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Résistants déportés du Loiret Musée départemental de la Résistance et de la Déportation Musée de Lorris Des parcours qui ont marqué des vies

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Résistantsdéportés

du Loiret

Musée départemental de la Résistance et de la Déportation

Musée de Lorris

Des parcours qui ont marqué des vies

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Depuis janvier 1944, la Gestapo d’Orléans multiplie les arrestations et obtient rapidement le démantèlement d’une partie des membres du mouvement

« Vengeance ». Les mois suivants l’étau se resserre et les aveux de Guy Eymard dit Gérard apportent aux agents de la Gestapo de précieux renseignements déclenchant notamment les opérations suivantes : - attaque du maquis de Samatha le 25 juin 1944 (entre Marcilly-en-Villette et

Sandillon) ; - arrestations de nombreux résistant(e)s liés au maquis ; - attaque du Gué de la Thas le 29 juin 1944 (réseau « Jade Amicol ») Vienne-en-Val ; - rafle de dix sept membres du mouvement « Vengeance » le 31 juillet 1944 dans le

secteur de Sandillon, St Cyr-en-Val, Marcilly-en-Villette et Vienne-en-Val.

Pierre Bérault, résistant dès 1942 et membre du mouvement « Vengeance » est très actif : faux papiers, transport, cache, distributions des armes parachutées à Samatha, recrutements, contacts et organisation avec les chefs de réseaux… Suite aux dénonciations de juin 1944, il est arrêté le 27 juin au domicile de Jean-Louis Pagnon-Colonna à Orléans (chef départemental du mouvement « Vengeance ») ; il y était venu pour prendre des consignes du capitaine Wilkinson (chef du réseau « Buckmaster ») arrêté la veille.

Il est torturé dans les locaux de la Gestapo d’Orléans (bd Alexandre Martin) et incarcéré à la prison de la Rue Eugène Vignat (actuel Palais des Sports) jusqu’au 12 juillet 1944, date de son transfert en autocar au camp de Compiègne-Royallieu - Frontstalag 122.

Le 28 juillet 1944, il est déporté au camp de Neuengamme. Après trois jours de transport inhumain sans rien à boire, le convoi arrive à destination. Commence alors la lutte pour sa survie.Devenu le n°39353, Pierre Bérault après une période de quarantaine est envoyé au camp de Bremen-Farge où il doit travailler douze heures par jour à la construction d’une base sous-marine, « les mains collées sur le fer l’hiver ».

Avec l’avancée des Alliés, le camp est évacué par les SS et il échoue avec un petit groupe au camp de Sandbostel (Stalag XB), véritable mouroir. Il fait partie des survivants que les troupes britanniques trouvent en arrivant le 29 avril 1945.

Soigné, réalimenté lentement, il est rapatrié le 8 juin 1945 et passe par l’hôtel Lutétia à Paris avant de retrouver sa mère à Mardié. Malgré les séquelles et un accident lui coûtant l’amputation d’une jambe il reprend le cours de sa vie. En 1947, il épouse Suzanne Léger et fonde une famille.

Pierre décède le 11 mars 2009 à l’âge de 88 ans.

Fiche descriptive des infirmités pour une pension des victimes de guerre.

Archives familiales.

Lettre de Pierre adressée à sa mère juste après sa libération le 1er mai 1945. Archives familiales.

Résistants déportés du Loiret

Pierre BéRAuLTMardié

Fiche de démobilisation de Pierre Bérault.Archives familiales.

Pierre Bérault. Archives familiales.

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Suzanne LéGERVienne-en-Val

Résistants déportés du Loiret

Suzanne Léger habite seule avec son père Lucien car sa mère est décédée en 1936 d’un accident de la route ainsi que sa sœur et son frère de maladie. Elle prépare les repas des maquisards et leur fourni des renseignements. Elle est arrêtée une 1re fois en même temps que son père le 29 juin 1944 lors de l’attaque du réseau « Jade Amicol » au Gué de la Thas (six arrestations dont celle de Philip Keun), puis relâchée. Elle est à nouveau arrêtée le 31 juillet lors d’une rafle de personnes suspectées de résistance.Incarcérée à la prison d’Orléans, elle est transférée le 5 août 1944 au Fort de Romainville.

Le 15 août 1944 après-midi elle est amenée à la gare de Pantin. Ce convoi composé de plus de 2 200 personnes

(dont 546 femmes) transporte des dizaines d’hommes et de femmes du Loiret dont son père Lucien venu de la prison de Fresnes.

Après un parcours chaotique et mortifère, les hommes descendent au camp de Buchenwald le 20 août au matin tandis que les femmes continuent le voyage jusqu’à Fürstenberg puis poursuivent à pied jusqu’au camp de Ravensbrück (le 21 août).

Suzanne devient le matricule 57872 « nous avons attendu longtemps, debout sous le soleil... nous avons laissé tout ce que nous avions : valise, couverture, bijoux, photos...Au sortir des douches on nous distribua une chemise et une culotte tachée et une robe de n’importe quelle taille… appel sous la pluie ou la neige à 4h du matin jusqu’à 6 ou 7 heures...coups de bâtons...Nous partions en dehors du camp avec des pelles pour bêcher une grande étendue de terre...Le soir nous touchions 300 gr de pain, un petit cube de margarine et parfois une rondelle de saucisson de chien (que nous trouvions bon quand même). Témoignage d’Andrée Gibault, camarade de déportation de Suzanne à Ravensbrück.

Transférée dans une usine à Torgau elle travaille quelques temps au nettoyage de douilles d’obus usagées ou dans les champs.

Malade du typhus elle est renvoyée à Ravensbrück, au revier (infirmerie) puis transférée au camp mouroir de Bergen-Belsen où son état s’aggrave (coma). C’est dans cet état de santé précaire qu’elle est retrouvée par les troupes anglaises le 15 avril 1945. Elle a alors 22 ans.

Après un mois et demi de soins et de réalimentation, elle est rapatriée le 5 juin 1945 via l’hôtel Lutétia à Paris. Elle apprend le décès en déportation de son père. Désormais sans famille et gravement malade elle est recueillie par une famille orléanaise (Mr et Mme Pelé) à qui elle vouera reconnaissance toute sa vie.

En 1947 elle épouse donc Pierre Bérault, rescapé des camps. Pendant des années elle est le porte-drapeau de l’association des femmes déportées de la Résistance pour la Région Centre, présidée par Yvette Choquet-Kohler dont la présidente nationale fut Geneviève de Gaulle-Anthonioz.

De son enfer à Bergen-Belsen, elle rapporta une cuillère d’officier SS, conservée précieusement dans les archives familiales.

Suzanne décède le 29 mars 2007 à l’âge de 84 ans.

Lucien Léger dit Philibert - Mort en déportation le 6 novembre

1944 à Ellrich - Mat.77565.Archives familiales.

Andrée Gibault résistante déportée mat 57951.Archives familiales.

Suzanne Léger. Archives familiales.

Carte de rapatrié remise à l'hôtel Lutétia à Suzanne Léger.Archives familiales.

Nomination de Suzanne Bérault au grade de chevalier de la Légion d'Honneur.

Archives familiales.

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Les arrestations du 31 juillet 1944 à Nargis

Résistants déportés du Loiret

Depuis 1930, Maurice et Jeannette Verdier (née Dauliac) sont instituteurs dans le Loiret. Ils sont nommés

à l’école de Nargis le 1er octobre 1937. Maurice exerce également les fonctions de secrétaire de mairie.

En avril 1944, Lilian Vera Rolfe dite Claudie ou Nadine est parachutée en France. Opérateur radio au service du réseau de renseignement « Historian » elle est en contact étroit avec George Wilkinson (dit Étienne) puis Pierre Charié (dit Leblanc). Elle envoie et reçoit de nombreux messages de Londres permettant d’obtenir plusieurs parachutages d’armes et de matériels pour les groupes de résistants du Loiret.

Traquée, elle se déplace régulièrement. Fin juillet 1944 elle est cachée chez Maurice et Jeannette Verdier dont la maison sert de lieux de rencontre pour les résistants. Elle doit y rester deux jours pour émettre mais le lundi 31 juillet tout bascule !

Ce matin là François Bruneau de Boynes, garde du corps de Liliane Rolfe, lui apporte un message à transmettre. Des hommes de la Gestapo, dont Pierre Lussac se faisant passer pour des résistants les arrêtent et tendent une souricière.

Raymond Bourdois de Puiseaux et sa belle sœur Lucienne Villechenon de Châlette-sur-Loing arrivent chez les instituteurs pour y rencontrer Pierre Charié et remettre des informations à Lilian Rolfe (qu’ils avaient hébergée précédemment). Ils sont arrêtés à leur tour.

François Bruneau quant à lui parvient à s’enfuir et prévient Pierre Charié.

Le petit groupe est emmené à la Gestapo de Montargis (rue Dom Pèdre), transféré à la prison d’Orléans (rue Eugène Vignat - emplacement actuel du Palais des Sports), puis incarcéré dans les prisons parisiennes.

