Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple...
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Notes du mont Royal
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W fiai-n - r "vav’ n .wv-yv-v er-fi
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PERÙVIENNE.
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.v l ’ ja: x , v ï a...’ ÊÂÉENŒKJÊËËËÂWSÏE;
mmæwæaæammœxæmm 6&2 .
eÀVERTISSEMENT’.I la vérité , qui s’écarte du
S vraifemblable, perd ordi-nairement fon crédit aux yeuxde la raifon, ce n’en pas fansretour; mais pour peu qu’ellecontrarie le préjugé, rarementelle trouve grace devant fouTribunal.
Que ne doit donc pas crain-dre l’Editeur de cet Ouvra- j -ge ,. en préfentant au Publicles Lettres d’une jeune Peru-vienne , dont le fille 8l les pen-fées ont fi peu de rapport àl’idée médiocrement avanta-geufe qu’un injufie préjugé
a nous
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ij AVERrIssEMEm:nous a fait prendre de (a me
pion. . ’ » aEnrichîs par les précieufesdépouilles du Perou ; nousdevrions au. moins regarderles habitans de cette partie dumonde , comme un peuple-magnifique 5 & le fentimentde respeél: ne s’éloigne guè-res de l’idée (il si? la magni-ficence; ’ ’ ’ v ’-
’ Mais toujours prévenus ennotre faveur , nous n’accoredons du mérite aux autres na?rions , non-feulement qu’au?tant ne leurs mœurs imitent
les n tries; mais qu’autant queieur langue fe rapproche denotre idiome. comment peut:fit être Terfanfi i
Nousméprifqnslcflndiçnsà:
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a»,
WERTISSEMENT. iij
à peine accordons-nous uneame penfante, à ces peuplesmalheureux , cependant leurhifioire efl: entre les mains detout le monde; nous y trou.-vons par-tout des monument;de la fugacité de leur efprit,8: de la foliditéide leur phè-
lofophie. ’ vL’apologifle de l’humanité
& dela belle nature a tracéle crayon des mœurs Indien-nes dans un Poème drama-tique. dont le fujet a partagéla gloire de l’éxe’cution.
Avec tant de lumieres révpandues. fur le caraftere deces peuples , il femble quel’on ne devroit pas craindrede voir palier pour une fié’tion
des Lettres originales , quine
a a. font
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Iv AVERTISSEMENT.
font que déveloper ce quenous connoifl’ons déja de l’ef-
prit vif (il naturel des ln-diens ; mais le préjugé a-t-ildes yeux ? Rien ne l’allurecontre fou jugement, & l’onle feroit bien gardé d’y fou--mettre cet Ouvrage , fi fouEmpire étoit fans borne.
Il femble inutile d’avertirne les premieres Lettres de
hm ont été traduites parelle-même: on devinera lai-fément , qu’étant compofées
dans une Langue, 8: tracéesd’une maniere qui. nous fontégalement inconnues , le re-cueil n’en feroit pas parvenu-jusqu’à nous, fi la mêmemain ne les eût écrites dans
notre Langue. fiNous
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WERTISSEMENT. y
Nous devons cette tra-duâion au loi’fir de Zilia dans
fa retraite. La complaifancequ’elle aleu de les comma-rniquer au Chevalier Déter-ville , 8: la permiflio’n qu’il
obtint enfin de les garder ,les a fait palier jus u’à nous.
On connoîtra acilementaux fautes de Grammaire 8caux négligences du fiile gcombien on a été fcrupuleuxde ne rien dérobera l’efpritd’ingénuité qui regnezdanscet Ouvrage. On s’efi con-tenté de fupprimer (fur-tout:dans les premieres Lettres)un grand nombre de termes8: de comparaîfons Orienta-les. qui étoient échap ées àZilia , quoi qu’elle fçut par-
! p faite-3
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v; JVERTISSEMËNÏ;
, faitement,’la "Langue Fran-Lçoife lorsqu’elle les tradui-fait a on n’en a laifi’é que ce
qu’il en falloitpour faire feuetir combien il étoit nécefiai-re d’en retrancher.r On r a; cru I and? pouvoir,
donner une tournure plus in--jtelligible à de certains traitsmétaphifiquës, qui auroient;pû paraître oblcurs , Ç maisfans rienchapger au fond dela penfée.’ Oeil la feule’part’
* que l’on ait a; ce! ’fingulierOuvrage. ï ’ - V ’
v tûtfiât
si:
LET.
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[IlmÊ’ËËÊ
LETTRES13’ UN E
PERUVIENNE.
LETTRE PREMIÈRE.VÉ’W’: 2A l mon cher Axa î
x7, 1’ - a T* si; les cris de ta tendreK j Zilia , tels qu’une va-peur du matin , s’exhalent a;font diffipés avant d’arriver jus-
qu’à toi; en vain je t’appelleà manieront-s g en vain j’attensque ton amour vienne brifcr leschaînes de mon efclavagc : hé-
A las l
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[z]las! peut-être les malheurs que
[j’ignore font-ils les plus afreux!peut-être tes maux furpaiÏent-ils .
les miens! . . .La ville du Soleil, livrée âlafureur d’une Nation barbare ,devroit faire couler mes larmes ;mais ma douleur , mes craintes;mon défefpoir, ne font que pour
toi. ’Qu’au-tu fait dans ce tumulteaffreux , chere ame de ma vie?Ton courage t’a-t-il été fune-
fie ou inutile? Cruelle alterna-tive! mortelle inquiétude! ô ,mon cher Azal que tes jours.raient fauves, 8c que je fuc-.courbe , s’il le faut: , fous lesmaux qui m’aCCablenr!
Depuis le moment terrible (quiauroit dû être arraché de la chai-
. ne
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I a lne du teins , a: replongé dansles idées éternelles) depuis lemoment d’horreur où ces San.vages impies m’ont enlevée auculte du Soleil, à moi-même , à
ton amour; retenue dans uneétroite captivité, privée de tou-
te communication , ignorantllaLangue de ces hommes féroces,je n’éprouve que les effets dumalheur , fans pouvoir en dé.couvrir. la caufe. Plongée dansUn abîme d’obfcurite’, mes jours
font femblables aux nuits les plusfrayantes.
Loin d’être touchés de mesplaintes, mes ravilfeurs ne le fontpas même de mes larmes; lourdsd mon langage , ils n’entendentpas mieux les cris de mon déles-
poir. , .A z Qgel
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l 4 lmiel cil: le peuple allez féroce
pour n’être point émû aux lignes
de la douleur? miel defert ari-de a vû naître des humains in-fenfibles à la voix de la naturegémilfante P Les Barbares l Maîtres
Djalpor * fiers de la puiflanced’exterminer , la cruauté cil. lefeul guide de leurs aérions. Aza!Comment échapperas-tu àleur fu-
reur? où es-tu? que fais-tu fima vie t’elt chere, infiruis-moide ta deltinée.
Hélas! que la mienne cil chan-gée! comment le peut-il , quedes jours fi femblables entr’eux,ayent par rapport à nous de fifuneltes différences P Le temss’écoule; les ténèbres fuccédent
à la lumiere; aucun dérangement
ne’ Nom du Tonnerre...
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[ilne s’apperçoit dans la nature; de
moi, du fuprême bonheur , jefuis tombée dans l’horreur du dé-
fespoir , fans qu’aucun intervallem’ait préparée à cet affreux paf-
(age.Tu le (gais , ô délices de mon
cœur! ce jour horrible , ce jourà jamais épouvantable , devoitéclairer le triomphe de notreunion. A peine commençoit-ilà paroître , qu’impatiente d’exé-
cuter un prolet que ma tene-drelYe m’avoir infpiré pendant lanuit, je courus à mes Œipos’l’
t Un grand nombre de petits cordonsde différentes couleurs dont les Indiensle (avoient au défaut de l’écriture pourfaire le payement des Troupes’êc le dé-nombrement du Peuple. Quelques Al:-teurs prétendent qu’ils s’en fetvoienr’auili
I pour transmettre à la poflérité les Aâiopsmémorales de leurs Incas.
A; 8c
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l 5 l8l profitant du filence qui ré-gnoit encore dans le Temple, jeme hâtai de les nouer, dans l’es-
pérance qu’avec leur feeours jerendrois immortelle l’hifloire de
notre amour 5c de notre bon-lieur,
A Inclure que je travaillois ,l’entreprîfe me panifioit moins
difficile ; de moment en momentcet amas innombrable de cordonsdevenoit fous mes doigts unepeinture fidèle de nos salonsLe: de nos fentimens , comme ilétoit autrefois l’interprète de nos
,pcnfécs, pendant les longs inter.-valles que nous pallions fans nousvair,
Toute entier: à mon occupa-tion, j’oubliais le terris, lorsqu’un
* bruit
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[71’
. bruit confus réveilla mes efprits8c fit treilaillir mon cœur.
je crus que le moment hen-’reux étoit arrivé, 8c que les centportes * s’ouvroient pour laiflerun libre panage au foleil de mesjours,- je cachai précipitammentme: Q1070: fous un pan de merobe , a: je courus ait-devant detes pas.
Mais quel horrible fpeâacles’olïrît à mes yeux! Jamais fou
fouvenir affreux ne (effacera de
ma mémoire. «Les pavés du Temple enfan-
glante’s; l’image du Soleil foulée
aux pieds; nos Vierges éper-duës , fuyant devant une troupe
de* Dans le Temple du Soleil il yavoit
cent portes , Plut» feu! avoit le pouvoirde les faire ouvrir. ’
Ai.
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i 3 1’
de foldats furieux qui mafia;croient. tout ce qui s’oppoloit à
leur panage ; nos Marnes * ex-pirantes fous leurs coups, dontles habits brûloient encore dufeu de leur tonnerre; les gé-millcmens de l’épouvante , les cris
de la fureur répandant de toutepart l’horreur 8c l’edroi ; m’ê-
térent jusqu’au fentiment de
mon malheur. iRevenue à moi-même, jeme
trouvai, (par un mouvement na-turel 85 presque involontaire)rangée derriere l’autel que je te-
nois embraffé. La, je voyoispalier ces barbares ; je n’ofoisdonner un libre cours à ma rosapiration , je craignois qu’elle ne
me* Efpéce de Gouvernantes des Vies»
ges du Soleil,
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l9]me coutât la vie. je remarquaicependant qu’ils ralentilfoient leseffets de leur cruauté à la viledes ornemens précieux répandusdans le Temple ; qu’ils fe fai-filloient de ceux dont l’éclat lesfrappoit davantage ; 8e qu’ils arJ-rachoient jusqu’aux lames d’ordont les murs étoient revêtus. jejugeai que le larcin étoit le mo-tif de leur barbarie, a; que pouréviter la mort , je n’avais qu’à.
me dérober à leurs regards. jeformai le delTein de .fortir duTemple , de me faire conduireà ton Palais , de demander auCapa Inca * du. fecours 8c unazile pour mes Compagnes 8cpour moi z mais aux premiers[mouvemens que je fis pour m’é-
loig-S Nom générique des Incas regnana,
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[1°]loigner , je me (cutis arrêter tô , mon cher Aza , j’en frémisencore ! ces impies oférent por-ter leurs mains facriléges fur la
fille du Soleil. .Arrachée de la demeure facrée ,
traînée ignominieufement hors du
Temple , j’ai vû pour la pre-miere fois le feüil de la porte.Célelle que je ne devois palierqu’avec les ornemens de la Roy-
auté; * au lieu de fleurs quiauroient été femées fous mes pas,
j’ai vû les chemins couverts defang 8c de carnage; au lieu deshonneurs du Trône que je de-vois partager avec toi, efclavefous les loi-x de la tyrannie, en-
, I fermée* Les Vierges eonfacrées au Soleil,entroient dans le Temple presque enmaillant, et n’en ferroient que le jourde leur mariage.
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(1’11
fermée dans une obfcnre prifon 3la place que j’occupe "dans l’uni-vers eft bornée à l’étendue de
mon être. Une natte baignée demes pleurs reçoit mon corps fatin
gué par les tourmens de moname; mais , cher foûtien de mavie , que tant de maux me (ensont légers, fi j’apprends que tu.refpires 1
Au milieu de cet horrible:bouleverlement , je ne [gais parquel heureux hazard j’ai confer-.vé mes guiper. je les polléde ,
. mon cher A", ,C’efl le tréfor demon cœur, puisqu’ilfervirad’iu-
terprête à ton amour comme aumien; les mêmes nœuds qui t’ap-
prendront mon Ïexifience , enchangeant de forme entre tesmains a, m’infiruiront de mon
fort.
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tu)fort. Hélas l par quelle voiepourrai-je les faire palier jusqu’à.
toi? Par quelle adtefle pourront-ils m’être rendus P je l’ignore
encore; mais le même fentimentqui nous fit inventer leur ufage,nous fuggerera les moyens detromper nos tyrans. Quel que faitle Chaqui * fidèle qui te porterace précieux dépôt, je ne caleraid’envier font bonheur. Il te ver-ra , mon cher Aza; je donnerois
Irons les jours que le Soleil medodine pour jouir un feul mo-ment de ta préfence.
* Meflager.
fi.LET’e
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[la]LETTRE DEUXIÈME.
U a l’arbre de la vertu , moncher Aza, répande à jamais
Ion ombre fur la famille du pieuxCitoyen qui a reçu fous ma fenê-tre le myllérieux tillu de mes pen-fées , de qui l’a remis dans tes
mains l (Lue Pacbammac * pro-longe fes années, en récompenfe
de fou adrelle à faire palier jus-qu’à moi les plaifirs divins avecta réponfe.
p Les tréiors de l’Amour me fontouverts; j’y puife une joie déli-cieufe dont mon ame s’enyvre. Endénouant les feerets de ton cœur,
le mien fe baigne dans une Merpar-
i Le Dieu créateur, plus puillantqne
le Soleils I
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[r41parfumée. Tu vis, de le chaînes
qui devoient nous unir ne fontpas rompues! Tant de bonheurétoit l’objet de mes délits, &non
celui de mes espérances.Dans l’abandon de moi-même",
je craignois pour tes jours ; leplaifir étoit oublié, tu me rendstout ce que j’avais perdu. je goû-te à longs traits la douce fatisfaeotian de’te plaire, d’être louée de
toi, d’être approuvée par ce que
j’aime. Mais, cher Aza, yen melivrant àtant de délices, je n’ou-
blie pas que je te dois ce que jefuis. Ainli que la rofe tire lesbrillantes couleurs des rayons duSoleil, de même les charmes quite plaifent dans mon esprit se dansmes fentimens , ne font que lesbienfaits de ton génie lumineux;
rien
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unrien n’ait à moi que ma terricheffe.
Si tu étois un homme ordinai-re, je ferois reliée dans le néant,ou mon fexe cit condamnée. Peuefclave de la coutume, tu m’en as
fait franchir les barrieres pourm’élever jusqu’à toi. Tu n’as pli
fouillât qu’un être femblable autien , fût borné à l’humiliant avan-
tage de donner la vie à ta poilé-rité. Tu as voulu que nos divinsd’une: * ornailent mon enten-dement de leurs fublimes cannois-fances. Mais , ô lumiere de. mavie , fans le defir de te plaire , auxrois-je pli me refondre d’aban-donner ma tranquille ignorance,pour la pénible occupation de l’é-
tude ? Sans le defir de mériterton
Ü Philgfophes indiens,
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[’16]
ton aligne ,ta confiance, tan «siprêt, par des vertus qui fortifientl’amour 8c que l’amour rend vo-luptueufes 5 je ne ferois que l’ob-jet de tes yeux; l’abfence m’aurait
déja effacée de ton fouvenir.
Mais, hélas! fi tu m’aimes en-.
cote, pourquoi fuis-je dans l’es-.clavage P En jettant mes regardsfur les murs de ma prifon , majoie disparaît , l’horreur me fai-
fit, 8: mes craintes le renouvel-lent. On’ ne t’a point ravi la li,-
berté , tu ne viens pas à monlecours; tu es infiruit de monfort , il n’ell pas changé. Non ,
moucher Aza, au milieu de cesPeuples féroces , que tu nom-mes Espagnols, tu n’eft pas aullî
libre que tu crois l’être. jevoisautant de figues d’esclavage dans
les
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E t7 illes honneurs qu’ils te rendent,que dans la captivité ou ils meretiennent.
Ta bonté te féduit , tu crois(incéres , les promelles que cesbarbares te font faire par leur inatcrprêle , parce que tes parolesfont inviolables; mais moi quin’entends pas leur langage; moiqu’ils ne trouvent pas. digne d’ê-
tre trompée, je vois leurs aâions.
Tes Sujets les prennent pourdes Dieux, ils le rangent de leurparti: ô mon cher Aza, malheurau peuple que la crainte détermi-
ne! Sauve-toi de cette erreur ,défie-toi de la facile bonté deces Étrangers. Abandonne tonEmpire , puisque l’inca Vina.
duB
![Page 27: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/27.jpg)
t 18 I Idu * env a prédit la deûruâîdn.’
Achette ta vie a: ta liberté adprix de ta puiffance, de ta gran-Edeur ,. de tes Itréfbrls 5 il ne tereflet: que les dons de la amuré.Nos jours feront en sûreté.
Riches de la poIÎeffion de n09
cœurs , grandcpar nos vertus ,fmiflans par notre modération’;
nous irons.dans’ une cabane jouir
du ciel , de la fermât de ,notrctcndrelïc.
Tu feras plus Roi en tégnan’t
, fur mon!ame, qu’en doutant del’affcâion d’un peuple innombra-
I bic:’ vinant-b1 élût regardé comme un
Dieu : il pafloit pour confiant puni lesIndiens; que cet Incas avoit prédit enmourant que les Espagnols détrôneroient
un de [es desccndans. IO
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t r91hl: à nia loumîflion à tes voldnâ
tés te fera jouir fans tyrannie dubeau droit de commander. Ent’obéïITant je ferai retentir tonEmpite de me: chants d’allégref- ,
le; ton Diadème * (en toujoursl’ouvrage de mes mains , tu neperdras de ta Royauté que lesfoins à: les fatigues.
Combien de fois, dictame dema vie , tu t’es plaint des devoirsde ton rang? Combieh les céré-m°nies, dont tes vifites étoientaccompagnées , t’ont fait envier
le fort de tes Sujets P Tu n’au-tois voulu vivre que beur moi scraindrois-tu à préfenti de perdre
. tantî Le Diadème des Incas, émit uneclpêce de frange. C’était l’ouvrage des
t Mages du Soleil. r. l .B au
![Page 29: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/29.jpg)
[2.0]tante de contraintes? Ne renifléplus cette Zilia , que tu auroispréférée à ton Empire? Non , je
ne puis le croire, mon cœur n’efi:
point changé , pourquoi le tien
le (croiroil? VJ’aime, je vois toujours le mê-
me Aza qui régna dans mon am:au premier moment de (a vûe;je me rappelle fans cellie’ce jourfortuné, où ton Fert, mon fou-yerain Seigneur, te fit partager,pour. la premiere fois, le pouvoirréfervé à lui feul, d’entrer dans
l’intérieur du Temple ; * je meretiré-fente levfpeâacle agréable de
nos Vierges , qui , ’ rail’cmblées’
dans un même lieu , reçoivent unnouveau lulire de l’ordre admira-
ble
’L’lncas régnant avoit feul le droitd’entrerdans le Temple du Soleil. l
![Page 30: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/30.jpg)
t à! l
bic qui règne entr’elles t: tel .onfvoit dans un jardin l’arrangement.
des plus belles fleurs ajouter en?core de l’éclat à leur beauté.
’Tu parus au milieu de nouscomme un Soleil Levant, dontla tendre lumiere- prépare la (éré-
nité d’un beau jour: le feu detes yeux répandoit fur nos jouesle coloris de la modeflie, un em-jbarras ingénu .tenoit nos-regards.captifsyune joie brillante écla-’toit dans les tiens; tu n’avais ja- tmais rencOntré tant de beautés:-enfcmblc. ’Nous n’avions jamais;vû que le Capa-Inca : l’étonne-L
ment 8c le filence régnoienthdetoutes parts. Je ne [gais quelles;étoient leslpenfées de me: Com-"pagnes; mais de quels femimensumon cœur ne lut-il pointailait-q’
A l B 3 li!
![Page 31: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/31.jpg)
tu]li! Pour la premiere fois j’éprouoz
vai du trouble, de l’inquiétude,a; cependant du plaifir. Con-fuiedes agitations de mon ante, j’al-.lois me dérober à. ta vue; mais
tu tournas tes pas. nets moi, le:respeêl; me retint.
. 0:, moucher Ana , le foutre.ni; de cerpremier moment de mon:bonheur me fera toujours cher!Le (on de revoit, .ainfi quellechant mélodieux de nos. Hymnesrporta dans. me: veines le douxminimement 8c le faim resPeékque nous inspire la préforme de
la Divinité. . .Tremblante , interdite , la timîo
dite m’avait ravi jusqu’à l’ufage
de la voix; enhardie enfin par laidouceur de tes paroles, j’ofai éle-v
ver me: regards jusqu’à. toi, je
. . ren-
![Page 32: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/32.jpg)
i231rencontrai les tiens. Non ,la mortmême n’effacera pas ide ma mé-
moire, les tendres mouvemens denos ames qui fe rencontrerent , a:[c confondirent dans un infiant.
Si nous pouvions douter de no?tre origine , mon cher Aza, cetrait de lumiere confondroit notreincertitude. (luel autre , que leprincipe du feu , auroit pû noustransmettre cette vive intelligen-ce des cœurs , communiquée , ré-
pandue 8c fentie, avec une rapi-dité inexplicable?i j’étais trop ignorante fur leseffets de l’amour pour ne pas m’y
tromper. L’imagination rempliede la fublime Théologie de nosCucipatar , * je pris le feu quiim’animoit pour une agitation di-
v"): pf Prêtres du Soleil.
34
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t- 24 il
vine, je crus que le Soleil me mon"nifefloit fa volonté par ton orga-ne, qu’il me choifilloit pour faitépoufe d’élite: j’en foupirai, mais
après ton départ, j’examinai mon
cœur , 8c je n’y trouvai que ton
image. rQuel changement, mon cherAu , ta préfence avait fait. furmoi! tous les objets me parurentnouveaux; je crus voir mes Com-pagnes pour la premiere fois,Qu’elles me parurent belles! je nepus foutenir leur’préi’ence; retirée à
l’écart , je me livrais au troublede mon ame , lorsqu’une d’en-tr’elles , vint me tirer de ma ré,
varier, en me donnant de non-.-veaux fujets de m’y livrer. Ellepa’apprit qu’étant ta plus proche
parente, j’étais defiinéc à être ton
CPOü’
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f ’25 l
épaule, dès quemon âge permet-l
trou cette union.J’ignorais les lolx de ton Emo’
pire , * mais depuis que je t’avaisvû, mon cœur étoit tr0p éclairé
pour ne pas faifir l’idée du bon-heur d’être à toi. Cependant loin’
d’en. connaître toute l’étendue;
accoutumée au nom (acté d’épou-
fe du Soleil , je bernois mon enpérance à te voir’tous les jours,à t’adorer , à t’offrir des vœux:
comme à lui.
C’efl toi ", mon aimable Au;c’eli toi qui comblas mon aine dedélices en m’apprenant que l’au-
gufle
* Les loi! des Indiens obligeoient lesIncas d’époufer leurs (murs , a: quand ils
n’en auroient point , de prendre pour fera.me la première Prunelle du Sung’des la:
tu, qui étoit Vierge du Soleil.
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[n 16.]-
gufle rang de ton épauler marra.cieroit à ton cœur, à ton trône,à, ta gloire, à tes vertus ; que jejouirois fans celle de ces entre-ctiens fi rares 8c fi courts au gré denos délits , de ces entretiens quiornoient mon efprit des perfec-tions de ton ame , 8c qui ajou-.raient à mon bonheur la délicieufe
espérance de faire un jour le rieurO , mon cher Aza , combien.
tonimpatience contre mon extrê-mê jeunefle , qui retardoit natre,union , étoit flatteufe pour moncœur l Combien les deux annéesqui le font écoulées t’ont paru
longues , 8: cependant que leurdurée a été courte! Helas , le mo-ment fortuné étoit arrivé l quelle
fatalité l’a rendu li funefle? QuelDieu punit ainfi l’innocence &la
jet:
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I 27 IVertu P ou quelle Puilfance inferomale nous a réparés de nous-mê-
mes ? L’horreur me faifit , moncœur le déchire , mes larmes inca-a
dent mon cuivrage. Au! moncher Azal...
557?.
![Page 37: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/37.jpg)
(2:83.
lLETTRE 77601811511415,
C’E sr toi , chere lumiere demes jours ; c’eût toi qui me
rappelles à la vie ; voudrois-je laconferver , (il je n’étais allurée que
la mort auroit mailfanné d’un (cul
Coup tes jours 8: les miens! Je tou-chois au moment où l’étincelle du
feu divin , dont le Soleil anime no-tre être , alloit s’éteindre: la natu-
re laborieufe le préparoit déja àdonner une autre forme à la portion
de matierc qui lui appartient enmoi, je mourois; tu perdois pour
, jamais la moitié de toi-même ,lorsque mon amour m’a rendu lavie; à je t’en fais un facrifice. Mais
comment pourrai-je t’inflruire deschoicsfurprenantcs qui me (ont ar-
v . » 4 rivées?
![Page 38: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/38.jpg)
’ [29]rivées ê Comment me rappeller desidées déja confufes au moment où
je les ai reçues, 8c que le tems quis’eil. écoulé depuis , rend encore
moins intelligibles?A peine , mon cher Au, avois-
je confié à notre fidéle Chaqui le
dernier tiilu dames penfées, quej’entendis un, gran’d mouvement
dans notre habitation: vers lemi-. lieu de la nuit deuxjde mes ra-
viileurs vinrent m’enlever de ma
fombre retraite avec autant deviolence qu’ils en avoient em-ployée à m’arracher du Temple du
Soleil. ,Quoique la nuit fût fort obfcu-te, on me fit faire un filong tra-jet, que fuccombant a la fatigue,on fut obligé de me porter dansune maifon dont les approches,
mal-
![Page 39: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/39.jpg)
, t sa]malgré l’obicurité , me parurent
extrêmement difficiles.
Je fus placée dans un lieu plusétroitôc plus incommode que n’éa
toit ma priion. Ah , mon cherAmi pourrois-je te perfuadcr ceque je ne comprends pas moi-mé-mo , fi tu n’étais affuré que le men-
fonge n’a jamais fouillé les lèvres
d’un enfant du Soleil! *Cette maifon , que j’ai jugé être
fort grande par la quantité de mone-
de qu’elle contenoit; cette mai,»
fan comme fuspendue, a: ne te-nant point à la terre, étoit dans une
balancement continuel.Il faudroit , ô iumiere de mon
esprit, que Ticai’viracacha eût coma
blé mon am: comme la tienne defa
fil panoit pour confiant qu’un Perti-îien n’a jamais menti,
![Page 40: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/40.jpg)
’ t 311)
ï: divine feience, pour nuiroitComprendre ce prodige. Toute laconnoiflance que j’en ai,’efi que
cette demeure n’a pas été con-
’flruite par un être ami des hom-mes: car quelques momens. aprèsque j’y fus entrée, fan mouve-ment continuel, joint àune odeurmalfaifante , me canferent un malfi violent,’ que je fuis étonnée den’y avoir pas (incombé: ce n’é-
toit que le commencement de mes
peines. .Un tcms me: long s’était écouo
lé , je ne (enflois presque plus,lorsqu’un matin je fus arrachée au
Tommeil par un bruit pins affreuxque celui d’Talpai notre habita-ïtion en recevoit des éblaniemens
"tels que la terre en enrouera,Jonque la Lune en tombant, ré- 1
e - duit:
![Page 41: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/41.jpg)
T 32’]
finira"? univers en poufiiere. * Dmcris, des voix humaines qui f:joignirent à ce fracas , le rendirent I.encore plus épouvantable ç mesfeus faifis d’une horreur feerette,ne portion: mon aine, que l’i.
,dée dela defiuâiop, (non-feule-nment de moi-même) mais de lanature entiere. Je croyois le périluninrfel; je tremblois pour tes;jours: ma frayeur s’accrut enfinjusqu’au dernier excès, à la vûed’une troupe d’hommes en fureur,
.le virage a; leslhabits enfanglan-tés, qui fe jetterent en tumultedans ma chambre. je ne foutins
pas cet horrible fpeâacle, la for-ce & la connoiifance m’abandon-
’ nerent:* Les Indiens croyoient que la En du
monde arriveroit par la Lune qui fe W9son tombe: fur la une.
![Page 42: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/42.jpg)
fi a; Jhennit j’ignore encore la fuite déce terrible événement. Maïs” revei
une à moi-même , je me I trouvaiidans un lit airez propre; entouàrée de plufieurs Sauvages , qui n’e’â
toient plus les cruels Espagnols. ’Peux-tu te repréfenter in; futé
prife, en me trouvant dans unedemeure nouvelle , parmi desbomëmes nouveauxjfans pouvoir comlprendre comment ce changementavoit pû (e faire? Je” refermaiproniptement les yeux, afin queplus recueillie en moi-même ,’ jepufle m’affnrer il je vivois», ou ilmon une n’avait point abandonné
mon corps pourprine: demies réa
gions inconnues; * « Te* Les indiens croyoient qu’après la morts
Panse alloit- dans des lieux inconnus poury être récompenfée’ ou punie (des: fou
merise, c
![Page 43: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/43.jpg)
(34)Telfavouerai-jo , cher: Idole demonîcœur 5 fatiguée d’une vie
çdieuie, rebutée de fouffrir destourmens de toute espèce; secs.blée Af vs le poids, de mon horri-ble. deËÏne’elje regardai avec in;
digèrence la fin de ma vie que jerentois approcher: je refufai con-lfinmment v tous les fecours que l’on
m’ojfrqit; en peu de jours je tou-çhai au terme fatal,& j’y touchai
fans regret. . s ’. râpai-ferment des forées anéantit
le temiment; déja mon imagina.ticg,affoiblîe ne recevoit plus d’iq
magçs que comme] un léger (kils
(figuratifs: une tremblante;dép les objets qui. m’avaient leplus affeâée n’escitoient en moi
zcette [curation vague , quenous éprouvons, en nous hmm:
aller:
![Page 44: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/44.jpg)
1 3Hiller à une rêverievlndétermiriêejje n’étais prefquc plus; Cet état,
mon cher Ai: 5 n’ait pas li f5-eheux que l’an croit; De loin ilnous effraye, parce que. nous ypenfons de toutes nos forces 3quand il cil: arrivé affaibli pçles gradations de douleurs quinous y conduifent , le momentdéciflf ne paroit que celui du re-pos. Un penchant naturel qui nousporte dans l’avenir , même danscelui qui ne fera plus pour nous;ranima mon efprit , 8c le trsnfpon-ta jufques dans l’intérieur de ton
Palais. je crus y arriver au mo-ment oû tu venois d’apprendrela
nouvelle de in: mon; je me re-préfentai ton image pâle, défigu-
rée , privée de fentimens , tellequ’un lys defléché par la brûlante
’ C 1 il!
