Redressement économique rapide ou résurgence du...

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 1 En partenariat avec Redressement économique rapide ou résurgence du conflit : Etude sur le relèvement économique dans la région de Bossangoa en République Centrafricaine Credit photo: Hervé Hutin Septembre 2015 Hervé Hutin et Frédéric Meunier

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 1

En partenariat avec

Redressement économique rapide ou résurgence du conflit :

Etude sur le relèvement économique dans la région de

Bossangoa en République Centrafricaine

Credit photo: Hervé Hutin

Septembre 2015

Hervé Hutin et Frédéric Meunier

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Contenu Remerciements : .......................................................................................................................... 4

Résumé : ...................................................................................................................................... 5

Abstract : ..................................................................................................................................... 8

1. Contexte et méthodologie : ............................................................................................. 11

1.1. La complexité du redressement : interrelations entre les piliers d'une paix durable ....... 11

1.2. L'environnement sécuritaire et les perspectives de réconciliation .................................... 12

1.3. La méthodologie ................................................................................................................... 15

2. Configuration du système économique local antérieur ..................................................... 18

2.1. Le système coton .................................................................................................................. 18

2.2. Le commerce Nord / Sud : .................................................................................................... 18

2.3. La répartition des fonctions de production et d'échange ................................................... 20

2.4. Une relative intégration des marchés .................................................................................. 23

3. Conséquences des «événements» sur le système économique local ................................. 24

3.1. L’effondrement du commerce .............................................................................................. 25

3.2. Pertes en capital productif et domestique : ampleur et évaluation chiffrée ..................... 27

3.3. Conséquences sur les autres secteurs du système local ..................................................... 31

1.1.1. Conséquences sur le système coton et le secteur primaire ................................................ 31

3.4. Répartitions géographiques des richesses et stratégies de d’adaptation .......................... 45

3.5. Synthèse sur les pénuries, freins et blocages du processus de redressement ................... 47

4. Analyses.......................................................................................................................... 48

4.1. La trappe à la pauvreté ......................................................................................................... 48

4.2. Le risque de passer de l’espoir au découragement ............................................................. 49

4.3. Analyse des risques............................................................................................................... 49

4.4. Analyses causales par filière : ............................................................................................... 52

4.5. La place des commerçants musulmans ................................................................................ 60

4.6. Impacts économiques liés à la présence des organisations internationales : .................... 60

4.7. Les combattants et le produit des pillages: ......................................................................... 60

4.8. Facteurs de résilience et recommandations collectées ...................................................... 62

5. Questionnement, objectif et recommandations ............................................................... 67

5.1. Hypothèses :.......................................................................................................................... 67

5.2. Méthode et approches ......................................................................................................... 68

5.3. Echéances .............................................................................................................................. 69

5.4. Recommandations : .............................................................................................................. 70

5.5. Chronogramme : ................................................................................................................... 79

Bibliographie .............................................................................................................................. 80

Annexe1 : Détails de l’enquête ................................................................................................... 81

Annexe 2 : Propositions trames cadre logique ............................................................................. 92

Annexe 3 : Relevé des prix du marché de Bossangoa au 17 août 2015 .......................................... 93

Annexe 4 : Carte des principaux marchés de la SP de Bossangoa et jours des marchés.................. 95

Annexe 5 : Synthèse des entretiens avec les administrations locales ............................................ 97

Annexe 6 : Planning des rencontres et activités .......................................................................... 101

Annexe 7 : Liste de présence à la restitution préliminaire de Bangui. .......................................... 104

Annexe 8 : Résumé des entretiens: pénuries, freins et recommandations collectées ................... 105

Annexe 9 : Calendrier saisonnier de la sous-préfecture de Bossangoa (source ACF) ..................... 112

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Acronymes :

AB : anti-balakas

ACF : Action Contre la Faim

ACTED : Agence d’Aide à la Coopération Technique Et au Développement

AFPE : Agence pour la formation et l'emploi

AGR : Activités Génératrices de Revenus

ANDE : Agence Nationale du Développement et de l'Elevage

ARC : Association Radio Communautaire

BAD : Banque Africaine de Développement

BM : Banque Mondiale

CCCS : Comité Communautaire de Cohésion Sociale

CGM : Caisse de Garantie Mutuelle

CRS : Catholic Relief Service

CVD : Communauté villageoise de développement

DDRR : Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Réintégration

DG : Direction Générale

DRC : Danish Refugees Council

ES : ex-sélékas

FACA : Forces Armées Centrafricaine

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

GIR : Groupement d’intérêt rural

HCR : Haut-Commissariat aux Réfugiés

MINUSCA : Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en RCA

MSF : Médecins Sans Frontières

NFI : Non food Item

ONG : Organisations Non Gouvernementales

ONU : Organisation des Nations Unies

ORSTOM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer

OSI : Organisations de Solidarité Internationale

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SAME : Sécurité Alimentaire et Moyens d’Existences

SDIC : Société de Développement et d'Investissement Chinoise

SFCG : Search for Common Ground

SP : Sous-préfecture

THIMO : Travail à Haute Intensité de Main d’Œuvre

TP : Travaux Publics

UE : Union Européenne

UNOCHA : Office des Nations Unies de coordination des affaires humanitaires

UNPOL : Police civile des Nations Unies

WASH : Water, Sanitation, Hygiene

WFP : World Food Program

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Remerciements : De très nombreuses personnes et institutions ont contribué à cette étude et nous tenons à toutes les

remercier ici. Pourtant, chaque contribution, depuis la participation volontaire des familles

concernées jusqu’aux analyses de représentants des ministères ou de la communauté internationale,

en passant par ceux des services publics locaux, a permis d’éclairer notre compréhension d’une

situation post-conflictuelle complexe qui impacte durement toute la sous-préfecture de Bossangoa.

Nous tenons notamment à remercier Mr. Aboubacar KOULIBALY, Directeur pays du PNUD pour la

Centrafrique, et son équipe pour leur disponibilité et leur appui à Bangui.

Nous souhaitons également remercier particulièrement toutes les équipes d’Action Contre la Faim,

tant au siège qu’en capital et spécialement l’équipe de la base de Bossangoa sans lesquelles cette

étude n’aurait pas été faisable. Leur appui logistique et technique, leur connaissance du terrain, de

ses acteurs et de ses populations et l’acuité de leur analyse de la situation nous ont été d’un précieux

concours.

Cette étude n’engage que leurs auteurs et ne peut être tenue comme exprimant la position du

Programme des Nations-Unies pour le Développement ou d’Action Contre la Faim. Elle a été réalisée

par Le Group’- Consultants mutualisés Experts du Secteur Solidaire (www.legroup-ess.org) avec :

Frédéric Meunier, team leader, spécialiste des analyses transversales et études des marchés

économiques post-crise, membre fondateur du Group’ ([email protected]).

Hervé Hutin, docteur en sciences économiques spécialisé dans l’étude du redressement

économique dans les sociétés post-conflictuelles, chercheur associé du CCDP (Center on Conflicts,

Development and Peacebuiding) de l’Institut des Hautes Etudes Internationales et de

Développement de Genève et du laboratoire LLSETI de l’Université de Savoie (herve.hutin@univ-

smb.fr)

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Résumé :

Le retour à une paix durable suppose un équilibre simultané entre plusieurs piliers conditionnels les

uns des autres : la sécurité, la réconciliation politique, la réhabilitation de l'Etat, le redressement

économique et la recomposition sociale avec l'accès aux droits. L’étude analyse les principaux leviers

d’un redressement économique rapide dans la sous-préfecture de Bossangoa et prend en compte les

spécificités sociales d'une communauté sortant de conflit (persistance des tensions, inertie au retour

des déplacés et réfugiés, anciens combattants désœuvrés...). Elle s’inscrit dans un contexte national

particulier. Même si ces analyses et les recommandations qui en découlent sont spécifiques à la

région, elles peuvent contribuer à la réflexion sur le redressement du pays ou de ses régions.

La République Centrafricaine présente les caractéristiques d'un Etat failli en situation post-

conflictuelle.

Cet état de fait la prédispose à un nouveau conflit. La succession des crises depuis douze ans,

notamment l’intensité de la dernière (2012-2014), enlève à la population et au pays les moyens de

pouvoir sortir d’une dynamique de conflits récurrents qui l’assimile à un long conflit. A un niveau

individuel, la possibilité de reprendre les armes reste présente : le coût d’opportunité représenté par

l’engagement dans une guérilla est très faible en RCA pour un jeune sans formation ni perspective de

travail.

La décapitalisation massive engendrée par des pillages systématiques, la désorganisation de toutes

les filières, le délabrement des infrastructures publiques, l’absence de nombreux services publics ou

privés et leurs conséquences sur la population (déscolarisation, difficile accès aux soins, malnutrition,

perte de confiance) rendent d’autant plus difficile l’effort à fournir pour sortir des conditions qui

génèrent cette situation.

A un niveau individuel, la possibilité de reprendre des armes peut devenir tentante : le coût

d’opportunité représenté par l’engagement dans une guérilla est très faible en RCA. Pour un jeune,

s'engager ou retourner dans un groupe rebelle ne lui coûte presque rien du fait qu'il n'a souvent ni

travail, ni compétence, ni revenu et peu de perspectives. Le prix d’une arme automatique de guerre

est équivalant au prix d’un jeune bovin.

Laissé à lui-même, le redressement économique est lent. Retrouver le PIB d'avant le conflit prendra

au minimum une dizaine années compte tenu des dégâts et cela ne fait que replacer l’économie dans

l’état où elle était à la veille du conflit.

Pourtant, certains indicateurs locaux montrent un début de redressement économique.

L'amélioration de la sécurité, de petites initiatives privées, la venue régulière de grossistes de Bangui,

la réhabilitation d’une institution de micro crédit, la collecte de taxes par la municipalité sur le

marché, le retour timide et progressif des administrations, la recapitalisation des foyers en petit

élevage, les pratiques des tontines, le redéploiement progressif des services publics, la confiance

dans l’avenir et les projets des foyers ainsi que la volonté de travailler de la population sont autant

d’indicateurs significatifs de l’engagement des acteurs pour entrer de plein pied dans le relèvement.

Le contexte reste très instable à tous niveaux.

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La résilience est limitée, le redressement reste fragile, les populations présentent une vulnérabilité

structurelle après de nombreux chocs et se trouvent enfermées dans une trappe à la pauvreté. Les

aides actuelles, orientées vers les plus pauvres (en situation d’urgence), maintiennent un contexte de

« soins palliatifs ». La classe des familles pauvres, tout juste en capacité de produire, ne peut

recapitaliser sans soutiens externes.

Risque de résurgence du conflit.

En l'absence d'un soutien déterminé et rapide au système économique, le conflit a de fortes chances

de réapparaître à l'occasion de tensions, d'un choc ou tout simplement de l’érosion des perspectives

de reprises. Ces occasions ne vont pas manquer : nécessaire déception d'une partie de la population

après des élections décalées, possible récolte moins abondante, période de soudure agricole difficile,

accroissement des prix de nombreuses denrées durant la saison des pluies si les transports ne

s'améliorent pas, découragement dû aux difficultés quotidiennes, épizooties, érosion du capital

ponctionné durant les derniers pillages …..

Deux dynamiques sont aujourd’hui en concurrence sur tout le territoire national: celle de la

résurgence du conflit et celle du redressement économique. Elles sont parallèles. Si des groupes

désœuvrés se remettent à couper des routes, piller des villages ou rançonner des personnes, même

de façon marginale, la dynamique du redressement économique sera rompue du fait de l’occurrence

de ces risques. La spirale de l’effondrement se réactivera, alimentée par des évènements conflictuels

récurant engendrant la récession économique qui stimulera à son tour des facteurs de

déstabilisations.

La communauté internationale doit mesurer le coût d’une instabilité régionale qui découlera d'une

nouvelle crise. Si elle n'agit pas maintenant, ce coût sera le double demain.

L'objectif est d'éviter la résurgence du conflit en couplant des solutions à impact rapide à des

mesures plus structurelles de redressement Les projets doivent s’appuyer sur l’existant et réactiver

les structures participatives de la société civile en acceptant des améliorations parfois provisoires.

Ces projets doivent être attentifs à l’intégration des jeunes anciens combattants et associer les

services publics. La coordination de ce programme doit générer des synergies entre projets qui

doivent être suivis de près.

Principaux leviers:

1. Recapitaliser pour investir et produire. Après des mois de pillage et de racket, les ménages

tentent lentement de recapitaliser l’essentiel (biens domestiques et actifs productifs).

L’absence de liquidités monétaires dans la zone bloque l’investissement et la consommation.

L’injection de liquidités pour les ménages, par donation ou par prêt, constitue une mesure

urgente. En étant en partie conditionnée à des projets d’investissement (outils, équipements,

petit élevage…), elle permettra d’éviter que tout soit consommé.

2. Désenclaver l’Ouham. Le redressement économique de pourra s’initier sans la remise en état

des voies d’accès à la Sous-préfecture.

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3. S’appuyer sur la filière coton. Levier d’entraînement majeur sur l'économie locale tant au

niveau des revenus distribués que de l'activité agricole et annexe (transport, banque,

réparation, commerce, etc), la filière coton doit reprendre rapidement.

4. Relancer la culture attelée. Levier central de l’accroissement de la production vivrière, cette

relance permettra des extrants agricoles, sources d’apports en liquidités.

5. Faciliter le crédit et les transferts. Complément essentiel des leviers précédents, la reprise du

crédit et des transferts de fonds permettra d’accompagner et de sécuriser le redressement

économique.

6. Disposer de services publics accompagnant le développement. Le repositionnement de l’Etat

et des collectivités doit garantir la pérennité du relèvement économique et la reprise des

impôts et taxes.

7. Communiquer et informer. Le processus de relèvement doit être visible et transparent en

garantissant un bon niveau d’informations et de sensibilisation sur tout le territoire.

8. Investir dans le capital humain. Redonner des perspectives en développant des qualifications

correspondant aux besoins locaux en visant particulièrement les jeunes. Investir dans le capital

humain est prioritaire dans un environnement post-conflictuel en situation de relance

économique.

Le redressement de la Sous-préfecture de Bossangoa ne constitue pas seulement l’amélioration

économique d’une localité. Ce redressement doit produire des effets d’entrainement à la fois

économiques et pacifiques sur le reste de la région et du pays. La restauration des moyens de

production et d’échange doit être une priorité car elle représente un enjeu décisif dans le relèvement

de la République Centrafricaine.

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Abstract :

The return to sustainable peace requires a simultaneous balance among several interconnected

conditions: security, political reconciliation, rehabilitation of the state, economic advancement, and

social restructuration that provides access to rights. The study analyzes the principle vehicles of rapid

economic recovery in the Bossangoa prefecture, taking into account the social specificities of a

community emerging from conflict (persistence of tensions, sluggish return of the displaced and of

refugees, unemployed former combatants…). While these analyses and resulting recommendations

stem from a specific regional context, they can contribute to an overall analysis of the country as

whole and other regions.

The Central African Republic possesses the characteristics of a failed post-conflict state.

This situation predisposes the country to new conflicts. The successive crises over the last twelve

years, most notably the recent years of conflict, have robbed the population and the country of

various means to exit these recurrent conflicts, contributing to its long state of instability.

The massive decapitalization wrought by systematic looting, the disorganization of all sectors, the

dilapidation of public infrastructures, the absence of numerous public and private services and their

consequences for the population (reduced education, limited access to aid, malnutrition, loss of

confidence) make it all the more difficult to find a means to escape the conditions that brought about

the current situation.

On an individual level, taking up arms can become tempting; the opportunity cost for engaging in

guerilla forces is very low. The youth lose almost nothing by joining or returning to a rebel group, for

they often lack work, skills, revenue, and promising future prospects. The price of an automatic

weapon is the same as the price of a young bull.

Without intervention, economic recovery will languish. A return to the country’s GDP from before

the conflict will take at least ten years, taking into account the cost of damages, and this effort will

ultimately do nothing but place the economy back into the state it was in right before the start of the

conflict.

However, certain indicators show the beginnings of economic recovery.

Improved security, small private initiatives, the regular arrival of wholesalers from Bangui, the

rehabilitation of microcredit institutions, municipal market tax collections, the slow return of

administrations, recapitalization of small-scale livestock, the practice of household savings, the

progressive establishment of public services, increased confidence in the future, in house-building

projects, and subsequently in the population’s will to work, are all significant indicators of the

population’s active engagement in recovery efforts.

The situation remains very unstable on all levels.

Resilience is limited, improvements remain fragile, and populations remain vulnerable after

numerous shocks, locked in the trap of poverty. Current aid, oriented towards the most poor (in

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emergency situations), remains merely “palliative” in nature. Poor families, only capable of providing

for themselves, cannot enter into full economic productivity without external aid.

Risk of the reemergence of conflict.

Without direct and rapid aid to the economic system, there is a strong possibility of a resurgence of

the conflict due to tensions, shock, or simply to a deteriorating faith in recursive action. The following

events could contribute to this: the fundamental disillusionment of a part of the population after

postponed elections, the possibility of a less abundant harvest, the difficult lean season, rising prices

for numerous commodities during the rainy season if transport systems do not improve,

discouragement due to daily difficulties, livestock illness and the erosion of capital resulting from the

most recent pillages.

Two parallel dynamics are occurring across the country: the resurgence of conflict and economic

improvement. If unemployed groups return to barricade routes, pillage villages, or kidnap people for

ransom, even to a limited extent, the mere appearance of these risks will cut off the beginnings of

economic improvement. The downward spiral of societal collapse will reinitiate, fueled by recurring

conflictive situations that engender economic recession, which in turn produce additional

destabilizing factors.

The international community must understand the cost of regional instability, which will inevitably

result from the next new crisis. If action is not taken now, its price will double tomorrow. Our

objective is to prevent the resurgence of conflict with rapid-impact solutions that target structural

reconstruction. These projects must work in tandem with those that already exist and reactivate civil

participatory structures, while accepting that some improvements may be temporary. Projects ought

to integrate young former combatants and must work with public services. The coordination of the

whole program should generate synergies between its numerous projects and that of those to

follow.

Principle measures:

1. Recapitalize for investment and production. After months of racketeering and looting, households

are slowly beginning to recapitalize the essential domestic goods and productive assets. However,

the lack of liquid assets in the zone blocks investment and consumption. Increasing household cash

flow, by donation or loan, is an urgent measure. As a part of other conditional investment projects

(tools, equipment, livestock…), this measure will help ensure that capital continues to circulate.

2. Make Ouham accessible. Economic revitalization will not be possible without first repairing the

roads to access the prefecture.

3. Focus on the cotton sector. To leverage the major driving force of the local economy, in terms of

distributive revenue and of the agricultural activity, as well as other generated products (transport,

banking, reparations, commerce, etc.), the cotton sector must rapidly recover.

4. Re-stimulate agricultural cultivation by animal power (oxen). By increasing food crop production,

this measure will generate agricultural outputs that will increase cash flow.

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5. Facilitate credit and transfers. An essential compliment to the previous measures, the

reestablishment of credit and transfer of funds will help accompany and secure economic

revitalization.

6. Use of public services alongside development. The repositioning of the state and collectives

should guarantee the sustainability of economic recovery and the return of public and private taxes.

7. Communicate and inform. The recovery process must be made visible and transparent by

spreading a high level of information and awareness throughout the region.

8. Invest in human capital. Improve outlooks by developing skills corresponding to local needs,

targeting the youth in particular. Investing in human capital is a priority in a post-conflict

environment that is in the process of economic revitalization.

The recovery of the Bossangoa prefecture would not constitute the mere improvement of a single

locality. This effort will produce positive economic and pacific effects on the rest of the region and

the country. We must prioritize restoring means of production and exchange, for this serves as the

decisive challenge in the recovery of the Central African Republic.

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1. Contexte et méthodologie : La complexité du redressement économique dans un contexte tendu impose une approche élargie de

son étude. Aussi, la méthodologie permettant de cerner les problèmes économiques s’appuie sur des

sources diversifiées.

1.1. La complexité du redressement : interrelations entre les piliers d'une paix durable

Le retour à une paix durable est un processus global et complexe : il fait intervenir des éléments

politiques, militaires, économiques, sociaux, culturels, ethniques notamment. Tous ces éléments sont

liés : un échec politique au sujet de la réconciliation compromet nécessairement le redressement

économique et social de même qu’une relance économique déficiente provoque des tensions qui

peuvent faire échouer le processus de paix. Ces différents domaines renvoient à des compétences

variées et de là à une grande diversité d’acteurs à tous les niveaux de la société.

Pour éclaircir le cadre conceptuel des sorties de conflit, nous pouvons regrouper les éléments

fondamentaux d’une dynamique de paix en plusieurs piliers principaux et liés entre eux. Les travaux

de Green1 (Green, 1999, p 257), Feil2 (Feil et al., 2002), Véron3 (2008, 25), Tigran Hasic (modèle

SCOPE, Hasic, 2004, p 46 s) et Sultan Barakat (sept piliers de la reconstruction d’après-guerre,

Barakat, 2005, p 249-270) se rejoignent sur l’essentiel avec un découpage parfois différent, en

fonction d’aspects prioritaires.

La sécurité étant un déterminant commun de l’ensemble du processus, il nous paraît important de la

distinguer de la reconstruction de l’État, circonscrite dès lors au développement des capacités

institutionnelles, notamment administratives (intérêt de la distinction de Feil). En outre, dans le

contexte particulier des sociétés post-conflictuelles, le problème de la pauvreté et de l’accès aux

droits amène à distinguer un pilier social: le redressement économique peut se faire à un niveau

macroéconomique mais de façon inégale dans la société (les indicateurs de croissance, le niveau de

l’inflation, la balance commerciale peuvent présenter des améliorations sans que celles-ci profitent à

l’ensemble de la population, notamment celle qui vit sous le seuil de pauvreté). Nous représentons

donc le processus de retour à une paix durable comme fondé sur cinq piliers, ainsi le montre le

schéma suivant :

Schéma : Les cinq piliers d’une paix durable

Schéma extrait de Hutin Hervé (2012)

1 Cinq R : « réhabilitation, reconstruction, réconciliation, réinstallation et réintégration » 2 Quatre piliers : sécurité, justice et réconciliation, bien-être social et économique, gouvernance et participation. Mais ces

piliers peuvent s’appliquer à n’importe quelle société, ils ne sont pas spécifiques aux sociétés post-conflictuelles. 3 Cinq composantes : sécurité (prioritaire car conditionnelle des autres), relance des activités économiques, réhabilitation

de l’appareil d’État, volet politique et juridique (constitution, élections, droit…) et une composante « société civile »

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Notons que certains programmes ressortissent de deux ou plusieurs catégories et font intervenir des

acteurs différents. Ainsi, les programmes de DDRR4 sont à classer à la fois dans les catégories

« sécurité » et « redressement économique ». On pourrait même les intégrer dans la catégorie

« accès aux droits » puisqu’ils contribuent à la recomposition sociale du pays ou dans la catégorie

« réconciliation politique » car ce processus suppose un accord entre chefs de guerre. De fait, ces

programmes sont investis à la fois par la mission ONU, des organismes internationaux (Banque

Mondiale, PNUD) et des ONG, chacun ayant des approches différentes du problème.

Ces cinq piliers ne sont ni fixes, ni isolés : ils sont interdépendants et leur influence réciproque

modifie leur environnement. Ils sont conditionnels les uns des autres, c’est-à-dire qu’ils ont la même

importance dans le processus. Même si certaines actions peuvent être prioritaires, notamment la

sécurité dans l’immédiat après-guerre, les actions les concernant doivent être menées en parallèle.

D’un point de vue méthodologique, ces considérations nous amènent à prendre en compte

l’environnement notamment sécuritaire dans lequel s’inscrit la possibilité de redressement

économique qui apparaît à Bossangoa.

1.2. L'environnement sécuritaire et les perspectives de réconciliation

L'environnement sécuritaire dans la sous-préfecture de Bossangoa est à la fois complexe, variable

selon les localités et fragile. Les perspectives de réconciliation lui sont liées et présentent ces mêmes

caractéristiques.

La situation est complexe et variable selon la localité: il existe plusieurs branches chez les anti-

balakas (AB) et les ex-sélékas (ES), en tous cas plusieurs façons d'opérer selon les commandants

locaux. Plus on va vers le nord de la préfecture de l'Ouham, plus on se rapproche de la ligne de

séparation AB /ES. A Batangafo, les deux groupes sont dans la ville et cohabitent. Le triangle Kabo-

Batangafo- Kaga-Bandoro est tenu par les ES, renforcés par des mercenaires tchadiens et soudanais

qui ne veulent pas de la normalisation. Les ES prélèvent des impôts auprès des Peuls qui tentent de

les éviter, mais les protègent aussi s’ils sont attaqués, notamment par des AB ou des coupeurs de

routes (source : entretien responsable INSO de la zone).

Plus à l'ouest (Ouham Pende) s'est développé le mouvement « Révolution et justice » renforcé par

des défections d'ES. Ce mouvement ressort plus de l'activité criminelle que du combat politique.

La sous-préfecture de Bossangoa où nous nous sommes déplacés est une zone tenue par les anti-

balakas en cours de normalisation : les éléments armés ne sont plus visibles et ceux qui le restent se

mettent à la disposition de la gendarmerie comme auxiliaires. Il ne faut pas se tromper sur ce lien :

par exemple à Bouca (15 000 habitant environ), un adjudant commande le poste mais il a sous lui

une dizaine d'anti-balakas comme auxiliaires dont le chef détient le commandement réel (et était

connu pour opérer auparavant dans le vol de bétail). Une ONG, présente à Bouca, a été agressée et

volée à quatre reprises en deux semaines. On retrouve une situation similaire à Kabo, au Nord-Est de

la préfecture où un général des ES est entré triomphalement en ville mi-août et s'est mis à

disposition du sous-préfet qui a bien été forcé de l'accepter.

4 DDRR : programme de désarmement, démobilisation, réinsertion et réintégration des anciens combattants

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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La gendarmerie de Bossangoa se structure progressivement dans ce contexte : le bâtiment a été

refait récemment, 17 hommes y sont arrivés en novembre 2013. L'effectif est d'une trentaine de

gendarmes au 18 août 2015 opérant sur la ville de Bossangoa. Auparavant il y en avait une centaine,

les sept sous-préfectures de l'Ouham ayant chacune une brigade. A Batangafo et à Kabo, les brigades

ont été détruites, à Bossangoa, pillées et saccagées. La maison d'arrêt n'est plus fonctionnelle et une

cour entourée de barbelés derrière le bâtiment en tient lieu pour une quinzaine de détenus en garde

à vue ou en détention provisoire, retenus pour des délits de vols notamment. Selon le commandant

de la gendarmerie, la criminalité recule, la situation est calmée mais il y a beaucoup d'accidents de la

circulation. La gendarmerie manque de moyens roulants (motos notamment) et d'armes. Quatre ou

cinq policiers UNPOL (MINUSCA) patrouillent avec les gendarmes.

Les autorités judiciaires se bornent à la présence du procureur et du greffier en chef. Le président du

tribunal, quoique désigné, est toujours à Bangui. Les instituions de sécurité n'ont pas atteint un seuil

où elles peuvent être opérationnelles. Les FACA sont absentes. La MINUSCA présente avec un

bataillon camerounais contribue par sa présence à la pacification.

Les obstacles à la pacification sont :

- l'insuffisance de moyens des autorités officielles ;

- l'importance numérique des jeunes passés dans les groupes rebelles et dont les perspectives

d'avenir restent fermées ;

- le fait que certains groupes aient intérêt à la perpétuation du conflit. C’est le cas des

mercenaires tchadiens et présents chez les ex-sélékas. D'autres sources indiquent que les

anti-balakas, tout au moins certains d'entre eux, ont intérêt à ce que la période de troubles

continue pour faire du commerce sans contraintes ;

- la violence subie selon les localités qui rend difficile la réconciliation à court terme là où des

exactions ont été commises. C'est notamment le cas à Bossangoa. Le maire nous a lui-même

déclaré que les ex-sélékas s'étaient contentés de prendre le pouvoir et que ce sont les

musulmans natifs de la ville qui les ont poussé aux exactions. Cette version de la trahison des

musulmans natifs a été plusieurs fois entendue, ce qui ne veut pas dire qu'elle est

nécessairement exacte. Cela montre au moins la difficulté du dialogue de réconciliation à

mener ;

- les peurs réciproques ou les amalgames que des agitateurs peuvent entretenir (ES /

musulmans / éleveurs de RCA ou du Tchad) ;

- les tensions entre agriculteurs et éleveurs selon les endroits ;

- le fait que les groupes rebelles sont toujours présents, même s’ils sont moins visibles sur la

sous-préfecture. Les armes n'ont pas été rendues.

Plusieurs organisations travaillent sur le problème de la réconciliation, notamment :

- Search for Common Ground (SFCG). L'association anime le projet « Demain est un autre

jour » pour encourager l'abandon des armes et le Comité de Paix et de médiation qui

s'appuie sur des représentations théâtrales, des danses, des démonstrations de skate et des

poèmes en public et organise des rapprochements en invitant des chefs religieux et des

autorités locales. L'ONG utilise la radio « La voix de l'Ouham », malheureusement fermée

depuis mai 2015 (l'Association Radio Communautaire, l'ARC, a récupéré le matériel pour le

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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réparer à Bangui, mais il n'était pas revenu en août 2015). SFCG a également formé des

journalistes radio en 2014.