Le 15 août 1944, Maurice et Jeannette Verdier, Lucienne Villechenon et Raymond Bourdois sont amenés à la gare de Pantin avec plus de 2 000 autres déportés, direction l’Allemagne. Les hommes arrivent au camp de Buchenwald le 20 août tandis que les femmes arrivent à celui de Ravensbrück le 21 août.

Jeannette, après un court séjour à Ravensbrück, est envoyée au camp de Torgau où elle doit nettoyer des douilles d’obus usagées dans des cuves d’acide. Elle revient quelques jours au camp principal pour repartir direction Könisberg (actuellement Chojna en Pologne) et travailler au terrassement d’un terrain d’aviation. Enceinte au moment de son départ elle accouche d’un garçon le 18 février 1945 qui décède deux jours plus tard.

Lucienne Villechenon et Jeannette Verdier après tous ces mois passés à travailler dans les camps, sont évacuées par les nazis à l’approche des Alliés. À l’issue d’une éprouvante marche de la mort les rescapées sont libérées par les Russes, le 8 mai 1945.

Raymond Bourdois est libéré le 24 avril à Sachsenhausen après plusieurs semaines d’une marche de la mort depuis Ellrich. mat 76857. Il rentre à Puiseaux le 26 juin 1945. Il est décédé le 26 juillet 1983 (72 ans). Archives personnelles.

Jeannette et son fils Claude à Nargis. Claude est né le 25 juin 1935

à St Maurice-sur-Aveyron.Archives familiales.

Maurice Verdier et son fils Claude. Il meurt à Ellrich (camp annexe de Dora) le 15 décembre 1944-33 ans - mat 76858.Archives familiales.

Lucienne Villechenon mat 57958.

Archives familiales.

Jeannette Verdier et son fils Claude, à l’hôpital de Montargis. Rescapée de Ravensbrück et de Koenisberg, elle rentreen France le 27 juin 1945 très malade, atteinte de tuberculose avancée. Elle décède le 18 avril 1947 -36 ans -mat 57957.Archives familiales.

Lilian Vera Rolfe part le 8 août 1944 de la gare de l’est à Paris (même convoi que George Wilkinson). Elle est abattue d’une balle dans la nuque à Ravensbrück avec 2 autres agents du réseau de renseignement anglais (SOE), Denise Bloch et Violette Szabo en janvier 1945.Elle était âgée de 30 ans.Archives personnelles.

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Alice et Gaston BROSSARDArtenay

Résistants déportés du Loiret

Gaston Brossard est menuisier ébéniste à Artenay. Il dirige un atelier dans le village et son épouse, Alice, se

charge du magasin. Mobilisé en 1939 et grièvement blessé en 1940, l’adjudant Brossard est évacué et hospitalisé.

Il rentre à Artenay le 16 avril 1941. Ne supportant pas l’occupation de son village, il entre en résistance et parvient à organiser un groupe de patriotes. Il apporte son aide à des prisonniers de guerre évadés, des réfractaires au STO, des parachutistes alliés… Alice, n’est pas mise au courant des activités de son mari, qui protège ainsi ses deux enfants et ses proches.

Sur proposition de Claude Lerude, chef dépar-temental, il intègre les Corps francs « Turma-Vengeance » le 3 janvier 1944 sous le pseudonyme de Morel. Malheureusement le 16 janvier, Claude Lerude et d’autres membres du mouvement « Vengeance » sont arrêtés par la Gestapo. Gaston parvient malgré tout à rétablir le contact avec le mouvement mais, dénoncé, il est arrêté à son tour le 4 juillet, à son domicile.

Conduit à Orléans, au siège de la Gestapo, il est interrogé puis emprisonné rue Eugène Vignat. Le 8 juillet, il subit un nouvel interrogatoire très violent. Le 12 juillet, avec une cinquantaine d’autres détenus, il est transféré par autobus, au Frontstalag 122 de Compiègne : « C’était presque un havre de paix, comparé à ce qui va nous arriver après... ».

Le 28 juillet, muni pour seul bagage d’une demi-boule de pain et d’une sorte de saucisson, il quitte le camp de Compiègne, pour la gare de marchandises. Avant d’embarquer dans les wagons à bestiaux, les 1 651 détenus de ce convoi doivent se dévêtir, pour ne rester qu’en sous-vêtements.

Après un voyage long et accablant, ils arrivent à Neuengamme, près de Hambourg, le 31 juillet 1944. Sous les hurlements et les coups des SS, les aboiements des chiens, les détenus sont sortis des wagons et gagnent le camp. Après une longue attente sous le soleil, ils reçoivent une plaque de matricule : Gaston Brossard devient le numéro 39739, et sont alors tondus et désinfectés. Puis ils doivent revêtir la tenue « de quarantaine » dépareillée et marquée d’une grosse croix jaune, « un carnaval hallucinant ! ».

Le 17 août, il fait partie des 137 détenus transférés au kommando de Braunschweig pour construire un nouveau camp destiné à la firme Büssing Nag, fabricant de camions. Il y retrouve deux Artenaysiens partis dans le même convoi que lui : Marcel Girault, mat 39740, et Jean-Baptiste Picaud, mat 39741.

L’adjudant Gaston Brossard, décembre 1939.Archives de la famille Brossard.

Fiançailles d'Alice et Gaston BROSSARD.Archives de la famille Brossard.

Attestation de Robert Thénard. Archives de la famille Brossard.

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Alice et Gaston BROSSARDArtenay (suite)

Résistants déportés du Loiret

Les conditions de vie et de travail y sont très dures. Les décès se multiplient à l’hiver 1944. Suite à un phlegmon au bras gauche en octobre et à des ulcères aux jambes en février 1945, suivis d’une grippe intestinale, Gaston est transporté avec d’autres malades au Kommando de Watenstedt dans un Block-mouroir, le 23 mars 1945.Avec l’avancée des troupes alliées, les détenus sont évacués. Après sept jours de trajet à bord de wagons-tombereaux, sans eau ni nourriture, les déportés survivants parviennent au camp de Ravensbrück. Quelques colis de la Croix Rouge américaine leur sont distribués.

Le 27 avril 1945 nouvelle évacuation. Ils sont envoyés dans un nouveau camp, et après plusieurs kilomètres effectués à pied et en camion, ils arrivent dans la nuit du 1er au 2 mai à Malchow. Enfermés dans une baraque, ce n’est que vers

midi qu’ils constatent la disparition des SS. Ils viennent d’être libérés par les Russes. Livrés à eux-mêmes, une dizaine de déportés français, dont Gaston Brossard, s’organisent : ils s’installent dans les logements SS, investissent les cuisines, se ravitaillent et trouvent des vêtements propres dans les maisons de la ville proche.

Le 8 mai, après avoir récupéré un poste TSF, ils apprennent que la guerre est finie, mais personne ne s’occupe d’eux. Ils décident de rentrer en France par leurs propres moyens. Munis d’une carte trouvée par hasard et équipés d’une petite charrette de fortune (une table renversée sur 2 roues) pour transporter du ravitaillement, le petit groupe entame un périple de 80 kilomètres jusqu’à Schwerin, où il entre en contact avec les Américains. Mal accueillis dans une caserne devenue hôpital, ils décident de repartir. Un camion anglais les prend en charge sur le chemin et ils sont rapatriés en France par train, via les Pays-Bas et la Belgique.

Pendant la longue absence de Gaston, Alice a multiplié les démarches pour obtenir des nouvelles ; sans succès. Elle témoigne : « J’ai vécu sur les nerfs, et je ne pouvais même plus pleurer, tant j’étais épuisée ». Le 24 mai, elle se rend à Paris, à l’hôtel Lutetia, pour rencontrer un rapatrié qui aurait vu son mari en début de mois. Malheureusement, ce témoin est déjà parti. Or, heureux hasard, Gaston arrive ce même jour à Paris et fait prévenir des amis à Artenay par téléphone. Alice, qui a indiqué à Béatrix, la mère de Gaston, où elle pouvait la joindre rapidement, est alors prévenue. Elle se précipite à l’hôtel Lutetia. Elle confiera plus tard avoir cru retrouver un moribond.

Alice et Gaston rentrent ensemble à Artenay le 26 mai 1945. Tout le village est sur le quai de la gare avec des fleurs. Quand Gaston descend du train dans sa tenue rayée de déporté, la foule devient immédiatement silencieuse… Il pèse 42 kilos.

Entouré par ses proches et soutenu par ses amis, il parcourt à pied le chemin jusqu’à son domicile qu’il a quitté le 4 juillet 1944, encadré par les hommes de la Gestapo. Parvenu devant la porte d’entrée, il tombe à genoux et ne peut dire que ces quelques mots : « Ma maison ! Ma maison !... ».

Gaston est décédé le 2 avril 1988, 18 mois après son épouse Alice.Jean-Pierre, leur fils, et Éric, leur petit-fils, leur ont consacré un livre : Alice et Gaston, un couple et son village dans la guerre. Artenay (Loiret), 1939-1945.

Fiche de recherche concernant Gaston Brossard établie par son épouse, début 1945 (la photographie l’accompagnant date de 1943).Archives de la famille Brossard.

