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Page 1 sur 14 Sortie GNE des 17 au 19 avril 2018, autour du Mont-Saint-Michel. N’attendez pas de moi, de ne parler que du Mont-Saint-Michel, les guides le font mieux que moi, il suffit que vous les consultiez pour vous en rendre compte. Par contre dans ce texte, je vais vous parler de la Normandie, une province méconnue dans les Pays de Loire, plus tournés vers la Bretagne que vers cette belle région qui est la : Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie §§§§§ §§§§§ Les Francs constituent un peuple germanique apparaissant sous forme de confédération. C’est en 254 que commencent les incursions de Francs dans l’Empire romain. Ils dévastent Cologne en 388, mais sont battus par les Romains. Après la mort d’Aetius (425-455), ils franchissent les limes du Rhin et s’emparent de diverses villes dont Mayence. Par la suite, dans le nord de la France, les Francs se répartissent en un grand nombre de principautés pendant que le sud est dominé par les Visigoths, les Burgondes, les Ostrogoths. Les Francs saliens se regroupent en un royaume autour de Tournai. Le premier Franc salien pouvant être considéré comme roi est Clodion le Chevelu (~400-448) qui pérennise la dynastie des Mérovingiens. Clovis (465-511) devient leur roi en 481Et la dynastie carolingienne n’arrive qu’en 752, avec l’accession au trône de Pépin le Bref (~715-768), et les Capétiens directs, avec Hugues CAPET (~941-996), roi de 987 à 996. Les barbares normands sont déjà installésL’écu rouge à deux léopards jaunes tournant la tête de face, blasonné de gueules à deux léopards d’or l’un sur l’autre, est l’emblème héraldique de la Normandie continentale. Dans les îles Anglo-Normandes, les deux bailliages de Jersey et de Guernesey qui constituent la Normandie insulaire portent un blason à trois léopards, comme celui de Richard I er d’Angleterre (Richard Cœur de Lion), roi d’Angleterre et duc de Normandie. Savoir lequel des deux blasons est le plus ancien demeure un sujet de polémique et de recherche historique pour certains.

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Sortie GNE des 17 au 19 avril 2018, autour du Mont-Saint-Michel.

N’attendez pas de moi, de ne parler que du Mont-Saint-Michel, les guides le font mieux que moi, il

suffit que vous les consultiez pour vous en rendre compte. Par contre dans ce texte, je vais vous parler de la

Normandie, une province méconnue dans les Pays de Loire, plus tournés vers la Bretagne que vers cette belle

région qui est la : Normandie

Normandie

Normandie

Normandie

Normandie

Normandie

Normandie §§§§§

§§§§§

Les Francs constituent un peuple germanique apparaissant sous forme de confédération. C’est en 254 que

commencent les incursions de Francs dans l’Empire romain. Ils dévastent Cologne en 388, mais sont battus par les Romains. Après la mort d’Aetius (425-455), ils franchissent les limes du Rhin et s’emparent de diverses villes dont Mayence. Par la suite, dans le nord de la France, les Francs se répartissent en un grand nombre de principautés pendant que le sud est dominé par les Visigoths, les Burgondes, les Ostrogoths. Les Francs saliens se regroupent en un royaume autour de Tournai. Le premier Franc salien pouvant être considéré comme roi est Clodion le Chevelu (~400-448) qui pérennise la dynastie des Mérovingiens. Clovis (465-511) devient leur roi en 481… Et la dynastie carolingienne n’arrive qu’en 752, avec l’accession au trône de Pépin le Bref (~715-768), et les Capétiens directs, avec Hugues CAPET (~941-996), roi de 987 à 996. Les barbares normands sont déjà installés…

L’écu rouge à deux léopards jaunes tournant la

tête de face, blasonné de gueules à deux

léopards d’or l’un sur l’autre, est l’emblème

héraldique de la Normandie continentale. Dans

les îles Anglo-Normandes, les deux bailliages

de Jersey et de Guernesey qui constituent la

Normandie insulaire portent un blason à trois

léopards, comme celui de Richard Ier

d’Angleterre (Richard Cœur de Lion), roi

d’Angleterre et duc de Normandie. Savoir

lequel des deux blasons est le plus ancien

demeure un sujet de polémique et de recherche

historique pour certains.

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On a fixé le début du Moyen-âge, à la chute de Rome en 476, avec la déposition du dernier empereur romain d’Occident, par Odoacre (~433-493), chef barbare, d’origine « Scyre », peuplade germanique, initialement établie en Mazurie (Région Nord-est de la Pologne actuelle, près de la Lituanie).