- le diocèse de Bossangoa avec la Commission épiscopale Justice et Paix, la radio Ndoyé

(amour) ;

- La « Plateforme des Religions » est une initiative du président de la communauté islamique

centrafricaine qui a rencontré le président de la communauté évangélique et l'archevêque.

Localement le représentant de chaque communauté réunit celle-ci pour analyser la situation.

Puis les différentes communautés se réunissent, un représentant de chacune d'elles expose

les analyses puis un débat orienté vers la cohésion sociale a lieu. En 2012, l'initiative a bien

fonctionné dans certains endroits et a permis ensuite de limiter les problèmes. L'initiative se

poursuit.

- A Bossangoa, l'évêque préside un Comité Communautaire de Cohésion Sociale (CCCS) mis en

place au moment de la crise avec l’imam comme vice-président (accord sur l’interprétation :

cette crise n'a rien de religieux, elle a néanmoins des effets qui peuvent impacter sur la

religion). La fuite des musulmans a suspendu le travail du Comité à Bossangoa, de même qu'à

Bouca. Au niveau des paroisses, deux animateurs sont recrutés pour une démarche similaire,

l'un est chrétien (pas nécessairement catholique), l'autre musulman. Ils fonctionnent

notamment à Paoua, Batangafo et Kabo.

- L’ONG Caritas intègre dans tous ses projets une dimension post-conflictuelle en

encourageant la cohésion sociale et en mettant l'accent sur la formation pour les jeunes

- L’ONG CRS participe à la mise en place des Comités de cohésion sociale dans les paroisses et

forme des formateurs (ces programmes avaient commencé avant le départ des musulmans

en les intégrant). L'ONG s'oriente sur le relèvement précoce, combiné avec du travail payé

« cash for work », la réhabilitation d'infrastructures publiques et la cohésion sociale avec

participation communautaire.

- Emergencia, ONG centrafricaine orientée sur la protection des groupes vulnérables,

notamment les femmes et enfants, les jeunes désœuvrés et le troisième age, travaille

notamment sur les problèmes liés à la sorcellerie qui s'est aggravé avec le phénomène anti-

balakas. 5

- Toutes les ONG s’efforcent de prendre en compte la cohésion sociale et la réconciliation dans

leur projet. La réconciliation est souvent vue comme nécessaire, même si elle doit prendre

du temps pour certains. Il semble admis que les gens qui la refusent ne peuvent être forcés,

sans quoi l’effet serait contreproductif. Il faut leur laisser du temps et accompagner dans la

mesure du possible. En résumé : les AB sont les seuls rebelles présents dans la sous-

préfecture. S'ils ne sont pas nécessairement visibles avec leurs armes, ils sont présents et

identifiables. La MINUSCA contribue à temporiser ce pouvoir. La gendarmerie n'est pas

encore assez dotée pour être opérationnelles. Les perspectives de réconciliation varient

selon les localités. Ce qui ressort des rencontres à Bossangoa est que cela va nécessiter du

temps.

5 En l’absence d’appareil judiciaire, la justice populaire a repris. Des « tradi-praticiens » examinent les plaintes

contre des personnes accusées de sorcellerie. Les AB appliquent la peine qui peut aller jusqu’à enterrer vivante la personne. (source : rapport et entretiens INSO, entretien Emergencia, rapport avril-juin de DRC sur les violences basées sur le genre).

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 15

1.3. La méthodologie

L’étude économique s’est appuyée sur plusieurs outils méthodologiques à différents niveaux,

permettant d’élargir les sources et de croiser une partie des données, favorisant la triangulation et

contribuant à limiter les biais. Une importante quantité de documents, rapports, études, évaluations,

constitue les sources secondaires de l’étude. Les données quantitatives et qualitatives collectées

durant les 18 jours de mission alimentent les sources primaires.

1.1.1. Sources secondaires

Une revue documentaire réalisée par les consultants de juin à septembre 2015 a permis d’étudier

plus de 160 publications, rapports d’origines diverses concernant la République Centrafricaine et plus

particulièrement la région de l’Ouham. Un bon nombre de ces documents consiste en des études et

évaluations réalisées par des acteurs du terrain. Ces publications couvrent principalement la période

de 2012 à 2015, certaines remontent à 1975 (fond documentaire de l’ORSTOM).

Par ailleurs, l’équipe a pu bénéficier de l’apport de données brutes de 2011 à 2015 fournies par

l’équipe d’ACF à Bossangoa mais également par les équipes d’ACTED, de DRC et du PAM.

1.1.2. Sources primaires

Plusieurs outils ont été utilisés en République Centrafricaine afin de collecter les données primaires

quantitatives et qualitatives nécessaires à l’étude.

• Enquête foyers :

Une enquête réalisée auprès de 404 foyers de la sous-préfecture de Bossangoa (env. 2.4% de

la population) et 24 foyers hors sous- préfecture (Cf. Echantillonnage).

• Entretiens :

Environ 50 entretiens ouverts et semis structurés réalisés auprès des acteurs sur la sous-

préfecture de Bossangoa et sur Bangui.

• Relevés de prix :

Des relevés de prix sur les marchés et auprès d’acteurs réalisés sur Bossangoa, Ouham Bac et

Nana Bakassa.

• Observations terrain :

Des observations notamment de type transect (méthode d’observation linéarisée) réalisées

sur les axes Ouest, Nord et Est en partant de Bossangoa.

1.1.3. Enquête foyers 6:

L’objectif de l’enquête auprès de foyers est notamment de cerner leur capacité de contribution à

l’économie locale en précisant :

• Les impacts du conflit sur leur capital ;

• Leurs activités productives actuelles ;

• Les actifs productifs actuels ;

• Leur pouvoir d’achat ;

6 Voir annexe 1

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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• Leur niveau de recapitalisation ;

• Leur perception de la situation actuelle.

Par ailleurs, l’enquête recherche à identifier les freins actuels à la reprise des activités productives

des foyers.

1.1.4. Entretiens acteurs7:

Les entretiens se sont déroulés du 6 au 21 aout 2015 sur Bangui et Bossangoa auprès de plus de 50

acteurs formels et informels dont notamment :

o Autorités ministérielles à Bangui (Ministères du Plan, des affaires sociales et du

développement du monde rural) ;

o Autorités préfectorales et sous préfectorales de l’Ouham et de Bossangoa ;

o Services publiques et directions administratives de l’Ouham ;

o Autorités communales, chefs de quartier, chefs de groupement ;

o Agences des Nations Unis ;

o Autorités religieuses présentes ;

o Groupements, coopératives et organisations locales et nationales ;

o Acteurs économiques et commerciaux formels et informels (dont acteurs privés) ;

o Artisans ;

o Membres de groupes anti balaka ;

o Bailleurs de fonds et agences de coopérations internationales (Délégation UE, BAD,

BM) ;

o Ambassades ;

o ONG internationales ;

o Foyers.

Il est à noter que, du fait de la période de congés, plusieurs acteurs internationaux n’ont pas pu être

rencontrés.

Ces entretiens ouverts ou semi structurés ont été conduits par les deux consultants de manière

indépendante, contribuant ainsi à limiter les biais de fonction ou de spécialité.

1.1.5. Relevés de prix et d’origine:

Des relevés de prix des produits non alimentaires et alimentaires ont été effectués sur les marchés

de Bossangoa, Nana Bakassa et Ouham Bac entre le 10 et le 15 août par des collaborateurs locaux.

Les prix des denrées alimentaires relevés ont été mis en perspectives avec les données collectées de

mars à juillet 2015 et en 2011 / 2012 sur Bossangoa par l’équipe ACF.

1.1.6. Observations terrain :

Le long des axes Ouest (Ouham Bac), Nord (Nana Bakassa) et Est (Bouca), des observations sur les

moyens d’existences, la démographie, la présence d’acteurs, de marché ou de bétail, l’état des

routes, des structures bâties et les moyens de transport ont été réalisées. Ces observations ont été

7 Voir annexe 6

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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menées de manière indépendante par les deux consultants. De nombreuses photos ont également

été prises.

1.1.7. Limites de l’étude:

L’étude porte sur la majeure partie du territoire de la sous-préfecture de Bossangoa. L’axe Sud,

correspondant à la route en direction de Bossembélé et de Bangui, de Bossangoa à la limite de la

sous-préfecture (94 km) n’a pas été pris en compte dans l’enquête auprès des foyers du fait de

l’absence de marchés signalés et du mauvais état de la route.

Des données antérieures aux évènements parcellaires : Malgré des recherches documentaires

poussées (plus de 160 rapports et études), des données économiques, sociales n’ont pu être

identifiées. C’est notamment le cas pour les données démographiques et certaines données

économiques.

Etude des filières avales : L’étude s’est centrée sur les filières économiques avales, (transformation,

commercialisation, transport et moins sur les filières amonts (production).

Certains acteurs étaient absents du fait de la période de congés. De plus, sur Bossangoa, tous les

services administratifs de l’Etat ne sont pas fonctionnels, le personnel commençant seulement à être

déployé.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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2. Configuration du système économique local antérieur Sur la base d’analyses documentaires et d’entretiens avec les acteurs, il nous est paru important de

comprendre comment fonctionnait le système économique antérieur à la crise actuelle, voire à des

époques plus reculées. Il nous semble effectivement important de rechercher dans ce système plus

stable ayant existé auparavant si des leviers de relèvement peuvent être encore activés aujourd’hui.

2.1. Le système coton

La culture du coton, imposée durant la colonisation, a façonné le système agricole autour de

Bossangoa. En temps normal, la Cellule Coton8 apporte la formation aux agriculteurs pour la

mensuration des parcelles la première année et l'utilisation des intrants. La deuxième année, après la

récolte, la surface est emblavée en vivriers et une seconde parcelle est ouverte. L'opération

recommence : la rotation dure trois ans au total avant de revenir à la première parcelle. Les

anciennes parcelles sont rapidement nettoyées, ce qui facilite les semis pour les cultures vivrières

(sorgho, maïs, arachide...). Les paysans plantent souvent du manioc quelques semaines après les

semis de cotonniers en ménageant des espaces assez grands pour cela, ce qui leur procure une

culture de subsistance. Ils utilisent aussi les intrants distribués pour d'autres cultures. La culture

attelée a été encouragée systématiquement pour augmenter les surfaces à partir des années 1970.

Dans l'Ouham, la moyenne des parcelles était de 0,65 hectare, certaines allant jusque 15 ha. Un

registre par village fait état des surfaces cultivées par agriculteur et des quantités enlevées par la

Cellule Coton au moment de la récolte. Le prix, relativement stable, est fixé lors de deux sessions

(septembre et fin octobre-début novembre) avec les paysans regroupés dans la fédération

préfectorale des producteurs de coton. Jusqu'en 2012, le kilo se payait 150 CFA. Il est monté à 185 F

CFA depuis deux ans. Les prix sont donc garantis pour les paysans. Le prix des intrants est retenu sur

le paiement de la récolte (20%), de même que les taxes. Les villages organisent l'entretien des routes

pour permettre aux véhicules d'enlever les récoltes.

Le coton apparaît donc comme la culture locomotive d'une polyculture vivrière procurant des

intrants permettant d'augmenter par ailleurs les rendements, encourageant la culture attelée et

l'entretien des routes. Les charrues et bœufs sont loués par les agriculteurs qui les possèdent ou sont

achetés à plusieurs dans le cadre d'un groupement de trois à cinq exploitations, voire plus. Le petit

élevage et des activités annexes (chasse, cueillette, pêche) complètent les revenus. La Cellule coton

(quatre usines en RCA) dont le siège est à Bossangoa, employait dans cette ville l'équivalent de 170

permanents, sans compter les journaliers, distribuant ainsi la plus grosse masse salariale de la région,

avec ses effets d’entraînement. Ses camions partant sur Bangui favorisaient le commerce avec la

capitale sur les trajets de retour, réduisant ainsi les coûts de transport.

2.2. Le commerce Nord / Sud :

Le Nord-Ouest centrafricain a toujours constitué un important carrefour d’échanges commerciaux

entre le Nord et le Sud à l’échelle macro-régional. Cette région se situe entre un domaine vivrier

dominé par le sorgho et le mil au Nord et un système dominé par le manioc au Sud9. Les flux

8 Crée en 2005 au sein de l'Agence de Développement Agricole suite à des crises successives.

9 Jamin J.Y, Counel C., Bois C., (ed. Sc.) 2003, Atlas, Agriculteurs et développement rural des savanes d’Afrique

centrale, Montpellier , CIRAD.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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montants et descendants de marchandises entre le Tchad et les rives de l’Oubangui étaient

principalement constitués de produits vivriers, petits élevages, bovins, coton, carburants et produits

manufacturés. L’axe Bangui / Bossangoa / Moundou / Ndjamena a constitué une artère économique

majeure jusqu’en 2002-2003, permettant d’exporter facilement les productions locales et d’importer

les intrants nécessaires au développement de la sous-préfecture. L’axe Bangui / Kabo / Sido / Sahr

/Ndjamena constituait la seconde artère.

Echanges vivriers autour du nord-ouest Centrafricain (Chauvin Emmanuel, mai 2015, Conflit armés, mobilités sous

contraintes et recomposition des échanges vivriers dans le nord-ouest de la Centrafrique, Ecole doctorale de géographie de

Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8586 PRODIG)

Les chocs successifs ont impacté les équilibres de ces voies commerciales depuis 2003. Ne serait-ce

que par la désorganisation communautaire qu’engendre un conflit et la carence d’entretien des

réseaux routiers qui s’en suit, les cartes commerciales ont largement changé depuis quinze ans. L’axe

commercial s’est semble-t-il sensiblement décalé vers l’Ouest, intégrant beaucoup plus le marché

Camerounais qu’auparavant. La sous-préfecture s’est toutefois maintenue comme axe important

jusqu’en 2010.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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2.3. La répartition des fonctions de production et d'échange

1. Le commerce :

Le commerce de gros et de demi gros était généralement organisé en partie par des Wali Gala 10, se

regroupant pour louer des moyens de transports entre le nord-ouest centrafricain et les villes

extérieures à la région comme Bangui ou Berbérati. Leur activité commerciale était principalement

centrée sur le transport et la vente des produits vivriers en extérieure de la zone et en achalandage

de produits manufacturés dans la préfecture.

Pour une autre part, les « commerçants musulmans » dont certains d’entre eux étaient d’origine

Tchadienne arrivés au début du XXe siècle assuraient également ce commerce11. Ces derniers étaient

actifs sur l’aval de la filière bovine, depuis les négociations avec les éleveurs, l’alimentation des

marchés, le transport des bêtes jusqu’à leur abatage et la vente de la viande. Ils possédaient des

moyens de transports pouvant être mobilisés pour du fret local, régional et avec le Tchad.

Cependant, on note déjà au début des années 1990 des freins importants liées à l’état des routes12.

Ces deux catégories de négociants desservaient tous les marchés importants de la sous-préfecture.

Les détaillants, petits commerçants de proximité, assuraient la distribution locale, depuis les marchés

principaux, en passant par les marchés secondaires, jusqu’aux zones inter-marchés au travers des

petites échoppes. Les produits étaient transportés soit par les moyens propres des petits

commerçants (motos, pousse-pousses , …) soit via des petits transporteurs locaux.

2. La production vivrière :

La production vivrière paysanne était dominée par le manioc, l’arachide, le maïs, le sésame, et le

maraichage, et soutenue par les intrants de la filière coton. Avec quasiment trois saisons agricoles

par an, cette production permettait encore en 2012 des excédents d’environ 60 %13 par foyer,

garantissant des revenus financiers complémentaires aux agriculteurs. Le manioc semble avoir été la

culture principale car sa vente constituait en 2009 la source majeure des revenus et la plus régulière

avec 43 % du total des revenus agricoles des foyers ruraux14. Les parcelles exploitées, en rotation de

un an à trois ans, d’une superficie moyenne de 0.9 à 2.5 ha le sont par les familles (à 44 %), au travers

de groupement (34 %) ou avec le soutien d’ouvriers agricoles (22 %)15

10

Ou Wali Gara en Sango signifie femme commerçante, littéralement femme-marché (ou femme-gare) 11

Chauvin Emmanuel, mai 2015, Conflit armés, mobilités sous contraintes et recomposition des échanges

vivriers dans le nord-ouest de la Centrafrique, Ecole doctorale de géographie de Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8586 PRODIG 12

Arditi, Claude, 2000. Rapport de la mission d’identification des actions d’appui à la commercialisation des

produits vivriers. Non publié. 13 Issa Bi Amadou, 2012, Apports sur les échanges commerciaux entre éleveurs et agriculteurs sans la sous-

préfecture de Bossangoa. ACF . 14

Solidarités Internationale (2009) Rapport de synthèse sur l’agriculture et l’économie des ménages ruraux dans

la zone d’intervention (Ouham – RCA), 49 p. 15

Op. cit p.45

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Dans les zones de savanes boisées d’Afrique centrale, 40 % des paysans sont équipés d’attelage au

Tchad, 25 % au Cameroun et 10 % en Centrafrique. C’est la traction bibovine (à deux bœufs) qui

domine sur la traction asine. L’attelage permet d’augmenter la surface cultivée par exploitation et de

diversifier les revenus, participant ainsi au renforcement de la capacité de résilience. En RCA, malgré

l’appui et la promotion de la culture attelée par la filière coton, des freins aux niveaux financiers, des

compétences et des capacités des politiques de soutien persistent et limitent le déploiement de cette

technique agricole. Il semble cependant que de nouveaux acteurs privés se positionnent à ce

moment sur ce marché (vétérinaires, forgerons, crédits, …)16.

Impact de la traction animale sur la productivité du travail (extrait de Vall et al., 2003)

op.cit. p.10 Vall Eric et al.2003

L’utilisation de bœufs de trait et de charrues était courante dans l’Ouham17 (47 % des exploitations

en 199818, 26 % des ménages en 201219) et constituait déjà des acquis techniques forts en 1997.

Malgré des carences de données précises en 2011 et des difficultés à évaluer la situation à postériori,

on peut estimer à un minimum de 4 000 têtes (2 000 paires) le cheptel de trait sur la sous-préfecture

de Bossangoa en 2010.

16

Vall Eric, Aimé Dongmo Ngoutsop, Oumarou Abakar, Christine Kénikou Mounkama, Jean Choupamon, 2003, La traction animale : une innovation en phase d’institutionnalisation encore fragile. Jean-yves Jamin, L. Seiny Boukar, Christian Floret, Cirad - Prasac 16 p. 17

CRS, 2014, Enquête appréciative sur la sécurité alimentaire et les moyens de vie agricoles dans la sous-

préfecture de Bossangoa, 15 p. 18

Mbetid-Bessane, Emmanuel,2002, Gestion des exploitations agricoles dans le processus de libéralisation de

la filière cotonnière en Centrafrique. Institut National Polytechnique de Toulouse,. 19

Op. cité, P. 31, ACF 2012.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Il y avait plus de 10 000 bœufs pour la culture attelée en 1993-1998 pour l’Ouham et l’Ouham-Pendé

(DG de la planification régionale) et cette région était la plus avancée du pays en la matière.

Nombre de Boeufs en

culture attelée

Part régionale de la culture attelée

dans l'effectif national (%)

Nord-Ouest (Ouham,

Ouham-Pendé)9928 94

Centre-Est (Ouaka,

Kémo, Nana-Gribizi)668 6

Autres régions 0 0

Total 10596 100 Répartition de la culture attelée entre régions de la Centrafrique en 1997 (Kota-Guinza, 2008)

Cette technique permet une amélioration très importante des surfaces cultivées, de la productivité

du travail voire des rendements et participe largement à la sécurité alimentaire ainsi qu’au

développement économique de la zone. De plus, elle renforce l’activité d’autres métiers et services

comme les forgerons, la santé animale ou le micro crédit.

Les agriculteurs pratiquent également, de manière traditionnelle, le petit élevage de volailles, de

porcins, de caprins et d’ovins au travers desquels ils capitalisent leurs revenus. Cet élevage, aux

bonnes performances zootechniques malgré des pratiques peu améliorées et la divagation

systématique des animaux, permet de sécuriser des ressources et d’alimenter les marchés urbains.20

A cela, il faut ajouter une activité de chasse, pêche et cueillette (notamment miel) non négligeable,

ayant l’avantage d’être peu sensible aux variations économiques et pratiquée largement par les

agriculteurs. Elle apporte aussi des revenus complémentaires en dehors des périodes agricoles

soutenues (avril – novembre) 21 (voir annexe 9.

Qu’il s’agisse des activités agricoles, de l’élevage ou de ces activités complémentaires, la Préfecture

de l’Ouham était considérée par les autorités nationales comme une source importante de

production de denrées alimentaires pour Bangui.

3. L’élevage de bovins :

Deux marqueurs structurent la filière de l’élevage bovin en RCA. D’une part, les types de

transhumances, l’une interne et l’autre transfrontalière, et d’autre part les groupes d’éleveurs. Le

plus important de ces groupe (90 %) est constitué des populations peules Mbororo. L’autre groupe,

20

Youssouf Mopate Lontene, Daniel Ndzingu Awa (Apr 2009), Systèmes avicoles en sone de savanes d’Afrique

centrale : performances zootechniques et importance socio-économique. L. SEINY-BOUKAR, P.BOUMARD. Savanes africaines en développement : innover pour durer, Garoua, Cameroun. Cirad 11p. 21

Calendrier agricole de la sous-préfecture de Bossangoa. ACF / 2015

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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est constitué de commerçants arabes ou musulmans non peuls et d’éleveur émergents (capitalisation

de ressources issues d’autres activités)22.

Le groupe des éleveurs Peuls peut se subdiviser en deux catégories, les Peuls Mbororos reconnus

comme Centrafricains (principalement des Djafun et des Wodaabé), d’origine nigérienne et

nigériane, arrivés par le nord Cameroun et le sud du Tchad à partir des années 1920, et ceux

« désignés comme des Tchadiens (Ouda, Guérédji, Hontorbé et Hanagamba) ou Soudanais (Wewebe,

Falata et Sankara, Mbarara) dont l’arrivée en RCA est plus récente : les premiers Peuls Tchadiens ont

été enregistré dans les années 1980 à Bouca (Préfecture de l’Ouham). »23 Ces derniers semblent

avoir le cheptel le plus important. Une certaine méfiance existe entre ces deux grandes familles

d’éleveurs, ceux reconnus comme étant de RCA considèrent les autres groupes comme dangereux.

En outre, des Peuls arabophones ou Mbororos du Tchad, du Soudan ou du Cameroun passent une

partie de l'année en RCA en transhumance.

Les Peuls sont généralement armés, notamment du fait de la possession de richesses importantes

(un bœuf adulte - Mbororodji- vaut environ 250 000 CFA, soit 375 €, un Goudali en vaut 150 000).

Les races de bovins élevés sont majoritairement les Mbororodji (robe acajou) les Danedji (Robe

blanche) et les Goudali (robe fauve). Ces derniers étant utilisés pour la traction animale.

Comme dans de nombreux territoires au sud de la ceinture sahélienne, de fortes tensions induites

par la pression pastorale ont toujours existées entre éleveurs et agriculteurs, amenant à ne pas

respecter les règles et usages. Des mécanismes de compensations se mettent généralement en

place, principalement par le biais des échanges commerciaux entre des deux communautés.

4. Autres activités (bois et charbon, or et mines) :

Le bois et le charbon ne semblent pas avoir constitué une activité économique notable pour

l’abatage et le sciage, l'Ouham étant plus défriché du fait des activités agricoles. Le bois se vend

principalement dans les grandes agglomérations où sont localisés des acheteurs n’ayant pas d’accès

direct à cette ressource. Les journaliers, voire les femmes si la sécurité le permet, vont chercher du

bois dans la brousse qu'ils vendent 100 CFA par fagot sur les marchés.

L’activité minière et aurifère de la sous-préfecture de Bossangoa, ne constitue pas une ressource

économique importante mais les gisements voisins ont certainement drainé une partie de la main

d’œuvre au détriment des travaux agricoles locaux. C'est notamment le cas dans le secteur de

Ouham Bac, lié à la présence de filon aurifère de l’autre côté de la rivière, dans l’Ouham Pendé.

2.4. Une relative intégration des marchés

Dans ce contexte de flux commerciaux soutenus et constants, les marchés alimentaires et non

alimentaires bénéficiaient d’une relative intégration régionale. Les distorsions conjoncturelles locales

ou régionales pouvaient être absorbées par l’adaptation de l’offre et de la demande du fait de la

disponibilité régionale des produits et des capacités à les transporter. Ainsi, le territoire pouvait se

prévaloir d’une certaine « résilience économique », la filière coton contribuant largement à cette

22

FAO, DRC, CRS (2015), Situation de la transhumance et étude socio anthropologique des populations

pastorales après la crise de 2013-2014 en République Centrafricaine, 30 p. 23

op.cit., p 9

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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résistance aux chocs, apportant des capacités de productions, de transports et des liquidités au

marché local.

3. Conséquences des «événements» sur le système économique local C’est sans doute dans la Préfecture de l’Ouham et particulièrement dans la sous-préfecture de

Bossangoa que le conflit entre séléka et anti-balaka a eu les impacts les plus profonds.

D’abord perpétré par les uns puis par les autres, des pillages systématiques et méthodiques de

chaque communauté et de toutes les ressources privées ou publiques, quartiers par quartiers,

villages par villages, bâtiments par bâtiments, ont été organisés24.

Des quantités énormes de biens, d’argent et d’animaux ont été volées et transportées de dehors de

la sous-préfecture. Un nombre très important de bâtiments privés ont été détruits ou incendiés (env.

47 %). La quasi-totalité des bâtiments publics de la sous-préfecture ont été pillés, délestés de leurs

huisseries, équipements et contenu.

C’est donc un phénomène global de razzia et de saccage qui s’est produit, touchant l’ensemble des

communautés, anéantissant le capital, que ce soit en bien mobilier et immobilier, touchant aussi bien

les biens de consommations, les outils de travail, de production, les véhicules, les stocks mais

également le numéraire épargné et les bâtis. Tous les commerces formels et informels ainsi que les

services ont également été touchés réduisant les stocks, les capacités de transporter et de travailler à

zéro.

Début 2015, la quasi-totalité des populations sédentaires musulmanes ont fui la sous-préfecture

(seul 1 foyer enquêté sur Ouham Bac). L’ensemble des éleveurs nomades peuls est remonté plus au

nord, le long de la frontière avec le Tchad. Il semble que seul les Peuls reconnus comme

Centrafricains (principalement les Djafun et les Wodaabé) se permettent de redescendre vers le Sud

mais à la limite de la sous-préfecture (Nana Bakassa et Bouca). Les populations chrétiennes (majorité

protestantes à 68 %) et animistes sont retournées sur leurs lieux de vie antérieurs à la crise.

Certaines familles occupent actuellement les concessions rasées, laissées vacantes par les

communautés musulmanes.

Cette décapitalisation massive due d’abord aux pillages et ensuite aux conditions de vie des

populations déplacées a engendré un anéantissement du capital productif, commercial et des

capacités de transport de la sous-préfecture conduisant à un arrêt de la quasi-totalité de l’économie

productive et marchande.

Aujourd’hui, l’ensemble de l’économie est sinistrée du fait d’un manque massif d’actifs productifs, de

moyens d’existence et de liquidités. Depuis plusieurs mois, la sous-préfecture bénéficie d’une aide

d’urgence, lui permettant de subvenir au minimum vital des populations. Des distributions

importantes de vivres, et de NFI (notamment les kits de dignité distribués par DRC ou les kits hygiène

et protection par CRS) ont permis aux familles de retourner dans leurs lieuxtraditionnels de vie.

24

Human Rights Watch rapport du 19 décembre 2013, Ils sont venus pour tuer/escalade des atrocités en

République Centrafricaine.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Depuis mars 2015, des programmes de relance agricole ont redonné une première capacité de

production à un peu plus de 45 % des foyers agriculteurs (le nécessaire pour cultiver environ 1 Ha),

renforçant ainsi leur sécurité alimentaire25. Ces distributions ont concerné les foyers les plus pauvres

en semences vivrières et petits outils agricoles.

3.1. L’effondrement du commerce

L’ensemble du commerce de la zone d’étude s’est effondré du fait des pillages des stocks, des

moyens de transport et de la destruction des bâtis. La grande majorité des grossistes et des semi-

grossistes ont quitté la sous-préfecture. Il reste sur le territoire les activités commerciales de

l’évêché, un grossiste et la cellule coton qui fonctionne au ralenti. Le reste de l’activité est

principalement constituée de vendeurs et de petits commerçants, allant se fournir localement auprès

de petits producteurs ou sur les zones de Bozoum et Bossembele-Bangui à moto. Leurs capacités de

transport, de stockage et de volume sont très faibles. De plus, ils n’ont pas de moyens de transfert de

liquidités et ne connaissent que les réseaux d’approvisionnement externes sur Bangui ou Bozoum.

