Université de Poitiers – UFR Sciences Humaines et Art

Master II information et communication Spécialité Web éditorial

Que Cherche Google ?

Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services de Google .

Julien Girardin-Stika Sous la direction de Yannis Delmas

Septembre 2009

« Innover, ce n'est pas avoir une nouvelle idée, mais arrêter d'avoir une vieille idée ».

Hedwin Herbert Land

Je remercie vivement Yannis Delmas pour son attention et

ses conseils. Mes remerciements vont aussi à ma femme et à ma fille pour

leur patience. Je remercie enfin ma famille

et mes amis pour leur soutien.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

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Quand deux jeunes gens qui n’ont pas encore terminé leurs études inventent un

concept révolutionnaire, nous sommes plongés dans le rêve américain. Par leur travail, leur

ténacité et leur volonté, deux étudiants de l’Université de Stanford inventent un nouveau

moteur de recherche et bâtissent une fortune colossale. Larry Page et Sergei Brin sont de ces

hommes qui ont changé les habitudes culturelles d’une grande partie de l’humanité. Si cela

peut sembler excessif, voire exagérément dithyrambique, il faut reconnaître que Google a su

apporter aux générations actuelles une nouvelle façon de s’informer et de communiquer. Nul

n’oserait honnêtement affirmer que Google n’est qu’un épiphénomène qui ne mérite pas que

l’on réfléchisse à ce qui a pu faire son succès et sa puissance. L’entreprise a connu des

bénéfices importants, une évolution rapide de ses services et une ascension en matière de

fréquentation pour le moins surprenante. Ils ont su, au moment opportun, proposer un moteur

de recherche très efficace, offrant ainsi à l’internaute un outil adapté à leurs besoins.

Aujourd’hui, Google est utilisé pour la moindre requête. Près de 90 % des internautes

utilisaient Google Search en avril 20091

1 Voir schéma suivant. AT Internet, société d’analyse de fréquentation du web, Baromètre des moteurs :

(89,83 %, selon une étude d’AT Internet Institute),

contre 2,86 % pour le principal concurrent Live Search.

http://www.atinternet-institute.com/fr-fr/barometre-des-moteurs/barometre-des-moteurs-avril-2009/index-1-1-6-170.html

Introduction

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

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Ces chiffres très éloquents montrent l’importance de Google dans ce domaine. Que l’on soit

un partisan ou que l’on abhorre Google, il faut voir dans cette invention un objet

révolutionnaire sur plusieurs plans.

En premier lieu, Google est le moteur de recherche le plus prisé et le plus apprécié. Si

ce moteur de recherche connaît un tel succès, c’est avant tout parce qu’il offre ce que nul

autre avant lui ne pouvait donner à l’internaute. La recherche s’effectue directement, sans

passer par une multitude de portails, sans être polluée par d’innombrables publicités et,

surtout, en offrant un ensemble de résultats pertinents.

Google n’est pas seulement un moteur de recherche. Qu’il s’agisse de géolocalisation,

de boîtes aux lettres électroniques, d’assistance à la création de sites web ou d’exploration

lunaire, il existe une myriade d’applications estampillées Google. Ces applications par leur

originalité, leur excellence ou leur aspect ludique ont su conquérir un large public. Un certain

nombre d’entre elles est considéré comme des références dans leur domaine. Gmail est, entre

autres, devenu un incontournable, tout comme Youtube ou Google Maps.

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Cette profusion de produits est issue d’une gestion particulière du personnel et un

management très singulier. Au-delà des massages, des vélos et des repas gratuits pour

l’ensemble des membres de Google, il y a une véritable volonté d’innovation. Ainsi, un temps

de travail est réservé aux créations personnelles qui donneront naissance à certains produits

importants. Si Google est une véritable « usine à innovations » c’est aussi en raison d’une

méthode de management hors-norme. Entre autres règles, Google s’impose de ne recruter que

les meilleurs, d’automatiser les relations commerciales ou encore de travailler en petites

équipes. Cette méthode, qui n’est pas absolument unique dans le monde de l’entreprise, a su

porter des fruits.

Nous avons là un portrait quasi angélique de Google. Google a, comme toute

entreprise, ses faiblesses, ses défauts. Ce parangon de la communication n’est pourtant pas si

transparent et alimente avec minutie le secret et le mystère autour de ses produits et de ses

activités. Le mystère alimente la rumeur et la rumeur engendre l’intérêt. C’est ce que l’on

nomme en langage moderne « alimenter le buzz ». Des effets d’annonces, une forme de

désinvolture apparente : il existe une image (2

2Il s’agit en effet d’une image qui représente la réalité mais qui ne la reproduit pas fidèlement. On pourrait encore rapprocher cette idée du terme traduit en français par fantasme, c'est-à-dire projection de nos désirs.

) de Google. Quelle est la part de

la réalité dans la conscience collective ? Que savons-nous réellement de ce géant du web si ce

n’est des « on-dit » ? L’utilisateur lambda, celui qui cherche des informations, qui consulte

son courrier électronique, qui s’inscrit à divers services et utilise des services Google, sait-il à

qui il s’adresse ? Lorsque l’on est utilisateur privé, l’importance, sans être nulle, est moindre

par rapport à une entreprise qui souhaite utiliser les capacités de Google. Aujourd’hui Google

entend s’adresser aussi bien aux personnes qu’aux entreprises. Ainsi, avant de vouloir

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travailler avec ces outils, il importe aux entreprises de bien connaître cette société. Or, en

mettant un terme à la phase d’évaluation des services de Gmail, Google Agenda, Docs, Talk

et Google Video for Business, il semble que Google cherche à transformer son image de

marque. La désinvolture apparente qui était jusqu’alors le fer de lance de Google dessert la

marque aux yeux des entreprises. Il fallait faire en sorte que l’entreprise Google Inc. gagne en

sérieux et en professionnalisme. En mettant un terme à la longue phase bêta de ses

applications, Google entend rassurer les professionnels.

Pour comprendre le présent, il convient de mettre en avant des éléments de l’histoire

de Google pour mieux en saisir la portée. S’il y a eu une « révolution Google », c’est avant

tout parce qu’il y a eu un ensemble d’éléments qui ont favorisé l’ascension de cette jeune

entreprise. Dans un premier temps, nous étudierons ce qui a permis à Google d’asseoir sa

notoriété et d’étendre ses domaines d’application.

Une seconde partie développera une analyse des méthodes de managements propres à

Google Inc. Il convient en effet de bien voir ce qui fait l’originalité de Google, qu’il s’agisse

de l’organisation de la firme ou de la gestion du personnel en passant par la culture

d’entreprise. C’est ici qu’il convient de faire la lumière sur la réalité des choses. Du système

de tarification par enchères (Google Adword) à l’automatisation de la gestion commerciale,

des entretiens d’embauches aux prévisions de départs, Google a ajouté à la révolution

culturelle la révolution du management.

Une troisième partie, enfin, évoquera un ensemble de polémiques autour de Google

qui connaît, par périodes, des remises en cause et des critiques assez violentes de toutes parts.

Au même titre que Microsoft, qui jusqu’à l’apparition de ses concurrents sérieux faisait la

pluie et le beau temps sur le monde de l’informatique, Google a une place dominante sur le

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web. Cette présence forte n’est pas sans comporter certains risques. Car si Microsoft, dans la

culture informatique, connaît une baisse de confiance, l’utilisateur hésite encore à se tourner

uniquement vers Google, de peur de tomber de Charybde en Scylla.

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Une histoire de Google

Si l’Histoire ne se répète pas, elle connaît parfois des bégaiements. Tout commence

lorsque deux amis s’associent et fondent une société avec peu de moyens. Cette dernière

prospère pour devenir un leader dans son domaine. Il pourrait s’agir de Hewlett-Packard,

fondée par William Hewlett et David Packard dans un garage de Palo Alto en Californie avec

seulement 585 $. Cela pourrait être l’histoire de Bill Gates et de son ami Paul Allen qui

fondent Microsoft alors que les deux jeunes gens n’ont pas achevé leurs études. Ce pourrait

être la société Sun Microsystems fondée par quatre étudiants de l’Université de Stanford. Il

s’agit en fait de Google. Sergei Brin et Larry Page, deux étudiants de Stanford, depuis un

garage à Menlo Park, sans apport financier, inventent un moteur de recherche de nouvelle

génération.

Google naît d’un constat : il n’existe pas de méthode de recherche sur le web qui apporte une

pleine et entière satisfaction. Dans son livre Google Story, David Vise retranscrit le discours

de Page devant des étudiants : « Nous ne savions pas exactement ce que nous voulions faire.

J’avais l’idée insensée que j’allais télécharger tout le web sur mon ordinateur. Je pensais que

cela ne prendrait qu’une semaine, mais au bout d’un an, je n’avais qu’une petite partie.3

3 VISE, David ; MALSEED, Mark. Google Story, page 11.

»

L’origine de BackRub, projet initial qui donne naissance à Google, est floue, sans but

absolument défini. Il y a seulement en filigrane l’idée d’organiser le web, d’embrasser

l’ensemble des sites qui le composent. Google, le moteur de recherche commence cependant à

prendre forme dans l’esprit des inventeurs. Dès le début de leurs recherches, les étudiants se

heurtent à un problème financier et technique. Ils manquent cruellement de matériel et

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d’argent. Un courrier de Larry Page daté du 15 juillet 1996 fait écho de ces difficultés, mais

aussi de l’excitation du créateur. « Je n’ai pratiquement plus d’espace disque. J’ai déjà

téléchargé presque… 24 millions d’URL et 100 millions de liens. Je crois qu’il me faudrait 8

gigas de plus pour stocker… le cours actuel tourne autour des 1 000 dollars pour 4 Go… je

n’ai rapatrié que 15 % des pages, mais ça me parait très prometteur.4 » Aujourd’hui, Google

affirme indexer 40 milliards de pages sur 1 000 milliards existantes5. Cette méthode

d’enregistrement des pages du web leur vaudra par ailleurs des remontrances de l’Université

qui avait reçu une quantité de courriers se plaignant de telles pratiques.6

Connaître le passé est une manière de s’en libérer

Aujourd'hui, les gens

se battent pour être indexés par Google.

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Google est connu pour avoir révolutionné la recherche sur le web. Il ne l’a cependant

pas inventé. Le premier moteur de recherche, ARCHIE, considéré comme tel fut créé en 1990

à l’Université McGill de Montréal, suivi, en 1991 de Gopher. Il s’agit d’un protocole Internet

mis au point par l'université du Minnesota pour la consultation d'informations organisées sous

la forme d'une arborescence de menus hiérarchiques. Avec le développement du web se

multiplient les tentatives d’organiser, de classer et distribuer l’information. 1993 voit la

naissance des spiders, logiciels chargés de sillonner le web. En 1994 Yahoo est créé, devenant

le portail le plus utilisé par les internautes. Viennent ensuite, en 1995 les moteurs Lycos et

Excite. AltaVista, créé par Louis Monnier, qui offre un moteur de recherche aux multiples

fonctionnalités (recherche par langue par exemple). Un moteur de recherche se compose de

4 John Battelle, La révolution Google, page 66. 5 Chiffres donnés sur le site Abondance.com : http://actu.abondance.com/2008/07/mille-milliards-de-pages-web-selon.html 6 Pour plus de renseignements, lire les pages 66 et 67 de La révolution Google, de J. Battle. 7 Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique.

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trois éléments fondamentaux : le robot d’indexation, ou crawler, rapatrie toutes les pages web

qu’il trouve ; l’index, immense base de données contient les informations (ou méta données)

collectées par le crawler. Le serveur de requête, enfin, est un logiciel qui transmet la requête

vers l’index et qui retourne les réponses à l’interface de l’utilisateur8

Cette période de l’histoire du web fut riche en rebondissements. Des sociétés

deviennent rapidement célèbres et le temps est à l’innovation. Chacun veut créer l’outil dont

rêve tout internaute : celui qui exécuté la demande précise, celui qui trouve ce qu’on lui

demande.

. Monnier parvient à

stocker l’intégralité des pages web sur un seul ordinateur. À cette époque, le web compte

moins d’un million de pages. Après le rachat d’AltaVista par Compaq, en 1998, le moteur de

recherche, qui est le site le plus parcouru du web est affublé d’un nombre significatif de

services. AltaVista est devenu un portail, avec ses services de courrier électronique, son

annuaire, ses comparatifs de prix et de nombreuses bannières publicitaires. Une tentative de

retour à la source est faite par Monnier, après l’éclatement de la bulle Internet en 2000 et le

rachat d’AltaVista par diverses sociétés. Il est trop tard, AltaVista est dépassé.

Lycos présentait l’originalité de classer les liens menant vers un site web pour affiner

la recherche et obtenir plus de pertinence dans les résultats. Autre originalité, Lycos en plus

du titre, affichait un résumé des pages web dans ses résultats. Bien qu’il soit devenu le site le

plus populaire très rapidement, Lycos a connu le même écueil qu’AltaVista. Revendue à Tera,

une société espagnole de télécommunication, la société est rachetée quelque temps plus tard

par une entreprise sud-coréenne avant d’être quelque peu oubliée (bien que le site Lycos

figure encore dans les 20 sites les plus fréquentés).

