Paplar, Fevis 2009

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2 e Festival Fevis Vendredi 20 mars 009 à Musicora

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Paplar, Fevis 2009

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2e Festival Fevis

Vendredi 20 mars 009

à Musicora

Près de 3 000 concerts par an : le modèle économique performant des

quatre-vingt-quinze ensembles membres de la Fevis (ils couvrent en moyenne les deux

tiers de leur financement par les ressources propres) est l’une des clefs de leur succès. Cette

relative autonomie, tout comme la souplesse de leur fonctionnement, constitue des atouts irremplaçables dans le contexte général difficile auquel nous sommes désormais confrontés. De la musique médiévale aux tendances les plus nouvelles de la création contem-poraine, l’éventail des répertoires et des approches étonne par sa diversité et sa qualité. L’engouement manifesté par un public aussi nombreux qu’exigeant est d’ailleurs le plus bel hommage qui puisse leur être rendu.Les membres de la Fevis apportent une irremplaçable contribution à la surprenante vivacité de la vie musi-cale française mais font aussi connaître, par-delà les frontières de l’Hexagone (15% des concerts ont lieu

à l’étranger), en Europe en particulier, les fruits de leur travail et se posent ainsi en véritables ambassadeurs culturels. Nombre d’ensembles ont placé la musique ancienne et baroque au cœur de leur activité, mais pour eux le passé rime avec créativité. Qu’il s’agisse de révéler au public des trésors oubliés, de rétablir des perspectives historiques ou de porter un regard neuf sur des pages célèbres du répertoire grâce à une réflexion nourrie des apports de la recherche musicologique, c’est en effet toujours un contenu innovant qui s’offre au public. Innovation qui s’exprime aussi par les voix originales que d’autres ensembles empruntent pour faire connaître la vigueur et la plu-ralité d’une création contemporaine qu’ils s’attachent à rendre plus proche et accessible.Bousculer les habitudes et les routines pour invi-ter l’auditeur à la curiosité et à la surprise et faire du concert une expérience toujours unique et singulière : telle est la préoccupation première des formations de la Fevis.

Alain Cochard sort son billet

Pierre Choffé, le président de la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés, organise la deuxième édition du Festival Fevis. Sur les 95 ensembles membres, douze ont l’opportunité de jouer vingt minutes devant une centaine de pro-grammateurs, sur la scène de la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles à Paris. Avec pour objectif de trouver de nouveaux concerts.

Pierre Choffé

“ Un show-case pour les professionnels ”

Quel est la vocation du festival ?Faire la promotion de nos ensembles. L’idée a été lancée l’an dernier par Sébastien Daucé qui organise cet événement pour la Fevis. Contrai-rement aux grosses institutions, beaucoup de nos adhérents n’ont pas de moyens de communication. Certains sont très connus, mais d’autres manquent de couverture médiatique et n’existent que locale-ment. L’idée est donc de provoquer une rencontre entre nos ensembles et les programmateurs français ou étran-gers. Nous avons décidé de créer cet événement en même temps que Musicora afin de profiter de la présen-ce d’un grand nombre de profession-nels sur ce salon. Des réseaux comme le REMA [Réseau européen consacré à la diffusion de la musique ancienne, NDLR] tiennent par exemple leur assemblée générale à cette occasion.

Comment se déroule ce festival ?On appelle cela «festival», mais il s’agit plutôt d’un show-case destiné aux professionnels. Les ensembles retenus ont chacun une vingtaine de minutes pour présenter, sur la scène de la Délé-gation Générale Wallonie-Bruxelles, un extrait de leur travail. Ensuite, ils ont la possibilité de rencontrer les program-mateurs dans une salle à côté.

Comment avez-vous procédé à la sélection des ensembles présents sur cette deuxième édition ?On a d’abord lancé un appel à candi-datures. Nous en avons reçu plus que l’an passé. Certains, invités en 2008, voulaient même revenir ! Sur nos qua-tre-vingt-quinze adhérents, nous vou-lons montrer une forme de représenta-tivité de notre fédération. Nous avons parfois une image trop baroque, alors que nous regroupons pourtant beau-coup d’autres courants musicaux. Une fois cette sélection effectuée, nous avons fait un tirage au sort. Ce n’était pas à nous de dire qui devait ou non participer au festival.