Une invasion barbare chasse l’autre…

§§ §§

Les Normands, hommes du Nord, appelés Vikings à l’Ouest et Varègues en Russie, sont Danois,

Norvégiens, Suédois. Leur expansion est due à une surpopulation, à l’amour de la guerre, à la soif de renommée, au goût de l’aventure et au mécontentement ressenti devant les conditions politiques de leurs pays (Formation d’une classe de souverains supérieurs aux petits rois locaux, incitant les guerriers épris de liberté à émigrer).

Une nouveauté technique : Le bateau à quille, leur permet grâce à son fond renforcé et à ses voiles, remplaçant les navires à rames, de conquérir les mers.

Vers 500, les Danois peuplent les îles danoises et la Scanie, ils arriveront plus tard au Jutland. En 600, les rois d’Upsal dominent la Suède, puis à partir de 650, toute la Baltique (Finlande, Courlande, Prusse Orientale). Au VIIIe s, tout le commerce balte est aux mains des Suédois. De 790 à 840, ils pillent les côtes, surtout dans les territoires celtiques. Charlemagne institue une garde côtière sur la Frise.

Au début, les Vikings partent pour leurs expéditions au printemps, puis rentrent en hiver. A partir de 840, ces expéditions deviennent des campagnes auxquelles participent de grandes armées qui installent des camps aux embouchures des fleuves pour y hiverner. En 896, des Vikings s’installent à l’embouchure de la Seine. A leur tête, un chef de bande à l’histoire incertaine : Rollon.

Rollon : Jarl des Normands de 911 à 927, considéré comme le fondateur du duché de Normandie, fils de Ragnvald

EYSTEINSSON et de Ragnhilde, épouse Poppa de Bayeux, puis Gisèle. Décès entre 928 et 933. Certaines légendes prétendent qu’il est d’origine suédoise, alors que des sagas islandaises expliquent qu’il est

Norvégien et que son château se trouverait dans la région d’Alesund. Comme beaucoup d’autres Scandinaves, il est contraint de quitter son pays pour naviguer sur les mers. Une de ces sagas raconte qu’il est banni de Norvège par le roi Harald à la Belle chevelure, pour s’y être livré à des actes de pillage. Après son bannissement, Rollon aurait trouvé refuge auprès du roi anglo-saxon qui lui aurait confié une troupe d’Anglais qui avec ses compagnons scandinaves auraient ravagé

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les côtes de la Mer du Nord, de la Frise à l’Escaut. Puis il aborde la Francie par la Seine. Il découvre une région (La future Normandie) régulièrement pillée depuis 841. Cependant certains historiens font remonter la présence de Rollon en Seine maritime beaucoup plus précocement et d’avoir lié des contacts avec les représentants carolingiens et ceux de l’église.

Après avoir tué le comte de Bayeux, Béranger, il épouse de force sa fille Poppa. Il développe des alliances avec les autorités en place, de telle manière qu’il n’est plus un obscur chef de bande… En 895 ou 898, Rollon conclut avec l’évêque de Rouen, le « Pacte de Jumièges » afin d’épargner la ville de Rouen.

Au début de l’été 911, il attaque Paris, mais échoue. Le 20 juillet 911, l’armée de Rollon assiège Chartres, elle est défaite par les grands aristocrates du royaume : Robert, duc des Francs et marquis de Neustrie ; Richard le Justicier, duc de Bourgogne. C’est alors que le roi des Francs (Francie occidentale), Charles III le Simple entre en scène.

Charles III, le Simple : Charles III le Simple naît le 17 septembre 879, de Louis II le Bègue et d’Adélaïde de Frioul, de la dynastie

carolingienne. Roi des Francs du 3 janvier 898 au 30 juin 922. Couronné en l’abbaye Saint-Rémy de Reims, le 28 janvier 893. Il épouse Frédérune de Lotharingie (~887- 917) en 907, puis en 919 Odvige (Edwige de Wessex ~903-951). La Françie occidentale s’étend des Flandres à la Catalogne, mais ses frontières de l’Est n’atteignent pas le Rhône et à l’Ouest, la Bretagne est un duché seulement vassalisé. Les possessions propres du roi sont fractionnées pour un territoire fort petit, dont les villes principales sont Orléans, Paris, Senlis, Sens.