8 Voir annexe 1, le fonctionnement d'un moteur de recherche.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

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Il n’y a point de génie sans un grain de folie 9

Si la prise de risque participe à la réussite d’une entreprise, Google aura été un modèle

du genre. En créant ce moteur de recherche d’apparence simple dans une période où règne la

frénésie du portail, Google marque sa volonté de rupture totale avec les schémas classiques.

Nous sommes à la fin des années 90. Le web balbutie tranquillement à quelque 56 kb/s

et la toile est constellée d’outils de recherche. L’un de ces outils qui eut un franc succès fut le

portail. En principe il s’agit d’un site web qui offre une entrée unique vers des services variés

(messagerie électronique, forum de discussion, actualités, annuaire de sites…) Sans faire le

procès de ce mode d’information, il faut reconnaître que dans cet ensemble d’outils règne un

véritable chaos. L’internaute est submergé par l’information, il doit se débattre dans ce fatras

parsemé de publicités criardes et encombrantes. Si nous trouvons aujourd’hui ce mode de

recherche laborieux, c’est principalement à cause (ou grâce, selon notre état d’esprit) de

Google. Les portails fleurissaient alors sans problème et, après tout, l’internaute ne

connaissait rien d’autre. C’est la grande époque de Yahoo et de son concurrent direct

AltaVista. Yahoo est, lors de sa création, un annuaire web. Il ne s’agit pas encore réellement

d’un portail. L’annuaire web est un système de classement thématique des sites. La

présentation prend la forme d’une arborescence : le premier niveau apparaît nettement, suivi

des sous-niveaux, comme le montre la figure 1.

9 Aristote, Poétique.

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Figure 1 : la page d’accueil de Yahoo en 1998.

Le but avoué d’un portail web : faire en sorte que l’internaute reste présent le maximum de

temps. Pour cela, il faut proposer de nombreux services et offrir une information luxuriante.

La publicité très présente doit être visible, voire même agressive visuellement. Pendant

longtemps, les seuls revenus des annuaires de recherche comme Yahoo ou Excite provenaient

de l'affichage de bandeaux publicitaires. Ils enregistraient, en effet, un trafic élevé car chaque

internaute se connectait (et se connecte encore du reste) plusieurs fois par mois sur ces outils.

Malheureusement, les visiteurs ne consultaient que deux ou trois pages en moyenne à chaque

visite. Ceci ne permettait d'afficher que deux ou trois bandeaux publicitaires, ce qui

correspondait à des revenus publicitaires de 50 à 60 centimes. Les outils de recherche tentent

donc de multiplier les services pour inciter les visiteurs à rester plus longtemps et à visualiser

davantage de pages pour générer plus de revenus publicitaires. La diffusion des dépêches

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d'agences comme l'AFP ou Reuters est l'un des premiers services offerts, bientôt suivi par un

service d'informations boursières, d'informations sportives. D'autres services de recherche

viennent s'intégrer au service de base : Yahoo, annuaire de sites web se dote d'un moteur de

recherche en texte intégral (par un premier partenariat avec AltaVista) et d'un service de pages

jaunes, rachète un annuaire d'adresse e-mail, offre des e-mails gratuits.

C’est dans ce contexte que naît Google. Est-ce de l’audace ou de la folie ? Les deux

notions sont très proches. Brin et Page proposent un moteur de recherche où n’apparaît

aucune publicité et qui ne fait rien pour retenir les internautes. Pire encore pourrait-on dire,

Google chasse rapidement son utilisateur vers d’autres sites. Cette idée paraît insensée. C’est

à peu près ce que Page et Brin ont entendu lorsqu’ils voulurent vendre une licence de ce

produit aux sociétés les plus influentes du moment. Face au refus, et avec des apports

financiers de leur famille et d'Andy Bechtolsheim, un des fondateurs de Sun Macrosystem, le

nom de domaine est enregistré le 15 septembre 1997, date retenue comme la naissance de

Google. Dans ce paysage de portails et d'écrans bigarrés de publicités, Google semble être une

divagation et la page d’accueil en est le reflet (voir figure 2).

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Figure 2 : la page d’accueil de Google en 1998.

Il n’y a aucune information, seul le moteur de recherche est mis en évidence. Tout est centré

sur la recherche d’informations. Seuls les renseignements concernant l’entreprise apparaissent

en liens. Contrairement aux portails qui pour survivre doivent se moderniser et évoluer avec la

technologie, Google présente toujours ce même contraste. Bien que la page se soit un peu

étoffée, il reste un esprit de grande simplicité, de pauvreté visuelle évidente. L’objectif est

toujours le même, les moyens mis en œuvre aussi (voir figure 3). Il n’y a, en effet, aucune

publicité, aucune image ou vidéo qui ne puisse détourner l’internaute de son but : trouver

l’information le plus rapidement possible. Pas d’ornements ni de présentation spectaculaire,

pas d’animation ni de débauche technologique : l’internaute ne vient pas pour cela. Il veut de

l’information, la meilleure possible et dans un temps réduit : Google va lui donner.

Figure 3 : la page d’accueil de Google en 2009.

En peu de temps Google prend de l’importance. Le bouche-à-oreille fonctionne bien. En

février 1999 ce sont 500 000 requêtes qui sont traitées chaque jour et 3 millions en août de la

même année. Avez-vous vu ne serait-ce que l’ombre d’une campagne de publicité pour

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Google ? Avez-vous vu un spot télévisé ou un affichage dans le métro ? Google ne fait pas

partie de ces entreprises qui, une fois un capital assuré, se lancent dans une campagne de

communication effrénée. Il n’existe que très peu de publicité autour de Google. La véritable

source du succès, ce qui fait connaître Google, ce sont les produits, le bouche-à-oreille, des

coups médiatiques et un certain goût pour les scandales. La gestion de la communication est

une arme efficace que la société Google sait exploiter.

Du succès les mortels ne se rassasient jamais

Google n’est pas qu’un moteur de recherche. Il s’agit d’une pléiade d’applications. Du

tableur à la géolocalisation, Google prend le pari de réussir dans tous les champs d’application

du web. Il existe à ce jour plus de 150 applications appartenant à Google. Toutes ne sont pas

des créations spécifiques de l’entreprise. Google a acheté des sociétés, s’appropriant par là

même leurs produits. L’exemple de Youtube est certainement le plus connu à ce jour.

La révolution Google part d’un algorithme. Nommée PageRank, cette formule a été

l’origine du succès de Google. Qu'est-ce que le PageRank ? La formule est la suivante :

PR(A) = (1-d) + d (PR(T1)/C (T1) +... + PR (Tn)/C (Tn)).

PR(A) le PageRank de la page A

PR (Tn) le PageRank de la page Tn

C (Tn) le nombre de liens émis sur la page Tn

d tous les « votes » sont additionnés, mais pour en limiter l’importance, le total est

multiplié par ce coefficient d’amortissement (0.85)

1 – d Un petit peu de « magie mathématique » qui permet de garantir que la moyenne

des PageRank de l’ensemble des pages du Web sera de 1.

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En simplifiant, par un schéma on obtient quelque chose qui ressemble à ceci :

De nombreux petits sites internet (les smileys verts) font des liens vers le smiley bleu,

ce qui en fait un site moyen.

Le smiley bleu fait un lien vers un des smileys verts, ce qui en fait un petit site un peu

plus important que les autres.

Le smiley jaune est le site le plus important, car il est pointé par :

3 petits smileys verts

2 smileys rouges assez importants

1 grand smiley bleu

On remarquera au passage que le seul lien qui sort du grand smiley jaune va vers un smiley

rouge et que de fait celui-ci devient moyen. Cette façon de calculer entraîne une conséquence

directe : il vaut mieux avoir un lien depuis un site ayant un PageRank important qu’une

multitude de sites ayant un faible PageRank. Cependant, de multiples facteurs rentrent encore

en compte pour obtenir un bon référencement des pages sur Google. Aujourd’hui, Google

modifie encore son algorithme qu’il appellera Caffeine. Cette nouvelle mouture du moteur de

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recherche Google intervient après l’annonce de Microsoft qui va remplacer le moteur de

recherche de Yahoo par son propre moteur10

Google annonce un certain nombre de fonctionnalités à propos de Gmail (cf.

.

Parmi le florilège d’application, Gmail, ou Google Mail apparaît comme un produit

innovant. Annoncée le 1er avril 2004, l’arrivée de Gmail sur le marché ne fut pas prise au

sérieux. Illustration de l’esprit Google, l’annonce met en évidence la considération qu’avait le

public quant au sérieux de la firme de Montain View. Par ailleurs, Google nous a habitués à

ses canulars du 1er avril, allant de la boisson Google au WiFi de toilettes gratuit. Il s’agissait,

en agissant de la sorte, de créer le buzz autour de Google Mail. Il faut dire qu’à l’époque de ce

lancement, il était inconcevable que Google propose 1 Go de stockage par compte. Par

prudence, Gmail n’était alors accessible que par invitation. La force de Gmail tient à deux

piliers : une interface claire et puissante utilisant la technologie AJAX et un espace de

sauvegarde démesuré en évolution constante. Ce qui peut prendre l’apparence d’un gadget

(modification du thème, chat…) veut avant tout séduire les professionnels. Google propose

grâce à cette application un ensemble de fonctionnalités particulièrement attrayantes.

annexe 2). Ces fonctionnalités énumérées par Google tendent à montrer la grande souplesse et

la puissance technique de cet outil. Par ailleurs, depuis le 7 juillet 2009, Google a annoncé la

fin du statut bêta pour Gmail, donnant ainsi à ce service un caractère plus sérieux et plus

prestigieux. Associé à Google Agenda, Gmail fait partie d’une solution pour les entreprises.

Elles peuvent disposer d’une boîte aux lettres électronique avec leur propre nom de domaine.

Chaque employé peut avoir une adresse de type « employe@mon-entreprise.com ». Si cette

10 Voir article du Monde du 11/08/09 : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/08/11/google-peaufine-caffeine-son-nouveau-moteur-de-recherche_1227763_651865.html

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possibilité n’est pas une grande révolution, elle montre la volonté de Google d’investir le

monde de l’entreprise.

Est-ce seulement par cet artifice que Google compte séduire les entreprises ? Google

dispose de produits qui sont particulièrement adaptés pour les professionnels. Il ne s’agit plus

des simples applications au sens le plus commun du terme. Les mashups ont fait leur

apparition dans le paysage du web. Qu’est-ce qu’un mashup ? Daniel Picciotto, directeur

technique de Twinsoft (société spécialisée dans le domaine de mashups) donne cette

définition : « Un mashup désigne une application qui combine dans une seule interface web

plusieurs portions d'applications internes (CRM, ERP, développements maison...) et des

données externes (annuaires, contrôle de solvabilité, etc.). L'intérêt est de pouvoir créer de

nouvelles applications sans avoir à développer à nouveau des fonctionnalités spécifiques, car

on réutilise les fonctionnalités existantes dans ces applications. » Autrement dit, il s’agit de

créer une application combinant plusieurs applications. Ainsi, Fedex, un transporteur permet à

des sites marchands d’afficher sur leurs propres sites l’état d’avancement des livraisons. Cette

technologie de pointe est très actuelle et commence à progresser en termes d’utilisateurs

professionnels. Google propose ainsi un certain nombre d’API (API est l'abréviation anglaise

d'Application Programming Interface (interface de programmation d'applications). L’API est

une interface permettant d'accéder aux services d'une application depuis un langage de

programmation (et non pas à travers une interface utilisateur traditionnelle). Cela induit que

l’utilisateur est habitué au langage de programmation.

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Google Maps est certainement le plus connu. Sur les sites commerciaux, de plus en

plus de cartes font leur apparition11. Pour comprendre le fonctionnement, il convient de

prendre un exemple. Lorsque vous cherchez une station de velib’ à Paris, il vous suffit de

vous rendre sur le site www.unvelovite.com. Là vous trouverez une carte de ce type :

Vous pouvez ainsi afficher les bornes velib sur un plan, indiquer le nombre de bornes, le

nombre de vélos disponibles… Le client évite un déplacement inutile si aucun vélo n’est

disponible, il peut savoir où se trouvent les vélos disponibles les plus proches de chez lui…

11 Exemples de sites : relais et châteaux : http://www.relaischateaux.com/fr/ , Visoterra, site communautaire qui vous guide dans la préparation de voyages : http://www.visoterra.com/

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Ici, un site d’aide à la prise en main de Google Maps API vous apprend à mettre un moteur de

recherche interne. En tapant par exemple le mot « hôtel », j’obtiens des noms et références

d’hôtels :

Mais je peux tout aussi bien mettre le mot « boulangerie » ou bien encore mon nom de famille

(et mes coordonnées apparaîtront si je suis enregistré dans la base de données de Google).

