Operation Caiman + la chaine medicale,RAIDS N°310,2012.márc

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Ci-dessus. Un dragon du 13e RDP observe un objectif situé à plus de 2 000 m de distance, avec sa lunette Swarovski. Le

régiment dispose de moyens d'observation et de prises de vues très pointus. La plupart des paras de Souge

participent régulièrement à des stages « photos » afin de renforcer leurs capacités à utiliser leurs matériels

dans les meilleures conditions.

Les capacités d'extraction d'otages se sont renforcées ces derniers mois au sein du 1e' RPIMa. Depuis

les prises d'otages en Afghanistan, au Sahel et en Somalie, les commandos bayonnais multiplient les

entraînements et les mises en situation. Sur cette photo, une équipe CTLO du groupe « Aquila » procède

à l'extraction d'un otage durant l'opération C a ï m a n . Quelques minutes plus tard, un preneur d'otages

sera intercepté par une équipe spécialisée dans la neutralisation de h i g h - v a l u e t a r g e t s .

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Les tireurs d'élite spécialisés du 1" RPIMa utilisent principalement le HK 417 pour l'appui

feu à partir des Gazelle. Ces derniers sont capables de stopper net un véhicule afin

d'intercepter des preneurs d'otages en fuite.

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Malg ré un emp lo i d u temps bien chargé, près de 5 0 0 membres des forces spéciales de l 'armée de ter re , de la mar ine et de l 'armée de l'air s'étaient donné rendez-vous en octobre dernier pour part ic iper à Gorgones 2011. Cet exercice, organisé par la BFST, étai t , cette année, consacré a u contre- terror isme et à la l ibérat ion d 'otages en terr i to i re hosti le.

Texte et photos : Alexandre ALATI

Avec une capacité d'environ 2 500 hommes , la br igade des forces spécia les terre (BFST) fournit aujourd'hui la major i té du personnel au commandemen t des opérat ions spéciales (COS) . Un peu plus de 60 % des effectifs du C O S actuel lement engagés sur les diffé­rents théâtres d'opérat ions sont en effet mis à disposi t ion par l 'état-major de l 'armée de terre (EMAT) . Les récents événements au

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Sahel , en Côte d'Ivoire et en Afghanis tan ont démont ré l'intérêt de d isposer d'un vo lume conséquen t d 'é léments mob i les , d iscre ts , ent raînés à des techn iques spéc i f iques et équ ipés de matériels u l t ramodernes. Malgré la multiplicité des opérat ions extér ieures, la situation au C O S et à la BFST est aujourd'hui bien maîtr isée 1 . L'exercice Gorgones2011, qui a rassemblé pas loin de 500 opérateurs, en est la preuve f lagrante. Il démont re à ceux qui

1. La mise à disposition de personnel et son emploi en opex nécessitent une coordination parfaite entre les profils disponibles au sein de la brigade et les besoins opérationnels. Cet exercice demande un effort perma­nent d'adaptation principalement lorsque des forces sont projetées sur plusieurs théâtres au même moment.

Ci-dessus. Après avoir intercepté le véhicule d'un terroriste en fuite, un stick du 1" RPIMa procède sans ménagement à l'extraction du prisonnier. Cette phase d'entraînement menée sur le site de Caylus a fait l'objet d'une parfaite coordination.

Page précédente en haut. Déploiement d'une équipe d'intervention du 1" RPIMa à partir d'un Caracal. Le 4e RHFS dispose aujourd'hui de neuf Caracal rattachés àl'EOS3. "

Page précédente en bas. Un opérateur du stick « Aquila » assiste au briefing de son chef de groupe avant de participer à un entraînement de libération d'otages. Ce para rodé aux actions CTLO est lourdement armé. Il dispose d'un HK416 équipé d'une visée holographique et d'un tripleur EOTech couplé à un pointeur AN/PEQ-15.

Ci-contre. Dernier moment de concentration pour ce

dragon du 5e escadron. Celui-ci va embarquer à bord d'un Puma du 4° RHFS pour effectuer un saut avec plusieurs de ses camardes. Le

5* escadron regroupe le personnel spécialisé dans le domaine des sauts SOGH et SOTGH.

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L'opération C a ï m a n a permis aux plongeurs offensifs de la Ve compagnie de Bayonne de mener des incursions nautiques en profondeur. Contrairement aux commandos Marine, qui interviennent principalement en mer ou en façade maritime, les paras du T' RPIMa ont pour terrains de prédilection les fleuves, les lagunes, les rivières, les lacs et les réseaux d'assainissement.

auraient des doutes que la « mach ine » n'est pas en surchauffe et qu'el le pourrait faire face à une nouvel le situation de crise si le besoin était avéré. Au sein du microcosme des forces spécia les, la BFST tire part icul ièrement son épingle du jeu dans le dispositif d' intervention français. Son ossature regroupe, en effet, les quatre spécif ic i tés nécessai res pour mener à bien une opérat ion spécia le : les commun ica ­t ions (compagn ie de c o m m a n d e m e n t et de t ransmiss ions) , le rense ignement (13 e RDP) , la mobil i té (4 e RHFS) et l'action à caractère offensif ( 1 e r RPIMa) . Les capaci tés du C O S reposent éga lement sur les unités spécia les de l 'armée de l'air (CPA 10, 3/61 « Poitou » et ESH) et de la mar ine nat ionale au travers de la F O R F U S C O ( c o m m a n d o s Kief fer , Trépel, Jauber t , de Penfentenyo, de Monfor t et Huber t ) .

« Gorgones », le rendez-vous annuel de la BFST

C h a q u e a n n é e , Gorgones2 p e r m e t de rassemble r le grat in des fo rces spéc ia les f rançaises. L'objectif principal de cet exercice est de permett re aux unités de la br igade de s'entraîner de façon réaliste et intense avec des moyens conséquents . Cet te année e n ­core, de nombreux personnels ont été mobi l i ­sés du 3 au 21 octobre, afin de permett re aux différentes unités de parfaire leur préparat ion opérat ionnel le et de renforcer leur cohés ion . Un thème fait off ice de fil conducteur durant t ou te la p é r i o d e de l 'exerc ice. Les d e u x années précédentes étaient consacrées aux opéra t ions en mil ieu ex t rême (mon tagne) et aux act ions de lutte N R B C Cette année, actual i té obl ige, Gorgones était axé sur le cont re- ter ror isme, la l ibérat ion d 'o tages et

2. Cet exercice, qui porte le nom de trois créatures de la mythologie grecque (Euryalé, Sthéno et Méduse), symbolise le lien entre les trois régiments qui composent la BFST.

Armé de son Glock 17, ce plongeur offensif fixe notre objectif. La présence de ce para du 1e' RPIMa posté à moins de 2 m était insoupçonnable quelques secondes avant la prise de vue.

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l ' interception de high-value targets (cibles de haute valeur). Le scénar io, orchestré par la cellule entraînement de la BFST, mettait en scène des Etats fragiles menacés par des mouvements maf ieux et terroristes. Scénar io fictif, mais qui peut faci lement s 'apparenter à des act ions terroristes menées au Sahel , en Afghanis tan ou en Somal ie . Un bon entraîne­ment pour le g roupement de forces spéciales (GFS) , qui a permis aux h o m m e s de la BFST de recueillir assez de renseignements pour mener à bien des opérat ions de l ibération d 'otages et des act ions coup de poing à plus de 250 km de Caylus.