Le terme simplex, est un qualificatif qui signifie « honnête, sincère, franc, pur… ». C’est plutôt flatteur, mais ses adversaires auront tôt fait de l’affubler de sultus « sot », follus « fou », minor « petit » et finalement de rendre son qualificatif péjoratif. Des adversaires il en a dès sa naissance, car ses deux frères ainés, nés d’Ansgarde de Bourgogne (dont le mariage a été cassé d’avec Louis II le Bègue par la volonté de Charles II le chauve, père de Louis II ) sont aussi des prétendants au trône. Cette situation permet aux légistes, adversaires du pouvoir, de mettre en cause la légitimité de la descendance de Louis II. Pendant sa minorité, il est trop jeune pour succéder à Carloman, puis à Charles III le gros, déposé en 887 pour n’avoir pas su combattre les Normands. Les grands du royaume élisent alors Eudes qui règnera de 888 à sa mort en 898. Eudes est à son tour un monarque contesté. Bien qu’il ait remporté une victoire sur les Vikings, le 24 juin 888 à Monfaucon d’Argonne (Il ne peut les empêcher de mettre à sac Meaux, Troyes, Toul, Verdun, Evreux, Saint-Lô), il voit se dresser une conjuration affaiblissant le pouvoir royal et ce n’est qu’au moment de sa mort qu’il désigne Charles III le Simple comme successeur.

Rollon, ayant été battu à Chartres, Charles III le simple estime que c’est le moment de négocier avec ces

nordiques intrusifs. Les pourparlers conduits par l’évêque de Reims, Hervé, débouchent sur le Traité de Saint-Clair-sur-Epte (95770), à l’automne 911. Il permet l’établissement des « Normands » de Rollon en Neustrie (Vaste territoire, au nord de la Loire), à condition qu’ils protègent le royaume de Francie de toute nouvelle invasion des hommes du Nord. Charles III le Simple concède à Rollon, la région comprise entre l’Epte et la mer soit, à peu près, les limites de l’ancienne Haute Normandie, augmentée du pays d’Auge. En outre, les nouveaux venus devront prêter serment de fidélité au roi et le baptême pour tous. Rollon accepte, d’autant plus que fatigués des pillages, les Normands pensent à établir des comptoirs commerciaux.

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Le jour de la prestation de serment est marqué d’un incident. Le roi attend Rollon et les dignitaires normands assis sur son trône, dans une grande tente sur les bords de l’Epte. Rollon au lieu de se prosterner, de se mettre à genoux, saisit le pied de Charles III pour le porter à ses lèvres, mais le roi qui ne s’y attendait pas est déséquilibré et tombe à la renverse… Les comtes sortent les épées, mais le roi se relève, pris d’un fou rire qui gagne toute l’assistance.

Rollon est baptisé en 912 dans la cathédrale de Rouen : Exit Rollon, vive Robert. Robert épouse Gisèle, première fille de Charles III le Simple et de Frédérune de Lotharingie. Il prend son rôle très

au sérieux. Il déploie un zèle considérable pour que se répande le christianisme, il relève des abbayes de leurs ruines : Saint Andrews, Jumièges. Il rebâtit de nombreux villages. C’est de cette époque que datent les noms en « bœuf » de la racine bud « demeure » (Elboeuf, Belboeuf, Quilleboeuf…), les noms en « fleur » de flodh signifiant « baie » (Harfleur, Barfleur, Honfleur…), Dieppe de diup « profond », Houlgate de gate « rue »… La Normandie vit en paix, plus de vol, les délits et crimes sont rares. La région devient un modèle d’organisation, elle s’agrandit. Les Normands abandonnent bientôt leur langue au profit du roman. L’intégration est une réussite.

Tranquille du côté de la Normandie, Charles III le simple, se trouve encore dans la tourmente. Le roi de Lotharingie

(Partie centrale du démantèlement de l’empire de Charlemagne en 843), Louis l’Enfant, étant décédé en 911, les plus hauts dignitaires de Lotharingie refusent de remettre la couronne à Conrad pour le donner à Charles III. Ce dernier voit là l’occasion de reconstruire l’empire. Il s’appuie sur les parents de son épouse Frédérune, membres d’une puissante famille lotharingienne, mais il se brouille avec les héritiers de deux principaux dignitaires qui cherchent à assoir leur propre autorité. Il fait valoir ses droits de façon diplomatique, puis guerrière. Il est battu près de Worms en 920. En 922, il fait face à un soulèvement militaire des comtes de Francie, il voit son armée dispersée à Laon et se réfugie en Lotharingie. Profitant de son absence les insurgés proclament sa déchéance. Charles III lève ensuite une armée qui livre bataille à Soissons le 14 juin 923. Le combat fait de nombreux morts et une retraite, sans trancher le litige. Charles III fait appel à Robert et ses Normands, les Vikings avancent jusqu’aux bords de l’Oise pour lui porter secours, mais menacé, Charles III doit fuir de nouveau. Les grands de Francie élisent Raoul de Bourgogne qui est couronné à Soissons. Charles III est fait prisonnier d’une manière perfide, le 17 juillet 923, il n’en est extrait qu’en 927. Il meurt le 7 octobre 929 à Péronne. Plusieurs hypothèses sur sa mort : De faim ou empoisonné.

