POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

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UNIVERSITE LYON II t U.E.R. : INSTITUT DE FORMATION AUX PRATIQUs PSYCHOLOGIQUES, SOCIOLOGIQUES ET EDUCA|ES POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A MADAGASCAR DE 1810 à 1910 THESE DE DOCTORAT DE 3E CYCLE DE SCIENCES DE L'EDUCATION PRÉSENTÉE PAR : ABRAHAM LATSAKA Sous LA DIRECTION DE : MONSIEUR MAURICE MANIFICAT DIRECTEUR DE RECHERCHE À L'UNIVERSITÉ LYON II 1 984

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UNIVERSITE LYON II t

U.E.R. : INSTITUT DE FORMATION AUX PRATIQUs

PSYCHOLOGIQUES, SOCIOLOGIQUES ET E D U C A | E S

POLITIQUES SCOLAIRES

ET

STRATEGIES CONCURRENTIELLES

A MADAGASCAR DE 1810 à 1910

THESE DE DOCTORAT DE 3E CYCLE

DE SCIENCES DE L'EDUCATION

PRÉSENTÉE PAR :

ABRAHAM LATSAKA

Sous LA DIRECTION DE :

MONSIEUR MAURICE MANIFICAT

DIRECTEUR DE RECHERCHE À L'UNIVERSITÉ

LYON II

1 984

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- S O M M A I R E -

NOTE LIMINAIRE SUR LA PRONONCIATION DES MOTS MALGACHES.

AVANT-PROPOS.

INTRODUCTION GENERALE.

*****

PREMIERE PARTIE

LES STRATEGIES D'INSTALLATION ET LEURS CONSEQUENCES.. 24

INTRODUCTION 25

CHAPITRE I : LES TENTATIVES D•EVANGELISATION CATHOLIQUE A MADAGAS­

CAR AU XVIIe SIECLE 26

1 - Les Portugais 26

2 - Les Français 27

CHAPITRE II : LE PIONNIER DES OEUVRES PROTESTANTES DE MADAGASCAR :

LA LONDON MISSIONARY SOCIETY (L.M.S.) 31

CHAPITRE III : LES CIRCONSTANCES DE LA PENETRATION PROTESTANTE ... 34

1 - Les ambitions de Radama 1er 34

2 - La politique de Farquhar 35

CHAPITRE IV : LES MISSIONS RELIGIEUSES ET LA PRESENCE DE LA FRANCE

SOUS LE REGNE DE RADAMA 1er 40

1 - La mission protestante anglaise agréée 41

1.1. Le premier essai, un début tragique et éphé­mère 42

1.2. Le deuxième essai : décisif et efficace 43

1.2.1. La première école protestante à Tananarive 44

1.2.2. La deuxième école 45

1.2.3. La troisième école 46

1.2.4. L'école centrale 46

1.2.5. Le début de la scolarisation des cam-

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1.2.6. L'Enseignement professionnel 48

1.2.7. "Ny Roambinifololahy" ou la préparation d ' une élite 50

1.2.8. Des enfants malgaches boursiers du gou­vernement britannique 51

1.2.9. La Société missionnaire scolaire 52

1.2.10. La fixation de la langue malgache ... 53

1.2.11. La traduction de la Bible 55

1.2.12. L'imprimerie et l'impression de la Bible ... 56

2 - La mission catholique française interdite 58

2.1. Encore des essais sans succès 59

2.1.1. M. de Noinville du Gléfier 59

2.1.2. M. Monet 59

2.1.3. M. Durocher 59

2.1.4. L'apostasie plutôt que le martyre .... 60

2.2. La demande catholique refusée 61

2.3. La présence "virtuelle" de la France à

Madagascar 62

CHAPITRE V : RANAVALONA 1ère ET LES "ORGANISATIONS" ETRANGERES, POLITIQUES ET RELIGIEUSES : LE RETOUR AUX TRADITIONS ANCESTRALES 65

t

1 - Gouvernements britannique et français sous le règne de Ranavalona 1ère 66

1.1. Les relations anglo-malgaches se détériorent 67

1.2. La France revendique ses anciennes prétentions sur les côtes malgaches 68

1.3. Une coalition de circonstance 68

1.4. Trois rescapés français préparent le terrain à la France et à la mission catholique 69

1.5. La riposte anglaise 72

2 - La mission protestante anglaise sous Ranavalona 1ère: l'oeuvre menacée 75

2.1. Les efforts des missionnaires de la L.M.S. portent leurs premiers fruits 75

2.2. La reine Ranavalona 1ère s'inquiète, interdit et persécute 76

3 - La mission catholique jette ses fondements sous un climat de persécution 78

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3.1. M. Henri de Solages, martyr catholique sous Ranavalona 1ère 78

3.2. Aux aguets à partir des petites îles, la mis­sion catholique s * organise 80

3.2.1. Dalmond à Sainte-Marie : de nombreux baptêmes ... des écoles pour bien plus tard.

81

3.2.2. Dalmond à Nosy Be et aux îles voisines.

81

3.2.3. Madagascar aux Jésuites 82

3.2.4. Les établissements malgaches à la Réunion 83

3.2.5. Mahagolo, dans la baie de Baly, premier établissement catholique à Madagascar 84

3.2.6. Deux missionnaires catholiques s'infil­trent à Tananarive 85

CHAPITRE VI : RADAMA II ET LES "ORGANISATIONS" ETRANGERES : UNE POLITIQUE D'OUVERTURE SANS LIMITES 87

1 - Radama II et les puissances étrangères : les portes grandes ouvertes 87

2 - La mission catholique "gagne du terrain" et s'installe 89

3 - La mission protestante se réorganise 91*

CHAPITRE VII : PUISSANCES ET "ORGANISATIONS" ETRANGERES AU TEMPS DES PREMIERS MINISTRES 93

1 - Les relations extérieures se détériorent ; les ambi­tions coloniales françaises se réveillent 94

2 - Le protestantisme en faveur 97

3 - La mission catholique en difficulté 98

3.1. La suprématie protestante 102

3.2. La mission catholique se défend 103

3.2.1.Les Soeurs de Saint-Joseph de Cluny : le premier renfort 103

3.2.2. Les Frères des Ecoles chrétiennes : le deuxième renfort 104

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CHAPITRE VIII : L•ADMINISTRATION COLONIALE S » INSTALLE 106

1 - La conquête du pouvoir politique. 106

1.1. La pacification 106

1.2. La réorganisation administrative 107

2 - Le contrôle du pouvoir économique 108

3 - La conquête du pouvoir culturel 109

3.1. L'Administration coloniale et les missions religieuses : un choix quelque peu "catholique"... 109

3.1.1. L'ascension des Jésuites 110

3.1.2. Les protestants en détresse 112

3.2. L'enseignement officiel s'organise 115

3.2.1. Des écoles confessionnelles catholiques officielles 116

3.2.2. Des écoles officielles et laïques .... 119

3.2.3. Le contrecoup de l'anticléricalisme français à Madagascar 120

CONCLUSION 123

DEUXIEME PARTIE

LES STRATEGIES PEDAGOGIQUES ET LEURS RESULTATS .. 126

INTRODUCTION 127

CHAPITRE I : BUTS, FINALITES OU OBJECTIFS 129

1 - La pédagogie d'inspiration protestante et les protes­tants à Madagascar 129

2 - La pédagogie d'inspiration catholique et la mission catholique à Madagascar 135

