Réal Ouellet - Qu'est-ce qu'une relation de voyage

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  • Qu'est-ce qu'une relation de voyage ?

    Rcit d'une aventure, inventaire d'une richesse exotique et dis- cours fortement dramatis sur 'le contact avec un monde nouveau, la relation de voyage constitue. depuis une vingtaine d'annks. un champ d'investigation fort riche pour les sciences humaines et la thCone li tttraire '. C'est sur cetie triple dimension que j'insisterai, en prenant mes exemples dans les textes de la @riode coloniale fran- aise en Amerique du xvP au xviiiC sikle.

    Le pacte viatique La relation de voyage des xvP-xviie sicles p & d e d'un double

    pacte: l'un, actuniiel. avec le pouvoir qui la fonde; l'autre. littk- raire. avec le lecteur virtuel, qui donnera sens A I'entreprise de publication.

    Dans ses pikes liminaires, Champlain rappelle & plusieurs re- prises le pacte actantiel par lequel le roi chdtien l'a chargt de dC- couvrir des terres et de convertir les Sauvages d'Amtrique2. De la mme maniere. le jbuite Lejeune rappelle la mission. auestk par une pihe officielle. dont l'a charge le cardinal-ministre Richelieu : * Monseigneur le Cardinal [ . . .] nous donna un escrit signC de sa main, par lequel il tbmoignoit que c'estoit la volont de mondit Seigneur que nous passassions en Nouvelle Francew (J.R.. 1632. t. V, p. IOJ). Une citation biblique viendra rappeler que, pardela la puissance temporelle, le pacte rejoint Dieu lui-mme : r Twte puis- sance m'a ttC don& au ciel et sur la terre ; allez donc enseigner toutes les nations. baptisez-les, au nom du Rre. etc. Je suis avec vous, etc. r (Matt. XXVIII, 19). Par cette delkgation de pouvoir le missionnaire devient donc un agent de Dieu et du roi sur terre.

    C'est dans la ddicace que ce pacte s'exprime habituellement, & travers tous les c1ichCs du discours d'escorte traditionnel, qui oscille entre la preitrition suggestive et la parataxe hyperbolique4. car 1' hommage rendu un puissant de la terre. est en ralit demande de

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    protection et de pannage. en &change d'une prestation de service. comme le marque bien Champlain dans la d&icace de ses Voyages de 1 6 1 9. Le voyageur s'y affirme le mandataire d'un pouvoir qui l'a charge d'explorer ou de coloniser un territoire, de l'administrer, de convertir les Sauvages. Cette ddicace de 161 9 monire a quel point le contenu du pacte actantiel change d'un voyage a l'autre. II ne s'agit plus comme l'exprimait la formule vague de 1603. de r rendre fidele temoignage de la verit * ni. de rnaniere plus prcise. en 16 1 3, de prbsenter un Journalier des Voyages & descouvertures ., mais de rendre compte des meurs des Sauvages :

    Voicy un troisiesme livre contenant le discours de ce qui s'est pass de plus remarquable aux voyages par moy faits en la nouvelle France, A la lecture duquel j'estime que V. M. prendra un plus grand plaisir qu'aux precedents, d'autant qu'iceux ne designent rien que les ports, havres. scituations. & autres matieres plus propres aux Nautonniers. & Mari- niers, que non pas aux autres. En celuycy vous y poumz remarquer plus particulitement les murs & faons de vivre de ces peuples. tant en paniculier que general. leurs guerres. munitions, faons d'assaillir, & se deffendre. leurs expe- dit ions, retraicte en plusieurs particulai tez, servant eonten- ter w n esprit curieux [ . . . ] . Plus qu'un elargissement de la rnatire traitte. se manifeste ici la

    prsence d'un moi diegetique (. par moy faiu *) et d'une instance nonciaiive qui exprime nettement le double objectif de la relation de voyage : communiquer un savoir et relater une aventure. Le sa- voir con tentera une legitime curiosiid et le rdcii tiendra le lecteur en haleine. En suggtrant de lire son texte avec plaisir, Champlain dC- borde son file de voyageur-relaieur pour se poser comme tcnvain : d'une part. il annonce la v ide conaiive de sa relation (le plaisir du roi garantira 1 'appui il I 'entreprise) ; d'autre part, i 1 veut nouer avec la Cour un second pacte. d'ordre liitbraire.

