VOLUME 10 NUMÉRO 5 AOÛT/SEPTEMBRE 2017 … · 2017-07-21 · - Un numéro gratuit de Photo...

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LE MAGAZINE QUÉBÉCOIS DE LA PHOTOGRAPHIE

VOLUME 10 NUMÉRO 5 AOÛT/SEPTEMBRE 2017 PHOTOSOLUTION.CA

TEST FUJIFILM X-T20 : UN PETIT QUI EN DONNE BEAUCOUP !

IMPRIMÉ AU CANADA ENVOI DE PUBLICATION NO DE CONVENTION: 40010196 - 171, RUE ST-PAUL, BUREAU 102, QUÉBEC, QC CANADA G1K 3W2

ENTRETIEN AVEC LE PHOTOGRAPHE ROBERT BURLEY

LA PHOTOPOURPROTÉGERLA NATURE+ CONSEILS POUR APPRIVOISER LA PHOTOGRAPHIE CONSERVATIONNISTE

5 TRUCS POUR DES PHOTOS DE VOYAGES PLUS FORTES

CRÉATIVITÉAU SOMMET+ Connaître son rythme+ Apprendre de ses erreurs

DU COEUR ÀL’OUVRAGEMELISSA RENWICKET L’ART DE RACONTERUNE HISTOIRE

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COLLABORATEURS ET ÉQUIPE ÉDITORIALEDAVE BROSHA est passionné par le monde qui l’entoure et la beauté qui l’habite. Établi à l’Île-du-Prince-Édouard, ce photographe canadien, artiste et enseignant s’intéresse tant aux paysages qu’aux portraits, à la photo commerciale et la photo de voyage. davebrosha.com • Après être tombée en amour avec le journalisme à travers Scoop, télésérie sur une salle de presse, LAURENCE BUTET-ROCH, membre du collectif Boreal, est devenue journaliste, photographe et éditrice photo indépendante. lbrphoto.ca • EMMANUELLE CHAMPAGNE a débuté ses études en création littéraire avant de bifurquer vers la comptabilité et l’administration. Elle aime la littérature et les arts sous toutes leurs formes. • Photographe, écrivain et aventurier, DAVID DuCHEMIN se spécialise dans la photographie humanitaire. Ses livres sont traduits dans une douzaine de langues et vendus à travers le monde. davidduchemin.com • SAM EDMONDS est un photographe documentaire et un écologiste travaillant avec des ONGs basées en Asie du Sud, en Antarctique en Europe et au Canada. samedmondsphoto.com • Photographe Fujifilm X, PATRICK LA ROQUE est un conférencier, écrivain et photographe professionnel de Montréal. Il est aussi le fondateur de KAGE COLLECTIVE, un groupe international se spécialisant dans le reportage documentaire. laroquephoto.com • JEAN-FRANÇOIS LANDRY conseille les acheteurs de produits photo de Québec depuis 1989. Il anime également des cours et ateliers techniques. • GUY LANGEVIN gravite autour de l’industrie photographique depuis belle lurette. Il a eu la chance de côtoyer et se lier d’amitié avec des photographes fantastiques provenant des quatre coins du pays. Vous le croiserez rarement sans son appareil photo ou ses souliers de course. guylangevin.net • JENNY MONTGOMERY est metteure en scène, dramaturge et rédactrice. La photographie fait partie de sa vie familiale depuis toujours et elle a fait ses premières expériences argentiques en chambre noire en 1998. • VALÉRIE RACINE fait partie de l’équipe Photo Solution depuis 2002. Elle occupe présentement le rôle d’éditeur et de directrice du marketing. Elle a étudié en arts, en histoire de l’art et en communication en plus d’être une passionnée de photographie.

