Naturalisme Zolien et Naturalisme Japonais
]UNG Myong-Hwan
1.
Le “natura1isme" est un de ces termes auxque1s on attribue des signi-
:fi cations si diverses qu ’ il serait n강cessaire de lui donner une définition
préalable avant d' entrer en matière. Aussi voudrions-nous dire tout de
suite que ce dont il s'agit dans ce propos, c'est d’abord un naturalisme
tout particulier et même étriqué, avancé par Emile Zola dans 1a seconde
moitìé du XIXe sìècle. Mais ce naturalisme zolien ne constitute qu'un
point de départ pour notre dìscussion , notre r.강flexion princìpale se por ‘
tant sur 1es deux questions suivantes: 1) Quelle est sa place dans 1a
totalité de 1a pensée de Z01a 1ui-même? 2) Quelles sont 1es caractéristí-
ques du naturalisme japonais développé au début de cε siècle, initia1e ‘
ment sous une forte infìuence de Zola? Nous espérons, en répondønt à
la première question, démontrer que 1e natura1isme zolien, ma1gré son
apparence mécaniste, s'intègre dans un mythe de 1a nature. La deuxi반ne
consiðéraiÌon nüus amènera 삽 entr:evoír le sellS de 1a nature propre aux
Japonais, et qui nous semb1e diamétralement opposé au premieL
9 -.
Ce qui est à remarquer pour commenceζ c’ est qu ‘ avec Zola 1a littéra-
tur‘ e prétend se cbarger cl'une fonction nouvelle. Elle n ’ est p1us motivée
Naturalisme Zolien et Naturalisme Japonais C 161 J
par 1e désir esthétique ou m강taphysjque d'uni f1er ce qui est divisé, soit
par 1a recherche d'un sens profond de 1a réalité (Baudelaire) , ou par
1a création d'une oeuvre d' art parfaite et autonome(Flauhert). La force
motrice qui a poussé Z01a déIìnlìivement vers sa carrière 1íttéraíre, c'est
a‘rant toute chose la prétention d' expliquer, d’un point de vue aussi peu m값aphisique que possible, tous les phénomènes individuels et sociáux.
Cette ambition pourrait hien rappeler la vision díte téaliste de Balzac,
mais Zola a ceci departicu1ier qu'à 1a différence de son pr혀écesseur ,
il veut fonder ses explications sur des principes censés objectifs.
C’est aínsì, comme chacun sait, que son natura1isme commence à
prendre corps. On constate la montée de plus en plus marquée du sd.
entisme qui semble perrnettre de connaitre les structures des choses
grâce à l'application systematique de la loi de causalité. Baigné dans
cette ambiance intellectuelle, et plus concrètement, impressionné profon-démentpar 1es théOl:ies de certains physiologistes contemporains,1) Zola
상nit par supposer que, comme tous les phénomènes oJ:ganìques, les phó-
nom앙les humains puissent s' expliquer également par les jeux des deux
facteurs déterminants: hérédité et milieu. Ce1a veut dire que son natura-
lisme n’est rien d’autre qu’un projet d'introduire dans 1a création litté-
raire la méthode de 1a science naturelle, c'est-à-dìre ‘ la tentative d'une
description de l'homme pris en tant qu’objet d’analyse scientif1que et
non comme liberté problématique.
Il serait redondant d'insister sur 1es défauts de ce prétendu naturalí-
1) Surtout, les trois ouvrages suivants pourront être énumérés: Traité de l’ hér깅dit강 1!att• relle de Prosper L ucas dont Zola prend connaissance vers 1866 par 1’ ìntermédìare de Taine; Physiologie des Passio1!S de Charles Letourneau qu ’ i1 강tudie en 1868; et 1χtroduction à 1’깅tude ‘le 1a ~ηédeciηe expérimentale de Claude Bernard qu’ il parcourt dès 1865, mais qu‘ il n’étudiera réellement que dix ans plus tard.
( 162 ) *亞잣:1 1'. lì진
sme de 201a, lesquels ont été constamment relevés par tant de critiques
dès la première ébauche de la théorie et dès sa première application
dans les oeuvres romanesques: manque de psychologie, langage sordide,
négligence stylistique, négation de l' autonomÍe individuelle, Ce n’est
pas tout; La p1us grande des erreurs consisterait dans sa naïve croyance
en 1es actions de l'hérédité et du mi1ieu. Tout en admettant aγec le
biologiste Jean Rostand que 1a vie humaine est gouvernée en fm de
compte par ces deux éléments, ce qui veut dire qu'en priηcipe , Zola a
eu raison de s’en servir pour fonder 5a th강orie, 2) il nous reste toutefois
à signa1er ceci: c'est que les structures et les interactions de ces élé-
ments étaient à cette époque-là (comme d’ail1eurs el1es le sont encore au-
jourd’ hui) loin d'값re suffìsamment r하’é1ées pour garantir en aucune
manière Ieur effìcacité comme principe. d'exp1ication des phénom송nes
humains.