![Page 45: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/45.jpg)
I 35 lardeur du Midi. Le plus tendreamour cit-il donc quelquefois bar--bare P Je jouiflois’ de ta douleur,je l’e’xcitois par de trilles adieux;
je trouvois de la douceur, peut"-’être du plaifir à répandre fur tes
jours le poîfon des regrets ; a: ceÏmême amour qui me rendoit fé-
roce , déchiroit mon cœur pard’horreur de tes peines. Enfin,’reveillée comme d’un profond fom-
lmeil, pénétrée de ta propre dou-leur , tremblante pour ta vie, je de-mandai des ferours , je revis la
rlumiere. . , 4. , Te reverrai-je , toi ,v cher An-,bitre de mon exifience 9 Hélas !qui pourra m’en aflurer P Je ne fçaisplus où je fuis, peut’yêtre cil-tee loin
ide. toi Mais dallions-nous être fée-
parés par les efpaces immenfes
-..; « - qu’has
![Page 46: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/46.jpg)
tu!qu’habiteut les enfans a, Soleil, le -
nuage leger de mes penfées volerafans celle autour de toi.
UUUUUU’IŒŒUUUU
ÜMŒ’DU.
ÜUUE fEUHDUU
![Page 47: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/47.jpg)
irrue gangrena.Un. que fait l’amour de la»
Q vie, mon cher Aza,les peiqnes le diminue , le défefpoir lié-9 iteint. Le mépris quel: nature (uneblé fairepde notre être, enl’aban-r
donnant à, la douleur , nous rêvoitte d’abord 5 xenfuite l’impoflibilité
de nous en délivrer, nous prouv-ve une infuflifance fi humiliante,qu’elle nous conduit jufqu’au dé-
goût de nous-même.
Je ne vis plus en moi ni pourmoi ; chaque infiant où je refpire,cil: un facrifice que je fais à tonamour, 8; de jour en jour il de.vient plus pénible; fi le terne 3p?porte quelque foulagçmeutau mal
- - - i ç au:
![Page 48: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/48.jpg)
[439.]qui me confirme , loin d’éclaircir
mon fort, il femble le rendre en-’’core plus obfcur. Tout «qui.m’environne m’efi inconnu , tout!m’eft nouveau, tout intéreiïe ma’
curiafité, a: rien ne peutla fatiswfaire. En vain , j’employe monattention a: mes efforts pour en-tendre , ou pour être entendue ;-l’un 8c l’autre me (ont également
impoflibles. Fatigué: de tant depeines inutiles, je crus en tarir laIburce , en dérobant à mes yeuxl’impreflion qu’ils recevoient des
objets z je m’obfiinai quelque teins
à les fermer; mais les ténébresvolontaires auxquelles je m’étais
condamnée, ne foulageoient quema modefiie. Bleilée fans celle-È
la vue de ces hommes, dontilesfervices a: les feeours font autant
C4 de
![Page 49: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/49.jpg)
[’40 T
de fupplices, mon ante n’en étoit
moins agitée; renfermée en moi,même -, mes inquiétudes n’en é-
taient que plus vives, a: le defirde les exprimer plus violent. D’unautre, gâté l’impoflibilité de me
flaire, entendre, répandjufques (un
mes Organes un tourment nonmoins-infupportable que des (1011-. .leurs qui auroient une réalité plus
apparente. Que cette fituatian eû
cruelle! . . *Hélas! je croiois déja entendre
quelques mats des Sauvages Ef-i’pagnals,j’y, trouvois des rapports
avec notreaugufie langage ; je meflattoisqu’enpeu de temsje pour-.rois m’expliquer avec eux : loindetrouver le même avantage avecmes nouveaux tyrans , ils s’expriement avec tant de rapidité ,que je
09q,
![Page 50: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/50.jpg)
i 41. le
ne diilingue pas même les in;flexions de leur voix. Tout mefait juger qu’ils ne font pas de lamême Nation ; 8: à la diife’rence
de leur maniera, 8: de leur cara-âerç apparent , on devine fanspeine que Pachacamac leur a dimi-bué dans une grande dispropor-tion les élemens dont il a formé les
humains. L’air grave 8L farouchedes premiers fait vair qu’ils (ontcompofés de la matiere des plusdurs métaux ; ceux-ci femblen:s’être échappés des mains du Créa-
teur au moment ou il n’avoir en.corel allemblé pour leur formationque l’air de le feu : les yeux fiers , la
mine (ombre 8c tranquille de ceux-là , montroient allez qu’ils étoientcruels de fang froid ;l’inhumanitéde leurs aôtions ne l’a que trop
prou-I
![Page 51: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/51.jpg)
I a: Î
prouvé. Le vif age riant de ceux-ci,1
la douceur de leurs regards , un en-tain emprefiement ’répandn furleurs aâions 8: qui paroit être dela bienveillance, prévient en leurfaveur , mais je remarque des cou-tradiâions dans leur conduite , quifafpendent mon jugement,r Deux de ces Sauvages ne quit- l
tent prefque pas le chevet de monlit : l’un que j’ai jugé être le
darique * à fan air de grandeur ,me rend , je crois, à fa façon beau.-e’oup de relpcàzl’autre me donne
une partie des feeours qu’exige ma
maladie, mais fa bonté cil dure,(es recours font cruels , &fa fami-liarité impérieufe,
Dès-
t Cariqru tu nuclefpçcc de Gouverneur,
de Province. ’
l à
![Page 52: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/52.jpg)
[43]Dès le premier moment,où roc"
venue de ma foibleife , je me trou- .vaî en leur puiiTance, celui-ci(carje l’ai bien remarqué) plus hardi
que les autres, voulut prendre memain , que je retirai avec une con-fufion inexprimable; il parut fur.’pris de ma réfiilance, a: fans au.
cun égard pour la modeiiie , il lareprit à l’infiant : foible , mourante
a: ne prononçant que des parolesqui n’étoient point entendues ,pouvois-je l’en empêcher? il lagarda , mon cher Au , tout "autantqu’il voulut; 8: depuis ce tems ,il faut que je la lui donne moi-méme plufieurs fois par jour, ilje veux éviter des débats qui tour.
nent toujours à mon défavantage.Cette efpéce de. cérémonie *
p * Les indiens n’avaient aucune sonomuance de la Médecine.
![Page 53: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/53.jpg)
[44]dine paroit une luperiiition’ de ées
peuples : j’ai crû remarquer quel’on y trouvoit des rapports avecmon mal j mais il faut apparem-ment être de leur Nation pour enfentir les effets; car je n’en éprou-
ve aucuns , je foui-ire toujours éga-lcment d’un feu intérieur qui me
confume ; à peine me relie-vilallez de farce pour nouer mesguiper. J’employe à cette accu.parian autant de tems que ma foiqbleITe peut me le permettre : cesnoeuds qui frappent mesfens , fem-bleut donner plus de réalité à mes
penfées; la forte de tellemblanceque je m’imagine qu’ils ont avec
les paroles ,’ me fait une illufianqui trompe ma douleur : je croiste parler , te dire que je t’aime,t’aiTurer de mes vœux, de ma ten-
dreffe 3
![Page 54: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/54.jpg)
l 4S lL’antre; cette douce erreur cil mon
bien de ma’vie. Si l’excès d’acca-
blement m’oblige d’interrompre
mon Ouvrage , je gémis de tonabfence ; ainfi toute entiere à matendrcife ,’ il n’y a pas un de mes
momens qui ne t’appartienne.Hélas Il! Quel autre ufage pour-
roisvje en faire? O ,imon cher-rualquand tu’ne ferois pas le maîtrede mon ame : quandles chaînes del’amour ne m’attacheroient pas in-
féparablement a toi; plongée dansun abîme d’obfcurité , pourrois-je
détourner mes penfées de la lu-
miere dama vie? Tu es le Soleilde mes jours , tu les éclaires; tu les
prolonges, ils font àtoii Tu mechéris , je ,melaiife vivre. Que fe-ras-tu pour moi? Tu m’aimeras, jefuis ’rédompenfée. - -
’ r r L E T-
![Page 55: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/55.jpg)
I461 l
LETTRE amourera;Un j’ai foufert , mon cherAz’a , depuis les derniers
nœuds que je t’ai confacrés l La
privation de mes Quiet manquoitau comble de rues- peines ; desque mes officieux Periécuteurs fefont apperçus que ce travail au-gmentoit mon accablement , il:m’en ont ôté l’ufager
On m’a enfin rendu le tréfor de
ma tendreife , mais je l’ai acheté
par bien des larmes. il ne me relieque cetterexprefiion de nies fenticmens; il ne me relie que [aurifie
, confolation de te peindre mes’doud
leurs , pouvois-je la perdre fansdéfefpoir P
Mon étrangeideûinée m’a ravi
’ Jus:
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[47]jufqu’à la douceur que trouvent lei
malheureux à parler de leurs peianes 2 on croit être plaint quand oncil écouté, au croit être foulagé
en voyant partager fa trifieife, jene puis me faire entendre ,I a: lagaieté m’environne. .
Je ne puis même jouir paifible.ment de la nouvelle efpéce de dé-fert ou me réduit l’impuiifance de
communiquer mes penfées. En-saurée d’objets importuns , leurs
regards attentifs troublent la foli-rude de mon ame: j’oubliele plusbeau préfent que nous ait fait la na-ture , en rendant nos idées impéné-
trables fans le fecours de notrepropre volonté. Je crains quel-quefois que ces Sauvages curieuxne découvrent les réflexions défa-
vantageufes que m’infpire la brie
anurie de leur conduite.
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ï 48 3
Un moment détruit l’opinionqu’un autre moment m’avoir dona
* né. de leur caraé’rere; Car fi jem’arrête aux fréquentes oppofiitians deleur volonté âla mienne ,je ne. puis douter qu’ils ne mecroyent leur efclave , 8c que leurpuiifance ne foit tyrannique.
Sans compter un nombre infinid’autres contradiâtions , ils me reà
fuient, mon cherAza, jufqu’auualimens néceiTaires au foutien de lavie, jufqu’à la liberté de chaille
la plate ou je veux être , ils meretiennent par une efpéce de vio-lence dans ce lit qui m’eit devenuinfupportable.
D’un autre côté, fi je réfléchis
fur l’envie extrême qu’ils ont té-
moignée de conferver mes jours,fur respeél: dont ils accompa-
gneiss
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i 49 ltuent les ferv’ices qu’ils me sans
dent, je fuis tentée de croire qu’ils
me prennent pour un être d’uneespéce fupérieure à l’humanité.
- Aucun d’eux ne paroit devantmoi, fans courber fou corps plusou moins , comme nous avonscoutume de faire en adorant le So-leil. Le Canine femble vouloirimiter le cérémonial des Incas aujour du 101m5.) * Il le met furfes genoux fort près de mon lit,il relie un teins donftdérable dansCette paliure gênante: tantôt ilgarde le filence , a; les yeux baillés ,
il [truble rêver profondement : jeVois fur ion. vifage cet embarrasrespeétueux que nous infpire la
4 grand0 Le 841m3 phrasai: au du Soleil;Maras 8: les Prêtres raderoient à genoux,
. 5 .. D v
![Page 59: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/59.jpg)
,. É. 5° J3mm! Nomv** prononcé à Francemon. S’il trouve-l’occafion de filin.
tir .mama’m , il y, porte fa boucheavec la même vénératibn que nous
avons pour le fadé Diadème. *Quelquefois il prononce un grandnombre de. mon qui ne refiemabientpoint au langage ordinairede fat-Nation; Le [on en dt plusgigue,- plus diftinâ, plus m’efure’i
(ilfly joint cet air-touché qui. prée
çede les larmes ;, cequupirs quiexpriment les - befoigs ide l’arme 5
ces acquis qui [ont presque desblaiuçes 5. enfin toueçe qui «com:-
. * - Pas":’l ü ièïgrana’ New-kit flmbmmïEn hèle prononçoit que rarement , 6c avec
beaucoup de figues .d’adoution. - ..
il On baifoit le Diadème de Manteau);commebnous baifçns le; Reliques de nos
Saints.
![Page 60: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/60.jpg)
t si lpigne le défit d’obtenir des éraâ
ces. Hélas l mon cher Alu, s’ilfile connoiKoie bien , s’il n’êtoit
pas dans quelque erreur fur monêtre , quelle prier: auroit-ilà me
faire P I ’’ cette Nation ne feroit-elle pointidolâtre P je n’ai encore vû faire
incurie adoration air-Soleil; pe’utiêtre prennentÀils lésifemmes pour
l’objet de leur culte. Avant quele Grand Mana-Capa * eût ap-porté fur la terre les volontés duSoleil; nos Ancêtres; divinifoienttout ce qui les frappoit de crainteou de plaifir : peut-être ces Sau-vages n’éprouvent-ils ces deuxfentimens que pour les femmes.
Mais;
* Premier Légiflateur des halena. I,mincir: des Incas.. A z .1 D a.
![Page 61: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/61.jpg)
r l sa ilH Mais, s’ils m’adoroiene, ajout;
prioient-ilsÀ-mes malheurs l’aEreua
le contraintepù ils me retiennent PNon , ils chercheroient à me plai-re.,;.ils obéiroient aux lignes demes volontés g je ferois libre, jefouirois de cette odieufe demeu-re. ;: j’irais chercher le maître de
gnon arme; un feu] de les regardseffaceroit le fouvenir de tant d’un:
fortunes. -1..)
a
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[73]l
LETTRE SIXIÈME, L.
- Unie horrible furprife ,mon cher Aza! Que noà
malheurs (ont augmentés ! Quenom fommes à plaindre! Nosmaux (ont fans remède, il ne memile qu’à te l’apprendre 8c à mou-
rir. .On m’a enfin permis de me le-
ver , je profitai avec empreileàment de cette liberté ; je me fuistraînée à une petite fenêtre , jel’ai ouverte avec la précipitationque m’infpîroît ma vive curiofité.
Qu’au-je vû’? Cher Amour de ma
vie , je ne trouverai point d’ex-prenions pour te peindre l’excèsde mon étonnement, a: le morteldéfespoir qui m’a faifie en ne dé-
j D 3 couvrant
![Page 63: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/63.jpg)
Ë 54 3
couvrant autour de moi que a,terrible élément dont la vt’ie feule
fait frémir. ’ "Il Mon premier çnup d’oeil ne m’a
que trop éclairéefur le mouve-.-ment incommode de notre denier"re. Je fuis dans une de ces mai?Ions flotantes , dont les Efpagnql;fe font fervis pour atteindre jus-vqu’à nos malheureufes Contrées,.8: dont on ne m’avoir fait qu’une
defcription très-imparfaite.
Conçois-tu, cher An, quelle;idées» funefies font entrées dans
mon ame avec cette afiieufe con-noiflance P Je fuis certaine que l’on
m’éloigne de toi, je ne respireplus le même air, je n’habite plusle même élément : tu ignorerastoûiours oùje fuis, fi je t’aime,
j’aille 5 la dcilruâion de mon
* être
![Page 64: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/64.jpg)
[5S]être ne paraîtra pas même unévenement allez confidérablc pourêtre porté jusqu’à toi. Cher Ar-
bitre de mes jours, de quel pritte peut être déformais ma vie in;fortunée? Soufre que je rende à.la Divinité un bienfait linfupporta-F
bic dont je ne veux plus jouir;je ne te verrai plus , je ne veux.
plus vivre. -je perds ce que j’aime ; l’uni-vers eil anéanti pour moi; il n’efl’
plus qu’un vaite defert que je rem-
plis des cris de mon amour ; en-tends-les , cher objet de ma ten-drefl’e, fois-en touché , permets
que je meure . . . . -Ogelle erreur me féduitl Non,
mon cher Aza, non, ce n’ell. pastoi qui m’ordonnes de vivre , c’eût
la timide nature, qui, en frémis-
D q . fait:
![Page 65: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/65.jpg)
l i5 Ïfaut d’liorreur, emprunte ta volt.plus puiiiante que la fienne pourretarder une fin toujours redouta-ble pour elle; mais c’en cit fait,le moyen le plus prompt me (lé--livrera de (es regrets, , . .
Que la Mer abîmer), jamais dansfes flots ma tendrelle malheur-cure,ma vie 8c mon défespoir,, ’ Reçois, trop malheureux Ara,
reçois les deniers fentimens’ de
mon cœur, il n’a reçu que tonimage ,A il ne vouloit vivre que pour
- toi , il meurt rempli de ton amourqJe t’aime , je le penfe, je le fensencore, je le dis pour la dernicrçfois... . ;
aile
LET:
![Page 66: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/66.jpg)
v[5’7]
L ETTRE SEPTIÈME.2A , tu n’as pas tout perdu;tu régncs encore fur un cœur;
je respire. La vigilance de me:Surveillans a rompu mon funefl:deiTein, il ne me relie que la hon-te d’en avoir tenté l’exécution.
J’en aurois trop à t’apprendre les
circonllances d’une entreprife aus-.fi-tôt détruite que projettée. Oie-I
rois-je jamais lever les yeux jus-qu’à toi, fi" tu avois été témoin
de mon emportement?Ma raifon foumife au défespoir,
ne m’était plus d’aucun feeours;
ma vie ne me paroifloit d’aucunprix ,j’avois oublié ton amour.
Œele rang-froid cit cruel aprèsla fureur! QIc les points’de vue
[ont
![Page 67: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/67.jpg)
f s8 J(ont difl’érens fur les mêmes objets!
Dans l’horreur du défespoir onprend la férocité. pour du coura-ge, a: la crainte des foufl’rancespour de la fermeté. QI’un mot,
un regard, une furprife nous rapspelleànous-même, nous ne trou-vons que de la foibleiTe pour peinacipe de notre Héroïfme 3 pourfruit, que le repentir, 8: que lémépris pour récompenfe.
La connoiffancc de ma faute encil la plus févére punition. Aban-donnéeàl’amertume du repentir,
enfevelie fous le voile de la hon-te, je me tiens àl’écart; je crains
que mon corps n’occupe trop dçplace: je voudrois le dérober à la
lumiere; mes pleurs coulent enabondance, ma douleur cil calme,nul Ion ne l’exhale; mais je fuis
e ’ j tout:
![Page 68: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/68.jpg)
[19]toute a elle. Puis-je trop expiermon crime? Il étoit contre toi.
En vain, depuis deux jourscesSauvages bienfailans voudroientme faire partager la joie qui les.transporte; je ne fais qu’en loup.-çonner la caufe; mais quand elleme feroit plus connue, je ne me.trouverois pas digne de me mêlerjà leurs fêtes. Leurs danfes, leurscris de joie, une liqueur rouge[amblable au Mays ,-* dont ils boi-vent abondamment , leur emprelTe-
ment à contempler le Soleil partous les endroits d’où ils peuvent
l’ap-
*Le MA]: ell une plante dont les la.diens flint une boiilon forte 8c (ulmairesils en préfentent au Soleil les jours de lesfêtes, 8c ils en boivent jusqu’l l’yvrelfeaprès le facrifice. Voyer. I’Hxfl. du Incas;
t. a. p. 15 a. . .
![Page 69: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/69.jpg)
[i601l’appercevoir , ne me billeroientpas douter que cette réjouilÏancene le fit en l’honneur de l’Ailre
Divin, fi la conduite du Caciqneétoit conforme à celle des autres.
Mais, loin de prendre part àlajoie publique, depuis la faute quej’ai commife, il n’en prend qu’à
ma douleur. Son zèle cil plus res-peâueux, les foins plus allidns,(on attention plus pénétrante.
Il a deviné que la prélence con-
tinuelle des Sauvages de (a fuiteajoutoit la contrainte à mon afflic-tion; il m’a délivrée de leurs rew
gards importuns, je n’ai prefqueplus que les liens à (apporter.
Le croirois-tu , mon cher Au?Il y a des momens; où je trouvede la douceur dans ces entretiensmuets; le feu de les yeux me rap.
pelle
![Page 70: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/70.jpg)
t 61 Ipelle l’image de celui que j’ai vfl i
dans les tiens; j’y trouve des rapq
ports qui féduilent’ mon cœur;Hélas que cette illufion cil palla-gere 8c que les-regrets qui la fui-Vent [ont durables! ils ne finirontqu’avec ma vie, puisque je ne vie
que pour toi.
ëïîëîïîë
fil?ï
i Les;
![Page 71: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/71.jpg)
. 1.57er HUITIÈME.
Uann un feul objet réunittoutes nos penfe’es , mon
,cher zizanies événemens ne nousintéreilent que par les rapports que
nous y trouvons avec lui. Si tun’étais le (en! mobile de mon ame ,
aurois-je paillé , comme je viens defaire , de l’horreur duidéfespoir à
l’espérance la plus douce P LeCritique avoit déja eflayé plulieurs
fois inutilement de me faire ap-procher de cette fenêtre, que jene regarde plus fans frémir. En-fin preilée par de nouvelles inflan- ’
ces , je m’y fuis laillée conduire.Ah! mon cher Aza, que j’ai été
bien récompenfée de ma complai-
une! Par
![Page 72: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/72.jpg)
r a: a .i Par un prodige incompréhenÊ
Hale , en me faifant regarder àtravers une espéce de canne per-cée, il m’a fait voir la terre dans
lm éloignement, où fans le fe-cours de cette merveilleufe ma-chine, mes yeux n’auraient pu at-
teindre. i" En mémère-ms, il m’a fait en-
tendre par des lignes (qui com-mentent âme devenir familiers)que omis ilions à cette terre,-& quela vile étoit l’unique objet des rév-
jbullTances que j’ai prifes pourrira
imine; ait-Soleil. - -J’ai (cuti d’abord tout l’avanta-
’ge de cette découverte; l’espéran-
tre, commeuntrait. de lumiere, aporté [a clarté jusqu’au fond de
ilion cœur.- - 4 l -Il cil; certain que l’on me con-
duit
![Page 73: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/73.jpg)
C641.tluità cette terre que l’on m’a ibid
voir, ileil évidenthu’elle cil: uneportion deuton Empire , puisque leSoleilyrépand les rayons bienfai;fans. -* Je ne fuis-plus dans les fersdes cruels Elpagnols. mai pourroit.donc m’empêcher de rentrer fous
tes Loix? i ’ I l,- Oui , cher Au, je vais me réu-I.nirà ce que j’aime. Mon amour,ma raifon, mes délirs,,tout m’en
allure. je vole dans tes bras, un.torrent,de joie le répand dans mon:ame, le pailé s’évanouit, mes mal-
heurs font finis; ils [ont oubliés ,l’avenir (cul m’occupe, e’cil. mon
unique bien. Aza," ’*Les Indiens ne sonnailloient pas ne;
ïtreEmisphere. 8: croyoient que le Suleil n’éclairoit que la terre de a: en-
![Page 74: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/74.jpg)
E â; ï
Aie ; mon cher espoir ,- je net’ai pas perdu , je verrai ton vifage ,
tes habits, ton ombre; je t’aime-rai, je te le dirai à toi-même, cil-ildes tourmens qu’un tel bonheurn’efface!
empressasemeuseemmenamense’eeee
sesau9
E a LEI:
![Page 75: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/75.jpg)
r. sa 1-.
i rLETTRE NEUVIEME.’
Un les jours font: longs ,J quand" on les compte, mon
cher Aza! le tems ainfi que l’espace.
n’eil connu que par (es limites. Ilme (amble que nos espérances (ontcelles du terris; fi elles nous quit-tent , ou qu’elles ne laient pas fen-fiblement marqu’es , nous n’en ap-
percevons pas plus la durée quel’air qui remplit l’es-pace. l
Depuis l’infianr fatal de notre(réparation , mon aine 8: mon cœurégalement flétrispar l’info rtune ,
relioient enievelis dans cet aban-don total (horreur de la nature,image du néant) les jours s’écou-
loient fans quej’y prille garde; au.-
cun espoir ne fixoit mon attention
:* " ï r f L lut.0.-
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l 67 Je
fur leur lôrigueur: à prérent quil’espérance en marque tous les in-
flans , leur durée me paroit infi-nie, a: ce qui me furprend davan-stage , c’eil: qu’en recouvrant latranqu’ilité de mon efprit , je re-
trouve en même-rem: la facilitéde peul-et;
Depuis que mon imagination eilouverte à la joie, une foule depenfées qui s’y préfentent , l’oc-s
cupent jusqu’à la fatiguer. Des
projets de plaifirs 8c de bonheurs’y fuceédent alternativement; les
idées nouvelles y font reçues avecfacilité, celles mêmes dont je nem’étais point apperçue s’y retrag
Cent fans les chercher.Depuis deux jours, j’entens plus
fleurs mats de la Langue du Cari-oque que je ne croyois pas [gamin
- B z Cc
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î
[681"Çe ne (du: encore que des terme!qui s’appliquent aux objets , il:n’exprim’ent point mes penfe’esâc
ne me font point entendre cellesdes autres 9 cependant ils me four-nifïent, déja quelques éclaireme-mens qui m’étaient néceflaircs.
Je fçaîs que le nom du Uniquedt Déterw’lle ,’ celui de notre mai-
fou flottante tympan, 8:, celui dela terrç où nous allons , France l [Ce dernier m’a d’abord efi’hyé s
je ne me fouviens pas d’avoir en-
tendu nommerlainfi aucune Con--tréede ton Royaume; mais faifanc
réflexion au nombre infini de ccl-v
les. qui le compofent , dont lesnoms me (ont échappés , ce mou-yçment de crainte s’efl: bien- tôt
évanoui; pouvoit-il fubfifier long-;ems avec la [gilde confiance que u
- - , , me.. unæ
![Page 78: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/78.jpg)
[691me donne fans eefTe la vile duiSo-leil ? Non , mon cher Aza, cetafire divin n’éclaire que fes en-
fans; le (cul doute me rendroitcriminelle; je vais rentrer fouston Empire , je touche au mo-ment de te voir, je cours à monbonheur.
Au milieu des transports de majoie, la reconnoiiÏance me prépa-re un plaifir délicieux, tu com-bleras d’honneur 8c de richelieule azoïque * bienfaifant qui noustendra l’un à l’autre , il portera
dans fa Province le fouvenir de Zi-lia; la récompenfe de fa vertu lerendra plus vertueux encore, 8:(on bonheur fera ta gloire.
- Rien’ dt Les Cadqsm étoient des espèces de
peut: Souverains tributaires des 1mm.-
E3
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[7°)Rien ne peut fe comparer , mon
cher An, aux bontés qu’il a pourmoi; loin de me traiter en esçla-ve, il femble être le mien; j’ésprouve à, préfent autant de tom-plnifances de in part que j’en 45-.»
prouvois de contradiétions durantma maladie: occupé de moi, deme: inquiétudes , de me: amure-.-mens , il paroit n’avoir plus d’au.
tres foins. Je les reçois avec unpeu moins d’embarras , depuisqu’éclairée par l’habitude 8L par
la réflexion , je vois que j’étaisdans l’erreur fur l’idolâtrie dont
je le foupçonnqis.Ce n’eli pas qu’il ne repère fouç
vent à peu près les mêmes démon-
finitions que je prenois pour unculte; mais le ton , [l’air 8c la foume qu’il y employe , me perfua-p
’ ’ f dent
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I 71 ldent que ce n’en qu’un jeu à Pari.
ge de (a Nation.Il commence par me faire pro»
noncer diftinôtement des mots defa Langue. (Il fçait bien que lesDieux ne parlent point); dès quej’ai répeté après lui, oui, je vous
cime, ou bien , je vau: promet: d’î-
tu à mu: , la joie fe répand furfou virage, il me baife les mainsavec transports , a: avec un airde gaieté tout contraire au fériauxqui accompagne l’adoration de la
Divinité. .Tranquille fur (a Religion, jene le fuis pas entierement fur lepays d’où il tire (on origine. Sanlangage a: (es habillemens (ont fidifférens des nôtres , que (cuventma confiance en cil ébranlée. Defâcheufes réflexions couvrent quela
I j l il’qucfois
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(77-1garerois de nuages ma plus cheireespérance: je paire fucceflîvementde la crainte à la joie, ô: de la joieà l’inquiétude.
Fatiguée de la confufion de mesidées , rebutée des incertitudes quime déchirent, j’avois réfolu de
ne plus perlier; mais commentrallentir le mouvement d’une amÇ
privée de toute communication,qui n’agit que fur elle-même, a;que de fi grands intérêts excitentàréfléchir? je ne le puis, mon cher
Aza, je cherche des lumicres avecune agitation qui me dévore, 8:je me trouve fans cefie dans la plusprofonde obfcurité. Je fgavois quela privation d’un feus peut trom-per à quelques égards , je vois,néanmoins avec furprife que l’u-fage des miens m’entraîne d’er-
reurs
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En](gaurs en erreurs. L’intelligence desLangues feroit-elle celle de l’ame?
O, cher Axa, que mes malheursme font entrevoir de fâcheufesvérités; mais que ces trifies pen-féés s’éloignent de moi ; nous COQ?
chons à la terre. La lumiere demes jours diflipera en un momentles ténèbres qui m’environnent.
Les:
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[ni
.m î
LETTRE DIXIEME.E fuis enfin arrivée à cetteTerre, l’objet de mes defirs,
mon cher Aza, mais je n’y voisencore rien qui m’annouce le bon.heur que je m’en étois promis,tout ce qui s’offre âmes yeux me
frappe, me furprend, m’étonnea: ne me laiiTe qu’une impreffion
vague , une perplexité flupide ,dont je ne cherche pas même à.me délivrer; mes erreurs répri-ment mes jugemens, je demeureincertaine, je doute presque de ceque je vois.
