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Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE METHODOLOGIQUE DE SUIVI EVALUATION DE LA GOUVERNANCE LOCALE ET DE LA CONVERGENCE TERRITORIALE Etude-test sur la commune rurale de Bni Mathar Groupe GIC Octobre 2012

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Royaume Du Maroc

Le Chef du Gouvernement

CADRE METHODOLOGIQUE DE SUIVI EVALUATION

DE LA GOUVERNANCE LOCALE ET DE LA CONVERGENCE

TERRITORIALE

Etude-test sur la commune rurale de Bni Mathar

Groupe GIC

Octobre 2012

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LISTE DES ABREVIATIONS

AUEA : Association des Usagers des Eaux Agricoles

ADO : Agence de Développement de l’Oriental

ADS : Agence de Développement Social

AGR : Activités Génératrices des Revenus

BAD : Banque Africaine de Développement

CLDH : Comité Local de Développement Humain

CPDH : Comité Provincial de Développement humain

CR : Commune Rurale

CRDH : Comité Régional de Développement Humain

CU : Commune Urbaine

DAS : Division d’Action Sociale

DGCL : Direction Générale des Collectivités Locales

EAC : Equipe d’Animation Communale

FAD : Fonds Africain de Développement

FEM : Fonds pour l’Environnement Mondial

FENU : Fonds d’Equipement des Nations Unies

FIDA : International Fund Agricultural Development

HCEFLCD : Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et Lutte Contre la Désertification

INDH : Initiative Nationale de Développement Humain

MEN : Ministère de l’Education Nationale

OMD : Objectifs du Millénaire de Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONE : Office National d’Electricité

ONEP : Office National d’Eau Potable

ONG : Organisation non gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PCD : Plan Communal de Développement

PDPEO : Projet de développement des processus et de l’Elevage dans l’Oriental

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PPA : Programmes, Projets, et Actions

SAFIC : Système d’Analyse Financière des Collectivités locales

SIC : Système d’Information et de Communication

UNICEF : United Nations of International children’s Emergency Fund

USAID : United States Agency for International Development

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TABLE DES MATIERES

Introduction générale ………………………………………………………………………………………. 8

1 Dynamiques territoriale………………………………………………… ……………………............. 12

1.1 Dynamique économique……………………………………………………………………………… 12

1.1.1 Environnement économique : contraintes et potentialités ……………………………………… 12

1.1.2 Acteurs de développement………………………………………………………………………… 19

1.2 Développement humain, développement social……………………………………………............ 23

1.2.1 Santé………………………………………………………………………………………………… 23

1.2.2 Education…………………………………………………………………………………………… 25

1.2.3 Conditions de vie : Accès à l'eau, l’électricité et l’habitat……………………………….......... 27

1.3 Aspects environnementaux…………………………………………………………………............. 28

1.3.1 Une nappe phréatique d’une grande richesse mais menacée…………………………………. 29

1.3.2 Un couvert végétal dégradé………………………………………………………………………. 30

1.4 Dynamique culturelle………………………………………………………………………………… 31

1.5 Conclusion de la dynamique territoriale…………………………………………………………… 32

2- Dynamique de collectivité………………………………………………………………….................... 33

2.1 Aspects institutionnels organisationnels………………………………………………......................... 33

2.1.1 Démocratie locale…………………………………………………………………………................ 33

2.1.2 Organisation de la commune et fonctionnement des services communaux…………….............. 37

2 .2 Les aspects budgétaires et financiers ………………………………………………………………… 38

2.2.1Processus de planification stratégique participative et la convergence budget communal/ PCD 39

2.2.2 Capacité de programmation et d’exécution budgétaire et fiscales …………………………… 42

2.2.3 Le système de reddition des comptes et de circulation de l’information budgétaire et financière 45

2.2.4 le système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA……………………………… 47

2.2.5 Conclusion sur les aspects budgétaires et financiers……………………………………………. 48

2.3 Conclusion sur la dynamique de la collectivité ……………………………………………………. 48

3 Les PPA et la gouvernance locale……………………………………………………………………. 50

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3.1 Dynamique de l’INDH………………………………………………………………………………. 50

3.1.1 Aspects institutionnels et organisationnels……………………………………………………… 51

3.1.2 Processus de préparation, diagnostic, planification de l’INDH………………………………. 56

3.1.3 Performance des partenaires …………………………………………………………………… 59

3.1.4 Projets INDH dans la commune………………………………………………………………… 61

3.1.5 Conclusion sur la dynamique de l’INDH et la gouvernance locale…………………………… 65

3.2- Dynamique du PCD……………………………………………………………………………….. 68

3.2.1 Planification communale, outil de promotion de la gouvernance locale……………………. 69

3.2.2 Structures impliquées dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PCD……… 70

3.2.3 Elaboration du PCD : Préparation et lancement………………………………………………. 70

3.2.4 Pertinence du diagnostic participatif……………………………………………………………. 71

3.2.5 Mise en œuvre du PCD …………………………………………………………………………… 72

3.2.6 Suivi, contrôle et évaluation……………………………………………………………………… 75

3.2.7 Conclusion sur la dynamique du PCD…………………………………………………………... 79

3.3 PPA et promotion féminine : le point de vue des femmes………………………………………. 81

3.4 PPA de dimensions provinciale et régionale et gouvernance locale…………………………… 87

3.4.1 Plan de Développement de la Région de l’Oriental…………………………………………….. 87

3.4.2 PPA pilotés par l’ADS…………………………………………………………………………… 88

4.3 Projet de développement des parcours et de l’élevage dans l’Oriental (PDPEO)…………….. 89

3. 5 Conclusion sur PPA et gouvernance locale……………………………………………………… 92

4 Synthèse de la convergence territoriale ……………………………………………………………. 96

4.1 Cohérence intra sectorielle………………………………………………………………………... 97

4.2 Cohérence des partenariats, conventions, contrats……………………………………………... 99

4.3 Cohérence intersectorielle sur le territoire communal ………………………………………… 100

4.4 L’intercommunalité, facteur de convergence territoriale ……………………………………. 102

4.5 Degré de complémentarité entre échelles territoriales…………………………………………. 102

4.6 Conditions de pérennisation des actions …………………………………………………………… 103

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4.7 Renforcement des capacités…………………………………………………………………………. 104

4. 8 Degré de satisfaction quant aux services offerts………………………………………………….. 105

5- Conclusion générale…………………………………………………………………………………… 105

5.1- les contraintes……………………………………………………………………………………….. 106

5.2- Les potentialités……………………………………………………………………………………… 106

5.3- Défis et enjeux de développement………………………………………………………………….. 107

5.4-Dynamique des PPA et gouvernance locale……………………………………………………….. 107

5.5- PPA et convergence territoriale…………………………………………………………………… 109

6- Enseignements………………………………………………………………………………………… 110

6.1- Une dynamique de PPA créée dans le cadre de l’INDH et du PCD, mais sans atteindre un seuilcritique……………………………………………………………………………………………………..

111

6.2-Un potentiel territorial qui demeure peu valorisé………………………………………………… 111

6.3- Situation des femmes, contrainte majeure pour la dynamique des projets et le développementdurable……………………………………………………………………………………………………….

112

6.4-La dynamique des PPA, tributaire de l’amélioration des capacités de gestion budgétaire et demobilisation des ressources financières………………………………………………………………..

113

7-Recommandations…………………………………………………………………………………….. 114

7.1-Promouvoir un tissu économique diversifié basé sur les potentialités locales et l’utilisationrationnelle des ressources naturelles ……………………………………………………………………

114

7.2-Améliorer la gestion communale et la gouvernance locale………………………………………. 114

7.3-Intégrer l’approche genre dans le développement de la commune……………………………… 115

7.4-Améliorer la gestion des PPA et assurer leur cohérence territoriale…………………………… 116

7.5- Investir dans le renforcement des capacités des acteurs et dans la consolidation de la dynamiqueinstitutionnelle pour une meilleure convergence territoriale………………………………………….

117

7.6-Améliorer la gestion financière et budgétaire de la commune ………………………………….. 118

Références bibliographiques…………………………………………………………………………… 120

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Introduction générale

A-Rappel des objectifs et de la méthodologie de l’étude :

-Objet et objectifs de l’étude :

L’objet de cette étude est de préparer un cadre méthodologique de suivi-évaluation qui servira

comme référence à de futurs travaux sur la gouvernance locale et la convergence territoriale ;

ciblant les communes, cet outil permettra des comparaisons dans l’espace et le temps.

La bonne gouvernance est fondée sur les principes suivants1 :

- Recherche du consensus ;

- Respect de l’Etat de droit ;

- Approche participative ;

- Efficacité et efficience ;

- Equité et Inclusion ;

- Réactivité ;

- Transparence ;

- Responsabilité (redevabilité).

La convergence territoriale, qui porte sur les programmes, les projets et actions de

développement humain, est assimilée ici à la notion de cohérence et recouvre les aspects

suivants :

- des partenariats au sein du territoire communal-niveaux communal et infra communal ;

- une coordination intersectorielle (commune, services étatiques et assimilés-offices,

agences-, secteurs économiques, sociaux, de services, société civile) dans le territoire

communal ;

- la couverture de l’ensemble du territoire communal selon les contraintes et potentialités de

ses espaces

- l’inclusion des diverses catégories sociales ;

- une coordination intercommunale ;

- la complémentarité entre territoires d’échelles différentes (commune, préfecture, province,

région, centre), ou subsidiarité, en faveur du développement du territoire communal ;

1Atelier PNUD-ONDH 01 10

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- la synchronisation -ordre de succession rationnel- des actions dans l’espace communal.

-Méthodologie :

La démarche adoptée pour l’élaboration du CSE a été réalisée de façon progressive en

séquences complémentaires :

- Cadrage conceptuel : revue de la littérature pour identifier les études réalisées sur la

même thématique et délimiter les notions de gouvernance locale et de convergence

territoriale avec leurs usages et leurs contenus selon les institutions ;

- Définition des indicateurs et construction des grilles avec des thèmes et des variables ;

- Identification des sources d’information sur les thèmes des indicateurs;

- Confection de supports pour la collecte de données et les entretiens avec les différents

acteurs à différentes échelles territoriales ;

- Identification des personnes ressources pouvant faciliter le déroulement du test (Appuis

de l’UNICEF et de Hart Gold);

- Organisation d’un test au niveau de deux communes, l’une urbaine et l’autre rurale dans

la région de l’Oriental (JERADA et BNI MATHAR);

- Finalisation des grilles sur la base des données collectées et rédaction d’un rapport sur la

gouvernance locale et la convergence territoriale dans les deux communes concernées ;

- Organisation, au siège de chaque commune, d’un atelier de restitution des résultats du

test et ce avec la participation des acteurs locaux ;

- Revue des grilles et du rapport à la lumière des résultats de l’atelier de restitution.

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En s’inspirant du SAFIC et en capitalisant sur les acquis d’études réalisées sur des thématiques

voisines, la démarche privilégiée pour l’élaboration du CSE s’appuie à la fois sur une expertise

nationale et internationale -formation d’une équipe de travail nationale pluridisciplinaire et

appui d’experts de l’UNICEF)- et sur l’approche participative associant différents acteurs lors

de la réalisation des tests.

B-Déroulement du test, traitement et analyse des données et résultats des entretiens :

-Objectifs et déroulement du test :

La phase test visait plusieurs objectifs :

- Affiner les outils de CSE (grilles, thèmes et variables) et évaluer leur degré de

faisabilité ;

- Enrichir et affiner la démarche participative en discutant avec les acteurs locaux ;

- Observer le niveau de convergence territoriale au niveau communal ;

Ainsi, la collecte de données et la réalisation d’entretiens ont concerné quatre échelles

territoriales : régionale, provinciale, communale et infra-communale (douar). Pour chaque

niveau, trois types de documents ont été utilisés :

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- le canevas de thèmes par indicateur ;

- les fiches de données ou variables à recueillir par thème par indicateur, par PPA et par

acteur ;

- le canevas d’entretien avec les acteurs concernés et des focus group par thème et

variable des indicateurs.

L’observation porte sur six types de thèmes qui se déclinent comme suit :

1- PPA (Programme ou projet ou action) et degré de convergence ;

2- Dynamique territoriale (commune) ;

3- Dynamique de la collectivité (commune) ;

4- Dynamique des services étatiques et assimilés hors INDH dans la commune ;

5- Dynamique de l’INDH (à réaliser par programme 2005-10) ;

6- Processus de convergence (ensemble des acteurs et population concernés par

programme et projets) : synthèse.

-Traitement et analyse des données collectées et résultats des entretiens :

Les matériaux collectés sur le terrain (données, entretiens, résultats des focus groupes) ont

permis d’enrichir les canevas de départ et d’affiner la démarche d’élaboration d’un document

de référence pour le suivi évaluation de la convergence territoriale à plusieurs niveaux :

- Pour chaque indicateur (thèmes et variables), l’analyse et l’évaluation des données

collectées et résultats des entretiens a été menée à partir d’une grille comprenant les

clés suivantes : sources utilisées, constats/réponses, forces, faiblesses, observations,

évaluation. Une synthèse par thème est également proposée.

- Les grilles de référence, proposées au départ en tant que sources d’inspiration pour

l’analyse des matériaux collectés, ont été confrontés à la réalité des contextes étudiés

et ont vu leurs composantes (thèmes et variables) remodelées ou revues. Des grilles

mieux adaptées et plus appropriées aux objectifs de l’étude ont été donc proposées.

Ce rapport analyse les résultats du test dans le cas de la commune de Bni MATHAR.

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1- Dynamiques territoriale

1.1- Dynamique économique

1.1.1-Environnement économique : contraintes et potentialités

Une localisation géographique contraignante :

Située à 52 km au sud de JERADA et à 84 km d’OUJDA, la commune rurale de BNI

MATHAR occupe certes une position centrale par rapport à six communes (rurales) et grâce

également à sa proximité de la frontière maroco-algérienne, mais n’en demeure pas moins

relativement enclavée compte tenu de son éloignement des grandes agglomérations et des axes

de transport de la région de l’Oriental.

Le territoire communal s’étale sur une superficie de 171 000 ha et comprend 12 douars dont les

plus importants sont Douar Ouled Kaddour avec 470 ménages et Douar Ouled Ali avec 147

ménages2. Ces deux douars, limitrophes de la commune urbaine de AIN BNI MATHAR,

concentrent à eux seuls, 54,4% de l’ensemble des ménages de la commune.

2Monographie de la commune de Bni MATHAR

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Des conditions naturelles difficiles :

L’analyse des conditions naturelles qui déterminent en partie le développement de la commune

montre que ces dernières ne sont pas très favorables. En effet, le territoire de la commune est

inséré dans le cadre d’un écosystème aride et semi-aride, peu favorable à l’activité agricole. Un

climat stressant -température variant au gré des saisons dans une fourchette de 0,1 à 40 ° –des

vents pouvant atteindre 90 km, un sol pauvre et des précipitations dont le niveau moyen ne

dépasse pas 160 mm, sont des facteurs peu encourageants pour le développement de

l’agriculture.

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Des ressources hydriques et forestières importantes mais menacées

Le territoire de la commune de BNI MATHAR abrite une nappe phréatique exceptionnelle;

cette ressource d’importance régionale confère à la commune un avantage comparatif de

premier plan dans une région aride et semi-aride confrontée à la rareté des ressources en eau. Il

faut néanmoins souligner qu’en plus d’une exploitation non contrôlée, la nappe est également

menacée par l’extension de l’irrigation et les risques de pollution liés aux rejets des eaux usées

de la commune urbaine d’AIN BNI MATHAR.

La commune dispose également de grands espaces de forêts, avec prédominance de l’alfa qui

couvre 85% du territoire de la commune. L’extension des labours, la pression exercée par

l’accroissement des troupeaux d’ovins à laquelle vient s’ajouter le développement d’un élevage

bovin sont parmi les facteurs explicatifs du recul du couvert végétal ; les efforts de reboisement

restent insuffisants pour contrecarrer cette tendance marquée par la déforestation.

Ainsi, force est de constater que ces ressources sont menacées, alors même que leur

préservation et leur utilisation rationnelle, dans le cadre d’un développement durable, devraient

constituer l’axe structurant toute stratégie de développement de la commune. Une telle

ambition requiert un mode de gouvernance adéquat.

En plus des risques qui pèsent sur les ressources naturelles, la commune est confrontée à

d’autres menaces liées à la fréquence des inondations, aux effets de la désertification, à

l’invasion des crickets dont la dernière incursion remonte à la campagne agricole 2004-2005.

Une autre menace et non des moindres réside dans la fragilité du milieu naturel en raison de

l’aridité.

Une population à taux de croissance négatif

La commune dispose d’une population de 6966 habitants (2008), dont 49,78% de femmes, sur

un territoire de 171 000 ha, ce qui implique une densité faible. Cette population est marquée par

sa jeunesse puisque la tranche d’âge des moins de 18 ans représente 41% et les moins de 46

ans 82%. Autre caractéristique de la population, on observe sa concentration dans deux Douars,

en l’occurrence Ouled Kaddour et Ouled Ali, limitrophes de la commune urbaine d’AIN BNI

MATHAR ; ces deux douars abritent en effet 54,5% de la population de la commune. Par

ailleurs, il est à noter que la taille moyenne des ménages, soit 5 personnes, connaît une

tendance à la baisse.

La commune qui dispose d’un vaste territoire, peu peuplé, connaît néanmoins un important

exode et se vide de sa population la plus active. En effet, entre le RGPH de 2004 et celui

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effectué en 20083 , la population est passée de 7078 personnes à 6966, soit une décroissance de

1,6%. Cette tendance devrait se maintenir parallèlement à la sédentarisation des nomades, ce

qui va générer des besoins supplémentaires en équipements de base et en infrastructures

socioéconomiques.

La jeunesse de la population ressentie dans l’état actuel de développement comme une

contrainte devrait, au contraire, aider à promouvoir un développement humain qui vise à

améliorer la situation socioéconomique de toutes les catégories de la population.

Le statut des femmes, confinées dans des rôles économiques, sociaux et culturels peu

valorisants, constitue un handicap mais aussi un défi majeur pour le développement de la

commune.

Une économie locale fondée sur l’activité agropastorale

La structure économique de la commune est largement dominée par l’activité agricole et

l’élevage, surtout ovin. La superficie totale cultivée est de 23582 ha dont 2455ha irrigués. On

observe une tendance à l’extension des superficies irriguées avec le développement de

l’agriculture intensive.

De nouvelles activités telles que l’arboriculture et l’élevage bovin intensif se développent, mais

le profil économique reste peu diversifié. Les formes d’exploitation collectives en vigueur

constituent un phénomène intéressant à observer. En effet, les terrains de parcours (alfa) dont la

superficie est estimée à 144520 ha sont exploités dans un cadre communautaire. Cette forme

3Dénombrement réalisé par les services de la commune (EAC) dans le cadre du PCD.

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d’exploitation concerne également l’irriguée et porte sur 1100 ha dans la zone de RAS EL AIN.

Quant au bour, les terrains concernés par une exploitation collective sont d’une superficie de 23

582 ha.

Pour ce qui est de l’activité industrielle, elle est représentée par une grande station d’énergie

solaire, assurant 8,5% de la production nationale. Cette réalisation est d’une grande importance

stratégique et économique pour le Maroc puisqu’elle contribue à assurer l’indépendance

énergétique du pays.

Les impacts prévus par le projet, à savoir la création d’emplois permanents et la création de

PME n’ont pas eu lieu jusqu’à présent. En effet, les entretiens avec les acteurs locaux,

notamment les élus ont laissé voir que l’impact sur l’emploi au niveau de la commune est

négligeable. Certes, sur le plan économique, lors des travaux de construction de la station, la

demande de produits locaux, notamment d’artisanat, s’est sensiblement accrue ; cette

dynamique fut finalement de courte durée. La construction d’une portion de route d’une

longueur de 6 km reliant la route nationale N° 17 à la station a contribué à améliorer les

moyens de communication pour la population de trois Douars de la commune. L’impact sur les

ressources en eau et la nappe phréatique est par contre mitigé ; l’exploitation de la station

implique une pression sur les ressources hydriques et des risques de pollution par des effluents

divers et autres déchets des ateliers ; ces risques peuvent être réduits voire même maitrisés.

L’eau utilisée par la station est également récupérée pour des besoins d’irrigation. On

soulignera enfin que la création de cette station n’a pas généré de ressources financières pour la

commune4.

La commune est néanmoins dotée d’atouts et de potentialités qui pourraient permettre le

développement d’autres activités économiques telles que le tourisme ou l’artisanat.

Il en est ainsi de l’écotourisme rural dont la promotion pourrait se baser sur les nombreux

paysages et sites dont dispose le territoire communal. L’absence d’infrastructures d’accueil,

elle-même liée à l’insuffisance des infrastructures de base et la difficile accessibilité de

certaines zones de la commune, explique que ce secteur, très porteur, ne soit représenté par

aucune unité dans la commune BNI MATHAR.

Le secteur de l’artisanat aurait pu également se développer sur la base des produits locaux

(laine, peaux, bois, etc.) en tirant profit d’un savoir faire ancestral, notamment féminin. Cette

4Entretiens réalisés avec les membres du Conseil communal et le secrétaire général de la commune.

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activité est représentée par une seule coopérative féminine (ANNOUR) ; de fait, l’artisanat

rural représenté principalement par la confection de la laine est de type domestique, très peu

marchande ; un autre manque à gagner pour la population et pour la commune.

Ce faible développement concerne également les services et le commerce. La proximité des

deux principaux douars Ouled Kaddour et Ouled Ali de la commune urbaine AIN BNI

MATHAR et le recours de la population aux services et commerces de cette dernière

expliquent en grande partie cette situation. On doit remarquer néanmoins que la commune a

initié un projet de création de boutiques à Douar Ouled Kaddour, projet qui pourrait amorcer un

début de développement de l’activité commerciale au siège de la commune.

Dans ce contexte socioéconomique plutôt difficile, l’apport des MRE est important; cette

catégorie constitue 13,39% de la population et joue un rôle déterminant en termes d’appui à

l’activité agricole et de soutien aux familles sur place.

Comme la plupart des communes rurales dans le contexte marocain, la commune de Bni

Mathar semble installée dans une sorte de trappe de sous développement : le niveau de vie et le

revenu moyen de la population sont modestes, la demande solvable et l’épargne sont alors

limitées. Le fort taux de croissance démographique amplifie la pression sur une économie peu

dynamique, ce qui se traduit généralement par un impact négatif sur l’environnement et une

augmentation de l’exode rural, compte tenu de la rareté des opportunités économiques et

d’emplois.

En plus de ces contraintes, la commune rurale de Bni MATHAR est confrontée à d’autres défis

liés à la problématique du développement durable : préservation des ressources en eau,

protection du couvert végétal et reconsidération du statut foncier.

Il faut rappeler que dans le contexte socioculturel de la commune de Bni Mathar le statut de la

femme constitue un frein à son entrée sur le marché de l’emploi. Tout changement positif de ce

statut, ce qui est par ailleurs incontournable, devrait se traduire par un accroissement de la

population active et une pression supplémentaire sur le marché de l’emploi local ou/et une

augmentation du nombre de candidats à l’exode rural.

Les régimes fonciers dominés par celui des terres collectives

Le foncier est un facteur déterminant pour l’investissement. Dans le cas de la commune de BNI

MATHAR, la structure des régimes fonciers est représentée par les terres collectives à raison

de 95,36% ; les autres statuts fonciers sont donc quasi-inexistants.

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Cette situation confère-t-elle à la commune un quelconque avantage comparatif ? Certes ces

terres à statut collectif ont joué et pourraient encore jouer un rôle important en termes de

solidarité et de fixation de la population. Néanmoins, leur mobilisation, aujourd’hui,

conditionne la réalisation de projets de développement au profit de la population.

Le patrimoine foncier de la commune, limité à une dizaine d’ha ne lui permet pas d’avoir une

autonomie à la mesure de ses ambitions et des projets de développement qu’elle est appelée à

monter. La mobilisation du foncier se heurte, dans la plupart des cas, à l’opposition des

JAMAAT SOULALIA (collectivités ethniques) qui ont tendance à fonctionner selon une

logique de résistance et de conservation du patrimoine foncier au profit des ayant-droits. Cette

situation constitue également un frein pour le développement de l’initiative privée et handicape

la création d’activités dans des secteurs autres que l’agriculture.

Ainsi, toute stratégie de développement local devrait s’attaquer au problème majeur du régime

foncier, celui des terres collectives en l’occurrence.

Conclusion

La commune de Bni MATHAR se caractérise par une dynamique économique plutôt

atone. L’économie, de type agropastorale, demeure peu diversifiée et largement

dépendante des aléas climatiques qui rythment son évolution en dents de scie.

Confrontée à plusieurs contraintes, la commune ne manque pas pourtant d’atouts

(ressources naturelles, population jeune, élite politique et associative locale émergente).

Au-delà des contraintes naturelles et climatiques, d’un écosystème aride et semi-aride,

c’est la pression croissante sur les ressources hydriques et forestières, principal capital de

la commune, qui pourrait, si la tendance actuelle n’est pas corrigée, handicaper à terme le

développement durable, non seulement celui de la commune mais de son environnement

provincial et régional. Une autre contrainte porte sur les terres collectives, principal

statut foncier du territoire communal, mais difficilement mobilisables pour les projets de

développement et l’investissement privé.

Quant aux atouts, la commune dispose d’une nappe phréatique artésienne de dimension

stratégique dans une région de climat aride et semi-aride ; cette nappe est la deuxième en

importance au Maroc après celle de Fès-Meknès. L’utilisation rationnelle de cette

ressource, notamment pour le développement d’une agriculture irriguée, offre de réelles

opportunités dans une perspective d’ouverture de la frontière algérienne. Le couvert

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végétal, même s’il est dégradé, constitue un potentiel pour le développement de la filière

de viande rouge ovine, l’artisanat et le tourisme écologique. La jeunesse de la population,

résultat d’une croissance naturelle encore élevée, pourrait également figurer parmi les

atouts à valoriser dans la mesure où elle offre une « aubaine » et à condition d’inverser la

tendance actuelle caractérisée par une croissance démographique négative, induite par un

fort exode rural.

1.1.2- Acteurs de développement

La commune, la priorité aux infrastructures de base :

La qualité des acteurs de développement et l’efficacité de leurs rôles font partie des ressources

stratégiques qui déterminent le degré de compétitivité des territoires. Les dotations en

ressources naturelles et matérielles en général sont certes importantes mais, il est largement

admis dans les études et recherches récentes, notamment dans le cadre de l’économie de

développement, que la place des facteurs immatériels et la qualité des institutions constituent

désormais le principal avantage comparatif des territoires.

Parmi ces acteurs de développement, la commune assume une responsabilité particulière. Au

Maroc, la charte communale a réparti les compétences du Conseil communal en trois

catégories5 : compétences propres, compétences transférées et compétences consultatives. La

mission de développement économique et social est en tête des attributions propres, ce qui

consacre le statut de la commune en tant qu’acteur de développement de son territoire. En fait,

la commune n’est pas seulement un simple agent de développement mais devrait assumer

d’autres fonctions telles que la planification, l’animation et l’aménagement du territoire, le

développement de la coopération et du partenariat et d’une manière générale l’amélioration de

l’attractivité de son territoire ; sans parler des tâches relevant de l’urbanisme, des finances

locales, de la protection de l’environnement et d’autres fonctions classiques telles que les

services publics locaux ou les infrastructures de base.