Cette petìte observation suffirait pour nous rendre sceptíques à l'égprd
des travaux de Zola en tant qu'éclaircissement d'une vérité objective.
Cela n'empêche pourtant pas que l'introduction de ces fameuses notions
scientifìques remplit au moins deux fonctions importantes sur le plan de
1a création romanesque. Premièrement, l'hérédité sert, pour ainsi dire,
d'axe verticaI d'où se ramif1ent de gén강ration en génération de nomb-
reux personnages des Ro쟁on-Macquart , tout en s'imbriquant Ies uns
dans les autres. En même temps que ce ró1e à la fois temporel et uní f1-
cateur de 1개lérédit강, on remarque , en second 1ieu, 1a fonction du milìeu
qU1 n ’est pas moins significative. Le milieu, constituant 1’axe horizontal
des Rougon-Alacqμart , leur confère une spatialité prodìgìeuse. En d'autres
2) cf. J. Rostand, Zola et la scìeηce , in Pr잉eπce de Zola , Fasquelle, 1953, p. 155
Naturalisme Zolien et Naturalisme Japonais C 163 J
mots, les diverses ambiances minutieusement décrites par Zola ont de
l'importance , moins par leurs influences exercées sur les personnages
qUl S’ y meuvent, que par elles-mêmes, c’ est-à-dire, qu'en tant que la
pr,강senta:tion des aspects de presque toutes les couches sociales du Second
Empire: mondes politique et íìnancier, vies de la bourgeoisie et du
peuple ‘ misères des mineurs et des paysans, etc_
Mais à quoi aboutissent toutes ces descriptions qui se d하reloppent
suivant ces deux axes, et dans lesquelles 1’ imagination créatrice joue
un rôle incomparablemertt plus grand que des observations scientifìques
ou des recherches documentaires?3l Non seulement à “une 강popée pessi-
miste de l' animalité humaine,"4l mais encore à la YlS lOn d'un effondre-
ment tota l. n n'est pas assez de dire que chacun des personnages est irrémédiablement atteint soit par une fêlure héréditaire, soit par la dé-
pravation des moeurs, puisque la société tout entière est inévitablement
entraînée dans la destruction par les effets cumulatifs des avilissements
individuels_ Ainsi, Nana , la mouche d’ or, n'est pas qu'un produit du
quartier pouilleux, elle devient en même temps une mortelle porteuse
de bacilles qui altère tous ceux qui entrent en contact avec elle, ces
derniers provoquant à leur tour et successivement la désintégration de
leurs familles , de leurs classes et fmalemen t de toute la société_
Ici se pose forcément une question: pourquoi tant de descriptions
3) A cet égard, la remarque d’Henri Mitterand sur la composition de Nana nous parâit très judicieuoe et peut s’appliquer à tous les autres romans de Zola: “L’Ebaμche de Nana , au lieu du souci de reproduìre minutieu-sement, et d'interpréter en savant, les données brutes de la réalité, ré-vélait une tendance de plus en plus manifeste à voir en ce l1e-ci, intuiti-vement et poétiquement, les manifestatìons de quelques grandes forces élémentaires se partageant la conduite de 1’homme et de la société ,'’ (in Les Roιgon-Macquart, 1I, Biblioth승que de la Pléiade, p. 1667).
4) cf. Jules Lamaître, Les Contemporains, lère série, pp_ 249-284.
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pessimistes, voire morbides? Serait-ce uniquement pour 1a cause d'une
présen ta tion 0 bjec tiγe? Non pas. Pour 1e savoir, on n'a qu'à se référer
au Roman e.rpérimentαf‘ ce manifeste même du natura1isme si peu con-
vaincant. Dans cet ouvrage théorique, Zola met un accent très fort sur
son intention mora1e doub1ée de sa foi en l'avenir de 1a science. D’apr강S
1ui, 1e déterminisme auque1 i1 croit ne doit pas être confondu avec 1e
fatalisme, puisque 1a l()i de causalité, à l'aide de 1aquelle se poursuívent
ses ana1yses et ses exp1ications , n' excIuent nu l1ement 1a possibilité de
modih.er les états actue1s comme on voudrait, et, cela aussi, en ut i1isant
cette même loi. 5) Cette distinction entre 1e déterminisme et le fatalisme
est digne d'attention sur deux points. D닙bord , el1e est à 1a base cle sa
protestation justiJ1cative, se10n 1aquel1e ses sombres descriptions ont pour
motif non pas tant de montrer 1es realités telles qu'elles sont, que de
dénoncer 1es maux invét화·강s dans la société, et, par cet acte même de
dénonciation, de suggérer 1a nécessité urgcnte d'y porter un remède
radica l. Deuxièmement, 50n déterminisme qu'il veut prendre, cette fois ,
pour principe de modification, s'associe aγec la notion de perfectibi1ité
humaine que, depuis Jes si강cles , les Occidentaux n'ont cessé d'embrasser,
et qui, aux yeux de Zola, paraît d'autant p1us réalisab1e que 1a science
moderne semb1e ouvrir un horÏzon infiniment élargi. C' est ainsi que ce
pessimiste apparent se révè1e partisan d ‘ un optimisme renouve1é, à
l' illustratíon duque1 est consacré Le Docteur Pμscα1 , le vo1ume concIuant
Les Rougon-Mαcqκart.