A peine étions-nous fortis dela maifon flotante, que nous fom-me: entrés dans une ville bâtie fur
le
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t 1s Ile rivage de la Mer. Le peuple quinous fuivoit en foule, me paroisêtre de la même Nation que le(brique, a: les maifons n’ontau-rune redemblance avec celles desvilles du Soleil : fi celles-là lesimpatient en beauté parla riches-fe de leurs ornemens , Celles-ci(ont fort au-deiius par les prodigesdont elles (ont remplies,
En entrant dans la chambre ouDéni-ville m’a logée, mon cœur
a trefiailli; j’aivi’i dans l’enfoncee
ment une jeune performe habilléecomme une Vierge du Soleilsj’aicouru à ’elle les bras ouverts.Œellc furprife, mon cher An,quelle furprife extrême , de netrouver qu’une refiiiance impétré.
trable, où je voyois une figurehumaine (e mouvoir dans un ef-face fort étendu! L’ég
![Page 85: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/85.jpg)
i 76 l IlL’étonnement me tenoit immoi
bile les yeux attachés fur cetteombre, quand Détermine m’a Fait
remarquer (a propre figure à côté
de celle qui occupoit toute monattention: je le touchois, je luiparlois, 8c je le voyois en mê,me-tems fort près a; fort loin de"moi.
Ces prodiges troublent la rai-»fon , ils offusquent le jugement;que faut-il penfer des habitans de*ce pays? Faut-il les craindre , faut-il les aimer? Je me garderai biende rien déterminer lâ-defius.
Le Cacique m’a fait comprendre
que la figure que je voyois, étoitla mienne; mais de quoi cela m’in-
-firuit-il? Le prodige en cil-il-moins grand? Suis-je moins mor-tifiée de ne trouver dans mon ef-
prit
![Page 86: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/86.jpg)
[’77 I
prit" que des erreurs ou des ign’
norances? Je le vois avec dou-leur, mon cher Aza; les moinshabiles de cette Contrée (ont plusfavans que tous nos Aucuns.
Le Cacique m’a donné une Chi-
M *jeune 8c fort vive; c’eii unegrande douceur pour ’moi quetelle de revoir des femmes 8cd’en être fervie : plufieurs autress’empreiTent à me rendre des foins,
8c j’aimerais autant qu’elles ne le
filient pas , leur préfence reveillemes craintes. ’A la façon dont elles
me regardent, je vois bien qu’elales n’ont point été à Caton *. Ce-
pendant je ne pu’is’encore juger de
rien , mon efprit floue toujoursdans une mer d’incertitudes; mon
cœur
’ Servante ou femme de chambre.
v * Capitale du Ptrou,
![Page 87: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/87.jpg)
t- ’78 l:
’ ces: (en! inébranlable ne «me;n’espére, 8c n’attend qu’un bon-
heur fans lequel tout ne peut êtreque peines.
essangeasauufeæuuinsa seaunaseau
![Page 88: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/88.jpg)
[’19 l-
LETTRE ONZIE’ME.
Uor que j’aie pris tous les(oins qui (ont en mon pou-
voir pour découvrir quelque lu-miere fur mon fort , mon cherAza , je n’en fuis pas mieux in- afiruite que je l’étais il y a traisjours. Tout ce que j’ai pû remar-
quer , c’eii que les Sauvages decette Contrée paroifl’enr aufli bons,
auiii humains que le attique; ilschantent 8c danfent, comme s’ilsavoient tous les jours des terres àcultiver. * Si je m’en rapportoisà l’oppofition de leurs ufages àceux de notre Nation , je n’aurais
plus- * Les terres [e cultivoient en commun
au Perou . a: les jours de ce travail étoient -des jours de réjouiflancesa
![Page 89: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/89.jpg)
[’88 1’
plus d’espoir ;- mais je me fauvienâ
que ton .auguiie pere a fournis à.fan obéiiiance des Provinces fortéloignées , a; dont les Peuplesn’avaient pas plus de rapport aveé
les nôtres: pourquoi celle-ci n’en
feroit-elle pas une? Le Soleil pa-roit le plaire à l’éclairer , il eii plus
beau, plus pur que je’ne l’ai ja-mais vû, a; je me livre à la canéfiancc qu’il m’infpire: il ne merelie d’inquiétude que fur la lon-
gueur du tems qu’il faudra palieravant de pouvoir m’éclairèir tout-
à-fait fur nos intérêts; car ,"moncher Aza, je n’en puis plus dou-ter, le feul ufage de la Langue dupays pourra m’apprendre la vérité
a; finir mes,inquiétudes.Je ne laiiTe échaper aucune oe-
cafion de m’en inflruire , je praofate.
![Page 90: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/90.jpg)
l 8x lfit: de tous les momens ou DéJterville me laifie en liberté pondprendre des leçons de [Ma-China;c’eii une faible relieurCe , ne pou-
vaut lui faire entendre mes par);fées , je ne puis former aucun niéionnement avec elle (je m’apprends
que le nom des objets qui frap-pent (es yeux 8c les miens. Leslignes du Cacique me (ont quel;-quefois plus utiles. L’habitudenous en a fait une efpéce de lan-gage , qui nous (et: au moins à.exprimer nos volontés. Il mg me-na hier dans une maifan , ou , (sa:cette intelligence , je me ferois
fort mal conduite. il,, Nous entrâmes dans unecham-..bre plus grande a: plus ornée que
celle que j’habite ; beaucoup demonde y était alicmble’. L’éten-
nemenç a
![Page 91: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/91.jpg)
t8zijument général que l’on témoin:
na à ma vue me déplut , les ris .excefiifs que plufieurs jeunes fil- Vlés S’efforçaient d’étouffer 8:.» qui
recommençoient , loriqu’elles le-
voient les yeux fur moi , excite-un; dans mon cœur un (enti-jment, fi fâcheux, que je l’aurais
panade laboure , li je mein? fétide coupable de quelque
Jante. Mais. ne me tramant qu’u-Îne’ grande répugnance à demeu-
J’rer avec . elles, j’allais retourner
mes’pas ,i. quand un figue de
l. . . . l ’ a I.. . . -apeçryille me retint. l .Je Compris’ que je commettaisune, faute, fig je fortOÎS,’&’Îe me
’gardai’bien de rien faire qui’mé-
’riita’it le blâme que l’on moi dans-
”iloityfans fiijètjje refiai donc, en:p’ortant toute mon attention fur
’ ces
![Page 92: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/92.jpg)
t incaricaturés); (un démêlée?!hûrgulasitéïdui men habits and
fait: feule la. furprilh des unes 8lles ris «Mm des autres , j’euspitié de leur. milliaire-ne napels-fai plus. qu’à leur perfuader par
un contenance ,- que mon amene différais pas tant de la leur ,,que tues habillement- de leurs pas
sures. i a 7,r Un homme que. j’aurais prispour un Cm * s’il n’eût été
véto. de nuir,îvrinti me prendrepar la .maiu d’un-air ail-able, É
ne comme auprès d’une 5em-nie, qu’à bondir fier , je prispour! la Pdm** de la Côntréei
l * Les sur»: étoient de peut;venins d’une Contrées ils avaient le
’villege a: panic levantine attaqua
, f génériqueFdes Princeiics. 4
r a.
![Page 93: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/93.jpg)
[84!’ il lui dit plufieurs paroles queje
fçais pour les avoir entenduesprononcer mille folsaà Déterville;Q4”elle a]? belle .’ les beaux jeux!
.. .. un autre homme lui répon-
dit. a ..I Der grata, une raille de N)!»pise! . . . . Hors les femmesîqui nedirent rien, tous répéterent à peu
près les mêmes mots; je ne [gaispas encore leur fignification , maisils exprimentiûrement des idéesagréables, car en les prononçant,
le virage cit toujours riant. n. Le Carique panifioit extrêmemeut fatisfait de ce que l’on di-roit»; il Te tint toujours à côté demoi, ou s’il s’en» éloignait pour
parler à quelqu’un , (es yeux neme perdoient pas de vue, 8c lesfigues m’avertiiiaient de ce que
. , . . je.-
![Page 94: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/94.jpg)
(85]je devois faire : de mon côté j’éa’ a
rois fort attentive à l’obfcrverpour ne point bleiTer les ufagecd’une Nation fi peu infiruite desnôtres.
Je ne fgais, mon cher Aza, lije pourrai te faire comprendrecombien les manieres de ces Sau-vages m’ontvparn extraordinaires.
Ils ont une vivacité fi impa-tiente , que les paroles ne leur
. fulfifant pas pour s’exprimer, ils
parlent autant par le mouvementde leur corps que parle [on deleur voix 5. ce que j’ai vû de leur
agitation continuelle , m’a plei-nement perfuadée du peu d’im-portance des démonfirations du(favique, qui m’ont tant caufé«l’embarras a; fur lefquclles j’ai
fait tant de faufïes conjeâurcs.’
F g Il
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[ 36 Ï
le ("Il baifa hier leswmâins de üPallas, 8: celles de toutes les au,ms intimes, à! les bailla mènera:Magexüte «que je n’avais pas en.
cote vû) t les hommes venoientl’aubrnflier 3 les 1ms il: prenoient
par une main , iles anima le tie-Joint: par (on habit, a; mon: ne»la aux: une prampnimrle’dont nous
m’auront» point d’idées. .
A juger de leur efprit pariaavivaoité- de leur: gelines, je fuis
site: que nos appairions meill-fies, «que les inhumes çomparai-faons qui expriment afi naturelle;-ment..nos. tendues fendmens .8:nos zpenfées .laiïeëtueüfcs, icaqu-
aoîtroient infipides ; ils pren-drainent notre air (émient .& mode.lite panarde la &upidité 5 8c la gra-vité de notre démarche pour un
il . w cn-
![Page 96: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/96.jpg)
[87]engourdifiement. Le croirois-m,mon cher A13, malgré leurs im-perfeôtions , li tu étois ici , jeme plairois avec eux. Un certainair d’aflabilité répandu fur tout
ce qu’ils font , les rend aima-bles; 8: fi mon am: étoit plusheureufe, je trouverois du plaifirdans la diverfité des objets qui r:préfentent fucceflivement à mesyeux; mais le peu de rapport qu’ilsont avec toi , efface les agrémensde leur nouveauté; toi (cul fais mon
bien ô: mes plaifirs. ’
EUM’ÜÆWÆI
UNÜ
"P 4 LET-
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[-88 1
M4 LETTRE DOUZIÈME.
’Al paire bien du tems, monJcher Aza, fans pouvoir donner
un moment à ma plus cher:occupation ; j’ai cependant ungrand nombre de choies exrraor-dinaires à t’apprendre; je profited’un peu de loifir pour efTayer de
t’en i’nfiruire. ILe lendemain de ma vifite chez
la Pallas, Déterville me fit appor-ter un fort bel habillement à l’ura-ge du pays. Après que ma’periteChina l’eut arrangé fur moi à fa
fantaifie, elle me fit; approcher decette ingénieufe machine qui dou-ble les objets : Quoique je dam:être accoutumée à fes effets , je ne
Jus encore me garantir de la fur.
i I prife,
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[891prife, en me voyant comme lij’ë-
rois vis-à-vis de moi-même.Mon nouvel ajufiement ne me
déplut pas; peut-être je regrette-rois davantage celui queje quitte,s’il ne m’avoir fait regarder par tout
avec une attention incommode.Le Caciqae entra dans ma cham-
bre au moment que la jeune filleajoutoit encore plufieurs bagatel-les à ma parure; il s’arrêta àl’cn-
trée de la porte 8: nous regardalong-tems fans parler: fa rêverieétoit fi profonde , qu’il le détour-
na pour laiITer fouir la chimât (eremit à (a place fans s’en apper-cevoir;les yeux attachés fur moi ,il parcouroit toute ma performeavec une attention férieufe dontj’étais embarrafliêe, fans en lçavoir
la raifon.
l l Cepenf
![Page 99: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/99.jpg)
enE en
I’Cependant afin de lui marquerma reconnaiffance pour fer nou-«au bienfaits , je lui tendis lamain, à: ne pouvant exprimermes feutimens ,je crûs ne pouvoirlui rien dire de plus agréable quequelques- uns des mors qu’il f:plaît à me faire répéter; je tâchai
même d’y mettre le ton qu’il y
donne.Je ne (gais quel eEetlils firent
dans ce moment-là fur lui; maisles yeux s’animerenr, (on virages’enflamma, il vinràmpi d’un ai;
agité,ilparur vouloir me prendredans les bras; puis s’arrêtant tout-
à-coup, il me ferra fortement lamain en prononçant d’une voixémue. Nm . . . . . . . le refî-pefl . fa verra . . . . 8: plufieursautres mors que je n’entends pas
mieux ,
![Page 100: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/100.jpg)
t si Jminus, et puis il courut fe jette:fur fou liège à l’autre côté de la
chambre , où il demeura la tête ap-puyée dans fer mains avec tonaleslignes d’une profonde douleur.
Je fus allumée de (on état, nedoutant pas Que je lui nulle tariféquelques peines; je m’approehaide lui pour lui enrémoigner monrepentir; maisil me rependre dou-cemeutfans me regarder . 8c je n’o-faipplus lui rien dire: d’étain dans
le plus grand embarras , quandvlesdomefiiqucs cntrerenr pour nousapporter à manger 5 il le levs .nous mangeâmes enfemble à lamanient accoutumée fans qu’ilparût d’autre faire à [a douleurqu’un jpeu de trilleflÎe; mais iln’en avoir .ni moins de bonté ,ni
moins de douceur; tout cela meparoir inconcevable. Je
![Page 101: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/101.jpg)
l ilz IlJe n’olois lever les yeux flat
lui ni me fervir des figues, quiordinairement nous tenoient lieud’entretien; cependantnous marregions dans un tcms fi différent del’heure ordinaire des repas, queje ne pas m’empêcher de lui en té-
moigner ma furprife. Tout ce queje compris à (a réponfe, fut quenous allions changer de demeure.En effet , le Cacique après êtreforti &rentré plufieurs fois, vintme prendre par la main;je me
lamai conduire, en rêvant tou-jours à ce qui s’était palle , à: en
cherchant à démêler fi le change.-
ment de lieu n’en étoit pas unefaire.’ A peine eus-je pafÏé la dernier:
porte de la maifon , qu’il m’aidaà
monter un pas alita haut, 8c je
I me
![Page 102: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/102.jpg)
[93]me trouvai dans. une petite chum:bre ou l’on ne peut fe tenir de.bout fans incommodité j mais nousy fûmes aflis fort à l’aife,l-e*Ca.
tique, la China 8c moi; ce. petitendroit cit agréablement meublé,
une fenêtre de chaque côté l”-claire fuflifammenr ,- mais il n’jra pas airez d’espace poney mare
cher. , n ,Tandis que je le .confidéroitavec furprife, 6: que je. tâchois dedeviner pourquoi Déterville.. nous(enfermoit fi étroitement(ô , mon’cher An! que les prodiges (ont"familiers dans ce pays) je (cutisCette machine ou cabane ( jene (gais comment la nommer )je la fentis le mouvoir et than-’ger de placet; «ce mouvement
me fit penfer à la maifon flo-’ l .r. finît:
![Page 103: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/103.jpg)
fi[94]
le flaveurs me faîlit g lecitrique attentif âmes moindresinquiétudes me raffuts ers-me fai-fanr regarder par-aneths fenêtres”, ’
I’ je vis (mon fans une furpeife ex-
trême )qnecette. litispen-.dne Æaprêsde la: terre, le mom-voitpat’un (caret que je ne conn-
prenois pas. .. iDéterville me fit auflî voir que
plnfienrs’ "Hum *’ d’une espèce
quittons cil inconnue, marchoientdevant: nous & nous traînoient a;près éni; il faut, ô lumiere demes jours, un génie plus qu’im-mainr pôurinvsnt’cr des chofes fi
utiles se li finguliere’s; maisfaire auffi qu’il y ait dans cette Na-
tion quelques grands défauts (fui
l modéæ9 Nom générique des bêtes.
![Page 104: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/104.jpg)
[193 J7modèrent fa paillette, puisqu’en.
n’eii pas la mairrefle du monde
entier; - t .l Il y a quatre jours qu’enferuniés dans cette mervei-lleufe un»chine, nous n’en fartons que la nuit
pmrr reprendre du repos dansla pasmitre habitation qui fe rencontre ,a; je n’en fors jamais fansnregret. je
te l’avoue , mon cher An, malgrémestendres’îrrq’uiérnd’es j’ai goûté
pendant ce Voyage-des piailles quim’étaient inconnus. Renfermée
dans le Temple dês’ma plus ten-
dre enfance , je une sonnailloispas les beautés de l’univers; toutce que je vois me ravit a: m’en-
chante. - " aLescampagnesimmenfes, qui fechangent de fe renouvellent? fansecfi’eà des regards aœnüfs empoc-
sent
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[9.6]une l’aune avec plus de rapidité qui
l’on ne les traverfe, p pLes yeux fans fe fatiguer par.
courent -, embrafTent 8c le repofenttout à la fois fur une variété infinie
d’objets admirables: on croit netrouver de bornes à fa vûe que cel-
les du monde entier; cette erreurnous flatte, elle nous donne uneidée farisfailante de notre propregrandeur, 8c femble nous rappro-cher du Créateur de un: de mer-
Veilles. , iA la fin d’un. beau ajour , leCiel n’offre pas un rpeâacle moins
admirable que celui de la terre ;des nuées transparentes alfemblées
autour du Soleil, teintes des plusvives. couleurs , nous préfcntentde toutes parts des montagnesd’ombre a: de lamine, dont le
ma-
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l2 93 3 .üajellueu! défordre attire me;admiration jusqu’à. l’oubli de nous.
mêmes.
Le Craqué a tu la Cdmplaifancede me faire fortir tous les jours de laCabane roulante pour me lailÏcrcontempler à loifir les merveillesqu’il me voyoit admirer.
QIe les bois font délicieux;mon cher Aza! fi les beautéspduCiel 8c de la terre nous emportentloin de nous par un ravillementinvolontaire g celles des forêts nous’y ramener": par un attrait inté-rieur, incompre’henfible, dont lafeule nature a le’fecret. En en-trant dans ces beaux lieux , uncharme nniverfel le répand furtous les fens a: Confond leur ufage.On croit voir la fraîcheur avantde la fentir 5 les différentes nuances
’ G de
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l 93 Ï;
de la couleur des feuilles douellefeue la lumiere qui les pénétre ,
8e femblent frapper le (catiraientwifi-tôt que les yeux. Une odeuragréable , mais indéterminée , lailTe
à peine discerner fi elle affeâe legoût ou l’odorat; l’air même fans
être apperçu , porte dans tout no-tre être une volupté pure quifemble nous donner un Iens deplus , fans pouvoir en défigner
l’organe. -O , mon cher Au! que tapréfence embelliroit des plaifirs fipurs l Que j’ai defiré de les pare
tager avec toi! Témoin de mestendres penfées , je t’aurais faittrouver dans les fentimens de moncœur des charmes encore plustouclians que tous ceux des beau-tés de l’univers. » ,
LET-g
![Page 108: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/108.jpg)
U9
LETTRE TREIZIE’MÉ.
E voici, enfin, mon cherAra, dans une ville nom-
mée Paris, c’efi le terme de n09
tr: voyage , mais felon les appadrences , ce ne fera pas celui de
mes chagrins. A .Depuis que je fuis arrivée , plus
attentive que jamais fur tout cequi fe palle, mes découvertes neme produifcnt que du tourmenta: ne me préfagent que des mal-heurs: je trouve ton idée dans lemoindre de mes defirs curieux .8: je ne la rencontre dans aucundes objets qui s’offrent à ma vile.
Autant que j’en puis juger parle tems que nous avons employéà traverfcr cette ville , a: par le
a G a. grand
![Page 109: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/109.jpg)
[moi] Agrand nombre d’habitats dont leirues font remplies, elle contientplus de monde que n’en pourroient
raflembler deux ou trois de nosContrées;
Je me rappelle les merveillesque l’on m’a racOntéos de Quitte;
je cherche à trouver ici quelquestraits de la peinture que l’on m’a
faire de cette grande ville; mais,hélas! quelle différence!
Celle-ci contient des ponts,des rivieres, des arbres , des cama-pagnes; elle me paroit un universplutôt qu’une habitation particu-
liere. J’eilayerois en vain de tedonner une idée jufie de la hau-teur des maifons; elles font-fiprodigieufement élevées, qu’il cil.
plus facile de croire que la natu-re les a produites telles qu’elles
’ (ont,
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[rot](ont , que de comprendre commentdes hommes ont pû les confiruire.
’C’efl ici que la famille du Ca-
:iqul fait fa rélidenCe. . . La mai-.Îon qu’elle habite cil prefque aus-
fi magnifique que celle du Soleil;les meubles 8: quelques endroitsdes murs [ont d’or 3 le relie citorné d’un tilla varié des plus bel-
les couleurs qui repréfententiafi’ez
bien les beautés de la nature.En arrivant, Déterville me fit
entendre qu’il me conduifoit dans
la chambre de (a mere. Nous latrouvâmes à demi couchée fur un
lit à peu près de la même formeque celui des Incas 8c de mêmemétal. *Aprês avoir préfenté la
. main
’ Les lits. les chaires . les tables deIncas étoient d’or manif. ’
G 3
![Page 111: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/111.jpg)
t- un lmain au Critique, qui la baifa enfe proliernant prefquejufqu’à ter-re, elle l’embralTa ; mais avec une
bonté fi froide , une joie fi con,trainte , que fi je n’euiie été aver-
tie, je n’aurais pas reconnu lesfentimens de la nature dans lescareifes de cette nacre.
Après s’être entretenus un mon
ment , le Carique me fit approqcher; elle jetta fur- moi un regarddédaigneux, &fans répondre ace
que fun fils lui difoit , elle con,tinua d’entourer gravement [esdoigts d’un cordon qui pendqità
un petit morceau d’or. .Détcrville nous quitta pour ale
[liteau-devant d’un grand hommede bonne mine qui avoit fait quel-ques pas vers lui; il l’embtaffawifi-bien qu’une autre femme
qui
![Page 112: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/112.jpg)
Ë 1°! 3
qui étoit occupée de la même ma-
niere que la Pallas.Dès que le Cacique avoit paru
dans cette chambre , une jeunefille à peu près de mon âge étoit
accourue ; elle le fuivoit avec unemprelTement timide quiétoitre-marquablc. La joye éclatoit fur[on virage fans en bannir un fondde triltefle intérellant. Détervillel’embralTa la derniere; mais avec
une tendrelTe fi naturelle que moncœur s’en émut. Hélas! mon cher
Aza , quels feroient nos trans-ports, fi après tant de malheursle fort nous réunifioit!
Pendant ce tems, j’étois reliée
auprès de la Pallas par refpeâ * ,je
.Les filles, quoique du rang Royal.portoient un grand refpeât aux femmes
mariées. G 4,
![Page 113: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/113.jpg)
t 1.04]je n’ofois m’en éloigner , ni le?
ver les yeux fur elle. Œelquesregards févéres qu’elle jettqit de
terris en tçms fur moi, achevoientde m’intimidcr 8c me donnoient"une contrainte qui génçîçjul-qu’à.
mes penses. " ’Enfin , comme la jeune fille
eût deviné mon embarras , après
avoir quitté péterville, elle vint
site prendre par la main 8; meconduifit prés d’une fenêtre où
nous nous amines. Quoique jen’entendiife rien de ce qu’elle me
difoit, les yeux pleins de bontéme parloient le langage univerfeldes cœurs bienfaifans; ils m’in-fpiroient la confiance 8: l’amitié;
j’aurais voulu lui témoigner mesfentimens; mais ne pouvant m’ex-
primer felon mes delirs, je pro:
i fiança!
![Page 114: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/114.jpg)
[ses]nonçaî tout ce que je (gavois de(a Langue.l Elle en fourit plus d’une fois
en regardant Déterville d’un air
fin de dpux. je trouvois du plai-iir dans cette efpéce d’entretien ,
quand la l’aller prononça quel.
que: paroles allez haut en regar-dant la jeune fille , qui bailla lesyeux , repoufia ma main qu’elletenoit dans les fienues , 8c ne meregarda plus.
A quelque tems de la , unevieille femme d’une phifionomiefarouche entra , s’approcha de laPallas , vint enfuite me prendrepar le bras, me conduifit prefquemalgré moi dans une chambre au
lus haut de la malien 8: m’yjailli feule.
Quoique ce moment ne dûtûpas
’ erre
![Page 115: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/115.jpg)
[:06]être le plus malheureux de mivie , mon cher Aza, il n’a pas été
un des moins fâcheux à palier.J’attendois de la fin de mon voya.
ge quelques foulagemens à mesinquiétudes; je comptois du moinstrouver dans la famille du Cari.que les mêmes bontés qu’il m’a.
voit témoignées. Le froid accueil
de la Fallu, le changement fubitdes manieres de la jeune fille, 13’rudelfe de Cette femme qui m’a-voit arrachée d’un lieu ou j’avois
intérêt de relier,’l’inattention de
Déterville qui ne s’était point op.
pofé à l’espèce de violence qu’on
m’avoit faite; enfin toutes les cir.confiances dont une ame malheuçreufe fçait augmenter fes peines,fe préfentérent à la fois fous les
plus trilles afpeâts; je me croyoisaban- l
![Page 116: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/116.jpg)
[1073abandonnée de tout le monde; lje déplorois amerement mon af-freufe defline’e, quand je vis en.trer ma China. Dans la fituationou j’étois, fa vue me parut unMen efintiel; je courus à elle, jel’embraffai en verlant des larmes.elle en fut touchée, [en attendrir-fement mafia cher. Quand on]? crois
. réduit dia pitié de fai-méme, celle
des une: nous, ejl bien précieuflr.Les marques d’afieâion de cette
jeune fille adoucirent ma peine:je lui comptois mes chagrins com-me fi elle eût pû m’entendre , je
lui faifois mille quefiions, com-me fi elle eût pû y répondre; les
larmes parloient à mon cœur, lesmiennes continuoient-à couler ,mais elles avoient moins d’amer-
mais, -. . Je
![Page 117: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/117.jpg)
[:08]. Je crûs qu’au moins, je verroisDéterville à l’heure du repas amais on me fervit à manger, a;je ne le vis point. Depuis que jet’ai perdu , cherc idole de moncœur , ce Clinique cil le feul humainqui ait eu pour moi de la bonté[leur interruption; l’habitude de levoir r’efi tournée en hefor’n. Son ab,
fence redoubla ma trifielfe: aprèsl’avoir attendu vainement, je mecouchai; mais le fommeil n’avoir
point. encore tari mes larmes ,quand je le vis entrer dans mechambre , fuivi de lajeune perfora-
- ne dont le brusque dédain m’avoirété fi fenfible.
Elle fe jetta fur mon lit, 8c parmille carrelles elle fembloit vouloirréparer le mauvais traitementqu’elle m’avait fait. ,
Le
![Page 118: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/118.jpg)
f le, jLe darique s’allie à côté du litj
il paroilfoir avoir autant de plai-fir à me revoir que j’en fentoisde n’en être point abandonnée;
ils fe parloient en me regardant,8c m’accabloient des plus tendresmarques d’affeâion.
Infenfiblement leur entretiendevint plus férieux. Sans enten-dre leurs difcours, il m’était ailéde juger qu’ils étoient fondés fur
la confiance 8c l’amitié; je megardai bien de les interrompre;mais fi-tôt qu’ils revinrent à moi,
je tâchai de tirer du Calque deséclairciffemens fur ce qui m’avoir
paru de plus extraordinaire depuismon arrivée.
Tout ce que je pus comptera-dre à fcs réponfes , fut que lajeune fille que je voyois,fe nom.
mort
![Page 119: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/119.jpg)
[ ne 3tuoit Céline , qu’elle étoit fa faire;
que le grand homme que j’avaisvû dans la chambre de la Pallar,étoit (on frère aîné , 8c l’autre
jeune femme fou époufe.
- Céline me devint plus chere,en apprenant qu’elle étoit fœurdu Cacique; la compagnie de l’un8c de l’autre m’était li agréable
que je ne m’apperçus point qu’il
étoit jour avant qu’ils me quit-tallent.
Après leur départ, j’ai paflé le
relie du tems, defliné au repos,à m’entretenir avec toi, c’efl tout
mon bien , c’eil: toute ma joye,c’efl à toi feul , chere ame demes penfées , que je dévelope mon
cœur , tu feras à jamais le feu!dépofitaire de mes fecrets , de matendreffe 8c de mes fentimens.
A L E T-
![Page 120: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/120.jpg)
’ I Il! I
mLETTRE QUATORZIE’ME.
I je continuois , mon cherAn, à prendre fur mon fom«
meil le tems que je te donne ,je ne jouirois plus de ces momensdélicieux où je n’exiüc que pour
toi. On m’a fait reprendre mes ha.bits de vierge, 8c l’on m’oblige
de reflet tout le jour dans unechambre remplie d’une foule demonde qui le change a: fe renou-velle à tout moment fans presquediminuer.
Cette diffipation involontairem’arrache (cuvent malgré moi à
mes tendres penfées; mais fi jeperds pour quelques infians cetteattention vive qui unir fans cellemon me à la tienne, je te re-
trouve
![Page 121: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/121.jpg)
t in ltrou" bientôt dans les emparaisTons avantageufes que je fais detoi avec tout ce qui mienvironne.
Dans les différentes Contréesque j’ai parcourues, je n’ai point
vû des Sauvages fi orgueilleufe-ment familiers que ceux-ci. Lesfemmes fur-tout me parementavoir une bonté méprifante quirévolte l’humanité 8c qui m’inspi-
rcroit peut-être autant de méprispour elles qu’elles en témoignent
pour les autres, fi je les connoif-fois mieux.
Une d’entr’elles m’occafionnn
hier un affront, qui m’afllige en-core aujourd’hui. Dans le tenuque i’alTemblc’e étoit le plus nom-
breufe, elle avoit déja parléâpluslieurs perfonnes fans m’apperce-
voir; fait que le huard ,- ou quequel-
![Page 122: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/122.jpg)
f t1; ]"Quelqu’un m’ait fait remarquer;
elle fit, en jettant les yeux furmoi, un éclat de rire, quitta pré-cipitamment fa place, vintàmoi,me fit lever , 8c après m’avoirtournée a: retournée autant de foisque (a vivacité le lui fuggera , après
avoir touché tous les morceauxde mon habit avec une attentionfgupuleufe, elle fit figue à un jeunehomme de s’approcher 8c recom-mença avec lui l’examen de me
figure. ’Quoique je répugnaile à la li-berté que l’un,& l’autre le don-
noient, la richeffe des habits dela femme, me la faifant prendrepour une Pallax, &lamagnificen-ce de ceux du jeune homme toutcouvert de plaques d’or, pour un
Anqui;H
![Page 123: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/123.jpg)
t m, JAmpli; * je n’ofois m’oppofer à
leur volonté; mais ce Sauvage té-méraire enhardi par la familiaritéde la Pallas, 8c peut-être par maretenue; ayant eu l’audace de por-
ter la main fur ma gorge, je lerepoufTai avec une furprife 8c uneindignation qui luifirent connaîtreque j’étais mieux infiruite que luides loir de l’honnêteté.
