PANORAMA DE PRESSE · Brie-Comte-Robert : la Région distribue 5000 masques au centre hospitalier...
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PANORAMA DE PRESSE
07/04/2020 08h10
Préfecture de Paris
Panorama réalisé avec Tagaday
SOMMAIRE
PRÉFECTURE(1 article)
lundi 6 avril 2020 18:04
Page 6
GRAND PARIS(1 article)
mardi 7 avril 2020 Page 9
TRANSPORTS - MOBILITÉ(1 article)
mardi 7 avril 2020
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ENVIRONNEMENT(1 article)
mardi 7 avril 2020 Page 14
Brie-Comte-Robert : la Région distribue 5000 masques aucentre hospitalier (431 mots)
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, 5 000 masques ont été livrés ce lundiaprès-midi au centre hospitalier de Brie-Comte-Robert. La di…
T. Degos :« La sortie du confinement sera progressive etséquencée » (1478 mots)
Ancien directeur général des services de la métropole du Grand Paris, le préfetThomas Degos décrit les …
Les chauffeurs de bus reprennent leur service grâce à un donde masques (522 mots)
Chelles | 77 Par Hendrik Delaire Ils seront de nouveau au volant de …
Les écologistes craignent, pour après, le retour en force dumonde d'avant (1088 mots)
Yannick Jadot (à gauche), chef de file d'EELV aux européennes, et …
ECONOMIE(4 articles)
mardi 7 avril 2020
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PRÉCARITÉ(1 article)
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SANTÉ(3 articles)
mardi 7 avril 2020
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mardi 7 avril 2020Page 30
A Melun, ces commerçants résistent à la crise (464 mots)
Économie Texte et photos Par Sophie Bordier Si la préfecture de Seine-et-Marnea finalement…
En plein plan social, l’entreprise médicale boostée parl’épidémie (494 mots)
bobigny | 93 Par Gwenael Bourdon « Tout le monde s’y est mis, certai…
Les entreprises mettent le chômage partiel à profits (1673 mots)
Ils seront «lourdement sanctionnés», a prévenu la ministre du Travail, MurielPénicaud. Une menace directement adressée aux…
Paris menace de faire échouer le plan Centeno (1041 mots)
Bruno Le Maire juge insuffisants les trois instruments proposés à l'Eurogroupe etdéfend son fonds de so…
Le bidonville oublié de la porte de la Villette (547 mots)
paris | XIX e Par Cécile Beaulieu Masqué…
Et si l’hôpital rouvrait son service de réanimation ? (830 mots)
beaumont-sur-oise Par Marie Persidat La proposition, très sérieuse, …
Covid-19, miroir des inégalités territoriales et sociales dans le93 (854 mots)
Tribune. Notre société n’a pas changé de regard sur la Seine-Saint-Denis et nouspayons cher des décennies de rupture d’éga…
mardi 7 avril 2020 Page 32
POLITIQUE(1 article)
mardi 7 avril 2020
Page 34
SOLIDARITÉ(1 article)
mardi 7 avril 2020Page 36
Île-de-France : « La crise est loin d'être derrière nous » (673 mots)
Aurélien Rousseau est directeur général de l'Agence régionale de santé d'Île-de-France. …
Pas de trêve pour le Parlement (319 mots)
Par Jannick Alimi Et pourtant, il tourne ! Le Parlement travaille, malgré laprésence de quelques ra…
La Seine-Saint-Denis en action pour la solidarité (1131 mots)
Assurant son rôle de « collectivité des solidarités », la Seine-Saint-Denis a mis enplace de très nombr…
PRÉFECTURE
5
Brie-Comte-Robert : la Région distribue 5000 masques au centrehospitalier
lundi 6 avril 2020 18:04
431 mots - 2 min
ESSENTIEL 77
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, 5 000 masques ont été livrés ce
lundi après-midi au centre hospitalier de Brie-Comte-Robert. La distribution
a été assurée par Jean-Philippe Dugoin-Clément (UDI), vice-président du
conseil régional d’Ile-de-France.Appartenant au Groupe hospitalier sud Ile-
de-France, cet établissement d’une capacité de 288 lits et places a une visée
principalement gériatrique. Il comprend notamment une maison de retraite
médicalisée de 185 lits et un service de soins à domicile de 70 places.Le per-
sonnel se compose de 300 soignants et agents. « Avec cette dotation, ils pour-
ront changer de masques deux fois par jour et devraient tenir jusqu’à 20 avril.
Jusqu’à présent, les masques devaient être rationnés et portés toute la jour-
née lorsque le personnel soignant en avait un, explique Franck Denion (Agir),
candidat à la mairie de Brie-Comte-Robert, qui accompagnait Jean-Philippe
Dugoin-Clément. Le personnel de ce site se sent un peu oublié en termes
d’aide alimentaire car tout converge vers Melun. » LIRE AUSSI > Coronavirus :
les rumeurs les plus folles circulent sur ces Ehpad de Seine-et-MarneValérie
Pécresse, la présidente du conseil régional, a commandé 500 000 masques
pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et
pour les personnels des soins à domicile, en lien avec Michel Cadot, le préfet
de la région Île-de-France, et l’Agence régionale de santé. La répartition des
masques est faite sous la supervision de cette dernière.Ce week-end, le
conseiller régional Gilles Battail (LR), maire de Dammarie-les-Lys, a aussi
procédé à la distribution de cartons de masques fournis par le conseil régional
d’Ile-de-France. 5600 masques pour la Communauté de communesJean La-
violette (PS), le maire de Brie-Comte-Robert, avait de son côté réceptionné
5600 masques provenant de la Région pour la Communauté de communes de
l’Orée de la Brie, dont 3600 masques pour la ville de Brie-Comte-Robert. Il a
écrit à Valérie Pécresse, ce lundi en fin de journée, pour lui signifier son éton-
nement quant à la présence de la tête de la liste d’opposition au centre hospi-
talier en début d’après-midi pour réceptionner ce second envoi. Nos articles
sur le coronavirus:- L’ensemble de notre dossier sur l’épidémie de Covid-19-
Le coronavirus en questions: la rédaction se mobilise pour répondre à toutes
vos interrogations- La vie confinée: conseils, témoignages et règles à respec-
ter- Coronavirus, l’essentiel à savoir: chaque jour à la mi-journée, notre
newsletter pour faire le point- Podcast: ce que les scientifiques ont appris sur
le Covid-19
↑ 6
Brie-Comte-Robert, ce lundi. Cinq mille masques ont été distribués par Jean-PhilippeDugoin-Clément (UDI), vice-président du conseil régional d’Île-de-France (en noir), au
centre hospitalier de Brie-Comte-Robert.
Brie-Comte-Robert, ce lundi. Cinq mille masques ont été distribués par Jean-
Philippe Dugoin-Clément (UDI), vice-président du conseil régional d’Île-de-
France (en noir), au centre hospitalier de Brie-Comte-Robert.
D.R.
par J.o.
Tous droits réservés leparisien.fr 2020
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Parution : Continue
Diffusion : 90 185 466 visites (France) - © OJD Internet dec.2019
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GRAND PARIS
↑ 8
T. Degos : « La sortie du confinement sera progressive et séquencée »Ancien directeur général des services de la métropole du Grand Paris, le préfet Thomas Degos dé-crit les enjeux du Centre interministériel de crise, mis en place sous l'égide du Premier ministre,qu'il dirige aujourd'hui.
N° 98mardi 7 avril 2020
Pages 2-5
1478 mots - 6 min
Une task force interministérielle
(TFI) a précédé à la mise en place
du Centre interministériel de crise
(CIC), dont vous êtes le directeur ?
Le 27 février dernier, le Premier mi-
nistre a considéré en effet que la crise
sanitaire, qui était jusque-là gérée
exclusivement par le ministère de la
Santé, prenait une dimension inter-
ministérielle. Elle intégrait, en effet,
des sujets de mobilité, de commerce,
liés aux restrictions de circulation,
relatifs à l'économie, à l'emploi, au
travail, à l'international, etc. Édouard
Philippe a souhaité, par conséquent,
que s'installe alors une task force in-
terministérielle (TFI), rattachée au
Premier ministre, mais située maté-
riellement au ministère de la Santé.
J'ai été chargé de la constituer et je
l'ai mise en place, selon la doctrine
de la gestion interministérielle de
crise, autour de différentes cellules
« situation », « anticipation », « dé-
cision », en m'appuyant notamment
sur les hauts-fonctionnaires de dé-
fense et de sécurité de chaque minis-
tère concerné, pour aborder la crise
sous ses différents angles interminis-
tériels. C'était très pratique, parce
que nous occupions le même étage
que le centre de crise sanitaire.
Thomas Degos. Photo : © Jgp
Le 17 mars, constatant que la crise
prenait une dimension plus intermi-
nistérielle encore, et qu'elle attei-
gnait un stade plus large, Edouard
Philippe a voulu que cette Task force
interministérielle se transforme en
Centre interministériel de crise
(CIC), et prenne ainsi plus d'ampleur.
Toujours placé sous l'autorité du Pre-
mier ministre, il est logé dans des lo-
caux dédiés, au sein du ministère de
l'Intérieur, place Beauvau. Le mi-
nistre de l'Intérieur étant au centre
de la crise, je travaille naturellement
au quotidien avec son cabinet, et
avec les différentes directions géné-
rales du ministère, et notamment
celle chargée de la sécurité civile.
Quelle est votre activité au quoti-
dien ?
Le Centre interministériel de crise a
pour objet la définition, d'un point de
vue interministériel, des décisions,
des doctrines, des positions de l'Etat
sur tous les aspects de la crise. En
résumé, toutes les questions re-
montent jusqu'ici, parce que l'on ap-
pelle la CIC « situation », qui effec-
tue, heure par heure, minute par mi-
nute, la synthèse de l'ensemble des
appels, des mails, des questions et
donc des problématiques qui peuvent
surgir sur n'importe quel sujet lié à la
pandémie. Nous sommes par ailleurs
dotés d'un pôle « anticipation », qui
réfléchit à ce que la crise peut de-
venir, à ses prochaines étapes, mais
également aux « chocs exogènes » qui
pourraient s'y rajouter.