5) “Il faut préciser: nous ne somroes pas fatalistes , nous sommes détermi. nistes, ce qui n’est point la même chose‘ .. Comme le dit très bien Claudε Bcrnard, du moment OÙ nous pouvons agir , et OÙ nous agissons sur le déterminisrne des phénom강nes, en modi!ìant les milieux par exerople, nous ne somroes pas des fata1istes." (Le Romaπ expérimental, in αuvres complètes X, Cercle du Livre précieux, p. 1190;'
Naturalisme Zolien et Naturalisrne ]aponaÎs C 165 J
Mais demandons-nous une dernière fois: quel est le bien-fondé d'ull
optimisme, de quelque sorte qu'il soit? En l'occurence, la science , avec
toutes ses nouvelles méthodes et tous ses résultats heureux, est-elle ca-
pable de nous dicter scientifiquement une prise de position optimiste, ou,
au contraire, y aurait-il une certaine VlS lOn métaphysique du monde qui
dote celle-là d’un caractère optimiste? Bien qu ’ indirectement , c' est à
cette question que Zola répond à ‘a fin de son Romaη expérimentαl: “ Derrière une science, derrière une manifestation quelconque de l'intel-
ligence humaine, il y a toujours... un système ph i1osophique plus ou
moins net. "61 Or , le système philosophique que Zola accueille , ou plutôt,
le postulat fondamental qui gouverne ses visions , c' est, comme il le dit
explicitement, le transformisme qui est suggéré par Lamarck de toute
évidence, mais dont la portée dépasse de beaucoup une conception bio-
logique. Une lecture quelque peu attentive de ses écrits révèle à quel
point Zola est , dès sa première jeunesse, un naturaliste essentiellement
différent de celui qu'il voudra être par la suite. Non seulement il se
sent attiré instinctivement et irrésistiblement par la fraîcheur et la vi-
gueur de la nature, mais aussi il y trouve une force vitale qui agit à la
fois sur elle-même et sur les hommes. 71 La nature, tout en grandissant
et se perfectionnant par le lab.eur de perp강tuelle reproduction, exige que
les hommes, eux aussi, participent positivement à ses travaux. C’est pourquoi, partout dans ses oeuvres romanesques , on retrouve ‘ d까me
6) lbid. , p. 1l99 ‘ 7) Dans La Coηfession de Claude qu’ il a 강crit à lâge de vingt.cinq ans. on
trouve cette description impressionnante: “ Les troncs eux-mêmes, les vieux troncs regueux, semblaient comme peints à neuf, ils avaient caché leurs blessures sous des mousses nouvelles. C'était une chanson univers-elle, une gaieté fraîche, caressante... La campagne enfant, verte et dorée. sous le large horizon d’azur, riait riait dans 1a lumi강re , ivre de s강ve , de jeunesse, de virgini té." (αuvres compl짧s 1, p. 68).
1 」
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part, 1’ image privìlégiée de la s송ve qui déborde des arbres et qui coule
dans les veines du monde, et, d’autre part, 1‘ importance accordée au
sexe en tant qu'acte de fécondation.
Pourtant, ces travaux de la nature ne sont ni imprévisibles ni méca-
niques. Ils se font par un processus que nous appe l1erions volontiers
“dialectique de la mort et de la vie," et sans aucun doute est-ce là
que réside la signification la plus profonde du transformisme de Zola.