Successeurs de Robert : Guillaume 1er Longue épée : Jarl des Normands de la Seine de 927 à 942. Considéré comme le 2e duc de Normandie. Fils de Rollon et de Poppa de Bayeux. Décédé à Picquigny le 17 décembre 942. Il épouse en 935 Liutgarde de Vermandois, puis Sprota (date inconnue).

C’est sous son règne que la Normandie prend sa forme définitive, par adjonction du Cotentin et de l’Avranchais. Les relations avec le comte de Flandres, Arnoul 1er étaient souvent tendues, surtout depuis que les Normands contrôlaient la Picardie maritime. Sous prétexte d’un accord, Guillaume 1er est invité à une entrevue par Arnoul 1er, dans une île de la Somme. Il est traîtreusement assassiné après signature du dit accord, vraisemblablement par Beaudouin de Cambrai, sur ordre d’Arnoul 1er.

Richard 1er Sans peur : (~930-996) Jarl des Normands à partir de 943, reconnu duc de Normandie de 947 à 996. Fils de Guillaume 1er Longue épée et de Sprota. Epoux d’Emma, puis de Gunnor et concubin de Papia d’Envermeu.

Il a dix ans à la mort de son père, il se voit donc attribuer un conseil de régence. Mais le roi Louis IV d’Outremer le fait transporter, avec son précepteur à la cour de Laon, sous prétexte de son éducation. En réalité pour dépecer la Normandie, car pendant ce temps, le roi nomme Huerlin, comte de Montreuil, gouverneur de Normandie qui sera assassiné par les Normands. Richard, en résidence surveillée (943-945) réussit à s’évader et à regagner la Normandie. Louis IV, avec une coalition de nobles puissants attaque Rouen en 946, c’est un échec et une contre-attaque normande les oblige à battre en retraite jusque dans l’Amiénois. Richard 1er est reconnu duc de Normandie en 947.

En 960, Richard 1er installe de nouveaux moines à Sainte-Wandrille pour relever l’abbaye détruite par ses ancêtres vikings. Il fait de Fécamp un sanctuaire dynastique, à la façon de Saint-Denis pour les robertiens. Il eut à combattre contre le comte de Blois (vers 960-965) au sujet de la Bretagne. Il a noué des liens avec les robertiens, et se déclare vassal d’Hugues CAPET, mais ses relations sont mauvaises avec Aethelred, roi de Grande-Bretagne.

Richard II le Bon (dit aussi l’Irascible) : (~960/963-1026) Duc de Normandie de 996 à 1026. Fils de Richard 1er Sans peur et de Gunnor. Epoux de Judith de Bretagne.

Comme son père, il est encore mineur lorsqu’il devient orphelin, ce qui laisse le champ libre aux troubles politiques. Il y a tout d’abord une révolte paysanne en 996. Le comte Raoul d’Ivry, est envoyé pour la réprimer : C’est un massacre. Ce dernier fait mutiler un grand nombre de rebelles, en faisant couper les pieds, les mains… Le frère du duc, Guillaume

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refuse de reconnaître son autorité et l’agitation perdure jusqu’en 1001. Au cours de ses trente ans de règne, il procède à la réorganisation intérieure du duché « En 1026, la Normandie était incontestablement la principauté la plus puissante et la mieux administrée du royaume ». A cette époque, la féodalité semble partiellement implantée en Normandie, il n’y a apparemment aucun châtelain.

Sous Richard II le bon, le duché s’installe un peu plus sur l’échiquier international. La papauté noue des contacts suivis avec les Normands, qui un siècle auparavant brûlaient les monastères et égorgeaient les moines. Surtout les affaires d’Angleterre deviennent incontournables dans la politique diplomatique de la Normandie. Dans la continuité de son père, il poursuit les bonnes relations avec les rois de Francie. Robert II le Pieux, monte sur le trône, la même année que Richard II devient duc de Normandie.