J'ai mis en place, en outre, des pôles
thématiques, qui, avec l'ensemble
des départements ministériels, réflé-
chissent sur une série de sujets par-
ticuliers, avec un pôle « vie sociale »,
un pôle « ordre public », « économie,
emploi, travail », « services publics de
l'énergie et des déchets », etc. Tous
les jours, en milieu de journée, une
réunion permet de valider les posi-
tions que nous allons adopter, écrites
avec l'ensemble des ministères, puis
diffusées à l'ensemble des préfets, ou
des services déconcentrés, pour ac-
tion. Ce point unique de définition de
la réponse de l'Etat pour chaque as-
pect de la crise permet d'en accélé-
rer le traitement. Et ce, sur tous les
champs de la vie sociale : les départs
en vacances, les contrôles, les trans-
ports, les rapatriements, les taxes so-
ciales et fiscales, le travail, etc.
Vous traitez également les aspects
strictement sanitaires ?
Non, les questions strictement mé-
dicales demeurent au centre de crise
sanitaire. Ce n'est pas nous qui, par
exemple, devons décider de la doc-
trine sur le port des masques ou opter
pour tel ou tel traitement. Mais tout
ce qui relève de plusieurs ministères
passe par ici. Aucune décision ne
peut être prise par l'Etat si elle n'est
↑ 9
pas passée par le CIC. Nous mettons
ainsi en œuvre une interministériali-
té directe, en temps réel.
Christophe Castaner et Laurent Nuñez,place Beauvau, sur le perron du minis-tère de l'Intérieur qui abrite le Centreinterministériel de crise. Photo : © Jgp
C'est une organisation prévue de
longue date ?
Absolument. Mais elle a été forte-
ment adaptée, en particulier par le
biais de la création de cellules thé-
matiques, qui s'est ajoutée aux cel-
lules « situation », « décision » et «
anticipation ». Nous formons une pe-
tite ruche, mobilisant une centaine
de fonctionnaires, occupant diverses
salles du ministère de l'Intérieur,
dont la salle des fêtes, entièrement
occupée par nos services. Si les fonc-
tionnaires du ministère de l'Intérieur
en constituent le noyau dur, tous les
ministères concernés sont représen-
tés. Nous jouons donc un rôle de chef
d'orchestre.
Quels sont les sujets du jour ?
Par exemple aujourd'hui, parmi bien
d'autre sujets, nous travaillons sur
l'augmentation du nombre de bu-
reaux de poste ouverts. On en dé-
nombre 1 700 sur l'ensemble du ter-
ritoire national, sur les 8 000 que
compte le pays. Nous mobilisons
donc la réserve de la police nationale,
de la gendarmerie nationale et des
services civiques pour assurer une
plus grande ouverture, rendue no-
tamment nécessaire par le verse-
ment, en début de chaque mois, des
prestations sociales. Quels sont les
besoins précis en personnels supplé-
mentaires ? Où sont situés les bu-
reaux de poste qu'il faut rouvrir en
priorité ? Voilà le type de questions
sur lesquelles on peut obtenir des ré-
ponses en quelques heures, alors
qu'elles prendraient des jours, voire
des semaines, en temps normal.
Quels sont les sujets propres à
l'Ile-de-France ?
Une des spécificités de l'Ile-de-
France tient à l'extrême sensibilité
des transports en commun. Nous
n'avons jamais souhaité les fermer,
ce qui aurait interdit par exemple aux
personnels soignants de se rendre sur
leur lieu de travail, tout en ayant
conscience qu'il s'agissait des vec-
teurs importants de contamination.
L'Ile-de-France, et singulièrement la
métropole, constitue le premier
centre de production de richesse du
pays. Elle revêt donc une importance
particulière sur le plan économique.
La densité de la population franci-
lienne, et surtout métropolitaine, sur
le plan sanitaire, confère en outre à
cet espace un caractère particulier.
Nous avons heureusement réussi,
grâce au respect par la population
des gestes-barrière à contenir autant
que faire se peut la propagation de la
maladie et à faire en sorte que les ca-
pacités d'accueil hospitalières en ré-
animation ne soient pas dépassées.
Mais cela a nécessité néanmoins le
transfert de malades vers des régions
moins touchées.
Combien de patients ont nécessité
d'être placés en réanimation si-
multanément ?
Nous avons dépassé la semaine der-
nière les 2 600 patients en réanima-
tion en Ile-de-France, soit nettement
plus que les capacités d'accueil des
hôpitaux dont la région dispose habi-
tuellement. C'est d'ailleurs sur le pé-
rimètre de la métropole que ces en-
jeux ont été les plus aigus. L'agence
régionale de santé (ARS) d'Ile-de-
France a pleinement joué son rôle. Et
l'AP-HP, dont le périmètre coïncide
avec celui de la zone dense, constitue
déjà une métropole sanitaire. Au mo-
ment du retour d'expérience (Retex),
nous devrons cependant nous poser
la question de la capacité de notre
système hospitalier à tenir bon face à
ce type de crise.
Vous réfléchissez déjà aux modali-
tés de sortie du confinement ?
Nous y travaillons en effet. Comme le
Premier ministre l'a annoncé, il s'agi-
ra sans doute d'une fin graduelle, soit
par secteurs d'activité, soit par
tranches d'âge, soit par zones géo-
graphiques. Nous organisons un pa-
rangonnage avec les autres pays tou-
chés. Les régions les plus touchées au
début de la crise seront peut-être les
moins touchées à la fin, et pourront
donc être déconfinées plus tôt.
Jean Castex, délégué interministériel
pour les Jeux olympiques, que nous
connaissons bien, dans la métropole
du Grand Paris, vient d'être désigné
pour réfléchir spécifiquement à cette
question. Il travaillera naturellement
avec nous, de même qu'avec le secré-
tariat général de la défense et de la
sécurité nationale (SGDSN) dirigé par
Claire Landais. Nous allons ainsi ré-
fléchir aux mois et peut-être aux an-
nées qui viennent. Car le déconfine-
ment ne va pas s'effectuer aussi faci-
lement. Il aura lieu de façon très pro-
gressive et séquencée.
En toutes hypothèses, et cela est vrai
également pour la reprise de l'école
ou les élections municipales, ce n'est
pas un décret qui s'imposera à l'évo-
lution de l'épidémie, mais l'inverse. Il
n'y a pas de date totem. Nous nous
adapterons, avec la préservation de la
santé publique comme priorité l'em-
portant sur les autres considéra-
tions.■
Tous droits réservés 2020 Le Journal du Grand Paris -Newsletter
4b76c5ce6520300e121c1577f50651f06d89bf51b53f7703f041773↑ 10
TRANSPORTS - MOBILITÉ
↑ 11
Les chauffeurs de bus reprennent leur service grâce à un don de masques
L’initiative revient au maire de Brou-sur-Chantereine. Les salariés de la STBC, filiale deTransdev, avaient fait valoir leur droit de retrait après le décès d’un des leurs, victime duCovid-19.
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
Page 35
522 mots - 2 min
L'ACTU—SEINE-ET-MARNE
C helles | 77
Par Hendrik Delaire
Ils seront de nouveau au volant de
leurs bus ce matin. Depuis samedi,
les conducteurs de bus de la Société
de transport du bassin chellois
(STBC), filiale de Transdev, exer-
çaient leur droit de retrait après la
disparition vendredi d’un de leurs
collègues, victime du Covid-19.
Depuis le début de ce mouvement
lancé par une intersyndicale Soli-
daires, CFTC et CFE-CGC, les chauf-
feurs refusaient de poursuivre leur
travail tant qu’ils n’obtenaient pas
des masques de leur direction. Hier
après-midi, ils ont accepté de re-
prendre leur service après le que la
municipalité de Brou-sur-Chante-
reine (Seine-et-Marne) a fait don de
150 masques aux représentants syn-
dicaux.
« Les chauffeurs sont en deuxième
ligne, juste derrière les soignants. Il
m’a semblé normal de leur donner
une partie des 900 masques que nous
avons reçus de la région », constate le
maire, Antonio de Carvalho (DVD).
« Nous reprenons le travail pour as-
surer la continuité du service public
mais nous regrettons avoir dû utiliser
un moyen alternatif pour obtenir des
masques après le refus catégorique
de Transdev de nous en fournir », dé-
nonce Jeamel Chaibi, délégué du per-
sonnel Solidaires.
Un droit de retrait
contesté par la direction
La STBC a décidé de préserver quatre
conducteurs âgés de plus 55 ans,
considérés comme étant à risques, en
ne leur laissant pas reprendre le vo-
lant. Transdev assurait dimanche
avoir respecté toutes les conditions
de sécurité et a décidé de contester
le bien-fondé du droit de retrait de-
vant l’inspection du travail. « Dans la
mesure où, conformément aux de-
mandes des autorités, nous avons
mis en place toutes les mesures de
sécurité, le droit de retrait ne se justi-
fie pas, soutient la direction de l’en-
treprise. En ce qui concerne les
masques, le ministère des Transports
n’a pas – à ce stade – appelé à dis-
tribuer cet équipement aux conduc-
teurs. Nous respectons toutes les
consignes de l’arrêté ministériel,
mais nous comprenons que les sala-
riés puissent s’inquiéter. »
Jeamel Chaibi estime pourtant que
« Transdev ne sort pas grandi en
contestant un droit de retrait légi-
time après le décès d’un de nos col-
lègues, alors qu’un autre collègue
chauffeur âgé est dans le coma et
qu’un troisième cas positif a été
confirmé. Nous avons dû faire pres-
sion pour obtenir des gants et mettre
nous-mêmes un système en place au
début de la crise pour faire monter
les passagers par l’arrière des bus. »
Le syndicaliste en veut surtout à Va-
lérie Pécresse. « En tant que prési-
dente d’Ile-de-France Mobilités
(IDFM), elle est la principale respon-
sable de l’absence de masques pour
les chauffeurs », assène-t-il, lui qui
rappelle que l’autorité organisatrice
des transports en commun fixe le
cadre aux sociétés de transport (lire
ci-après). « Transdev et IDFM se re-
jettent la responsabilité et, selon
nous, ils craignent d’autres droits de
retrait dans des sociétés de trans-
ports du groupe s’ils nous four-
nissent des masques », soupire le re-
présentant syndical. Qui brandit la
menace d’une grève en cas de
manque de masques. ■
Chelles (Seine-et-Marne), hier. Le mairede Brou-sur-Chantereine (avecle masque)a remis 150 masques aux représentants
syndicaux de la STBC.