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SOMMAIRETRIBUNE 4 ÉDITORIAL 8 BRIC-À-BRAC 10 MÉSAVENTURES EN PHOTOGRAPHIE 12 COMMUNAUTÉ 50 PASSEZ AU SALON

IMAGES ET IDÉES INSTANT DE SAGESSE

14 ROBERT BURLEY

SANS CADRE

16 CONNAÎTRE VOTRE RYTHME CRÉATIF PAR DAVID DUCHEMIN

19 LE POUVOIR DE L’INTROSPECTION MELISSA RENWICK ET

L’ART DE RACONTER UNE HISTOIRE

PAR JENNY MONTGOMERY

EXPO

24 COULEUR DOMINANTE

MODE D’EMPLOI 26 POUR NE PAS PERDRE LE NORD LA PHOTOGRAPHIE AU SERVICE

DE LA PRÉSERVATION DES GRANDS ESPACES

PAR SAM EDMONDS

36 NOUS ÉCHOUERONS TIRER DES LEÇONS DE NOS DIFFICULTÉS

PAR PATRICK LA ROQUE

40 5 FAÇONS D’AMÉLIORER SES PHOTOS DE VOYAGE PAR DAVID DUCHEMIN

TEST

44 FUJIFILM X-T20

FAQ

46 UN PETIT Q&R PAR JEAN-FRANÇOIS LANDRY

48 GADGETOMANIE PAR JEAN-FRANÇOIS LANDRY

PHOTO SOLUTION AOÛT/SEPTEMBRE 2017VOLUME 10, NUMÉRO 5

PHOTO DE LAPAGE COUVERTUREDavid DuChemin

LA PHOTOGRAPHIE AU SERVICE DE LA PRÉSERVATION DES GRANDS ESPACESLes changements climatiques ont un impact grandissant sur les régions sauvages du pays. Il est plus que jamais nécessaire de documenter les problématiques qui

en résultent et de les communiquer au grand public.

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5 FAÇONS D’AMÉLIORERSES PHOTOS DE VOYAGE

Voici cinq conseils qui sont bien plus importants que l’appareil que vous utiliserez et qui vous aideront à faire des photographies

de voyage plus convaincantes.

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8 AOÛT/SEPTEMBRE 2017 PHOTOSOLUTION.CA

TRIBUNE BRIC-À-BRAC

RANGS est une publication numérique qui documente la relation de l’auteur avec le territoire rural québécois. Alors que celui-ci subit d’importants bouleversements dus à l’évolution de l’agriculture, les citadins ont tendance à conserver une vision idyllique de la campagne. Plus lucide, l’artiste cherche les repères l’ayant marqué durant son adolescence vécue sur une ferme du Lac-Saint-Jean, mais ne fait que constater l’effritement des fermes laitières familiales au profit d’une agriculture de plus en plus industrielle et démesurée.

L’auteur réussi à transmettre grâce à des images emplies de calme et de mélancolie, son attachement pour une agriculture saine où le fermier travaille en symbiose avec son environnement au lieu de l’exploiter sans vergogne. Un livre d’une douce lenteur qu’on aurait aimé consulter sur papier.goo.gl/yHQmjb

DU 1er au 17 septembre prochain se tiendra à Matane la 5e édition de PHOS, un événement consacré aux divers usages de l’image photographique et médiatique d’aujourd’hui. Il sera possible d’apprécier les œuvres et les réalisations d’une vingtaine d’artistes du milieu des arts visuels, numériques et multidisciplinaires. Des expositions, des installations, des performances numériques, des rencontres et ateliers avec les artistes, des projections de films et un cabaret PHOS animeront la Matanie lors de cet événement. espacephos.net

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CET événement photographique se poursuit jusqu’au 4 septembre. À ne pas manquer : des expositions en salle au Centre d’art de Kamouraska et un parcours photographique extérieur à travers tout le Kamouraska.

CETTE grande exposition d’art public se poursuit jusqu’au 29 octobre sur la rue Sherbrooke pour souligner le 375e anniversaire de Montréal, le 50e anniversaire d’Expo67 et le 150e anniversaire du Canada. Ce projet est conçu et organisé par le Musée des beaux-arts de Montréal, en collaboration avec le Musée McCord et avec le soutien des universités Concordia et McGill, s’installe le long d’un kilomètre sur la rue Sherbrooke et met à l’honneur 67 œuvres véhiculant un message de paix, à l’image des valeurs universelles d’humanisme, de tolérance et d’ouverture qui ont inspiré la réalisation d’Expo67. Quelque 40 photographies de grand format d’artistes montréalais seront également exposées tout au long de l’itinéraire.

LE 19 août 1839, les détails techniques du processus de daguerréotype sont rendus publics par le gouvernement français afin d’en « doter libéralement le monde entier ». Ce procédé obtient un succès immédiat et demeure le plus populaire jusqu’à l’introduction du négatif/positif sur papier, en 1850.