La famille Brossard à Artenay, mai 1944 .Archives de la famille Brossard.

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Lucien et Odette BOuRGONGidy

Résistants déportés du Loiret

Instituteur à Bazoches-les- Gallerandes, Malesherbes,

Ramoulu et Varennes Changy, il s’installe en 1936 à Gidy avec sa famille : Odette sa femme, Françoise sa fille et Jean son fils. Lucien Bourgon est directeur de l’école de garçons et secrétaire de mairie. Sa femme Odette est directrice de l’école des filles.

À la déclaration de guerre Lucien Bourgon est mobilisé et affecté au 405e régiment de pionniers comme lieutenant. Le 21 juin 1940 il est fait prisonnier et est interné à l’Oflag III C situé à Lübben en Allemagne. Malade, il est libéré en juillet 1941 puis soigné à l’hôpital militaire de la Chapelle-St-Mesmin.

En juin 1942 il réintègre l’école de Gidy.

Pendant son absence, Odette le remplace au secrétariat de la mairie. En parallèle elle apporte son aide à la Résistance en fabriquant des faux papiers pour les prisonniers évadés et les réfractaires au STO, malgré la présence des Allemands cantonnés dans la maison et les classes.

À son retour, Lucien entre aussi en résistance. Mais le couple établit surtout des liaisons avec le réseau « Jade Amicol » (Philip Keun).

Dénoncé par une collègue, Lucien est arrêté le 19 juillet 1944 par des agents de la Gestapo (Pierre Lussac, Guy Eymard et Roger Bodes). Frappé à coups de pieds et de crosse de revolver, il est emmené avec sa femme et son fils (relâchés quelques jours après) à la prison d’Orléans rue Eugène Vignat.

Le 28 juillet 1944 il est transféré au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu.

Au matin du 17 août les détenus quittent le camp avec une boule de pain et un colis de la Croix Rouge à partager. La gare de Compiègne étant détruite, le convoi doit partir de la forêt de Rethondes. Cependant, des accords entre le consul général de Suède à Paris (Raoul Nordling – inhumé à Cepoy – Loiret) assisté du représentant de la Croix Rouge et le commandement militaire allemand sont en cours, visant à empêcher son départ. Malheureusement rien n’y fait et le 18 août 1944 le train prend la direction de Buchenwald. Les prisonniers arrivent le 21 août 1944, Lucien Bourgon devient le matricule 81312.

Après la « quarantaine » il est affecté au Kommando de Witten Annen. Les déportés travaillent pour la firme AGW à la fabrication de pièces d’armement (blindages). Avec l’avancée des Alliés, le Kommando est évacué dans une marche de la mort vers Lippstatd. Épuisé, Lucien Bourgon décède le 5 avril 1945 à l’hôpital de Lippstadt, à l’âge de 45 ans, peu de temps après la libération du camp par les Américains.Sa fille, Françoise, âgée de 15 ans devient alors pupille de la nation.

Le corps de Lucien est rapatrié en 1948 et inhumé dans le caveau familial au cimetière de Boesses.Depuis 1968, une place porte son nom dans le village de Gidy.

Attestation d’appartenance établie par le groupe Jade Amicol. Archives familiales.

Portraits des époux Bourgon. Archives familiales.

Lettre adressée à son épouse, en date du 28 juillet pour l’informer de son départ d’Orléans.

Archives familiales.

Certificat de décès. Archives familiales.

Carte de membre de François Bourgon, Association "Les fils des tués". Archives familiales.

Extrait du décret portant nomination dans la Légion d’Honneur à Lucien Bourgon.

Archives familiales.

Carte de pupille de la nation de Françoise Bourgon. Archives familiales.

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Octave et Renée MONTEMBAuLT Châtillon-sur-Loire

Résistants déportés du Loiret

Dès 1943, Octave Montem-bault alias Patrick est

contacté par des membres du mouvement de résistance déjà implanté à Briare. Avec son épouse Renée, pseudo Nicole, ils hébergent et fournissent des faux papiers aux réfractaires du STO, diffusent le journal Résistance et surtout cherchent à se procurer des armes.

Dénoncés, comme beaucoup de résistants du Loiret, par Guy Eymard, le couple est arrêté à son domicile, le 23 juin 1944. Octave raconte « Quatre agents de la Gestapo, arrivant dans ma cour en voiture Citroën, se saisirent de moi et l’un d’eux (Lussac) me donna tout de suite force coups de poings ». Son épouse est interpellée juste après. Tous deux sont conduits à la prison d’Orléans puis interrogés au siège de la Gestapo. Ils sont torturés. Octave est suspendu par les pieds et battu, tandis que Renée subit le supplice de la baignoire.

Le 17 juillet 1944, Renée est envoyée au Fort de Romainville. Le 20 juillet elle est déportée pour le camp de Neue Bremm (situé à Sarrebruck) où elle est internée une vingtaine de jours. Le 11 août 1944 elle est affectée au camp de Ravensbrück. Son matricule est le 51360. Elle témoigne

« Fouille complète, dépouillement total. Dix jours de quarantaine au bloc 23. Puis triées par ordre alphabétique, je repars avec mes camarades pour un kommando. » Envoyée à Belzig (mat 10257), elle doit travailler pour une usine de munitions : « Une demi-heure de route à pied,

12 heures de travail debout avec alternance de nuit et de jour… ». Avec l’avancée des Alliés, le camp est évacué le 25 avril 1945 et la colonne de détenues arrive le 26 avril au Stalag XI A situé à Altengrabow (environ 90km de Berlin). Les déportées sont prises en charge par les prisonniers de guerre, et les SS encadrant la colonne, désertent. Le camp est libéré le 3 mai 1945. Renée Montembault est rapatriée en wagons à bestiaux, portes ouvertes cette fois-ci et rentre à Châtillon-sur-Loire le 10 mai 1945. Elle y retrouve sa fille et ses parents restés sans nouvelles depuis son arrestation.

Octave Montembault est envoyé au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu le 4 août 1944 où il tombe malade, atteint d’une dysenterie dont il ne guérit pas pendant toute sa déportation. Il quitte le camp le 17 août en camion et part par le convoi, qui attend les déportés en forêt de Rethondes, le 18 août 1944 car la gare de Compiègne est inutilisable an raison des bombardements. Malgré des négociations, l’évacua-tion des détenus est maintenue. Octave explique « Nous sommes 130 dans chaque wagon à bestiaux. Six jours de transport, une chaleur atroce, la soif intense qui nous brûle ». À son arrivée à Buchenwald, il est mis en quarantaine et on lui attribue le matricule 81251. Fin septembre il est affecté au kommando de Holzein et travaille au terrassement du camp, pas encore aménagé. Puis en novembre 1944 il est envoyé à la carrière de pierre.

En avril 1945, les détenus sont rapatriés à Buchenwald, et le 9, le camp est évacué. Lors d’une marche de la mort, il réussit à se cacher en compagnie d’un autre camarde. Trop faible, il reste sur place tandis que son compagnon cherche du secours. Des Américains arrivent. Octave Montembault est hospitalisé et rentre à Châtillon-sur-Loire le 26 mai 1945. Il pèse alors 35 kg.

Octave Montembault est décédé en 1952 à l’âge de 53 ans et Renée en 1981 à 73 ans.Une rue de Châtillon-sur-Loire porte leur nom.

Matricule de Renée Montembault au camp de Belzig. Archives familiales.

Crayon mesurant 2,5 cm, dissimulé par Renée Montembault pendant

sa déportation et conservé dans les archives familiales.

Portrait des époux Montembault. Archives familiales.

Cartes de jeu fabriquées en déportation par René Montembault. Archives familiales.

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La traque des membres du Parti communiste

dans le Loiret

Résistants déportés du Loiret

Le pacte de non agression germano-soviétique, signé le 23 août 1939, sert de prétexte à la répression anti-communiste et le 26 septembre 1939, le gouvernement

décrète l’interdiction du parti en France. Les militants et les organisations deviennent hors-la-loi.

En 1941, naît le « Front national de lutte pour l’indépendance de la France » et les groupes de « Francs tireurs et Partisans » (FTP) dont les objectifs sont de lutter par tous les moyens contre l’envahisseur (sabotages, attaques de convois, faux-papiers, distribution de tracts et de journaux...).Dans le Loiret, l’arrêté du préfet Jacques Morane du 24 décembre 1940 menace « d’internement administratif les militants communistes » dans les communes où se déroulent « l’émission, la circulation, la distribution et l’affichage de tracts communistes ».La répression s’intensifie à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre son allié temporaire, l’URSS, entraînant de multiples arrestations, exécutions et déportations.

Henri Gaget : né à Dadonville et cultivateur au hameau de Bourgneuf, il est arrêté le 22 juin 1941 dans le cadre d’une grande rafle contre les communistes de zone occupée, portant le nom de « Aktion Theoderich », suite à l’invasion de l’URSS par les troupes hitlériennes.Après des mois d’internement au camp de Compiègne-Royallieu, il part par le convoi du 6 juillet à destination d’Auschwitz, convoi dit des « 45000 ». Il y meurt le 20 septembre 1942 à l’âge de 30 ans.