3 - La pédagogie d'inspiration coloniale et la politique scolaire française 145

CHAPITRE II : METHODES ET TECHNIQUES PEDAGOGIQUES 153

1 - Les protestants de la grande île s'inspirent de la méthode de Bell et Lancaster 153

2 - Les catholiques et leurs méthodes d'enseignement à Madagascar : la fidélité aux sources 157

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2.1. Les jésuites et leurs méthodes d'enseignement dans la grande île : fidélité au Ratio studiorum . 158

2.2. Les Frères des Ecoles chrétiennes et leurs méthodes pédagogiques à Madagascard : fidélité à La conduite des écoles 162

2.3. Les Soeurs de Saint-Joesph de Cluny et leurs méthodes pédagogiques à Madagascar : à la mode du temps 168

3 - L'Administration coloniale et ses méthodes pédago­giques . 170

CHAPITRE III : LES PROGRAMMES SCOLAIRES : L'ADMINISTRATION COLO­NIALE UNIFICATRICE ET DIRECTIVE 173

1 - La période précoloniale : à chacun son programme .. 173

1.1. Le programme scolaire protestant 174

1.2. Le programme scolaire catholique 176

2 - Depuis la colonisation : vers un programme unifié . 177

3 - La langue d'enseignement 180

3.1. Les protestants pour un enseignement en mal­gache 181

3.2. Les catholiques, "propagateurs du français" . 182

3.3. L'Administration coloniale contrainte au bi­linguisme 183

CHAPITRE IV : LES ECOLES ET LES DIFFERENTS NIVEAUX D'ENSEIGNEMENT: LE GENERAL GALLIENI ORGANISATEUR 188

1 - Avant la colonisation : l'époque des écoles libres et confessionnelles. 188

1.1. Les écoles du premier degré ou écoles d'église 190

1.2. Les écoles de second degré ou supérieures ... 192

1.2.1. Les écoles protestantes prédominantes. 193

1.2.2. Les écoles catholiques se défendent... 197

2 - Après 1896 : L'enseignement officiel et laïc s'or­ganise 201

2.1. La mission catholique à l'honneur 201

2.2. L'enseignement officiel et laïc dans une orga­nisation fonctionnelle de la colonisation 204

2.2.1. Les écoles primaires rurales ou du pre­mier degré. 206

2.2.2. Les écoles régionales d'apprentissage industriel et agricole 206

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2.2.3. Les écoles supérieures 207

2.3. De la collaboration à la concurrence 210

2.3.1. Le temps de la collaboration 211

2.3.2. La concurrence triangulaire 212

CHAPITRE V : UNE LEGISLATION SCOLAIRE ENGAGEE 217

1 - Avant 1896 : une législation scolaire favorable à l'enseignement protestant 218

2 - Depuis la colonisation : une législation scolaire qui frise l'anticléricalisme 222

2.1. Une législation de collaboration 223

2.2. La législation d'inspiration laïque 224

2.3. Une législation plutôt anticléricale 226

CHAPITRE VI : LE PERSONNEL ENSEIGNANT : SA FORMATION, SON ENCA­DREMENT ET SA PROMOTION 230

1 - Des politiques de formation analogues 230

2 - Toutes les "organisations" pour une politique d'en­cadrement 233

3 - Une politique de promotion dominée par l'Administra­tion coloniale 235

CHAPITRE VII : LES ACTIVITES DE SOUTIEN EDUCATIF, UN DOMAINE DE PACIFIQUES CONCURRENCES 238

1 - Les sociétés 238

2 - Les aides gouvernementales 240

3 - Les travaux d'impression et littéraires 241

CHAPITRE VIII : LES RESULTATS DES STRATEGIES PEDAGOGIQUES A TRAVERS UNE "STATISTIQUE EN QUESTION" 244

1 - La "statistique en question". 244

2 - Les écoles et leur répartition ; 1'Imerina et le Betsileo privilégiés 256

3 - Les élèves et leur avenir. 259

CONCLUSION 267

ANNEXE I

ANNEXE II

BIBLIOGRAPHIE

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- 1 -

- I N T R O D U C T I O N -

Située dans l'Océan Indien entre les 12e et 26e degrés de latitude

Sud et les 40e et 48e degrés de longitude Est, Madagascar est séparée

de l'Afrique par le canal de Mozambique, large de 400 kilomètres dans

sa partie la plus resserrée. Sa forme rappelle celle d'un pied gauche.

Pour reprendre l'image employée par le Père de la Vaissière dans son livre

Histoire de Madagascar, elle est comme une reine autour de laquelle de

nombreuses îles "forment sa garde d'honneur" (1).

à l'Est : les îles Sainte-Marie, la Réunion et Maurice,

- au Nord : les îles Nosy Be, Nosy Mitsio, Mayotte et l'Archipel des Comores,

- à l'Ouest celles de Juan de Nova et de l'Europa.

Avec ses 592.000 kilomètres carrés, Madagascar a la superficie

de la France, de la Belgique, de la Hollande et du Luxembourg réunis.

C'est l'une des plus grandes îles du monde, la troisième après l'Australie

et Bornéo. Elle est en revanche très peu peuplée. En 1938, Adrien Boudou

écrivait :

"La population totale de Madagascar est de 3.702.000 habitants, dont 27.000 Européens, 11.000 Africains, Hindoux, Chinois, etc.. et 3.663.000 indigènes, ..." (2)

Actuellement, on l'estime à environ 10.000.000 d'habitants.

Ainsi, de par sa situation dans l'Océan Indien, entre l'Océanie

et l'Afrique, sur la célèbre route des Indes, Madagascar a été de tout

temps un lieu de croisement d'influences, aussi bien politiques, économiques

que culturelles. C'est ce qui fait sans doute de cette grande île "une vérita­ble synthèse du monde" (3).

Sa géologie et l'histoire de son peuple, sa géographie, physique

et humaine, semblent bien confirmer la véracité de cette image :

"Une synthèse du monde" (3)

Une constitution morphologique originale, une diversité géographique

et raciale et une unité de la langue et des coutumes font ses traits parti-

* **# *

(1) La Vaissière (P de). Histoire de Madagascar, ses habitants et ses missionnaires, p.VII (introduction).

(2) BOUDOU (A), Les Jésuites à Madagascar au XIXe siècle, Paris, Beauchesne et ses fils, 1940, Tome I.

(3) Malley (S). "Un atout pour la région" AFRIQUE-ASIE (Spécial). M.1013-280 du 18/10/82, p. 88. Imp. "Les Marchés de France".

