Wittling-Ontogenèse Du Schema Corporel Chez l'Homme

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  • M. Wittling

    Ontogense du schma corporel chez l'HommeIn: L'anne psychologique. 1968 vol. 68, n1. pp. 185-208.

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    Wittling M. Ontogense du schma corporel chez l'Homme. In: L'anne psychologique. 1968 vol. 68, n1. pp. 185-208.

    doi : 10.3406/psy.1968.27604

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27604

  • ONTOGENSE DU SCHMA CORPOREL CHEZ L'HOMME

    par Marcelle Wittling

    Aborder la question de l'ontogense du schma corporel chez l'homme , c'est s'engager dans un domaine trange plein de confusion.

    En effet, selon les auteurs, le terme employ est diffrent et son contenu aussi lorsqu'on a le bonheur de le trouver dfini. Somatopsych (Wernicke-Foerster, 1894), schma postural (Head, 1926), image de soi (Van Bogaert, 1934 ; Tournay, 1959), notion du corps propre (Wallon, 1931), conscience de soi (Wallon, 1932 ; Lzine, 1951 ; Lvine, 1958), image du moi corporel (Lhermitte, 1942), schma corporel (Schilder, 1950 ; Spionek, 1961), reprsentation du moi physique (Burstin, 1957), image du corps et conscience de soi (R. Zazzo, 1962), corps vcu (Trillat, Ghasseguet-Smirguel, 1963), image de sa propre personne (Khler, 1965), reprsentation de soi (B. Zazzo, 1966), constituent tantt les diverses dsignations d'une mme chose, tantt la mme appellation de phnomnes divers que Lhermitte (1939) englobait sous le terme gnral de l'image de notre corps .

    En ralit, il semble qu'on puisse dj dgager, travers la fluidit de cette notion, trois niveaux d'tude : l'un dominante physique, l'autre plus psychologique, le troisime plus social.

    1) L'image de notre corps, c'est d'abord l'image de soi, le sentiment complexe mais fort et toujours prsent la frange de la conscience de notre personnalit physique..., l'image de notre moi corporel, de notre corps de chair (Lhermitte, 1939).

    Ce niveau est particulirement intressant pour nous, car il apparat en premier dans le dveloppement de l'enfant.

    2) L'image de notre corps, c'est ensuite le problme de l'identification et donc, invitablement, du Moi . Le Moi est avant tout une ralit psychique , donc un processus psychique au sens le plus classique du terme (Nacht, 1956).

    Ce niveau a t particulirement tudi par les psychanalystes, la lumire des travaux de Freud qui, notons-le bien cependant, n'a laiss aucun crit sur cette question.

    3) L'image de notre corps, c'est enfin une manire d'tre et de penser, la faon dont les jeunes construisent la reprsentation qu'ils ont d'eux-mmes dans l'exercice plus ou moins rflchi de leurs rles (B. Zazzo, 1966). Ce niveau, dj plus volu, est postrieur au prc-

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    dent, car il fait appel l'introspection, au langage ; de ce fait, son tude ne peut tre mene que sur des sujets plus gs.

    On est un peu du de constater qu'une si faible place soit rserve l'tude de la formation de l'image du corps chez l'enfant normal. C'est cette optique gntique que nous voudrions valoriser dans le prsent article, en nous limitant essentiellement un aspect de la question : celui de l'image de notre corps physique.

    Nous dcrirons d'abord les techniques d'exploration qui nous conduiront ensuite nous placer deux points de vue diffrents : 1. Celui de l'observation directe qui nous renseigne sur les diffrentes

    tapes de l'acquisition de l'image de notre corps ; 2. Celui de la psychologie exprimentale qui nous renseigne sur les

    mcanismes de cette acquisition.

    A) LES TECHNIQUES D'EXPLORATION DE L'IMAGE DE NOTRE CORPS

    On peut distinguer : 1. L'exploration directe, toujours fragmentaire (moyens psychotechniques) ;

    2. L'exploration indirecte, plus globale (dessins du corps humain).

    I. L'exploration directe

    La plupart des chelles de dveloppement mental la suite de Binet-Simon (1920) font usage d'items qui consistent faire montrer ou nommer des parties du corps.

    La construction ou la connaissance du corps a galement t tudie sur profil ou sur mannequin (Merrill-Palmer, 1956 ; Borel-Maisonny, 1960 ; Borelli-Olron, 1964).

    Le test d'imitation de gestes de Bergs-Lzine (1963) permet de suivre l'tude de l'organisation praxique entre 3 et 6 ans. L'tude des gestes dans l'espace est compare dans cette batterie aux premiers reprages droite- gauche, la connaissance des parties du corps et la reprsentation graphique du corps. L'imitation des mouvements dans l'espace permet de mettre en vidence les aspects figuratif et opratif de l'preuve.

    Complmentaire du test prcdent, le test de schma corporel de Daurat-Hmeljak, Stambak, Berges (1966) a pour but de contribuer la connaissance du versant gnosique du schma corporel, dans son aspect de reprsentation . Il consiste en une tude gntique (4 14 ans) de quatre images diffrentes : corps de face, visage de face, corps de profil, visage de profil.

    D'autres preuves font appel des mouvements plus fins. L'tude sur l'imitation de la motricit faciale de Kwint (1934)

    talonnage franais de M. Stambak est directement lie la maturation motrice proprement dite.

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    La localisation volontaire des mouvements digitaux de Rey (1952) permet de mettre en valeur l'volution des synergies et des syncinsies au niveau des doigts.