Il portait le matricule 45563. Son camarade, Pierre Roux, lui aussi natif de Dadonville et arrêté le 29 mars 1941, est également déporté à Auschwitz par le même convoi -matricule 46257- et décédé à Birkenau le 21 janvier 1943, à l’âge de 21 ans.

Marcel Boubou : né à Beaugency et instituteur à Orléans, il est arrêté à son domicile 83, rue de Vaucouleurs à Orléans le 18 octobre 1941, en tant que membre actif du Parti communiste. Détenu à la prison de la rue Eugène Vignat à Orléans (actuel Palais des Sports) il est transféré à Compiègne-Royallieu puis déporté le 6 juillet 1942 dans le convoi dit des « 45000 » vers Auschwitz. Ce convoi est composé pour l’essentiel d’un millier de communistes et d’une cinquantaine de Juifs.

Il meurt le 18 septembre 1942 à Auschwitz-Birkenau vraisem-blablement gazé, à quelques jours de son 50e anniversaire. Il portait le matricule 45276.

Marcel Boubou photographié à Auschwitz. Copyright : Claudine Cardon-Hamet.*

*Claudine-Cardon-Hamet : docteur en Histoire, auteur des ouvrages : "Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942" Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé)

Henri Gaget avant son arrestation. Archives familiales.

Henri Gaget photographié à Auschwitz. Archives familiales.

Lettre de Pierre Roux à Henri. Archives familiales.

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La traque des membres du Parti communiste

dans le Loiret (suite)

Résistants déportés du Loiret

Malgré les risques, les groupes s’organisent et participent à de nombreuses opérations (distributions de tracts, de journaux, sabotages de voies ferrées, de lignes téléphoniques, attentat contre Marcel Déat…). Le groupe de Résistants des Francs tireurs et Partisans, nommé « groupe Chanzy » fut fondé le 3 décembre 1942 dans le Loiret (sections d’Orléans et de Bonny-sur-Loire) et il se montra très actif.

À partir de mars 1943, une répression féroce est menée et aboutit, malgré le recours en grâce formulé par le préfet régional Jacques-Félix Bussière, à l’exécution et à la déportation des partisans.

Emprisonnée à Orléans jusqu’au 30 août 1943, puis au Fort de Romainville jusqu’au 26 octobre, elle est transférée au camp de Compiègne-Royallieu jusqu’au 31 janvier 1944, date de son départ pour Ravensbrück. Ce convoi est composé de 959 femmes, dont Marguerite Carmignac de Chuelles, Marie-Thérèse Billard de Baule, Raymonde Dodinet de Gy-les-Nonains…

Son décès est enregistré le 1er mars 1945, sous le matricule 27234. Elle avait 36 ans. Une place à Saran porte son nom.

Robert Painchault est emprisonné à Orléans, puis au Fort de Romainville à partir du 30 août. Il est envoyé au camp de transit de Neue Bremm (Sarrebruck) au départ de la gare de l’Est à Paris le 11 octobre 1943. Il en repart rapidement pour le camp de Mauthausen, le 16 octobre 1943, matricule 37797. Il est affecté au camp de Wiener-Neudorf, dans une usine de construction d’avions. Puis suite aux bombardements alliés il est renvoyé au camp principal. Il est libéré le 4 mai 1945. Revenu très affaibli, il est soigné pendant une année entière par sa belle-mère. En 1948, il se remarie avec Marie-Louise Floride. Robert Painchault décède le 27 janvier 1982 à l’âge de 71 ans.

Photo de mariage 12 avril 1939 à Pithiviers. Archives familiales.

Cécile Painchault. Photo prise par le 5e bureau,5 rue du Champ-Saint-Euverte à Orléans,

le 7 avril 1943. Archives privées.

Faire-part pour la cérémonie du 15 septembre 1946. Archives familiales.

Cérémonie du 15 septembre 1946 à Bourgneuf-Dadonville. Archives familiales.

Lettre jetée du train par Cécile.Archives familiales.

Enveloppe de la dernière lettre de Cécile envoyée de Ravensbrück à ses parents.

Archives familiales.

Cécile et Robert Painchault : un couple uni dans la Résistance, séparé par la déportation.

Cécile est la sœur d’Henri Gaget. Elle est née le 1er octobre 1908 et a épousé Robert Painchault le 12 avril 1939. Le couple appartient au « groupe Chanzy ».Ils tombent tous deux dans la souricière tendue par la police au domicile de Marcel Lerouge, faubourg St Vincent à Orléans.Robert y est arrêté le 4 avril 1943. Le lendemain, ne le voyant pas revenir, Cécile se rend chez Marcel Lerouge où elle est également arrêtée.

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André MEERTSolterre

Résistants déportés du Loiret

André Meert de nationalité belge, arrive en France en 1928, à l’âge de 10 ans. La famille s’établit en 1935 à la

ferme du château de Solterre que son père, François, loue par bail en tant que cultivateur.

En novembre 1939 André s’installe, avec l’aide de son père, à la ferme du Cormier à La Chapelle-sur-Aveyron. Le 18 juin 1940, il se marie avec Jeanne Rousseau et un an plus tard nait une petite fille, prénommée Marie-José.

Parallèlement à son exploitation et à sa vie de famille, André entre en résistance dès le début de l’Occupation. Il héberge des prisonniers de guerre évadés de la caserne Gudin de Montargis et plus tard des réfractaires au STO. Avec son père et des

compagnons de la Résistance locale, il participe à des parachutages autour de Solterre et à des sabotages sur la ligne de chemin de fer toute proche.

Ces actions lui valent d’être interpellé fin juin 1944 par une patrouille allemande en faction rue Dorée à Montargis. Il ne sera pas arrêté mais il décide de partir dans un maquis de la forêt d’Othe, dans l’Yonne dirigé par un ami de son père.Tandis qu’il revient voir son épouse et sa fille, le 29 juillet 1944, il tombe dans une embuscade à Châtillon-Coligny et, au terme d’une fusillade et d’une poursuite, il est arrêté puis interrogé et torturé.

André est transféré au siège de la Gestapo rue Dom Pèdre à Montargis, puis à la prison allemande de la rue Eugène Vignat à Orléans.

Après quelques jours de détention à Fresnes, il est acheminé le 15 août vers la gare de Pantin. Ce convoi à destination de Buchenwald est le dernier à partir de région parisienne avec à son bord 2 197 hommes et femmes arrêtés par mesure de répression. 903 personnes seulement rentreront.André Meert arrive d’abord en gare de Weimar le 20 août pour rejoindre le camp de Buchenwald où il porte le matricule n°77162. Un jugement du Tribunal Civil de Montargis, en date du 21 août 1946, déclare André Meert décédé en novembre 1944. Mort pour la France à l’âge de 26 ans.

Sa veuve se remarie avec Roger Malpeyre, lui-même résistant déporté dans les geôles italiennes. Il adopte Marie-José, fille d’André Meert et petite fille de François Meert, exécuté sur ordre de collaborateurs le considérant comme un témoin gênant le 13 septembre 1944 à la ferme du Château de Solterre. Il avait 52 ans.

Le 8 mai 2010, le nom d’André Meert est ajouté sur le monument aux morts de la Chapelle-sur-Aveyron.

Carte de résistant. Archives familiales.

Carte postale du château de Solterre. Archives familiales.

André Meert. Archives familiales.

Carte de pupille de la nation de Marie-José Meert. Archives familiales.

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Robert GOuPIL Beaugency

Résistants déportés du Loiret

Ancien combattant de 1914-1918, décoré de la Légion d’Honneur, Robert Goupil est nommé en 1936,

directeur du Cours Complémentaires de Beaugency.

Refusant la défaite et la politique de collaboration du gouvernement de Vichy, il entre en contact avec l’abbé Pasty de Baule, responsable d’un groupe de résistants du réseau « Prosper », et en février 1943 il entre dans la clandestinité en rejoignant le mouvement « Libération-Nord », aux côtés du Dr Pierre Ségelle, de Roger Secrétain et d’André Dessaux (mat 38467 à Buchenwald). Il occupe les fonctions de responsable militaire, et prend le pseudonyme de Dunois. Le groupe est ainsi chargé d’organiser les parachutages, l’accueil et la protection des évadés et des réfractaires au STO. Mais en octobre 1943, le mouvement est décimé par la Gestapo. Robert Goupil est arrêté le 8 octobre dans les locaux de son école, puis est incarcéré à la prison d’Orléans. Le 30 novembre 1943 il est transféré au camp de Compiègne. Il y est interné avec d’autres membres du mouvement dont Andrès Pontoizeau (mat 38475), revenu de déportation, qui à son retour écrit le livre : « Dora la Mort ». Dans cet ouvrage est men-tionné très régulièrement le nom de son camarade Robert Goupil, avec lequel il partage une grande partie de son parcours de déporté. Il y fait notamment référence à leur passage au camp de Compiègne : « Notre vie à Compiègne fut douce quand je pense à celle que j’allais connaître bientôt. […] Goupil, Rochet, jouaient au bridge … ». Le 14 décembre 1943 l’instituteur est déporté pour le camp de Buchenwald où il arrive le 16 décembre.