De fait, la position commerciale stratégique de Bossangoa comme étape comportant

d’incontournables opérateurs de négoce Nord - Sud, entre la RCA et le Tchad ou avec les éleveurs, a

été perdue et la sous-préfecture est aujourd’hui largement enclavée.

Par ailleurs, les liquidités des consommateurs ainsi que leurs actifs productifs, pillés lors du conflit,

ont fait baisser fortement le pouvoir d’achat et donc l’attractivité du territoire pour d’autres

commerçants venants de zones plus dynamiques.

L’absence contraignante de moyens de transports pour le fret local comme pour les importations et

les exportations de la sous-préfecture entrave également la reprise du commerce.

Sur la sous-préfecture, il existe environ douze marchés actifs et réguliers en plus de ceux de

Bossangoa. Ces marchés sont, soit journaliers, soit hebdomadaires ou bihebdomadaires (voir annexe

4 : carte des principaux marchés de la sous-préfecture de Bossangoa et jours des marchés). Ils sont

rarement dotés de structures bâties en maçonnerie et les échoppes les plus grandes sont le plus

généralement constituées de petites toitures en palmes tenues par des structures en bois avec un

platelage à 50 cm du sol servant de présentoir. La grande majorité des produits alimentaires est

vendue au sol, présentée dans les ngnawi (bassines) ou sur des nattes, conditionnée ou pas.

Plusieurs moulins à manioc sont systématiquement présents pour moudre les cossettes en

périphérie des marchés.

Dans la ville de Bossangoa, le marché central est le plus important lieu d’échange économique (voir

annexe 3 : Relevé des prix sur le marché de Bossangoa au 17 août 2015). Il comprend tous les types

de produits et certains services comme la restauration, des débits de boissons, la coiffure et la

couture. Il s’organise autour d’une halle en maçonnerie abritant le commerce de la viande. On trouve

autour des échoppes en bois et toits de palmes, tôles ou bâches ainsi qu’une petite quantité

d’échoppes en structures maçonnées (environ 20 magasins de 3 mètres par 3) vendant des produits

« d’importation » comme les vêtements, les biens domestiques, les médicaments, etc… . En

périphérie, on retrouve les stands au sol de produits alimentaires et les moulins à manioc. Deux

25

FAO / Tableau des distributions des kits vivriers sur la préfecture de Bossangoa. Campagne 2015

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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autres marchés existent mais sont beaucoup plus petits : Le marché de la gare routière, le long de la

route et sur l’esplanade de la gare, et le marché Borro, ancien marché du quartier musulman,

totalement détruit lors du conflit. Il a été reconstruit par l’aide internationale mais très peu de

commerçants et d’échoppes se sont positionnés notamment par manque de volume commercial de

l’ensemble du marché économique local. Il semble donc que le marché central soit suffisant.

Les marchés de la sous-préfecture ne sont que très peu achalandés et de nombreux stocks sont

minimaux, il existe donc de fréquentes pénuries, malgré une amorce de diversification des

approvisionnements ces derniers mois.

Le commerce des vêtements et tissus est le plus doté malgré des prix élevés et le manque de choix.

Les ustensiles cuisine sont en très faible nombre et parfois d’occasion. Les médicaments sont vendus

par des personnes non formées, soit en vrac soit sous emballage blister. La réouverture d’une

pharmacie privée est prévue pour fin août 2015.

On trouve également de l’eau en bouteille du Cameroun (stock MINUSCA) ainsi que des couvertures

en quantités importantes.

Le matériel électrique et électronique (radios, lampes, téléphones, … ) et les pièces détachées (

uniquement pousse pousse, vélos et motos) sont rares et généralement d’occasion.

Le secteur du commerce alimentaire est basé principalement sur la vente de produits agricoles

vivriers issus des zones proches des marchés. Il n’existe pas ou peu de transfert de produits

alimentaires d’un marché à l’autre. Seuls les produits alimentaires avec une certaine valeur ajoutée

comme le sucre, le sel, la sauce tomate, l’huile raffinée et les bouillons cubes proviennent de Bozoum

ou Bangui. Ils sont vendus principalement par les petits commerçants.

Les conditionnements des produits « d’import » donnent des informations sur le pouvoir d’achat des

consommateurs. Ainsi, le sucre, le café ou la lessive sont vendus dans des petites poches en

plastiques de quelques grammes, correspondant à une consommation journalière. Les bouillons

cubes sont fractionnés en deux ou parfois quatre parts afin que les ménages puissent les acheter.

La vente de bière et autres boissons manufacturées est un secteur qui se redéveloppe du fait de la

présence d’organisations internationales. Ce secteur à l’avantage de mobiliser des capacités de

transports routier gros porteurs, venant livrer sur la sous-préfecture. Ces camions repartent avec des

produits agricoles ou du bétail permettant un apport de liquidités dans la zone.

En ce qui concerne la viande, il faut dissocier le bœuf des produits du petit élevage et du gibier.

La viande de bœuf, en quantité limitée et uniquement sur Bossangoa, provient du nord ou de l’est de

la préfecture. Certaines bêtes sont abattues sur Bossangoa, d’autres sont acheminées vers Bangui.

Les conditions d’hygiènes de la filière, tant sur la manipulation que sur le stockage sont plus que

précaires au niveau sanitaire. Ce commerce montre qu'il existe des contacts directs ou indirects avec

les éleveurs situés plus au nord, vers NanaBakassa et Batangafo notamment.

La vente du petit élevage, principalement volailles, porcins et caprins est opérée dans toute la sous-

préfecture mais le plus souvent directement entre l’éleveur et l’acheteur. Les volailles sont

également vendues vivantes sur les marchés. De la viande de porc et de chèvre est disponible

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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presque uniquement sur le marché de Bossangoa. Une faible exportation sur Bangui existe

également.

La vente de viande de gibier fumée (boucanée) est très rependue sur tous les marchés de la sous-

préfecture. Antilopes, fourmiliers, rongeurs sont les plus chassés.

Il semble que le racket par des groupes armés soit encore d’actualité sur la préfecture, notamment

en direction de Paoua et dans le nord mais que ces exactions, fortement dommageables pour le

commerce, tendent à se réduire dans la sous-préfecture. Cependant, des ponctions illégales de 200

CFA par sac de 50 kg arrivant ou quittant Bossangoa sont apparemment encore en cours.

Ainsi, tout le secteur du commerce et du négoce est dans une situation de pré relèvement, bloqué

dans son essor par l’enclavement et le faible pouvoir d’achat des consommateurs de la sous-

préfecture. Il l’est aussi par la décapitalisation massive qui a touché tous les acteurs économiques.

3.2. Pertes en capital productif et domestique : ampleur et évaluation chiffrée

Concernant les pertes en capital, les chiffres de l’enquête concernant un échantillon

représentatif de la population présente sur le territoire26 dans la sous-préfecture sont édifiants:

• 89 % des foyers enquêtés déclarent avoir subi des pillages.

• 86 % des foyers enquêtés déclarent avoir subi le vol de leurs biens domestiques (meubles, casseroles, radio, documents personnels, ….).

• 68 % déclarent avoir subi le vol leur récolte ou de leur stock.

• 65 % des foyers enquêtés déclarent avoir subi le vol de leur petit élevage.

• 62 % des foyers enquêtés déclarent avoir été volés de leur liquidités pour une somme totale de 39 300 000 de CFA soit 60 000 € (par projection sur l’ensemble du bassin de population : 1 650 000 000 de CFA, soit 2 520 000 €).

• 54 % des foyers enquêtés déclarent avoir été dépossédés d’un moyen de transport (vélo, pousse-pousse, moto, …)

• 30 % des foyers enquêtés déclarent avoir été dépossédés de leurs outils et machines de production et de transformation, Cela représentait pour la population de l’enquête, 59 moulins motorisés et 33 machines à coudre (par projection sur l’ensemble du bassin de population, 2 500 moulins, 1 400 machines à coudre).

• 32 % des foyers enquêtés déclarent avoir été volés de leurs bœufs soit quasiment 100 % des propriétaires de bovins de notre échantillon.

• 32 % des foyers enquêtés déclarent avoir été dépossédés de leurs outils agricoles.

• 28 % des foyers enquêtés déclarent avoir été dépossédés de leur matériel de chasse et de pêche.

Avec les données collectées lors de l’enquête, une estimation du montant financier des pertes subies

lors des pillages des populations chrétiennes et animistes a été réalisée. Elle se base sur les

déclarations de pertes de capital des foyers interviewés. Les aberrations et erreurs de relevés ont été

éliminées. L’estimation des valeurs monétaires des biens se base sur les coûts actuels sur le marché

de Bossangoa. Pour les bétails, les coûts de jeunes animaux ont été retenus. Pour les biens, les coûts

de produits, machines et outils neufs ont été retenus.

26 404 foyers, 2,4 % de la population principalement des foyers retournées, chrétiens et animistes.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Les coûts des dégradations du patrimoine immobilier (maisons, greniers, échoppes,…) ainsi que les

coûts des stocks volés n’ont pas été intégrés dans l’estimation.

Cette estimation concerne l’ensemble des 404 foyers de la sous-préfecture de Bossangoa et ne fait

pas la différence entre les pertes des foyers les plus aisés et celles des plus pauvres.

Type de pertes équivalant monétaire

moyen (CFA)

% de déclarants

Total (FCFA)

Pertes en liquidités 157 692 62% 39 296 364

Pertes en bovins 210 000 32% 27 148 800

Pertes en machines agricoles et de transformations 80 000 30% 9 816 822

Pertes en petit élevage 60 000 65% 15 756 000

Pertes en véhicules 70 000 54% 15 271 200

Pertes en biens domestiques 100 000 86% 34 744 000

Pertes en outils agricoles 15 000 32% 1 939 200

TOTAL foyers enquêtés 143 972 386

Total par foyer 356 367

Nous pouvons considérer ces chiffres comme une estimation basse car ni les pertes de productions

agricoles, ni les pertes en stock, ni les impacts sur le patrimoine immobilier privé n’ont été évalués.

Par ailleurs, aucune information n’a pu être collectée sur le capital perdu par les populations

musulmanes. Il est cependant réaliste d’avancer l’idée que ces foyers étaient plus riches que ceux

retournés actuellement sur leurs lieux de vie.

Considérant l’échantillon comme fiable (la marge d’erreur estimée est de 4.88 % avec un niveau de

confiance à 95 %,)27 et, par projection de ces chiffres sur l’ensemble du bassin démographique de

l’étude, les pertes directes subies lors des pillages par des foyers actuellement présent sur la sous-

préfecture de Bossangoa peuvent être estimées à 6 200 000 000 CFA soit 9 468 000 € ou 550 € /

foyer.

Il est important de noter que les impacts sur les infrastructures des autorités publics (locales,

régionales et nationales, tant à Bossangoa que dans l’ensemble de la sous-préfecture) n’ont pas été

évalués dans notre étude. Certaines structures ont bénéficié de programmes de reconstruction

menés notamment par la MINUSCA et le PNUD mais les services de l’état ayant évacués la zone

durant les évènements ont toujours de grandes difficultés pour se redéployer.

Ressources en numéraire actuelle des foyers :

Concernant l’échantillon étudié, la moyenne des revenus par foyer oscille entre 7 800 CFA (12 €) et

9 800 CFA (15 €) par mois. Pour des foyers d’une taille moyenne de 7 personnes cela équivaut à 0.06

à 0.07 € / personnes / jours (37 à 46 CFA / personnes / jours). Les besoins en numéraire d’un foyer de

27

Voir annexe 1 : détail de l’enquête

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4 personnes actives pour couvrir la consommation courante et l’achat d’intrants agricoles seraient de

16 200 CFA (24.5 €) par mois (pour une exploitation de 0.9 ha) 28.

38 % des foyers participent à des tontines de 10 personnes en moyenne. Le montant hebdomadaire

moyen est de 1 800 CFA (2,75 €). Il est possible, sans que l’on puisse valider cette hypothèse, que ce

soit l’utilisation des tontines qui ait permis une recapitalisation du petit élevage ces derniers mois.

58 % des foyers endettés le sont en moyenne de 54 500 CFA (83.2 €). A l’inverse, 41 % des foyers

attendent le remboursement de dettes de tiers pour un montant moyens de 59 200 CFA (90.4€).

Il ressort que 48 % des foyers enquêtés ont une dette nette de 15 300 CFA /23.3 € en moyenne.

Ces résultats démontrent que très peu de liquidités circulent dans la sous-préfecture et donc que les

ressources en numéraires y sont certainement basses. L’endettement et la capitalisation en

numéraires sont également faibles. Ils prouvent par ailleurs, si cela était encore nécessaire, que plus

de 95 % de la population de la sous-préfecture vit largement en dessous du seuil d’extrême pauvreté

(1.25 USD / jour / personne).

Les méthodes de sélection des bénéficiaires actuels permettent d’identifier environ 30 % des foyers

les plus pauvres afin de les soutenir. Il parait important, au vu de cette situation, que l’aide doive

bénéficier à au moins 95 % des foyers.

Impacts psychologiques et sociaux :

De tels événements ont eu des impacts psychologiques et sociaux sur l’ensemble de la communauté

et restent perceptibles. Il est important de les prendre en compte dans l’analyse du relèvement car

ils peuvent générer des freins ou au contraires des leviers. L’économie institutionnelle montre en

effet que le niveau de confiance ou l’attitude face à l’avenir sont des déterminants importants de la

capacité à générer des projets et à entreprendre.

28

Solidarités Internationale (2009) Rapport de synthèse sur l’agriculture et l’économie des ménages ruraux dans

la zone d’intervention (Ouham – RCA), 49 p.

Po

pul

ati

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Violences subies par les foyers :

Les communautés ont également été

touchées physiquement et moralement, soit

durant les évènements soit au cours de leur

déplacement. 98 % des foyers enquêtés ont

subits des violences, depuis les menaces (65

%), jusqu’aux violences physiques (37 %),

agression sexuelles (9 %) et parfois meurtres.

Il n’a pas été possible au sein des foyers de

faire la différence entre un homicide et un

décès liés aux conditions de vies durant la

période de déplacement des populations.

Indicateurs perceptuels :

Malgré ces chocs, les liens intra-communautaires ne semblent pas trop altérés même si on note dans

les entretiens un renforcement de l’individualisme et du repli sur la famille. Par contre, la confiance

dans les autres communautés, qui peuvent être le village ou le quartier voisin est relativement basse

(37 %).

31. violences sur les foyers Nb. cit. Fréq.

Non réponses 7 1,7%

Agressions sexuelles 38 9,4%

autres 4 1,0%

Blessures 152 37,6%

Décès 219 54,2%

incendies 196 48,5%

menaces 264 65,3%

pillages 358 88,6%

TOTAL OBS. 404

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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3.3. Conséquences sur les autres secteurs du système local

Toutes les activités ont été fortement touchées voire déstructurées par l’effondrement du commerce

et la décapitalisation, conséquences du conflit.

Les populations concernées par l’enquête ont

toutes plusieurs activités. Ce sont

majoritairement des agriculteurs et petits

éleveurs. Elles complètent leurs ressources avec

des activités de chasse, pêche et cueillette ainsi

que du petit commerce de proximité. Certaines

personnes sont ouvriers agricole et éleveurs sans

être agriculteurs (16 %).

L’emploi formel et le service pour 13 % des

foyers sont localisés à Bossangoa.

Ayant traité le commerce à part (§ 3.1), nous passons ici en revue les conséquences des

« évènements » sur le système coton et le secteur primaire puis sur les services publics et privés.

1.1.1. Conséquences sur le système coton et le secteur primaire

1. Un système coton dégradé par des chocs successifs

Le secteur du coton traverse depuis la fin des années 1990 une succession de crises. En 1997-1998, le

nombre de producteurs de coton en RCA atteint 114 269. A cette date le secteur traverse une crise

grave. Dans l'Ouham, la situation est variable : à Kabo, la culture du coton a commencé à laisser place

à celle de l'arachide dès les années 1980 (crise cotonnière de 1985-1986) et a aujourd'hui quasiment

disparu alors qu'elle s'est poursuivie à Kouki, Bossagoa ou Batangafo. La crise sectorielle de 1998

(après une production élevée de 46 037 tonnes de coton graine) provoque un recul du secteur,

aggravé par les troubles politiques et militaires de 2002-2003 qui déciment les troupeaux et

perturbent l'activité. En 2010/2011, l'objectif était de 15 000 tonnes en visant 100 000 tonnes de

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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coton graine en trois ans (selon le directeur de l'Agence de Développement Agricole à ce moment).

Deux événements vont casser cette reprise du système coton :

- en novembre 2011, le Président Bozizé rompt unilatéralement le contrat de vente avec Géocoton,

société française bénéficiant de l'exclusivité, pour l'attribuer à l'entreprise chinoise SDIC qui investit à

Bossangoa dans une nouvelle usine ;

- à partir de fin 2012, le conflit à répétition détruit toute la filière.

En décembre 2012, quelques jours après l'inauguration des nouvelles unités de l’usine, les combats

en stoppent l'activité. En mars 2013, lors de leur descente sur Bangui et dans les mois qui suivront,

les sélékas pillent et vandalisent Bossangoa. A la cellule Coton, tout est volé : intrant, engrais, piles

électriques, matériels de traitement, gaz oil, camions29, bureaux. La nouvelle usine reste pourtant

intacte, seul bâtiment non pillé dans tout Bossangoa. Dans les villages, tout est systématiquement

pillé, notamment ce qui restait des bœufs après les problèmes des années 2000.

Le différend avec Géocoton provoque la suspension du paiement à la cellule coton de 600 millions

de FCFA pour la campagne 2011-2012 et de 300 millions dus à fin 2010-2011. Il s’ajoute aux

difficultés de trésorerie de la Cellule Coton qui doit aux paysans, à ses salariés et à certains

fournisseurs (transporteurs notamment) :

• 486 M CFA pour 2011-2012,

• 834 M CFA pour 2012-2013, soit au total 1, 320 milliards de CFA (environ 200 millions

d'euros).

La société ne fournit plus de semences, les impayés ont découragé les paysans, la culture attelée est

impossible et les cultures vivrières comme le haricot ou le gombo, très sensibles aux insectes, sont

affectées. Les superficies cultivées en coton passent de 18 000 hectares en 2011-2012, à 13 000 ha

en 2012-2013, niveau encore suffisant pourl’Ouham pour descendre à 3 000 en 2013-2014 puis à 800

ha en 2014-2015. La production chute de 13 500 tonnes à 1 500 tonnes en 2013-2014. Elle devrait

encore reculer cette année. Il n'y a plus que l'équivalent de 45 permanents dans l'usine, les trois

autres usines ont fermé. Le coût du transport des produits venant de Bangui augmente car les

camions repartent à vide. Une unité d’huilerie de coton est bloquée dans le port de Douala, les frais

de douanes depuis plus de deux ans ont dépassé la valeur du matériel.

La SDIC a envoyé six véhicules neufs en avril 2015, mais ils ne peuvent circuler. La cellule doit

rembourser l’usine sur dix ans. Le prix garanti au contrat est de 700F/kg (après transformation du

coton). Chez les agriculteurs, les cultures vivrières se sont substituées à celle du coton.

29 Les camions français équipés de bras de levage ont tous disparu, revendus sans doute au Nigéria ou au Tchad (d'après le Directeur de la Cellule Coton, les commerçants camerounais font attention à la provenance des marchandises et n'en ont pas acheté). Un bus de Bangui a même été retrouvé au Sénégal.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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2. Conséquences de la crise sur l’agriculture

Les cultures s’articulent autour de 4 produits

principaux que sont le manioc, l’arachide, le

maïs et le sésame.

Il est a noté que, malgré des années de non

fonctionnement de la cellule coton ainsi que le

non-paiement de plusieurs récoltes, plus de 8 %

des agriculteurs déclarent cultiver actuellement

du coton.

Par ailleurs, les cultures maraichères n’étaient

pas encore relancées complétement, le

calendrier s’étalant d’août à mars.

Nous n’avons pas été en mesure de collecter des informations sur les superficies des parcelles

remises en culture ni sur la nature de ces plantations. De même, nous n’avons pas été en mesure

d’obtenir des informations sur les taux in situ de germination des semences ni sur les premiers

rendements des parcelles mises en culture. Il semble que ces données ne soient pas disponibles sur

le territoire ni au niveau national.

La culture attelée n’est quasiment plus pratiquée, les ressources des foyers et groupements ne

permettent pas l’acquisition de paires de bœufs et d’attelage pour l’instant. Au 15 août 2015 seules

18 familles avaient acquis 126 bêtes de traits sur l’échantillon considéré. Sur ce cheptel, seules 16

bêtes (12 %) étaient localisées à Bossangoa et 60 % (76 têtes) étaient déclarées dans des localités

situées sur la limite nord de la sous-préfecture. Il semble donc que des rachats de cheptels de trait

par les agriculteurs auprès des éleveurs nomades localisés dans les sous-préfectures au nord de

Bossangoa soient en cours.

Il est important de noter que les capacités de stockage des agriculteurs ont également été en partie

détruites par le conflit. Quelques greniers communautaires ont été construits avec l’assistance de

l’aide internationale (ACF) et des distributions de containers de stockage familiaux ont été réalisées

par endroit.

Les quantités moyennes stockées au 18 août 2015 par les populations enquêtées sont relativement

basses. Environ 20 % des foyers possèdent des stocks pour plusieurs semaines mais 68 % déclarent

avoir au plus un sac de 50 kg de manioc et 28 % disent ne pas avoir de stock.

% de foyer

possédant des stocks

Quantité moyenne par

foyers possédant (en

Valeur moyenne par

foyer possédant

Quantité moyenne pour les 404 foyers

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 34

sac) (CFA)

Maïs (sac 50 Kg) 27% 2,38 9 505 0,64

sésame (sac 50 Kg) 22% 2,20 49 500 0,49

manioc (sac 50 Kg) 61% 2,14 8 893 1,30

arachide (ngnawi) 25% 9,26 133 751 2,31

Patate( douce sac 50 kg) 2% 2,13 0,04

Sorgho( sac 50 kg) 2% 2,22 0,05

mil (sac 50 Kg) 8% 2,91 0,25

riz (sac 50 kg) 5% 1,32 0,07

Les récoltes du maïs, de l’arachide et du sésame débutant au mois d’août, il est probable que ces

stocks augmentent dans les prochaines semaines mais la sécurité alimentaire reste extrêmement

précaire dans la sous-préfecture.

Le suivi des cours de trois produits agricoles clés (manioc, maïs et arachides) sur une période de

quatre ans en reprenant les chiffres d’ACF et en les recoupant avec d’autres études (ACTED) apporte

des éléments d’analyse complémentaires:

Les cours actuels du manioc sont particulièrement bas à un peu plus de 80 CFA le kilo.

De 238 % en dessous du prix de 2011 et de 342 % de 2012, cette baisse est sans doute due à la

profusion du manioc du fait de l’absence d’exploitation des champs durant la période du conflit

laissant ainsi les bulbes se ramifier. Ce produit constituant la ressource principale des populations

agricoles, cette baisse de prix à un impact direct sur leur pouvoir d’achat. L’avantage est qu’il apporte

une source alimentaire importante bien que sa valeur nutritive soit faible.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 35

Les prix relativement haut des arachides décortiquées (26 % de plus qu’en 2011 et 2012) n’intègrent

sans doute pas encore la baisse des prix de septembre due à la récolte. Si cette baisse se produit,

cela pourrait signifier que la production locale a repris à des niveaux significatifs.

Nous constatons un prix bas du maïs en début d’année qui tend à rejoindre le prix des marchés 2011

et 2012 en aout et septembre. Le pic de la période de soudure n’a pas été constaté cette année. Une

explication pourrait être liée aux distributions du PAM. Le prix actuel rejoint le prix du marché de

2012 et 2014. Il est à noter que le maïs est également utilisé pour la fabrication de l’alcool local, d’où

un impact à la hausse de son prix. Il est, par ailleurs, possible qu’en l’absence de capacité de

transport, les stocks (produit ou reçus) ne trouvent pas preneur ce qui affecte son prix et limite sa

hausse conjoncturelle.

La distribution de 31 Kg de semence (arachides, maïs, riz, sésame, sorgho) et de petits outils (4 houes

/ foyers, 2 lindas, 2 sellans) à plus de 5 000 foyers 30 ainsi que des semences maraichères et des

30

FAO / Tableau des distributions des kits vivriers sur la préfecture de Bossangoa. Campagne 2015

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 36

arrosoirs en 2015 permettent de reprendre une activité de production. Une distribution de vivres en

protection des semences a été réalisée mais avec des problèmes de coordination. Certaines de ces

distributions ont eu lieux plusieurs mois après la distribution des semences.

Il semble que d’importantes quantités de semences (environ 300 tonnes) aient été achetées dans la

préfecture au printemps à deux intermédiaires privés (ONG locales)31 pour être ensuite distribuées

pas des ONG locales et internationales aux foyers lors de cette opération. Cette intervention

importante sur le marché local de semence n’a pas fait l’objet d’un suivi des cours antérieur et

postérieure à l’opération d’achat. L’impact positif ou négatif sur le marché n’a pas pu être mesuré.

Du fait de l’absence de marché pour l’écoulement des productions agricoles du à la carence de

transport du fait également de la faible capacité de mise en culture sans attelage et de capacité de

stockage insuffisantes, la production agricole est encore très fragile. Elle est soutenue actuellement

par les programmes de distribution de semences, de petits outils agricoles et par la distribution de

vivre en protection mais n’a pas encore trouvé un niveau pouvant garantir une sécurité alimentaire

pérenne ni une contribution à l’économie de la sous-préfecture.

3. Conséquences de la crise sur l’élevage bovin

La crise a changé la répartition du bétail en RCA depuis 2012. La situation de l'élevage dans l'Ouham

subit la fracture entre anti-balakas et ex-sélékas. Ainsi, du fait des déplacements liés à la succession

des crises, les sous-préfectures de Batangafo et de Kabo comptaient près de 300 000 têtes de bovins

au printemps 2015 selon les éleveurs32. Malgré cette proximité, les mouvements de transhumance

sont marginaux avec la sous-préfecture de Bossangoa, habituellement zone de transhumance et non

d'élevage. Les échanges commerciaux entre éleveurs et agriculteurs ont chuté, contribuant à la

paupérisation globale.

Un certain nombre d’observations montrent un début de retour de Peuls centrafricains, localisés

dans le nord du pays, sachant que la situation varie selon les localités. C’est notamment le cas dans la

brousse sur l’axe Bouca-Batangafo et autour de Nana-Bakassa. A Bouhaïjé (près de Nana-Bakassa)

des peuls sortent dans le village sans problème, viennent à l’hôpital ou au marché et troquent du lait

contre du maïs.

A Zéré, leur retour est souhaité, bien que la mosquée et des maisons aient été rasées. Mais l’attitude

est différente avec les Peuls tchadiens : certains sont passés en mai 2015 pour la transhumance et

ont ravagé les champs.

Le prix des bœufs varie selon les localités, ce qui montre que les prix ne s’égalisent pas par la

concurrence au niveau de la sous-préfecture car la circulation des marchandises et du bétail est

entravée. Ainsi, de Zéré, il faut aller à Kouki où il faut payer 380 000 CFA pour un bœuf d’un an

(avant : 150 000 CFA). A Boubou, les prix sont également élevés (450 000 CFA, avant : entre 100 000

et 150 000 CFA).

La présence des Peuls (d’origine RCA) au nord de la sous-préfecture participe à la reprise encore très

légère du secteur bovin. Les populations sédentaires semblent pouvoir « excuser » ces éleveurs,

31

AFRBD et FPECO 32

FAO, DRC, CRS (2015), Situation de la transhumance et étude socio anthropologique des populations

pastorales après la crise de 2013-2014 en République Centrafricaine P14.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 37

ayant été contraint de se rapprocher des séléka par obligation confessionnelle. Il n’en reste pas

moins que de réelles craintes ralentissant les nécessaires contacts pour la reprise du commerce. Des

incidents sérieux de sécurité ces dernières semaines ont parfois été bien gérés par les communautés

avec l’appui des autorités. Cela a été le cas lors d’un incident concernant des violences physiques sur

Nana Bakassa en juin 2015 mais à contrario à Marzé (environ de Bouca) fin juillet, le village a été en

grande partie incendié.

Quelques convois de bœufs ont été observés en provenance de Nana Bakassa (17 têtes) et de Bouca

(5 têtes), à destination de Bossangoa. Les éleveurs nomades sont encore très prudents et ne

descendent pas dans la sous-préfecture. Ils restent au nord d’une ligne passant par Nana Bakassa et

Bouca. A Nana Bakassa, cinq mois après leur réapparition, le maire n’a pas encore eu de contact avec

les nomades mais la présence de près d’une dizaine de bœufs de traits récemment acquis sur la ville

peut attester de contacts commerciaux récents.