Quel bilan avez-vous tiré de la pre-mière édition ?L’an passé, plus de cent program-mateurs se sont déplacés sur l’évé-nement. Il s’agissait donc d’un beau succès d’affluence.

L’an passé, le festival se déroulait sur deux jours et accueillait vingt ensembles. Cette année, ils ne sont

plus que douze sur une seule jour-née. Pourquoi ce resserrement ?En cette période de crise, on a réduit la voilure. Il s’agit d’un vrai investis-sement pour chaque ensemble. Sur le festival, il n’y a pas de billetterie et donc pas de rentrées d’argent. Les ensembles paient leur déplacement. À eux de rentabiliser leur investissement avec les différents contacts qu’ils pren-nent le jour du festival.

Quelles ont été les retombées éco-nomiques de la première édition ?Même s’il est difficile de relever pré-cisément les retombées pour les en-sembles, on peut évaluer à vingt-six le nombre de concerts réalisés à la suite de l’édition 2008. Chaque ensemble a eu en moyenne un contact privilégié avec dix professionnels. Les contacts entrepris le jour-même peuvent aussi déboucher sur des concerts à plus long terme.

Comment est perçu dans le milieu musical ce principe de «business à l’américaine» ?Ce n’est pas plus du business que de donner un concert et de téléphoner à un journaliste pour qu’il se déplace ! Mais c’est vrai qu’on s’est inspiré du système américain, notamment du salon APAP [Association of Performing Arts Presenters, NDLR] à New York, qui présente des show-cases devant des programmateurs du monde entier.

Avez-vous tiré les leçons de ce qui n’a éventuellement pas fonctionné en 2008 ?Oui, nous avons pris en compte certaines remarques. Nous avons mo-difié la formule des rencontres avec les programmateurs. Les ensembles disposeront de plus de temps. Nous développons aussi un partenariat avec l’ONDA [Office national de diffusion artistique, NDLR]. L’objectif est de séduire les Scènes nationales ou les plus petits lieux. Beaucoup ont peur de programmer de la musique classi-que alors que je suis convaincu que nos ensembles séduiraient tout autant, voire davantage, le public que certains gros orchestres symphoniques.

Quel est selon vous la spécificité des ensembles de la Fevis par rap-port à ces grosses institutions ?Chaque ensemble fonctionne autour d’un artiste et de son projet. C’est notre grande force.

“ Un show-case pour les professionnels ”

À l’évocation du Festival Fevis, Skip Sempé n’y va pas par quatre chemins : « Je n’ai  jamais participé à ce genre de show-case et je ne vous cache pas que c’est quelque chose  que  je  refuse  systématiquement  d’ordinaire  ! » Ce vendredi, le claveciniste sera pourtant bien sur la scène de la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles. La raison de sa présence ? « En France,  le marché est tellement  fermé qu’il est très dur de trouver des dates. Vous devez soit être une valeur sûre, soit dans la nouveauté. Il faudrait que les organisateurs de concerts reçoivent une formation spéci-fique. Pour programmer,  il ne suffit pas d’embaucher ses copains ou de lire Diapason... C’est un problème typique-ment  français qui  freine  le développement à  l’étranger. Si Philippe Jaroussky, avec sa belle voix et son grand talent, avait été Allemand ou Américain, il serait déjà à la retraite, avec un compte en banque bien fourni ! Et là je vous parle des chanteurs, mais pour les instrumentistes, c’est pire... » Doté d’une jolie carte de visite (Diapason d’Or, Grand Prix du Disque de l’Académie du Disque français, une nomina-tion aux Grammy Awards...), le musicien américain s’est installé en France il y a plus de vingt ans. En 1986, il a fon-dé Capriccio Stravagante qui réunit aujourd’hui l’ensemble de musique de chambre, le Capriccio Stravagante Orches-