    Si I'tptre prtsente l'entreprise de voyage comme la realisation d'un contrai de service avec le pouvoir, la pdface et les divers avis liminaires proposeni au lecteur le pacte par lequel le voyageur- relateur devient ecrivain : pardela le pouvoir qui l'a mandate en effet. I'auteur de la relation de voyage veut rejoindre un destinataire

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    plus large qui, son tour. le mandate pour publier un livre relatant son exprience de l'&ranger. De nombreuses pdfaces rappellent cette demande du public, mitonymis sous la figure des amis ou des

    gens de got M. Presque malgr4 lui, le Dutertre cde aux *ires- insrantes, & presque imponunes prieres * de ses amis ; Lahontan se laisse convaincre par a plusieurs Anglois. d'un mente distingub m et par divers autres [. . .) amis de donner une plus ample Relation des murs & coutumes des Sauvages. Sagard tht5mlise cette mise en place du pacte littraire en lui donnant la f m e d'un double debai, avec lui-mme d'abord, puis avec un reprsentant du public.

    Sa prttendue H navet n'empche pas Sagard de voir qu'en da venant crivain il change de destinataire et. par consquent, trans- forme I 'organisation et le contenu de son message. S'adressant de- sonnai s toutes conditions de penonnes , et non plus aux seuls devois et bonnes Smes aiiires par la conversion des Sauvages. il parsme son livre r de di venite de choses : les unes belles & remar- quables dans un peuple Barbare & Sauvage. & les autres b n i t a l ~ & inhumaines . vitant le r vain * et le u superflu m. i l crira atout ce qui se peut dire du pays & de ses habitans *. En visani le public let- tre plutt que le pouvoir mandateur. la relation de voyage publik ne cherche plus seulement ti rendre compte d'une mission ou dresser un inventaire, elle veut plaire des lecteurs plus intbre&s par les cu- riosits exotiques et le suspense d'une aventure que par la stricte exactitude historique ou encyclopdique. Par le fait mme. elle s'inscrit naturellement dans le champ litteraire que l'&poque clas- sique specifiait par sa double fonction didactique et divertissante.

    La relation d'une aventure La relation de voyage est d'abord le recit d'une aventure

    exploratoire ou missionnaire visant A glorifier l'action du prota- goniste; mais. en mme temps et de manikm paradoxale. elle raconte habituellement un Cchec5. Aprks son wriple autour du monde, Bougainville sait bien que le capitaine Cook l'a devance dans le Pacifique sud et que. dans son le &&nique de Tahiti. ses compagnons de voyage ont aiuap6 la petite vrole. Les mission- naires jsuites des annes 1630- 1640 savaient aussi qu'ils n'avaient baptis que quelques enfants et adultes mourants; peur-tre mme avaient-ils conscience d'apporter la maladie et la mort aux Hurons

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    qu'ils prtendaient conduire a la vie cotenielle. Au lieu de l'a et des diamants, Cartier n'a rappon que de la pyrithe de fer et du mica; Champlain. qui rvait de faire de Qubec un poste de douane entre l'Europe et l'Orient. ne dcouvre jamais la route ven la Chine fabu- leuse. Mais d'o vient qu'on ne ressente habituellement pas cet chec quand on lit une relation de voyage ? C'est qu'une stratbgie d'criture tri% habile russit a le faire oublier en conslm isan t, dans l'implicite du texte, la figure d'un hms triomphant le prendrai mes exemples surtout chez les missionnaires, parce que. ne pouvant s'hroser sur le registre des actions guemires, ils devront ruser da- vantage sur le plan du discours.

    travers I'4nome corpus constituC par les relations de voyage en Nouvelle-France. du xvic au xviiv sicle, j'ai cru d6couvrir trois procdCs uii IisCs par les auteurs pour heroser leur protagoniste. J'ai appelk le premier le micro-rcit hypothtique. Voulant expliquer I'khec de son apostolat missionnaire, le pre Lejeune Brit. dans sa Relation de 1634: a Si ce miserable Magicien [le sorcier] ne fus! point venu avec nous ces Barbares auroient pris grand plaisir A m'escouier (J.R.. t. VII, p. 88)&. L'tchec est avou. ceries. mais le missionnaire n'en peut porter la responsabilitt. ce premier type de micro-recit hypothtique, que je qualifierais de dtfensif, le narrateur en prferera manifestement un autre. dynamique celui-la. qui fera du protagoniste un acteur ei non plus un simple discoureur : u Le feu se prit pendant la nuit dans nbtre Cabanne, qui n'estoit compose que de Nattes de joncs. Nous y eussions tous este bmslez, si je n'avois renverse fon promptement la Natte qui servoit de porte ntre petit logis. lequel &oit tout en feu (Nouvelle Decouverte, p. 180). Que les occupants de la tente aient risqu de brler, on veut bien le croire ; mais prksenier une p s i bilitC comme un evenement anive. n'edt ti6 le geste du protagoniste. relve de la fiction hkmsante qu'utilisent volontiers les hommes publics.. . Employk abondammen4 ce pro- c6dC mue graduellement le protagoniste en acteur indispensable & la survie de I'enireprise. Un autre type de micro-rcit hypothetique. que je nommerai dkshistoricisant, crera un effet tout contraire lorsqu 'i l s'attaquera au h6ros avrb de l'histoire officielle. de ImHisfoire: A l'embouchure de la Riviere de Niagara le Sieur de la Salle avoit des- sein d'y commencer un Fort. II en seroit venu aisement a bout. s'il avoit seu se borner, & s'arrier 18 pendant une ann& (ibid., p. 47).