Sur les 404 foyers enquêtés sur la sous-préfecture de Bossangoa, seules 20 familles (5 %) sont en

possession de 126 bœufs. Bien que nous n’ayons pas systématiquement pu voir ces cheptels, il nous

semble que ce sont principalement des bœufs d’attelage (de race Goudali).

Bien que la filière ait été entièrement modifiée avec le conflit, les convois de bœufs et le

réinvestissement de certains foyers ou groupements témoignent de la timide reprise des contacts

commerciaux entre les Peuls et les agriculteurs.

4. Conséquences de la crise sur le petit élevage

Sans avoir des chiffres précis sur les quantités de pertes en petit élevage, 65 % des foyers déclarent

avoir été pillés de leur cheptel.

Depuis plusieurs mois, environ 55 % des foyers recapitalisent en petits animaux sans doute en partie

grâce aux tontines (38 % les foyers pour un montant de 1 800 CFA / semaine). Les sommes investies

sont conséquentes au vu de leur pouvoir d’achat actuel. La valeur du capital reconstitué par

l’échantillon étudié est aujourd’hui en moyenne de 200 000 CFA par foyer possédant des petits

animaux33.

Petit élevage possédé au 15/08/2015

Moyenne de bêtes par foyer

possédant

% de foyer n'ayant pas d'animaux

Total animaux

10. Nbre volailles 10,2 26% 3229

11. Nbre porcins 4,6 57% 839

13. Nbre caprins 7,8 47% 1436

14. Nbre ovins 9,6 98,4% 67

Il est à noter qu’une épizootie concernant les porcins et entrainant leur mort rapide a été constatée

sur Bossangoa aux alentours du 5 aout 2015. Elle touchait déjà Wikamon (porche de Ouham Bac) le

14 aout. A notre connaissance, aucune analyse ni suivi vétérinaire n’était en place le 18 aout.

33

Au prix de vente des animaux sur le marché de Bossangoa le 15 /08 /2015, hors impacts de l’épizootie concernant les porcins.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 38

De nouveaux contacts le 15 septembre mentionnaient une mortalité caprine également élevée et la

mise en œuvre uniquement d’initiatives de sensibilisation de la part de l’Agence Nationale du

Développement de l’Elevage (ANDE) sur la non consommation des viandes porcine et caprine et

incitaient à l’arrêt des déplacements d’animaux. Selon l’agent de l’ANDE, cette sensibilisation n’a eu

lieu que dans la ville de Bossangoa faute de moyens de déplacement de l’Agence.

Le réinvestissement des foyers dans ce type d’élevage est réel et important, mais le mode d’élevage

par divagation est toujours sujet à risques épizootiques et d’impact sur les cultures.

5. Conséquences de la crise sur la chasse, la pêche et la cueillette

49 % des foyers interrogés déclarent pratiquer la chasse, la pêche ou la cueillette. 32 % de ces

personnes pratiques la chasse, principalement aux pièges et armes traditionnelles. La récolte du miel

est également pratiquée pour 30 % d’entre eux.

Les produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette (principalement le miel) sont vendus très

fréquemment sur les marchés. Pour ce qui concerne la chasse, les gibiers généralement fumés

constituent aujourd’hui une part non négligeable de la viande consommée.

6. Autres (mines, bois ….)

Il semble que l’activité minière et aurifère attire de plus en plus de jeunes. Ces activités sont

actuellement en grande partie en dehors de la sous-préfecture, poussant les jeunes à se déplacer de

longues périodes appauvrissant la disponibilité de main d’œuvre agricole.

Les activités liées à l’exploitation du bois n’ont pas significativement changées.

1. Conséquences sur les services publics et privés

1. Conséquences de la crise sur les services publics et les administrations

Les administrations publiques, au niveau national, régional ou local, constituent un des déterminants

du redressement économique dans la mesure où elles favorisent le développement des activités de

production et d’échange par la sécurité ou l’entretien des routes par exemple et l’amélioration du

capital humain par l’éducation et la santé notamment.

Structurellement, le problème de l’Etat Centrafricain résulte du déséquilibre entre l’étendue de son

territoire et la faiblesse numérique de sa population. La succession des crises, la faiblesse de

l’économie et la gestion des fonds publics ne permettent pas de dégager les ressources suffisantes

pour assurer des services publics et entretenir le réseau routier qui permet de desservir ce territoire.

Pourtant, la RCA est parvenue à un moment à offrir un certain accès à la santé et à l’éducation sur

son territoire, à garantir un entretien minimal des pistes et à assurer un niveau de relative sécurité.

Depuis la fin des années 1990, les crises économiques, politiques et les conflits ont provoqué un

délitement progressif des structures publiques. Les derniers « évènements », pour reprendre ce

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 39

terme pudique qui s’applique à une situation d’une gravité exceptionnelle, ont porté un coup fatal à

ce qui restait d’infrastructures publiques.

A Bossangoa, comme dans beaucoup de villes, toutes les administrations ont été systématiquement

pillées et les archives brulées (état civil, dossiers académiques, rôle des impôts, fichier de

gendarmerie, relevés fonciers, …). Le redéploiement qui s’opère depuis quelques mois (voir tableau)

s’effectue dans des conditions difficiles : bâtiments délabrés, absence de mobilier, effectifs réduits.

Les fonctionnaires paient leur trajet depuis Bangui, achètent les fournitures de leur poche et parfois

campent dans leur bureau. Ils doivent tout reconstituer et réaffirmer l’autorité de leur administration

sans disposer de moyens. L’annexe 5 présente une synthèse des différents entretiens avec les

représentants des administrations situées à Bossangoa.

La première priorité a été de doter la gendarmerie, suivant ainsi le schéma de la loi du double

monopole34 sur laquelle tout Etat repose : le monopole de la force permet d’assurer celui de la levée

des impôts, lequel permet d’entretenir le premier puis d’assurer des services publics. Les effectifs

déployés et le rapport de forces prévalant dans la préfecture de l’Ouham ne permettent pas encore

d’atteindre cet équilibre, mais il commence à se mettre en place, soutenu par la force internationale.

Le grand problème reste le désarment des rebelles et l’intégration dans les forces publiques d’une

partie d’entre eux : c’est la question complexe des programmes de DDRR qui ont déjà connu deux

échecs. Elle se conjugue avec celle des échéances électorales, prises comme prétexte par certains

pour ne pas payer d’impôts d’ici là. Ainsi, l’administration étant dépourvue, elle ne peut actuellement

obtenir les ressources au niveau local qui lui permettraient de fonctionner, et de générer ainsi

sécurité et développement.

« Le cercle vicieux de la faiblesse des administrations publiques »

34

Elias Norbert, La dynamique de l’Occident, Calmann Lévy.

Force publiques

insuffisantes

(gendarmerie, police,

armée)

Difficulté à

assurer la sécurité

Entraves aux

échanges

commerciaux et à la

production

Insuffisance de

moyens pour les

services publics

Dégradation

(routes, santé,

éducation)

Difficulté à lever

l’impôt

Sous-

développement

Excédents

taxables faibles

Freins au

redressement

économique

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 40

Le constat dressé ici est principalement issu des entretiens réalisés avec des représentants des

diverses administrations. Le tableau ci-dessous récapitule une partie de ces informations.

Tableau : effectif des administrations publiques et état des bâtiments à Bossangoa :

Situation en août 2015

Administration Date

retour Etat bâtiment

Effectif antérieur

Effectif actuel

Remarques

Préfecture 26/7/2013

nomination

préfet

Refait Préfecture

régionale (Ouham

et Ouham Pende)

Gendarmerie Novembre

2013

Refait à neuf,

Prison à

refaire

Une

centaine sur

la préfecture

Une trentaine sur

Bossangoa (en fait

17 ?) + un gendarme à

Bouca

Soutien de la

MINUSCA

amélioration

Police absente 0 4 ou 5 policiers de

UNPOL

Pouvoir judiciaire Pillé,en cours

de

rénovation

1 procureur (à la

gendarmerie) + greffier

en chef

Le juge est nommé

mais reste à Bangui

Douanes mi-mai

2015

Pillé, devis de

6 M CFA

15 5 agents

Trésor Public Juin

2015

Pillé, dégradé 17 7 agents (en fait 2 en

poste)

Impôts Fin juillet

2015

Pillé, dégradé 7 agents 2 agents Disparition des

rôles

Santé En cours de

rénovation

Un seul médecin public

pour tout l’Ouham (et

un privé)

Déléguée à MSF

Education Reprise en

septembre

2014 selon

localités

Ecoles

pillées et

vandalisées

60 à 70% des

enseignants sont des

maîtres-parents en

milieu rural

Fonctionne à 90%

mais avec maîtres-

parents

.

Travaux publics 10 personnes dont

directeur régional (en

fait deux pour

Bossangoa)

Dysfonctionnements récurrents :

Les fonctionnaires de certaines administrations et certains responsables d’organismes non étatiques

se sont plaint que le recrutement se fait encore sur une base ethnique ou par favoritisme (les

procédures de sélection sont respectées au début puis contournées ensuite).

Dans plusieurs administrations, les sous-effectifs sont aggravés par l’absentéisme de personnes

restant à Bangui en se déclarant malades. La présence de ceux qui s’y trouve en est d’autant plus

méritante. Les responsables rencontrés font preuve d’un véritable dévouement.

Avec les évènements, les directions régionales se retrouvent dans une configuration de pyramide

renversée : « grosse tête et petits pieds ». Certains voient le déploiement progressif des

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 41

fonctionnaires comme relativement inutile car, dépourvus de moyens, ils ne sont pas opérationnels

et attendent. Il est urgent de doter les administrations de fournitures et de meubles sans quoi ces

dépenses de fonctionnement vont être perdues.

La classe politique est montrée du doigt pour sa gestion des administrations et du territoire ces

dernières décennies comme cause de nombreux dysfonctionnements (mauvaise allocation des

ressources sur le territoire, népotisme, mauvaise gestion des fonds publics voire détournement).

2. Disparition du système bancaire local

A Bossangoa se trouvaient :

- le Crédit Mutuel, parti après avoir été pillé en 2003 ;

- Ecobank, banque de dépôt, partie après avoir été pillé en 2013 ;

- Sofia Crédit, créé en 2009, parti après avoir été pillé en 2013 (sur la RCA, Sofia Crédit a subi des

pertes de 600 M FCFA du fait du conflit, ses effectifs sont passés de 70 à 25 personnes).

Actuellement, seul Sofia Crédit a l’intention de revenir à Bossangoa. Le bâtiment était en

reconstruction en août et la Directrice Générale a annoncé la réouverture en septembre 2015. Sofia

Crédit est spécialisé dans le microcrédit et procède aussi à des transferts de fonds. Elle prête à court

terme sur des durées de trois à six mois à 2% par mois (avant 2013, la durée était de un an et demi).

300 000 F CFA représentent actuellement un gros montant pour un prêt finançant une AGR. L’AFPE

(Agence pour la Formation et l’Emploi) dispose d’un fonds de garantie disponible pour cautionner

des prêts conventionnés avec des organismes de crédit. Sofia Crédit étudie ainsi les dossiers de

jeunes se lançant dans des AGR et procède au suivi (une vingtaine de projets financés et cautionnés à

hauteur de 10% par l’AFPE en août 2015).

Il n’y a que quatre enseignes de micro crédit en RCA contre 450 au Cameroun à titre de comparaison.

Le conflit a aussi eu pour conséquence de stopper les transferts de fonds par téléphone en dehors de

petites opérations, aucun acteur n’ayant la surface suffisante pour le faire et craignant pour la

sécurité. Des transferts de liquidités ont néanmoins recommencé par téléphone, mais ne concernent

que des petites sommes (la plus grosse transaction sur le marché de Bossangoa a été de 300 000

FCFA en août 2015). Le transfert est très onéreux (la commission est généralement de 20%)35.

3. Disparition des centres de formation professionnelle

A Boubou existait un grand centre de formation professionnelle pour les Jeunes Pionniers

Centrafricains équipés d’ateliers (menuiserie, briquettes, maçonnerie, agriculture, élevage,

restauration). Le centre a été détruit et pillé. L’UNFPA a voulu y relancer un centre sur les violences

liées au genre mais le projet a été abandonné. Le centre est envahi par la végétation.

Le diocèse remonte la menuiserie et le garage qui avaient déjà été dévalisés en 2003 et qui servent à

l’apprentissage. A Bossangoa, le centre de promotion féminine du quartier Sembé (près du marché

Borro) a été pillé (bâtiment vide, sans porte ni fenêtre et sans toiture). Ce centre de Caritas proposait

aux femmes des activités de tissage, saponification, nattes, beurre de karité et alphabétisation. De

35

Source : Emergencia. Le mobile banking n’étant pas en service en RCA, il doit s’agir de transferts assurés par des

personnes se connaissant, situées à Bangui et Bossangoa, par exemple et disposant de fonds.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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même, le centre de Grands Champs (après le pont à la sortie de Bossangoa) a été « décoiffé » par les

sélékas, il ne reste que les murs. Ce centre de formation rural à la culture attelée accueillait 50 à 80

apprentis.

Il n’existait pas de lycée agricole en RCA et un seul lycée technique situé à Bangui. L’université de

Bangui accueille beaucoup d’étudiants dans les filières classiques (droit, sciences humaines et

sociales) car désireux de devenir fonctionnaires. De nombreux interlocuteurs ont pointé cette

orientation qui pèse sur l’enseignement supérieur dans une direction inadaptée aux besoins du pays

selon eux.

Actuellement, il n’y a plus de centre de formation pour les jeunes en dehors de l’initiative du diocèse

(atelier bois et atelier mécanique). Caritas va remonter le centre de promotion féminine de

Bossangoa avec un projet de cohésion sociale par le travail de même que le centre de Grands

Champs et Caritas soutien également un projet de formation en mécanique auto pour les enfants-

soldats et enfants vulnérables. L’ONG Emergencia propose des formations en informatique et en

logistique qui s’autofinancent.

La formation constitue un enjeu d’une importance décisive pour le succès des programmes DDRR.

Trop peu d’acteurs s’y investissent et le secteur public est actuellement absent.

4. Situation de la transformation de produits et de l’artisanat

L’activité de transformation de produits alimentaires est pratiquée par plus de 28 % des foyers de la

sous-préfecture. C’est principalement de la production de farine (manioc), de pâtes (arachide), de

produits cuits (maïs, manioc, beignets) et d’alcool local (maïs / sésame, miel, ….).

L’activité de maçonnerie vient ensuite pour 16 % des foyers. Il est à noter que ce chiffre est sans

doute impacté par le niveau de destruction des bâtis, ayant généré une forte demande

conjoncturelle dans ce secteur.

La vannerie, principalement des nattes, est une activité déclarée par 12 % des foyers.

Activité %

Transformation produit alimentaire, bière, alcool 28%

Maçonnerie / bâtiment 16%

Vannerie 12%

Mécanique, réparation, 10%

Menuisier / charpentier 9%

Couture 8%

Bucherons 3%

Poterie 2%

Location d'outils 0,5%

Ces activités sont freinées par le faible équipement en machines et outils. 54 % des personnes

interrogées considèrent que ceci est un manque important.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 43

Des programmes de distribution de machines de transformation sont actuellement en cours,

notamment par ACTED sur fourniture de la FAO. Ils concernent une centaine de moulins motorisés,

une centaine de moulins à pâte d’arachide et une centaine de décortiqueuses.

5. Situation de l’emploi formel et des services

19 % des foyers de l’enquête exercent une activité employée salariée (services publics, ONG/OSI) ou

de service (beauté, transport, manutention, restauration, gardiennage). 39 % des personnes ayant

une activité dans ces secteurs ont au moins le BEPC, 22 % ont le Bac et 14 % ont fait des études

supérieures.

employés et service %

service publique 8,4%

ONG 7,4%

Beauté 4,0%

Santé 1,7%

Restauration 1,0%

Sécurité et gardiennage 0,5%

Transport et manutention 0,5%

8.4 % de la population travaillent pour le service public dont l’éduction dont 3.5 % sont localisés sur

la ville de Bossangoa.

7.4 % de la population travaillent pour les ONG ou OSI dont 2.5 % sont localisé sur la ville de

Bossangoa.

Les services de beauté représentent 4 % des activités déclarées. Le transport, la restauration, et le

gardiennage sont des activités marginales.

6. Etat du transport et des routes:

Ce secteur a été profondément touché par la crise. D’après nos informations, depuis les vélos

jusqu’au camions, quasiment tous les moyens de transports de la zone ont été pillés.

Aujourd’hui, les capacités de transports de la sous-préfecture se résument à quelques vélos et

pousse-pousses, plusieurs centaines de motos (généralement possédées par des ex combattants),

quatre à six véhicules pick up et quatre ou cinq camions de 10 à 15 tonnes (deux détenus par un

commerçant, deux par l’évêché et un par la cellule coton, tous basés à Bossangoa). Les capacités de

transport de la sous-préfecture peuvent être estimées à un maximum de 150 tonnes par jours soit

environ un kg par jour par habitant.

Les personnes se déplacent le plus souvent à pied pour rejoindre le village ou la ville la plus proche.

Les produits alimentaires des zones inter marchés à destination des marchés sont transportées soit

par les producteurs eux-mêmes soit par des « transporteurs / vendeurs » à pied rachetant les

produits et les revendant. Les produits alimentaires des marchés ne sont que très peu transportés

vers d’autres zones de la sous-préfecture ou en dehors de celle-ci.

Avec ce faible nombre de véhicules, il n’existe pas encore de filière commerciale de pièces détachées

sur la sous-préfecture, les quelques échoppes informelles sur les marchés revendent quelques pièces

mécaniques d’occasion standards. Des projets d’ONG (ACF, ACTED) ont financé la fabrication d’une

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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centaine de pousse-pousses sur Bossangoa, permettant de redynamiser la filière artisanale de

mécanique et la stabilisation de deux ateliers équipés de poste de soudure à l’arc.

Quelques camions arrivent chaque semaine de Bangui en grande partie pour du transport de fret

humanitaire ou destiné à la MINUSCA.

Sur les axes principaux, nous n’avons noté quasiment aucun transport commercial vers le Nord et

très peu vers l’Ouest et l’Est, à part sur Bouca ou des expéditions de fret humanitaires sont plus

fréquentes.

Le prix d’un 15 tonnes affrété pour Bossangoa depuis Bangui est de 800 000 CFA (1 220 €). La durée

aller-retour est de une semaine (2 jours aller, 1 jour déchargement / rechargement et 2 jours retour).

L’expédition d’un sac de 100 Kg se paie 3 000 CFA de Bossangoa vers Bangui et 2 500 CFA de

Bossangoa sur Bozoum.

Le transport de marchandises le plus courant se fait par motos. Le voyage se fait à vide sur Paoua,

Bozoum ou Bossembélé et Bangui pour ramener environ 150 à 200 kg de fret à forte valeur ajoutée.

Le transport de personnes sur des moyenne distances (50 / 200 Km) dans la sous-préfecture et en

dehors est généralement opéré par les camions de fret commercial, les pick up et les motos. Les

coûts sont relativement élevés. Un passage sur Bangui se paie 5 000 CFA avec un sac de 50 Kg. Sur

Bozoum 3 000 CFA. Le transport à moto est plus élevé.

L’état des routes menant à la sous-préfecture est plus qu’alarmant, instaurant de fait un véritable

enclavement.

• L’axe principal Sud menant à Bangui est dans un état de détérioration avancé, quasiment impraticable par des véhicules 2 x 4 et difficilement praticable par des véhicules 4 x 4 (8 h à 10 h pour un VL, 20 à 24 h pour un PL).

• L’axe Est menant à Bouca est également très détérioré, principalement pour les camions.

• L’axe Nord (Nana Bakassa) est praticable mais les routes y sont régulièrement coupées par des groupes armés (notamment en direction de Paoua), générant des coûts prohibitif et des risques importants pour les transporteurs.

• L’axe Ouest (Ouham Bac et Bozoum) est en relatif bon état (réparé par ACF jusqu’à Ouham Bac et en cours de réfection par ACTED jusqu’à Bozoum). Le bac de Ouham Bac à une capacité de 20 tonnes toutes des 30-45 minutes. La sécurité semble être stabilisée.

Les axes internes, Nord-Est et Nord-Ouest, sont dans un état relativement correct à part une partie

infranchissable par véhicule VL et PL entre Bowé et Bangba ainsi qu’entre Bagbé et Bossokpa.

L'aérodrome est sur la liste de suspension. L'état de la piste demande des travaux. Avec la saison des pluies, elle risque de ne pas être praticable, enclavant ainsi Bossangoa.

7. Energie et carburants :

Le carburant n’est disponible qu’en très petite quantité et uniquement de l’essence. Il vient

généralement de Bangui, Bozoum ou Paoua. La seule station-service (Total) de la sous-préfecture a

été pillée. Les cuves sont toujours en place mais les pompes et le bâtiment commercial sont très

dégradés.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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La fourniture d’électricité n’est pas réalisée par manque de moyens techniques. Les équipements de

distribution sont en place bien que dégradés mais le matériel de production et le dispositif de

recouvrement des coûts n’est pas opérationnel immédiatement.

3.4. Répartitions géographiques des richesses et stratégies de d’adaptation

1. Répartition géographique des richesses.

Les données de l’enquête et les observations terrains permettent d’observer une répartition inégale

des richesses. La ville de Bossangoa bénéficie bien évidemment d’une dynamique économique plus

forte que les territoires ruraux grâce notamment à l’activité des organisations internationales. Il est

difficile de discerner ce qui est endogène à la sous-préfecture et ce qui est exogène.

Une première approche permet de dissocier trois types de territoires :

• La zone urbaine de Bossangoa ;

• Les petites agglomérations ayant un marché régulier ;

• Les villages inter marché, n’ayant pas d’activité de vente.

Il ressort bien évidemment d’importants écarts entre ces zones, les plus marqués étant entre la zone

urbaine de Bossangoa et les zones rurales.

Peu de différences sur les ressources déclarées existent entre les zones rurales de marchés et les

zones éloignées des marchés (zones inter-marchés). Dans ces dernière zones, si la possession de

petits animaux et de bœufs est similaires aux zones de marchés, les stratégies d’adaptations misent

en œuvre marquent une situation plus critique (66 % des foyers confrontés à une situation

d’urgence). Cet état est corroboré avec les observations terrain, indiquant chez ces populations une

faible possession de bien domestiques, de rares avoirs productifs et des reconstructions de bâtis

encore non finalisées.

Par ailleurs, l’acquisition de bœufs de trait est plus marquée au Nord de la sous-préfecture qu’au Sud

et sur Bossangoa. Cela semble indiquer que la proximité des populations nomades éleveurs est un

facteur facilitant l’achat de ces animaux bien que ces zones soient plus pauvres.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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2. Stratégies d’adaptation

En classant les activités d’adaptations des foyers n’ayant pas les ressources suffisantes pour subvenir

aux besoins de la famille (85 % de l’échantillon), un classement en trois stratégies est possible :

• 20 % des foyers mettent en place des stratégies d’urgence. 12 % de l’ensemble des foyers

déclarent avoir des activités non recommandables ou avouables et 54 % déclarent bénéficier

d’une manière ou d’une autre de l’aide humanitaire.

• 51 % des foyers mettent en place des stratégies pour faire face à une insécurité. 52 %

déclarent réduire leur alimentation, 35 % vendent des biens domestiques et 25 % vendent

des actifs productifs.

• 29 % des foyers mettent en place des stratégies pour faire face à une situation de stress. 49

% réduisent les dépenses non essentielles, 26 % retirent les enfants de l’école et seulement

12 % bénéficient de l’entraide familiale.

L’enquête met en évidence que certains foyers, bien qu’ils bénéficient d’une aide humanitaire ne

sont pas en situation d’urgence mais de très forte insécurité.

L’utilisation de l’épargne ou l’emprunt est très faible, à hauteur de 3 % chacun du fait de

l’insuffisance des garanties pour contracter des emprunts auprès des commerçants ou de la

communauté et de l’absence d’épargne due à la faiblesse des revenus.

Nous n’avons pas pu intégrer les activités des groupes armés dans les stratégies d’adaptation.

Cependant, on peut penser que ces derniers, généralement des jeunes de 18 à 30 ans, en groupes

dans les zones de marchés puisent dans le produit de leur pillages en attendant les propositions du

programme de désarmement, démobilisation et réinsertion. D’après des discussions que nous avons

pu avoir avec ces ex-combattants, une certaine impatience se fait sentir, sans doute parce que leur

capital s’érode et n’est pas investi.

Globalement, les stratégies d’adaptations sont encore très orientées vers la réaction à une situation

d’urgence ou de stress (71 %) avec une répartition spatiale marquée par une différence forte entre la

zone urbaine de Bossangoa et les zones rurales (voir § 3.1).

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 47

3.5. Synthèse sur les pénuries, freins et blocages du processus de redressement

Cette partie se conclue par la présentation des points de blocage tels qu’ils résultent des entretiens

semi-directifs que nous avons pu mener. L’annexe 8 présente l’ensemble de ces entretiens résumés.

Le tableau ci-dessous synthétise les analyses faites par les personnes interrogées. Il complète notre

présentation des conséquences du conflit sur la situation économique locale. Nous définissons les

termes de la façon suivante :

Pénuries ou insuffisances : non disponibilité ou rareté de produits ou services sur les marchés. Les

pénuries concernant les approvisionnements pour la production (qui constituent aussi un frein à

l’activité économique) sont distinguées de celles concernant la consommation des ménages.

Freins : ralentissent le processus de redressement ;

Blocages : empêchent le processus de redressement.

Il n’y a pas de lien entre les différentes colonnes dans le tableau ci-dessous. Celui-ci permet

simplement de présenter une liste récapitulative des principales pénuries et principaux freins et

blocages.

Tableau des pénuries, freins et blocages du processus de redressement

Pénuries et insuffisance pour

l’approvisionnement et la

consommation

Freins à l’activité économique blocages

Approvisionnement :

- électricité

- eau potable

- matériaux de construction

- outils

- intrants, engrais

- carburant

- accès à internet, téléphone,

débit limité

- Fournitures de bureau

Consommation :

- Nombreux produits de

première nécessité importés

(sucre, huile, sel riz, savon,

pétrole lampant)

- Radio, électroménager,

produits de qualité,

supermarché (offre limitée

aux biens basiques)

- Insuffisance de bouchers

- Réconciliation

non-retour des musulmans et

des Peuls (commerçants et

éleveurs)

absence de grossistes

- Routes, surtout à la saison des

pluies, piste aérodrome

Capacités de transport

insuffisantes

Manque d’entrepôts

Manque d’hébergement

- Compétences :

Besoins dans les métiers

suivants :

Commerce (non professionnel)

Administration (pour projets,

suivi-évaluation)

Informatique, maintenance

Mécanique

Froid

Bâtiment (chef de chantier,

- Insécurité

peur réciproque

intérêt au conflit de certains

groupes

détention d’armes

- Trappe à la pauvreté

Revenus insuffisants

Décapitalisation massive (d’où

faiblesse du capital installé)

Impossibilité d’épargner, donc

d’investir (outils, machines,

bœufs devenus trop chers)

Dégradation du système coton

- Banques absentes d’où pb

pour :

Crédit

Garanties pour micro crédit

Transferts de liquidités

- Compétences :

Déscolarisation (jeunes rebelles),

faiblesse des prérequis pour la

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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- Cyber café maçon, électricien, plombier,

carreleur, menuisier)

Eau : Artisans

réparateurs formés pour pompe,

pas pour forage, peu pour

adduction

Restauration (non professionnel)

Santé

Vétérinaire

Risques sur filières coton

(compétitivité, santé,

environnement)

Transformation locale

insuffisante ou non

professionnelle (stérilisation…)

par manque de formation ou

d’équipement

Coordination aide ONG-services

publics insuffisante

Capacités de résilience limitées

Mentalité : on dépense dès

qu’on a de l’argent

Mauvaise gouvernance

Recrutement de proximité

Mauvaise gestion des fonds

publics

Recherche de sinécures

formation

Pb de langue, même pour le

Sango

Absence de formations

techniques

- Pb de gouvernance

- échéance électorale : bloque la

reprise dans l’administration

- Services publics :

eau, éducation, santé

bâtiment pillé et ruinés

absence de matériel

Difficultés à lever l’impôt : refus

de payer, économie informelle

pb de communication, de

sensibilisation au paiement

- Fermeture des frontières

- Transhumance : avant couloirs

bien tracés, échanges entre pop.

locales et nomades

- Les mêmes causes à l’origine du

conflit sont toujours en place

(extrême pauvreté, insécurité,

déliquescence des services

publics due à mauvaise

gouvernance)

4. Analyses

4.1. La trappe à la pauvreté

La décapitalisation massive due aux pillages touche à la fois la culture attelée, le petit élevage ou le

matériel de transformation (moulin, décortiqueuse, métier à tisser…) ou de transport. Elle entraine la

réduction de la production agricole, déjà ébranlée par les crises précédentes mais aussi artisanale et

de service, provoquant une perte de revenu. Cette perte est accrue par le manque de débouchés et

de liaison entre les marchés : les récoltes restent en partie sur place et sont peu valorisées alors que

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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le prix des produits importés est très élevé. Tout ce qui est produit est consommé ou dépensé ; les

capacités d’épargne sont quasi nulles.