tra, le Capriccio Stravagante Renaissance Orchestra et Ca-priccio Stravagante Opera. Sans oublier son propre label, Paradizo, créé en 2006. « Capriccio, qui s’est renouvelé un petit peu, a toujours été un foyer pour les jeunes musiciens français et étrangers. Attention ! il ne s’agit pas de « jeunes talents » ! Tous ont déjà la maîtrise totale de leur instrument. Aujourd’hui, l’idée du « jeune talent » est bidon ! Pour moi, ça correspond à  l’image d’une musicienne de douze ans qui pose en bikini sur la pochette de son disque. »Ne recevant aucune subvention, Skip Sempé vit en partie du mécénat, ce qui lui procure davantage de liberté artis-tique. « De toute façon, je suis «inembauchable», ça se dit «inembauchable» en Français ? Ne m’étant jamais affiché comme chef, ma carrière est resté modeste. Mais je préfè-re me considérer comme un agitateur. Rien de plus rien de moins. » Accompagné de deux violistes, Josh Cheatham et Julien Léonard, Skip Sempé présente aujourd’hui un extrait de La Magnifique de Marin Marais. « Je suis un grand ama-teur de la viole de gambe. Je ne m’y suis  jamais essayé, mais c’est un  instrument qui m’a  toujours passionné. De plus, les œuvres de Marin Marais sont des œuvres clef du répertoire que les gens aiment entendre. » Capriccio Stravagante - La Magnifique de Marin Marais - 16h.

Sa biographie l’annonce « exotique, multi-dimensionnel et hors-norme ». Skip Sempé, le fonda-teur de Capriccio Stravagante, est sans doute un peu de tout ça...

—Un Américain à Paris—

Capriccio Stravagante

Pour la première fois de sa carrière, l’ensemble strasbourgeois se présente à Paris. Un événement qui n’inquiète pas pour autant Catherine Bolzinger, chef aux mutliples casquettes.

Chœur de Chambre de Strasbourg

—Sur mesure—Elle ne s’en vante pas, mais Catherine Bolzinger cumule les fonctions comme d’autres les étoiles Michelin. Chef de chœur de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et professeur de direction de chœur au Conservatoire natio-nal de région de Strasbourg, c’est avec sa casquette de directrice artistique du Chœur de Chambre de Strasbourg qu’elle se produit aujourd’hui au Festival Fevis. Fondé en 1997, cet ensemble présente cependant la particularité de n’avoir jamais joué à Paris auparavant. « Cela ne nous ajou-te pas de pression supplémentaire, confie-t-elle. La seule chose qui me fait un peu peur pour ce festival, c’est que nous n’aurons pas le temps de prendre nos marques. On monte directement sur scène et on  joue. Heureusement, nous  reprenons des œuvres que nous avons déjà  faites. Après, je compte sur l’émulation générée par le public... » Installée en Alsace, Catherine Bolzinger ne met pas cette première tardive sur le compte de l’éloignement géographi-que. « Ce n’est pas un problème que d’être basé à Stras-bourg. Nous sommes aussi  loin de Paris que de Prague, où nous avons déjà  joué. Nous avons également  été  en  

Allemagne, en Pologne, au Luxembourg... Mais c’est sûr que nous avons davantage de mal à attirer  les  journalis-tes. » La directrice artistique aborde donc ce rendez-vous parisien avec beaucoup d’envie. « Ce festival tombe à pic, car  il  est  très  difficile  de  trouver  des  concerts.  Or  nous avons  beaucoup  de  choses  à  présenter,  notamment  un disque  que  nous  venons  d’enregistrer,  avec  huit  pièces écrites spécialement pour nous.» À l’occasion du festival, l’ensemble va du reste jouer une de ces pièces, composée par l’Italien Andrea Manzoli, The Hollow men. «C’est presque du théâtre musical, s’enthou-siasme Catherine Bolzinger. Il y a dans cette œuvre pour six chanteurs un petit côté «dessin animé». C’est du sur mesu-re. Nous aimons beaucoup procéder par commande.» Le Chœur de Chambre de Strasbourg présentera également Two walkings de Pascal Dusapin, « une œuvre sensuelle, à la  limite du sussurement », et Story de John Cage, «de la living-room music».Chœur de chambre de Strasbourg - Musiques de Pascal Dusapin, John Cage et Andrea Manzoli- 14h.