Au cri que je fis , Détervilleaccourut: il n’eut pas plûtôt dit
quelques paroles au jeune Su.auge, que celui-ci s’ap pu yant d’une
main fur fan épaule, fit des ris livioleras . que [a figure en étoit
contrefaite. I -Le
* Prince du Sang: il Falloit une permisefion de l’Inca pour porter de l’or fur les ha-bits , 8c il ne le permettoit qu’aux Princesdu Sang Royal.
![Page 124: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/124.jpg)
["5 3*à te attique s’en débaraii’a’, à:
«lui dit, en rougiflà’ut, des.’mots
d’un ton li froid, que la gaietédu jeune homine- s’évanouit, &n’ayant apparemment plus rien-î.répondre, il s’éloigna fans réplic
quer 8c ne revint plus.O , mon cher Aza , que les
mœurs de ce pays me rendentrespeàacles celles des enfans duSoleil l (ne la témérité du jeune
Auqui rappelle cherement à monfouvenir ton tendre respeâ , tafage retenue a: les charmes del’honnêteté qui régnoient dans nos
entretiens! Je l’ai fenti au pre-mier moment de ta vûe , cheresdélices de mon ame, a: je le pen-ferai toute ma vie. Toi feul réu-nis toutes les perfeôtions que lanature a répandues fépare’mcnt fur
’ H a les
![Page 125: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/125.jpg)
[-116 Jinhumains, comme elle a ramène:blé dans mon cœur tous les fen-jtimens de tendrelfe 8c d’admirationqui m’attachent à toi jusqu’à la
mon
![Page 126: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/126.jpg)
[ 117 J .
mLerrngUIszz’ME.
Lus je vis avec le Cariun8c fa faut, mon cher Aza;
plus j’ai de peine à me perfuadet
qu’ils foient de cette Nation, eutfeuls connoifTent 8c respeâent lavertu.
Les manieres fimples , la bonténaïve , la modefle gaieté de Céline
feroient volontiers penfer qu’elle aété élevée parmi nos Vierges. La
douceur honnête , le tendre fé-rieux de fou frère, perfuaderoientfacilement qu’il efl né du fang des
Incas. L’un 8c l’autre me traitentavec autant d’humanité que nous
en exercerions à leurs égards , fides malheurs les enflent conduitsparmi nous. Je ne doute même
H; u plus
![Page 127: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/127.jpg)
frlîlplus que le cacique ne fait buté
tributaire. * 4 t ,"Il n’entre jamais dans ma Chante
bite,- fansvm’otfric. un préfent de
choies merveilleufes dont cetteéontréc abonde :I tantôt ce font
des morceaux. de la machine quidouble les objets ,1 renfermés dans
de petits coffres d’une matiercadmirable, Une autre fois ce fontdes pierres légeres 8c d’un éclat
furprenant, dont on orne ici pres-flue. toutes les parties du corps 5on en palle aux oreilles , on en met[url’eftomaç, au col, fur la chauf-
’ fure,A * Les, Uniques 8C les Camus étoientobligés de fournir les habits 8c l’entre,
tien de 1’11ti 8c de la Reine. Ils nepréfentoient jamais devant l’un 8c l’autre
fans leur offrit un tribut des curiofitésque produiroit la til’rovinlce ou ils
mildcllte ’
![Page 128: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/128.jpg)
t 119 ]fare , 8: cela efl très agréable à voir.
Mais ce que je trouve de plusramufant, ce font de petits outilsd’un métal fort dur , 8L d’une
commodité finguliere ; les uns fer-vent à compoler des ouvrages que
I Céline m’apprend à faire; d’autres
d’une forme tranchante fervent àdivifer toutes fortes d’étoiles, dont
on fait tant de morceaux que l’onveut fans effort, 8c d’une manier:
fort divertiliaute.j’ai une infinité d’autres raretés
plus extraordinaires encore , maisn’étant point à notre ufage , je ne
trouve dans notre langue aucunstermes qui puiffent t’en donnerl’idée.
je te garde foigneufemcnt tousces dons , mon cher Aza; outrele plaifir que j’aurai de ta furprife ,
H 4 lors.
![Page 129: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/129.jpg)
(ne,lorsque tu les verras , c’cfl qti’affu-
rément ils fontàtoi. Si le Caciquen’étoit fournis à ton obéifÏance,
me payeroit- il un tribut qu’ilfçait n’être dû qu’à ton rang fu-
prême? Les respeâs qu’il m’a tou-
jours rendus m’ont fait penfcr quema naifTance lui étoit connue. Lespréfens dont il m’honore me per-fuadent fans aucun doute , qu’iln’ignore pas que je dois être tonEpoufe, puisqu’il me traite d’a-
Vance en Mama-Oella *.Cette conviâion me raffine 8;
calme une partie de mes inquié-tudes; je comprends qu’il ne memanque que la liberté de m’exprio
mer pour fçavoir du Cacique lesraifons qui l’engagent à me retenir
chez
. Ç’efl le nom que prenoient’les Reines
en montant fur. le Trône.
![Page 130: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/130.jpg)
r[in]
chez lui, 8: pour le déterminer à lme remettre en ton pouvoir; maisjusques-là j’aurai encore bien des
peines à foufrir. zIl s’en faut beaucoup que l’hu-
meur de Madame ( c’efl: le nomde la mère de Déterville) ne faitaufli aimable que celle de fes cnfans.
Loin de me traiter avec autantde bonté , elle me marque entoutes occafions une froideur 8cun dédain qui me mortifient, fansque je puifle y remédier, Inc pou-vant en découvrir la caufe ; Etpar une oppofition de fentimensque je comprends encore moins,elle éxige que je fois continuelle-
ment avec elle.C’efl: pour moi une gêne infu-
attable 51a contrainte régne par-tout ou elle efl; : ce n’eft qu’à la
, . dérobée
![Page 131: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/131.jpg)
[ in. Jdérobée que Céline 8c (on frère
a me font des lignes d’amitié. Eux-mèmes n’ofent le parler librement
devant elle. Aufli continuent-ilspafier une partie des nuits dansma chambre , c’ef’t le feul tems
où- nous joiiifions en paix du plai-fir de nous voir. Et quoique jene participe guères à leurs entre-tiens , leur préfence m’efl toujours
agréable. Il ne tient pas aux foinsde l’un 8c de l’autre queje ne fois
heureufe. Hélas l mon cher Aza,ils ignorent que je ne puis l’être
loin de toi , 8c que je ne croisvivre qu’autant que ton fouvenir-8c ma tendrefïe m’occuper): toute
entière. .Ë:
L. E T-
![Page 132: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/132.jpg)
["3]
M lLETTRE SEIZIEME.
I L me relie fi peu de Q0703,mon cher Aza, qu’à peine j’ofe
en faire ufage. Quand je Veux lesnouer, la crainte de les voir finirm’arrête, comme fi en les épar-
gnant je pouvois les multiplier. jevais perdre le plaifir de mon ante,-le foûtien- de mavie, rien ne (ou-lagera le poids de ton abfence , j’enferai accablée.
je goûtois une volupté délicate
à. conferver le fouvenir des plusfecrets mouvemens de mon cœurpour t’en offrir l’hommage. je
voulois conferver la mémoire desprincipaux ufages de cette nationfinguliere pour amufer ton loifil’dans des jours plus heureux. Hélas l
.3 f il v
![Page 133: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/133.jpg)
[n41il me telle bien peu d’espérance
de pouvoir éxécuter mesprojets.Si je trouve à préfent tant de
difficultésàmettre de l’ordre dans
mes idées, comment pourrai-jedans la fuite me les rappeller fansun feeours étranger? On m’enoffre un, il cit vrai, mais l’éxé-
cution en eflfi difficile, que je lacrois impofiible.
Le Cacique m’a amené un Sau-
vage de Cette Contrée qui vienttous les jours me donner des le-cons de fa langue, 8c de la mé-thode de donner une forte d’é-xiflence aux penfées. Cela fe faiten traçant avec une plume, despetites figures que l’on appelleLettres, fur une matiere blanche8c mince que l’on nomme pa-pier; ces figures. ont des noms,
ces
![Page 134: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/134.jpg)
[rag]ces noms mêles enfembles répré.’
(entent les fous des paroles; maisces noms& ces fous me paroifTentfi peu diftinéts les uns des autres,que fi je réuliis un jour à les en-tendre, je fuis bien affurée quece ne fera pas fans beaucoup depeines. Ce pauvre Sauvage s’endonne d’incroiables pour m’in-
flruire, je m’en donne bien da-vantage pour apprendre; cepen-dant je fais fi peu de progrès queje renoncerois à l’entreprife,fi jefavois qu’une autre voye pût m’éq
claircir de ton fort a; du mien.Il n’en efl: point , mon cher
Azal aufli ne trouvai-je plus deplaifir que dans cette nouvelle 8cfingulière étude. je voudrois vi-vre feule: tout ce que je vois medéplait, 8c la néceflité que l’on
m’impofe d’être toujours dans la
chants
![Page 135: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/135.jpg)
t unchambre de Madame me devientun fupplice.
Dans. les commencemens, en.excitant la curiofité des autres , j’ad-
mufois lamienne, mais quand onne peut faire. ufage que des yeux,ils font bientôt fatisfaits. "Toutesles femmes fe reffemblent, ellesont toujours les mêmes manières,8: je-crois qu’elles difent toujours
les mêmes chofes. Les apparencesfont plus variées dans les hom-mes. Qlclques-uns ont l’air depenf’er; mais en. général je foup-
conne cette nation de n’être pointtelle qu’elle paroit; l’afeétation
me paroit fon caraâère dominant.Si les démonflrations de zèle
8c d’empreffement, dont on dé-core ici les moindres devoirs de la -fociété, étoient naturels, il fau-
. droit,
![Page 136: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/136.jpg)
t 127 T
droit, mon cher Aza , que cespeuples enflent dans le cœur plusde bonté ,. plus d’humanité que les
nôtres, cela fe peut-il penfer?S’ils avoient autant de férénité
dans l’aine que fur le vifage, filepenchant à la joye , que je remar-que dans toutes leurs a&ions ,étoit fincere , Choifiroient-ils pourleurs amufemens des fpe&acles, telsque celui que l’an m’a fait voir?
On m’a conduite dans un en-droit, où l’on repréfente à peu
près comme dans ton Palais, lesaâions des hommes qui ne fontplus 5* maisfi nous ne rappellonsque la mémoire des plus fages 8c
des
i * Les Incas faifoient repréf enter des es-pèces de Comédies, dont les fujets étoient
tirés des meilleures affinas de leurs prédé-
ceifeurs. .
![Page 137: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/137.jpg)
n
[1281des plus vertueux, je crois qu’icion ne célébre que les infenfés 8c
les méchans. Ceux qui les repré-[entent , crient 8c s’agitent commedes furieux; j’en ai vil un poufferfa rage jusqu’à fe tuer lui-même.
De belles femmes , qu’apparem-ment ils perféCutent , pleurentfans ceffe , 8c font des gefles dedéfespoir , qui n’ont pas befoindes paroles dont ils font accompa-gnés, pour faire connaître l’excès
de leur douleur.Pourrait-on croire, mon cher
Aza, qu’un peuple entier, dontles déhors font fi humains , fe plaife
à la repréfentation des malheurs
ou des crimes qui ont autrefoisavili, ou accablé leurs femblables?
Mais, peut-être a-t-on befoinici de l’horreur du vice pour con-
. duite
![Page 138: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/138.jpg)
t :29 3duite à la vertu; cette penfée mevient fans la chercher, fi elle étoitjufle, que je plaindrois cette na-tion! La nôtre plus favorifée dela nature, chérit le bien par fespropres attraits; il ne nous fautque des modèles des vertus pour.”
devenir vertueux, comme il ne"faut que-t’aimer pour devenir aig
tuable. I
![Page 139: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/139.jpg)
I 139 l
:157".sz ,DIXeSEITlE’ME. .
v. Bine [gais plus que penfer du," ’gënllieide cette natÎOn , mon.
3v. cher Aza; Il Entoure les enté-imes. avecutant dei-rapidité; qu’ilfaudroi’tjêtre flué habile que je nele fiiis «nom afi’ebir’ fun jugementl
(tir (on caraâêre. i ’ i ’ .On m’a fait voir un (peâacle
totalement oppofé au premier.Celui-là crue! , effrayant, révoltela raifon, humilie, l’humanité.Celui-ci amufant , agréable , imite
la nature, 8: fait honneur au bonfeus. Il cfl: comparé d’un bien plus
grand nombge d’hommes 8c defemmes que le premier. On y re-préfente aufïi quelques a&ions dela vie humaine; mais fait que l’on
i expri-. .. ,«Ï. ..-.;
![Page 140: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/140.jpg)
inti«pinne la peine pu le plait". la
v joie au la trifiélle, elefi: toujourspar des chante 8c des danfes.
Il faut, mon cher Aza, quel’intelligenee des (du: (oit (ininf-(une , car il rie-m’a pas et! plusaificile de m’afleâer des dilïéreni-
tes pallions que l’on a repèrentdes; que fi elles’ enlient été ex-
primées dama notre langue , 8c cet.me Vparoit bien naturel. 4l Le» langage humain - cil: fansdoute de l’invention des hommesô,
puisqu’il diEere fuivant les «une.
rentes nations; La nature pluspaifiaute 8e plus attentive aux be-foins a: aux plaifirs de les créatu-res leur a donné des moyens gêné.
un: de les exprimer , qui font fortbien. imités par les chants que j’ai
amendas. a. j l I aï r I z S’il
![Page 141: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/141.jpg)
[ :3: Jà l S’il en vrai; que des [dans aigui
gxpriment mieux le befoin de (e.cours dans une crainte violenteou dans une douleur vive , quedes» paroles entendues dans unepartie du monde , a: qui n’ont au-;unefignification dans-«l’autre, il
n’efl: pas moins tenait: que de.tendfires gémiffemens frapent’ nos
,egeurs gl’une .compallion bien plus
efficace que des mots dant l’an-rangement bizarre fait fouvent un
effet contraire. . ’. l,- ,. Lesnlbns vifs 85 légers ne por-tent-ils pas inévitablement danscette amc’ le. plaifir gay, que lerécit d’une -hifidire divertifïan te .
ou une plaifanterie adroite n’y faitjamais naître qu’imparfaitement?
mil dans aucunç langue desexpreflîons qui paillent communi-
; .. que:
![Page 142: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/142.jpg)
[1331que: le plaîfir ingénu avec autant
de [accès que fontles jeux naïfs-des animaux ? Il femble que les«lanier veulent les imiter ,- dumoins infpirent-elles à peu près lemême fentiment.
Enfin, mon cher An, dans et,fpeâaele tout cit conforme à lanature 8: à l’humanité. Eh! quel
bien peutoon faire aux hommesqui égale celui de leur infpirer de
la joie? -J’en relientis moi-m8me& j’en
emportois presque malgré moi,quand elle fut troublée par un ac-cident qui arriva à Céline.
En fartant , noustnous étionsun peu écartées de la foule , denous nous foutenions l’une à: l’au-
tre de crainte de ztomber. Déter.ville étoit quelques pas devant
. l 3 nous
![Page 143: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/143.jpg)
l: 334.1nous avec’fa belleef’neur qu’il-"enne-
duifoit, lorsqu’un jeune Sauvaged’une, figure aimable aborda Cé-
line, lui dit quelques mots fore.bas, lui laillÎaun morceau de par:pier qu’à peinç elle eut la farce:de recevoir, a: s’éloigna, v -
I Céline qui s’était effrayée à fou
abord jusqu’à me faire partager le
tremblementwqui la faille, tournala tête languilïamment vers luilorsqu’il nous quitta. Elle meparut il faible figue la croyantattaquée d’un mal. fabit, j’allai!
appeller Détervillc. pour la feronsrit; mais elle m’arrêta tu infimepala filerie: n me mettant landeles doigts in la bouche; j’aimajmieux garder mon inquiétude g
ne de lui défobéir, il -. Le même leur glumelle frère
. 1 . ’ a
![Page 144: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/144.jpg)
t 1;; l8: la (mur le furent rendus dansma chambre, Céline montra auCacique le papier qu’elle avoitreçû; fur le peu que je devinaide leur entretien, j’aurois penl’é’Ï
qu’elle aimoit le jeune homme quile lui avoit donné , s’il étoit polli-ble que l’on ’s’effrayât de la préé
[cure de ce qu’on aime. lI Je pourrois eneore; mon cherAza, te faire part de beaucoupd’autres remarques que j’ai fai-
tes; mais bêlas! je vois la finde mes cordons, j’en touche lesderniers fils, j’en noue les der-niers nœuds; ces nœuds qui mefembloient être une chaîne decommunication de mon coeur autien , ne font déja plus que lestrilles objets de mes regretsrL’il-infini: me quitte , l’affreufe Véf
I 4 rité
![Page 145: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/145.jpg)
t 136. 1
rité prend la place, mes parléeserrantes, égarées dans le vuideimmenfe de l’abfence, s’anéantie
t’ont déformais avec la même ra-
pidité que le tems. Cher Au, il- me lemble que l’on nous féparc
encore une fois , que l’on m’arra-
che de npuveau à top amour. Jete perds , je te quitte , je n e te verfrai plus, Au! cher efpoir de monçœur, que’nous allons être éloie
gnez l’un de l’autre!
nanansanssesne’a
ne
a. . v
Il???
-w4d.
![Page 146: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/146.jpg)
[unLETTRE DIX-HUITIÈME.
Gamme de tems effacé dema vie, mon cher Aza! If
Soleil a fait la moitié de (oncours depuis la dernière fois quej’ai joui du bonheur artificiel queje me faifois en croyant m’entre-
tenir avec toi. Que cette doubleabfence m’a paru longue! Quelcourage ne m’a-t-il pas fallu pour
la fupporter? Je ne vivois quedans l’avenir, le préfet): ne meparoilToit plus digne d’être comp-té. Toutes mes penfées n’étoient
que des defirs, toutes mes réfle-gtions que des projets, tous mesfentimens que des efpérances.
A peine puis-je encore formerces figures", que je me hâte d’en
’ i l faire
![Page 147: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/147.jpg)
[ r38.)faire les interprètes de ma un.drelTe. ï ï . - a
Je me feus ranimer par cettetendre occupation. Rendue à moi-même’, je crois recommencer àvivre. Aza, que ’tuhm’es cher,
que j’ai de joie ire le dire, à. lepeindre, à donnerz’àce fentime’ne
toutes les fortes d’exiflzences qu’il
peutlavoir! Je voudrois le tracerfur le plus dur métal, fur les mursde ma chambrejll’ur mes habits;fur tout-ce qui .m’environne, à;l’exprimer dans’tôutes les lmà
gués. -Hélas! que la connoiffance decelle dont. je me fers à .préfentm’a été funelie, que l’espérance
qui ’m’a portée à’m’en’ infimité
étoit trompeufe! A défraye quej’en ai acquis l’intelligenCe, un
nouvel
![Page 148: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/148.jpg)
tl 139 lnouvel univers s’en: ora: à mes
yeux. Les objets ont pris uneautre forme , chaque éclaireme-ment m’a découvert un nouveau
malheurs iMon efprit, mon cœur, mes
yeux, tout m’a réduit, le Soleilmême m’a trompée. Il éclaire le
monde entier dont ton empiren’occupe qu’une portion, ainlique bien d’autres Royaumes quile campoient. Ne crois pas, moncher Aza, que l’on m’ait abufe’e
fur ces faits incroyables ; on neme les a que trop prouvés.
Loin d’être parmi des peuplesfournis à ton obéillance, je fuisnon feulement fous. une Domi-nation Etrangére, éloignée de ton
Empire par une dillance fi prodi-gieufc, que notre nation y feroit
’ Cil-1
![Page 149: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/149.jpg)
! 14° J
encore ignorée, li la cupidité des
Efpagnols ne leur avoit fait fur-monter des dangers affreux pourpénétrer jusqu’à nous.
L’amour ne fera-t-il pas’ce que
la foif des richelles a pû faire?Si tu m’aimes , fi tu me defires,fi feulement tu peules encoreâ lamalheureufe Zilia, je dois toutattendre de ta tendrelïe ou de tagénérofité. Q1: l’on m’enfeigne
les chemins qui peuvent me con-duire jusqu’à toi, les périls à(armonter, les fatigues à [appor-ter feront des plaifirs pour mon
cœur. -miam .saen j -Î LET-
![Page 150: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/150.jpg)
[i 141 Il
LETTRE DIX-NEUVIE’ME.
E fuis encore fi peu habiledans l’art d’écrire, mon cher
Aza, qu’il me faut un tems in-
fini pour former très-peu de li-gnes. Il arrive louvent qu’aprèsavoir beaucoup écrit , je ne puisdeviner moi-même ce que j’ai cruexprimer. Cet- embarras brouillemes idées , me fait oublier ce quej’ai retracé avec peine à mon lou-
venir; je recommence, je ne faispas mieux, a: cependant je conqtmue. I V .
J’y trouverois plus de facilité,fi je n’avais à te peindre. que les .expreflîons de ma tendrelTe ; lavavacité- de mes fendmens appla.airoit toutes les diflicultés.
’ Mais.
![Page 151: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/151.jpg)
t r41 IlMais je voudrois aufli te un;
dre’ compte de tout ce qui s’ellpafl"é pendant l’interValle de mon
filence. e voudrois que tu n’igno-
raiTes aucune de mes aâions ;néanmoins elles (ont depuis long-tems fi peu intérellantes , 8c lipeu uniformes , qu’il me feroit in-
pollible de les dillinguer les unesdes autres.Î Le principal événement de ma
vie a été le départ de Déterville.
. t Depuis un espace detems, quel’on nomme fia: mais, il cil alléfaire la Guerre pour les intérêtsde (on Souverain. Lorsqu’il par-tit ,f j’ignorais encore l’ufage de
-fa langue; cependant.,â la vivedouleur qu’il fit paraître en leféparane de la fœur.8c demoi,je Compris que nous le. perdionspour long-tems. J’en
![Page 152: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/152.jpg)
l la; 1J’en verrai bien des larmesj
mille craintes l remplirent moncœur ,, que les bontés de Célinene purentle’fllace’r. Je perdois en
lui la plus (élide espérance de te
revoir. A quipourrois-je avoir re-cours , s’il m’arrivait’de nouveaux
malheurs? Je ’n’étois entendue de
performe. l - l ’4 Je ne tardai pas à relientir leseffets de cetté’labfence. Madamela merc, dont je’n’avOis que tro’
deviné le dédain,(,& qui ne m’a-vait tant retenue dans” (a chambre ,
que par je ne. mais quelle vanitéqu’elle tiroit, dit-on , de ma hail-lance 8c dtifpouvoit qu’elle a furmoi) me fit" enfermer avec Célinedans une mairon de Vierges , oùnous femmes encore; La vie que,l’on y mené cil li uniforme, qu”elle
![Page 153: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/153.jpg)
.r 14.4 1 lne peut produire que des événeë
mens peu confidérables.Cette retraite ne me déplairoit
pas , fi au moment où je fuis enétat de tout entendre, elle ne meprivoit des infiruâions dont j’aibefoin fur le dellein que je formed’aller te rejoindre. Les Viergesqui l’habitent font d’une ignoo’
rance fi profonde , qu’elles ne peuf
Vent fatisfaire à mes moindres eusriofités.
Le culte qu’elles rendent à laDivinité du pays , éxige qu’elles
renoncent à tous les bienfaits , auxconnoiflances de l’es prit, aux f enti-
mens du cœur , 8; je crois mêmedla raifon, du moins leurs discours le
fait-il penfer.Enfermées comme les nôtres,
elles ont un avantage que l’on n’a
Pa.
![Page 154: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/154.jpg)
[1411pas. dans les Temples du Soleilsici les murs ouverts en quelquesendroits, 8e feulement fermés pardes morceaux de fer croifc’s, allezprès l’un de l’autre , pour empên
cher de fortir , biffent la libertédevoir a; d’entretenir les gens dudehors , c’ell ce qu’on appelle des
Parloirs.C’en à la faveur d’un de cette .
commodité , que je continue à.prendre des leçons d’écriture. Je
ne parle qu’au maître qui me les
donne; fou ignorance à tous au-tres égards qu’à celui de fan art,
ne peut me tirer de la mienne.Céline ne me paroit pas mieuxinfiruite; je remarque dans les ré-ponfes qu’elle fait à mes queliions ,
un certain embarras qui ne peutpartir que d’une diffimulation mal-
l K adroite
![Page 155: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/155.jpg)
E1461adroite ou d’une ignorance boniteufe. Quoi qu’il en fait, fanen-tretien cil toujours borné aux in-térêts de fan cœur.& à ceux de lafamille.-
* Le jeune François qui lui parlaun jour en fartant du Speâacle,ou l’on chante, cil fan Amant,Comme j’avais cru le deviner.
-. Mais. Madame Déterville, quine veut pasitsîunir , lui défendde le voir , 8c pour l’en empêcherplus furement ’, elle ne veut pasmême qu’elle parle à qui que ce
fait. - «Ce n’en pas que fan choix fait
indigne d’elle , c’eil que cette mere
glanerais de dénaturée, profite d’un
triage barbare , établi parmi lesGrands Seigneurs de ce pays , pourobliger Céline àpre’ndre l’habit de
I Vier-
![Page 156: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/156.jpg)
l
’ il r47 J
Vierge , afin déprendre fan fils aîné
I plus riche.i Par le même motif, elle a déjaobligé Déterville à choifir un en;
tain Ordre , dont il ne pourra plusfortir , des qu’il aura prononcédes paroles que l’on appelle Vœux.
’ Céline rélilie de tout fan pou-voir au facrifice que l’on ériged’elle ; fou courage eilfoutenu par
des Lettres de fan Amant, que jereçois de mon Maître à écrire, 8e ,
que je lui rends ; cependant fanchagrin apporte tant d’altérationdans fan caraélêre, que loin d’a-
voir pOur moi les mêmes bontésqu’elle avoit avant que je parlalfefa langue , elle répand fur notreCommerce une amertume qui ai-grit mes peines.
Confidente perpétuelle des lien-
’ K a ries,
![Page 157: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/157.jpg)
[ r48 Ine: , je l’écoute fans ennui, je la
plains fans effort’, je la confoleavec amitié; 8e fi ma tendreiÏc ré-
veillée par la peinture de la fienne ,me fait chercher à foulager l’op-
preflion de mon cœur , en pro-nonçant feulement ton nom, l’im-
patience a: le mépris le peignentfur fou vilage , elle me coutelleson efprit, tes vertus, 8c jusqu’àton amour.I Ma China même (je nelui fgaijoint d’autre nom , celui-là a paru
plaifant, on le lui alailTé ) ma Chi-na, qui fembloit m’aimer,vqui m’o-
’béit en toutes autres occafions , f:
donne la hardielfe de m’exhorteràInc plus penfer à toi , ou fi je luilimpofe filence , elle fort: Céli-hne arrive, il faut renfermer monchagrin.
Cette
![Page 158: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/158.jpg)
r r49Cette contrainte tiranniquc me:
le comble à mes maux. il ne merefie que la feule 56 penible (aris-faëtion de couvrir ce papier des ex-preflions de ma tendreiïe , puisqu’il
cfilc feuitc’moiu docile des fami-
mens de mon cœur. ï’ Hélas! je prends peut-être des.
. peines inutiles, peut-être ne faunis-tu jamais que je n’ai vêcu que pour
toi. Cette horrible pe-nfée affaiblitmon courage, fans rompre le dei-feînque j’ai de continuer à tiécrire.
Je conferve mon iiiufion POURÀtC-conferver ma vie , j’éCartc la raifon
barbare qui voudroit m’éclairer: fi
je (J’espérais te revoir Je périrois ,
mon cher Axa , j’en fuis certaine;fans toi la vie m’ait un fupplice.
K3 L521.
![Page 159: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/159.jpg)
t 115.0 J
F à;LETTRE VINGTIE’ME. a
Usqu’ici, mon cher Aza, ton-ce occupée des peines de moncœur, je ne t’ai point parlé de
celles de mon eiprlr; Cependant el-les ne (ont guères moins cruelles,J’en éprouve une d’un genre in-
connu parmi nous , 8c que le génieinconféquent de cctçe nation pqu-
. voir fcul inventer.Le gouvernerons; de cet Em-
pire, entièrement oppofe’ à celui
du tien, ne peut manquer d’êtreêefeétueux. Au lieu que le Capa-z’nca cit obligé de pourvoir à la
fubfiilance de les peuples , en En-rope les Souverains ne tirent la leurque des travaux de leurs fujets; auiÏiles crimes 8: les malheurs viennent-
ils
![Page 160: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/160.jpg)
[151]ils presque tous des befoins mal-
fatisfairs. hLes malheurs des Nobles en 3.6 -
néral naît des difficultés-qu’ils
trouvent à concilier leur magnia- ,ficence apparente avec leur misèreréelle.
Le commun des hommes nefoutienc [on état que par ce qu’on
appelle commerce, ou induiirie .le mauvaile foi cil le moindre descrimes qui en réfultent.
Une partie du peuple cil: obli-gée pour vivre , de s’en rapporter.à l’humanité des autres, elle efifi
bornée , qu’à peine ces malheureuxans-ils fuflîl’amment pour s’y em-
pêcher de mourir. .Sans avoir de l’or, il cil impol-
fible d’acquérir une portion de.çette terre qucla nature a donnée
v K a]. à.
![Page 161: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/161.jpg)
l: 151i J.