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    On mesure immdiatement l'efficacit de ce contre-dcit s'if se rpte souvent : en minant la crdibilit6 du htros atteste historique- ment (La Salle), i l substitue celuixi l'image du protagoniste victo- rieux, patiemment construite par la rhtorique du texte.

    Si le micm-recit hypothttique valorise le voyageur sur le plan de l'action. la manipulation du dialogue7 joue le mme r81e sur le plan des changes verbaux. Je mentionne seulement le procede courant qui consiste donner la parole au Sauvage pour lui faire tenir un discours colonisateur. Ce subterfuge rhtorique culmine dans les xenes d'adieu paihttiques o la voix collective des Sauvages clame les louanges d'une figure tutelaire, capable de repousser les assauts du diable ez d'assurer aux Amrindiens un commerce avec Tes Blancs dont i ls affirmeni ne pouvoir se passer! Mais le rcit de pa- role est habituellement beaucoup plus subiil et retors dans les dia- logues nombreux qui rythment le texte. Apparaissant souvent lors d'un temps fort de l'action, au moment o le protagoniste est confront A une ralit6 exterieure qui met en cause son projet, le dialogue est fortement oriente par ce que j'appellerais la vectorialitt narrative, qui oriente I'nonct dans la perspective du protagoniste- relaieur. Par exemple, au debut de son Vqvoge de 1603 (Des Sauvages, p. 8- 1 1 ), Champlain ponctue sa relation du dialogue avec le Grand Sagarno fi de Tadoussac par des expressions comme *je luy repliquay n, u II ne me dit rien, sinon, qu'il advooit [admettait] plustosi ce que je luy disois, que ce qu'il me disoib. qui veulent montrer une victoire verbale facile du voyageur* alors que, de toute evidence, celui-ci ne baragouine meme pas quelques mots de la langue u algournequine W . On comprendra I'impomnce la fois psychologique et namtive de cette prkiendue victoire verbale quand on se rappellera que le @re Lejeune n'htsite pas A poursuivre dans I'hy pothtiique un dialogue qu'il nppone avoir eu avec le sorcier :

    Mon sorcier demeura court $ cette demande; & comme il a de l'esprit. voyant qu'il s'alloit enferrer, s'il me respondoit directement. i l esquiva le coup: car s'il mnewst dit que ceste ame mouroit entierement. je Iuy aumis dit que quand on iuoit premierement l'animal son aine moumit il mesrne temps ; s'il mveust dit que cesie ame avoii une ame qui s'en alloit en un autre village. je luy eusse fait voir que chaque animal auroit

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    selon sa doctrine plus de vingt, voire plus de cent ames, et que le monde devoit esire rernply de ces villages oh elles se retirent. el que cependani on n'en voyoit aucun (J.R., 1634, t. VI, p. 178- 180).

    La stlection et la mise en place des fragments de paroles amrin- diennes s'effectuent donc panir de leur possibilite d'ench8ssernent dans la logique de I'enonc europen. Mme quand il ne vise pas un effet exotique (le style fleuri la sauvage), I'enchassement de la pa- role amerindienne. utilisant frequemment le style indirect et en mu!- tipliant les conjonctions de type oppositionnel ou causal. plaque une structure d'apparence logique sur un enoncC lourdement mtapho- fique et, de ce fait, rend celuici parfaitement incongm.

