Stopper Une Calvitie Débutante
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Calvitie : compter les cheveux qui
tombent
le 18/06/2008
Un test simple permet de prédire le
risque de devenir chauve.
Peut-on prévoir la calvitie ? Si les
hommes ont pour des raisons
hormonales une plus grande tendance
que les femmes à perdre leurs cheveux
la quarantaine venue, parfois même bien
longtemps avant, il n'existe pas de
moyens évidents pour prévoir qui
deviendra chauve avec l'âge. Carina
Wasko, chercheuse du Baylor College
of Medicine (Texas), vient de se
pencher sur cette question et a mis au
point avec ses collègues une méthode
précise permettant de prophétiser la
perte de cheveux chez un adulte. Cela
pourrait devenir un outil fort utile aux
dermatologues pour prédire l'apparition
d'une calvitie et donc mettre en œuvre
les traitements médicaux efficaces
retardant cette affection.
«Aujourd'hui, il n'existe pas de méthode
standardisée de mesure de la perte
quotidienne des cheveux», assure le Dr
Wasko, qui a publié ses résultats lundi
dernier dans les Archives of
Dermatology, une revue scientifique
américaine du groupe du JAMA. Le
New England Journal of Medicine
rappelait en 1999 que «chaque jour ce
sont jusqu'à 100 cheveux qui tombent»,
mais cette notion très ancrée chez les
spécialistes du cheveu n'est basée que
sur l'estimation qu'un scalp contient en
moyenne 100 000 bulbes de cheveu.
Cette idée indique en aucun cas si la
chute des cheveux reste constante
lorsqu'on avance en âge et si elle est
identique chez les hommes et les
femmes. Il faut savoir que la croissance
du cheveu est cyclique et que chaque
cycle dure plusieurs années. La durée de
la croissance détermine bien entendu la
longueur finale du cheveu (nos éditions
du 9 avril 2008) et c'est le volume du
bulbe qui conditionne la finesse finale
du cheveu.
Avec son équipe, le Dr Wasko a étudié
la perte capillaire de 60 hommes en
bonne santé, la moitié d'entre eux ayant
entre 20 et 40 ans, l'autre moitié âgée de
41 à 60. Il fallait n'avoir aucun signe de
calvitie ou de perte localisée de cheveux
(alopécie). À tous les participants, on a
distribué le même peigne et on a
demandé de se laver les cheveux trois
matins de suite avec le même
shampoing. Le quatrième jour, les
participants devaient peigner vers
l'avant leurs cheveux pendant soixante
secondes. Ils devaient ensuite compter
les cheveux perdus et répéter le test trois
jours consécutifs. Six mois plus tard, les
participants devaient recommencer la
même procédure.
Deux médicaments pour retarder
la perte capillaire
Les résultats montrent d'une part que les
participants les plus jeunes (20 à 40 ans)
perdent de 0 à 78 cheveux par jour, soit
en moyenne 10,2 cheveux. Les plus
âgés (41 à 60) ont perdu entre 0 et 43
cheveux par jour. Si la moyenne est
identique dans les deux groupes, on voit
que certains des plus jeunes ont pu
perdre beaucoup plus de cheveux que
les vieux ! Pour le même participant,
quel que soit son âge, le test réalisé à six
mois d'intervalle donne des résultats
similaires.
À partir de ces mesures, le Dr Wasko a
pu montrer que lorsque les participants
perdaient plus de 50 cheveux par jour,
ils finissaient par présenter une calvitie
notable. Le «décompte minute» des
cheveux tombés est donc un outil simple
pratique et objectif.
Deux médicaments sont autorisés pour
retarder la perte progressive et améliorer
la couverture du scalp. Ils ne sont pas
efficaces sur les cas avancés de calvitie,
mais le finastéride (Propecia, qui bloque
les enzymes qui détruisent la
testostérone) en comprimés oraux de 1
mg par jour, et le Minoxidil en lotion
(un médicament antihypertension
artérielle, qui allonge la durée de
croissance du cheveu) présentent une
certaine efficacité. Le nouveau test, en
détectant plus tôt des pertes de cheveux
annonçant l'apparition de la calvitie,
permettrait de commencer plus vite des
traitements.