PHOS 2017

LA BALADE POUR LA PAIX

LE COLLÈGE de photographie Marsan profite de son expertise de 40 ans d’enseignement pour offrir une formation en anglais dès le 8 janvier. La première cohorte est pour l’instant limitée à 24 étudiants. Marsan devient ainsi la seule école en Amérique du Nord à offrir son programme à la fois en anglais et en français. Depuis janvier 2017, le collège occupe de nouveaux locaux comprenant des studios éclairés à lumières du jour, des laboratoires numériques entièrement équipés et de nouvelles imprimantes grand format. collegemarsan.qc.ca

MARSAN DANS LALANGUE DE SHAKESPEARE

À LIRE/VOIR SUR PHOTOSOLUTION.CA

LA RENCONTRE PHOTOGRAPHIQUE DU KAMOURASKA

LA DAGUERRÉOTYPIE PASSE AU DOMAINE PUBLIC

MOMENTA – BIENNALE DE L’IMAGE

CAROLINE HAYEUR

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Par Mériol LehmannLivre numérique édité

par l’artiste, 15 $


TRIBUNE


MÉSAVENTURESEN PHOTOGRAPHIE

PAR DAVE BROSHA

Certains photographes de nature vous feraient croire qu’ils parlent aux feuilles, méditent avec les koalas et sont en symbiose avec les rayons de soleil qui se lèvent sur la ligne d’horizon. Je me suis moi-même rendu coupable d’entretenir ce mythe à quelques occasions. Mais ce que ces photographes cachent souvent, c’est la « vraie histoire » qui se trame derrière leurs images. Pourquoi? Eh bien, peut-être que ce serait mauvais pour leur karma. Sinon peut-être ont-ils peur d’avoir l’air moins professionnels ou d’être la risée de la prochaine soirée bien arrosée. Quoi qu’il en soit, je vais de ce pas rompre le silence.

LE SOMMET DE MA CARRIÈRE

J ’ai toujours un petit rituel préparatoire avant une sortie photo. Je ne suis

pas pointilleux, mais je dresse généralement une liste mentale de ce dont j’aurai besoin pour ma destination tout en essayant d’anticiper ce qui pourrait arriver.

J’ai eu l’opportunité de visiter le désert des Pinnacles en Australie-Occidentale. Ce désert est composé d’un ensemble de formations calcaires qu’on pourrait facilement confondre avec une planète éloignée sur laquelle Luke Skywalker s’est posé. J’avais fait mes devoirs et me sentais d’attaque pour ce panorama exceptionnel.

J’avais prévu de rouler pendant une vingtaine de minutes à partir de Cervantes, un petit village de pêcheurs, jusqu’à Pinnacles. Trajet calculé à la perfection bien sûr, pour y être juste avant le coucher du soleil et en profiter. Puis, j’attendrais l’obscurité pour faire de l’astrophotographie.

Trépied : oui. Appareil et objectifs : oui. Intervallomètre : oui. Livre : oui. Lampe frontale : oui. Tout y est. Il est temps d’aller dompter ce coucher de soleil.Je roule dans le parc national de Nambung. Juste de l’autre côté de l’entrée, je suis salué par un kangourou. Parce que, voilà, c’est l’Australie. Je lui présente mon iPhone et déclenche deux ou trois coups comme preuve que, oui, j’ai été accueilli par un kangourou. Il semble lever le nez (snobe-t-il mon iPhone?). Je poursuis ma route, de toute façon, je ne voulais pas lui parler moi non plus. Un coucher de soleil parfait m’attend, M. Kangourou.

Plus tôt dans la journée, j’avais fait le trajet qui fait une boucle autour du désert pour trouver l’endroit parfait où me positionner pour photographier. Pour ce faire, j’avais dû me garer, puis poursuivre à pied.

J’y retourne, donc. Je suis prêt. J’entreprends ma petite marche d’une dizaine de minutes à travers ce désert magnifique C

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EXTRAITS DE NOTRE ENTREVUE AVEC

ROBERT BURLEY

IMAGES ET IDÉES INSTANT DE SAGESSE

L’artiste ontarien Robert Burley utilise la photographie pour explorer les lieux aménagés et la transition entre la ville et la campagne. Ses images agrémentent les collections de plusieurs musées, dont le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée Nicéphore Niépce, le Musée de l’Élysée, le Musée George Eastman et le Centre canadien d’architecture. Il est professeur agrégé à la School of Image Arts de l’Université Ryerson et vient de publier son dernier livre, An Enduring Wilderness: Toronto’s Natural Parklands.