En l’absence de possibilité d’endettement (absence des acteurs financiers), même les ménages les

plus entreprenants ne peuvent investir pour développer une nouvelle activité ou améliorer leur

efficacité. Cette insuffisance de production, d’échange, de revenus et d’épargne, cette impossibilité

d’investir placent une part très importante de la population dans une trappe à la pauvreté. Alors

même qu’il existe des compétences ou des énergies prêtes à s’investir, il n’y a pas de possibilités

endogènes d’accroître significativement la production. Cette trappe à la pauvreté avec ses causes

constitue avec l’insécurité le double verrou qui bloque le processus de redressement économique.

4.2. Le risque de passer de l’espoir au découragement

A la suite des chocs violents et profonds de ces trois dernières années, la population tente de se

relever, avec le soutien de la communauté internationale pour un tiers d’entre eux (environ 30 % de

la population est bénéficiaire de l’aide d’urgence). Il nous paraît alors évident que ses efforts dans un

contexte fragile, ses investissements malgré les incertitudes et ses projets allant à l’encontre de

l’érosion de la cohésion sociale, soient des signes forts d’espoir et de volonté.

Récemment, une partie de la recapitalisation en petit élevage grâce aux tontines s’est partiellement

effondrées à cause d’une épizootie. La récolte de manioc se vend plus de 300 % en dessous du cours

de 2012 faute d’informations sur les cours et de moyens de transports. Les malades ou les femmes

enceintes ne peuvent se rendre à l’hôpital ou au centre de santé faute de moyens de locomotion et

d’argent. Il y a toujours du racket sur les routes et l’impunité demeure. Le niveau de pauvreté reste

extrêmement haut dans une situation que l’on peut toujours qualifier d’urgence pour le plus grand

nombre.

Si cet état social devait perdurer, un évident découragement apparaitrait, laissant la place à toutes

formes de récupérations politiques, ethniques, religieuses ou sociales avec les excès qui peuvent les

accompagner. Cette vulnérabilité serait bien évidemment exploitée par des artisans de la prédation,

ne pouvant survivre que grâce aux conflits. Les effets non dissipés du conflit passé réalimenteront

encore une fois les causes d’un nouveau conflit.

4.3. Analyse des risques

Du fait de l’interaction d’un grand nombre de paramètres issus des secteurs, des filières, des groupes

et des acteurs multiples, il nous paraît intéressant d’analyser la situation par le prisme des risques

encourus si le relèvement économique n’est pas fortement soutenu.

Il nous semble pertinent d’identifier des processus générant des problèmes et des risques eux même

alimentés par des carences et défaillances. Ainsi, des phénomènes relevant de « cercles vicieux »

semblent se mettre en œuvre.

Par exemple, plus le relèvement économique est lent, plus des combattants s’impatientent

(notamment en voyant leurs ressources actuelles issues du conflit s’éroder). Cela entraine un risque

plus important de reprise des activités de racket et d’attaques. Cette impatience existe également

chez les agriculteurs, pouvant impacter leur radicalisation lors des élections. Nous avons donc un

premier phénomène de renforcement des risques de déstabilisation et de fragilisationdu processus

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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électoral. Face à ce risque, la communauté internationale semble hésiter à investir dans le

relèvement et à attendre la période post-électorale.

L’analyse des risques se base sur les carences actuelles des éléments de base du système

économique de la sous-préfecture de Bossangoa. Ces carences ralentissent le nécessaire relèvement

économique et pérennisent un état de pauvreté profond. Les risques générés par cette pauvreté

devenant endémique se répartissent en deux familles connexes : la perte de perspectives et d’espoir

d’un côté, et la prévalence de vulnérabilités de l’autre. Ces deux risques actuellement fort probables

pourraient concourir à des effets de baisse de production, de reprise des prédations et de

déstabilisation sécuritaire qui seraient des éléments de réactivation du conflit, même larvé. Ces

éléments accentueraient les carences des éléments de base du système économique de la sous-

préfecture, l’éloignant encore plus d’un possible relèvement.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Analyse de risques sous-préfecture de Bossangoa

Production

agricole faible

Echanges

commerciaux

limités

Filière coton

en grande

difficulté

Filière bovine

faible

Relèvement économique ralenti

Permanence de la vulnérabilité aux

chocs économiques et climatiques Perte de perspectives des populations et de certains

groupes armés ( ex Bouca, Nana Bakassa, …)

Tensions avec les populations

nomades

Pérennisation de la pauvreté

Instabilité sécuritaire

Prédations des ressources

Effondrement du relèvement économique

Baisse de la production

agricole et petit élevage

Perte de confiance inter-communautaire

Baisse de la filière

bovine

Faibles investissements

Abandon de la

production cotonnière Recul des échanges

commerciaux

Redéploiement limité

des Services Publics

Relance difficile

du petit élevage

Services privés

limités

RIS

QU

ES

CA

USE

S

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4.4. Analyses causales par filière :

Une série d’analyses causales (arbres à problème) ont été construite afin de structurer la

compréhension des systèmes et de donner un support de partage et d’échange avec les acteurs de

ces filières. Ces analyses ont été présentées partiellement aux parties prenantes lors de la réunion de

restitution préliminaire à Bangui36 et envoyées par email pour remarques et critiques.

1. Les échanges commerciaux :

Ces derniers ont de nombreux freins, soit structurels (internes au secteur) soit issus d’autres filières

ou secteurs. Les principaux freins structurels sont :

• Les difficultés de transfert de fonds et de crédits ;

• La faible trésorerie ;

• Les coûts de transport ;

• Les risques sécuritaires ;

• Les manques de connaissance de gestion commerciale (les grossistes ayant quitté le

territoire).

Au vue des faibles quantités de marchandises, les faibles capacités de stockage ne sont pas encore

problématiques mais pourraient le devenir.

Les freins issus d’autres filières sont :

• Pour le secteur agricole, la faible capacité de production qui ne permet pas d’exporter des

produits hors de la zone, condition nécessaire pour que les commerçants affrètent un

véhicule gros porteur à destination de la sous-préfecture avec les produits manufacturés, ce

dernier devant repartir chargé de productions alimentaires locales. Par ailleurs, les

producteurs ne pouvant vendre une récolte qu’ils n’ont pas, ils n’ont pas non plus le pouvoir

d’achat suffisant pour consommer des produits manufacturés apportés par les commerçants.

Cette faiblesse de production freine donc le secteur commercial.

• La faible capacité de la filière bovine et la rupture des liens commerciaux avec la disparition

des intermédiaires et des négociants ne permet plus de volumes générant des trésoreries,

profits et transports stimulant l’économie.

• La quasi disparition de la filière coton génère également de puissants freins sur la dynamique

économique en ne permet plus les cultures dites de rentes générant des entrées de liquidités

pour les foyers, augmentant significativement leurs pouvoir d’achat. Cette disparition

impacte également les productions agricoles par la faiblesse des intrants et la non reprise de

la culture attelée.

• Les risques inhérents au maintien de ces faibles échanges commerciaux sont de voir les

routes commerciales se redessiner sans l’Ouham, favorisant les axes de Bangui vers le

Cameroun, excluant de fait Bossangoa et pérennisant son enclavement. D’ici trois à cinq ans,

seule la production locale sera un facteur de dynamisme économique. Les échanges avec le

Tchad reprendront obligatoirement d’ici trois ans si les investissements routiers sont faits.

Lentement, l’axe Bangui / Bossangoa / Ndjamena retrouvera des volumes commerciaux et

constituera une source supplémentaire d’approvisionnement pour le pays.

36

Annexe 7 :liste de présence à la restitution préliminaire de Bangui

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 53

Analyses causales échanges commerciaux

Stagnation des importations

/ exportations

Peu de

moyens de

stockage

Peu de

transports

Pas de

moyens de

transfert

de cash

Peu

d’informations

commerciales

Pas de

banque

& IMF

Pas

d’accès au

crédit

Peu de liquidités

dans la zone

Peu de

volumes

export

Mauvais

état des

routes

Craintes des

transporteurs

Echanges

commerciaux faibles

Faible

production

agricole

Faible

production

bovine

Faible couverture

des réseaux de

télécommunications

Peu de

volumes

import

Faible

capacité de

réparation

Peu de

moyens

de

transport

Pillages Faibles capacités

d’investissement

Faible

confiance

dans

l’avenir

Faibles

capacités

d’investiss

ement Faible confiance

dans l’avenir

Pas d’entretien ni

d’investissement de

2012 à 2015

Pas de grossistes

et semi grossiste

Faible confiance

dans l’avenir

Faibles

capacités

d’investiss

ement

Rejet des

commerçants

musulmans

Pas d’intégration

des marchés

Coûts de

location

élevés Peu de connaissances

/formation en commerce

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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2. La chute de la filière coton

La chute de la filière coton résulte de chocs graves et répétés sur plus de dix ans :

- la disparition de la culture attelée, déjà ébranlée par le coup d’Etat de 2003 et ses suites. A

elle seule, cette cause suffirait à sinistrer la filière ;

- la rupture en 2011 du contrat entre la Cellule Coton et Géocoton en faveur de la SDIC qui

crée un litige (Géocoton suspend ses paiements en représailles à la suspension unilatérale

du contrat).

- Ce litige aggrave les problèmes de trésorerie de la Cellule Coton et va se répercuter sur les

cotonculteurs et les salariés. Le non-paiement d’une partie des récoltes avait commencé dès

2011 (avant le litige et avant les « évènements »);

- le conflit à répétition vient s’ajouter à de graves difficultés à partir de décembre 2012 ;

- malgré le soutien de la SDIC, la Cellule Coton n’est plus en mesure de distribuer semences,

engrais et intrants, ce qui se répercute aussi sur une partie des cultures vivrières ;

- le système de cantonage et les GIR ne sont plus opérationnels pour le moment ;

- certains agriculteurs sont découragés par plusieurs campagnes non payées.

Le naufrage de cette filière représente un gâchis considérable, compte tenu des compétences

développées dans la région, des investissements réalisés et du rôle de locomotive économique

qu’elle jouait. L’usine de Bossangoa, principal investissement de la Cellule Coton, est restée intacte

malgré les pillages et de nombreux acteurs ont manifesté au cours de l’étude le souhait de voir

repartir cette activité. Les agriculteurs restent à convaincre, mais la perspective de pouvoir accéder à

nouveau à la culture attelée et aux intrants peut les intéresser.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Analyses causales filière coton.

Reprise limitée de la culture

Chute de la Filière

coton

Non-paiement de plusieurs

récoltes

Difficultés de transports

Etat du réseau

routier

Plus de distribution

d’intrants

Plus de

formations

Quasi disparition de la

culture attelée

Pillage des bœufs

et charrues

Pas de capacité

d’investissement

Activité ralentie de la cellule

coton

Peu de confiance

dans l’avenir

Gel des investissements

et réinvestissements

Incertitudes sur l’avenir

en terme de sécurité

Vol des camions

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 56

3. La filière bovine

Les principaux freins de la filière sont là aussi d’origine sécuritaire mais également ont trait à la

capacité de retrouver un vivre ensemble entre les éleveurs et les agriculteurs. La capacité des

communautés à réguler leurs tensions, à mesurer les bénéfices qu’elles ont à cohabiter, n’est pas

encore suffisamment accompagnée par les initiatives de réconciliation. Ce processus prendra un

temps certain pour retrouver un niveau bénéfique pour l’économie.

La reprise de cette filière est limitée par le fait que seul les Peuls dit centrafricains sont de retours

aux frontières de la sous-préfecture. Le nombre de têtes présentes est bien évidemment plus réduit.

De plus, les intermédiaires et acteurs de la filière qui assuraient l’aval de la commercialisation ne sont

plus présents.

La disparition de la santé animale dans la zone est un risque fort, surtout si cela est amené à

perdurer, la probabilité d’une épizootie augmentant avec le temps et le nombre d’animaux non

dépistés, traités ou vaccinés.

Bien qu’une réorganisation soit en cours, les capacités de cette filière sont réduites et n’atteindront

sans doute pas les niveaux de 2010 dans la sous-préfecture. La question de la réconciliation en est

l’une des clés.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

Page 57

Analyse causale de la filière bovine dans la sous-préfecture de Bossangoa

Craintes et prudence des

Peuls RCA (Mbororos) pour

retour au sud de Nana

Bakassa .

Pressions /

prédations des

AB et seleka sur

les Peuls

Craintes des

populations

agricultrices envers les

Peuhls armés

Difficile relance

de la filière bovine

Assimilation localisée

des Peuls aux séléka

Pas de retour des

Peuls non RCA au

sud

Assimilation aux

séléka

Peu d’acheteurs locaux Peu de

transporteurs

Risques sécuritaires

perçus ou réels

Disparition des

soins vétérinaires

Manque

d’intermédiaires

avec les éleveurs

Peu de bouchers

Mauvais état

des routes

Peu d’achat de

Bœufs d’attelage

Peu de viande

disponible

Peu de pouvoir d’achat

Difficile retour des

services du

ministère

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4. L’agriculture vivrière et le petit élevage.

Les freins majeurs de cette filière sont l’accès aux outils et aux intrants, à la main d’œuvre et à la

culture attelée. Il semble que le manque de connaissances agricoles est lié à la combinaison d’une

carence en formation et d’une défaillance des transmissions communautaire des savoirs.

Par ailleurs les très faibles capacités d’investissement ne permettent pas aujourd’hui de passer à des

modèles de production excédentaires. Les faibles ressources financières sont bien en deçà de ce qui

serait nécessaire pour investir dans la culture attelée. L’érosion des liens communautaires et le

renforcement de l’individualisme limitent les réponses collectives aux problèmes.

De plus, le manque d’acheteur, lié à une incapacité de transporter les productions, fixe les prix au

plus bas, ne permettant pas aux producteurs de vendre leurs faibles excédents sur les marchés,

limitant de fait leurs ressources en numéraires.

Concernant leurs ressources potentielles issues du petit élevage, malgré une recapitalisation notoire,

l’absence d’un marché en dehors de la sous-préfecture maintien des prix bas. Par ailleurs, ils

subissent une épizootie porcine amplifiée par l’absence de surveillance et de service de santé

animale

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Analyse causale filière agriculture vivrière et petit élevage

Production

vivrière et petit

élevage faibles

Faible confiance

communautaire

Confiance

relative dans

l’avenir

Incertitudes

sécuritaires /

Elections

Pas ou peu de

traction

animale

Peu de

semences &

intrants

Pillage de tous les

bœufs et une partie

des charrues

Peu de

disponibilité sur

les marchés

Présence de

groupes armés

Absence de

vétérinaire

Peu de production

excédentaire

Ventes en dessous

des cours

Peu de liquidités

dans la zone Peu de

transports

Pas de capacité

financière

d’investissement

En cours de

recapitalisation

Peu

d’investissements

Pas

d’accès au

crédit

Perte des liens

communautaires

Replis

Individualiste

Mauvaise

appréciation des

valeurs marchandes

Pas assez d’acheteurs

Manques de

connaissances

agricoles

Manque de

main d’œuvre

agricole

Orpaillage

Migration

capitale

Arrêt filière coton

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4.5. La place des commerçants musulmans

La situation des musulmans natifs de RCA est différente de celle des Peuls dit centrafricains . A Bossangoa,

il y a le sentiment d’une trahison des musulmans qui se seraient rangés aux côtés des sélékas. Ce sentiment

est encore très vif dans la population. De même à Bouca, le départ des musulmans, installés depuis

plusieurs générations, est un facteur de blocage. Leur retour est difficile, leurs biens immobiliers ayant été

rasés car les jeunes musulmans se sont engagés dans les milices sélékas. A la différence de Paoua, ou un

modus vivendi a été trouvé avec les antis balakas, leur retour dans la sous-préfecture de Bossangoa est

difficilement envisageable d’ici deux ans. Il faudra par ailleurs résoudre le difficile problème de l’occupation

foncière dans le deuxième et le quatrième arrondissement. Des habitations ont été reconstruites sur les

concessions détruites.

Le commerce et les liens d’intérêts qu’il instaure ne sauraient suffire à un retour des commerçants

musulmans. Une rupture forte entre les deux « communautés » existe et seul un processus de

réconciliation pourra permettre un retour serein.

4.6. Impacts économiques liés à la présence des organisations internationales :

La seule présence de nombreuses organisations internationales sur la sous-préfecture (six agences des

Nations Unies, la MINUSCA et environ neuf ONGI) apporte un flux financier non négligeable au travers des

salaires des employés locaux (plus de 400 personnes) et génère d’importantes activités économiques liées

au commerce et aux services, notamment pour les expatriés (environ 30 personnes hors personnel militaire

de la MINISCA). Les liquidités injectées chaque mois dans l’économie de la sous-préfecture,

essentiellement à Bossangoa, par ces quinze organisations internationales peuvent être estimées à 170 000

€ (111 350 000 CFA). Prenant en compte le revenu annuel moyen par habitant de la Centrafrique à 309 USD 37, cette contribution à l’économie de Bossangoa représente 20 % des revenus des foyers.

Cette part non négligeable est exogène à la dynamique économique de production locale et peut induire

des biais dans la lecture de certains indicateurs de relèvement. Elle ne reflète pas la capacité propre du

territoire à relancer sa production, ses exportations et son commerce.

4.7. Les combattants et le produit des pillages:

Si les volumes considérables de biens et de liquidités pillés par les séléka ont vraisemblablement été

déplacés vers le Tchad et le Soudan, la localisation et l’usage des biens pillés par les anti-balaka pose

question. Ces biens ont probablement été en partie utilisés pour financer le conflit et ont bénéficié aux

combattants. Il est d’ailleurs probable que ces ressources (ou le produit de leurs vente) soient toujours en

partie disponibles, constituant un capital individuel.

Dans un environnement d’une extrême pauvreté, la présence sur le territoire de nombreux jeunes sans

activité mais possédant vêtements et accessoires de mode neufs interpelle, au même titre que les

nombreuses motos neuves provenant du Cameroun et non enregistrées par les douanes qu’ils utilisent.

L’érosion ou l’investissement éventuel du butin de guerre de ces jeunes anciens combattants et leurs

attentes concernant le processus DDR constituent des facteurs déterminants du maintien de la stabilité

37 Aho Guilbert, 2006, Pour une stratégie de croissance pro-pauvre et au service du développement humain, PNUP 174 p.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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sécuritaire dans la sous-préfecture. Il serait illusoire de croire que bon nombre de ces combattants, n’ayant

quasiment jamais pratiqué d’activités agricoles s’investiront dans ce secteur. D’autres opportunités doivent

pouvoir être étudiées et déployées, répondant autant à leurs aspirations qu’aux besoins du territoire. Une

série d’activités génératrices de revenus comme celles proposées par l’analyse de Transition International38

sont pertinentes et constituent une des voies de réponse possibles qu’il est important d’élargir.

Coûts des kits pour les autres activités génératrices de revenus 39 (Transition International)

P. 77, Transition International, mai 2010, Rapport de synthèse : Etude Socio-économique dans l’Ouham-pendé,

l’Ouham, la Nana-gribizi er la Vakaga en République Centrafricaine.

Finalement, c’est bien le coût d’opportunité qui sera mesuré par ces combattants, en faisant la différence

entre d’une part les propositions offertes par le processus DDR ou les opportunités générées par le

relèvement économique et, d’autre part, la reprise d’activités illégales via la réactivation des groupes

armés. La stabilité du relèvement économique dépend largement de la mesure de leurs intérêts et

perspectives.

38

Transition International, mai 2010, Rapport de synthèse : Etude Socio-économique dans l’Ouham-pendé, l’Ouham, la

Nana-gribizi er la Vakaga en République Centrafricaine, 87 p.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4.8. Facteurs de résilience et recommandations collectées

Au terme de cette partie, nous présentons les analyses synthétisées sur les facteurs de résilience et les

recommandations qui y sont liées. Ces éléments ont été collectés lors d’entretiens semi-directifs tenus avec

les responsables d’organisations (ces entretiens figurent en annexe 8). Ces analyses complètent les nôtres

et inspirent les recommandations de la partie finale. Le tableau ci-dessous synthétise ces analyses et relie

dans la mesure du possible les facteurs de résilience et les recommandations proposées.

La résilience peut se définir comme la capacité à amorcer le redressement par soi-même, à partir de

facteurs locaux. C’est sur cette résilience que les recommandations peuvent être formulées.

Concernant celles-ci, les principaux objectifs qui ressortent des entretiens sont :

- assurer la sécurité, condition du redressement économique (d’où l’importance d’intégrer l’aspect

DDR dans tous les programmes si possible),

- Refaire les routes,

- Remettre les jeunes au travail, leur ouvrir des perspectives,

- Développer les compétences,

- Investir, trouver des financements,

- Appuyer l’administration,

- permettre l’accès à l’eau potable pour tous.

Sur la méthode, il ressort clairement qu’il fait partir de l’existant, s’appuyer sur les savoir-faire et les

métiers connus, dans une démarche participative et alignée, volontariste par rapport aux problèmes de la

réconciliation et des élections. Il en résulte que les projets doivent être pensés notamment par rapport à

l’approche DDRR.

Il peut parfois ne pas manquer grand-chose pour permettre à des projets de se réaliser, mais un élément

bloque, il y a les compétences mais pas le matériel, il y a la volonté mais pas les moyens (accès au crédit,

petite dotation, formation complémentaire…).

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Tableau des facteurs de résilience et des recommandations liées (entretiens)

Facteurs de résilience Recommandations collectée Conscience de certains bailleurs de l’importance d’agir vite sur le redressement économique Ouverture de la population à la réconciliation dans des localités qui peuvent servir d’exemple, présence d’ONG spécialisée, préoccupation des acteurs publics et de l’aide. - Tradition de structures participatives La structuration par groupement dans l’Ouham était la plus développée en RCA : groupements professionnels (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, couturiers-tailleurs, culture attelée), groupements de femmes (AGR : miel, huile de karité, savon…), comités de point d’eau (la population cotisait pour les pièces détachées), kérimbas (tontines), asso. de parents d’élèves, animateur des affaires sociales). Approche participative communale comme outil de planification : Les CVD (1979, comité villageois de développement) regroupent les petites structures, y compris les GIR (groupements d’intérêt ruraux mis en place pour le coton) pratiquaient le cantonage pour faciliter l’enlèvement du coton (intérêt à entretenir) et servaient à piloter le développement. Dynamisme et initiative « C’est un peuple travailleur » Dynamisme des femmes rurales Attentes des autorités publiques d’être informées et concertées par les acteurs de l’aide

Démarche volontariste : Le redressement économique contribue à la sécurité : ne pas attendre les élections sinon risque de dégradation Réconciliation : c’est trop tôt, mais commencer maintenant par défaut, proposer sans forcer sinon c’est contreproductif. Accompagnement nécessaire, prendre exemple où ça marche. Favoriser systématiquement la prise en compte de l’aspect DDR dans les programmes - Démarche participative et alignée : Repartir de la base, revitaliser toutes les structures participatives : groupements professionnels, groupements de femmes, kérimbas, CVD, GIR… Partir de ce qui existe, s’appuyer sur les compétences présentes Identifier les personnes ayant de l’expérience et manquant de capital ou pouvant contribuer à transmettre leur savoir-faire. Compter d’abord sur soi. Essayer de concevoir les projets sans ressources extérieures (ressources locales présentes) Raisonner en s’appuyant sur l’intérêt à agir Générer de l’activité pour acquérir une autonomie financière et ne pas se faire manipuler. Se remettre en état d’autosubsistance, importance du stockage (greniers) et des marchés Importance de l’alignement : Impliquer les autorités locales pour pérenniser les programmes (la communauté internationale ne fait que passer) Plus de concertation, d’échanges et d’accompagnement sur le terrain avec les ONG Importance du suivi, principe de redevabilité Routes :

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Les gens ont envie de lancer une activité mais manquent de moyens. Des compétences existent (culture attelée, forgeron, soudeur, mécanicien, tailleur, charpentier, menuisier) mais absence d’outils et manque de moyens pour en acheter Potentiel agricole Les rendements agricoles sont supérieurs aux régions forestières. L’Ouham avec l’Ouham Pende a été la zone de développement de la culture attelée en RCA car non-forestière. savoir-faire dans le coton La fédération des cotonculteurs était bien organisée au niveau de la préfecture. Sols favorables pour les oléagineux, potentiel de développement pour le coton Ouverture de la population au crédit Pratique antérieure du prêt, de la micro finance (tontines (« kérimba »), Sofiacrédit…) Bonne réputation des débiteurs : très bon niveau des taux de remboursement à Bossangoa (supérieur à ceux de Bangui). Fort potentiel de développement en RCA de la microfinance : il y a quatre enseignes de microcrédit en RCA contre 450 au Cameroun. Existence d’anciens centres de formation (ex. Jeunes Pionniers Centrafricains à Boubou)

Effets d’entrainement sur l’offre agricole des THIMO pour pistes rurales (écoulement de la production, prix) Système de cantonage : Travaux collectifs avec roulement en s’appuyant sur les chefs de quartier et l’intérêt des communautés à entretenir les routes avec les CVD et les GIR, - mise à disposition d’outils pour les routes avec vivres pour aller plus vite en attendant les gros moyens ; - villages isolés : travaux de décapage (désherbage des abords des routes). Capitaliser sur les THIMO (formation). Doter les subdivisions administratives de travaux publics Investir (agriculture, artisanat, services) : Relance culture attelée + petit élevage familial Encourager le retour par dotation de bœufs aux groupements (2 paires par grpt) Partir de ce qui existe : encourager les acteurs de la filière coton (prix, formation, débouchés) Dans un 2ème temps, petite industrie : chaîne du froid et conserverie pour les produits de la pêche par ex. Apprendre à épargner pour faire des projets Favoriser le crédit : Micro crédit aux groupements, notamment aux cotonculteurs (une banque spécialisée fera le suivi financier, une ONG le suivi des activités) Trouver un moyen ou des partenaires pour garantir le micro crédit (bailleurs, ONG, AFPE40, caisse de cautionnement à créer) Renforcer le crédit aux paysans (en nature ou en espèce) Remboursement après la récolte, en produit ou en liquide Faciliter les prêts immobiliers aux fonctionnaires Investir dans le capital humain : Formation professionnelle, notamment ex-combattants, Donner de l’espoir et des perspectives aux jeunes. Formations sur agriculture moderne, élevage de poulets,

40

Agence pour la formation et l’emploi

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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De jeunes anciens AB sollicitent des aides et se regroupent en association pour l’élevage, la pêche ou des AGR mais manquent de moyens. Demandent des formations. Redéploiement progressif quoique fragile des services publics Existence de fonctionnaires motivés Sensibilisation des commerçants pour les préparer à payer leurs contributions

menuiserie, maçonnerie, mécanique, gestion (suivi de caisse), savoir détecter des AGR … Constitution des jeunes en groupements pour présenter leurs besoins (formation, projets) Favoriser l’apprentissage par intégration et suivi Redévelopper les Pionniers (centre de Boubou+ autres) Importance de l’état d’esprit (sens du bien commun, de l’initiative) Participer aux THIMO sous l’autorité villageoise qui compte les heures travaillées et veille au roulement des groupes. Imaginer des échanges pour récupérer les armes (par ex. armes contre moto ou pousse-pousse ou formation…) Environnement public de l’activité économique : Réhabiliter les bâtiments publics Renforcement des capacités institutionnelles. Rendre visible la relation gouvernance locale-économie locale (services publics comme acteurs éco : lien taxes et développement territorial)

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Les nombreux points de blocage et de risques qui pèsent sur le redressement vus dans la troisième partie

et analysés dans celle-ci doivent être comparés avec les facteurs de résiliences et les opportunités qui

existent dans la sous-préfecture et que nous venons de présenter. Le schéma ci-dessous en propose une

lecture.

• Pillages massifs

• Rupture des

services publics

(santé,

éducation,…)

• Chocs successifs et

conflits

Décapitalisation :

• Capital productif

• Capital humain

• Capital social

(confiance)

Production et

transformation

insuffisantes

Débouchés

limités.

Baisse des prix

de vente

Augmentation

des produits

importésdits

• Mauvais état

des routes

• Faibles

capacités de

transport.

• Départ des

musulmans.

Insécurité

et

prédation

Friens institutionnels :

• Administrations

publiques.

• Déficences

banquaire, transfert

de fonds et

garanties.

Trappe à la pauvreté :

• Absence d’éparge, de

crédits et

d’investissement.

• Précarité.

Risques de

résurgence du

conflit

FREINS AU REDRESSEMENTS

Présence de la

communauté

internationale :

• Amélioration de la

sécurité.

• Aides directes.

• Compétences

disponibles.

Prédispositions

au crédit :

• Tontines

répandues

• Haut taux de

rembt

Savoir faires

locaux:

• Culture attelée

• Coton

• AGR.

• ...

Société civile

structurée:

• Traditions

participatives

• Groupements

locaux.

• AGR.

Capacités

productives:

• Terres fertiles

• Facilité

d’accès.

• Peu de chocs

climatiques

• ...