Ce petit garçon est le fils de l'homme
le plus irradié du Japon, le seul
fermier qui a refusé de quitter sa
terre proche de la centrale détruite il
y a quatre ans.
Son destin est celui d’un moine guerrier.
Naoto Matsumura vit en ermite, à moins
de 12 kilomètres des réacteurs de la
centrale de Fukushima Daiichi. Il se
lève à l’aube pour allumer un poêle à
mazout et se préparer un petit déjeuner
frugal, constitué de natto – du soja
fermenté – et de riz blanc. Du café
soluble est son seul luxe.
Mais il a rencontré Akiko et toute sa vie
en a été transformée. C’était au cours
d’une conférence à Tokyo, l’été 2012,
quelques mois après que les médecins
de l’université de Tokyo lui ont
annoncé, au vu d’une spectrométrie :
« M. Matsumura, vous êtes le champion
du monde des radiations ! » « J’ai
d’abord pensé que Naoto était un vieil
homme, raconte Akiko, parce que ses
cheveux étaient complètement blancs. Il
évoquait sa vie quotidienne à Tomioka
avec beaucoup d’humour. Je ne suis pas
immédiatement tombée amoureuse, car
je pensais qu’avec ses cheveux blancs il
avait plus de 70 ans. Mais j’ai été
fascinée par son récit. J’ai pensé que je
pourrais l’aider. En septembre 2012, je
suis allée pour la première fois dans sa
ferme ; j’avais peur des radiations, bien
sûr, mais aussi du désert humain et des
villes en ruine. La zone interdite était
une région fantôme, plongée dans un
silence angoissant. Mais j’ai découvert
la première qualité de Naoto, sa
générosité envers les animaux. » Akiko
a une voix douce lorsqu’elle parle
japonais, plus affirmée en anglais. Cette
ancienne guide touristique est
parfaitement bilingue.
Pour Naoto Matsumura chaque vie
est sacrée
Pour le mariage, le 4 avril 2013, Naoto
Matsumura loue un élégant smoking
gris argenté. Il a 53 ans ; Akiko, 41. Un
âge critique pour une célibataire au
Japon où, passé 35 ans, les femmes ne
sont plus censées devenir mères.
Pourtant, quelques mois plus tard, le
8 octobre 2013, Akiko met au monde un
garçon. Plus qu’une grande joie, un
formidable défi. Peu sont prêts à parier
sur la santé du fils d’un homme aussi
exposé aux radiations ! De la même
façon que Naoto a refusé de perdre sa
dignité en abandonnant sa maison, il a
refusé de tirer un trait sur l’avenir. Et il
persiste. Aujourd’hui, il se prend à
espérer une famille plus grande : « J’aimerais avoir encore un enfant,
mais Akiko est âgée. » Dans la
population de Fukushima, de
nombreuses grossesses ont été
interrompues. La psyché de tous les
parents est hantée par la photo du grand
reporter W. Eugene Smith : une femme
qui porte dans ses bras une fillette au
corps difforme, Tomoko Uemura,
victime de la pollution au mercure de la
baie de Minamata.
Mais pour Naoto Matsumura chaque vie
est sacrée. C’est au nom de ce principe
qu’il s’est battu contre les vétérinaires
du ministère de l’Agriculture, qui
réclamaient l’abattage de ses vaches de
peur de voir apparaître des veaux à deux
têtes : « Toutes les vies sont égales,
répète-t-il. Nous sommes tous liés les
uns aux autres. Ce qui arrive à la vache
arrive aussi à l’homme. » Alors que
1 million d’animaux sont morts ou ont
été abattus dans la préfecture de
Fukushima, il a aussi sauvé des chiens
et des chats, partageant leurs croquettes
quand il n’y avait plus la moindre
nourriture dans un rayon de
30 kilomètres. Son bébé portera le nom
de Naoaki, contraction des prénoms de
ses deux parents, et il fait aujourd’hui le
bonheur du père qui l’appelle son « bébé
miracle », mais garde son humour : « Naoaki a une puissance atomique ! »
dit-il, en le regardant dévorer ses repas.