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- 2 -

culiers.

Madagascar faisait partie du Gondwana, ce continent aujourd'hui

disparu, qui comprenait également le Dekkan, l'Australie et l'Afrique

du Sud. Elle se serait séparée de celui-ci à la suite de phénomènes tecto­

niques qui se seraient produits il y a environ 70 millions d'années.

Sa diversité géographique repose sur cinq grandes régions naturelles:

- au Nord un ensemble triangulaire caractérisé par son excentricité et

le compartimentage de son relief. Il correspond en gros à la province

de Diégo-Suarez,

- à l'Est, une façade longée de lagunes et de dunes, traditionnellement

appelée "Côte-Est", et qui est occupée dans sa partie centrale par la

province de Tamatave,

- au Sud et Sud-Ouest, une région semi-désertique, avec une aridité croissan­

te du Nord-Est au Sud-Ouest. C'est dans l'ensemble la province de Tuléar,

- à l'Ouest, une région de grands espaces, la "Côte-Ouest", découpée par

de grands fleuves ; elle est occupée au nord par la province de Majunga

et au sud par celle de Tuléar.

- enfin un plateau massif et bosselé, avec une altitude moyenne de 800

à 1400 mètres, occupe tout l'intérieur du pays. Au centre de l'île, il

constitue les "Hautes terres" correspondant aux régions de 1'Imerina et

du Betsileo, lesquelles représentent respectivement les provinces de Tana-

narive et de Fianarantsoa. Celles-ci tiennent une grande place dans l'histoi­

re de l'enseignement à Madagascar.

Bref on ne peut s'empêcher de reprendre ces lignes combien poétiques

de la revue Afrique-Asie citée plus haut pour exprimer cette diversité:

"L'hétérogénéité des sots, le compartimentage des régions, ta diversi­té des retiefs, des climats et des végétations font de Madagascar, cette îte surprenante, si difficile à catatoguer. L'esprit se perd dans tes contrastes. En quetques heures, te voyageur passera des rizières de t 'Asie aux ergs du Sahara, des ptages de Potynésie aux canyons de Colorado, de la forêt êquatoriale aux paysages de l'Auvergne ". (1 )

Sa diversité raciale se caractérise par la présence de plusieurs

types humains dont l'existence trouverait sans doute son explication dans

l'origine des Malgaches et le mode de peuplement de cette île.

*****

(1) MALLEY (S) "Un atout pour la région", AFRIQUE-ASIE (Spécial). M. 1013-280 du 18/10/82, p. 88, Imp. "Les Marchés de France".

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- 3 -

Carte physique de Madagascar

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Extrait du livre d'Adrien BOUDOU : Les Jésuites à Madagascar au

XIXe siècle, (annexe). T. II.

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- 4 -

•Limites de provinces • « préfectures - - sous-préfectures

• Chef-lieu de province v) Préfecture • Sous-préfecture

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Carte des provinces, préfectures et sous-préfectures au 31/12/65.

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- 5 -

L'anthropologie physique n'est pas encore bien avancée dans ce

pays mais les constatations scientifiques faites ces dernières années

ont permis de distinguer trois types dans la population malgache :

- Un type brun clair, asiatique, aux cheveux droits ou ondulés,

aux traits assez fins, aux lèvres assez fortes et à la taille moyenne.

Il est très proche des Indonésiens. Il se rencontre surtout chez les Merina

(Hautes terres ou Hauts plateaux), dans la proportion de 45 % environ.

Il se rencontre aussi mais en moindre importance chez les Sihanaka, les

Tsimihety, les Tanala, les Betsileo et les Antanosy.

- Un type noir, africain, aux cheveux crépus, aux lèvres épaisses,...

qui comprend un groupe de petite taille comme les Antesaka et un groupe

de grande taille comme les Bara. Mais ce type n'est absent nulle part.

On le retrouve chez les Merina et chez les Betsileo.

- Un type mixte, à la peau brun foncé, aux cheveux frisés, aux

lèvres généralement épaisses, ... au nez court ... C'est le type le plus

fréquent. Il représente au moins 35 % des Merina, 44 % des Betsileo et

45 % des Bara...

À ces grandes catégories viennent s'ajouter des subdivisions qui

renforcent cette diversité qui, sans aucun doute, t i r e s a source dans

l'origine même des Malgaches et le peuplement de Madagascar.

L'absence de tout témoignage historique, écrit ou oral, fait qu'elle

est très mal connue et a donné lieu à de nombreuses hypothèses.

Dans un chapitre intitulé "L'origine des Malgaches" dans l'ouvrage

Civilisation Malgache, Louis Molet, alors maître de recherche à l'O.R.S.T.O

O.M. (Madagascar) écrit :

"On sait approximativement que les familles des Chinois, des Indiens et des Pakistanais actuellement établis dans Z-'-Cle, n'y sont arrivées que vers la fin du XIXe siècle. On sait que les Européens n'ont connu les parages malgaches qu'à partir de 1498-1500. Que les Makoa ou Masombiky, d'origine africaine mais complètement assimilés, furent introduits non seulement pendant toute la traite européenne du bois d'ébène, mais dès longtemps auparavant sur la côte Ouest, selon le témoignage du Jésuite portugais Luis Mariano (1617)".

(1) * * * # #

(1) MOLET (L) "L'origine des Malgaches" p.43, Civilisation Malgache.

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- 6 -

Et il ajoute :

"Par contre nous ne savons rien des énigmatiques Kinosy, ni des mystérieux Vazimba. Rien ou presque, de l'origine des Tankarana du Nord, des Sàkalava, des Masikoro, des Mikea, des Vezû de l'Ouest, des Karimbola, des Mahafaly, des Tandroy du Sud, des Tanosy, Taifasy, Tesaka, Temoro et autres peuples du Sud-Est, des Bara et des Betsileo des Hautes Terres du Sud, des Betsimisaraka et des Betanimena de l'Est, des Vàkinankaratra, des Merina... des Tsimihety . . . des Sihanaka..." (1).

Et il fait remarquer que " oes groupes malgaches s 'ils ont tous un air de famille, sont cependant fort différents, à plus d'un titre les uns des autres" (2).

Or, c'est ce deuxième groupe dont on ignore totalement l'origine, qui

constitue le fond et l'essentiel du peuple malgache.

Les données des diverses méthodes utilisées, dont certaines ne

sont pas encore pleinement exploitées (anthropologique, ethnographique,

géographique, historique et linguistique) montrent le rattachement du

peuple malgache aux populations de l'Asie du Sud-Est et indonésiennes.

