Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011
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Travailler Ensemble
Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services
Mai 2011 - Numéro 4
JWCU, l’organisation des coopératives de travail
associé fait état d’une situation d’urgence au sein de
ses membres après les répliques qui ont touché le
pays. Un fond d’urgence a été mis en place afin d’ai-
der les coopératives. Dossier complet en page 24.
DANS CE NUMÉRO
INTERVIEW AVEC ISABELLE DURANT
VICE-PRÉSIDENTE DU PARLEMENT
EUROPÉEN (page 14)
L’EMPLOI DURABLE:
UNE CLÉ POUR
L’AVENIR DE L’EUROPE (page 7)
SIGNES D'ESPOIR POUR
LES COOPÉRATIVES
EN EGYPTE (page 23)
Le Japon se redresse Fonds d’urgence pour les coopératives
de travail associé au Japon
DES COOPÉRATIVES:
DES ENTREPRISES POUR
UN MONDE MEILLEUR (page 3)
ÉDITORIAL 2
INTERCONTINENTAL 3
EUROPE 7
INTERVIEW 14
AMÉRIQUE DU SUD 16
AMÉRIQUE DU NORD 19
AFRIQUE 22
ASIE 24
ÉDITION SPÉCIALE
SUR L’EMPLOI DURABLE
Lorsque CECOP m’a demandé de
rédiger l’éditorial du magazine que
vous tenez entre les mains, j'ai res-
senti un double sentiment : la respon-
sabilité d'écrire quelques mots qui
rencontreraient l’opinion et la pensée
de toutes les personnes du mouve-
ment coopératif d'une part, et le plai-
sir de parler d'un sujet que je défends
dans tous les domaines possibles
d’autre part.
L'emploi durable est un des piliers
fondamentaux qui soutient notre mo-
dèle entrepreneurial, comme nous le
montrent les principes coopératifs de
l'Alliance Coopérative
Internationale (ACI) :
le septième principe
évoque en effet l'inté-
rêt porté à la commu-
nauté : les coopérati-
ves contribuent au
développement dura-
ble de leur commu-
nauté dans le cadre
d'orientations approu-
vées par leurs mem-
bres. Chacun sait que les coopérati-
ves sont les entreprises qui consen-
tent le plus d'efforts pour maintenir
l'emploi dans le temps et pour l’an-
crer localement.
Dans le traité de Lisbonne, et notam-
ment dans le chapitre II de la charte
des droits fondamentaux qu’il recon-
naît, divers points traitent du libre
choix de la profession, du droit au
travail et de la liberté d'entreprendre
tandis que le chapitre III de la même
charte analyse l'égalité entre les hom-
mes et les femmes. Si nous nous ba-
sons sur les objectifs de l'ACI nous
observons qu’il s’agit, entre autre, de
promouvoir le développement hu-
main durable et de promouvoir le
progrès économique et social de l'in-
dividu.
À COCETA, nous travaillons active-
ment à l'inclusion des clauses socia-
les dans les appels d'offres publics en
nous basant fondamentalement sur la
durabilité de l'emploi et sur son ca-
ractère local. Nous devons nous sou-
venir que la coopérative est le modè-
le entrepreneurial idéal pour travail-
ler avec les administrations publi-
ques : alors que l'entreprise tradition-
nelle occupe du personnel pour le
temps limité du service à exécuter,
les coopératives essaient de mainte-
nir dans la durée les personnes em-
ployées; ainsi, non seulement le pos-
te de travail n’est pas supprimé, mais
les effets se font sentir au niveau lo-
cal, avec tous les avantages que cela
comporte.
Autre concept très
important dans le do-
maine de la durabilité
de l’emploi : la res-
ponsabilité sociale des
entreprises (RSE). Le
conseil mondial des
entreprises pour le
développement dura-
ble définit la RSE
c o m m e é t a n t
« L’engagement continu des entrepri-
ses à adopter un comportement éthi-
que et à contribuer au développement
économique, tout en améliorant la
qualité de la vie des travailleurs et de
leurs familles, ainsi que de la com-
munauté locale et de l’ensemble de la
société ». Ce concept est dynamique,
en évolution constante mais il est
vital et en harmonie totale avec la
durabilité de l'emploi.
J'ose espérer que vous trouverez ce
numéro de Travailler Ensemble inté-
ressant et qu'il vous donnera matière
à approfondir ces thèmes. Bonne
lecture !
Travailler Ensemble Numéro 4 - Mai 2011
Travailler Ensemble est le magazine
de la Confédération mondiale
(CICOPA) et européenne (CECOP-
CICOPA Europe) des coopératives
et des entreprises détenues par leurs
travailleurs dans l’industrie et les
services
CICOPA est une organisation secto-
rielle de l'Alliance coopérative inter-
nationale (ACI).
Avenue Milcamps 105 - BE-1030
Bruxelles, Belgique
Contact: [email protected]
www.cicopa.coop / www.cecop.coop
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
Bruno Roelants
COORDINATION ET RÉDACTION
Olivier Biron et Leire Luengo
COLLABORATEURS
Virginia Pérez et Natalia Acerenza
GRAPHISME
Jorge Cabrera pour jcse
TRADUCTIONS ET RELECTURES DES
TROIS VERSION LINGUISTIQUES
Guy Boucquiaux, Francine Feret,
Arantza Garrido Altuna, Helen Ro-
binson et Celia Martín del Pozo
PHOTOS
Réalisation propre et photos libres de
droit sur flickr.com
La rédaction souhaite remercier tous
les membres de CICOPA et de
CECOP-CICOPA Europe pour leur
contribution .
Édité en anglais, français et espagnol
Manuel Mariscal Sigüenza est vice-
président de CECOP, vice-président de
COCETA (Confédération espagnole
des coopératives de travail associé) et
président de FAECTA (Fédération des
entreprises coopératives d'Andalousie).
« L'emploi durable
est un des piliers
fondamentaux qui
soutient notre
modèle
entrepreneurial... »
2 |
'Les coopératives, des entreprises
pour un monde meilleur'. Tel sera
le slogan de l’organisation des Na-
tions unies pour 2012, Année Inter-
nationale des Coopératives. Il met
en évidence la contribution des coo-
pératives au développement socio-
économique, reconnaissant en parti-
culier leur impact sur la diminution
de la pauvreté, la création d'emplois
et l'intégration sociale : « Les coo-
pératives rappellent à la commu-
nauté internationale qu'il est possi-
ble d’allier la viabilité économique à
la responsabilité sociale » a déclaré
Ban Ki-moon, secrétaire général des
Nations unies.
La résolution de L'ONU qui a proclamé
cette année internationale invite tous
les États membres à agir en établissant
des mécanismes nationaux, des comités
nationaux par exemple, pour préparer,
observer et suivre l'Année Internationa-
le des Coopératives.
Cette initiative à l’échelle mondiale a
pour objectifs de sensibiliser le public
aux coopératives et à leur contribution
au développement socio-économique et
de promouvoir la création et la crois-
sance de celles-ci. L'Année Internatio-
nale des Coopératives encourage les
gouvernements à établir des politiques,
des lois et des règlements contribuant à
la création, la croissance et le maintien
des coopératives.
Les Nations unies viennent également
de dévoiler le logo de cette année inter-
nationale : il représente sept personnes
unissant leurs forces pour soulever et
soutenir un cube. Il évoque ainsi la
définition même de l’entreprise coopé-
rative comme « association autonome
de personnes volontairement réunies
pour satisfaire leurs aspirations et be-
soins économiques, sociaux et culturels
communs au moyen d'une entreprise
dont la propriété est collective et où le
pouvoir est exercé démocratique-
ment »1. ■
| 3
‘Co-operative Press’ a lancé récem-
ment 'Dash.coop', un site de nouvelles
et de mises à jour issues du web et qui
concernent les coopératives. Cet outil
constitue une source interactive pour
les personnes issues du mouvement
coopératif mais aussi pour toutes celles
qui s’y intéressent, en leur donnant
accès à des informations par sujet ou
via l’outil de recherche avancée.
'Dash.coop' a la particularité d’être
contrôlé par ses utilisateurs. Ainsi,
n’importe qui peut s’enregistrer et
ajouter des nouvelles qui vont alimen-
ter le site. Tous les articles du site peu-
vent être partagés grâce à Twitter, Fa-
cebook, MySpace, Delicious ou par
courrier électronique. De même, on
peut trouver des informations plus dé-
taillées par pays, et sur des sujets plus
généraux comme des conférences et
des évènements.
Le directeur de 'Dash.coop', Anthony
Murray, souligne la richesse de ce mo-
de d’information: « Dash.coop a pour
but de mettre en contact les coopérati-
ves ». Il insiste également sur l'impor-
tance d’une communication constante
entre les coopératives, particulièrement
en raison de la crise mondiale que nous
connaissons et de la célébration en
2012 de l’année internationale des coo-
pératives. ■
Pour plus d'informations :
http://social.un.org/coopsyear
Site internet: http://www.dash.coop
1 Recommandation 193/2002 de l’OIT sur
la Promotion des Coopératives
e 8 mars dernier, on commé-
morait le centenaire de la
journée internationale des fem-
mes. Pour marquer cet évènement,
Travailler Ensemble revient sur le
rôle crucial des femmes dans les
coopératives de travail associé.
Malgré les signes de progrès constatés
en matière d'égalité des genres au cours
de ces 15 dernières années, le Bureau
International du Travail (BIT), constate
qu’il existe toujours un écart significa-
tif entre les hommes et les femmes en
terme d'offres d'emploi et de qualité de
celui-ci. En revanche, les femmes ont
toujours été présentes en nombre dans
les coopératives de travail associé par-
ce que ce modèle économique combine
viabilité économique et responsabilité
sociale. La coopérative de femmes
d'agrotourisme « To Kastr »', en est un
exemple. Depuis 2000, Anna Darzenta
et 27 femmes au foyer se sont associées
pour lancer leur propre entreprise de
restauration dans l'île grecque de Syros
où l’on note un fort taux de chômage.
Le programme EQUAL pour les entre-
preneurs féminins, financé par le Fonds
social européen, les a aidées.
« Avec une éthique égalitaire, une prise
de décisions participative, la coproprié-
té et la poursuite d’objectifs qui vont au
-delà du profit, les coopératives offrent
des opportunités aux femmes dans les
économies locales et dans les sociétés
du monde entier », a déclaré le secrétai-
re général de L'ONU Ban Ki-moon à
l'occasion de la journée internationale
des coopératives de l’an passé, dont le
slogan était 'Les entreprises coopérati-
ves responsabilisent les femmes'. Au
sujet de l'égalité des genres, il souligne
aussi que l'approche coopérative est
non seulement un modèle économique-
ment durable, mais aussi un système
entrepreneurial dans lequel on trouve
des indicateurs d'égalité entre hommes
et femmes plus importants que dans les
autres types d’entreprises. Selon la
confédération espagnole des coopérati-
ves de travail associé (COCETA), 49
% des personnes employées dans les
coopératives de travail associé sont des
femmes. Parmi celles-ci, 39 % oc-
cupent des postes de direction, alors
que dans d'autres entreprises qui
n'adoptent pas ce modèle, le pourcenta-
ge de femmes qui exercent cette fonc-
tion atteint à peine 6 %.
En Italie, selon ANCPL-LEGACOOP,
la présence des femmes dans les coopé-
ratives de travail associé dans l’indus-
trie de la mode atteint 95 %. La coopé-
rative 'CAPA de Stienta' (Rovigo), en
est un exemple significatif : elle réunit
une centaine de travailleuses, presque
toutes membres, et est la principale
productrice de la gamme Dolce & Gab-
bana, générant un chiffre d'affaires
annuel de plus de trois millions d'euros.
Dans d'autres secteurs où les femmes
sont moins nombreuses, comme la mé-
tallurgie, l’industrie chimique et la pa-
peterie, on constate que 20 % des fem-
mes occupent un poste de direction. De
plus, au cours de ces six dernières an-
nées la présence féminine dans le sec-
teur industriel a augmenté de manière
significative tant du point de vue quali-
tatif que quantitatif.