Naoto a transformé sa rizière en arche
de Noé. Animaux qu'il ne peut ni vendre
ni consommer. Antonio Pagnotta
Naoaki est né par césarienne avec un
mois d’avance. Rien à voir avec une
éventuelle contamination ont affirmé les
médecins : c’était plutôt la conséquence
de l’âge de sa mère. J’ai eu la joie de le
rencontrer, le 17 février 2014, dans un
immeuble moderne, au-dessus duquel
les avions de chasse font un vacarme
d’enfer. La mère et l’enfant ne vivent
pas avec le père dans la zone
contaminée, mais dans la grande
périphérie du nord de Tokyo. Si j’ai pu
photographier le bébé, alors âgé de
4 mois, j’avais interdiction de publier
les photos tant que Naoto Matsumura ne
serait pas certain que son fils n’était pas
handicapé.
Avec son calme et sa discrétion, Akiko
n’a aucun des signes extérieurs de la
mère courage. Pourtant, il lui en a fallu
de la force pour aimer un « hibakusha »,
un irradié, puis pour mettre au monde
son enfant. Quand elle parle de lui,
Akiko resplendit : « J’ai été heureuse de
découvrir que j’étais enceinte, mais
aussi choquée. Sentir que le bébé
bougeait en moi fut un moment de
grâce. Mais j’étais également inquiète à
cause de mon âge et de la situation de
Naoto. Et je reste angoissée. Naoaki
semble en bonne santé, mais quel sera
son avenir ? Moi aussi, je pense que
mon bébé est un miracle. J’ai vu
tellement de femmes âgées de plus de
35 ans batailler pour avoir un enfant ! Pourtant, je suis tombée enceinte sans la
moindre aide médicale. Et durant ma
grossesse, ni plus facile ni plus difficile
qu’une autre, je n’ai pas suivi de
traitement particulier. »
Dans sa ferme, Naoto accueille 34
vaches, un poney, des chiens, des
chats et même une autruche !
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement
pour ses parents que la santé de Naoaki
est une préoccupation. Tandis que, dans
la préfecture de Fukushima, les cancers
de la thyroïde des enfants se comptent
par dizaines, elle risque de devenir un
enjeu. Alors que Naoto Matsumura est
le héros des antinucléaires, la bonne
santé de son fils risque de le faire
prendre en otage par les pronucléaires.
Déjà, l’annonce de la venue de Naoto en
Alsace, à Fessenheim, la plus ancienne
centrale nucléaire française, avait
provoqué une polémique. On lui
reprochait de ne pas avoir l’air assez
malade. Trop souriant pour faire pitié, il
n’était pas une « bonne victime ».
Certains écologistes prétendaient même
qu’il était dangereux de lui serrer la
main : il aurait dû rester parqué dans sa
ferme ou, mieux, accepter de survivre
comme les autres dans un abri
d’urgence et se faire oublier.
Naoto avec son autruche, "Boss". ©
Antonio Pagnotta
Pour Naoto Matsumura, la vie est un
combat. Ses animaux sont condamnés à
rester en enclos. Sa propre situation
s’est à peine améliorée. Une compagnie
locale lui fournit gracieusement de
l’électricité. Après les années bougies,
la lumière fluorescente est presque trop
abondante dans la ferme. A la télé,
quand il écoute la présentatrice
annoncer les taux de radioactivité de
moins d’un demi-microsievert par heure
(plus de dix fois la dose ambiante avant
la catastrophe), il reste sceptique. « Tout
cela est certainement faux », observe-t-
il. Depuis les mensonges de 2011, le
contrat de confiance des Japonais avec
leur gouvernement s’est brisé.
