à la sécurité sociale et à l’aide sociale, le droit d’accès aux

services d’intérêt économique générale ou encore la protection contre les licenciements injustifiés.

Il n’y a vraiment de quoi dire sur ce point qui reste un point très positif puisque cette valeur juridique

accordée à la Charte était largement attendue.

D’autre part, l’article 6 du Traité de Lisbonne proclame l’adhésion de l’Union Européenne à la

Convention Européenne des Droits de l’Homme. Cette Convention constitue le texte de référence en

matière de droits de l’homme. Elle proclame notamment des droits civils et politiques fondamentaux

et instaure un mécanisme de protection basé à Strasbourg : toute personne s’estimant victime d’une

violation de ces droits peut saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dès lors que toutes les

voies de recours ont été épuisées dans son État.

Cette adhésion renforce encore la protection des droits de l’homme en Europe en soumettant le

système juridique de l’Union à un contrôle externe indépendant. Elle permet également de combler

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des lacunes dans la protection juridique des citoyens européens en leur octroyant la même protection

à l’égard des lois européennes que celle actuellement garantie par les États membres.

Cependant, malgré cette adhésion, l’Union Européenne reste un ordre juridique distinct dont la Cour

de Justice de l’Union Européenne est la plus haute instance judiciaire. De plus, le principe d’autonomie

de l’Union n’est en aucun cas remis en cause : pour saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme,

le demandeur devra avoir épuisé les voies de recours judiciaires de l’État en cause ainsi que le renvoi

préjudiciel devant la Cour de Justice.

Il faudra alors guetter si ce processus permet réellement aux citoyens européens de voir leurs droits

fondamentaux protégés de manière efficace et opérationnelle.

3. Que pourrait-on faire pour améliorer la reconnaissance des documents relatifs à la naissance, au

mariage, à la fin de vie … entre les États-membres et pour réduire les formalités administratives

et les coûts ?

En ce qui concerne les documents purement administratifs, il est clair qu’une procédure harmonisée

dans les 27 États membres serait bénéfique.

Prenons l’exemple du mariage, si la procédure administrative d’obtention de la qualité de marié était

la même dans chaque État, ce serait beaucoup plus simple.

Nous nous intéressons ensuite à la reconnaissance mutuelle des diplômes dans l’Union, qui pose

toujours problème. En effet, même s’il existe aujourd’hui 2 directives qui instituent un système

généralisé de reconnaissance des diplômes, des problèmes subsistent.

En ce qui concerne la reconnaissance académique (qui sert à pouvoir poursuivre une formation dans

un autre État membre sans être pénalisé), cette reconnaissance n’est pas automatique puisqu’il faut

engager bien à l’avance des démarches auprès de l’établissement d’accueil étranger.

C’est une procédure longue et lourde qui ne garantit même pas une reconnaissance parfaite.

En ce qui concerne la reconnaissance professionnelle (qui permet à son titulaire d’exercer sa

profession dans un autre État membre), s’il s’agit d’une profession réglementée, la reconnaissance ne

sera pas non plus automatique puisqu’il sera bien souvent nécessaire de passer un test d’aptitude, de

suivre une formation complémentaire ou d’attester de l’expérience professionnelle acquise. Or, pour

certaines professions bien ciblées, une directive a été adoptée et reconnait leur reconnaissance

automatique.

Une première difficulté apparait puisqu’il faudra chercher si le métier que l’on exerce entre dans le

champ d’application de la directive ou pas. Il faudrait pouvoir établir un système harmonisé. De plus,

la procédure est longue, lourde et couteuse.

La principale complexité est liée au fait que chaque État membre a son propre système de délivrance

des diplômes et que certains diplômes qui paraissent identiques ne sanctionnent en réalité pas du tout

la même formation et le même niveau d’études.

Solution possible : mettre en place un système unique de diplôme, ou tout le moins, un système

harmonisé pour les diplômes universitaires. Il faudrait prendre en compte un modèle de système et

l’appliquer à tous les États membres. De cette manière, les États membres délivreraient les mêmes

diplômes et ceci faciliterait la reconnaissance.

Il faudrait également rendre cette harmonisation contraignante pour les États membres afin que tous

l’appliquent.

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Enfin, nous sommes particulièrement concernés par la question concernant le statut d’association

européenne.