Chez lui 、 ce qui meurt et pourrit est décrit non pas pour souligner,
par effet de contraste, les manifestations de la force vitale, mais, au
contraire, dans le but de montrer l'implication nécessaire de 1’ un dans
l'autre. En d'autres termes, la mort contient en el1e-même les germes
d'une autre vie, qui, en pourrissant à son tour, c'est-a-dire, en se trans-
formant en fumier nourricier, fait éclore une nouvel1e manifestation
de la vie, et ainsi de suite ‘ Soit dit à titre d'exemple, c'est au milieu
d ’ une sale basse-cour que pondent les poules, c' est en absorbant la sève
des cadavres animaux et humains que pousse le blé, et c'est couvert
d ’une coulée de sang que naît un enfant. Mais cette continuation de la
vie engendrée par la mort n' est pas une répétition gratuite. Pour Zola,
elle n' est rien moins que le mouvement ascendant en forme de spirale
vers 1’ultime triolllphe du principe vital, et ce triomphe est considéré
comme la valeur dernière. Dès lors, les saletés, les misères, les dissolu-
tions de la vie sociale, dont regorgent ses romans, se chargent 생alement
d ’un tout autre sens. Pris à part , chaque phénomène est d'un caractère
pessimiste, mais , considξré du point de yue macroscopíque, tout cela
contribue à réaliser et même à accélérer la tâche de la nature. Par
exemple, si la modernisationdu syst앙ne économique am강ne de nécessité
la ruine des petits commerçants innocents, c'est précisément de cette
Naturalísme Zolíen et Naturalisme Japonais C 1G7 )
rume que s닝lève le grand capitalisme qui accumu1e 1a richesse d’une
société d ’une manière beaucoup p1us effìcace,81 et qui, à son tour, sera
dépassé en laissant tous ses biens au socia1isme, au sein duque1 Zola
prévoit la chance pour chaque individu de jouir d'une 1íberté tota1e pour
se r강aliser, à savoir, pour dép10yer pleinement ses énergies vitales. 91
Il en est de même de son natura1isme prétendument scientifique, qui ne
trouve sa vraie place que dans le cadre de cet autre naturalisme du
devenir vìta l. Celui-là, 10in d’être indépendant de celui-ci, s'y intègre,
car les actes de d강voilement et de dénonciation, et, à p1us forte raison,
1a suggestion de remèdes, font une partie, sí limitée soit-elle, du concours
humain pour “1aisser 1a nature évoluer, éliminer les éléments dangereux ,
ne travailler qu'à son labeur final de santé et de force. 101
3.
Comparé avec ce naturaJisme de Zola qui pourra paraître à d'aucuns
par trop naïf, mais quí n ’ en est pas moins vígoureux et même mythíque,
1e natura1ísme japonais fait une figure de petite envergure, du moins
dans ses premières expressions, dans lesque lIes pourtant l'influence de
Zola est particulièrement visib1e. 1fais cette étape initia1e est suivie
8) c’est le thème de Au Bonheur des Dames, gui sera poursuivi dans L ’Ar-gent.
9) On peut reconnaìtre ici le darwinisme appligué sur le plan social: “ Dar-win avait-il donc raison, le monde ne serait qu'une bataille, les forts mangeant les faibles , pour la beauté et la continuité de 1’esp6ce?. ‘, s’ il faIlait qu'une classe fût mangée, n’était-ce pas le peuple, vivace, neuf encore, qui mangerait la bourgeoisie, épuisée de jouissance? Du sang nouveau ferait la socíét강 nouvelle," (Germi:ηal, ín Les Roαgon-Macqιιrt III, p. 1589). De là aussi son utopie démesurée telle qu’ on la voit dans Les Quatre Evaηgiles.
10) Le Docteur Pascal, Livre de Poche, p.315.
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aussitõt des deux autres , 0녀 la présence de Zola se fait sentir de moins
en moins, au point que les oeuvres radìcalement dìfférentes de celles
de 201a vien l1ent à être qualifiées de naturalistes. Voici en résumé
comment 1es choses se sont dérou1ées: 11 )
Le naturatísme japonais commence par un essai de donner un nouvel
essor à l' esprit réa1íste déjà ébauché par Tsubouchi et concrétisé sourtout
par les rornans de Futabatei au milieu de 1’époque de Meiji. Voir, décrire
et interpréter 1es choses humaines aussi objectivement que possible, voilà
en gros 1e programme de Kosugi, un des premíers romanciers natura1ists,
etdans son Hαyαriuta (1902) , íl s'cfforce dJexaminer les conduites
humaines dans l' optique zolienne, c' est-à -dire, d' après le doub1e critère
d’h강rédité et de milieu. Comme l'indiquent Ia plupart des historiensde
1a littérature japonaise, ce roman est un échec dû à 1a faiblesse de
structure、 au manque de ré~sonance sociale, et surtout à 1a compréhension
supernciel1e de l' esprìt scientifique. Maís ce qu'il faut ajouter, c'est que
cet essai naturaliste, représenté par Kosugi et quelques autres, reste en
somme un phénomène iso1é, nucun écri、rain ne lui succ얘ant pour tenter
une recherche plus scientifique, ou pour se diriger vers une description
capable de couvrir les aspects d’ une société ou d'une époque entières.
Bien que Hayariutα deKosugi ait ét강 'SUlγj d'un certain nombre d'oeu-
uvres dans lesquelles 1'hérédit강 et le milieu sont mentionnés, 1e rô!e de
ces éléments y est presque insignifì.ant , I있 et, d'une al1ure tr송s rapide,
11) En réalité, ces trois étapes ne se présentent pas toujours par ordre chro' nologique ‘ Dans certains cas, elles se trouvent superposées dans un même auteur, dans une m타ne oeuvre (un exemple typíque: .Juemoπ πo saigo de Tayama Katai).