    Le troisime pmCdC, enfin, que j'appel Ierais un peu pompeuse- ment nallage pmnominal. consiste employer un pronom diffkrent de celui que semble exiger le contexte. Les religieux. par exemple, utilisent en tant que narrateurs un nous extensif qui renvoie tour tour aux quelques Phes de la mission canadienne. toute la corn- munautd travers le monde. ou au petit groupe form du mission- naire protagoniste et des Amerindiens qui l'accompagnent. D'autre part, en tant qu'acteurs, ils possedeni un statut particulier: s'ils par- ticipent aux actions collectives. ce n'est qu'indirectement. comme conseillers ou porteurs d'informations; leur inaptitude physique les empche de partager les t Aches quotidiennes (chasser, pagayer, par- tager), tandis que leur morale leur interdit de prendre part aux ac- tions guemres. Ce statut ambigu se reflte dans l'utilisation de diverses combinaisons pronominales. Ainsi, dans son Grand Voyage du pavs des Hurons, Gabriel Sagard cache le plus souvent son impuiSsance a prendre pan l'action sous le voile du nous collectif:

    Nous panmes . . . nous uouvmes.. . nous nous embarqumes et tous ensemble fmes loger.. . Significativemeni, le nom disparat lorsque le canot se bise sur les roches. parce que le narrateur aitri- bue implicitement cette mesaventure aux seuls Hurons, incapables de matriser les tltments naturels : a Mes sauvages furent contraints de prendre terre n (p. 337). Mais survienne une rencontre. immdia- iemen t le je se detache du nous : Nous traitmes des picerinis un morceau d'esturgeon. p u r un peiii couteau fermant que je leur donnai n (p. 336). L'action est collective, mais le geste est attribut

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    l'individu. de manire & dCgager le protagoniste relateur des figu- rants amrindiens.

    L'encyclopdie du monde dkouvert Toute relation de voyage doit rendre compte d'une richesse. spiri-

    tuelle (les conversions. les qualitks de. Sauvages) et ~ 4 r i e f i e sunout (les mines, la faune et la flore pmliftrantes). Mais comment ordonnancer cette richesse foisonnante sans jeter le lecteur dans la confusion du @le-mele ? Le journal de bord de l'explorateur. avec ses notations quotidiennes en style telgraphique, penne[ Cham plain de selectionner ei de &ier la ralitt gographique sur l'axe spatio-temporel. Les repres chronologiques et spatiaux tissent une trame sen& sur laquelle s'inscrivent un i tineraire et une observation qui dpendent autant des conditions naturelles que & la volonte des exploraieurs. Aimant6 par le *passage* vers l'(>rient, te regard observateur suit le rythme du baieau, s'accroche au relief ctier, cherche h percer le brouillard qui trouble la vision. Un autre pwdi. d'ordre parataxique, la listeY, si frquente chez Colomb et Cartier. permet aux premiers explorateurs de donner voir cette abondance et constitue une premiere prise de possession du territoire en mme temps qu'elle ckttbre une rincdable richessem. De ce pmced, il reste quelque trace chez Champlain. qui distribue la matire des- criptive sur I 'axe chronologique de 1 'aventure exploratoire :

    Ces isles sont remplies de pins. sapins, boulleaux & de trembles. [,,.] Aux deux autres il y a une telle abondance d'oiseaux de differentes especes. qu'on ne pouroit se I'ima- giner si l'on ne I'avoii veu. comme Cormorans, Canards de trois sones, Oyees. Mamettes. Outardes. Pequets de mer, Beccacines. Vaulioun, & auires Oyseaux de proye : Mauves, Allouettes de mer de deux ou trois especes ; Herons, Goil- lans, Courlieux, Pyes de mer. Plongeons. Huau. Appoils, Corbeaux, Grues, & autres sortes que je ne cognois point. lesquels y font leurs nyds. Nous les avons nommees, ides aux loups marins.

    Mais au lieu de se fenner sur elle-mme, de constituer un ensemble autonome, I'enurneration a plut88 tendance devenir embrayeur narratif, comme le monire la suiie du passage :

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    Elles sunt par la hauteur de 43. degrez Br demy de latitude. distantes de la terre ferme ou Cap de Sable de quatre cinq lieues. Aptes y avoir pasd quelque temps au plaisir de la chasse (& non pas sans prendre force gibier) nous abordames a un cap qu'avons nomme le port Fourchu [...] (Vqvages, 1613, p. 12-13).

    La profusion, qui incite d'abord au plaisir de la chasse, motive la pounuite de l'entreprise et relance le reve de conqutte.