    Les investigations sur la connaissance des doigts se retrouvent dans l'chelle de Merrill-Palmer (1956) ou dans la batterie d'Ozeretzki (1936), dans des preuves o se mlent la dextrit et la bonne orientation par rapport aux doigts. Benton (1951) tudie d'une manire plus prcise les gnosies digitales (test talonn en France par N. Granjon-Galifret).

    Benton (1951) donne des techniques trs prcises appliques des sujets de 4 ans 6 mois 10 ans en ce qui concerne les investigations portant sur l'volution gntique de la latralit. Les preuves font alterner les rponses yeux ouverts et yeux ferms sur soi et sur autrui.

    La batterie Head-Piaget (1953) remanie par N. Granjon-Galifret (1960) comporte une srie d'preuves portant sur l'imitation du mouvement de l'observateur face face, l'excution de mouvements sur ordre oral et la reprsentation de mouvements sur figures schmatiques (enfants de 6 12 ans).

    II. L'exploration indirecte

    L'exploration de l'image de notre corps par le dessin est importante car c'est une preuve, dit Lhermitte (1939), que le schma de notre corps est mont pice par pice. On peut ainsi distinguer les tapes chronologiques de la connaissance qu'ont les enfants de leur corporalit et de celle de leurs semblables.

    Deux techniques sont utilises : le dessin spontan, et le dessin sur commande.

    Le dessin sur commande constitue une technique d'exploration de l'image du corps chez l'enfant. Parmi les tests les plus connus, nous relevons trois niveaux d'tude : 1) Les preuves correspondant l'image du corps physique o le sujet

    est seul reprsent (test du bonhomme de Goodenough, 1936, feuille de dessins Prudhommeau, par exemple, 1947) ;

    2) Les preuves correspondant l'image du corps sociale o le sujet est reprsent en situation (dessin de la famille, D. 10 de J. Le Men, 1966) ;

    3) L'image du corps psychique peut tre saisie la fois travers les deux niveaux prcdents.

    B) L'IMAGE DE NOTRE CORPS PHYSIQUE

    I. Les apports de l'observation clinique comportementale

    De nombreux auteurs se sont efforcs de dcrire minutieusement les tapes de l'veil la vie du nourrisson, depuis sa naissance jusqu' la prise de conscience de sa corporalit. Wallon (1932-1962), Lher-

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    mitte (1939), Gesell (1949), Piaget (1956), Spitz (1957), Zazzo (1962), pour n'en citer que quelques-uns, nous fournissent des donnes prcieuses et concordantes, tel point qu'il est difficile de dterminer en quoi rside l'originalit de l'un par rapport l'autre.

    Le comportement du nouveau-n est caractris par l'incertitude, l'incoordination des mouvements du bb qui crie, agite ses membres en tous sens et parat tre dmuni totalement de toute notion de spatialit.

    Entre 2 et 6 mois, l'enfant commence prendre conscience de ses membres ds que ceux-ci apparaissent dans son champ perceptif visuel ; ds la douzime semaine pour les uns, la quinzime pour les autres, on observe un dplacement des yeux vers les membres qui s'agitent, ce qui sans doute tmoigne d'un effort de connaissance, de discrimination, de perception de la profondeur (Spitz, 1963). Tournay (1924) fait observer que l'enfant ne s'intresse pas galement toutes les composantes de son corps, mais seulement certaines parties. Cet auteur fait remarquer que ce n'est qu'au quatrime mois que le nourrisson fixe son attention sur sa main droite, regarde ses doigts s'agiter et s'intresse visiblement au jeu de ces organes, alors que la main gauche parat laisse l'abandon. Les mouvements qui amusent le bb demeurent jusqu'au cinquime mois purement automatiques et rflexes (Wallon, 1932 ; Piaget, 1956 ; Spitz, 1957).

    Ce dcalage entre la recherche de la conscience de sa corporalit droite et gauche se retrouve pour les segments suprieur et infrieur du corps.

    Si l'enfant de trois mois commence suivre du regard le dplacement de ses mains, il faut patienter encore deux mois pour le voir s'intresser aux mouvements de ses pieds. Cette diffrence, nous dit Lhermitte (1939), n'a rien pour nous surprendre puisque, trs videmment, les membres infrieurs n'entrent pas en contact avec les objets extrieurs comme les mains dont la facult de palper s'affirme ds la premire tte. Ne savons-nous pas, au reste, que le faisceau pyramidal droit anticipe sur celle du faisceau pyramidal gauche chez le droitier ? .

    Vers le cinquime mois, le bb s'occupe non plus seulement de ses mains, mais des objets que celles-ci peuvent apprhender : un objet plac dans la paume (cube, chanette et mdaille) est saisi et gard. Il se montre aussi curieux de certaines interventions dont il est l'objet (taille des ongles).

    Mais peut-on affirmer pour autant que la discrimination est tablie entre ce qui appartient au corps propre et l'environnement ? Certainement pas, car l'enfant perd de vue l'objet qui s'loigne de son champ visuel, tout comme il perd de vue ses bras et jambes mis hors de vue en les agitant.

    Si on coiffe la main droite de cet enfant d'un gant, l'enfant fait d'abord jouer les doigts dans les digitations du gant puis, de l'autre

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    main, il te cet objet gnant. Il le contemple alors et semble montrer par sa mimique que cette chose ne fait pas partie de lui-mme, qu'elle n'est pas doue de la mme sensibilit que son corps. Il semble que ce soit l le premier signe de la discrimination entre l'image du corps et la prsentation d'un objet distinct du corps, la premire bauche d'un sentiment de non-appartenance (Lhermitte, 1939).

    Ainsi donc, vers le neuvime mois, l'enfant est capable de distinguer la substance de son corps des objets environnants, de reconnatre l'image de ses membres isolment.