Les possibilités sont très variées. Les professionnels peuvent véritablement tirer un avantage

en utilisant ce genre d’applications. Ainsi, Google propose aujourd’hui l’API AdWord. Selon

Google, cette Api permet :

« L'API AdWords est extrêmement flexible et fonctionnelle. Elle vous donne la possibilité de

développer de nouvelles méthodes innovantes pour exploiter AdWords. Voici quelques

exemples d'utilisation :

Création et gestion de campagnes, groupes d'annonces, mots clés et textes d'annonce (creatives)

Obtention d'estimations concernant le trafic et vos performances

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Consultation du nombre de clics, du taux de clics et de la position moyenne de vos annonces

Extraction de rapports sur les performances de votre compte Consultation et modification de vos informations de connexion et de vos préférences

en matière de diffusion sur les sites partenaires Consultation d'informations sur les principes d'utilisation de l'API Création et personnalisation automatique de mots clés, de textes d'annonce et de

rapports sur les URL Intégration de données AdWords dans des bases de données (système d'inventaire, par

exemple) Développement d'outils et d'applications permettant d'optimiser la gestion des

comptes 12

Il est bien sûr nécessaire de comprendre que ces applications demandent des compétences

techniques. Il s’agit, rappelons-le d’un ensemble d’outils destinés aux développeurs.

»

Quel intérêt y a-t-il à utiliser des mashups pour les entreprises ? Les enjeux sont en fait

assez importants pour que Google s’y intéresse de plus près. De nombreuses entreprises

veulent en effet des applications sur mesure. Il est ainsi possible de conserver les applications

de l’entreprise, de les faire évoluer, de les intégrer au fur et à mesure. Il n’est plus question de

renouveler entièrement l’environnement applicatif de l’entreprise. Outre cela, les ressources

dédiées au développement d’applications sont coûteuses et limitées. C’est pourquoi le service

informatique doit se concentrer sur les applications très complexes et non sur les projets

figurant dans la « longue traîne ». L’expression « longue traine » a été inventée par Chris

Anderson dans un article de Wired13

12 L’API AdWord par Google :

. Il s’agit d’un schéma économique selon lequel les

produits qui sont l’objet d’une faible demande, ou qui n’ont qu’un faible volume de vente,

peuvent collectivement représenter une part de marché égale ou supérieure à celle des best-

sellers. La représentation graphique permet de comprendre aisément ce phénomène.

http://www.google.com/intl/fr/adwords/learningcenter/19498.html#19499 13 Magazine américain traitant des incidences de la technologie sur la culture, la politique et l’économie.

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On peut appliquer cette représentation dans le domaine des logiciels dans le cadre d’une

entreprise. Si ces logiciels peu complexes ne sont pas suffisamment rentables

individuellement pour justifier un déploiement par le service informatique, leur agrégation

représente des sommes très importantes en termes d’économies non reconnues, d’opérations

inefficaces et d’opportunités commerciales non saisies. Les mashups permettent de

développer à moindre coût et assez rapidement ce genre d’applications. De cette manière,

l’entreprise peut se permettre de régler les problèmes ciblés sans avoir à y perdre un temps

précieux, au détriment de problèmes plus complexes ou plus généraux et qui demandent une

réponse plus technique.

Ce système serait-il donc parfait ? Il existe des risques potentiels. Le premier est lié au

fonctionnement même de ce système. Les mashups utilisent bien souvent des données qui ne

sont pas les leurs. Il est donc toujours possible que des tensions surviennent si cela impacte

sur la disponibilité des serveurs du fournisseur de l'API. Mais le principal désagrément des

mashups vient des données qui sont utilisées via les API. Comment en contrôler la qualité ?

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

24

Cet ensemble d’applications n’est qu’une petite surface de l’édifice Google. Au-delà des

applications, il existe de nombreux domaines dans lesquels Google prend une part importante.

En investissant dans l’entreprise de biotechnologie 23 and Me14

14Site 23 and Me:

, fondée en 2006 par Anne

Wojcicki, épouse du cofondateur de Google Sergey Brin, Google entre dans le domaine de la

génétique. Cette société propose une étude du patrimoine génétique de chaque personne qui le

souhaite (pour environ 400 $). Cette expérience peut avoir quelque chose de troublant, car

selon 23 and Me le test ADN vous révélera vos risques de développer certains cancers, la

maladie d’Alzheimer, le diabète et autres maladies… Le test pourra aussi vous dire pourquoi

vous n’aimez pas certaines odeurs ou une nourriture en particulier. Pourquoi une telle

implication dans un laboratoire de génétique ? Google, banque mondiale de données voudrait-

il disposer des informations génétiques de chacun ?

Google RealEstate est un regroupement d’agents immobiliers. Google propose ainsi

une recherche immobilière directement depuis son propre moteur de recherche. Simple

d’utilisation, l’utilisateur choisit un certain nombre de critères (fourchette de prix, nombre de

chambres…) et Google présente, sur une carte, les logements disponibles. Le programme

propose aussi bien de la vente que de la location.

https://www.23andme.com/

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

25

Google propose un outil de recherche à thème. Vous pouvez ainsi chercher un lieu de

vacances, des vols, des restaurants, des voitures, des offres d'emplois, des recettes de

cuisine… Il s’agit du programme Google Base. Au-delà de la simple recherche verticale, c’est

aussi un moyen pour Google d’améliorer leur technique d’indexation. Chacun peut en effet

ajouter des annonces, des recettes, des sites et des entreprises par ce biais.

Google a réussi à s’imposer rapidement dans le domaine de l’Internet et à explorer

d’autres spécialités. Parti de presque rien, l’entreprise est aujourd’hui au sommet, que ce soit

au point de vue financier comme technologique. La capacité de Google à offrir des

programmes fiables et agréables n’a pas touché uniquement le domaine privé. Les

professionnels ont eux aussi trouvé un moyen de profiter des avantages du web. Le plus

surprenant est que tout cela s’est fait sans campagne de publicité. Les créateurs de Google se

sont appuyés sur le bouche-à-oreille et sur leur capacité à attirer l’attention. Quel chef

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

26

d’entreprise sérieux irait donc faire une interview dans playboy à la veille de l’entrée en

bourse de sa société ? La vraie publicité de Google se résume à attirer l’attention, par

n’importe quels moyens.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

27

La révolution du management

Le manager trop mou et le manager trop dur sont deux catastrophes15

La gestion du personnel fait rêver bon nombre d’ingénieurs, de webmaster ou toute

personne ayant un lien avec l’informatique. Certes tout le monde ne veut pas travailler chez

Google, mais l’entreprise présente, a priori, beaucoup d’avantages. On passera rapidement sur

la vie au Googleplex dans ce qu’elle a de plus extravagante : massages, plusieurs restaurants

gratuits, mise à disposition de vélos pour les employés, le WiFi gratuit partout… une vie de

rêve ?

Figure 4 : chambre d'adolescent ? Non. Bureau d'un ingénieur de Google.

Google s’est fixé comme règle de ne recruter que les meilleurs. Rien de très étonnant

et de très innovant. Microsoft fait exactement la même chose. Bill Gates, dans une interview

réalisée par David Alisson explique : « la clé pour nous a toujours été de recruter des gens

15 Carlos Ghosn, industriel français.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

28

très intelligents. Il n’y a d’autres solutions que d’être extrêmement exigeant en terme de

Q.I. »16 Cette forme d’élitisme doit se comprendre dans une logique à la fois technique et

commerciale. Du point de vue technique, les personnes qui travaillent chez Microsoft, mais

aussi chez Google doivent être à un haut niveau de performance pour créer des produits qui

s’approchent idéalement de la perfection. D’un autre côté, ils doivent aussi pouvoir travailler

de manière autonome, ce qui est souvent le cas dans les longues études dont ils sont en

général issus. Du point de vue commercial, le raisonnement est très proche. Pour qu’un

produit soit vendeur, il faut qu’il soit sans faille. Or pour ce faire, il convient d’avoir des

personnes capables de les produire. Dans la concurrence acharnée que se livrent les diverses

sociétés (principalement Google et Microsoft) il est important de réussir au mieux ses

applications, bien étudier la conception de tel service… les erreurs se payent très cher. Le

recrutement n’est donc pas une chose simple, que ce soit pour Google comme pour le

candidat. D’après une étude de John Sullivan, datant de 200517, 350 personnes étaient dédiées

au recrutement. Cela représentait alors 1 salarié sur 14. Ces chiffres peuvent sembler

démesurés, mais le rythme était alors de 10 embauches par jour. De même, Google reçoit

500 000 candidatures par ans, soit 1 400 par recruteur. Pour la première fois, en 2009, Google

a cessé de recruter et s’est séparé de 100 personnes dédiées au recrutement18

Le mode de recrutement fait beaucoup parler. S’il faut recruter les meilleurs, il faut

être sûr de faire le bon choix. C’est pourquoi il faut compter environ 6 entretiens et un grand

nombre de tests. Bien sûr il est question de technique. Mais la technique seule ne suffit pas.

.

16 L’interview est disponible à l’adresse : http://americanhistory.si.edu/collections/comphist/gates.htm#tc18, chapitre « the Microsoft way » 17 Bernard Girard. Le modèle Google, 2e édition, éditions M21, page 64. 18 Lire l’article sur le Journal du Net : http://www.journaldunet.com/ebusiness/breve/35257/moins-de-recruteurs-pour-moins-de-recrutement-chez-google.shtml

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

29

Certaines questions, non dénuées d’humour peuvent être posées. Bernard Girard relève cette

question :

Le premier jour que vous travaillez chez Google, vous découvrez que votre voisin de bureau

est l'auteur du manuel que vous préfériez dans votre première année à l'université. Que faites-

vous ?

• Vous vous inclinez obséquieusement et demandez un autographe ?

• Vous faites en sorte de ne faire aucun bruit et vous frappez délicatement sur votre

clavier pour ne pas le gêner dans sa concentration ?

• Vous lui offrez chaque jour des barres de chocolat et des caramels ?

• Vous citez votre formule favorite trouvée dans son livre et vous lui expliquez que vous

en avez fait votre "mantra"?

• Vous lui montrez comment l'exemple 77 aurait pu être résolu plus simplement avec 34

lignes de code de moins…

Il y a en revanche un entretien purement technique, évalué par des employés (de futurs

collègues). Encore une fois il ne suffit pas de tout connaître sur le bout des doigts. Ce qui est

attendu ici c’est la capacité à réagir face aux besoins de la société.

Le Washington Post du 22 mai 2009 rapporte que Google a mis au point une

expérience visant à déterminer lesquels de ses employés seraient les plus susceptibles de

quitter la société. En effet, la firme de Moutain View a passé en revue les données relatives à

ses 20 000 salariés comme l'historique de leurs promotions ou de leurs fiches de paie et créé

un algorithme capable de prédire lesquels d'entre eux semblent les moins satisfaits de leur

position. Google ne dément pas immédiatement et Laszlo Bock, en charge du département des

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

30

ressources humaines chez Google, cité par le journal, affirme que cette formule mathématique

permet de « rentrer dans la tête des gens avant même qu'ils n'aient conscience de vouloir

quitter la société ». L'information fait le tour du monde et Google réagit en répondant

officiellement : « Le travail que nous effectuons pour prévoir l'attrition19

19Dans une entreprise, rapport du nombre de départ annuel des membres du personnel à l'effectif moyen

nous aide à

identifier les situations qui peuvent augmenter la velléité de Googlers de quitter l'entreprise,

de manière à ce que le service des ressources humaines puisse travailler à éviter ces

situations. (...) Nous avons étudié des critères comme le lieu de travail, la taille des équipes,

la rémunération… » Google affirme avoir étudié des situations de groupe et non des

individualités. De même, il ne s'agirait que d'étude portant sur des personnes ayant quitté leur

fonction dans l'entreprise. Cette idée a tout de même de quoi surprendre. Si cela est vrai, la

pression sur les employés est à la limite du supportable. Tout est analysé afin de rentrer dans

le plus intime de la personne. La pensée bien qu'on ne puisse pas totalement la pénétrer est en

quelque sorte violée par un outil d'analyse. Ce qui n'appartient qu'à l'individu devient

propriété de l'entreprise. Google dont l'image est parfois ternie par son aspect « Big Brother »

renforce cette image et prend le risque de voir son image se dégrader encore. Il s'agit d'éviter

de perdre des éléments importants de l'entreprise. Mais est-ce là une justification suffisante ?

Ce mode de management conduit à plusieurs éléments de réflexion. D'une part, Google

n'accorde pas une grande confiance à ses employés en matière d'investissement dans leur

travail et dans leur entreprise. Il y a aussi un manque de confiance envers la capacité de

Google à offrir le meilleur pour conserver ses employés. Enfin, et c'est là le plus grand risque

pour Google, les googlers risquent de se sentir surveiller. Google en agissant de la sorte risque

d'obtenir le contraire de l'effet escompté. Si la pression est trop grande, les effectifs risquent

de diminuer, faute de liberté.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

31

On s'égare rarement en s'imposant soi-même des règles sévères20

.