En effet, nous soulignons que nombreux sont les citoyens européens vivant un engagement associatif

qui peut aller de la simple adhésion à la conduite quotidienne d’un projet collectif. Or, cette réalité est

méconnue alors que la participation à la vie associative des citoyens contribue à la participation des

citoyens à la vie publique européenne.

Il serait souhaitable de créer un statut européen pour les associations puisqu’aujourd’hui, il existe des

inégalités entre les citoyens européens quant à la liberté d’association.

De plus, les associations ayant des activités transfrontalières ou transnationales sont confrontées à de

fortes difficultés : en effet, il existe une grande complexité administrative (notamment des difficultés

techniques, juridiques et financières) alors que l’Union Européenne souhaite développer ses échanges

communautaires.

Enfin, tant qu’un statut européen (voir international) n’est pas mis en place, les ONG et associations

restent soumises à la législation associative en vigueur dans l’État ou elles ont leur siège.

Ainsi, un statut d’association européenne permettrait aux associations de conduire plus facilement des

opérations avec les associations installées sur le territoire d’autres États membres. Ce statut faciliterait

également le développement des activités des grandes associations comme les ONG Internationales

qui ont des bureaux dans plusieurs États membres. Les grandes associations ou les associations de

tailles moyennes ainsi que les petites structures ayant une activité transfrontalière sont également

concernées.

Il faudrait par conséquent organiser des débats dans lesquels participeraient les acteurs du monde

associatif afin de faire évoluer cette question le plus rapidement possible. Le plus simple serait de

déterrer le projet de directive qui avait été présenté au Parlement Européen.

4. Que peut-on faire pour augmenter l’engagement dans la vie démocratique européenne des

citoyens qui résident dans un autre État de l’Union ?

Il est aujourd’hui facile pour un citoyen européen de se déplacer à l’intérieur de l’Union Européenne,

et ce encore plus avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Mais une fois qu’il est installé,

certaines procédures sont lourdes à mettre en œuvre pour ce citoyen.

A titre d’exemple, l’inscription sur les listes électorales pour un ressortissant communautaire qui

souhaite voter pour les élections au Parlement Européen sont assez lourdes : il devra rédiger une

déclaration écrite dans laquelle il mentionnera 4 éléments (sa nationalité, son adresse dans le pays

d’accueil, qu’il n’a pas été déchu de son droit de vote dans son Etat d’origine et qu’il n’exercera son

droit de vote qu’en France).

Il faudrait peut-être faciliter cette inscription pour que les citoyens puissent aisément accéder aux

urnes dans le pays d’accueil. En effet, il n’est plus à démontrer que les citoyens européens ne sont pas

vraiment enthousiastes à l’idée d’aller voter mais si en plus, les formalités pour réaliser leur vote sont

lourdes, ils le seront encore moins.

Alléger ces formalités d’inscription ne peut constituer qu’une amélioration de leur envie de participer

à la vie démocratique et politique de l’Union.

5. Que peut-on faire pour augmenter la participation aux votes des citoyens européens ?

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Il est nécessaire de trouver des mesures incitatives car chaque élection européenne montre jusqu’à

présent que les citoyens se déplacent peu vers les urnes.

Tout d’abord, il faudrait sensibiliser les citoyens à l’importance pour eux d’aller voter : une campagne

forte et diffusée largement qui leur montrerait l’impact d’une telle élection sur leur quotidien devrait

être prévue pour les prochaines élections. Il faut leur faire comprendre que leur vote est important et

qu’ils sont un acteur direct de la vie européenne.

Ensuite, il serait bien d’organiser les élections européennes sur une journée qui serait la même pour

tous les États membres. Ainsi, tous les citoyens européens se déplacent aux urnes le même jour, ce

qui renforce le sentiment d’appartenir à la même Communauté et de voter pour un même objectif.

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20. Décortiquons les incivilités du quotidien

Julien Damon — 22.01.2017 - 10 h 40, mis à jour le 22.01.2017 à 10 h 40

Professeur associé à Sciences politiques, Julien Damon propose une analyse des gestes gênants dans

l'espace public urbain.

« Il n'y a pas de petit papier par terre. Il n'y a pas de petite incivilité. » Cette affiche SNCF, présente

dans les gares et les magazines, contient une vérité. Aux guichets des services sociaux ou des banques,

dans la rue, comme dans les trains, les avions ou les cours de récréation, les incivilités sont perçues

comme un trouble gênant. Et c’est bien ce qu’elles sont. Contribuant à une exaspération mutuelle

grandissante.