Gorgones était, cette année, art iculé au­tour de deux phases dist inctes: une phase d 'entraînement de cinq jours et une phase d'exercice d'une dizaine de jours qui marquait le début de l 'opération Caïman pour le GFS. D'un point de vue opérat ionnel , le site de Cay lus offre des possibi l i tés intéressantes pour les forces spécia les. Ces dernières ont en effet la possibil i té de mettre en œuvre tout l 'armement en dotat ion, au travers d'ateliers thémat iques (Famas, HK 416, M4, HK 417, 12,7 m m , M134, lance-grenades de 40 m m , missi les Mi lan, M A G 58 . . . ) . Ainsi , durant la s e m a i n e d 'en t ra înement , les un i tés de la BFST ont pu travailler intensément leur acuité au tir et leur capaci té à projeter des moyens naut iques. Seuls les Tigre n'ont pas été auto­risés à utiliser leur canon de 30 m m et leurs roquettes de 68 m m , pour des quest ions de sécuri té. Le 1 e r RPIMa et le 4 e RHFS ont pu, malgré tout, mettre en appl icat ion des procé­dures d'appui feu à partir des Caracal et des

Ci-contre. Les phases de transition restent

particulièrement critiques pour les plongeurs offensifs. Sans gilets balistiques et équipés de

leur recycleur, leur protection et leur mobilité sont réduites de façon significative. Sur cette

photo, trois plongeurs du 1er RPIMa rejoignent la berge en sécurisant le périmètre. Ces

derniers sont armés de SIG 551, de Glock 17 et de H&K USP 9x19 SD.

Gazel le. Les pilotes de Tigre, quant à eux, ont eu l 'occasion de tester de nouveaux modes opérat ionnels pour le combat rapproché avec l 'ensemble du GFS.

Les unités en présence Au cœur du dispositif d ' intervent ion, on re­

trouvait tout naturel lement les trois régiments qui forment aujourd'hui le fer de la lance de la B F S T (13 e RDP, 1 e r RP IMa , 4 e R H F S ) . D'autres uni tés des forces spéc ia les f ran­ça ises avaient éga lemen t été invi tées par la BFST. O n pouvait noter la p résence de plusieurs é léments du C P A 1 0 , du « Poitou », du c o m m a n d o de Mont for t et d 'une unité étrangère. Des moyens aér iens étaient éga­l emen t p résen ts pour pe rme t t r e au G F S de travailler de façon réaliste. Ainsi , durant l 'opération Caïman, un ATL-2 de la mar ine nat ionale était régul ièrement dép loyé pour renseigner, repérer et guider les FS au sol. Le C O S utilise régul ièrement cet appareil de guet

aér ien dans le cadre d'act ions antiterroristes et antipirateries au Sahel et à Djibouti.

L'exercice Gorgones 2011 a vu le 13 e régi­ment de dragons parachut istes engager près d'une centa ine d'équipiers de recherche et d 'opérateurs issus des 2 e (spécia l i té nau ­t i que) , 3 e (spéc ia l i té mi l ieux e x t r ê m e s et montagne) , 5 e (spécial i té t ro is ième d imen­sion) et 6 e ( traitement et dif fusion du rensei­gnement ) escadrons. A Caylus, le régiment a aussi contr ibué à l 'armement du poste de c o m m a n d e m e n t du g roupement de forces spéc ia les : concept ion et condui te des opé ­rations, mais aussi sout ien santé, logist ique et sécuri té du site.

Infi ltrées de nuit en totale discrét ion par vo ies aé ropor tées , nau t iques , moto r i sées ou pédestres, les équipes de recherche du « 13 » ont ef fectué des act ions de rensei­gnement pendant plusieurs jours au cœur du dispositif ennemi . Les informations recueill ies ont ensui te été t ransmises v ia des moyens sécur isés au centre de t ra i tement du ren-

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se ignemen t du PC du G F S . D i sséquées , analysées et synthétisées, elles ont permis au c o m m a n d e m e n t de développer des modes d'action et in fine de décider d'agir dans les mei l leures condi t ions possibles. Le 13 e RDP, qu'il opère au profit de la D R M ou du C O S , reste avant tout un sys tème d'aide à la déc i ­s ion pour le haut c o m m a n d e m e n t nat ional.

Le 1 e r RPIMa avait éga lement fait le dépla­cement à Caylus pour part iciper à Gorgones. Le régiment alignait quatre st icks d'act ions spéc ia les (SAS) et un é lément de sout ien opéra t ionne l (dont des spéc ia l i s tes de la livraison par air). L'opération Caïman conduite durant Gorgonesa pr incipalement mobil isé le st ick Aqui la (SOTGH) et le stick de p longeurs offensifs (SAS PO) de la T e compagn ie .

Si chacune des compagn ies du 1 e r RPIMa est spécia l isée par mil ieu d'act ion, tous les

Ci-dessus. Une Gazelle modifiée pour accueillir deux

tireurs d'élite spécialisés s'apprête à décoller pour partir en mission. L'appui feu à partir des

Gazelle est particulièrement apprécié par les FS. Les paras embarqués à bord des Gazelle

sont principalement armés de HK417. Les pilotes du 4e RHFS sont, quant à eux, équipés

de HK MP7A1.

Ci-contre. Facilement identifiable par la présence d'un manche de pioche, ce chuteur opérationnel du 5e escadron est spécialisé dans les incursions à longue distance. Les paras du « 13 » peuvent dériver sur plus de 45 km avec leur parachute ARZ G9 lorsqu'ils sont largués à très haute altitude. Chaque dragon peut emporter avec lui plus de 80 kg de matériel.

Page suivante en haut. Le général D. Brousse, patron de la BFST,

échange quelques mots en aparté avec un équipage de Tigre du 4' RHFS. Ce para, formé

au 1er RPIMa, assure le commandement des FS de la composante Terre depuis l'été 2011.

Le général Brousse commande aujourd'hui un effectif de 2 500 hommes.

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SAS sont, en revanche, entraînés aux act ions de contre- terror isme. Cet te format ion s'est, en ef fe t , l a r g e m e n t s t a n d a r d i s é e d e p u i s l 'engagement d'unités de FS en Afghanistan et au Sahel . La quali f ication InvEx (ou nouvel ­lement C T L O : contre- terror isme et l ibération d'otages) qui permet de former du personnel pour l ibérer des otages en mil ieu c los reste, pour sa part, réservée à certa ins st icks. Les Bérets rouges brevetés InvEx s'entraînent pr inc ipalement à investir des bât iments sur­protégés et à intercepter des chefs de c lans et des cr iminels de guerre.