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Ensemble Baroque de Limoges

—Coin VIP—Incontestablement, le directeur de l’Ensemble Baroque de Limoges est la vedette du festival. Christophe Coin n’en demeure pas moins solidaire de la Fevis et de son action en faveur des ensembles de la fédération.Réaliser une interview un croissant à la main n’est pas chose aisée. C’est pourtant la condition si l’on veut rencon-trer Christophe Coin, violoncelliste mondialement réputé et de fait difficilement disponible. Sauf à 8h30 du matin. Le directeur artistique de l’Ensemble Baroque de Limoges descend de son vélo, commande café au lait-croissant et rassemble ses esprits pour répondre à quelques ques-tions sur le Festival Fevis. « Ne  jouer  que  vingt  minutes, l’exercice est difficile et frustrant. Mais c’est la règle du jeu et tout le monde s’y plie. » Sa présence au festival alors qu’il a moins besoin que d’autres de l’événement pour trouver des dates ? « Ce qui est important, c’est de montrer qu’on adhère à ce que propose la Fevis. C’est sûr que le principe de ce festival est de permettre à de jeunes ensembles de 

se  lancer. En  tout cas, me concernant, c’est  toujours un stress  supplémentaire  de  savoir  qu’il  y  aura  des  oreilles exercées dans la salle. » Son choix artistique ? « Je dispose d’un  groupe  assez  limité  pour  l’occasion.  L’orchestre  ne sera  pas  au  complet,  mais  nous  jouerons  quand même deux œuvres complètes de Leonardo Leo et Nicola Fioren-za, deux Napolitains pas très connus. C’est une musique mélancolique, qui a beaucoup de caractère, d’une grande vivacité. » Ses contacts avec ses homologues de la Fevis ? « C’est  bien  de  pouvoir  se  retrouver  car  nous  sommes un peu chacun dans notre coin. D’ordinaire, on se croise  plutôt dans les aéroports. » L’addition, s’il vous plaît.Ensemble Baroque de LimogesMusiques de Leonardo Leo et Nicola Fiorenza- 14h.

« À  l’occasion  du  250e  anniversaire de  sa  création,  nous  avons  voulu  reprendre le Requiem de Mozart. Mais, comme il s’agit d’une œuvre déjà très jouée, nous en avons cherché une for-me plus méconnue. Nous savions que, dix ans après  la mort de Mozart, Pe-ter Lichtenthal en avait  fait une  trans-cription  pour  quatuor  à  cordes. » De là, Christophe Colette et ses acolytes du Quatuor Debussy partent à Milan, investissent la bibliothèque italienne et finissent par retrouver le manuscrit de « Lich ». « Il  a  fallu  en avoir  une copie, raconte le premier violon, remettre au propre  ce  conducteur,  puis  le  retra-vailler. » Le résultat apporte un éclai-rage novateur à cette œuvre maintes et maintes fois jouée. La maison de disques Universal Music, qui en-tend parler du projet, décide alors de

sortir l’enregistrement de cet ensem-ble lauréat des Victoires de la musi-que (meilleure formation de musique de chambre en 1996). « On ne va pas dire  que  cela  ajoute  quelque  chose, mais  c’est  moins  grandiloquent, explique Christophe Colette. C’est plus intime. Tout le génie de Mozart ressort. On entend des choses qu’on ne per-çoit  pas  d’habitude. » Aujourd’hui, le Quatuor Debussy présente un extrait de ce travail. « Nous jouerons quelques passages  vifs,  d’autres  plus  lents,  et puis  évidemment  quelques  « tubes », les incontournables. En tout cas, c’est l’exercice dans  lequel  j’ai  le moins de pression  ;  j’adore  la  scène.  Et  puis vingt minutes, c’est suffisant pour voir la personnalité d’un ensemble. »Quatuor Debussy - Requiem de Mozart par Lichtenthal- 18h30.

À l’occasion du Festival Fevis, le quatuor lyonnais présente un extrait du Requiem de Mozart transcrit par Lichtenthal. Un éclairage nouveau sur cette œuvre emblématique.