Sa rizière accueille 34 vaches et un
poney. Près de l’habitation, une
autruche d’Afrique du Sud, un chien de
race akita et une ribambelle de chats
noirs ou blancs, les plus utiles lorsque
les rats ont envahi les maisons
abandonnées. Le mouvement de
solidarité qui s’était créé en 2012 pour
soutenir son combat s’essouffle. « Je
réserve l’argent des donations à la
nourriture des animaux. Pour les besoins
de ma famille, je pense prendre un
travail, sans doute comme
décontamineur. Au Japon, l’éducation
d’un enfant jusqu’à l’université coûte
cher, au moins 150 000 euros. »
Une ou deux fois par mois, Naoto
Matsumura fait 600 kilomètres aller-
retour pour voir son fils et sa femme. Il
leur parle quotidiennement par « terebi
denwa », le visiophone. Lorsqu’on lui
demande s’il va choisir entre ses vaches
et sa famille, il répond : « Akiko va
venir vivre plus près de la ferme, mais
pas dans la zone radioactive ; sans doute
cette année, si la radioactivité du césium
baisse de nouveau. » Akiko, elle, caresse
d’autres projets : « J’aimerais que Naoto
s’éloigne de la centrale nucléaire. Sa
santé me préoccupe. Même si la ville de
Tomioka est désormais ouverte à tous
de 9 heures à 15 heures et s’il peut
recevoir des visites. » Dans la zone
radioactive, depuis quelques mois,
camions, voitures et ouvriers s’affairent.
On racle la terre sur 10 centimètres de
profondeur, on débroussaille, on passe
les maisons au Kärcher. A défaut de
pouvoir venir à bout des particules
radioactives, on étale des moyens
gigantesques. Mais pour les ouvriers, ni
tenues blanches ni masques à gaz.
Pourtant, la radioactivité n’a pas
disparu. Le césium baisse en intensité. Il
faut deux ans pour que le césium 134 ait
perdu la moitié de sa nocivité, trente ans
pour le césium 137. C’est ce que l’on
appelle la « demi-vie ». Sur le site de la
centrale, les poussières hautement
radioactives continuent d’être
disséminées par le vent. Dès que la pluie
tombe, ou à l’automne, avec les feuilles,
tout est à recommencer. On recoupe, on
racle à nouveau, on entasse dans des
sacs noirs. Un gigantesque incinérateur
s’élève à la place de la gare de Tomioka.
A celle de Tatsuta, où s’arrête
maintenant la ligne de train Joban, un
écran annonce 0,182 microsievert par
heure. A l’extérieur, un autre écran
affiche 0,222 microsievert, cinq fois la
radioactivité d’avant la catastrophe.
Le 3 février, à Machida, dans la
banlieue de Tokyo. Naoto rend visite à
son fils et à sa femme. © Antonio
Pagnotta
En mars 2014, pourtant, Tepco a déclaré
un bénéfice de 3,2 milliards d’euros.
L’entreprise qui a plongé le Japon dans
l’épouvante sera le principal sponsor des
JO de Tokyo en 2020. Alors que les
problèmes sociaux et technologiques ne
sont pas résolus, cette information fait
scandale. Le coût total du nettoyage et
de la mise en sécurité de la centrale est
estimé au minimum à 10 trillions de
yens (7,25 milliards d’euros), soit 2 %
du PNB du Japon, et le coût de la
décontamination sur le cinquième de la
surface du pays n’est calculable qu’en
billions d’euros.
Dans la ferme de Naoto Matsumura, la
température descend la nuit à – 4 °C et,
depuis trois mois, il pleut des cordes.
Mais les vaches sont nourries grâce au
fourrage d’un sponsor. Une herbe de
premier choix, réservée en principe aux
chevaux de course. Alors elles ont perdu
le goût de la paille jaunie, sèche et
rêche, vieille de quatre ans. Il faut
pourtant qu’elles s’y fassent pour
compléter leur pitance. Matsumura fait
le parallèle entre les humains et les
animaux. « A Fukushima, raconte-t-il,
on ne boit plus que de l’eau minérale.
Les rizières sont abandonnées, il n’y a
plus personne pour les labourer. La
jeunesse japonaise veut être riche et
s’amuser. Pour certains, l’argent des
dédommagements a été un piège. Jeux
de hasard, alcool, prostituées… A
Tomioka, seules des personnes âgées
veulent revenir, pour mourir dans leur
maison. Mais les indemnités que verse
Tepco aux familles vont s’arrêter dans
cinq ans. Ensuite, que se passera-t-il ? »
Alors les humains devront faire comme
ses vaches : retrouver le goût de la paille
rêche.