    A la fin de la premire anne, l'enfant a palp les diverses rgions de son corps et il a reconnu que celles-ci se reliaient entre elles pour composer une unit. Un jour, fortuitement, il heurte la table avec sa tte et il parat saisir que sa tte fait partie de son corps et s'oppose par sa sensibilit propre l'objet-table qui, lui, ne se rattache sa personne par aucune impression sensible.

    Cependant, si l'enfant est capable d'identifier grossirement son corps, ses membres, il n'est pas pour autant capable de transposer sur autrui l'image qu'il s'est faite de sa corporalit. Le jeune bb qui habille sa poupe, par exemple, confond les mains et les pieds, la tte et les membres. Le sein maternel est certainement l'image corporelle extrieure qu'il connat le mieux et cependant ce n'est gure qu'au treizime mois que l'enfant transpose l'image des seins de sa mre sur d'autres personnes, bien qu'il commette encore bien des erreurs, comme d'interprter comme mamelon le coude de son pre.

    Vers la deuxime anne, l'enfant semble bien possder la notion que ses membres lui appartiennent, font partie d'un tout qui est sa propre corporalit. Mais l'image de soi est loin d'tre acheve dans l'esprit de l'enfant. Ce n'est que trs lentement que se diffrencient et se prcisent les diverses pices du schma postural, et il faudra des annes pour que l'enfant soit capable de transposer l'image corporelle, dans laquelle il se meut, sur la personne d'autrui.

    Selon Piaget (1956), jusqu' l'ge de cinq huit ans, le jeune enfant continue d'acqurir les lments constitutifs de sa propre image corporelle, et inconsciemment s'occupe les organiser ; partir de huit dix ans seulement, notre sujet peut identifier le schma que ses semblables offrent sa vue. Aprs le stade de l'gocentrisme jusqu' la huitime anne, s'instaure le processus de la socialisation, puis celui de Pobjecti- vation (onze ans).

    Alors, l'image de soi est paracheve ; le sujet s'y oriente l'aise, se montre mme capable d'idantifier toutes les parties du corps de ses semblables et de qualifier correctement les gestes, les attitudes qui figurent dans les reprsentations picturales. Mais nous entrons ici dans une priode privilgie o le langage est acquis, o l'exprimentation peut utilement complter les apports de l'observation clinique des deux premires annes.

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    II. Les apports de l'tude analytique DU DESSIN DE L'ENFANT

    Depuis Luquet (1913), nombreux sont les travaux qui ont poursuivi l'tude analytique des dessins d'enfants. Les tapes de reproduction du corps ont t maintes fois dcrites. Nous nous rfrons spcialement au rsum qu'en donne Khler (1965) :

    1) La premire reprsentation figure se situe vers l'ge de 3 ans. Le premier dessin auquel nous pouvons donner cette signification consiste en une figure circulaire (ovode, disent Wallon et Lurat, 1958) avec des lignes irrgulires reprsentes l'intrieur du cercle. Le sens que l'enfant lui donne est celui de la dsignation gnrique de l'homme. Or, 3 ans, un enfant normal sait au minimum dsigner la tte, le tronc et les membres ; la notion somatique de la tte avec les yeux, les oreilles, le nez et la bouche lui est familire (l'chelle de Binet-Simon considre ces notions acquises 3 ans). Il existe donc un dcalage entre l'acquisition du schma corporel chez l'enfant, et la possibilit de sa reprsentation graphique. C'est par insuffisance de la capacit synthtique, ralisme insuffisant , dit Luquet, qu'il choue donner au dessin l'expression qu'il sait exister. L'existence de ce que Luquet (1913) appelle modle interne , et de la fixation du type intervient.

    2) Tout de suite aprs, l'enfant dessine dans ce cercle les yeux, le nez et la bouche. Ces dtails se prsentent avec une valeur expressive prdominante, de mme que pour le tronc, les seuls dtails morphologiques se rduisant la cicatrice ombilicale et la tache des mamelons. Cet ensemble tte-tronc semble s'allier avec le dveloppement de la conscience de l'image du corps physique.

    En somme, le schma corporel des premiers dessins est constitu par les parois d'une cavit l'intrieur de laquelle existent des formes imprcises, reprsentatives des organes, reproduisant ainsi le morcellement dj signal.

    3) Bientt, aprs cette phase du dessin, l'enfant ajoute au cercle deux traits qui reprsentent les jambes. C'est dj une notion avance du schma corporel humain. Les membres infrieurs ont impressionn l'enfant de telle manire qu'il les reprsente en premier lieu, bien que les membres suprieurs, et spcialement les mains, soient les segments du corps que l'enfant dcouvre et utilise avant mme les membres infrieurs.

    Rouma (1913) crit : Est-ce leur forme allonge terminant la masse suprieure de la tte et du tronc, est-ce le mouvement alternatif des deux jambes pendant la locomotion qui frappe l'enfant ? Ceci s'observe de la mme manire dans le modelage. Les premiers modles faits par l'enfant avec la prtention bien dfinie de reprsenter un homme sont forms par un morceau allong de terre glaise qu'il dispose dans le sens vertical. Ceci diffre de la reprsentation du corps d'un animal (chien, cheval) qu'il reprsente par un morceau de terre glaise allong,

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    comme pour le modelage de l'homme , mais orient dans le sens horizontal.

    4) Dans la phase suivante, vers 4 ans, en plus du cercle avec les deux prolongements infrieurs de membres, commencent se dfinir les dtails l'intrieur du cercle ; l'enfant cesse de figurer des traits imprcis, et rgulirement apparaissent en premier lieu deux points, ou deux petites circonfrences qui veulent reprsenter les yeux. Les yeux tant bauchs et immdiatement aprs, la bouche et le nez, en tant que dtails qui s'imposent dans les accidents du visage, l'enfant, non satisfait de l'ensemble tte-tronc, isole chacune de ces parties et fait un cercle suprieur avec les yeux, le nez, la bouche et un autre cercle infrieur qui reprsente le tronc d'o partent les membres.