L’une des règles que Google a instaurées est de laisser 20 % du temps de travail à la

recherche personnelle. Autrement dit, les employés passent 80 % du temps de travail pour

répondre aux missions qui leur sont confiées et 20 % pour un projet personnel. Ces 20 % de

temps sont bien sûr attribués aux ingénieurs. Il y a là une confiance accordée aux employés

pour répondre aux besoins et aux aspirations de l’entreprise. En laissant ce temps disponible,

Google donne au googler21

20 Confucius 21 Nom donné aux employés de Google.

un moyen de créer et de produire des produits qui seront peut-être

un service de plus dans la nébuleuse Google. La motivation est d’autant plus grande que

l’employé peut apporter sa pierre à l’édifice. De plus, travailler sur un projet dont on est le

principal instigateur offre un surcroît de motivation. Rien n’est plus pénible en effet que de

travailler toujours sur des projets sans pouvoir développer ses propres idées. Le googler est en

quelque sorte partie prenante de la réussite de l’entreprise. Il a conscience que son travail de

recherche est déterminant pour la réussite globale de l’entreprise. Il s’investit pleinement dans

la société dont il a la charge. Ainsi que l’explique Bernard Girard dans son livre Le Modèle

Google : « Ce mécanisme ne tiendrait cependant pas longtemps si l'on n'y ajoutait une autre

caractéristique de management de Google : un système de revue des pairs (peer reviews).

L'ingénieur qui a développé sur son temps de travail une idée peut donc la proposer à ses

collègues. Si elle leur paraît pertinente, elle devient un projet financé par l'entreprise. Mais,

en se soumettant ainsi à l'opinion des autres, il joue sa réputation, ce qui l'incite tout à la fois

à donner la priorité aux idées susceptibles d'intéresser l'entreprise, et à travailler

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

32

sérieusement à leur réalisation.22

La règle principale, qui résonne comme un credo chez Google, c’est de mettre

l’utilisateur au centre

» Autrement dit, cette règle n’est viable que si l’ingénieur a,

implicitement, une obligation de résultat. Mais derrière cette règle, il y a une autre réalité.

L’ingénieur a une obligation d’innover. Si en effet le googler n’a pas de projet sur son temps

libre qui lui est donné par Google, il devra s’en justifier. D’une part, il aura des comptes à

rendre lors de son évaluation mais il aura une pression évidente de la part de ses pairs qui,

eux, seront force de proposition. C’est de cette façon précisément que Google est devenu une

usine à innover. Cette règle n’est pas une création de Google. La société 3M (inventeur du

scotch dans les années vingt) pratique cela depuis longtemps déjà, ayant ainsi produit par

exemple le post-it.

23. Tout ce qui se fait chez Google est issu de ce principe. « Recherchez

l'intérêt de l'utilisateur et le reste suivra. » Il s’agit d’une adaptation de la devise de Ron

Crock, patron de McDonald’s24

22 Op. Cit. page 70.

qui valorisait avant tout le bien-être du client pour conserver

sa confiance et son estime. Google n’agit pas autrement. Plusieurs moyens sont mis en œuvre

pour cela. D’une façon implicite, le fait d’avoir l’essentiel des programmes en version bêta

implique l’utilisateur. Là où Microsoft propose une version qui sera suivie d’une autre, puis

éventuellement d’une troisième, Google laisse supposer que ses produits sont encore soumis à

des modifications et qu’il peut en résulter des bugs. Mais plus encore, c’est une façon de

demander à l’utilisateur de tester le produit et d’apporter sa pierre à l’édifice. Il ne s’agit pas

de recruter un panel pour juger un produit, mais de proposer le produit au jugement de celui

qui le souhaite. Vox populi, vox Dei, l’utilisateur est maître. Dans la guerre économique,

23 Voir la philosophie de Google en 10 points sur la page http://www.google.fr/corporate/tenthings.html 24 « Prenez soin du client et le business prendra soin de lui-même tout seul. »

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

33

flatter le client est une nécessité. S’il faut se concentrer sur le client, c’est pour que le reste

suive. Il n’est pas seulement question de philanthropie. Il s’agit aussi et surtout d’une stratégie

marketing. Si Google prend la précaution d’avoir l’air d’une entreprise sympathique, avec ses

bureaux remplis de jouets, ses trottinettes, ses baby-foot et ses lampes à lave ce n’est pas

seulement parce que c’est une société jeune qui surfe sur la vague du « fun ». Certes, l’esprit

Google est jeune, moderne et volontairement désinvolte. Il ne faudrait cependant pas imaginer

que Google est dénué de sens des affaires. Bien au contraire, l’image de Google est un savant

calcul qui la rend si sympathique. L'effet « bêta » n'est pas uniquement de faire contribuer

l'utilisateur. Il s'agit aussi de se rendre plus humain. Google est susceptible de se tromper.

Cela est important pour Google. Un grand nombre d'éditeurs de logiciels ou de fournisseurs

de service en ligne sont obligés de s'excuser pour un problème technique, Microsoft en tête, et

d'offrir dans la foulée un correctif ou une nouvelle version améliorée. Google n'a ni besoin de

demander pardon ni de se dépêcher de sortir une version corrigée. Jeff Jarvis, dans son livre

La méthode Google rapporte les propos tenus à des étudiants de Stanford par Marissa Mayer,

vice-présidente de Google : « Innovez, ne cherchez pas à courir après le produit le plus

parfait possible. » « Le secret, c'est de procéder par itérations successives. Quand on lance

un produit, on apprend beaucoup en faisant des erreurs, et les utilisateurs vous en apprennent

beaucoup également. Et, au final, les itérations peuvent être très rapides.25

» Google a

compris que l'erreur la plus grossière serait plutôt de persévérer dans l'erreur et de ne pas la

corriger. En soumettant une version bêta à ses utilisateurs, Google a su trouver la manière de

se corriger en satisfaisant les utilisateurs et en apportant les améliorations issues de leurs

remarques.

25 Jeff Jarvis, La méthode Google, que ferait Google à votre place ? Éditions Télémaque, juillet 2009, page 158.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

34

Si l'on veut parler de règles, on doit nécessairement parler de la règle d'or de Google :

« don't be evil », que l'on traduirait par « ne faites pas le mal » ou encore « ne soyez pas

méchant. » Larry Page explique cette devise « Par cette phrase qui est notre devise, nous

avons tenté de définir précisément ce qu'être une force bénéfique signifie - toujours faire la

chose correcte, éthique.26 » Les fondateurs de Google ne se poseraient-ils pas en parangon de

la vertu ? De plus, il est, en théorie du moins, normal de ne pas faire le mal. Qui irait se vanter

de cela ? Google par cette simple phrase veut affirmer sa volonté d'œuvrer pour le bien de

tous. Divers problèmes ressortent de cette simple assertion. Avant tout, Google s'oblige à une

transparence pour que quiconque cherche à vérifier l'honnêteté de Google le puisse. D'autre

part, en cas de non-respect de cet adage, les détracteurs de la firme auraient du grain à moudre

pour montrer l'incohérence de Google. Enfin, n'ayant pas de définition universelle de ce qui

est mal, il serait bien présomptueux de leur part d'affirmer haut et fort qu'ils sont exempts de

reproches. En affichant cette maxime, Google demande à la communauté un regard sur la

droiture de l'entreprise. Les internautes ne s'en privent pas. En tapant la devise de Google,

vous trouverez un certain nombre de blogs contestataires qui à partir de cette phrase ont relevé

les indélicatesses de Google. Jeff Jarvis dans un passage consacré sur l'éthique de Google a

montré les limites de la moralité de Google en mettant en cause la firme d'avoir accepté la

censure chinoise pour éviter le pire27

26 Daniel Ichbiah, Comment Google mangera le monde, Éditions Archipel, 2007, pages 39-40 27 « Un internet censuré vaut mieux que pas d'internet du tout », op. Cit. Page 167.

. Aujourd'hui cependant, cette phrase a disparu des

entêtes de courrier et des notes internes de Google où elle était inscrite. Il reste, pour seule

maxime la mission que se sont confiée les dirigeants de la firme. Malgré tout, l'expression

« don't be evil » reste attachée à Google, bien souvent pour être dénigrée.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

35

Un des points importants affichés dans la philosophie de Google est qu'il est possible

de gagner de l'argent sans vendre son âme au diable. C'est en ce sens aussi que Google

conserve son intégrité. Sur aucune des pages affichées par Google vous ne verrez de grands

bandeaux publicitaires, de pop-up ou autre chose qui attirent l'œil et vous déconcentrent dans

votre recherche. De même, les publicités respectent un format discret et clair. La volonté de

Google de ne pas tromper l'utilisateur ne saurait être mieux explicitée. Cette loi est soumise au

premier point de la philosophie de Google : se concentrer sur l'utilisateur. Ce modèle prévaut

aujourd'hui puisque Bing, le moteur de recherche de Microsoft et Yahoo ressemble, dans la

mise en page, à Google de façon frappante. La sobriété voulue par Google a jusqu'à ce jour

été très payante puisque les profits de la firme n'ont cessé d'augmenter. Il est par ailleurs

étonnant de voir ce simple petit affichage sur les pages web lorsque l'on sait que Google vit à

99 % de la publicité.

N’importe quelle publicité est une bonne publicité28

.

La publicité est le moyen le plus efficace de gagner de l’argent pour Google. En

faisant ainsi, Google finance ses infrastructures et la recherche, permettant à tous de profiter

gratuitement de ses services. Lorsque vous utilisez Google, vous savez que ce sont les

annonceurs qui paient pour vous les applications que vous utilisez. Il s’agit là d’un système

qui existait avant Google et qui a été largement favorisé par la firme de Montain View, les

marchés à deux versants, ou à double face. Olivier Bomsel, dans son livre Gratuit !29

28 Andy Warhol 29 BOSMEL Olivier, Gratuit! Du déploiement de l’économie numérique, éditions Gallimard, 2007.

,

examine pour nous les ressorts des marchés à deux versants. Le gratuit n’est pas nouveau. Ce

qui est nouveau c’est que cette forme de gratuité ne vient pas en complément ou en

remerciement d’un achat payant. Le cadeau dans le paquet de céréales ou les 25 % de produit

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

36

gratuits sont dépendants d’un achat. Pas dans le cas de l’économie à deux versants. Ici le

gratuit n’attend pas votre achat. Vous n’avez vraiment rien à payer. Quelqu’un d’autre paie

pour vous. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le gratuit n’est pas issu de la grâce d’un prince

pour les pauvres que nous sommes. L’auteur dans sa conclusion explique que « le gratuit est

banal : c’est un outil, un instrument économique, un appât30. » Le spectateur de TF1, par

exemple, croit qu’il regarde la télévision gratuitement, mais le vrai client de TF1 est Coca-

Cola, comme l’a dit avec franchise le PDG de la chaîne. Patrick Le Lay disait en effet, « Il y a

beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective « business », soyons

réalistes : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son

produit (...). Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du

téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible :

c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous

vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.31

30 Ibid. page 253. 31 Cité dans Les Dirigeants français et le changement, collectif d'auteurs, éditions Huitième Jour, 2004.

» L’utilisateur de

Google croit qu’il utilise un service gratuit de recherche sur Internet, mais il stimule les

recettes publicitaires d’une firme de 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et de

3 milliards de dollars de bénéfices. Pour que ce système fonctionne, il faut qu’il soit lié à une

autre particularité de cette forme d’économie : l’effet de réseau. Un logiciel bureautique n’a

d’intérêt pour nous que s’il peut nous permettre de partager nos documents et éventuellement

de travailler ensemble. Un service de courrier électronique n’a de sens que si vos amis et vos

relations disposent eux-mêmes de tels services. Le téléphone n’a de sens que dans un cadre

similaire. La difficulté réside alors dans l’économie monopoliste. Aujourd’hui, Google est le

numéro 1 de la recherche sur le web, ce qui lui permet de proposer une multitude de services

gratuits. Cela n'est pas sans soulever certains problèmes liés à l'interopérabilité. Le risque est

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

37

de créer des produits compatibles entre eux mais incompatibles avec les produits des

concurrents. Lorsque vous êtes le leader d'un domaine, le risque est grand de vouloir

empêcher l'utilisateur d'utiliser d'autres produits de marques différentes. À ce jour, les

différents acteurs (Google, Face book, Microsoft...) travaillent à rendre leurs produits

compatibles.

Alors que la publicité à la télévision et dans la presse engendre des coûts importants, le

marché de la publicité sur les pages Google est ouvert à tous. Que vous soyez le premier

constructeur automobile ou le garagiste du coin de la rue, vous pouvez disposer d’un espace

publicitaire par le biais de l'application Google Adword. Le système de coût par clic privilégie

la qualité de l‘annonce sur la puissance financière. Ainsi Google ne met pas en avant celui qui

paie le plus mais celui qui rapporte le plus. Entre une annonce qui génère 2 € par clic et celle

qui génère 1,50 €, la seconde peut être en première place, si le nombre de clics est suffisant

pour dépasser le revenu global de la première. Le vrai point fort de Google Adword est que

vous ne payez Google que lorsqu'un internaute clique sur une de vos annonces ciblées par

mots-clés. Le prix que vous paierez pour chaque clic aura été déterminé par vos soins lors de

la création de votre campagne publicitaire. Chaque clique vous reviendra au moins à 0,01 €.