Il y a certes des influences et des groupes qui sont venus de l'Afrique

et du monde arabe, mais le fond est essentiellement asiatique. L'existence

de quelques faits et l'observation de quelques phénomènes semblent bien

confirmer cette hypothèse. On connait en effet qu'il existe des courants

marins et des vents réguliers au Nord et au Sud de l'Equateur, allant

tous en général de l'Est à l'Ouest. C'est ainsi que, en 1883, des pierres

ponces provenant de l'explosion du volcan Krakatoa, dans le détroit de

la Sonde, entre Sumatra et Java, furent retrouvées, une cinquantaine de

jours après, sur une grande partie de la côte Nord-Est de Madagascar.

Les hardis navigateurs du Pacifique et de l'Océan Indien (Polynésiens,

Mélanésiens, Malais) se seraient servis de ces mêmes courants marins et

alizés.

"Un tel voyage, avec femmes, enfants, ustensiles divers, nous paraît aujourd'hui impossible" (3)

écrivaient BASTIAN (G) et CROISON (H) dans un livre d'histoire de Madagascar

pour l'enseignement du premier degré. Mais ils ajoutaient :

"Pourtant, début XIXe siècle, un petit bateau malais, pris dans une tempête dans l'Est de l'Océan Indien, fut déporté jusqu'à Tamatave" (4).

(1) MOLET (L) "L'origine des Malgaches" p. 43, Civilisation Malgache

(2) Ibid, p. 44

(3) BASTIAN (G) et CROISON (H). Histoire de Madagascar pour l'Enseignement du premier degré. Tananarive, 1960, p. 8.

(4) Ibid

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T Carte daa courants da migrations vara Madagascar La raconstitution du péripla des immigrants asiatiques (Malayo-Polynésiens) est hypothétique. D'après

N. Deschamps les premiers navigateurs auraient suivi les côtes d'Asie et d'Afrique (tracé septentrional). Pour d'autres chercheurs, les pirogues auraient utilisé le courant équatorial et traversé l'océan Indien à la hauteur des archipels signalés sur la carte, qui ont pu servir d'escales.

Arabes et Africains ont traversé le canal de Mozambique, les premiers échangeant armes contra esclaves. Ils ne semblent pas avoir dépassé la sud de Sofala, où les courants très variés rendent la navigation difficile.

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"'• » Trajets possibles des Malayo-Polynésiens * »» Directions des migrations arabes et africaines

Extrait du livre de BASTIAN (G). Madagascar. Etude géographique et économique.

(carte agrandie)

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• Carte de* principaux courants marins dans l'océan Indien Le rôle des courants a été essentiel dans la navigation océanienne. Ils favorisent les déplacements dans

les deux sens entre l'est et l'ouest. Le courant Sud est te plus direct vers Madagascar où il se divise en deux branches. Les courants Nord permettent de longer le continent asiatique.

Extrait du livre de BASTIAN (G). Madagascar. Etude géographique et économique.

(carte agrandie)

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- 9 -

Le mode de peuplement à la suite des diverses migrations a encore

favorisé la diversité de ce peuple.

La mise en place des différents groupes de population sur le territoire

a été certainement conditionnée :

- d'une part par les possibilités d'installation offertes par la nature

à des hommes dépourvus de grands moyens techniques (facilité de cultures,

existence de forêts pour la cueillette et la chasse)

- d'autre part, par les conflits entre tribus, à la recherche de nouvelles

terres et l'arrivée de nouveaux immigrants qui provoquaient la pénétration

progressive vers l'intérieur. Le relief très compartimenté a favorisé

ainsi la multiplicité des groupements avec une dispersion et une localisation

de la population suivant le degré d'adaptation aux conditions naturelles.

Ainsi peut-on distinguer :

1) Les peuples de la forêt qui sont :

a) Les Tanala et les Bezanozano qui, probablement repoussés vers

la zone boisée qui a constitué pour eux un refuge, vivaient du produit

de la cueillette et du tavy (culture du riz en montagne après défrichement

de la végétation naturelle).

b) Les Antandray et les Mahafaly, dans le Sud, qui sont également

des groupes réfugiés- et prisonniers du milieu naturel.

2) Les peuples de la côte Est :

a) Au Centre-Est les Betsimisaraka, qui seraient "doux et travailleurs

.,. grands défricheurs de forêts et initiés aux commerces" comme les quali­

fient certains historiens.

b) Au Sud-Est les Antaimbahoaka, les Antaimoro, les Antaifasy,

qui ont subi une profonde influence arabe.

c) Au Nord-Est, les Tsimihety, agriculteurs et éleveurs qui, d'abord

installés dans la baie d'Antongil, ont étendu leur domaine vers l'Ouest

et le Nord.

3) Les peuples pasteurs de l'Ouest :

Bara et Sakalava, se sont adaptés aux plateaux uniformes et secs

du pays Bara, dont le climat et l'hydrographie favorisent plutôt l'élevage

que 1'agriculture.

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- 10 -

4) Les peuples des Hautes Terres centrales :

Ceux-ci ont dû s'adapter à des conditions de vie difficiles, dues

au climat d'altitude qui fait de ces régions un pays tempéré plus que

tropical.

En parlant de ces groupes de populations, CHAPUS et DANDOUAU disaient:

"Le climat assez rigoureux de la région du plateau, en créant des besoins à la population, avait contribué à la disposer au travail, et cette heureuse contrainte n 'avait pas tardé à produire ses effets habituels ... elles (les populations) étaient devenues laborieuses et leur intelligence s'était affinée" (1).

Ces peuples sont :

a) Les Sihanaka, autour du lac Alaotra : pêcheurs, cultivateurs

et éleveurs.

b) Les Betsileo, réputés pour être les meilleurs paysans de l'île

avec leurs rizières aménagées sur les flancs des collines.

c) Les Merina, les premiers à bénéficier de l'introduction des

techniques occidentales à travers les relations de Madagascar avec les

Européens et la colonisation française, ont la réputation d'être actifs,

industrieux et intelligents...

Ces peuples des Hautes Terres centrales ont bénéficié les premiers,

et longtemps avant les autres, comme le montre l'histoire, des bienfaits

ou plutôt des conséquences du développement de l'institution scolaire

à Madagascar.

Mais à cette diversité géographique et raciale s'oppose l'unité

de la langue et des coutumes.

L'explication est-elle dans cette origine commune dont le fond

est essentiellement indonésien ?

Comme l'écrit Hubert DESCHAMPS, la langue malgache "appartient indiscu­tablement au rameau indonésien des langues malayo-polynésiennes"(2).

Celles-ci ont l'essentiel de leur vocabulaire et leur phonétique

identiques. Madagascar possède de nombreuses analogies linguistiques avec

ces pays :

- dérivation avec des préfixes "m" pour les verbes, "p" pour l'agent.

- emploi des préformants comme "maka, maha, manka" (exemple : mankarary:

qui rend malade ; mahasitrana : qui guérit).

*****

(1) CHAPUS et DANDOUAN. Manuel d'histoire de Madagascar, p. 80-90.

(2) DESCHAMPS (H), Histoire de Madagascar, Paris, Berger-Levrault, 1972 p. 19.

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Carte des ethnies de Madagascar.