à tous les hommes. Sans polléderce qu’on appelle du bien, il cil:impofiible d’avoir de l’or, à par
une inconfe’quence qui bielle leslumières naturelles, 8c qui impal-tiente la railon , cette nation in-fenfée attache de la honte à re-cevoir de tout autre que du Sou-verain , ce qui efi néceiïaire aufourien de la vie 8: de Ion état:ce Souverain répand les libérali-tés fur un fi petit nombre de les [au
jets, en comparaifon de la quan-licité de malheureux, qu’il yauroic
autant de folie à prétendreyavoirpart, que d’ignorninie à le déli-vrer par la mort de l’impoffibilité
de vivre fans honte.La connoiilance de ces trilles
vérités n’excira d’abord dans mon
cœur que dela pitiépour les mi-
- . (érables,
![Page 162: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/162.jpg)
t Ira J(érables , 8: de l’indignation contre
lès Loix. Mais hélas! que la manie-reméprilante dont j’entendis parler
de ceux qui ne (ont pas riches,me fit faire de cruelles réflexionsfur moi-même! je n’ai ni or, niterres, ni adrefle, je fais néceilai-rement partie des citoyens de cetteville. 0 ciel! dans,quelle clairedois-je me ranger?l Quoique tout fentiment dehonte qui ne vient pas d’une’faute
commile me fait étranger, quoi-jque je fente- combien il cil in;feulé d’en recevoir par des caules
indépendantes de mon pouvoirou de ma volonté , je ne puis medéfendre de foufïrir de l’idée que
les autres ont de moi :p cette pei-he me feroit infuportable, li jeh’efpérois qu’un jour ta généfoz
h i. " I Il
![Page 163: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/163.jpg)
[1541lité me mettra en état de récom-
penfer ceux qui m’humilient mal-
gré moi par des bienfaits dont jeme croiois honorée.
Ce n’ell: pas que Céline nemette tout en œuvre pour calmermes inquiétudes ace: égard;maisce que je vois, ce quej’apprendsdes gens de ce pays me donne engénéral de. la défiance de leurs
paroles; leurs vertus ,l mon cherAza , n’ont pas plus de réalité
que leurs richefles. Les meublesque je ’croiois d’or,. n’en ont que
la fuperficie , leur véritable (ub-fiance cit de bois; de même cequ’ils appellent politefle a tous les
dehors de la vertu, 8c cache lé-gèrement leurs défauts; mais avecun peu d’attention,on en décou-vre auffi aifément l’artifice que
celui de leurs faunes tichefles. Je
![Page 164: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/164.jpg)
[15;]Je dois une partie de ces con-
noillances à une forte d’écriture
que l’on appelle Livre; quoiqueje trouve enCOre beaucoup de dif-ficultés à comprendre ce qu’ils
contiennent, ils me (ont fort uti-les , j’en tire des nations, Célinem’explique ce qu’elle en (çait ,8:
j’en compofe des idées que je crois
jufies.Quelques-uns de ces Livres up,
prennent ce que les hommes ontfait , 8c d’autres ce qu’ils ontpenfe’. je ne puis t’exprimer, mon
cher Aza , l’excellence du plaifirque je trouverois à les lire ,l li jeles entendois mieux , ni le defirextrême que j’ai de connoitrequelques-uns des hommes divinsqui les compofent. Puifqu’ilsl’ont
à l’ame ce que le Soleil cit à la
’ terre,
![Page 165: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/165.jpg)
! 156 J
terre, je trouverois avec eux tou-tes les lumières, tous les .iecoursdont j’ai beioin , mais je ne voisnul efpoir d’avoir jamais cette fa-tisfaâion. Quoique Céline lireallez louvent, elle n’ell pas allezinfiruite pour me fatisfaire ; à.peine avoit-elle penfé que les Li-vres fulTent faits par les hommes,elle ignore leurs noms, 8c même
s’ils vivent. .Je te porterai, mon cher A23,
tout ce que je pourrai amalTer deces merveilleux ouvrages, je celes expliquerai dans notre langue ,je goûterai la fuprême félicité de
donner un plaiiir nouveau à ce
que j’aime. lHélas! le pourrai-je jamais?
LET-
![Page 166: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/166.jpg)
[U7]
-fiLETTRE VINGT-UNIE’MEQ
tiêre pour t’entretenir, moncher Aza; on m’afait parlerâunCufipara que l’on nomme ici Re-ligieux, infiruit de tout , il m’apromis de ne me rien laiiler ig-norer. Poli comme un Grand Sei-gneur, (cavant comme un Ama-tar, il (gai: aufli parfaitement lesufages du monde que les dogmesde (a Religion. Son entretien plusutile qu’un Livre , m’a donnéune fatisfaâion que je n’avois pas
gourée depuis que mes malheursm’ont réparée de toi.
Il venoit pour m’inllruire de laReligion de France, 8c m’exhor-ter à l’embraller; je le ferois vo-
lontiers,
JE ne manquerai plus de mai
![Page 167: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/167.jpg)
r 158 ]lontiers , (i j’étois bien alluréequ’il m’en eût fait rune peinture
véritable.
De la façon dont il m’a parlé
des vertus qu’elle prefcrit, elles-font tirées de la Loi naturelle, 86en vérité aùfli pures que les nô.tres; mais je n’ai pas l’efpritallcz
Îubtil pour appercevoir le rapportque devroient avoir avec elle lesmœurs 8c les ufages de la nation,j’y trouve au contraire une incon-féquence li remarquable, que maraifon reliufe oblolument de s’yprêter.
i A l’égard de l’origine & des.
principes de cette Religion , ilsne m’ont paru ni plus incroyables,
ni plus incompatibles avec le bonleus , que l’hilloire de Mancoeapa
8C.
![Page 168: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/168.jpg)
l" 159 J
8e du marais Tzficaca, * ainfi jeles adopterois de même, li leCufipam n’eût indignement mé-
prifé le culte que nous rendonsau Soleil; toute partialité détruitla confiance.
J’aurois pû appliquer à les rai-
fonnemens ce qu’il oppoloit au:miens: mais fi les loir: de l’huma-mité défendent de frapper ion lem-
blable , parce que c’elt lui faireun mal ,5. plus forte raifon nedoit-on pas bleKer (on ame parle mépris de les opinions. Je mecontentai de lui expliquer mesfentimens fans contrarierles liens.
D’ailleurs un intérêt plus cher
me prelloit de changer le fujet denotre entretien : je l’interrompisdès qu’il me fut pollible , pour
fairel* Voyez Paillon: des Incas,
![Page 169: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/169.jpg)
L zoo: J .
faire des quellions fur l’éloigner;
ment de la ville de Paris à celle deCacao, & fur la pollibilité d’en faire:
le trajet. Le Cujipata y fatisfit avecbonté , 8c quoiqu’il me défignâc
la dillance de ces deux Villes d’une-façon défespérante, quoiqu’il me
fit regarder comme inlurmonta-ble la. difficulté d’en faire le voyaà
gc , il me fufiit de lçavoir que la- choie étoit pollible pour affermir
mon courage , 8c me donner laconfiance de communiquer mondeiTein au bon Religieux.
Il en parut étonné , il s’effor-
ça de me détourner d’une telle
entreprife avec des mots fi doux,qu’il m’attendritmoi-même furles périls auxquels je m’expol’e-
rois ; cependant ma réfolution n’en
fut point ébranlée , je priai le Cuji-
FM
. ne"
. A: A. "w» ce .....
![Page 170: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/170.jpg)
l 1’! l
pour avec les plus vives laitance!de m’enfeigner les moyens de re-S
tourner dans ma patrie. Il neVoulu: entrer dans aucun détail,il me dit feulement que Déter4ville par la haute naiflance 6e parfun mérite perfonnel, étant’dansune grande eonfidération , pour-À
toit tout ce qu’il voudroit, 8equ’ayant un Oncle tant piaillantà la C0ur d’Efpagne , il pouvoit.
plus aiiément que perfonnc meprocurer des nouvelles de nos mal-
heurcufes contrées; jPour ache-Ver de’mc déterrai-
ner à attendre ion retour (qu’ilm’ailura être prochain ) il ajoutaqu’après les obligations que j’aa
vois à ce généreux Ami , je nepouvois avec honneur difpofer demoi fans fou confinement. J’en
.lr I - L tom-
![Page 171: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/171.jpg)
"f r6: ]tombai d’accord , a: j’écourai si
vec plaifir l’éloge qu’il me finies
rares qualités qui diilinguent Dé-
terville des perfonnes de rang.Le poids de la reconnoifianee cil:bien léger , mon cher Aza , quandon ne le reçoit que des mainsde
la vertu. -- Le (avant homme m’apprit aunî
comment le huard avoit conduitles Efpagnols jufqu’â ton malheu-
reux Empire, à: que la foif del’or étoit la feule caufetde leurcruauté. Il m’expliqua enfuite de
quelle façon le droit de la guerrem’avoir fait tomber entre les mains
de Déterville par un combat dansil étoit forti viâorieux , après avoir
pris plufieurs. Vaillcaux aux El?-pagnols, entre lchuels étoit ceslui qui me portoit. ,.
Enfin,
![Page 172: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/172.jpg)
r r6: a I ,’ Enfin, mon cher Aza, s’il a
cqnfitmé. nies humeurs , il m’a
du moins tirée de la cruelle 0b.-fcurîté où je vivois fur tant d’é-
Vénemens fünefies , ’85 ce n’eû-
pas un petit foulagement à. hiespeines, j’attens le refie du retour.de Déterville ; il eh humain, de;bic, vertueux , je dois compter-fur fa générofitée S’il me rend E
toi; 041e! bienfait! Quelle joiel(lad bonheur!
![Page 173: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/173.jpg)
g 164]
LETTRE VINGT-DEUX."AVOIs compté, mon cherAza , me faire un ami du Sa
van: Cufipala, mais une (caoua.(le vifite qu’il m’a faite a défini:
la bonne opinion que j’aVOis pri-fe de lui , dans la. premiere; nousfemmes déja brouillés.
LSi d’abord il m’avoit paru doux,
8: (latere, cette fois je n’ai trou-n.vé que de la rudefïe 8: de la fans.feté dans ton: Ce qu’il ma die.
L’Efprit tranquile-fur les inté-
rêts de ma tamil-elfe ,Fje voulus fa-tisfaire ma cugiofité fur les hom-mes merveilleux qui font des Li-vres; je commençai par m’infot-
mer du rang qu’ils tiennent dans’ le monde , de la flâné!mon que
1 s 3 ion
![Page 174: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/174.jpg)
I i ne; 3l’on a; pour eut 3 enfin des hon:neurs ou des triomphes qu’onleur décerne pour tant de bien-faits qu’ils répandent dans la fo-eiété.
- Je ne (gais ce que le Cufipatatrouva de plaiiant dans mes que-iiions, mais il fourit à chacune,& n’y répondit que par des dili-eours il peu mefurés, qu’il ne me
fut pas difficile de voir qu’il metrompoit.’- En effet, dois-je croire que desgens qui connoîffent 8: qui pei-gnent fi bien les fubtiles délica-teiTes de la vertu, n’len ayent pasplus dans le coeur que le commundes hommes, 8: quelquefois moins?Croirai-je que l’intérêt fait le guide
d’un travail plus qu’humain, 8c que
tant de peinesne fonteécompcnfe’es
H L a que
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t :166 1
que par des railleries ou paf de
l’argent? I .Pouvais-je me perfuader quechez une nation fi faflueufe, deshommes, fans contredît au-delTusdes autres , par les lumières de leurefprit , fuirent réduits à la trille né-
ceilité de vendre leurs penfées,comme le peuple vend pour vi-vre les plus viles produéfions de laterre P
La faufièté, mon cher An, neme déplaît guères moins (ou: le
masque transparent de la plaifan-tarie , que fous le voile épais dela féduâion , celle du Religieuim’indigna, 8c je ne daignai pas,répondre.
Ne pouvant me fatisfaîre à ce:égard , je remis la converfationfur le projet de mon voyage , mais
, 3l)
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t 167 1;au lieu’de m’en dédu’rner avecla
même douceur que la premier:fois , il m’oppofa des raifonne-mens fi forts 8c il convainquans,que je ne trouvai que ma tendreiÏcpour toi qui pût les combattre ,je ne balançai pas à lui en faire
l’aveu. ’D’abord il prit une mine gaye,a: panifiant douter de la véritéde mes paroles, il ne me réponodit que par des railleries , quitoutes infipides qu’elles étoient;ne biffèrent pas de m’oiïenfer; je
m’efforgai de le convaincre de lavérité, mais à mefure que lesex-
preliions de mon coeur en prou-vOient les fentimens , [on virage& les paroles devinrent févêres;il ofa me dire que mon amour pourtoi étoit incompatible avecla ver«
. . *. L 4. .zu
![Page 177: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/177.jpg)
liaitu , qu’il falloir renoncer à l’une ou
à l’autre, enfin que je ne pouvois
t’aimer fans crime. .A ces paroles infenfées, la plus
vive colere s’empara de mon une ,j’oubliai la modération que je m’é-r
sois prefcrite , je .l’accablai dereproches, je lui appris ce que jepenfois de la fanlieté de (es pa-
l mies , je lui protefiai mille faitde t’aimer toujours, &fans attelledre les circulesa je le quittai, 8: jecourus m’enfermer dans ma chaut,lare. où j’étais fût: qu’ilne peuh
roi: me fuivre.Q mon cher Ana. que la rais»
Ion de ce pays cil: bizarre! touq-jours en contradiétion avec elle-rmême a je ne (gais comment onpourroit obéir à quelques-uns deles préceptes fans en. choquer une
infinité d’allure Elle
![Page 178: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/178.jpg)
[169JElle convient en général que
la premiere des vertusefl: de fairedu bien 5 elle approuve la recon-noiiiance , 8c elle prefcrit l’ingrati.
tude.Je ferois louable fi je te réta-
bliflois fur le Trône de tes peres,je fuis criminelle en to confervantun bien plus précieux que les Em-pires du monde.
On m’approuveroit fi je récomo
penfois tes bienfaits par les tréforsdu Perou. Dépourvue de’tout , dé-
pendante de tout , je ne poiTede quema tendrefie, on veut que je te laravilit , il faut être ingrate pouravoir de la vertu. Ah mon cherAza! je les trahirois toutes; fi je
’eeiiois un moment de t’aimer. Fi-
delle à leurs Loix , je le ferai à monou: ’ ne’vivrai ne our toi.
Ém a Je q 9141513
![Page 179: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/179.jpg)
t 179]
amiLETTRE VINGT-TROIS.E crois, mon cher Aza, qu’il
. n’y a que la joie de te voit. qui pourroit l’emporter fur cel-le que m’a caufé le retour de »Déterville; mais comme s’il nem’étoitrzplus permis d’en goûter
fans mélange , elle a été bientôt
fuivie d’une trifleife qui dure. en.
core. . a .,Céline étoit hier matin dans
en": chambre quand on vint millé-rieufement l’appeller, il n’y avoit
pas longtems qu’elle m’avoir quit-
tée, lorsqu’elle me fit dire de me
rendre au (Parloir 5 j’yr courus a(nielle. fut ma furprifc d’y trouver -(on frere avec elle!
Je ne diiIimulai point le plaifi:
W I que
![Page 180: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/180.jpg)
r m Jque j’eus de le voir, je lui dois del’eflime 8c de l’amitié 5 ces lenti-
mens font presque des vertus , je lesexprimai avec autant de vérité que
je les fentois.Je voyois mon Libérateur, le
[cul appui de mes, espérances;j’allois parler fans contrainte detoi, de ma tendreife, de mes dei-feins , ma joie alloit jusqu’au trans-g
P03. ’.Je ne parlois pas encore fran.’
gais lorsque. Déterville partit ;combien de choies n’avais-je pasà lui apprendre? combien d’éclair;
ciflemens à lui demander , coma,bien de reconnoifiances à lui té-moigner? Je voulois tout direàlafois, je dirois mal, 8c cependantje parlois beaucoup. .v
Je m’apperçus que pendant ce
teins.
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t 17: Imurmurons changeoit devirage; une trilleiTe que j’y avoisremarquée en entrant , le diiIi- rpoit ; la joie prenoit fa place, jem’en applaudiiiois , elle m’animoic
à l’exciter encore. Hélas! devois-
je craindre d’en donner tr0p à unami à qui je dois tout, Se de quij’attens tout! cependant ma rince.
rité le jetta dans une erreur quime coûte à préfent bien des lar-mes.: Céline étoit fortiè en mêmedtems que j’étais entrée, peut-être
la préfence auroit-elle épargné
une explication fi cruelle.- Déterville attentif à mes paro-les, paroifloit fe plaire à les en-tendre fans fouger à m’interrom- jpre : je ne [gais quel trouble mefilât, lorsque je voulus lui site l
w - manderÇ MJ
![Page 182: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/182.jpg)
[du V]mander des inflruâions fur monVOyage , 8L lui en expliquer lemotif 5 mais. les expreiIîons memanquerent ,V je les cherchois; ilprofita d’un moment de filence,
et mettant un genouil en terredevant la grille à laquellc fer deuxmains étoient attachées, il me died’une voix émue , A quel (cuti!
ment, divine Zilia,dois-je and.huer le plaiiir que je vois auflinaï-
Vement exprimédans vos beauxyeux que dans vos difcours i Suis-yje le plus heureux des hommes aumoment mêmeoù ma fœur. vientde me faire entendre que j’étaisle plus à’plaindre? Je ne (gais.lui répondis-je , quel chagrin Céa,
lin: a pli vous donner ; mais jefuis bien allurée que vous nîenrecevrez jamais de ma part. . (En
’ pendant àl
![Page 183: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/183.jpg)
[in v1
pendant, répliqua-toil , elle m’a
dit que je ne devois pas espérerd’être aimé de vous. Moi l m’é-
cria’i-je, en l’interrompant , moi
je ne vous aime point! ’Ah ,4 Détervillel comment voÀ
tre fœur peut-elle me noircir d’untel crime-P l’ingratitude me faithorreur, jeine haïrois moi-mê-Sme je croioi’s pouvoit-cella devous aimer. ’ ’ A It Pendant que je prononçois cepeu de mots, il fembloit à l’avî4dité de les regards qu’il vouloit
[ire dans-mon aure. l ’le Vous ’m’aimez, Zilia,’,me dit-’-
ii, vous m’aimez 8c vous me ledites! ’Je dennerois ma vie pourentendre ’ce charmant aveu; béal’as! je ne puîsle. croire, lors mê-
me que je Entends. Zilia, ma
i :1 chersil
![Page 184: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/184.jpg)
et 175 1
chere Zilia , cit-il bien vrai quevous m’aimez? ne vous trompez.Vous pas vans-même? votre ton ,vos yeux , mon cœur , tout meféduit. Peut-être n’efi-ce que pour
me replonger plus cruellementdans le défespoir dont je fors.
Vous m’étonne: , repris-je;d’où naît votre défiance? Depuis
que je vous cannois, fi je n’aipüme faire entendre par’des paroiles , toutes mes a&ions n’ ont-elles
pas dû vous prouver que je vousaime? Non, répliqua-t-il , je nepuis encore me flatter, vous ne par-lez pas niiez bien le français pourdétruire mes juites craintes"; vous
. ne. cherchez point à me tromper,je le [gain Mais expliquez-moiquelfens vous attachez à ces motsadorables 3: ogre: aime. Que mon.
i fort
![Page 185: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/185.jpg)
f 116 Jl’on fait décidé , que je meure î,
vos pieds, dedouleur ou de plainlit.- Ces mots, lui dis-je (un peut tintimidée par la vivacité avec laqquelle il prononça ces dernieresparoles ) ces mots doivent , je crois"vous faire, entendre que vous m’ê-
tes cher , que votre fort m’intéa.relie; que l’amitié 8c la recon-noiiïanccl m’attachent à vous; ces
(entimens plaifent à mon cœur Aa: doivent fatisËaire le votre.
g; Ah, Zilialmer’épondit-il, que Avos termes, s’afloibliflent , que vo-tre ton (e refroidit! Céline m’au-toit-elle du la «me? N’eil-co.
point pour An que vous fente:-dout ce que vous dites? Non , luidis-je , leicntiment que j’ai pour!Axa cit tout différends ceux que,
. . . L j’ai
![Page 186: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/186.jpg)
î 177 l
j j’ai pour vous , c’eit ce que vous
appeliez l’amour . . . . . . .-Quelle peine Cela peut-il vousfaire ", ajoutai- je ( en le voyantpâlir, abandonner la grille , &jetkter au ciel des regards remplis dedouleur) (j’ai de l’amour pour
Aza, parce qu’il en a pour moi;8c que nous deviens être unis. iln’y a lit-dedans nul rapport avecvous. Les mêmes , s’écria-Ml , que
vous trouvez entre vous 8c lui,puifque j’ai mille fois plus d’unh
mour qu’il n’en reiTentit jamais.
Comment cela fe pourroit-il,repris-je? vous n’êtes point dema nation; loin que vous m’ayczchaille pour votre épouie, le ha-sard feul nousa joints, 8c ce n’en:même que d’aujourd’hui que nous
pouvons librement nous commua-
M niquer
![Page 187: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/187.jpg)
[ 178 ]niquer nos idées. Par quelle rai.fou auriez-vous pour moi lesfenc.timens dont vous parlez?
En faut-il d’autres que voscharmes 8c mon, caraâère , merépliqua-t-il , pour m’attacher àvous jusqu’à la mort? né tendre,
pardieu: , ennemi de l’artifice , les
peines qu’il auroit fallu me don-ner pour pénétrer le cœur desfemmes , & la crainte de n’y pastrouver la franchiie que j’y deli-rois , ne m’ont lauré pour ellesqu’un goût vague ou paiTager; j’ai
vécu fans paillon jusqu’au moo
ment ou je vous ai vue; votrebeauté me frappa , mais ion im-preflion auroit peut-être été hum
légère que celle de beaucaupd’autres , fi la douccur a: la naïoVeté de votre caraétêre ne m’a-
voient
![Page 188: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/188.jpg)
t- t7; 1voient préfenté l’objet que mon
imagination m’avoit fi [cuventcompofé. Vous fçavez , Zilia, fije l’ai respecté cet objet de mon’ahation? QIe ne m’en a-lt-il pas
conté pour .réfiiier aux occafionsféduifantes que m’oEroit la familia-
rité d’unelongue navigation. Com-
bien de fois votre innocence vousauroit-elle livrée à mes transports ,
fi je les enfle écoutés? Mais loinde vous oEenfer , j’ai pouffé la dis-
crétion jusqu’au filence; j’ai même
exigé de ma fœur qu’elle ne vous
parleroit pas de mon amour; jen’ai rien voulu devoir qu’à. vous-
même. Ah, Zilia! fi vous n’êtespoint touchée d’un respeâfi ten-
dre , je vous fuirai; mais je le feus,ma mort fera le prix du facrifice.
Votre mort ! m’écriai-je ( pe-
2; n’etrec
![Page 189: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/189.jpg)
[180]netrée de la douleur (lacère dontje le voyois accablé) hélas! quel(acriiice l Je ne (gais (i celui dema vie ne me (croit pas moins af-
freux. ’ ’Eh bien, Zilia , me dit-il, fima vie vous cit chere, ordonnezdonc que je vive r Q1: faut-ilfaire? lui dis-je: M’aimer, répona
dit-il , comme vous aimiez A23.Je l’aime toujours de même , luirépliquai-je , 86 je l’aimerai jus-qu’à la mort : je ne (çais , ajou-
tai-je , (i vosLoix vous permet-tent d’aimer deux objets de lamême maniera , mais nos u(ages8c mon cœur nous le défendent.Contentez - vous des (entimensqueje vous promets , je ne puis enavoir d’autresJa vérité m’eit chère ,
je vous la dis (ans détour.De
![Page 190: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/190.jpg)
(181]l De quelfang froid vous m’aflaf-
(inez , s’écria-t-il! Ah Zilia! que je
vous aime , puisque j’adore jusqu’à.
votre cruelle franchife. Eh bien,continua-t-il après avoir gardéquelques momens le filence, monamour (urpafiera verre cruauté.Votre bonheur m’eii plus cher que
le mien. Parlez-moi avec Cettefincérité qui me déchire (ans mé-
nagement. Quelle cil votre espé-rance (ur l’amour que vous confer-
vez pour Aza?Hélas! lui dis- je , jern’e’n ait
qu’en vous (cul. Je lui expliquai.enfuite comment j’avais appris quela communication aux Indes n’é-
toit pas impoffible; je lui dis queje m’étois flattée qu’il me procure-
roit les moyens d’y retourner , ou.tout au moins , qu’il auroit aiTez de
M 3 bonté
![Page 191: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/191.jpg)
[ 182 3bonté pour faire palier jusqu’àtoi
des nœuds qui t’infiruiroient demon (on , 8: pour m’en faire avoirles réponfes , afin’qu’inilruite de ta
deflinée , elle (erve de régie à la
mienne. AJe vais prendre , me dit-il ,
(avec un (mg froid aifeélé) lesmefures néceifaires pour découvrir
le fort de votre Amant , vous (erez(arisfaite à cet égard g cependantvous vous flatteriez en vain de re-voir l’heureux Aza, des obilaclcsinvincibles vous (éparent. .
Ces mots, mon cher Axa, (a.rent un coup mortel pour moncœur , mes larmes coulerent enabondance , elles m’empêcherentlong.tcrns de répondre Déter-ville, qui de (on côté gardoit unmorne (denté. Eh bien, lui dis-je
enfin,
![Page 192: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/192.jpg)
[18;]enfin , je nele verrai plus , mais jen’en vivrai pas moins pour lui: fiVotre amitié cil allez généreufe
pour nous procurer quelque cor-. respondance, cette fatisfaâion fuî-
fira pour me rendre la vie moinsinfupportable, 8e je mourrai con-tente ., pourvû que vous me pro-mettiez de lui faire lavoir que jefuiekmorte en l’aimant.
Ah! c’en cit trop, s’écria-t-il,
en le levant brusquement : oui,s’il cil poflîble. Je ferai le (en!malheureux. Vous connoîtrez cecœur que vous dédaignez; vousVerre: de quels effets e11 capableun amour tel que le mien , 84 jenous forcerai au moins à me plain-dre. En difant ces mots , il fouîta; me laina dans un état que jene comprends pas encore; j’étais
4. demeu-
![Page 193: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/193.jpg)
[ 184 J.demeurée debout, les yeux «tuchez fur la porte par où Déterqville venoit de fouir, abîmée dans
’hne confufion de penfées que jene cherchois pas même à démê-ler : j’y ferois refiée long-tems,fi Célinç ne fûç. entrée dans le
Parloir, i .Elle me demanda vivement;pourquoi Déterville étoit forti fig
tôt, e ne lui cachai pas ce quis’était page entre nous. D’abord
elles’al’fligea de ce qu?çlle appel-
loit le malheur de [on frère. En-fuite çqurnanr fa douleur en co-lere, elle m’aççabla des plus durs
reproches , fans que j’ofafle yop-I pofer un feul mot, Qu’aurois-jepû lui dire? mon trouble me lais?foi: à peine la liberté de perlier;je fondsg elle ne me fuivi: point,
fieri;
m
![Page 194: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/194.jpg)
[V185 1
Retirée dans ma chambre, j’y fuis
reliée un jour fans caler paraître,
fans avoir eu de nouvelles de pet--Ionne, 8c dans un défordre d’es-
prit qui ne me permettoit pasmême de t’écrire.
La colere de Céline , le déles-poir de (on frère , fes dernieresparoles auxquelles je voudrois 8cje n’ofe donner un feus favora-ble , livrerent mon ame tout à.tour aux plus cruelles inquiétudes.
J’ai cru enfin que le (cul moyen
de les adoucir étoit de ce les pein-dre, de t’en faire part , de cher-cher dans ta tendrech les confeilsdont j’aibefoin; cette erreur m’a
foutenue pendant que j’éCrivois;mais qu’elle a peu duré ! Ma let,tu: eft écrite , a; les caraéteres ne[sans misés, que pour moi. T
. Il
![Page 195: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/195.jpg)
[ 186 J-;Tu ignores ce que je’foufi’re,"
tu ne fçais pas même fi j’exifie,
fi je t’aime. Aza, mon cher An,ne le (gantas-tu jamais l
sartasse- arase
me
LET.
![Page 196: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/196.jpg)
[i :87 .3
mLETTRE VINGT-QUATRE.
E pourrois encore appeller uneabfence le tems qui s’efi; écou-
lé , mon cher Aza, depuis laderniere fois que je t’ai écrit.
Quelques jours après l’entretien
que j’eus avec Déterville , je tom-
bai dans une maladie , que l’onnomme la fiévre. Si(comme je lecrois) elle a été caufée par lespaflîons douloureufes qui m’agi-
terent alors, je ne doute pas qu’el-le n’ait été prolongée par les trio
fies réflexions dont je fuis occu-pée, 8e par le regret d’avoir per-du l’amitié de Céline.
Quoiqu’elle ait paru s’intérelier
à ma maladie , qu’elle m’ait ren-
* du tous les foins qui dépendoientd’elle ,
![Page 197: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/197.jpg)
r 188 id’elle , c’était d’un ait fi froid ,
elle a eu fi peu de ménagementpour mon ame , que je ne puisdouter de l’altération de fes fen-timens. L’extrême amitié qu’elle
a pour (on frère l’indispofe con-
tre moi! elle me reproche fansceile de le rendre malheureux; lahonte de paraître ingrate m’ind-mide, les bontés affectées de Cé-
line me gênent, mon embarras lacontraint a, la douceur 8: l’agré-
ment font bannis de notre coni-merce.
’Malgré tant de contrariété 8c.
de peine de la part du frère 8c dela lœur, je ne fuis pas inlenfibleaux événemens qui changent leurs
deflinées. . .Madame Déterville cil: morte.Cette mere dénaturée n’a point
démenv
![Page 198: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/198.jpg)
[189]démenti fan caraétêre ,Ielle a don-3
’ né tout (on bien à (on fils aîné.
On eSpére que les gens de Loiempêcheront l’effet de cette in-jufiice. Déterville défintérefié par
lui-même , le donne des peinesinfinies pour tirer Céline de l’opè
preilion. Il femble que (on mal-heur redouble [on amitié pourelle; outre qu’il vient la Voir touslesjours , il lui écrit loir 8L matin;fes Lettres (Ont remplies defi ten-dres plaintes centre moi , de livives inquiétudes fur ma famé,que quoique Céline affaîte, enme les lilant, de ne vouloir quem’infiruire du progrès de leurs af-faires , je démêle aifément le mo-
tif du prétexte. ije ne doute pas que Déterville
ne les écrive , afin qu’elles me,[oient
![Page 199: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/199.jpg)
Ë 19° J
fiaient lûes; néanmoins je fuisperfuadée qu’il s’en abfliendrait,
s’ils étoit inüruit des reproches
fanglants dont cette leâure eit’
fuivie. Ils font leur impreiiioufur mon cœur. La trilieiic mecoulante.