Du côté du 4 e RHFS, l'unité avait rapatrié six apparei ls de Pau. On pouvait no tamment remarquer la présence de trois Gazel le, d'un Caracal , d'un Puma et d 'un Tigre f raîchement sorti des chaînes d 'assemblage d'Eurocopter. Le 4 e R H F S a pour miss ion d 'appuyer ou de conduire, en tout t emps et en tout l ieu, les uni tés du C O S . Le régiment est divisé en six escadri l les des opérat ions spécia les ( E O S ) répar t ies par t y p e s d 'hé l icoptères . L 'EOS 1 d i s p o s e d e s ix C o u g a r et d e u x Puma, l 'EOS 2 de quatorze Gazel le, l 'EOS 3 de neuf Caracal (dont un Air), l 'EOS 4 de cinq Puma, l 'EOS 5 de deux P u m a (employés par les unités de l 'armée de l'air à Vi l lacoublay), et l 'EOS 6 d e qua t re T ig re . Les Gaze l l e sont par t icu l ièrement appréc iées pour leur capaci té d'appui feu. Cer ta ines mach ines ont d'ail leurs été modi f iées pour embarquer des b inômes S A S T E S P / T E L D 3 . Ces dern iers sont pr inc ipalement chargés de s topper des véhicules légers ou d'assurer la couver ture de FS depu is les airs. Aujourd 'hui le 4 e R H F S permet d 'apporter à la BFST et au C O S une au tonom ie d 'act ion, a insi qu 'une fo rce de f rappe non négl igeable. Seuls la France, la

3. TESP : tireurs d'élite spécialisés. TELD : tireurs d'élite longue distance.

Ci-contre. En dehors des missions

d'entrainement, les hommes de la BFST restent discrets sur les opex et leurs

implications au sein du COS. Aucune information ne filtre de la brigade. Il

est cependant vraisemblable, comme cela a été évoqué il y a quelques mois dans la presse, que plusieurs Tigre et

Gazelle du 4e RHFS aient été déployés à bord des BPC dans le cadre de

l'opération H a r m a t t a n .

L a b r i g a d e d e s f a r c e s spéciales t e r r e Commandée par le général Brousse, la BFST regroupe l'ensemble des forces spéciales de

l'armée de terre. La BFST comprend trois régiments dotés chacun d'une expertise particulière (13 e RDP: recherche humaine et renseignement stratégique; 1 e r RPIMa: action spéciale; 4 e RHFS: aérocombat des forces spéciales), une compagnie de commandement et de transmissions (CCT), ainsi qu'un état-major. Ces unités sont parfaitement complémentaires et couvrent l'ensemble du spectre des opérations spéciales. La préparation opérationnelle du niveau de la brigade a donc pour but de créer et d'entretenir cette connaissance mutuelle et de développer les synergies qui sont gage de succès. La BFST, en tant que telle, n'intervient pas directement dans des opérations spéciales. Elle dispose en effet de deux employeurs opérationnels (le COS et la DRM) qui sont chargés de définir des objectifs, de commander et de projeter des unités en opex.

Maintenir une réactivité dans tous les domaines Comme on a pu le constater ces dernières années, la BFST et, plus généralement, les forces

spéciales restent précurseurs dans le choix et la mise à l'épreuve de nouveaux matériels. Plusieurs régiments conventionnels ont ainsi pu bénéficier du retex de la BFST dans le cadre du programme « urgence opération ». Grâce à des procédures d'appels d'offres allégées, les FS peuvent bénéficier d'une certaine réactivité dans l'acquisition d'équipement et d'arme­ment. Seul le matériel embarqué à bord d'hélicoptères pose actuellement des problèmes. Les délais de qualification, bien que justifiés dans certains cas, sont aujourd'hui jugés trop longs. Le dernier exemple en date concerne la mitrailleuse lourde FN Herstal M3M que le 4 e RHFS souhaiterait acquérir pour ses Cougar et Caracal en complément du canon SH20 de Nexter. Malgré un besoin avéré, la qualification de la M3M en calibre 12,7 mm devrait durer plusieurs années; ce qui pourrait pénaliser à terme la BFST et le COS. Les forces spéciales sont aujourd'hui reconnues comme étant un formidable « outil », il est donc important d'optimiser les délais de mise en service de certains matériels afin de maintenir le potentiel de ces unités au plus haut niveau.

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Grande-Bre tagne et les Etats-Unis d isposent d'uni tés d 'hél icoptères déd iées aux forces spécia les.

Savoir opérer en profondeur Afin de renforcer sa capacité d' intervention,

la BFST cherche régul ièrement à monter des exerc ices complexes . Cec i permet d 'appré­hender et de travai l ler t ous les scénar ios

d' interventions possib les. Les object i fs ass i ­gnés aux h o m m e s de la BFST sont, dans la plupart des cas , si tués à plusieurs centa ines de k i lomèt res d e leur base . Ce t te a n n é e encore, Gorgones a permis de projeter des unités de forces spécia les à plus de 250 km de Caylus, sur la côte landaise et dans les Pyrénées-At lant iques. Deux zones géogra­ph iques proches des condi t ions que pour­raient rencontrer des é léments du C O S en

opérat ions. L'objectif de ces act ions d'entraî­nement en profondeur consiste à peauf iner les procédures nécessaires au ravitai l lement, à la protect ion et au suppor t des unités d'hél i­coptères de la BFST. L'escadron « Poitou » s 'avère être par t icu l iè rement uti le dans la mise en œuv re de cette logist ique lourde. Les C-160 du « 3/61 » sont en effet habil i tés à pa­rachuter du personnel , des muni t ions et des réservoirs soup les rempl is de carburant au profit des apparei ls du 4 e RHFS. Les act ions en profondeur sont parfois poussées à l'ex­t rême avec des d is tances d' intervention qui peuvent dépasser les 8 0 0 k m , c o m m e cela a été le cas lors d'un précédent exercice. Ce la impose la mise en p lace d e plusieurs points de ravitai l lement si tués st ratégiquement.

Af in de facil iter ces opérat ions de ravitail­lement , la B F S T travai l le ac tue l lement sur de nouve l les t echn iques . L'objectif est de permet t re aux pilotes du 4 e RHFS d'opérer dans n' importe quel le condi t ion et avec peu de personnel en suppor t . Parmi les que lques

Ci-contre. Deux dragons du 2e escadron sont en poste pour observer leur objectif. Les paras du 13e RDP sont entraînes pour se terrer plusieurs

jours à proximité d'un objectif.

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exemples signif icatifs actuel lement à l'étude à la br igade, les pilotes de la BFST testent le ravitai l lement en vol stat ionnaire sur Caracal , ou le r é a p p r o v i s i o n n e m e n t en c a r b u r a n t et muni t ions de Tigre sans appui extérieur (pilote et t ireur un iquement ) .

Savoi r opérer en profondeur, c'est éga ­lement assurer la protect ion des appare i ls pendan t toute la phase d ' incurs ion et d'exf i l -t rat ion. La BFST avait donc invité une sec­t ion de défense SATCP (sol-air t rès cour te por tée) équ ipée de miss i les Mistra l , a insi qu 'une équ ipe la 7 8 5 e C G E ( composan te guer re é l e c t r o n i q u e ) . Les d e u x s e c t i o n s de l 'OPFOR (opposing force) éta ient char­gées de protéger les g roupes maf ieux, en menan t la vie dure aux pi lotes du 4 e R H F S . L 'opéra t ion Caïman a d o n c p e r m i s a u x pi lotes du 4 e R H F S de s'entraîner à voler à basse al t i tude, de nuit, et à se faire d iscrets

Ci-contre. Le 13e RDP dispose de

quelques drones de type DRAC et Skylark 1-LE pour l'observation aérienne. Le

DRAC peut être déployé manuellement ou avec une

catapulte. Une fois en vol, il est capable de fournir des

images en temps réel sur une station-sol de la taille d'un PC portable. A 300 m d'altitude, le DRAC peut observer des cibles

pendant plusieurs dizaines de minutes, en toute discrétion

Ci-contre. Le 13e RDP dispose de toute une batterie de capteurs pour mener à bien ses opérations de renseignement au profit du COS et de la

DRM. Sur cette photo, un dragon effectue une mission d'observation à plusieurs kilomètres de distance, à l'aide d'une caméra autonome

dissimulée à quelques dizaines de mètres d'une cible.