Richard III de Normandie : (~1008- 1027) Duc de Normandie du 23 août 1026 au 6 août 1027. Epoux d’Adèle de France (Fille du roi Robert II le Pieux et de Constance d’Arles), sans descendance. Au moins trois enfants avec une frilla (Concubine à la mode danoise). Il doit affronter la révolte de son frère Robert. Il meurt mystérieusement. Guillaume de Jumièges révèle que c’est le poison qui fut la raison de sa mort précoce. Robert est présenté comme l’empoisonneur, car c’est lui qui tire le plus grand avantage de sa disparition.

Robert 1er le Magnifique (dit aussi le Libéral) : (~1010-22 juillet 1035) Duc de Normandie du 6 août 1027 au 22 juillet 1035. Fils de Richard II le bon et de Judith de Bretagne.

Il a la réputation d’une personnalité violente et difficile. Il aurait inspiré le personnage légendaire de Robert le Diable. Sa mauvaise réputation vient en partie des conditions douteuses qui lui permirent d’accéder au trône de Normandie. A la mort de son père, Robert se voit confier la vicomté d’Hièmois, avec pour capitale Exmes (61310), mais il préfère résider dans le château de Falaise, plutôt que dans la motte d’Exmes. Robert se révoltant, se retranche dans le château de Falaise, mais quand l’armée du duc se présente, il capitule et se soumet à Richard III. Sitôt la mort de ce dernier Robert écarte de la succession le bâtard du défunt, Nicolas, et monte lui-même sur le trône. Il montre rapidement qu’il veut tenir la Normandie d’une main de fer, en écrasant des rébellions de Guillaume de Bellême, puis de Hugues de Bayeux. Il entre aussi en conflit avec l’église, puis il infléchit son attitude envers elle en fondant des monastères. Il vient en aide au successeur de Robert II le Pieux, le roi Henri 1er qui doit réprimer une révolte. Il vient aussi au secours du comte de Flandres.

Depuis 1016, Knut le Grand, roi de Danemark, régnait sur l’Angleterre. Robert 1er le magnifique gardait la neutralité, mais il prend fait et cause pour les enfants du souverain légitime d’Angleterre, réfugiés en Normandie. Il envoie une ambassade vers Knut le Grand, qui refuse de rendre le royaume. Il rassemble les grands du duché et ordonne de construire une flotte pour envahir l’Angleterre. Les bateaux chargés de vivres, d’armes, d’hommes, se rassemblent à Fécamp et prennent la mer, mais une tempête déportent les navires vers Jersey. Les Normands ne débarquent pas en Angleterre.

Vers 1026, Robert chassant près de Falaise est séduit par une lavandière, fille d’un simple tanneur, qu’il invite au château. Hervela (Arlette) accepte l’invitation à la condition qu’elle s’y rende à cheval par la porte principal. Dans la nuit qui suit, Arlette fait un rêve où un arbre jaillit de son ventre, dont les branches recouvrent la Normandie, la Manche, l’Angleterre…

L’année 1033, marque officiellement le millième anniversaire de la mort du Christ. Les courants millénaristes voient dans chaque évènement singulier la fin des temps. Un retour à une foi pure apparaît comme une solution pour combattre le mal. Ce retour se traduit par le développement des pèlerinages. Le 13 janvier 1035, Robert 1er le Magnifique prononce son vœu de pèlerinage. Il tombe malade et rentre dans Jérusalem sur une civière. Il meurt dans l’église Sainte-Sophie de Nicée, le 2 juillet 1035.

Guillaume II le Conquérant (dit aussi le Bâtard) : (Né à Falaise en 1027 ou 1028, mort à Rouen, le 9 septembre 1087) Duc de Normandie du 3 juillet 1035 au 9 septembre 1087 ; Roi d’Angleterre du 25 décembre 1066 au 9 septembre 1087). Fils de Robert 1er le Magnifique (Célibataire) et de Arlette (de Falaise), frilla du duc Robert. Vers 1050/1051, il épouse Mathilde de Flandre (Bruges ~1031 – Caen 1083), fille de Beaudouin V de Flandres et d’Adèle de France (Petite fille de Robert II le Pieux). En octobre 1049, au concile de Reims, le pape Léon IX, pour une raison inconnue, interdit l’union. Toutefois les futurs époux outrepassent l’interdiction et en 1059, le pape Nicolas II valide rétrospectivement le mariage à condition que les époux fondent chacun une abbaye. C’est ainsi que Mathilde fonde l’abbaye aux Dames de Caen, et Guillaume l’abbaye aux Hommes. Descendance : Robert Courte-Heuse (~1051- février 1134), Guillaume le Roux (~1060-2 août 1100), Henri Beauclerc (1068-1 décembre 1135).