0

•M.5iMOrjf1ET

Extrait du livre d'Adrien BOUDOU : Les Jésuites à Madagas

au 19e siècle, (annexe) T. I. car

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- 12 -

- utilisation de suffixes ou infixes "in ou om" (ex. : vidy donne vinidy=

acheté) .

C'est donc de cette origine commune que la langue malgache tire

son unité. Hubert DESCHAMPS ne dit-il pas encore dans ce même ouvrage

que :

"d'une tribu à l'autre la langue conserve son uni-té qui l'apparente aux parlers orientaux, mais avec mille différences de termes, de sens, de tournures, de prononciations" (1).

Mille différences ! Peut-on vraiment parler de différence, du moins fondamen­

talement ? Quelle valeur un vrai Malgache, nous entendons par là celui qui

a appris à parler dans sa langue maternelle, qui a grandi sous l'emprise

du milieu et des traditions de son pays, accorderait-il à cette expression,

combien imagée, mais combien exagérée. Dans cette île aussi vaste que

la France et la Belgique réunies, on se comprend, même si parfois on est

obligé d'incliner l'oreille pour mieux entendre, ou de demander à l'interlo­

cuteur de parler moins vite. Des différences de prononciation, il en existe,

mais elles ne peuvent pas être un obstacle majeur à la compréhension,

pour peu qu'on soit attentif. C'est ainsi que, dans le Sud par exemple

la lettre "d" est remplacée par "1". Le mot "vady" (époux ou épouse) connu

comme tel dans le reste du pays, devient "valy" dans la région de Tuléar.

Or ce mot "valy" se retrouve dans le pays Betsimisaraka, sur la côte orienta­

le, avec le sens de beau-frère, dans le mot valilahy (époux mâle). Il

s'agit du frère de l'épouse ...

Des différences aussi, si l'on veut, quand on considère la disparition

ou l'utilisation abusive ou la spécialisation de certains mots dans quelques

régions. Par exemple, pour désigner le chien, le pays betsimisaraka utilise

les mots "amboa, kova", tandis que sur les hauts plateaux centraux on

emploie "alika". Or dans ces régions de hautes terres, il existe un proverbe

qui dit : "akanga maro tsy vakin'amboa". Se rapportant à la solidarité,

il signifie littéralement que "lorsque les perdrix sont nombreuses, elles

résistent à l'attaque des chiens". On assiste à un phénomène d'appauvrissement

de la langue dû au cloisonnement de la population et au manque de voies

de communication. Le mot amboa désignerait donc à l'origine le chien de

chasse, c'est ce qui explique son utilisation dans la zone forestière

de l'Est où la chasse au sanglier ne peut se faire que très difficilement

sans cet auxiliaire. La région des hauts plateaux en revanche, déboisée

depuis très longtemps, a perdu l'habitude de cette chasse et ne connaîtrait

(1) DESCHAMPS (H), Histoire de Madagascar, Paris, Berger-Levrault, 1972 p. 19.

Page 20: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 13 -

actuellement que le chien de garde "alika". Le "kova" désignerait le basset.

Un autre exemple porte sur le mot qui désigne le "poisson", "lôko" à la

côte Est, "fia" à l'Ouest et "trondro" sur les Hauts plateaux centraux.

Différence aussi si l'on veut, mais nous dirions plutôt spécialisation.

Sur les Hauts Plateaux, le mot "laoka" (lôko) désigne tout ce qui se mange

avec le riz en particulier : viande, poisson, bouillon. Sur la Côte Est,

où l'on pratique beaucoup la pêche, on mange du riz, le plus souvent avec

du poisson, c'est pour cette raison, peut-être, que le mot "laoka" (lôko)

y a perdu son sens général pour se confiner aux mets particuliers que

sont les poissons. Quant au mot "fia", il désignerait le nom général des

poissons (fia = poisson). En effet, il existe sur la Côte Est des poissons

particuliers comme "fia-potsy" (poisson blanc). Le mot "tondro" des hauts

plateaux désignerait tout simplement le poisson d'eau douce.

Il s'agit donc, bel et bien d'une seule et unique langue, mais

l'isolement de chaque tribu e^t l'adaptation à un certain mode de vie

ont fait que certains mots et expressions sont plus employés ici et oubliés

là, utilisés dans leur forme originelle ici, modifiés par la prononciation

ailleurs.

Cette unité du peuple malgache se retrouve aussi dans les coutumes.

On peut penser qu'elle provient également de cette souche commune

qui apparente les Malgaches à la fois aux Malayo-Polynésiens et aux Africains,

ou qui fait d'eux le résultat d'une fusion que M. Louis MOLET traduit

ainsi en concluant une étude sur l'origine de ce peuple :

"La population Malgache ne peut être classée ni- avec les Africains, ni avec les Asiatiques, mais constitue un groupe particulier dû à la fusion prolongée de représentants de ces deux groupes, compliquée par la suite par d'autres apports qui donnent aux différentes ethnies malgaches actuelles leur physionomie spécifique. Sa présence dans l'île est sûrement ancienne et doit dépasser deux millénaires... " (1).

De cette "fusion prolongée", il se dégage une impression d'unité

que révèle une étude ethnographique, qu'il s'agisse de techniques, de

la société ou des traits culturels.

"Les différences provinciales résultent de la géographie, mais l'ensemble présente une similitude frappante" (2).

*****

(1) MOLET (L) "L'origine des Malgaches", Civilisation malgache, p. 51.

(2) DESCHAMPS (H). Histoire de Madagascar, Paris, Berger-Levrault, 1972 p. 21.

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- 14 -

En effet, malgré de petites variantes dans les techniques, dans

l'organisation de la société et dans les pratiques culturelles, le fond

indonésien ou africain persiste et se retrouve dans toutes les régions.

Dans le domaine des techniques, ce peuple a hérité :

a) de l'Indonésie : le défrichement par le feu, la bêche à long manche,

les rizières inondées, la culture du cocotier, la pratique de la pêche

au cachalot et à la tortue, l'utilisation de la pirogue à balancier ;

tressage des corbeilles et des nattes, tressage du coton et des fibres

végétales ; utilisation des calebasses et des bambous pour chercher ou

conserver l'eau ou un liquide quelconque ; maisons végétales rectangulaires

sur pilotis avec toits à deux pans fortement inclinés, et bois croisés

sur les cases des chefs ; circoncision ; sculpture sur bois ; etc..

b) de l'Afrique : importance du boeuf comme signe de richesse ; entaille

aux oreilles des boeufs ; tissage du coton ; utilisation de silo pour

la conservation des grains ou des légumes ; bouclier rond ; sculpture

sur bois ; etc...

Dans le domaine social et culturel, on observe également cette

même dualité d'origine mais aussi cette même unité de pratique dans les

différentes régions de l'île.