12) Par exemple, Jigoku no haηa ueNagai Kafu. Malgré sa postface dans laquelle l'auteur expIícite 1’ íntentíon de d강crire les personnages en res' pectant ces .éléments , ce roman a pour thême central I'éthique individu
Naturalismc Zolíen et Naturalísme Japonais C 169 )
c' est vers un individualisme tout particulier que s' oriente la littérature
japonaise de cette période.
Cela s' explique facilemen t. A quelques exceptions près,131 les intel-
lectuels de l'époque sont animés, non pas par 1’esprit scientifique, mais
par le besoin brûlant de se libérer du système féodal et totalitaire par
lequel ils se sentent resserrés à n' y plus tenir. Vues dans ce contexte ,
les oeuvres littéraires telles que celle de Kosugi peuvent faire une iìgure
déplacée, et, maintenant , c' est pour mettre en valeur hndividu , ou
plutôt pour souligner son conJ1 it tragique avec la société, que sont mo-
bilisées les expressions littéraires. Cet aspect est exactement à l'antipode
du cas de Zola ‘ chez qui les individus, au lieu de surnager dans la
société on d’en être indépendanls , s'absorbent dans le circulus social.l씨
Cela n'empêche que cette tendance japonaise est aussi qualiiìée de na-
turaliste, mais pour quelle raison?
Dans cet naturalisme, ou , si 1‘ on veut , le naturalisme individualiste ,
le rapport avec Zola se fait remarquer sur les deux plans suivants , mais
d ‘ une fagot1 tr승s indirecte et même opposée. Premièrement, certains
승crivains attachent, comme Zola , une grande importance à la description.
~1ais il y a une différence foncière: tandis que, chez ce dernier, la des-
cription a une immense étendue sociale, les “na turali8tes" ja ponais en
aliste qui se heurte aux conventions sociales. Voir aussi notre essai, Nagai Kafu et Zola in The Korcμη Jourηal af J,σpaηοIugy, Vol I, 과 7~1 , pp.78-105 ‘
13) Parmi ces exceptions comptent Mori Ogai et Natsume Sosc;ki , les deux grands écrivains qui , l'un comme 1’autre , se sont toujours opposés au mouvement naturaliste.
14) “ Le circulus social est identique au circulus vital: dans la mciété comme dans le corps humain , il existe une solidarité qui lie lcs dífférents membres, les différents organes entre eux, de te l1e sorte que, si un organe se pourrit, beaucoup d‘ autres sont atteints, et gu ’ une maladie très complexes se déclare." (Le Roman expériη:ental , p. 1189).
C 170 J 까i펴]'文化 17집
rétrécissent le champ, avec l'objet principal de dévoiler la vie ptivée, voire leur propre vie,15) et, cela, au nom de la v강rité humaine qui doit
être mise en lumière et même 값re défendue contre le vernis et la con-
trainte hypocrites qu'impose l'ordre social. Cette remarque nous amène
à la réflexion sur undeuxième thème, apparemment commun, mais d’une
portée très différente entre les deux. Il s ’agit du thème de sexe. Comme
nous l'avons vu précédemment, les actes sexuels n ‘ ont pour Zola leur plein
sens qu‘ en tant que fonction reproductrice, et, par conséquent, tous ceux
qui sont déviés de ce but précis sont considérés cOillme un péché contre
la nature, donc digne d ’ une sévère dénonciation. Il n'en est point ainsi
avec les naturalistes japonais. Chez eux, le sexe n"est aucunement 1ié avec
la procréation ‘ il est décrit, d'une part , comme un défì à 1’hypocrisie
sociale interdisant son dévoilement, et, d'autre part, comme une reven-
dication individualiste de sa jouissance qui est résumée dans cette petite
phrase de T aka yama: “ Tout compte fait , c' est, dans la satisfaction
sexuelle que réside le bonheur suprême de la vie bumaine.'’ 15)
15) “ Débarrasse-toi du mensonge et du décorum , regardc toi toi-même d'un oeil sévère, et a、Toue ce que tu es sans ricn cacher." (Simamura Hogetsu, N aturalisme en tant que conceptioη de la vie). En effet , c’ est depuis le mouvement naturaliste de cette deuxième étape que le roman est devenu un moyen privilégié de l'aveu personne1. Cette tendance s’ est enracinée si profondément qu'un romancier moderne n’hésite pas ;, dire qu ’ une oeuvre d’art doit être la reproductíon de la vie de son auteur ‘ et que Balzac, Flau bert et Tolstoï ne sont que des fabricants de mensonges spécieux. (cf. Kobayashi Hideo, Shishosetsu 7011, Shincho Bunko, 1962 , pp.1B-'!)