Davantage que les actes, ce sont leurs conséquences qui dérangent. Salissures, odeurs, traces, résidus,

déchets, souillures, reliquats, débris décomposent des espaces et paysages qui, s’ils ne sont pas

nettoyés, deviennent plus inconfortables. Les incivilités nourrissent une spirale de dégradation et de

déclin toujours plus difficile à enrayer quand elles ne sont pas traitées à temps. C’est-à-dire

immédiatement.

Le mot incivilité, repérable dès le XVIIe siècle, est ancien. Mais les réalités qu’il désigne se sont

nettement diversifiées. Alors que le terme signifiait originellement discourtoisie, il est devenu

progressivement équivalent, sans grande distinction possible, de désordre, de nuisance, d’incivisme,

d’impolitesse, d’insolence, de malveillance.

Des manquements au civisme ordinaire et conduites anodines qui empoisonnent la vie quotidienne,

jusqu’à des délits juridiquement référencés (dont le fait de fumer des joints qui semble devenir

normale dans les rues), la liste des incivilités est grande: crachats, attroupements d’individus

menaçants ou exubérants, racolages ostentatoires, chahuts et violences à l’école, insultes sur les

terrains de sport, mendicité agressive, graffitis et tags, utilisation importune de téléphones portables,

comportements dangereux au volant, bousculades, courriers électroniques déplacés. Toutes ces

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atteintes, plus ou moins claires, plus ou moins violentes, plus ou moins délibérées, aux biens et aux

personnes, sont difficilement appréciables et traitables par la police ou la justice.

Cinq catégories d’incivilités

Une première catégorie d’incivilités relève de la gestion des mouvements et des circulations. Tout le

monde se gêne, certains provocateurs étant sciemment plus gênants que d’autres. Une deuxième

catégorie relève de la manifestation de certaines fonctions physiques (cracher, manger/boire, se

couper les ongles, etc.).

Norbert Elias (La civilisation des mœurs, 1939) s’est beaucoup intéressé à l’évolution du

comportement de l’homme en société et notamment au « processus de civilisation ». Celui-ci repose,

pour une bonne part, sur la domestication de l’agressivité mais aussi sur l’adoption de règles

restrictives relatives aux convenances extérieures qui tendent à dresser entre les corps une frontière

invisible. Le non-respect de ces règles ne déchire pas la civilisation mais lui porte assurément atteinte.

Une troisième catégorie d’incivilités a pour origine des conflits de territoires (monopoliser une cage

d’escalier, rester assis sur un strapontin en cas d’affluence dans les transports en commun, bloquer

une sortie). Des comportements brouillant la frontière entre l'espace public et l'espace privé peuvent

être rassemblés dans une quatrième catégorie d’incivilités. On trouve là des situations d’intrusion

d’éléments privés dans l’espace public (discussions au téléphone, écoute de baladeur sans les

écouteurs) et des situations de dévalorisation de l’espace public, considéré par l’usager comme ayant

moins de valeur que l’espace privé (jet de détritus, chewing-gum collé sur le siège, chaussure sur des

banquettes). Une dernière rubrique de classement des incivilités rassemble les propos et

comportements qui relèvent de la discourtoisie et de l’impolitesse. Il s’agit là de manquements aux

rituels, écrits ou non, permettant la cohabitation dans l’espace public. De l’insulte agressive à la simple

rudesse du propos.

Les 10 « D » des incivilités

Quel constat faut-il faire : tout à l’égo généralisé ou démission étatique ? L’analyse des incivilités ne

repose pas sur une théorie unique. Dix termes débutant par la lettre « d » balisent une exploration des

explications.

1. Densité : la montée des incivilités est liée à des vies plus urbaines, les uns à côté des autres, mais

aussi les uns sur les autres. A cinq ou six par m2 le vivre-ensemble confine à l’intolérable dans des

transports en commun bondés.

2. Déplacement : à mobilité accrue, incivilités grandissantes. Tout simplement car les occasions de

contacts et de frottements se multiplient.

3. Diversité : les incivilités sont fonction de la confrontation de traditions et modes de vie différents.

Les niveaux de tolérance à diverses manifestations corporelles ne sont pas les mêmes.