PREMIER APPAREIL?Un Kodak, bien sûr! C’était un Instamatic que j’ai reçu du Toronto Star pour avoir obtenu cinq nouveaux abonnements sur mon parcours de camelot à Picton, en Ontario.

POURQUOI UNE CARRIÈRE EN PHOTOGRAPHIE?Je crois que c’est elle qui m’a choisi. Dès l’adolescence, j’ai toujours aimé la photographie et je n’ai jamais voulu faire autre chose.

EXPÉRIENCE MARQUANTE?En 1989, j’ai eu un appel de David Harris, conservateur du Centre canadien d’architecture à l’époque, me demandant si j’étais intéressé par un projet à long terme avec Lee Friedlander et Geoffrey James. Le résultat, Viewing Olmsted, a été une expérience incroyable qui m’a donné la liberté et le soutien pour développer mon propre travail. En outre, au long des quatre ans qu’a duré le projet, je me suis souvent trouvé en compagnie de Friedlander et James à photographier les parcs Olmsted. Que de petits déjeuners inoubliables au resto à discuter photographie!

PHOTOGRAPHE QUE VOUS ADMIREZ LE PLUS?Je suppose que je suis toujours un moderniste catalan dans

l’âme. Je dirais Eugène Atget. Un siècle après qu’il ait créé ses photographies de Paris et ses environs, elles continuent d’être une source d’inspiration pour moi.

MEILLEUR CONSEIL?La photographie a tellement changé, et de plusieurs façons, que j’hésite à offrir des conseils aux plus jeunes. Cependant, quelle que soit son évolution, l’appareil photo continuera d’être un outil viable pour donner un sens au monde qui vous entoure, utilisez-le!

UNE JOURNÉE NORMALE POUR VOUS?Occupée.

LA CHOSE LA PLUS INATTENDUE DANS VOTRE SAC PHOTO?Insecticide. Mon dernier projet An Enduring Wilderness m’a mené dans les bois, et j’ai rapidement compris que c’était essentiel.

VOTRE TALON D’ACHILLE?Peu importe les efforts ou le temps que j’y consacre, je ne suis jamais satisfait du résultat final.

LÈVE-TÔT OUCOUCHE-TARD?Lève-tôt. J’ai longtemps gagné ma vie avec la photographie d’architecture et beaucoup de mes projets ont sollicité des prises de vues matinales. Dans la ville à l’aube, quand la population dort encore, vous voyez inévitablement les choses d’un autre œil.

EXPÉRIENCE PHOTO LA PLUS ÉTRANGE?Assis dans une camionnette au bord d’une piste de l’aéroport O’hare de Chicago avec le personnel d’entretien à attendre l’arrivée d’un avion de passagers endommagé. Je me sentais comme si j’avais un siège d’avant-première pour une tragédie humaine imminente. Heureusement, tout s’est bien passé.

INSTAGRAM?J’alterne entre fascination profonde et ennui.

Quelle que soit son évolution, l’appareil photo continuera d’être un outil viable pour donner un sens au monde qui vous entoure, utilisez-le!

OUTIL PHOTO ESSENTIEL?Curieusement, c’est mon ordinateur.

PROJETS À VENIR?Je continue de travailler sur un projet à propos de la banlieue. C’est mon prochain livre.

VOTRE RÉACTION FACEÀ LA CRITIQUE?En tant qu’enseignant, je comprends combien il est important de voir son œuvre du point de vue d’autrui. Le

RÉSERVE DE PARK DRIVE, VERS L'OUEST, 2013, ÉPREUVE NUMÉRIQUE, ENCRE À PIGMENTS, NIKON D800. © ROBERT BURLEY

VILLE PRÉFÉRÉEÀ PHOTOGRAPHIER?L’endroit où je vis : Toronto.

LECTURE DU MOMENT?J’ai lu Vision Anew: The Lens and Screen Arts (édité par Charles Traub et Adam Bell). Je le recommande à tous ceux qui tentent de comprendre la photographie et les médias numériques ces jours-ci. Je suis également fan d’auteurs de fiction canadiens. Je viens de terminer Consolation de Michael Redhill et je lis maintenant le nouveau livre de prose et de poésie de Leanne Betasamosake Simpson, This Accident of Being Lost.