Le coût réel dépendra donc du prix des mots-clés que vous choisirez et du positionnement de

vos annonces. Vos dépenses pourront donc être totalement maîtrisées puisque vous pourrez

choisir les coûts par clics maximums que vous êtes prêts à payer ainsi que votre budget

quotidien. Sur le site de Google Adword, les explications fournies permettent de comprendre

que tous les budgets ont leur place sur Google : « Il n'y a aucun montant de dépenses

minimum, il vous appartient de déterminer le montant dépensé pour Adword. Par exemple,

vous pouvez définir un budget quotidien de quatre euros et un coût par clic maximum de dix

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

38

cents pour votre annonce.32

» Cette pratique est rendue possible par l'automatisation des

relations commerciales. L'annonceur peut construire sa campagne de publicité sans

intervention humaine. La clarté et la simplicité du processus, la convivialité et la qualité des

pages Google semblent être dans ce cadre un atout majeur.

Google a véritablement basé son système économique sur les marchés à deux versants.

Proposant ainsi de nombreux produits « gratuits », la société Google enregistre des profits très

importants. Pour pouvoir être au sommet, ce qui est véritablement une obligation dans ce

schéma là, il faut créer une image forte et attirante. Google entretient cette image en ouvrant

les portes de son Googleplex (très rarement), en affichant devant les caméras (tout aussi

rarement) des bureaux aux couleurs chaudes, avec ses jeux, ses lampes à lave, ses employés

jeunes, souriants et parfois un peu extravagants, délirants et amusants. Google est

sympathique. Pourtant, et c’est là le paradoxe, Google fait peur.

32 Page d'accueil AdWords : www.adwords.google.fr

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

39

Faut-il avoir peur de Google ?

Paulo Coelho, cité par Jeff Jarvis, disait : « les moteurs de recherche finiront par

régner sur le monde.33

Quand on a peur de quelqu’un, on croit facilement le mal qu’on dit de lui

» Cette phrase semble tout droit sortie d'une science-fiction. Et

pourtant, nous sommes assez proches de cette réalité. Google, premier moteur de recherche

est impliqué dans beaucoup de domaines : web, téléphonie, énergie, génétique, santé,

médias... Sans dire que la firme de Page et Brin dirige le monde, nous pouvons tout de même

penser qu'elle l'influence. Sa position de dominant en fait une cible idéale pour mettre à mal

sa réputation. Entre mythe et réalité, il y a tout de même un certain malaise autour du géant

américain. Alors que Microsoft ne fait plus vraiment peur, son remplaçant avance avec encore

plus d'aplomb et de témérité. Nombre de sites et de publications se font l'écho d'une certaine

crainte vis-à-vis de Google. Nous constatons, au travers d’un certain nombre de faits, que

Google prend des libertés assez contestables. Qu’il s’agisse de la vie privée, du monde de

l’entreprise ou du domaine culturel, Google veut toute l’information.

34

Le fait est que lorsque vous utilisez les services de Google, vous transmettez un

certain nombre d'informations à cette société. Le simple fait de taper une requête dans le

moteur de recherche permet de savoir ce que tel utilisateur recherche à un moment donné.

Même s'il est peu vraisemblable que Google s'intéresse à votre cas particulier, vous faites

partie de l'ensemble des utilisateurs. De là Google déduit les influences, les tendances et

33Op. Cit. Page 199. 34 Marcel Pagnol, César.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

40

dispose d'une base de données de nos intentions35. Google connait et organise les moindres

questionnements, les moindres intérêts de notre société. Plus inquiétant peut-être, Google sait

tout sur chacun de ses utilisateurs. Cela passe par la simple suggestion de publicité ciblée dans

votre interface de courrier électronique, par un historique extrêmement détaillé de votre

navigation pour aboutir à une tendance générale (autrement dit un portrait type) de votre

navigation. Dans l'historique vous trouverez en effet vos recherches en matière de web en

général, d'images, de vidéos, de cartes, de livres, de blogs... Google propose alors de dégager

une tendance de vos recherches. Cela signifie que chaque recherche est enregistrée. De cette

façon, comment ne pas penser que Google sait tout de vous ? En utilisant Adword, vous

donnez à Google la possibilité de connaître votre stratégie marketing. Lorsque vous utilisez

Analytiques, ils connaissent les sites que vous gérez, les performances de ces derniers et les

tendances qu’ils dégagent. Si vous utilisez Agenda, ils savent où vous étiez ce que vous faites.

Chaque clic est enregistré sans que l'on sache ce dont il sera fait de ces informations. Qu'il

s'agisse de nos requêtes, de nos mails, de notre agenda ou toute autre application, nos données

sont utilisées par Google. Google a développé un grand nombre de textes concernant la

confidentialité36

35 Expression de John Battelle cf. op.cit.

. Les contours restent cependant un peu flous et Google se garde bien

d'évoquer quels sont les tiers à qui l'information peut être transmise. Il faut avoir à l'esprit que

la somme des données que Google peut avoir sur un seul individu est impressionnante. En

plus des données classiques (nom, adresse, métier...) Google dispose de l'historique de

navigation, documents personnels Google Documents), dossier médical (Google Heath),

adresse de contacts (collaborateurs, amis, famille...), historique de conversation (Google

Talk)... Plus Google aura d'informations sur les individus, plus la crainte sera grande. Si nous

savons qu'un organisme nous connaît mieux que personne, il devient très inquiétant. Ce n'est

36 http://www.google.fr/privacy.html pour lire les règles de confidentialité de Google

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

41

peut-être pas tant pour l'utilisation qu'il fera de ses données, c'est avant tout parce qu'il a un

pouvoir sur nous.

Google est toujours à la limite, sans pour autant la dépasser franchement. Google

Latitude est un exemple de cette limite. Il s'agit d'une fonctionnalité pour un appareil mobile

qui permet de savoir où sont situés vos amis et également à vos amis de savoir où vous êtes à

n'importe quel moment. Google utilise le signal de votre appareil mobile (ou GPS si votre

téléphone en a un) pour déterminer où vous êtes, et il montre ensuite l'emplacement sur une

carte. Soit on admet que c'est un service comme un autre qui ne pose pas de problème, soit on

met en cause la liberté de l'individu. Quelle société peut se permettre de vous suivre, de vous

pister tout au long de vos déplacements ? Vers quelle dérive peut-on aller (le mari jaloux qui

trouverait par exemple le moyen de suivre son épouse) ? Ici, rien n'est illégal, rien n'est

obligatoire et si vous vous opposez à ce que l'on vous applique ce service, vous avez

parfaitement le droit. Est-ce que pour autant l'existence d'un tel service est souhaitable ? Il

faut savoir entre autres choses que Google, dans le cadre de cette application est en droit de

conserver des données (durée des communications, lieux...) et qu'une fois sur les serveurs

américains, le droit français, ou le droit européen ne prévaut plus. C'est, dans un autre cas, ce

que s'est vu répondre une internaute qui souhaitait que Google efface de ses données les

messages qu'elle avait pu écrire sur un forum. En 2008, rapporte le site 01.net, Sabine S. se

lance dans un procès contre Google. Elle souhaitait que soient effacés les messages qu'elle

avait pu écrire depuis 10 ans sur le forum Usenet. Selon l'internaute « les messages encore

accessibles, dévoilent des informations sur mes goûts, mes préoccupations, ma vie intime, mes

interrogations en matière de santé et se rapportent par conséquent à ma vie privée. » Il faut

en outre comprendre que Usenet n'appartenait pas encore à Google. La justice française

donnera raison à Google avait argumenté en disant que les fichiers étaient sur le sol américain

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

42

et que ce jugement dépendait de la justice américaine37

Il est important d'insister sur un point en particulier, celui des courriers électroniques.

Que Google fasse le bilan de nos recherches, que l'on sache que je regarde telle ou telle vidéo

sur Youtube ou que l'on puisse faire un bilan de mes gains par la publicité est une chose. Que

mes e-mails soient passés au crible afin de me proposer de la publicité ciblée en est une autre.

Certes, répondront les responsables de Google, mais cette intervention est automatisée et nul

ne vient lire mon courrier. Cependant, mon courrier est disséqué, étudié, passé au crible pour

en dégager les thèmes essentiels. Mais plus important encore, Google conserve des copies des

mails sur ses serveurs. Ainsi, sur le site de Gmail, on peut lire : « Les copies résiduelles des

messages et comptes supprimés seront effacées de nos serveurs actifs au plus tard 60 jours

après leur suppression et pourront être conservées sur nos systèmes de sauvegarde hors

ligne

. Le respect de la vie privée, chez

Google, semble avoir une définition assez particulière.

38

37Lire l'article sur le site 01.net à l'adresse suivante :

. » Cela signifie que lorsque vous effacez un message, il est conservé sur les serveurs

actifs, dans un premier temps, puis dans un système de sauvegarde. Vous n'êtes pas

propriétaire de votre correspondance. Cette idée semble surréaliste. Pourrait-on imaginer la

même chose d'un courrier sur papier ? Chaque courrier que vous recevez serait conservé dans

une banque d'archives et celui-ci pourrait très bien être consulté des années après. Les

conditions d'utilisation précisent en outre que « Lorsque vous utilisez Gmail, les serveurs de

Google enregistrent automatiquement certaines informations concernant votre utilisation du

service. Tout comme les autres services Web, Google enregistre des informations telles que

l'activité sur le compte (incluant l'espace de stockage utilisé, le nombre de connexions), les

http://www.01net.com/editorial/381634/google-echappe-a-la-loi-informatique-et-libertes/ 38 Conditions d'utilisation de Gmail à l'adresse suivante : http://mail.google.com/mail/help/intl/fr/privacy.html

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

43

données affichées ou sur lesquelles vous avez cliqué (notamment les éléments d'interface, les

annonces, les liens) et d'autres informations de connexion (comprenant le type de navigateur,

l'adresse IP, la date et l'heure d'accès, les ID de cookies et les URL des pages visitées

précédemment). » Toutes ces données transitent sur les serveurs de Google et sont finalement

conservées. À quelles fins ces données sont-elles conservées ? Il n'y a pas de réponse précise,

si ce n'est l'amélioration du service. Est-il possible qu'elles puissent servir à des fins

commerciales ? Rien n'est moins sûr. Les règles de confidentialité stipulent : « Dans le cadre

de votre utilisation des services Google, nous vous permettons, dans la mesure du possible,

d’accéder à vos informations personnelles, de les corriger en cas d’erreur ou de les

supprimer, sur simple demande, sauf lorsque la législation en dispose autrement ou lorsque

ces données sont nécessaires à des fins commerciales légitimes. » Autrement dit, vous pouvez

modifier les données que vous avez transmises, sauf si ces données servent dans un but

« commercial légitime. » Qui décide que ces fins sont légitimes ? Quelle est la mesure du

possible ? Google veut disposer de toute l’information. Cela passe éventuellement par un

ensemble de données sur les individus eux-mêmes. Ne sommes-nous pas nous aussi cette

information que Google veut rendre accessible à tous ? Sans entrer dans la fiction, nous

pouvons imaginer la somme colossale d’informations que Google peut avoir sur un seul

individu. Les Renseignements Généraux en ont-ils autant ? Sans agiter le spectre de la peur,

l’entrée de Google dans la génétique n’est pas une chose rassurante. Ces données sont elles,

elles aussi soumises aux mêmes règles ? Rien n’est moins sûr en lisant les clauses légales :

« Vous reconnaissez que 23andMe peut conclure des partenariats avec d'autres organismes,

qu'ils soient sans but lucratif ou non, pour faire des recherches scientifiques sur les données

recueillies par 23andMe. Vous autorisez 23andMe, ces cessionnaires et partenaires menant

des recherches scientifiques, qu'ils soient sans but lucratif ou non, à publier les résultats de la

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

44

recherche tels que décrits aux présentes. Renonciation aux droits de propriété : Vous

convenez qu'en fournissant votre prélèvement et en ayant vos données génétiques traitées,

vous n'acquérez aucun droit à la recherche ou aux produits commerciaux qui peuvent être

développés par 23andMe ou ses partenaires. Vous convenez spécifiquement que vous ne

recevrez aucune compensation pour toute recherche ou tout produit commercial pouvant

comprendre vos données génétiques ou autres renseignements personnels donnés39

. »

Le respect de la vie privée n'est pas le domaine favori de Google. Son domaine est le

web et l'information. Or, si Google veut organiser toute l'information, il lui faut l'une des plus

importantes sources depuis l'invention de l'imprimerie : le livre. Google propose un service de

recherche dans les livres que la société Google a numérisés. Autrement dit lorsque vous tapez

le mot Google, vous accédez à un certain nombre de résultats qui vont du livre dont le titre

comporte le mot Google au livre qui dans son contenu comporte le mot recherché. Vous

pouvez ainsi lire un ensemble de livres présents sur les serveurs de Google. C'est là tout le