4. Déshumanisation : l’espace public, géré automatiquement, est moins humain. Sans « poinçonneur

des Lilas », il est plus aisé de frauder dans le métro.

5. Déresponsabilisation : comme la sécurité devient une fonction spécialisée, avec ses fonctionnaires,

plus grand monde ne s’investit directement dans le respect des règles de civilité. Sinon au péril

d’insultes, voire plus si incivilité aggravée.

6. Désintérêt : avec le brouillage des deux sphères publique et privée, la maximisation de l’intérêt privé

rencontre l’indifférence voire le mépris pour ce qui est public.

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7. Désir : nous voulons tous être servis vite et bien, induisant une certaine tension dans la relation de

service.

8. Défaillance : les incivilités sont le fait d’individus mais elles résultent aussi d’insuffisances

gestionnaires.

9. Digitalisation : un monde plus numérique bouscule les réalités et habitudes physiques. Il en va des

conversations portables entendues par tous comme des courriers électroniques intrusifs.

10. Déni : l’incivil c’est forcément l’autre, et l’incivilité n’est pas forcément problématique. Ce déni du

problème en explique pour partie l’extension

Risque de rupture

Même si les incivilités sont le plus souvent bénignes, les laisser se développer peut aboutir à des

phénomènes plus graves. C’est l’enseignement principal de la théorie de la vitre cassée : laissez, dans

un quartier, une vitre cassée, et bientôt les autres vitres seront cassées. Les individus, lorsqu’ils

perçoivent que d’autres agissent de façon inconvenante ou déplacée, ou bien lorsqu’ils perçoivent que

des lieux sont dégradés, peuvent en déduire que cette situation peut en cacher d’autres,

potentiellement dangereuses. Comme l’analysait le sociologue Erving Goffman, la fonction des petites

civilités de la vie quotidienne est celle d’un système d’avertissement : les politesses sont perçues

comme une pure convention, mais leur absence peut alarmer. Lorsque les usagers de certains espaces

publics ne s’y sentent plus en sécurité et viennent à les déserter, ces derniers peuvent se dégrader très

rapidement.

Les incivilités et leurs conséquences introduisent ainsi au cœur de la vie sociale un doute qui porte sur

la nature hostile ou non des intentions d’autrui et sur la capacité des autorités à traiter la violence et

à maintenir l’ordre.

Le développement des incivilités constitue une question d’importance. Et le sentiment diffus d’un

délitement du lien social doit probablement beaucoup à l’expérience quotidienne que l’on en fait, en

particulier dans ces lieux dédiés à la mobilité que sont les gares, les stations de métro ou les rues, dans

lesquels les interactions entre les gens sont jugées tantôt anonymes, tantôt rugueuses, tantôt

absolument insupportables.

Le problème devient très inquiétant quand les petits papiers s’accumulent par terre, aux côtés des

mégots, canettes, flaques d’urine et autres déchets. Et, surtout, quand personne ne semble s’en

préoccuper. Les réactions salutaires, d’entreprises comme de municipalités, ne doivent néanmoins pas

seulement s’orienter sur la prévention ou la médiation, mais sur une offre de salubrité adaptée aux

villes contemporaines, et sur la répression la plus systématique.

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21. L’incivisme…

LE CERCLE/HUMEUR – 2016

L'incivisme, pour certains rejetons de l'individualisme, pour d'autres conséquence des coupes

budgétaires, semble exprimer un manque d’intérêt général.

Bien qu’aucune étude scientifique sérieuse n’ait quantifié le phénomène, près de la moitié des Français

estiment que l’incivisme progresse fortement, d'après une enquête d'opinion réalisée par l'Ipsos en

2016. Élus, forces de l’ordre, enseignants, déplorent une dégradation de leurs relations avec les

usagers.

Simple ressenti ou tendance de fond, l’incivisme défraie la chronique, alimente le déclinisme et

s’impose comme un sujet de société. De quoi est-il le symptôme ? Quels en seraient les remèdes ?

Marque-t-il la mort de l’intérêt général ?

Prélèvement sauvage

L’incivisme varie d’une catégorie sociale voire d’un pays à l’autre. Il évolue aussi dans le temps. Avant

2008 et une loi, fumer dans les lieux publics ne choquait personne. Il recouvre surtout des

comportements d’une nature très différente, de l’abus de droit social à la fraude, en passant par des

insultes et des dégradations en tous genres.