Tous droits réservés Le Parisien 2020
227855b86ce0030cf2c01c07180401706e696d54e5567b0aa79589f
Parution : Quotidienne
Diffusion : 186 556 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
Audience : 1 507 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 12
ENVIRONNEMENT
↑ 13
Les écologistes craignent, pour après, le retour en force du monde d'avant
N° 23527mardi 7 avril 2020
Page 10
1088 mots - 4 min
L'ÉVÉNEMENT
Yannick Jadot(à gauche), chef de filed'EELV aux européennes, et Julien
Bayou, secrétaire national d'EELV, lorsdu congrès du parti, le 30 novembre, àSaint-Denis, en région parisienne. Pho-to : OLIVIER CORSAN/PHOTOPQR/LE
PARISIEN/MAXPPP
« LA NATURE nous envoie un message,
elle nous teste sur notre détermination
», a estimé Nicolas Hulot au début
de la crise. Une « sorte d'ultimatum »
alors que dans le contexte, « avec la
mondialisation effrénée, le mal se pro-
page plus vite que le bien ». Ces mots
quelque peu maladroits et transcen-
dants - évoquant la Pacha-mama,
cette divinité Terre mère d'Amérique
du Sud - n'ont pas fait l'unanimité
en dehors du monde des écologistes
convaincus. Un autre ex-ministre de
l'Environnement, Yves Cochet, a sus-
cité une même réaction dubitative
après un entretien récent au Monde.
Observant la situation dramatique
depuis sa propriété de Bretagne où
il vit déjà confiné en famille depuis
des années, ce collapso-logue semble
attendre presque avec une déconcer-
tante gourmandise la vérification de
ses thèses sur l'effondrement de
notre société industrielle. « Avec mes
copains collapsolo-gues, on s'appelle
et on se dit : “Dis donc, ça a été encore
plus vite que ce qu'on pensait ! », a-t-
il ainsi déclaré. Selon lui, lorsque les
chauffeurs routiers qui ne peuvent
plus s'arrêter dans les restoroutes «
en auront marre de manger des sand-
wichs industriels, on peut imaginer
qu'ils décident de s'arrêter de rouler.
Leur défection provoquera alors la rup-
ture de la chaîne alimentaire ».
Pourtant, l'un comme l'autre sont des
personnalités brillantes et leurs
thèses écologistes ne peuvent qu'en-
trer en résonance avec les inquié-
tudes et les angoisses d'un nombre
croissant de citoyens. Alors même
que déjà, au premier tour des munici-
pales, les écologistes sont arrivés en
tête de nombreuses grandes villes
comme Strasbourg ou Lyon. À Bor-
deaux, Pierre Hurmic (EELV) n'est ar-
rivé qu'à 96 voix du maire sortant LR,
Nicolas Florian… « Nicolas Hulot n'a
peut-être pas complètement tort. Cer-
tains peuvent vouloir aborder la crise
sous un angle spirituel, tente d'expli-
quer le député européen David Cor-
mand. Mais ce côté messianiste a ses
limites. Ce que nous vivons, ce n'est pas
une punition divine… C'est la consé-
quence de décisions humaines et poli-
tiques. » Comme beaucoup à gauche,
l'ex-secrétaire national d'Europe
Écologie-Les Verts tire une première
leçon : « Le modèle de développement
qu'on nous assure si robuste et si in-
dispensable qu'il ne faut pas en inven-
ter un autre s'avère en fait extrême-
ment vulnérable. En très peu de temps
et pour toute la planète, tout s'ef-
fondre. Cela doit nous éclairer. » Sa co-
lère n'est pas loin au vu des moyens
financiers actuellement déployés en
Europe… « Depuis des années, on nous
dit qu'il n'y a pas d'argent disponible
pour sauver le climat. Là, en quelques
semaines, on trouve ce qu'il faut pour
sauver le modèle tel qu'il est, sans rien
remettre en question. » Cormand rêve
d'une « prise de conscience de ce que
l'on nous fait faire d'insensé depuis des
décennies ».
Le chef de file d'EELV aux euro-
péennes, Yannick Jadot, estime, lui,
que « revenir au monde d'avant serait
une faute politique majeure qui appro-
fondirait la menace sur notre survie ».
Pour lui, cette crise sanitaire « vient
confirmer ce que nous disons depuis
des années ». Alors que se profile un
long tunnel électoral ces deux pro-
chaines années, il juge « les écolo-
gistes les mieux armés pour penser et
organiser le monde d'après » mais
craint comme Cormand « les actions
des lobbys, agricoles ou industriels, qui
voudront se libérer des contraintes en-
vironnementales pour reconstruire le
monde d'avant ».
« Le coronavirus n'est pas qu'une crise
sanitaire, c'est le nom du dérèglement
du monde », insiste de son côté l'ac-
tuel secrétaire national d'EELV, Ju-
lien Bayou, soucieux comme ses pairs
de « modifier les priorités ». Sans pour
autant faire confiance à ceux qui
tiennent les rênes actuellement. « La
crise de 2008 est un bon point de com-
paraison. Les grands mots étaient sor-
tis dont ceux quasi altermondialistes de
Nicolas Sarkozy sur les paradis fiscaux.
Mais on n'en a tiré aucune leçon. Ni lui,
ni François Hollande ensuite. » ¦■
par Sophie De Ravinel @S2RVNL
↑ 14
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Revenir au monde “d'avant serait une faute politique majeure qui approfondirait la menace sur notre sur-
vie YANNICK JADOT, DÉPUTÉ EUROPÉEN D'EELV ”“ «Le coronavirus n'est pas qu'une crise sanitaire, c'est le nom du dérèglement du monde » JULIEN BAYOU, SECRÉ-
TAIRE NATIONAL D'EELV“
Tous droits réservés 2020 Le Figaro
9c7d55416940a00d12121327d10661876d790b56358d75bc6a5d6ae
Parution : Quotidienne
Diffusion : 313 876 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
Audience : 1 943 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 15
ECONOMIE
↑ 16
A Melun, ces commerçants résistent à la crise
Ils maintiennent leur activité grâce aux livraisons alors que les clients sont pour la plupartconfinés. Certains ont même augmenté leur chiffre d’affaires !
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Seine-et-Marne
Page 29
464 mots - 2 min
UNE DEP—SEINE-ET-MARNE
É conomie
Texte et photos Par Sophie Bordier
Si la préfecture de Seine-et-Marne a
finalement accepté la demande de
dérogation du maire de Melun pour
ouvrir le samedi matin le marché
couvert du mail Gaillardon (réduit à
une quinzaine de commerçants,
contre soixante en temps normal),
les boutiques alimentaires du centre-
ville restent toutes ouvertes.
Mieux : certaines prennent les com-
mandes par Internet et livrent désor-
mais les clients à domicile. Pas ques-
tion que l’épidémie de Covid-19 ait le
dernier mot ! Le site de la ville* dé-
taille précisément qui fait quoi et à
quels horaires.
« Je perdais du flux de clients. On a
donc décidé de livrer jusqu’à 15 km
autour de Melun. Ça peut aider les
gens, entre l’épicerie en vrac, les pro-
duits d’entretien ou les fruits et lé-
gumes issus de la cueillette de Voise-
non. Résultat : avec les grosses com-
mandes, je m’en sors à peu près »,
sourit Yann Desoubleaux, le patron
de la Mesure, rue du Miroir, qui
évoque les « commandes groupées
avec le volailler Deverdun ou l’épice-
rie du Corsican corner rue Carnot. »
Même démarche chez le poissonnier
à côté. « Notre chiffre d’affaires a
chuté de 50 à 65 % depuis que les
marchés où nous allions vendre à Pa-
ris sont arrêtés. Alors nous livrons à
nos anciens clients… et à des nou-
veaux », assure Abbès Benyoucef, qui
tient le commerce avec son frère
Nordine depuis 2012. La Brûlerie et
le primeur du Miroir des Halles sont
également très actifs quant aux li-
vraisons.
Et si les commerces
étaient exonérés de taxe
foncière ?
À la volaillerie-traiteur Deverdun,
Quentin Bontet, le fils du patron,
évoque carrément « un chiffre d’af-
faires en hausse de 10 % ». « C’est
vrai qu’on a moins de flux de clients
à cause du confinement, entame-t-il.
Alors les gens commandent et nous
livrons à partir de 30 € de marchan-
dises dans notre camion frigorifique
du mardi au dimanche dans un rayon
de 30 km autour de Melun, jusqu’à
Fontainebleau ! Le déplacement est
offert. On fait cinq ou six livraisons
par jour. »
Président de l’Unicom, l’association
des commerçants de Melun, Thomas
Barbier salue ces initiatives et rap-
pelle que les chèques cadeaux
« J’aime ma ville » offerts aux clients
sont prolongés du 31 mars au
30 juin. La municipalité, elle, a pro-
posé des mesures d’aides aux com-
merçants, comme l’exonération de la
taxe locale sur la publicité extérieure
et sur les droits de terrasse en 2020.
Élue melunaise et candidate aux der-
nières municipales, Ségolène Durand
(LR) veut aller plus loin et propose
au maire une « réflexion pour exoné-
rer les commerces de la taxe foncière
pour l’exercice 2019, ainsi que de la
cotisation foncière des entreprises en
2020 ».
« En fait demander un dégrèvement
de la part ville ou agglomération pour
donner un bol d’air à leurs trésore-
ries », résume-t-elle. Une revendica-
tion entièrement partagée par le pré-
sident de l’Unicom. ■
Melun, le 2 avril.La volaillerie Deverdunenregistre une haussede son chiffre d’af-fairesde 10 %, avec six livraisonspar jourdans un rayonde 30 km autour de Melun.
*www.ville-melun.fr
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Parution : Quotidienne
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Audience : 1 507 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 17
En plein plan social, l’entreprise médicale boostée par l’épidémie
Pour fournir des sondes utilisées en réanimation, les salariés de Péters Surgical travaillentsept jours sur sept. Leur usine fermera pourtant en juin et 60 emplois seront supprimés.
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
Page 34
494 mots - 2 min
L'ACTU—SEINE-SAINT-DENIS
B obigny | 93
Par Gwenael Bourdon
« Tout le monde s’y est mis, certains
ont même reporté leurs vacances. On
est solidaires des médecins et des
malades », explique une salariée.