39 Clauses légales de 23 and Me : https://www.23andme.com/legal/consent/fr_CA/

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

45

problème. Google ferait-il fi des droits d'auteur ? C'est tout à fait le cas. Google a commencé à

numériser et a publié sur son site des œuvres en tout genre. Les éditeurs et les bibliothèques

(la Bibliothèque Nationale de France en tête) n'ont pas tardé à réagir en lançant des actions en

justice contre Google. Face aux réactions et particulièrement celles de l’Europe, Google a dû

reculer et retirer une partie de ses ouvrages en ligne. Des accords sont trouvés avec certains

éditeurs et certains auteurs, mais la grande bibliothèque Google ne peut contenir pour le

moment tous les livres de l'humanité. Le projet n'en est pas mort pour autant. Ce qui constitue

peut-être la plus grande avancée pour Google c'est la récente demande de la Bibliothèque

Nationale de France de numériser ses fonds et ses manuscrits. C'est un embryon de victoire

pour Google puisque par la voix de son président, Jean-Noël Jeanneney, la BNF montrait sa

détermination à ne pas laisser faire Google. Il y avait là un véritable danger et l'Union

Européenne devait agir rapidement40

40 Voir le livre de Jean-Noël Jeanneney, Quand Google défie l'Europe. Plaidoyer pour un sursaut.

. On ne peut pas cependant reprocher à la BNF de n'avoir

pas été combattante sur ce dossier. Faute d'argent et devant le besoin de numériser ses fonds,

la BNF s'est tournée vers celui qu'elle jugeait si dangereux. Cette demi-victoire de Google ne

lui donne pas nécessairement raison. Nous pouvons même douter fortement que la BNF ait

changé radicalement d'avis. Jean-Noël Jeanneney, aujourd’hui ancien président de la BNF

oppose encore des résistances et demande à la France d’assumer le coût de la numérisation

des fonds de la BNF pour soustraire ces derniers à l’appât du gain de Google. Dans une

tribune publiée dans le journal le Figaro du 26 août 2009, il fait savoir qu’il est en profond

désaccord avec l’actuelle direction de la BNF : « Le moteur de recherche Google est une

réussite universelle et il rend bien des services. Mais lui confier, et à lui seul, qui vit du profit

de la publicité et est enraciné, en dépit de l'universalité de son propos, dans la culture

américaine, la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

46

numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service,

direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable41

L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat

. » Il

ajoute « Et puis quand bien même la somme indispensable serait de quelques dizaines de

millions d'euros sur quelques années ? En un temps où la crise conduite à des investissements

spécifiques, chacun mesurera sans peine combien, par rapport à l'enjeu, par rapport à tant

d'autres dépenses, celle-ci mérite que la nation la consente. » La polémique n’est pas éteinte

et risque de durer. Google veut disposer de toute l’information mais rencontre encore des

résistances. La crise est avant tout culturelle. Si Google obtient la possibilité de numériser

l’ensemble des fonds et des manuscrits, il en devient le principal détenteur. Ce qui pose

problème, ce sont les choix qu’opérera Google dans un tel cas. Quelle sera la politique de

Google dans ce domaine ? La culture peut-elle être aux mains d’une société privée qui se sert

de tout pour faire des profits (peut-on imaginer par exemple de la publicité ciblée au beau

milieu d’une requête sur un livre de Balzac ?)

Ce qu’il faut remarquer ici, c’est l’audace de Google qui n’hésite pas à commencer la

numérisation des œuvres sans en avoir l’autorisation. Cette outrecuidance pourrait-on dire ne

trahit elle pas une forme d’orgueil démesuré ? Les dirigeants de Google pensent-ils pouvoir

agir comme si toute l’information leur appartenait déjà ?

42

Malgré ces différents points essentiels Google reste encore le numéro 1 de la

recherche sur Internet. Il ne faudrait pas croire que cela soit simplement issu de l'ignorance

des utilisateurs. Ils savent bien que Google collecte les informations, que Gmail, par le biais

41 Lire l’article du Figaro : http://www.lefigaro.fr/debats/2009/08/27/01005-20090827ARTFIG00001-bnf-et-google-l-insupportable-tete-a-queue-.php 42Sun Zu, l'art de la guerre

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

47

de ses robots parcourt vos mails. Mais en lisant attentivement les conditions d'utilisation des

principaux acteurs du web, on se rend vite compte que la situation n'est pas meilleure.

Microsoft lance Bing, son nouveau moteur de recherche censé abattre Google.

Amazon, Yahoo et Microsoft s'unissent pour contrer Google Book. Nous assistons à un

ensemble de manœuvres qui n'ont d'autres buts que de déstabiliser le géant du web. Dans cette

guerre, Microsoft semble avoir déjà perdu. Après une troisième tentative contre Google

Search, en lançant un nouveau moteur de recherche, la société de Bill Gates n'a pu grappiller

la moindre part à Google. Mais la raison de la défaite est bien antérieure à cette actualité.

Microsoft n'est pas encore totalement défait mais donne l'impression d'assister à son agonie.

La première bataille perdue par Microsoft n'a pas été une victoire de Google. C'est seulement

en refusant de repenser sa stratégie, en restant fermé sur ses positions que Microsoft a été

vaincu. Nous avons assisté ces dernières années à l'essor du gratuit. Open source, gratuité,

services en ligne sont des mots qui n'ont jamais été aussi actuels. Sauf pour Microsoft. Arque-

bouté sur sa position de dominant, l'entreprise qui régnait sur l'informatique n'a pas su prendre

le train en marche. Les règles édictées par Google, et principalement celle qui met l'utilisateur

à la première place semble être ignorée de Microsoft. Combien de produits de cette marque

ont été l'objet de commentaires négatifs sur les blogs et dans le milieu des spécialistes ?

Combien de versions de ces produits a-t-il fallu sortir pour aboutir à un résultat décent ? C'est

en restant sourd à la communauté des utilisateurs que Microsoft a bel et bien perdu la guerre.

Un fait marquant corrobore cette idée. Internet Explorer 6 est sorti en 2001 ; vite décrié parce

qu'il ne respectait pas les normes, véritable cauchemars des webmasters, le navigateur est

aujourd'hui encore utilisé par près de 15 % des internautes43

43 cf. Annexe 4

. Un mouvement né en Norvège

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

48

demande la mort de ce navigateur. Le mouvement IE6 no more44 regroupe aujourd'hui 72

sites, dont Youtube, Facebook. En février dernier, dans un communiqué, la branche

norvégienne de Microsoft elle-même expliquait que « de nombreux développements ont été

faits sur le Web depuis qu'IE6 a été lancé », et invitait les internautes à migrer vers IE7 ou

vers l'actuel IE8, mais soulignait tout de même que continuer à utiliser IE6 ne faisait pas

courir de risque particulier au niveau de la sécurité45. S’il est vrai que le nombre d’utilisateurs

est surprenant, il faut prendre un fait majeur en compte. Le débat autour des qualités

techniques d’Internet Explorer 6 est avant tout un débat qui ne touche pas la plus grande

partie des utilisateurs du web. Combien d’internautes utilisent le moteur de recherche qui est

installé nativement sur leur ordinateur ? Combien sont-ils à ne pas savoir mettre à jour ou à

télécharger un programme ? Combien d’entreprises, faute de moyen ou de connaissances ne

mettent pas à jour leurs réseaux ? Combien surtout sont habitués à un produit et n’ont pas le

temps ou l’envie de s’adapter à un nouveau produit ? La peur de l’inconnu est souvent un

frein.

Microsoft est longtemps resté le leader incontesté et incontestable dans le domaine

informatique. Cette position n'est pas un avantage. « Au sommet de la puissance, on ne voit

plus rien du tout » écrivait Louis Pawells46

44 IE6 no more :

. C'est là le drame de Microsoft. C'est bien sa

position de dominant qui a permis à Google de prendre la place, sans que Microsoft ne croie

www.ie6nomore.com 45 Voir le communiqué de Microsoft Norvège en annexe 4. 46 Journaliste et écrivain français (1920 – 1997) Président Faust.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

49

au sérieux de son rival. Microsoft n'a pas su moderniser son mode de fonctionnement. Ce n'est

que très récemment que l'entreprise entreprend de mettre en ligne ses produits avec Office

Live. Sur le même mode opératoire que Google, Microsoft se lance dans la version bêta avec

le lancement d’Exchange Server 2010. Encore à la façon Google, le moteur de recherche Bing

affiche les publicités sur le côté droit et en haut avec des couleurs semblables à celle de

Google. Microsoft reprend ce qui a fait le succès de Google. Mais il est déjà trop tard. La

réputation est un vecteur de succès important. Si Google commet des erreurs, les

répercussions seront immédiates. Il faut peu de temps pour perdre des utilisateurs et

infiniment plus pour les retrouver. Un utilisateur satisfait d'un produit en parlera à 1 autre

personne quand un autre insatisfait en parlera à 10. L'erreur se paye cher, surtout quand on est

le meilleur. Google doit donc savoir se préserver du manque de confiance. Pour l'instant le

problème ne se pose pas. Si les internautes sont satisfaits des produits Google, ils le sont

moins en ce qui concerne le respect de la vie privée. L'exemple de Microsoft montre que c'est

bien plus la qualité du service qui prime. Si demain une entreprise proposait un produit plus

performant, avec des conditions d'utilisations floues, Google risquerait sa place.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

50

On assiste depuis peu à un certain nombre de manœuvres. La plus significative est

peut-être l'alliance entre Yahoo et Microsoft. Des accords ont été passés entre les deux

sociétés pour un partenariat sur 10 ans. Yahoo utilisera la technologie du moteur de recherche

Bing. La technologie pour les campagnes de pay-per-click sera fournie par Microsoft et sa

plateforme AdCenter (l'équivalent d’AdWord chez Google). L'objectif de cette alliance est de

déstabiliser Google directement à la source de ses revenus. Dans le communiqué de presse de

Yahoo, Google n'est nommé que de façon allusive : « Les publicitaires n'auront plus à se

reposer uniquement sur une compagnie qui domine avec plus de 70 % de la recherche. » Les

conséquences ont été immédiates : l'action Yahoo perd 10 %. Cette alliance n'a a priori pas de

grande chance d'atteindre le but fixé. Lorsque quelque chose fonctionne, l'homme n'a pas pour

habitude de changer. Tant que Google ne fera pas d'erreur importante, les utilisateurs

préfèreront conserver leurs habitudes. C'est le temps des coalitions (et de l'union sacrée entre

Yahoo et Microsoft) : Amazon, Yahoo et Microsoft viennent de rejoindre l'Open Book

Alliance pour contrer le projet de bibliothèque numérique de Google. Il s'agit d'empêcher le

monopole de Google dans le cadre de son application Google Book. Ces alliances et ces

manœuvres ne visent qu'un seul et même objectif : faire tomber Google. Une fois encore, ce

n'est pas l'intégrité de Google qui sauve cette société. L'habitude et la peur de l'inconnu, le

goût du résultat, ce sont ces choses qui animent le choix des utilisateurs.

Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse47

Aucun empire n'est éternel et Google n'est pas assuré de conserver toujours cette

position dominante. Microsoft semblait indestructible et voilà que cette société rêve de son

passé glorieux avec nostalgie. En tant qu'utilisateurs du web, nous ne pouvons qu'être

47 Wittgenstein Ludwig, Tractatus-logico-philosophicus, 6.36311.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

51

optimistes puisque cette position de leader n'étant pas définitive, elle pousse à plus

d'innovation, plus de services, plus de responsabilité de la part des différents acteurs. Quelle

place aura donc Google demain ?

Il y a ceux qui rêvent d'un monde à la façon Google. Un monde open source, qui règle

son pas sur celui de Google. C'est le cas par exemple de Jeff Jarvis, qui dans La Méthode

Google applique les principes de l'entreprise à un certain nombre de domaines. Médias,

publicité, distribution, énergie, télécommunication, industrie, banques, santé, etc. tout peut

être calqué sur la méthode Google. Est-ce souhaitable ? Imaginez que les journaux

s'appliquent à suivre ces recommandations. Nous aurons alors des organes de presse

collaboratifs, avec son armada de blogueurs, ses interfaces d'échange d'informations, sa

capacité à être à l'écoute et à répondre aux attentes. Que devient la responsabilité du

journaliste, sa capacité à vérifier et analyser l'information ? Que deviennent les principes de

déontologie, la capacité à prendre le recul nécessaire ? Il ne s'agit pas de dire ici que les blogs

ne sont pas sérieux et qu'ils sont incapables de traiter correctement l'information, mais de

poser la question quant aux limites de ces derniers. Google appliqué à l'information, c'est le

risque de l'émotionnel hypertrophié et de l'information sélective (je choisis mon information).