La New Zealand China Friendship So-
ciety (NZCFS) et le Comité Internatio-
nal pour la Promotion des Coopératives
Industrielles de Chine (ICCIC), ont
lancé un projet avec la fédération des
femmes de la province de Shaanxi,
pour encourager la présence des fem-
mes chinoises dans les coopératives. La
première phase de formation est termi-
née et le vice-président d'ICCIC, Dave
Bromwich, indique que « les coopérati-
ves donnent aux femmes une opportu-
nité d’exercer un rôle de dirigeant et les
aident à développer leur confiance en
elles ».
Tandis que l'économie mondiale fait
face à des défis difficiles, les coopérati-
ves fournissent un service de valeur à
de nombreuses femmes, particulière-
ment à celles des communautés vulné-
rables. Le modèle économique coopé-
ratif est plus résistant en situation de
crise que les entreprises capitalistes en
raison même du fait que les travailleurs
sont propriétaires de l’entreprise et que
ce modèle prévaut sur le capital indivi-
duel puisque les profits sont partagés
dans une approche collective. ■
L
Deux travailleurs de la coopérative espagnole Sherlimp
4 |
ossano Rimelli a été élu pré-
sident de CECOP-CICOPA
Europe lors de l’assemblée extra-
ordinaire qui s’est tenue le 4 no-
vembre à Bruxelles. Par cette
élection, il devient également vice
-président de CICOPA pour l’Eu-
rope. Expert industriel, diplômé
en économie et en commerce,
Rossano Rimelli est actif dans le
monde de la coopération en Italie
depuis plus de 25 ans.
Il est depuis 2007 Directeur Général
d’ANCPL, l’organisation sectorielle
de Legacoop pour les coopératives
industrielles. Il succède ainsi à Felice
Scalvini, récemment élu co-président
de Cooperatives Europe. Felice Scal-
vini avait été président de CECOP
pendant les 14 dernières années, une
période qui a connu des changements
historiques en Europe, et qui a été
marquée par une profonde transfor-
mation de l’architecture institution-
nelle du mouvement coopératif inter-
national, à laquelle il a lui-même
contribué.
Lors de son élection, Rossano Rimel-
li a déclaré : « Etre président de CE-
COP signifie avoir le devoir impor-
tant de représenter toute l’organisa-
tion. L’activité de l’organisation mê-
me exige l’implication du plus grand
nombre. Je suis également convaincu
qu’au-delà du secteur coopératif dans
lequel on évolue, ce que nous faisons
doit être avant tout perçu comme une
activité entrepreneuriale. L’Italie, la
France, l’Espagne et de nombreux
autres pays européens ont une capaci-
té compétitive importante en ce qui
concerne les coopératives, tant au
niveau national qu’international, et
les faits démontrent que l’on peut
faire de la coopération sous différen-
tes formes. Dans cette période de
crise, les coopératives peuvent faire
la différence face à d’autres formes
d’entreprises plus lucratives ». ■
R
Rossano Rimelli
| 5
n 2010, le réseau Red del Sur
a initié un projet cofinancé
par l'Union européenne pour ren-
forcer la coopération transfronta-
lière. Red del Sur est un forum
d’échange et de développement
constitué par plusieurs organisa-
tions coopératives du Mercosur
(voir article page 16). Les organi-
sations du Brésil et de l'Uruguay, à
savoir UNISOL et FCPU, ont déjà
entrepris des actions importantes
dans ce sens.
En février de cette année, une déléga-
tion brésilienne, composée d’acteurs
du monde coopératif et de représen-
tants du gouvernement de Río Grande
do Sul, ont visité des entreprises uru-
guayennes et ont signé des accords
avec des représentants du gouverne-
ment de ce pays. Il en résulte une col-
laboration qui impliquerait différents
maillons de la chaîne textile à base de
polymères recyclés.
Les coopératives de recyclage au Bré-
sil effectueraient dans un premier
temps le travail de récolte des condi-
tionnements en plastique et les trans-
formeraient en lamelles pures de poly-
éthylène téréphtalate (PET), un type
de plastique transparent. Ces lamelles
serviraient alors de matière première
pour la fabrication de la fibre de po-
lyester par Coopima, une coopérative
uruguayenne. Celle-ci serait alors ren-
voyée au Brésil pour être utilisée par
Coopertextil, une filiale autogérée.
Justa Trama, une chaîne brésilienne de
production de tissu et de confection du
commerce équitable, qui compte six
entreprises, complèterait ce réseau
régional. Une opportunité importante
s’offre ainsi, au départ d’une stratégie
régionale, de créer de l’emploi dans
différents secteurs de l'économie so-
ciale des deux pays. ■
E
Une délégation brésilienne de coopératives
et des autorités visitent Coopima, Uruguay
a coopérative espagnole m30m
prépare une série documentai-
re sur les coopératives du monde
entier et dont le premier épisode
enregistré au Chili est en cours de
post-production. Elle travaille éga-
lement à la production du deuxiè-
me épisode qui sera tourné en Co-
lombie où la coopérative a mené
une enquête sur le secteur au mois
de novembre.
Les résultats de ces premier contacts
ont été « très positifs », comme le sou-
ligne la porte-parole de m30m, Ana
Sánchez: « Tout d'abord, parce que
nous avons été en contact direct avec le
mouvement coopératif dans ces pays et
que nous avons pu en même temps
partager et échanger des expériences ;
nous sommes persuadés que le mouve-
ment coopératif doit être davantage
interconnecté ».
La série sera d'abord visible sur inter-
net, même si m30m espère trouver
d’autres espaces de diffusion, comme
la télévision publique par exemple. Elle
voudrait également s’associer à d’au-
tres entreprises coopératives d’audiovi-
suel en Europe avec lesquelles elle
pourrait collaborer dans le cadre de ce
projet.
Pour l'instant, la série ne bénéficie pas
d’un soutien financier institutionnel.
M30m est à la recherche de partenaires
potentiels dans les pays où elle va tour-
ner mais également au niveau interna-
tional. Les épisodes tournés au Chili
par exemple sont financés grâce aux
ressources de la coopérative et avec
l'aide du centre international pour l'éco-
nomie socia le et coopérat ive
(CIESCOOP) de l'université de Santia-
go du Chili et de la Fundación Escuela
Andaluza de Economía Social
(organisme de formation dans le do-
maine de l'économie sociale).
Augmentation de la visibilité
Cette série a pour objectifs d’augmen-
ter la visibilité du mouvement coopéra-
tif, de faire connaître les pays et ré-
gions du monde à travers les entrepri-
ses et les organisations coopératives, et
d'afficher les valeurs et les principes de
la coopération dans la pratique. Parallè-
lement, la coopérative veut initier un
espace mondial de rencontre et de pro-
motion de l’identité coopérative.
« Beaucoup d’adeptes de la coopéra-
tion sont conscients de la nécessité de
diffuser plus largement ce que nous
faisons, pour montrer qui nous sommes
et notre mode d’action. Nous nous ins-
crivons peut-être plus dans l'action que
dans la parole, mais nous devons ap-
prendre à l’utiliser pour que le monde
nous connaisse et nous reconnaisse »,
explique Ana Sanchez.
La coopération est un phénomène pré-
sent dans la plupart des pays, qui a sur-
vécu et grandi même si les conditions
n’étaient pas toujours favorables.
« Nous croyons que le partage de ces
expériences dans chaque pays nous
permettra de renforcer le mouvement
coopératif », indique Ana Sanchez.
« C’est une manière participative et
solidaire d’entreprendre qui répond aux
besoins des personnes. Mais la coopé-
ration a aussi quelque chose d'unique
dans chaque territoire et c’est pour cela
que nous sommes convaincus que le
partage de ces expériences nous per-
mettra de renforcer le mouvement coo-
pératif ».
Rendre plus populaire le modèle coo-
pératif
La coopérative m30m, basée en Anda-
lousie depuis neuf ans, a comme ligne
directrice de rendre plus populaire la
coopération et l'économie sociale. Ce
n'est pas la première fois que m30m
réalise ce type de support audiovisuel.
En 2003, elle avait déjà réalisé une
série de 9 documentaires intitulée
'L'économie sociale en Andalousie'
financée par CEPES Andalucía. En
2009, elle avait aussi commencé à pro-
duire une autre série appelée
'Entreprendre dans l'économie sociale'.
« En 2008 nous avons commencé à
considérer l'importance d'aller au-delà
de la sphère de notre région et nous
avons conçu une série autoproduite qui
permettrait de diffuser et d’informer
sur le mouvement coopératif dans le
monde. Nous voulions vivre de nouvel-
les expériences et les diffuser », expli-
que Ana Sanchez. ■
L
La coopérative d’artisan Mundart à Santiago de Chile
6 |
Pour plus d'informations :
http://www.m30m.com/
ECOP - CICOPA Europe a
initié une campagne sur l'em-
ploi durable qui met en évidence le
fait que les coopératives de travail
associé, les coopératives sociales et
les autres types d'entreprises pro-
priété de leurs travailleurs génè-
rent un type d'emploi plus durable.
Pourquoi ? Parce qu'elles sont
contrôlées par leurs travailleurs
qui sont aussi les propriétaires de
ces entreprises, activement présen-
tes sur les territoires et dont le but
est de satisfaire les besoins écono-
miques, sociaux, culturels et/ou
environnementaux communs et de
les aspirations de ces travailleurs-
propriétaires.
« Je crois vraiment que les personnes
sont responsabilisées si elles font elles-
mêmes les choses, plutôt qu’en les re-
cevant toutes faites » explique Becky
Johnson de la coopérative de travail
associé ‘Who made your pants?’ créée
précisément pour responsabiliser des
femmes marginalisées en leur procu-
rant un emploi flexible, un enseigne-
ment et un espace communautaire de
rencontre. Pour cette campagne, CE-
COP livre les témoignages de membres
de coopératives à travers toute l'Europe
sur le site de la campagne où l'on peut
aussi voir des nouvelles et des vidéos
(www.sustainableemployment.eu).
On a constaté, ces dernières années, un
intérêt croissant pour le modèle écono-
mique des coopératives de travail asso-
cié. C'est un système financier-
économique mondial en grande partie
basé sur le court terme qui a ouvert la
voie à la crise qui a ébranlé le monde
entier et mis des États entiers membres
de l'Union européenne dans une situa-
tion plus que critique. Depuis lors, les
coopératives sont apparues comme
généralement plus résistantes face à la
crise et leur modèle est considéré com-
me une option réaliste pour sauver des
entreprises et des emplois par la res-
tructuration d'entreprises en crise ou
sans héritiers. Néanmoins, les coopéra-
tives en général et les coopératives de
travail associé en particulier souffrent
d'un manque de reconnaissance dans
les politiques européennes en matière
d’emploi. « Un exemple typique de ce
manque de reconnaissance peut être
trouvé dans la stratégie 2020 de l’U-
nion européenne » souligne Bruno
Roelants, le Secrétaire Général de CE-
COP. Cependant, la communication de
la Commission européenne récemment
publiée – Un Acte pour le marché uni-
que - reconnaît réellement que le sec-
teur coopératif est plus vivant que ja-
mais.
Malgré l'enthousiasme récent dont ont
bénéficié les coopératives ces dernières
années, la campagne de CECOP ne
présente pas les coopératives comme la
solution suprême à tous les maux.
Comme tout autre type de société, les
coopératives connaissent de nombreux
problèmes, mais, la plupart du temps,
ceux-ci sont résolus conjointement par
leurs membres. « Il n'est pas facile de
fonctionner comme une coopérative.
L'enthousiasme initial cède vite la pla-
ce à l'individualisme et aux exigences
qui peuvent facilement mettre en péril
la vie de la société. Il est donc absolu-
ment nécessaire que les questions et les
problèmes rencontrés soient partagés
par tous les travailleurs membres avec
la conviction que toutes les actions sont
guidées par l'intérêt commun » expli-
que Elena Purinan de la coopérative
Aussametal du Nord de l'Italie.