Certains relèvent du Code pénal, d’autres du manque de savoir-vivre ou du « sans-gêne ». De nouvelles

formes apparaissent, comme l’incivisme numérique : publication de photos dégradantes, courriels

insultants, dénigrement sur les réseaux sociaux. Des faits qui se répètent et exercent une pression

permanente sur les individus.

Et puis, l’incivisme coûte cher : 80 millions d’euros à Paris si l’on additionne les dépenses liées au

recrutement de personnels supplémentaires, à la réparation du mobilier urbain, au nettoyage des

trottoirs et des murs.

Dans un rapport (PDF) la Cour des comptes estime que les pertes liées à la fraude représentent un

manque à gagner de 191 millions d'euros pour la RATP et la SNCF. Des coûts auxquels il convient

d’ajouter ceux des dispositifs de lutte contre la fraude. Dans leur ouvrage « La société de défiance »,

les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc comparent l’incivilité à une « taxe sociale », sorte de

prélèvement sauvage sur la collectivité.

D'où les incivilités prennent-elles leur source ?

Des sociologues, citant Tocqueville, pointent le triomphe de l’individualisme, la victoire de l’égoïsme

social, du chacun pour soi. Certains soulignent le défi que représente le multiculturalisme : de

nouvelles populations doivent s’adapter très vite à des mœurs établies, parfois très éloignées de leur

culture d’origine. La ségrégation dont elles font l’objet ne facilite par leur intégration.

D’autres voient dans l’incivisme la conséquence de coupes budgétaires successives dans le secteur

public comme privé. Des métiers comme les gardiens d’immeubles et de square ou, en milieu rural, les

gardes champêtres, disparaissent.

Dans certains services publics, la consigne de respecter une durée maximale de réponse aux questions

des clients ou usagers suscite des frustrations. Enfin, les citoyens ont parfois tendance à considérer

l’espace public comme un bien de consommation.

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Plusieurs méthodes face aux incivilités

Les campagnes de sensibilisation ont une efficacité relative. À la RATP, si les plaintes ont baissé de 6 %

entre 2012 et 2015, 85 % des usagers se déclarent malgré tout très gênés par les incivilités. À l’inverse,

le recours excessif à la loi laisse perplexe. En plus d’encombrer les tribunaux et de décrédibiliser le

pouvoir législatif, que penser d’une société qui gouvernerait les rapports humains par la seule peur du

gendarme ?

Sur le terrain, collectivités et services publics haussent le ton. De nouvelles méthodes font leur

apparition : applications de « signalement », caméras boutonnières, brigades d’intervention à Paris,

recours aux travaux d’intérêt général.

Certaines communes, comme Cannes, ont conçu de véritables plans de bataille, qui traitent toutes les

nuisances de manière systématique. Chaque jour, la police municipale inspecte une des neuf zones de

la ville et contrôle aussi bien le respect des terrasses que la propreté, la qualité de la voirie ou l’état du

mobilier urbain.

Grâce à l’installation de plus de 500 caméras, les forces de l’ordre ont mené depuis 2014, 2.310

interventions pour sanctionner des décharges sauvages et des jets de détritus. En 2016, la ville a fait

condamner 65 personnes à des travaux d’intérêt général. Mais comme le reconnaît le maire David

Lisnard (Les Républicains), « la lutte contre l’incivisme est une étape qui doit ensuite conduire au

renouveau civique et à la création d’un sentiment d’appartenance ».

Réinventer la notion d’intérêt général

Mais comment « conduire au renouveau civique » et « à la création d’un sentiment d’appartenance »

? En réinventant la notion d’intérêt général, toujours vivace. Seize millions de Français s’investissent

dans des associations.

Selon une étude Viavoice-Klésia de 2016, 78 % des citoyens estiment que les décisions publiques ne

tiennent pas assez compte de l’intérêt général, 58 % d’entre eux souhaitent être plus impliqués dans

des actions utiles à celui-ci.

Les regards se tournent vers la politique, seul espace de conciliation entre les intérêts particuliers. De

nouveaux mouvements voient le jour, même s’ils peinent à s’imposer. Des applications pour

smartphone encouragent la participation citoyenne.

De nombreux responsables ont conscience qu’il faut remettre à plat le statut de l’élu pour rendre celui-

ci à la fois plus indépendant, plus professionnel et plus fidèle à l’image de la société. L’incivisme semble

exprimer un manque voire un besoin d’intérêt général, non sa disparition.