16) Essaí sur la τ,ie esthétiqμe ~190l). Bien qne généralement classé parmi les romantiques, Takayama Chogyn pourrait passer pour un précurseur des naturalistes Cll tant que rév아ateur de la valeur clu sexc , mais avec cette différence: contrairement à Takayama qui envisage le sexe unique-ment sous son aspect exaltant, les naturalistes en épro \lvent bientôt la vanité et la désillusion. (cf. Karaki Junzo‘ Oeuvres compl ètcs 1, Chimuma Shobo, 1966, pp.78-82)
Naturalisme Zolien et Naturalisme J aponais C 17l )
11 en fl강sulte que ‘ si 1’on peut toujours appeler naturalistes ces mani-
festations littéraires de l'individualisrne, c'est dans un sens assez sp강cial.
En réalité, ces écrivains posent comme naturels l'être et le faire de
l'individu pris en dehors du contexte social, tandis que la sociét강, avec
tous ses tabous et institutions, est considérée cornrne un .f,αιtice obstru-
ant le líbre épanouissement de la personnalité humaine. 17l Mais ce
naturalisme n'a pas été plus fructueux que celui de première étape ‘
D'un côté, ses représentants se sentent impuissants deγant la societé
établie qui reste toujours la plus forte (c’est le cas de Shimazaki, l' auteur
de Hakai) , et, qui pis est, ils laissent subsister, comrne par un accord
tacite, cette société ha'issable en s' enfermant volontiers dans leur propre
égo retranché du monde extérieur (comme dans Ji'u toπ de Tayama). De
l'autre côté, l'essai de la libération du sexe, qui n'est rien d'autre que
la revendication de l'강lément anirnal rest강 longternps refoulé, n'apporte
pat le bonheur prévu, mais finit par déconcerter ses protagonistes rnêrnes
d앙 qu'ils se trouvent épuisés par l'animalité inexorable , ce qui fait dire
à Tayama: “ Je marchais en me sentant seul. Tout a disparu: le plaisir
d'une nuit ‘ les belles femmes passionnérnent ernbrassées, la gloire dQut
j'avais été comblé, tout cela n'existe plus ... Ce qui me reste maintenant,
c'est la solitude, une solitude absolue."lSl Dès lors , comment dépasser
cette déplorable situation caus강e par l'échec d'un individualisme alién상
L'une des tentatives les plus remarquables pour ce dépassement s' appelle ‘
etle aussi ‘ naìuralisme.
Ce naturalísme de troisième étape découle le plus souvent d'une
lí) Cet indi vidualisme pourrait rappeler celui de Rousseau , mais c’ est une ressembJance très superfìcie l1e. Ses critíques incisives de la société exis tante au nom de 1’homme naturel sont contrehalancées par le Contrαt social qui veut montrer les individus idéalement socialisés.
18) Yama ηo yu, in Buηshosekai (Octobre, 1914).
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expérience sentimentale, plutôt que d’une réflexion intel1ectuelle ou
d ’une intuition métaphysique. 5a forme 1a p1us rudimentaire est carac-
térisée par le sentiment de 1’ inutilité et de la fragi1í té des choses hu-
maines en face de 1a grande nature qui reste éternellement majestueuse. 19J
Ensuite vient 1a tentative consciente d’embrasser 1a nature, ou plutôt
de se faire embrasser par la nature, à force de 1a contemplation mél강e de r강signation , c'est-a-dire, en s’écartant aussi loin que possible de 1a vie
quotidienne. C'est pourquoi, chez ces natura1istes, les ímages de 1a
nature sont statiques, relevant, de façon générale; des r썽nes minéral
ou végétal (montagne, rivière , pierre, neige , arbre , fleur) , et rarement
du règne animaPOJ car ce dernier est, dans sa manifestation vitale,
forcément mouvement강, bruyant et changeant, donc susceptible de trou-
bler l'esprit en quête du calme. 21J Ainsi, en tâchant de s'assimilier
avec 1a nature, on pourra arriver à se sentir libéré du fardeau du moi
socia /.22) Mais cet essai d'assimilation n'est encore qu’un stade d’évasion,
qui doit être transcend강 par ce1ui d ’un. affranchissement absolu, jusqu녕
19) “ Depuis un temps immémorial, les monts et les eaux demeurent ìmp강nssables. Par contre, 1’homme a perdu sa γraie nature au cours de sa courte histoire de six mille ans." (Tayama Katai, .1iαemoη ηo saigo).
20) Ce qui se produit chez Zola est justement le contraire. Les plantes mê-mes son t dotées d’attrìbuts animaux et humains. Voir surtout les images du Jardin dans La Faμte de 1’ abbé Mouret (Chapi tres VI - X).