Dès 1050, le roi d’Angleterre, Edouard le Confesseur fait appel à Guillaume pour faire face aux menaces de son aristocratie. N’ayant pas d’héritier direct, il laisse entendre à Guillaume qu’il pourrait recueillir son héritage après sa mort (Edouard est le fils d’Emma de Normandie, sœur de Richard II, grand-père de Guillaume).

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En 1064, Harold GODWINSON (~1022-1066), comte de Wessex, beau frère d’Edouard le Confesseur, se rend en Normandie. La tempête l’envoie trop au Nord, sur les côtes du Ponthieu (Entre Somme et Marquenterre), il est fait prisonnier par le Comte Guy 1er de Ponthieu, et retenu au château de Beaurainville. Guillaume le libère en payant la rançon, l’emmène dans sa campagne bretonne, le fait chevalier. En retour, Harold prête serment et reconnait Guillaume comme successeur d’Edouard. Mais à son retour en Angleterre, Edouard décède le 5 janvier 1066. Harold déclare que le roi lui a promis la couronne sur son lit de mort, aussi il se fait couronner immédiatement, le 6 janvier 1066 en l’abbaye de Westminster.

Guillaume va faire valoir son droit à la couronne d’Angleterre, les armes à la main. Le pape est perplexe mais lui donne raison. Partout dans le duché, bûcherons, charpentiers se mettent au travail. Tous les chantiers sont mis à contribution. Des centaines de navires voient le jour en l’espace de quelques mois. A la fin juillet 700 à 800 navires sont rassemblés dans l’estuaire de la Dive dont des bateaux de pêche et de commerce réquisitionnés. 15 000 hommes sont prêts à embarquer, dont 8 000 guerriers, 5 000 marins, 3 000 chevaux, des tonnes d’équipements… Le 12 septembre 1066, Guillaume décide de relier Saint-Valéry-sur-Somme (80230). Le 28 septembre 1066, le vent tourne au Sud. En moins de douze heures, tout est prêt, les navires lèvent l’ancre vers 18 heures.

Assaut de la cavalerie normande à Hastings, 14 octobre 1066.

Harold qui ne croit pas à un débarquement à mis sa flotte à l’abri sur la Tamise, et il est parti repousser une

invasion viking dans le nord de l’Angleterre. L’armée de Guillaume débarque à Pevensey, près d’Hastings (Sussex) et dresse un camp. Harold se présente le 13 octobre 1066. Il installe ses troupes en haut de la colline de Senlac. Le 14 au matin, Guillaume s’avance. On n’a jamais vu autant de belligérants engagé dans une bataille. Dans la mêlée la confiance des normands est ébranlée par un cri « Le duc est mort », si bien que Guillaume est obligé d’ôter son casque pour se faire reconnaître. Et c’est par une ruse de guerre qu’il vient à bout de l’armée. Harold prend une flèche dans l’œil, et il est achevé à l’épée. On compte plus de 5 000 morts.

Le couronnement de Guillaume se met en route dès le 20 octobre 1066, il a lieu le jour de Noël 1066. Dès cette nouvelle légitimité royale, Guillaume renforce considérablement le duché de Normandie durant son

règne. Guillaume surveilla de près les intrigues menées par son fils Robert Courte-Heuse. Le partage de son héritage fut décidé ainsi :

L’Angleterre à Guillaume (II) le Roux. La Normandie à Robert (II) Courte-Heuse. Rien pour Henri (1er) Beauclerc. Mais cela ne suffit pas à éviter les troubles féodaux et fratricides qui éclatèrent à la mort de Guillaume II le

Conquérant, en 1087 et qui durèrent jusqu’en 1106. Les fils de Guillaume et de Mathilde : Robert II Courte-Heuse quitte son duché en septembre 1096 pour participer à la 1re croisade. Lorsqu’il revient, en

septembre 1099, Guillaume II le Roux, est mort accidentellement à la chasse, le 2 août 1099, et Henri 1er Beauclerc a usurpé le trône d’Angleterre. Grâce à quelques soutiens, il s’est fait couronner à Westminster, le 5 août 1099. Robert II Courte-Heuse débarque à Portsmouth en 1101 pour faire valoir ses droits, une ambassade lui fait renoncer pour une rente annuelle de 3 000 livres et la cession de toutes les possessions d’Henri 1er Beauclerc en Normandie. Mais en 1105, Henri

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1er débarque à son tour en Normandie. Là point d’ambassade et ce dernier triomphe à la bataille de Tinchebray (61800). Robert Courte-Heuse est fait prisonnier, jusqu’à sa mort au château de Cardiff, en février 1134.