Cependant, on peut se demander dans le cadre du contexte marocain si les communes en

général et les communes rurales en particulier ont les moyens humains, matériels et financiers

pour rendre effectives ces compétences ; et qu’en est- il du cas de la commune de BNI

MATHAR?

5 Royaume du Maroc, Ministère de l’intérieur, DGCL, la charte communale, publication du centre decommunication et de publication, 2009.

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Les principales réalisations du Conseil communal de BNI MATHAR concernent la

planification communale, les infrastructures de base et la conclusion de conventions avec

quelques services étatiques.

En effet, l’élaboration et la mise en œuvre partielle du PCD fournit à la commune un document

de référence et un cadre de concertation pour la réalisation des projets de développement

territorial. Le SIC complète et pérennise ce processus de planification en permettant, grâce à

l’élaboration d’un tableau de bord composé d’indicateurs, d’orienter et de rationaliser la prise

de décision.

La commune est appelée à jouer un rôle de moteur du développement de son territoire ; or, si

des actions en matière de coopération et de partenariat avec l’UNICEF pour l’élaboration du

PCD et avec des services étatiques tels que l’ONEP, l’ONE et la Promotion nationale, ont vu

le jour, ces réalisations demeurent d’un niveau insuffisant au regard des potentialités et des

besoins de la commune. L’absence de conventions intercommunales est révélateur des déficits

dans le domaine de la prospection d’opportunités de partenariat.

En dehors des progrès en matière de planification communale et de quelques projets dans le

domaine des infrastructures de base, l’intervention de la commune est limitée aux tâches

routinières et aux aspects de la gestion quotidienne des affaires communales. Des champs

relevant pourtant des compétences propres telles que la promotion de la culture ou la protection

de l’environnement sont encore en friche.

La commune devrait assumer un double rôle : celui d’acteur de développement et celui

d’animateur économique pour améliorer l’attractivité de son territoire et identifier et faire

connaître les opportunités d’investissement. Ces fonctions exigent non seulement des moyens

matériels et financiers mais également et, peut être surtout, un renforcement des capacités des

élus et du personnel. Dans cette perspective les questions de gouvernance et de convergence

sont centrales.

Les organisations professionnelles : prééminence des coopératives et

associations agricoles et d’élevage

Les organisations professionnelles jouent normalement un rôle majeur dans l’encadrement et le

renforcement des capacités des agents économiques. Dans le cas de la commune de Bni

MATHAR, la composition de ces organisations se limite aux coopératives de production et

d’approvisionnement des agriculteurs et éleveurs. Une coopérative féminine « Annour» se

présente comme un cas à part, dans ce paysage monolithique dominé par l’activité agricole.

Page 21: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

21

Cette dernière coopérative vise le développement d’activités féminines dans les secteurs

d’artisanat, d’agriculture et d’élevage6.

La plupart de ces coopératives, au nombre de cinq, qui jouent un rôle important de relais et

d’encadrement, ont vu le jour dans le cadre du projet FIDA : Projet de développement des

parcours et de l’élevage dans l’Oriental (PDPEO).

Cette situation, caractérisée par l’absence d’organisations professionnelles en dehors de 8

coopératives agricoles et d’élevage, peut être éclairée à travers le diagnostic de la dynamique

entrepreneuriale dans la commune. À l’exception d’ABENER ENERGIE SARL t, la commune

n’abrite aucune autre entreprise en dehors du secteur agricole.

Cette unique entreprise de la commune d’envergure nationale, n’a pourtant aucun impact sur le

plan social et aucun effet d’entrainement sur l’économie et les finances locales.

La dynamique associative locale est centrée sur l’activité agricole et plus spécifiquement

l’irrigation (AUEA ). Trois associations s’occupant de l’équipement des Douars et de l’accès de

la population à l’eau potable et à l’électricité ont été créées. Le tissu associatif à peine

émergent n’a joué qu’un rôle limité lors des concertations qui ont jalonné l’élaboration du

PCD. On remarquera au passage que la participation féminine à ce mouvement associatif

demeure faible.

Les acteurs publics, des interventions concentrées dans l’agriculture, Eaux

et Forêts et infrastructures de base

Les services étatiques interviennent sur le territoire de la commune dans le cadre des politiques

sectorielles qui les concernent : Maroc Plan Vert (DPA), Lutte contre la désertification (Eaux et

Forêts), etc. Ces interventions ont lieu dans le cadre de relations verticales de mise en œuvre,

au niveau local, de politiques sectorielles centralisées. D’autres services accompagnent la

commune dans la réalisation des infrastructures de base : ONEP, ONE, département de

l’Equipement. L’INDH assure un appui financier déterminant.

L’implication des services étatiques dans le processus de planification communale a été, en

règle générale, limitée. Des conventions de partenariat sont certes conclues avec la commune

(ADO) avec l’appui de la DAS mais l’implication des représentants des services étatiques au

niveau local est réduite.

6Secrétariat général de la commune de Bni MATHAR et focus group avec les femmes.

Page 22: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

22

Les acteurs de coopération internationale : appui croissant des Agences du

système des Nations Unies

Le rôle joué par les acteurs de coopération internationale, bien que limité au départ, a tendance

à prendre de l’importance. Le système des Agences des Nations Unies est bien représenté avec

FIDA et UNICEF. La première Agence est impliquée dans un programme de protection et de

régénération du couvert végétal ; l’UNICEF, quant à elle, a appuyé l’élaboration du PCD et

initié des projets au profit des enfants et des femmes. On notera aussi le rôle joué par l’USAID

dans le financement de projets d’irrigation et d’élevage.

L’intérêt des interventions des acteurs de coopération internationale sur le territoire communal

ne réside pas uniquement dans la consistance des projets qu’ils soutiennent ; ce rôle, de

dimension pédagogique, est également important pour diffuser de bonnes pratiques de synergie

et de partenariat.

En conclusion, on peut affirmer que la commune rurale de Bni MATHAR est confrontée

à des enjeux et défis liés autant à la rationalisation de l’exploitation des ressources

naturelles qu’à la nécessaire diversification d’une économie pastorale fortement

dépendante des aléas climatiques. Ces défis comprennent également les changements

démographiques en cours caractérisés par une progressive sédentarisation de la

population nomade et un accroissement de l’exode rural. Sur le plan social, le statut

actuel des femmes constitue un handicap pour la promotion du développement durable.

D’un autre côté, et à l’image d’une structure économique peu diversifiée, le profil

institutionnel, celui des acteurs de développement demeure, quant à lui, peu animé. En

effet, le nombre d’acteurs de développement actifs est réduit et au demeurant le

dynamisme des acteurs présents est limité. Compte tenu de ses ressources humaines et

financières limitées, la commune ne peut jouer pleinement son rôle d’acteur et de moteur

de développement économique et social comme cela est prévu par la charte communale.

La dynamique des entreprises privées, en dehors du secteur agricole, est quasi

inexistante et celle des entreprises de l’économie sociale est représentée par quelques

coopératives d’éleveurs et d’associations des usagers des eaux agricoles. Les intervenants

du secteur public et hormis les autorités de tutelle, se limitent à quelques services

impliqués dans les projets d’infrastructures de base, de l’agriculture et des Eaux et

Forêts.

Page 23: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

23

On notera néanmoins l’importante implication des Agences du Système des Nations Unies

(UNICEF, FIDA) dans les domaines de la planification communale, du renforcement des

capacités, du renforcement institutionnel et de la régénération du couvert végétal.

Le rôle du Conseil Communal devrait, dans ce contexte, être considérablement renforcé

pour infléchir cette tendance.

1.2. Développement humain, développement social

1.2.1. Santé

Dans le but de réaliser les objectifs du millénaire pour le développement, le Maroc s’est engagé

à réaliser la mise en place d’un processus de développement économique et social, notamment

dans le domaine de la santé.

Parmi les objectifs, nous citons :

- Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans ;

- Améliorer la santé maternelle ;

- Combattre le VIH-SIDA, le paludisme et autres maladies ;

Placé au cœur des préoccupations des responsables de la commune rurale Bni Mathar, le

secteur de la santé a connu une amélioration durant ces dernières années.

Le tableau suivant fait ressortir la situation de certaines variables relatives au taux de

couverture médicale au sein de la commune rurale Bni Mathar :

Tableau n° 1 : Taux de couverture médicale dans la CR Bni Mathar

Variable

Population

bénéficiaire des soins

fixes

Nombre de

médecinsPersonnel de santé

Effectif1042 personnes

soit 15% de habitants

1 médecin pour

6966 habitantsUn infirmier pour

6966 habitants

Source : Délégation de la santé (2009)

Page 24: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

24

D’après ce tableau, il est important de noter que des efforts, au niveau des infrastructures

sanitaires et au niveau des ressources humaines, restent à accomplir, pour permettre un

meilleur accès aux soins pour tous les habitants de la commune7.

Une stratégie visant la création de nouvelles infrastructures de base et le renforcement du

personnel de la santé est nécessaire.

L’analyse de l’offre de soins de santé au niveau de la commune Bni Mathar permet de

tirer les conclusions suivantes :

- Malgré les efforts fournis par l’Etat, le chemin de la santé rurale demeure très

long à parcourir (enclavement, pauvreté, ignorance,…) ;

- Une répartition inéquitable de l’offre de soins au niveau des différents

douars de la commune;

- L’existence d’un certain nombre de structures sanitaires de base non

opérationnelles par manque de ressources humaines et matérielles (on

compte 1 médecin pour 7000 habitants alors que pour la province, on a 1

médecin pour 3024 personnes) ;

- Ratio personnel de la santé par rapport à la population desservie demeure très

faible (Un seul médecin dans la C.R. Bni Mathar s'occupe du centre de santé à

Ouled Kaddour et des dispensaires Asahb Elgher et Zouayd) ;

- Manque de médicaments dans les structures sanitaires de base surtout pour les

maladies chroniques ;

- Taux de couverture médicale au niveau de la commune s’avère très insuffisant

eu égard aux normes admises au niveau national ;

- Absence d’initiatives au profit des personnes à besoins spécifiques ;

- Dispersion de l’habitat ne facilite pas l’accès aux maisons d’accouchement :

ajoutons à cela, les facteurs socioculturels qui pèsent lourd sur les habitants ; les

femmes préfèrent parfois accoucher chez elles. Le projet « Dar El Oumouma »

est lancé dans la C.U Ain Bni Mathar, en partenariat entre l’UNICEF et

l’Agence de Développement Oriental, afin d’accueillir les femmes rurales de

cinq communes dont la CR Bni Mathar ;

7Les normes de l’OMS : 1 médecin pour 10 000 habitants et 1 Infirmier (e) pour 1981 habitants.

Page 25: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

25

- Manque de coordination entre la commune, les différents acteurs (ONG,

INDH,…) et la délégation régionale de la santé (par exemple, achat d’une

ambulance dans le cadre de l’INDH mais sans recruter un chauffeur ni prévoir

des frais de maintenance en vue d’une pérennisation du projet);

- Absence de partenariats et de conventions conclus entre la délégation de la santé

et les ONG internationales.

1.2.2- Education

Parmi les objectifs du millénaire pour le développement figure celui d’assurer l’éducation

primaire pour tous. Deux volets sont privilégiés, à savoir : la généralisation de la scolarisation

au niveau primaire et la lutte contre l’analphabétisme.

Levier de développement, l’éducation a une importance particulière, compte tenu du rôle

primordial qui lui revient dans la promotion du développement économique, social et culturel.

Dans ce contexte, des efforts ont été déployés dans la C.R Bni Mathar, en vue de promouvoir

l’accès à l’enseignement dans le but de contribuer à une amélioration du bien-être. Les objectifs

visés sont :

- La généralisation de l’éduction de base ;

- La réduction des inégalités de chance d’accès à l’école ;

- La lutte contre l’abandon scolaire.

Page 26: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

26

Le tableau suivant présente les indicateurs relatifs à l’éducation dans la C.R Bni Mathar.

Tableau n° 2 : Données sur l’éducation dans la CR Bni Mathar

Variable Part en Pourcentage

Taux brut de scolarisation des enfants âgés de6 à 11ans

67,63

Taux des inscrits des garçons 70

Taux des inscrits des filles 64

Taux d’abandon 20

Source : Délégation MEN (2009)

L’analyse de l’offre de l’éducation au niveau de la commune Bni Mathar permet de tirer les

conclusions suivantes :

- Des améliorations notoires sont constatées au niveau de l’offre de l’éducation dans la

C.R Bni Mathar ;

- Des campagnes de sensibilisation de lutte contre l’analphabétisme, la déperdition et

l’abandon scolaires ont été menées par les différents acteurs ;

- Le phénomène de déperdition scolaire en général et chez les jeunes filles en

particulier, s’accentue en dépit des efforts de lutte engagés par l’Etat et les ONG. Les

facteurs explicatifs de ce fléau résident dans:

L’éloignement de l’école ;

Le problème de sécurité ;

Le manque de moyens financiers (niveau de vie des parents) ;

Le poids de la tradition ;

La dispersion de l’habitat ;

Page 27: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

27

- Taux d’inscription des enfants âgés de 6-11 ans demeure encore faible par rapport à

la moyenne nationale, malgré les efforts accomplis par les différents acteurs de

développement : l’Etat, la société civile, la coopération internationale, l’INDH,… ;

- Le taux d’analphabétisme reste très élevé et préoccupant pour les femmes puisqu’il

atteint 56,25%, contre 35,94% pour les hommes ; une étude récente a montré que le

taux d’analphabétisme des enfants âgés entre 10 et 14 ans s’élève à 4,64 pour les

garçons et 9,22% pour les jeunes filles, ce qui montre encore une fois la discrimination

dont font l’objet ces dernières.

- Parmi les problèmes de gouvernance identifiés figure l’insuffisante coordination

entre la commune d’une part et la Délégation du MEN d’autre part.

1.2.3- Conditions de vie : Accès à l'eau, l’électricité et l’habitat

- En conformité avec les résultats du diagnostic stratégique participatif, le Conseil

communal a fait de l’accès de la population à l’eau potable et à l’électricité ainsi que de

la construction de pistes et de routes sa première priorité. Les résultats demeurent

toutefois modestes.

- Ainsi, si le taux moyen de raccordement des ménages à l’eau potable (ONEP)

au niveau de la commune atteint 22,6%, seuls 5 Douars sont concernés, avec des

niveaux de desserte différents. La proportion des ménages bénéficiant d’eau potable

desservie par l’ONEP se présente comme suit: Lamjadba (90%), Ouled Ali (52,78%),

Ouled Kaddour(35,11), Ouled Ben Nsar (9,30%) et Ouled Ben Abderrahmane

(7,69%)8.

- L’accès de la population à l’électricité est mieux assuré, avec un taux de

couverture des Douars atteignant 91,66%. Il faut remarquer néanmoins que le taux

moyen de raccordement des ménages au réseau de la commune ne dépasse pas 50,18%,

variant entre 7,02 à Douar Shab El Raz et 90% à Douar Lamjadba ; Douar Ouled

Hamadi, composé de Khaimas dispersées, présente un cas particulier avec un taux de

couverture de 0%.

8PCD commune de Bni MATHAR, Programme rural gouvernement marocain –UNICEF. DGCL, UNICEF, Agence de

l’Oriental.

Page 28: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

28

- La différence entre taux de couverture et taux de raccordement, aussi bien pour

l’eau potable que l’électricité, s’explique en grande partie par le niveau de vie des

ménages.

- Quant aux pistes et routes et en dépit des efforts déployés (8 pistes, 96 km)

reliant certains Douars et la route nationale N° 17 ainsi que les routes régionales 606 et

608, plusieurs Douars restent enclavés et inaccessibles particulièrement en hiver. A titre

d’exemple, la distance entre Douar Ouled BENSAR et une route goudronnée varie entre

9 et 15 km. D’autres Douars tels que Zaouia et Shab El Raz demeurent également

enclavés.

- D’autres réalisations dans le domaine d’urbanisme, avec des plans de

développement pour les Douars d’Ouled Kaddour et Ouled Ali, méritent d’être citées.

- Dans le domaine de l’environnement, aucun Douar n’est doté d’un réseau

d’assainissement liquide et encore moins de centre de collecte de déchets ménagers.

- Quant à l’habitat, son caractère généralement dispersé, constitue une véritable

contrainte pour la réalisation des infrastructures de base. On doit remarquer également

que, eu égard aux perspectives de sédentarisation de la population, des besoins en

logements et équipements ne manqueront pas de s’accroître.

Conclusion sur la dynamique sociale

- L’analyse du niveau de développement humain et social et des conditions de vie de

la population a montré que des progrès ont été réalisés grâce aux PPA initiés dans le

cadre de l’INDH et du PCD.

- Néanmoins, des déficits ont été décelés à différents niveaux :

- Au niveau de la santé, des insuffisances aussi bien en termes de couverture sanitaire

qu’en termes de personnel d’encadrement. A ces insuffisances s’ajoutent des déficits

relatifs à l’accessibilité aux infrastructures sanitaires, d’une part, et d’autre part au suivi

des projets et actions.

- Au niveau de l’éducation, les problèmes récurrents ont trait à l’ampleur de la

déperdition scolaire et les contraintes qui continuent à limiter l’accès des jeunes filles à

l’école.

Page 29: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

29

- Il faut remarquer également que le taux d’analphabétisme demeure encore très élevé,

particulièrement pour les femmes, touchées par ce fléau à raison de 56,25% contre

35,94% pour les hommes9.

- Au niveau des conditions de vie et de l’accès à l’eau potable et à l’électricité, force

est de constater que des efforts ont été consentis mais les besoins sont encore

importants.

1.3-Aspects environnementaux

Le territoire de la commune de Bni Mathar se caractérise par une fragilité du milieu

naturel liée à l’aridité qui a tendance à s’accroître et à s’étendre. Cette tendance de dégradation

du milieu naturel est également représentée par l’érosion, le défrichement et la désertification.

D’autres menaces sur les ressources, notamment l’eau et le couvert végétal, pourraient, si rien

n’est fait pour infléchir cette tendance, saper les fondements –mêmes de la société et de

l’économie locale.

1.3.1. Une nappe phréatique d’une grande richesse mais menacée

Les eaux sous-terraines constituent l’une des principales richesses de la commune et de

toute la région. Cette nappe phréatique est néanmoins soumise à une forte pression sous forme

de forage incontrôlé pour les besoins d’alimentation en eau potable, d’abreuvement et surtout

d’irrigation. On estime que les besoins en eau aussi bien au niveau de la commune qu’au

niveau de la municipalité d’AIN BNI MATHAR vont croître de façon spectaculaire. Cette

estimation s’appuie aussi bien sur des changements démographiques (sédentarisation de la

population, accroissement des agglomérations rurales) que sur des mutations économiques

(création de nouvelles activités, notamment industrielles à Ain Bni Mathar).

La nappe phréatique est également menacée par les systèmes d’irrigation en vigueur, de

types gravitaire et d’aspersion, ainsi que par la pollution. Le recours à des systèmes d’irrigation

plus économes en eau comme c’est le cas du goutte -à -goutte et la création d’une station de

retraitement des eaux usées en aval de la municipalité d’Ain BNI MATHAR, sont parmi les

mesures nécessaires pour la préservation de cette nappe phréatique.

A côté de l’eau, le couvert végétal, composé principalement d’Alfa, constitue la deuxième

ressource fondamentale pour l’économie locale. Cette ressource n’est pas seulement

9Projet d’intégration de l’approche genre dans le SIC, Commune rurale Bni MATHAR, 2011.

Page 30: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

30

déterminante pour la reproduction de l’économie pastorale mais pourrait être, dans le cadre

d’une exploitation rationnelle, à l’origine du développement d’autres activités d’artisanat et

d’industrie.

1.3.2. Un couvert végétal dégradé

Le couvert végétal fait l’objet d’une pression qui menace sa durabilité : surpâturage lié à un

accroissement des troupeaux, défrichement et extension des cultures s’ajoutent aux effets des

sécheresses récurrentes.

En plus de leur impact selon les principes de développement durable, ces dégradations

occasionnent des inondations et menacent directement la reproduction des systèmes

économiques en vigueur.

Certes, une dynamique de projets pour la protection et la régénération du couvert végétal et la

lutte contre la déforestation a été enclenchée dans le cadre du Projet de développement des

parcours et de l’élevage dans l’Oriental dans ses deux phases : PDPEO I (1991-2001) et

PDPEO II à partir de 2004. Ce projet intégré a été initié par FIDA en partenariat avec le groupe

BAD/ FAD et le gouvernement marocain. Il s’agit d’un projet intégré d’envergure régionale

articulant des objectifs d’ordre économique, environnemental, social et institutionnel.

Page 31: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

31

Visant les mêmes objectifs, le Projet de lutte participative contre la désertification et de la

réduction de la pauvreté dans les écosystèmes arides et semi-arides des hauts plateaux de

l'Oriental (2004-2014) s'inscrit dans le cadre du programme national de lutte contre la

désertification, adopté en juin 2001. Ce projet a été financé en partenariat entre le Haut

Commissariat aux Eaux et Forêts et Lutte contre la désertification (HCEFLCD), le ministère de

l'Agriculture et FIDA à travers le PDPEO-II, ainsi que le Fonds pour l'Environnement Mondial

(FEM).

Ces projets qui ont comme objectifs notamment la sauvegarde et la réhabilitation des parcours

ont été concrétisés, sur le plan local, par des actions initiées dans le cadre de partenariat entre

la commune, le département des Eaux et Forêts et les éleveurs organisés en coopératives.

Il faut remarquer néanmoins que si ces projets sont à consolider et à amplifier, leur impact

demeure insuffisant par rapport à l’ampleur des dégradations du couvert végétal. Ces acquis

sont également réversibles comme l’a souligné le rapport d’évaluation interne du PDPEO10

Conclusion :

La commune de Bni MATHAR dispose d’importantes ressources hydriques et forestières

dont la durabilité est néanmoins menacée. La préservation de ces ressources et leur

utilisation rationnelle dans le cadre d’un processus de développement durable est

certainement le principal enjeu que partage d’ailleurs la commune de Bni MATHAR avec

d’autres communes de son environnement régional. Les risques actuels et à venir qui

pourraient menacer la durabilité de ces ressources naturelles sont multiples et d’origines

différentes, ce qui implique une incontournable coordination entre acteurs et convergence

entre PPA.

Par ailleurs, la préservation et la régénération de ces ressources est un travail de longue

haleine qui devrait chercher l’adhésion de la population ; cela passe nécessairement, pour

assurer la durabilité de la ressource, par réconcilier la population avec son

environnement.

10Royaume du Maroc, Projet de développement des parcours et de l’élevage dans l’Oriental (PDPEO),

Rapport d’évaluation intermédiaire, Bureau de l’évaluation et des études, Rapport N° 1304-MA mai 2002.

Page 32: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

32

1.4-Dynamique culturelle

La commune dispose de quelques ressources naturelles, humaines et culturelles pour

promouvoir une politique d’animation culturelle : vestiges de deux Kasbas, produits

locaux (élevage ovin, plantes médicinales et aromatiques), traditions et savoir-faire ancestraux,

artisanat notamment.

Néanmoins, les acteurs locaux, notamment la commune et les associations ne semblent pas

considérer cette promotion comme un outil de développement ; en témoigne l’absence de la

dimension culturelle dans les projets de développement, y compris dans le cadre du PCD. La

priorité est accordée à la réalisation des infrastructures de base.

Une sensibilisation à l’intérêt de la promotion de cette activité et son rôle dans le

développement local est nécessaire.

Une des voies pour la promotion de la culture consiste à l’articuler au développement du

tourisme. Le développement des centres d’animation culturelle par les acteurs publics

(Département de la Culture, Département de la Jeunesse et Sports, etc.) en partenariat avec la

Commune et la société civile devrait enclencher une dynamique d’une activité pratiquement

absente du paysage social de la commune (exception faite de l’organisation d’un Moussem).

Conclusion :

L’activité culturelle est faible et sa promotion ne figure pas encore parmi les

priorités des actions des acteurs de développement. La commune devrait valoriser son

potentiel en ressources historiques, humaines et naturelles. La promotion d’une

dynamique culturelle pourrait d’ailleurs jouer le rôle de levier pour le développement

du tourisme et de l’artisanat.

1.5. Conclusion de la dynamique territoriale

En l’état actuel des choses et au regard des données et résultats des entretiens réalisés

avec les acteurs concernés, la commune rurale de Bni MATHAR se caractérise par un

niveau de développement économique et social encore modeste.

Cette situation résulte certes du poids de plusieurs contraintes naturelles, culturelles,

démographiques, institutionnelles et financières mais aussi d’une insuffisante valorisation

des ressources de la commune et du potentiel de son territoire.

Page 33: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

33

L’analyse de la dynamique territoriale a permis de dresser un tableau des principales

caractéristiques du développement territorial et des déficits à combler, et ce, à plusieurs

niveaux :

- Sur le plan économique : une économie fragile et peu diversifiée, pour l’instant

incapable d’améliorer le niveau de vie de la population ;

- En dépit des efforts des pouvoirs publics, les indicateurs d’accès de la population aux

services sociaux (santé, éducation) et infrastructures de base (eau potable, électricité,

routes) laissent voir des déficits cumulés et des besoins insatisfaits;

- La pression sur les ressources naturelles fait peser de réelles menaces sur leur durabilité.

- Devant ces défis et déficits, comment se présente la dynamique de la collectivité –

dynamisme de l’élite politique et associative, niveau de développement de la démocratie

locale, rôles des différents acteurs, ressources et moyens mobilisés- ?

2- Dynamique de la collectivité

2.1- Aspects institutionnels et organisationnels

2.1.1- Démocratie locale

2.1.1.1- Représentativité et caractéristiques des élus

La gestion des affaires communales et les modalités de gouvernance sont largement

déterminées par la qualité des ressources humaines composées de l’élite politique (Conseil) et

du personnel communal.

Une première indication significative porte sur le poids des élues. Représentant le 1/6 du total

des élus, les deux femmes du conseil communal soulignent elles-mêmes que leur candidatures

ont été suscitées et encouragées par l’élite politique locale, dans un contexte caractérisé par une

absence d’implication de la femme dans la vie politique et associative. Si les responsabilités

qu’elles assument au niveau du Conseil sont limitées -l’une d’elles remplit la fonction de vice

secrétaire du Conseil- elles jouent néanmoins un rôle important de relais et d’intermédiation

sociale entre le Conseil et la population féminine.

La deuxième observation relative au profil des élus concerne leurs niveaux d’instruction. Cet

aspect est très important pour apprécier les capacités des élus à exercer les compétences

attribuées à la commune dans la cadre de la Charte.