Jean-Michel Arnaud est président du groupe Domaines Publics

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22. Une citoyenneté en crise

Site VIE PUBLIQUE – 20/05/2006

• Incivilités, violence et citoyenneté

• Un exclu est-il encore un citoyen ?

• Peut-on être citoyen et ne pas voter ?

• L’intégration républicaine fonctionne-t-elle encore face à la diversité culturelle ?

• D’une citoyenneté nationale à une citoyenneté mondiale ?

• Sur la toile publique

Quelques dates clés

1982 : Article "Broken windows" de deux auteurs américains, George L. Kelling et James Q. Wilson. Ils

développent une théorie des "incivilities" à partir de la "vitre brisée". En 1993, un auteur français,

Sébastian Roché, publie Le sentiment d’insécurité et étudie les "incivilités" dans le cadre français.

24-25 octobre 1997 : Colloque de Villepinte où l’accent est notamment mis sur la nécessaire lutte

contre les incivilités.

28 octobre 1997 : Mise en place par une circulaire des contrats locaux de sécurité (637 au 30 novembre

2003), dont l’un des objectifs est de prévenir les incivilités.

1999 : Lancement de la police de "proximité" en tant qu’expérimentation dans certains départements.

La police de proximité doit être est généralisée en 2002 aux 468 circonscriptions de police urbaine

29 août 2002 : La loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) fixe comme

objectif une action plus cohérente et plus efficace des forces de sécurité intérieure.

18 mars 2003 : La loi pour la sécurité intérieure (LPSI) maintient la police de proximité, accroît les

moyens techniques et juridiques des forces de police et crée de nouveaux délits et sanctions

notamment liés à la mendicité ou aux rassemblements dans les halls d’immeubles.

Quelques pistes de réflexion

Les incivilités : une notion difficile à définir

• L’apparition du terme incivilities remonte au début des années 1970 aux États-Unis. Mais,

c’est en 1982 que deux chercheurs, Kelling et Wilson, développent, à la suite du sociologue

Erving Goffman, les implications de la notion, en se fondant sur la théorie dite de "la vitre

brisée". En 1993, un chercheur français, Sebastian Roché s’intéresse à cette notion au regard

de la situation de la délinquance en France.

• Si la définition traditionnelle de "civilité" correspond à "l’observation des convenances, des

bonnes manières en usage dans un groupe social", la définition du terme "incivilité", lui-

même n’est pas aisée. Sebastian Roché les définit comme un "ensemble de nuisances sociales

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extraordinairement variées qui ne blessent pas physiquement les personnes, mais bousculent

les règles élémentaires de la vie sociale qui permettent la confiance". Les comportements

qu’elle recouvre sont des crachats, graffitis sur les murs des villes, dégradations de biens

publics, attroupements d’individus potentiellement menaçants, bruit dans les immeubles

d’habitation, insultes dans la vie quotidienne, manque de respect envers les personnes âgées...

• La difficulté principale est que cette notion sociologique englobe à la fois des comportements

gênants, mais qui ne sont pas pénalement sanctionnés, et d’autres qui constituent de vraies

infractions. Des débats ont lieu autour de cette notion. Certains considèrent que l’expression

masque de réelles infractions et une partie de la délinquance, d’autres récusent cette

formulation qui légitimerait l’établissement insidieux d’un appareil répressif public et privé.

Les incivilités remettent en cause le bon fonctionnement de notre société

• Les incivilités sont perçues comme un défi à l’ordre public. Le problème central ne réside pas

dans les actes commis, mais dans leurs conséquences. En effet, plusieurs travaux sociologiques

semblent souligner que la multiplication des incivilités, notamment dans un lieu

géographiquement limité (ex : un quartier), accroît le sentiment d’insécurité, mais aussi la

délinquance, dès lors que les mécanismes informels de contrôle disparaissent.

• Le lien entre les citoyens s’estompe et une méfiance généralisée s’installe. Ces atteintes à

l’ordre public sont destructrices des interactions de civilité et, finalement, de la confiance

nécessaire à un bon fonctionnement de la société.

• Il faut cependant souligner la réelle difficulté à évaluer ce phénomène qui n’est pas sans lien

avec l’imprécision de sa définition. Les chiffres mesurant la forte croissance des violences

urbaines, ont été critiqués car ils posent des problèmes d’interprétations. De même, le

discours sur les incivilités, qui les associe à la peur de l’insécurité et qui les assimile à la

jeunesse et à l’immigration, doit être interrogé.