Tous les membres ont leur mot à dire et
sont directement intéressés par le suc-
cès de l’entreprise grâce à la redistribu-
tion de l’excédent : « Si davantage
d’entreprises étaient dirigées de cette
manière, avec des travailleurs-
propriétaires fortement motivés, chacun
serait alors mieux loti », dit Scott Muir,
un travailleur de Infinity Food - Royau-
me-Uni.
Récemment, CECOP a adressé une
lettre à plusieurs décideurs de haut ni-
veau de l'Union européenne pour amé-
liorer leur connaissance du modèle
économique des coopératives de travail
associé. La lettre a été envoyée aux
commissaires de l'Union européenne
László Andor (DG Emploi), Antonio
Tajani (DG Entreprises) et Michel Bar-
nier (DG Marché intérieur), ainsi qu’à
plusieurs membres du parlement euro-
péen et à des fonctionnaires de la Com-
mission.
Ainsi qu’il l’est dit dans la lettre, « En
procurant des emplois durables au sein
d’entreprises économiquement viables
et tournées vers le long terme, nous
estimons que nous nous inscrivons
dans une tendance socioéconomique
plus large qui tente de générer et de
distribuer de la richesse à long terme
dans les territoires, allant ainsi à
contresens des tendances qui ont pro-
voqué la crise ». ■
C
1 Communication de la Commission européenne
- COM(2011) 206/4: “Acte pour le marché uni-
que - Douze leviers pour stimuler la croissance
et renforcer la confiance "Ensemble pour une
nouvelle croissance" - http://s.coop/15v6.
| 7
Le texte est disponible sur le site
dédié à la campagne
http://www.sustainableemployment.eu
a transformation d’entreprises en
coopératives est une option qui,
même si elle est plus fréquente au-
jourd’hui, n'est pas toujours prise en
compte dans le cadre de la restructura-
tion d’entreprises en crise ou sans héri-
tiers. La crise économique mondiale a
démontré le succès de ce statut entre-
preneurial pour un monde plus démo-
cratique et pour des emplois plus dura-
bles. Les exemples couronnés de suc-
cès de reprises d'entreprises en crise
par leurs travailleurs sont nombreux.
Plusieurs guides ont été récemment
publiés à l’attention de ceux qui sou-
haitent rejoindre le bateau de la coopé-
ration et notamment au Royaume-Uni,
en Espagne et en France. Ainsi, la
Confédération espagnole des Coopéra-
tives de Travail Associé (COCETA) et
en France, la Confédération Générale
des Scop [coopératives de travail asso-
cié] (CG Scop) ont publié des guides
très pratiques, qui décrivent les étapes
les plus importantes à suivre par les
futurs entrepreneurs. Chaque organisa-
tion a enrichi son guide de caractéristi-
ques nationales (législation, finance-
ment, environnement des entreprises,
etc.), mais chacune poursuit le même
objectif: faire connaître et promouvoir
l'option coopérative.
Le guide publié par COCETA donne
des informations très pratiques qui
permettent à une future coopérative
d'établir un diagnostic en prenant en
compte sa situation actuelle pour iden-
tifier les domaines dans lesquels la
nouvelle entité devrait s’améliorer afin
d’assurer son succès. La CG Scop et
COCETA incluent dans leurs lignes
directrices des outils qui peuvent aider
les entreprises qui décident de cette
transformation, comme par exemple,
une liste d'entités ou d’institutions
publiques et privées spécialisées dans
la gestion de telles situations. Le guide
de COCETA comprend également la
liste des aides sous forme de subven-
tions publiques et d'assistance techni-
que dont les entrepreneurs d'une coo-
pérative peuvent bénéficier.
Pour sa part, Co-operatives UK a ré-
cemment édité un guide visant à pro-
mouvoir le mouvement coopératif
dans les secteurs de la création. Ce
guide veut ainsi favoriser le rappro-
chement entre professionnels (qui sont
souvent des indépendants) afin qu’ils
travaillent ensemble. Le document
donne les clés nécessaires et indique la
voie à suivre pour créer une coopérati-
ve. De plus, Co-operatives UK a éga-
lement publié en 2008 un guide géné-
rique sur la création de coopératives. ■
L’Acte pour le marché unique
Le commissaire européen en charge du
marché intérieur et des services, Michel
Barnier, a présenté le 13 Avril 'L’Acte
pour le marché unique', un texte présen-
tant douze priorités dont l’objectif est de
stimuler la croissance et de renforcer la
confiance des citoyens. Les actions-clés
liées aux priorités devraient être adoptées
d'ici la fin 2012.
Le texte spécifie que le secteur coopératif
est « plus vivant que jamais » et souligne
l’impact de celui-ci en termes d’emplois
au sein de l’Union européenne.
La position de CECOP sur L’Acte pour
le marché unique peut être lue sur le site
web : http://s.coop/15vq. ■
Restructuration d’entreprises et adaptation au changement
En 2010, CECOP-CICOPA Europe a
mené un projet sur la restructuration d'en-
treprises, financé par l’Union européenne
et intitulé 'Anticipate'. Ce projet s'est pen-
ché sur la restructuration entrepreneuriale
et l’anticipation du changement dans les
coopératives sociales et de travail associé
et dans les entreprises de propriété de
leurs travailleurs en Italie, en Espagne et
en France. Dans ces pays, le phénomène
des travailleurs propriétaires de leur en-
treprise est particulièrement riche en qua-
lité et quantité. En suite de ce projet, un
livre intitulé 'Au-delà de la Crise: Coopé-
ratives, Travail, Finance - Création de
richesse dans la durée' sera prochaine-
ment publié en anglais, français, italien et
espagnol. Cet ouvrage tente d’identifier la
dynamique des coopératives concernées
et leur capacité à s’adapter au change-
ment et à l’anticiper. Un outil particuliè-
rement intéressant dans le contexte de
crise qui touche l’économie mondiale.
Cet ouvrage sera disponible d’ici peu à
l’achat sur le site de CECOP: http://
www.cecop.coop.
« Au-delà de la Crise: Coopératives, Tra-
vail, Finance - Création de richesse dans la
durée » (CECOP Publications) par Alberto
Zevi, Antonio Zanotti, François Soulage et
Adrian Zelaia. ■
Des guides pratiques pour promouvoir la création de coopératives
8 |
L
Pour accéder à ces guides :
ESPAGNE De empresa en crisis a empresa cooperati-
va: Guía para la transformación de empre-sas mercantiles en cooperativas de traba-
jo. COCETA (Télécharger)
FRANCE
Guide ‘Transmission d’entreprise en Scop’.
CG Scop. (Télécharger)
ROYAUME UNI Creative cooperatives. A guide to starting a
cooperative in the creative industries. Co-
operatives UK. (Télécharger)
Guide ‘Starting a Co-operative’. Co-operatives UK. (Télécharger)
a consolidation des emplois
dans les 'sociedades labora-
les' (SAL) en Espagne est une ré-
alité rendue possible grâce au fait
que les propriétaires de ces entre-
prises en sont aussi les travail-
leurs. « Si quatre personnes s’as-
socient pour créer une entreprise
et qu’elles en sont les propriétai-
res, elles mettront tout en œuvre
pour qu’elle survive dans son en-
vironnement économique », dé-
clare Jose Luis Nuñez, porte-
parole de la Confédération des
Sociedad Laborales (Confesal).
En outre, la loi sur les SAL limite
l'embauche de travailleurs tem-
poraires. Elles doivent ainsi être
en mesure de justifier un nombre
minimum d’emplois à durée indé-
terminée pour pouvoir garder ce
statut : « Cela garantit que ces
sociétés créent des emplois sta-
bles », ajoute José-Luis Nuñez.
Le modèle de gouvernance des SAL
est similaire à celui d’une société
traditionnelle si ce n’est que la majo-
rité du conseil d'administration est
composée de travailleurs membres
(au moins deux tiers). Le secteur des
SAL en Espagne est composé d’envi-
ron 17 000 entreprises et de 100 000
travailleurs, selon les données dispo-
nibles en 2010. Par ailleurs, ces en-
treprises ont engendré un chiffre d'af-
faires de 16 000 millions d'euros au
cours du dernier exercice.
La société galicienne Nor Rubber,
qui fabrique des produits en caout-
chouc, en est une bonne illustration.
En 2001, après la faillite de Gesrub-
ber, la nouvelle société est née,
« avec un petit portefeuille de clients,
et peu de financements, mais avec un
bon produit et une volonté immense
d'aller de l'avant ; dès son lancement,
ce projet de 133 travailleurs a aussi
voulu garantir l’emploi », indique
José Manuel Quintana, président du
conseil d'administration de la société.
Après dix ans d'existence, il est clair
que, si l’entreprise n'avait pas été
reprise sous la forme d’une 'sociedad
laboral', les difficultés auxquelles elle
faisait face auraient été résolues d'une
tout autre façon: « Nous aurions dû
faire appel à un financement externe,
ce qui nous aurait probablement
conduit à une situation plus com-
plexe. Nous aurions davantage souf-
fert et la main-d'œuvre n’aurait pas
été impliquée dans la gestion et les
progrès de la société ».
Zuray Andrea Melgarejo, professeur
à l'université nationale de Colombie
et docteur en administration des en-
treprises à l'université publique de
Navarre, a effectué dans la région de
Navarre, la première étude compara-
tive sur les SAL et les sociétés tradi-
tionnelles. Il en ressort que les SAL
disposent d’une position concurren-
tielle plus favorable par rapport aux
autres sociétés commerciales: « Cette
forme d’entreprise génère un emploi
différent des autres petites et moyen-
nes entreprises et est, entre autre,
caractérisée par un équilibre entre la
durabilité et la solidarité, l'adaptabili-
té à de nouveaux marchés, une plus
grande tendance à la création d'em-
plois permanents et à la flexibilité
salariale et juridique », conclut l’étu-
de réalisée par le professeur Melgare-
jo. ■
L
Des travailleurs de Nor Rubber
« Cette forme
d’entreprise génère
un emploi différent
des autres petites
et moyennes
entreprises... »
| 9
e nombre des coopératives de
travail associé a augmenté de
7 % l’année passée par rapport à
la même période en 2009, selon la
Confédération Espagnole des Coo-
pératives de Travail Associé
(COCETA). Parallèlement, la
confédération a annoncé qu’elle
avait contribué à la création de
10 .000 postes de travail par an
depuis 1986, avec une moyenne de
500 entreprises créées chaque an-
née.
En ce sens, elle a également participé
à une augmentation de 4,5 % dans la
quantité des emplois créés au cours de
la même période. Le secteur des coo-
pératives de travail associé en Espa-
gne représente aujourd’hui environ
17 000 entreprises qui génèrent un
chiffre d’affaires proche des 54 mil-
lions d’euros. Ces entreprises em-
ploient 205.700 travailleurs contre
70.000 lors de la création de COCE-
TA en 1986.
De plus, selon le dernier annuaire de
COCETA, 49 % des personnes dans
les coopératives de travail associé
sont des femmes. Parmi celles-ci,
39 % occupent des postes de direction
alors que dans les autres entreprises
qui n’adoptent pas ce modèle, le pour-
centage de femmes qui occupent le
même type de fonction est à peine
égal à 6 %.
Lors d’une cérémonie qui s’est tenue
à Valence où l’on inaugurait les acti-
vités du 25ème anniversaire de l’orga-
nisation, son président, Juan Antonio
Pedreño, a souligné les difficultés
financières que traverse le secteur.
« Les coopératives se maintiennent
grâce aux efforts de leurs membres »
a-t-il ajouté en exhortant les pouvoirs
publics à soutenir le modèle coopéra-
tif. « Notre défi pour 2011 sera d'ob-
tenir un plus grand rôle dans le dialo-
gue institutionnel, et pour y parvenir,
nous devons faire connaître notre po-
tentiel aux organes politiques ».
Pedreño a également souligné le rôle
de ces entreprises dans le développe-
ment local et il a déclaré qu’elles re-
présentaient un modèle pour l'avenir:
« Les coopératives obtiennent des
résultats plutôt bons alors que d’au-
tres modèles démontrent leurs limites
et ce à un moment où les emplois
dans le secteur public vont difficile-
ment augmenter ». Le président de
COCETA a également souligné le
rôle de l’organisation dans la création
et le maintien de l'emploi au cours de
ces 25 années d'activité. « Dans des
moments comme ceux que l’on
connait maintenant, les coopératives
se sont engagées à équilibrer les dé-
penses et les recettes et à maintenir
les emplois » souligne-t-il.