Henri 1er Beauclerc : Ce duc a dû faire face aux ambitions des Bellême, alliés au comte d’Anjou et au roi de France. La continuité

dynastique fut menacée lorsque l’unique fils d’Henri, Guillaume Adelin (1103-25 novembre 1120) périt dans le naufrage de la Blanche Nef en 1120.

Le 25 novembre 1120, Henri et sa cour prennent le bateau à Barfleur pour se rendre en Angleterre. Le bateau loué pour la traversée, est tout neuf. Apparemment l’équipage est saoul, et la nuit étant tombée se brise sur un récif. Guillaume est mis dans le bateau de sauvetage, mais il fait demi-tour pour sauver sa sœur et son embarcation est renversée par des naufragés qui s’y accrochent désespérément. Guillaume se noie et a pour conséquence qu’Henri n’a plus d’héritier mâle. La sœur aînée de Guillaume, Mathilde l’Emperesse (Epouse de Geoffroy PLANTAGENÊT) lui succède. Mais à la mort d’Henri 1er Beauclerc, en 1135, les barons qui la soutenaient permettent à Etienne de Blois (Neveu d’Henri 1er Beauclerc et petit-fils de Guillaume II le Conquérant) de s’emparer de l’héritage. Son règne connait alors une guerre civile. Geoffroy PLANTAGENÊT dut mener plusieurs campagnes pour récupérer l’héritage de sa femme. En 1144, il est victorieux à Rouen et Arques.

Les PLANTAGENÊTS : A la mort de Geoffroy PLANTAGENÊT, son fils Henri II PLANTAGENÊT hérite de la Normandie. Il augmente ses

possessions en épousant Aliénor d’Aquitaine en 1154 (Reine de France du 25 décembre 1137 au 21 mars 1152, séparée du roi Louis VII). La Normandie est alors intégrée dans un vaste état Plantagenêt qui va de l’Ecosse aux Pyrénées. Le Vexin restant un enjeu entre le roi de France et le duc de Normandie.

Henri II PLANTAGENÊT décède, le 6 juillet 1189, Richard 1er Cœur de Lion (8 septembre 1157-6 avril 1199) lui succède. En 1190, Richard participe à la troisième croisade et se retrouve prisonnier, a son retour, près de Vienne, par le comte Léopold V de Babenberg, en 1193. Son frère, Jean Sans-Terre (~1166-1216) tente de prendre sa place. Libéré, en 1194, Richard rejoint la Normandie et entreprend la construction de Château-Gaillard (27700, Les Andelys).

Le 25 mai 1199, Jean Sans Terre se fait couronner duc de Normandie à Rouen. Le 24 août 1200, Jean Sans terre épouse de force Isabelle TAILLEFER, âgée de 16 ans (Fille d’Aymar

TAILLEFER, comte d’Angoulême et d’Alice de Courtenay, petite fille de Louis VI le Gros). Hors, lorsqu’elle avait 12 ans, elle avait été promise à Hugues X de Lusignan, vassal du roi de France. Ce dernier se sentant lésé fait appel à la justice de Philippe II Auguste, son suzerain, qui prononce la confiscation des terres de son vassal, le duc de Normandie.

Philippe II Auguste donne ces terres à Arthur 1er de Bretagne, en conservant pour lui la Normandie. Au cours de l’été 1202, Philippe II Auguste s’empare du pays de Bray. Jean Sans Terre, fait assassiner son neveu Arthur 1er de Bretagne (3 avril 1203). Ses barons normands, influencés par Philippe II Auguste l’abandonnent. Dès l’été 1203, Château-Gaillard est assiégé et tient jusqu’au 6 mars 1204. Le 21 mai 1204, Caen tombe à son tour.

Le 24 juin 1204, les troupes de Philippe II Auguste entrent dans Rouen. La Normandie est incorporée dans le domaine royal.