21) Al‘appui de cette proposition, on pourrait citer un essai particuli흔rement suggesüf du professeur T. Imamichi (Remarque sur la conscience esth-étique chez les .1,αponals, in The Koreaη Joμrηal 01 .1aponology , Vol. 5, 1977, pp. 23~46). A la base du sens esthétique et éthique des ]aponais, il trouve une Weltanschauung végétale qui les anène à valoriser 1’harm-onie et la s강rénité plutôt que la lutte dynamique pour 1’ existence
22) Cette tendance est la plus frappante chez Kunikicla Doppo. A preuγe ces phrases: “Il me semble que autant la nature devient íntime avec moi , autant les hommes s’éloignen t de moi. La bea u té et la sincéri té de la nature sont en contraste avec 1’égoïsme et le mensonge des humains." (Aoút 1896, in Azamukazaru ηo ki).
Naturalisme Zolien et Naturalisme Japonais [ 173 )
ee que , grâce à 1’ascèse en vue de 1a n강antisation compl승te de 1’égo, une
VlSlon toute nouvelle se pr강sente comme de soí, et que la nature, per-
dant sa natura1itξ physique , se résume, par exemple, en une seule fleur
qUl sera ‘ aux yeux in extremis, plus éc1atante de beauté que mille
fìeurs. 23)
A vrai dire, cette phase ultíme n ’a pas été atteinte par les naturalistes
dont il s ‘ agit ici, mais, du m이ns pourrions-nous en díre cecí: 1) Les
trois étapes mentionnées cí-dessus ne constÜuent pas un mouvement
dialectique, mais se remplacent successivement par 1a négation de 1’étape
pr상édente; 2) La derníère étape à 1aquelle ils ont abouti se rapproche ‘
dans son essence, de 1a vlSlon traditionnelle de 1a nature qui pourrait
remonter à Genji. D’ailleurs, quand on parccurt le déve10ppement ulte-
ríeur de 1a littérature japonaise, on pourraít même avancer 1’hypoth앙e
que, de façon généra1e, cette vision persíste en dépít du contact inces-
sant et íntensifié avec 1a littérature occidenta1e;24) 3) Suivant cette
vision que rejoignent les naturalistes de 1’송re de Meijí, et quí se pro-
longe jusqu' à r âge contemporain, 1a nature n' est pas 1e principe productif de l'univers , mais 1 、 être déjà cr행 sous sa forme éternelle et ímmuab1e,
en face duquel 1'homme est invité à se faire “ voyant" , à pénétrer sa
signification immatérielle et à s'y identifier en s'émancipant de toutes
ses propriétés personnelles et socia1es. 25)
23) cJ. Kawabata Yasunari , Utsukushii Nihon no watakushi, Kodansha, 1969, p.26
24) cf. La suggestion de E. G. Seidensticker: “ The irnplications of the an-thropocentric rejectìon of nature 80 far advanced ìn the writings of Abe CKoboJ and Oe CKenzaburoJ are great and orninous. Yet... Abe and Oe may be aberratio
C 174 ) 東건끌文化 17집
Ces caractérístiques du naturalisme japonais semblent être à l'opposé
de ceJles du naturalisme zolien qui n ’est pas sans nous rappeler 1’ idée
cle nature d' Aristote. Chez Zola, la nature est dotée, comme nous
l'avons vu, d’une fìnalité biologique. lndividu, société, plante, animal,
tout s'englobe dans le mouvement per?ktuel du de.‘ænir de la natme e.t
contribue, par le double processus continu de la naissance et de la mort,
à r강aliser la perfectibilité de l' existence. Dans cette dialectique , la scien-
ce aussi a sa place; Ioin de s'opposer à la nature, elle est cette techné
aristotélique dont la fonction consiste à aider à son évolution en suppléant
ses I1lSU돼sances. 26 )
Pour terminer , nous nous permettons d'ajouter qu'il n’est pas question
de choisir entre ces deux formes du naturalisme. Certes, la distance est
grande de l'une à l'autre, mais c'est , pour ainsi dire , une dístance in-
térieure, dans ce sens que les deux co-existent au sein de l'homme
même qui est constamment partag강 entre le double désir: cr강er et se
reposer, devenir et être. Ces d강sirs resteront-ils incompatibles à jamais‘ ou
bien un jour viendra-t-il où , par une fusion miraculeuse des deux , les
activités créatrices ne seront plus sevrées du repos contemplatif, OÙ le
devenir et l'être seront complémentaires? Personne n'en est sûr , mais
cette question toujours recommencée sugg송re que l'homme ne désespère
pas enti응rement d'accéder au miracle d이me unité nnale.
mation: “ ... he seemed to live on intimate terms with extinction. He did not court it, but he seemed fond of it. In the final merging with nature. ‘ . there seemed to be, for him, a consummation ’‘ (Ibid. , pp. 102-3).