Ambiance de mobilisation générale
au sein de l’entreprise Péters Surgi-
cal, à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Depuis quelques semaines, l’unité de
production de cette société spéciali-
sée dans le matériel de chirurgie
tourne à plein régime. Horaires éten-
dus de 6 heures à 22 heures, et sept
jours sur sept. L’enjeu : fournir aux
services de réanimation des hôpitaux
français toujours plus de « sondes de
Motin ». Ce matériel mis au point par
Péters Surgical il y a vingt ans permet
d’aspirer les sécrétions bronchiques
de patients placés en réanimation, et
est muni d’une gaine permettant de
limiter les risques de contamination.
Une publicité qui fait
tousser la CGT
En temps normal, le site de Bobigny
en produisait 7 000 par jour. Il est au-
jourd’hui « au maximum de ses ca-
pacités, à 50 000 unités par jour, in-
dique la direction. Cela ne répondant
pas à la demande qui ne cesse de
croître, Péters Surgical a choisi de
prioriser la France et ainsi de s’asso-
cier à l’effort de solidarité national ».
Et l’entreprise le fait savoir, par voie
de communiqué envoyé à plusieurs
médias. Mais cette publicité fait
tousser la CGT, qui rappelle que les
salariés mobilisés aujourd’hui « se-
ront licenciés en juin prochain » :
« Voilà comment la direction ex-
prime sa gratitude envers leur impli-
cation ! », vitupère le syndicat dans
son propre communiqué, en rappe-
lant la bonne santé financière du
groupe (5,9 M€ de bénéfice net en
2019).
Les licenciements étaient en réalité
actés bien avant le début de l’épidé-
mie. En septembre, la direction de
Péters Surgical annonçait un plan de
suppression de 60 emplois sur les
134 du site de Bobigny, et la ferme-
ture de l’unité de production qui s’y
trouve. « Ce qui est choquant, c’est le
décalage entre le discours et la réa-
lité, estime Julien Faidherbe, délégué
CGT. On a presque l’impression que
c’est du mécénat ! Le personnel sera
quand même licencié à la fin. »
Le syndicat interpelle l’Etat pour exi-
ger le « maintien des emplois à Bo-
bigny » et l’arrêt « des politiques de
délocalisation ». Un terme que la di-
rection de Péters Surgical récuse. La
production n’est pas transférée, ex-
plique-t-elle en substance, mais
stoppée. Et ce en raison de l’entrée
en vigueur, en mai, d’un nouveau rè-
glement européen sur les dispositifs
médicaux jugé trop contraignant.
« Ce sont des exigences drastiques,
qui vont faire souffrir toute la pro-
fession », confirme Jean-Baptiste de
Traversay, délégué CFE-CGC (un des
syndicats signataires du plan social).
A partir d’octobre, la société, déte-
nue majoritairement par le fonds
d’investissement français Eurazéo,
deviendra « pour la France le distri-
buteur d’un producteur de dispositifs
médicaux indien dont la certification
correspond aux nouvelles normes eu-
ropéennes ».
Les sondes qu’elle vendra aux hôpi-
taux français auront donc été fabri-
quées en Inde - mais pas dans l’usine
qu’elle y détient. D’autres produits
continueront à être fabriqués en
France, sur deux sites en province. ■
En octobre dernier, des salariés de PétersSurgical ont manifesté contre des licen-
ciements.
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Les entreprises mettent le chômage partiel à profits
Malgré les mises en garde de la ministre du Travail, qui a prévenu que les abus seraientlourdement sanctionnés, des sociétés demandent à bénéficier des aides de l’Etat touten obligeant leurs salariés à travailler. En toute illégalité.
N° 12079mardi 7 avril 2020
Édition(s) : PrincipalePages 12-13
1673 mots - 7 min
FRANCE
I ls seront«lourdement
sanctionnés», a prévenu la mi-
nistre du Travail, Muriel Pénicaud.
Une menace directement adressée
aux employeurs qui usent et abusent
de l’activité partielle. Principal outil
pour soutenir les entreprises dont
l’activité est plombée par la crise sa-
nitaire, cette mesure, aussi appelée
«chômage partiel», leur permet de
faire supporter tout ou partie de leur
masse salariale à l’Etat, mais unique-
ment lorsqu’elles ne sont plus en ca-
pacité de faire travailler leurs sala-
riés. Objectif du gouvernement, qui a
largement ouvert les vannes du dis-
positif : freiner au maximum la vague
de licenciements économiques qui
menace de déferler sur le pays. De-
puis la fermeture de nombreuses en-
treprises pour cause de pandémie, les
demandes explosent. Derniers
chiffres en date : 470 000 entreprises
avaient fait appel à ce dispositif ven-
dredi, concernant 5 millions de sala-
riés, soit un sur quatre dans le sec-
teur privé. Le tout pour un coût esti-
mé à 15 milliards d’euros. Or, si le
chômage partiel doit permettre aux
entreprises bénéficiaires de tenir bon
dans la tempête, certaines en font un
usage plus que hasardeux. Voire s’y
engouffrent par pur effet d’aubaine.
La combine est aussi simple qu’elle
peut être crapuleuse dans le contexte
de crise sanitaire et économique : sur
simple requête automatisée auprès
des services de l’Etat, une entreprise
demande à placer ses salariés en ac-
tivité partielle, tout en invitant ces
derniers, en toute illégalité, à conti-
nuer à travailler, le plus souvent en
télétravail. Résultat : si la demande
porte sur l’ensemble des heures de
travail, elle se voit alors verser une
aide de l’Etat couvrant la totalité des
sommes dues à ses employés, soit
84% de leurs salaires net. Les entre-
prises obligées, par accord, de com-
penser les salaires à hauteur
de 100%, devront toutefois débourser
les 16% restants, mais une exonéra-
tion de cotisations sociales et fiscales
s’applique alors. De quoi alléger l’ar-
doise. Autre variante : dans certaines
sociétés, le dispositif est seulement
demandé pour une partie du temps
de travail des salariés… mais ces der-
niers sont, eux, fortement incités à
travailler à 100%.
«En cette période compliquée, des pa-
trons sont prêts à faire travailler des
salariés dont la rémunération est as-
surée au titre du chômage partiel. […]
Poliment, c’est illégal. Vulgairement,
c’est de l’escroquerie», dénonce la
CFDT de l’Oise. Sur le site de la
branche cadres et techniciens de la
CGT, les témoignages de salariés se
multiplient. Ici c’est un employé
d’une société de services de courtage
en ligne, à Paris, qui témoigne :
«Dans le cadre de la mise en place du
dispositif, le service commercial est au
chômage partiel à 80%, d’autres ser-
vices sont à 50% en moyenne. Mais on
demande explicitement aux salariés de
travailler à 100%.» Autre exemple,
dans une société d’étude en ingénie-
rie. «On a reçu une note de service
le 17 mars nous informant de la mise
en place du chômage partiel. Mais les
premiers jours, beaucoup de salariés
ont reçu des pressions pour continuer à
travailler en télétravail, voire pour al-
ler sur des chantiers», relate un élu du
personnel. Selon ce cégétiste, le cas
n’est pas isolé : «Dans notre secteur,
des patrons se servent de l’activité par-
tielle pour se faire rémunérer par l’Etat
tout en envoyant les gars au boulot, as-
sure-t-il. Ce qui est malheureux, c’est
qu’à la fin c’est nous qui allons payer,
avec nos impôts !»
Des contrôles faits a posteriori
Chez Solidaires, on recense aussi des
abus. «On a le cas d’une entreprise qui
a mis ses salariés en activité partielle
à 100% tout en leur donnant encore des
tâches à faire en télétravail et en leur
disant que cela leur serait payé en
heures supplémentaires plus tard», re-
late Eric Beynel, porte-parole de
l’union syndicale. Selon le syndica-
liste, qui plaide pour l’arrêt de toutes
les activités non essentielles, cer-
tains employeurs ont toutefois fait
volte-face ces derniers jours en re-
nonçant au dispositif. Car, en face,
le ministère du Travail se montre dé-
sormais intraitable. La semaine der-
nière, Muriel Pénicaud a précisé les
sanctions applicables face à des si-
tuations qui s’apparentent à du «tra-
vail illégal» selon ses services : rem-
boursement de toutes les sommes
perçues, impossibilité de bénéficier
d’aides publiques en matière d’em-
ploi ou de formation professionnelle
↑ 19
pour une durée pouvant aller jusqu’à
cinq ans, mais aussi, sur le plan pé-
nal, le risque pour le patron indélicat
d’écoper de deux ans de prison et
de 30 000 euros d’amende. Des sanc-
tions «cumulables», précise le minis-
tère, qui «invite les salariés et les re-
présentants du personnel à signaler
aux Direccte [directions régionales
des entreprises, de la concurrence, de
la consommation, du travail et de
l’emploi, ndlr] tout manquement».
Reste que les services de l’Etat sont
à l’heure actuelle saturés, souligne-t-
on chez Solidaires, avec des contrôles
qui ne pourront se faire qu’a poste-
riori.
Même son de cloche à la CFDT, aler-
tée par ses adhérents d’usages plus
ou moins licites de l’activité par-
tielle. Parmi les témoignages reçus,
celui d’un salarié d’une menuiserie :
«L’atelier a été arrêté. Tout le monde a
été mis en chômage partiel, mais on me
demande de télétravailler le matin pour
faire des plans.» Jeudi, sur France In-
fo, Laurent Berger, le secrétaire gé-
néral de la confédération, a dénoncé
toutes ces formes d’abus. Epinglant
à nouveau les entreprises qui ont les
reins solides et optent quand même
pour le dispositif. Dont l’opérateur
télécoms SFR (propriété du groupe
Altice, également actionnaire princi-
pal de Libération) : «Il faut aussi que
des entreprises qui n’ont pas à faire de
chômage partiel, qui peuvent s’organi-
ser en télétravail, puissent le faire. Par
exemple, SFR a fait une demande de
mise en activité partielle de 5 000 sa-
lariés, 50% de l’ensemble de l’effectif.
[…] Alors que cette entreprise pourrait
s’organiser autrement.» Et le numé-
ro 1 du syndicat d’ajouter : «Il faut
aussi faire attention à ce que certaines
entreprises, sur le dos de la collectivité
nationale, d’une certaine manière au
détriment d’autres salariés, d’autres
entreprises, n’abusent pas non plus de
ces dispositifs de chômage partiel.»