Après le passage obligatoire dans la salle de tonte et aux douches, les détenus reçoivent des vêtements ; Andrès Pontoizeau écrit « …puis ce fut un franc éclat de rire… », ainsi que leurs matricules : Robert Goupil devient désormais le n°38472. Puis ils sont conduits au bloc de quarantaine. Par la suite, le petit groupe de « Libération Nord » est affecté en janvier 1944 au camp de Dora pour travailler dans l’usine souterraine mais très vite l’instituteur de Beaugency tombe malade : « … mon pauvre camarade Goupil, miné par la fièvre, demandait à boire sans cesse… » et est alors envoyé au revier. Son ami témoigne, sur sa dernière rencontre avec lui : « …je l’ai revu le 7 février… Nous nous sommes embrassés en pleurant, nous avons échangé de suprêmes paroles d’espoir, et je savais que je ne le reverrais jamais plus… »

En effet, il décède peu de temps après : le 17 février 1944, à l’âge de 51 ans.

Le 8 juin 1947 est inauguré un monument à sa mémoire, réalisé par Robert Delandre. Le collège de Beaugency situé rue de la Croix Nas porte son nom.

Abbé Émile Pasty mort à Fresnes avant sa déportation. Archives du Musée.

Pierre Ségelle mat 78029 à Dora, député du Loiret, ministre qui participe notamment à la mise en place de la Sécurité Sociale et maire d’Orléans de 1954 à 1959. Copyright : archives municipales d’Orléans.

Carte postale de Robert Goupil envoyée du camp de Compiègne. Archives du Musée.

Dora la Mort, De la Résistance à la Libération par Buchenwald et Dora

d’Andrès Pontoizeau. Archives du Musée.

Unique carte de Robert Goupil, envoyée de Buchenwald et destinée à son épouse. Datée du 6 février 1944, il était déjà très

malade et cantonné au revier. Archives du Musée.

Portrait de Robert Goupil - Extrait de l’ouvrage Dora la Mort. Archives du Musée.

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André MuLIER Pithiviers

Résistants déportés du Loiret

Né en région parisienne, il part vivre en 1936 avec sa mère et son beau-père à Pithiviers et entame

un an après, un apprentissage de typographe dans une imprimerie locale qui édite L’Avenir de Pithiviers. En juillet 1942, le journal est interdit de publication.

C’est à cette période qu’André Mulier part à Sartrouville où un poste de manœuvre lui est proposé, dans une usine de fabrication d’hydravions (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord). Ne supportant pas de travailler pour l’Allemagne, il fait du sabotage « … des hydravions opérationnels, il n’a pas dû en sortir beaucoup de l’usine… ».

Repéré par d’autres résistants de l’usine, il entre dans le réseau « le Front National de Libération » et en tant que typographe de formation, il est employé à réaliser des tracts. Mais le 24 mai 1943 il est arrêté avec d’autres membres, quelques jours après avoir déclenché une grève générale.

Le jour même il est incarcéré à la prison du Cherche Midi à Paris puis transféré au Fort de Romainville « Je me souviens que j’y étais justement le 4 juin 1943, le jour de mon vingtième anniversaire ». Par la suite il est interné au camp de Compiègne-Royallieu où il reste quelques jours.

Le 25 juin 1943, il est envoyé avec 999 autres détenus au camp de Buchenwald dans le cadre de l’opération Meerschaum, visant à envoyer de la main d’œuvre dans les camps. Il s’agit ici du premier convoi parti de Compiègne, à destination de Buchenwald. Après un trajet de deux jours et deux nuits, les détenus arrivent à la gare de Weimar puis doivent rejoindre le camp à pied.

À l’arrivée, il est tondu, désinfecté « nous devions rentrer dans un bain qui empoisonnait (à priori il contenait du crésyl)… » puis habillé avec la tenue rayée. Pendant sa quarantaine il travaille à la carrière de Buchenwald et au bout de deux mois il est employé pour la DAW (industrie allemande de l’armement). Suite à des bombardements, les bâtiments de l’usine sont détruits. Certains détenus sont employés pour déblayer dont André Mulier, puis, le 26 septembre 1944 il est transféré avec 207 autres Français au kommando de Langenstein. Le 9 avril 1945, les détenus sont évacués pour une marche de la mort. Dans la nuit du 11 avril 1945, il réussit à s’échapper avec un camarade, et après un long périple, le 7 mai il est conduit par avion à Bruxelles, puis à Lille. André Mulier rentre chez lui à Pithiviers le 9 mai 1945. Très affaibli et en mauvaise santé, il doit cependant retrouver un travail pour subsister. Il est alors employé comme typographe au journal L’Écho, et se marie en 1947. Malgré des séquelles toujours présentes, il continue de témoigner.

André Mulier est décoré de plusieurs titres : Médaille des Déportés Résistants, Combattant volontaire de la Résistance, Croix de guerre avec palme, Médaille militaire, médailles de l’Union fédérale des combattants. Il est aussi Chevalier de la Légion d’Honneur.

Couverture de l’ouvrage d’André Mulier, paru en 2013.

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Unique lettre reçue au camp de Buchenwald, envoyée par ses parents.

Sa mère était remariée à Marcel Compain. Archives A. Mulier.

Carte d’André Mulier à sa famille, envoyée de Bruxelles. Archives A. Mulier.

André Mulier portrait de 1947. Archives A. Mulier.

Carte de prisonnier politique d’André Mulier.Archives A. Mulier.

Montre d’André Mulier confisquée à son arrivé au camp. Elle lui fut renvoyée

plusieurs années après son retour de déportation. Archives A. Mulier.

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édouard, Marguerite et Jean FLAMENCOuRT

Meung-sur-Loire

Résistants déportés du Loiret

Désireux de s’engager dans la lutte contre l’occupant, les frères Flamencourt (édouard et Jean) de Meung-

sur-Loire, entrent en relation avec Pierre Culioli (chef de réseau) par l’intermédiaire de l’abbé Pasty de Baule. Ainsi est créé le « groupe 55 A » ou groupe de « l’abbé Pasty ». Entourés de résistants locaux, ils sont chargés de réceptionner des parachutages, de cacher des armes et d’organiser des sabotages.

Le 1er juillet 1943, plusieurs membres de ce réseau sont dénoncés et arrêtés par la Gestapo de Paris, dont Édouard et Marguerite Flamencourt, à leur domicile. Transférés rapidement à Paris, ils sont interrogés puis envoyés à la prison de Fresnes. Édouard est interné à Compiègne-Royallieu, tandis que son épouse est emprisonnée au Fort de Romainville.

Jean Flamencourt continue quelque temps les activités du groupe, prend la place du responsable (Maurice Lequeux – arrêté le 1er juillet 1943), et fait un rapport à Londres sur les évènements survenus début juillet. Arrêté par la Gestapo peu de temps après (fin du mois de juillet 1943), il est conduit à la prison d’Orléans, envoyé à Fresnes et interné au camp de Compiègne-Royallieu.

Les trois membres de la famille Flamencourt sont déportés.

Édouard Flamencourt est déporté le 17 janvier 1944 pour le camp de Buchenwald où il arrive le 19 janvier 1944 et devient le matricule 40587. Il est ensuite transféré au camp de Flossenbürg puis affecté au kommando de Johanngeorgenstadt situé en Saxe (à 40 km au sud de Chemnitz), et installé pour l’usine de constructions mécaniques Erla-Messerschmitt. Il y décède le 9 avril 1945 à l’âge de 53 ans.

Sa femme Marguerite, part par le convoi du 31 janvier 1944 à destination de Ravensbrück. Se trouve également dans ce transport : Marguerite Carmignac (mat 27087), résistante de Chuelles et membre du réseau « Prosper » (déportée rentrée). À l’arrivée, le 3 février 1944, Marguerite reçoit le matricule 27401, puis est placée en quarantaine. Les détenues sont ensuite affectées à des travaux soit à l’extérieur soit à l’intérieur du camp. Le 9 avril 1945 elle est libérée par la Croix Rouge à la frontière germano-suisse, puis rapatriée.

Jean Flamencourt est déporté le 27 avril 1944 pour Auschwitz-Birkenau, convoi connu sous le nom de « Convoi des tatoués ». Le transport arrive le 30 avril 1944 à la gare de marchandises d’Auschwitz (la ligne arrivant directement à l’intérieur du camp n’étant pas encore en service), les déportés sont alors parqués dans deux baraques du camp. Tatoués (Jean Flamencourt – mat 185556) et désinfectés ils sont tous transférés au camp B2b quelques jours après.

Le 12 mai 1944, il fait partie des 1561 déportés envoyés au camp de Buchenwald. À son arrivée le 14 mai au matin un nouveau matricule lui est attribué : 53783. Le 24 mai 1944, il est affecté au camp de Flossenbürg avec encore un autre matricule : 9724.