26) cf. S.H. Butcher, Aristotle’ s Theory of Poetry and 1진ηe Art‘ Constable, 1951, pp.117-9.
Naturalisme Zolien et Naturalisme Japonais [ 175 J
졸라의 自然主義와 日本의 自然主義
〔國文職홈)
19世紀中葉의 프랑스文學에 서 쓰이 겨 시 작한 自然主義략는 用諸논 自
然科學的方法論의 文學에의 適用으로 理解되고 있는 것이 오늘날의 一
般的頻向oJ 며 또한 그 01 해 방법 은 마땅한 것 이 마. 다시 말학떤 個人과
社會의 諸事象의 因果關係플 규명하고, 그것어} 의거한 說얘的機能을 作
品創造의 基本精神으로 산으려는 것이 自然主義의 당초의 立場이다. 싸
질 그것 을 提n昌한 졸라의 경 우블 보면 遺傳。} 략는 織輔과 環境이 라는
橫轉에 의 해 서 決定된 逢物로서 個人의 行寫와 社會의 웅직 임 이 그려 져
있는 듯이 보인다.
그러 나 좋라외 루공 마카르합書에 포함된 20~옳의 서、說들을 좀더 線密
히 갚펴면 그것이 이러한 說明的機能에만 始終되어 있지않다는 것을 얄
게 된다. 現象에 대한 科學的檢證은, 科學的극드段괴 方法을 통해서 그
슬픈 현상둘을 바로잡아나갈 수 있는 可能性을 排除하지 않는다. 그려 지
에 졸라는, 決定論은 宿命論이 아니 라는 말을 한다. 더 구나 이 젠正의
可能性은, 大自然이 豊廳한 生命力과 完全한 狀態판 향해서 生成해 나
간다는 그의 先驗的信念에 의해서 지탱되고 있다. 요약해서 단하면 현
상에 대 한 科學的說明의 言語는 前向的인 폐;행lXj퍼플 위 한 노녁 속으로
編入되어 그 속에서 바로소 意妹릎 획득하고, 이 後者는 더욱 생성하는
자연의 비 견에 從屬되 어 있다.
한면, 1900年內外에 졸라의 깊은 影響下에서 展聞된 1];本의 自然主義
는 그 進行過程에 있어 날이 갈수록 졸라와는 벤 많離에 위 치 하게 된다.
科學的見地에서의 人間說明을 위한 서투른 試圖 〔가령 시、#天外 : iH--::>
꿇J)가 그 냐마 졸라의 發想과 가장 가까운 것이었지만, 이 第-→段階는
곧 매우 相異한 第二段階에 의해서 交替된다. 이 단계에서는 〈팀然的〉
( 176 J 東亞文化 17칩
이라는 말에 〈自然科學的〉이라는意味內容이 전혀 담기지않을 뿐아니라,
社會에 對立하는 個A의 存在와 行寫가 自然的인 것으로 指定된다. 이
것은 個人을 社會個環익 한 喪素로만 보아온 졸라의 立場과는 正反對의
것이 되고만다. 그러 나 社會의 園外에서 생각된 個A을 自然的인 것 o
로 보고 그것을 .:t張하려던 이 試圖는 결국 않판되고 만다. 그것이 흔
히 들 말하는 이 른바 〈現寶暴露의 悲哀〉이 다. 이 옥고 第三段階가 오고,
여기에서는 自然은 大自然파 同→視된다. 그러나 이 大自然이 人間과
갖는 關係는 졸라의 경우와는 對廳的이다. 졸리에 있어서논 大自然은
創造l퍼生成의 原理이며, 그 生成속에서 인간의 행위와 과학의 힘은 적
극적인 의미달 필 수 있다. 이와 反對로 日本自然主義의 제 3 단계에 있
어서의 되然은 이미 창조되고 그 강은 뜻을 인간이 探동口하기플 기다라
는 자연이다. 그리고 개인은 자연의 칭조작업에 착극적으로 참여하는
것이 아니라, 도리어 自표純滅의 경지까지 號觀의 감을 결어 나갈 것이
요청띈다.
이것은 티本의 自然主義가 결국 그 나라의 傳-統的自然觀으로 回歸했
다는 것을 의미히며, 그 傳統은 오늘날 川端합成에 이르기까지 계속적
으로 深化되어 나왔다. 그렇다띤 自然은 좋라기- 보듯이 무한한 創造를
향한 움직임얼까, 또는 그반대로 日本文學에서 나타나듯이 이미 生成련
不變의 超越者일까? 또한 그 두가지의 觀點은 反立하는 것일까? 自然
主義에 관한 우리의 考察은 결국 生成파 存左릎 에워싼 太古때부터의
哲學的問짧로 되동-이가게 할만한 것이다.
졸라의 자연주의와 일본의 자연주의123
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