    La richesse des Tems neuves s'exprime encore dans la divenit&, que ne cesse de cblebrer Sagard, comme une manifesiation de l'infinitude de Dieu. Si cette surabondance d'une nature gCntreuse s'ordonne dans des ensembles peu complexes. fondCs sur la juxta- position (a il y a.. ., ils ont.. .. il y a encore.. . ). une certaine forme de hierarchisation rudimentaire tend se faire jour. qui deroule sous les yeux du lecteur le riche tapis des merveilles exotiques : u Ils ont aussi vois sortes et espces d'cureuils di fferends [. . .]. Les plus es- timts sont [. ..] la troisitme espce # (Sagard. Le Grand Vbyuge, p. 307-308).

    Chez d'autres voyageurs. dont le rapport au tedoire est plus colonisateur qu'osrnoiique, les 6numCrations auront tendance a dis- tribuer la rnaiire encyclopdique dans des grilles ob se laisse d6ji deviner un souci taxinomique tfmentaire. Diverses tables classent la faune, la flore. les tribus sauvages d'apres leur rt5partition gogra- phique (les arbres a orientaux u et e occidentaux a), leur apparte- nance une vaste catgorie (oiseaux, insectes, poissons), leur fonc- tionnalite. La divetsitt sauvage se trouve ainsi domestique, distribue dans des ensembles diffrencis qui tiennent autant la nature du projet colonisaieur, ii I 'orien tation idologique de l'auteur qu'a une taxinomie elmeniaire. Dcrivant les envimns de QuCbec. Champlain mentionne les bonnes terres pleines d'arbres, comme chesnes. cyprtz. boulles. sapins & trembles. & autres arbres fruic- tiers. sauvages et vignesr, en pensant au radoub des navires, a la consimction des maisons et la nourriture. comme le confirme par- tiellement la suite de Ir phrase: n A mon opinion, si elles estoient cul t ivees. elles semient bonnes comme les nosves fi (Des Sauvages, 1603. p. 15). Chez Sagard. la seleciion et Ir hierarchisation de. donnees, tout en se fondant sur un motif d'ordre fonctionnel,

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    procede d'une tendance culturelle qui voit le monde sauvage comme un espace dCnique A admirer plutt qu'a exploiter. Plutt que sur l'immense fort qui fascine et effraie les autres voyageurs, Sagard s'attarde sur les arbustes fniitien qui offrent. portCe de main. leurs fruits comme un don de Dieu : bleuets. framboises. groseilles, raisins sauvages, baies d'amlanchier. aiocas. Les seuls arbres dcrits sont I'atti dont les Hurons tirent des fils, des cordes et des lanires pour

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    rosiis au Soleil [...]. J'en ay veu de vestus de peau d'Ours. justement comme on peint S. Jean Baptiste. [...] II y en a de vestus entieremeni, ils ressemblent tous A ce Philosophe de la Grece, qui ne portoit rien sur soy qu'il n'eut fait (J.R.. 1632. ii. V. p. 22-24).

    Certes. Lejeune utilise cenains refrents de la rtalitb sociale de son poque. un peu comme Sagard et HCrodoie avaient recours a la zoologie cornpar&. mais il y ajoute des rtfkrents culturels fort dif- frents: les images de saint Jean-Baptiste et de Diogene. Ce qui donne au a tableau de Lejeune son caracthe homogne, c'est la vi- sde missionnaire qui l'innerve. Si loignes les uns des autres que soient les comparants. ils n'en constituent pas moins la figure d'une humanite susceptible de conversion.

    On voit par cet exemple que l'observation et la reprbseniation objectives du rfel sont une fable. L'observateur. aussi bien que le descripteur. a une culture. appartient A un groupe qui a sa mentalit. Surtout. il a un projet. Si je viens. comme Gauguin. peindre en m'loignant de la civilisation. je n'aurai pas sur les Tahitiens le re- gard d'un noble du xviiiC sicle, ientC par l'action, la philosophie et la decouverte, je n'aurai pas le regard de Bougainville. Rappelons simplement l'une des scenes les plus attendues de la relarion de voyage en Nouvelle-France : ce1 le du supplice amCrindien trouvant son apotheose dans I 'anthropophagie. Prenons encore une fois I'cxernple du jesuite Lejeune. Il appartient un ordre qui a une mystique militaire : soldat du Christ, i l a pour mission de combattre les suppis de Satan. Chaque jour. dans ses exercices spiriiuels. i l se represente le Chrisi sanglant en croix. dont il espre suivre l'exemple dans ce qu'il appelle le martyre. II n'est donc pas sur- prenant qu' peine dbarqu. i l fasse. dans sa courte Relation de 1632. deux descriptions hautement dramatises de ce supplice, telle- ment l'image du sang ver& occupe son univers menial. Alors qu'un Sagard admire les chatoiements de la dorade au soleil ou que d'autres voyageurs se plaisent obsenier la prolif6ration de la morue sur le grand Banc de Terre-Neuve. Lejeune prend plaisir de voir une si grande tuerie. & tant de ce sang rpandu sur le tillac de nostre navire w (J.R.. t. V, p. 14). Cette fascination de la mort violente et du sang v e d dirige son regard avide sur le corps du