FACTEURS DE REDRESSEMENTS

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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5. Questionnement, objectif et recommandations

Un certain nombre de questions se posent dans cette recherche :

• Les échéances électorales conditionnent-elles le redressement ? Faut-il attendre ?

• Faut-il relancer la filière coton ? Selon quelles modalités ?

• Faut-il relancer la culture attelée ? Comment, avec quels moyens, sur quelle(s) structure(s)

s'appuyer ?

• Comment faire en sorte que la population perçoive une amélioration et y contribue ? Vaut-il mieux

demander un effort en temps (travaux) qu'une contribution monétaire dans un pays où les recettes

fiscales en % du PIB sont les plus basses du continent (8,4 % du PIB en 2007) ?

• Comment intégrer la spécificité post-conflictuelle qui est déterminante, à la fois dans le diagnostic

et dans les solutions proposées ? (jeunes, anciens combattants, sécurité, déplacés...)

• Comment aligner les programmes de redressement avec les programmes DDRR ?

• Quels sont les acteurs du redressement : la communauté internationale ? La population ? Le

secteur privé ? Les autorités nationales et locales ? Les organisations internationales ? Comment les

mobiliser et comment rendre cohérente leurs initiatives ?

• Quelles sont les priorités ? Routes, élevages, attelage, commerce, agriculture, services publics ?...

Quel est l'objectif ? Retrouver l’auto-subsistance alimentaire ? Donner du travail aux jeunes, Relancer le

commerce ?

Il nous semble qu’avant tout, l'objectif est d'éviter la résurgence du conflit, de réduire les facteurs

déclencheurs et de maximiser les facteurs stabilisateurs. C'est ce principe qui doit guider et ordonnancer

les stratégies de relèvement.

5.1. Hypothèses :

Les recommandations ci-dessous sont formulées au travers d’une série d’hypothèses nécessaires à leur

mise en œuvre.

1. Analyses et projections sur deux ans maximum.

Dans le contexte actuel, et du fait de nombreuses variables incertaines et de dates clés, il est

difficile d’étendre la portée de l’étude à plus de deux ans.

2. La stabilité sécuritaire de la sous-préfecture est maintenue.

Nous faisons l’hypothèse que les élections ne déclenchent pas de nouvelles violences

entraînant des pillages, des déplacements de population ou l’impossibilité de pratiquer les

activités productives et commerciales de manière massive et durable.

3. Renforcement de la légitimité et de la capacité des pouvoirs publics

Nous émettons l’hypothèse que les pouvoirs publics, nationaux, provinciaux et locaux, restent

engagés dans le réinvestissement de leurs prérogatives et que le nouveau pouvoir national en

place poursuive les efforts entrepris.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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4. Un plus long retour des commerçants musulmans.

Suite aux différents entretiens sur place et à l’analyse des tensions encore existantes, la

probabilité du retour des commerçants musulmans sur Bossangoa d’ici un à deux ans a été

pour l’instant écartée de l’analyse. Par contre, il est tout à fait possible que ces derniers

interviennent sur la sous-préfecture depuis Paoua ou Bozoum.

5. Retour partiel des éleveurs

Une reprise importante du commerce bovin avec les Peuls originaires de RCA est envisagée au

nord de la sous-préfecture d’ici un an. La filière se restructurera lentement soit par l’apparition

d’intermédiaires locaux soit par l’intervention d’intermédiaires venus du nord.

6. La population poursuit ses efforts de relèvement.

Malgré quelques signes de découragement, nous pensons que les efforts de recapitalisation

déjà engagés par les populations de la sous-préfecture se poursuivront encore un an.

7. La communauté internationale s’engage le plus tôt possible dans le relèvement.

Nous faisons l’hypothèse que les analyses « bénéfices-risques » des bailleurs de fonds

penchent du côté d’un soutien fort dans les investissements nécessaires au relèvement.

5.2. Méthode et approches

Des éléments de méthode, comme socle commun à toute action dans le secteur du redressement

économique, nous semblent essentiels. Ainsi, nous recommandons que les projets s’inscrivent dans les

cadres suivant :

- S’appuyer sur l’existant, sur ce que les gens connaissent, ne pas réinventer un système.

Se lancer dans de nouvelles activités demande trop de temps et d’énergie pour réunir des compétences,

pour former et obtenir des résultats.

- Revitaliser les structures participatives qui étaient particulièrement développées dans la région de

l'Ouham : Comités villageois de développement, Groupement d'intérêt rural, groupements de femmes,

comité d'eau...

- Accepter des améliorations provisoires tout en amorçant des actions de long. Car, sans solution

provisoire à impacts rapides, la situation risque de basculer. De même que les maîtres-parents n'ont pas le

niveau des instituteurs formés, ils permettent temporairement de pallier à l'insuffisance grave

d'enseignants professionnels. Ainsi, pour la réfection des routes, accepter des réparations temporaires qui

permettent à Bossangoa de ne pas être coupée de Bangui (tronçon Bossangoa-Bossembélé), tout en

lançant progressivement une rénovation durable de la route.

- Le dispositif doit toujours être attentif à l’intégration des jeunes anciens combattants. Chaque proposition

doit être pensée par rapport au problème de leur réintégration dès que cela est possible. Il est notamment

important de leur ouvrir des perspectives par des formations professionnelles et des AGR adaptées.

- Associer les services publics comme acteurs du redressement pour améliorer leurs compétences, leur

redonner une légitimité et les préparer à prendre la relève de l’aide internationale. Ce sont eux qui

continueront seuls les actions entreprises après le repli des acteurs de l'aide. Il ne s'agit pas seulement de

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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les informer, mais de les associer pour décider et faire avec eux. Cela demandera un effort aux acteurs

travaillant de façon assez indépendante. Un dispositif commun de concertation visant à plus de

transparence devra être mis en place. L'avenir de la sous-préfecture ne peut être construit sans associer

les pouvoirs publics.

- Combiner & coordonner les actions pour générer des synergies et minimiser les impacts négatifs. Chaque

projet s’inscrivant dans le cadre du relèvement doit contribuer à l’objectif général.

Par exemple, un programme de THIMO orienté sur la réfection des routes ou de bâtiments peut être

couplé avec un programme de formation longue (supérieure à trois mois d'après l'expérience passée) et

doit ouvrir sur la possibilité de disposer d'un petit capital de départ pour lancer sa propre activité (par

subvention ou microcrédit). Il doit en outre être orienté vers les ex combattants.

Les activités ou les projets des OSI ne doivent jamais être en concurrence avec le secteur commercial, de

vente ou de service.

Une réelle coordination des acteurs, y compris les acteurs publics, avec un partage d’informations et de

données doit être mise en place sur la logique des clusters.

- Suivre et évaluer le programme en temps réel avec quelques indicateurs sensibles et peu complexes de

façon à percevoir rapidement des améliorations et engager si nécessaire toute action corrective en cas de

déroulement non satisfaisant.

Le dispositif de surveillance et de réaction rapide doit être maintenu avec une capacité de décision de

déclanchement localisée dans la sous-préfecture.

- Toutes interventions sur les marchés économiques locaux doivent être évaluées avant et après l’action,

que ce soit de l’achat comme de la distribution de produits ou de services. Le suivi des prix des marchés

doit être imposé à tous les acteurs et intégré dans les dispositifs de monitoring.

5.3. Echéances

Le chronogramme d’un programme intégré de relèvement ne peut être abordé que si certaines échéances

clés sont identifiées. Celles-ci sont de plusieurs ordres.

En premier lieu, le calendrier agricole doit donner le tempo du programme, en préparant suffisamment tôt

les reprises des périodes de travaux (intrants), les risques de décapitalisation lors des phases de soudures

(sécurisation des intrants) et les besoins de stockage et de transport suite aux récoltes.

Vient ensuite l’intégration du calendrier pastoral avec la reprise de certaines transhumances. Une attention

particulière liée aux relations agriculteurs / éleveurs doit être intégrée.

Le calendrier politique doit également être pris en compte notamment la période électorale à venir.

Les élections bloquent un certain nombre de décisions. Elles risquent d’être reportées de trois ou quatre

mois et il faudra encore du temps pour qu’un gouvernement se forme. Cela génère un risque de

dégradation de la situation car le blocage au niveau des bailleurs (FMI notamment) se répercute à celui des

ménages qui n’ont aucune ressource financière pour réaliser leurs projets. Attendre le retour complet de la

sécurité revient en fait à la ruiner. La sécurité n’est pas seulement l’affaire des militaires, l’apport

économique est également indispensable. Il faut donc une démarche volontariste.

L’impact du programme sur la stabilité de cette période est à prendre en compte pour développer en

priorité des actions à impacts rapide. Les impacts des changements de personnels des administrations

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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publiques suite aux élections doivent être anticipés et le programme de relèvement doit être reconnu par

le nouveau gouvernement.

Pour finir, la dynamique et les échéances du programme DDR doivent être insérées dans le chronogramme

du programme de relèvement.

5.4. Recommandations :

Les recommandations de ce rapport n’ont pas de caractère exclusif et doivent se combiner avec d’autres

programmes sur les autres secteurs (santé, éducation, élevage et petit élevage, AGR, TP, SAME, protection,

WASH, DDRR, …..).

L’objectif est d’identifier des leviers de relèvement économiques efficaces et efficients à impacts rapides et

garantissant une relative pérennité. Ces leviers peuvent être activés d’ici une année, permettant d’en

observer les impacts avant deux ans. Une grande partie de ces leviers forme un ensemble de

recommandations qui font consensus entre les acteurs terrains (publics et privés) et les acteurs au niveau

national.

1. Recapitaliser pour investir et produire

Objectifs recherchés : les populations sont en capacité de recapitaliser et d’investir dans des

moyens de production et-ou de transport.

Une recapitalisation par étape, sous forme de transfert de liquidités, éventuellement

conditionné en partie (à hauteur de 50 %) à des investissements productifs est essentielle pour

permettre à tous les foyers de reconstituer environ 20 % du capital moyen perdu soit 100 USD.

L’effet stimulant sur l’économie locale sera immédiat et la vente de produits manufacturés

encouragera la réouverture de routes commerciales aujourd’hui coupées (Bangui et Bozoum),

permettant la vente et l’exportation des produits agricoles.

Au vu de la faible présence de foyers de classe moyenne (moins de 5 % de la population) cette

recapitalisation doit toucher tous les foyers présents en 2016 sur le territoire de la sous-

préfecture. Les listes des bénéficiaires des ONG, croisées avec les listes électorales, les liste des

ONG et un recensement complémentaire devrait permettre de cerner le nombre de foyers et

de les identifier. La caractérisation du foyer devra être affinée. Au besoin, l’unité de

distribution pourrait être la famille.

Le montant total de l’opération serait d’environ 1 800 000 USD (14 USD par habitant) hors

coûts de mise en œuvre et de coordination. Les acteurs bancaires, de micro crédit ou de

communication mobile pourraient être associés comme partenaires techniques.

Eléments complémentaires de cette recommandation :

- Ce sont les foyers qui sont visés, non les personnes (donc pas les jeunes en particulier).

- Conditionner une partie du versement à des investissements ou à des formations,

notamment pour les jeunes de façon à éviter des dépenses ayant peu d’effet

d’entraînement.

Nous pouvons reprendre le paragraphe comme tel :

Objectifs recherchés : les populations sont en capacité de recapitaliser et d’investir dans des

moyens de production ou de transport.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Un transfert de liquidités représentant environ 20% du capital moyen perdu par foyer (soit 100

USD) est essentiel pour amorcer une recapitalisation permettant d’accroître la productivité et les

revenus.

- Le niveau très élevé de pauvreté constaté par l’enquête (95% de la population, même si ce

niveau de pauvreté n’est pas uniforme) rendrait plus coûteux d’administrer la distribution

pour éviter les 5% que de donner à ceux-ci ce qui ne leur est peut-être pas nécessaire.

Nous partons d’une situation de trappe à la pauvreté qui enferme une grande partie des

foyers dans une autosubsistance sans épargne et sans possibilité d’investir ni de

recapitaliser.

- Cette aide peut être conditionnée à hauteur de 50 % ou plus à un projet : investissements

productifs ou formations notamment pour les jeunes de façon à éviter des dépenses ayant

peu d’effet d’entraînement. La somme peut également servir de caution à un prêt plus

élevé (voir recommandations 4 et 5).

- De façon générale, ce transfert peut être analysé comme l’ouverture d’un droit pour tout

foyer. Il peut être modulé en fonction des projets présentés et peut être administré par des

ONG en lien avec les autorités locales (recension des besoins et projets dans les villages et

les quartiers).

- L’effet stimulant sur l’économie locale sera immédiat à condition que la vente de produits

manufacturés soit rendue possible par la réouverture des routes commerciales aujourd’hui

coupées (Bangui et Bozoum), permettant la vente et l’exportation des produits agricoles

(voir recommandation 2).

- Les listes des bénéficiaires des ONG croisées avec les listes électorales et un recensement

complémentaire devraient permettre de cerner le nombre de foyers et de les identifier. La

caractérisation du foyer devra être affinée. Au besoin, l’unité de distribution pourrait être la

famille.

- Le montant total de l’opération serait d’environ 1 800 000 USD (14 USD par habitant)41 hors coûts

de mise en œuvre et de coordination. Les acteurs bancaires, de micro crédit ou de communication

mobile pourraient être associés comme partenaires techniques.

- Cette mesure forte ne constitue ni une indemnisation, ni une compensation. Elle peut contribuer

aussi au retour des déplacés et réfugiés, notamment musulmans, leur dotation étant réservée.

- Pour éviter un dérapage inflationniste, il est nécessaire que l’offre de biens correspondant à

l’accroissement de la demande suscitée existe, ce qui suppose le désenclavement routier de la

zone.

2. Désenclaver l’Ouham

Objectifs recherchés : Désenclavement de l’Ouham et reprise du transport.

Le rétablissement des connexions routières Sud et Ouest pour désenclaver l’Ouham est une

condition vitale pour le redémarrage économique et une priorité pour tous les acteurs.

Dans un premier temps, la réparation provisoire et en urgence de la route Bossangoa -

Bossembele - Bangui est cruciale. En parallèle, la sécurisation de l’axe Bossangoa - Bozoum en

41

Cela représenterait environ 70 millions USD au niveau du pays.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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garantissant le fonctionnement du bac et des points de contrôle de la MINUSCA doit en faire

un axe d’ouverture vers l’Ouest et le Cameroun ainsi qu’un axe de secours.

Dans un second temps, une programmation d’investissements lourds sur l’axe Sud sous deux

ans doit permettre d’assurer la pérennité de ce désenclavement.

Plusieurs acteurs sont déjà investis dans l’étude technique et le chiffrage de ces solutions.

Dans un deuxième temps, à échéance de 2 ans, une étude et programmation de travaux de

génie civil routier lourds pour sécuriser ces axes doit être lancées.

3. S’appuyer sur la filière coton

Objectif recherché : Reprise graduelle de la filière coton.

Relancer la production de coton suppose de remettre sur pied la filière et son organisation

(culture attelée, avance d’intrants, GIR, entretien des routes).

D'après les principes énoncés (s'appuyer sur l'existant), il ne peut y avoir de redressement

rapide sans appui sur l'expérience acquise. Les nouveaux projets seront pour plus tard (coton

biologique ou changement de filière) car l'urgence est de procurer du travail.

Au niveau de Bossangoa, le redémarrage de l'usine va avoir un effet d’entraînement sur

l'économie locale tant au niveau des revenus distribués que de l'activité agricole et annexe

(transport, banque, réparation, commerce, etc).

Le Premier Conseiller de l'Ambassade de Chine a dit l'intérêt de la SDIC pour poursuivre son

activité en RCA. La société est prête à donner des intrants pour permettre aux paysans de

reprendre, à payer le nouveau coton récolté en liquide. Elle fait don de l’huilerie et, en

contrepartie, demande au gouvernement de RCA d'arranger l'affaire des droits de douane avec

le Cameroun. Cette nouvelle production permettra d'ajouter de la valeur à la production

locale.

Le remise en culture du coton ne pourra intervenir que progressivement en commençant au

printemps 2016 par réensemencer les parcelles disponibles et défricher celles qui peuvent

l’être, ce que la culture attelée facilitera surtout en 2017.

Le litige avec Géocoton doit être étudié pour voir s'il est possible de récupérer une partie au

moins de l'arriéré (900 M CFA, soit 1 350 000 euros). On peut évaluer à environ 300 000 euros

la part revenant aux paysans. Cette somme, dont on sait précisément à qui elle revient,

permettrait d'encourager les paysans pour cette reprise. Elle serait versée sous condition de

reprise de la culture du coton et leur permettrait d'investir dans la culture attelée. On peut

considérer que la rupture du contrat avec la Cellule Coton ne doit pas avoir de conséquences

sur des paysans vivant dans un état de vulnérabilité sévère pour une bonne partie d'entre eux.

Un accord est à trouver faisant intervenir Géocoton et les autorités françaises (Ambassade,

AFD (ex-actionnaire de Géocoton jusqu’en 2011), le Ministère de l’économie et des finances

Français). Ce pourrait être par exemple l'octroi d'un allègement fiscal pour Géocoton en

contrepartie du dédommagement des paysans et entrant dans ce cas au titre de l'aide au

développement. Un arrangement pourrait être le suivant : Géocoton paie au moins la partie de

son arriéré concernant les paysans, les bailleurs de fonds apportent leur concours pour des

crédits, la Chine investit, la MINUSCA et la gendarmerie sécurisent.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Cette reprise doit s'appuyer sur les GIR (groupements d'intérêt rural). Les paysans les plus

entreprenants doivent pouvoir accéder à nouveau à un crédit agricole : les « gros planteurs »

(superficie supérieure à 3 ha en 2012) utilisaient notamment les facilités apportées par Sofia-

Crédit qui se réimplante actuellement sur la zone (ouverture en septembre 2015 de la

succursale rénovée).

D'autres activités doivent être relancées : ENERCA (société publique) possède un groupe

électrogène mais n'a pas de gasoil. Son apport est essentiel pour fiabiliser la fourniture

d'électricité. La seule station-service approvisionnant la ville en carburant (Total) doit être

réhabilitée : une solution doit être construite avec cet acteur que nous n'avons pu voir à

Bangui, faute de temps.

4. Relancer la culture attelée

Objectifs recherchés : relancer la culture attelée et la santé animale.

Donation ou aide pour acquisition de bœuf de trait (1 000 têtes minimum de veaux en âge

d’être dressés) et de 500 charrues.

Cette mesure doit permettre une relance rapide de la culture attelée et accroitre

substantiellement la production agricole (rendements améliorés et extension de la superficie).

Elle doit se faire prioritairement à travers les groupements d’agriculteurs de façon à bénéficier

au maximum de foyers. Les marchés de proximité (pour les veaux) et les productions locales

(pour les charrues) seront privilégiés et équilibrés avec les marchés nationaux et régionaux

afin de ne pas créer de trop fortes distorsions. La coopération chinoise serait prête à

contribuer à ce projet dans le cadre de la relance de la filière coton.

Le dispositif de surveillance vétérinaire de l'ANDE42 de la sous-préfecture, appuyé par la

communauté internationale, doit impérativement être remis en place pour sécuriser cet effort

pour tout le bétail.

L’estimation du coût d’achat des bêtes serait d’environ 125 millions de CFA (soit 191 000

euros). Mais le coût des charrues et les coûts logistiques, de suivi et gestions sont à évaluer.

Pour pérenniser cette opération et éviter de doter les uns et pas les autres, un système de

caisse de garantie agricole peut être mis en place, alimenté par le remboursement progressif

des bœufs. Les bœufs sont fournis à un groupement qui s'engage à rembourser 17 % de la

somme représentée par les bœufs chaque année pendant sept ans (soit 119 %, mais sans

intérêt). Cette somme est versée à une Caisse de Garantie Mutuelle (CGM). Elle sert à

cautionner des emprunts pour de nouveaux groupements d’agriculteurs (acquisition de bœufs

ou de matériel agricole), financés par un organisme de crédit.

42

Agence Nationale de Développement de l'Elevage

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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La première année d’achat est permise par un apport extérieur, les années suivantes s’auto

entretiennent de façon croissante (150 bœufs cautionnés la deuxième année, 300 la troisième,

etc). La CGM doit être indépendante de l’organisme de crédit qui reste sur le métier du prêt.

Les fonds de la CGM sont investis dans des activités présentant le risque le plus faible possible.

A la manière de n’importe quelle assurance, ces fonds constituent une épargne investie dans

un secteur économique (construction par exemple) et servent à rembourser l’organisme de

micro crédit en cas de défaillance du groupement (d’où les 19% remboursés en plus)43.

L’organe d’administration de la caisse peut réunir des représentants des groupements, du

Ministère de l’Agriculture et de celui des Affaires Sociales par exemple, l’important étant de ne

pas confier la gestion des fonds à une seule personne ou un seul organisme.

En milieu urbain, le commerce et l’artisanat seront stimulés par les autres mesures concernant

l’agriculture ou le transport notamment (forgerons, soudeurs, mécaniciens, microcrédit,

formation, commerce…). L’accès plus ouvert au microcrédit devrait faciliter la création

d’activités tertiaires dans un environnement dynamique.

5. Faciliter le crédit et les transferts

Objectifs recherchés : la sous-préfecture dispose d’un ou plusieurs opérateurs bancaires

capables d’ouvrir des comptes, de transférer des fonds, et d’octroyer des micro-crédits.

La demande d’emprunts est importante et les foyers se trouvent bloqués dans leurs initiatives

pour financer le matériel ou le fonds de roulement leur permettant de lancer ou relancer une

activité économique. Les kérimbas et tontines mobilisent des sommes nécessairement

réduites et sur des rotations courtes, adaptées à une période de redémarrage. Les organismes

de micro crédit proposent des montants plus élevés sur des durées un peu plus longues mais

réduites depuis les « évènements ». La Commission Bancaire Centrafricaine exige que les

banques demandent des garanties pour prêter, essentiellement l’aval et la caution. Le recours

à l’hypothèque est très limité car peu de gens possèdent un titre foncier du fait du régime de

43

On peut également imaginer un remboursement de 15% et une cotisation annuelle versée à la CGM par chaque membre du

groupement.

Fourniture

d’attelage à un

groupement

Accroissement surfaces

cultivées productivité du

travail

Augmentation

de la

production

Versement de 17

% de la valeur du

don sur 7 ans

Organisme de

micro-crédit

Augmentation

des revenus

Caisse de

garantie

agricole

Nouvelle

garantie de

prêt

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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la propriété immobilière. L’AFPE44 dispose d’un fonds de garantie qui peut jouer pour des

prêts.

Compte tenu des exigences réglementaires de la Commission Bancaire et des risques liés à la

période, le gros problème est de trouver des garanties. Sans elles, les banques ne peuvent ni

ne veulent prêter. Des bailleurs institutionnels ou des organismes financés par l’Etat peuvent

servir de caisse de cautionnement. Sofia Crédit recherche des ONG partenaires pour apporter

une garantie et fournir un soutien pour le suivi des projets. L’ONG centrafricaine Emergencia

est prête à apporter sa garantie pour des projets de groupements de femmes vulnérables

qu’elle s’engage à suivre. Caritas a aussi pensé à ce partenariat. Ce type de partenariats peut

être utilement généralisé. Le fait qu’une ONG suive un projet constitue aussi une garantie pour

le prêteur.

Deux solutions existent : la création d’une Caisse de Garantie Mutuelle (CGM) sur le schéma vu

ci-dessus avec l’apport de bœufs et le cautionnement solidaire, en reprenant l’idée de la

Gramleen Bank au Bangladesh adaptée au contexte local des groupements. Un prêt est

accordé à un groupement de plusieurs personnes, chacune est solidaire des autres pour le

remboursement du prêt. Les personnes se connaissant, elles s’attachent à honorer leurs

engagements. On doit ainsi éviter les sommes considérables englouties par le micro crédit en

Bosnie Herzégovine dans un contexte post-conflictuel où aucune garantie ne s’appliquait45.

La Caisse de Garantie Mutuelle (CGM) peut être dotée à partir de tous les dons extérieurs dès

lors qu’ils financent une activité économique privée. Il est demandé aux bénéficiaires de

rembourser tout ou partie du don obtenu (pour financer la caisse, celle–ci servant

ultérieurement à garantir des prêts). Cette procédure s’inspire d’un mécanisme mis en œuvre

lors du Plan Marshall : les dons américains au gouvernement d’un pays pour financer des

investissements du secteur privé étaient remboursés par les entreprises pour alimenter un

fonds servant à financer d’autres investissements. La solution à ce problème de garanties doit

être construite rapidement par un travail complémentaire (identification des acteurs,

mécanismes retenus, structures à créer ou à actionner).

6. Disposer de services publics accompagnant le développement

Objectif recherché : Garantir la pérennité du relèvement économique par un appui des

services publics.

Les services publics sont un acteur essentiel du développement territorial. La priorité à la

sécurité (gendarmerie, police, armée) doit être maintenue car elle détermine l’activité des

autres administrations, notamment la perception des impôts qui permet le financement des

services publics. Il est important de montrer à la population la relation entre la perception des

impôts et taxes et l’apport de services publics pour en renforcer la légitimité, de rendre visible

la relation gouvernance locale-développement territorial. Les structures participatives et des

solutions innovantes peuvent être mises en œuvre dans le but de reconstruire.

Le rétablissement des comptes publics est un objectif de long terme qui ne peut être atteint

qu’avec un niveau d’activité économique « de croisière ». Tant que les activités formelles

(notamment la cellule coton, les banques) ne sont pas reparties, tant que les marchés ne

44

Agence pour la Formation et l’Emploi. 45

Des familles ont ainsi vécu avec des emprunts finançant des AGR non rentables, emprunts pris au nom de l’un ou de l’autre et

jamais remboursés.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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fonctionnent pas ni les réseaux de financement, il est difficile de collecter les taxes. Celles qui

doivent être perçues le plus rapidement sont les droits de douane et les emplacements de

marché pour commencer. En attendant, les services publics dépendent des financements

extérieurs au pays.

La réfection des bâtiments et la dotation en matériel et fournitures ne peuvent être assurées

que par les fonds remis par la communauté internationale au gouvernement. Les coopérations

de plusieurs pays qui se sont impliqué dans la zone par le passé peuvent être sollicitées (Chine,

France, Allemagne …).

Une autre solution consiste à créer un service civil de reconstruction. Ce service serait effectué

dans un cadre municipal ou préfectoral pour proposer aux jeunes de participer à des travaux

d’utilité collective, notamment pour la réfection de bâtiments publics, la fabrication de

meubles pour les équiper, l’entretien d’espaces publics. Ces jeunes encadrés par des

professionnels bénéficieraient d’une formation technique appliquée et recevraient une

rémunération en argent ou en nature (vivres).

C’est la solution la moins coûteuse et la plus efficace pour promouvoir un état d’esprit civique,

celle qui correspond à des pays qui doivent se reconstruire et ne le peuvent faire vraiment que

par ce type de solution participative.

Les groupements qui existaient (CVD, comité villageois de développement, associations de

parents d’élèves, comité de point d’eau, animateurs de développement) doivent être remis sur

pied. Le cantonage doit relier à nouveau les subdivisions de travaux publics et les GIR

(groupements d’intérêt ruraux). La forte tradition locale de structures participatives pourrait

aussi s’appliquer au fonctionnement des administrations par des conseils de représentants qui

veillent à la bonne gestion des fonds perçus ou reçus par les administrations pour minimiser la

corruption.

Enfin, plus de concertation, d’échanges d’informations et d’accompagnement sont nécessaires

sur le terrain avec les ONG. Dans tout domaine d’intervention des ONG normalement dévolu à

des administrations publiques, celles-ci doivent être informées et concertées car elles

reprendront par la suite ces activités qu’elles ne peuvent assumer. Inclure les responsables

d’administrations publiques dans les programmes pour les former à de nouvelles méthodes

peut améliorer la qualité ultérieure des prestations publiques.

7. Communiquer et informer

Objectifs recherchés : Rendre visible le programme de relèvement et garantir le même niveau

d’informations et de sensibilisation sur tout le territoire.

La capacité de diffusion d’informations et de messages de sensibilisation est essentielle afin

d’accompagner le programme de relèvement économique. Cela participe par ailleurs à la

stabilisation en permettant aux habitants d’avoir un accès à des informations fiables de

sources diverses, limitant ainsi les rumeurs et manipulations.

La présence de deux radios locales (la Voix de l’Ouham et Ndoyé) doit être renforcée et

pérennisée par une plus forte utilisation par les acteurs de l’aide de ces moyens de

communication moyennant des rémunérations.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Par ailleurs une distribution importante de poste de radio à énergie solaire ou à dynamo doit

être opérée dans toutes les zones rurales.

8. Investir dans le capital humain

Objectifs recherchés : Redonner des perspectives en développant des qualifications

correspondant aux besoins locaux en visant particulièrement les jeunes. Investir dans le capital

humain est prioritaire dans un environnement post-conflictuel en situation de relance

économique.