L’actionnaire majoritaire d’Altice, le
milliardaire Patrick Drahi, a defendu
la semaine dernière sa «très bonne dé-
cision» : «Je ne suis pas heureux de
mettre des gens au chômage partiel […]
mais nous ne virons personne, les em-
ployés reviendront au travail après la
crise», a justifié l’homme d’affaires.
Développeur web dans le secteur du
tourisme, Pierre (1) fait partie de ces
salariés en activité partielle à qui l’on
a demandé de continuer à télétra-
vailler. Mais pour lui, comme pour
d’autres, la notion d’abus n’est pas
si évidente à définir. «Officiellement,
tous les salariés de la boîte sont en ac-
tivité partielle à 50% ou plus. Mais,
dans les faits, on demande à certains
de faire un peu plus. Moi, je bosse
à 90% alors que je suis supposé ne faire
qu’un 50%. On est dans une zone grise.
Rien n’est écrit, le message passe par
les managers. Il n’y a pas de pression,
mais on nous dit d’y mettre du nôtre.
Et comme les gens sont stressés, qu’ils
ont peur de perdre leur job si la boîte
coule, ils acceptent.» Pour le trente-
naire, il y a une «faille» : «Comment
tu définis 50% ?» Difficile, en effet, en
télétravail, et sur certains métiers, de
jauger de manière précise la charge
de travail demandée et la durée de
travail effectuée. De quoi rendre les
contrôles plus complexes. Et le déve-
loppeur web d’ajouter : «C’est sûr que
l’entreprise essaye de profiter un peu
de la situation, mais il y a pire comme
truanderie, car elle est réglo côté sa-
laires, on est payé à 100%. Et c’est vrai
que la boîte ne va pas bien ; on est
dans le tourisme, c’est un argument re-
cevable.»
«On n’a pas trop son mot à dire»
Une zone grise que l’on retrouve aus-
si dans les entreprises ayant deman-
dé des arrêts de travail pour garde
d’enfants pour leurs salariés. Offi-
ciellement, ce dispositif mis en place
par le gouvernement à la suite de la
fermeture des crèches et des écoles
ne doit être utilisé que lorsque le
poste n’est pas compatible avec le
travail à distance. «Le télétravail doit
être la règle», martèle la ministre du
Travail. Mais des entreprises
adoptent une lecture plus souple et
proposent cette solution à leurs em-
ployés. Et là aussi, certaines n’hé-
sitent pas à les inciter à continuer à
télétravailler. Une situation tout aus-
si illicite et qui expose les em-
ployeurs aux mêmes sanctions pour
travail illégal. «Travailler en étant en
arrêt, c’est niet», tranche-t-on au mi-
nistère de la Santé. Une consigne qui
est loin d’être suivie partout.
Exemple avec Elsa (1), salariée dans
l’édition web et mère isolée. En arrêt
de travail pour garde d’enfants, elle a
d’elle-même proposé à ses supérieurs
de continuer à travailler un peu à dis-
tance. «Officiellement je suis en arrêt,
mais comme l’équipe était vraiment
sous l’eau, j’ai proposé d’être en ren-
fort», explique-t-elle. Une proposi-
tion bienvenue pour sa hiérarchie.
Mais s’occuper d’un enfant en bas
âge tout en travaillant le soir est vite
devenu «un marathon difficilement te-
nable» au bout de deux semaines. De
quoi convaincre son employeur de fi-
nalement lui trouver un remplaçant.
Autre cas de figure avec Paul (1), sa-
larié d’un cabinet d’expertise comp-
table francilien, en arrêt de travail,
chez lui avec ses deux enfants en bas
âge, depuis mi-mars. Mais sans avoir
lâché son clavier d’ordinateur. Loin
de là. «On est en plein boom, nos
clients se posent beaucoup de ques-
tions. On ne peut pas les lâcher. Ils ont
des problèmes de trésorerie, ils ne
savent pas comment payer les salaires.
Il va y avoir des dégâts… Et puis j’ai
toute une équipe derrière moi ; si je
m’arrête, c’est vraiment problématique
pour le cabinet», pointe-t-il. Sa
femme étant en télétravail, ils
doivent tous deux jongler entre logis-
tique familiale et dossiers. Lui estime
travailler à 70% par rapport à ses
journées habituelles. Son employeur
ne lui a guère laissé le choix. «C’est
une entreprise où l’on n’a pas trop son
↑ 20
mot à dire», précise-t-il. Au début, il
devait même justifier quotidienne-
ment toutes ses heures de travail.
Depuis, ses supérieurs se sont ravi-
sés. «Ce qui enlève pas mal de pres-
sion», note Paul qui, par sens du de-
voir, accepte tant bien que mal la si-
tuation mais se dit aussi «très fati-
gué». Et l’expert-comptable de
conclure : «Ce qui est marrant, c’est ce
qu’on ne donne pas du tout les mêmes
conseils à nos clients. On leur dit plutôt
de rester dans le cadre légal.»
(1) Le prénom a été changé. ■
par Amandine Cailhol
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Paris menace de faire échouer le plan CentenoBruno Le Maire juge insuffisants les trois instruments proposés à l'Eurogroupe et défend son fonds desolidarité.
N° 23527mardi 7 avril 2020
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1041 mots - 4 min
ÉCONOMIE
EUROPE Nouveau test de solidarité
pour les Vingt-Sept. Après l'échec, il
y a deux semaines, de la réunion des
leaders européens, les ministres des
Finances tenteront à nouveau ce
mardi après-midi de se mettre d'ac-
cord, par visioconférence, sur un plan
de soutien aux pays les plus dure-
ment touchés par la crise du corona-
virus. Au regard des noms d'oiseaux
échangés ces derniers jours entre
certains dirigeants du bloc, beaucoup
se gardaient, lundi, de faire des pro-
nostics. « Soit la réunion de l'Euro-
groupe (à dix-neuf) se passe bien et
une visioconférence des Vingt-Sept
pourrait être programmée pour la fin
de la semaine. Soit il n'y a pas d'una-
nimité et pas de consensus, et elle aura
lieu après Pâques », confiait, prudent,
un diplomate européen.
Mario Centeno, président de l'Euro-
groupe et ministre portugais des Fi-
nances, a fait connaître en fin de se-
maine dernière les contours du plan
mis sur la table. Il comporte trois
grandes composantes : l'activation
d'une ligne de crédit dans le cadre
du Mécanisme européen de stabilité
(MES) pouvant aller jusqu'à 240 mil-
liards d'euros (2 % du PIB de la zone
euro), la création par la Banque eu-
ropéenne d'investissement (BEI) d'un
fonds de garantie de 25 milliards
d'euros, financé par les États
membres, qui permettrait au final de
mobiliser jusqu'à 200 milliards d'eu-
ros d'investissement dans les PME et
enfin le lancement par la Commis-
sion européenne du programme
Sure, doté de 100 milliards d'euros
pour aider les États à financer le chô-
mage partiel. Cette fusée à trois
étages permettrait de venir en aide
aux États membres, aux entreprises
privées et aux travailleurs.
Eurobonds tabous
Le président de l'Eurogroupe se flat-
tait vendredi d'avoir obtenu « un
large soutien » parmi les Vingt-Sept.
Si plusieurs points faisaient toujours
l'objet de discussions lundi entre les
capitales - le montant de la garantie
de 25 milliards apportée à la BEI, des
conditions plus strictes à moyen
terme réclamées par les Pays-Bas
pour les pays bénéficiant du MES,
etc. - , un accord semblait à portée de
main, sous réserve que le gouverne-
ment néerlandais obtienne, ce mardi,
un feu vert de son Parlement où il ne
peut compter sur une majorité. Dans
une tribune publiée lundi matin, les
ministres allemands Olaf Scholz (Fi-
nances) et Heiko Maas (Affaires
étrangères) semblaient ainsi donner
quitus au plan de Mario Centeno. «
La stabilité financière doit être appor-
tée aux pays les plus durement touchés
par la crise corona rapidement, sim-
plement et à l'échelle nécessaire. Nous
proposons donc de travailler ensemble
rapidement pour assurer une liquidité
suffisante dans tous les pays de l'Union
européenne, afin que les emplois ne dé-
pendent pas des caprices des spécula-
teurs », écrivent-ils.
Le plan Centeno, il est vrai, met de
côté la question taboue des euro-
bonds dont ne veulent pas entendre
parler les pays du Nord, parmi les-
quels les Pays-Bas, la Finlande, la
Suède, le Danemark, l'Autriche mais
aussi l'Allemagne. Mais que poussent
notamment la France, l'Italie, l'Es-
pagne et le Portugal.
Par la voix du ministre des Finances,
Bruno Le Maire, Paris a fait savoir
que le fonds de solidarité qu'il a pro-
posé la semaine dernière devait fi-
gurer noir sur blanc dans les conclu-
sions de la réunion afin qu'une dis-
cussion puisse avoir lieu parmi les
Vingt-Sept. « On doit s'entendre sur
les trois instruments. Mais, il faut être
clair. Ces instruments ne suffisent pas
face à la gravité de la crise », a souli-
gné le ministre français, en pointant
la nécessité de « financer une straté-
gie de reprise fondée sur l'investisse-
ment ». En réalité, la France pourrait
faire capoter la réunion de mardi si
sa proposition de création d'un fonds
de solidarité est balayée avant même
d'avoir été proposée aux leaders. Ce
fonds, d'une durée limitée de 3 à 5
ans, qui pourraient atteindre 3 % du
PIB de l'UE soit 420 milliards d'euros
environ, serait utilisé pour financer
des investissements publics néces-
saires à la relance : modernisation
des hôpitaux, sauvetage de grandes
entreprises, financement de nou-
velles technologies, etc. Le fonds se-
rait financé par chaque État membre
à hauteur du poids de son PIB dans
l'Union mais certains pays bénéfi-
ciaires, fortement touchés par la
crise, pourraient recevoir davantage.
¦■
↑ 22
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
580
milliards d'euros Somme que la « fusée à 3 étages » (MES, BEI, « Sure ») pourrait mobiliser.
par Anne Rovan
Tous droits réservés 2020 Le Figaro
3778e53f61308d03f20212b77202919f66d9f75c453076edf685d1f
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PRÉCARITÉ
↑ 24
Le bidonville oublié de la porte de la Villette
Le long du périphérique parisien, des cabanes de fortune abritent une centaine de Roms,vivant dans une plus grande précarité encore depuis le confinement.