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    Sauvage supplici et le porte une dramatisation extrme comme dans cette scne o un prisonnier chappe ses vainqueun : u Ils le reprirent. luy firent encor endurer le feu une autrefois, il estoit tout noir, tout grillt. la graisse fondoit & sortoit de son corps 8t avec tout cela il s'enfuit encor p u r la seconde fois. & I'ayans repris. ils le bnislereni pour la troisiesme 1.. .] . (ibid., p. 54).

    J'ai tente de montrer ailleun 12 comment la graisse degoulinant du corps reprbsente le ftminin, I'h6terosexuel. le plaisir du boire et du manger, car, chez Lejeune. salet I graisse I sexe f cuisine cons- tituent un rseau serti' de connotations lies Zt %a femme, dont les *discours sont puants comme des cloaques# (J.R.. 1634, t. VI. p. 252-253). la salet6 du corps gras des femmes. ou du corps gonfle de noumture et de dtsirs du sorcier, s'oppose le corps purifi. r6duit 3 sa maigreur essentielle. du Sauvage supplici6. qui n'est autre que le corps souffrant du Christ - ou celui du missionnaire, quand il imagine sa propre mort de la main des Indiens.

    cette conception antinomique du corps de l'homme et de la femme. il faudrait opposer celle d'un recollet, disciple de saint Franois d'Assise, Sagard. qui presente les jeunes Honquemnonnes comme des reprsentations picturaies de la Renaissance : r tes jeunes femmes et fi Jles semblent des nymphes, tant elles sont bien accommodes, et des biches. tant elles sont lgres du pied w (Le Grand Voyage, p. 344). Il faudrait opposer aussi celle du protestant Jean de Lry. qui, dans son voyage au Brsil. tvoque une double image des Indiennes: les esclaves qui se baigneni 4 toutes les fontaines & rivieres qu'elles rencontrent 1, (p. 1 1 1). puis la nuit ve- nue. se promnent niotites nues parmi nostre islew, *pour leur plaisir (p. 1 1 2)- et les femmes libres qui u hurloyent H autour du voyageur, sautans en l'air de grande violence faisoyent branler leurs mamelles & escumoyent par la bouche (p. 242-2431, Com- ment ne pas voir alterner ici l'image d'une figure printanire h la Botticelli et celle de la sorciere dont le corps en mnse est habit4 par le diable?

    La dramatisation de I'nonc Je releverai un dernier point de ce que peut tre une analyse 1 it-

    teraire * de ta relation de voyage, celle de la dramatisation extrme de l'nonce. Le premier effort de dramatisation portera sur les

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    limites de I'infomaiion appow* car l'entreprise encyclo#dique ne saurait jamais prendre en compte la i ~ a l i t t du hl. D'une part, comme on l'a vu. la rali te nouvelle ne imuve pas toujours un r6fB rent dans l'univers du deslinauire ; d'autre part, aucun observateur ne pourrait pdtendre avoir tout vu ni twt consign. Dans les deux cas. l'auteur tournera a son avantage les limiies de son infmaiion en avouant u navement m son impossi bilitt de vansmettre son savoir. ou en utilisant la pr6itrition. qui permet de dire un peu. par allusion, tout en animant qu'on ne dira pas. Le vide digetique ou inforniatif ainsi cd6 sollicite l'inttrvention fabufatlice du lecteur virtuel.

    Les limiies de IqenquCte ameneront encore l'auteur h s'inscrire dans le sillage d'une tradition dans laquelle i l puise mais qu'il d6- nonce du mme coup. Sagard emprunte largement a Lescarbot qui s'inspire de Cartier et de Ltry. Mais de peur que I'empnint mine l'intrt de la relation de voyage qui fonde son pouvoir sur la nou- veaur, le relateur aura tendance lt combattre ses pddkesseurs lors mme qu'il leur emprunte. Ainsi verra-t-on Lafitau, Lebeau et Charlevoix condamner vivement Lahontan au Rom de la remcit ethnographique. Des 1 609, Lescarbot polemique avec Champlain h qui i l reproche de se contredire. II lui reproche encore de u bailler B des fables * comme tel le description invraisemblable des Amou- chiquois ou encore cette plaisante histoire X+ du monstre a Gougou qui fait peur aux petits enfansm (Histoire. 1609. p. 415). Champlain dpliqwra vivement h son tour dans ses Vqwges de 161 3 en afir- mant que son contradicteur n'avait pas quitte Port-Royal et Lembot reviendra il la charge dans la derniere tdiiion de son Histoire, en 16 1 8 (p. 359).