Felice Scalvini, co-président de Coo-
peratives Europe, qui a assisté à la
cérémonie de COCETA, a insisté sur
le fait que partout en Europe, les en-
treprises coopératives résistent mieux
à la crise : « Tout le monde dit que les
choses vont mal. Pourtant, en ques-
tionnant nos organisations dans les
différents pays au cours de ces trois
dernières années, j'ai constaté que
même s’il existe des difficultés, la
situation n’est pas dramatique pour
autant. Dans une certaine mesure,
l’histoire nous donne raison ». ■
Co-operatives UK lance une pétition appelant à agir pour réduire les inégalités sociales
En 2010, l’ensemble du secteur coopéra-
tif au Royaume-Uni se mobilisait à l’oc-
casion de la première 'Co-operatives
Fortnight' (Quinzaine des coopératives).
Cette campagne a impliqué 2,3 millions
de personnes ; environ 70 000 coopérati-
ves de tous les secteurs y ont participé
activement sur le web et la couverture
médiatique a touché plus de 43 millions
de personnes.
L'inégalité est à son point le plus haut
depuis le début des études qui lui sont
consacrées : 50 % de la population du
Royaume-Uni ne se partagent qu’1 %
des richesses. Au Royaume Uni tou-
jours, 10 % des personnes les plus riches
détiennent 100 fois plus de richesses que
ce que 10 % des personnes les plus pau-
vres possèdent. La 'Co-operatives Fort-
night' a pour but de sensibiliser la société
au mode de gestion coopératif et notam-
ment aux coopératives de travail associé
dans lesquelles les travailleurs ont un
égal pouvoir de décision et partagent les
profits.
L’édition 2011 se tiendra du 25 juin au 9
juillet sur le thème 'Yours to share' qui
rappelle le partage de la propriété et des
profits qui font des coopératives des
entreprises différentes. Pour montrer
comment les coopératives procèdent à ce
partage, Co-operatives UK espère re-
cueillir 100.000 signatures pour la péti-
tion qui appelle à agir pour réduire le
fossé entre les riches et les pauvres
Co-operative UK invite le gouvernement
britannique à soutenir des actions en
faveur du partage de la propriété et des
richesses à l’instar des coopératives, en
encourageant les entreprises à partager
les profits avec leurs travailleurs comme
c’est le cas dans les coopératives de tra-
vail associé par exemple ou en réduisant
les charges administratives pour qu’une
coopérative soit aussi facile à créer que
tout autre type d’entreprise. ■
10 |
Inauguration des activités du 25ème anniversaire de COCETA
L
Signez la pétition sur
http://www.uk.coop/yourstoshare
Facebook: www.facebook.com/coops14
Twitter: www.twitter.com/CoopsFortnight
our la première fois de son
histoire, la Confédération
générale des Scop (CG Scop) a
lancé une grande campagne de
publicité sur tout le territoire.
Son but : sensibiliser le monde du
travail au fait que les Scop
(coopératives de travail associé)
sont des entreprises faites pour
notre siècle et qu’elles constituent
un modèle qui mérite d’être pris
en considération.
La campagne de la CG Scop a été
déclinée dans la presse écrite, à la
radio et sur internet. Elle reprenait les
grands principes propres aux entrepri-
ses coopératives représentées par CI-
COPA au niveau mondial: pérennité
et ancrage local, partage des riches-
ses, dirigeants élus par les salariés
associés, le principe d’une personne/
une voix dans les grandes décisions,
etc.
Cette initiative arrive juste un an
après le lancement de la nouvelle
marque ‘Les Scop’ et du slogan ‘La
démocratie nous réussit’.
Une approche originale
Pour les besoins de la campagne, ce
sont les salariés des Scop eux-mêmes
qui ont pris la pose dans leur environ-
nement de travail. Ils sont l’emblème
de cette campagne car qui mieux
qu’eux pouvaient exprimer la dimen-
sion humaine et collective de leur
modèle d’entreprise ? Les photos de
la campagne parue dans la presse
écrite sont accompagnées de diffé-
rents messages comme 'On ne risque
pas de délocaliser leur entreprise. Le
conseil d’administration, c’est eux' ou
encore 'Partager les décisions, les
risques, les joies, les profits, ils trou-
vent ça normal'.
« Il était à la fois logique et pertinent
d'impliquer les coopératives, dont les
membres s'expriment dans la campa-
gne comme ils le feraient naturelle-
ment dans la vraie vie ! Le fait que
plusieurs Scop dans des secteurs d'ac-
tivité très différents aient été mises en
scène a également permis d'illustrer la
diversité et la richesse du mouvement
coopératif » confie Sylvain Cathébras
de la coopérative Alma qui a participé
à la campagne.
Le mouvement des coopératives de
travail associé en France – désormais
dénommées sociétés coopératives et
participatives - représente aujourd’hui
2000 entreprises et plus de 40.000
travailleurs.
« S’ouvrir au grand public »
Patrick Lenancker, le président de la
confédération générale des Scop de-
puis 2006, tire le bilan de cette cam-
pagne inédite en France.
Question : Quel bilan tirez-vous de la
campagne sur les Scop?
Réponse : Les retours que nous avons
sur cette campagne sont très positifs.
Nos interlocuteurs en externe la trou-
vent réussie et la nouvelle marque
plaît beaucoup. En interne, les Scop
affichent leur satisfaction et leur fierté
d’appartenir à notre mouvement. Au
plan quantitatif, notre site internet a
vu son trafic s’accroître de près de
40 %. Bien qu’orientée sur la notorié-
té et l’image, la campagne a permis
aussi de créer des contacts sur des
projets de Scop qui peuvent aboutir
cette année.
Q.-: Concernant la campagne que
CECOP-CICOPA Europe a lancée au
n i v e a u e u r o p é e n ( c f .
www.sustainableemployment.eu),
quel rôle peuvent jouer les coopérati-
ves en terme d’emploi selon vous?
R.- : Il est évident. Par nature, les
coopératives ont vocation à rendre
service à leurs membres et non pas à
faire fructifier le capital des action-
naires. Dans les coopératives de tra-
vail associé, les membres sont les
salariés eux-mêmes avec pour finalité
première de pérenniser l’outil de tra-
vail pour préserver et développer les
emplois. Heureusement, de très nom-
breuses entreprises traditionnelles ont
à cœur de maintenir leur activité et
leurs emplois. Mais avec toujours le
risque que la finalité patrimoniale
finisse par l’emporter. Dans les coo-
pératives de travail, l’emploi est la
finalité même. ■
P
| 11
Des travailleurs du groupe cooperative Acome
Site internet : http://www.les-scop.coop .
Pour lire l’interview complète de Patrick
Lenancker, rendez-vous à l’adresse
http://s.coop/15ws
ace à la crise qui touche l’éco-
nomie mondiale, une des solu-
tions passe par la cohésion sociale:
les institutions, les entreprises
conventionnelles, les coopératives
et les autres entreprises contrôlées
par leurs travailleurs représentent
le ciment possible pour stimuler la
reprise et le marché du travail. Un
rôle fondamental est assumé par
les travailleurs, acteurs des entre-
prises et des institutions.
Ce réseau de cohésion sociale est ren-
du possible grâce aux affinités et aux
complémentarités entre les divers pro-
tagonistes, à savoir : les entreprises
conventionnelles à travers une meil-
leure organisation interne et une atten-
tion particulière accordée aux inves-
tissements afin de renforcer leur pré-
sence sur le marché ; les institutions,
qui constituent le moteur d’accords
territoriaux avec les forces producti-
ves en présence en favorisant les in-
vestissements; les coopératives et les
autres entreprises détenues par leurs
travailleurs, et en particulier les coo-
pératives sociales, qui, grâce à leur
présence sur le territoire, favorisent la
rencontre entre les divers acteurs et
l’intégration de communautés à tra-
vers les réalités sociales, économi-
ques, culturelles et qui peuvent être
définies comme des « constructeurs de
solidarité » ; et enfin, les travailleurs
qui participent aux efforts pour sur-
passer la crise et qui sacrifient une
partie de leur salaire en acceptant des
contrats de solidarité.
En résumé, chacun devient un maillon
actif de la chaîne de cohésion sociale.
Une étape importante de ce processus
est la stabilité du rapport de cohésion :
les réseaux auxquels appartiennent ces
protagonistes devront évoluer dans le
temps en s’adaptant d’une fois à l’au-
tre aux demandes qui émanent des
territoires : il faut commencer à parler
de « subsidiarité flexible ».
Ces processus dont l’être humain
(travailleurs, entrepreneurs, hommes
politiques, etc.) est au centre connais-
sent un plus grand succès lorsque l’on
informe et que l’on implique tous les
acteurs : on ne peut pas parler de co-
hésion sociale sans parler de
« soutenabilité partagée » tant au ni-
veau des choix que des solutions pro-
posées.
La cohésion sociale passe donc à tra-
vers la connaissance des différents
modes d’action afin de mieux trouver
des solutions partagées. ■
entreprise italienne Italtac est
une coopérative récemment
constituée et spécialisée dans la
production de supports auto-
adhésifs. Elle dispose d’un niveau
d’expertise technique et commer-
ciale important du fait de sa main
d’œuvre hautement qualifiée.
La coopérative dont le siège est situé à
Soliera dans la province de Modena
est née grâce à l’implication des ex-
employés de Diaures, la société entrée
en crise suite à des problèmes finan-
ciers et qui a finalement dû déposer le
bilan. Les 24 travailleurs – après un
an d’arrêt de travail forcé – ont décidé
de sauver leur emploi en créant la
coopérative. Ils ont ainsi investi leurs
deniers personnels dans l’achat des
machines et dans la location des lo-
caux de production. Une telle opéra-
tion a été possible grâce au soutien de
diverses institutions financières liées à
l’organisation coopérative italienne
Legacoop dont CFI, Coopfond et So-
finco. La coopérative 'Italtac-Self-
Adhesive materials & coatings' a vu le
jour le 17 mars 2011.
Italtac propose une vaste gamme de
produits standards et personnalisés
afin de répondre aux exigences tou-
jours plus grandes du marché de l’éti-
quetage. L’entreprise a pour objectif
de renforcer sa présence sur le marché
international en tant que fournisseur
fiable et partenaire à long terme et a la
volonté de développer de fortes allian-
ces commerciales, tant au niveau des
clients que des fournisseurs.
Les 24 travailleurs de la coopérative
Italtac, fortement impliqués dans le
processus de production, sont ainsi en
mesure de garantir à leur clientèle un
service de qualité, efficace et opti-
mal.■
L’
12 |
F
« La cohésion sociale
passe donc à travers
la connaissance des
différents modes
d’action afin de mieux
trouver des solutions
partagées »
e ministre tchèque du Tra-
vail et des Affaires Sociales,
Jaromír Drábek, a rehaussé de sa
présence la séance d’ouverture du
conseil d’administration de CE-
COP qui s’est tenu à Prague le 29
mars dernier dans les bureaux de
SCMVD, l’organisation tchèque
des coopératives de production.
Le ministre Drábek a ainsi rappelé
l’importance des coopératives lors de
son allocution: « La plateforme des
coopératives ne m’est pas inconnue.
Le mouvement coopératif a une lon-
gue histoire en République tchèque et
est une partie incontournable de l'éco-
nomie et de la société tchèques.
L'Union des coopératives tchèques de
production (SCMVD) est l’un des par-
tenaires de base dans les négociations
entre les administrations publiques et
le secteur coopératif. Le mouvement
coopératif a de grands avantages; les
parties prenantes sont aussi coproprié-
taires de ces entreprises : ils ont donc
des possibilités beaucoup plus larges
de décider de leurs propres activités.
Je crois que la discussion qui se tient
au niveau européen pour renforcer le
rôle du mouvement coopératif est une
bonne manière d’encourager les per-
sonnes à reprendre en main leur propre
vie ».