En matière d'organisation sociale, le peuple malgache hériterait

des Indonésiens, par exemple : les clans patrilinéaires mais avec des

traits matrilinéaires ; la liberté sexuelle des jeunes filles ; les relations

prénuptiales ; les femmes offertes à l'hôte (notamment chez les anciens

Sakalava) ; le père qui prend le nom de son fils ; la fraternité du sang

(fatidra) ; la terre propriété du clan ou de la grande famille ; on ne

verse pas le sang d'un roi ...

De cette même souche, ce peuple hériterait aussi en matière de religion

d'un dieu sans attributs ; d'un culte des ancêtres qui constitue le lien

majeur du groupe...etc.

L'Afrique de l'Est est également source de nombreuses pratiques

dans ce domaine : clan patriarcal ; liberté de moeurs pour les célibataires

des deux sexes ; respect de la femme ; culte des ancêtres ; importance

sociale du boeuf...etc.

Ainsi à la diversité géographique et ethnique s'oppose l'unité

de la langue et des coutumes, unité que l'on retrouve à des variantes

près, dans les pratiques éducatives, desquelles il faut retenir une certaine

représentation de l'enfant dont la naissance est toujours un événement

Page 22: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 15 -

heureux chez les Malgaches. Toutes ces pratiques qui visent à faire de

lui un homme fort et viril ou une femme capable de donner de beaux enfants,

reposent sur la fonction sociale de cet être. M. DUBOIS, dans sa Monographie

des Betsileo, souligne l'importance de cette fonction :

"L 'enfant est ardemment souhaité non seulement parce au 'il est la continuation de la vie et des traditions transmises par les ancêtres, mais parce qu'il est pour ses parents la garantie de l'accomplissement des rites funéraires, nécessaires à leur introduction dans la société des mânes, dont après la mort, ils devront faire partie. Qui les leur assurera sinon leur fils ?" (1)

Telle est l'image rapidement esquissée de cette grande île qui,

avec sa complexité et son unité, mérite bien le qualificatif de "synthèse

du monde". ^

^ C'est dans ce pays, avec tout ce qu'il a d'insulaire, de primitif

et de civilisation visiblement orientale que des occidentaux, dans leurs

élans religieux ou leurs ambitions politiques, viennent greffer l'institution

scolaire. Les politiques menées dans ce domaine ne manquent pas de susciter

une certaine curiosité, d'une part du fait même que cette institution

a été introduite dans ce pays par des étrangers, des européens en particulier,

et ce dans une société de civilisation purement orale, d'autre part en

raison des concurrences qu'elles ont manifestées, entre les différents

partenaires que sont les missions religieuses, protestantes et catholiques,

et l'administration coloniale française.

La mission protestante qui a le mérite ou la fierté d'avoir créé

la première école à Tananarive le 8 Décembre 1820 est d'origine anglaise.

Elle fait partie de la Société des Missions de Londres ou "London Missiojrtnary

Society" plus connues sous les abréviations "L.M.S.". Bien que renforcée

dans son action par d'autres missions protestantes de diverses origines

et plus particulièrement par la mission protestante française, c'est elle

qui a joué dans ce groupe le principal rôle, du moins jusqu'en 1897.

Quant à la mission catholique, elle est d'origine française, ce

qui n'était pas favorable à une bonne cohabitation avec la précédente

vu les rivalités politiques et économiques entre la France et l'Angleterre.

Après un essai des Lazaristes à Fort-Dauphin, dans l'extrême-sud de Madagas­

car, ce sont les Jésuites qui, malgré leur entrée en scène tardive et

les hostilités dressées contre eux, ont défendu l'oeuvre scolaire dans

ce "clan".

*****

(1) DUBOIS (H.M.). Monographie des Betsileo (Madagascar) 1938. Institut d'Ethnologie. Paris, p. 369.

Page 23: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 16 -

Enfin, le troisième partenaire, entré en jeu en 1896, c'est l'adminis­

tration coloniale française.

Ce sont les trois plus grandes formations auxquelles sont venues

évidemment s'en adjoindre d'autres dont il ne faut pas ignorer l'existence

mais dont l'action est moins importante ou dépend des premières. Ainsi,

du côté de la London Missionary Society (LMS), on peut citer la présence

par exemple de la "Society for the Propagation of the Gospel (SPG)" à

partir de 1864, de la "Friend Foreign Mission Association (F.F.M.A.)"

ou Quakers à partir de 1866 ; de la "Mission Luthérienne Norvégienne"

(M.L.N.) en 1866 ; en 1897 la Société des Missions de Paris (S.M.P.).

Les Jésuites, eux, ont fait appel aux Frères des Ecoles Chrétiennes

et aux Soeurs de Saint-Joseph de Cluny. Plus tard, depuis la colonisation

officielle, des pères du Saint-Esprit sont venus s'installer dans le Nord

de l'île et des Lazaristes dans le Sud.

Enfin sous l'Administration coloniale, si le Général Galliéni a

été le principal organisateur de la politique scolaire, ses successeurs

n'ont pas manqué d'apporter les modifications que réclament selon eux,

les nécessités politico-économiques du moment.

Ces différentes "organisations" ont toutes, dans la réalisation

\de leurs projets, investi dans l'enseignement comme si c'était leur champ

d'action privilégié.

Ainsi, pendant ce XIXe siècle, la population malgache des régions

scolarisées a-t-elle connu d'abord dans un premier temps, un enseignement

confessionnel, protestant d'une part et catholique d'autre part ; ensuite

dans un deuxième temps, un enseignement laïc et officiel, qui est venu

s'ajouter aux deux premiers. Et tout cela dans un climat de rivalité et

de concurrence tel qu'on se demande parfois si ces "organisations" ont

agi pour les seuls intérêts de ce peuple "sauvage" à qui elles déclaraient

toutes apporter les bienfaits de la civilisation occidentale. N'est-on

pas en effet en droit de les soupçonner de défendre certains intérêts

particuliers de leur pays d'origine si l'on sait par exemple,

- que le gouverneur de l'île Maurice qui était alors colonie anglaise

et les membres de la London Missionary Society de Madagascar se soutenaient

solidement dans des circonstances diverses,

- qu'en France, il existait une relation étroite, d'une part, entre le

Ministère de la Marine et des Colonies et le Séminaire du Saint-Esprit "chargé de fournir des prêtres pour le recrutement du clergé des colonies françaises" (1).

#####

(1) BOUDOU (A). Les Jésuites à Madagascar au XIXe siècle, p. 69.

Page 24: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 17 -

d'autre part, entre le gouvernement français de l'époque et le Saint-Siège,

quant à la nomination et à l'affectation des membres du Clergé, comme

l'attestent

"l'Ordonnance royale du 17 Août 1829, qui nomme Henri de Solage Préfet apostolique de l'île Bourbon, et les décrets de la Propagande des 17 Janvier et 12 Septembre 1829, qui étendent cette préfecture respectivement à l'île Sainte-Marie et à Madagascar" (1)

- que, enfin, l'Administration coloniale est la conséquence ou, si l'on

veut, la suite logique de la politique de conquête de la France. Voilà

autant de questions que l'on peut se poser concernant les mobiles qui

ont poussé chacune de ces "organisations" à s'installer à Madagascar.