    Si la dramatisation polemique vise 2 asseoir I'autaitt du relateur aux dtpens de ses prdkesseurs, certains pmtdts touchent le geste mme d'4cnre. l'ai trac6 fon la hte cette relation. crit le pre Lejeune en post-scriptum A sa Relation de 1636. tant& en un endroit. iani6t en un autre ; quelquefois sur les deux. d'autres fois sur la terre; enfin je la conclus en la RCsidence Notre-Dame des Anges. proche de Ktbec en fa Nouvelle-France. r Dans une autre Rehiion, celle de 1 633. nous lisons : II m'est a h v qu'dcrivani fort prs d'un grand feu, mon encre se geloit. * Un autre Jesuite. le pre Bressani ne craint pas d'crire en 1642: Ma leta est mal &rite et assez sale. parce que. enire autres infimitts, celui qui l'&rit n'a plus qu'un doigt en-

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    lier A la main droite et ne peut empcher le sang qui dkocoule de ses plaies encore ouvertes de salir le papier. Son encre est fme de poudre 2 fusil dClay6e et la terre lui sert de table. r

    Cette dramatisaiion sait aussi abandonner le gros plan pour suivre le travail de I'kcriture, qui assemble les matriaux. les critique et les ordonne. Dans un passage qu'on dirait sorti d'un anti- roman du xviiC sicle, Lescahot se livre A une spectaculaire mise en x&nc textuelle :

    Ayansi ramen le Capitaine Jacques Quartier en France. il nous faut retourner querir le sieur Champlein. lequel nous avons laiss h Tadoussac, fin qu'il nous dise quelques nouvelles de ce qu'il aura veu & ou p m i les Sauvages de- puis que nous l'avons quitte. Er a fin qu'il ait un plus beau champ pour rejour ses auditeurs, je voy le sieur Preven de Sainci Malo qui l'atient h I'Ile perce en intention de lui en bailler d' une (Lescarbot. Histoire. 1609. p. 4 15).

    Autant que l'acte d'&rire. c'est la relation avec le destinaiaire qui se trouve eloquemment dramatiste. Ou bien le relateur accumule les formules monsiratives (a vous voyez m, vous dinez B. d'Abbeville, Histoire de la mission des Pkns capucins, 1614, p. 30- 3 1 ). i nciiatives (a Vous pouvez excuser ce Sauvage M. d9Evreux. Voyage, p. 260) ou carrment prescriptives (K coutez le teste de son discoun r, ibid.); ou bien i l fait mine d'instaurer un dialogue avec le lecteur virtuel lorsque la situaiion didactique le pennet : Pour vous le fain voir, vous devez remarquer que [ . . .]. Si vous me dires que [. . .]. Partant. il faut conclure que [. . .] r (ibid., p. 172-1 73); ou bien encore i l utilise toutes les ficelles du roman : tertres sans rponse, manuscrits perdus. rencontres rates, autocensure : *Je n'oserais vous crire cette affaire, de crainte que ma Lettre ne soit intercepttk*. ecrit Lahontan, bien conscient du suspense qu'il provoque (Nouveaux Voyages, p. 382).

    Cette double dramatisation, de l'criiure et de la ommunlcalion avec le lecteur virtuel. est bien illustr6.e par Sagard, qui &rit, vers la fin de son Grand Voyage: *Continuons notre. voyage et prenons le chemin A main droite n (p. 34), marquant par Ih que la ~Crtable aventure est celle de 1'6criture. Une semblable affirmation de la primautt de I'ecriiure sur l'aventure coloniale se trouve aussi chez

  • 300 La recherche l i tieraire. Objets et mthodes

    Lejeune. qui, a la fin de sa Relniim de 1633. s'excusera, auprs de son suprieur. de se perdre adans les kritures : uCe n'estoii pas mon dessein de tant escrire. Les feuillets se sont multipli6s inensi- blement, & m'ont mis en tel point qu'il faut que j'envoie ce brouil- lard, pour ne pouvoir tirer & metm au net ce que je croirois debvoir estre presentt h V[otre] R[vCrence] * (J.R., I. VI, p. 26). Comment mieux dire que nait la litterature quand la vide didactique et auto- justificative se perd dans le brouillard n de I'criiure IiMre?