Jusqu’ici , au milieu des ora-ges, je jouiliois de la faible fa-tisfaâion de vivre en paix avecmoi-même : aucune tâche ne fouil-
loit la pureté de mon ame, aucunremords ne la troubloit; à pré-fent je ne puis penfer , fans uneforte de mépris pour moi-même,
que je rends malheureufes deuxperfonnes auaquelles je dois lavie,- que je trouble le repos dontelles jouiroient fans moi , que jeleur fais tout le mal qui cil enmon pouvoir, 8e Cependant je ne
puis
![Page 200: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/200.jpg)
È’ r91 î
puis ni ne Veux celi’er d’être crié
minelle. Ma tendreiTe pour toitriomphe de mes remords. Axa,que je t’aime.
’ LET-
![Page 201: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/201.jpg)
.[1921
LËTTRE VINGT- CINQ
Q Un la prudence cil quel-quefais nuifible, mon cher
Aza l j’ai refillé long-terris auxpuilïantes infiances que Détervil-
le m’a fait faire de lui accorderun moment d’entretien. Hélas!
, je fuyois mon bonheur. Enfin ,moins par complaifance que parlaflitude de’difputer avec Céline,
je me fuis lailÏée conduire au Par-
loir. A la vue du changement af-freux qui rend Déterville presqueméconnoifTable, je fuis reflécin-
terdite, je me repentois déja de.ma démarche , j’attendais , entremblant, les reproches qu’il me
pinailloit en droit de me faire.Pau-
![Page 202: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/202.jpg)
t 19: JPauvois-je deviner qu’il alloitcombler mon ame de plaifir?* Pardonnez- moi , Zilia , m’a-t-il dit, la violence que je vousfais; je ne vous aurois pas obli-gée à me vair, fi je ne vous ap-portois autant de joie que vousme caniez de douleurs. lift-cetrop éxiger, qu’un moment’de
votre vue , pour rétampenfe ducruel facrifice que je vous fais?Et fans me donner le terris de ré-pandre , Voici, continua-t-il , uneLettre de ce parent dont an vousa parlé: en vous apprenant le fortd’Aza, elle vous prouvera mieux
que tous mes fermens, quel efi:l’excès de mon amour , 8e tout defuite il m’en fit la le&ure. Ah!mon cher Aza , ai-je pû l’enten-dre fans mourir de joie P Elle m’ap-l
N prend
![Page 203: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/203.jpg)
[I 194 1prend que tes jours [ont ’conl’erà
vés , que tu es libre , que tu visfans péril à la Cour d’Espagne.
(lad bonheur inespéré! -Cette admirable Lettre cit écri-
te par un homme qui te connaît,
qui te voit , qui te parle; peut-être tes regards ont-ils été atta-chés un moment fur ce précieuxpapier? Je ne pouvois en arracherles miens; je n’ai retenu qu’à pei-
ne des cris de joie prêts à m’é-
chaper, les larmes de l’amour inon-
doient mon vifage.I Si j’avais fuivi les mouvementde mon cœur, cent fois j’auraisinterrompu Déterville pour luidire tout et que la reconnoifl’ancem’infpiroit ; mais je n’oublioispoint que mon bonheur doit aug-menter les peines; je lui cachai
mes
![Page 204: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/204.jpg)
tu un- niés empanna ne. vit. que’râei
larmes. ’ ’-- Eh bien, Zilia; me dit-ilgaprêiavoir cellé de lire , j’ai tenu ma
parole , vous êtes infiruite du-fart d’Aza; li ce n’ell point allez j
que faut-il faire de plus? Ordonane: fans contrainte, il nkll rienque vous ne layez en droit d’éxià
ger de mon amour; pourvu qu’ilcontribue à Votre bonheur.’ Quoique je dulie m’attendre à
cet excès de bonté, elle me l’urprit
8e me toucha. a a ’ - -’ Je fus quelques momens emba-rallée de ma réponle , je craignoisd’irriter la douleur d’un homme li
généreux. Je cherchois des termesqui exprimallent la vérité de monCœur fans ofl’enl’er la fenlibilité du
lien , je ne les trouvois pas, il far-e,
loir parler". N a Mon
![Page 205: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/205.jpg)
196.]Mon bonheur, lui dis-je, ne
fera jamais fans mélange , puis.
que je ne puis concilier les de-voirs de l’amour avec ceux del’amitié; je voudrois regagner lavôtre 8e celle de Céline, je vou-drois ne vous point quitter, ad-mirer fans celle vos vertus, payertous les jours de ma vie le tributde reconnoilTance que je dois àvos bontés. Je leus qu’en m’éloi-
gnant de deux perforants fi cheres,j’emparterai des regrets éternels.
Mais. . . . . 4 jQuoi! Zilia, s’écria-t-il , vousvoulez nous quitter! Ah! je n’é-tais point préparé à cette funelle
réfolutian , je manque de couragepour la foutenir. J’en avois allezpour vous voir ici dans les brasde mon Rival. L’eiïort de ma rai-
fon ,
![Page 206: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/206.jpg)
[197](on , la délicatell’e de mon amour
m’avaient affermi contre ce coupmortel ; je l’aurais préparé moi-
même, mais je ne puis me lépa-rer de vous, je ne puis renoncerà vous voir; non , vous ne parti-rez point, continua-t-il avec em-portement , n’y comptez pas ,vous abufez de ma tendrelle, vousdéchirez fans pitié un cœur perdu
d’amour. Zilia , cruelle Zilia ,voyez mon défespoir, c’elt vatre
ouvrage. Hélas ! de quel prixpayez-vous l’amour le plus pur!
C’eli: vous , lui dis-je (elïrayée
de la rélalutian) c’ell: vous queje devrois acculer. Vous flétrilÏezmon ame en la forçant d’Être in-
grate ; vous délolez mon cœurpar une fenlibilité infruâueufe. IAu nain de l’amitié , ne tenaillez
N3 .pas
![Page 207: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/207.jpg)
1987]pas une généralité fans exemple
par un défripoit qui feroit l’a-rme-munie de ma vie fans vous ren-dre heureux. Ne çondamnez pointen moi le même fentiment quevous ne pouvez lurmonter , ne.me forcez pas à me plaindre devous, laill’eg-moi chérir votre nom,
le porter au bout du monde,le faire révérerades peuplesrateurs de la vertu. ’
- Je ne leais comment je prosnougai ces’paroles, mais Déter-r
ville. fixant les yeux fur moi, leur.bloit ne me point regarder; rem,fermé en lui-même , il demeuralong-rem dans une profonde mé.ditation; de mon côté je n’ofoisl’interrompre : nous ablervionsun égal filence, quand il reprit laparole et me dit avec une elpéce».
ée de
![Page 208: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/208.jpg)
[ 199 Jde tranquillité : Oui , Zilia, jeconnais, je feus toute mon in-juliice, mais renonce-t-an de langfroidàla vue de tant de charrues!Vous le voulez , vous ferez obéie.Quel lacrifice, ô ciel! Mes trillesjours s’écouleront , finiront fans
vous voir. Au moins fila mort....N’en parlons plus, ajouta-dl ens’interrompant; ma faiblelle metrahiroit, donnez-moi deux jourspour m’all’urer de moi-même , je
reviendrai vans voir , il cit né-Celi’aire que nous prenions enlem-
ble des melures pour votre voya-ge. Adieu, Zilia. PuilTe l’heu-reux Aza, (catir tout l’on bon-heur! En même-rams il tartit.- Je te l’avoue , mon cher Aza,quoique Déterville me fait cher,quoique je fulle pénétrée de l’a
N 4 dou-
![Page 209: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/209.jpg)
l zoo ldouleur, j’avais trop d’impatienc
ce de jouir en paix de ma félici-té, pour n’être pas bien aile qu’il
le retirât.QI’il ell: doux , après tant de
i ’pcines, de s’abandonneràlajoie!
.Je pallai le rafle de la journéedans les plus tendres ravifl’emens.Je ne t’écrivis point, une Lettre
a étoit trop peu pour mon cœur,elle m’aurait rappellée ton abfene
çe. Je te voyois , je te parlais,cher Aza! Que manquerait-ilàmon bonheur, li tu avois jointaicette précieule Lettre quelquesgages de ta tendrell’e! Pourquoine l’as-tu pas fait? On t’a parlé
de moi, tu es infiruit de mon fort,de rien ne me parle de tan amour,Mais puis-je douter de ton cœur?Le mien m’en. répond. Tu m’ai-.-
I 9.1.95
![Page 210: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/210.jpg)
[zen]mes , ta joie cil égale à la mieno’
ne, tu brûles des mêmes feux , lamême impatience te dévore ; quela crainte t’éloigne de mon ame,que la joie y domine fans mélan-ge. Cependant tu as embrallé laReligion de ce peuple féroce.(brelle cil-elle? Exige-t-elle lesmêmes facrifices que celle deFrance P Non , tu n’y aurois pasconlenti.
Quai qu’il en fait. mon cœurell fous tes laix; laumife à teslumieres; j’adopterai aveuglementtout ce qui pourra nous rendre in-féparables. Que puis-je craindre!bien-tôt réunie à mon bien , à mon
être, à man tout, je ne penleraiplus que par tai,je ne vivrai quepour t’aimer.
LET-
![Page 211: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/211.jpg)
[zoz]
fi A.LETTRE VINGT-SIXC’EST ici, mon cher A23,
que je te reverrai; mon bon-heur s’aceraît chaque jour par l’es
propres circonflames. Je fars del’entrevue que Déterville m’avoir:
allîgnée; quelque plailir- que jeme fois fait, de furmonter les dif-ficultés du voyage , de te préve-
nir , de courir au-devant de ses pas,je le facrifie fans regret au bonheurde te voir plutôt.
Déterville m’a prouvé avec tant
d’évidence que tu peux être icien moins de tems qu’il ne m’en
faudroit pour aller en Espagne,que quoiqu’il m’ait généreule-
ment laillé le choix , je n’ai pasbalancé à t’attendre, le tems elt
" trop
![Page 212: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/212.jpg)
[:03]trop cher pour le prodiguer l’an:nécellité.
Peut-être avant de me déter-miner , aurois- je éxaminé cet avan-
tage avec plus de foin , li jen’eulle tiré des éclaircillemens fur
mon voyage qui m’ont décidée en
fecrct, fur le parti que je prends,8c ce fecret je ne puis le confierqu’à toi. j
Je me luis lauvenue que penadant la longue route qui m’a con-duite à Paris, Déterville donnoitdes piéces d’argent 8c quelquefois
d’or dans tous les endroits ounous nous arrêtions. J’ai voulu(gavoit fi c’était par obligation,ou par limple libéralité. J’ai appris
qu’en France, non-feulement onfait
![Page 213: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/213.jpg)
[:04]fait payer la nourriture aux voya-geurs, mais même le repos *.
Hélas l je n’ai pas la moindre
partie de ce qui ferait nécellairepour contenter l’intérêt de ce peu-
ple avide ; il faudroit le recevoirdes mains de Déterville. (bien:honte! tu fçais tout ce que je luidois. Je l’acceptois [avec une ré-
pugnance qui ne peut être vain-cue que par la nécellité ; maispourrois-je me réloudre à con-traé’ter volontairement un genred’obligation ,I dont la honte vapresque jusqu’à l’ignominie! Je
n’ai pu m’y refondre , mon cher
Aza , cette raifan feule m’auraitdéterminée à demeurer ici; le plai-
lit
g * Les Incas avaient établi fur les che-mins de grandes maillons ou l’on recevoit
les Voyageurs fans aucuns frais.
![Page 214: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/214.jpg)
[.2°5 il:
lit de te voir plus promptementn’a fait que confirmer ma réfolu-
tion. v’ Déterville a écrit devant moi
au Minillre d’Espagne. il le prelfe
de te faire partir , il lui indiqueles moyens de te faire conduireici avec une généralité qui mepénétre de reconnoili’ance 8c d’ad4
miration.Quels doux momens j’ai palfé,
pendant que Déterville écrivoit lQuel plailir d’être occupée des
arrangemens de ton voyage , devoir les aprêts de mon bonheur,de n’en plus douter!
Si d’abord il m’en a coûté pour
renoncer au delTein que j’avais dete prévenir, je l’avoue, mon cherAza, j’y trouve à préfent millefources de plailirs , que je n’y avois
pas apperçues. Plu-
![Page 215: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/215.jpg)
[12°51’
fPlulieurs circonliances,qui ne mepanifioient d’aucune valeur pouravancer ou retarder mon départ,me deviennent intéreli’antes 8c a-
gréables. Je fuivois aveuglémentle penchant de mon cœur , j’au-bliois que j’allais te chercher aumilieu de ces barbares Espagnolsdont la «feule idée me failit d’hor-
reur ; je trouve une fatisfaêtion’infinie dans la certitude de ne lesrevoir jamais : la voix de l’amouréteignoit celle de l’amitié. Jegoûte fans remords la douceurde les réunir. D’un, autre côté,Déterville m’a’affuré qu’il nous
étoit à jamais impollible de revoir
la ville du Soleil. Après le féjaur
de notre patrie, en cil-il un plusagréable que celui de la France 3
Il te plaira, mon cher Aza, quoi-
’ ’ que!
![Page 216: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/216.jpg)
[307 Ique la fincerité en fait bànnîegod
y trouve tant d’agréments, qu’ils
font oublier les dangers de la-
fociété. tAprès ce que je t’ai dit de l’or ,-
il n’efl pas ne’cclïaire de t’averrir
d’en apporter , tu n’as que faired’autre mérite ; la moindre partiede tes tréfors fuflît pour te faireadmirer 8: confondre l’orgueildes magnifiques indigens de ceRoyaume ; tes vertus 8c tes fen-timens ne feront chéris que demoi.
Déterville m’a promis de tefaire rendre mes nœuds 86 mesLettres; il m’a affurée que tutrouverois des Interprètes pourt’expliquer les dernières. On vient
me demander le paquet , il fautqueje te quitte: adieu , cher efpoir
l de
![Page 217: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/217.jpg)
[208]«leur: vie; je continuerai à t’éà
crire: fi je ne puis te faire page!mes Lettres, je te les garderai;
Comment fupporterois- je lalongueur de ton voyage, fi je meprivois du feul moyen que j’ai de
m’entretenir de un joie, de me:tranfports , de mon bonheur!
emmena;QŒWŒŒQQ
messes:ŒŒQWÜ
intubât99W
mmÛ
LET:
![Page 218: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/218.jpg)
,[zo9]11’57’er VINGT-SEPT.
a Huns que je fçais mesLettres en chemin , mon
cher Aza, je jouis d’une tranquil-lité queje ne connoiffois plus. Jepenfe fans «(le au plaifir que tuauras à les retevoir, je vois testranfports , je les partage , moname ne reçoit de toute par: quedes idées agréables, a: pour com-
ble de joie , la paix cil rétabliedans notre petite fociéte’. ,
Les Juges ont rendu à. Céline
les biens dont fa mere l’avaitprivée. Elle voit- (on amant tousles jours, (on mariage n’efl retar-dé que par les aprêts qui y (ontnéceiiaires. Au Comble de lesvœux elle ne penfe plus à me
. O que-
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Mimiquereller; & je lui en si autansd’obligation que il. je devois Mouamitié les bontés qu’elle recom-
mence à me témoigner. Quelqu’en foitle motif, nous femmes
toujours redevables à ceux quinous faut éprouver un fentiment
doux. -Ce matin elle m’en La fait fen-
tir tout le prix par une complai-fance qui m’a fait palier d’un trou-
ble fâcheux à une tranquillité
agréable. -On. lui a apporté une quantitéprodigieufe d’étofiës »,. d’habits,
de bijoux de toutes efpéees ; elleen. accourue dans ma chambre,m’a emmenée dans la fienne, &
après m’avoir eonfultée fur lesdifférentes beautés de tant d’ajus-
temens 5 elle a fait elle-même un
y ’ - 7 Il!
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[au]tas de ce qui avoit le plus attirémon attention , a; d’un air em-prelié elle commandoit déja à nos
China: de le porter chez moi ,’quand je m’y fuis Oppofée de toue
tes mes forces. Mes infiances n’ont
d’abord fervi qu’à la divertir; mais
voyant que (on obilination augamentoit a’Vec mes refus, je n’ai
pu diilimuler daVanrage mon tell
fehtimenr. -Pourquoi (lui ai-je dit, les yeuxbaignés de larmes) pourquoi vou-lez-vous m’humilier plus que jehe le fuis? je vous doisla vie , 8ctout ce que j’ai , c”eîl: plus qu’il
n’en faut pour ne point oubliermes malheurs. Je (gais qUe felonvos Loix, quand les bienfaits nefont d’aucune utilité à ceux qui les
reçoivent , la honte en cil effacée.
0 a Atten-
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L’ ne J
Attendez donc que je n’en ayeplus aucun befoin pour exercerverre générofité. Ce n’efi pas fans.
répugnance , ajoutai-je d’un son
plus modéré, que je me conforme
à des fentimens fi peu naturels.Nos Mages (ont plus humains,celui qui reçoit s’honore autantque celui quidonne, vous m’avez Iappris à penfcr autrement, n’é.
toit-Ce donc que pour me fairedes outrages?
Cette aimable amie plus ton.che’e de mes larmes qu’irrite’e de
mes reproches, m’a répondu d’un
ton d’amitié, nous femmes bienéloignés mon Frere 8e moi, mechere Zilia, de vouloir blefler vo-tre délicateiie, il nous frétoit mal
de faire les magnifiques avec vous ,vous le connoîtrez dans peu; je
VOHO
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I si; ivoulois feulement que vous par;rageaŒez avec moi les préfens d’un
frere généreux;c’étoit le plus sur
moyen de lui en marquer ma 17e.i ecnnoiflhnce : l’ufage, dansle cas
où je fuis, m’autorifoit àvous les
sati-tir; mais puifque vous en êtesoffenfée , je ne vous on parleraiplus. Vous me le promettez donc?lui ai-je dit. Oui , m’a-t-elle ré--
pondu en fousriant , mais per-mertez-moi d’écrire un mot àDéterville.
Je l’ai laiii’é flaire , & la gaieté
s’eû rétablie entre nous”, nous
avons recommencé à examiner fiesparures plus en détail, jusqu’ausans où on l’a demandée au Par--
loir a. elle vouloit m’y mener-jmais mon volier! Aza, eû-il pourmoi quelques amufemens compa-
s r O: a. tables
![Page 223: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/223.jpg)
r untables à celui de t’écrire! Loire-d’en chercher d’autre , j’appuie
hende d’avance ceux que l’on meprépare.
Céline va r: marier , elle Pré-e-
tend m’emmener avec elle, elle,veut que je quitte la maifon Regligieufc pour demeurer dans lalimbe; mais fi j’en fuis crue . a
. a 0. 0. a r a.. . . a Axa, manche: Au. parquelle. agréable furprife ma Let-tre fur-elle hier interrompue àbêlas; je çroiois avoir perdu pourjamais se précieux. monument denotre ancienne fplendeur, je n’ycomptois plus, je n’y peul-bis nié-v
me pas , j’en fuis environnée, jeles vois, je. les touche”, 8c j’en
crois à peint, mes yeux a: mes
mI M
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r "[ 2:11ri-Au moment où je t’écrivois,
je vis entrer Céline fuivie de qua-tre hommes accablés fous le poidsde gros coffres qu’ils portoient;ils le poierent-à terre 8c (e retire.-rent 5 je penfai que ce pouvoitêtre de nouveaux dons de Déter-
j ville. Je murmurois déja en feu«et, lorsque Céline me dit , en
t me préfentant des clefs: ouvrez,l fans vous effaroucher, e’ell de la
part d’Aza.
La veritéque j’attache infépa-
xablement à ton idée, ne me lama
point le moindre doute; j’ouvrisavec précipitation , 8: ma furpri-le confirma mon erreur, en réa
monnoifianrstout-ce qui s’offrir à
une! .vue pour des ornemens duÏemple du Soleil. . .. p l .x
un fentiment confus, mêlé de
b: A"; 0 4 tri-
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faire)trifiefie sa: de joie, de plaifir & deregret, remplit tout mon cœur.Je me proilernai devant ces refles[ancrés de notre culte 8: de no:.Autels; je les couvris de refpec.gueux baifers , je les accolai de me:larmes , je ne pouvois m’en arrapcher, j’avais oublié jusqu’à la pré-
fence de Céline; elle me tira demon yvrefle, en me donnant une.Lettre qu’elle me pria de lires
Toujours remplie de mon ehreur, je la crus dosai, mes nana.ports redoublerent; mais quoiqueje la déchifraffe avec peine , je con»
nus bientôt qu’elle étoit de Dé.
-terville,Il me fera plus ailé, mon cher
Aza, de te la copier, que de t’en
«plique: le fait. i
Blues
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f 217 3’
i Bruns- ns Dsrasmua.’,, Ces tréfors font à vous, bel-
,,le Zilia, puifque je les ai trou.,, vés fur le VailTeau qui vous pot.
,, toit. QIelques difcuflions arri-,, vées entreles gens de l’Equipa-,, ge m’ont empêché jusqu’ici d’en
,,dispofer librement. Je voulois,, vous les préfenter mol-même.,, mais les inquiétudes que vous,,avez témoignées ce matin à ma
,*,fœurn , ne me lament plus le,, choix du moment. Je ne fçau-,, rois trop tôt dimper vos crain-,,tes, je préférerai toute ma vie,, votre fatisfaâion à la mienne;. Je l’avoueen rougiilanr, moncher Ana, je fontis moins alors lagénéralité de Déterville, que le
plaifir de lui donner des épreuves
de la mienne. 1’
, je
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[-2133 Î
Je mis promptement à part unnie, que le huard plus que lacupidité a fait tomber dans lesmains des Efpagnols. C’en; le m6? .
me (mon cœur l’a reconnu) quet’es lévres toucherént le jour ou
tu voulus bien goûter du Acepréparé de ma main. Plus riche de ce;tréfor que de tous ceux qu’on me.rendoit ,’j’appellai les gens qui les:
avoient apportés; je voulois les.leurvfaire reprendre pour les retro,voyer à Déterville ; mais Céline,
s’oppofa à mon dedein. v .».Qte vous étesinjuflge, Zilia,m
dit-elle l Quoi l vous voulez faireaccepter des richeffes immenfe’s àmon frère, vous que l’aire d’une
bagatelle oflnfe ; rappelle: votreéquité trous. voulei en infpire!
aux autres. . r .Ctt: Î? Bbiiîou des radient;
![Page 228: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/228.jpg)
["91Ces paroles me frapperent. Je
reconnus dans mon aétion plusd’orgueil & de vengeance que degénérofité. Que les vices (on:près des vertus l j’avouai ma fau-te , j’en demandai pardon à C61-
line 3 mais je foufirois trop de lacontrainte qu’elle vouloit m’im-
pofer pour n*y pas chercher del’adouciflëment. Ne me panifiezpas autant que je le mérite , luidis-je cl*un air timide, ne dédai-gnez pas quelques modèles dueravail de nos malheureufes con.grées ; vous n*en avez aucun be-foîn , ma prier: ne doit point vous
oünfer. j ATandis que je parlois, je a. -marquai que Céline regardoit at-tentivement deux Arbufies d’or
x chargés d’oifcaux 66
![Page 229: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/229.jpg)
tua](d’un travail eXCellent 5 je me hic
tai de les lui préfenter avec unepetite corbeille d’argent , que. le
templis. de Coquillages de Poir-fons 8c de fleurs les mieux imi-tées : elle les accepta, avec unebonté qui me ravin,il je choifis enfui’te plufieurs Ido-les des nations vaincues * par tesancêtres, 8: une petite Statue**qui repréfentoit une Vierge duSoleil , j’y joignis un tigre, unlion 8c d’autres animaux coura-
Sen-x»
’ Les Incasfaifqieot dépoter dans leTemple du Soleil les Idoles des peuplesqu’ilsfoumettoient, après leu: avoir Fait«apte: le culte du Soieil’. Ils en avoienteux-mêmes , puisque Plut: Enzyme cou-fulta l’Idole de Rimace. KM. du bienTom. 1., page. 3go.
1* Les incas ornoient- lents maifons deStatues d’or de toute glandent. a; mêmene gigantesques,
![Page 230: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/230.jpg)
[au]gent , 8c je la priai de les envoyerà Déterville. Écrivez-lui donc,me dit-elle , en (ourlant , fans uneLettre de votre part , les préféras
feroient mal-reçus. VJ’étais trop fatisfaite pour rien
refufer , j’écrivis tout ce que me
di&a ma reconnoifiance, 8c lors-que Céline fut fouie, je difiri-buai des petits préfensàfa China,8e à la mienne , j’en mis à part pour
mon Maître à écrire. Je goûtai en-
fin le délicieux plaifir de donner;Ce n’a pas été fans choix , mon
cher Aza; tout ce qui vient detoi, tout ce qui a des rapports in-times avec ton fouvenir , n’eüpoint forti de mes mains.
La chaife d’or * que l’on con;
[avoie.* Les Incas ,ne sîalïoyent que au:
fiéges d’or manif. - ’ .
![Page 231: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/231.jpg)
[-2.22]
tenoit dans le Temple pour lejour des vifites du CajmJnca tonaugufic pere , placée d’un côté.
de ma chambre en forme de trône,me repréfente ta grandeur ô: lamajeiié de torr rang. La grandefigure du Soleil, que je vis moi-même arracher du Temple parlesperfides Efpagnols, [ufpendue au-détins excite mavénération , jemc
profierne devant elle, mon efpri:l’adore, à: mon cœur efi tout àtoi.
Les deux palmiers que tu don-nas au Soleil pour offrande «ïpour. gage de la foi que tu m’aÀ
vois jurée , placés aux deux cô-
tés du Trône , me rappellent (au:
«me tes tendres fermens.Diesfleurs , * des oifeaux ré-
i i . pan-’"ï ’6’ t’as” a; I ’1 - au duna ja tquereSjarr J,Tente
![Page 232: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/232.jpg)
il 2:3 1
pantins avec fimétrie dans tonalescoins de ma chambre , forment-cli-acourci l’image de ces magnifi-ques jardins, où je me fuisfifouçvent entretenue de ton idées Ii Mes yeuxiatisfaits ne s’arrê-tent nulle-parc fans me rappelleston amour, rua joie, mon bon-heur , enfin tout ce qui fera janmais la vie de ma vie.
Temple a: ceux des Malfons Royalesétoient remplis de toutes fortes d’imitaalions en or se en argent. Les Pemvienlimitoient jusqu’à l’herbe appellée sa)».
dans ils faifoieut des champs tout entiers,
Î LETJ
![Page 233: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/233.jpg)
[tu l
157*773 E VING 72mm:
C’Esr vainement, mon cherAza , que j’ai employé les
prieres, les plaintes, les inflancespour nepoin’t quitter ma retraite.Il a fallu céder aux importunitésde Céline. Nous fommes depuistrois jours à la campagne, où fanmariage fut célébré en y arrivant.
’Avec quelle peine , quel re-gret, quelle douleur n’ai- je pasabandonné les chers 8: précieuxornemens de ma folitude; hélas!à peine ai-jeeu le tems d’en jouir ,
8e je ne vois rien ici qui puilTe me
dédommager; iLoin que la joie.& les plaifirs
dont tout le monde paroit enyvréme diffipent a: ’m’amufent , il:
’ i mew .
C
![Page 234: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/234.jpg)
p. . [-135 Il rme rappellent avec plus de regretles jours paifibles que je panois àt’écrire , ou tout au moinsâpen-
(et à toi. lLes divertiiTetnens de ce paysme paroifient aufii peu mitards,aufii affectés que les mœurs. ils.confiflent dans une gaieté vio-lente, exprimée par des ris écla-ltans ,1 auxquels , l’ame paroit ne’
prendre aucune part : dans desjeux infipides dont l’or fait toutle plaifir , ou bienidans une Con.verfation fi frivole 8c fi répétée,qu’elle reflemble, bien davantageau gazouillement des oifeaux qu’à.l’entretien d’une afl’emblée d’E.
tres penfans. x I ’ "Les jeunes hommes, qui font.
ici en grand nombre, [e font d’3.bord empreflés à me fuivre jus";
’ qu’à
![Page 235: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/235.jpg)
n A rest ne paraître, 9991.1995 que de.mon ;, nuisible que, lafrordeurde.nia couvetlgitionlesjdait ennuiés ,crique mon peu de goût pour lourer.agrégeons Ailes .Vaikdéggûtés de la
peine qu’ils. tenoient à les faire"valoir il n’a fallullquedeuajours
V l a . i. v .4. ’ A p I V . ypour. les détermjperla. n’oublier,bienij’it sils, m’ont, délivrée de leur,
suc 3.: a, , et e 7.. .Impostune pre énenoe. ,g; jjû..”lh.l La «pp. a3,1172ch par," cep-rançons c’est
pJortç naturellement aux extre-y...;1- Inv».-l-4 . ’"395-93 395 Déterville a. une
xe’mplt, d que grande partie des,
défiais? à? let-arien sauries *Définrrtoins à celui-15.: , .Æemsm serrais la, sur:
ruelle qu’rl m’a faucon n me,
Pintade,relaissâmes: :il, évite avec. unsnattenntionvmarqpée;
"1,". , , .r V. l,de, le rencontrer; angles demor :.-
v. .1) obli-
![Page 236: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/236.jpg)
(.2571obligée-Je son voit ramendasn’ai! pas encore «tramé l’oeCafi’oæ’
de lui’parler. ’ ) -’- î. Alla remaille qui leîdomine au”
miliawÏd’elajoiiepldJlàqne’, ilmt’oflp
aifé de deviner qu’il [e fait viow
lence : peut-être je devroislui entenir compte ; mais j’ai tant dequeflions à lui faire fur ton départd’Efpagne , fur ton arrivée ici;enfin (un des. («jets- fi: intéreiïans,
que je rie-puis lui. pardonner deme fuir: Ie feutrant defir’violentde l’obliger à fait" parler , 8c lacrainte de réveiller l’es plaintes 85
[es regrets , me retient.Céline tout escarpée de (on
nouvel Epour, ne in’ell: d’aucun
recours, le relie de la compagniene m’efi: point*a’gréable ; ainfi,
feule. au milieu d’une aiiembléel* il H * Pr a tumulf
![Page 237: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/237.jpg)
[n81malmeufe, je n’ai d’amnfernent
que mes parlées, elles foutron-tes à toi, mon cher Aza; talerasl jamais le feu! confident de moncœur, de mes plaifirs, &dernonbonheur.
me?.. ËmMïÈËÆAËÏËÆAmamansmeneaunagea .