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
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547 mots - 2 min
L'ACTU—PARIS
P aris | XIX e
Par Cécile Beaulieu
Masqué par l’afflux de migrants dans
le nord-est parisien, devenu invisible
alors que les projecteurs étaient bra-
qués sur les évacuations de campe-
ments à répétition, le bidonville rom
de la porte de la Villette à Paris (XIX
e) a sombré dans l’oubli.
Pourtant, sur deux sites, le long du
périphérique et en contrebas, une
quarantaine de cabanes de fortune
abritent cent personnes, parmi les-
quelles 25 enfants, presque totale-
ment abandonnées depuis le début
du confinement.
Ils ne parviennent plus à
acheter leur nourriture
Lorsque l’épidémie s’est déclarée,
une partie de ceux qui occupent de-
puis un peu plus d’un an les lieux a
fui vers la Roumanie et la Hongrie.
Ils y ont été placés en quarantaine,
dans « des conditions extrêmement
dures », selon les témoignages reçus
par les familles restées à Paris.
Les autres ont choisi de rester dans
les baraquements de la porte de la
Villette, l’un des derniers bidonvilles
de la capitale. Et se retrouvent dé-
sormais privés de tout revenu. « Ils
étaient ferrailleurs, mendiants, tra-
vaillaient au noir dans le bâtiment…
Autant d’activités dont ils sont main-
tenant privés depuis que Paris est
confiné, détaille André Feigeles, du
collectif Rom Paris, l’un des derniers,
avec le Secours catholique, à se
rendre encore sur place. Aujourd’hui,
ils ne parviennent plus à acheter leur
nourriture, essentiellement des
pommes de terre, des tomates, de la
volaille. Pas plus que l’huile, l’eau en
bouteille, le lait en poudre et les
couches pour les enfants, mais éga-
lement les bouteilles de gaz : comme
ils font la cuisine eux-mêmes, leurs
besoins ne correspondent pas tou-
jours avec les distributions alimen-
taires. »
Réunies au sein de l’association des
Bâtisseurs de cabanes, les familles
roms ont ouvert une cagnotte Leetchi
qui leur a permis d’obtenir près de
3 400 € pour leurs achats de première
nécessité. « Aucun d’entre eux n’est
malade pour l’heure, souligne André
Feigeles, mais il faut à tout prix éviter
une crise humanitaire en plein Pa-
ris. »
Ironie du sort, le bidonville devait
être évacué le 16 mars, veille de la
date de confinement. Des chambres
d’hôtel avaient été réservées pour les
familles avec enfants, avant que
l’opération soit annulée sine die.
« Tous les dispositifs de distribution
de nourriture, et plus particulière-
ment les Restos du cœur, restent ac-
tifs, assure François Dagnaud, le
maire (PS) du XIX e. Mais évidem-
ment dans les limites de l’exercice au
regard de la situation actuelle : de
nombreux bénévoles sont eux-
mêmes confinés, certains sont ma-
lades. Mais les maraudes continuent
auprès des personnes à la rue… »
Pourtant, même s’ils bénéficient des
paniers repas distribués par les Res-
tos, les habitants du bidonville sont
« dans un grand état d’anxiété », as-
sure André Feigeles. « Ils ont
d’ailleurs mis un certain temps à
comprendre ce qui se passait, et la
portée du confinement. Pour des
gens qui ont toujours refusé l’assis-
tanat au profit de la débrouille fami-
liale, c’est très compliqué. »
Des centaines d’autres
Roms en banlieue
Pour les autres Roms de la capitale
et de banlieue également. Une ving-
taine d’adultes et d’enfants vit dans
les mêmes conditions, derrière le
stade Charlety (XIII e). Quelque
380 autres occupent des bidonvilles
à Drancy, Saint-Ouen (Seine-Saint-
Denis) et Cergy (Val-d’Oise). Aux-
quels s’ajoutent plusieurs centaines
installées à Saint-Denis et dans des
squats à Bagnolet (Seine-Saint-De-
nis). ■
↑ 25
Paris, porte de la Villette (XIXe). Une cen-taine de Roms survivent dans deux sites
près du périphérique. Le bidonville devaitêtre évacué le 16 mars, veille du confine-
ment, et les familles logées à l’hôtel.L’opération a été annulée.
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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SANTÉ
↑ 27
Et si l’hôpital rouvrait son service de réanimation ?
Dans une lettre ouverte adressée au préfet et à l’ARS, des soignants et élus demandent quesoient remis en place les lits supprimés l’été dernier. Impossible selon la direction.
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Val d'Oise
Page 29
830 mots - 3 min
UNE DEP—VAL-D'OISE
B eaumont-sur-oise
Par Marie Persidat
La proposition, très sérieuse, vient
d’être envoyée via une lettre ouverte
par des soignants, élus et habitants
à l’agence régionale de santé (ARS)
et à la préfecture : et si on rouvrait
le service de réanimation de l’hôpital
de Beaumont-sur-Oise ? Et ce alors
que le pic de l’épidémie de Covid-19
n’est toujours pas atteint dans la ré-
gion.
Pour rappel, l’établissement de
proximité, qui fait partie du Groupe-
ment hospitalier de territoire nord-
ouest Vexin Val-d’Oise (GHT NOVO),
a vu l’un de ses services fermer il y
a peu dans le cadre d’une réorgani-
sation. L’été dernier, les huit lits de
réanimation de Beaumont-sur-Oise
étaient transférés vers Pontoise ainsi
que quatre lits de soins intensifs.
Cette décision, très contestée à
l’époque, prend une nouvelle dimen-
sion aujourd’hui en pleine crise sani-
taire.
174 morts, au 2 avril,
dans le département
« Nous sommes face à une mise en
danger immédiate de la vie des pa-
tients », écrivent ainsi les représen-
tants de la CGT (CGT Santé 95 et CGT
de l’hôpital de Beaumont), un repré-
sentant de l’association des méde-
cins urgentistes de France (Amuf) qui
exerce aux urgences de Beaumont,
ainsi que les membres du Comité de
défense du Groupement hospitalier
Carnelle Portes de l’Oise (GHCPO).
Les auteurs de ce texte citent alors
quelques chiffres alarmants. « Au 2
avril 2020 pour l’Oise : 126 morts,
354 hospitalisations et 73 patients en
réanimation et dans le Val-d’Oise :
174 morts, 816 hospitalisations et
154 en réanimation. Les services de
réanimation et unités Covid-19 des
hôpitaux de Creil, de Beauvais,
d’Eaubonne, de Gonesse et de Pon-
toise sont saturés […] A l’Ehpad de
Crouy-en-Thelle (Oise), à 10 km de
Beaumont, 20 résidents sur
80 viennent de mourir et à Chambly,
à la résidence Louise-Michel, 30 per-
sonnes sont atteintes du Co-
vid-19 dont 17 soignants ! Les trans-
ports en hélicoptère ou TGV sani-
taires se multiplient et cette stratégie
de transfert des patients vers la pro-
vince interroge. »
Moins coûteux que des
transferts en province
Alors que l’hôpital de Pontoise a déjà
évacué certains de ses malades vers
Rennes (Ille-et-Vilaine) via le TGV
sanitaire affrété par l’Etat, les au-
teurs de la lettre posent la question
du sens et du coût de ces transferts.
« Ne serait-il pas plus judicieux, rai-
sonnable, moins chronophage en
personnels mobilisés, moins coûteux
et surtout plus humain, plus sécuri-
sant, pour tous ces malades déplacés
que de rouvrir les 8 lits de réanima-
tion et 4 lits de soins continus à l’hô-
pital de Beaumont-sur-Oise ? »
Pour la CGT, rouvrir au plus vite la
réanimation dans cet hôpital de
proximité est faisable. « Tout est en-
core là, les locaux, les prises d’oxy-
gène. » Si une partie des respirateurs
se trouvant à Beaumont sont déjà
partis vers Pontoise, « l’ARS est tout
à fait capable de remettre en place
une équipe et du matériel si elle le
souhaite ». Le syndicat rappelle alors
que l’hôpital d’Eaubonne vient par
exemple de voir ses services renfor-
cés par neuf infirmiers et aides-soi-
gnants originaires de la région Paca
depuis quelques jours. « C’est quand
même beaucoup plus simple et moins
coûteux de faire venir du personnel
et du matériel plutôt que de déplacer
les patients », estime la CGT.
Un avis partagé par Nathalie Ravier,
maire (SE) de Méru (Oise). « Actuel-
lement, on construit bien des hôpi-
taux de campagne en France. Nous,
nous avons un hôpital de proximité,
il suffirait de lui redonner des
moyens. Aujourd’hui nous vivons
dans un bassin de population de plus
de 180 000 personnes, et pourtant
l’hôpital de proximité a été vidé de sa
substance. »
« Inimaginable » pour la
direction mais une unité
Covid a été ouverte
Pour la direction du GHT NOVO ce-
pendant, la réouverture de la réani-
mation de Beaumont-sur-Oise n’est
pas imaginable. « Les lits de soins cri-
tiques de réanimation du GHT NOVO
↑ 28
sont situés sur le site de Pontoise :
les ressources médicales et soi-
gnantes étant rares, et l’environne-
ment hyperspécialisé, il est impos-
sible d’envisager l’ouverture d’un se-
cond centre tout en garantissant des
conditions de prise en charge d’une
qualité et d’une sécurité équiva-
lentes », déclare la hiérarchie du
groupement.
La direction rappelle que le « service
de réanimation sur le site de Pontoise
est passé de 18 à 42 lits » et que « la
prise en charge est assurée en lien
avec les autres réanimations du ter-
ritoire (Eaubonne, Argenteuil, Go-
nesse…). En cas de saturation des ré-
animations du 95, les patients sont
transférés à Paris voire hors Ile-de-
France. Pour ce faire, une cellule de
gestion et de coordination régionale
a été mise en place par le Samu de
Paris et l’ARS Ile-de-France ».
En revanche « une unité de tri Covid
a été ouverte au sein des urgences
de l’établissement (NDLR : de Beau-
mont-sur-Oise) », précise le GHT.
« Les patients y sont pris en charge
par les urgentistes. En fonction du
diagnostic médical, ils peuvent être
renvoyés à domicile ou adressés au
site de Pontoise pour les cas les plus
aigus. Des prélèvements peuvent
être réalisés sur place en cas de né-
cessité.