Page 34: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

34

Tableau N° 3 : Répartition des élus selon le niveau d’instruction et le sexe

Niveauxd’instruction

F H Total %

Sans1 2 3 25

Primaire3 3 25

Secondaire2 2 16,7

Supérieur1 2 3 25

Formationprofessionnelle 1 1 8,3

Total2 10 12 100

Source : Secrétariat général de la commune de Bni MATHAR, 2011

La répartition des élus selon le niveau d’instruction permet de conclure que la commune rurale

de Bni MATHAR dispose d’une élite politique relativement bien instruite (moyenne régionale

des élus non instruits, tous milieux confondus est de 21%). Le croisement entre niveaux de

responsabilités au Conseil et niveaux d’instruction permet néanmoins de nuancer cette

conclusion : les trois élus sans niveau d’instruction ont des fonctions de responsabilité dont la

présidence de la Commission chargée de la planification, des Affaires Economiques, de

l’Urbanisme de l’Aménagement du Territoire, du Budget et des Finances. On notera aussi que

le président de la commune est d’un niveau d’instruction supérieur.

Cette description des caractéristiques des élus peut être complétée par deux remarques, portant

sur l’âge et l’appartenance politique des élus.

Pour ce qui est de la répartition des élus selon l’âge, on remarque une faible représentativité des

jeunes, puisque deux élus seulement sont âgés de moins de 40 ans et aucun n’a moins de 30

ans.

Concernant l’appartenance politique, un seul parti, en l’occurrence le PPS, dispose de la

majorité absolue avec 58,4% des sièges et compte avec l’USFP, l’autre parti de la majorité, 11

élus sur 12 (un élu est décédé), soit 91,8%11.

11Secrétariat général de la commune de Bni MATHAR.

Page 35: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

35

2.1.1.2- Fonctionnement du Conseil communal : une équipe soudée avec une

opposition quasi-inexistante :

L’appréciation du niveau de démocratie locale et de la qualité du fonctionnement du Conseil

communal peut se faire à différents niveaux :

- Du côté de l’organisation et de la composition de la commune, on observe une tendance

générale à se conformer à la charte communale.

Ainsi, le bureau se compose du président et de trois vice-présidents, alors que la loi prévoit un

nombre de ces derniers variant entre 3 et 10.

Pour ce qui est des organes dits auxiliaires, ils comprennent deux commissions permanentes

avec chacune un président et président adjoint. L’organisation de la commune compte un

secrétaire et un secrétaire adjoint (une élue).

Cette organisation a néanmoins un caractère théorique car l’exercice des différentes tâches

impliquées par la gestion quotidienne des affaires communales obéit peu au schéma référentiel

de répartition. Les entretiens réalisés avec les membres du Conseil permettent de conclure que

l’urgence des affaires et la disponibilité des élus sont les deux déterminants du travail dont

l’essentiel des tâches est accompli dans un esprit d’équipe. Cette manière de faire assure au

fonctionnement de la commune une certaine souplesse mais ne délimite pas les responsabilités

de chacun et ne favorise pas non plus l’enracinement de l’évaluation.

- Le rôle et la consistance de l’opposition constituent d’importants indicateurs du

niveau de développement de la démocratie locale. Le cas de Bni MATHAR, avec

une opposition inexistante et un leadership reconnu au président présente certes

l’avantage de doter la commune d’une équipe homogène et facilite la gestion des

affaires communales en réduisant les tensions et les conflits entre élus. Néanmoins,

cette situation comporte également des limites dont la plus importante est de priver le

Conseil d’une force de proposition et d’outils d évaluation critique.

- Un deuxième aspect de la démocratie locale a trait aux modalités de préparation, de

gestion et de documentation des sessions du Conseil et réunions de travail des

commissions. Les pratiques en vigueur dans la commune de Bni MATHAR semblent

certes être caractérisées par une certaine souplesse eu égard à l’absence

d’opposition, mais la tenue des sessions du Conseil se déroule dans le respect des

règles : convocation avec délais légaux, PV de sessions, etc. Les travaux des

Page 36: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

36

commissions sont également documentés même si la rédaction de rapports d’activité

et de comptes rendus et leur diffusion ne semblent pas relever des pratiques

courantes.

- Parmi les insuffisances qui handicapent le développement de la démocratie locale,

on peut citer le cumul de responsabilités, l’absence de pratiques d’évaluation et

l’absence de stratégie et de structure de communication sociale.

Ainsi, plusieurs élus cumulent, en plus de ce statut, des responsabilités associatives ; cette

situation, défavorable à la transparence dans la gestion des affaires communales, pourrait

également constituer un frein au développement de l’élite locale.

L’absence de pratiques d’évaluation des activités du conseil, dans un contexte politique

d’inconsistance d’une force d’opposition, constitue une autre limite à la promotion de la

démocratie locale. En effet, mis à part le contrôle classique exercé par l’autorité de tutelle,

aucun outil ni mécanisme relevant aussi bien de l’évaluation interne qu’externe n’est mis en

œuvre.

2.1.1.3- Communication communale et accès des citoyens à l’information :

des déficits en communication sociale

Au chapitre de la communication communale et son corollaire le droit des citoyens à

l’information, force est de constater que des efforts substantiels doivent être déployés dans ce

domaine. La communication sur les activités du Conseil ne semble pas être perçue par le

bureau comme une tâche permanente qu’il faut institutionnaliser. Au contraire, la diffusion de

l’information sur la gestion des affaires communales, quand elle a lieu, se réalise de façon

plutôt ponctuelle et par des canaux plus ou moins informels et personnels. Il faut rappeler aussi,

du côté de la population, cette situation de quasi-absence de curiosité pour les affaires

communales, en dehors des campagnes électorales.

Au titre des réalisations, on doit souligner l’intérêt et les effets bénéfiques de l’élaboration du

PCD comme outil de communication, de production et de diffusion de l’information sur la

commune, ses potentialités ses contraintes et les priorités qui en découlent.

2.1.1.4 La coopération intercommunale

La coopération intercommunale demeure très peu développée ; les seules réalisations

concernent des accords pour la mutualisation d’équipements collectifs, notamment le souk

hebdomadaire, Moussem et ce avec la commune mère d’Ain Bni MATHAR ; On notera

Page 37: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

37

néanmoins que les entretiens avec les membres du Conseil communal ont tendance à montrer

que cette question figure parmi les priorités de la commune. Un projet de jumelage avec une

commune belge est d’ailleurs à l’ordre du jour.

2.1.2-Organisation et fonctionnement des services communaux

Plusieurs questions permettent de caractériser le degré d’organisation de la commune : Quel

degré d’organisation de la commune et quels moyens pour son fonctionnement et l’exercice de

ses attributions ? Ces moyens sont-ils suffisants et adéquats par rapport aux besoins de gestion

de la commune ? Une autre question relevant du champ de management public est au centre de

la problématique de gouvernance : cette organisation est –elle optimale et les moyens aussi bien

humains que financiers sont-ils mobilisés et utilisés de façon rationnelle ?

2.1.2.1- Personnel de la commune

Quant au personnel, il comprend 18 personnes dont 2 femmes. Cet effectif est manifestement

insuffisant pour couvrir les besoins d’une commune au territoire aussi vaste. Néanmoins, la

commune dispose d’un capital de compétences formé dans le cadre du PCD. Les capacités

techniques de la commune ont été d’ailleurs renforcées par des ateliers de formation sur

l’élaboration et la gestion du SIC, avec l’appui de l’UNICEF.

On notera également, comme atout, la qualité des rapports entre les membres du Conseil et le

personnel communal. En termes de perspectives, on remarquera, compte tenu de l’âge avancé

de la majorité des fonctionnaires de la commune et de l’accroissement des besoins en

qualifications, que le problème de renouvellement et développement des compétences se

posera avec de plus en plus d’urgence.

2.1.2.2-Equipement des services communaux

Située au Douar Ouled Kaddour, la commune dispose de locaux à peine suffisants pour

répondre aux besoins de la population. Si les bureaux sont relativement bien agencés,

l’accessibilité des personnes à besoins spécifiques n’est pas prise en compte. Les équipements

des bureaux ont été améliorés grâce à un don dans le cadre de la coopération internationale

(don de la chine).

Page 38: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

38

2 .2- les aspects financiers et la convergence territoriale

L’analyse du contrôle interne des aspects budgétaires et financiers d’une commune nous

permet d’évaluer ses capacités institutionnelles et stratégiques et humaines pour atteindre

les objectifs de la gouvernance et convergence territoriales

Une telle l’analyse montre que la gouvernance de la CRB, en dépit des efforts fournis par les

gestionnaires, les services de la tutelle et les différents intervenants institutionnels, se

heurte à une série de limites se rapportant notamment à la capacité des acteurs de mobiliser

des ressources fiscales importantes pour réaliser des objectifs de développement et à la

l’exécution des projets ainsi que la production de l’information afférente à l’évaluation

et au suivi des PPA.

La nouvelle constitution énonce un ensemble de principes sur la bonne gouvernance locale

tels que la promotion de la démocratie citoyenne et participative , la corrélation entre la

responsabilité et la reddition des comptes , la solidarité , l’égalité de chances, la dignité et la

justice sociale.

A cet égard, la constitution insiste sur l’implication des citoyens et des associations dans

l’élaboration et le suivi des programmes de développement. De même, la nouvelle charte

communale confère au conseil communal le voter du plan de développement économique et

social, d’initier des partenariats avec l’Etat et les autres organismes publics et de promouvoir

l’emploi, à travers la valorisation des potentialités économiques, l’attrait et l’encouragement

des investissements.

Ainsi à l’horizon de la régionalisation avancée l’évaluation des aspects budgétaire et

financiers (approche genre, lutte contre la pauvreté, performance, convergence, etc.) apparaît

un impératif stratégique à plus d’un titre.

Le budget de la CRB , selon la loi n° 45-08 relative à l’organisation des finances des

collectivités locales du 18 février 2009, est composé de deux parties : La première partie

décrit les dépenses de fonctionnement tant en recettes qu’en dépenses. La deuxième partie

comporte l’ensemble des ressources affectées à l’équipement. Le budget est équilibré .Mais

lorsqu’un un excédent prévisionnel est dégagé de la première partie, il est affecté,

obligatoirement à la deuxième partie.

Notre analyse se focalise sur quatre axes principaux de contraintes et de limites de la

gouvernance financière locale :

Page 39: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

39

- la planification stratégique participative et la convergence budget communal/PCD ;

- La capacité de programmation et d’exécution budgétaires et fiscales ;

- Le système de reddition des comptes et de circulation de l’information entre les services

budgétaires et financiers, les élus, les citoyens et les partenaires

- le système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA.

2.2.1 –Processus de planification stratégique participative et laconvergence budget communal/PCD

Les aspects budgétaires et financiers fournissent des outils fondamentaux pouvant servir

beaucoup l’évaluation des capacités stratégiques et institutionnelles de la CRB pour dégager

les forces et faiblesses afférentes à la planification stratégique participative et à la

convergence du PCD et budget communal.

Les atouts et les potentialités de la commune sont multiples. Le budget représente un excédent

depuis 2006 à 2011 comme l’illustre le tableau ci -après. Cet excédent est passé de

2.919.695,20 DH en 2006 à 3.271743,39 DH en 2010 pour marquer une baisse en 2011 soit

2.531.116,26 DH.

Tableau n° 4 L’évolution des recettes et des dépenses globales des excédents programmés

et reportés et des crédits annulés à la CRB (2006 – 2011) en DH

2006 2007 2008 2009 2010 2011

recettes

globales

4628453 ,57 6834568,24 6908554,84 10307126,85 8768733,43 7491258,90

Dépenses

globales

1708758,37 3553078,97 3312000,14 4162557,09 5496990,04 5325396,42

Excédent 2.919695 ,2 3.281489,27 396.554,70 6.144569,76 3.271743,39 2.531.116,26

Excédents

programmés

258156,76 471802,52 432091,83 12010791,84 676019,38 762654,06

Excédent

reporté

2783809,47 3.073809,21 3.164063,27 4.102.417,92 3.558.533,31 3.241.903,99

Crédit

annulé

105.646,29 199.773,68 109.812,09 261.349,44 320.448,88 506.050,22

Source : CRB

Page 40: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

40

Les recettes globales réalisées de la commune sont plus que doublées entre 2006 et 2010

.Elles sont passées de 4.628.453,67 DH entre 2006 à 9.768733,43 DH en 2010.

Mais la part de la TVA (transfert de l’Etat) dans le budget communal est prédominante par

rapport aux ressources propres. Ces ressources demeurent très modestes par rapport aux

projets prévus dans le PCD.

Tableau n°5 : Evolution de la fiscalité locale et des transferts de l’Etat à la commune entre

2006 et 2011 en DH

2006 2007 2008 2009 2010 2011

Total fiscalité

totale

268.910,47 242.846,38 153.723,74 682.842,40 431.261,20 650.073,84

Transfert de

l’Etat (TVA)

1.290.000 1.393.000 1.532.000 1.915.000 1.972.000 2.194.565

Source : CRB

Or La commune réalise un excédent important .Il est passé de 2.919.695,20 DH en 2006 à

3.271743,39 DH en 2010 pour marquer une baisse en 2011 soit 2.531.116,26 DH.

De surcroit faut-il remarquer la part limitée des excédents programmés par rapport aux

dépenses globales. La commune est appelée à mettre en place un système fiable de contrôle

interne et d’évaluation continue des projets permettant de maitriser davantage sa gestion

budgétaire et financière.

La commune se distingue par le poids des dépenses de fonctionnement par rapport aux

dépenses d’investissement et l’amélioration des dépenses par habitant comme le montre le

tableau suivant en détail :

De même faut- il remarquer le caractère ambitieux du PCD et les faibles taux de réalisation

physique du PCD et de paiement en 2010 et 2011 comme l’illustre le tableau ci-dessous.

Page 41: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

41

Tableau n° 6 : Traduction chiffré du PCD dans le budget et taux de réalisation des

projets de développement entre 2010 et 2011 en DH

2010 2011

Traduction chiffré du PCD dans

le budget

2238438,60 2058390,60

Crédit engagé dans le PCD 1287580,80 1446880

Crédit reportés dans le PCD 1638390 ,60 979494,10

Taux de réalisation physique du

PCD

61% (y compris les projets réalisés

par les services extérieurs

29%

Taux de réalisation financière et

de paiement

47% 74,50%

Source : CRB

En fait, la gouvernance locale se heurte à une série de limites :

- Insuffisance de moyens humains et matériels pour assurer la conception, l’exécution et le

suivi des projets,

- Carence d’organigramme permettant de définir clairement les taches et les compétences,

- Complication des procédures de cadastre et de conservation foncière. L’état du patrimoine de

la commune est incomplet,

- Insuffisances d’informations sur le PCD, et manque de son vulgarisation au sein des acteurs

locaux,

- Faible capacité de planification stratégique participative et de suivi tant chez les élus que les

gestionnaires locaux ce qui se manifeste par une baisse de réalisation des projets et par

conséquent des paiements,

- Faiblesse des ressources propres de la commune. 85% des ressources proviennent des

impôts transfères (TVA). Soit 1.393.000 DH en 2007 (sur 1708758,37 du montant général

des dépenses) et (2194565 DH sur un total global de 5.325.396,42.DH),

- Prédominance des dépenses de fonctionnement dans le budget,

- Incohérence des textes sur la caution provisoire (entre le décret sur les marchés publics et les

textes régissant l’INDH),

- Faible rendement de la fiscalité locale.

- Difficultés de la commune, à défaut de procédure d’assurer le suivi de certaines opérations

du déplacement du personnel et des carburants.

Page 42: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

42

2.2.2 Capacité de programmation et d’exécution budgétaire et fiscales

Le budget de fonctionnement de la CRB ainsi que le budget d’équipement ont connu

un accroissement considérable entre 2006 et 2011. Il est passé de 1.438.910,47 DH à

2.844.728, DH en 2001.Il est presque doublé par contre les dépenses d’équipement demeurent

modestes par rapport aux dépenses globales de la commune. Celles ci sont passées de

1.696.928,35 en 2007 à 1.413.278,62 DH en 2011 en plein exécution du PCD.

Tableau n° 7 : Evolution des dépenses de la CRB et de la part de l’INDH des comptes

spéciaux entre 2006 et 2011 en DH

2006 2007 2008 2009 2010 2011

Dépense de

fonctionnement

1.438.910,47 1.635.846,38 1.685.723,74 2.597.842,40 2.430.621,20 2.844.728,84

Dépenses

d’équipement

163.620,80 1696.928,35 810927,12 1.207676,20 623123,28 1413.278,62

Comptes spéciaux

du Trésor

106.227,10 220.304,24 815.349,28 103.761,00 91.205,00 102.408,20

Total des dépenses

locales

1.708.758,37 355.078,97 3.312.000 3.909.279,60 3144949,48 4360.415,66

Part de l’INDH

des comptes

spéciaux

741876,60 3.197.686 ,21 2.351.600,56 964.980,96

Total des dépenses

par Habitant

241,28 501,71 467,66 552,00 444,08 615,70

Source : CRB

La lecture de ce tableau nous permet d’avancer les remarques fondamentales suivantes :

1- L’importance des dépenses locales enregistrées entre 2006 et 2007 en termes de

dépenses de fonctionnement et de l’INDH notamment entre 2009 et 2010 au

détriment des dépenses d’investissement ;

2- La tendance croissante des dépenses par habitant vers la hausse .Cette tendance peut

être expliquée par le poids de dépenses de fonctionnement dans le budget global. Elles

sont passées de 241,28 à 615,70 dh par habitant ;

3- Le caractère modeste des dépenses d’équipement dans le budget global ;

Page 43: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

43

4- L’incapacité des gestionnaires locaux à assurer l’exécution du budget local en termes

de mobilisation de recettes fiscales ou d’engagement des crédits ce qui prouve

l’importance des excédents reportés et les crédits annulés.

De même faut- il remarquer le caractère ambitieux du PCD et les faibles taux de réalisation

physique du PCD et de paiement en 2010 et 2011 comme l’illustre le tableau ci-dessous.

Les recettes fiscales de la commune accroissent modestement et d’une manière

relativement stable .Elles sont passées de 268.910,47DH à 650.073,00 DH en 2011. La part de

la TVA (Transfert de l’Etat) dans les ressources locales est prépondérante comme l’illustre le

tableau suivant :

Tableau n° 8 : Evolution des transferts de l’Etat par rapport à la fiscalité locale en DH

(2006 – 2011)

2006 2007 2008 2009 2010 2011

Total des

ressources

locales

268.910,47 242846,38 153723,74 682.842,40 43.1261,20 650.073,84

Transfert de

l’Etat (TVA)

1.290.000,00 1.393.000,00 1.532.000 1.915.000 1.972.000 2.194.565,00

Total recettes

/habitant

220,12 230,03 238,03 366,82 339,35 401,67

Source :CRB

La lecture de ce tableau nous permet de faire les remarques suivantes :

1 – la modestie de la fiscalité locale dans le financement du développement socio économique

de la CRB ce qui reflète les efforts à déployer par cette commune en matière de la

mobilisation des ressources propres (produit des produits forestiers, location d’immeubles à

usage commercial, droit de fourrière, etc.) ;

2- le poids considérable des transferts de l’Etat (TVA) dans le financement du budget local ;

3- faiblesse du total des recettes par habitant par rapport au total des dépenses par habitant ;

3 – ce déséquilibre devrait être comblé par le développement des ressources propres, au

regard des opportunités dont dispose la CRB et de l’évolution remarquable de ses dépenses

de fonctionnement comme l’illustre le tableau n°7.

En fait les contraintes de la CRB en matière de la programmation et d’exécution budgétaire

et fiscale sont complexes et multiples. Elles résident dans les éléments suivants :

- Faible capacité de gestion budgétaire (comptes spéciaux, crédit d’investissement, assurance

des fonctionnaires locaux) ;

Page 44: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

44

- Nécessité d’une convention approuvée par la tutelle entre la CRB et la Municipalité de

Beni Mathar permettant de définir la part des deux collectivités en matière des recettes du

marché hebdomadaire. La CRB n’a pas reçu sa part en la matière (soit 120.000 DH en

2007) ;

- nécessité de développer les capacités et des compétences chez les élus et les gestionnaires

dans l’élaboration, l’exécution et le contrôle du budget ;

- Nécessité de consolider les capacités du personnel et des gestionnaires locaux dans la

gestion des achats et marchés publics et le suivi des programmes au regard de la pression du

quotidien ;

- Nécessité d’instaurer de service d’audit et de suivi des projets locaux à l’instar des services

d’audit instaurés à l’échelon régional ;

- Difficultés de communication avec les organismes de contrôle et de paiement (percepteur) ;

- manque de convergence entre projets communaux et projets provinciaux ;

- L’inefficacité des projets PERG et PAGER . La preuve est le déficit constaté en matière de

l’électrification des douars (Douar Oulad Ali, Ouled Kaddour et Douoir Sehb Elwad )dont

l’ILDH vient de combler soit 288 foyers.

- L’inadaptation et l’incohérence entre textes régissant le retenu de garantie fixé à 10% pour

l’INDH et à 7% pour le décret du 2007 sur les marchés publics ce qui permet de retarder

l’exécution des projets de l’INDH ;

- Le retard dans l’approbation des marchés et conventions par la tutelle ;

- Nécessité de développer d’une banque de données d’analyse et tableaux de bord sur la

commune ;

- Faible convergence intra services et services extérieurs ;

- Le problème d’implication suffisante ou de coordination de la part des services extérieurs

(ONE). En général c’est le gouverneur qui joue le rôle de leadership et de la mobilisation des

acteurs ;

- Nécessité de consolider implication de la Province dans les projets de l’INDH. Sur 15

projets la province a participé seulement de 02 projets (extension de l’électrification de

douars Ouled zaouia ,Ouled kaddouir et Ouled Ali de 153.000 DH (ONE 64.483 DH) et

électrification Saheb Elwad 96.000 DH d’un montant de global de 332.646 DH

- Nécessité de concevoir de projets valables et viables en matière de l’INDH. Les mêmes

projets se répètent (infrastructure, électrification, construction magasin) faute de vision intégrée

et d’expertise suffisante.

Page 45: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

45

- L’insuffisance des moyens et faible capacités de mobilisation des ressources ;

- Insuffisance ou manque de formation continue notamment sur la gestion des marchés

publics, la comptabilité publique, la gouvernance, le patrimoine, le contrôle des finances

locales et les responsabilités financières ;

- les problèmes de contentieux afférents notamment aux terres collectives (Cadastre et

Conservation foncière) et à la gestion du domaine public ;

- Problèmes de formation des élus et des gestionnaires notamment en matière de conception,

d’exécution et de contrôle des projets et du budget et la gestion du patrimoine .

Bref , on peut déduire de ce qui précède les conclusions suivantes :

- Importante évolution des ressources financières de transfert au détriment de développement

des ressources propres. La situation excédentaire est trompeuse au regard des besoins de base

de la population (électrification, eau infrastructure, éducation),

- Prédominance des dépenses de fonctionnement dans la gestion et de la part importante de

la TVA dans le budget par rapport aux dépenses réalisées ;

- Faible capacité de programmation des projets qui se manifeste par l’importance des crédits

reportés ;

- Faible capacité à mobiliser des ressources supplémentaires

2.2.3 - Le système de reddition des comptes et de l’informationbudgétaire et financière

La commune est soumise à une série de contrôles :

d’abord le contrôle budgétaire opéré, au stade de l’engagement, par le trésorier payeur

communal. Ce contrôle porte sur la disponibilité des crédits et des postes budgétaires,

l’imputation budgétaire, l’exactitude des calculs du montant de l’engagement et le total

de la dépense. Ensuite le contrôle de validité de la dépense est opéré par ce même

comptable au stade de paiement.

Le trésorier payeur établit le compte de gestion de la commune.

Le receveur communal est chargé d’assurer le recouvrement des droits, taxes et redevances de

la commune.

L’ordonnateur prépare le compte administratif de la commune et le présente à la commission

permanente pour étude dix jours avant de le soumettre au vote au conseil délibérant au cours de

Page 46: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

46

la première session ordinaire. Une amplification du compte administratif est adressée à

l’autorité de tutelle

Le contrôle des finances locales est confié à la cour régionale des comptes

La gestion locale peut faire l’objet d’audit financier à la demande du conseil délibérant.

La commune est soumise également au contrôle opéré par l’IGAT et l’IGF

Or , en dépit de la multiplicité et la diversité des contrôles financiers opérés sur la gestion

communale ,celle-ci se heurte à un manque de contrôle interne qui se manifeste par l’absence

de procédures , de programme pratique de formation continue , de conseil et suivi des projets

de développement .

En fait le système de reddition des comptes se heurte aux contraintes spécifiques suivantes :

- Manque de vulgarisation suffisante de l’information sur la conception des projets,

l’exécution et le contrôle budgétaire et les projets de l’ILDH ;

- Manque de vulgarisation de la culture de planification stratégique participative chez les

gestionnaires et acteurs locaux ;

- Le système GID (Gestion intégrée des dépenses) à l’échelon de la préfecture d’Oujda Angad

constitue un atout considérable pour la gouvernance locale,

Un tel système permet d’assurer la reddition des comptes et la consolidation de l’information

financière sur le suivi de la gestion locale, à l’instar du système GID appliquée au niveau

central dans l’élaboration du compte administratif.

Toutefois son effectivité est tributaire de la formation des gestionnaires en gouvernance et la

gestion locale. Le projet GID devrait s’étendre à toutes les communes du Royaume ;

- La GIRFF (Gestion intégrée des Ressources Financières et fiscales) devrait être mise en place

pour informer les gestionnaires et les élus de l’état de leurs ressources, le suivi et le

développement des ressources de la commune (Assiette, état de recouvrement, Reste à

recouvrer, contentieux) ;

Pour dépasser ces contraintes il s’agit de :

- Assurer une effectivité du contrôle financier ;

- Vulgariser davantage l’information sur le la conception des projets, l’exécution et le

contrôle budgétaire et les projets de l’ILDH ;

Page 47: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

47

- Impliquer suffisamment la population dans la gestion et la diffusion des données sur

les réalisations et les programmes ;

- Développer la production de l’information budgétaire (guide, brochure, rapport) .

l’information budgétaire disponible se heurte au manque des services d’analyse dont

le but consistera à améliorer la performance de la gestion,

- Assurer une formation pratique en matière de la gestion budgétaire et financière et des

marchés. Ce rôle incombe aux services de la tutelle.

2.2.4- le système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA

Selon nos entretiens avec les gestionnaires et les responsables on constate :

La nécessité d’instaurer un système contrôle interne des activités et des projets de la

CRB (manque de manuel de procédure, comptabilité patrimoine, séparation des taches,

performance, programme de formation, conseil, suivi) ;

le discours sur la gouvernance demeure selon les gestionnaires locaux théorique au

regard de l’insuffisance des moyens ;

L’audit interne n’est pas généralisé et ne s’étends pas à la commune Beni Methar ;

La mise en place d’une structure chargée de l’évaluation des projets de l’INDH avec un

programme, une carte de risque et une charte d’audit au sein de la Préfecture devrait

s’élargir aux communes rurales .Il s’agit d’un un atout considérable dans le processus

de développement de la culture du suivi- évaluation.

La Division d’audit interne) DAI créée en 2008 sur décision (du wali) est

directement, au regard de son caractère transversal, rattachée au Wali de la Région qui

est président du CPDH de la préfecture.