    5) En transition, avant la phase suivante, apparat la figuration des mains et des pieds. Pour les mains les dtails prdominants sont les doigts, tandis que pour les pieds c'est seulement le segment podal dans son ensemble qui frappe le plus l'attention de l'enfant. C'est ainsi que les mains sont reprsentes rgulirement par divers traits qui prtendent reprsenter les doigts et les pieds par un trait unique dessin perpendiculairement l'axe de la jambe.

    Les enfants ne dessinent pas ncessairement cinq doigts mais plusieurs (plus ou moins de cinq), et c'est seulement partir de 7 ans que leur dessin tient compte du nombre exact, rel de doigts.

    Quant aux pieds, quelques rares fois, les orteils sont reprsents. Un simple trait ou un contour allong sont rgulirement les formes reprsentatives du pied.

    La figuration des membres suprieurs se fait en gnral cette mme poque. Deux lignes les reprsentent, partant du tronc et se dirigeant vers les cts. Dans d'autres cas, mme aprs que la tte apparat spare du tronc, les bras partent d'elle directement ou des traits qui reprsentent les membres infrieurs. En raison de la fixation des types de dessins (Luquet, 1913) il y a une phase d'indcision dans la localisation de ces nouveaux lments graphiques qui se sparent finalement correctement des deux cts de l'ovale reprsentant le tronc.

    6) A ce stade, o la ralisation de l'tre humain est encore assez imparfaite, apparat la reprsentation des organes sexuels externes. Cette reprsentation, prcoce, peu courante en fait chez les enfants normaux (exceptionnelle pour Rouma), l'est davantage chez les inadapts. Plus tard, bien que l'enfant acquire progressivement une plus grande connaissance des particularits de son propre corps, il cesse de dessiner ces organes.

    Parmi les lments du dessin qui marquent le mieux les premiers rudiments de la diffrenciation sexuelle, sont les cheveux, tantt longs, tantt arrangs en chevelure abondante autour de la tte pour le sexe fminin. Pour le sexe masculin, la reprsentation est faite par de petits traits qui partent excentriquement de la tte ou par d'autres petits traits ajusts au contour gnral de l'ovode.

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    Tous les auteurs sont d'accord sur le fait que les filles reprsentent plus souvent les cheveux que les garons (Rouma, 1913).

    Ceci nous montre que la conscience du schma corporel de soi-mme s'tablit plus fortement que celle du schma d'autrui.

    7) Faisant suite la reprsentation linaire, la notion de volume apparat chez l'enfant : c'est ainsi qu'il commence reprsenter les membres par deux traits qui marquent leur contour respectif. Et la conqute de cette notion, correspondant une prcieuse acquisition du schma corporel, s'tend tous les segments, non seulement les jambes et les bras, mais les doigts eux-mmes.

    8) Vient ensuite une phase dans laquelle le schma corporel se maintient sensiblement le mme avec plus ou moins de perfection dans la ralisation graphique, mais dans laquelle l'intrt de l'enfant s'oriente vers les divers ornements (vtements, chapeaux, chaussures...). Mais il apparat que la notion de l'image du corps chez l'enfant est tellement dominante qu'elle s'impose travers le vtement mme. A cette phase du ralisme logique (Luquet, 1913), l'enfant reprsente par le dessin non ce qu'il voit, mais ce qu'il sait exister et qu'il a appris par des expriences antrieures ; ainsi, par exemple, l'enfant dessine l'homme cheval, montrant les deux jambes comme si le cheval tait transparent.

    9) Quant la diffrenciation de tous les segments des membres, elle se ralise seulement plus tard dans l'volution du dessin infantile. La figuration des avant-bras et bras, des jambes et cuisses, plus ou moins flchis les uns sur les autres, est plus tardive.

    Un fait curieux dans l'volution du dessin consiste dans le passage de la reprsentation de l'tre humain de face sa reprsentation de profil qui se manifeste assez tard, vers 7 ou 8 ans. Ce changement est si prcis et si caractristique de cet ge qu'il constitue, en lui-mme, un degr spcifique du dveloppement psychique infantile (Prudhommeau, 1947).

    10) A partir de la onzime anne, l'enfant va se dpasser dans une nouvelle orientation vers le monde extrieur et la socit (apparition de l'image du corps sociale).

    III. Les apports de la psychologie exprimentale

    Tous les auteurs sont d'accord pour dmontrer que l'image corporelle n'est pas donne la naissance, mais qu'elle s'difie de jour en jour grce aux diffrentes sensations et perceptions : kinesthsiques, visuelles, auditives, labyrinthiques, et la perception de l'espace. Pour la commodit de l'expos, ces diffrentes perceptions seront isoles. En ralit, elles interfrent sans cesse.

    a) Image corporelle et mouvement La cnesthsie est une notion assez confuse qui recouvre la sen

    sibilit proprement viscrale, celle que Sherrington a dnomme intro- ceptive et une autre 'sensibilit qu'il a appele proprioceptive ou pos-

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    turale, dont le sige priphrique est dans les articulations et dans les muscles, dont les stimulants sont les attitudes et les mouvements, dont la fonction est de rgler, sous le contrle du labyrinthe, l'quilibre et les synergies ncessaires l'excution de tout dplacement corporel, qu'il soit total ou local. Les sensations correspondantes sont les sensations kinesthsiques (Wallon, 1959).