    ( Universit Laval)

    1. Je signale quelques ttudes imporinntes en bibliographie (en fin dc section), On y zrouven par riilleurs Ics r t f ~ n c t s mmplktcs de toutes 3ts relaiions ck voyages ci iks.

    2. Voir a Au Roy rn dans V r ~ w ~ e ~ r , 16 F 3. En 1632, Champlain Itvoquera les u Descouvents m accomplies a sous I'rilictoritt de nos Vices-rois * ci a de vostre Gnndtur w. Voir aumi les nornb~euses pibcts ofictelles rzpduites au d6bwt ei B In fia de sa rtlatirion par Claude dmAbbevi1le. Hittoie de b mission der P P m ~.opuc~n.r en I'lsk de Murugnun (1614).

    3. Nous abkgcons ainsi les dfrences des dazions tirdts des Reir~inm dm jbuites dans The Jesuit Rellrrinnt and ollied Dtx~mmt~, R. G, Thwaites Id.), Cleveland, Bumws. 1 8%- 190 t .

    4, Je n'entreprendrai pas, Sire, de faix ici le dttait de tout ce que vbtre rare prudence, & v&re invincible valeur ont fail [...] r (Hcnnepin. r Au Roy de la Gnnde Bretagne a, Nnuvefic Dcnuvem, 1697).

    5 . A I'inveru. tout voyage pounit im vu comme une cxpCrie~e initiatique : aller vers le pays fabuleux, stmC de dangers; insertion dans le pays inconnu, avec une tome quelconque d'adoption ou dbensauvogemni; reiour en Europe, tnnsfom par son exptriencc.

    6. Voir !orne VI, p. 125 : ri Si l'impudique sorcier ne fust pas venu dans la Cribanc oii j*estois, j'avois gai@ cda sur mes gens, qu'aucun n'moii parler des chmes des-honnestes en ma prtsence. Cette analyse m'a tit5 suggkrc prit une Crude de Fa syntaxe temporrlle dans le Description de fa httifiam par Hdttnc Vachan : H L'implicirc comme langage publicitaire m, nrdcs linCniims (QuCbs). vol. X, n" 1-2, avril-adii 1977, p. 175-194. 7. J'ni abord6 ce sujet de manitte un peu diffticnic dans a Quelqw i~spects du

    dialogue dans la =laiion de voyage m. dans P u ~ m r s et rrncorttws~ MClangts de Iungbc. d 'hktnirr et de littCmrurr fmnuisex ofserfs r ) h a Balmas, iume II : xv riiE-xP sicle, Klincksicck, 1 993, p. 1099- 1 1 1 1 ; voir aussi, Cvidernmcnt, It texte de Normand Doiton.

    8. Sur la port& symbolique et thmiiqut dc cette ctdmonic dts adieux voir I'introduciion au G m d Vn~agc (rip. tir., p. -74-36) ; voir cncort um &ne acwz

  • Nouveaux objets. objets construits 301

    semblable h la fin de la Nmrelle Rclaiicln de Cuspsie, q m d klcrcq quitte les Micmacs (p. 538-555).

    9, tri liste lenumtmtive implique d'abord une p&durt de nomination ohertnie p u r les objets inconnus en Europt. Elle permet aux relateun de mn- iirir. non seulement leur comptence lexiak en fmqais, mais amsi leur maiirise du monde .sauvage qu'ils peuvent nommer en langue autmhtm. Voir, par cxtrnpk. S a p d . a ILS cnfsuis du Diable [ks @ans?], que les Huron!! appellent S-iiiigarex~e, el les Ciwadiens B u h u ~ i munitnu (k Gmnd Voyqc, p. 309).

    1 0. Voir prit exemple Lnudonnire, Hi.ric)irc mtablc de la Floride, p. %. 1 1 , kscar2>oi, H i . ~ f o i de lu Nrruwlle- Fmmc, 1 609, p. 8 1 4 ; rtprifi textuella-

    mcn t gr S ngard dans son Grund V n y ~ e , p. 3 1 8, 12. Sauvages dqAmCriqwe et dirrwrs hktdmlugiquem. tudes lifl4mires (@6bbC), vol. XXII, no 2, automne 1989. p. 121-122.

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    Pau f Bleton

  • 304 ta recherche littraire. Objets et mbthdes

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    Fmand Rqv