Des solutions difficiles à élaborer

• Depuis 1997, des contrats locaux de sécurité ont été signés, impliquant tous les acteurs de la

sécurité (policiers, magistrats, élus locaux, éducateurs...), et dont l’un des buts est de lutter

contre ces phénomènes.

• La police de proximité lancée dans certains départements depuis 1999, est généralisée en

2002. Enfin, des Maisons de justice et du droit, expérimentées depuis 1990 et consacrées par

la loi du 18 décembre 1998, assurent une présence judiciaire dans une commune ou un

quartier sensible.

• Les solutions paraissent cependant difficiles à élaborer. Il est en effet nécessaire de

rechercher un équilibre pour les politiques de sécurité afin d’empêcher la désertion de l’espace

public sans pour autant instaurer un contrôle permanent.

• Les pouvoirs publics semblent conscients de cette difficulté : en septembre 1999, lors d’une

rencontre qui avait pour thème le bilan des contrats locaux de sécurité, le Garde des Sceaux a

mis en garde contre le caractère vague du terme "incivilités" et rappelé que les forces de

l’ordre ne pouvaient réprimer que des infractions prévues par la loi.

• La loi pour la sécurité intérieure de 2003 transforme pourtant certaines incivilités en délits

(ex : occupation des halls d’immeubles).

Exemples concrets

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La théorie de la "vitre brisée"

Développée au début des années 1980, cette théorie est fondée sur une image très parlante : si on

laisse une vitre brisée dans un quartier, sans réagir, (recherche de l’auteur de la dégradation,

réparation de ladite vitre...), très rapidement, les actes d’incivilité se multiplient. Les règles les plus

élémentaires de la vie en commun semblent alors pouvoir être ignorées sans conséquence pour ceux

qui les bafouent. Cette "vitre brisée" est donc le préalable à un délabrement du quartier concerné et

à une montée de la délinquance.

La politique de lutte contre la criminalité de la ville de New York

Parfois caractérisée comme étant une politique de "tolérance zéro", cette politique s’appuyait sur la

théorie de la "vitre brisée". Au début des années 1990, le métro new-yorkais connaissait un taux

exponentiel de délinquance. La décision a été prise de sanctionner tous les manquements aux règles

applicables dans l’enceinte du métro (pieds sur les sièges, non-acquittement du prix du billet,

ivresse...). En quelques années, le taux de criminalité a fortement baissé, y compris pour les infractions

les plus graves (violences, crimes, viols...), et le taux d’élucidation des crimes a été fortement amélioré.

Cette nouvelle politique a ensuite été généralisée à l’ensemble de la ville avec des résultats

comparables. Néanmoins, des critiques ont été émises, car cette politique semble stigmatiser les

minorités raciales, dont certains membres ont fait l’objet de graves violations de leurs droits

fondamentaux.

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23. Les incivilités minent le moral des Français

MARINE LAMOUREUX, le 10/07/2012 à 18h12

Mis à jour le 10/07/2012 à 18h20

Le « manque de savoir-vivre et l’agressivité des gens » sont, selon Ipsos, la première source de stress

des Français, qui se plaignent d’une multiplication des incivilités dans les transports en commun, à

La Poste ou sur les terrains de sport.

Ces dernières années, des entreprises et des administrations ont pris le problème à bras-le-corps,

sans nier les difficultés de la démarche.

ZOOM

Le mois dernier, la RATP a relancé sa campagne « Restons civils sur toute la ligne », avec deux nouveaux

visuels affichés dans le métro : un âne qui bloque les portières d’une rame et un phacochère qui laisse

traîner ses déchets alimentaires, venant s’ajouter au buffle qui bouscule les passagers ou au paresseux

qui reste assis sur le strapontin aux heures d’affluence.

Il faut dire que les résultats de la première étude de l’Observatoire des incivilités sont sans appel : 97 %

des voyageurs franciliens disent avoir été témoins d’au moins une incivilité dans les transports durant

le mois écoulé ; 83 % déclarent être « gênés » par ces comportements et 49 % « extrêmement

gênés » (lire les Repères).