Il s’agit de :

- reconstruire les centres existants (voir le § Disparition des centres de formation

professionnelle) notamment le centre des Jeunes Pionniers Centrafricains à Boubou, le centre

de promotion féminine du quartier Sembé à Bossangoa, le centre agricole de Grands Champs

(culture attelée, motoculture, maraîchage, pisciculture) ou les ateliers du diocèse. Ces trois

derniers projets sont déjà investis par un acteur et demandent une impulsion pour être

finalisés.

- de trouver les personnes ressources pour animer les formations. En situation post-

conflictuelle, les compétences manquent et ceux qui les ont sont occupés à travailler en

permanence. Les formations doivent donc être relativement courtes au départ, quitte à faire

d’autres cycles d’approfondissement ensuite ; Il a été noté lors de l’enquête que des artisans

(soudeurs, cordonniers par exemple) formaient deux ou trois apprentis dans leur atelier. Des

ONG ont déjà réfléchi à la question de la formation des formateurs pour démultiplier les effets

(Caritas, Emergencia, notamment).

- Mettre en place un bureau d’orientation et de suivi des formations afin d’identifier les

bénéficiaires prioritaires, en l’occurrence les femmes et les jeunes et de les accompagner dans

leur parcours.

Les formations doivent déboucher sur du travail en suivant une méthodologie de projet :

définition avec le bénéficiaire de son objectif, dotation des apprentis en fin de formation

d’outils ou matériel pour s’installer avec un crédit de fonctionnement pour démarrer et un

suivi (cf recommandation sur la recapitalisation des foyers et sur le micro crédit), incitation à

prendre ultérieurement des stagiaires.

Les formations proposées aux femmes, orientées sur les plus vulnérables en priorité,

concernent notamment les activités suivantes : commerce, petit élevage, transformation

requérant du matériel et quelques compétences (karité, cire de miel, conditionnement du

miel, farine, aliments préparés, tissage, saponification, nattes).

Les formations peuvent être complétées par des cours d’alphabétisation et s’inscrire dans une

dynamique de renforcement de la cohésion sociale (proposition de Caritas).

L’Ouham représentait le grenier de Bangui. Le redressement de Bossangoa ne constitue pas seulement

l’amélioration économique d’une localité. Ce redressement doit produire des effets d’entrainement à la

fois économiques mais aussi pacifiques sur le reste du pays. La restauration des moyens de production et

d’échange doit être une priorité car elle représente un enjeu décisif dans le relèvement de la république

Centrafricaine.

Une proposition de cadre stratégique est proposée ci-dessous :

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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Objectif général : Contribuer au relèvement économique et à la stabilisation de la sous-préfecture

Objectif spécifique : Activer les Les principaux leviers de relèvement économique rapide d'ici deux ans dans la sous-préfecture de Bossangoa et préparer la phase de développement

Resultats Indicateurs Sources Hypothèses

R1 : les populations sont en capacité de recapitaliser et d’investir dans des moyens de production et-ou de transport.

% de foyer possédant au moins 1 moyen de production

sécurité identique qu'en aout 2015. Validation par les autorités préfectorales

R2 : Les axes sud Bangui et ouest Bozoum sont praticables pour les deux prochaines années

Le temps de transport pour un PL est de xx heures, Le prix d'affrètement d'un camion 15 t est des xx CFA

sécurité identique qu'en aout 2015. Validation par les autorités préfectorales

prix des transports

R3 : Reprise graduelle de la filière coton. xx tonnes collectés Surfaces cultivées

sécurité identique qu'en aout 2015. Validation par les autorités préfectorales

R4 : L'agriculture attelée est à nouveau pratiquée au niveau de ce qu’elle était en 2011 ainsi que la santé animale

1 000 têtes de bœufs de race Goudali-1 vétérinaire opérationnel Surfaces labourée

sécurité, pas d'épizootie majeure, entretiens des charrues disponible dans la SP

R5 : Les services publics peuvent garantir la pérennité du relèvement économique.

Présence et efficience des services

sécurité identique qu'en aout 2015.

R6: la sous-préfecture dispose d’un ou plusieurs opérateurs bancaires capables d’ouvrir des comptes, de transférer des fonds, et d’octroyer des micro-crédits.

Nombre de micro crédit, de comptes bancaires, de transfert bancaire

sécurité identique qu'en aout 2015.

R7 : le programme de relèvement est visible et peut garantir le même niveau d’informations et de sensibilisation sur tout le territoire.

Nombre de radio distribués, nombre d'émissions ou de messages liées au relèvement

Des accords avec les deux radios sont possibles

R8 : Une offre de formation professionnelle propose des qualifications correspondantes aux besoins locaux en visant particulièrement les jeunes.

Nombre de personnes placées en formation, nombre de personnes travaillants dans le secteur ou il a été formé

L'offre de formation professionnelle en RCA est disponible

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa

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5.5. Chronogramme :

Un programme intégré de relèvement économique nécessite une planification et une programmation coordonnées sur au minimum 2 années. Certaines

actions de cours ou moyens termes s’articulent avec des actions de long terme, permettant des synergies et des effets démultiplicateurs. Ce

Chronogramme devra être affiné et mis à jour régulièrement.

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Annexes

Annexe1 : Détails de l’enquête

1. Le questionnaire : Il comprend 42 questions, à choix multiples ou ouvertes réalisé sous format papier et saisi avec le logiciel

Sphinx. En moyenne, 45 minutes étaient nécessaires pour la réalisation d’un entretien.

Testé le 3 aout 2015 à Bossangoa et ses proches environs auprès de 18 foyers, des modifications sont

apportées avant de lancement de l’enquête.

Du 7 au 15 aout 2015, 9 enquêteurs (trices) ont couvert la zone d’étude et complétés 428 questionnaires

auprès des foyers.

117 questionnaires (29 % de l’ensemble de l’échantillon de la sous-préfecture) sont réalisés dans la zone

urbaine de Bossangoa soit 2.4% de la population estimée. La part estimée de la population urbaine sur la

population rurale est de 28 %.

287 questionnaires (71 % de l’ensemble de l’échantillon de la sous-préfecture) sont réalisés en zone rurale

soit 2.3 % de la population estimée. La part estimée de la population rurale sur la population urbaine est de

72 %.

24 questionnaires ont été réalisés en dehors de la sous-préfecture de Bossangoa.

2. Méthode d’échantillonnage et unité de l’enquête.

La méthode d’échantillonnage des enquêtes s’appuie sur une répartition spatiale sur la majeure partie de la

sous-préfecture en intégrant trois facteurs de pondération : L’urbanité (Bossangoa ville), la proximité des

marchés ruraux réguliers et la démographie. Il est important de noter que ce dernier facteur est incertain

du fait de l’ancienneté du dernier recensement (2003) et des mouvements de population peu

comptabilisés.

L’Unité d’enquête retenue est le foyer, compris comme une unité de personnes vivant dans un même lieu.

Le lieu de vie est considéré pour l’enquête comme la maison principale d’une famille et ses dépendances

sur la même concession. Les dépendances peuvent abriter des enfants, jeunes couples ou parents de la

famille.

Facteurs démographiques retenus :

• Population estimée de la zone d’étude : 129 000 personnes46, soit environ 17 200 foyers.

• Population estimée de la ville de Bossangoa : 36 500 personnes, soit environ 4 870 foyers.

Facteurs géographiques retenus 47:

• Zone urbaine : les 4 arrondissements de Bossangoa.

• Zone rurale : 17 villages dont

o 11 localisations comportant des marchés réguliers.

o 6 zones inter marchés distant de 12.5 à 25 km d’un marché.

46

Voir analyse démographique 47

Voir cartographie de la zone d’enquête

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 82

Il est à noter que l’enquête n’a pas pu couvrir l’axe sud de la sous-préfecture de Bossangoa (route en

direction de Bangui). Ce bassin de population ne représente pas plus de 15 % de la population de la sous-

préfecture. L’aire géographique de l’étude ne concerne donc qu’environ 85 % de la population de la sous-

préfecture.

Par ailleurs, 2 localisations hors sous-préfectures (les villes de Bouca et Nana Bakassa) ont été identifiées

pour les enquêtes afin de donner des éléments comparatifs du relèvement économique. Respectivement 8

et 16 foyers ont été enquêtés dans ces deux villes.

Sur chaque localisation des enquêtes, et après avoir contacté le représentant de l’autorité locale, le

protocole de choix des foyers est le même pour chaque groupe de deux enquêteurs. Depuis la position du

véhicule, relevé au GPS, un enquêteur prend la direction à l’avant du véhicule, l’autre à l’arrière. Ils laissent

sur leur droite deux habitations et procèdent à l’interview de la troisième. Ils reprennent leur chemin et

laissent sur la gauche deux habitation pour procéder à l’interview de la troisième. Ils reprennent leur

chemin et laissent sur la droite deux habitation pour procéder à l’interview de la troisième. Ils bifurquent

ensuite sur le premier chemin sur la gauche pour reprendre le processus de sélection (troisième habitation

sur la droite, etc…).

Ce processus permet de conserver un caractère aléatoire tout en garantissant que des habitations

relativement éloignées des voies circulables en véhicules soient enquêtées.

Au vu du nombre d’enquêtes et de la méthodologie d’échantillonnage appliquée, la marge d’erreur

estimée est de 4.88 % avec un niveau de confiance à 95 % (la marge d’erreur représente la possible

variation entre les réponses des sondés et la réalité des réponses de la population). L’enquête peut donc

être considérée comme représentative de 85 % de la population de la sous-préfecture de Bossangoa.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 83

Gbadè

Gbangayanga

Ouham Bac

Bangba

Bouca

Dobiti

Bossangoa

Centre

Boubo

= Axes de l’étude

= Localités inter marchés

= Localités ayant un marché

Zéré

Touiguédé

Longting Wikamon

Bowé

Benzambé

Nana Bakassa

Bonguere Bozali

Bodoro

Botengué

Bossokpa

Bomissi

CARTOGRAPHIE DE LA ZONE COUVERTE PAR L’ETUDE

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 84

3. Analyse démographique

Les dernières données officielles démographiques de la préfecture datent de 2003. La préfecture de

l’Ouham comportait alors 369 000 habitants et Bossangoa 36 400 habitants48.

Les données du recensement électoral ne sont pas disponibles à l’heure actuelle.

Les données démographiques collectées par l’équipe ACF dans les zones d’intervention de l’étude

croisée avec les mesures terrain et des informations des acteurs collectées par l’équipe d’enquête

permettent de d’apprécier le bassin démographique de la zone comme tel :

Localisations Habitants

Axe Ouham bac 17 738

Axe Gbadé 20 767

Axe Gbangayanga 16 243

Axe Zéré 20 500

Axe Benzanbé 17 425

Total zones rurales 92 672

Bossangoa ville 36 500

Total zone d’étude 129 172

Il est à noter que sur Bossangoa ville, entre 4 000 et 5 000 personnes (principalement des

musulmans) ont quittés la ville depuis les évènements (environ 11 % de la population urbaine)49.

Cela peut expliquer le nombre stable d’habitants entre 2003 et 2015.

Nous n’avons pas d’information sur le nombre de personnes ayant quitté les zones rurales depuis les

évènements mais il semble que ce nombre soit peu élevé. Il peut être estimé entre 3 et 5 %, cette

communauté était principalement commerçante et localisée dans les villes et bourgades importantes

sur les axes de transport (Bossangoa, Ouham Bac, Nana Bakassa, Bouca, …) et peu présente sur les

axes secondaires.

Le nombre de personnes par foyers calculé sur la base de l’enquête est de 7.49, très similaire à celui

calculé en mai 2015 par les équipes ACF (7.34 personnes).

48

Enquête (1975) Hammond Citation World Atlas, 2000. (1988) Bureau Central du Recensement (worldbank.org). (2003) Bureau Central du Recensement: Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2003: Structure et Répartition Spatial de la Population, Bangui 2005. Disponible sur http://www.citypopulation.de/Centralafrica.html 49

Sources : Mairie de Bossangoa et Human Rights Watch : rapport du 19 décembre 2013, ils sont venus pour

tuer/escalade des atrocités en République Centrafricaine.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 85

4. Trame questionnaire

Appui à la stabilisation des moyens d'existence et à la résilience (PRESCO)

Étude de marché dans le cadre d’un projet de relance économique.

RCA - Préfecture de l’Ouham - Bossangoa

Questionnaires foyers

Introduction / présentation :

Demander à rencontrer le chef de village / quatier. Présentez-lui l’étude et précisez que c’est un

choix aléatoire de foyer pour l’enquête. Ce n’est pas une sélection de future bénéficiaires.

Garder toujours bien visible logo du teeshirt.

Saluer avec respect toutes les personnes que vous rencontrez autour et dans le foyer.

Demander à rencontrer / parler au chef de famille.

S’il n’est pas disponible (sans occupation, à proximité ou de retour après quelques minutes) demander

à parler à une autre personne de plus de 18 ans en mesure de répondre à la place du chef de famille.

Si cela n’est pas possible demander quand le chef de famille sera de retour et disponible. Notez

l’heure et la date de ce retour.

Soyez attentif aux craintes, non-dits, et à l’environnement. Notez en fin d’entretien des remarques si

nécessaire. Laisser s’exprimer les personnes avant de les réorienter vers les questions de l’enquête.

N’hésitez pas, si cela est nécessaire, à faire une pause et à parler d’autres sujets.

Remercier respectueusement la personne pour sa participation et la qualité de ses réponses.

Message à communiquer lors de votre présentation :

« Bonjour Monsieur / Madame, mon nom est ………… et je travaille pour ACF (Action Contre la

Faim), une ONG d’aide internationale Nous réalisons une enquête auprès des populations de la sous-

préfecture de Bossangoa dans le but de mieux connaître la situation passée, actuelle et d’avoir votre

avis sur l’avenir. Ce travail doit servir pour améliorer l’appui de l’aide internationale à la

reconstruction de la sous-préfecture.

Cette enquête n’est pas liée à un programme humanitaire ou du gouvernement. Elle est totalement

anonyme et votre nom ou adresse ne seront ni demandés ni notés. Toutes les informations resteront

strictement confidentielles.

Nous ne pouvons pas vous donner quoi que ce soit en échange de votre participation si ce n’est nos

remerciements.

Vous êtes libre de refuser ou d’accepter mais nous espérons que vous participerez car votre opinion

est très importante pour nous.

Vous pouvez à tout moment stopper l’entretien ou en pas répondre à certaines questions, c’est votre

droit.

Cette enquête ne devrait pas durer plus de 35 minutes. Avez-vous des questions ? »

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 86

1. Données générales 1.1. Date de l’entretien (jj/mm/aaaa) : / / 1.2. Code de l’enquêteur :

Numéro de questionnaire : --------------

1.3. Localisation : Nom du village :

Coordonnées GPS de la voiture :

1.4. Activités principales actuelles (Agriculteur, éleveur, ouvrier agricole, artisan, commerçant, employé et service,

chasse /pêche / cueillette)

1.4.1. Si agriculteur :

• Type de culture : Manioc, sorgho, niébé, arachide, maïs, sésame, gombo, patates, autres légumes (oignon, aubergine, tomate, poivron / piment, ….), Autre :

• Petit élevage : Nb volailles : Nb porcins : Nb moutons : chèvres : 1.4.2. Si éleveur :

• type d’élevage

• nb de têtes 1.4.3. Si ouvrier agricole :

• Quelle culture Quel bétail

1.4.4. Si artisan et entrepreneur: • Maçon / bâtiment ----------

• Menuisier / Charpentier ---

• Mécanicien/ réparation, production en métal

• Location produits et outils

• Bois -------------------------

• Couture ---------------------

• Vannerie --------------------

• Poterie ----------------------

• Transformation produits alimentaires, bière, Alcool, …..----------------------------------

• Autres, préciser (forgeron, Savons,):

1.4.5. Si commerçant : type de négoce

• Proximité informel activité complémentaire de vente sans stock

• Détaillant formel activité principale avec stock et emplacement régulier

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 87

• Grossiste / importateur

• Spécialisé, préciser

1.4.6. Si service : type de service

• Services publiques ------

• Beauté ---------------------

• Education -----------------

• Santé------------------------

• Restauration --------------

• Sécurité et gardiennage

• Transport et manutention

• ONG -----------------------

• Autres, préciser ---------

1.4.7. Chasse pêche cueillette

• Chasse -------------------

• Pêche ---------------------

• Miel ------------------------

• Cueillette ------------------

2. Situation passée entre 2012 et début 2015

Votre famille a-t-elle été victime de violences

• Décès, ---------------

• Blessures, -----------

• Agressions sexuelles

• Incendie, ------------

• Pillages, --------------

• Menaces ------------

• Autres, préciser

Avez-vous subi des pertes en patrimoine ?

• Habitation----------------------------------------------------------------

• Echoppe, magasin------------------------------------------------------

• Cash ---------------------------------------------------------combien ?

• Véhicule (charrette, vélo, pousse, moto, auto, pirogue, …) ------

• Outils agricoles----------------------------------------------------------

• Outils et machines de production / transformation, -------quoi ?

• Equipement de chasse et pêche. --------------------------------------

• Petit élevage, volaille / porcin, caprin, ovin-------------------------

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 88

• Troupeau (bovin,) ----------------------------------------combien ?

• Récoltes / stock----------------------------------------------------------

• Semences-----------------------------------------------------------------

• Biens domestiques (vêtements, ustensiles cuisines, radio, téléphone, moustiquaires, matelas...) ------------------------

• Autres, préciser -----

3. Situation présente

Il s'agit de savoir comment le foyer fait face aux dépenses quotidiennes aujourd'hui, quelles

sont les difficultés rencontrées, quels sont les sacrifices qui ont dû être consentis (« stratégies

d'adaptation »). La personne interrogée va dire si elle a toujours des activités génératrices de

revenus (les mêmes qu'avant, d'autres?) ou si le foyer a dû s'adapter en vendant certains de

ses biens (lesquels?), en empruntant ou en puisant dans son épargne, etc.

3.1. Statuts (cocher la case) :

• Revenu sur la même concession

• Toujours déplacé, -----------------

• Retourné de RCA ----------------

• Retourné de l'étranger -----------

3.2. Les espaces que vous occupiez / exploitiez pour vivre et travailler sont-ils maintenant accessibles ? Oui / Non / NSP

Si non, pourquoi ?

3.3. Quel sont les quatre biens les plus utiles pour assurer votre revenu : Vélo, pousse pousse, bétails, outils, champs, bâtiments, séchoir, maison, échoppe,

….) Évaluation du prix si possible.

3.4. Si vous n’avez-vous pas de bovins, pourquoi ? :

3.5. Vos activités sont-elles suffisantes pour faire face aux dépenses du foyer ? Si non, question suivante.

3.6. Si vous n’avez pas assez de revenus, comment faites-vous faites-vous pour faire vivre votre famille ?

• Changement d’activité ------------------------------------------------------

• Vente de biens domestiques-----------------------------------------

• Utilisation épargne----------------------------------------------------

• Entraide communautaire (tontines, …) -----------------------------

• Microcrédit, emprunts, -----------------------------------------------

• Emprunt aux commerçants -------------------------------------------

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 89

• Entraide familiale (locale, nationale, de l'étranger) ---------------

• Vente d'actifs productifs -(biens professionnels) ----------------

• Réduction des dépenses essentielles non alimentaires (santé, hygiène, vêtements …) ------------------------------------

• Retirer les enfants de l'école ----------------------------------------

• Réduction des repas en qualité, quantité et fréquence -----------

• Aide humanitaire -----------------------------------------------------

• Vendre ou louer la maison, le terrain --------------------------------

• Activités non recommandables ou avouables (parallèles) ? -----

• Mendicité -------------------------------------------------------------

• Autres, à préciser --

3.7. Quelles sont vos ressources actuelles ? 3.7.1. ou financières par mois (CFA) 0 500 – 5 000 5 000 – 15 000 15 000 – 30 000 30 000-50 000

50 000 – 100 000 + de 100 000

3.7.2. ou financière par semaine (CFA) 0 50-200 200-500 500 – 2000 2 000 – 5 000 5 000 -10 000 + de 10 000

3.7.3. Et stocks, (alimentaire, semences, … Nb Sac maïs, sac mil

Nb sac sésame, sac gombo

Nb sac manioc, sac riz

sac patates,

sac arachides, Autres :

sac sorgho,

3.7.4. Que devez-vous rembourser ou rendre à d’autres personnes dans les prochains mois ?

3.7.5. Que doivent vous rembourser ou rendre les autres personnes dans les prochains mois ?

Situation à venir. Il s'agit ici de voir comment se projette la personne (sa famille) :

- Quelle est sa perception de la situation ?

- Quels sont ses projets ?

- Comment compte-t-elle y faire face ?

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 90

4.1. Vous sentez-vous plus en sécurité qu'il y a six mois (ou avant le choc repéré dans « situation passée ») ?

Pas du tout / un peu plus / vraiment / NSP

4.2. Y a-t-il une tendance à l'amélioration des conditions de vie ? Pas du tout / un peu plus / vraiment / NSP

4.3. Avez-vous plus de confiance dans l'avenir ? Pas du tout / un peu plus / vraiment / NSP

4.4. Avez-vous plus de confiance en votre communauté ? Pas du tout / un peu plus / vraiment / NSP

4.5. Avez-vous plus de confiance dans les autres communautés ? Pas du tout / un peu plus / vraiment / NSP

4.6. Avez-vous des projets pour les six prochains mois ? Oui / Non / NSP

Reprendre mes anciennes activités

Commencer de nouvelles activités

4.7. Si vous êtes déplacé : 4.7.1. Quels sont vos contacts avec votre zone d'origine 4.7.2. Comptez-vous retourner chez vous ?

Oui / Non / NSP

4.7.3. Pourquoi ? 4.7.4. Que vous manque-t-il pour rentrer ?

4.8. De quoi avez-vous le plus besoin pour reprendre / développer votre activité actuelle ?

4.8.1. de l’aide physique (ouvriers) -------------------------------- 4.8.2. des matériaux pour la reconstruction ----------------------- 4.8.3. d'équipement de production ou des outils ------------------ 4.8.4. de formation ------------------------------------------------- 4.8.5. de la sécurité --------------------------------------------------- 4.8.6. autres, à préciser -------------------------------------------------

4.9. Avez-vous des moyens pour recommencer votre activité, pour reconstituer ce que vous avez perdu ? (épargne, emprunt, vente...).

4.10. Qu'est ce qui peut vous encourager à commencer ou reprendre cette activité / projet ?

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 91

4.11. Pour exercer votre activité économique, y a-t-il des métiers qui manquent dans votre zone? Charpentier, ----------------------------------

Mécanicien / réparateur --------------------

Vétérinaire ------------------------------------

Autres, à préciser ----------------------------

4.12. Des biens ou des services dont vous avez besoin mais qu'on ne trouve pas dans votre zone?

Transport ---------------------------------------

Produit agricoles ------------------------------

Matériaux de construction -------------------

Outils -------------------------------------------

Autre, à préciser ------------------------------

1.5. Situation familiale : Marié ou union libre - Veuf / ve – Parent isolé ou célibataire

1.6. Nombre de personnes à charge 1.7. Age de la personne : Sexe de la personne : F / H 1.8. Religion : 1.9. Niveau d’instruction : Primaire, CEP BEPC

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 92

Annexe 2 : Propositions trames cadre logique

Champs d'activité : Moyens d'existence - R1

Contribuer au relèvement économique de la sous-préfecture

Les principaux leviers de relèvement économique rapide sont activés d'ici deux ans dans la sous-préfecture de Bossangoa

Cibles directes : foyers Cibles indirectes : 0

Resultats Indicateurs Sources Hypothèses Conditions préalables partenaires principaux Chrono

R1 : les populations sont capables de recapitaliser et investissent dans des moyens de production

% de foyer possédant au moins moyens de production

Enquête terrain

sécurité sécurité identique qu'en aout 2015. Validation par les autorités préfectorales

Services sociaux

avr-16

Activités

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 93

Annexe 3 : Relevé des prix du marché de Bossangoa au 17 août 2015

FOOD unité prix (CFA)

poids en nb de gnawi unité prix (CFA)

Manioc Gnawi 1 000 8 sac 8 000

Sesame Gnawi 7 500 8 sac 60 000

Arachide en grain Gnawi 15 000 8 sac 120 000

Arachide en coque Gnawi 3 500 8 sac 28 000

Courge Gnawi 3 500 7,5 sac

Haricot Gnawi 7 000 8 sac 56 000

Mais en grain Gnawi 2 000 8 sac 16 000

Mil Gnawi 1 500 8 sac 12 000

Sorgho Gnawi 1 250 8 sac indispo

Riz local Gnawi 2 500 1,5 sac

Riz importé Gnawi 5 000 2,5 sac

Huile rafinée litre 1 250 bidon

Huile de palme litre 1,5 750 bidon

poulet unité 3 000

Viande de bœuf kg 1 000

Viande de cochon kg 1 250

viande de chêvre kg 2 000

Poissons Frais kg 2 000

Sucre kg 5 000 5 sac 5 000

Sel kg 200 25 sac 5 000

plumpynut unité 100

Transport unité prix (CFA) unité prix (CFA)

Transport BO-BG 1 personne 5 000 1 sac 3 000

Transport BO-BZ (VEHICULE) 1 personne 3 000 1 sac 2 500

Transport BO-BZ (MOTO) 1 personne 10 000 1 sac 7 500

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 94

NFI unité prix (CFA)

essence litre 900

pétrole litre 1 500

coton kg

savon unité 100

praracétamol blister de 8 650

moustiquaire 2 place unite 3 500

lampe solaire unité 2 500

radio FM unité 3 000

poulet 3 000

cochon 6 mois 10 000

cochon 1,5 ans 14 000

mouton 2 ans indispo

chévre 2 ans 15 000

bœuf/ veau (pour charrue) 1 an 125 000

bœuf (pour charrue) 2 ans et + 140 000

Bœuf (grandes cornes) adulte 270 000

Bassine plastique unité 5 000

Marmite petite unité 12 000

Marmite grande unité 25 000

gnawi métal unité 4 000

sceau 20 litres unité 4 000

bidon 20 litre unité 2 000

sac nylon 100 litre unité 500

couverture unité 2 000

pantalon adulte unité 3 000

tee shirt adulte unité 2 000

sandale plastique (tong) unité 1 500

houe local unité 500

houe import unité 750

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 95

Annexe 4 : Carte des principaux marchés de la SP de Bossangoa et jours des marchés

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 97

Annexe 5 : Synthèse des entretiens avec les administrations locales

Préfecture :

Mme Clotilde Namboï a été nommée Préfet de l’Ouham et la région 3 (Ouham et Ouham-Pendé) en

juillet 2013. Le retour a été difficile, sans moyen, sans hébergement et pratiquement sans effectifs.

Le bâtiment de la préfecture est maintenant fonctionnel mais manque de moyens. Il n’y a pas encore

d’objectif de retour à effectif constant. La priorité actuelle est donnée aux infrastructures routières

vers Bangui et vers le Tchad.

La coordination avec les agences des Nations-Unies et les ONG « n’est pas tout à fait satisfaisante »

(une réunion tous les trois mois, les comptes rendus des réunions de clusters ne sont pas transmis).

Mais les Nations-Unies sont en relation quotidienne avec la préfecture (MINUSCA). Le Préfet a

exprimé une volonté de se réapproprier la coordination de l’aide humanitaire, souhaite un

renforcement des capacités institutionnelles (administrateurs) et compte s’appuyer sur les chefs de

quartier et de village, les maires ou les groupements qu’il faut structurer.

Sécurité :

Les effectifs et moyens réduits de la gendarmerie et des douanes et l’absence de police empêchent

d’imposer l’autorité de l’Etat, dont les agents se font parfois menacer, par exemple pour obtenir le

paiement des impôts ou des droits de douane. Cela a aussi des répercussions sur la justice

(impunité). La prison n’est pas réhabilitée et un espace grillagé situé à l’arrière de la gendarmerie

tient lieu de poste de détention provisoire (une quinzaine de personnes en garde à vue ou en

détention provisoire pour petits délits). L’armée (les FACA) est absente pour des raisons nationales et

a aussi été délaissée. Néanmoins, avec l’aide de la MINUSCA, la sécurité s’améliore.

Recettes publiques :

Elles consistent essentiellement en droits de douanes, impôts (IGU50, patente, impôt sur le foncier

bâti51, impôt sur le revenu, impôt sur les loyers, TVA). Pour les fonctionnaires et les salariés du privé,

l’impôt sur le revenu est prélevé à la source. Ce sont surtout les impôts et les douanes qui font les

recettes ; or, il manque de commerçants et d’entrepreneurs.

Actuellement les recettes publiques sont nulles (douanes, administration des impôts) ou quasiment

nulles (Trésor).

Les communes ne perçoivent pas encore les tickets (quittances) du Trésor pour les emplacements de

marché (fixé par chaque commune) par manque de carnet à souche. Une autre source nous a indiqué

que des collecteurs passent et délivrent ces quittances pour les emplacements. La taxe de marché va

de 50 à 100 F par jour.

Avant les « évènements », il y avait l’application du principe de recouvrement des coûts pour tous les

services publics : même un acte de naissance était payant. C’est aujourd’hui impossible par manque

de moyens de nombreux usagers.