Imaginons un instant l'hôpital Google. Un dossier médical accessible en ligne,

partageable avec des communautés de malades ayant les mêmes symptômes, des wikis et des

informations sur les médecins, les hôpitaux (avec des comparatifs, des statistiques) et le tout

avec un système de classement de type PageRank. Ce n'est rien de moins que ce qui propose

Jeff Jarvis en appliquant la méthode Google à la santé. L'idée surprend, intrigue, l'espace d'un

instant on est sous le charme et puis on y pense plus sérieusement. La santé peut-elle être

soumise aux lois de Google ? Quand on voit parfois le danger que présente l'auto médication,

les conseils sur les forums (parce que telle personne a déjà utilisé telle méthode pour un cas

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

52

similaire), et surtout quand on comprend qu'il est très difficile de vérifier la qualité de

l'information en général sur le web, il y a de quoi s'interroger.

L'entreprise, du moins telle qu'elle existe aujourd'hui ne peut se permettre de tout

partager et de fonctionner selon le mode Google. Il est par ailleurs remarquable qu'une société

telle que Google s'entoure de secret et de mystère. Le modèle Google n'est pas un modèle de

gestion d'entreprise mais de diffusion d'information et de marketing. Jarvis déplore que les

entreprises favorisent la culture du secret, mais il oublie de dire que dans ce domaine, Google

est aussi un leader. Les informations qui filtrent de l'entreprise Google Inc. sont rares. Nous

ne voyons que l'envers du décor. De la même façon, lorsque nous prétendons que Google

laisse l'utilisateur aux commandes, il s'agit d'un test utilisateur. Le décisionnel n'est pas de son

ressort. Et cela est plutôt souhaitable. Si comme le suggère Jarvis, un restaurant appliquait ce

principe, le gérant serait bien en peine de prendre une bonne décision. Autant de

consommateurs, autant d'avis différents. Google ne fait pas l'unanimité concernant ses

produits. Certains sont en adoration devant Gmail, d'autres ne s'y retrouvent pas. Il cependant

bien fallut décider.

Il ne s'agit pas ici de dire que toutes ces idées sont à rejeter. Il ne s'agit pas non plus de

dire avec l'auteur que Google sauvera le monde. Il faut prendre le meilleur de ce que propose

la technologie sans pour autant cesser d'être vigilant. Un monde idéal ressemble-t-il

réellement à Google ? Autrement dit, chaque instant de ma vie doit-il être conservé

précieusement dans une base de données ? Mes erreurs, n'ont-elles pas le droit à l'oubli ?

Faut-il tout soumettre à l'approbation de la majorité ? Faut-il se lier avec les personnes les

plus influentes ? La vie est-elle une version bêta ? Si nous forçons un peu le trait, c'est pour

montrer les limites que représente l'argumentation de ceux qui prétendent résoudre tous les

problèmes avec Google. Google est un outil, son modèle offre des possibilités mais en aucun

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

53

cas nous ne pouvons ni ne devons lui apporter une confiance aveugle. En toute chose il faut

savoir être critique.

D'un autre côté, il y a ceux qui ont fait de Google la bête de l'apocalypse. Soif de

pouvoir, contrôle des esprits, mensonges et trahisons : Google est diabolique. C'est oublier un

peu vite que Google n'est que l'outil et que l'homme seul est responsable de ce qu'il fait. Faut-

il, dès qu'une entreprise semble sympathique et qu'elle dit œuvrer pour « un monde meilleur »,

qu'on soupçonne le piège et la monstruosité ? Ne peut-on pas imaginer un instant que Google

puisse être sincère dans sa volonté d'apporter sa pierre à l'édifice ? Lorsque Barbara Cassin

fait un parallèle entre la méthode Google et les méthodes nazies48 elle ne perçoit pas la

différence essentielle qui les distingue : une part de volonté bonne49. « Il ne suffit pas d’avoir

de bonnes intentions pour faire de bonnes actions. Toute action s’inscrit dans un complexe

d’interactions et de rétroactions qui échappent à la volonté de celui qui l’a initiée Selon le

milieu dans lequel elle se développe, l’action peut dévier et même se retourner, inverser

l’intention initiale. Il y a des illusions éthiques dans l’esprit humain : on croit œuvrer pour le

bien de l’humanité, et on fait le contraire. 50

48 Barbara Cassin, Google-moi, pages 88 à 94 49 Au sens philosophique du terme : le pur vouloir d'être bon. 50 Edgar Morin

» Autrement dit, ce n'est pas parce que Google a

de bonnes intentions que ce que fait Google est nécessairement bon. Mais ce n'est pas non

plus parce que certaines actions de Google semblent être des déviances que Google est

mauvais. Certes Google ne vit pas d'amour pour son prochain et les profits ne sont pas

anodins. Certes, Google n'applique pas toujours ses règles de vertus. Mais Google ne présente

pas plus de méchanceté et de perversion que n'importe quelle autre société qui veut réussir à

être la plus performante dans son domaine. Ce qu'il faut comprendre avant tout c'est que la

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

54

position de dominant ne favorise pas Google. Être le premier est toujours suspect et conduit

les gens à avoir une certaine méfiance. Paraître bon semble toujours cacher autre chose : « qui

fait l'ange fait la bête.51

Finalement, le propos n'est pas de dire qu'il faut ou qu'il ne faut pas utiliser Google.

L'objectif est simplement de dire que si vous décidez d’utiliser les services de Google, il faut

que ce soit avec une bonne connaissance de cette entreprise et de ses produits. Qu'il s'agisse

des questions techniques ou des questions d'éthique, l'utilisateur doit être au fait de ce qu'il

utilise. Dès lors que vous utilisez les services d'une entreprise, vous devez savoir ce à quoi

vous vous exposez. Beaucoup de choses ont été dites sur Google, que ce soit en bien ou en

mal. En toute chose il faut être mesuré et attentif. Il importe réellement de s'informer et de

disposer d'outil de veille. Nous pouvons, à partir d'éléments précis dessiner ce que sera peut-

être Google demain. Mais quelle certitude avons-nous ? Google n'est pas irremplaçable.

Aucune entreprise censée même dans une situation de quasi-monopole ne l'est. Microsoft l'a

appris à ses dépens. Pour conserver sa place, Google devra faire cependant attention à ne pas

franchir certaines limites. Pour l'instant les utilisateurs sont plutôt satisfaits, mais pour

» Google apporte des solutions riches et innovantes. La recherche sur

le web a été transformée et notre façon de vivre s'est modifiée. Aujourd'hui, que ce soit pour

trouver une recette de cuisine ou chercher le sens de notre existence, cela passe par le moteur

de recherche, bien souvent par Google. Nos relations aussi sont affectées par le changement :

on vit une autre vie sur les réseaux sociaux, on partage sur les forums, on ne communique que

par téléphone cellulaire. Faut-il pour autant refuser d'utiliser les outils qui permettent de cela ?

Faut-il rejeter en bloc Google parce qu'il existe un danger potentiel ? N'est-ce pas Internet

dans son ensemble qu'il faudrait alors remettre en cause ?

51 Blaise Pascal, les Pensées, 358.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

55

combien de temps ? Jeff Jarvis expliquait que la première règle de Google applicable à toute

entreprise est d'être à l'écoute des utilisateurs. Il suffit de taper Google dans un moteur de

recherche pour se rendre compte que la mainmise sur les données personnelles des internautes

est vécue comme un objet de méfiance. Nombre de blogs expriment une méfiance envers

Google. Un sondage du 19 mai 2008 sur le site PC Impact52 montrait que l'opinion avait une

idée partagée de Google. Si nous sommes encore assez loin de la crise de confiance, nous ne

sommes pas non plus dans une confiance totale et aveugle.

Quel rapport avez-vous avec Google ? (4809 votants)

Je suis Google-addict 28.44 % (1209)

J'aime bien et utilise volontiers, ils proposent de très bons services 38.67 % (1644)

J'aime et utilise les services de Google, mais je suis quand même méfiant 26.72 % (1136)

Je suis très réticent, en étant bien obligé d'utiliser leurs services 4.87 % (207)

J'ai banni Google de ma vie 1.29 % (55)

52 PC Impact : http://www.pcinpact.com/sondages/detail/99.htm?action=vote&reponse=3

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

56

Conclusion

Qu’il s’agisse de la gestion de courriers électroniques, de campagnes publicitaires,

d’applications adaptées et adaptables (mashups), une entreprise peut utiliser de très nombreux

produits Google à moindre coût. La valeur commerciale ne se fait pas cependant au détriment

de la qualité. Dans l’ensemble, Google est connu pour faire de bonnes applications et pour

proposer des services de qualité. La création de Google en 1998 et son évolution dans le

paysage informatique en sont l’illustration. Mais Google est aussi connu pour des aspects plus

controversés. Le respect de la vie privée est bien souvent mis en avant pour attaquer la

réputation de Google. Il est vrai que dans ce domaine, Google n’est pas tout à fait

exemplaire. Entre la collecte de données de toutes parts et le mystère qui entoure la société,

Google n’est pas un exemple de transparence. Or, dans la sphère économique, la confiance

doit aussi jouer un rôle. Confier des données d’entreprise demande qu’on puisse se fier à un

prestataire. Ici, la confiance est un peu ébranlée. Il ne faudrait pourtant pas tourner le dos à

Google sous ce prétexte. L’utilisation de Google doit donc se faire avec une certaine

prudence. L’entreprise qui aura fait ce choix doit limiter au maximum les données qu’elle

transmet, dans la mesure du possible. Il ne s’agit pas là d’une spécificité de Google.

Microsoft, Yahoo, Facebook et bien d’autres ont une politique assez similaire. La différence

se situe dans l’intention, celle qui du moins est mise en avant par la société de Page et Brin.

« Google a pour mission d'organiser les informations à l'échelle mondiale dans le but de les

rendre accessibles et utiles à tous. » Par ce slogan, Google signifie son intention d’agir pour le

bien de tous. Sans pour autant douter de leur bonne foi, nous restons parfois un peu sceptiques

au regard des polémiques qui apparaissent très régulièrement dans les journaux.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

57

Imaginons un instant que Google parvienne à remplir sa mission : tout le savoir du

monde est accessible sur le web. L’amnésie est-elle en marche pour le genre humain ? Car si

je dispose de toute l’information sur un simple ordinateur, quel besoin ai-je d’entretenir ma

mémoire ? La mémoire de mon ordinateur supplée à la mienne et de plus loin. Une conférence

ayant eu lieu à Bordeaux, dans le cadre du Débat Numérique, le 3 février 2009 avait pour titre

« Pourquoi apprendre quand Google le sait ? La mémoire court-circuitée par le net. » Le titre

pourrait être une phrase d’un enfant, lassé de l’école. Il est le reflet d’une société qui se pose

des questions et cherche la réponse sur Google. Google mettrait-il la mémoire en péril ?

L’idée n’est pas neuve. Selon Platon, c’est depuis l’invention de l’écriture que l’homme

devrait avoir perdu la mémoire. « Voici, ô roi – dit Teûth l’inventeur –, une connaissance qui

aura pour effet de rendre les Égyptiens plus instruits et plus capables de se remémorer.

Mémoire, aussi bien qu'instruction, ont trouvé leur remède. » Et le roi de

répliquer : « Incomparable maître-ès-arts, ô Teûth, autre est l’homme qui est capable de

donner le jour à l’institution d’un art, autre celui qui l’est d’apprécier ce que cet art

comporte de préjudices ou d’utilité pour les hommes qui devront en faire usage. À cette

heure, voici qu’en ta qualité de père des caractères de l’écriture, tu leur as, par complaisance

pour eux, attribué tout le contraire de leurs véritables effets, car cette connaissance aura

pour résultat chez ceux qui l’auront acquise de rendre leurs âmes oublieuses, parce qu’ils

cesseront d’exercer leur mémoire, mettant en effet leur confiance dans l’écrit, c’est du

dehors, grâce à des empreintes étrangères, non du dedans, et grâce à eux-mêmes qu’ils se

remémoreront les choses. Ce n’est donc pas pour la mémoire, c’est pour la remémoration que

tu as découvert un remède.53

53Platon, Phèdre, 274e-275a.

»

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

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Annexes

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Annexe 1

Comment fonctionne un moteur de recherche ?

Les moteurs de recherche envoient leurs « robots d’indexation » (aussi appelés crawlers ou spiders), parcourir la toile. Ces « robots » sont des logiciels qui vont sillonner Internet de pages en pages via les hyperliens et scruter tout ce qu’ils trouvent sur leur chemin. Et ce, afin de rapporter ces résultats au moteur de recherche qui les indexera. Concrètement, les robots scrutent le code source des pages web.

Le robot scanne donc les pages pour récupérer les mots clés. Ensuite, le robot rapportera les informations collectées au moteur de recherche qui les enregistrera dans sa base de données. Ce processus est appelé « indexation ».