A compter de la fin de semaine, une
unité d’hospitalisation Covid + va
être ouverte au sein de l’établisse-
ment. Disposant dans un premier
temps de 7 lits, elle est destinée à ac-
cueillir les patients avérés positifs,
nécessitant une hospitalisation. »■
LP/Olivier Boitet
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Covid-19, miroir des inégalités territoriales et sociales dans le 93
La Seine-Saint-Denis est un des départements les plus touchés par l’épidémie : décès enforte hausse, manque cruel d’équipements sanitaires, surpopulation dans de nombreuxlogements. L’Etat doit s’engager.
N° 12079mardi 7 avril 2020
Édition(s) : PrincipalePage 18
854 mots - 3 min
IDÉES
T ribune. Notre société n’a pas
changé de regard sur la Seine-
Saint-Denis et nous payons cher des
décennies de rupture d’égalité. La
crise sanitaire que nous traversons
révèle les inégalités sociales et terri-
toriales. Quant à l’engorgement déjà
constaté des hôpitaux, malgré le for-
midable engagement du personnel
soignant, il braque une lumière tra-
gique sur l’importance de nos alertes
répétées.
Entre les 21 et 27 mars, les décès ont
bondi de + 63 % en Seine-Saint-Denis
par rapport à la semaine précédente.
Bien plus que dans les autres dépar-
tements d’Ile-de-France. Il faut dire
que non seulement les personnes qui
travaillent, et donc restent exposées,
sont plus nombreuses qu’ailleurs
dans notre département mais les cas
d’obésité, de diabète et de maladies
cardiovasculaires, qui rendent plus
fragiles face au Covid-19, y sont aussi
nettement plus nombreux
qu’ailleurs. Les inégalités sociales et
territoriales se trouvent imbriquées.
La population de notre département
a régulièrement été pointée du doigt
pour sa supposée «négligence» dans
l’application des mesures de distan-
ciation sociale. Les plus riches qui
ont fui l’Ile-de-France pour rejoindre
leur résidence secondaire n’écopent
pas d’amende pour manque de vigi-
lance dans la propagation du virus
mais les jeunes des quartiers popu-
laires qui ont mis quelques jours
avant de rester confinés chez eux et
de ne plus sortir dehors n’ont pas
échappé aux amendes. Contraire-
ment aux idées reçues, les habitants
de la Seine-Saint-Denis respectent,
comme les autres, la discipline de
confinement. Le préfet lui-même l’a
rappelé. Nous regrettons que des re-
portages pointent du doigt les popu-
lations du 93, présentées comme dé-
cidément incapables de respecter les
règles de la République, alors même
que c’est la République qui ne tient
pas sa promesse d’égalité…
Les quartiers populaires ne sont pas
à égalité de situation devant le confi-
nement. La surpopulation de nom-
breux logements, quand ces derniers
ne sont pas carrément insalubres,
rend l’expérience particulièrement
éprouvante pour des milliers de fa-
milles. Combien de personnes âgées
se sont-elles déjà retrouvées confi-
nées chez elles à cause des pannes
récurrentes d’ascenseurs ? Quant au
télétravail, il n’est pas la norme dans
le département le plus pauvre de la
métropole. Aides-soignantes, cais-
sières, éboueurs, livreurs, femmes de
ménage, ouvriers sont appelés à tenir
bon et à poursuivre leur activité, au
risque d’attraper le virus et de conta-
miner leurs proches. Les images du
quai bondé du RER B cette semaine
donnent à voir cette réalité et une
dangereuse promiscuité. C’est ainsi
qu’est décédée jeudi dernier Ai-
cha Issadounène, 52 ans, employée
et syndicaliste dans un Carrefour de
Saint-Denis. Protéger celles et ceux
qui travaillent pour assurer l’indis-
pensable et cesser toutes les activités
non essentielles est absolument vi-
tal, notamment pour les populations
de notre territoire.
La fracture éducative, nourrie par
celle du numérique, va quant à elle
laisser des milliers de jeunes sur le
carreau. Et concernant les structures
de soin, certains redécouvrent com-
bien elles sont dramatiquement
sous-armées : le département
compte trois fois moins de lits en ré-
animation que les Hauts-de-Seine, et
37 villes sur 40 sont déclarées déserts
médicaux par l’ARS.
Face à la crise sanitaire, le désenga-
gement massif de l’Etat depuis des
décennies nous saute à la gorge. Loin
d’être le «territoire perdu» que cer-
tains fantasment de l’autre côté du
périphérique, le département de la
Seine-Saint-Denis prend aujourd’hui
plus que sa part dans la lutte contre
la pandémie. Ses habitants sont par-
mi les premiers à subir les effets de
notre impréparation nationale. Le
Covid-19 amplifie aujourd’hui des
inégalités territoriales déjà gonflées
par des années de néolibéralisme et
d’austérité. Les catégories populaires
seront les premières menacées par la
crise économique qui pointe, et la
fermeture des services sociaux, des
banques alimentaires, agrandit en-
core un peu plus le trou dans la ra-
quette d’un maillage social qui per-
met pourtant à beaucoup de «tenir».
Pour résister à la pandémie, la Seine-
↑ 30
Saint-Denis a pour elle sa jeunesse,
son dynamisme et la formidable so-
lidarité qu’elle s’est forgée. Nous
sommes impressionné·e·s par l’éner-
gie et la créativité qui se déploient
pour assurer une solidarité. Les ini-
tiatives d’entraide se multiplient,
portées par des citoyens qui ont
grandi avec l’amère conviction qu’ils
ne peuvent compter que sur eux-
mêmes, puisque l’Etat et ses services
publics ont déserté. Depuis des an-
nées, associations, citoyens, et élus,
nous nous battons pour obtenir de
l’Etat un plan d’urgence à la mesure
des inégalités territoriales que nous
éprouvons chaque jour.
Le département de la Seine-Saint-
Denis, avec ses villes mondes et son
formidable maillage associatif, ses
fonctionnaires compétents et enga-
gés, se révèle donc avec ses forces et
ses fragilités, en tout cas très loin de
la caricature violente à laquelle beau-
coup voudraient le réduire. Nous
tiendrons le choc, coûte que coûte,
puisque nous n’en avons pas le
choix. Mais dès maintenant, nous
rappelons l’Etat à ses engagements.
De l’hôpital à l’école, en passant par
le logement, la pandémie agrandit
des fractures sur lesquelles nous
n’avons eu de cesse d’alerter, et qu’il
devient chaque jour plus vital de col-
mater.
Il faut conjurer le pire. Et pour cela,
commencer à changer de regard pour
basculer, tout de suite, dans le
monde d’après, celui qui sera sou-
cieux d’égalité et de justice sociale.
Nous avons la conviction que pour
penser les normes nouvelles d’une
société refondée post-Covid-19, la
Seine-Saint-Denis est un point de re-
pères universels et un atout dans la
reconstruction. ■
Tous droits réservés Libération 2020
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Île-de-France : « La crise est loin d'être derrière nous »
N° 23527mardi 7 avril 2020
Page 2
673 mots - 3 min
L'ÉVÉNEMENT
A urélien Rousseau est directeur
général de l'Agence régionale
de santé d'Île-de-France.
LE FIGARO. - Le confinement
semble-t-il enfin produire des ef-
fets en Île-de-France ?
Aurélien ROUSSEAU. - Même s'il y
a un ralentissement indéniable de la
progression des arrivées en réanima-
tion, et des hospitalisations en mé-
decine conventionnelle, la crise est
loin d'être derrière nous. Chaque
jour, nous avons toujours plus de pa-
tients en réanimation que la veille
(entre 50 et 70 malades supplémen-
taires, contre 250 la semaine der-
nière). La plupart d'entre eux ne
viennent toutefois pas de l'extérieur
: ils étaient déjà hospitalisés et sont
admis en réanimation à la suite de
la dégradation de leur état. C'est un
autre indicateur encourageant.
Pourquoi ?
Nous avons toujours quelque 3 000
patients, dont 2 500 Covid, en réani-
mation alors que notre capacité habi-
tuelle est de 1 200 lits. Si nous avons
tenu, c'est grâce au travail acharné
des personnels de santé, au renfort
de près de 500 soignants venus de
tout le pays, et aux transferts hors
de l'Île-de-France (il y en aura sans
doute d'autres) qui nous ont permis
de retrouver des capacités d'accueil
au plus fort de l'afflux de malades.
Nous continuons à nous préparer à
faire face à la hausse des patients, en
armant 86 lits de réanimation sup-
plémentaires au sein de l'hôpital
Henri-Mondor de Créteil. Mais si
nous relâchons nos efforts de confi-
nement maintenant, dans 14 jours
pile, on aura à nouveau une vague
que nous ne saurions absorber. On
ne sera sereins que si le confinement
continue d'être scrupuleusement res-
pecté.
Quelle est la situation dans les
maisons de retraite (Ehpad) ?
C'est un sujet de préoccupation ma-
jeur. Plus de la moitié des établisse-
ments ont des cas confirmés de Co-
vid, et cela va s'étendre très vite. Ils
vivent des situations très dures, liées
au manque de personnels et à la dé-
tresse des résidents ainsi que des fa-
milles. Nous faisons tout notre pos-
sible pour que la prise en charge mé-
dicale soit renforcée. Cette semaine,
une plateforme téléphonique répon-
dant aux soignants des Ehpad sera
mise en place, tandis que 400 infir-
miers et aides-soignants de la réserve
sanitaire vont rejoindre les établisse-
ments les plus en difficulté. Il ne faut
pas laisser les équipes en tête-à-tête
avec des situations dramatiques. En-
fin, nous allons augmenter les capa-
cités de tests de diagnostic.
Comment expliquez-vous le taux
élevé de mortalité en Seine-Saint-
Denis (lire encadré) ?