50 Impôt Global Unique (fusionne l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés pour simplifier), payé par les entrepreneurs et commerçants réalisant un chiffre d’affaires compris entre 500 000 et 30 millions F (taux : 12%). Au-delà, on paie la patente, en deçà, un forfait. 51 Dont les droits d’enregistrement.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 98

Douanes :

Comme les autres services publics, les douanes se trouvent dans un état d’indigence totale. Les cinq

douaniers présents, dont le directeur régional, réoccupent le bâtiment officiel des douanes, bâtiment

vide (à l’exception d’un bureau et deux chaises) sans porte ni fenêtre, vandalisés comme tous les

autres. Ils dorment sur des lits de camps dans les bureaux faute de moyens pour aller à l’hôtel, qui

d’ailleurs n’existe pas. Ils doivent amener leurs fournitures, payer le trajet depuis Bangui ou l’essence

de la moto.

Des jeunes se sont lancés dans l’import-export avec de petits capitaux (300 000 à un million FCFA

selon le directeur), les grands commerçants ayant beaucoup perdu dans le conflit ou étant parti

(musulmans).

Normalement, les marchandises sont dédouanées à la recette de destination, une feuille de route

est présentée à la frontière, donc à Bossangoa pour les importations qui y sont vendues. La

fermeture de la frontière tchadienne a généré un trafic dans la zone des trois frontières (RCA,

Cameroun, Tchad) en contournant la douane de Bang (côté RCA)-Mbaïboum (côté Cameroun) par les

pistes de transhumance. Environ 400 motos ont été ainsi importées dans la région, dont les

propriétaires sont beaucoup des AB qui embauchent des chauffeurs (deux personnes partent sur une

moto et reviennent chacun avec deux ou trois motos démontées). Le carburant provient du Nigéria

via le Cameroun par la même route par fûts de 200 litres52. Le dédouanement d’une moto coûte

70 000 FCFA53, payable par tranche. Le syndicat des motos taxis refuse de payer ces taxes, parce que

les gens « se reconstituent »54.

Ce trafic a au moins l’intérêt de redoter progressivement la région en moyens de transport léger, à

défaut d’alimenter les caisses publiques.

Démuni de moyens contraignant, le directeur régional procède par sensibilisation : les commerçants

internationaux sont invités à une réunion conviviale où le système des douanes leur est expliqué

ainsi que les modalités de paiement échelonnées des droits (consignation).

Impôts (administration fiscale) :

La direction régionale des impôts se trouve à Bouar, le bureau de Bossangoa a rouvert en juillet 2015

avec des effectifs réduits : un divisionnaire, chargé des taxes, et un gardien. Les impôts perçoivent

aussi pour le compte de la Mairie, notamment sur les marchés et reversent au Trésor. Il n’y a aucune

rentrée actuellement. Les petits commerçants55 sont en phase de sensibilisation.

Apparemment, l’administration des impôts perçoit une grande partie des impôts en dépit de la règle

de séparation entre ordonnateurs et comptables qui régit la plupart des administrations fiscales.

Trésor public :

Le trésor a rouvert en juin 2015 dans un grand bâtiment vidé et pillé. Le Trésor perçoit les menues

recettes (débits de boisson, port d’armes, dancing, moyens de chasse) qui sont affectées aux crédits

de fonctionnement des services déconcentrés. Il centralise les perceptions opérées par les impôts qui

sont transférées à Bangui et versées contre quittance. Les salaires et pensions des fonctionnaires

52

Depuis que la station Total a été vandalisée, la station la plus proche est à 300 km, à Bangui. 53

Soit un manque à gagner de 28 M FCFA pour les 400 motos 54 « Si vous nous dérangez, nous on va vous dérangez… » ont déclaré des AB aux fonctionnaires des douanes. 55

Les boubamguéré (étalagistes)

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 99

sont également versés depuis Bangui (problème des transferts de liquidités). Le responsable par

intérim de la trésorerie régionale terminait des formulaires de recouvrements forcés après deux

convocations de contribuables restées sans suite. Le recouvrement forcé est signifié par la

gendarmerie. Mais celle-ci ne se sent pas encore assez opérationnelle pour y procéder.

Comme les impôts et les douanes, le responsable procède à une sensibilisation (identification,

convocation, réunion et échange) et propose aux contribuables un fractionnement du paiement. En

dépit de cela, les recettes sont quasi nulles. Le discours des contribuables est le même que pour les

douanes ou l’administration fiscale : « nous avons tout perdu, nous devons nous reconstituer ». Un

objectif de perception en septembre est visé, compte tenu du calendrier fiscal.

L’administration fait tout pour réinstaurer la possibilité d’un fonctionnement autonome de l’Etat

disposant de ses ressources. Sans doute faut-il davantage insister sur le lien entre impôts et services

publics.

Education :

L’éducation publique a été délaissée depuis les années 1990 et le niveau a reculé du primaire à

l’université selon les témoignages. Dans les années 1990, il y avait 100% d’enseignants

professionnels, aujourd’hui, environ 20%. Beaucoup d’écoles ont été vandalisées et pillées et de

nombreux enseignants sont partis. Ainsi, à Zéré, les sélékas ont sorti tous les bureaux des élèves et

les ont brulé devant l’école : ils ne sont toujours pas remplacés et les enfants suivent les cours par

terre.

Aujourd’hui, l’éducation fonctionne à 90% selon la préfecture, mais il est fait appel à des maîtres-

parents (parents volontaires pour enseigner aux enfants) payés par la communauté. Ils représentent

60 à 70% des enseignants en milieu rural et n’ont souvent pas le niveau requis pour enseigner. C’est

une solution provisoire en attendant de pouvoir passer à un système d’enseignement professionnel :

si on les retire, tout s’écroule. Rien n’est prévu pour eux en termes de formation à l’exception d’une

initiative de SOS village d’enfants (programme d’appui à l’inspection académique pour le recyclage

de 60 enseignants).

Il y a un fort déséquilibre entre les cursus classiques (bac général puis droit, sciences humaines sont

saturés) alors que les formations techniques sont rares et ont été délaissées. L’enseignement général

a prévalu au détriment des filières techniques (un seul lycée technique à Bangui) pour toute la RCA.

Sur les 13 000 candidats au bac de l’été 2015, il n’y en a que 3 000 hors de Bangui, c’est peu pour un

pays essentiellement rural. A Bouca par exemple, les épreuves n’ont pu se tenir. En outre, beaucoup

d’élèves du lycée, généralement majeurs, ont abandonné leur scolarité pour s’engager dans les

groupes rebelles.

Avant les « évènements », le coût annuel scolaire était de 1400 F (assurance) et montait dans le privé

à 30 000-45 000F par an.

Santé :

Il y n’y a plus que deux médecins dans l’Ouham. L’hôpital de Bossangoa a été pillé et saccagé, de

même que le centre régional de médicaments. MSF assure la reconstruction de l’hôpital et la

majeure partie des prestations médicales. Il n’y a que très peu de services décentralisés et sans

moyens de transport, l’accès à la santé en zone rurale est très préoccupant.

Eau potable :

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 100

La SODECA (Société des Eaux de Centrafrique) a été pillée à Bossangoa et l’UNICEF a acheté un

groupe électrogène tombé en panne en juin que la SODECA n’a pu réparer qu’en août 2015. Sur

Bossangoa, la Préfet à demander aux ONG de réaliser des forages publics qui ont été répartis dans les

quartiers. La situation est aujourd’hui acceptable.

Dans le reste de la sous-préfecture, la situation reste préoccupante. Les femmes font la queue dès

quatre heures du matin parfois. Dans certains villages, il n’y a aucun forage et l’eau n’est pas potable

(Bowara ou Boubou par exemple dans la sous-préfecture). Plus on s’éloigne de Bossangoa, plus il

semble que les conditions d’accès à l’eau se dégradent, d’où la présence de maladies hydriques dans

certains villages amenant notamment de l’absentéisme à l’école. (sources : Préfecture, Caritas, Chef

de village et infirmier de Boubou).

Il n’y a qu’un seul pompier à la SODECA pour toute la ville de Bossangoa.

Routes :

Auparavant, les subdivisions des travaux publics existaient dans les sous-préfectures ou pour

plusieurs d’entre elles (par exemple, Batangafo s’occupait de Bouca et Kabo). Des techniciens

qualifiés étaient équipés en petit matériel (bennes, brouettes, pelles, véhicule de liaison…).

Au temps de Bokassa, un système permettait un entretien relativement efficace des routes. La

direction régionale était dotée de petits moyens (un tracteur, un tractopelle, un ou deux camions).

Un système de cantonage répartissait le petit entretien entre cantons et villages, dotés de petits

outils (brouettes, pelles) sous la responsabilité des chefs de canton ou de village. La population était

sollicitée pour ces corvées.

Il ne reste plus rien de tout cela. De plus, tout le matériel a été pillé. La direction régionale des TP de

Bossangoa compte deux personnes en août 2015. Son directeur a récemment mené avec Caritas une

évaluation des principaux points à réparer dans l’urgence pour l’axe Bossangoa-Bossembele de façon

à ne pas être coupé de la capitale pendant la saison des pluies. L’AGETIP-CAF (Agence d’exécution

des travaux d’intérêt publics en Centrafrique) travaille avec les ONG et les entreprises pour des

THIMO notamment. Une ONG a réalisé un programme de réhabilitation avec du cash ou de la

nourriture, mais à un moment peu favorable du calendrier. Le système peut être amélioré avec une

incitation (argent, nourriture, accompagnement).

Le programme de 10 Millions d’euros de l’union Européenne pour la réfection des pistes en RCA n’a

pu être mis en œuvre pour des questions de normes de sécurité pour les personnels européens. Les

fonds ont servi à goudronner l’avenue du Général de Gaulle à Bangui.

Affaires sociales :

Dans les années 1970, dans chaque commune il y avait au moins deux animateurs (agents de

développement communautaire) et un animateur bénévole dans le village appelé « relais

communautaire ». En 1990, il y en avait 91 pour la préfecture de l’Ouham, il n’y en a plus un seul.

Certains sont à la retraite, d’autres ont été promus et ils n’ont pas été remplacés. Au niveau du pays,

il y en avait encore 650 en 2006, 180 sont partis. Beaucoup se sont rabattus sur les OSI. Certains

responsables de l’administration déplorent que les OSI ne rendent pas suffisamment compte de leur

action et que leurs données ne soient pas disponibles ni ne circulent pas. La faculté des sciences

sociales avait une formation d’agents communautaires à Bangui qui servait pour tout le pays.

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 101

Annexe 6 : Planning des rencontres et activités Planning et personnes rencontrées sur Bangui.

Nom, fonction

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23

Banguiréunions et rencontres

Brienfing CDM Eric Bes se

Deriefing RD SAME Amanda Lewis

PNUD Aboubacar

Koul iba ly,Directeur pays , Eri c

Levron, Martin Mbanda, Jean

Claude Fonkam, Bienvenue

Djangha

ACF / FAO Marie Chris tine Monnier

Délégation UE Olivier Scherpereel , chef de

la s ection économique

Banque Mondiale Haous sa Tchaous sa la

BAD Dr Bi toumbou, économiste

en chef, Jean-Chri stophe

Moriss i ,Socio-économis te,

s pécia l is te dévt s ocia l

FAO Frederic Linardon, Pierre

Vauthier

Sofia crédit Audjia l Is abel le Dess ande,

Directri ce Générale ,

Muriel le Djengbot,

Res pons able crédit et

contentieux

Abassade de Chine Peng WAN, premier

cons ei l ler

Minitère du plan Mengui El ie, Directeur

Généra l de la planifi cation

régiona le

Ministére dev rural et

agriculture

Fatime Martine, Directri ce

Généra le de l ’Agricul ture

Ministère des affaires

sociales

Mr. Bel leka , DG des études

et de la Planifi cation, Mr,

Zoudamba, Di recteur du

Développement

Communauta i re

Solidarité

préparation restitution

Restitution

Logistique &

administration

32 / aout 33 / aout 34 / aout

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 102

Planning et personnes rencontrées sur Bossangoa

Nom

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23

BossangoaEntretiens

Coordinateur

Bossangoa ACF

François Fa l l

Coordo SAME ACF Doumbia

Colog Léa Bourl ier

Autorités locales

Prefet de l 'Ouham Mme Cloti lde Namboï

Sous préfet de

Bossangoa

Mr. Igna Bouade

Maire Mr. François Degotto

douanes Mr, Frédéric Inamo, Di recteur

généra l 3 régions Mr. Jean

Louis Koy, Chef de s ervice de

l 'Ouham

Gendarmerie Lt Martin Gbamas sour

Trèsor Public Jean Ars ène Mokpem-

Mbebiss a , responsable par Impôts Ala in Ndoyene,

Maire Nana Bakassa

Maire de Ouham Bac

Sous préfet de Bouca M. Pierre Ngao

Maire de Bouca Adamo Ba lzo

Chef de vi lage de

Boubou Dangoy Feudu

Chef de vi lage de Zéré M. Joël Nambobona

Agences UN

WFP Jean Bertrand Ngama

UNHCR Jules Beda, Chef de bureau

UNFAP

UNICEF Eloge OLENGABO

Minusca Mathias Lei tner, resonsable

s écuri té civi le

FAO Jerome DEGANE

ONG I

INSO Laurent Dumas

ACTED Florent

DRC Bossangoa Inocent

DRC Nana Bakassa Gontrand Gomez

CRS Katheleen Gordon, chef de

bureau

SCG Brigi tte Kaka,

SOS vil lage d'enfants El ie Koyela et Fernand Ka ïne,

coordination locale

32 / aout 33 / aout 34 / aout

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 103

Nom

structures privés

locales

Caritas Marie-Joseph Mandakete,

di recte

Evéché Mgr Nestor-Dés i ré Nongo

Aziagbia

Commission

épsicopale Justice et

paixNestor Namsane

AFER

AFRDB Mme Rachel Ningawong

Mal lo, directri ce

cellule coton René Ndoroma directeur

d’exploitation

CAEPCAB Josué Fei-IngtenaRelevés prix et

entretiens

commerçants

Commerçants

Biens non alimentaires

NRJ

BTP

Alimentaire

atelier cordoniers

atelier soudure et

réparation

Services

Briefings et formation

équipe enquêtes

Formation

Breifing et planning

collecte de données

Saisie des donnéescoordination &

monitoring

Restitution Bossangoa

32 / aout 33 / aout 34 / aout

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 104

Annexe 7 : Liste de présence à la restitution préliminaire de Bangui.

Organisme et poste Nom

Directeur Pays PNUD Aboubacar KOULIBALY

IMO PNUD Jean-Claude FONKAM

DGPR Ministère du Plan Elie NEMBI

D8E MCDMR (Ministère Chargé du Développement du Monde Rural) Alexis M'BETIBAZA

DEP MCDMR (Ministère Chargé du Développement du Monde Rural) Joseph DANGA

CSPIP Ministère de l'élevage Philippe ADOUM

DG.S12 MCDMR (Ministère Chargé du Développement du Monde Rural) MAHAMAT Saint-Pierre

Chargé de Programmes Section Infrastructures et Développement Durable Délégation de l'Union Européenne auprès de la République Centrafricaine

José BARRIO de PEDRO

Premier conseiller de l'Ambassade de Chine en République Centrafricaine Peng WAN

SOFIA CREDIT DJENGBOT Murielle

Cluster Sécurité Alimenter / FAO - PAM Frederic LINARDON

Surveillance Sécurité Alimentaire FAO - ACF Marie Christine Monnier

ICC OCHA Eric Michel SELLIER

PNUD, Economiste national Youssoufa SILLA

Expert relèvement PNUD Bienvenu DJANGHA

Chargée de développement de projets, Acted Sabrina MEDALEL

EFSL Officier, OXFAM Amadou BANE

WFP / PAM Miyuki YAMASHITA

ACF Responsable département SAME Amanda LEWIS

ACF Directeur Pays Eric BESSE

ACF Directeur régional Alexandre Le CUZIAT

ACF consultant Team Lead Frédéric MEUNIER

ACF consultant Expert Hervé HUTIN

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 105

Annexe 8 : Résumé des entretiens: pénuries, freins et recommandations

collectées

Les avis recueillis ne sont pas ceux des organismes cités mais l’avis personnel de personnes y

exerçant des responsabilités. Le tableau ne retrace pas l’intégralité de leurs propos, mais l’essentiel

des idées exprimées à l’occasion d’entretiens semi-directifs. Cette collecte d’informations complète

et illustre l’enquête réalisée auprès des ménages. Environ soixante personnes ont été sollicitées dans

le cadre de ces entretiens. Pénuries et freins Recommandations UNICEF - Electricité

- Compétences spécialisées (architecte, chef de chantier) électricien, plombiers) - Artisans réparateurs : Formés pour pompe mais pas forage, peu pour adduction - Restauration (non professionnel) - Radios électroménager, produits de qualité, supermarché (uniqt biens basiques) - Insuffisance de bouchers Freins : Sécurité Routes, surtout à la saison des pluies Réconciliation Commerce : non professionnel (différent à Bozoum) Niveau de pauvreté extrêmement bas Services publics : eau, éducation, Fermeture des frontières (depuis plus de 6 mois) Transhumance : avant couloirs bien tracés, échanges pop. locales-nomades. Avec l’insécurité, peur réciproque Les mêmes causes à l’origine du conflit sont toujours en place

Réconciliation : c’est trop tôt, commencer par défaut Appui aux prog. DDRR est essentiel

UNFPA Pénuries : - carburant (tt vient de Bangui, certains vont le chercher à Bozoum en moto ; 400 à 600 litres par voyage) - Banques, cash transfert - Fournitures de bureau (l’AFEB a ouvert une papeterie) - Cyber café, accès à internet (le HCR a ouvert un couloir)

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 106

Douanes bâtiments publics ruinés et pillés absence de matériel roulant (limite les interventions) ; Le directeur régional est arrivé sur le seul véhicule : une moto « don des douanes nigérianes » dont il paie le carburant de sa poche Les AB attendent les élections pour payer leurs impôts et menacent des autorités publiques démunies Etat des routes Revenus insuffisants du coton pour les petits paysans analphabètes

Réhabiliter d’abord les routes Encourager les acteurs pour le coton (prix, formation, débouchés) Réhabiliter les bâtiments publics

HCR L’insécurité entrave le retour des déplacés et réfugiés. Les déplacés sont en train de rentrer, sauf les musulmans dans certaines sous-préfectures, timidement dans d’autres D’où freins sur le commerce qu’ils assuraient en grande partie

Renforcement des capacités des services publics Formation professionnelle Impliquer les autorités locales pour pérenniser les programmes (la CI ne fait que passer) Importance numérique des jeunes : programmes pour les jeunes Imaginer des échanges pour récupérer les armes (motos contre armes)

CRS Pénuries : matériaux de construction Ruptures d’approvisionnement (bois, outils...) Transfert de liquidités (infrastructures bancaires insuffisantes + pb de sécurité) Capacités de transport Compétences : administration de projets, suivi-évaluation, informatique Dans les TP : électricien, plombier Freins : Routes, infrastructures bancaires

Préfecture Coordination avec acteurs humanitaires insuffisante

Priorité aux routes, à l’accès à l’eau, au renforcement des capacités institutionnelles.

Trésor public et impôts

Sécurité Les gendarmes ne peuvent procéder au recouvrement forcé des impôts dus car les gens ne sont pas désarmés

Chefs de village Zéré 1 et 2

Aucune épargne, tout ce qui est gagné est dépensé Manque de disponibilités pour se prêter entre nous

Chef de village

Manque de capitaux pour outils et machines. Les compétences existent (forgeron, soudeur,

Doter en matériel Accès au crédit

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 107

Boubou mécanicien, tailleur, charpentier, menuisier) mais absence d’outils, manque de moyens. Impossible d’acheter des bœufs (avant, groupements de 5 à 20 agriculteurs) : manque de moyens et de débouchés commerciaux (route, transport) Absence de vétérinaire (parti) Problème d’eau potable Tous les bœufs ont été tués, ils sont maintenant trop chers

Soutenir les Kérimba (tontines) Appuyer les groupements (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, couturiers-tailleurs)

Sous-Préfet Bouca

Routes Départ des musulmans (maisons rasées)

Doter les subdivisions de travaux publics Redévelopper les Pionniers (centre de Boubou trop distant) et formation sur agriculture moderne, élevage de poulets, menuiserie, maçonnerie, mécanique. Encourager les groupements, les kérimbas, Occuper la jeunesse sous l’autorité villageoise qui compte les heures travaillées et veille au roulement des groupes - mise à disposition d’outils pour les routes avec vivres pour aller plus vite en attendant les gros moyens - villages isolés : travaux de décapages (désherbage des abords des routes).

AFRBD Problème de gouvernance, de la classe politique, c’est la principale cause des problèmes et non la pauvreté ou les pb éleveurs-agriculteurs qui existaient déjà avant. Insécurité (population prise en otage) Destruction de l’administration qui fonctionnait avant Elections : bloque la reprise de l’administration.

Caritas Capacités logistiques limitées : empêchent d’agir davantage Besoin en formation et suivi Absence de lycée technique agricole : plusieurs année sans formation d’où besoin accru En micro-finance : absence de garanties

Deux priorités : les jeunes et les femmes Trouver un moyen de garantir le micro crédit Faciliter les prêts immobiliers aux fonctionnaires Pas de développement sans industrie Infrastructures routières

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 108

Diocèse de Bossangoa

La population a perdu ses moyens de résilience Piste vers Bangui Besoin de compétences en mécanique, électricité, froid… Sans routes, le paysan travaille à perte Produits de première nécessité : tous importés Transformation locale insuffisante ou non professionnelle (stérilisation…)

Générer de l’activité pour acquérir une autonomie financière et ne pas se faire manipuler Favoriser les groupements pour la culture attelée, les groupements de femmes (miel, huile de karité, savon…) Favoriser le crédit Remettre en place le crédit aux cotonculteurs (Sofia crédit fera le suivi financier, Caritas le suivi des activités) Système de cantonage pour l’entretien des routes avec incitations (argent, nourriture ou accompagnement) Chaîne du froid et conserverie pour les produits de la pêche Emballage, présentation des produits…

SFCG Freins : Routes et sécurité Absence de commerçants Absence d’épargne et faiblesse des revenus Pénuries sur aliments de première nécessité importés (sucre, huile, sel, riz…) Mécanicien, électricien, électronicien, pompier, maçon, menuisier Réconciliation : viendra mais peut prendre du temps. Ne pas forcer ceux qui disent non, leur laisser le temps. Accompagner, prendre exemple où ça marche.

Employer des journaliers pour des travaux collectifs en s’appuyant sur les chefs de quartier pour permettre un roulement

Emergencia Réseau routier Absence de crédit agricole Absence de garantie Intrants, engrais Absence de circuit de transfert de liquidités Faiblesse du niveau d’instruction : bloque pour l’apprentissage à la gestion Mentalité : on dépense dès qu’on a de l’argent Fiscalité : pb de communication, de sensibilisation ; activités informelles Pénuries : produits de première nécessité (savon, sucre, huile), bois, matériaux Métiers : technicien tous domaines

Renforcer le crédit aux paysans (en nature ou en espèce) Remboursement après la récolte, en produit ou en liquide Efficacité de l’aide : s’appuyer sur les groupements, participation, importance d’une stratégie de suivi, principe de redevabilité Développer l’accès au marché en élargissant les débouchés

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 109

(maintenance informatique, construction mécanique…) Manque de machines (une seule dans l’Ouham pour la menuiserie)

SOS village d’enfants

Absence de grossistes. Il faut commander à Bangui Manque d’entrepôts Manque d’hébergement (notamment qualité) Pb débit téléphone, internet Electricité, carburant Banque Blocage : Sécurité (d’où choix d’activités à cycle court pour les agriculteurs) Aérodrome (sur liste de suspension) piste à rénover. Vital en cas de coupure de la route

Relance culture attelée + élevage Encourager le retour par dotation de boeufs

Caritas Besoins d’emploi pour la jeunesse Pb des compétences Pb de langue, même pour le Sango

Constitution des jeunes en groupements pour présenter leurs besoins Apprendre à gérer Importance de l’état d’esprit, sens du bien commun, de l’initiative, savoir détecter des AGR

CAEPCAB (40 groupts de 15 personnes )

Micro crédit aux groupements Mise à disposition de culture attelée aux groupements (2 paires par grpt) Construire un siège + véhicule Constitution d’un fonds de roulement Formation en gestion

BAD Contraintes sur la réalisation des projets : accès banque, transfert de fonds, crédit

Importance de l’alignement (stratégie 2014-2016, DCRP 2, PURDD) Le redressement économique contribue à la sécurité : ne pas attendre les élections sinon risque de dégradation (démarche volontariste) Importance du DDR dans les programmes (réinsertion pour la BAD). Formation pour ex-combattants dont beaucoup ont interrompu leurs études (formation cycles courts, projets approuvé)

Min. Du Plan

Revitaliser toutes les structures participatives S’appuyer sur les groupements bien implantés dans l’Ouham S’appuyer sur l’intérêt des

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 110

communautés à entretenir les routes (écoulement de la production) Effets sur l’offre agricole des THIMO pour pistes rurales Faire de petites formations de gestion (suivi de caisse)

Min. Agriculture

Bossangoa : zone de transhumance et non d’élevage Mettre l’accent sur le petit élevage familial

Union Européenne

Remettre en état d’autosubsistance, sortir de l’insécurité alimentaire : importance du stockage (greniers) et des marchés Raisonner par l’intérêt à agir

Min. des affaires sociales

Cercle vicieux de l’insécurité Repartir de la base, des groupements qui existaient (CVD comité villageois de développement, asso. de parents d’élèves, comité de point d’eau, animateur des affaires sociales). Les GIR, groupts d’intérêt ruraux, créé pour le coton pratiquaient le cantonage pour faciliter l’enlèvement du coton (intérêt à entretenir) Plus de concertation, d’échanges et d’accompagnement sur le terrain avec les ONG

Ambassade de Chine

Pauvreté : origine de la crise DDR : il faut donner des perspectives aux jeunes, de l’espoir Filière coton : trouver un arrangement : la France efface une partie de son arriéré, les bailleurs de fonds finance l’environnement, la Chine investit, la MINUSCA et la gendarmerie sécurisent. Ne plus discuter, agir Politique d’infrastructure indispensable (chemin de fer…)

FAO risques de la filière coton : dangers sanitaires et environnementaux, compétitivité sur les marchés internationaux

Rendre visible la relation gouvernance locale-économie locale (services publics comme acteurs éco : lien taxes et développement territorial) ; Tenir compte de l’expérience : capitaliser sur les THIMO, formation suffisamment longue (3 mois :

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 111

insuffisant, plutôt 6) Sofia crédit Formation

Garanties pour les petits commerçants Niveau de thésaurisation élevé : empêche de faire crédit Sécurité : risque de travailler à Bossangoa pour une banque mais il y avait des potentialités Besoin d’électricité, informatique, compétences bancaires Pb des garanties : peu de gens ont un titre foncier, seulement aval ou caution Pb de compréhension des garanties

Trouver des partenaires pour garantir les prêts (bailleurs, ONG, AFPE56, caisse de cautionnement à créer) Apprendre à épargner pour faire des projets formation

56

Agence pour la formation et l’emploi

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Etude du relèvement économique de la sous-préfecture de Bossangoa Page 112

Annexe 9 : Calendrier saisonnier de la sous-préfecture de Bossangoa (source ACF) Base - Bossangoa

Température élevée / sécheresse

Saison des pluies

Faible disponibii lté en eau

Mauvais état des routes / problèmes de transport

Période de soudure

Prix des pdts al imentaires vivriers de base élevés

Disponibil ité manioc sur marché

Prévalence de la MAM

1er cycle agricole vivrier S S R R

2ème cycle agricole vivrier S S R R

Culture coton

Production maraîchère

Production manioc, banane tarot

Pic Maladies humains

Diarhhée - maladie hydriques

Fièvre - Malaria

Maladie respiratoires

Rougeoles et autres maladies épidémiques

Pics Maladie Agro-Pasto

Problème phyto agricoles

Insectes invasion

Maladie animaux

Pic de travail pour les femmes

Travail agricole

Collecte noix de carité (huile) - FEMME

Collecte champignon - FEMME

Collecte feuil le pour manger ++ ++

Pic de travail pour les hommes

Travail agricole

Période de travail pour s'occuper des animaux Homme

Pêche

Chasse

Collecte miel

Travail artisanal- Homme

Pic de travail pour les enfants

Mariages

Vacances scolaires +++ +++

DIVERS

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+++

+++ ++

+++

+

+++ ++

+

++

+++ + ++ +

+++

+ ++ +++ + +++ +

MOYENS ECONOMIQUES

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New castle - volailles

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SANTE

+++ + +++

CALENDRIER AGRICOLE (S=Semis / P= Plantation / R= Récolte / V= Vente)

++ ++

ACCES / DISPONIBILITE ALIMENTATION

+++

+++ ++

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CLIMAT / ENVIRONNEMENT

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juil aout sept oct nov decjan fev mars avr mai juin