Le ministre a également souligné qu'il
avait visité deux coopératives de pro-
duction au cours du mois dans son
effort constant d’améliorer l’aide que
le gouvernement national apporte aux
coopératives.
Depuis le 19ème siècle, en effet, le
mouvement coopératif s’est profondé-
ment enraciné dans la société tchèque.
SCMVD affilie 252 coopératives qui
emploient 18.000 travailleurs actifs
dans plusieurs secteurs économiques
comme la production artisanale, l'équi-
pement ménager, la construction,
l'équipement électrique, le bois, les
machines-outils, le textile, l’habille-
ment et les produits chimiques. Leur
chiffre d'affaires global avoisine les
730 millions d’euros. À l'origine, l'or-
ganisation a été créée en 1953 pour
promouvoir et défendre les intérêts des
coopératives de production dans la
r é g i o n t c h è q u e d e l ’ e x -
Tchécoslovaquie. ■
L
ans une interview accordée au
journal 'Viata CM' publié par
UCECOM, l’organisation des coo-
pératives de travail associé de Rou-
manie, Irina Cajal Marin, la sous-
secrétaire d’État auprès du ministè-
re de la Culture et du Patrimoine
national roumain a réaffirmé son
soutien envers la production de
produits artisanaux. Elle s’est dé-
clarée « convaincue que l’inestima-
ble héritage artistique du peuple
roumain devait être protégé et enri-
chi au nom de ceux qui l’aime ».
Irina Cajal Marin participait à une
con fér en ce sur le thèm e de
« L’artisanat traditionnel – les défis du
monde moderne » lors la foire nationa-
le d’art populaire et d’artisanat des
coopératives de travail associé de Rou-
manie. Elle a été interrogée par les
exposants qui se disaient inquiets des
conséquences de la contrefaçon sur
leur commerce. La sous-secrétaire a
suggéré aux coopératives de faire
« des propositions concrètes pour faire
cesser la contrefaçon qui génère des
profits inacceptables et porte atteinte
aux valeurs du patrimoine ». Elle a
proposé de prendre des mesures nor-
matives pour mieux encadrer la pro-
duction artisanale et notamment, de
« déterminer des critères afin d’identi-
fier les produits issus de l’art populaire
et de l’artisanat et qui peuvent être
achetés par les institutions publiques,
culturelles ou liées à l’éducation du
pays ».
En 2009, la contrefaçon en Roumanie
représentait environ 26 % de la pro-
duction totale du marché. Dans cette
situation de crise économique, les coo-
pératives artisanales font partie des
rares entreprises qui parviennent à
maintenir une production artisanale
qui répond aux exigences de tradition
et d’authenticité. ■
Jaromír Drábek (droite) avec le président de
CECOP, Rossano Rimelli, au conseil d’adminis-
tration de CECOP
| 13
D
1 Source: REACT - Le Réseau européen de lutte
contre la contrefaçon (www.react.org).
14 |
Question: La notion de durabilité de
l’emploi est totalement absente des
politiques européennes. Pour les coo-
pératives et les entreprises détenues
par leurs travailleurs représentées par
CECOP, elle constitue leur mission de
base. Mais selon vous, comment l’em-
ploi durable peut-il être défini?
Réponse: La durabilité d'un emploi
n'est pas qu'une question contractuelle
pour le travailleur qui l'exerce
(idéalement à durée indéterminée)
mais aussi une question d'objet et
d'impact de l'activité à laquelle il
contribue sur son environnement terri-
torial, économique, physique, humain.
Sa durabilité se traduit également dans
le mode de gestion de l'entreprise qui
le crée : une gestion prudente, qui anti-
cipe et qui maîtrise son expansion et
qui investit dans le capital humain, la
Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen et députée européenne (ALE/Verts), a accepté de
répondre aux questions de Travailler Ensemble à l’occasion de ce numéro spécial sur l’emploi durable. Isa-
belle Durant aspire à une Europe plus sociale. Sur son site internet, elle explique comment elle a contribué
à aboutir à un accord avec le Parlement européen et la Commission en 2001 sur le temps de travail des
chauffeurs routiers: « Le social, c’est toujours pour après. On libéralise et dérégule d’abord » dit-elle « et
dans le meilleur des cas, on voit ensuite quelles sont les conséquences pour les travailleurs, leur santé, la
sécurité. C’est ça aussi l’Europe sociale ». Voyons ce qu’Isabelle Durant pense d’une Europe où les entre-
prises seraient plus soucieuses de leurs travailleurs.
« Il est regrettable que
la stratégie 2020, sans
l'exclure formellement,
ne considère cette
formule de reprise par
les travailleurs que
comme un pis-aller… »
formation de tous ses travailleurs.
Q.: Avez-vous déjà été sensibilisée aux
coopératives, dans votre vie de citoyen-
ne ou bien comme députée européenne
et de quelle manière?
R.: Absolument. Ici au Parlement euro-
péen, diverses coopératives, en particu-
lier dans le domaine de la production
agricole et alimentaire prennent contact
avec nous dans le cadre de certains des
aspects de la future réforme de la politi-
que agricole commune (PAC). Dans un
secteur où le revenu du producteur isolé
est mis en danger de façon structurelle,
l'organisation en coopératives de travail-
leurs, propriétaires de leur entreprise, est
particulièrement indiquée et adéquate.
L'adéquation dans ce secteur en diffi-
culté devrait nous amener à rechercher
comment un tel modèle peut être utilisé
et encouragé non seulement dans les
secteurs en reconversion ou suite à la
fermeture d'entreprises mais aussi dans
les secteurs de petites entreprises inno-
vantes, permettant la création d'emplois
nouveaux.
Q.: La reprise d’entreprises en crise ou
sans héritiers par leurs travailleurs a déjà
permis de sauver de nombreux emplois
en Europe. Selon vous, cette modalité ne
devrait-elle pas être mieux prise en
compte dans les politiques européennes?
R.: Il est regrettable que la stratégie
2020, sans l'exclure formellement, ne
considère cette formule de reprise par
les travailleurs que comme un pis-
aller…
Q.: Dans leur très grande majorité, les
coopératives ont jusqu’ici démontré une
meilleure résistance face à la crise par
comparaison avec la moyenne des entre-
prises dans les mêmes secteurs et les
mêmes pays. Leur mode de gouvernance
et de gestion y sont-ils pour quelque
chose selon vous?
R.: C'est une évidence, ou plus exacte-
ment, les entreprises dans des secteurs
très exposés à la concurrence et qui pour
cette raison ont développé des stratégies
de court terme pour survivre à un dum-
ping sauvage, sont celles qui se sont
bien plus mises en danger.
Q.: Enfin, si vous décidiez de créer une
coopérative, quelle en serait l’activité?
R.: J'ai déjà participé et suis coopératri-
ce d'une coopérative immobilière à visée
sociale, offrant à une dizaine d'associa-
tions actives sur le terrain social des
locaux partagés, une éthique de travail
commun, une plateforme de connaissan-
ce et de services. Si je devais en créer
une autre, ce serait dans le secteur de la
production artistique (cinéma, théâtre,
imagerie, nouvelles technologies) : je
suis convaincue que dans cette matière
qui ne peut se concevoir sans une vraie
implication humaine, sans une ligne
directrice qui donne du sens, il y a un
immense besoin de mise en commun des
stratégies et des moyens. ■
| 15
« Dans un secteur où
le revenu du
producteur isolé est
mis en danger de
façon structurelle,
l'organisation en
coopératives de
travailleurs,
propriétaires de leur
entreprise, est
particulièrement
indiquée et adéquate »
→ 1994-1999 : co-présidente du parti Ecolo en Belgique
→ 1999-2003 : vice-première ministre et ministre de la Mobilité et des Trans-
ports dans le gouvernement belge de Guy Verhofstadt
→ 2004-2009 : réélue en tant que co-présidente du parti Ecolo
→ 2009 : élue députée européenne (groupe ALE/Verts) et vice-présidente du
Parlement européen
BIO
EX
PR
ES
S
Propos recueillis par Olivier Biron, CECOP
http://s.coop/1e4z
http://twitter.com/cicopa
http://www.youtube.com/user/SustainableEmpl
SUIVEZ-NOUS
16 |
e nouveau contexte politique
et socioéconomique du MER-
COSUR a mis en évidence le rôle
de l’économie sociale et solidaire en
tant qu’alternative pour augmen-
ter l'emploi et l’insertion dans le
monde du travail de grands sec-
teurs sociaux de cette région. Les
coopératives de travail associé ont
non seulement influencé la cons-
truction de cette nouvelle réalité
dans chacun des pays qui consti-
tuent le MERCOSUR, mais elles
ont aussi permis un bond en avant
pour devenir un forum d'expres-
sion politique, social, économique
et culturel, dénommé Red del Sur
(réseau du Sud).
Ce réseau, établi en 2007 par plusieurs
organisations représentant les coopéra-
tives de travail associé de la région, est
formé par la Fédération des Coopérati-
ves de Production d'Uruguay (FCPU),
l'Union Régionale des Coopératives et
des Entreprises Solidaires du Brésil
(UNISOL), la Confédération Nationa-
le des Coopératives (CNCT) d'Argen-
tine (au sein de laquelle il nous faut
souligner le rôle de FECOOTRA,
FACTA et du Réseau des coopératives
métallurgistes) et la Confédération des
C o op é r a t i ve s p a r a g u a ye n n e s
(CONPACOOP).
Les principaux objectifs de ce réseau
consistent à représenter politiquement
les coopératives de travail associé de-
vant les autorités locales, nationales et
du MERCOSUR, ainsi que de déve-
lopper une identité régionale commu-
ne en intégrant la connaissance, les
valeurs et les parcours professionnels.
De plus, Red del Sur aspire également
à une place plus importante pour l'éco-
nomie sociale dans l'économie régio-
nale, et particulièrement pour les coo-
pératives de travail associé, à travers le
développement de réseaux économi-
ques entre les coopératives et en ren-
forçant les coopératives de travail as-
socié dans des secteurs stratégiques.
Coopération internationale avec le
Sud
Red del Sur a pu concrétiser son po-
tentiel grâce au soutien de plusieurs
organisations de coopération au déve-
loppement dans le monde qui ont joué
un rôle décisif pour renforcer le sec-
teur et, plus particulièrement, Coope-
razione per lo Sviluppo dei Paesi
Emergenti (COSPE, Italie), la Fonda-
tion CIDEAL de coopération et de
recherche (Espagne), Istituto Sindaca-
le per la Cooperazione e lo Sviluppo
(ISCOS Nazionale et ISCOS ER, Ita-
lie) et NEXUS (Italie).
La présence de ce réseau dans le
MERCOSUR était essentielle pour
l'adoption par l'Union européenne d'un
projet d’aide à ce processus coopératif
régional qui s’intitule « Promouvoir
les coopératives de travail associé et
renforcer les réseaux d'entreprises
d'économie sociale du Mercosur com-
me une stratégie de lutte contre la pau-
vreté et de construction d’une société
plus démocratique et durable ».
Le projet, lancé en avril 2010 (lire
article page 5), permet la mise en œu-
vre de stratégies pour renforcer la par-
ticipation des entreprises régionales
sur le marché; de développer des ini-
tiatives entre les coopératives en
créant des chaînes de production; et de
mettre en commun les outils pour pro-
mouvoir des politiques publiques et
des programmes de développement
local. Toutes ces lignes sont essentiel-
les pour promouvoir les entreprises
sociales et solidaires à travers une stra-
tégie qui promeut un modèle de déve-
loppement durable et plus humain. ■
L
Cooperativa de Trabajadores Navales, membre de la Fédération des Coopératives
de Travail Associé de l'Uruguay (FCPU) - Photo: Manlio Masucci (ISCOS)
| 17
à où les usines mettent la clé
sous la porte, les coopérati-
ves de travail associé les rouvrent.