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duran t les l ongues p h a s e s de t rans i t i on . Les pi lotes de la BFST sont f o rmés pour ce t ype d 'opérat ions. Ils d isposent d 'un peu plus de 2 0 0 heures de vol annue l les (contre 140 heures pour les RHC) pour met t re en œ u v r e c e s p r o c é d u r e s s p é c i f i q u e s . Les T ig re H A P et d e leurs m o y e n s d 'a le r tes miss i les sont par t i cu l iè rement ut i les d a n s ce type d 'opérat ion. Deux apparei ls suff isent dorénavant à sécur iser la zone autour des G a z e l l e . D 'après le g é n é r a l B r o u s s e , le c h a m p d' intervent ion de la B F S T s'est é largi avec l 'arr ivée de cet appare i l au se in d u 4 e R H F S . La br igade s'est d'ai l leurs donné pour objectif, ces procha ins mois , de tester de nouvel les techn iques d ' intervent ion. Seu l bémo l du côté des pi lotes, l 'a rmement du Tigre reste t rop restrictif et les roquet tes de 68 m m ne peuvent être t i rées avec préc is ion lorsque des insurgés et des forces spéc ia les se t rouvent à proximité. L'arrivée procha ine de la vers ion H A D (missi les Hellf ire, nouveau sys tème opt ique, b l indage et sys tème de guer re é lec t ron ique amé l io ré ) devra i t en part ie résoudre ce p rob lème, mais il n'est pas cer ta in que la BFST pu isse bénéf ic ier de cet appare i l .

Les capacités de la CCT Etre p le inemen t opéra t ionne l lo rsqu 'on

in tèg re le C O S s ign i f ie é g a l e m e n t avo i r la capaci té de coordonner des opérat ions spécia les de grande ampleur sur plusieurs semaines. La BFST joue un rôle important dans le domaine , en met tant à disposi t ion du C O S une c o m p a g n i e d e c o m m a n d e ­ment et de t ransmiss ions (CCT) spécial isée. L'autonomie en matière d 'engagement et la coord ina t ion des opéra t ions restent donc pour la BFST une capac i té f ondamen ta le à développer et à entretenir. La br igade a, cependan t , des d i f f icu l tés au quo t id ien à rassembler un nombre d'opérateurs suff isant pour entraîner les équipes de la CCT. Les p h a s e s de f o rma t i on , d 'en t ra înement , de repos et de déplo iements opérat ionnels au sein du C O S mobil isent, en effet, pas mal de personnels tout au long de l 'année. L'exercice annuel Gorgones offre donc des possibil i tés intéressantes pour cette compagn ie , en réu­nissant sur trois semaines un cont ingent de 500 forces spécia les.

La mise en place de la C C T pour l'opé­rat ion Caïman a nécess i té un peu mo ins

de 48 heures afin de gérer l 'ensemble des l iaisons, satell i tes, radios et autres unités de décryptage. Les h o m m e s de la BFST ont la capaci té de mettre en œuv re un embryon de PC en que lques heures si nécessai re . Cer ta ins matér iels de t ransmiss ions sécu ­r isées restent, malgré tout, contra ignants à installer et nécess i tent p lus d 'une jou rnée de travail.

D'un point de vue opérat ionnel , la C C T est généra lement structurée autour d'un poste de c o m m a n d e m e n t de campagne d'environ 120 m 2 , avec un pool de 50 à 80 personnes déd ié à la coordinat ion des opérat ions. Le PC est segmenté en plusieurs cel lules opé ­ra t i onne l les . O n y t r ouve n o t a m m e n t un secrétariat, une salle de brief ing d 'une t ren­ta ine de places, une cel lule logist ique/appui , une équipe de t ransmissions C O M / G F S , une cellule chargée de la préparat ion des act ions et une équipe du Centre de trai tement et de diffusion du renseignement (CTDR) . Le déta­chement du CTDR, composé pr incipalement d'opérateurs du 13 e RDP, disposait à Caylus de moyens de cryptage et de modél isat ion 3 D très per formants.

Durant tout l'exercice, l'activité au sein de la compagnie a été plutôt intense. Les phases de veille et de suractivité se sont succédé suivant un ry thme soutenu. Aucun t emps de pose n'a été accordé à cette unité, qui avait pour objectif de rester opérat ionnel le 24 heures sur 24. La brigade a ainsi pu « driller » durant trois semaines ses équipes, en planifiant des tâches, en produisant des ordres, en recher­chant du renseignement , en élaborant des manœuvres et en conduisant des act ions de façon spontanée ou planif iée. •

Ci-dessus. Deux paras du 1" RPIMa assurent la couverture

d'une équipe CTLO lors de l'extraction d'un preneur d'otages. Le HK 416 et la Minimi sont

aujourd'hui largement représentés au sein des effectifs des forces spéciales.

Ci-contre. Un trinôme de dragons progresse dans la forêt de Caylus, « Menhir » sur le dos. Chaque sac peut peser plus de 50 kg lorsque les paras partent plusieurs jours en mission. Côté armement, les dragons sont équipés de HK 416, de HK 417et de Minimi 5,56/7,62 mm, comme leurs homologues du 1" RPIMa.

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I • i

Un repor tage except ionnel de RAIDS, qu i a suivi la chaîne médicale qu i p rend en charge les blessés en Afghan is tan : des premiers soins sur le te r ra in , puis leur évacuat ion vers le Rôle 3, à Kaboul / jusqu'à leur ar r ivée à l 'hôpi ta l mi l i ta i re Percy, en France. Rencontre de ces soldats, don t le mora l force le respect.

Texte et photos (sauf mention) : Jean-Marc TANGUY

Tous les so ldats s 'entraînent à la guer re , et ceux qui par tent en l 'Afghanistan son t p révenus des r isques encou rus . Ma is on n e m e s u r e j a m a i s à l ' avance l ' ép reuve qu 'on t raversera , c o m m e b lessé . Le C C H Anto ine , 31 ans , don t 13 d a n s l 'armée de l'air, avai t dé jà dix opex au compteur , don t trois en A fghan i s tan , avec le CPA 30 . C e m a î t r e - c h i e n a été b l essé e n K a p i s a , le 3 0 janv ie r 2011 , lors d 'une opé ra t i on d e l 'équipe de foui l le opéra t ionne l le spéc ia l i ­sée ( F O S ) , a lors a r m é e par le 6 e R G .