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IMAGES ET IDÉES SANS CADRE

Tout ce qui brille n’est pas or. Certaines fois notre appareil photo, loin d’être un allié, nous rappelle combien il est difficile de voir le monde autrement et d’en faire quelque chose qui reflète cette différence.

J’écris cet article alors que je suis à près de 40 000 pieds d’altitude au-dessus

de l’Afghanistan, de retour de deux ateliers de mentorat d’une semaine à Jaipur, capitale du Rajasthan. En observant mon processus créatif et celui de mes participants, j’ai remarqué que, malgré nos personnalités uniques, son évolution est presque identique. C’est une bonne chose parce que l’élan créatif se fait souvent capricieux et les doutes peuvent mener au découragement si on ne tient pas compte d’un contexte plus large. Comprendre ce rythme c’est s’y préparer, le mettre à contribution et l’utiliser pour faire de meilleures photos. Permettez-moi de vous le présenter à travers les expériences vécues avec mes étudiants.

Quand j’arrive quelque part, j’ai la tête pleine d’espoir, d’images à faire, de choses à vivre. La première impression est toujours prometteuse. Puis, appareil à la main, je me mets au travail et rien n’est tel que je l’avais imaginé. Tout est différent, peut-être encore plus dans les lieux déjà visités car j’ai déjà des attentes. Les choses changent. Les gens aussi. Tout comme la lumière, la température et tout le reste. Puis arrive la seconde impression et on réalise que l’anticipation nous a bernés. Rien ne nous aveugle plus que nos propres attentes; en voulant voir le monde tel qu’on le désire on s’empêche de le voir comme il est.

N’importe qui l’ayant vécu sait que cette impression est pénible; on se sent à la merci d’autres forces, incapables de créer. Qu’on ait trop d’idées ou pas assez, dans les deux cas, c’est décourageant. Ce n’est pas d’une inspiration géniale dont on a besoin,

mais d’un point de départ. On trouvera celui-ci en se fixant des contraintes. Choisissez quelque chose. N’importe quoi. À Jaipur, les tuk-tuks sont omniprésents; c’est le principal moyen de transport dans le labyrinthe de rues des anciens quartiers. Ce fut mon point de départ. Je me suis aussi fixé d’autres exigences : mes photos devaient être en noir et blanc et à l’horizontale, prises au grand- angle, le plus près possible du sujet. Une fois ces critères définis, j’ai commencé à travailler.

Si l’inspiration que nous espérons tous existe, elle se présentera lorsque nous serons à la tâche. On y va d’abord à tâtons, puis les idées surgissent. En premier les mauvaises, qui s’amalgament pour en créer de meilleures, jusqu’à ce qu’on tienne quelque chose

de bon, sans être grandiose. L’exceptionnel demande beaucoup plus d’efforts.

Je fais donc énormément d’images brouillons. Ces images ne sont pas de bonnes photos, elle les suggèrent. Il suffit d’un indice, d’une couleur, d’une forme, d’un trait de lumière, d’un moment, ou d’une simple juxtaposition. Puis on fait une autre ébauche, en supprimant le superflu et en isolant les éléments qui nous plaisent. Et encore une autre, d’un peu plus près. On se décourage quand on exige d’une esquisse la qualité d’une image finale. En confondant le processus et le résultat on sabote nos efforts. Peu importe la manière dont les artistes nomment cette étape et quelle que soit leur discipline, elle est essentielle à leur cheminement créatif. Personne n’écrit de roman, de chanson ou de poème sans auparavant avoir réalisé de grossiers brouillons.

Puis on fait des retouches et de nouvelles idées naissent.

Comprendre ce rythme c’est s’y préparer, le mettre à contribution et l’utiliser pour faire de meilleures photos.