Parmi les 16.000 coopératives ar-
gentines, la moitié d'entre elles
sont des coopératives de travail
associé. Elles ont créé 300.000 em-
plois et 10 % du produit intérieur
brut. Sur les 40 millions d'habi-
tants que compte ce pays d’Amé-
rique du Sud, 10 millions sont di-
rectement ou indirectement liés
aux coopératives et aux mutuelles.
Ces chiffres montrent le défi que doi-
vent relever les coopératives de tra-
vail associé pour améliorer leur visi-
bilité en tant que secteur. De nom-
breux citoyens consomment des pro-
duits et/ou utilisent les services de
coopératives sans en être conscients.
C’est dans cet esprit que Fabián Sil-
veira, le vice-président de la Fédéra-
tion des Coopératives de Travail As-
socié (FECOOTRA) déclare : « une
nouvelle carte de l'économie sociale
se dessine. Les coopératives de travail
associé apparaissent
comme une nouvelle
réalité politique, éco-
nomique et sociale.
Elles font entendre
leur propre voix, la
voix des travailleurs
dans la constellation
de l'économie socia-
le ».
Parmi les réalisations à
prévoir, on peut noter
par exemple la participation au re-
lancement de CICOPA-Americas, la
création de la Confédération nationale
des coopératives de travail associé
(CNCT), l’établissement de réseaux
de gestion commune, la reprise d’usi-
nes ou bien encore la création de coo-
pératives de travail associé de jeunes
professionnels dans différents sec-
teurs (communication, logiciels libres
de droit, graphisme, finances, compta-
bilité et services légaux). La gestion
de programmes d'intégration sociale
au niveau de l’état a aussi été possible
comme par exemple le programme
'Argentina Trabaja' qui a réussi, dans
sa première phase à
retrouver un emploi
pour 1984 chômeurs
grâce à la création de
coopératives de travail
associé.
Les coopératives de
travail associé permet-
tent de retrouver em-
ploi et dignité en ré-
pondant, par exemple,
aux besoins économi-
ques et en valorisant les personnes qui
deviennent des acteurs à part entière,
et en accordant davantage d'importan-
ce aux travailleurs plutôt qu'au capi-
tal. Le défi est de faire en sorte que
cela soit fait de manière durable : tel
est l’objectif des coopératives de tra-
vail associé en Argentine. ■
CICOPA continue de s'étendre sur le continent américain
Depuis novembre 2010, CICOPA comp-
te sept membres en Amérique latine. Les
deux derniers membres à avoir rejoint
CICOPA sont la 'Confederación Nacio-
nal Cooperativa de Actividades Diversas'
de la République du Mexique et la
'Confederación Paraguaya de Cooperati-
vas' (CONPACOOP - Paraguay). L'orga-
nisation mexicaine compte 247 coopéra-
tives affiliées dans des secteurs divers
comme l’exploitation minière, la cons-
truction, la radiodiffusion et les services
portuaires. C'est la seule organisation
mexicaine affiliant des coopératives de
travail associé. CONPACOOP est une
confédération intersectorielle de coopéra-
tives d’agriculteurs et de crédit principa-
lement. Un de ses buts principaux de
cette affiliation est de développer les
coopératives de travail associé au Para-
guay. ■
L'Argentine travaille, enseigne et apprend
Le programme 'Argentina Trabaja' est
destiné au sauvetage de l’emploi de plus
de 150 000 travailleurs par la participa-
tion des salariés concernés dans des coo-
pératives de travail associé. Ce program-
me est géré conjointement par le gouver-
nement national, les coopératives de tra-
vail associé, la Fédération des Coopérati-
ves de Travail Associé FECOOTRA et la
Confédération nationale des coopératives
de travail associé (CNCT).
Dans sa première phase, la constitution
de coopératives a permis à la fédération
de sauver 2000 emplois. Le travail et
plus précisément la réparation d’édifices
municipaux et la réhabilitation d’espaces
publics, est effectué au départ de clubs
sociaux, de centres d'intégration commu-
nautaires, de services mobiles, etc. Les
travailleurs peuvent décider de ce qu’ils
transformeront dans leur communauté.
En gardant à l’esprit un modèle de déve-
loppement global, le ministère du Tra-
vail, le ministère du Développement so-
cial et FECOOTRA ont proposé un pro-
gramme cohérent de formation : école
d’alphabétisation, collèges d'enseigne-
ment général, connaissance des coopéra-
tives et formation professionnelle. ■
L
« Les coopératives
de travail associé
apparaissent com-
me une nouvelle
réalité politique,
économique et
sociale »
Participants au programme
'Argentina Trabaja'
18 |
n dépit d’une législation en
matière de travail consolidée
depuis le 1er mai 1943, au Brésil, on
constate toujours des difficultés
dans les domaines légaux et socioé-
conomiques. Les coopératives de
travail associé ont cependant joué
un rôle important dans la pérennité
des emplois : conservation de la
main-d'œuvre, promotion de condi-
tions compétitives pour les coopéra-
tives et dignité pour leurs membres.
La coopérative a été établie comme
une troisième voie, moins coûteuse
parce qu'un membre d’une coopérati-
ve est le patron de sa propre entreprise
et qu’il fournit sa propre main-
d'œuvre; et plus digne aussi parce que
le membre coopérateur peut négocier
et établir de meilleures conditions de
travail.
Les coopératives du travail associé ont
consenti un important effort pour ren-
forcer leur organisation et leur identité.
Sous la direction d’OCB a été initié un
processus d'ajout des organisations
coopératives au document intitulé
’Critères pour l'identification de coopé-
ratives de travail associé’ qui donne
des directives pour deux initiatives très
importantes dans le secteur. Par l'éla-
boration d'une législation spécifique
réglementant le travail des coopérati-
ves de travail associé d’une part et par
le programme national de conformité
de celles-ci (PNC-travail).
La nouvelle législation réaffirme la
coopérative de travail associé et est
indépendante de la législation tradi-
tionnelle en matière de droit du travail.
Ce projet législatif est toujours pendant
devant le congrès national mais il est
prêt à être approuvé par le parlement
en 2011 et signé par le président. En-
suite, toutes les coopératives de travail
associé devront répondre aux exigen-
ces de la loi afin d’être reconnues, et
cela établira des normes claires d'iden-
tification des coopératives de travail
associé légitimes.
Le PNC donne à ces entreprises l’op-
portunité de se différencier officielle-
ment sur le marché. Les sociétés qui
font appel aux coopératives de travail
associé participant au PNC auront l'as-
surance que les coopératives observe-
ront les dispositions de la nouvelle
législation. Les coopératives auxquel-
les ce titre a été attribué ont vu le nom-
bre de leurs clients augmenter, leurs
revenus sont en hausse ainsi que leur
nombre de salariés, l’adhésion est éga-
lement en augmentation et elles ont
acquis la crédibilité sur le marché. ■
epuis l’apparition des premiè-
res coopératives au Paraguay,
il y a 80 ans, le secteur n’a cessé de
se développer et de s’organiser. La
confédération paraguayenne des
coopératives (CONPACOOP) re-
groupe près de 700 coopératives,
essentiellement du secteur de l’é-
pargne et du crédit, de la produc-
tion agricole, et dans une moindre
proportion, des coopératives de tra-
vail associé.
Les coopératives de travail associé
sont très peu développées au Paraguay.
CONPACOOP, dans le cadre de son
plan stratégique, s’est donné pour ob-
jectif de développer et de renforcer le
secteur des coopératives de travail as-
socié. Cette ambition a été insufflée,
dans une large mesure, par le mouve-
ment coopératif au MERCOSUR, qui a
encouragé CONPACOOP à opter pour
cette voie. L’engagement de CONPA-
COOP de promouvoir la création et
pérennisation du secteur a conduit l’or-
ganisation à établir des liens avec Red
del Sur, espace régional d’articulation
de ces coopératives dans la région du
MERCOSUR. Dans ce cadre, elle a
reçu l’appui des fédérations de coopé-
ratives de travail associé d’Argentine,
du Brésil et d’Uruguay.
Parmi les difficultés que connaît le
mouvement dans la voie de la réalisa-
tion de cet objectif, il y a certainement
celui du cadre réglementaire défavora-
ble. « La loi ne prévoit que les facilités
normales dont jouissent également les
autres coopératives, mais les coopérati-
ves de travail associé ont besoin, pour
se créer, d’autres mesures de soutien
que des dérogations fiscales » déclare
le président de l’Institut national des
coopératives (INCOOP), Antonio Ortiz
Guanes. À titre comparatif, il faut sou-
ligner qu’au Brésil par exemple, le
nombre obligatoire de membres fonda-
teurs pour la création d’une coopérati-
ve de travail associé est moins élevé,
les coopératives de travail associé re-
çoivent des subsides, paient des taux
d’intérêt moins importants et ont droit
à une aide technique spécialisée gratui-
te de la part de l’État. ■
D
E
Logo du label de qualité ‘PNC- Trabalho’
Pour en savoir davantage sur ce
programme, voir : http://s.coop/1641
e Québec organisera, du 11 au
15 octobre 2011, deux confé-
rences clé. La première intitulée
'Succession d’entreprise et proprié-
té des travailleurs' se tiendra du 11
au 13 octobre. La seconde Confé-
rence CICOPA Amérique du
Nord : 'Coopération sans frontière-
s' aura lieu du 13 au 15 octobre.
La première conférence aura pour ob-
jectif de faire prendre davantage cons-
cience que les coopératives de travail
associé constituent une alternative
pour les entreprises sans successeurs et
de développer l'expertise des parties
prenantes par l'échange et l'analyse de
leur expérience. Au cours des prochai-
nes années le monde affrontera un
phénomène très significatif aux consé-
quences socioéconomiques majeures :
le départ massif à retraite des entrepre-
neurs de la génération dite du baby-
boom. On estime qu'environ 200 000
entreprises canadiennes changeront de
mains dans les quinze prochaines an-
nées. Le phénomène sera proportion-
nellement comparable aux États-Unis,
en Europe et ailleurs dans le monde.
L’ampleur exceptionnelle de cette
transition peut entraîner la perte de
nombreuses entreprises par absence de
repreneurs ou par leur rachat par la
concurrence. Une récente étude du
département québécois du développe-
ment économique, de l’innovation et
des exportations (MDEIE) a montré
que, bien que déjà engagé, le phéno-
mène n’en est encore qu’à ses débuts
et que les départs devraient être au
plus fort entre 2017 et 2020 et que,
plus nous nous rapprocherons de cette
échéance, moins il y aura de personnes
désireuses d’acheter ces sociétés. Ce
phénomène d’absence d’une succes-
sion pour les entrepreneurs individuels
devrait aussi se manifester beaucoup
plus tôt dans les zones rurales. Le ris-
que social et économique est substan-
tiel et le risque est grand aussi de
connaître de nombreuses fermetures
d’entreprises avec, comme résultat, la
perte possible de dizaines de milliers
d'emplois; des communautés et des
villages entiers pourraient connaître le
déclin.
Face à cette menace de désintégration
des entreprises et les pertes massives
d'emplois qui s’ensuivraient, l'alterna-
tive du transfert de ces sociétés à leurs
salariés par le modèle de la coopérati-
ve de travail semble être de plus en
plus la solution idéale et une grande
opportunité de croissance pour le mou-
vement des coopératives de travail
associé. Le modèle des coopératives
de travail associé (avec des modèles
liés comme les coopératives de multi-
stakeholders) aide à maintenir et à
développer ces entreprises et à permet-
tre aux ouvriers d’exercer un contrôle
local de leur avenir.
La seconde conférence, 'Coopération
sans frontières', a pour objectif de per-
mettre aux mouvements des coopérati-
ves de travail québécoises, du reste du
Canada et des États-Unis de se ren-
contrer et de partager leur expérience.