    Prudhommeau pense que la kinesthsie ne peut se constituer l'tat de sensibilit spcifique qu'en refltant ses effets dans une autre qui lui soit concomitante. Par exemple, elle est aide par les perceptions visuelles, auditives, mais aussi peut se limiter aux sensibilits cutanes : c'est l mme une de ses formes les plus prcoces et qui semble fondamentale pour la constitution du schma corporel.

    Une tude de Morgoulis et Tournay (1963) dmontre, par le biais de la pathologie, le bien-fond des assertions prcdentes. Il s'agit d'une exprience mene sur des enfants poliomylitiques. Les conclusions essentielles concernant le schma corporel soulignent une double influence : 1. Celle de l'ge auquel la maladie est survenue ; 2. Celle de l'intensit et de la localisation de l'atteinte par la polio

    mylite.

    1) Aprs 3 ans, la maladie semble avoir des consquences moins importantes au point de vue de certaines acquisitions. La grande majorit des enfants ayant eu une atteinte avant 3 ans prsentent un retard par rapport aux diffrentes tapes dfinies par Wallon (1959). Les enfants touchs par la maladie avant 3 ans prsentent en moyenne un retard de 1 an 3 mois l'preuve d'imitation de gestes de Bergs- Lzine (1963), alors que ceux atteints aprs 3 ans se comportent comme des normaux.

    2) Les enfants les plus dsavantags sont ceux qui ont, soit une paraplgie importante, soit une atteinte droite. L'incapacit de faire assumer aux membres infrieurs des rles complmentaires nuirait la reconnaissance de la droite et de la gauche. Le gaucher, atteint la jambe droite, n'a pas de difficult d'orientation spatiale. Les 10 autres enfants ayant eu une atteinte gauche n'ont pas de difficults de structuration et trs peu d'inversions droite-gauche.

    D'autre part, d'aprs Simmel (1956), tout sujet atteint de mutilation ou de maladie (lpre) remontant la premire enfance, s'il ressent le membre fantme n'en est jamais hant la manire des amputs adultes, parce que prcisment il lui a manqu, pour l'dification de l'image corporelle, l'apport du mouvement et des sensibilits tactiles et profondes.

    Le mme auteur signale l'absence de fantme dans le cas de l'inexistence congnitale de membres.

    Cependant, Poeck (1964) signale qu'il a trouv des fantmes chez un enfant n avec des membres atrophis et Weinstein (1961) cite des cas de membres fantmes chez des sujets ns sans membres.

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    b) Image corporelle et perception visuelle

    Une contre-preuve, qui montre avec nettet l'importance de la vision dans la formation du schma corporel chez l'enfant, c'est sa faon de ragir, suivant son ge, en prsence de son image dans un miroir.

    Jusqu' la fin du troisime mois, l'enfant reste insensible aux images qui se forment dans le miroir.

    Selon Preyer (cit par Lhermitte, 1939), c'est au cours du quatrime mois que l'image rflchie par la glace semble provoquer la fixation du regard, sans d'abord veiller l'intrt sur le visage. Le cent treizime jour, l'enfant la regarde comme il ferait d'un tranger qu'il verrait pour la premire fois ; trois jours aprs, il lui sourit. C'est exactement au mme ge qu'un des enfants de Guillaume sourit et agite les bras devant la reproduction grandeur nature d'une figure de Hais.

    R. Zazzo (1962) a entrepris une tude systmatique sur ce sujet en comparant les ractions de son propre fils devant les 3 types d'images : spculaire, photographique et cinmatographique.

    Ses conclusions sont les suivantes : 1. Pour les 3 images, la reconnaissance d'autrui prcde celle de la

    reconnaissance de soi ; 2. Pour ces 3 types d'images, on observe une premire priode pendant

    laquelle le sujet parat ne pas voir sa propre image ni mme la regarder ;

    3. La reconnaissance d'autrui se fait dans le miroir (vers l'ge de 0;8), plusieurs mois avant d'tre probable pour la photo et pour le film (vers 1;6) ;

    4. Il semble que l'enfant se reconnat explicitement dans le miroir avant de pouvoir se reconnatre sur une photo ou dans un film. Gntiquement, l'auteur distingue 5 tapes principales des ractions de l'enfant, de la naissance 3 ans : 1. L'enfant ne ragit pas ; 2. L'enfant regarde l'image d'autrui, mais pas la sienne ; 3. L'enfant se retourne de l'image vers la personne et il commence

    s'intresser sa propre image ; 4. L'enfant s'intresse surtout son image ; 5. L'enfant prsente des ractions de dsarroi puis de reconnaissance

    explicite.

    Guillaume (1950) et Wallon ont bien fait remarquer qu'il s'agit l d'une comparaison sur deux images visuelles. Le problme parat comporter deux temps trs simples : percevoir l'image, la rapporter soi (Wallon, 1946). Le second aspect de l'exprience sera mis en relief dans un paragraphe ultrieur.

    Un fait troublant : Poeck (1964), dans une tude diffrentielle du schma corporel chez les enfants voyants et aveugles, ne note aucune

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    diffrence entre les deux groupes de sujets quant la ralisation des preuves proposes.

    Est-ce dire que la vision n'intervient pas ? Assurment pas ; mais chez l'aveugle, l'image corporelle est construite

    exclusivement avec des matriaux tirs des sensations cutanes et cinesthsiques, de la perception auditive, et la localisation des perceptions se ralise grce au dveloppement et l'extrme acuit des sensations cinesthsiques.

    c) Image corporelle et sensation vestibulaire d'quilibre Le schma corporel se montre soumis plusieurs influences dont

    celle qu'exerce l'appareil d'quilibration labyrinthique compte parmi les plus importantes et les mieux dfinies chez l'adulte, depuis Bonnier (1893) et Schilder (1950).