Considérant ces dernières à travers leurs stratégies d'installation,

leurs activités et leurs rivalités, sur cette île, notre problématique

consistera à nous interroger, dans une attitude comparative, sur leurs

politiques scolaires ou éducatives, domaine dans lequel, sans exception,

elles ont toutes investi avec force, dans un esprit de concurrence. Comment

et à quel niveau cette dernière s'est-elle manifestée : politique, pédagogi­

que, statistique ... ? Cette compétition n'a pas été sans laisser de

traces. On en verra les résultats. Enfin, après les avoir déterminés,

on se demandera si le bilan a été nuisible ou utile au pays.

Telles sont les questions auxquelles cette thèse se propose de

répondre.

Vu la nature de ces "organisations" à l'initiative desquelles l'Ecole

naquit et se développa, l'histoire de cette institution se trouve intimement

liée à celle de 1'évangélisation et de la colonisation du pays. Autrement

dit, on ne peut étudier l'une sans se référer à l'autre et réciproquement.

Etant donné le fanatisme qui entoure souvent tout ce qui touche

à la politique et à la religion, le problème de la méthodologie en vue

d'une meilleure objectivité est d'une grande importance. Or, s'agissant

d'un sujet historique, son étude reposera particulièrement sur l'examen

de documents. Les différentes périodes qui couvrent l'époque considérée

n'en offrent pas cependant les mêmes possibilités de récolte, comme il

a déjà été signalé.

*****

(1) Congrégation de la Propagande. Le guide des Missions catholiques T.II (1936) p. 171.

Page 25: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 18 -

Notre documentation a été constituée à partir :

- des bibliothèques nationales de France et de Madagascar,

- de quelques bibliothèques des missions catholiques et protestantes des

deux pays également,

- des archives nationales et coloniales françaises, et des archives nationales

malgaches.

Quant aux archives de ces mêmes missions religieuses à Madagascar,

nous n'avons pas pu en tirer pleinement profit car certaines portes, comme

celles des Frères des écoles chrétiennes de Soavimbahoaka, nous ont été

plutôt fermées par une fuite polie des responsables qui justifient 1'inacces­

sibilité par le manque de classement ou de personnel ou l'existence éventuelle

de dossiers confidentiels non communicables à une personne étrangère à

l'ordre religieux concerné. Si cet état de chose ne permet pas une remontée

à la source sur le lieu même de l'histoire, il ne constitue pas cependant,

dans le cas présent, un grand handicap car :

- d'une part, les maisons mères françaises des "organisations" considérées

ont gardé dans leurs archives les rapports et les correspondances provenant

de leurs missions étrangères. C'est par exemple le cas de la Province

de Toulouse pour les activités de la mission catholique et de la Société

des Missions Evangéliques de Paris pour celles des protestants...

- d'autre part les documents que nous désirions consulter, nous les connais­

sions, hélas au second degré, à travers les écrits de ceux qui avaient

accès dans ces archives. Nous pensons, entre autres, à M. Adrien BOUDOU

qui a écrit : Les jésuites à Madagascar au XIXe siècle, à M. Jean BIANQUIS,

auteur du livre : L'oeuvre des Missions protestantes à Madagascar, etc..

Ces difficultés n'ont donc pas nui à la variété de nos documents,

composés :

- d'ouvrages comme ceux qui sont cités plus haut,

- de périodiques,

- de rapports des Préfets apostoliques, des Missionnaires protestants

et des Gouverneurs généraux,

- de lettres des missionnaires,

- d'arrêtés pris par l'Administration coloniale.

Ces documents présentent dans l'ensemble un caractère très apologétique

sur le plan politique et religieux. Les renseignements d'ordre pédagogique

Page 26: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 19 -

y sont plutôt maigres, et il faut les chercher entre les lignes. Chaque

"organisation" a ses défenseurs. Du côté protestant on peut citer par

exemple, M. Jean BIANQUIS, MM. CHAPUS et MONDAIN, M. RAVELOMANANA, ...

du côté catholique, évidemment, M. Adrien BOUDOU, MM. COLIN et SUAU, le

Père de la Vaissière, ..., enfin du côté de l'Administration coloniale,

le Général Galliéni lui-même, M. GAUTIER, M. CHAPUS (S), etc..

L'examen de ces documents nous a permis d'identifier trois partenaires

privilégiés :

1°) La London Missionary Society, renforcée à partir de 1861, dans cette

équipe protestante, surtout dans l'occupation du territoire par :

- la Mission des Quakers (Friends Foreign Mission Association)

établie à Tananarive à côté de la L.M.S,

- la Mission ritualiste de l'Eglise Anglicane (Society for the

propagation of the Gospel) sur la côte Est,

- la Mission Norvégienne Luthérienne dans l'Ankaratra et le Betsileo,

- la Mission Luthérienne d'Amérique à Fort-Dauphin, dans le Sud,

-!- la Mission Protestante Française ne devient un partenaire de

première importance qu'à partir de la colonisation officielle française,

événement qui a déterminé son installation à Madagascar.

2°) Les Jésuites d'origine française, soutenus dans leurs oeuvres scolaires

par les Frères des Ecoles Chrétiennes et les Soeurs de Saint-Joseph de

Cluny, et secondés dans l'occupation du pays, à partir de 1896, par les

Père du Saint-Esprit au Nord, dans la province de Diégo-Suarez et les

Lazaristes au Sud, à côté des Missions luthériennes américaines.

3°) L'Administration coloniale française, pendant le séjour de deux gouver­

neurs généraux, le Général Galliéni et M. Victor AUGAGNEUR.

Ces trois grandes divisions dominent le traitement des matériaux

utilisés dans la réalisation de ce travail. D'où un classement en groupes

et sous-groupes, qui permet une analyse synoptique des documents, c'est-

à-dire une comparaison des mêmes corpus dans diverses séries, car il arrive

qu'un même thème soit traité par des auteurs de tendances différentes.

Etant donné les origines lointaines, aussi bien géographique qu'historique,

des "organisations" en question, nous nous sommes efforcé de faire une

étude comparative à la fois verticale et horizontale. Dans le premier

Page 27: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 20 -

cas, il s'agit d'une comparaison interne à l'intérieur d'une même "organisa­

tion", dans son comportement dans le temps et l'espace. Autrement dit,

nous nous sommes demandé/si celle-ci a gardé, par exemple, la philosophie,

les méthodes et les procédés de sa souche européenne dans sa nouvelle

conquête.!" Dans le deuxième, il s'agit d'une confrontation des attitudes

des différentes "organisations" en présence, devant les mêmes problèmes,

lesquels portent plus particulièrement sur les politiques scolaires et

les stratégies mises en oeuvre.