Lorsqu’un internaute ira sur le moteur de recherche et entrera une requête, le moteur de recherche sollicitera sa base de données et donnera à l’internaute tous les sites dont les mots clés concordent avec la recherche effectuée

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Annexe 2

Les fonctionnalités de Gmail.

Capacité de stockage de plus de 7.2 giga-octets qui augmente en permanence. Possibilité d’utiliser Gmail comme client de courriel universel. Possibilité de rediriger d’autres comptes mails sur Gmail et de choisir avec quel

compte écrire lors de la rédaction d’un message. Regroupement en conversation des courriels ayant le même objet : un courriel et ses

multiples réponses. Fonction de suivi permettant de suivre un ou plusieurs messages grâce à une page

spéciale. Tri automatique des courriels. Possibilité de créer un nombre illimité de filtres pour classer les messages directement

dans des libellés, de les supprimer ou encore de les transférer vers une autre adresse électronique. Ces filtres peuvent être définis grâce à l’adresse de l’expéditeur, du destinataire, du contenu du message ou du sujet.

Option recherche, qui permet d’effectuer des recherches sur les messages et leur contenu

Reconnaissance automatique des spams et rangement dans un dossier Spam sans besoin de configurer.

Fonction de chat depuis février 2006, compatible avec une grande majorité de navigateurs, quel que soit le système d’exploitation mais surtout sans avoir à installer de logiciel sur l’ordinateur.

Un affichage des miniatures : lorsque vous recevez une image plus grande que la résolution de votre écran, celle-ci est recadrée pour s’adapter à la taille de votre écran.

Enregistrement des pièces jointes multiples en une fois dans une archive zippée. L’interface est à présent disponible dans 40 langues : arabe, allemand, bulgare,

catalan, chinois, croate, estonien, anglais, danois, espagnol, finnois, français, grec, hébreu, hongrois, indonésien, italien, islandais, japonais, letton, lituanien, néerlandais, polonais, portugais, roumain, russe, sanskrit, serbe, slovaque, slovène, suédois, tagalog, tchèque, thaï, turc, ukrainien, vietnamien.

Répondeur automatique Enregistrement automatique du message après quelques minutes évitant toute perte

lors d’une éventuelle déconnexion.

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Annexe 3

Présentation de la notion de confidentialité par Google54

Champ d’application Ces règles s’appliquent aux produits, services et sites Web de Google (ci-après désignés collectivement par « services » de Google) dans le monde entier. Informations personnelles et autres données recueillies par Google

• Google recueille des informations d’ordre personnel lorsque vous vous inscrivez à un service Google ou lorsque vous communiquez volontairement ces informations à Google. Nous regroupons parfois des informations personnelles recueillies auprès de vous et des informations provenant d’autres services Google ou de services tiers, afin de vous offrir un meilleur confort d’utilisation, y compris la possibilité de personnaliser votre contenu.

• Google utilise des cookies ainsi que d’autres technologies pour vous offrir une meilleure expérience utilisateur en ligne et pour en savoir davantage sur votre façon d’utiliser les services Google, ce qui nous permet de développer la qualité de nos services.

• Lorsque vous visitez notre site Web ou utilisez l’un de nos produits, nos serveurs enregistrent automatiquement certaines données, notamment l’URL, l’adresse IP, la langue et le type de navigateur que vous utilisez, ainsi que la date et l’heure auxquelles vous avez effectué votre requête.

Utilisations • Nous pouvons utiliser vos informations personnelles pour vous fournir les services que

vous avez demandés, y compris les services vous permettant d’afficher du contenu personnalisé et publicitaire.

• Nous pouvons également nous servir de ces informations pour des opérations de contrôle, de recherche et d’analyse permettant d’améliorer les technologies et services Google.

• Nous sommes susceptibles de communiquer des informations non personnelles, sous forme collective à des entités autres que Google.

• Lorsque nous faisons appel à des tiers pour nous assister dans le traitement de vos informations personnelles, nous veillons à ce que ces derniers respectent nos règles de confidentialité et toutes autres mesures de confidentialité et de sécurité appropriées.

• Nous sommes également susceptibles de communiquer certaines informations à des tiers dans des cas limités, notamment en cas de recours légal, de prévention des fraudes, de protection face à un risque imminent, et pour préserver la sécurité de notre réseau et de nos services.

• Les informations personnelles sont traitées par les serveurs de Google, aux États-Unis et dans d’autres pays. Dans certains cas, le traitement peut être opéré sur un serveur situé hors de votre pays de résidence.

Vos choix

54 Règles de confidentialité de Google en 2009 : http://www.google.fr/intl/fr/privacy_highlights.html

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• Chaque fois que possible, nous vous laissons le choix de fournir des informations personnelles ou pas. Vous trouverez des informations supplémentaires sur les options dont vous disposez en consultant les avis de confidentialité ou les FAQ des différents services concernés.

• Bien que le bon fonctionnement de certaines fonctionnalités ou de certains services puissent en pâtir, vous pouvez refuser de nous fournir des informations personnelles et/ou de nous communiquer les cookies de votre navigateur.

• Nous essayons, en toute bonne foi, dans la mesure du possible et à votre demande, de vous donner un accès à vos informations personnelles, de les corriger en cas d’inexactitude ou de les supprimer.

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Annexe 4

Utilisation des moteurs de recherche : statistiques d’utilisation par le site w3School55

2009 IE7 IE6 IE8 Firefox Chrome Safari Opera July 15.9 % 14.4 % 9.1 % 47.9 % 6.5 % 3.3 % 2.1 % June 18.7 % 14.9 % 7.1 % 47.3 % 6.0 % 3.1 % 2.1 % May 21.3 % 14.5 % 5.2 % 47.7 % 5.5 % 3.0 % 2.2 % April 23.2 % 15.4 % 3.5 % 47.1 % 4.9 % 3.0 % 2.2 % March 24.9 % 17.0 % 1.4 % 46.5 % 4.2 % 3.1 % 2.3 % February 25.4 % 17.4 % 0.8 % 46.4 % 4.0 % 3.0 % 2.2 % January 25.7 % 18.5 % 0.6 % 45.5 % 3.9 % 3.0 % 2.3 %

2008 IE7 IE6 IE5 Firefox Chrome Safari Opera December 26.1 % 19.6 % 44.4 % 3.6 % 2.7 % 2.4 % November 26.6 % 20.0 % 44.2 % 3.1 % 2.7 % 2.3 % October 26.9 % 20.2 % 44.0 % 3.0 % 2.8 % 2.2 % September 26.3 % 22.3 % 42.6 % 3.1 % 2.7 % 2.0 % August 26.0 % 24.5 % 43.7 % 2.6 % 2.1 % July 26.4 % 25.3 % 42.6 % 2.5 % 1.9 % June 27.0 % 26.5 % 0.5 % 41.0 % 2.6 % 1.7 % May 26.5 % 27.3 % 0.7 % 39.8 % 2.4 % 1.5 % April 24.9 % 28.9 % 1.0 % 39.1 % 2.2 % 1.4 % March 23.3 % 29.5 % 1.1 % 37.0 % 2.1 % 1.4 % February 22.7 % 30.7 % 1.3 % 36.5 % 2.0 % 1.4 % January 21.2 % 32.0 % 1.5 % 36.4 % 1.9 % 1.4 %

55 Site w3school : http://www.w3schools.com

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Index

Adsens Système permettant de publier sur son site des annonces publicitaires provenant du réseau Google, en rapport avec le contenu de la page Votre rémunération est alors dépendante du nombre de clics sur ces annonces. Adword Achat de mots-clés (liens commerciaux) permettant d’être affiché sur les pages de résultats des moteurs de recherche. Ces liens sont généralement au format texte et fonctionnent au coût par clic (CPC) : les annonceurs ne paient que lorsque l’utilisateur clique dessus. Ajax Technique de développement d’applications Web interactives qui permet d’améliorer l’affichage des sites Web en ne chargeant que certaines données avec un serveur au lieu de rafraîchir la globalité de la page du site web. Algorithme Ensemble de formules mathématiques utilisées par les moteurs de recherche pour classer les pages Internet en fonction de l’indice de pertinence Cookies Ces fichiers textes, stockés par le navigateur Web (ou browser) sur le disque dur de l’utilisateur, permettent d’enregistrer les informations ou le parcours de ce dernier sur les différents sites web visités. Crawler Programme informatique utilisé par les outils de recherche sur internet, qui parcourt la banque de données de l'outil afin de trouver les pages web qui répondent à la question. Indexation : Opération qui consiste à attribuer à un document des mots clés à partir de l'analyse de son contenu. Marchés à deux versants (ou à doubles-faces) : Marché sur lequel une cible finance la consommation d'une autre cible, réduisant le coût d'achat de cette dernière. La presse quotidienne gratuite est un marché de ce type, les annonceurs permettant la gratuité du support pour le lecteur. Mashup Un mashup désigne une application qui combine dans une seule interface web plusieurs portions d'applications internes (CRM, ERP, développements maison...) et des données externes (annuaires, contrôle de solvabilité, etc.).

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Mot clé Mot (ou groupe de mots) représentatif d'une idée, d'un concept à partir duquel on lancera une recherche pour obtenir des informations sur cette idée ou ce concept. Moteur de recherche Système d'exploitation de banque de données, et, par extension serveur spécialisé permettant d'accéder sur la toile à des ressources (pages, sites, etc.) à partir de mots clés. Portail Site qui se veut une « porte d'entrée » sur le Web et qui fournit un très large éventail de services thématiques et de contenus susceptibles de retenir l'internaute. Serveur Un serveur est un ordinateur sur lequel sont entreposés les fichiers d'un ou plusieurs sites. Un site Web de grande envergure peut être réparti sur plusieurs serveurs, dans différents emplacements. URL (Uniform Ressource Locator) : adresse normalisée permettant d'identifier un site web et les pages (fichiers) qui le composent. On peut comparer l'URL avec l'adresse postale d'une personne, mais appliquée aux documents sur le réseau virtuel de l'internet.

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Bibliographie

Livres consultés : ANDERRUTHY Jean-Noël, Google AdWords, Analytics et Adsens, Générez plus de trafic sur votre site, Eni éditions, janvier 2009, 300 pages. BATTELLE John, La révolution Google, comment les moteurs de recherche ont réinventé

notre culture ? éditions Eyrolles, 2006, 279 pages.

BOMSEL Oliver, Gratuit ! Du déploiement de l'économie numérique. Éditions Gallimard,

2007, 299 pages.

CASSIN Barbara, Google-moi, La deuxième mission de l'Amérique, Paris, Albin Michel,

2007, 258 pages.

GIRARD Bernard, Le modèle Google, Une révolution du management, M21 éditions, 2008,

215 pages.

JARVIS Jeff, La méthode Google, que ferait Google à votre place ? Éditions Télémaque,

2009, 391 pages.

JEANNEREY Jean-Noël, Quand Google défie l'Europe : Plaidoyer pour un sursaut, éditions

Mille et Une Nuits, 2005, 114 pages.

Que Cherche Google ? Ce qu’il faut savoir avant d’utiliser les services Google.

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VISE David A. et MALSEED Mark (traduit en français par Dominique Maniez), Google

Story Ed. Dunod, 2006

Sites de référence :

Google : www.google.com

Microsoft : www.microsoft.com

Yahoo ! : www.yahoo.fr

AltaVista : http://fr.altavista.com

WebRankInfo : www.webrankinfo.fr

AT Internet (statistiques): http://www.atinternet.com

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Table des matières

INTRODUCTION ................................................................................................................................................. 4

UNE HISTOIRE DE GOOGLE .......................................................................................................................... 9

Connaître le passé est une manière de s’en libérer .................................................................................... 10

Il n’y a point de génie sans un grain de folie .............................................................................................. 12

Du succès les mortels ne se rassasient jamais ............................................................................................. 16

LA REVOLUTION DU MANAGEMENT ....................................................................................................... 27

Le manager trop mou et le manager trop dur sont deux catastrophes ........................................................ 27

On s'égare rarement en s'imposant soi-même des règles sévères. ............................................................... 31

N’importe quelle publicité est une bonne publicité. .................................................................................... 35

FAUT-IL AVOIR PEUR DE GOOGLE ? ........................................................................................................ 39

Quand on a peur de quelqu’un, on croit facilement le mal qu’on dit de lui ................................................ 39

L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat ....................................................................... 46

Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse ........................................................................................ 50

CONCLUSION .................................................................................................................................................... 56

ANNEXES ........................................................................................................................................................... 58

Annexe 1 ...................................................................................................................................................... 59Comment fonctionne un moteur de recherche ? ....................................................................................................... 59

Annexe 2 ...................................................................................................................................................... 60Les fonctionnalités de Gmail décrites par Google .................................................................................................... 60

Annexe 3 ...................................................................................................................................................... 61Présentation de la notion de confidentialité par Google ........................................................................................... 61

Annexe 4 ...................................................................................................................................................... 63Utilisation des moteurs de recherche : statistiques d’utilisation par le site w3School .............................................. 63

INDEX .................................................................................................................................................................. 64

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 66

TABLE DES MATIERES .................................................................................................................................. 68