    S'il est un appareil organique qui domine le sens de l'espace, c'est assurment l'appareil labyrinthique d'quilibration dont, ajoute P. Bonnier, le nerf spcifique vestibulaire mriterait d'tre dnomm nerf de l'espace .

    Nous n'avons rencontr qu'une seule tude gntique portant sur ce sujet. C'est celle de Wallon, Evart-Chmieliski, Sauterey (1959). Encore est-elle limite aux enfants entre 5 et 15 ans chez lesquels les auteurs tudient l'quilibre statique (c'est--dire qui maintient le corps immobile) et l'quilibre dynamique (c'est--dire qui est li aux mouvements).

    La rgulation de l'quilibre, concluent les auteurs, peut tre soumise soit l'appareil labyrinthique, soit l'appareil visuel. La diffrence des deux rgulations est mise en vidence par la comparaison entre les preuves les yeux ouverts et les yeux ferms. Les repres visuels faisant dfaut dans les preuves les yeux ferms, l'quilibre est plus mauvais chez les sujets dont les rgulations labyrinthiques sont moins agissantes.

    On peut d'ailleurs considrer qu'il n'y a pas de rgulation exclusive, mais qu'elles se compltent l'une l'autre dans des proportions variables. Ce qui peut expliquer l'existence d'un type mixte, o le regard est ncessaire pour tirer profit des impressions labyrinthiques.

    A cet gard, il n'y a pas de diffrence entre les filles et les garons de 5 12 ans, en notant qu' 15 ans il y a chez les filles rgression de l'quilibre les yeux ferms.

    Un autre moyen de mettre en vidence le rle du labyrinthe, c'est de comparer le mme exercice excut d'abord avec les deux mains libres, ensuite avec l'une d'elles charge d'un poids qui oblige un effort unilatral de compensation posturale.

    Le seau dplace l'quilibre du ct o il est support. Ainsi, avec le seau dans la main droite, le pourcentage est plus lev en faveur du demi-tour droite et, inversement, le seau dans la main gauche rtablit la prpondrance du demi-tour spontan gauche. Les diffrences sont surtout accuses 7 et 10 ans.

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    En conclusion, on peut dire que l'quilibre s'amliore d'une faon rgulire jusqu' 11 ans. Ensuite l'amlioration serait beaucoup plus lente, beaucoup plus capricieuse, et il se pourrait mme que certains ges fussent stationnaires ou en rgression par suite de changements soit physiques, soit moraux, auxquels l'enfant n'est pas encore adapt.

    II n'est donc pas encore acquis de faon fixe et dfinitive comme on le suppose frquemment, l'ge o par d'hroques et successifs efforts qui occupent les deux et mme les trois premires annes, l'enfant a appris se retourner, s'asseoir, ramper, courir sur les genoux et sur les mains, se dresser en s'accrochant aux objets environnants, se passer de cet appui, se lancer sans autre soutien que le trottinement de ses pieds sur le sol .

    d) Image corporelle et perception auditive

    Nous n'avons aucune rfrence concernant ce problme chez l'enfant sourd.

    Cependant, nous pouvons prsumer que l'image du corps sera mutile tant que l'enfant ne possdera pas le vocabulaire ncessaire la dsignation des diffrentes parties de son corps. Il s'agit ici essentiellement d'une question d'acquisition du langage et d'ge auquel la surdit est survenue.

    e) Image corporelle et latralit Les diffrents auteurs affirment la ncessit d'une asymtrie ana-

    tomo-fonctionnelle dans la constitution du schma corporel. Wallon (1962) crit : II y a spcialisation fonctionnelle de chacun

    des cts, le dominant assumant l'initiative et le contrle des dplacements, l'autre ct ayant pour rle d'en assurer la stabilit. De telle sorte qu'il y aurait deux latralisations complmentaires mais inverses : l'une de mobilisation, l'autre d'immobilisation, l'une d'lan dans l'espace, l'autre qui est la qute de points d'appui.

    F. Flament (1963) s'est intresse au dveloppement de la prfrence manuelle de la naissance 6 mois.

    Aprs avoir dfini les signes de prfrence manuelle, l'auteur considre l'unification de ces signes en fonction du dveloppement sensori- moteur de l'enfant. Elle met en relief les articulations que constituent dans la gense de la latralit le mouvement unilatral, puis les coordinations sensori-motrices.

    Prcdant le mouvement unilatral, on assiste une priode de mouvements rflexes, symtriques et indissocis o les deux mains ne peuvent tablir de relation avec l'espace environnant.

    Ensuite, vient la priode d'unilatralit qui s'tend jusqu' la 16e semaine. On voit apparatre sur un fond symtrique certains dcalages priodiques entre les deux mains : il y a prcession d'une main sur l'autre dans l'acquisition du geste qui exprime la coordination nouvelle.

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    Au cours du 4e mois, apparat une nouvelle structure gestuelle caractrise par des mouvements, symtriques et simultans, en miroir : la bilatralit. L'activit bilatrale prdomine l'ge (16e 28e semaine) o la coordination secondaire entre la main et l'il constitue une matrise de l'espace proche grce quoi l'enfant peut saisir un objet sans contact pralable.

    Spionek (1961) dans ses tudes de latralit dgage quatre grands principes qui lui serviront de base pour dterminer les mcanismes dans le dveloppement ontogntique de l'orientation dans les cts droit et gauche du corps : 1. Principe de l'opposition des membres et des organes pairs ; 2. Principe de la conservation du mme ct du corps ; 3. Principe de la hirarchie des organes pairs ; 4. Principe de la priorit de la main utilise plus souvent.