Il y décède le 3 janvier 1945 à l’âge de 51 ans.

Édouard et Marguerite Flamencourt vers 1922.

Archives familiales.

Lettre de Jean Flamencourt à son épouse Madeleine, écrite depuis la prison d’Orléans le 23 septembre 1943.

©Mémorial de l'internement et de la déportation-Camp de Royallieu/ Ville de Compiègne,

fonds Flamencourt, n° inv. 2008.16.

Mot clandestin de Jean Flamencourt à son épouse Madeleine, écrit depuis la prison de Fresnes le 5 mars 1944 et dissimulé dans la doublure de ses vêtements.

©Mémorial de l'internement et de la déportation-Camp de Royallieu/ Ville de Compiègne,

fonds Flamencourt, n° inv. 2008.16.

Jean et Édouard Flamencourt.Archives familiales.

Pose de la stèle en mémoire de la famille Flamencourt à Meung-sur-Loire en 2006.

Archives familiales.

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René PELLETIEROrléans

Résistants déportés du Loiret

René Pelletier est né le 12 septembre 1922 à Orléans. Le 9 mars 1943 il est convoqué au bureau du placement

allemand à Orléans, afin de recevoir son affectation pour le Service du Travail Obligatoire. Refusant de partir mais souhaitant « être en règle avec les autorités », il se rend à ce rendez-vous où, dans un accès de colère, il détruit des papiers administratifs : «… n’ayant pas su maitriser mes nerfs… ». Arrêté peu de temps après au bureau du ravitaillement place Sainte Croix par la Gestapo, il est interrogé et reconnait les faits. Il est conduit à la prison d’Orléans où il retrouve d’autres jeunes réfractaires dont les jeunes hommes arrêtés le 4 mars 1943 suite à « l’affaire des Drapeaux » de Pithiviers.

Le 16 mars il est envoyé au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu où il arrive le lendemain matin. Il témoigne « la vie au camp de Compiègne était supportable, nous jouissons d’une liberté relative… ». Après un mois d’internement, il est déporté le 20 avril et arrive à la gare de Mauthausen le 22 avril 1943. Les détenus doivent alors se rendre à pied au camp puis subissent les procédures obligatoires : mise à nu, contrôle individuel, tonte, douche et remise d’une chemise, d’un caleçon et d’une paire de savates. Il ne reçoit le pantalon et la veste rayée que quelques jours après. Son matricule est le 28405. René Pelletier passe cinq mois dans les blocks de quarantaine puis, vers la fin du mois de septembre il est transféré dans l’autre partie du camp pour travailler. Mais lors d’un contrôle médical il est envoyé au Revier car il est porteur de la galle. Les mauvaises conditions d’hygiène de ce block « infirmerie » (entassement des malades, soins inappropriés...) mêlées à une sous-alimentation (les malades étant considérés comme des

bouches inutiles) font que René contracte une autre maladie et est contraint de rester dans le baraquement. Afin d’éviter que son état ne s’aggrave, il trompe les médecins et fait croire qu’il est totalement rétablit. Il devient « cantonnier » et est chargé de nettoyer la place du camp, puis plus tard est désigné pour les corvées : « descendre la soupe à l’infirmerie, aller chercher le charbon pour les chefs, porter le linge à la désinfection… ». Le 8 mai 1944, il est affecté au camp annexe de Gusen et travaille pour la firme Messerschmitt (aviation). Le 21 juillet 1944 il est de nouveau envoyé au camp de Mauthausen qui reçoit jusqu’à la libération de plus en plus de déportés évacués des autres camps de concentration.

Le 24 avril 1945 il est rapatrié par la Croix Rouge et après plusieurs jours de trajet est accueilli en Suisse « … et pour la première fois depuis plus de deux ans, nous mangions à table avec cuillère et fourchette […] et malgré tout nous n’avions pas perdu l’habitude de nous servir de ces instruments. » Le 2 mai 1945 il rentre en France et arrive à Paris le 5 mai où il doit rejoindre le Lutétia pour un peu de repos. Souhaitant rentrer le plus rapidement possible à Orléans, il prend le train le soir même et retrouve sa famille, prévenue de son retour imminent, « ma mère ouvrant ses bras dans lesquels je tombais en riant et pleurant à la fois. » En décembre il reprend son travail de comptable aux usines d’Ambert de St-Jean-de-Braye jusqu’à sa retraite. Depuis plusieurs années il témoigne auprès des jeunes générations.

René Pelletier est Chevalier de l’ordre national du Mérite.

René Pelletier à son retour de déportation.Archives familiales.

Carte de rapatrié remise à l'hôtel Lutétia. Archives familiales.

Dessin de couverture du manuscrit de René Pelletier. Archives familiales.

Carte d’adhérent de 1945. Archives familiales. René Pelletier en 2014 remettant au Musée de la Résistance et de la Déportation de Lorris une pierre en granit provenant de

Mauthausen et portant son numéro de matricule. Archives familiales.

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Henri OuzILLEAu et le drame du 10 juin 1944

en Sologne

Résistants déportés du Loiret

Henri Ouzilleau est né le 28 mai 1884 à Blois.Notaire de profession, il s’installe à partir de 1932 à

Bazoches-les-Gallerandes (à 20 km à l’ouest de Pithiviers).

Amené à se déplacer régulièrement dans le Loiret pour des raisons professionnelles, il repère les terrains propices aux parachutages et fournit des renseignements au réseau « Vélite Thermopyles », réseau rattaché à la France Libre. Sa maison sert de relais et d’hébergement temporaire pour les patriotes de passage.

Au lendemain du débarquement de Normandie, plus de soixante jeunes étudiants et lycéens parisiens patriotes des groupes « Liberté » et « Essor » ont pour mission de rejoindre les maquis de Neuvic d’Ussel en Corrèze qui harcèlent les troupes ennemies

en déroute. La première étape est de rejoindre par petits groupes à pied, en train, en autocar, à bicyclette, des fermes de Sologne à la Ferté-Saint-Aubin, Marcilly-en-Villette et Ménestreau-en-Villette pour y être hébergé et armé. Ils y arrivent à partir du 7 juin.

Suite aux renseignements fournis par le lycéen André Parent, agent gestapiste, les fermes et les bois sont investis par des unités de la Gestapo sous les ordres de Pierre Lussac dès le 10 juin 1944.

Les arrestations se poursuivent jusqu’au soir. Le bilan est tragique :- 29 jeunes exécutés à la ferme du By (La Ferté-St-Aubin) ;- 12 jeunes exécutés à la « Tuilerie » sur le domaine de Cerfbois (à 6 km de

Marcilly-en-Villette) ;- 18 jeunes dans les bois aux environ de « Grandbois » sont arrêtés puis

déportés.

Le 11 juin 1944 vers 21 heures, c’est Pierre Lussac en personne qui vient arrêter Henri Ouzilleau à son domicile.

Extrait du témoignage de Mme Ouzilleau, recueilli le 15 septembre 1944 par le commissaire Deschamps : Ce jour-là (le 11 juin), vers 21 heures, un individu, un grand brun s’est présenté chez moi, venant de la part de mon fils (Michel)…mon mari lui a posé quelques questions auxquelles il a répondu évasivement, mais toutefois il lui a offert le gite et souper. L’inconnu est alors parti…quatre individus ont fait irruption, mitraillette au poing, et ont procédé à l’arrestation de mon mari et de mon fils Yves, relâché par la suite. Moi j’ai été interrogée à Pithiviers. Ils ont cherché à savoir le nombre de jeunes qui étaient passés chez nous et le nom des groupements auxquels ils appartenaient.Mon mari a été accusé d’être le chef de groupe et Michel de faire partie du mouvement. Heureusement pour lui, ils ne l’ont pas trouvé.

Henri Ouzilleau est torturé par la Gestapo, enfermé à la prison de la rue Eugène Vignat d’Orléans puis transféré au camp de Compiègne-Royallieu. Il est déporté par le convoi du 15 juillet 1944 pour le camp de Neuengamme puis il est évacué au camp-mouroir de Bergen-Belsen. Son numéro de matricule est inconnu.Il y meurt le 9 décembre 1944 à l’âge de 60 ans.

Il laisse derrière lui une femme et deux fils (Michel 19 ans et Yves 16 ans, en 1944).De cette tragique opération de répression, seuls cinq rescapés rentreront chez eux sur vingt deux déportés. Exceptés Henri Ouzilleau âgé de 60 ans et Marcel Varin (propriétaire du château de « Grands bois ») âgé de 57 ans, tous les autres avaient entre 18 et 23 ans.

Maître Henri Ouzilleau est décoré à titre posthume de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre 1939 avec étoile de vermeil et de la médaille de la Résistance.

Une plaque commémorative a été placée sur le mur de son ancienne étude à Pithiviers, lieu de son arrestation, située rue Henri Ouzilleau (renommée en son honneur).

Portrait d’Henri Ouzilleau. Archives familiales.

Poème de Michel Ouzilleau (fils d’Henri) écrit en 2014.