RYTHME CRÉATIFCONNAÎTRE VOTRE

PAR DAVID duCHEMIN

Faut-il resserrer ou revoir nos contraintes? Peut-être bien que ce ne sont plus du tout les tuk-tuks qui nous intéressent mais bien leurs conducteurs. Alors on prend une autre direction. C’est souvent en cherchant une chose qu’on en découvre une autre. Soyez donc curieux. Le travail ouvre de nouvelles voies (espoir!), et ces

4 FAÇONS DE COMPRENDRE VOTRE PROCESSUS CRÉATIF

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IMAGES ET IDÉES

L’INTROSPECTIONLE POUVOIR DE

MELISSA RENWICK ET L’ART DE RACONTER UNE HISTOIRELe moins qu’on puisse dire, c’est que la photojournaliste Melissa Renwick a fait parler d’elle au cours des dernières années. En 2015, elle s’installe à Toronto après avoir été embauchée par le Toronto Star. L’Association des photographes de presse du Canada lui décerne ensuite le prix de la photojournaliste de l’année deux fois de suite (2015 et 2016). Elle figure parmi les lauréats du concours des photographes émergents Flash Forward 2016, et la Presse Canadienne, le Globe and Mail, VICE, Getty Images ainsi que Reuters font partie de ses clients.

CANON EOS 6D, 35 MM, F/2.5, 1/320 S, ISO 320. © MELISSA RENWICK

PAR JENNY MONTGOMERY

Cette chaloupe laissée trop loin de la rive est remplie d’eau lorsque l’éleveur arrive au petit matin. Presque tous les jours, il traverse le lac pour nourrir les cochons sauvages jusqu’à ce qu’ils soient prêts pour être vendus au boucher de Viñales, à Cuba.



MODE D’EMPLOI

Les changements climatiques causés par l’activité humaine ont un impact grandissant sur les régions sauvages du pays. Tandis que les températures moyennes augmentent et que les effets négatifs de ce réchauffement sur les écosystèmes nordiques s’intensifient, il est plus que jamais nécessaire de documenter les problématiques qui en résultent et de les communiquer au grand public. Des forêts côtières de la Colombie-Britannique jusqu’aux falaises escarpées des Maritimes, les photographes conservationnistes canadiens travaillent d’arrache-pied à faire connaître les conséquences de la destruction des habitats et de l’extinction de la faune. La photographie peut-elle avoir un réel impact sur les politiques? Donne-t-on assez de soutien à ces photographes et à la diffusion de leur travail? Et, plus important encore, la photographie a-t-elle le pouvoir de sauver nos régions sauvages?

COLOMBIE-BRITANNIQUE : LA SURNATURELLELa plupart des provinces font face à différentes problématiques conservationnistes et toutes ressentent les effets des changements climatiques, mais une récente vague de problèmes écologiques vécus par les habitants de la Colombie-Britannique a suscité d’intenses débats sur la scène politique. Un exemple : le revirement du parti libéral quant à sa politique sur la chasse aux grizzlys dans la forêt pluviale du Grand Ours à l’aube de l’élection provinciale suite aux inquiétudes de la population concernant la protection de l’espèce. Des organismes comme Pacific Wild et Wildlife Defence League ont réussi à galvaniser le vote de la province grâce aux images de grizzlys dans leur habitat naturel et en documentant les pratiques entourant la chasse aux trophées.

April Bencze, une photographe qui s’intéresse à ces problématiques, passe la plupart de son temps au cœur des forêts côtières colombo-britanniques à proximité des ours mêmes qui faisaient l’objet du débat, et encore plus à proximité des loups des côtes, des saumons frayeurs et des immenses conifères. Si l’on se fie à son compte Instagram, Bencze a fait de la forêt sa maison. En fait, elle partage son temps entre la nature et la jungle urbaine de Vancouver où elle met toute son énergie au service de la protection des ours et des loups de la province. Elle travaille présentement pour Raincoast Conservation Foundation afin de mettre fin aux pratiques de chasse au trophée des grizzlys.