Le taux de pathologies antérieures
(diabète, obésité, maladies pulmo-
naires) est plus élevé dans la popu-
lation de ce département défavorisé,
qui compte moins de lits de réani-
mation qu'ailleurs. Or, elles consti-
tuent un facteur de gravité du Co-
vid-19. Par ailleurs, le recours à l'hô-
pital y est souvent plus tardif, et les
malades arrivent dans un état très
dégradé. Cela dit, je tiens à dire que
tous les habitants de Seine-Saint-De-
nis ayant eu besoin d'une réanima-
tion l'ont eue, grâce à la régulation à
l'échelle régionale. ¦ ■
par Delphine Chayet @DelChayet
Tous droits réservés 2020 Le Figaro
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POLITIQUE
↑ 33
Pas de trêve pour le Parlement
Les élus renoncent aux vacances de Pâques.
mardi 7 avril 2020Édition(s) : Paris, Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Val d'Oise…
Page 4
319 mots - 1 min
_POLITIQUE—POLITIQUE
P ar Jannick Alimi
Et pourtant, il tourne ! Le Parlement
travaille, malgré la présence de
quelques rares députés et sénateurs
tenus eux aussi au respect des règles
de confinement. Selon nos informa-
tions, la suspension des travaux qui,
comme tous les ans, prend place du-
rant la semaine pascale (soit, cette
année, entre le 13 et le 17 avril) n’au-
ra pas lieu. « Nous voulons conserver
notre fonction de contrôle », insiste
un élu LR. La mission purement lé-
gislative des parlementaires s’est ar-
rêtée la semaine dernière, avec le
vote en quarante-huit heures par les
deux assemblées des deux lois d’ur-
gence — sanitaire et économique —
déposées par le gouvernement.
Outre les questions au gouvernement
qui continuent d’avoir lieu tous les
mardis après-midi au Palais-Bourbon
et les mercredis après-midi au palais
du Luxembourg, l’activité des parle-
mentaires se concentre, en cette pé-
riode extraordinaire, au sein des
commissions. « Les flux numériques
des sites de visioconférence fonc-
tionnent à plein régime », sourit un
député. La mission d’information sur
la gestion du Covid-19, à l’Assemblée
nationale, présidée par le président
Richard Ferrand est la plus active,
puisqu’elle doit assurer le suivi des
lois d’urgence. Elle recevra, demain,
Nicole Belloubet, la garde des
Sceaux, pour faire le point sur la si-
tuation dans les prisons, puis, jeudi,
Christophe Castaner, le ministre de
l’Intérieur.
Préparer la commission
d’enquête
La semaine prochaine, Bruno Le
Maire, le ministre de l’Economie, et
Muriel Pénicaud, la ministre du Tra-
vail, seront auditionnés. « Cette com-
mission a pour vocation de basculer
en commission d’enquête lorsque le
déconfinement entrera en vigueur et
que les députés pourront recevoir
dans des conditions normales des
personnalités autres que les mi-
nistres », précise-t-on dans l’entou-
rage de Richard Ferrand.
Même volonté de contrôle du Sénat,
défendue par son président, Gérard
Larcher (LR). Les huit commissions
permanentes auditionneront, cette
semaine et la suivante ministres et
hauts responsables. Tandis que des
cellules de veille viennent d’être acti-
vées et des pouvoirs de mini-enquête
octroyés à certaines commissions. ■
Paris (VIIe), le 31 mars. A l’Assemblée (ci-dessus) comme au Sénat, les séances dequestions au gouvernement sont mainte-
nues.
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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SOLIDARITÉ
↑ 35
La Seine-Saint-Denis en action pour la solidaritéAssurant son rôle de « collectivité des solidarités », la Seine-Saint-Denis a mis en place de trèsnombreuses mesures pour lutter contre l'épidémie et atténuer les conséquences du confinement.
N° 98mardi 7 avril 2020
Pages 15-17
1131 mots - 5 min
Le 17 mars 2020, la Seine-Saint-
Denis a activé son plan de continuité
de l'activité pour maintenir les mis-
sions qui sont « absolument néces-
saires ». 900 agents ont été identifiés,
ceux qui assurent « les fonctions sa-
nitaires, d'accueil d'urgence des pu-
blics vulnérables, de prise en charge
des enfants placés sous la protection
de l'enfance, de sécurité élémentaire,
de paiement des salaires, allocations
et prestations assurant la subsistance
des agents et des usagers, de gestion
de la crise et de celles qui permettent
d'accueillir les enfants des person-
nels soignants ». Six crèches et sept
collèges sont mobilisés pour assurer
cette dernière mission. Les autres
agents sont en télétravail et ont mis
en place des initiatives « pour rendre
plus supportable le confinement, no-
tamment dans le domaine culturel »,
indique Stéphane Troussel, président
du conseil départemental.
Une rubrique nommée « Confiné.e.s
et s'entraider » dédiée à l'entraide a
été créée le 26 mars sur le site Inter-
net du Département. Elle aiguille les
habitants pour soutenir les plus fra-
giles. La rubrique « Confiné.e.s sans
s'ennuyer » propose, elle, la création
d'arbres généalogiques, des conseils
de lecture pour s'évader et le contenu
est régulièrement enrichi. Un appel à
films pour « raconter et partager son
quotidien » et un relais d'actions so-
lidaires à destination des personnes
les plus fragiles ont également été
lancés. Des actions nécessaires car «
la Seine-Saint-Denis est de fait plus
fragile face à une crise de cette am-
pleur qui révèle les inégalités so-
ciales qui existent », explique l'élu
socialiste.
Protection des enfants
Côté infrastructures, les 344 km de
routes départementales continue-
ront d'être entretenues pour assurer
leurs bon fonctionnement, tout
comme le réseau d'assainissement. «
Comme tous dans cette situation
particulière, je suis très préoccupé.
Le Département, c'est la collectivité
des solidarités et forcément, face à
une crise sanitaire de cette ampleur,
la question du maintien et de la
continuité de nos services constitue
le cœur de notre préoccupation », in-
dique Stéphane Troussel.
Parmi ces priorités, la protection de
l'enfance et l'éloignement des
hommes violents. La collectivité a
ainsi maintenu la protection de près
de 5 000 enfants placés dans des éta-
blissements publics ou associatifs ou
chez des assistants familiaux et le
président a obtenu l'intégration des
personnels de l'aide sociale à l'en-
fance dans la liste des agents pouvant
bénéficier des gardes de secours.
« Il nous faut veiller de manière très
attentive sur le secteur de la protec-
tion de l'enfance car les jeunes sont
accueillis 24h/24 en foyer ou en fa-
mille, alors qu'habituellement ils
sont scolarisés », s'inquiète le pré-
sident du conseil départemental.
L'internat du collège international de
Noisy-le-Grand est également ouvert
depuis le 2 avril pour accueillir les
enfants placés porteurs du covid-19.
Stéphane Troussel. © Jgp
Le conseil départemental doit gérer
par ailleurs l'augmentation de 30 %
en une semaine des violences conju-
gales annoncée par la secrétaire
d'Etat chargée de l'Egalité femmes-
hommes. A la suite de plusieurs in-
terpellations suivies de garde à vue,
la justice a prononcé des décisions
d'éloignement à l'encontre
d'hommes violents. En lien avec le
tribunal de Bobigny, le conseil dépar-
temental a décidé de prendre en
charge le financement de dix
chambres d'hôtels dans lesquelles ces
personnes seront contraintes de res-
ter durant le confinement.
Lutte contre la précarité
alimentaire
En outre, les sept cuisines centrales
du Département ont effectué les 13 et
16 mars plusieurs dons alimentaires
aux Restos du cœur, à la Croix Rouge
de Drancy et au Secours populaire.
Les 55 crèches départementales ont
également donné des couches et du
lait à Interlogement 93. Des dona-
tions qui vont se
er poursuivre, puisque « nous avons
rouvert depuis le 1 avril la cuisine
centrale du collège de Clichy-sous-
Bois pour produire 2 000 repas par
jour pour les associations et les
↑ 36
centres communaux d'action sociale
», indique le président du conseil dé-
partemental. Autre enjeux, assurer la
continuité pédagogique des élèves
séquano-dyonisiens en mettant à
leur disposition les 15 000 tablettes
qui étaient dans les collèges du dé-
partement.
En parallèle, le conseil départemen-
tal a lancé une chaîne de solidarité
pour mobiliser le tissu d'entreprises
locales pour confectionner des
masques. L'objectif est de fournir
plus de 1 000 masques en tissus à
partir du patron partagé par le CHU
de Grenoble. « Dans un premier
temps, face à la pénurie de matériels,
on a alerté les autorités sanitaires
pour nos PMI comme les Ephad puis
les services de soins a domicile, on a
obtenu qu'ils soient placés dans les
circuits de distribution de l'ARS. Il
faut ajouter à cela le don de la ville
de Paris et notre propre commande
qui, je l'espère va arriver, nous avons
aussi des contacts avec la Région qui
pourrait nous mettre à disposition
des masques. Mais, bien évidem-
ment, on est mobilisé pour obtenir
d'avantage d'équipements et élargir
la distribution dans la durée », pré-
cise Stéphane Troussel.
Les agents du département de Seine-Saint-Denis ont récupéré, le 2 avril,
100 000 masques commandés par larégion Ile-de-France. © CR IDF
Solidarité
interdépartementale
Sur le volet économique, bien que les
départements ne disposent pas de
compétences en la matière, la collec-
tivité a toutefois pu agir sur les en-
treprises en contrat avec lui. « Ce qui
est sur, c'est qu'on a souhaité parler
avec les entreprise du département
pour les rassurer et notamment les
entreprise qui ont des marchés avec
nous. Elles décident librement de
continuer leur activité, et on a insisté
sur la sécurité qu'elles doivent garan-
tir a leurs employés mais je n'ai pas
exigé que les marchés ou les pres-
tations assurés avec le Département
soient poursuivis », fait valoir Sté-
phane Troussel.
Aucune pénalité de retard ne sera ap-
pliquée et les paiements seront assu-
rés. Les délais de réponses aux appels
d'offres ont également été repoussés
et seules les entreprises dont la
continuité est vitale sont concernées
par le plan de continuité de l'activité,
« le tout dans la plus grande précau-
tion », assure l'élu.
« Pour les marchés que nous avions
lancé qui concerne des secteurs dont
l'activité a été arrêté, le département
fait valoir un cas de force majeur ce
qui permet aux entreprises de facili-
ter le recours au chômage partiel no-
tamment », explique Stéphane
Troussel. Enfin, ce dernier a égale-
ment mise en lumière la solidarité
active entre les départements franci-
liens, « nous sommes en contact fré-
quent, afin d'harmoniser et échanger
les informations avec l'ARS, l'Etat et
les autorités sanitaires, en cas de
problème nous savons tous que nous
pouvons compter les uns sur les
autres ». ■
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