L'organisation de cette conférence est
un événement historique. Pour la pre-
mière fois, des centaines de membres
des coopératives de travail associé de
toute l'Amérique du Nord se ren-
contreront et partageront leurs expé-
riences pour améliorer leurs pratiques
de gouvernance et de gestion démocra-
tique de leurs entreprises et pour mon-
trer leur solidarité et leur désir com-
mun de construire une économie so-
ciale basée sur la propriété et le
contrôle des entreprises par les travail-
leurs. La conférence est organisée par
CWCF avec le soutien du réseau de la
coopération du travail du Québec, la
fédération américaine des coopératives
de travail associé ainsi que d’autres
partenaires. ■
L
Membre de la coopérative canadienne de transport de marchandises ‘SHIFT Delivery’
| 19
Pour obtenir plus d’information :
http://www.cooperation2011.coop
ravailler Ensemble’ s’est
entretenu avec Melissa Hoo-
ver sur les réalités des coopératives
du secteur et le regard qu’elle por-
te sur ce moteur d’emploi durable
dans le monde entier.
Melissa Hoover est la directrice de
l’USFWC, la Fédération des Coopérati-
ves de Travail Associé des États-Unis
(USFWC), depuis sa création en 2004.
Cette organisation compte aujourd'hui
75 membres et représente environ 1400
personnes. Mélissa Hoover indique que
leurs adhérents constituent environ un
tiers des coopératives de travail associé
aux États-Unis. L'apport des coopérati-
ves en matière d’emploi durable est
indéniable selon elle : « Je pense que
les coopératives de travail associé en
particulier, sont essentielles dans la
création d’emplois durables, tant du
point de vue des travailleurs que de
celui de la terre dont nous dépendons ».
Pour Mélissa Hoover, la contribution
des coopératives à la création d’em-
plois durables résulte en grande partie
du fait qu’il s’agit d’entreprises régies
par des principes démocratiques. « Les
coopératives sont la combinaison de la
théorie et de la pratique » fait-elle re-
marquer, « en même temps qu’elles
valorisent l'autonomie, la démocratie,
l'éducation et surtout les personnes.
C'est un réquisitoire contre le lucre et
l'individualisme dont le discours public
est très souvent teinté, du moins ici,
aux États-Unis ».
Elle explique qu'au niveau pratique
« pour les personnes qui ont l’expérien-
ce de la gestion d’entreprises qui agis-
sent selon ces valeurs et qui le font
avec succès, il en résulte une plus gran-
de inspiration et une prise de conscien-
ce des problèmes liés à une économie
injuste; il ne s’agit pas seulement d’un
élan de protestation mais aussi d’une
volonté de trouver de réelles solu-
tions ».
Mélissa Hoover considère que les prin-
cipes de coopération entre les coopéra-
tives et d’engagement envers la com-
munauté constituent les piliers de la
durabilité. « Coopérer avec d'autres
coopératives rappelle les initiatives
innombrables qui permettent de contre-
balancer le message dominant qui veut
que la concurrence soit la seule voie de
réussite ». Elle ajoute que les coopéra-
tives de travail associé sont aussi
concernées par les aspects environne-
mentaux, « parce que les travailleurs
membres tendent à vivre dans la com-
munauté dans laquelle ils travaillent et
sont donc moins enclins à prendre des
décisions dommageables pour l’envi-
ronnement ».
D'un autre côté, elle indique qu’au lieu
de licencier les travailleurs, les coopé-
ratives peuvent décider de les réaffecter
à un autre poste de travail ou sur un
autre site. « Elles peuvent partager le
poids d'une crise au lieu de le charger
sur les épaules des plus vulnérables.
L'autogestion propose une dignité face
au travail et offre des opportunités si-
gnificatives de croissance dans la me-
sure où les travailleurs s’impliquent,
non seulement dans leurs tâches quoti-
diennes, mais aussi dans le fonctionne-
ment et dans les décisions stratégiques
de leur coopérative ».
« Je pense que cette sécurité, centrée
sur l'être humain et son développement
personnel à travers l'exercice de la dé-
mocratie est un élément potentiel d’ins-
piration et de transformation pour la
société. Je crois aux coopératives de
travail associé et en leur capacité de
construire une démocratie participative,
de faire de nous de meilleurs citoyens,
de meilleurs voisins, de meilleurs
membres d’une famille et de meilleurs
défenseurs des valeurs durables », sou-
ligne-t-elle. ■
Le groupe coopératif Arizmendi Bakery possède 5 boulangeries aux Etats-Unis
Photo: Myleen Hollero
20 |
« Les coopératives de
travail associé sont
essentielles dans la
création d’emplois
durables, tant du point
de vue des travailleurs
que de celui de la terre
dont nous dépendons »
Pour lire l'interview complète de
Melissa Hoover, rendez-vous sur
le site de CECOP en cliquant ici.
‘T
n ne dispose pas de chiffres
précis sur le nombre et sur
l'impact des coopératives de tra-
vail associé au Mexique, bien
qu’elles soient loin de représenter
une économie marginale. Ce sec-
teur manque de la reconnaissance
et de la promotion indispensables
à son développement. Un nouveau
projet de loi générale pour les so-
ciétés coopératives tente d’appor-
ter des solutions aux entraves qui
freinent le mouvement.
Dans le secteur des coopératives de
production, il existe une série d'entre-
prises emblématiques très fortes au
Mexique comme Pascual, Cruz Azul,
El Grullo (Jalisco) y Trado qui dé-
montrent qu'il est possible d’accéder à
de très hauts niveaux de succès écono-
mique. Cependant, Il existe aussi un
grand nombre de petites coopératives
qui ne sont ni organisées, ni affiliées
aux organisations de second degré qui
les représentent.
« L'un de nos objectifs est d'obtenir
l'intégration de ces nombreuses coopé-
ratives de production - qui existent
dans tout le pays – dans des cadres
représentatifs plus larges » déclare
Dov Orian, responsable du bureau de
la confédération coopérative intersec-
torielle du Mexique.
La loi qui régit actuellement le secteur
date de 1994 et présente des lacunes
qui ont fait obstacle à son application.
En outre, cette loi s’intéresse davanta-
ge au contrôle et à la gestion des coo-
pératives qu’à leur promotion. « En ce
qui concerne les coopératives de pro-
duction, plusieurs d’entre elles
connaissent d’importantes difficultés
pour accéder au crédit et pour répon-
dre au développement technologique
moderne actuel », a encore précisé
Orian. Ce sont certains de ces aspects
qu’essaye de corriger la proposition
d’une nouvelle loi générale sur les
sociétés coopératives au Mexique que
le conseil supérieur de la coopération
(COSUCOOP) a présenté la semaine
dernière devant la Chambre des dépu-
tés.
L'un des points que ce nouveau projet
de loi souhaite mettre en avant consis-
te en l’obligation du gouvernement de
participer à l'appui, la promotion de
l'idée coopérative tant à l'intérieur
qu’à l’extérieur du mouvement.
Une autre des difficultés auxquelles le
secteur fait face consiste en ce qu'il se
trouve morcelé et qu’il n'existe pas de
données statistiques qui informeraient
sur sa dimension réelle. « Dans un
pays aussi vaste que celui-ci, avec des
distances géographiques importantes,
nous ne connaissons pas toujours
l’existence de certaines coopérati-
ves », a déclaré le chef du bureau de la
confédération mexicaine. La nouvelle
loi prévoit que l'Institut national de
géographie et de la statistique incorpo-
re les coopératives dans ses recense-
ments pour supprimer cette diffi-
culté.■
| 21
O
Dov Orian, responsable du bureau de la
confédération coopérative intersectorielle
du Mexique (CMC)
Une coopérative de journalistes qui travaille avec le New York Times
Lancée en octobre 2009, la 'Chicago
News Cooperative' pratique un journa-
lisme d'intérêt public, particulièrement
centré sur la réalité de Chicago (États-
Unis). La coopérative est composée de
l'ancien directeur de la rédaction du Chi-
cago Tribune, James O'Shea, et d'autres
professionnels reconnus.
Les textes sont publiés deux fois par
semaine dans le 'New York Times'. Elle
est la première agence de presse exté-
rieure à produire des pages entières pour
ce journal américain très en vue. En
2011, 'Chicago News' projette de lancer
un site web qui sera le centre de son
exploitation et qui introduira de nou-
veaux modes de communication pour la
communauté. ■
Colors Restaurant: une coopérative au cœur de New York
Les coopératives de travail associé aux
États-Unis couvrent tous les secteurs
d'activité et la restauration n'est pas une
exception. Colors Restaurant, un restau-
rant organisé en coopérative dans la
ville de New York a démontré comment
la crise pouvait être une opportunité à
saisir.
La coopérative de travail associé Colors
Restaurant a été fondée en 2006 par des
travailleurs qui ont survécu à la tragédie
du World Trade Center du 11 septembre
2001. Le restaurant propose une cuisine
internationale basée sur des ingrédients
produits au niveau local.
Être organisé en coopérative signifie
pour le personnel propriétaire un accès à
de meilleures conditions de travail, un
meilleur salaire et l'égalité raciale, ainsi
qu’une activité économiquement viable.
Les travailleurs membres sont originai-
res de plus d'une douzaine de pays.
Le groupe fait partie du 'Restaurant Op-
portunities Center' (ROC), une organisa-
tion qui se bat pour des conditions de
travail décentes pour les travailleurs de
l’horeca et qui organise aussi des cam-
pagnes pour lutter contre leur exploita-
tion. ■
010 a été une bonne année
pour les coopératives en Ou-
ganda. Un certain nombre de jalons
ont été franchis, montrant ainsi que,
dans ces derniers temps, des pro-
grès significatifs ont été accomplis
dans la construction d'un nouveau
mouvement coopératif. En 2009 et
2010, un certain nombre de nouvel-
les coopératives ont été créées dans
plusieurs secteurs économiques,
dont des coopératives de travail
associé. Certaines de ces coopérati-
ves créées en dehors du secteur
agricole couvrent les secteurs de
l’énergie, de l’artisanat, de l’ameu-
blement et de l’irrigation.
Cela signifie que de plus en plus de
personnes provenant de domaines dif-
férents continuent à reconnaître le rôle
du modèle coopératif dans l'améliora-
tion de leur niveau de vie.
Le mouvement coopératif a aussi reçu
plus de de soutien de la part du gouver-
nement, à travers la mise en place d’u-
ne nouvelle politique coopérative ini-
tiée en 2010. Elle reconnaît ainsi que
les coopératives font partie du secteur
privé et établit ainsi une bonne base
pour une loi coopérative moderne.
En 2010, l’Alliance Coopérative d’Ou-
ganda (UCA) s’est intéressée au
concept d'intégration horizontale, au
bénéfice des activités des coopératives.
« Cela contribue maintenant à la bonne
réputation et à la fiabilité de nos coo-
pératives aux yeux des grands ache-
teurs. L'intégration horizontale et verti-
cale renforcera tout le système coopé-
ratif en le rendant plus efficace et effi-
cient et en augmentant son pouvoir tant
sur le marché que dans la société toute
entière », a déclaré Léonard Msemak-
weli, secrétaire général de l'UCA. ■
es rachats d’entreprises par les
travailleurs sont devenus une
réalité qui sauve beaucoup d’entrepri-
ses dans le monde entier. On observe
en effet de nombreux exemples en Eu-
rope ou en Amérique du Sud de travail-
leurs qui décident de ne pas laisser dis-
paraître leur entreprise et d’en devenir
les propriétaires. Et ce n’est pas fini !
L'Afrique du Sud, elle aussi, a ouvert la
voie à ces rachats par les travailleurs.
En octobre 2010, les travailleurs de la
SA Mine Line/TAP Engineering facto-
ry (un atelier de construction mécani-
que) à Krugersdorp, une localité proche
de Soweto, ont décidé d’occuper leur
lieu de travail pour empêcher son an-
cien propriétaire d’enlever les machi-
nes et de disposer des autres actifs et de
se battre pour sauver leur emploi.
Ils ont occupé l'usine et lancé une cam-
pagne de solidarité, exigeant que l'état
reprenne l'usine. Aujourd’hui l'atelier a
rouvert : c’est une coopérative de tra-
vail associé gérée démocratiquement.