Elle s’est fait les dents chez Pacific Wild sous l’égide du photographe conservationniste

Ian McAllister et ses images font maintenant état de la précarité des écosystèmes côtiers de la Colombie-Britannique et des relations complexes entre l’océan, les arbres, les saumons et les habitants. Elle confie que ces régions vivent de nombreuses problématiques. « L’abondance d’histoires issues de cette seule région pouvant être transmises grâce à la photographie est à la fois vivifiante, inspirante et déstabilisante. Tellement de problématiques ont besoin de notre attention et de notre soutien… comme photoreporter je dois choisir celles qui seront mises en valeur. J’imagine que je me sens un peu comme une urgentologue dans une salle de triage où tous les patients sont prioritaires. Ceci dit, la protection du saumon sauvage est particulièrement importante pour moi parce que cet animal est ce qui relie toute la mosaïque vivante de la région, incluant ma propre espèce. »

Bencze a travaillé sur la chasse au trophée, mais aussi sur l’abattage annuel des loups. Selon elle, la photographie a permis de souligner ce qui est inacceptable éthiquement, scientifiquement et économiquement dans la chasse aux grizzlys et a réussi à rallier les points de vue sur la problématique à l’échelle provinciale. C’est la capacité de la photographie à engager un grand auditoire qui lui a permis de réussir puisque le message passe toujours mieux avec un

LA PHOTOGRAPHIE AU SERVICE DE LA PRÉSERVATION DES GRANDS ESPACES

POUR NE PAS PERDRE

LE NORD

Et, plus important encore, la photographie a-t-elle le pouvoir de sauver nos régions sauvages?

PAR SAM EDMONDS

Salmon Falls, au cœur de la forêt pluviale du Grand Ours, en C.-B.



MODE D’EMPLOI

NIKON D7100, 420 MM, F/4, 1/400 S, ISO 250. © APRIL BENCZE / APRILBENCZEWILDLIFE.COM


AOÛT/SEPTEMBRE 2017 PHOTOSOLUTION.CA 45

MODE D’EMPLOI

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bas, une ergonomie plus serrée (petitesse du boîtier oblige), un boîtier non tropicalisé, une plus petite mémoire tampon, un seul emplacement de carte mémoire, une cadence légèrement moins rapide et moins de possibilités de personnalisation de l’autofocus. Toutefois, il incorpore quelques fonctions qui ne sont pas présentes sur le X-T2 comme le flash intégré et l’écran tactile.

Le X-T20 se vend pour près de la moitié du prix du X-T2. Il devient donc extrêmement séduisant pour qui n’a pas besoin de la puissance et de la robustesse du modèle phare de la marque. Il est facile d’utilisation et produit des images d’une qualité digne d’un appareil professionnel, mais dans un boîtier beaucoup plus petit et léger.

AWARDS 2017



MODE D’EMPLOI

Il se croyait invincible. Il connaissait les mots, les intonations, la mélodie et le rythme. Il avait le regard perçant et pouvait livrer la marchandise avec l’arrogance d’une rockstar : indompté et sûr de lui. Jusqu’à la chute. Et là, il a constaté qu’il ne pouvait plus parler.

L’idée était de démystifier notre travail et de montrer la réalité derrière le vernis. Il a fait marche arrière. « Les clients veulent des héros », a-t-il admis plus tard. « Ils ne veulent pas d’un photographe de mode fragile... » Il avait probablement raison, et finalement, l’instinct de survie l’a emporté.

Cette simulation incessante du succès, cet amour de nous-mêmes que nous nous efforçons de projeter en ligne, a des effets bien plus pervers qu’on ne le croit. Elle implique que l’échec est inacceptable. J’aimerais apposer mon veto et dire que l’échec est, plutôt, essentiel.

CONSÉQUENCESIl y a longtemps, j’ai fait une séance photo avec un couple que j’ai absolument détestée. J’ai fait le travail mécaniquement et passé quelques heures à photographier sans être le moindrement inspiré. À la fin, les clients étaient satisfaits du résultat, mais le mal était fait. Je ne pouvais pas me sortir de la tête que j’avais complètement échoué parce que je savais que j’aurais pu faire mieux et que j’avais laissé tout le monde tomber. Je me suis alors

Lorsque nous échouons, une part de nous est altérée. Notre voix intérieure

devient confuse à mesure que la confiance s’effrite et que le doute s’installe. Déstabilisés, les balises que nous avions soigneusement érigées sont soudainement remises en question. Le réflexe est de soit s’éclipser, soit réagir obstinément. Dans les deux cas, nous nous égarons.

On parle peu d’échec, car la société aime les gagnants. Sur les réseaux sociaux, tout le monde est fantastique : un citoyen modèle avec la famille parfaite, un partenaire parfait et un travail parfait. Les photographes? Nous avons les meilleurs clients et les meilleurs mandats. Nous franchissons les obstacles avec la grâce d’une ballerine. Tout. Va. Bien. Vraiment?