Quatuor Debussy

—Mozart revisité—

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Institut néerlandais

—Escale parisienne—

L’idée était dans les tuyaux depuis un an déjà ; elle se matérialise aujourd’hui sous la forme d’un « brunch musical ». Quelques heures avant le début du Festival Fevis, l’Institut Néerlandais propose en effet aux profes-sionnels de découvrir, dans ses murs, deux jeunes en-sembles des Pays-Bays : le Trio Suleika et le Zapp String Quartet. Organisé en partenariat avec le Muziek Centrum Nederland, structure qui s’occupe de la promotion de la musique de chambre, cette mise en bouche matinale se déroule à deux pas de la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles. Pour Maartje Nelissen, programmatrice musique de l’Institut, il s’agit d’une formidable opportunité. « Aux Pays-bas,  il  n’existe  pas  d’organisation  comme  la  Fevis. Pourtant,  nous  comptons  énormément  d’ensembles.  Or, c’est difficile pour eux de se produire à l’étranger. Grâ-ce à ce partenariat, nous avons la possibilité de présenter  le travail de deux de nos ensembles. En retour, deux adhé-rents de la Fevis seront choisis pour jouer à Amsterdam, en 

octobre prochain, à l’occasion des Journées de la Musique de Chambre. » Toute la saison, l’Institut Néerlandais, centre culturel des Pays-Bas à Paris, propose une programmation pointue. « En  plus  de  formations  reconnues,  nous  avons l’habitude  d’inviter  des  ensembles  émergents.  C’est  un risque, mais nous ne vivons pas de recettes. Nous espé-rons que les programmateurs seront là à l’occasion de ce brunch. » Pour désigner les heureux élus, Maartje Nelissen n’a pas eu la tâche facile. «Nous avons reçu énormément de  demandes.  J’ai  eu  le  coup  de  foudre  pour  le  Zapp String  en  septembre  dernier.  C’est  un  quatuor  à  cordes complètement fou, avec une manière de jouer très person-nelle ! Quant au Trio Suleika, ils commencent à percer. Ils reviendront d’ailleurs en  juin à Paris,  invités par  le Musée d’Orsay.» 

Trio Suleika et Zapp String Quartet À l’Institut Néerlandais (121, rue de Lille, Paris VIIe),en partenariat avec Muziek Centrum Nederland - 11h30

Cette année, le Festival Fevis s’ouvre à l’international avec, pour invités, deux ensembles des Pays-Bas. Un partenariat conclu avec l’Institut Néerlandais et le Muziek Centrum Nederland.

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—Renaissance—

« C’est  magnifique !  ça  nous change  complètement. » La directrice de Discantus ne mâ-che pas ses mots quand elle évoque le projet présenté au Festival Fevis. Après avoir fait revivre dans le monde entier les répertoires vocaux du Moyen-âge, Brigitte Lesne et son en-semble exclusivement composé de femmes s’attaque à présent à la Renaissance avec les poly-phonies sacrées de Gilles Bin-chois. « Ces  œuvres  sont  peu connues.  Ce  compositeur  est surtout  réputé  pour  ses  chan-sons.  D’ailleurs,  il  n’existe  pas à  ma  connaissance  d’enregis-trement  de  ses  polyphonies. » L’erreur est réparée puisque Discantus vient d’enregistrer L’Argument  de  beauté, chez Zig-Zag Territoires. « Nous avons une  démarche  inverse  à  celle de  beaucoup  d’ensembles  car nous portons un regard nouveau 

par rapport à ceux qui viennent du  XVIe  siècle.  C’est  un  atout de  bien  connaître  le  grégorien pour aborder ce répertoire basé uniquement  sur  des  thèmes liturgiques. » En résidence au Centre de musique médiévale de Paris, l’ensemble fonctionne avec la même équipe depuis des années. « Le  travail  vocal acquis est très précieux. Il n’y a pas  énormément  de musiciens qui se consacrent à la musique médiévale.  Nous  avons  des pratiques  et  des  réflexes  com-muns. » Également cofondatrice de l’ensemble Alla Francesca, Brigitte Lesne espère séduire les professionnels avec ce projet. « Nous  sommes  dans  un  cré-neau marginal qui ne provoque pas un attrait immédiat pour les programmateurs. »

Discantus - Universi Populi de Gilles Binchois et chants du Moyen-Âge - 16h.