Encore faut-il s'entendre sur ces concepts. Par le qualificatif

de "scolaire" qui traduit un rapport avec l'école et les écoliers, nous

voulons nous limiter aux problèmes de l'enseignement, sans pour cela vouloir

opposer ce terme à celui d'éducation qui attribue à l'acte d'éduquer un

caractère total ou global, prenant en compte la personnalité entière de

l'éduqué, et à l'acte d'enseigner, un caractère plus étroit et plus particu­

lier, qui considérerait seulement les possibilités intellectuelles de

l'enseigné et ne s'adresserait qu'à la mémoire et à l'intelligence. Nous

dirions plutôt avec Gaston MIALARET que :

"Cette opposition est fallacieuse : en enseignant, en proposant et en expliquant un savoir, on agit sur l'ensemble d'une personnalité, aussi bien sur son affectivité que sur son intelligence, sur son caractère que sur sa mémoire. On fait constamment appel à sa volonté et à son désir d'apprendre. D'autre part, éduquer sans enseigner, sans transmettre un savoir est un leurre : en parlant à un individu, on communique un savoir : le savoir être, le savoir-faire sont des produits de l'enseignement aussi bien que de l'éducation" (1).

Cela étant, le choix des mots scolaires et enseignement s'impose

cependant ici pour le besoin de la délimitation du sujet, le terme éducation

impliquant, à notre sens, l'examen des facteurs sociologiques comme les

moeurs et les coutumes, sur lesquels nous ne voulons pas nous appesantir.

On ne s'étonnera donc pas vu la corrélation qui existe entre ces mots

de les voir se côtoyer tout au long de ce développement.

Quant au vocable "stratégie" il est pris ici comme "la science ou l'art de combiner ou de coordonner des actions, en vue d'atteindre un but" (2),

ou un objectif dont la définition relève de la politique qui détermine

le cadre général et les grandes orientations. Les notions de but et d'objectif

*****

(1) MIALARET (G). Vocabulaire de l'éducation, Paris, PUF, 1979, p. 204.

(2) Ibid, p. 321.

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- 21 -

appellent cependant les précisions suivantes :

"être capable de faire une addition de deux nombres comportant plusieurs chiffres est un objectif" (1),

car cette capacité peut être observée, testée et évaluée, alors que,

"rendre les enfants autonomes, l'autonomie étant un principe éthique, est un but, une finalité mais pas un objectif" (2).

Un autre concept qu'il faut encore cerner de plus près est celui

d'Ecole, qui doit être entendu comme un

"établissement organisé pour un enseignement collectif" (3)

des enfants et des adolescents. Cela exclut ces réunions au clair de lune

ou autour du feu, pendant lesquelles, dans la société traditionnelle malgache,

les aînés racontent aux plus jeunes des histoires ou légendes, souvent

pour les sensibiliser aux problèmes sociaux ; en fait, il ne peut s'agir

là d'un enseignement organisé.

L'étude de l'institution scolaire à Madagascar révèle l'existence

de plusieurs sortes d'établissements :

1°) Ecole publique

"qui est financée par l'Etat, le département ou la commune ; de ce fait elle doit accueillir quiconque et par conséquent respecter une totale neutralité" (4).

C'est le cas des écoles dites officielles créées par le Général Galliéni.

Elles sont également laïques.

2°) Ecole privée : contrairement à la précédente, elle est financée par

des particuliers.

"Il en résulte un usage réservé"

et non pas ouvert à tous. Mais le Vocabulaire de l'Education de Gaston

MIALARET signale que cette définition doit être atténuée

"depuis la loi Bêrangê (28 Septembre 1951) qui a instauré des subven­tions de l'Etat aux écoles primaires privées, et la loi Debrê (31 Décembre 1959) qui définit les rapports entre l'Etat et les Eta-

(1) et (2) MIALARET (G). Vocabulaire de l'Education, p. 321.

(3) FOULQUIE (P). Dictionnaire de la langue pédagogique, p. 145.

(4) MIALARET (G). Vocabulaire de l'Education, p. 370.

Page 29: POLITIQUES SCOLAIRES ET STRATEGIES CONCURRENTIELLES A ...

- 22 -

blissements d'enseignement privés et prévoit le concours financier de l'Etat, éventuellement des départements et des communes" (1).

Si bien qu'il y ait lieu de distinguer l'école privée, celle qui

est plus ou moins liée à l'Etat par des contrats, de l'école libre qui

est une école privée sans aucun contrat. Bien que cette définition soit

nouvelle, ces deux types d'établissement existaient déjà à Madagascar.

3°) Ecole confessionnelle dans laquelle

"on donne un enseignement imprégné d'une croyance religieuse : catholique, protestante, israélite, etc.." (2)

4°) Ecole paroissiale, celle qui

"fonctionne sous la responsabilité immédiate du curé de la paroisse quoiqu'elle ait (parfois) son directeur ou sa directrice propre. Pour une part au moins, elle vit de fonds recueillis auprès des paroissiens. C'est donc une école à caractère religieux et, par conséquent, privée" (3)

ou libre et confessionnelle. La plupart des établissements scolaires créés

par les missions religieuses à Madagascar sont de ce type. Ils avaient

le nom significatif de "école-église" ou de "temple-école" car le même

bâtiment sert en même temps de lieu de culte et d'enseignement.

5°) Enfin des écoles officielles confessionnelles comme celles que le

Général Galliéni avait créées en 1897 à Tananarive : elles dépendaient

entièrement de l'Administration coloniale, mais étaient tenues moyennant

des subventions, par des Frères des Ecoles chrétiennes qui, en plus du

programme laïque, donnaient également, à la satisfaction des Jésuites,

de

"l'instruction religieuse à laquelle ils faisaient la place qui lui revenait" (4).

Tel est donc le contexte, aussi bien géographique, historique que

méthodologique, dans lequel sera traité ce sujet, qui comprendra deux

parties.

(1) MIALARET (G). Vocabulaire de l'Education, p. 357.

(2) et (3) Ibid, p. 115 et 187.

(4) BOUDOU (A). Les Jésuites à Madagascar au XIXe siècle, T II, p. 508.

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La première expliquera comment les différents émules se sont trouvés

sur le même terrain, à Madagascar en cette fin du XIXe siècle. Elle retracera

les chemins qu'ils ont suivis, avec leurs méthodes et leurs tactiques,

avec leurs déboires et leurs succès. Elles les situera dans les domaines

qu'ils viennent respectivement de conquérir et tirera les conséquences

de cette situation. On l'intitulera : Les stratégies d'installation et

leurs conséquences.

La deuxième traitera plus particulièrement de l'aspect pédagogique.

Elle étudiera les finalités, les buts, les méthodes et les réalisations

des diverses "organisations" en présence, en mettant en évidence leur

originalité ou leur diversité et surtout leur esprit de compétition, on

l'appellera : Les stratégies pédagogiques et leurs résultats.

Enfin, la conclusion tirera le bilan de ces activités scolaires

et s'interrogera sur la portée de celui-ci dans la vie socio-économique

et culturelle du pays.