Il y a quelque temps, un ami photographe m’a parlé d’un projet qu’il voulait réaliser : une série vidéo basée sur le concept d’une séance de thérapie. Chaque semaine, il s’allongerait sur un canapé et exprimerait tout ce qui lui passerait par la tête : peurs, angoisses et joies; dans le style Woody Allen période Annie Hall.

ACCEPTER LES DIFFICULTÉS ET EN TIRER DES LEÇONS

NOUSÉCHOUERONS

PAR PATRICK LA ROQUE

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MODE D’EMPLOI

5duChemin, ça ne s’invente pas! Je suis né de parents militaires et j’ai eu mon premier passeport lorsque j’avais seulement quelques mois. Bourlinguer était de mise pour moi. J’adore la façon dont les voyages ouvrent les yeux, les cœurs et les esprits. Ils nous procurent des expériences inédites, nous aident à sortir de notre zone de confort et nous permettent de découvrir non seulement le monde, mais aussi nous-mêmes. Voyager avec un appareil photo est ma passion depuis 12 ans. Au fil du temps, ma manière de faire a changé : j’ai appris d’importantes leçons et mon travail est devenu plus fort et plus authentique. Du moins, c’est mon souhait. Voici cinq conseils qui sont, à mes yeux, bien plus importants que l’appareil que vous utiliserez et qui vous aideront à faire des photographies plus convaincantes de ce monde étonnant.

FAÇONS D’AMÉLIORER SES PHOTOS DE VOYAGE

PAR DAVID DUCHEMIN

ALLER AU-DELÀ DE LA TECHNIQUE

PRENDRE chaque jour le temps de télécharger et d’étudier ses images permet de mieux connaître son propre travail. Je ne voyage pas pour passer mon temps à regarder mes photos, et je ne fais pas beaucoup de post-traitement pendant que je suis en déplacement. Je préfère m’asseoir dans un bar à vin ou faire encore plus de photos. Mais se réserver quelques minutes chaque jour pour prendre conscience de ce qu’on fait, même sans télécharger les images, est bénéfique. Lorsque nous sommes en train de photographier, les choses se déroulent dans une bulle et nous devons nous concentrer sur le moment. Permettre ensuite à notre travail de nous parler peut améliorer les photographies de demain, nous donner un aperçu de ce qui nous a échappé ou suggérer de nouvelles orientations. Lorsque je suis pressé par le temps, j’utilise la fonction de transfert Wi-Fi sur mes appareils pour envoyer quelques images sur mon téléphone où je peux les jauger un peu plus facilement, peut-être les convertir en noir et blanc, et les ajouter à une collection avec Lightroom Mobile. Lorsque je travaille sur une série, par exemple, je peux voir le travail se construire, identifier les faiblesses et dénicher de nouvelles avenues. Ce recul me pousse vers l’avant; ou parfois en arrière quand je sais que j’ai raté mon coup. Si on attend d’être à la maison avant de regarder et de réagir à son travail, il n’est pas possible d’apprendre et de changer de direction pendant que nous sommes sur les lieux. C’est une habitude qui permet également d’éviter les problèmes techniques. Récemment, j’ai remarqué une égratignure sur mon objectif justement parce que je regardais mon travail sur place. Je l’ai vue, bien en évidence, sur les images. J’ai ainsi pu changer ma manière de photographier pour ne pas rentrer à la maison avec un énorme artefact flottant au milieu de chaque image.

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engagement envers la nature, indépendamment de leur approche. « Notre communauté est très rapprochée à cause de la qualité des gens qui la compose, » commente Osborne. « L’appareil photo n’est qu’un outil. Privez-en Ian McAllister ou Paul Nicklen et je suis convaincu qu’ils demeureront des vecteurs de changement. » L’idée derrière ce type de photographie et qu’elle devienne éventuellement inutile. Ainsi, il y a peut-être de la lumière au bout du tunnel à la fois pour les photographes conservationnistes et pour nos écosystèmes grâce à une bande de passionnés qui travaillent avec acharnement afin de faire passer la défense de l’environnement en premier et leur carrière en deuxième.

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VOLUME 10 NUMÉRO 5 AOÛT/SEPTEMBRE 2017 … · 2017-07-21 · - Un numéro gratuit de Photo...

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