« J'ai été blessé par une balle dans le bras, lors d'une fouille, raconte- t - i l . Mon binôme, un sapeur du 6e RG, le CCH Gwendal, m'a immédiatement soigné surplace. L'auxiliaire sanitaire était à distance dans la colonne, et il ne pouvait pas s'occuper de moi. C'était la première fois que mon binôme secourait un blessé en réel. L'auxsan lui donnait des conseils par ma transmission. J'ai été ramené à couvert, dans le VABSAN, où on m'a fait deux injections de morphine, puis, après quelques dizaines de minutes, j'ai été rapatrié au Rôle 3, à Kaboul. Je suis resté conscient tout le temps. En deux heures chrono, j'étais en salle d'opération. Deux jours plus tard, je rejoignais Douchanbé pour prendre une VAM[vo\e aé r i enne mi l i ­ta i re ] , puisque mon cas ne nécessitait pas une urgence particulière. Arrivé à Paris, j'ai été pris en charge par un véhicule de l'ar­mée de l'air, et j'ai rejoint Percy à 21 heures. Mon capitaine avait appelé ma famille, et ma compagne avait été prévenue par le commandant de la base de Mérignac. J'ai été hospitalisé 12 jours à Percy, j'ai suivi quelques séances de kiné. Puis j'ai eu droit à un congé maladie de sept semaines. J'ai repris ma place au CPA 30 fin mars 2011, moment où mon chien a également pu être rapatrié. Les retrouvailles se sont déroulées en deux fois, et c'est la deuxième fois que j'ai eu l'accueil que j'attendais, où il m'a vrai­ment reconnu. Grâce au travail des équipes médicales, je vais pouvoir récupérer toutes mes aptitudes. »

Pour son e n g a g e m e n t , ce c o m m a n d o a été déco ré au min is tère, le 13 jui l let 2011 , de la cro ix de la Va leur mi l i ta i re.

Page précédente en bas. Des forces spéciales américaines basées à Tagab soignent un blessé, assisté par des Français, en 2011. (Photo ISAF)

Ci-contre. Une équipe française médicalise un blessé. Notez le brancard berceau. (Photo EMA)

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Le L C L S t é p h a n e Caf fa ro , lui auss i , a été déco ré . La Lég ion d 'honneur lui a été remise des ma ins du Premier min is t re , le 22 d é c e m b r e 2010. Un peu mo ins d 'un an p lus t a rd , c 'est lui qu i a par lé , té tan isan t l 'amphi Foch , lors du co l loque sur les o p é ­ra t ions ex té r i eu res , en n o v e m b r e , avan t de récol ter une sa lve d 'app laud i ssemen ts . D'une vo ie b l anche ma is f e r m e , l 'off icier ad jo in t du 2 1 e R I M a raconte ce jour où il a été b lessé , à Tagab , et a pe rdu une j a m b e : « Le 18 septembre 2010, un obus de mortier est tombé à deux mètres de moi, entre deux bâtiments. » A l 'époque, le sys tème d'alerte n'est pas suf f isant . Ma is l 'off icier ne règle p a s s e s c o m p t e s a v e c l ' é l ec t ron ique , il remerc ie les pe rsonne ls m é d i c a u x qui se sont o c c u p é s de lui. « J'ai été blessé le 18 à midi, et à midi, le 19, j'étais à Percy, sur une table d'opération. » Treize in tervent ions ch i ru rg ica les su ivront .

S o n d iscours , sa pos tu re sont ceux de la p lupar t des b lessés que nous avons ren­con t rés . Reconna i ssance au SSA , se lever, debou t , f e rme, et sans surpr ise , a f f i rmer : « La victoire, c'est de retourner en régiment; moi, j'ai retrouvé mon boulot. »

Un lég ionnai re du 1 e r R E G , Kev in , n'est pas enco re revenu chez lui, tout c o m m e A lexandre , un capora l -che f touché à la face lors d 'un tir f ratr ic ide. Ce m ê m e jour, deux marsou ins de son rég iment , le 2 1 e R IMa , ava ient été tués .

Le C C H Mickaë l , auxi l ia i re san i ta i re au 1 9 e R G , a c o n n u l 'envers du décor , duran t son manda t au sein du BG Qu inze Deux . C 'es t lui qu i a m é d i c a l i s é un f a n t a s s i n b lessé à la g o r g e (lire notre ar t ic le d a n s RAIDS n° 3 0 8 ) . Le bon ges te a suf f i , ce jour - là .

Il avai t c o n n u sa p remière in tervent ion le 18 ju in 2011. Il étai t 13 heures . « J'ai soigné

mon premier blessé ce jour-là. On était sur MB2A [un point d 'appui , à côté de la passe de Janga l i ] pour une opération de contrôle de zone. On relevait Raptor sur son secteur, sur le parallèle 54, dans le cadre d ' E n d u ­r a n c e . La patrouille s'était bien passée pendant trente minutes, puis quand on est arrivés dans un grand jardin, on a été pris dans une embuscade. Ils nous attendaient de partout. On était à 50 m des compounds, et à 150 m du COP, sur le chemin du retour.

« Le blessé avait été touché à la tête d'une balle de 7,62 mm. J'étais seul dans cette patrouille, médecin et infirmier étaient dans le COP. Le blessé était à une cinquantaine de mètres de moi, je l'ai vu tomber par terre et j'ai attendu que son chef de groupe vienne en appui. J'ai pu franchir et venir faire une compression de la plaie. Une fois les premiers secours effectués, j'ai demandé si je pouvais retraverser où c'était plus calme. J'ai posé une perfusion et passé mes médicaments. Pas de morphine nécessaire, car il ne faisait pas état de douleur. Il m'a quitté, il respirait encore. Il a fallu 150 m de brancardage jusqu'au VABSAN venu de COP 52, le terrain était en pente avec beaucoup d'obstacles. Puis encore 350 m de VABSAN jusqu'au COP, où il a pu être évacué en hélicoptère. »

Ci-dessus. L'équipage d'un Cougar de l'ALATet deux

commandos parachutistes du CPA 30, à Kaboul, en octobre dernier. En Afghanistan, la mission de sauvetage des blessés est « interarmisée ».

Ci-contre. Le médecin féminin aux commandes des urgences du Rôle 3 de KAIA, et son chef de site, en treillis.

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M a i s c e s s o i n s n 'auron t p a s su f f i . Le b lessé f rança is d é c é d e r a par la sui te.

Premiers secours Se lon les s ta t is t iques of f ic ie l les, 78 so l ­

da ts son t mor t s en A fghan i s tan , et p lus de 5 0 0 ont été b lessés . Les p rogrès e f fec tués en mat iè re de sauve tage de c o m b a t en Irak ont prof i té au dép lo i emen t Ares, leque l a l u i -même prof i té aux O M L T qui en ont fait bénéf ic ie r la total i té des fo rces f rança ises en A fghan is tan . O n ne comp te plus les b les­sés qui on t été s tab i l i sés par leur c a m a r a d e de comba t , par fo is en l 'absence de m ieux , les c o m b a t s é tant ce qu' i ls sont .

De la m ê m e man iè re , les a u x s a n ont pr is de l 'autonomie par rappor t aux inf i rmiers, et les in f i rmiers par rappor t aux m é d e c i n s . Le spec t re de c o m p é t e n c e s ind iv iduel les s'est acc ru , m ê m e si ce la reste con jonc tu re l et lié au théât re a fghan .

C'est auss i sur ce m ê m e théât re que la M e d e v a c a pr is autant d ' impor tance , avec un hé l i cop tè re u l t r a m o d e r n e , le C a r a c a l , et une équ ipe méd i ca l e m ieux équ ipée . La M e d e v a c est, avec le C C A (Close Combat Attack), l'un des d e u x m a n d a t s pr ior i ta i res de la T F Mousque ta i re , géné ran t une as ­t re inte pe rmanen te . Les p remie rs hé l i cop-

Ci-dessus. Des OMLT effectuent une séance de secourisme de combat, devant des Afghans. (Photo armée de terre/EMA)

Ci-contre. Les Cougar ou les Caracal (comme ici) sont

mobilisés, indifféremment, pour l'évacuation des blessés.