Archives familiales.

Dépôt de gerbes au monument de Bergen Belsen le 16 mai 1969. Archives familiales.

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Henri LEDROIT Vitry-sur-Seine

Résistants déportés du Loiret

Henri Ledroit est né à Paris le 17 février 1922. À partir de 1936, il habite avec sa mère et son frère. Certificat

d’étude en poche, il apprend le métier d’imprimeur. Lorsque la guerre éclate il travaille à l’imprimerie Desfossés à Issy-les-Moulineaux (Rue Ernest Renan) et adhère au Parti communiste. Révolté par l’assassinat de deux grands militants (Gabriel Péri et Lucien Sampaix) en décembre 1941 il entre en résistance.

Avec la complicité des ouvriers typographes, il détourne des cartes de ravitaillement pour les remettre à des camarades entrés dans la clandestinité puis distribue des tracts appelant la population à résister. Cette activité est partagée avec sa mère, Henriette et son frère Roland.

Le 8 avril 1942, suite à une dénonciation « ils ont fait irruption dans notre pavillon, à six, armés jusqu’aux dents…nous venions de recevoir une livraison de 3 000 tracts ». Interrogés au commissariat de Vitry-sur-Seine, le trio est par la suite séparé et incarcéré dans les prisons parisiennes. Jugés le 17 juin 1942 par un tribunal français, Henri Ledroit écope d’un an de prison, Roland de quinze mois et Henriette de cinq ans.Un mois avant sa date de libération, Henri est transféré au camp de Compiègne-Royallieu puis il est embarqué dans un convoi direction Mauthausen le 16 avril 1943 avec 994 autres français : « Il faisait une chaleur torride… nous avons passé deux jours et deux nuits dans ce wagon... avec une boule de pain (et pas d’eau)... que je mâchais longuement afin de saliver le plus possible. C’est ainsi que j’ai pu supporter ce calvaire ».

À l’approche de la forteresse de Mauthausen, Henri Ledroit se souvient d’une « odeur particulière… je n’ai pas fait le lien entre cette odeur et la fumée noire qui sortait de la haute cheminée… ». Après une attente interminable, c’est l’enregistrement, l’abandon de tous les effets personnels puis enfin le rasage, la douche, la tenue de bagnard et un matricule, le n°26252. Après une période de quarantaine, il est sélectionné le 8 août 1943 pour partir au camp annexe de Wiener Neustadt à 50km de Vienne « je creusais des tranchées et coulais des plaques dans des moules métalliques qui devaient servir à construire des abris contre les bombardements… on sabotait le travail ». Suite aux bombardements des Alliés les détenus sont évacués sur Redl-Zipf le 30 octobre 1943, sur le site d’une brasserie « ici pas de jours de repos… il fallait agrandir ou creuser des tunnels, construire un bunker (pour tester la puissance de décollage des fusées V2) et construire deux voies de chemin de fer ».

En Janvier 1944, il est atteint d’un phlegmon à une cheville accompagné d’une forte fièvre. Il est envoyé à l’infirmerie. Le 7 février 1944, dans un wagon ouvert par une température de -15°C il est renvoyé avec d’autres malades au camp de Mauthausen puis transféré le 3 juillet 1944 au camp d’Ebensee pour le percement de galeries souterraines. Malgré le travail harassant continuel, les coups, la faim, le froid, les appels interminables, la maladie, Henri Ledroit survit et est libéré par les troupes américaines le 6 mai 1945.

Après un long voyage éprouvant en camion et en train il arrive à Paris à l’Hôtel Lutétia le 24 mai 1945 pour les démarches administratives et un rapide examen médical puis retourne chez lui à Vitry-sur-Seine où il retrouve son frère Roland.

Sa mère Henriette est quant à elle décédée au camp de Ravensbrück le 4 mars 1945 (mat.39175).

Le 15 juin 1946, Henri Ledroit épouse Andrée et fonde une famille.Pendant des années, Henri n’a cessé de témoigner auprès des jeunes des établissements scolaires, au musée de la Résistance et de la Déportation de Lorris et lors des voyages de mémoire organisés par l’Amicale de Mauthausen, dont il était vice-président.

Henri Ledroit est décédé le 21 mai 2013 à l’âge de 91 ans.

Henri Ledroit. Archives familiales.

Certificat de déportation ou d’internement délivré à Henri Ledroit le 9 novembre 1947. Archives familiales.

Henri Ledroit et Georges Séguy au Collège Geneviève Anthonioz-de Gaulle, lors d’une rencontre avec les

élèves de 3e en 2012. Archives du Musée.

Fiche d’entrée à Mauthausen et kommandos annexes d’Henri Ledroit. Archives familiales.

Couverture des mémoires d’Henri Ledroit - parues en 2014

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Georges SéGuy Toulouse

Résistants déportés du Loiret

Né en 1927 à Toulouse, c’est très jeune que Georges Séguy entre dans la Résistance dès lors qu’il apprend

que Pierre Semard, ami de la famille et célèbre cheminot résistant a été fusillé par les nazis.

Ainsi, âgé de quinze ans, il décide de quitter ses études et de participer à la résistance armée au sein des FTP (Francs Tireurs et Partisans). Compte tenu de son âge, ses camarades l’en dissuadent mais lui proposent une activité clandestine à l’imprimerie Henri Lion qui édite sous le manteau des journaux comme L’Humanité, Combat et Libération mais aussi de faux papiers dont des faux certificats de baptême pour les enfants juifs.

Georges s’investit dans ce nouvel emploi où il est chargé d’imprimer et de livrer les tracts clandestins. Mais dénoncés, Henri

Lion et ses ouvriers, dont Georges Séguy, sont arrêtés le 4 février 1944 par la Gestapo. Lors de son transport vers la prison St Michel de Toulouse, il s’aperçoit qu’il conserve dans sa chemise une épreuve d’un tract communiste. Afin de ne pas compromettre ses camarades, il décide de le faire disparaître en l’avalant.

Fin février 1944, il est transféré par train de Toulouse au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu où il reste interné jusqu’au 22 mars 1944, date de son départ vers l’Autriche. Après trois jours d’un trajet sans eau ni nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux et complètement dénudés, ils arrivent le 25 mars à la gare de Mauthausen sous la neige. Descendus du train, les déportés doivent se rhabiller puis se diriger, en colonne, vers le camp situé à plusieurs kilomètres de la gare. À l’arrivée, après le contrôle d’identité, on lui attribue son matricule le n°60581 puis c’est le passage à la tonte, douche de désinfection et remise de la tenue. Suit la période de quarantaine où dans le block on lui fournit une gamelle et une cuillère. Fin juin 1944, il est désormais affecté à la carrière de granit avec son terrible escalier composé de 186 marches, que les déportés doivent gravir avec un bloc de pierre à la fin de la journée « Lestés d’une charge redoutable, alignés par rangs de cinq, nous entamons la sinistre ascension ».

Contrairement à la quarantaine, la vie en « camp libre » (terme employé par les détenus pour différencier les 2 camps) est facilitée par les échanges entre prisonniers. De ce fait, se crée un réseau de résistance intérieur dont Georges Séguy fait partie. Le but de cette organisation clandestine est d’aider les détenus en difficulté (partage des rations alimentaires, soutien moral), de diffuser les informations reçues via des sources extérieures et de saboter la production de matériel de guerre. En octobre 1944, atteint d’une pleurésie, ses camarades tentent de le soutenir le mieux possible tout en évitant son transfert au Revier (infirmerie), mais son état s’aggrave et en novembre 1944 il doit y entrer. « Guéri », il est désormais affecté, grâce à ses camarades du réseau, à la fabrication des avions Messerschmitt. Il sabote alors son travail « je prends pour ma part, un réel plaisir à percer à 10 mm tout en rivetant à 8 […]. En rêve, je vois des ailerons se bloquer en plein combat aérien et […] s’écraser au sol … »

Le 21 avril 1945, tandis que le camp est de plus en plus surchargé avec l’évacuation des déportés de l’est et de l’ouest, des camions de la Croix Rouge entrent et commencent par rapatrier les femmes françaises transférées de Ravensbrück. Les libérations se poursuivent les 24 et 28 avril. Georges se trouve dans le convoi du 28 avril. Après plusieurs jours de trajet, les survivants arrivent en Suisse pour être soignés. Il pèse alors 38 kg (il faisait 64 kg à son arrestation). Puis il est transféré à Annemasse et arrive enfin à Toulouse le 5 mai 1945. À cause de sa pleurésie contractée en déportation, il lui est déconseillé de reprendre son travail dans l’imprimerie, il entre alors à la SNCF. Il devient à 22 ans secrétaire général des cheminots CGT puis secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982. Depuis 1946, et dans le respect du serment prêté par « les survivants de toutes nationalités » à Mauthausen le 16 mai 1945, Georges Séguy continue de témoigner pour « que les atrocités que nous avons vécues ou dont nous avons été témoins ne se reproduisent jamais, et à ce que les peuples puissent vivre en paix et en démocratie ».

Georges Séguy en octobre 1945 lors de l'inauguration d'une plaque à Toulouse.