En fin faut t- il conclure que la CRB dispose de beaucoup de potentialités financières à

développer. Or il existe un risque très élevé de conception, de suivi et d’évaluation continue

des projets et surtout de mesure des impacts sur la population. Cela est du au manque de la

pratique de contrôle interne des recettes fiscales, du patrimoine et des projets et des

réalisations.

A cet égard la gouvernance et la convergence demeurent deux concepts théoriques chez les

gestionnaires. les citoyens et les divers acteurs sociaux auront besoin de plus de soutien de la

part notamment des services extérieurs et des administrations centrales notamment en matière

Page 48: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

48

d’harmonisation de la législation et la sensibilisation des différents intervenants dans la

gouvernance locale et la convergence des projets .

2.2 .5-Conclusion sur les aspects budgétaires et financiers

La CRB aura besoin de produits fiscaux et des ressources financières et humainesimportants à mobiliser, à développer ou à motiver à court, à moyen et à long terme.

Les freins à surmonter sont multiples à l’échelon de la gestion financière et budgétaire de

la CRB. Ils résident dans les éléments caractéristiques suivants :

- Faiblesses afférentes à la planification stratégique participative (PSP) et à la

convergence PCD budget communal :

- Faiblesses relatives à la capacité de programmation et d’exécution budgétaires et

fiscales :

- Faiblesses du système de reddition des comptes et de circulation de l’information entre

les services budgétaires et financiers, les élus, les citoyens et les partenaires.

- Faiblesses du système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA.

2.3- Conclusion sur la dynamique de la collectivité

Face aux multiples enjeux de développement de la commune, enjeux d’ordre

économique, social, environnemental et culturel, la dynamique de la collectivité est-elle de

nature à apporter, sur les plans institutionnel, organisationnel, et du point de vue des

ressources humaines et financières, des réponses appropriées, par rapport à la situation

actuelle et dans une perspective de moyen et long terme ? Cette question a été examinée à

trois niveaux complémentaires:

- Le premier concerne le profil de l’élite politique en charge de la gestion

communale. Il s’agit d’une équipe certes soudée autour d’un leader (président),

d’un niveau moyen d’instruction appréciable, mais avec une faible représentativité

des femmes et des jeunes.

- Le second niveau a trait aux avancées et limites de la démocratie locale. La

confortable majorité au sein du Conseil améliore son fonctionnement en lui

assurant souplesse et facilité dans la prise de décision mais a son revers

puisqu’elle prive la commune d’une réelle force de proposition et d’un mécanisme

d’évaluation critique de ses activités. La quasi-absence de pratiques de contrôle et

d’évaluation, en dehors de celles prévues dans le cadre de la tutelle, ne favorise pas

Page 49: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

49

l’approfondissement de la démocratie locale ; à noter sur le même plan, l’absence

d’un véritable plan de communication sociale.

- Quant aux aspects portant sur l’organisation de la commune et ses ressources, on

remarque une tendance générale à se conformer aux textes de loi portant sur

l’organisation communale et la documentation des activités du Conseil.

Cependant, des insuffisances ont été relevées notamment pour ce qui est de

l’adéquation entre profils des responsables de commissions et les missions de ces

dernières, l’absence ou la non opérationnalisation de commissions (commission

d’équité et d’égalité des chances) et l’inexistence de structures permanentes

dédiées à la communication avec les citoyens. La réalisation du SIC et d’un tableau

de bord consacre un réel progrès de modernisation de la commune ; il faut

néanmoins en faire un véritable outil d’aide à la prise de décision, de suivi-

évaluation des PPA et de communication avec les citoyens et les partenaires de la

commune.

Ce défi relevant de l’e-gouvernance des collectivités territoriales, thème d’actualité, n’est

pas irréalisable eu égard au capital de compétences techniques dont dispose la commune

grâce à l’appui des Agences du Système des Nations Unies. Le personnel présente des

limites en termes d’effectifs et de compétences.

Au chapitre des déficits de la gestion budgétaire et financière, on peut citer le recours

excessif aux reports, la capacité limitée de programmation des projets et la forte

dépendance du budget communal de la subvention de l’Etat.

Sur le plan budgétaire et financier, la situation est plutôt mitigée. Ainsi, si l’observation

de l’évolution annuelle de l’excédent montre que ce dernier a tendance à croître, il faut

prendre garde de ne pas comptabiliser cette situation comme indicateur d’une bonne

santé budgétaire ; le recours excessif aux reports, la faible capacité de programmation des

projets sont les principales limites de la gestion financière et budgétaire. L’examen de la

structure des recettes et leur évolution permet aussi de constater la forte dépendance du

budget communal par rapport à la subvention de l’Etat et en corollaire la faible capacité

de la commune à mobiliser et développer des fonds propres.

La situation budgétaire, plutôt défavorable, a des implications directes sur la structure

des dépenses dominée par les dépenses de fonctionnement. Cette situation se caractérise

par des déficits à quatre niveaux :

Page 50: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

50

- Planification stratégique participative et convergence PCD/budget communal ;

- Capacités de programmation et d’exécution budgétaires et fiscales ;

- Système de reddition des comptes et de circulation de l’information entre les

services budgétaires et financiers, les élus, les citoyens et les partenaires ;

- Système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA.

3- Les PPA et la gouvernance locale

Cette partie traite des programmes, projets et actions (PPA), sous l’angle de la gouvernance

locale. Il s’agit de voir dans quelle mesure les PPA dans leurs cycles respectifs (préparation,

élaboration, mise en œuvre et contrôle, suivi, évaluation) sont fondés sur les principes et

objectifs de la gouvernance locale.

Les PPA à apprécier comprennent :

- L’INDH : les 4 programmes et les sous-programmes les composant et en particulier

les AGR ;

- Le PCD : élaboration, mise en œuvre et évaluation ;

- Les programmes relevant de l’OMD «lutte contre la pauvreté ».

3.1- Dynamique de l’INDH

La gouvernance locale est issue de la gouvernance politique ; elle fait appel à des formes de

coordination incluant plusieurs acteurs : coopération, réseau, alliance, partenariat.

Dans ce contexte, l’INDH est une action publique locale ; elle n’émane pas de la seule autorité

politique, mais implique des acteurs non étatiques dans les processus décisionnels. Les résultats

attendus de l’INDH sont la lutte contre la pauvreté et la précarité en milieu rural et urbain par la

réalisation d’investissements sociaux d’une part et le renforcement de la gouvernance locale,

d’autre part.

L’Initiative Nationale de Développement Humain est venue à point nommé pour combler

certains déficits et manques sociaux dont souffraient certaines communes urbaines mais surtout

rurales, en mettant en synergie les actions et les programmes des différentes interventions

sectorielles et les actions des collectivités locales.

Page 51: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

51

Les activités de l’INDH en milieu rural12 ont pour objectif de réduire la pauvreté et l’exclusion

du monde rural. Les actions prévues officiellement sont regroupées sous quatre volets :

Soutien à l’accès aux infrastructures de base ;

Dynamisation du tissu économique local par des AGR ;

Soutien à l’action et à l’animation sociale, culturelle et sportive ;

Renforcement de la gouvernance et des capacités locales.

3.1.1- Aspects institutionnels et organisationnels13

1- Représentativité au sein du CLDH :

Le Comité Local de Développement Humain (CLDH) est établi au niveau de la

commune. Il constitue l'instance locale d'élaboration, de décision, de gestion, d'évaluation et de

suivi du programme de l'ILDH. A travers l’EAQ, il organise le processus de participation et les

réunions de consultation au niveau du douar, coordonne et valide le diagnostic participatif. Il

évalue les propositions de projets en consultation avec la population. Il établit le programme

d'Initiative Locale de Développement Humain (lLDH), ce dernier est présenté et défendu

auprès du CPDH, pour la prise en compte et le financement par l'INDH.

Le CLDH est présidé par le président du conseil communal, et comprend un maximum de 15

membres, comme le montre le tableau suivant :

Tableau n° 9 : Composition du CLDH au sein de la C.R BNI Mathar

Catégories Effectif

1.1 Nombre d'élus 05

1.2 Nombre des services Etatiques 05

1.3 Nombre de représentants de la société civile 05

1.4 Femmes élues 01

1.5 Femmes secteur public 01

1.6_Femmes société civile 01

Source : Commune rurale Bni Mathar

12Cf « Etude sur la convergence

13Pour plus de détails, voir cahiers des procédures INDH : programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural,

www.indh.ma

Page 52: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

52

Le CLDH de la C.R Bni Mathar, à l’instar des autres communes, se compose :

- du Président de la commune qui préside le CLDH ;

- 1/3 des membres élus représentant de la commune ;

- 1/3 des membres en tant que représentants des services de l’Etat opérant dans la

commune ;

- 1/3 des membres en tant que représentants de la société civile.

Nous remarquons d’après le tableau ci-dessus, que le nombre de femmes au sein du comité est

très faible et sa participation dans la gestion de la commune demeure très limitée, cela est

expliqué par le statut de la femme dans la commune d’une part, et le conservatisme de la

société locale quant à la participation féminine à la vie publique, d’autre part.

2- Degré de participation de chaque composante au CLDH

D’après les entretiens menés avec les différentes composantes du CLDH, il s’avère que la

participation est inégale selon les acteurs. Ainsi, la participation aux activités du CLDH de la

part des élus et de la société civile paraît régulière et continue, celle des services étatiques

semble moins assidue et suivie.

La perception de la population du rôle de l’INDH et de ses organes tend néanmoins à

considérer qu’il s’agit beaucoup plus d’une source de financement de projets, voire même

d’une source de revenus pour les catégories les moins aisées, que d’une démarche novatrice.

Les entretiens avec différents acteurs locaux ont laissé voir que le Président de la commune

rurale Bni Mathar est apprécié par les différents membres du CLDH et que l’autorité locale

joue un rôle de facilitateur et d’appui logistique.

3- Moyens du CLDH

Les moyens dont dispose le CLDH demeurent très limités, ils sont issus d’un don obtenu dans

le cadre de partenariat avec la Chine (ordinateur, imprimante, data show, TV). Ce don a permis

l’utilisation des NTIC pour la réalisation des documents administratifs, ce qui a entraîné une

amélioration sensible des services redus à la population.

Il est important de rappeler que les moyens sont insuffisants, afin que le CLDH puisse réaliser

convenablement sa mission.

Page 53: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

53

4- Place, rôle de l’Equipe d’animation communale (EAC) :

L’EAC est la structure opérationnelle du CLDH. Elle l’assiste dans la préparation, la mise en

œuvre et le suivi de l’ILDH ainsi que dans la diffusion de l’information. Elle constitue le

secrétariat du CLDH et organise le processus de préparation participative de l’ILDH de la

commune, en s’assurant de la participation de tous les douars et des groupes les plus

défavorisés de la commune. Le CLDH a la latitude de mobiliser des capacités techniques (et

également des capacités de gestion administrative et comptable/financière) pour appuyer l’EAC

et vérifier la faisabilité des actions et projets (auprès de la DAS ou autres).

Composition de l’équipe d’Animation communale :

L’EAC de la CR Bni Mathar se compose de 3 fonctionnaires et un représentant de la société

civile.

Par ailleurs, il est important de noter que d’après les entretiens menés, quelques insuffisances

ont été décelées, on peut notamment citer :

- Faible implication des élus dans l’EAC, ce qui a permis de favoriser le renforcement

de l’initiative de l’autorité locale dans le pilotage des projets l’INDH

- Non implication de la femme dans l’EAC (conservatisme de la population)

- Manque de moyens humains et financiers pour assurer un suivi adéquat des projets

- Absence d’une approche participative au niveau des choix des modules de formation

- Déficit au niveau de la communication, les habitants ne sont pas informés des

missions de l’EAC.

5- Représentativité au sein du CPDH :

Les missions du CPDH :

Le CPDH valide les initiatives locales de développement Humain (ILDH) et les activités

facilitatrices sélectionnées par les CLDH. Il assure la transparence en communiquant avec

toutes les parties prenantes à travers les canaux appropriés sur les processus et critères de

validation des ILDH et de sélection des activités facilitatrices, ainsi que sur les contrats et

conventions passés pour la réalisation des projets. Il consolide et met en convergence les ILDH

et les programmes sectoriels et contrôle le respect des procédures de l’INDH.

Page 54: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

54

- Met en œuvre le programme transversal dans sa province. Ce programme comprend

des activités de formation et de renforcement des capacités des acteurs de l’INDH au

niveau local et provincial et le programme d’appel à projet.

- Propose au comité Régional de Développement Humain (CRDH) des actions

spécifiques des réductions de la précarité en milieu rural sur la base des informations

issues des diagnostics participatifs.

- Mobilise les membres du réseau d’experts pour le compte des acteurs locaux.

- Le CPDH se dote d’un règlement intérieur qui précisera les modalités de son

fonctionnement et de prise de décision. Ce règlement sera largement diffusé par voie

de presse et /ou de radio et/ou d’affichage.

Représentativité :

Les représentants de la commune au sein du CPDH sont :

- Le président de la commune et du CLDH

- Le secrétaire du conseil communal (membre associatif)

D’après les entretiens menés avec les différents acteurs communaux, les principaux résultats

obtenus sont :

- Une participation active des représentants de la commune dans le CPDH.

- Les représentants de la commune veillent à l’application des propositions du CLDH.

6- Degré de participation au CPDH

Deux représentants de la commune participent activement aux réunions du CPDH. Ils veillent à

valider les ILDH proposées par le CLDH et à assurer la mise en convergence et la

complémentarité entre les ILDH et les programmes sectoriels.

Mais, il est important de signaler le manque de coordination institutionnelle des programmes

sectoriels avec l’INDH (difficultés d’harmonisation des programmes, notamment dans les

domaines de l’éducation et de la santé).

7- Contribution de la Division d’Action Sociale (DAS) :

Composition :

- Responsable de la DAS

Page 55: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

55

- Plusieurs animateurs et animatrices sociaux.

- Assistants de gestion pour la gestion de projets, les aspects techniques, administratifs et

comptables/financiers.

- La DAS pourra faire appel à des personnes ressources en fonction de ses besoins.

Contribution de la DAS

Les principales contributions de la DAS dans le renforcement des compétences sont :

-Coordination entre la commune et la DAS au niveau de la formation des comités et sous

comités parmi les bénéficiaires.

-Des campagnes de sensibilisation au profit des acteurs locaux pour le renforcement des

capacités (formation continue). Nous pouvons citer l’exemple14 des modules de formation

dispensés au profit des jeunes agriculteurs, pour une amélioration de la productivité dans

l’agriculture.

Toutefois, des faiblesses ont été décelées lors des entretiens menés, on peut citer :

-Les capacités humaines de la DAS demeurent généralement insuffisantes et ne peuvent

couvrir tout le territoire provincial ;

- Le manque de spécialisation du personnel de la DAS ;

- Les formations dispensées n’ont pas toujours tenu compte des besoins réels exprimés par les

acteurs locaux. Par exemple, les formations dispensées au profit des porteurs de projets ne

tiennent pas compte de leur niveau de formation.

- Manque de coordination entre la DAS et la société civile en matière d’offre de modules de

formation.

8- Représentation au sein du CRDH :

Aucune représentation de la commune au sein du CRDH.

9- Mode de participation au CRDH

Les membres du Conseil de la commune ne font pas partie du CRDH.

10- Liens entre organes de l’INDH

14Exemple présenté par le représentant de la chambre de commerce, lors de la restitution dans la commune

rurale Bni Mathar du 06-03-2012.

Page 56: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

56

Le processus INDH a produit un effet dynamisant sur les activités et les projets des différents

acteurs concernés. Par sa mise en œuvre l’INDH est présentée par les intervenants comme une

alternative à l’échec des politiques du gouvernement dans le domaine social. Les résultats

attendus sont :

- La promotion des actions qui vont compléter ou améliorer l’utilisation des

équipements publics existants

- Le renforcement et le soutien des initiatives locales entreprises par des groupes

d’intérêts au niveau d’un ou plusieurs Douars (société civile, associations et secteur

privé, etc.) et qui ont pour objectif d’améliorer les revenus et les conditions de vie de

tout ou partie de la population de la commune, qui renforcent la participation et la

citoyenneté et qui ne porte pas préjudice à l’environnement.

Par ailleurs, il est important de signaler que l’intervention des divisions régionales impliquées

dans la conception et le suivi des projets est très variable entre provinces et au sein d’une

même province.

D’après les entretiens menés auprès des différents acteurs locaux, il s’avère que :

- L’implication de la population est limitée à la conception des projets.

- Il existe un déficit au niveau de la communication entre les différents organes et les

acteurs de développement.

- Insuffisance au niveau de l’appropriation par les services extérieurs de la dynamique

initiée par l’INDH ;

- Manque de coordination entre les divisions provinciales impliquées.

Ainsi, il est à signaler qu’il existe un lien étroit entre le CLDH et le CPDH ; ce dernier valide

l’ILDH, élabore des conventions de son financement avec les partenaires locaux, débloque les

fonds correspondants et supervise la mise en œuvre des programmes. Par contre, le CRDH

sensé assurer la mise en cohérence globale des initiatives provinciales de développement

humain, joue un rôle purement formel ; d’où un lien limité entre CRDH et CLDH.

3.1.2- Processus de préparation, diagnostic, planification de l’ ILDH

1-Préparation ILDH, degré de coordination et de cohérence :

Cette phase doit permettre à la commune, aux organisations communautaires de base, aux

communautés villageoises et aux services techniques locaux de prendre conscience de

l’importance d’élaborer une ILDH et de se doter des moyens organisationnels et financiers pour

Page 57: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

57

sa mise en œuvre. Elle permet également aux acteurs locaux et aux populations de prendre

conscience de l’intérêt d’être bien représentés au sein du CLDH en vue de mieux défendre leurs

projets. Cette phase préparatoire de l’INDH est structurée en trois étapes.

Etape 1 : Mise en place du CLDH et de l’EAC

Les objectifs visés sont les suivants :

-Informer/ sensibiliser les acteurs locaux et les populations sur l’importance de l’élaboration de

l’INDH et de l’intérêt d’être bien représentés au sein du CLDH pour défendre leurs projets ;

-Mettre en place les instances INDH au niveau communal.

Etape 2 : Formation des membres du CLDH et de l’EAC

Les résultats attendus sont :

- Sensibiliser

- Informer

- Amorcer une dynamique locale

- Etablir un calendrier et un budget prévisionnel en vue de diagnostic participatif.

Etape 3 : Elaboration de la monographie

Les objectifs visés sont les suivants :

- Mettre en place une banque de données pouvant alimenter la réflexion dans l’acte de

planification.

Concernant la préparation de la monographie, on remarque :

- Une forte coordination et cohérence entre les différents acteurs au niveau de

l’élaboration de la monographie.

- Coordination entre la commune et certains services extérieurs (agriculture, ONE,

ONEP).

Toutefois, on décèle quelques insuffisances :

- Manque de convergence des ILDH avec certains programmes sectoriels (éducation,

santé)

- Manque de moyens financiers et de compétences

Page 58: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

58

2-Diagnostic participatif :

Le diagnostic participatif structure le dialogue entre le CLDH et les habitants de la commune.

C’est un processus qui permettra aux habitants de la commune et à l’administration d’identifier

les potentialités et les contraintes de la commune et de ses institutions ainsi que les activités et

projets pour lesquels les habitants et les opérateurs économiques locaux sont prêts à se

mobiliser. Le diagnostic participatif permet aussi de produire des informations de base

(indicateurs) sur la situation de référence de la commune.

3-Planification :

Cette phase correspond à la définition des axes stratégiques et à la mise en forme de l’ILDH,

pendant que les activités facilitatrices sont mises en œuvre.

Le CLDH et l’EAC organisent des ateliers de planification au niveau de la commune pour

identifier et formuler les projets en se référant et en analysant le document de la monographie

communale, les résultats du diagnostic et en utilisant les critères d’éligibilité et de sélection :

- Définir les objectifs stratégiques à atteindre (en relation avec le développement

humain) ;

- Sélectionner et hiérarchiser les projets qui ont un lien direct et concourent à la

réalisation des objectifs fixés (en incluant les activités facilitatrices retenues) ;

- Identifier les indicateurs et préciser leurs valeurs initiales ;

- Mettre en forme l’ILDH selon un canevas préétabli ;

- Informer la population de la commune sur les résultats de leurs travaux.

Définition des objectifs stratégiques et indicateurs d’impact :

Les objectifs visés sont :

- Définir les objectifs stratégiques.

- Identifier les indicateurs.

- En se référant aux résultats du diagnostic participatif, le conseil communal présente

différents axes de développement, après discussion, le conseil valide les axes

stratégiques, prioritaires pour la commune. Ces axes sont identifiés par l’EAC.

- Le conseil communal sélectionne et classe les idées de projets issus du diagnostic

participatif, en tenant compte des attentes de la population.

- Rôle de premier plan de la coopération internationale dans l’élaboration du PCD.

Toutefois, d’après les entretiens, on a identifié les insuffisances suivantes :

Page 59: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

59

- Manque de ressources humaines et financières ;

- Manque de projets novateurs, les mêmes projets se répètent ;

- Absence d’indicateurs d’impacts ;

- Absence d’arguments et de justificatifs pour les projets non retenus.

3.1.3- Performance des partenaires

Les partenaires

L’INDH, malgré quelques dysfonctionnements, est perçue comme une bonne initiative qui

assure une forte mobilisation des acteurs.

- On constate l’implication de plusieurs partenaires, on peut notamment citer : DAS,

DGCL, UNICEF, ART GOLD15, ADO. Ces acteurs ont contribué à l’amélioration

sensible des compétences.

- L’INDH a permis d’améliorer les conditions de vie de la population via la création

des AGR.

- L’INDH via la DAS a permis d’assurer des modules de formation ciblés sur

l’entreprenariat au profit des agriculteurs, éleveurs et aux porteurs de projet.

Toutefois, des déficits persistent, on peut notamment citer :

- Nombre de projets réalisés dans le cadre des partenariats demeure très limité.

- Manque de moyens humains et financiers pour assurer le contrôle et le suivi.

Renforcement des capacités16 :

Les élus locaux, la société civile,…s’inscrivent pleinement dans les objectifs nationaux visés

par la décentralisation et pour mieux faire face à leurs responsabilités de gestion accrue, le

renforcement des compétences devient dans ce contexte inéluctable.

Les résultats attendus sont les suivants :

- Renforcement des capacités des acteurs locaux en matière de gestion de la commune.

- Appui à l’organisation de la commune

- Accompagnement des porteurs de projets par des formations ciblées en vue d’une

pérennisation du projet et développement de l’esprit d’entreprenariat.

15Pour plus de détails, cf au « Programme ART GOLD en appui à la stratégie de l’oriental, PNUD, Mars 2008.

16Cf « Revue à mi-parcours de l’INDH juillet 2005 à fin 2008, analyse sectorielle des projets INDH, ONDH, Avril

2009

Page 60: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

60

- Promouvoir l’exécution transparente, un suivi et un contrôle des résultats dans

l’organisation.

Les modules de formation identifiés par les acteurs sont les suivants :

- Fonctionnement des organes du conseil

- Gestion budgétaire

- Gestion de l’environnement et des ressources naturelles

- Montage du projet pour promouvoir l’esprit d’entreprenariat

- Formation en direction des porteurs de projets en rapport avec l’activité retenue.

Au niveau de la CR Beni Mathar, le renforcement des capacités constitue un axe prioritaire

pour les différents acteurs locaux. La formation a eu un impact positif sur :

- Le personnel administratif de la commune a bénéficié de plusieurs modules de

formation ciblés, ce qui a permis l’élaboration de la monographie, du PCD et du SIC.

- Les modules de formation consacrés au profit des porteurs de projets ont eu un

impact positif sur la pérennisation des projets INDH et la promotion de l’esprit

d’entreprenariat.

- La coopération internationale a participé au renforcement des capacités des porteurs

de projet en rapport avec leur activité.

Néanmoins, malgré les réalisations dans le domaine du renforcement des capacités, certaines

insuffisances ont été décelées17, on peut notamment citer :

- Les agents locaux concernés par l’INDH ne sont pas toujours consultés dans

l’élaboration des modules de formation.

- Absence d’une évaluation et d’un feed-back des formations dispensées.

- Manque de qualification de certains formateurs. Parfois inadéquation entre le profil du

formateur et le module de formation dispensé. D’après les entretiens menés avec les

différents acteurs, on constate que certains formateurs ont du mal à faire passer le

message et les acteurs ont eu du mal à assimiler le module de formation (par exemple,

le côté théorique domine au détriment du côté pratique)

17Pour plus de détails, voir « Audit et performance des programmes INDH », Ministère des finances, Octobre

2009

Page 61: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

61

3.1.4- Projets INDH dans la commune

L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), vise la réduction des déficits

sociaux les communes rurales démunies, le renforcement de la cohésion sociale et

l’instauration d’un dynamisme en faveur du développement humain.

Parmi les programmes de cette initiative dont la commune rurale Bni Mathar a bénéficié, on

trouve le programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural où sont prévues les actions

suivantes :

- soutien à l'accès aux équipements sociaux, sanitaires et éducatifs de base ;

- dynamisation du tissu économique local par des activités génératrices de revenu ;

- soutien à l'action et l'animation sociale : alphabétisation, sport, prévention santé;

- renforcement de la gouvernance et des capacités locales.

Page 62: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

62

Tableau n°10 : Etat des projets réalisés dans le cadre de l’INDH (2006-2012)

ANNEE Intitulé du projetporteur du

projetAxe

d’interventionLocalisation

du projetNombre de

bénéficiairesPartenaires Observations

2006

Construction de vingt magasins commerciaux( y compris études)

Commune AGRDouar Ouled

Kaddour

20- C.R

- I.N.D.HRéalisé

Assainissement liquide à Douar Ouled Kaddour etOuled Ali 1èretranche ( y compris études)

CommuneAccès aux

équipementset services

sociaux de base

2619- C.R

- I.N.D.HRéalisé

Extension de réseau d’électricité au niveau douarOuled Ali ( y compris études)

Commune Douar Ouled Ali 18 Foyers- C.R

- I.N.D.H- ONE

Réalisé

Achat de deux postes de transformation aériens pour(Association Intilaka)

AssociationIntilaka

AGRDouar Ouled

Kaddour

27-Association

- I.N.D.HRéalisé

Acquisition d’équipement de la coopérative Nourpour l’encadrement de la femme rurale

CoopérativeNour

25- Coopérative

- I.N.D.HRéalisé

2007

Construction de six magasins commerciaux(y compris l’étude)

Commune AGRDouar Ouled

Kaddour06

- C.R- I.N.D.H

Réalisé

Assainissement liquide à Douar Ouled Kaddour etOuled Ali 2eme tranche (y compris l’étude)

Commune

Accès auxéquipements

et servicessociaux de base

Douar OuledKaddour

2619- C.R

- I.N.D.HRéalisé

Extension de réseau d’électricité à Oulad Kaddour(y compris l’étude) Commune

Douar OuledKaddour

150- C.R

- I.N.D.H- ONE

Réalisé

2008Assainissement liquide à Douar Ouled Kaddour et

Ouled Ali 3eme tranche (y compris l’étude)Commune

Douar OuledKaddour

2619- C.R

- I.N.D.HRéalisé et

relève du P.C.D

2009

Electrification douar Sahb Elwad Commune Sahb Elwad 16 Foyers

- C.R- I.N.D.H

- ONE- Conseil

Provincial

Réalisé etrelève du P.C.D

Construction d’un ouvrage d’art sur Oued EL hay Commune Zaouia 160- C.R

- I.N.D.H- Equipment

Réalisé etrelève du P.C.D

Achat d’une ambulance équipée CommuneTous les Douarsde la Commune

7082- C.R

- I.N.D.H

Programme ducrédit 1ere

tranche

Page 63: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

63

ANNEE Intitulé du projetporteur du

projetAxe

d’interventionLocalisation

du projetNombre de

bénéficiairesPartenaires Observations

2010

Achat d’une ambulance Commune

Accès auxéquipements

et servicessociaux de

base

Tous les Douars de laCommune

7082- C.R

- I.N.D.HRéalisé et

relève du P.C.D

Extension du réseau d’électricité aux différentsdouars de la Commune

CommuneDouars : Zaouia,

Ouled Kaddour, etOulad Ali.