    Les mcanismes qui en dcoulent sont les suivants : 1) Vers 3 ans. L'enfant ne distingue point les deux cts de son

    corps, il accorde la priorit au membre employ le plus souvent. 1) A4 et 5 ans. L'enfant commence comprendre que ses membres

    droits et gauches se trouvent des deux cts de son corps, mais il ignore lequel de ses membres est droit et lequel est gauche (principe de l'opposition et de la hirarchie des organes pairs).

    S) A 6 et 7 ans. La notion de droite et de gauche continue se dvelopper chez l'enfant. Il tient compte du fait que ses extrmits droites et gauches et que ses autres organes pairs se trouvent du mme ct de son corps (principe de la conservation du mme ct du corps et de la hirarchie des organes pairs).

    Ensuite, l'auteur fait alterner ses exercices en mouvements actifs et en mouvements passifs et conclut que l'on peut apprendre l'enfant quelles sont les parties gauches et droites de son corps environ deux ans plus tt, en comparaison avec l'ge o il l'aurait appris seul dans des conditions naturelles.

    Wallon-Denjean (1962) au cours d'une tude sur les droitiers et les gauchers (de 4 13 ans) concluent que la comparaison des deux groupes d'enfants dcle des diffrences dans les rapports de leur main dominante et de leur autre main. Ce genre d'influence parat s'exercer de faon trs prcoce dans l'ontogense du sujet.

    Deux espces de facteurs semblent rgler les gestes : ceux qui portent sur les mouvements en train de s'excuter et qui sont encore prsents dans les automatismes, autrement dit la kinesthsie, et ceux qui se rfrent un acte complet, un acte qui ait son modle, sa signification, son but. C'est entre ces deux sortes de rgulations souvent concurrentes ou alternantes, bien que conciliables, qu'oscillent les ralisations de l'preuve chez les enfants droitiers et gauchers. Il semble cependant que les gauchers subissent davantage l'influence de la kinesthsie, c'est--dire de l'automatisme, que les premiers. Chez les droitiers, au contraire, le

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    contrle s'exerce de prfrence un niveau plus lev que celui du modle visuo-moteur.

    De la littrature impressionnante concernant le problme de la latralit, nous n'avons retenu que les tudes prcdentes parce que c'taient les seules qui correspondaient notre optique gntique exprimentale.

    f) Image corporelle et intelligence

    Soulairac, Shentoub, Burstin (1954), signalent que l'arrir prsente des troubles du schma corporel et par une tude sur des fillettes de 5 19 ans d'ge rel et de 9 40 mois d'ge mental, ils dtectent plusieurs modalits de ractions devant le miroir. Par ordre de complexit croissante, ce sont : 1) Absence d'intrt pour l'image ; 2) Intrt indirect pour l'image se traduisant par la reproduction devant

    le miroir d'un comportement strotyp ; 3) bauche de relations affectives avec l'image ; 4) Attitudes complexes avec explorations multiples d'abord morceles,

    puis globales, de l'image et du corps, aboutissant une certaine identification avec relations sociales de plus en plus dveloppes.

    En conclusion, les auteurs notent que l'enfant arrir ne prsente jamais devant le miroir le mme comportement que l'enfant normal. Ils ne retrouvent pas les stades volutifs habituellement dcrits, mais des attitudes complexes, o les stades volutifs coexistent. Le comportement de l'arrir devant le miroir est cependant caractristique de son comportement habituel. Les fillettes, mme lorsqu'elles ont un comportement, ne parviennent jamais une reconnaissance explicite de soi et d'autrui comme l'enfant normal.

    g) L'image sociale de notre corps

    Nous abordons ici le problme de la conscience de soi , du Moi social. L'exploration est limite la zone consciente de la vie psychique, contrairement au Moi inconscient psychanalytique. Il s'agit de l'ensemble d'ides et de sentiments exprimables, de reprsentations que le sujet se fait de lui-mme, de ses rapports avec l'entourage et de sa situation dans le monde.

    Ici, apparaissent trs nettement les rles primordiaux du langage et du milieu et leur fonction psychosociale.

    A 18 mois, l'enfant est capable de montrer ses yeux, son nez, 2 ans de les nommer et de les montrer sur le corps d'autrui.

    Poeck (1965) signale l'importance du langage dans ce genre d'preuves par l'anecdote suivante : Certains enfants de l'Allemagne du Sud- Ouest chouent, parce que dans leur rgion le mme mot fuss dsigne la fois la jambe et le pied.

    R. Zazzo (1962) donne une intressante tude exprimentale de la

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    gense de la conscience de soi, dans son tude des ractions de l'enfant devant le miroir.

    La comparaison des images spculaires, photographiques et cinmatographiques montre que si l'image dans le miroir est reconnue beaucoup plus tt, cependant elle reste longtemps comme affecte d'incertitude et d'inquitude. Les images photographiques et cinmatographiques sont acceptes sans hsitation ds l'instant o elles sont identifies.

    Un dcalage s'opre trs nettement entre le niveau du matriel verbal dont l'enfant dispose et le niveau de celui qu'il utilise tout spcialement pour identifier son image mouvante sur l'cran.

    L'emploi du je , pense l'auteur, est le signe d'une crise dcisive dans l'volution de la personnalit, dans la prise de conscience. Le je ncessite un ddoublement, et ce n'est pas affaire d'exercice mais de maturation.

    Les ractions de reconnaissance de soi, et les ractions verbales qui les traduisent ou qui s'y mlent, constituent les deux aspects d'un mme phnomne de maturation mentale... L'image du corps est essentiellement conscience de soi.