(Photo armée de terre/EMA)

• e u x a n s a p r è s l ' e x p l o s i o n d ' u n e « d a i s y c h a i n », i l p a r t à l a conquête d u m o n t B l a n c Le sergent-chef Jocelyn Truchet avait été grièvement blessé par une daisy chain (un IED com­

plexe), le 16 mai 2010, à Jalokhel. Cette blessure grave avait obligé les médecins à l'amputer de son fémur. Nous l'avions interviewé (voir notre hors-série « Opex 2010 ») alors qu'il venait de recevoir sa prothèse, en septembre 2010. Le chef de groupe de « Jonquille 11 » (3/13 e BCA) a retrouvé sa place au régiment, même s'il doit désormais oeuvrer dans un domaine différent, à la cellule communicat ion du régiment.

Ce sportif, qui ambitionnait de passer les sélections GCM avant sa blessure, enchaîne les défis, en parallèle. En janvier, il a repris le ski, grâce à un équipement payé partiellement par l'entraide montagne. Son premier défi d'envergure : partir à la conquête du mont Blanc, avec deux autres comparses, anciens de l'Ecole militaire de haute montagne (EMHM), en juin ou en juillet. L'étape d'après sera peut-être de viser, pourquoi pas, les Jeux paralympiques.

Ci-contre. Deux chasseurs alpins du 13" BCA et cette infirmière ont été décorés

de la croix de la Valeur militaire. Le MLC Jocelyn Truchet est au centre.

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Un personnel médical français intervient avec les « medics » américains, après une

attaque en 2011. (Photo ISAF)

Ci-contre. Le contenu d'une trousse individuelle du combattant (TIC), en 2008. Il a peu

changé, par contre, le contenant a évolué vers un modèle plus résistant aux

mauvais traitements.

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•2—

tères ont é té a m e n é s en d é c e m b r e 2 0 0 6 pa r l ' a rmée de l 'a i r ; i ls on t n o t a m m e n t œ u v r é la nuit du 18 au 19 aoû t 2 0 0 8 . Une v ing ta ine d e b lessés ont été ext ra i ts de la va l lée d 'Uzbeen , cet te nui t - là. C'était le p re­mier M A S C A L (Massive Casualty) r e n c o n ­tré par les forces f rança ises en A fghan is tan . C'est par . . . t é l éphone por tab le q u e l 'hôpital d e Kabou l a été aver t i du n iveau de per tes .

Nous av ions rencont ré , en oc tob re der­nier, la M e d e v a c a r m é e par le 3 e R H C .

Le « d o c » a dé jà assu ré un m a n d a t en RCI en 2 0 0 8 , c i nq m o i s en A f g h a n i s t a n ( f é v r i e r - j u i l l e t 2 0 1 0 ) , e t il r e v i e n t d ' u n Harmattan sur le B P C Tonnerre... Quan t au « m in idoc » ( l ' inf i rmier) , c'est sa toute p re ­mière opex . Le p remier est sor t i de l 'école de Lyon en 2 0 0 3 , le s e c o n d , de l 'EPPA de Tou lon , il y a deux ans .

« 98 % des missions sont du primo­secondaire », exp l ique le toub ib : de fai t , les b lessés on t dé jà été pr is en cha rge par la cha îne GT IA , avan t d 'être recuei l l i s , à bord d 'un H M , ind i f fé remment un Caraca l ou un Cougar . Les f açons de fa i re d i f fèrent c e p e n d a n t un peu d 'un appare i l à l 'autre, du fait de la répar t i t ion de l 'espace à l ' inté-

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rieur. Le Caraca l peut éven tue l l emen t voler po r t i è res f e r m é e s (le pos te gunner n'est pas aux po r tes ) , ce qui pe rme t au b lessé de rester au c h a u d . Car, sur Cougar , les p o r t e s o u v e r t e s e m p ê c h e n t l ' usage d e s couver tu res de surv ie , qu i vo lent v i te dans la cab ine . Sur Cougar , on uti l ise donc des couve r tu res chau f fan tes .

Le matér ie l de l 'équipe est cond i t i onné d a n s une c iv ière f ixée a u - d e s s u s de cel le sur laquel le le b lessé se ra t ranspor té . Les d e u x h o m m e s d o i v e n t n o t a m m e n t fa i re avec les m o u v e m e n t s de l 'apparei l (évasive t i rs, nav igat ion épousan t les rel iefs), tout en tenan t c o m p t e du fa ib le t e m p s qui sépa re le l ieu de pr ise en c o m p t e de la d é p o s e (qu inze m inu tes en m o y e n n e ) : le p lus s o u ­vent , au Rôle 3 f rança is d e KAIA . Le tout d a n s l 'obscur i té, tout ha lo de lumière étant souven t faci le à voir du so l . L'équipe ut i l ise la fa ib le luminos i té d 'un de ses appare i l s m é d i c a u x - le P R O P A C , qu i g é n è r e les pa ramè t res du pat ient - pour œuvrer .

La pr ise en c o m p t e du b lessé peu t se faire par poser o u , au pire, par t reu i l lage, si l 'apparei l est équ ipé d 'un treui l - ce qui n'est pas sys témat ique . A ins i , un soldat , v i c t ime d 'une en torse du g e n o u , qu i ne pouva i t pas d e s c e n d r e du pic sur lequel il étai t , a-t-il été t reui l lé , en m a r s 2010, en Kap isa .

Le n iveau des c o m m a n d o s du CPA 30 en mat iè re de p remie rs secou rs au c o m b a t

Ci-dessus. A Tagab, le Rôle 1 est en première ligne à plusieurs reprises.

Ci-contre. Afin d'être prête à partir dans n'importe quel hélicoptère, l'équipe Medevac a conditionné

son lot d'urgence dans un brancard coquille. Ici, sur son chariot, sous le Bachmann,

en octobre dernier.

leur p e r m e t d 'ê t re l a r g e m e n t m o b i l i s é s , en cas de b e s o i n , n o t a m m e n t pou r d e s m a s s a g e s ca rd iaques ( c h a n g e m e n t tou tes les m inu tes ) , épu i san ts pour ce lu i qui les pra t ique.

Une chaîne médicale très réactive

U n e fo i s s t a b i l i s é s p u i s é v a c u é s , les b lessés sont accuei l l is au Rôle 3 de Kabou l , m ê m e si ponc tue l l emen t des b lessés f r an ­ça is ont é té accuei l l i s à ce lu i de B a g r a m . Les s ta t is t iques font état d 'une m o y e n n e de d e u x heures pour ral l ier le Rôle 3.

C'est un bâ t iment m o d e r n e aux n o r m e s a n t i - r o q u e t t e s , s i t u é su r l ' a é r o p o r t d e Kabou l . S o n en t rée est s i tuée à que lques m è t r e s d e s p i s t e s o ù a t t e r r i s s e n t les Medevac et d'où décol lent les av ions d'éva­cuat ion, Falcon ou C-135FR. L'organisation des l ieux es t assez p roche d 'un hôpi ta l f rança is . Sauf qu' ic i les pe rsonne ls son t par fo is en trei l l is, et q u e l 'hyg iaphone, à

L'infirmerie de Nijrab, en 2008.