156

- C.R- I.N.D.H

- ONE- Conseil

Provincial

Réalisé etrelève du P.C.D

Raccordement individuel par l’eau potable au douarOuled Bensar

AssociationBensar

douar Ouled Bensar 18 Foyers- I.N.D.H

- Association- ONEP

Réalisé

Achat de Onze (11) motocycles- triporteursAssociationEL FARAH

AGR Douar Sehb El Ghar 11- I.N.D.H

- AssociationRéalisé

2011Creusement et Equipement d’un Forage et SonApprovisionnement En Electricité Au Périmètre

Irrigué Ras El AinCommune AGR

Zone irriguée Ras ElAin

180

- C.R- I.N.D.H

- AssociationEl Wifaque

- Hydraulique

Relève du P.C.D

Source : Commune rurale Bni Mather (2012).

Page 64: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

64

L’analyse du tableau nous permet de présenter les remarques suivantes :

- Les projets réalisés dans le cadre de l’INDH sur la période 2006-2011 s’élèvent à 17.

- Les objectifs visés sont les suivants :

Amélioration du niveau de vie de la population par la création des activités

génératrices de revenus.

La promotion des acteurs qui vont compléter ou améliorer l’utilisation des

équipements publics existants.

Le renforcement des initiatives locales entreprises par les groupes d’intérêt au

niveau de plusieurs douars (Ouled kaddour, Ouled Ali, Sahb Elwad, Zaouia,

Douar Bensar, Sahr El Ghar) et qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être

de la population de la commune.

Depuis 2008, plusieurs projets réalisés relèvent du PCD ; ce qui témoigne

d’une volonté de renforcer l’approche participative (entre les différents acteurs

(élus, société civile, services extérieurs, ….).

Le porteur des différents projets est toujours la commune rurale Bni Mather à

l’exception de deux projets présentés par des membres de la société civile, ce

qui montre que la dynamique de l’INDH vise l’engagement des différents

acteurs dans un processus de participation et de concertation.

Les principaux partenaires ayant contribué dans la réalisation des projets dans

le coordonateur de l’INDH sont : Commune, Conseil provincial, ONE, ONEP,

Equipement, Société civile.

Le processus INDH a produit un effet dynamisant sur les activités et les projets

des différents acteurs concernés. L’INDH a eu un impact positif sur

l’amélioration du niveau de vie de la population18. Par sa mise en œuvre

l’INDH est présentée par les intervenants comme une alternative à l’échec

des politiques publiques dans le domaine social.

18 Témoignage du Président de la commune rurale Bni Mathar lors de la restitution du rapport

final portant sur le cadre méthodologique de suivi évaluation de la gouvernance locale et de la

convergence territoriale : cas de la commune rurale Bni Mathar du 06-03-2012

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65

Les projets retenus dans le cadre de l’INDH ont visé de combler les déficits

persistants dans la commune rurale Bni Mathar, dans le domaine des

infrastructures de base et au niveau social.

Le tableau suivant montre l’évolution du nombre de projets retenus dans la commune rurale

Bni Mathar et la participation de l’INDH dans le financement :

Tableau N° 11 : Nombre de projets réalisés grâce à l’INDH (2006-2010)

AnnéeNombre de

projets réalisésCoût global des

projets en DHParticipation

INDH2006 5 1 526 037 ,99 1 250 0002007 3 1 747 631,36 1 700 0002008 1 885 000 885 0002009 2 523 851 352 7292010 4 1 029 180 481 817

Source : Commune rurale Bni Mathar (2011)

Ces projets ont visé19 :

- Le soutien à l'accès aux équipements sociaux, sanitaires et éducatifs de base

(Assainissement liquide des douars, Extension de réseau d'électricité de certains

douars, Achat d'une ambulance) ;

- La dynamisation du tissu économique local par des activités génératrices de revenu

(Construction de vingt six magasins commerciaux ; Achat de Onze (11) motocycles

triporteurs), l’objectif visé est la baisse tendancielle du chômage d’une part, et

l’amélioration des conditions de vie d’autre part ;

- Le soutien à l'action et l'animation sociale : alphabétisation, sport, prévention santé ;

- La consilidation de la gouvernance et des capacités locales : renforcement des

capacités des acteurs locaux, soutien aux associations locales actives dans le

développement humain.

3.1.5- Conclusion sur la dynamique de l’INDH et gouvernance locale

Conscients de la nécessité de surmonter les déficits persistants dans les domaines

économique et sociaux, les programmes de l’INDH n’ont cessé de mener des actions en

vue de désenclaver la commune rurale Bni Mathar, d’améliorer l’infrastructure de base

et des conditions de vie en milieu rural.

19Rapport sur le développement humain 2008, ONDH, Juin 2009.

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Ces efforts ont été couronnés par la réalisation d’une séries de projets concernant

plusieurs secteurs (agriculture, commerce, santé, équipements de base,…).

Il est important de signaler que parmi les projets réalisés dans le cadre de l’INDH,

durant les années 2010 et 2011, presque la moitié des projets engagés relèvent du PCD ;

ce qui témoigne d’une sérieuse volonté de prendre en considération les programmes

adoptés par l’INDH des besoins de la population de la C. R Bni Mathar, on peut

notamment citer :

- Construction d'un ouvrage d'art sur Oued El hay ;

- Achat d’une ambulance ;

- Extension deux réseau d'électricité aux Zaouia, Oueld Kaddour et Oulad Ali ;

- Raccordement individuel au réseau de l'eau potable du douar Ouled Bensar.

Conformité réalisation / prévision

Les activités de l’INDH en milieu rural ont pour objectif de réduire la pauvreté et

l’exclusion de citoyens ruraux. Les actions prioritaires se résument ainsi :

- Appui à l’accès aux infrastructures de base, aux équipements sociaux de base

et aux services pour les personnes en situation de précarité (société civile).

- Dynamisation du tissu économique local par des activités génératrices de

revenus/d’emploi ; c’est-à-dire, le soutien des initiatives locales entreprises

par des groupes d’intérêt au niveau des douars « société civile, secteur

privé,… » et qui ont pour objectif d’améliorer les conditions de vie de la

population.

- Soutien à l’action et à l’animation sociale, culturelle et sportive.

- Renforcement de la gouvernance et des capacités locales.

L’INDH se focalise sur le respect de la dignité de l’Homme, la participation aux

processus d’expression de besoins à l’aide de diagnostics participatifs, d’identification,

de montage de réalisation et de suivi des projets, et de prise de décision et la bonne

gouvernance dans un cadre transparent.

Les principales réalisations dans le cadre de l’INDH sont20 :

20Cf au « Bilan des actions de l’INDH de 2005-2009 ; Synthèse étude sur la perception de l’INDH, ONDH, 2010

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67

- Le renforcement des pouvoirs des acteurs locaux par une gestion optimale des

actions de l’INDH ;

- L’adoption de l’approche participative via l’implication de la population et de la

société civile dans la gestion de la commune ;

- La dynamisation du tissu économique local par le développement des AGR ;

- L’incitation des acteurs locaux à inscrire leurs actions de développement dans

une démarche de planification, en vue de garantir un meilleur résultat ;

- La prise en compte du local en vue d’une meilleure satisfaction des besoins de la

population.

Au total, il est important de signaler que la plupart des projets adoptés dans le cadre de

l’INDH ont été réalisés. L’objectif d’une telle initiative est de combler les déficits

persistants au niveau des infrastructures de base, et de dynamiser le tissu économique

local par la création des activités génératrices des revenus.

Conformité par rapport à la gouvernance et la convergence

Les acteurs de développement local contribuent à la nouvelle gouvernance en

accompagnant les actions menées dans le cadre de l’INDH et en contribuant à

l’amélioration du cadre de vie des populations démunies en vue d’assurer un

développement durable.

L’INDH, malgré ces insuffisances, est perçue comme une bonne initiative qui assure une

forte mobilisation des acteurs nationaux et internationaux, via :

L’implication de plusieurs partenaires, on peut notamment citer : DAS,

DGCL, UNICEF, ADO, ART GOLD,… ces acteurs ont contribué à

l’amélioration sensible des compétences ;

L’amélioration des conditions de vie de la population via la création des AGR ;

La promotion de l’entreprenariat au profit des agriculteurs et, éleveurs et aux

porteurs de projets en assurant des modules de formation ciblés ;

Certaines associations ont montré des capacités importantes d’adaptation aux

exigences des actions menées dans le cadre de l’INDH (association des

éleveurs).

Page 68: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

68

Il est important de rappeler que malgré ces différentes réalisations, des insuffisances

persistent, on peut notamment citer :

- L’implication de la population est limitée à la conception des projets ;

- Il existe un déficit au niveau de la communication entre les différents services ;

- L’insuffisance au niveau de l’appropriation par les services extérieurs de la

dynamique initiée par l’INDH ;

- L’existence du problème de cloisonnement dans les différents services ;

- Le nombre de projets réalisés dans le cadre des partenariats demeure très limité ;

- Le manque de moyens humains et financiers pour assurer le contrôle et le suivi

des projets;

- Le manque de projets novateurs, on constate une répétition des projets proposés ;

l’élevage revient en force comme activité proposée par les porteurs de projets;

- La complexité des procédures au niveau de la mobilisation des fonds dans le

cadre de l’INDH ;

- La récupération politique de l’INDH du fait que le Président de la commune est

aussi Président du CLDH, la population estime que c’est le Président de la

commune qui est à l’origine des projets proposés ;

- Faible implication du secteur associatif dans le processus de l’INDH, que ce soit

en matière d’identification, de conception et de financement des projets, mais

aussi au niveau de la gestion partenariale ou de gouvernance locale ;

- Inadéquation entre les exigences des actions de l’INDH et les compétences de

certains membres des associations au niveau du mode de gestion des projets.

3.2- Dynamique du PCD21

Avant d’examiner dans quelle mesure les projets, élaborés dans le cadre du PCD, réalisés ou

en cours de réalisation, s’inscrivent dans le cadre de la vision et des objectifs énoncés, on doit

analyser le déroulement du processus de planification communale à travers les différentes

phases du PCD et l’apprécier par rapport aux principes de la gouvernance locale, à savoir :

21Plan Communal de la Commune Rurale Bni Mathar.

Page 69: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

69

- Niveaux et qualité de la participation des acteurs aux différentes phases du PCD ;

- Intensité et qualité des réseaux entre acteurs ;

- Répartition des tâches, complémentarité et efficacité ;

- Respect des nouvelles approches de développement : participative, Genre,

environnementale, territoriale, Droit.

- Modes de prise de décision et modalités de gestion des projets par la commune

(coordination, transparence, recherche de consensus, etc.).

Cette question mérite d’être traitée également sous l’angle de l’impact des PPA en

termes de renforcement de la gouvernance locale. Une telle analyse se heurte cependant à

l’absence d’études d’impact et d’évaluation des PPA.

3.2.1- Planification communale, outil de promotion de la gouvernance

locale

On doit remarquer que le processus de planification communale dans la commune de Bni

MATHAR a été initié dès 2008 et que ce processus a progressé puisque certains projets

identifiés dans le cadre du PCD sont réalisés ou en cours de réalisation. L’appui de l’UNICEF

et d’ART GOLD à ce processus a été déterminant et a permis, outre la formation d’un capital

de compétences, d’initier une dynamique de développement territorial.

Examinés sous l’angle de la gouvernance locale, le PCD et les projets initiés dans son cadre

peuvent être caractérisés comme suit :

- Du point de vue des niveaux et de la qualité de la participation au processus du PCD,

on peut remarquer que cette dernière a été inégale et différenciée selon les phases et

également partielle puisque l’implication des services étatiques, en termes de

représentation et de niveaux de responsabilité, a été très limitée.

- D’un autre côté, on constate que les réseaux entre acteurs sont peu développés, ce qui

se traduit par des déficits en synergie et valorisation des opportunités de

développement des projets ; la société civile locale qui aurait pu jouer un rôle

d’animation territoriale et de développement de partenariat est encore peu

développée. Les capacités de la commune en matière de développement

institutionnel -partenariat multi acteurs, intercommunalité, etc.- sont limités et les

services étatiques représentés localement sont en nombre très réduit. Les

Page 70: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

70

organisations internationales -UNICEF, FIDA, USAID- ont certes joué un rôle

important en matière de planification communale et d’appui aux PPA, mais force est

de constater que le mouvement enclenché qui a produit des projets qu’on pourrait

qualifier de « première génération », centrés principalement sur les infrastructures de

base, ne s’est pas encore amplifié pour se transformer en processus de

développement autoentretenu.

3.2.2- Structures impliquées dans le processus d’élaboration et de mise en

œuvre du PCD

- Quant au respect des nouvelles approches de développement dans la conduite du

PCD et des projets qui en résultent, on doit remarquer qu’en plus des limites de

l’approche participative que nous venons de souligner, l’approche genre a été un peu

étriquée puisqu’elle s’est limitée à l’organisation d’ateliers de concertation avec les

femmes dans le cadre du diagnostic participatif. La démarche n’a pas été étendue aux

phases de planification stratégique et de mise en œuvre des projets. Les autres

dimensions du développement durable, notamment l’approche environnementale et

l’approche territoriale intégrée, ne sont pas suffisamment prises en compte dans les

différentes phases de la planification communale.

- Vu ses attributions, la commune devrait jouer un rôle central de développement de

son territoire. Elle devrait en effet, mobiliser les autres acteurs, les mettre en

synergie, orienter et coordonner leurs actions en fonction d’une vision établie de

façon concertée. Dans le contexte de la commune de Bni MATHAR, en dépit des

ambitions affichées, les capacités et les moyens humains et financiers ne sont pas à

même de permettre à la commune de jouer ce rôle de moteur de développement.

3.2.3- Elaboration du PCD : Préparation et lancement :

Le PCD a profité d’une forte adhésion du Conseil communal et de l’appui déterminant de

l’UNICEF (Programme de lutte contre la pauvreté UNICEF, DGCL, ADO) et d’ART GOLD

(PNUD). Ce lancement a été préparé par la tenue de dix ateliers de formation au profit du

personnel de la commune sur des modules d’initiation à la planification stratégique

participative et aux approches de développement. Durant le lancement du PCD, les acteurs

impliqués sont : la commune, l’UNICEF, ART GOLD et la DAS de la province de Jerrada.

Page 71: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

71

3.2.4- Pertinence du diagnostic participatif

Elle a donné l’occasion à l’équipe technique d’animation de la commune de mettre en

pratique les enseignements tirés des ateliers de formation. Sur le plan méthodologique, des

choix ont été faits d’organiser les 28 ateliers de concertation au niveau de chaque Douar et par

catégorie de population : femmes, hommes et enfants. Le document du PCD, ainsi élaboré, se

décline en trois axes : présentation de la commune, résultats du diagnostic participatif et plan

stratégique. Le diagnostic a été réalisé pour chaque Douar sous forme d’un canevas

comprenant par thème (axe) : le problème, ses causes et les solutions proposées.

L’évaluation de cette phase permet d’émettre trois remarques :

- Absence d’une vision pour l’ensemble du territoire de la commune ;

- Les arbres à problèmes ne sont pas construits selon l’approche genre, ce qui aurait

pu justifier la méthodologie des ateliers de concertation organisés pour les hommes

et pour les femmes ;

- Faible participation des services étatiques et de la société civile à l’atelier de

restitution des résultats du diagnostic participatif.

Page 72: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

72

3.2.5 Mise en œuvre du PCD22 :

Le plan stratégique est fondé sur une vision concertée du Conseil communal. Cette dernière a

retenu deux objectifs principaux :

- Création et renforcement des infrastructures de base (Accès à l’eau potable,

électricité et routes) ;

- Amélioration de la situation de la population en général et celle des femmes et des

enfants en particulier, et ce en travaillant à la réalisation des objectifs de Plan

National pour l’Enfance et ceux des OMD.

Cette vision se décline en axes stratégiques dans le cadre du PCD, comme suit :

- Aménagement des infrastructures de base et équipement : eau potable, électricité,

assainissement, infrastructures dans les domaines de l’hygiène et la santé ;

- Appui au tissu socioéconomique et culturel : généralisation de la scolarisation,

équipement des terrains agricoles irrigués et réhabilitation des parcours ;

- Valorisation et préservation des ressources naturelles : réhabilitation du couvert

végétal et lutte contre l’érosion.

- Développement des qualifications et compétences locales : main d’œuvre en

général et filles rurales en particulier.

En suivant les instructions du guide de PCD, les projets en cours de réalisation pour l’année

2009 sur le territoire de la commune ont été recensés ; l’ensemble de ces projets portait sur les

infrastructures de base :

Tableau N°12 : Projets en cours de réalisation dans la commune de Bni MATHAR en

2009

Intitulé duprojet

Localisation

Institutionchargée de la

mise enoeuvre

Coût duprojetEn DH

Source definancement

Construction demurs pour

établissementsscolaires

Douar SAHBEL RAZ et

Douar ZAOUIA

Province deJerada

378060.00 JamaaSoulalia TribuBni MATHAR

22Pour plus d’information, voir la monographie et le PCD de la Commune rurale Bni MATHAR, op cités.

Page 73: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

73

Réfection decanaux d’irrigation

« SEGUIA »

Zone RasElMA

ProvinceJerada

115896.00 JamaaSoulalia TribuBni MATHAR

Réfection de« SEGUIA »

Douar SahbAbd ELOUAD

ProvinceJerada

148692.00 JamaaSoulalia TribuBni MATHAR

Réfection de« SEGUIA »

Douar SahbEl RAZ

ProvinceJerada

412686.00 JamaaSoulalia TribuBni MATHAR

Réfection de« SEGUIA »

ASSARAJIA ProvinceJerada

40 332.00 ProvinceJerada

Constructiond’une route de 6 km

Entre la routenationale N° 17

et la stationd’énergie solaire

ONE 39 446 998.20

ONE

Aménagementd’espaces verts

(plantation d’arbres)

Douar OuledKADDOUR

ProvinceJerada

27 000.00 ProvinceJerada

Constructiond’un stade

Douar OuledKADDOUR

PromotionNationale

685 706.28 Commune etPromotionNationale

Réalisation d’unréseau d’assainissement

liquide

Douar OuledKADDOUR

Commune 1 740996.00

Commune etINDH

Source : PCD de la commune de Bni MATHAR

Ces données sur les projets en cours de réalisation en 2009 constituent un indicateur

significatif de la dynamique socioéconomique de la commune. Cette situation est caractérisée

par :

- L’inconsistance des projets : 7 projets sur 9 sont de petites dimensions ;

- Le seul projet d’envergure (39 446 998.20 DH), à savoir la construction d’une route

et de deux ponts pour desservir la station d’énergie solaire a permis de désenclaver

deux Douars tels que Douar Sahb ELRAZ et Douar ZAOUIA.

- Le nombre limité de promoteurs de projets ;

- 2 projets sur 9 sont réalisés dans un cadre partenarial et impliquant la commune ;

- Le rôle de la commune en matière d’initiation de projets est limité.

Au regard des caractéristiques des projets en cours, la dynamique initiée dans le cadre du

PCD a –t-elle apporté des changements majeurs aussi bien en termes de nombre de projets

qu’en termes de profils et de caractéristiques ?

Page 74: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

74

Pour répondre à la question, on présente ci-dessous la répartition des projets identifiés dans le

cadre du plan stratégique de la commune pour la durée de vie du PCD (6 ans).

Tableau N° 13 : Répartition des projets selon les axes stratégique du PCD de Bni

MATHAR

Axes stratégiques Sous axesNombre deprojets

Infrastructures de base

Routes et pistes 14Hygiène et santé publique 06Accès à l’eau potable 04Accès à l’électricité 02

Sous total 27

Appui au tissusocioéconomique et culturel

Infrastructures scolaires 10Equipement de terrains

irrigués04

Régénération des parcours etappui à l’élevage

05

Sous total 19Valorisation et préservation

des ressources naturellesLutte contre la désertification 02

Développement desqualifications et compétenceslocales

Qualification de la maind’œuvre

02

Total 50

Source : Tableau construit à partir des données du PCD

Le processus de planification stratégique a permis d’identifier une cinquantaine de projets,

répartis en quatre axes. Il s’agit d’un programme relativement ambitieux au regard de la

modestie des ressources financières de la commune.

L’examen de la répartition selon les axes stratégiques permet de confirmer que les

infrastructures de base constituent la principale priorité des acteurs puisque cet axe concentre

54% des projets ; l’appui au tissu socioéconomique et culturel (scolarisation) ressort comme

deuxième ordre de priorité avec 38% des projets.

On remarque que des projets relevant du développement durable comme la promotion

de la femme, la valorisation du patrimoine culturel, la lutte contre l’analphabétisme, le

développement de la société civile et le développement des compétences et du capital

humain sont relégués au second plan.

Page 75: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

75

3.2.6- Suivi, contrôle et évaluation

Le volet évaluation demeure très peu développé. Certes la commune est dotée d’un SIC qui

permet, entre autres, à travers le tableau de bord, le suivi des projets, mais, en dehors du

contrôle de tutelle, les pratiques d’évaluation et d’auto-évaluation sont quasi-absentes. La

dynamique des projets n’est donc pas fondée foncièrement sur la capitalisation et

l’accumulation, ce qui constitue une sérieuse limite aux progrès de la gouvernance locale et

convergence territoriale.

Il est important de rappeler que le taux de réalisation des projets du PCD constitue un

indicateur d’efficacité de l’approche participative. La commune rurale de Bni MATHAR offre

un cas intéressant pour l’observation des capacités des communes à opérationnaliser le PCD.

L’intérêt de ce cas réside dans le fait que le processus de planification communale a démarré

dès 2008, grâce à l’appui de l’UNICEF. Les données suivantes permettent mesurer les

capacités de la commune de mettre en œuvre les projets du PCD.

Tableau N°14 : Projets programmées en 2011 et projets relevant du PCD

Projets programmés à partir de 2011 Dont projet intégré au PCD en 2011- Construction d’un foyer féminin et

garderie d’enfantsRelève du PCD

- Achat d’une voiture de service- Achat de matériel et équipement de

bureau- Achat de bac à ordure Relève du PCD- Aménagement des murs d’enceinte pour

cimetières- Aménagement de passages au douar

Oulad KaddourRelève du PCD

- Achat de matériel de construction pourla réalisation d’un réservoir d’eau àSerrajia

- Aménagement d’un réservoir d’eau à ELGhizmir

Relève du PCD

- Aménagement de canaux d’irrigation àOuzien

- Aménagement du réseau d’éclairagepublic

- Participation à l’achat d’un véhicule detransport scolaire

Relève du PCD

- Participation à la création etaménagement d’un point d’eau à la zoneirriguée El Ain

Relève du PCD

Source : Monographie de la commune rurale Bni Mathar

Page 76: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

76

Il est important de souligner qu’en 2011 sur 12 projets programmés 6 projets relèvent du

PCD, soit 50 %. Les principaux projets ont concerné :

- Le secteur agricole et celui de l’élevage (Aménagement des points d’eau) ;

- Le secteur social via l’achat d’un véhicule de transport scolaire et la construction d’un

foyer féminin et garderie d’enfants, en vue de lutter contre la déperdition scolaire et de

promouvoir la scolarisation des jeunes filles ;

- Le secteur des infrastructures de base pour lutter contre le désenclavement du monde

rural.

Le tableau suivant permet de compléter l’analyse de la dynamique des projets réalisés :

Page 77: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

77

Tableau n° 15: Etat des projets réalisés par les services extérieurs relevant du PCD 2009-2011

Construction de 5 unités scolaires MENEducation

Compagne de lutte contre l’alphabétisme MEN MEN / L’Association

Travaux de sol et plantation d’atriplex mummelaria 500 ha D.P.A

Amélioration

pastorale

Coopératives

pastorales

Travaux du sol en ados du terre ( 6 retenues d’eau) D.P.ACoopératives

pastorales

Travaux de creusement d’un forage du site Sehb Lharmel D.P.ACoopératives

pastorales

Reboisement de 500 ha (année 2010)Haut commissariat

des eaux et forêtsEnvironnement

Reboisement de 300 ha (année 2011)Haut commissariat

des eaux et forêts

Source : Commune rurale Bni Mather

Page 78: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

78

Durant la période 2010-2011, les services extérieurs ont contribué aussi à la réalisation des

projets relevant du PCD.

Une lecture du tableau permet de dégager les remarques suivantes :

- Les porteurs de projets sont : MEN, DPA, HCEFLD.

- Les axes d’intervention concernent essentiellement l’éducation, l’élevage et

l’environnement.

- Les principaux partenaires sont : MEN, Société civile, Coopératives pastorales ; ce

qui montre l’intérêt accordé par la Commune rurale Bni Mather à la réalisation des

projets relevant dans le cadre du PCD en priorité.

- La mise en œuvre de l’approche participative via l’implication de la société civile,

comme acteur incontournable du développement local.

- Selon le délégué Régional du HCEFLD, Les projets menés en concertation avec le

HCEFLD23 visent plusieurs objectifs :

Lutter contre la désertification ;

Lutter contre la pauvreté via la création des AGR ;

Gérer d’une manière durable le parcours pastoral ;

Combinaison des actions physiques avec des actions biologiques pour

une meilleure préservation de l’environnement ;

Proposer une vision homogène par rapport à un espace ;

Promouvoir l’écotourisme en vue d’améliorer les revenus de la

population ;

Encourager l‘intervention des coopératives en vue d’un transfert à

terme des responsabilités ;

Encourager le partenariat avec les différents acteurs locaux (commune,

coopératives, élus, …), comme l’accord tri-partite cadre signé entre le ministère de

l’agriculture de développement rural et de la pêche maritime, le ministère de

l’intérieur, et le HCEFLD, signé le 04 Juillet 2004.

23Lors d’une réunion de l’équipe chargée du projet avec le délégué régional à Oujda la 06-03-2012

Page 79: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

79

3.2.7-Conclusion sur la dynamique du PCD

La dynamique du PCD a permis à la commune rurale Bni Mathar de s’engager dans

une nouvelle démarche fondée sur l’approche participative, ainsi que l’adoption de la

planification stratégique, visant la réalisation des projets, en privilégiant les axes

prioritaires relatifs aux infrastructures de base.