Cependant, pour réussir, ils ont besoin
de l'assistance de l’Industrial Develop-
ment Cooperation, une institution pu-
blique nationale de développement qui
finance les entreprises et les entrepre-
neurs engagés dans des activités com-
pétitives. « S’il aide vraiment cette
coopérative, le gouvernement ouvrira
la porte à de nombreuses autres coopé-
ratives de travail associé » indique
Athish Kirun de COPAC, une agence
indépendante active dans le développe-
ment de coopératives de travail associé
en Afrique du Sud. « S'il n'aide pas la
coopérative, nous retournerons mani-
fester dans les rues ». ■
22 |
2
Membres de l’Alliance Coopérative d’Ouganda
L
Égypte a connu une révolu-
tion sans précédent qui a me-
né à la chute du président Hosni
Moubarack. Essam Charaf a été
nommé premier ministre par le
Conseil suprême des forces armées
en attendant la tenue d’élections
présidentielles promises avant la
fin de l’année. Pour l’heure, un
premier pas vers la démocratie a
été franchi avec le référendum sur
les amendements constitutionnels
approuvé par les Égyptiens à
77,2 %.
La révolution égyptienne a modifié
totalement le destin de ce pays jusque-
là aux mains du pouvoir qui ne laissait
guère de place à la liberté de penser ou
d’entreprendre. Durant 30 ans, le pré-
sident déchu s’est appuyé sur un appa-
reil policier et un parti totalement à
son service, dans un pays où plus de
40 % de la population vit avec moins
de 2 dollars par jour et par personne.
« L’Égypte s’est réveillée dotée d’une
nouvelle conscience politique, elle ne
se laissera pas avoir ! » confiait récem-
ment l’écrivain Alaa el-Aswa au jour-
nal français 'Libération'.
Ainsi, la situation chaotique en Égypte
n’est pas sans conséquence sur l’éco-
nomie du pays. On prévoit déjà une
chute de 25 % des revenus issus du
tourisme. A cet égard, les coopératives
représentées par l’Union des Coopéra-
tives de Production (PCU) ne sont pas
épargnées. « L’économie égyptienne a
souffert de la révolution : tout s’est
arrêté. L’insécurité dans les rues n’ar-
range rien. Tous ces facteurs ont affec-
té l’activité des coopératives. Mais ce
qui arrive au pays est une bonne cho-
se », souligne Mounir Shaarawy, se-
crétaire général de PCU.
« Nous sommes très fiers de notre ré-
volution menée avec dignité et nous
sommes optimistes pour les réformes à
venir, particulièrement pour celles qui
concerneront certains aspects des coo-
pératives de travail associé. L’espoir
est bien présent aujourd’hui puisque la
mainmise de quelques grandes entre-
prises sur l’administration égyptienne
a disparu.
Anciennement de grands capitaines
d’affaires contrôlaient les lois et les
décisions ministérielles et sapaient les
efforts des coopératives par leur cor-
ruption des affaires ».
Jusque-là, les coopératives étaient for-
tement contrôlées par le pouvoir en
place. Autant dire que les coopératives
de travail associé qui basent leur fonc-
tionnement sur des principes et valeurs
démocratiques n’y trouvaient pas leur
compte. Aujourd’hui, les choses sem-
blent aller mieux.
« Auparavant le régime ne faisait au-
cune confiance aux coopératives puis-
qu’il allait toujours à l’encontre des
décisions en faveur du bien-être des
travailleurs et des petites entreprises. Il
a maltraité les coopératives en suppri-
mant beaucoup de leurs privilèges
légaux, comme l’exonération fiscale,
de manière à augmenter leurs coûts de
production et rendre le travail plus
difficile » dit Shaarawy. Mounir Shaa-
rawy est confiant en l’avenir : « nous
sommes sur la bonne voie » dit-il,
« nous entrevoyons des signes positifs.
Avec une réforme et une nouvelle ad-
ministration mise en place par le peu-
ple, nous croyons que les nouvelles
lois seront en faveur des coopératives,
des travailleurs.et des syndicats pour
répondre à la demande d’une justice
sociale ».
Aujourd’hui, l’Égypte se réveille tout
doucement de cette révolution. Elle a
encore du chemin à faire., On peut
espérer que les choses reprendront
petit à petit leur cours normal. Avec au
moins la certitude que le peuple égyp-
tien sortira grandi de cette révolution
du Nil. ■
L’
Photographie de Peter Macdiarmid/Getty Images
| 23
24 |
Six semaines après le tremblement de
terre et le tsunami qui ont frappé le Ja-
pon le 11 mars, des répliques secouent
encore le pays et la situation des centra-
les nucléaires de la préfecture de Fu-
kushima reste très instable. Les autori-
tés ont porté le niveau d’alerte nucléai-
re à 7 : le niveau le plus élevé.
Malgré la pénurie, JWCU, l'organisa-
tion japonaise des coopératives de tra-
vail associé est extrêmement active :
« Nous avançons avec l’aide de nos
membres du monde entier » a déclaré
un porte-parole de l'organisation. Pour
aider le mouvement des coopératives
de travail associé dans les secteurs af-
fectés, JWCU a créé un fonds d’aide
qui lui permettra de fournir à ses mem-
bres des biens de première nécessité et
un soutien financier (voir l’encadré).
Les exemples de solidarité se comptent
par milliers et montrent comment les
coopératives essayent de se remettre du
désastre. À Sendai, la plus grande ville
de la région de Tohoku, deux centres
pour les enfants ont été ouverts en avril
et sont gérés par une coopérative de
travail associé. Les enfants, particuliè-
rement ceux qui ont dû évacuer, ont
vécu des moments particulièrement
pénibles et leur vie quotidienne a été
fortement perturbée. Ils doivent vivre
aujourd’hui en situation instable dans
un tout nouvel environnement. « Nos
membres sont déterminés à leur fournir
un cadre de vie sûr et agréable », a dé-
claré JWCU. Plus de 200 000 yens
Le Japon se redresse
JWCU, l’organisation des coopératives de tra-
vail associé fait état d’une situation d’urgence
au sein de ses membres après les répliques qui
ont touché le pays. Un fond d’urgence a été mis
en place afin d’aider les coopératives.
Yoshiko Yamada, JWCU
JWCU a créé un fond d'urgence
« Les besoins en
vivres et la coordina-
tion sur le terrain
devront s’étendre sur
le long terme »
| 25
(environ 1700 euros) ont été recueillis
à l’occasion d’un concert de bienfai-
sance organisé à Tokyo le 27 mars
pour venir en aide à la région de To-
hoku. C’est la coopérative de travail
associé 'Art Project' (WAP) composée
de membres de JWCU et d’amis ama-
teurs d’art et de musique qui en a as-
suré l’organisation.
D’importants dégâts parmi les coo-
pératives
JWCU annonce régulièrement d’im-
portants dégâts parmi ses membres.
La situation chaotique rend le travail
de secours encore plus difficile. Mal-
gré ces défis, l'aide s’est organisée et
les gens travaillent ensemble et font
preuve de solidarité.
Le bureau central et les antennes ré-
gionales de JWCU continuent de rece-
voir des produits de première nécessi-
té de la part de tous ses membres na-
tionaux. Dans un message adressé au
mouvement coopératif, JWCU déclare
que « la situation nécessite surtout de
la nourriture et nous concentrons tous
nos efforts pour fournir des aliments
instantanés et des légumes. Les be-
soins en vivres et la coordination sur
le terrain devront s’étendre sur le long
terme ». Les premiers camions venant
de Tokyo sont arrivés dans la région
de Tohoku (dans les villes de Noda,
Ohsaki, Ishinomaki et Onagaw). Les
résidents des régions touchées ont
besoin d’aide pour déblayer les débris
et nettoyer les maisons sinistrées. Plu-
sieurs coopératives ont déjà proposé
d’envoyer des renforts et le bureau
central de JWCU a aussi l’intention de
coordonner des équipes de secours
afin de venir en aide aux zones les
plus touchées. Plusieurs coopératives
de JWCU proposent aussi de mettre à
disposition les camions qui sont né-
cessaires pour nettoyer les zones dé-
vastées. ■
Pour plus d’informations :
http://english.roukyou.gr.jp/
index.html
Le village de Noda a été complètement dévasté
« Les exemples de
solidarité se comptent
par milliers et
montrent comment les
coopératives essayent
de se remettre
du désastre »
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Fonds d’aide aux coopératives japonaises:
En tant qu’organisation qui a pour vocation de créer des emplois, JWCU est déterminée à soutenir ses
membres afin de sauvegarder leur poste de travail et garantir leurs revenus pour leur permettre ainsi de re-
prendre une vie normale : « Tant qu’il y aura besoin de vivres pour assurer la survie quotidienne de la popu-
lation, nous continuerons à répondre à ces besoins matériels. Certains de nos membres (et beaucoup d’au-
tres personnes) ont perdu leur emploi, leur maison et leurs biens personnels. D’autres ont été évacués vers
d’autres villes et ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux ou s’ils seront installés dans des habita-
tions temporaires. Dans ces conditions extrêmes, il faut malgré tout que la vie continue. Les besoins exis-
tent dans de nombreuses régions dont Tokyo et ses environs, où les personnes évacuées ont trouvé refuge ».
Si vous désirez en savoir plus à propos de ce fonds d’aide ou si vous désirez faire un don, vous pouvez visi-
tez le site de JWCU à l’adresse : http://english.roukyou.gr.jp/JWCU2011Earthquake_Relief_Fund.pdf.
Boîtes alimentaires chargées sur un camion à destination de Tohoku
Concert de bienfaisance à Tokyo le 27 mars Salle pour enfants à Sendai
Le solidarité entre
les membres de
JWCU
a Corée du Sud dispose d’un
système législatif spécifique
pour les coopératives dans lequel
chaque secteur coopératif est sou-
mis à une réglementation particu-
lière et qui dépend de ministères
différents. Bien qu'il y ait des sec-
teurs coopératifs forts comme
l'agriculture, cela a comme consé-
quence directe que les intérêts du
mouvement coopératif dans son
ensemble ne peuvent pas être pro-
tégés par la législation et seuls les
intérêts des différents secteurs le
sont. C'est particulièrement le cas
pour les coopératives de consom-
mateurs pour lesquelles il est tou-
jours très difficile d'obtenir un sta-
tut juridique de coopérative.
Pour résoudre ce problème, plusieurs
organisations du mouvement coopéra-
tif émergeant, et notamment KASEE,
le membre coréen de CICOPA, ont
lancé une action en faveur de la pro-
mulgation d’une législation qui couvri-
rait les différents types de coopératives
auxquelles il manque un statut juridi-
que approprié. Les coopératives de
travail associé, que KASEE représente,
sont principalement visées par la légi-
slation. Néanmoins, les besoins diffè-
rent aussi. Ainsi, les coopératives de
soins de santé, considérées actuelle-
ment comme faisant partie des coopé-
ratives de consommateurs, devraient
acquérir un nouveau statut juridique
leur permettant de s'ouvrir davantage
aux non-membres en mettant en appli-
cation la contrainte de la non-
distribution des excédents. Plusieurs
associations actives dans le domaine
des soins de santé demandent aussi une
reconnaissance légale qui donnerait à
leurs travailleurs un statut n’étant ni
celui d’un employé ni celui d’un indé-
pendant.
Pour répondre à ces différents besoins,
ces organisations ont finalisé un accord
sur un projet de loi qui couvrirait les
différents types de coopératives qui ne
le sont pas encore par la législation
actuelle. Cette nouvelle législation
aurait la même forme que les lois gé-
nérales sur les coopératives mais elle
reprendrait aussi les types spécifiques
de coopératives. Outre l’organisation
KASEE, plusieurs entités prennent part
au projet dont les coopératives de
consommateur dans le domaine médi-
cal, l'Association coréenne des centres
pour l’insertion par l’activité économi-
que, l'Institut pour la recherche coopé-
rative, la Fondation d'investissement
social et plusieurs associations de tra-
vailleurs du domaine des soins de san-
té. La rédaction de cette nouvelle légi-
slation devrait être finalisée dans le
courant de cette année. ■
Une Entreprise membre de KASEE dans le domaine de la construction
L
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CECOP-CICOPA Europe a lancé une campagne sur l’emploi
durable parce que l’Europe a besoin de manière urgente
d’emplois de qualité afin d’assurer un meilleur futur
pour toutes les entreprises et leurs travailleurs.
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