    B. Zazzo (1966) tente une psychologie diffrentielle de l'adolescence selon le sexe et le milieu social au moyen d'un questionnaire crit prsent des sujets volontaires et suivi d'un entretien individuel.

    L'auteur met en relief trois aspects du moi social : 1. La spcificit de l'image de soi {apprciation statique) ; 2. Les rfrences temporelles de Vimage de soi (apprciation dyna

    mique) ; 3. Les dfinitions de soi dans les relations sociales nous renseignent

    sur les progrs de maturit et d'autonomie. Autonomie, par rapport aux exigences et aux normes du milieu, mais aussi autonomie morale par l'expansion et l'panouissement de sa personne dans des milieux de plus en plus diversifis, dans un univers d'intrts et de valeurs de plus en plus large.

    L'image de soi, dans son affirmation actuelle comme dans ses projections vers l'avenir, dpend des possibilits plus nombreuses de choix qu'offre l'adolescent un plus haut niveau scolaire. Ces possibilits dfinissent un niveau d'exigence plus lev, non seulement pour les projets d'accomplissement adulte, mais aussi dans la faon de ragir son statut prsent.

    L'attitude de critique et de contestation l'gard du statut familial se retrouve rarement chez les ouvriers.

    Les diffrences sont moins nettes chez les filles : le sexe joue, en tant que facteur culturel (moindre affirmation de soi, plus grande dpendance d'autrui, doute de soi).

    L'image sociale de notre corps se situant dans un horizon temporel (Fraisse) serait complmentaire de l'image de notre corps physique qui se situerait plutt dans une perspective spatiale.

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    CONCLUSION

    Le problme de l'image de notre corps n'est certainement pas puis et les controverses qu'il soulve n'ont pas fini de se donner libre cours.

    Nous avons voulu essayer de donner un aperu de cette construction dynamique propos de laquelle Wallon (1931) crivait : Le schma corporel est une ncessit. Il se constitue selon les besoins de l'activit. Ce n'est pas une donne initiale ni une entit biologique ou psychique. C'est le rsultat et la condition de justes rapports entre l'individu et le milieu.

    Nous avons envisag la question d'un double point de vue : physique et psychologique, et psychosocial.

    Ces deux aspects ont t dissocis artificiellement pour l'analyse, mais il est bien vident qu'ils interfrent sans cesse. Exclure l'un au profit de l'autre, ce serait dtruire l'unit de l'homme en devenir.

    A travers cette tude ontogntique, l'image de notre corps nous est apparue galement comme une construction temporo-spatiale, oscillant entre ces deux ples ne s'excluant jamais l'un l'autre, mais s'effaant tantt l'un au profit de l'autre.

    Parmi les facteurs intervenant dans cette gense, nous avons signal l'immense apport des perceptions et des sensations, de la kinesthsie, du milieu, de l'affectivit, de la douleur (Preyer), du jeu (Wallon).

    Lorsqu'un des lments constituants de cette synthse fait dfaut ou s'affaiblit, l'image du corps n'est pas pour cela ncessairement dtruite, des supplances peuvent s'effectuer, mais dans des limites relativement restreintes sauf toutefois lorsque la maladie ou l'anomalie a frapp l'tre une phase trs prcise de son dveloppement.

    Chaque individu possde, affleurant au seuil de sa conscience, une image tridimensionnelle de son corps. Ce schma essentiellement plastique doit tre entendu comme tout l'oppos d'une image statique, car le pass y inscrit sans rpit des traits nouveaux ; c'est grce cette image de notre corps qu'il nous est possible de sentir, de percevoir, enfin de dvelopper notre action sur nous-mmes et le monde qui nous entoure. Ainsi apparat un mouvement dialectique entre l'image du corps et les facteurs intervenant dans sa gense.

    L'image corporelle s'affirmera d'autant plus riche de traits que l'organisme qui la sous-tend aura t soumis plus d'impressions physiques, psychiques, sociales, de mme que les parties de cette image qui se montreront tout ensemble les plus prcises et les plus rsistantes au processus de mutilation et de dsorganisation seront celles qui auront t le sige des perceptions et des sensations les mieux diffrencies. Si l'image du pied ou de la main rsistent avec tnacit aux mutilations les plus larges, c'est parce que le pied et surtout la main ont t l'origine d'un plus grand nombre de stimuli perceptifs que telle autre partie du corps comme le genou ou l'paule par exemple.

    Inversement, le sujet dont l'image corporelle aura t richement

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    construite sera plus mme de se connatre lui-mme selon la vieille formule socratique et partant d'exercer une action sur le milieu ambiant, de raliser un quilibre dans son mode de vie aussi bien physique que psychique, que social.

    Nous retrouvons travers cette ontogense la perspective de Pia- get (1935), concernant l'intelligence pour laquelle l'organisation et l'adaptation apparaissent comme les deux invariants fonctionnels fondamentaux, le premier assurant la conservation de l'organisme, le second assurant les changes avec le milieu partir de deux ples : l'accommodation et l'assimilation.

    Ces conclusions ressortent bien plus des observations cliniques, des considrations thoriques, de l'image des cas pathologiques, des techniques d'exploration de l'image du corps, que des travaux fondamentaux concernant cette tude. C'est l sans doute une lacune combler.

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    PlanA) Les techniques d'exploration de l'image de notre corpsI- L'exploration directeII- L'exploration indirecte

    B) L'image de notre corps physiqueI- Les apports de l'observation clinique comportementaleII- Les apports de l'tude analytique du dessin de l'enfantIII- Les apports de la psychologie exprimentale

    Conclusion Bibliographie