Crédit photo : IHS-CGT.

Georges Séguy en 2013 au Musée de la Résistance et de la Déportation de Lorris. Crédit photo Thierry Bougot.

Plaque en hommage à Georges Séguy, inaugurée dans sa ville natale

le 18 mars 2013.Cliché Cécile Cassignol.

« La 186e marche de la Carrière-Mauthausen » dessin de Daniel Piquée Audrain, mat 62978, rescapé.

Archives du Musée.

Couverture des mémoires de Georges Séguy – parues en 2008

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Jean JOuDIOu, Claude LEMAîTRE

Châteauneuf-sur-Loire

Résistants déportés du Loiret

Début 1943, le mouvement de résistance « Libération-Nord » étend ses actions dans le Loiret animé entre autres par le journaliste Roger Secrétain, le docteur

Pierre Ségelle, l’industriel André Dessaux, l’instituteur de Beaugency Robert Goupil et celui de Jouy-le-Potier Charles Rocher. Le mouvement se spécialise dans le renseignement, dans la prospection de terrains pour les parachutages, les filières d’évasion et l’aide aux réfractaires au service du travail obligatoire (STO). Ces missions menées par les combattants de l’ombre se heurtent à la répression allemande qui, aidée par plusieurs traitres, va plonger des vies dans l’enfer des camps nazis. À Châteauneuf-sur-Loire, Claude Lemaître et Jean Joudiou sont deux figures fondamentales de ce mouvement.

Jean Joudiou est dès 1942 à l’origine de la Société sportive de Châteauneuf. Les Allemands le soupçonnent de cacher une organisation gaulliste, (il est d’ailleurs arrêté une première fois et interrogé sur le sujet). Dès février 1943 et l’instauration du STO, Jean tente d’organiser le soutien aux réfractaires dont il fait partie puisqu’il est né en 1921. Il rentre alors à « Libération-Nord », pour coordonner la résistance active autour de Châteauneuf. Il échappe aux premières arrestations de son groupe fin 1943 mais finit par être arrêté à Paris le 10 février 1944. Emprisonné à Fresnes, puis Orléans, il est interné au Frontstalag 122 à Compiègne-Royallieu sans n’avoir rien révélé et est déporté à Mauthausen le 6 avril 1944, dans le même convoi que Claude Lemaître

et d’autres membres de « Libération-Nord » : Jean Chandezon, Émilien Echardour, André Fougerousse et Raymond Roland. Il porte le matricule 62596. Affecté au Kommando de Melk le 24 avril 1944, il travaille à la construction d’une usine souterraine de roulements à billes pour le compte d’une entreprise allemande. Le percement des galeries et le bétonnage des voûtes rendent le quotidien des détenus très dangereux et épuisant sans oublier les mauvais traitements des SS.

Pierre Houdré, autre résistant-déporté castelneuvien, l’assiste dans ses derniers instants. Il meurt de la dysenterie le 26 janvier 1945 à Melk à l’âge de 23 ans. Parmi les 1 500 Français de ce camp, seuls 837 sont rentrés.

Claude Lemaître (Lemaître-Basset de Bonnefon de Lavialle) est maire de Châteauneuf-sur-Loire depuis 1935. En juillet 1941, il est arrêté et traduit devant le conseil de guerre allemand pour son opposition à l’occupant et est révoqué par le gouvernement de Vichy. Il entre en juin 1943 dans le mouvement « Libération-Nord », sous le pseudonyme de Chambort, et devient chef départemental après l’arrestation le 8 octobre 1943 de sept des dix membres du comité directeur. Il organise diverses missions avant d’être arrêté par la Gestapo d’Orléans le 11 février 1944. Déporté depuis Compiègne au camp de Mauthausen le 6 avril 1944, il survit, sous le matricule 62686, au camp de Melk, où se trouvent d’autres camarades du mouvement. À l’approche de l’Armée rouge, le camp est évacué en avril 1945 vers celui d’Ebensee d’où il est libéré le 6 mai.

De retour à Châteauneuf, il est réélu maire dès 1945, Sénateur du Loiret de 1948 à 1955, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale de 1951 à 1952, et Président du Conseil général du Loiret de 1961 à 1964.Il décède le 12 février 1983, âgé de 82 ans.

Jean Joudiou. Archives du Musée.

Claude Lemaître. Archives du Musée.

Monument en mémoire de Jean Joudiou dans le parc

de Châteauneuf-sur-Loire.Archives du Musée.

Pierre Houdré le 25 mai 1945. Cérémonie organisée au Monument aux morts de

Châteauneuf-sur-Loire. Archives du Musée.

Raymond Roland (à droite) et Claude Lemaître (face à R. Roland) à leur retour de déportation le 25 mai 1945. Cérémonie organisée au Monument aux morts de Châteauneuf-sur-Loire.Archives du Musée.

Médaille de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes remise au Musée par Claude Lemaître.

Archives du Musée.

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yvette CHOquETChâteauneuf-sur-Loire

Résistants déportés du Loiret

Yvette Choquet s’engage dans la résistance à 17 ans en gaulliste convaincue refusant la défaite de 1940. En 1943, elle intègre le mouvement « Libération-Nord ».Yvette, que l’on nomme désormais Chouquette, a la dangereuse mission de travailler comme secrétaire chez un architecte connu en tant qu’agent de la Gestapo. Elle transmet ainsi de nombreux et précieux documents à la Résistance. Le 13 juillet 1944, elle est arrêtée suite à l’infiltration d’un jeune homme soi-disant réfractaire au STO, Jacques Hulot, 20 ans, qui se révèle être un milicien.

Yvette Choquet échoue à la prison d’Orléans, où elle est violement interrogée avant d’être transférée au Fort de Romainville. Elle est déportée le 21 juillet, depuis la gare de l’Est à Paris en direction du camp de Neue Bremm. Le 15 août, elle découvre le processus de déshumanisation concentrationnaire à Ravensbrück : « rasée, vêtue de la chemise rayée et ayant échappé de peu au gazage »,

elle est désormais désignée sous le matricule 51344. Elle intègre un kommando de 760 femmes, dont 73 seulement survivront quelques mois plus tard. « J’ai connu l’indicible, tout ce qui a fait des camps une industrie de la mort. » Le travail forcé au kommando de Belzig devient son quotidien, en usine ou à l’extérieur pour des travaux de terrassement, avec la faim qui tenaille, les sélections en vue de faire disparaître les « improductives », le froid d’un hiver rigoureux au cœur duquel Yvette « fête » ses 20 ans. En compagnie d’autres résistantes du Loiret, dont Odette Toupense et Olympia Cormier retrouvées sur place, elles se soutiennent et se réconfortent jusqu’au bout : « Une chambrée de françaises qui prient, qui refont le monde, qui rêvent, qui espèrent, qui pleurent aussi et qui meurent chaque jour. » En avril 1945, le camp est évacué devant l’avancée russe. « 4 jours sur les routes sans manger, pauvres cadavres ambulants », puis les SS s’enfuient et les rescapées sont recueillies dans un camp de

prisonniers de guerre (Stalag XIA à 90 km de Berlin).

Yvette Choquet, à bout de forces, est ensuite prise en charge par une patrouille américaine. Elle ne pèse plus que 32 kg. Elle gardera toute sa vie la médaille de Saint Christophe qu’un soldat américain lui passe au cou ce jour-là.

Yvette est rapatriée en France au camp militaire américain de Mourmelon-le-Grand en Cham-pagne, puis elle rentre en train sur Paris à l’hôtel Lutétia. Retour

enfin à Châteauneuf-sur-Loire où l’attendent ses proches. Elle épouse Pierre Kohler le 7 juin 1947 et fonde une famille.

Déléguée départementale de l’association des Anciennes Déportées et Internées de la Résistance, elle fut également déléguée départementale de l’Union Nationale des Médaillés de la Résistance. Jusqu’en 2007, elle soutient le Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) destiné aux élèves du secondaire et organise pour les lauréats des voyages de lieux de mémoire avec d’anciens déportés.

Conformément à ses souhaits, la délégation du Loiret de la Fondation de la France Libre poursuit son action et attribue le « Prix Yvette CHOQUET-KOHLER » au lauréat du CNRD chaque 18 juin à l’issue de la cérémonie de commémoration de l’Appel du général de Gaulle, à Orléans. Depuis 2009, un bâtiment municipal porte son nom à Châteauneuf-sur-Loire.

Yvette Choquet-Kohler est décédée le 28 juillet 2008, à l’âge de 82 ans.

Odette Toupense mat 57950 décédée le 8 mai 1945, dans les bras de Bérangère Toutin (mat 57929).

Archives du Musée.

Yvette Choquet Kohler et son fils Gilles. © Famille Kohler.

Médaille de St Christophe offerte par un soldat américain. © Famille Kohler.

De gauche à droite : Claude Lemaître, Pierre Houdré,

Yvette Choquet, Robert Thiercelin et Raymond Roland en juin 1945.

Archives privées.

Yvette Choquet Kohler. © Famille Kohler.