![Page 238: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/238.jpg)
r 229 J
&LETTRE VING’T- NEUF. ’
’Avoxs grand tort, mon cher. Aza, de defircr li vivement un
entretien avec Déterville. Hé-las! il ne m’a que trop parlé g.quoique je défavoue le troublequ’il a excité dans mon ame, iln’efi point encore effacé.
je ne fçais quelle forte d’impa-
ticnce le joignit niera ma trilles-le secoutumée. Le monde 8e lebruit me devinrent plus impor-tuns qu’à l’ordinaire : jusqu’à. la
tendre fatisfaâion de Célineôc de
(on Epoux tout ce que je voyois,m’infpiroit une indignation ap-prochante du mépris. Honteufede trouver des lentimens (i inju-fics dans mon cœur , j’allai ca-
P 3 cher
![Page 239: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/239.jpg)
l t3? lshetl’eolnreasqu’ils ne candirions
, dans l’endroit le plus reculé du
jardin. A * . ’A peine m’étaispjeaffife ausp’wd
d’un arbre, que des larmes invarlontaires .muleneut de mes yeux,,Le vifage caché dans mes mains,j’étois enleveur: dans une rêverie l
fi profonde, que Déterville étoità genoux à côté demoiavemtquç
je renfle inaperçu. 4Ne vous offririez pas , Zilia,
me dit-il, c’eil: lephazard quim’ç
conduit à vos , je ne vouscherchois pas. importuné du tu,nuire , je venois jouir zen paix dema douleur. Je vousai apperçue,j’ai combattu avec moi-même pour
m’éloigner de vous, mais je fait
Un? malheureux pour l’être fait;
(Flèches par pour asque me
4 (si:
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T 231 l .fuis approché ,l je vû couler vos lai-Â-
mes, je n’ai plus ’ét’é le moinerie
mon cœur, cependant fiionsm’ai-donnez de vous fuir,je vousobéirai. Le pourrez-vous, Zilia?’vo’us fuis-je odieux ? Non ,1 luiÉdiS-jc, alu-contraire, alleyéz-vo’us’,
je luis bien aire de trouver une’occafi’on de m’expliquer depuis
ives derniers bienfaits. . N’enparlons point, in terrompit-il ’vij-Vement. Attendez, repris-je,;poulrÊ’tre tout-à-fait’génér’eux, ilÎfaut
le prêter à la reconnoiflance; je’ ne vous ai point parlé depuis quevous m’avez rendu les précieuxornemens du .Temple ou. j’ai été
enlevée. Peut-être en vous écri-vant, aî-je mal exprimé les (enti-mens qu’un tel excès de bonté’m’inipiroit, je veux . . . . ;Hé’las!
v P 4 inter.
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[:12]interrompit-il encore ,t que lare.cannoiflance eli peu flateufe pourun cœur màllrèureux l Compagnede l’indifférence , elle ne s’allie que
tmp f0 uvent avec la haine,Œ’ofez-vous ’penferl m’écriaia-
je : ah, Détervillelcombienj’au-
rois de reproches à vous faire,livous n’étiez pas tant à plaindrcl
bien loin de vous haïr , des lepremier moment oùjc vous ai ni,j’ai [cuti moins de répugnance à.
dépendre de vous que des Efpa-gnols. Votre douceur 8e votre bon-vté me firent defirer dèsJors de gagguet votre amitié, à mefure’quej’ai démêlé votre caraâe’re. Je me
luis confirmée dans l’idée que vous
méritiez toute la mienne, & fansparler des extrêmes obligationsque je vous ai Ç puisque ma recon-
99139
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[233]nomme: vous.blcfl’e) commentaurois-je pu me défendre des [enti-
mens qui vous (ont dus?Je n’ai trouvé que vos vertus
dignes de la fimplicité des nôtres,Un fils du Soleil s’honoreroit doVos (entimehs; votre raifon CRpresque celle de la nature ; com-bien de motifs pour vous cherir!jusqu’à la noblelÏc de votre figure ,
tout me plaît en vous ; l’amitié a
des yeux avili-bien que l’amour.Autrefois après un moment d’ab-
fcncc , je ne vous voyois pas re-venir fans qu’une forte de féréniné
ne (c répandît dans mon cœur;
pourquoi avezgvous changé cesinnocents plaifirs en peines a; en»contraintes e
Votre raifon ne paroit plusqu’avec effort. J ’en crains f ans celle
les
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li un! ,fies écarts. Les femîme’ns la»
Vous mlemretenez, gênent tl’ -preflîon «des miens , fis mprivent
duplaifir devons peindre fans dé-tour les charmes que je goûteroisdans votre amrLiË , fi vous n’en’troubliez la douceur. Vous m’ê-
-tez jusqu’à "la volupté délient de
regarder mon bienfaiteur , vosyeux embartalTentles miens , jen’y
remarque :plus cette agréable tran-quillité qui pafioittquelquefoisjus-’qu’à mon me : je n’ynrrou-we qu’u-
ne morne douleur qui me repro-che fans ceflè [d’en être la mule.
Ah, Déterville! que musâtes?»jufle, fi vous croyez roumi: lfinal!
Ma c’here Zîlîa, s’ëcrîa-t-îl en
me ballant la main mir-c ardeur,que vos bontés a; ’votre franchife ,
redoublent mes regrets-1 que! tré-for
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,s r au. l!for que-la. pofçflion d’un Cœur tel
que-le vôtre! niaïsfavvec que] ne.(espoir. vous. Intel. faires (qui; la
Perte! . I , . 3Puiflhrue Zilia, continua-141;,Quel pouvoi’refi le vôtre! n’étaie-
. ce point allez de me faire palle-r deJaprofonde indiEérence à l’amour
exeeŒf, de l’indolence à la ru,-rreur, faut-i1 encore me vaincre 2Le pourrai-je? Oui, lui dis-je; Le:giron cit digne de vous, de votrecœur. Cette aâion jufie vousélève: au-deîïus des mortels. Mais
pourrai-je y furvivre? reprir-îjdouloureufement; n’espérez pas a;
moins que je fervedc viâtime autriomphe de votre amant,- j’irailoin de vous adorer votre idée;elle fera la nourriture amère demon mon, je vous. 3armerai , à: je
ne
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Ë 236 ilne vous verrai plus! ah! du moinsn’oubliez. pas .* . . . . . .
L Les fangiots étouférent (a voix ,
il fe hâta de «cacher les larmes quicouvroient (on vifage , j’en répan-
dois moi-même: aufli touchée defa générofité que de (a douleur , je
pris une de Tes mains que je ferraidans les miennes; non , lui dis-je,vous ne partirez point. Laiflez-mon mon ami , contentez - vousdes fentimens que j’aurai toute ma
vie pour vous; je vous aime pres-qu’autant que j’aime Aza, mais je
ne puis jamais vous aimer commelui.
Cruelle Zilia! s’écria-t-il avec
transport , accompagnerez- voustoujours vos bontés des coups lesplus fenfibles P un mortel. payoitdétruira-pli fans celTe le charme
quand
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t 1.37 l.que vous répandez fur vos pal-(files? me je fuis infenfé de meli-o,ne: à leur douceur! dans quel
I honteux abaiflëment je me plan,gel C’en dl fait , . je me rends àmoi-même , ajouuct-il d’un ton;ferme; adieu , vous venez bien-tôtAn. PuilÏc-t-il ne pas vous faire,éprouver les Itourmens qui me dé- V
votent , paille-kil être tel queVous le delîrez, 8L digne de votre
cœur. n I .Quelles allumes, mon cherAn , l’ai; (long il prononça ces:derniezes paroles , ne jetta-t-il pasdans mon une! je ne pas me dé-fendre des foupçons qui fe pré-i[enterent en foule à mon «prie:Je ne doutai pas que Détcnillene fût mieux infiruit qu’il ne vou-loitlepupîm g qu’il ne m’eût
cl
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É 538 J
dæqhdgüçæïlaçœsqæif pâmer:
qfloiæfeçnesed’ïspague. Enfià’(ofeu
heiwjefeprohôhe’er) quttuvne’fus
male-i: .233. . à ..ferai d’emànlaîïh véfitéavee:
hyaernieresînfiëànees g tout caque
Pep-us rikfæfifi, ne flingue-d’asaigrieâurè’s ËVigiuès, auflî: propre:
à’ -’eoiifihïièfl’iqu? détruire une:
La? ,4 ( Y, ’:r-ccpmæmièsëéaexiansœmna
ce qfiance des homme; , fur les dun-gers’deVaBi-encêflæi fuir lâïlëgüeté
Mel’a’qüéllërhiï distingue
Religion», rethprôandëmeneg1°ævêeéidànis mon. mais) rr - -
* l’inut- lërprêxifieré fait, me ton-r
(Hem: une: élevât ou lem-inem-fiable; fichue: gremiere fars je(faigùisj Je: («dicton cœur; A23,
’sÏil’ éroiniai g fié tu ne «and:
ou ’ . plusà
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t 239]"plus, du! que maous (été:pare plûtôc que ton inconfiante.
Non , c’elï le défespoir qui afuggçné à Dé:ewille,,ees vafireufeq
idées: Son .trouble a! baigne-3’
ment ne devoient-Ha pas me ras-lfuret. a, Lïinte’resêul qui; ln- faillait:
pollen ,. ne loyale-il: res. m’être;(aimât? firme lie fur, mon chu"Au ,. mon chagrin Œvatollfienfle: me: lui ,ch bruitai dünramena; il me quietaudâlespére’.
Hélas l’ 1’650ij missiqueluial
Quels nouemenænl’oi-joploinefoufm
fonts: avant! denticule» le, repos!de mon cœur Pw Basa-encore bienafwmil? An l: je: n’aime:fi mouron:
mail) pmoiD-enæmfoublitr è
E
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[’ 246-1 ,
LETTRE TRENTIE’ME.
Un ton voyage cl! long,mon cher Aza! Que je de-
fire ardemment ton arrivée! Leterris a diŒpé mes inquiétudes :
je ne les vois plus que comme unfange dont la*lumiere du jour ef- -fixe l’impreflion. Je me fais uncrime de :t*avoir foupçonne’, 8c
mon repentir redouble ma tenon(li-elfe; il a presque entierementdétruit la pitié. que me ceufoient
les peines der-Déterville; je nepuis lui pardonner la mauvaifeopinion qu’il [emble’ avoir de toi ;
* j’en’ai bien. moins de regret d’être
en quelque façon [épatée de lui.
Nous femmes à Paris depuisquinze jours; je demeure avec
Céline
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Î kif: fi ,.Ïéllne dans la maifon de fou me:airez éloignée de celle de (onfrere, pour n’être point obliie’e
à le voir à toute heure. livrent’fouvent y manger;mais nous:nons une vie fijagitée, Célinemoi, qu’il n’a pas lelloifir de me
parler en particulier. I ’ l ’Depuis notre retour,nbus cm:
Ployons une partie de la journéeou travail pénible de notre ajufieÀment, 8c le reile la ce que l’onappelle rendre des devoirs. i ii V Ces deux occupations me paroi;:trOient aufli infruâueufes qu’elf
les font fatiguantes, fila dernierçne me procuroit les moyens dem’initruire plus Lparticulierement
ides mages. de ce pays. I à’ mon arrivée en France , n’en- ’
êtïldant’ pis la langùé ,I je ne par. p
i ""â vais
![Page 251: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/251.jpg)
t m3vois juger que fur les dehorsspeninfluât: dans la maifon religieu-fe , je ne l’ai guère été davantage
a la campagne , où je n’ai vûqu’une mon; parriculiere , dontj’étois trop ennuiée pourl’e’xami-
à"; Ce’n’efi qu’ici, ou répandue
dans ce que l’on appelle le grandmonde, je vois la nation entiere.Ï Les’devoirs que nous rendons,Confifient à entrer en unjour dansie-plus grand nombre de mai-ions qu’il cil pofiible’ pour y ren-
dre &iy recevoir un tribut delouanges réciproques fur la beau-té du vifagejc de la taille , furl’excellence du goût 8c du choix
des parures. ,il Je n’ai pas été longtemsll’ans
m’appercevoir de la raifon quifait
prendre tant de peines, pour ac-
;i W"querit. .(.5
![Page 252: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/252.jpg)
I un 1Aquerir cet hommage g c’eût qu’il
faut nécelfairement le recevoir enperforme , encore n’ait-il que bienmomentané. Dès que l’on difpaq
roi: , il prend une autre forme.Les agrémens que l’on trouvoità celle qui fort, ne fervent plusque de comparaiion méprifanœpour établir les perfe&ions de cel-le qui arrive.A La cenfure en: le goût domi-nant des François, comme Pin.conféquence cil: le earaâére de la
nation. Leurs livres [ont la critin’que générale des mœurs , a; leu:
converfation celle de chaque par-atieulier, pourvû néanmoins qu’ils
foient abfens.n . Ce qu’ils appellent la mode n’a
point encore alteré l’ancien tirage
de dire librement tout le mal ne
Q3 ion
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t 2mPour pétré des autres , 8::fois celui que l’on ne penfe pas;Les-plus gens de bien" fuivent lacoutume; on! les diflingue feula.ment à une certaine formule d’a-À
pologie de leur francbife 8e deleur amour pour la vérité , aumoyen de laquelle ils révèlent fansIerupule les défauts, les ridiculesa; jusqu’aux vices de leurs amis.»-’ Silla’hfince’rité dont les Flan.
gais font ufage les uns contre lesautres, n’a point d’exception , de
même , leur confiance réciproque
cit fans borne. Il ne faut ni élo-quence pour fe faire croire. Toutcil: dit, tout sa, reçû avec la mê-
me légereté. .[Ne crois pas’ pour cela, moncher Aza ,1 qu’en général’les Bran-
:ois bien: nés méchanSfle ferois
.. v v ;- zaa.
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1 1.4; 3plus injuiie qu’eux fi jelteluifiis
dans l’erreur. t . - . r rNaturellement feniibles , ton.
cirés de la vertu , je n’en ai poins
vil qui écoutâtfans attendrilTe-sment l’hiiioire que l’on m’oblige
[auvent à.faire .de la droiture denos cœurs, de la candeur de nosfenümens 8e de la fimplieité denos mœurs; s’ils vivoient parminous , ils deviendroient vertueux al’exempleôe la coutume [ont le:
, tiransde leurs ufages. . aTel qui peule bien, médit d’un
abfent pour n’être pas mépriie’de
ceux qui l’écoutent. ,Telqautre (ce
rait bon, humain. fans orgueil,-s’ii, ne craignoit d’être ridicule,.8ç
tel cil; ridicule. par état qui feroittinamodêle de. perfeâions s’il nioit
" hautement avoir du L in;.-. J. A Q; l En:
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Ë :46 J
’ Enfin , mon cher Ara , leurivices font artificiels comme leursvertus, de la frivolité de leur ca-raétêre ne leur permet d’êtrequ’imparfaitement ce qu’il (ont;
Ainfi que leurs jouets de l’enfan-ce , ridicules inflitutions des êtresparians, ils n’ont, comme eux,qu’une reflemblance ébauchée avec
leurs modèles ; du poids aux yeux,de la légèreté au ta& , . la furface
colorée , un interieur informe , unprix apparent, aucune valeur réelle.Aufli ne font-ils eliimés par les auc
tres nations que eommeles jolies ba;I gatelles le font dans la fociété. Le
bon fensfouritàleursgentillefles&les remet froidement à leur place.» ’ Heureufela nation qui n’a quel:
nature pour guide , la Vérité peut
mobile à la vertu ont inti . ï-. a . Ë ” 1.23.
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un: i
LETTRE TRENTE-UNE.
L n’ell pas-furprenant ,monA cher Aza, que l’incouféquenfce fait une fuite du icaraâêre le?3er des François; mais je nepuisme: m’étonner de ce qu’avec au,-
tant 8L plus de lumieres qu’auc
ne autre nation, ils femblent nepas appercevoir les contradiâionschoquantes que les Étrangers re-marquent en eux dès la premier:
Vue. - yPar-mi le grand nombre de cel-les qui me frappent tous les jours,je n’en vois point de plus désire.
[non-ante pour leur efprit , que leurfaçon de penfer fur les femmes.Ils les refpeâcnt’, mouchetées,par en même- tems ils les mépri-
tu: avec un égal excès. La
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me? .1.t La Premiere gloiîde leur"relie; ou fi tu veux de leur vertu(carie racleur-en cannois" pointd’autre ) regarde les femmes.L’homme du plus haut rangdoitdes égards à celle de la plus vileYonditiou ,il fe couvriroit de hon;lré se de ce qu’on appelle ridicule5
. ’s’il lui faifoîtl quelque infulte pet?
:fon’nelle; Et cependant l’homme le
moins. cdnfidérable , le moins efiif’mé , peut tromper’, trahir une
Telnme de mérite", noircir fa ré?-Îpunition par des" c’alômnies,- fans
craindre ni blâme ni punition. A*- Si je’ïn’étois affurée que bientôt
«tu pourras en juger par toi-mé-’me, oferois-je te peindre des com-renfles; que la iîmplicité de nos es-
-prits peut à peine concevoir Ê Do-’Çiie au": notions de la nature , nei-
-.: lsi .. . 5,; ..sa
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[:149 33
I ne geais. ne va pas acidelà’; nousï
ayons trouvé que la; force 841:5courage dans un fexe , indiquoit:qu’il devoit être le foutien a: le»défini-eut de l’autre :, nos Lois y:
font conformes. * lei Idiu de com-Jpâtir à la foibleife des femmes,5Celles du peuple accablées de tramvailmn’eu font foulagées .ni par les
loix. ni parleurs maris ;:celles d’un?rang plus élevé , joua de la fé-nduâion ou de la méchanceté des;hommes , n’ont pour fe dédora-Ï
nager. de leurs perfidies , que -les.Îdehors d’un refpeâ purement iman-r
ginaire ,. toujours, fuivi A de la plus;
mordante fatyre. . . -Je m’étois, bien happerçue. en;
entrant dans le monde , que la cette,
I i Hfure:. tus Loirt dispenfoient. les femmes
travail pénible. y l
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[Î ara lw
fore habituelle de la nation tolu-5’boit principalement, fur les ’fem-i
sues, 8l que les hommes ,’ entre;eux, ne-fe méprifoieut qu’avecménagement : j’en cherchois la’
oeuf: dans leurs bonnes qualités,lorsqu’un accident rue-l’a fait du
couvrir parmi leurs défauts.î Dans toutes les maifous où nous
fommes entrées depuis deux jours,on a raconté la mort d’un jeunebaume tué par un de fes amis, àl’on approuvoit. cette aâion bar-s
hure, par la feule raifon , que lemort avoit parlé au défavantage
du vivant ; cette nouvelle extra-vagance me parut d’un caraélêre
effet férieux pour être approfon-7 die. Je m’informai , 8: j’appris,’
mon cher A23, qu’un homme cilobligé d’expofer la vie pour lara-
vif
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î fifi a]
.rir à un" autre , s’il apprend - «pie
cet autre a tenu quelques difcourscontre lui ; ou à fe bannir de léfocieté s’il refufe de prendre une
vengeancefi cruelle. Il n’en faitlut pas davantage pour m’ouvrirles yeux fur ce que je cherchois.lleii clair que les hommes natuôtellement lâches , fans honte 8cfans remords ne craignent que leipunitions corporelles, 8a. que ales femmes étoient - autorifées si
punir les outrages qu’on leur fait
de la même maniere dont ils [ontobligés de le venger de la plusleagere infulte, tel que l’on voit reçua: accueilli dans la forieté, ne feroitplus, ou retiré dans un defert, il ycacheroit fa honte a: fa mauvsifefoi : mais les lâches n’ont rien!craindre, liront trop bien fondé cet
...bus
![Page 261: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/261.jpg)
LI en 1 Afilms ’ponr le voir jamais abolir:,- L’impudeute dt l’elfronterie fou:
les premiers fentimens que l’on in»
fpirc-aux hommes, la timidité, ladouceur 8c la "patience , font lesfinies vertus quel’on cultive dansé
les femmes: comment ne feroient”-elles pas les vi&imes de l’impunité?
f1 0 mon-cher Aza! que les vicesbriillansd’une nation d’ailleurs chais
mante , ne nous dégoûtent pointde la naïve fimplicité de nos mœurs!
N’oublions jamais,toi, l’obligation
pû- tu es d’êtreÏmon exemple , mon
guide se mon. foûtien dans le che-min de la vertu par moi Celle où jefuis de conferves ton chime 8c tonamour, en imitant mon modèle ,. enle furpaifant même s’ileft Forum,en méritant un respeâ’fondé fur le
mérite à non pas :fmmnwfrivols
sillage. L572
4A .fi -....«:4
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l m J
m;ëLETTRE TRENTEDEUX. ï
N05 vifites.& nos fatigues ,-. mon cher Aaa , ne pouvoient:X
fe terminer plus agréablement;Quelle journée délicieufe j’ai paffé
hier! combien les nouvelles obli-Ïgarions que j’ai à Déterville 8: à:
fa futur me font agréables l mais:combien elles me feront chues,-quand je pourrai les partager avec-
toi i Q Aa Après deux jours de repos g:nous partîmes hier matin de l’a-rris , Céline , ion frere , fou mari de:moi , pour aller ,- difoir-elle , ren-dre une vifite à; la meilleure du,fcs amies. Le voyage ne fut paqlong , nous arrivâmes de trêsqbonne heurta une naïade cama
a; pagne
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a t tu .2pigne dont la lituation 8: les api"proches me parurent admirables amais ce qui m’étonna en y entrant,
fut d’en trouver toutes les portesouvertes , 8c de n’y rencontrer per-faune.r Cette maifon trop belle pour
être abandonnée, trop petite pourcacher le monde qui auroit dû l’ha-
biter, me paroilfoit un enchante-ment. Cette penfée me divertit ;jedemandai à Céline fi nous étions-chez une de Ces Fées dont elle m’a-
v.oit fait lire les biliaires, ou la mai-tr’elTeÏdu logis étoit inviiible ainfi
que les domefiiques. .- Vous la verrez , me répondit.
elle, mais comme des ailairesim-portantes l’appellent ailleurs poursoute la journée, elle m’a chargée
de vous engager à faire les honneurs
et a i 4°
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i .15 ade chez elle pendant [on abfenœ;Âlors , ajoutæt-elle en riant .rayons comment vous vous entirerez ? feutrai volontiers demieplaifanterie 5 je repris le ton fériaux
ou: copier les compliment quej’avais entendu faireen pareil cas.de l’on trouva que je m’en acquittai
airez bien. -v Après s’être amurée quelque
tems de ce badinage , Céline medit : tant de politeffe fui-liroit lParis pour nous bien recevoir gmais . Madame a il faut quelquechoie de plusà la campagne , n’auq
rez-vous pas. labouré de nous don.net à dîner?
4 Ahlfur ce: article , midis-je, jen’en (gais pas airez pour vous faitsfaire, 8e je commence à craindrapour, moivmême u 93e amiengÏ I M v3 Ç;- s’en
![Page 265: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/265.jpg)
Il: :46 Ï
A . .s’en Toit I trop rapportée i lune;
(oins-je fçais un remedesà Cela,répondît Céline , fi vous vouleifeulement prendre la peine d’écrire
votre nom , vous verrez qu’il n’efi
pas fidiificile que vous le penfe’z;
de bien régaler (es amies; masurereliure: , lui dis-je, aillons1 écri-vons promptement. t . ’Je n’eus pas plutôt prononcéces paroles,» que je vis" entreruu(nomme «en: de noir; qui tenoitune écritoire &- du pépier , déjàécrit; il me le préfenta, &j’y pla.
gai mon nom où l’on voulue; IDans l’infiant même; parut un
autre homme d’aile: bonne mine...qui nous invita felon le coutume,de parier avec lui dans l’endroit ou;l’on mange.-W Nous ly trouvâmes’l’un’e table
a r fervie
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l’ 517 I
firme avec autant de prôpfeté que
de magnificence ; à peine étionHnous allia qu’une mufique char.
mante (e fit entendre dans lachambre voifine , rien ne manaquoit de tout ce qui peut rendreun repas agréable. Déterville mé-
me fembloir avoir oublié fou ciné
grin pour nous exciter à la joie;il me parloit en mille manierade (es fentimcns pour moi , maistoujours d’un ton flatteur , fansplaintes ni reproches.
Lejour étoit ferein: d’un com-î
mon accord nous réfolumes denous promener en fartant de radble. Nous trouvâmes les jardinsbeaucoup plus étendus que lamaifon ne fembloit le promettraL’art&la fime’trie ne s’y fanoient
admirer que pour rendre plus« R tOIl’.
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(2581 .souchetas les charmes de la fimple
nature. v. Nous bornâmes notre courfedans un bois qui termine ce. beaujardin; affis tous quatre fur un gao ’
zou délicieux , nous commen-cions déjaà nous livrer à la rêve-
rie qu’infpirent naturellement lesbeautés naturelles , quand à tra-9ers les arbres, nous vîmes venirà nous d’un’côté une troupe de
payfans vêtus proprement à leurmanierc , précédés de quelquesinhumeras de mufique,& de l’autre
. me troupe de jeunes filles vêtuesde blanc , la tête ornée de fleurschampêtres , qui chantoient d’unefaçon rufiique, mais mélodieufe,des chaulons ,, où ’j’entendis avec
inprife, que mon nom étoit fou-vent répété.
’ Mon
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[259]Mon étonnement fut bien plus
fort , lorsque les deux troupes.nous ayant jointes (je-sis l’hommele plus apparent , quitter la fien-ne , mettre un genouil en terre,8: me préfenter dans un grandbaflin plufieurs clefs avec un com-pliment , que mon trouble m’em-pêcha de bien entendre; le com-pris feulement , qu’étant le chef
des villageois de la Contrée , il ve-noir me faire hommage en qualitéde leur Souveraine , de me pré-ienter les clefs de la maifon dontj’étais auflî la mairreiTe.
V Dès qu’il eut fini fa harangue,
il f: leva pour faire place à laplus jolie d’entre les jeunes filles.Elle vint me préfenter une gerbede fleurs ornée de rubans, qu’elle
accompagna suffi d’un petit dis-
z cours
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.[2601cours à ma louange , dont elle s’acâ
quita de bonne grace.J’étois trop confufe , mon, cher
Aza , pour répondre à des élogesque je méritois fi peu; d’ailleurstout ce qui fe paiTOit , avoit un tonfi approchant de celui de la véri-té , quepdans bien des momens;je ne pouvois me défendre decroire. (ce que néanmoins) jetrouvois incroiablc : cette pencfée en produifit une infinité d’au-
tres: mon esprit étoit tellementoccupé ,v qu’il me fut impoiiible de
proférer une parole: fi ’ma confu-
fion étoit divertiifante pour lacompagnie, elle ne l’était guères
pour mm. 4Déterville fur le premier qui enfut touché; il fic un ligne à [a[ce ut , elle (c. leva après avoir don-
I- ne
linï!à
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[26!)né quelques pièces d’or aux paï-
fans 85 aux jeunes filles ,.en leurdifant (que rc’étoit les prémices
de mes bontés pour eux) elle mepropoia de faire un tour de pro-menade dans le bois , je la fuivisavec plaifir , comptant bien luifaire des reproches de l’embarrasoù elle m’avoir mile ; mais jen’en eus pas le teins: à peineavions-«nous fait quelques pas ,qu’elle s’arrêta 8c me regardant
avec une mine riante , avouez;Zilia, me dit-elle, que vous êtesbien fâchée contre nous, 8: quevous le ferez bien davantage, fije vous dis , qu’il cil très-vraique cette terre 85 cette maiionvous appartiennent.I A moi, m’écriai-jel ah Cé-
line! vous pouiiez trop loin l’ou-
" R 3 nage,
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[v 26:. 1
trage , ou la plaifanterie. Atten-udez , me dit-elle plus férieufe-ment, fi mon frère avoit dispoféde quelques parties de vos tré-fors pour en faire l’acquifition , 8equ’au lieu des ennuieufes formali-tés , dont il s’eil: chargé , il ne vous
eût refervé que la furprife , noushaïriezuvous bien fort? ne pour-riezovous nous pardonner de vousavoir procuré ( à tout événement)
une demeure telle que vous avezparu l’aimer , 8c de vous avoirsaurée une vie indépendante 2Vous avez ligné ce matin l’acteauthentique qui vous met en poil[calen de l’une a: l’autre. Grondezc
nuas à préfent tant qu’il vous plais
ra , ajouta-t-elle en riant , fi riende tout cela ne vous cil agréable.
Ah, mon aimable amie l m’év
criai-je;a
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[ 7-53 Il
criai-je , en me jettant dans [cebras. Je (eus trop vivement desfoins fi généreux pour vous en.
primer ma reconnaiiiance; il neme fut poilible de prononcer quece peu de mots; j’avais fentid’abord l’importance d’un tel fer-
vice. Touchée, attendrie, trans-portée de- joie en penfant au.plai..fir que j’aurais de te couinerezcette charmante demeure; la mul-titude de mes fentimens en étouf-foit l’expreflion. je faifois à Cé-line des careiies qu’elle me ren-
doit avec la même tendreiTe; &après m’avoir donné le tems de
me remettre , nous allâmes re-trouver fon frère Br fan mari.
Un nouveau trouble me faiiiten abordant Déterville , 85 jettaun nouvel embarras dans mes ex-
pteilious
![Page 273: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/273.jpg)
r 264 J
prenions; je lui, tendis la mainil la baifa fans proférer une parsole , 8c Te détourna pour cacher(les larmes qu’il ne put retenir,à que je pris pour des figues dela fatisfaâion-qu’il avait de mevoirfi contente; j’en fus-attendriejusqu’à en verfer aufli quelques,unes. Le mari de Céline, mainsintereiié que nous , a. ce qui lepailloit, remit bientôt la couver?fation fur le ton. de plaifanterie;il me fit des complimens, fur manouvelle dignité , 8: nous enga-gea à retourner à la maifon pouren examiner , difoit-il , les dé?fauts , 8c faire voir à Détervilleque fan goût n’était pas aufli sûr
Qu’il s’en flattoit.
A Te ramonerai: je , mon cherAI; . sans ce qui s’otïric à mon
’ palle:
![Page 274: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/274.jpg)
.f265]paiTage me parut prendre une nousvelle forme ; les fleurs me fem-bloient pluslbelles, les arbres plusverds , la fimétrie des jardins mieuxordonnée.
je trouvai la maifon plus rian-te, les meubles plus riches, lesmoindres bagatelles m’étaient de-venues intérciiantés.