Conformité réalisation / prévision dans le cadre du PCD

Le processus de planification via les différentes étapes du PCD vise :

- L’adoption d’une approche participative des acteurs locaux aux différentes

phases du PCD ;

- La mise en place d’une vision commune partagée et appropriée par la société

civile ;

- Le respect de nouvelles approches de développement : participative, genre,

territoriale,… ;

- Un appui déterminant de la coopération internationale.

L’évaluation du processus de planification dans les différentes étapes de PCD permet de

dégager les remarques suivantes :

- Absence d’une vision partagée pour l’ensemble du territoire de la commune ;

- Le rôle de l’animation du territoire par la société civile demeure limité ;

- Manque de suivi et d’évaluation des projets réalisés ;

- Faible participation de la femme, des jeunes et des personnes à besoins

spécifiques dans l’élaboration du plan stratégique ;

- Manque de ressources financières et des compétences ;

- Les projets retenus dans le cadre du PCD demeurent limités.

Au total, Il est important de signaler que certains projets réalisés dans le cadre de

l’INDH, durant les années 2010 et 2011, soit la moitié des projets engagés, relèvent du

PCD ; ce qui témoigne d’une sérieuse volonté de prendre en considération les

programmes adoptés par l’INDH relatifs aux besoins de la population de la C. R Bni

Mathar, on peut notamment citer :

- Construction d'un ouvrage d'art sur Oued El hay ;

- Achat d’une ambulance ;

Extension deux réseau d'électricité aux Zaouia, Oueld Kaddour et Oulad Ali ;

- Raccordement individuel à l'eau potable (douar Ouled Bensar).

Page 80: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

80

Conformité par rapport aux objectifs

- Appui aux infrastructures de base en vue de lutter contre le désenclavement ;

- Appui au tissu socio-économique et culturel ;

- Réalisation d’un diagnostic participatif et élaboration d’un plan stratégique ;

- Renforcement des compétences locales « formation des porteurs de projet en

matière de gestion administrative et financière » ;

- Convergence des programmes avec les plans sectoriels territoriaux

« éducation, santé, agriculture,… ». Par exemple, l’achat d’un véhicule

scolaire pour lutter contre la déperdition scolaire et la promotion de la

scolarisation des jeunes filles.

- Les projets retenus dans le cadre du PCD via l’approche participative,

répondent aux attentes de la population locale ; d’où leur conformité par

rapport aux objectifs. Ces projets ont concerné le soutien à l’accès aux

équipements sociaux, sanitaires et éducatifs de base.

Conformité par rapport à la gouvernance et la convergence

- Le renforcement de la planification communale par l’élaboration et la

réalisation du PCD ;

- L’apport de la coopération internationale est appréciable (UNICEF, Art Gold)

en matière de planification communale et de renforcement des capacités des

acteurs locaux ;

- La réalisation du diagnostic participatif dans chaque douar ;

- La conclusion de plusieurs conventions avec les différents départements (santé,

éducation, équipement,…) en vue de réaliser les infrastructures de base ;

- La formation d’un capital de compétence de planification communale.

Mais, il est important de signaler que certains déficits persistent, tels que :

- Faible participation de la femme à la planification communale ;

- Faible diffusion des résultats du PCD auprès de la population cible ;

- Manque de communication de proximité, pour mieux informer et rester à

l’écoute des communautés ciblées ;

Page 81: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

81

- Les femmes sont peu informées et consultées dans les différentes étapes du

PCD, du fait de conservatisme de la communauté locale à l’égard de la

participation féminine dans la gestion communale ;

- Les déficits de coordination réduisent considérablement les performances des

projets programmés dans le cadre du PCD.

3.3- PPA et promotion féminine : le point de vue des femmes

La promotion des femmes constitue un pilier majeur du développement humain. L’étude sur

le suivi et évaluation de la gouvernance locale et convergence territoriale ne peut négliger le

point de vue des concernées à l’égard de tout programme, projet ou action de développement,

en termes de consultation, de participation, de population couverte, de formation et de

priorités à satisfaire. A ce propos, des focus groups ont été menés auprès d’un groupe de

femmes. L’analyse des données qualitatives collectées permettent de dégager une série de

constats :

­ L’adhésion et le soutien dont fait montre la population féminine à l’égard des

différentes initiatives de développement mises en place qu’elles soient transversales

ou spécifiques aux femmes. L’électrification des douars, la lutte contre l’abandon

scolaire par la mise en place du transport scolaire ou encore les actions spécifiques

aux femmes comme les AGR sont autant de PPA qui apportent une réponse à une

partie non négligeable de leurs besoins immédiats et permettent d’améliorer les

conditions de vie et le quotidien des ménages dont elles sont membres. Par ailleurs,

les femmes ont été impliquées lors de l’élaboration du PCD pendant la phase du

diagnostic.

Page 82: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

82

­ La volonté affichée des femmes notamment les plus jeunes de pouvoir porter un

jour leur propre projet de développement qui leur permettra de sortir de la pauvreté

et de l’exclusion et qui les propulsera dans la catégorie des personnes actives et

productrices économiquement.

­ La capacité des femmes à mettre en exergue leurs besoins immédiats et urgents.

Ainsi lors de l’élaboration du PCD de la province de Jerada, les femmes ont pu

prioriser leurs besoins en identifiant clairement les problèmes dont souffrent la

commune de manière générale et leur douar en particulier. Les femmes du douar

Ouled Kadour à titre d’exemple ont relevé 5 problèmes prioritaires : l’abandon

scolaire, les services sanitaires, l’analphabétisme, les routes et la gestion des

déchets ménagers.

­ La volonté réelle des femmes de participer au changement positif dans leur douar,

c’est d’autant frappant en raison des pesanteurs socioculturelles locales qui

confinent les femmes aux rôles domestiques. De plus, si les femmes ne sont pas

encore capables d’exprimer explicitement comment elles comptent contribuer au

processus de développement, elles mentionnent clairement un besoin et un désir de

pouvoir renforcer leurs capacités en matière d’alphabétisation, un processus

qu’elles voient comme un moyen d’autonomisation et de pouvoir.

­ L’élection de deux femmes au sein du conseil communal : un début honorable à la

participation féminine dans la gestion des affaires publiques.

­ La capacité des femmes à se regrouper : la coopérative Annour, la seule

organisation féminine à existe à Bni Mathar, a vu le jour en 2000 et a pu depuis

créer une certaine dynamique de création de projets pour les femmes. Ainsi, même

si la portée de ces projets est discutable au vu de leur impact et leur degré de

réussite limités, l’on peut noter que depuis sa création, la coopérative a mené

plusieurs projets notamment l’équipement du foyer féminin en machines à coudre

(projet Entraide Nationale/Coopérative Annour/INDH) et du jardin d’enfants

attenant (projet UNICEF), la confection et la couture (projet Entraide

Nationale/Coopérative Annour/ODECO) et l’élevage de caprins (Ministère de

l’Agriculture/Coopérative Annour). La présence au sein de la coopérative de jeunes

femmes plus instruites est un atout considérable. Par ailleurs, la présidente est

devenue membre du conseil communal et les membres de la coopérative jouent un

Page 83: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

83

rôle prépondérant dans la mobilisation des autres femmes et dans l’intermédiation

entre la population et les autres acteurs tels que la commune et les services

extérieurs. C’est ainsi que la coopérative Annour s’est occupée de l’identification

des ouvrières pour le travail de la cueillette en Espagne. C’est également à cette

coopérative que l’Entraide Nationale a délégué la gestion en 2003 de l’unique foyer

féminin de Bni Mathar, localisé à Ouled Kaddour, où les femmes des différents

douars peuvent se rendre pour apprendre un métier artisanal (confection de tapis,

couture artisanale,…), s’alphabétiser, faire garder leurs enfants et être sensibilisées

à des questions telles que le code de la famille ou la santé.

­ Les actions spécifiques aux femmes comme les AGR portées par la coopérative

Annour jouent un rôle important dans la visibilité des femmes et dans

l’élargissement de la marge de leur participation, leviers nécessaires à l’émergence

d’un leadership féminin et l’accès des femmes à la gestion des affaires publiques et

aux sphères de prise de décision.Ces projets pour les femmes, un axe essentiel de

l’approche genre, assurent aux femmes un certain niveau d’autonomie et

notamment économique.

­ La relative adaptation des AGR initiées ou proposées aux femmes à leurs profils et

capacités socioculturels. En effet, les différents projets portés par la coopérative

Annour visent d’abord la valorisation du savoir-faire local comme le tissage, la

confection et l’élevage.

­ L’appui constant de la commune (logistique, déplacement, gratuité des procédures

administratives,…) : les responsables au niveau de la commune de Bni Mathar

jouent un rôle déterminant dans l’encadrement technique et financier des femmes

même si cela reste en dehors de tout partenariat.

­ La présence de structures spécialisées dans le renforcement des capacités des

femmes en matière de savoir-faire local artisanal axé sur l’alphabétisation

fonctionnelle (foyer féminin).

Malgré ces éléments positifs, il n’en demeure pas moins que l’action du développement à Bni

Mathar souffre de plusieurs lacunes qui entravent sa réussite et son essor :

­ Les interventions transversales ne respectent pas systématiquement l’approche

participative ou de genre. L’exemple du programme d’électrification des douars est

assez parlant : si l’avis des hommes a été entendu, aucune consultation des femmes

Page 84: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

84

n’a été organisée. Il semble que le conservatisme de la société locale n’y est pas

étranger mais n’est-ce pas le rôle des différents intervenants dans le développement

de dépasser ce genre d’obstacles par la mise en place de mécanismes permettant

aux femmes d’exprimer leur opinion ?

­ Si une prise de conscience a été créée chez les femmes en tant que sujets de droits,

leur mentalité reste encore marquée par l’esprit de l’assistanat et par le statut de

bénéficiaires et non de partenaires à part entière dans le processus du changement.

L’absence d’associations de développement local aptes à encadrer la population et à

la sensibiliser sur ses obligations et sur son rôle d’acteur de développement peut

expliquer ce manquement. L’importante ampleur des besoins restant encore à

satisfaire dans le domaine de la santé, l’éducation et l’infrastructure : c’est un

indicateur très parlant parce que l’action du développement reste cantonnée à

répondre aux besoins immédiats des femmes au détriment de leurs intérêts

stratégiques. A ce propos, les femmes ont demandé notamment de :

Réduire l’abandon scolaire à partir de la sixième année (à cause de

l’éloignement et la pénurie/l’absence du transport scolaire) :

Renforcer l’alphabétisation et l’éducation non formelle

Installer un réseau d’assainissement (dont l’absence cause des marécages

qui influent négativement la santé des habitants)

Installer un mécanisme de collecte des ordures ménagères

Renforcer la santé par : une pharmacie, un médecin, une permanence, des

médicaments, un ambulancier qui réside sur place (cas d’urgence) et plus

d’effectifs (un seul infirmier ne suffit pas)

Doter la commune de hammams

Doter la commune d’un centre pour l’insertion des handicapés : les

handicaps physiques et mentaux sont très répandus dans la commune.

­ Dans le cas des AGR destinées aux femmes, la consultation de celles-ci et leur

implication sont nécessaires pour qu’elles puissent adhérer, porter, réussir et

pérenniser le projet. Les femmes de la coopérative Annour ont pris l’inititative en

proposant des projets à leurs partenaires comme dans le cas de l’équipement du

foyer féminin ou du projet de confection. Cependant, l’expérience du projet

Page 85: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

85

d’élevage des caprins avec le Ministère de l’Agriculture semble être un exemple à

ne pas reproduire en termes d’engagements et partenariat adoptés. En effet les

femmes se sont vues proposer un projet de prime abord intéressant à savoir un

troupeau d’une une trentaine de têtes dont elles devaient assurer l’alimentation, les

soins, la reproduction,… L’appui technique aux femmes avant le démarrage du

projet à travers une session de formation qui a duré 2 jours sur tout ce qui a trait à

l’élevage des caprins est une démarche à saluer puisqu’elle a servi à améliorer le

savoir faire local en la matière en orientant les femmes sur la culture des bonnes

pratiques. Cependant, de point de vue des femmes, le projet piétine et se détourne

de son objectif premier, celui de créer un projet collectif pour les femmes :

certaines se sont retirées au bout de 2 semaines et après 8 mois, d’autres ont exigé

que le troupeau soit partagé. Actuellement, il ne reste qu’un groupe de 5 femmes.

Des tensions n’ont pas tardé à se créer entre les femmes d’abord puis avec le partenaire

ensuite, dans la mesure où :

Elles notent l’insuffisance des informations sur les tenants et les

aboutissants du projet rendant ambigües les engagements de chaque

partenaire. Ainsi, les femmes déplorent l’existence de contradictions entre

ce qui était prévu dans le projet et ce qui a été mis en œuvre réellement : la

mortalité élevée ayant touché le troupeau, les frais élevés occasionnés par

l’acquisition des fourrages alors que les femmes attendaient un financement

par les services extérieurs et l’obligation de mettre le bétail en entier dans un

seul endroit pour faciliter le suivi alors que les membres de la coopérative

impliquées s’attendaient à ce que les caprins soient partagés par les femmes.

Elles mettent en exergue la complexité et l’inadaptation des procédures, la

faiblesse d’un appui technique tout au long des activités et constatent que

les suivis et évaluation restent limités et sans portée tangible. Il s’en suit la

difficulté, voire l’impossibilité de réussir les projets parce que les

engagements de la population et ses partenaires ne sont pas clairs dès la

conception. L’illettrisme des femmes et « l’improvisation » qui a

accompagné la conception et la mise en œuvre du projet ne sont peut-être

pas étrangers à ce constat.

Page 86: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

86

­ L’analphabétisme des femmes et le conservatisme de la société locale constituent

également des entraves transversales majeures.

En conclusion, et à travers le point de vue des femmes, la commune rurale de Bni

Mathar montre des prémisses de changement en matière de développement humain

matérialisé par des actions spécifiques aux femmes, un axe important de l’approche

genre et l’émergence d’un dynamisme féminin qui puise sa force dans l’existence de

jeunes femmes plus instruites. La présence de deux femmes élues au sein du conseil

communal est un événement majeur à souligner et ce début d’accès des femmes aux

sphères du pouvoir peut constituer une fois renforcé un atout important sur lesquels les

projets de développement peuvent construire des partenariats viables.

Par ailleurs, certaines femmes se sont regroupées depuis l’année 2000 dans une

coopérative féminine qui a réussi à porter plusieurs projets et qui participe dans la

mobilisation des femmes des douars chaque fois que cela est nécessaire. Le fait de porter

des projets contribuent à l’élargissement de l’espace de participation globale des femmes

et dans leur autonomisation. En outre, lors de l’élaboration du PCD, des ateliers auprès

des femmes ont été organisés dans tous les douars de la commune et les femmes ont pu

être consultées pour qu’elles identifient et priorisent leurs besoins : une approche

louable qui mérite d’être pérennisée.

Toutefois, les interventions de développement menées à Bni Mathar n’intègrent pas les

approches genre et participative systématiquement. Des projets transversaux omettent

de consulter les femmes, probablement en raison du conservatisme de la population

locale. La prise en compte de leurs préoccupations et la garantie d’un partage équitable

des retombées positives des projets de développement s’en trouvent réduits.

D’un autre côté, l’ampleur des besoins de la population restant à satisfaire montrent que

les interventions du développement sont encore à leur début ou déficitaires. En

conséquence, cela empiète sur les espaces de réflexion et d’actions qui devraient être

accordés à l’intérêt stratégique des femmes et leur participation aux prises de décision et

au contrôle citoyen.

Quant aux actions positives au profit des femmes notamment les AGR, elles souffrent

encore de plusieurs lacunes dont l’absence d’actions plus intégrées, la lenteur et la

complexité des procédures administratives et le manque d’informations sur les

partenariats.

Page 87: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

87

Enfin, l’analphabétisme des femmes et le conservatisme à l’égard de la participation

publique féminine continuent d’être des freins à la participation des femmes et leur

implication dans la gestion des affaires publiques. .

3-4 PPA de dimensions provinciale et régionale et gouvernance locale

La question de l’articulation entre communes et les autres échelles territoriales est

fondamentale pour comprendre et faire progresser la gouvernance et la convergence

territoriales. Cette question mérite d’être traitée non seulement par rapport à plusieurs services

étatiques ayant des attributions régionales, mais parce que la nature des PPA impose souvent

de tenir compte d’espaces transcendant les limites administratives des collectivités locales.

Le fait de traiter de ces PPA à dimensions régionales permet à la fois d’élargir et

d’approfondir l’analyse de la convergence territoriale en termes d’acteurs, de contraintes et de

potentialités de convergence.

Nous présentons, à titre d’illustrations, trois cas de PPA à dimension régionale, mais dont

l’impact sur la commune de Bni MATHAR, effectif ou potentiel, est indéniable. On

soulignera que le choix de ces PPA a été fondé sur leur intérêt par rapport aux problématiques

de développement que nous avons identifiées dans l’analyse de la dynamique territoriale.

- Le premier cas concerne la promotion de la cohérence par la planification

stratégique ;

- Le second cas porte sur des PPA régionaux qui pourraient offrir des opportunités au

développement de la commune de Bni MATHAR ;

- Le troisième exemple concerne un projet régional phare mais aussi un cas d’école

quant aux limites de gouvernance et de convergence.

3.4.1-Plan de Développement de la Région de l’Oriental

Une étude (en voie de finalisation) a pour objectif de doter la Région d’un plan stratégique

de développement régional ; ce plan est structuré en 2 axes stratégiques, se déclinant en 11

dossiers stratégiques, 70 projets et 91 plans d’actions.

Ce document a défini six chantiers prioritaires dont quatre pourraient impacter le

développement des communes rurales de la région (dont celle de Bni MATHAR):

Développer une offre de soins accessible à tous ;

Page 88: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

88

Programme de gestion, d’aménagement et de valorisation des espaces protégés

(SIBE) ;

Programme provincial de mise à niveau du monde rural (routes, eau, électricité,

éducation, etc.) ;

Valorisation de la race Beni Mguil.

Le plan stratégique de développement régional, va créer du sens pour l’ensemble des acteurs

de la région, condition préalable pour une synergie régionale convergente. Ce document, une

fois finalisé, va assurer une meilleure visibilité pour tous les acteurs et servira comme

référence à la planification stratégique aux échelles provinciale et communale.

Plusieurs contraintes sont souvent citées par les acteurs lors des entretiens et un plan

stratégique régional pourrait les atténuer :

Au niveau de la gouvernance locale, il est important de souligner le manque d’implication

des services extérieurs et l’insuffisance de coordination entre eux ;

Pluralité des stratégies selon l’échelle territoriale (PCD au niveau de la commune,

l’INDH avec ses différentes instances : CRDH, CPDH, CLDH) ce qui nécessite des

mécanismes de cohérence ;

Le problème d’approfondissement de la décentralisation et de la déconcentration

(sur les plans GRH et financier) ;

Les projets ne sont pas toujours intégrés dans une approche prospective ;

Insuffisances des compétences dans plusieurs domaines et leur concentration dans

les grandes villes.

3.4.2- PPA pilotés par l’ADS

A- Programme de tourisme dans la région de l’Oriental

Ce programme régional a pour but de mettre en place un circuit rural et écologique et ce dans

le cadre de la stratégie nationale visant l’identification et la valorisation des produits

touristiques « niches » de l’oriental. Ce programme s’inscrit également dans la cadre du projet

Gold –Maghreb (programme du PNUD) qui a retenu la région de l’Oriental comme région

pilote et le tourisme rural comme levier de développement de la région.

Page 89: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

89

Ce programme d’envergure régional, piloté par l’ADS, prévoit la construction de 2 gîtes dans

la province de Jerada et la création d’activités génératrices de revenu en rapport avec l’activité

touristique ainsi qu’un volet formation. La commune de Bni MATHAR n’est pas, pour

l’instant, concernée par le programme ; mais, eu égard à ses potentialités en sites naturels et

paysages, elle offre les conditions nécessaires pour abriter ces activités, si toutefois les

infrastructures de base sont assurées.

Il s’agit d’un programme à réaliser en partenariat entre le Ministère de l’Aménagement du

Territoire, de l’Eau et de l’Environnement, le Fonds Social de Développement (France),

l’ADS, le Ministère de la Famille, de la Solidarité et du Développement Social et

l’Association Tafrent pour le Développement.

B-Programme de lutte contre la déscolarisation à Jerada

Objectifs : Lutter contre la déperdition scolaire et assurer la réussite scolaire des élèves par :

- Appui aux activités éducatives au niveau des établissements scolaires ;

- Soutien social aux élèves pauvres ;

- Création d’une maison d’étudiants et étudiantes ;

- Appui aux équipements scolaires;

- Création d’une caisse villageoise.

Ce projet est actuellement mis en œuvre sur le territoire de la commune de GENFOUDA en

tant que projet pilote, mais il traite d’un problème qui concerne les autres communes de la

province et en particulier celle de Bni MATHAR. Il s’agit donc d’un programme, qui une fois

expérimenté, doit être étendu à l’ensemble des communes la province, voire même de la

région.

Partenaires du projet : ADS, INDH, MEN, JS, EN, Art Gold, Santé. Associations des parents

d’élèves, communes concernées.

3.4.3-Projet de développement des parcours et de l’élevage dans l’Oriental

(PDPEO)

Ce projet de grande envergue, de dimension régionale, a connu deux phases :

La première phase du PDPEO a débuté en 1991 et a été clôturée en 2001, après une

prolongation de deux ans ; ce projet ciblait une vaste zone comprenant des communes rurales

relevant des provinces de Jerada (dont la commune mère Ain Bni MATHAR) et de Figuig et

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90

a été financé par le FIDA, le groupe BAD/FAD et le gouvernement marocain pour un montant

de 47,7 millions de dollars EU.

Le PDPEO, fondé sur une démarche participative, visait quatre objectifs :

- Amélioration de l’état des parcours par l’introduction de nouvelles pratiques de

gestion rationnelle des espaces pastoraux ;

- Développement de l’élevage à travers une bonne couverture de la santé animale et

de l’amélioration génétique ;

- Amélioration du niveau de vie des populations de la zone du projet et en particulier

les catégories vulnérables en ciblant les petits éleveurs et les femmes et ce par

l’octroi de crédits.

- A côté des objectifs de types environnemental, économique et social, le PDPEO avait

également pour but un renforcement institutionnel.

Cette dernière composante du projet revêt une importance particulière pour la

problématique de la gouvernance locale et de la convergence territoriale. En effet, le

renforcement institutionnel visé par ce projet intégré implique la mise en place de

structures comprenant une direction régionale de gestion du projet et une direction de

suivi-évaluation. Un autre volet du développement institutionnel consistait à organiser

les éleveurs en coopératives, sur une base ethno-lignagère.

En 2004 a commencé la deuxième phase du projet, appelée PDPEO II.

Ce projet de première importance pour la préservation, la régénération du couvert végétal et

l’utilisation rationnelle des ressources naturelles a comme principales réalisations a son actif

la constitution de coopératives pastorales, l’introduction d’améliorations d’ordre technique et

social au niveau des pratiques de gestion des parcours.

Cependant, ce projet a connu des difficultés et contraintes qui n’ont pas permis la réalisation

des objectifs principaux, à savoir la gestion rationnelle et concertée de l’espace pastoral et la

réduction du niveau de vulnérabilité des petits éleveurs et des couches socio-économiques

défavorisées.

La présentation succincte de ces contraintes est significative des limites de la gouvernance

locale et de la convergence territoriale:

- Le statut foncier des terres collectives pastorales demeure confus ;

Page 91: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

91

- Délimitations administratives entre communes rurales parfois imprécises et peu

reconnues ;

- Absence de textes de délimitation des périmètres d'amélioration pastorale et la

lenteur dans leur publication.

- Les stratégies individuelles ou collectives d’appropriation de l’espace pastoral ;

- Les difficultés de coordination dans la prise de décision entre la commune et la

coopérative ;

- La non application avec vigueur des lois de mise en défens24 ;

- Les difficultés de coordination du projet : une direction du projet autonome a été

constituée sous la tutelle du de la Direction de l’élevage du Ministère de

l’agriculture, du développement rural et des eaux et forêts et en collaboration avec

les Directions provinciales de l’agriculture (DPA) de Figuig et d’Oujda ; cette

direction du projet, sans aucune prérogative particulière, assurait en même temps le

suivi financier des lignes de crédits gérés par d’autres institutions. Ce mode de

gouvernance s’est traduit par des déficits en termes de coordination et de gestion du

projet ; ainsi, au terme du PDPEO I , une étude d’évaluation du projet a relevé

plusieurs limites dont le niveau de décaissement du prêt FIDA qui n’a pas dépassé

51%.

- La réussite du projet est conditionnée par l’implication de la population et la qualité

des approches de développement pour l’ensemble du cycle ;

- Une action de développement ayant pour objet une zone pastorale doit porter sur un

espace suffisamment vaste pour pouvoir observer et intégrer toutes les dimensions

(sociales, économiques, environnementales et institutionnelles) et surtout les

articulations et interactions, forcément complexes, qui structurent cet espace.

Or, ces exigences et conditions liées à ce type de projet demandent un mode de gouvernance

spécifique et la mise en place d’institutions ayant les capacités et moyens d’assurer

coordination et synergie. Dans le cas du PDPEO, il s’est avéré que ce projet intégré ne

24Lors de la restitution du rapport final portant sur le cadre méthodologique de suivi évaluation de la

gouvernance locale et de la convergence territoriale : cas de la commune rurale Bni Mathar du 06-03-2012, lereprésentant de la chambre d’agriculture à Bni Mathar a insisté sur le rôle que doit jouer l’autorité de l’Etatpour réaliser les différents lois de mise en défens

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pouvait être géré par une structure relevant d’une seule administration régionale, en

l’occurrence la DPA.

- Ces déficits de gouvernance locale et de convergence font que même si des

réalisations et progrès ont été enregistrés sur les plans technique et socioéconomique,

comme c’est le cas pour PDPEO, ces progrès demeurent réversibles et vulnérables.

3. 5-Conclusion sur PPA et gouvernance locale

La gouvernance locale se réfère à une gestion participative, la transparence, la recherche de

consensus et l’accès équitable aux services de base (éducation, santé, eau, électricité,

habitat,…) en vue de combler les déficits sociaux existants.

La gouvernance locale encourage un développement local de proximité, impliquant

l’ensemble des acteurs concernés dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des

politiques publiques locales. Elle constitue une opportunité pour reconstruire un climat de

confiance entre l’Etat et le citoyen; son objectif est d’impulser une dynamique économique

territoriale s’appuyant sur une gestion durable des ressources naturelles.

« Le terme « gouvernance » pour le P.N.U.D désigne le cadre de règles, d’institutions et de

pratiques établies qui définissent les limites et les restrictions concernant la conduite des

individus, des organisations et des entreprises.

On sait que dans les sociétés ayant des degrés élevés de complexité, de diversité, de

dynamisme et d’interdépendance, l’efficacité et l’efficience de la gestion ne dépendent pas

seulement de l’action du gouvernement. Elles dépendent aussi de la capacité de créer et gérer

des réseaux d’acteurs déterminant la qualité de la gouvernance.

Le fait de gouverner incombe à l’Etat mais s’étend également au secteur privé et à la

société civile. Les trois secteurs sont fondamentaux pour soutenir le développement humain.