Après dix-sept ans consacrés à la musique médiévale, Brigitte Lesne aborde le répertoire de la Renaissance.

Discantus

Les Paladins

—Sur la saynète—

« Plus  je  peux  parler,  plus  j’aime  ça.  Je  n’ai  aucun  état  d’âme :  on a un métier difficile, tous les moyens sont bons pour le défendre. » Jérôme Correas est un fervent partisan de l’événement organisé par la Fevis. À cette occasion, le directeur de l’ensemble Les Paladins espère convaincre les directeurs de festivals de programmer des extraits d’opéra : les «highlights». « Souvent  dans  les  festivals, nous  sommes  condamnés  à  jouer  des œuvres  dans  leur  intégra-lité, ce qui revient très cher. Or,  l’opéra, ce n’est pas forcément un tout.  Au XVIIe  siècle,  on  avait  l’habitude de passer  d’une œuvre  à l’autre.  Il  est  donc  tout  à  fait  possible  de  jouer  des  highlights  en étant  respectueux  de  l’opéra. » Avec Le  Couronnement  de  Po-pée de Monteverdi, ce spécialiste du répertoire dramatique italien des XVIIe et XVIIIe siècles en donne un exemple aujourd’hui. « J’ai choisi des scènes représentatives de l’esprit de l’œuvre. Des scènes de  comédie  avec du peps,  et  non  les plus  tragiques. »   Chanteur, claveciniste, universitaire de formation, Jérôme Correas est habitué au public. « Je voudrais expliquer ma démarche. Sans bien sûr être trop didactique. »

Les PaladinsLe Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi - 16h.

Le format court n’effraie pas Jérôme Correas, ardent défenseur des extraits d’opéra. Et grand bavard...

TM+

« ça  va  ?  Je  ne  parle  pas  trop  vite  ? » Quand on l’inter-roge sur l’ensemble qu’il dirige depuis sa création en 1986, Laurent Cuniot se montre vite intarissable. En résidence à la Maison de la Musique de Nanterre depuis 1996, TM+ est un des premiers ensembles français voués au répertoire contemporain. « Nous essayons de mettre en valeur cette «nouvelle  tradition», explique le directeur artistique. Nous avons presque soixante ans de recul sur ce répertoire, voire un siècle si on prend en compte Arnold Schoenberg. Nous avons atteint une certaine maturité par rapport à l’histoire. Notre  problème  aujourd’hui,  c’est  que  les  organisateurs de concerts sont  très  frileux sur  la  formule  « concert » au sens  traditionnel  du  terme.  Ils  souhaitent  par  exemple nous associer à des performances multimédia. » Le public se montre pourtant friand des créations de l’ensemble, notamment les petits opéras de chambres que TM+ présente cette saison en tournée. Ce type de créations

lyriques, avec un dispositif scénique comme dans l’opéra traditionnel, «intéresse  particulièrement  les  lieux  de  diffu-sion». Comptant d’ordinaire vingt musiciens fidèles et une quinzaine d’invités réguliers, l’ensemble présente au festi-val une œuvre de Marc-André Dalbavie interprétée par sept musiciens. À cette occasion, le chef se réjouit de retrouver ses confrères qui œuvrent dans des champs différents. « L’idée est la même pour tous avec cet événement : faire découvrir notre travail et montrer l’extraordinaire vitalité de nos secteurs. » À ses yeux, les ensembles sont du reste «beaucoup plus innovants» que les institutions symphoni-ques. « Nous connaissons aujourd’hui une vraie modifica-tion  du  paysage musical.  D’une  part,  les  interprètes  ont pris de l’importance et, d’autre part, le gros travail de l’ins-titution a porté ses fruits. »TM+ - In advance of the broken time de Marc-André Dalbavie - 16h.

Spécialiste du répertoire du XXe siècle, Laurent Cuniot n’a qu’un credo : «rendre la musique simple et combattre les a priori».

—Contemporain du siècle—

Les Jardins de Courtoisie et Céladon

D’une seule voix

Partenaires privilégiés, Céladon et Les Jardins de Courtoisie se réunissent pour un concert commun à l’occasion du Festival Fevis.