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l 'entrée, est b l indé. Sur la por te pr inc ipa le , c o m m e en France, un p a n n e a u d ' in terd ic­t ion s igna le qu' i l faut coupe r son por tab le , et un aut re rappel le qu' i l faut dépose r ses a r m e s à l 'entrée. . .

Le Rôle 3 hébe rge un Rôle 1 be lge , et est co loca l i sé avec un Rôle 1 amér i ca in . Il emp lo ie 80 so ignan ts , au p remie r rang desque l s 16 m é d e c i n s (trois u rgent is tes , un v iscéra l is te , un o r thopéd is te , un O R L , un o p h t a l m o [ rése rv i s te ] , d e u x r éan ima ­teurs , un neuroch i ru rg ien , deux in tern is tes, d o n t un a f f e c t i o l o g u e [ r é s e r v i s t e ] , et un ca rd io logue et un psych ia t re ) , a insi qu 'un p h a r m a c i e n et un dent is te . A ce p remie r ca r ré s 'a jou ten t 20 in f i rm ie rs , d e s a i d e s so ignan ts , des techn ic iens de laborato i re et t echn ic iens de matér ie l de san té , a insi qu 'un kiné. 20 pe rsonne ls du rég iment m é ­d ica l (b rancard ie rs , sécur i té . . . ) comp lè ten t le disposit i f . C e s pe rsonne ls assuren t , en outre, le S A M U sur KAIA , en cas d 'acc ident , de t i rs ou d 'at tentat . O u de c rash d 'aéronef , en s e c o n d r ideau, der r iè re les pomp ie r s . Tro is S A M U sont d i spon ib les pour la to ta ­lité de K A I A : Med i c O n e et M e d i c Th ree , assu rés par les F rança i s ; Med ic Two, t enu par les Be lges .

Le m é d e c i n - c h e f C l a u d e F u i l l a e s t le p a t r o n d u R ô l e 3. C e t a n e s t h é s i s t e -réan ima teu r a se rv i 16 ans à la b r i gade d e s a p e u r s - p o m p i e r s de Par i s ( B S P P ) , c inq ans à l 'hôpital d ' inst ruct ion des a r m é e s

Ci-dessus. Les interactions médicales sont assez rares,

mais elles existent, comme l'illustre cette photo prise à Tagab.

(Photo ISAF)

Ci-contre. Le « doc » de la Medevac montre sa trousse à outils, dont une partie est à portée de main pour travailler, à genoux, dans l'hélicoptère.

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( H I A ) d e M e t z , pu i s d e u x a n s à Percy . Depu i s t ro is ans conse i l le r méd ica l de la Sécur i té c iv i le , c'est à lui de faire en sor te que le Rôle 3 t ienne son contrat capac i ta i re .

En p e r m a n e n c e , le Rôle 3 d i spose de 30 lits d 'hosp i ta l isa t ion , p lus c inq de réa­n imat ion . Les u rgences a l ignent deux lits de d é c h o q u a g e et six box. El les sont p la­c é e s s o u s la responsab i l i t é du cap i ta ine Mar i lyne, du Cent re méd ica l des a r m é e s ( C M A ) de Vi l lacoublay, base aé r ienne où el le p rend auss i les a ler tes St ra tevac (une d iza ine à son act i f ) . C e j e u n e m é d e c i n a auss i e f fec tué un m a n d a t à Kandaha r en 2 0 0 9 , avant de rallier le Rôle 3, le 1 e r oc tobre 2011 . Deux m é d e c i n s t ravai l lent en pe rma­n e n c e aux u rgences , avec un total de six pour p rendre les ga rdes . Ils son t ass is tés par six in f i rm iers (qua t re F rança is , deux Tchèques ) .

E n c a s d ' a f f l ux m a s s i f de b l e s s é s -at tentat , par exemp le , ou c rash d 'av ion de t ranspor t ou d 'hé l icoptère - , le Rôle 3 est tai l lé pour accuei l l i r enco re plus de pat ients. Des st ructures d 'appoint sont dé jà montées , prê tes à l 'emploi .

En o c t o b r e , la c h a î n e « s a n t é » f r a n ­ça ise mobi l isa i t 256 pe rsonne ls , don t 100 r ien qu 'au Rôle 3 (120 si l'on c o m p t e les é t rangers ) . Ce t te f i l ière se d é c o m p o s e en 46 m é d e c i n s (16 au Rôle 3) , 90 inf i rmiers (20 au Rô le 3) et 120 a u x s a n S C 2 . Les ef fect i fs ont é té renforcés en 2 0 0 9 , avec la m ise en p lace de deux pos tes de secou rs mob i les par GTIA .

Dès 2 0 0 8 , les per tes ont c o m m e n c é à mon te r en f lèche , et la cou rbe de b lessés a su i v i . En 2 0 0 8 - 2 0 0 9 , 6 3 é v a c u a t i o n s s t r a t é g i q u e s ( S t r a t e v a c ) on t é té e f f e c ­tuées . A t i tre de c o m p a r a i s o n , r ien q u e du 20 ju in au 20 sep tembre 2011 ,12 St ra tevac (dont un ma lade) ont été e f fec tuées , et un M o r p h é e ( M o d u l e de r é a n i m a t i o n p o u r pat ient à haute é longa t ion d 'évacuat ion) à 12 pat ients. Le Serv i ce de santé es t ime qu'i l faut entre 27 et 41 heures (Mo rphée ) pour qu 'un b lessé arr ive du terra in à Percy - la d u r é e m a x i m a l e est l iée au fait qu' i l faut p lus de t e m p s pour rempl i r un C-135FR qu 'un Fa lcon. En p e r m a n e n c e , un C-135FR do i t p o u v o i r p r e n d r e l'air en s ix h e u r e s a p r è s d é c l e n c h e m e n t , d e p u i s Is t res. Un Fa lcon est auss i réservé en p e r m a n e n c e d a n s l ' as t re in te g o u v e r n e m e n t a l e p o u r al ler che rche r un b lessé. Et il est remp lacé par un au t re d a n s l 'astre inte d è s q u e le p rem ie r déco l le . M o r p h é e a été mob i l i sé t ro is fois pour l 'Afghanistan : lors d 'Uzbeen , après une a t taque à l ' IED sur un g roupe du BG Riche l ieu , et enco re f in janvier, ap rès l 'at taque de G w a n . En out re , des Fa lcon on t auss i é té n é c e s s a i r e s . C e s de rn ie rs déco l len t p lus d 'une fo is par s e m a i n e pour ramener en France les b lessés .

U n e S t r a t e v a c m o b i l i s e un m é d e c i n , un in f i rmier du C M A d e V i l l acoub lay , un convoyeur et un « réa » des HIA.

Il n'est pas rare que la Medevac ne pu isse atterrir, du fait des rel iefs ou de t irs. C'est à l 'échelon ter rest re de faire au m ieux pour stabi l iser le b lessé et, si le terra in le permet ,

En haut à droite. Rare cliché de l'intérieur d'un vol Morphée.

Onze patients sous « réa » peuvent être évacués d'un seul coup.

(Photo EMA)

• e s s t a t i s t i q u e s d i f f i c i l e s à o b t e n i r

Aucun baromètre fiable ne permet de mesurer le volume de blessés français en Afghanistan, chacun (Service de santé des armées, EMA, armées...) ayant sa propre comptabilité et ne la révélant pas forcément.