L’interaction constructive des trois secteurs contribue à la bonne gouvernance, ainsi qu’à la

reddition de comptes, la transparence, l’efficacité et la formation de consensus, l’équité te la

flexibilité pour répondre aux besoins »

Page 93: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

93

L’analyse de la gouvernance locale au sein de la commune rurale Bni Mathar nous a

permis de relever les remarques suivantes :

Au niveau de la pertinence

Diagnostics établis

Selon les entretiens menés avec les différents acteurs locaux, on constate :

- Les PPA ont permis de répondre aux besoins des citoyens en matièred’infrastructure de base d’une part, et d’améliorer le niveau de vie de la populationlocale d’autre part.

- Une étroite dépendance de la dynamique de la réalisation des PPA avec leprofil et la détermination des acteurs territoriaux. Concernant la commune rurale BniMathar, le conseil communal est très soudé, le Président de la commune estdynamique, le personnel administratif est compétent, une société civile émergente,… .Ce qui témoigne une volonté de développement au niveau de la gestion communale.

Néanmoins, des points faibles ont été détectés :

- Inadéquation entre les exigences des programmes INDH, PCD et les capacitésde gestion de certains porteurs de projets ;

- Faible implication de certains acteurs locaux (élus, certains services extérieurs)témoigne de l’adhésion inégale aux objectifs du PCD et de l’INDH ;

- Perception de l’INDH par les différents acteurs locaux comme un moyen demobilisation des ressources financières et non comme une nouvelle démarched’appréhension du développement local.

- La synchronisation de la mise en œuvre des projets n’est pas toujours garantie,on peut citer l’exemple de l’achat de l’ambulance sans penser au recrutement d’unchauffeur ;

- Orientations générales à court, moyen et long terme

En matière de développement humain : des efforts doivent être déployésessentiellement dans trois domaines : scolarisation, santé et l’amélioration du niveaude vie.

- Au niveau de l’éducation : les déficits persistent (taux de déperdition élevé,taux de scolarisation des jeunes filles est très faible), cette situation nécessite unecoordination entre les différents acteurs (élus, société civile, Délégation du MEN,…) ;

- Au niveau de la santé : les différents indicateurs de la santé de la communerurale Bni Mathar (mortalité maternelle, mortalité infantile, accès aux services desanté de base) sont alarmants comparativement aux normes en vigueur. L’INDH estappelée à combler ce déficit en faisant appel à une coordination des différents acteurslocaux ;

- Au niveau de l’amélioration du niveau de vie : les PPA pourraient jouer un rôleessentiel pour lutter contre la pauvreté et lutter contre le chômage. Il est important deprévoir des actions pour accompagner les jeunes porteurs des projets, en vue d’assurerleur pérennisation.

Page 94: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

94

Au niveau de la protection de l’environnement :- la mise en place des PPA ne devrait pas être en contradiction avec la protection

de l’environnement. Par exemple, la pression sur le couvert végétal peut menacer sadurabilité

- La commune rurale Bni Mathar dispose d’un potentiel non négligeable, faitdonc face à des contraintes pour son développement durable (désertification,déforestation et dégradation des ressources naturelles,…

En matière de communication : des déficits qui persistent, d’où l’intérêt de :

- Prévoir des campagnes de sensibilisation et de communication au profit desdifférents acteurs de développement ;

- Prévoir une restitution des résultats des travaux du CLDH et CPDH.

En matière de suivi et d’évaluation :- Renforcer le dispositif de contrôle et d’audit des différents actions menées ;- Mettre en place des outils d’évaluation et de contrôle des différents projets de

développement.

Au niveau de l’efficacité

Il s’agit de mettre en œuvre une programmation des initiatives locales concertées, enretenant des projets de développement visant :

- De satisfaire les besoins de la population locale ;- De l’utilisation des ressources financières d’une manière optimale ;- D’intégrer l’évaluation et le suivi d’évaluation des projets.

D’après les entretiens menés avec les acteurs locaux, des recommandations ont étéproposées pour une meilleure efficacité au niveau de la gouvernance locale :

- Forger une culture organisationnelle au sein de la commune : écoute,efficience, approche participative, développement des compétences, transparence,suivi et évaluation ;

- Proposer des partenariats clairs et précis : clarifier les rôles, responsabilités et

droits de chaque partenaire ;

- Adopter une démarche ascendante dans le montage des projets : privilégierl’approche participative et la consultation des femmes pour prioriser leurs besoins ;

- Renforcer les capacités des femmes sur le cycle et la gestion des projets ;

- Assurer un appui technique tout au long des projets ;

- Accompagner la commune dans la consolidation de la base de donnéesexistante, le système d’information en perspective doit hiérarchiser ses interventions(enrichissement de la base de données et son actualisation).

Au niveau de la participation

L’approche participative a pour objectif de :

- Renforcer les pouvoirs des acteurs locaux de développement en vue de réaliserun meilleur équilibre des politiques de développement sur l’ensemble du territoire ;

Page 95: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

95

- Favoriser une démocratie de proximité en impliquant la population dans lagestion communale ;

- Privilégier l’échelon local en vue de prendre en considération les besoinsfondamentaux de la population et améliorer son niveau de vie.

L’analyse de l’approche participative dans la commune rurale Bni Mathar, nous apermis de relever les remarques suivantes :

- Manque d’implication de la population dans l’identification et la conceptiondes projets de développement retenus dans la commune ;

- Faible implication du tissu associatif dans le processus de développement local,mais aussi au niveau de la gestion partenariale ou de gouvernance locale.

- Faible participation de la femme dans la gestion de la vie de la commune ;- L’apport de la coopération internationale est appréciable en matière d’ancrage

de l’approche participative- Manque d’appropriation d’implication de la population cible dans la

conception des projets ;- Manque de mécanismes d’appropriation de la dynamique initiée par l’INDH

par les services extérieurs.

Au niveau de l’inclusion

Les principes de la gouvernance locale inclusive ont pour objectifs :

- L’inclusion des jeunes dans les mécanismes de concertation locale ;- L’inclusion des femmes dans la gestion de la commune ;- L’inclusion de la population à besoins spécifiques (handicapés) dans la gestion

de la commune.

Au niveau de la commune rurale Bni Mathar, des constats méritent d’être relevés:- L’inclusion des personnes handicapées dans les espaces de coordination et de

concertation dans la gestion communale est inexistante ;- L’inclusion de la femme dans la vie politique de la commune demeure très

limitée ;- L’inclusion des jeunes dans le tissu associatif est encourageante, mais en

matière de gestion de la vie communale reste très faible.

Au niveau de la durabilité

La durabilité des actions de développement menées vise la pérennisation des projetsde développement en vue de lutter contre la pauvreté et l’amélioration du bien-être.Le résultat attendu de la durabilité est :

- De pérenniser les projets de développement en recherchant de garantir laviabilité des actions entreprises, en matière de fonctionnement, de gestion et demaintenance ;

- De dynamiser le tissu économique local par des activités génératrices derevenus;

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96

- De soutenir les initiatives locales entreprises par des groupes d’intérêt auniveau des douars « société civile, secteur privé,… » et qui ont pour objectifd’améliorer les conditions de vie de la population.

- D’adapter les procédures aux profils socioculturels et économiques des femmes

- D’assurer un suivi et une évaluation des projets.

D’après les entretiens menés avec les différents acteurs locaux, on constate :

- Manque de suivi et d’évaluation des projets de développement retenus ; ce qui

implique parfois la non pérennisation des projets de développement retenus ;

- Faible participation de la société civile au processus initié par les projets de

développement, et en corrolaire la capacité limitée en montage et gestion des projets.

FACTEURS PRESENTS DANS LA GOUVERNANCE

LOCALE

4- Synthèse de la convergence territoriale

C’est dans un contexte marqué par des contraintes, des potentialités et des défis, que la

question de la convergence territoriale acquiert toute son importance ; car, devant la rareté des

Coordination avec

l’entourage

institutionnel

Performance de

l’organisation

municipale

GOUVERNANCE

LOCALE

Relation avec la

société civile

Partenariat

stratégique dans le

territoire

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ressources et la nécessaire complémentarité entre interventions des acteurs, il faut chercher la

synergie, la mutualisation des moyens et la cohérence entre les actions entreprises.

La notion de convergence territoriale et les pratiques qu’elle recouvre peuvent être déclinées

à partir des thèmes suivants :

- Coordination et partenariats intra sectoriels ;

- Coordination et partenariat entre échelles territoriales de même niveau:

mutualisation des moyens, intercommunalité, groupement d’agglomérations ;

- Mise en cohérence des actions sectorielles sur un territoire donné (exemple de la

commune) : actions intégrées, inter-sectorialité ;

- Mise en cohérence entre niveaux territoriaux : subsidiarité ;

- Synchronisation ou mise en cohérence de la complémentarité des actions dans le

temps ;

- Non substitution (ex. de l’INDH) sur un territoire et entre niveaux territoriaux.

Notre objectif, dans le cadre de cette synthèse, est de caractériser le degré de convergence

territoriale sur la base des thèmes précédemment définis et en prenant le territoire de la

commune de Bni MATHAR comme clé d’entrée. Il faut néanmoins remarquer que les PPA

sur lesquels l’analyse doit porter relèvent de plusieurs catégories ; sans prétendre à

l’exhaustivité, l’analyse prend appui sur des cas de PPA, significatifs, parmi les catégories

suivantes :

- PPA réalisés, en cours ou programmés et qui concernent le seul territoire de la

commune (INDH, PCD et autres) ;

- PPA réalisés, en cours ou programmés et qui concernent plusieurs communes dont

la commune objet de cette étude ;

- PPA réalisés, en cours ou programmés au niveau régional et provincial, traitant de

problématiques de développement intéressant la commune, alors que cette dernière

n’en bénéficie pas directement au stade actuel.

4.1-Cohérence intra sectorielle

Dans le cas de la commune de Bni MATHAR et comme cela ressort de la présentation des

PPA, l’essentiel des interventions est concentré sur l’édification des infrastructures de base

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(eau, électricité, pistes et routes) et la création/consolidation des équipements éducatifs et de

santé. Il s’agit d’une priorité déduite du diagnostic stratégique élaboré dans le cadre du PCD.

Le secteur de l’élevage offre un cas intéressant pour apprécier le degré de convergence

intrasectorielle. Le développement de l’élevage et la préservation, régénération du couvert

végétal ont été au centre des objectifs des projets initiés par FIDA (PDPEO I et II) ; avec le

Projet de lutte participative contre la désertification et de la réduction de la pauvreté dans les

écosystèmes arides et semi-arides des hauts plateaux de l'Oriental (2009-2014), on constate

une volonté de progresser dans la réalisation des objectifs dans le cadre d’une approche

cumulative et séquentielle , basée sur la construction d’une phase sur les acquis de la phase

précédente. Cette recherche de synergie est fondée sur la construction de partenariats entre

organisations internationales (FIDA, BAD/FAD, FEM), Administrations publiques au niveau

central et régional. Ce projet a permis la réalisation d’importantes améliorations sur le plan

technique et institutionnel (création de coopératives d’éleveurs).

Néanmoins des évaluations internes du projet ont montré l’existence de plusieurs limites qui

ont réduit son impact :

- Limites institutionnelles liées à la difficulté de mettre en place une structure

adéquate de gestion et d’évaluation ;

- Difficultés de mettre en œuvre des mécanismes d’articulation optimale entre les

niveaux local, provincial, régional et national, pour la gestion et l’évaluation des

PPA dans ce secteur ;

- Limites de la décentralisation et de la déconcentration et son impact sur l’efficacité

des PPA;

- Non prise en considération de la logique filière dans l’élaboration des actions de

développement dans un secteur. A noter cependant le projet d’édification de la

filière viande rouge.

- Difficultés à mettre en place des outils de pérennisation des PPA.

Les cas de la gestion de la forêt illustre également les limites de la convergence et cohérences

entre différents intervenants sur un même secteur. En effet, l’objectif de préservation de la

forêt ne peut être réalisé sans l’adhésion de la population, l’implication des communes et

l’application des lois en vigueur.

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4.2-Cohérence des partenariats, conventions, contrats

Une observation des conventions conclues par la commune de Bni MATHAR montre que

cette dernière a été concernée par deux types de conventions :

- Une première catégorie qu’on peut qualifier de stratégique dans ce sens qu’elle a

pour objet une amélioration institutionnelle et un renforcement des capacités de la

commune en matière de planification, de prise de décision et d’amélioration de

visibilité ; on compte dans cette catégorie la convention conclue avec l’UNICEF

pour l’élaboration du PCD et une convention faisant de cette entité une « commune

amie des enfants ».

- Une deuxième catégorie, qu’on peut qualifier de caractère sectoriel, comprenant

un nombre plus important de conventions de partenariats, centrée sur la réalisation

de projets et d’actions dans le domaine des infrastructures de base ; on compte

parmi les partenaires les plus assidus, l’ONEP, l’ONE, le département de

l’équipement, le conseil provincial. En dehors des infrastructures de base, des

conventions ont été signées avec la Promotion nationale, l’Entraide nationale et le

département des Eaux et forêts. L’INDH compte comme le principal appui

financier aux projets et actions de la commune.

Ces conventions ont l’avantage de créer des cadres de réalisation d’actions dans une logique

de complémentarité et de synergie. A cet intérêt pédagogique, il faut ajouter celui de

renforcement des capacités des acteurs intervenant dans le cadre de conventions et de

mobilisation de ressources humaines et financières au profit du développement de la

commune.

Au titre des limites de ces conventions, on peut citer :

- Absence de conventions fondées sur une vision d’ensemble du territoire de la

commune (à l’exception de la convention sur le PCD avec UNICEF, DGCL et

ADO) ;

- Les conventions signées sont dominées par le type bilatéral (commune et un

partenaire) et sont rarement multi acteurs ; ces conventions ont également un

caractère ponctuel, limité le plus souvent à la mise en œuvre du projet.

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- La société civile n’étant pas encore développée, les associations sont

insuffisamment impliquées dans les conventions de partenariat et leur visibilité est

limitée;

- Absence ou insuffisante clarté des clauses portant sur le suivi et l’évaluation des

projets et actions ;

- Une autre remarque concerne le manque de projets novateurs et ciblés sur la

promotion de la femme, à l’exception de l’appui apporté à la coopérative

« Annour » ;

- L’absence d’organisations professionnelles du secteur privé (exception faite des

coopératives et associations agricoles et d’élevage), comme partenaires, constitue

un manque à gagner pour le développement de la commune.

- On remarque également le rôle marginal des conseils élus (Conseil provincial,

Conseil régional) dans le développement du partenariat aussi bien entre communes

qu’avec d’autres acteurs à différentes échelles territoriales.

4.3-Cohérence intersectorielle sur le territoire communal

On remarquera d’abord que la dynamique de l’INDH et du PCD devrait normalement

favoriser l’approche intersectorielle et les projets territoriaux intégrés.

Dans le domaine de la planification communale (élaboration du PCD), la collaboration entre

l’UNICEF et la commune révèle un niveau élevé de convergence territoriale avec une

répartition des tâches favorisant la complémentarité entre intervenants, aux différentes phases,

de la préparation (organisation de sessions de formation), à l’élaboration du plan stratégique.

Cette collaboration a permis, outre l’élaboration du PCD et d’un SIC, la formation de

compétences communales (ETA) et l’initiation d’une dynamique de conception de projets de

développement dans un cadre participatif.

Il faut remarquer néanmoins que même dans ce domaine qui a bénéficié de l’appui

d’organisations internationales, à l’expérience avérée, des déficits ont été relevés :

- Faible intérêt et implication des services étatiques et donc limites au processus de

concertation et de mise en œuvre des projets;

- Capacité de la commune en tant que maître d’ouvrage limitée ;

- Approche participative partielle et approche genre étriquée ;

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- Capacités de plaidoyer et de mise en œuvre des projets du PCD limitées ;

- Absence d’une culture d’évaluation des projets.

La cohérence intersectorielle est aussi contrainte par le nombre limité de services étatiques

représentés sur le territoire communal: ONE, ONEP, Equipement, Eaux et Forêts,

agriculture ; cette situation n’a rien d’étonnant s’agissant d’une commune rurale. Le

programme de la lutte contre la pauvreté en milieu rural (INDH) est certes fondé sur une

approche territoriale favorisant les projets intégrés et la coordination entre secteurs ;

néanmoins les pratiques en cours continuent à privilégier les relations verticales pour la

réalisation des projets sectoriels, ce qui fait dire à un acteur que la convergence doit

commencer par le niveau central !

Cette absence de coordination entre services étatiques, souvent confirmée lors des entretiens,

concerne les différentes phases des PPA ; et si coordination il y a, elle se limite à certains

aspects techniques, au niveau de l’exécution et mise en œuvre des PPA. Les deux phases

extrêmes du cycle de projet, la conception et l’évaluation, sont généralement réalisées au

niveau du service étatique concerné par le projet.

Ces déficits de coordination et de synchronisation concernent les PPA dans le domaine de la

Santé, de l’Education, les Eaux et Forêts, etc.

Ces pratiques sont donc aux antipodes de la démarche de l’approche territoriale ; certes le

PCD a pris en considération les projets programmés et en cours de réalisation par les

différents secteurs sur le territoire de la commune en 2009. Néanmoins, l’approche territoriale

du développement considère l’élaboration concertée d’un projet de territoire comme condition

de pertinence et de durabilité des projets. Or, dans le cas de Bni MATHAR, la participation

très limitée des services étatiques au processus de planification communale n’était pas de

nature à favoriser l’enracinement de pratiques et de mécanismes favorisant la concertation et

la coordination entre acteurs d’un territoire donné.

Il faut aussi tenir compte du fait que le rôle de la commune en tant que moteur de

développement de son territoire n’est pas encore réellement reconnu par les autres acteurs.

Cette situation ne se traduit pas seulement par un manque à gagner en termes de synergie et

d’efficacité, par la manifestation d’un intérêt limité de la part de la population peu consultée

et informée sur les PPA qui la concernent, mais explique les limites mêmes de la

pérennisation et de la durabilité des projets.

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4.4-L’intercommunalité, facteur de convergence territoriale

Le développement de l’intercommunalité est considéré à juste titre comme un levier de

développement local ; son apport à la convergence territoriale n’est pas à démontrer puisque

les PPA requièrent généralement des espaces intercommunaux.

On doit rappeler que l’intercommunalité a un intérêt pédagogique de première importance. Il

en est ainsi du jumelage entre communes qui favorise l’échange d’expériences et de bonnes

pratiques, le transfert de savoirs faire en termes de gestion communale et à plus long terme

l’institutionnalisation du partenariat et une dynamique d’interaction entre acteurs.

Le groupement de communes (article 79 de la dernière charte) offre un cadre relativement

souple pour le développement de projets dans des domaines variés tels que la réalisation des

infrastructures de base, la préservation de l’environnement et aménagement de l’espace

forestier.

Dans le cas de la commune de Bni MATHAR, l’expérience en matière d’intercommunalité est

limitée à une mutualisation de quelques équipements sociaux et économiques avec la

commune mère devenue urbaine, celle d’Ain Bni MATHAR (souk hebdomadaire, Moussem

annuel, collège, etc.).

Les opportunités de réalisation de PPA dans un cadre de coopération entre communes ne

manquent pas cependant, car plusieurs communes rurales de la province de Jerada partagent

les mêmes problématiques de développement : transport, routes et pistes, reboisement et lutte

contre la désertification, préservation de la nappe phréatique, décharge publique, centres de

santé, circuits touristiques, etc. Dans ce domaine comme dans d’autres, la faiblesse des

réseaux et le dynamisme limité des acteurs sont parmi les principales contraintes du

développement.

Les entretiens réalisés avec les membres du Conseil communal ont montré néanmoins une

prise de conscience pour l’intérêt de développement de partenariat avec d’autres communes

surtout dans le domaine de la coopération internationale décentralisée ; un projet de jumelage

avec une commune belge est d’ailleurs à l’étude.

4.5-Degré de complémentarité entre échelles territoriales

La complémentarité entre échelles territoriales est contrainte à plusieurs niveaux :

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103

- Le premier niveau a trait aux déficits de la planification et les limites de la

cohérence aux différentes échelles territoriales. Certes les DAS essaient, à travers

une démarche plutôt descendante, d’assurer une certaine convergence entre PCD.

Néanmoins, force est de constater que les PCD ne sont pas élaborés avec une

démarche qui garantit leur cohérence avec les niveaux horizontal (autres

communes) provincial et régional.

- Le fonctionnement des organes élus et leurs interrelations (Conseil régional,

conseil provincial et conseils communaux) réduisent également le degré de

complémentarité entre échelles territoriales. De même la qualité des rapports entre

organes de l’INDH et le rôle plutôt formel du CRDH constituent une autre limite de

la convergence territoriale des PPA.

- La faiblesse des réseaux entre acteurs et de leur extension au niveau communal

sont également parmi les freins au développement de la complémentarité entre

échelles territoriales.

- Les insuffisances de la déconcentration et le déficit patent en ressources humaines

sont parmi les principaux facteurs explicatifs de faible degré de complémentarité.

- Dans ce contexte, la complémentarité entre échelles territoriales est assurée

fondamentalement par un double mécanisme : celui de l’autorité de tutelle d’une

part et celui des politiques sectorielles, d’autre part.

4.6-Conditions de pérennisation des actions

La dynamique des PPA initiée dans le cadre de l’INDH et du PCD ne peut être durable et

avoir un impact significatif sur le bien être de la population que si les conditions de

pérennisation de ces actions sont créées.

Or, cette pérennisation des PPA est largement conditionnée par la qualité de la gouvernance

locale, le degré d’adhésion de la population à l’intérêt des PPA, les niveaux de compétences et

de capacités des acteurs concernés ; d’autres conditions relèvent des caractéristiques du

partenariat –clarté dans la répartition des tâches- effectivité du suivi, contrôle et évaluation

des PP A, ainsi que de la prise en considération de l’approche prospective lors des différentes

phases des projets et des actions.

Dans le contexte de la commune de Bni MATHAR, les dynamiques de l’INDH et du PDC ont

initié une démarche de participation et de concertation, un processus de renforcement des

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104

capacités des acteurs et la conclusion de conventions pour la réalisation d’actions. Cependant,

des déficits limitent l’impact des actions et leur pérennisation.

- L’approche participative est demeurée partielle et limitée à certaines phases du

processus de planification. Il en résulte que les femmes, tel que cela ressort des

focus group, ont été peu consultées lors de la conception et de la réalisation des

projets qui les concernent pourtant.

- Il faut remarquer enfin que l’évaluation des PPA reste le parent pauvre du

processus de planification et le facteur explicatif de la non pérennité des actions

(Actions dans le domaine de la santé comme exemple). Il s’agit certes de pratiques

dont l’enracinement relève du moyen et du long terme ; mais il faut commencer par

l’intégration de cet aspect et sa clarification dans les contrats et conventions sur les

projets et actions.

- D’autres conditions limitent la pérennisation des actions : niveau de dynamisme et

de développement de la société civile, ressources humaines et financières de la

commune, modestie des projets et limites du partenariat et de coopération entre

acteurs.

4.7. Renforcement des capacités

- D’importants acquis ont été réalisés en matière de renforcement des capacités des

acteurs dans le cadre de l’INDH et du PCD avec l’appui de l’UNICEF, de la DGCL, de

l’ADO, du FIDA et de l’ADS. C’est ainsi que plusieurs actions de sensibilisation et de

formation ont été organisées au profit des acteurs de développement locaux : élus, membres

d’associations, membres de coopératives, porteurs de projets, personnel communal.

- Cette dynamique bien qu’encore insuffisante au regard du volume des besoins, doit

être consolidée. Certes, un grand effort a été fourni notamment pour la formation des

membres de l’ETA ; il faut néanmoins renforcer ce mouvement et l’étendre. Le programme de

renforcement des capacités doit être mieux fondé sur l’identification des besoins ; parmi les

modules relevant des besoins actuels : communication sociale, partenariat, réseautage,

plaidoyer, identification et mobilisation des sources de financement, coopération, animation

du territoire, ingénierie de projets, etc.

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105

- Le renforcement institutionnel figure également parmi les besoins à satisfaire pour

promouvoir la gouvernance locale et la convergence territoriale, pour un développement

durable.

- Des actions spécifiques de renforcement des capacités doivent cibler des catégories

de population aux situations particulières pour un développement inclusif : femmes, jeunes,

personnes à besoins spécifiques.

4.8- Niveau de satisfaction quant aux services offerts

- Les résultats des entretiens avec divers acteurs et des focus group, y compris avec les

femmes, permettent d’émettre les observations suivantes :

-La population est satisfaite quant à la qualité des services administratifs de la

commune ;

- Quant aux PPA et bien que les infrastructures de base aient été identifiés comme

priorité dans la cadre du diagnostic participatif, beaucoup de voix se sont exprimées, dans le

cadre des focus group pour considérer que les projets réalisés par la commune ne reflètent pas

les priorités de la population. Cela s’explique, peut être, par l’ampleur des besoins

socioéconomiques et par le souci de recherche d’emploi et de revenu, dans un contexte local

difficile.

- Les entretiens réalisés avec les membres du Conseil communal et le secrétaire

général de la commune, ont permis aussi de relever des déficits en termes de coordination

avec des administrations (éducation, santé) et la lenteur et complexité des procédures pour

mobiliser les fonds pour les projets appuyés par l’INDH.

- A partir de regards croisés sur le niveau de coopération et de collaboration entre

acteurs, on peut dégager quelques points de vue : intérêt limité des services étatiques pour les

activités initiées par la commune, no reconnaissance de la commune comme acteur de

développement, approche participative appliquée de façon ponctuelle et sélective femmes non

consultées pour les projets qui les concernent.

5- Conclusion générale

La commune rurale de Bni MATHAR figure parmi les communes les plus pauvres de la

province de Jerada, elle-même classée par la carte de pauvreté (2007) comme la deuxième

province la plus pauvre, après Zagora. Cette commune, avec un potentiel non négligeable

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(ressources naturelles, ressources humaines), fait donc face à des contraintes et défis pour

son développement durable.

5.1-Les contraintes

- Au plan environnemental et naturel : aridité du climat, désertification et

déforestation, dégradation des ressources naturelles ;

- Au plan social : indicateurs défavorables et significatifs d’une situation avec déficits

dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’accès aux infrastructures de

base ;

- Au plan économique : une économie de type agropastorale, non diversifiée et créant

peu d’opportunités pour employer et retenir une population locale, qui malgré une

forte croissance naturelle, connaît néanmoins une décroissance en valeur absolue, du

fait de l’exode rural ;

- Au plan institutionnel : une dynamique d’acteurs à ses débuts, ce qui se traduit par

une faible visibilité de la commune dans les réseaux institutionnels, aux différentes

échelles territoriales ;

- Au plan financier : faiblesse des ressources propres et dépendance par rapport à la

subvention de l’Etat.

5.2-Les potentialités

- Des ressources naturelles à préserver et valoriser : une nappe phréatique

exceptionnelle, un couvert végétal et une forêt d’une grande richesse économique et

écologique ;

- Des ressources humaines avec une population jeune et un capital en savoir-faire

ancestral ;

- Une économie agricole en pleine transformation et une activité d’élevage ovin bien

adapté au contexte naturel ;

- Un Conseil communal soudé avec un leadership reconnu au président et un important

capital de compétences communales ;

- Un personnel communal, limité en effectif, mais motivé et ayant acquis

d’importantes compétences techniques et de gestion communale.