Assurément, Paulin Bündgen est le plus fanfaron des deux. Pour que son homologue des Jardins de Courtoisie décroche un sourire durant la séance photo, le directeur artistique de l’Ensemble Céladon n’hésite pas à lui lancer : «Vas-y, ma tigresse !». On est loin de l’image sérieuse que pourraient véhiculer ces deux ensembles lyonnais, férus de musiques anciennes. Régulièrement associés, Paulin Bündgen et Anne Delafosse-Quentin développent une complicité évidente qui les conduit tout naturellement à se produire ensemble sur la scène de la Délégation Géné-rale Wallonie-Bruxelles. « On se connaît depuis une dizaine d’années, raconte la directrice des Jardins de Courtoisie. On a chanté chez l’un et chez l’autre. Nous avons dix ans d’écart et ce que j’apprécie chez Paulin, c’est  justement cette fougue de la jeunesse. Quant à moi, je pense que je lui apporte un peu de recul sur les choses... » C’est le plus jeune des deux qui a eu l’idée de présenter, au Festival Fevis, des œuvres de l’Anglais John Coprario, extraites d’un album qu’ils viennent tout juste d’enregistrer. « Ces œuvres datent du début du XVIIe siècle, explique le contre-ténor. À cette époque, la musique anglaise est influencée depuis cinquante ans par  la musique ancienne. L’Angle-terre n’en est encore qu’à l’esprit de la Renaissance alors que l’Italie est déjà dans le pré-baroque. » « Il s’agit d’une première pour Les Jardins de Courtoisie, ajoute la soprano, car nous sommes plus habitués au répertoire français. Là, nous sommes dans l’Angleterre de Shakespeare, c’est le calme relatif avant la débandade de la guerre civile ! » Lors de leur show-case, les deux ensembles donneront éga-lement des extraits des œuvres de Charles Tessier, « très représentatif  de  notre  répertoire » (dixit Anne Delafosse-Quentin), et de Biagio Marini, contemporain de Coprario, « moins dans la morbidité britannique et plus dans la mé-lancolie » (dixit Paulin Bündgen). Ces deux formations de la scène rhodanienne ne partagent pas que leur passion du répertoire. « Nous mettons aussi des choses en commun au niveau  logistique, explique la directrice artistique des Jardins de Courtoisie. Nos chargées de diffusion s’échan-gent des conseils et des  listings. »  « Notre complicité ar-tistique est  très claire, ajoute Paulin Bündgen, c’est une évidence lorsque nous associons nos voix, mais il est cer-tain que nous devons apprendre à mieux communiquer sur les spécificités de nos ensembles.» L’occasion leur en est donnée aujourd’hui pour cette deuxième édition du Festival Fevis.

Les Jardins de Courtoisie et Ensemble CéladonMusiques de Biagio Marini, de Charles Tessier - 18h30.

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Doulce Mémoire

—En campagne—

« On s’est dit  :  allons-y  ! » La perspective de jouer sur la scène du Festival Fevis enthousiasme visiblement Denis Raisin Dadre. « C’est  une  excellente  initiative.  Ce  genre de manifestation  existe déjà dans  le  théâtre,  la  danse  et le théâtre de rue. Nous avons eu de très bons retours sur l’édition  2008.  Et,  cette  année,  la  programmation  n’est pas  trop  disparate. » Le directeur de l’ensemble Doulce Mémoire, installé à Tours, y voit notamment l’occasion de rencontrer de nouveaux programmateurs : « Des gens qu’on ne croiserait pas d’ordinaire, ou auxquels on n’aurait tout simplement pas pensé. » Habitué des grands festivals de musique classique, Doulce Mémoire n’hésite pas à se produire également sur des scènes supposées moins cotées. « Certains n’osent pas nous demander, pourtant je 

ne  fais pas de  sélection en  fonction de  la notoriété d’un  festival  ou  du  montant  du  cachet  artistique.  D’ailleurs, j’aime beaucoup jouer en campagne perdue. »Associé au chanteur iranien Taghi Akhbari, Denis Raisin Dadre présente aujourd’hui un extrait de Tasnif :  Navâï, une pièce de musique persane. « Le format court est très excitant. Vous devez attraper les gens. Le seul problème, c’est de savoir ce qui peut survivre musicalement dans ces conditions. » La pression ? Le flûtiste sourit. « J’ai  connu bien pire. Une fois, sur France 3, on m’a demandé d’expli-quer en trente secondes chrono la différence entre la musi-que baroque et la musique de la Renaissance. »Doulce Mémoire - Tasnif : Navâï, pièce de musique persane, et Odi Eurterpe de Giulio Caccini - 18h30.