Je parcourus les appartemensdans une yvreiÏe de joie, qui netme permettoit pas de rien éxami-net; le feul endroit oùje m’arrêtai,
fut dans une allez grande cham-bre entourée d’un grillage d’or,
légéremcnt travaillé , qui renier-
niait une infinité de Livres detoutes couleurs , de toutes formes ,8c d’une propreté admirable 3j’étais dans un tel enchantement,
que je craiais ne pouvoir les (luit-w
a ter
![Page 275: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/275.jpg)
[:66]ter fans les avoir tous ras. Célinem’en arracha, en me faifantfou-venir d’une clef d’or que Déter-
. ville m’avait remife: Nous cher-châmes à l’employcr , mais nos
recherches auraient été inutiles,s’il ne nous eût montré la porte
qu’elle devoit ouvrir, confondueavec art dans les lambris ; il étoitimpoiïible de la déconvrir fans enfavoir le iceret.
je l’ouvris avec précipitation,
a: je reliai immobile à la vue desmagnificences qu’elle renfermait.
C’était un cabinet tout bril-lant de glaces 8e de peintures:les lambris à fond verd , ornés defigures extrêmement bien délii-nées , imitaient une partie desjeux 8c des cérémonies de la ville
du Soleil, tellesàpeu près quelje
. C3
![Page 276: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/276.jpg)
[267].les avois racontées à Déterville,
On y voyoit nos Vierges re-préfentées en mille endroits avec
le même habillement que je por-tois en arrivant en France; on di-foit même qu’elles me reflem-bloient.
Les arnemens du Temple quej’avais laiffés dans la maifon Re-
ligieufc , foutenus par des Pira-mides dorées , ornoient tous lescoins de ce magnifique cabinet.La figure du Soleil fufpendue aumilieu d’un plafond peint des plusbelles couleurs du ciel , achevoitpar fan éclat d’embellir cette char-
mante falitude : 8; des meublescommodes alfartis aux peinturesla rendaient délieieufe.
En éxaminant de plus près ceque j’étais ravie de retrouver , je
’ m’ap-
![Page 277: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/277.jpg)
E 268 ]m’apperçus que la chaife d’ory
manquoit : quoique je me gar-dafTe bien d’en parler, Déterville
me devina ; il faifit ce momentpour s’expliquer : vous cherchezinutilement, belle Zilia, me dit-il, par un pouvoir magique lachaife de l’Inca, s’ei’c’ transfor-
mée en maifon , en jardin , enterres. Si je n’ai pas employé m1propre fcience à cette métamor-phofe, ce n’a pas été fans regret,
mais il a fallu refpeôter votre dé-licateile; voici, me dit-il, en ou-vrant une petite armoire (prati-quée adroitement dans le mur, )Voici les débris de l’opération ma-
gique. En même-tems il me fitVoir une taffetas remplie de. pié-lces d’or à l’ufage de France. Ce-
ci vous le igavtz, continua-t-il,
a . - » u’ell
![Page 278: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/278.jpg)
[ 269 J.n’elt- pas ce qui cil: le moins né;
ceiiaire parmi nous , j’ai cru de-
voir vous en conferver une petiqte provifion.* je commençoisà lui témoignerma vive recannoiffance 8e l’ad-miration que me caufoient desfoins fi prévenans; quand Célinem’interrompit 8: m’entraina dansune chambre à côté du merveil-
leux cabinet. je veux auiïi, medit-elle , vous faire vair la puif.fanée de m’on art. On ouvrit degrandes armoires remplies d’étof.
fes admirables , de linge, d’aju-llemens, enfin de tout ce qui cil;à. l’ufage des femmes , avec une
telle abondance , que je ne pûtm’empêcher d’en rire 8c de deman-
der à Céline , combien d’an-tuées elle vouloit que je vécufTe
’ h pour
![Page 279: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/279.jpg)
[:70]pour employer tant de belles chaifes. Autant que nous en vivronsmon frere 8c mai , me répondit-elle : 8c moi, repris-je, je délireque vous viviez l’unôc l’autre au-
tant que je vous aimerai, 8c vousne mourrez allurément pas les pre-
miers. .En achevant ces mats, nous reo.tournâmes dans le Temple du So-leil (c’eft ainfi qu’ils nommerent
le merveilleux Cabinet. )j’eus en-fin laliberté de parler , j’expri.
mai, [comme je le fentois,les fen-timens dont j’étais pénétrée. (luci-
lc bonté! Que de vertus dans lesprocédés du frere a: de la fœur!
. Nous paiiâmes le relie du jourdans les délices de la confiance a:de l’amitié; je leur fis les hon-neurs du loupé encore plus gaie-
ment
![Page 280: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/280.jpg)
l 271-1ment que je n’avais fait ceux du,dîner. j’ordonnais librement à
des domeiiiques que je favois êtreà moi; je badinais fur mon auto-rité de mon; opulence; je fis toutce qui dépendoit de moi, pourrendre agréables à mes bienfai-teurs leurs propres bienfaits.
je crus cependant m’apperce-voir qu’à.mefure quelc tems s’é-
cauloit, Déterville retomboit dansfa mélancolie, 8c même qu’il écha-
poir de tems en tems des larmesà Céline; mais l’un 8c l’autre re-
prenoient fi promptement un airferein , que je crus m’être trompée.
je fis mes efforts pour les en-gager â jouir quelques jours avecmoi du bonheur qu’ils me procu-roient. je ne pus l’obtenir; nousfemmes revenus cette nuit, en
nous
![Page 281: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/281.jpg)
[ ’27! ï
nous promettant de retourner i113ceffamment dans mon Palais en-chanté.
- O, mon cher Aza, quelle ferama félicité , quandle pourrai l’ha-
biter avec toil
Œûôtbtbtbûûv QŒŒŒWË’Q
anneauŒŒŒWP
nous:4747W
(bût
Û
LET-
![Page 282: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/282.jpg)
t 2’73 l
l LETTRE TRENTE- TROIS.
A trifieffe de Détervilleôt defa fœur., mon cher Aza, n’a
fait qu’augmenter depuis notreretour de mon Palais enchanté sils me font trop chers l’un 8c l’au-
tre pour ne m’être pas emprelfée
à leur en demander le motif; maisvoyant qu’ils s’abilinaient à me
le taire, je n’ai plus douté que
quelque nouveau malheur n’aittraverfé ton voyage , 8c bien-tôtmon inquiétude a fur-paifé leurchagrin. je n’en ai pas diifimulé
la caufe, 8c mes aimables amis nel’ont pas laiifé durer langtems.
Déterville m’a avoué qu’il avoit
refolu de me cacher le jour de tonarrivée, afin de me furprendre, mais
S que
![Page 283: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/283.jpg)
i :74 3que mon inquiétude lui faifoitabandonner fan deffein. En effet,il m’a montré une Lettre du gui-de qu’il t’a fait donner, le par le
calcul du teins de du lieu au ellea été écrite, il m’a faiteompren’o’
dre que tu peux être ici aujour-d’hui , demain,dans ce momentmême ;enfin qu’il n’y a plus de
rams à mefurer jusqu’à celui qui
comblera tous mes vœux.Cette prmniere confidence fai-
te, Déterville n’a. plus héfité de
me dire tout le telle de mes ar-rangemens. Il m’a fait vair l’ap-
partement qu’il te deiline , tu la-jg’eres ici , jusqu’à ce qu’unis en-
femble, la décence nous permet-te d’habiter mon délicieux Châ-
teau. je ne te perdrai plus de vue,rien ne nous fripasse; Détervil-
le?
![Page 284: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/284.jpg)
t 27; lle a pourvu à tout , de m’a sansVaincue plus que jamais de l’exo;cês de fa généralitérl
Après de: éclairciifement,je necherche plus d’autre caufe àla tris;
telle qui le dévore que ta planchaitne arrivée. je le plains : je com.patis a fa douleur, je lui fouliaiteun bonheur qui ne dépende pointde mes fentimens, de qui faitunedigne récompenfe de fa Vertu.-
je diliimule même une partiedes transports de ma joie pour nepas irriter fa peine. C’eit tout ceque je puis faire; mais je fuis trOpoecupée de mon bonheur pour lerenfermer entierement en moi-même : ainfi quoique je ce croiefort près de moi , que je ramilleau moindre bruit , que j’inter-rampe ma Lettre prefque à cha-
2. que
![Page 285: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/285.jpg)
E Z75 J jque mot pour courir à lafenétre,’
je. ne laii’fe pas de continuer àécrire, il faut ce foulagemen’t au
tranfport de mon cœur. Te es plusprésidelmoi, il cil. vrai; mais tonabfence en cil-elle moins réelleque fi les mers nous féparoientencore? je ne te vois point , tu nepeux m’entendre , pourquoi celie-
roisvje de m’entretenir avec toi dela feule façon dont je puis le faire P
encore un moment , &je te verrai;mais ce moment n’exiile point. Eh?
puis-je .mieuir employer ce qui merelie de tan abfence , qu’en te pei-
gnant la vivacité de ma tendreffe!VHélasltu l’as vue toujours gémif-
faute. (au ce tems cil loin de moi!avec quel tranfpott il fera effacédemon fauvenir l Aza, cher Aza lque ce nom en doux l bientôt je
’ ’ ’ ne
![Page 286: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/286.jpg)
[7-77]fit t’appellerai plus en vain ’, tum’çntendras , tu voleras à ma voix:
les plus tendres expreffions de moncœur feront la récompenfe de toi!empreiTement .. . . On m’inter-rompt, ce n’cü pas toi , 8: «par:
dan: il faut que je te quitte.
wüùùüüùüùüùmù
maman.üùùtfitfilm!!!
à!
a.
![Page 287: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/287.jpg)
(27H
LETTRE TRENTE -.QUATRE
Au CluYALlER Déruwus,
,4 Malthe.
le-vous pû ,. Monfieur,prévoir fans repentir le cha-
grin mortel que vous deviez join-du: au bonheur que vous me pré-
latin? Comment avez-vous enla cruauté de faire précéder votre
départ par des çîrçonfiances fi
agréables *, pat du motifs de re-connpifiance fi prçflan’s, à moins
que ce ne fût pomme rendre plusienfible à votre dçfefpoir a; in-tre abfcnce? comblée il y a deuxjours des douceurs de l’amitié, j’en
’ firman aujourd’hui les peines les
pas amuse .’ * c Î . ce”.t
![Page 288: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/288.jpg)
[ 279 3* Céline toute affligée qu’elle cit
n’a que trop bien exécuté vosordres. Elle m’a préfenté Aud’une main , a: de l’autre vouecruelle Lettre. Au comble de mesvœux la douleur ses fait fentirdans mon ame ; en retrouvantl’objet de ma tendrefie , je n’ai
point oublié que je perdois ce-lui de tous mes autres fentimens.Ah, Déterville l que pour cettefois votre bonté cil inhumaine!mais n’efperez pas exécuter jufqu’à
la fin vos injufles réfolutions;non , la mer ne nous féparera pasà jamais de tout ce qui vous citcher ; vous entendrez prononcermon nom , vous recevrez mesLettres , vous écouterez mesprie-res; le fané 8: l’amitié reprendront
leurs droits fur votre cœur; Vous
l S 4 ’ vous
![Page 289: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/289.jpg)
[28°]vous rendrez à une famille à la;quelle je fuis refponfable de votre,
perte. I AQuoi l pour récompenfe detant de bienfaits , j’empoifonnc-rois vos jours 8c ceux de votre(beur! je romprois une fi tendreunion l je porterois le défefpoirdans vos cœurs, même enjouif-fan: encore de vos bontés! non,ne le croyez pas , je ne me voisqu’avec horreur dans une maifonque je remplis de ,deuil; je recon-nois vos foins, au bon traitementque je reçois de Céline, au mon.ment même où je lui pardonne-rois de me haïr; mais quels qu’ils(oient, j’y renonce, 8: je m’éloi-
gne pour jamais des lieux que jene puis faufil-k, fivous n’y un...ne?! que vous êtes aveugle, Dé,
«nille! " , 041:1.
![Page 290: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/290.jpg)
[28:]Quelle erreur vous entraîne
dans un deiTein fi contraire à vosvues? vous vouliez me rendre heu-reufe , vous ne me rendez quecoupable ; vous vouliez léchermes larmes, vous les faites cou;ler, 8e vous perdez par Notre éloi-’
gnement le fruit de votre facrifice.Hélas l peut-être n’auriez-vous
trouvé que trop de douceur dansxcette entrevue , que vous avezcru fi redoutable pour vous l CetAza , l’objet de tant d’amours,n’efi plus le même Aza, que jevous ai peint avec des couleursfi tendres. Le froid de (on abord,l’éloge des Efpagnols , dont cent
fois il a interrompu le plus doux:épanchement de mon ame; la eu-riofité offenfante, qui l’arrache à
mes tranfports , pour ,vifiter lesraretés de Paris: tout me fait
falot l I
![Page 291: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/291.jpg)
[ 28:]craindre des maux dont mon cœurfrémit. Ah, Déterville! peut-êtrene ferez-vous pas longtems le plusmalheureux.» Si la pitié de vous-même ne
peut rien fur vous , que les de-voirs de l’amitié vous raniment;elle cil: le (cul aile de l’amour in-
fortuné. Si les maux que je re-doute alloient m’accabler, quelsreproches n’auriez-vous pas à-vous
faire ? Si vous m’abandonnez, où
trouverai-je des cœurs fenfiblîsà mes peines P La générofité , jui-
qu’ici la plus forte devos pallions,céderoit-elle enfin à l’amour me-
content P Non je ne puislecroire;cette foibleife ’feroit indigne devous; vous êtes incapable de vous ylivrer; mais venez m’en convaincre,
fi vous aimez votre gloire a: mon
repose L E T-
![Page 292: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/292.jpg)
(1-331
M* LETTRE TRENTE-CINQ.
’ 1AU Cusvaun. Dsrsuvuu,A Malthe.
I vous. n’étiez la plus noblc
des créatures , Monfieur , jeferois la plus humiliée; il vousn’aviez l’ame la plus humaine , le
coeur le plus compatiflant , a.roitvce avons que je ferois l’aveu
a de ma honte 8e demon défefpoir?Mais hélas l que me telle- t- il àcraindre P qu’aiv je à ménager? tout
cil: perdu pour moi.Ce n’ell: plus la perte de ma li-
berté , de mon rang , de ma pa-trie que je regrette; ce ne (ont plusles inquiétudes d’une tendreiïeinnocents gui m’arrachent des
pleurs;
![Page 293: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/293.jpg)
t 234 1pleurs; c’cfi la bonne foi violée;c’cil: l’amour mépriféqui déchire
mon ame. Aza cil infidéle.Aza infidéle ! Que Ces funelles
mots ont de pouvoit fur imaname. . . . mon fang le glace . . . .un torrent de larmes . . . . . . v-
J’appris des Efpagnols à cannoi-
tre les malheurs g mais lejdernierde leurs coups cil: le plus fenfible :ce font eux qui m’enlevent lecœur d’Aza; c’eil leur cruelle Ré-
ligion qui me rend odieu’fe à lesyeux. Elle approuve, elle ordonnel’infidélité, la perfidie, l’ingrati-
tude; mais elle défendl’amour deles proches. Si j’étois’ étrangere,
inconnue , Aza pourroit m’aimer :
unis par les liens du fang, il doitm’abandonner, m’ôter la vie fans
honte, fans regret, fans remords.Helas l
r. tel-J
![Page 294: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/294.jpg)
[z85lHelas! tout: bizarre qu’en cet-3
te Réligion , s’il n’avoir fallu que
l’embraller pour retrouver le bienqu’elle m’arrache (fans corrom-
pre mon cœur par (es principes )j’aurais fournis mon efprit à lesülufions. Dans l’amertume de moname, j’ai demandé d’être infimi-
te; mes pleurs n’ont point étéI écoutés. Je ne puis être admire
dans une foeieté li pure r, fansabandonner le motif qui me clé-itermine, fans renoncer à. maten-drefre, c’efl-â-dire fans changermon éxiftence.
Je l’avoue, cette extrême révé-
rite’ me frappe autant qu’elle me
revolte, je ,ne puis refufer uneforte de vénération ides Loi: quime tuent, mais cit-il en mon pou- nvoir de les adopter? Et quand je
les
![Page 295: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/295.jpg)
f :86 Illes adopterois , que! avantage m’en
reviendroit-il P Aza ne m’aime.plus; ah! malheur-enfe. . . . . .
Le cruel An n’a confervé de
la candeur de nos mœurs, que lerespeét pour la vérité,dont il fait
un fi funefle ufage. Séduit parlescharmes d’une jeune Efpagnole;prêt à s’unirà elle, il n’a confenti’
à venir en France que pour fe dé-gager de la foi qu’il m’avoir ju-
rée, que pour ne me-laiiler aucundoute fur les fentimens; que pourme rendre une liberté que je dé.
telle ; que pour m’bter la vie.’ Oui , c’ell en vain qu’il me rend
î’moi-méme, mon cœur efi’à lui,
il y fera jufqu’â la mort.
’Ma vie lui appartient, qu’il mela ravifie 8e qu’il m’aime . . . . . .
Vous fçaviez monzmalhseur, pour-
’ quoi
![Page 296: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/296.jpg)
[:873quoi ne me l’aviez -vous éclairciqu’à. demi P Pourquoi. ne me huilâ-
tes-vous entrevoir que des roup-sans qui me rendirent injufic avotre égard V? Eh pourquoi vousen fais-je un crime P Je ne vousaurois pas cru : aveugle ,* préve-nue ,j’aurois été moi-même au-de-
vaut de ma funelle defiinée, j’au-
rais conduit fa viâime à ma Ri-vale, je ferois à préfent .....O Dieux, (aurez-moi cette borde.
ble image! ..... ’Déterville , trop généreux ami!
fuis- je digne d’être écoutée P
fuis-je digne de votre pitié p? Ou-bliez mon injullice;plaignez unemalheureufe dont l’ellime pourvous cil: encore au-delTus de fafoibleEe pour un ingrat.
LET.
![Page 297: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/297.jpg)
t :88 J
MLETTRE TRENTE-SIX.r
AU CHEVALIER DsrsuerLs,
È Malthe.
P U 1 s (La a vous vous plaignez.de moi, Monfieur, vous igno-
rez l’état dont les cruels foins deCéline viennent de me tirer. Com-ment vous aurois-je écrit P Je nepenfois plus. S’il m’était relié
quelquefentiment, fans doute laconfiance en vous en eût été un;
mais environnée des ombres de lamort, le fang glacé dans les vei-nes, j’ai longtems ignoré ma pro-
re éxillence ; j’avois oublié juil-
qu’à mon malheur. Ah , Dieux!pourquoi en me rappellant à la-viem’a-t-on rappellée à ce flanelle
(cuverait. v Il
![Page 298: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/298.jpg)
[:89]Ï Il eil parti! je ne le verrai plus!
il me fuit, il ne m’aime plus , ilme l’a dit: tout cil fini pour moi.
Il prend une autre Epoufe , ilm’abandonne, l’honneur l’y con-
damne; eh bien , cruel Aza , puif-que le fantallique honneur del’Europe a des charmes pour toi,’que n’imites-tu auflî l’art qui l’au,
compagne!Heureufe Françoife , on vous
trahit ; mais vous jouïflez long.tems d’une erreur qui feroit à pré.
leur tout mon bien. On vous pré-pare au coup mortel qui me tue.Funefize fincérité de ma. nation,vous pouvez donc celTer d’êtreune vertu? Courage , fermeté,Vous êtes donc des crimes quandl’occafion le veutP
i Tu m’as vû’ ses pieds , bar-
’ T barel
![Page 299: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/299.jpg)
299 Ilbars Aza, tu les as vils baignésdemes larmes , 8c ta fuite . . . . .-Moment horrible ! pourquoi tonfouvenir ne m’arrache-t-il pas lavie?i Si mon corps n’eût iuccombé
ions l’effort de la douleur , A2:ne triompheroit pas de ma foi.bielle . . . . . Il. ne feroit pasparti (cul. je ce fuivrois , ingrat,je te verrois , je mourrois duinoins a tes yeux.
Déterville, quelle foiblelTe fa-tale vous a éloigné de moiPVousm’euffiez recourue; ce que n’a pü
faire le défordre de mon délefpoir ,
votre raifon capable de perfuader,l’auroit obtenu ; peut-être Azaferoit encore ici. Mais, ô Dieux!déja arrivé en Efpagne au comble
de (es voeux .....Regrets inuti-
’ les,
![Page 300: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/300.jpg)
’[ :391 il
’ des, défefpoir infruétueux ’,’ "douê
leur, accable-moi.Ne cherchez point , Monficur,
à fui-monter les obflacles qui vous:retiennent à Malthe , pour reve-nir ici. QI’y feriez-vous P fuyezune malheurcufe qui ne (en: plusles bontés que l’on a pour elle,
..qui s’en fait un fapplice, qui ne
veut que mourir. k
essesassaÎ?
a
T a LET-
![Page 301: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/301.jpg)
l’ 291 il]
LETTRE TRENTE - SEPT. ’
R Afiurez-vous , trop généreuxami, je n’ai pas voulu vous
écrire que mes jours ne fuirent enfureté , 81 que moins agitée, je nespufTe calmer vos inquiétudes. Je’vis; le ’deflin le veut, je me fou
mets à les loba A .-Les foins de votre aimable
fœur m’ont rendu la fauté, quel-
ques retours de raifon l’ont fou-tenue. La certitude que mon mal-heur eit fans reméde la fait le relie.Je (gais qu’Aza cil arrivé en Ef-
pagne, que (on crime cil conform-mé ; ma douleur n’ell pas éteinte,
mais la caufe n’eli plus digne demes regrets ; s’il en relie dans moncœur. ils ne [ont dus qu’aux pei-
il; 5 * ne:
![Page 302: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/302.jpg)
[1.931nes que je vous ai caufées, qu’àmes erreurs, qu’à l’égarement de,
ma raifon. , A ,Hélas l à. mefure qu’elle m’é-,
claire , je découvre ion impuif-aæfance , que» prunelle fur une auredéfolée P L’excès de la douleur.
nous rend. la foiblelTe de notrepremier âge. Ainfi que dans l’en-y
fance , les objets feula ont du pou-voir fur nous ; il femble que lavue fait le (cul denos feus qui aitune communication intime avecnotre ame. J’en ai fait une cruelle
expérience. V lEn fortant de la longue 8c acn-cablante léthargie-où me plongeale départ d’Aza , le premier defirque m’infpira la nature fut de me
retirer dans la folitude que je doisà votie prévoyante bonté z ce ne
i Tu:
![Page 303: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/303.jpg)
r 294 I
fut pas fans peine que j’obtins desCéline la permillion de m’y faire-
conduire; j’y trouve des feeourscontre le défefpoir que le monde8: l’amitié même ne m’auroient
jamais fournis. Dans la maiion devoue lueur fes difcours confolansne pouvoient prévaloir fur lesobàjets qui me retraçoient fans Cellela perfidie d’Aza.
La porte par laquelle Célinel’amena dans ma chambre le jourde votre départ 8: de (on arrivée;le fiég’e fur lequel il s’allit, la pla-
ce ou il m’annonça mon malheur;
ou il me rendit mes Lettres, jui-qu’a fou ombre effacée d’un lame
bris ou je Pavois vu le former",tout faifoit chaque jour de nou-velles plaies à mon cœur. *I Ici je ne vois rien qui ne me
j I" rar-
![Page 304: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/304.jpg)
t 29s lrappelle des idées agréables que j’y
reçus à la premiere vue; je n’y re-’
trouve que l’image de votre amitié
8e de celle de votre aimable (rieur.Si le fouvenir d’Aza fe préfente
à mon efprit, c’elt fous le même
afpeâ ou je le voyois alors. "Jecroisyattendre (on arrivée. Je meprête âcette illufion autant qu’el-le m’eit agréable; fi elle me quit-d
te , je prends desLivres , je lis d’a.
bord avec effort, infenfiblementde nouvelles idées enveloppentl’affreufe vérité qui m’environne ,
de donnent à la fin quelque relacbe
à ma trillelle. ’ I ’A L’avouerai-je , les douceurs’de
la liberté le préfentent quelquefois
à mon imagination , je les écoute jenvironnée d’objets agréables w,
leur-propriété a des charmes que
A T 4 je
![Page 305: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/305.jpg)
[296]I je m’eEorce de goûter: de bonne
foi avec moi-même je compte peufur ma railon. Je me prête à mesfoibleiTes, je ne combats celles demon cœur, qu’en cedant à celles
de mon efprit. Les maladies del’ame ne (ouïrent pas les remedes
violeus. Il,-Pcut-étre la l’allueul’e décence
de votre nation: de permet-elle pasàrnOn âge, l’indépendance 8: la fo-
lirude ou je vis; du moins toutesles fois que Céline me vient voir,veut-elle me le perfuader ; mais elleïne m’apas encore’donné d’aile: for-
tes raifons pour me convaincre demon tort; la véritable décence cil:dans mon cœur, Ce n’eft point au
fimulacte de la vertulque je rendshommage , c’ell à la vertu même.Je la prendrai toujours pour juge 8c
, t. L. lm"
![Page 306: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/306.jpg)
E 297 J
r guide de mes aôtions. Jeluifacre ma vie, 8c mon cœur à
l’amitié. Hélas! quand y regnera-
t-elle fans partage 8c fans retour?
poucon
a
Éden........ ehühmflumëmuhmïww «aun...» sa "am. a. en.»"au." hammam a se .1
l DE)?
![Page 307: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/307.jpg)
4 [1298.]; I
mLETTRE Hammams: L(r dentines
la Caravanes Dsrauvlue,à Paris.
l E reçois presque. enlpméme-A tems , Moufieur , la nouvelle de
votredépart de Malthe 6e celle de
Votre arrivée à Paris. .041elqueplaifir que je me faire de vous re-VOir, il ne peut Curmonter le chapgrin que me caufe le billet que vousm’écrivez en arrivant.
(moi , Déterville l après avoirpris fur vous de dillimuler vos [en-timens dans toutes vos Lettres,après m’avoir donné lieu d’esperer
que je n’aurais plus à combattreunepçliion qui m’aillige , vous
i vous
![Page 308: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/308.jpg)
Ë 199]vous livrez plus que jamais à in.violence.
A quoi bon aficéter une déférena
ce pour moi que vous démentez aumême imitant-P Vous me demandez.
la permillion de me voir , vousm’ailurez d’une foumiflion aveugle
à mes volontés, 8c vous vous ef-forcez de me convaincre des lenti-mens qui y Tout les plus Oppofés,qui m’ofi’enfentnnfin que je n’ap-
prouverai jamais. jMais puisqu’un’faux espoir vous
réduit , puisque vous abufez de maconfiance 8c de l’état de moname, il faut donc vous dlre’quel-les [ont mes réfolutio’ns plus iné-
branlables que les vôtres.
C’ell en vain que vous vousflatteriez de faire prendre à. mon
soeur de nouvelles chaînes. NE:
bon:
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[ 300;],bonne foi trahie ne dégage pas mes.fermens ; plût au ciel qu’elle me.fît oublier l’ingrati maishquandlel’oublierois , fidèle à . moi-même ,p
je ne ferai point parjure. Le cruelAu abandonne un bien qui luifut cher ; les droits fur moi n’en[ont pas moins (actés e je puisguérir de ma pallioit, mais le n’en
aurai jamais que pour lui : toutce que l’amitié iufpire de (enti-ment [enta vous, vous ne la par-tagerez avec performe , je vousles dois. Je vous les promets; j’yferai fidéle; vousjouïrez au même
degré-k de ma confiance 8c de mafincerité; l’une 8c l’autre feront f ans
bornes. Tout ce que l’amour a de-.Veloppé dans mon cœur défend-
mens vifs de délicats tournera auprofit de l’amitié. Je’vous lamerai
n; . voir
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"[ "30’! l
voir avec une égale franchife le redgret de n’être point née en Fran-
ce, & mon penchant invinciblepour Aza; le defir quej’aurois devous devoirl’avantage de penfer;de mon éternelle reconnoiflanœpour celui qui me l’a procuré.Nous lirons dans nos amest la con-fiance (çait suffi-bien que l’amour
donner de la rapidité au tems. Ilcit mille-moyens de rendre l’amitié
intérelTante 8c d’en chauler l’ennui.
Vous me donnerez quelque con-noilTanCe de vos fciences de de vosarts; vous goûterez le plaifir de lafupériorité 3 je le reprendrai endéveloppant dans votre’eœur des
vertus que vous n’y connoiliezpas. Vous ornerez mon efprit dece qui peut le rendre amufant,vous jouirez de voue ouvrage; je
’ tache-4.
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I sa: î
(achetai’dc vous rendre agréables
Je: charmes naïfs de la fimple ami-;rié, 8c je me trouverai heureufe d’y
«un.Céline. en nous partageant fa
tendreile répandra dans nos entre-tiens la gaieté qui pourroit y man.-quer : que nous relieroit-ilàdefi-rer P
Vous craignez en vain que lafolitude n’altere ma fauté. Croyez.
.moi , Déterville, elle ne devient ja---mais dangereuie que par l’oifiveté.
.Toujours OCCupée, je [gainai mefaire des plaifirs nouveaux de toutme que l’habitude rend infipide.
Sans approfondir les fecrets de.ia nature, le [impie éxamen de fesmerveilles n’eût-il pas [umlautpour » varier 8c renouveller fans
n un": des. occupations toujours’ 4 4 agréas.
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[.1303 il
agréables? La vie iu’flit-elle poing.
acquérir une connoiliancelégere,mais intéreflante de l’univers, de
ce qui m’environne , de ma propreêxiflenceP
Le plaifir d’être; ce plaifir ou-blié , ignoré même de tant d’a-
veugles humains ; cette penfée fidouce, ce bonheur fipur, je fuir,je ’Ui: ,j’e’xijIe , pourroit (cul rendre
heureux , fi l’on s’en louvenoit, fi
1’on en jouilToit, fi l’on en con-1noili’oit’le prix.
Venez , Déterville , Venez ap-prendre de moi à économifer lesrelionrces de notre ame, & lesbienfaits de la nature. Remontezaux fentimen’s tumultueux deflru-
&eurs imperceptibles de notreêtre ; venez apprendre à con-naître les plaifirs innocens 8e duo"
tables,
![Page 313: Notes du mont Royal ← · me dérober à leurs regards. je formai le delTein de .fortir du Temple , de me faire conduire à ton Palais , de demander au Capa Inca * du. fecours 8c](https://reader034.fdocuments.net/reader034/viewer/2022042216/5ebf018bc408046d5f491b8f/html5/thumbnails/313.jpg)
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raines. venezien jouir avec moi gVous trouverez dans mon cœur,dans mon amitié, dans mes lenti-mens tout ce qui peut vous dé-dommager de l’amour.
FIN.
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