Une agressivité stressante

Ce n’est pas une surprise : dans son enquête 2011 sur les tendances (« Trend observer ») fondée sur

des interviews réalisées dans six pays, Ipsos observe que « le manque de savoir-vivre et l’agressivité

des gens » constituent la première source de stress des Français.

C’est vrai aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais l’institut note que dans notre pays, « où la

politesse est une valeur plébiscitée par 65 % de la population, l’agressivité est particulièrement mal

ressentie ».

Le phénomène serait-il en voie d’aggravation ? Difficile à dire, car la définition du mot « incivilité » ne

fait pas consensus. Pour l’Observatoire national de la délinquance (ONDRP), il recouvre des

comportements « non prévus expressément par la loi et se caractérisant par le non-respect d’autrui,

de la politesse ou de courtoisie ».

Trop restrictif, estime Sebastian Roché, sociologue au CNRS, qui considère qu’à côté de ces incivilités,

il faut prendre en compte les « incivilités infractionnelles », donc punissables par la loi. De façon

générale, il les définit comme des « ruptures de l’ordre dans la vie de tous les jours » qui menacent

« l’innocuité du rapport public à autrui, son caractère prévisible et pacifique » (1). Le spectre est large :

crachat, bruit, bousculade, insultes, tags, jets de détritus, etc.

Absence de régulation sociale

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Dans le top 10 des incivilités dénoncées par les utilisateurs de la RATP figure le fait de « parler fort »

au téléphone ; dans les stades de foot, selon la Fédération française de football (FFF), l’agression

verbale est la plus fréquente.

La fédération précise que durant la saison 2010-2011, 18 matchs amateurs sur 1 000 ont été entachés

d’au moins un incident. Enfin, les guichets (de La Poste, des banques, des caisses d’allocations

familiales) sont tout particulièrement concernés. Entre 2009 et 2010, les actes incivils ont bondi de

18 % dans les agences bancaires, d’après l’Association française des banques (AFB) ; à La Poste, on ne

dénombre pas moins de 7 000 incivilités par jour !

Parmi les causes, Julien Damon, professeur associé à Sciences-Po, évoque « l’urbanisation

croissante » associée « au stress grandissant de la vie moderne ». « La ville est anonyme, complète

Sebastian Roché, du CNRS. Il n’existe plus cette pression sociale qui s’exerçait auparavant à travers les

relations interpersonnelles. Aujourd’hui, on ne connaît plus les gens avec lesquels on partage l’espace

collectif. »

Le sociologue ajoute que la précarité croissante peut également jouer un rôle. « Lorsque vous n’avez

plus de statut social, le vivre-ensemble est fragilisé », explique-t-il.

Faire une place à l’imagination

Notre société semble assez démunie face au phénomène. « Les incivilités sont peu sanctionnées car les

institutions, qui jouent aujourd’hui le rôle de régulateurs, ne sont pas bien outillées, remarque encore

Sebastian Roché. La police va considérer que l’acte n’est pas grave, la justice que ce n’est pas de son

ressort, mais l’accumulation de petits désordres assez anodins en soi peut devenir proprement

insupportable pour la collectivité. »

Il faut donc faire preuve d’imagination. Et, à cet égard, les entreprises sont en première ligne. « Elles

ont compris que c’était une condition de leur réussite », indique Étienne Ignatovitch, directeur de la

prévention des incivilités à La Poste.

L’enseigne a créé ce poste en 2008, prenant conscience du risque de malaise et de démobilisation de

son personnel, souvent pris à partie aux guichets. « Cela va de la remarque vacharde à l’insulte voire à

la violence physique », explique ce spécialiste, qui s’est dès le départ intéressé au « facteur

déclencheur » de l’incivilité.

Ces dernières années, La Poste a ainsi formé 9 000 collaborateurs. « Il faut quelques clés pour

désamorcer les tensions : ne pas entrer dans la surenchère, ne pas vouloir “éduquer” le client, être

attentif à son désarroi », poursuit le directeur. Depuis un an et demi, des responsables de La Poste se

réunissent chaque mois avec ceux d’une trentaine d’entreprises et d’administrations (la SNCF, la RATP,

la Cnaf, l’AP-HP, Carrefour, etc.) pour tâcher d’avancer.

(1) Tolérance zéro ? incivilités et insécurité, Odile Jacob, 2002, 303 p., 25 €.

MARINE LAMOUREUX

24. FIN du DOSSIER