Fondé en 1990, Doulce Mémoire est aujourd’hui un pilier de la scène musique ancienne. Son directeur, Denis Raisin Dadre, confie son envie de rencontrer de nouveaux programmateurs.

La Camera delle Lacrime

Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invité / Alain Cochard – Graphisme / Gregg – Journaliste / Dominique Garreau Photos / DoTheAndyGibbon – Thanks / Sébastien Daucé et l’équipe de la Fevis – Imprimerie / Desbouis-Gresil, label imprim’vert Mail / [email protected] Partenaire éditorial des festivals, Paplar se déplace sur chaque événement pour réaliser en direct le journal de la manifestation. Après Les TransMusicales 07 et 08, Génériq, Le Printemps de Bourges, Art Rock, Mai l’Usine en Fête, le Hellfest, Les Eurockéen-nes, Les Francofolies de La Rochelle, Les Vieilles Charrues, Les Méditerranéennes, La Route du Rock, Scopitone, le Zebramix, The Dø à  l’Olympia, Paplar couvre aujourd’hui  le Festival Fevis organisé à  la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles, dans  le cadre de Musicora.

On l’entend à peine au début de la conversation. Dans sa barbe de trois jours, Bruno Bonhoure sussure plus qu’il ne parle. Pourtant, le propos prend de l’assurance à mesure que le directeur artistique de La Camera delle La Crime expose l’ensemble de ses projets musicaux. Baigné depuis tout petit dans les chants traditionnels, le ténor, originaire d’Aurillac dans le Cantal, souhaite redonner vie à ces répertoires oubliés. Des chants de marins occitans aux traditionnels du Massif Central, en passant par les morceaux de Tino Rossi et Alain Bashung revisités dans le spectacle Polaroïd d’un instant. Fondé en 2004, le tout

jeune ensemble se veut chantre de la défense de la chan-son à travers les siècles. « Mon objectif est d’apporter une nouvelle lisibilité à ces morceaux avec des instruments de notre espace-temps. Ce que  j’apprécie avec  la chanson, c’est qu’il s’agit d’un matériel souple que je peux ensuite repasser par mon filtre. » Bruno Bonhoure aime également croiser instruments modernes et anciens, ou même risquer l’amplification sonore d’instruments anciens. Un pari osé à découvrir aujourd’hui sur la scène du Festival Fevis.La Camera delle Lacrime - En passant par le bois, Se Canta, Li a pron de gens, Ben urosa la naissença - 14h.

Il faut sans doute avoir un petit grain pour passer des chants de marins occitans à Alain Bashung. C’est le pari de l’Auvergnat revendiqué Bruno Bonhoure.

Leur programme est à leur image : curieux et inventif. À l’occasion du Festival Fevis, l’ensemble de cuivres lyonnais, créé en 1986, propose de découvrir les interac-tions qui existent entre la scène, le théâtre musical et les musiques de films. Œuvre composée sur la base de sons primitifs dans l’esprit Dada, l’Ursonate de Kurt Schwitters voisine avec Clov & Hamm de Michaël Levinas. À travers cette pièce, inspirée de Fin de partie de Samuel Beckett,

Odyssée ensemble & cie retrouve son répertoire de prédi-lection, le théâtre musical. Le trombone et le tuba incar-nent sur scène les rôles des deux protagonistes de la pièce de l’écrivain dramaturge. Le programme prévoit enfin un medley de musique de films, composé d’extraits d’œuvres de Nino Rota, Ennio Morricone, John Williams…Odyssée ensemble & cie - Ursonate de Kurt Schwitters, Clov & Hamm de Michaël Levinas et musiques de films - 14h.

Entre théâtre et cinéma, Odyssée ensemble & cie nous promène à travers de multiples contrées musicales.

—Camera au point—

Odyssée ensemble & cie