Page 107: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

107

- Une dynamique de projets impulsée par les progrès de la planification communale

(PCD-SIC) et soutenue par des acteurs publics et des organisations de coopération

internationale (FIDA, UNICEF, USAID).

5.3-Défis et enjeux de développement

Il s’agit de défis et d’enjeux liés au développement humain durable et qui impliquent des

choix et des arbitrages dans le cadre d’une approche intégrée et prospective pour tenir compte

de tendances telles que:

- La stabilisation de la population et sédentarisation et ses implications économiques,

environnementales et sociales ;

- Les perspectives de développement économique (dans la commune et son

environnement, notamment à Ain Bni Mathar) et la pression sur les ressources

naturelles ;

- L’amélioration du statut de la femme et ses effets sur le marché du travail, sur la

dynamique des projets et sur la démocratie locale ;

- Le développement des ressources territoriales génériques et spécifiques et

l’amélioration de la compétitivité de l’économie locale ;

- L’intégration de réseaux pour consolider la dynamique institutionnelle et améliorer

la visibilité du territoire de la commune ;

- L’identification et mobilisation de ressources propres pour financer le

développement

- L’arbitrage entre développement économique et préservation des ressources

naturelles et ses implications en termes de choix de PPA et de cadres institutionnels

adéquats.

5.4- Dynamique des PPA et gouvernance locale

- Impact de l’INDH et du PCD : L’impact de l’INDH et du PCD sur la dynamique de

développement de la commune est réel et a été observé aussi bien en termes de

nombre de projets réalisés qu’en termes d’amélioration de la gouvernance locale et ce

par :

- L’important appui de l’INDH à la réalisation des projets du PCD, principalement

dans le secteur des infrastructures de base ;

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- Le renforcement des pouvoirs des acteurs locaux par une gestion optimale des

actions de l’INDH ;

- L’adoption de l’approche participative surtout lors de l’élaboration du diagnostic

participatif ;

- La dynamisation du tissu économique local par le développement des AGR ;

- La prise en considération des projets programmés par les différents secteurs lors de

l’élaboration du PCD ;

- L’incitation des acteurs locaux à inscrire leurs actions de développement dans une

démarche de planification, en vue de garantir un meilleur résultat ;

- La prise en compte du local dans le cadre d’une approche de proximité pour une

meilleure satisfaction des besoins de la population.

Au titre des principales insuffisances relevées, on peut citer :

-Caractère partiel de l’approche participative, souvent limitée à certaines phases des

PPA ;

- Insuffisante appropriation par les services extérieurs de la dynamique initiée par

l’INDH et le PCD, ce qui se traduit notamment par leur participation limitée et des

déficits en coordination ;

- Les capacités des acteurs à mobiliser des ressources financières, notamment dans le

cadre du partenariat et de la coopération, sont encore insuffisantes ;

- Le manque de projets novateurs, on constate une répétition des projets proposés ;

l’élevage revient en force comme principale activité proposée par les porteurs de

projets;

- Timide participation d’une société civile à peine émergeante au processus initié par

l’INDH et le PCD et en corollaire, la capacité limitée en montage et gestion de projets.

-Femmes et dynamique des PPA

La commune rurale de Bni Mathar montre des prémisses de changement en matière de

développement humain et d’intégration de l’approche genre aux PPA ; on remarque :

- Un leadership féminin qui se matérialise par un début d’accès des femmes aux

sphères des pouvoirs ;

- Le regroupement des femmes dans une coopérative relève de cette même

tendance ; des projets ont été initiés dans ce cadre.

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109

Des insuffisances sont relevées à plusieurs niveaux :

- L’approche genre et participative n’est pas systématiquement intégrée ;

- les besoins de la population en général et des femmes en particulier sont

considérables.

- L’analphabétisme des femmes et le conservatisme à l’égard de leur

participation à la vie publique continuent d’être des freins au développement

des femmes.

Commune et PPA de dimension régionale et provinciale

Plusieurs opportunités offertes par des programmes et projets au niveau de la région

de l’Oriental et de la province de Jerada ne profitent pas à la commune, car ses

acteurs n’en font pas partie, ce qui montre les limites des capacités des acteurs de la

commune à prospecter des opportunités de partenariat. On citera à tire d’exemples les

programmes pilotés par l’ADS : programme de lutte contre la déscolarisation à Jerada,

programme d’appui aux initiatives de développement local, programme de tourisme

rural dans la région de l’Oriental, etc. L’entrée des acteurs de la commune dans ces

programmes pourrait améliorer la capacité de développer le partenariat et les réseaux,

notamment avec des ONG internationales, ce qui peut être considéré comme une

limite de la situation actuelle.

D’une manière générale, la commune demeure peu visible dans les projets

d’envergure provinciale et régionale, à l’exception du PDPEO. Par ailleurs le seul

projet d’importance nationale (station d’énergie solaire), implanté pourtant sur le

territoire de la commune n’a, pour le moment, aucun impact économique ou social.

5.5- PPA et convergence territoriale

La question de la convergence territoriale entre PPA est récurrente et a été soulevée,

d’une manière ou d’une autre, par l’ensemble des acteurs, à différentes échelles

territoriales ; les limites de cette convergence ont été identifiées à plusieurs niveaux :

- Cohérence intra sectorielle: cette cohérence n’est pas assurée du fait des

limites de la décentralisation et de la déconcentration ; sont également en

cause les difficultés à mettre en place des mécanismes durables et efficaces

pour assurer, dans les meilleures conditions, une coordination entre échelles

territoriales et entre acteurs.

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110

- Cohérence des partenariats, conventions et contrats : Limités en nombre,

les partenariats sont en général de type bilatéral et sectoriel (infrastructures).

- Cohérence intersectorielle sur le territoire communal : Même si l’INDH et

le PCD ont pour objectif de promouvoir une démarche territoriale, intégrée et

transversale, l’élaboration et la gestion des PPA continuent à privilégier les

relations verticales, caractérisées par des limites de coordination entre acteurs.

- Les limites de la coopération intercommunale : l’absence

d’intercommunalité se traduit par un manque à gagner pour la commune et

ses acteurs est d’autant plus préjudiciable que les principales problématiques

de développement de la commune (infrastructures, économie, environnement,

transport, etc.) requièrent un cadre de coopération intercommunale.

- Degré de complémentarité entre échelles territoriales : les contraintes qui

pèsent sur la complémentarité entre échelles territoriales sont liées aux déficits

de la planification stratégique et du réseautage.

- La pérennisation des PPA est conditionnée par l’amélioration de la

participation de la population, le renforcement des capacités des acteurs, le

développement du partenariat et la mise en place d’outils adéquats de suivi,

contrôle et évaluation.

- Renforcement des capacités : Des actions de formation, de sensibilisation et

de mobilisation ont préparé et accompagné les PPA réalisés sur le territoire de

la commune ; d’autres besoins restent insatisfaits ou/et non identifiés.

- Degré de satisfaction quant aux services offerts : En croisant les points de

vue de différents acteurs et en tenant compte des résultats des focus group

avec la population on peut déduire des perceptions contradictoires selon les

acteurs et d’une manière générale des degrés de satisfaction réduits du fait de

l’importance des besoins et des déficits.

6- Enseignements

L’étude de la gouvernance locale et convergence territoriale, avec comme clé d’entrée une

commune rurale, celle de Bni MATHAR en l’occurrence, permet de déduire plusieurs

enseignements, dont les plus importants :

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111

6.1- Une dynamique de PPA créée dans le cadre de l’INDH et du PCD, mais

sans atteindre un seuil critique

La dynamique de l’INDH et celle du PCD ont permis à la commune de Bni MATHAR de

s’engager dans un processus de participation et de concertation ainsi que la réalisation de

projets dans le domaine prioritaire des infrastructures de base. Cela signifie qu’une politique

publique locale volontariste pourrait enclencher un processus de développement. On doit

remarquer néanmoins que ce processus n’a pas atteint un seuil critique d’un développement

durable, autoentretenu et intégré. Cette situation s’expliquerait par :

-Des déficits en coordination, ce qui réduit la portée des PPA

Le territoire de la commune est traversé par des dynamiques, qui tout en ayant le même

objectif déclaré, celui du développement, ont néanmoins des cheminements et logiques

différents ; ces dynamiques sont impulsées par l’INDH, le PCD et les politiques sectorielles.

Les déficits en coordination réduisent considérablement l’impact et les performances des PPA

initiés dans ces cadres institutionnels spécifiques.

-Le partenariat demeure peu développé

La faible capacité de la commune à tisser des relations de partenariat et à s’insérer dans des

réseaux locaux, régionaux, nationaux et internationaux réduit considérablement sa visibilité. Il

s’agit autant des cas de coopération prévus par la charte communale (jumelage et groupement

de communes) que de réseaux et programmes régionaux dont les objectifs correspondent aux

priorités du développement de la commune de Bni MATHAR

-Renforcement du processus participatif, condition d’un développement entretenu

Autre leçon importante, le processus de développement humain de la commune ne peut être

enclenché qu’à la condition d’une implication effective de la population et d’une inclusion

réelle de toutes les catégories sociales. La commune Bni MATHAR, avec le processus de

participation engagé dans le cadre de l’INDH et du PCD, semble avoir choisi cette voie. Il

reste néanmoins beaucoup de défis à relever dont le plus complexe et déterminant concerne la

situation des femmes.

6.2-Un potentiel territorial qui demeure peu valorisé

La commune Bni MATHAR représente un cas typique d’une commune rurale ne manquant

pas d’atouts en ressources naturelles et humaines mais caractérisée néanmoins par un niveau

de développement modeste. En effet, en dépit des efforts fournis par une équipe communale

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112

soudée et ambitieuse, les indicateurs socioéconomiques, environnementaux et culturels sont

défavorables. Le principal enseignement de cette étude, en même temps son hypothèse de

départ, est que les déficits en gouvernance locale et convergence territoriale des politiques,

programmes, projets et actions, constituent les facteurs clés du blocage au processus de

développement ; en conséquence, l’amélioration de ces importantes dimensions permettra à la

commune de sortir de cette « trappe de sous développement ».

-Intérêt de l’approche territoriale intégrée comme fondement des PPA

L’analyse de la dynamique des PPA dans la commune a permis aussi de mettre en relief

l’intérêt de l’approche territoriale de développement avec plusieurs dimensions intégrées :

L’arbitrage entre objectifs économiques et objectifs environnementaux ;

L’articulation entre niveaux territoriaux dans la conception, le montage et la gestion

des PPA ;

L’enracinement de la culture et des pratiques d’évaluation avec des montages

institutionnels appropriés ;

L’importance des ressources immatérielles pour la formation, la préservation et le

développement du capital territorial ;

Le rôle déterminant de l’élite dans toutes ses composantes – politique, économique

et culturelle- à créer des avantages territoriaux comparatifs ;

Le nécessaire approfondissement de la décentralisation et de la déconcentration

comme condition de convergence territoriale.

-Une animation territoriale limitée

Le territoire de la commune demeure peu animé et le nombre d’acteurs et leurs rôles sont

encore limités. La société civile est à peine émergente, l’intervention des services étatiques

demeure ponctuelle. Par contre le rôle joué par des acteurs de la coopération internationale a

permis d’importantes réalisations en matière de planification communale, de renforcement des

capacités et de développement institutionnel.

6.3- Situation des femmes, contrainte majeure pour la dynamique des

projets et le développement durable

Ainsi, les femmes sont peu informées et consultées dans les différentes étapes d’un projet du

fait notamment du conservatisme de la communauté locale à l’égard de la participation

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113

féminine. Leurs capacités socioculturelles limitées ne leur permettant pas de s’adapter aux

exigences techniques et culturelles des projets de développement dont elles sont porteuses.

L’analphabétisme répandu au sein de la population féminine et la faible capacité des femmes

à se regrouper en organisations professionnelles ou en associations de développement locales

ne leur permettent pas de gagner en visibilité ni en pouvoir décisionnel. L’importance des

besoins immédiats (au niveau des infrastructures de base, éducation, santé…) de la population

notamment féminine restant à satisfaire, l’action du développement semble donc encore

lacunaire induisant ainsi un empiètement sur les espaces de réflexion et d’actions qui

devraient être accordés à l’intérêt stratégique des femmes et leur participation aux prises de

décision et au contrôle citoyen.

-Emergence d’un leadership féminin

A côté de ces lacunes, on note l’émergence d’un leadership féminin sur lequel les acteurs du

développement peuvent construire, dans la durée, des actions efficientes : des femmes plus

instruites s’impliquent davantage dans les projets notamment ceux dont elles sont porteuses et

affichent une volonté de changement positif de leurs conditions de vie. Elles jouent un rôle

important dans la mobilisation des autres femmes et influencent les normes sociales

existantes à l’égard de la participation des femmes, qu’elle soit économique, ou

organisationnelle. Ce leadership reste cependant à l’état embryonnaire nécessitant par

conséquent un renforcement considérable.

6.4-La dynamique des PPA, tributaire de l’amélioration des capacités de

gestion budgétaire et de mobilisation des ressources financières

Au plan des ressources financières, dans le contexte de la commune Bni MATHAR, l’étude a

permis d’identifier une série de limites se rapportant notamment à :

- Aux faiblesses afférentes à la planification stratégique participative et aux

limites de convergence PCD-budget communal ;

- Aux limites des capacités de programmation et d’exécution budgétaires et

fiscales ;

- Aux faiblesses du système de reddition des comptes et de circulation de

l’information entre les services budgétaires et financiers, les élus, les citoyens

et les partenaires ;

- Aux déficits du système de contrôle interne, de suivi et d’évaluation des PPA.

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114

7- Recommandations :

7.1-Promouvoir un tissu économique diversifié basé sur les potentialités

locales et l’utilisation rationnelle des ressources naturelles :

- Identifier les secteurs porteurs dans le cadre d’une approche territoriale

prospective et en tenant compte des potentialités de partenariat et de coopération à

différentes échelles territoriales;

- Elaborer une banque de projets novateurs, notamment pour les AGR, tenant

compte des potentialités locales et des possibilités qu’offre l’intercommunalité;

- Encourager la création de micro-entreprises d’artisans et de métiers dans un cadre

partenarial multi-acteurs ;

- Consolider les acquis des projets régionaux visant un développement durable de

l’activité pastorale et développer le partenariat avec la commune (PDPEO- Projet

de lutte participative contre la désertification et de la réduction de la pauvreté dans

les écosystèmes arides et semi-arides des hauts plateaux de l'Oriental) ;

- Créer une structure de veille pour le développement économique et la préservation

des ressources naturelles;

- Elaborer et mettre en œuvre une stratégie publique spécifique, ciblant les femmes.

Cette politique doit inclure la promotion d’activités génératrices de revenus en

rapport avec les produits locaux : la laine, les peaux, l’alfa, la valorisation des

plantes aromatiques et médicinales (romarin, armoise, etc.) et l’élevage ;

- Faciliter la mobilisation du foncier, principalement les terres collectives, au profit

des projets de développement.

7.2-Améliorer la gestion communale et la gouvernance locale :

- Assurer la cohérence entre la planification communale et les autres niveaux de

planification stratégique;

- Renforcer les acquis du PCD et du SIC en enrichissant le processus par des outils

de diagnostics participatifs rapides pour mieux identifier les évolutions en cours :

formes de pauvreté et de vulnérabilité, dynamique sociale (éducation, santé, etc.),

dynamique environnementale et économique ;

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115

- Mettre en place un cadre de coordination et de complémentarité des actions entre

les différents acteurs locaux de développement : élus, autorité, population,

associations, services extérieurs, coopératives, coopération internationale ;

- Rationnaliser et améliorer l’efficacité de la gestion communale par l’adoption

d’outils et de cadres tels les groupes de travail thématiques ou le contrat

programme ;

- Renforcer le travail des commissions, créer et opérationnaliser la commission

« équité et égalité des chances » ;

- Promouvoir la visibilité de la commune au niveau provincial, régional et national

par des activités et des actions d’ordre culturel, scientifique et économique ;

- Créer une structure permanente de communication avec un plan de sensibilisation

et d’information de la population et des partenaires de la commune en vue de

combler les déficits dans ce domaine ;

- Renforcer les ressources humaines de la commune et investir dans le capital de

compétences par la formation et la motivation ;

- Clarifier les rapports entre collectivités ethniques, la commune et les coopératives

et promouvoir des outils de coopération et de complémentarité entre ces entités

pour le développement du territoire communal ; ce qui requiert en l’occurrence une

meilleure identification des prérogatives et responsabilités des uns et des autres et

des mises à jour de l’interprétation des nombreux textes régissant l’utilisation des

ressources pastorales ;

- Appuyer la création d’associations de développement et encourager le partenariat

avec la société civile ;

- Développer les conventions de partenariat et de coopération et s’insérer dans des

réseaux de communes à différentes échelles territoriales.

7.3-Intégrer l’approche genre dans le développement de la commune

- Intégrer l’approche genre de manière transversale tout en appuyant les actions

positives à l’égard des femmes : autrement dit prendre en compte dans toute action

du développement les préoccupations des femmes et des hommes, leurs besoins et

intérêts spécifiques et leurs contraintes et rôles respectifs dans la communauté

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116

locale afin de s’assurer que les retombées positives soient partagées de manière

équitable par les hommes et les femmes, les garçons et les filles. Cela nécessite une

stratégie intégrée de l’égalité des sexes qui a le souci d’être plus complète, plus

efficace et plus juste et qui est un élément fondamental dans le processus

démocratique.

- Adopter une approche participative citoyenne sensible au genre où les femmes sont

consultées et leurs avis pris en compte au même titre que les hommes. A ce propos,

l’expérience vécue lors de l’élaboration du PCD est un exemple louable à multiplier

dans la pratique.

- Renforcer le leadership féminin par l’alphabétisation fonctionnelle, la formation

technique et la sensibilisation sur des thématiques telles que la participation des

femmes à la politique et l’accès aux sphères de la prise de décision.

- Adapter les procédures des projets de développement mis en place au profit des

femmes à leurs profils socioéconomiques.

7.4-Améliorer la gestion des PPA et assurer leur cohérence territoriale

- Viser un meilleur ciblage territorial au niveau de la conception et la localisation des

projets et des actions. L’espace du projet doit être choisi en prenant en

considération des critères tels que les indicateurs sociaux et les effets

d’entrainement et d’impact sur d’autres projets.

- Adopter l’approche participative tout au long du cycle d’un projet de

développement : la population doit être consultée et participer à la gestion et au

suivi et évaluation des projets qu’elle en soit porteuse ou simple bénéficiaire ;

- Faire converger les programmes sectoriels vers une amélioration marquée en termes

de performance sociale de l’action publique ;

- Echanger et capitaliser sur les bonnes pratiques de gestion concertée de projets

intégrés pour disséminer les expériences réussies ;

- Créer un mécanisme de suivi et d’évaluation des PPA. Le système à mettre en place

doit être fondé sur des indicateurs à construire de façon concertée ; Son objectif est

de permettre la diffusion de l’information sur les actions entreprises et leurs impacts

et faciliter ainsi le processus de prise de décision ;

Page 117: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

117

- Simplifier les procédures administratives et financières pour faciliter la

mobilisation des fonds dans le cadre de l’INDH et améliorer la performance des

projets en travaillant sur le ciblage territorial, la qualification des porteurs de projets

et l’implication des femmes ;

- Assurer une meilleure information sur les PPA en général et sur les sites et circuits

touristiques en particulier.

- Développer une culture prospective et d’anticipation pour la conception d’activités

et de PPA novateurs et porteurs avec des scénarios sur les évolutions prévisibles au

niveau national et international et leur impact sur la région et ses composantes

territoriales : évolutions démographiques, dynamiques des marchés, relations avec

l’Algérie, etc.

7.5- Investir dans le renforcement des capacités des acteurs et dans la

consolidation de la dynamique institutionnelle pour une meilleure

convergence territoriale

- Elaboration d’une stratégie de formation et de renforcement de capacités des

différents acteurs de développement sur la base d’une identification des besoins

(élus, associations, femmes, porteurs de projets,….) ;

- Renforcer les capacités des membres de la cellule d’animation et de la société civile

notamment en matière de plaidoyer, de montage de projets et de recherche de

financement ;

- Assurer une meilleure complémentarité et efficacité des organes de l’INDH et

opérationnaliser le rôle du CRDH pour une meilleure cohésion et cohérence entre

projets ;

- Renforcer le rôle du Conseil régional en matière de planification stratégique et de

promotion de PPA structurants à envergure régionale ;

- Créer un mécanisme d’harmonisation entre PCD au niveau provincial ;

- Développer les capacités des ONG et des porteurs de projets en termes

méthodologiques, sur l’éligibilité et le montage des projets proposés au

financement, en vue de stimuler une professionnalisation accrue des acteurs non

gouvernementaux ;

Page 118: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

118

- Assurer le développement des capacités de programmation chez les gestionnaires locaux

par la mise en place des programmes de formation dans le domaine notamment de la

gestion budgétaire, le patrimoine, les marchés publics, l’évaluation des projets , la

gouvernance et la convergence ;

- Promouvoir des formations au profit de l’ensemble des acteurs locaux en appui au

développement du réseautage, du partenariat et de la coopération ;

- Promouvoir les capacités de la DAS et de l’Equipe d’Animation Technique pour

stimuler la création d’associations (femmes, MRE, personnes à besoins

spécifiques), encourager l’entreprenariat et développer la communication sociale;

- Créer un groupe de travail avec une représentation appropriée tenant compte des

différentes échelles territoriales et institutionnelles pour promouvoir la convergence

territoriale des PPA ;

- Harmoniser les méthodes et outils de travail entre l’INDH, le PCD et les autres

programmes sectoriels ;

- S’assurer de la représentativité de la société civile au sein des instances

d’orientation stratégique (CPDH……), et atténuer les contraintes liées à

l’implication de ses représentants ;

7.6-Améliorer la gestion financière et budgétaire de la commune :

- La nécessité de développer un système de planification stratégique et participative

fondé sur l’implication des citoyens et des acteurs locaux et le suivi par la mise

en place des indicateurs de performance et d’évaluation continue des risques ;

- Le développement des capacités de programmation chez les gestionnaires locaux

par le renforcement de formation dans le domaine de la gestion budgétaire, le

patrimoine, les marchés publics, l’évaluation des projets, la gouvernance et la

convergence. La consolidation des capacités organisationnelles de la CRB par la

mise en place d’un système d’organisation des activités courantes et notamment

les activités financières et budgétaires (élaboration des organigrammes,

répartition des taches, manuels de procédure, indicateurs de performance, rapports

d’activités) ;

- Le renforcement des systèmes de reddition des comptes et de circulation de

l’information entre les services budgétaires et financiers, les élus, les citoyens et les

Page 119: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

119

partenaires et ce par la mise en place des structures internes de contrôle de

gestion et de suivi des projets;

- Consolider les ressources financières et fiscales locales (révision des baux et

louage des choses, nouvelles opportunités fiscales ,contentieux) et développer la

pratique du contrôle interne du patrimoine, en vertu de l’article 47 de la charte

communale (délimitation des biens, affectation des bâtiments, domaine forestier,

inventaire permanent des inventaires des biens communaux, la mise en jour des

sommiers de consistance, l’apurement juridique de la propriété domaniale

communale, etc.). Mettre en œuvre des pratiques de contrôle interne permettant de

favoriser la consolidation de la culture du contrôle, de l’éthique (art.21 de la

charte communale) de suivi et d’évaluation continue des PPA à long terme ;

- Négocier avec les ministères de tutelle (Intérieur, finances) les conventions et les

dossiers contentieux susceptibles de bloquer la gouvernance locale (foncier,

conservation foncière, électrification, cautionnement des marchés publics. Cette

proposition est valable pour plusieurs les collectivités territoriales à l’échelon

national ;

- Nécessité d’activer les dispositions de l’article 14 de la nouvelle charte

communale concernant la création de la « commission de parité et de l’égalité des

chances » composée de personnalités appartenant à des associations locales et

d’acteurs de la société civile. Une telle commission peut servir beaucoup à

l’application des principes de la gendérisation budgétaire et à l’approche genre

sociale.

L’article 36 de la charte communale énonce à cet effet que « le PDC décrit pour six années,

dans une perspective de développement durable et sur la base d’une démarche participative

prenant en considération notamment l’approche genre, les actions de développement dont la

réalisation est prévue sur le territoire » ;

- L’intégration de la dimension genre dans le processus de la programmation

budgétaire s’inscrit dans un environnement favorable marqué par la réforme

constitutionnelle, la mise en place de l’INDH , la poursuite de la stratégie de

réforme budgétaire, de la comptabilité publique, l’approfondissement du processus

de déconcentration et de décentralisation(régionalisation avancée) la nouvelle

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120

dynamique de partenariat Etat – société civile et la conduite d’importantes réforme

sociale (Régime d'Assistance Médicale /REMAD) ;

- Harmoniser et unifier la législation des marchés publics concernant notamment le

cautionnement qui est fixé à 10 % selon la réglementation de l’INDH et à 7% pour le

décret sur les marchés publics tout en développant une documentation et une base de

données bien élaborée sur la pratique de la comptabilité les achats et les marchés

publics ;

- Favoriser la formation continue sur les marchés, la gestion budgétaire et du

patrimoine et sur la PSP.

- Nécessité d’élaborer une charte d’éthique au sein de la commune en vertu de l’article

22 de la charte communale qui stipule qu’il « interdit , à peine de révocation , sans

préjudice de poursuites judiciaires, à tout conseiller communal d’entretenir des intérêts

privés avec la commune , dont il est membre , de conclure des actes ou des contrats

de location, l’acquisition , d’échange ou toute transaction portant sur les biens de la

commune, ou de passer avec elle des marchés de travaux , de fournitures ou de

services, ou des contrats de concession, de gérance et toutes autres formes de gestion

des services publics communaux, soit à titre personnel soit comme actionnaire ou

mandataire , soit au bénéfice de son conjoint, ses ascendants et ses descendants

directs » .

Page 121: Royaume Du Maroc Le Chef du Gouvernement CADRE ...

121

Références bibliographiques

Ouvrages

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- Rapport sur le développement humain 2008, ONDH, Juin 2009.

- Revue à mi-parcours de l’INDH juillet 2005 à fin 2008, analyse sectorielle des projets

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- Dahir n° 1- 11-91 du 29 juillet 2011 portant promulgation du texte de la constitution

- La loi n° 78 .00 portant charte communale telle que modifiée et complétée par la loi

n° 17.08 promulgué par le dahir n° 1.08.153 du 18février 2009, BO n° 5714 du 5- 3-

2009

- Dahir n° 1- 09-02 du 18 février 2009 portant organisation des finances des

collectivités locales et de leurs groupements – BO du 5714 du 5 mars 2009

- Dahir n° 1-07-195 du 30 novembre 2007 partant promulgation de la loi n° 47 – 06

relative à la fiscalité des collectivités locales BO n° 5584 du 6/12/2007

- Décret n° 2- 09 441 du 3 janvier 2010 portant règlement de compatibilité publique

des collectivités locales et de leurs groupements.