La définition même du blessé pose problème. Et les blessés légers, traités parfois même directement sur les FOB, ne souhaitent pas être qualifiés comme tels et n'ont de cesse que de revenir en opérations.

Le bilan de Raptor reste cependant le plus lourd jamais rencontré par un GTIA. Au 19 octobre, donc quasiment à la relève, rien que le poste de secours de Raptor à Tagab avait traité 200 bles­sés, dont 25 % de Français, le reste étant constitué d'Américains, de civils et de soldats afghans.

Une statistique ne trompe pas, pourtant: celle des évacuations médicales effectuées par les hélicoptères français. Dans ses dix premiers mois d'existence (2009-1010), la TF La Fayette avait évacué 113 pax (102 Français et 11 Américains) en 72 missions. Le dernier mandat de la TF Mousquetaire (TFM5) a effectué 100 missions de Medevac (pour un nombre de patients inconnus). En un mois d'activité, la TF M 6 avait déjà évacué une vingtaine de Medevac (avec pourtant un Cougar de moins).

Les comptes rendus non officiels remontant du terrain font aussi état d'une hausse des blessures liées au combat, ce qui jusqu'en 2008 (avec Uzbeen) n'était pas le cas.

Cette tendance se retrouve aussi avec les morts au combat. Si certaines pertes en 2011 ne relèvent pas des insurgés (un, voire deux morts par tir fratricide, trois morts par mauvaise manipulation d'arme, entre autres), la plupart sont le résultat des actions adverses. Et à un niveau jamais rencontré depuis le début des opérations en Afghanistan.

28 militaires sont morts et plus d'une centaine auraient été blessés en 2011. Depuis 2004,82 sont morts au total, et plus de 500 ont été blessés. En 2008, puis le 22 avril 2011 (9 blessés), des vols Morphée ont été rendus nécessaires. Dans le premiercas, pour les blessés d'Uzbeen ; dans le deuxième, suite à une attaque par IED menée deux jours plus tôt.

Ces derniers, qui sont pourtant responsables d'une bonne partie des morts de l'ISAF, n'ont pas réussi à atteindre de tels résultats dans notre zone. D'abord parce qu'elle est moins éten­due, ensuite parce que le renseignement collecté auprès de la population ou les interceptions permettent de limiter les explosions.

Dernière statistique : 5 % de la population militaire française en contact avec des combats aurait connu ou connaîtra le syndrome de stress post-traumatique (PTSD).

) Falcon décolle une ou deux fois par semaine pour rapatrier un ou deux blessés d'Afghanistan. (Photo EMA)

Page 21: Operation Caiman + la chaine medicale,RAIDS N°310,2012.márc

de b rancarder le b lessé ve rs un abr i , pu is sous b l indage . Il est a lors dép lacé ve rs une DZ. L 'accro issement des feux des insurgés a a m e n é à p rocéder ainsi , à de n o m b r e u s e s repr ises , en Kap isa , en 2011 .

Si l'on p rend des s ta t is t iques du BG Altor, sur 22 b l essés (dont 15 F rança is , pa rm i lesque ls t ro is son t mor ts , a u c u n b lessé par IED) , la m o y e n n e de pr ise en c o m p t e au Rô le 3 au ra été, pour les 17 évacués (5 t ra i ­tés sur COP) en moyenne de 93 minutes (de 62 à 158 minu tes , p réc i sémen t ) .

Un b lessé du Qu inze Deux a ainsi é té b ranca rdé jusqu 'à un point haut , et r écu ­pé ré par une M e d e v a c a m é r i c a i n e (voir RAIDS n° 3 0 8 ) . La hausse impor tan te des t irs sur la F O B Tagab , p lus l a rgemen t sur les pos tes du Sud-Kap isa , a auss i cont r ibué à l 'augmenta t ion des b lessés .

Ma lg ré un effect i f no to i rement p lus fa ib le que les fo rces conven t ionne l les (pas p lus d e 2 5 0 p a x e n i n s t a n t a n é a u p l u s f o r t

â'Arès), les fo rces spéc ia les ont payé un lou rd t r ibut e n mo r t s (11) et en b l essés . R ien qu 'au CPA 10, deux pe rsonne ls ont é té b l essés en un a n , d o n t un a d j u d a n t t o u c h é à la ma in dro i te en d é c e m b r e 2010 par un t i reur Dragunov. O p é r é t ro is fo is à Kabou l , il a dé jà subi deux autres opérat ions en France. S'il a pu ret rouver s a p lace au CPA, il œ u v r e d a n s la ce l lu le innovat ion en a t tendan t de ret rouver s a p lace en g roupe ac t ion .

Des c o m m a n d o s Mar ine , qui é ta ient m a ­jor i ta i res en effect i f en 2011 , ont auss i été t o u c h é s . Enf in , un c o m m a n d o du 13 e R D P et d e u x du 1 e r R P I M a ont é g a l e m e n t été b lessés dans l 'enceinte d'un poste de pol ice A N A . C'est la pr ise en c o m p t e et le rapa­t r iement rapide du sous-of f ic ier du 1 3 e R D P qui ont permis sa surv ie .

C 'es t é v i d e m m e n t la p r e m i è r e c h o s e q u e les b lessés d e m a n d e n t : re t rouver leur p lace. C'est par fo is comp l iqué . Le C E M A l'a

encore rappe lé en p rononçan t ses vœux , le 17 janv ier 2012 : « Je suis admiratif devant la foi en l'avenir et la volonté des blessés que je rencontre lors de mes visites. Ils demandent tous à réintégrer leur unité, ce que nous faisons chaque fois que c'est possible. Pour certains, cela ne sera pas possible, nous ne les oublierons pas dans notre soutien. »

Toute la h iérarch ie ne p rend pas à bras-le -co rps ce t te t hémat ique , de peur que la méd ia t i sa t ion des b lessés n'af faibl isse la vo lonté de combat t re des so ldats . Le précé­den t C E M A T avai t fait fi de ces a r g u m e n t s , et avait d o u b l é les ef fect i fs de la cel lu le qu i s 'occupe des b lessés . Il est év ident , c e p e n ­dant , que le s y s t è m e doi t enco re passer un cap , car le budge t de cet te ce l lu le repose e n g r a n d e pa r t i e su r la g é n é r o s i t é d e s mi l i ta i res e u x - m ê m e s . J o u r n é e s por tes o u ­ver tes , lo ter ies, tout est bon pour rempl i r le c o m p t e et assure r la pr ise en cha rge d 'une p ro thèse , ou les no tes d 'hôte l d 'une fami l le qui v is i te son b lessé. Ap rès avoir connu des s o m m e t s en 2 0 0 9 et 2010, ce t te généros i té fa ib l i ra i m m a n q u a b l e m e n t avec la déc ro i s ­sance de l'effectif f rança is en A fghan is tan . Pour tant , les c o n s é q u e n c e s de b lessures de l 'Afghanistan seront tou jours là. •

Ci-dessus. Ce maître-chien du CPA 30 a été blessé en

début d'année 2011 : il est décoré de la croix de la Valeur militaire, le 13 juillet suivant.

Ci-contre. Tradition mise en place par Hervé Morin : des blessés, comme ces militaires français, sont désormais reçus, chaque année, le 13 juillet, à la garden-party du ministère de la Défense. Les armées tentent de consolider le dispositif de suivi des blessés, dont la hausse brutale, à partir de 2008, doit être prise en compte sur la durée.