§§ §§

La Normandie française : La politique de Philippe II Auguste est de tout faire pour faciliter l’intégration du duché au domaine royal. Il préserve les spécificités normande, confirme le monopole qu’avait Rouen de la navigation sur la Seine, conserve la cour judiciaire et administrative, ainsi que la Coutume de Normandie. Il veille à contrôler ses vassaux et laisse la place à l’institution des vicomtes. Il installe des baillis français et rend aux chapitres cathédraux le soin de choisir leur évêque. Philippe II Auguste concourt à l’édification de la « Merveille » du Mont-Saint-Michel. Le XIIIe s. est le temps de la prospérité économique. Profitant de la sécurité capétienne, les paysans défrichent, des bourgs et des villes neuves, dotés de privilèges naissent un peu partout. Rouen se pare d’une troisième enceinte. Philippe IV le Bel (1268-1314) établit un arsenal dans le port de Rouen. Les marchands rouennais exportent des vins du blé vers l’Angleterre d’où ils importent de l’étain, des draps. L’architecture normande conserve son originalité avant que le gothique ne s’impose. Mais, des troubles liés aux impôts éclatent à Rouen. Les émeutes de 1281 voient le maire assassiné et le pillage des maisons nobles. Philippe IV le Bel supprime la commune et retire aux rouennais le monopole du commerce sur la

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Seine. Monopole racheté en 1294. Après la mort du roi l’agitation reprend et le pouvoir doit concéder La Charte aux Normands en 1315, puis une seconde charte en 1339. La Normandie n’est pas à l’origine du conflit qui débute en 1337, entre la France et l’Angleterre « La Guerre de Cent Ans », mais elle devient vite un enjeu.

§§ §§

La Guerre de cent ans : En 1346, le roi d’Angleterre, Edouard III, débarque avec son armée dans le Cotentin, traversant la région, il pille et détruit tout sur son passage, il en est ainsi de Caen, puis de la Picardie. Le 26 août 1346, à Crécy-en-Ponthieu, l’armée du roi Philippe VI de Valois qui a l’avantage du nombre subit une écrasante et surprenante défaite. Puis Edouard III met le siège devant Calais pendant onze mois (reddition le 4 août 1347). La peste noire touche la Normandie en 1348 et provoque des épidémies (récurrentes jusqu’au XIXe s). Conjuguée aux dévastations de la guerre, le contexte provoque des émeutes populaires à Rouen en 1382. La Normandie fut le théâtre d’une violente opposition entre le roi de France Jean II le Bon (1319-1364) et Charles II le Mauvais (1332-1387), roi de Navarre. Ce dernier était descendant, par sa mère, de Philippe IV le Bel et faisait valoir ses droits sur le trône de France. Il possédait des terres en Normandie, en particulier le comté d’Evreux, et a profité de la Guerre de Cent Ans en faisant jouer l’alliance anglaise. Après avoir agrandi ses domaines normands par le traité de Mantes, le 22 février 1354, Charles II le Mauvais est emprisonné à Château-Gaillard, il s’en évade le 9 novembre 1357. Il attise l’agitation antifiscale en Normandie, mais l’armée française commandée par Bertrand DU GUESCLIN, le bat à Cocherel (Hardencourt-Cocherel, 27120), le 16 mai 1364. Par le traité d’Avignon, Charles II le Mauvais abandonne ses possessions normandes au roi Charles V le Sage. Le 13 août 1415, le roi d’Angleterre, Henri V (1386-1422) débarque dans l’estuaire de la Seine pour reconquérir ses terres ancestrales. Il assiège Harfleur qui tombe au bout d’un mois. Jugeant que la saison est trop avancée, Henri V dirige ses 6 000 hommes vers le nord pour réembarquer vers l’Angleterre, mais l’ost du roi de France (Charles VI le fol, 1368-1422, absent pour cause de schizophrénie), fort de 18 000, le rattrape pour livrer bataille. Le 25 octobre 1415, la cavalerie française s’embourbe, causant la défaite d’Azincourt (62310). Après un séjour en Angleterre, Henri V retourne en Normandie avec l’objectif de conquérir toute la région, voire plus. Par le traité de Troyes, signé le 14 mai 1420, le roi d’Angleterre obtient la main de Catherine de Valois (1401-1437), fille de Charles VI le fol et d’Isabeau de Bavière et prévoit qu’à la mort de Charles VI, l’héritier du trône de France sera son gendre, roi d’Angleterre.

En 1422, Henri V meurt le 31 août et Charles VI le 21 octobre. Comme Henri VI, n’est qu’un nourrisson, c’est le duc de Bedford qui assume la régence. Il créé l’université de Caen en 1432. La noblesse, le clergé et la bourgeoisie s’étaient majoritairement ralliés au roi PLANTAGENÊT, dont le règne paraissait légitime en tant que duc de Normandie. Bedford intervient pour que Jeanne d’Arc soit condamnée à mort. En 1434, les impôts exigés par les Anglais provoquent un climat insurrectionnel dans la région. Au printemps 1449, les offensives des armées de Charles VII le Victorieux (1403-1461, dit aussi « le Bien servi ») dans le Cotentin, en Basse Seine et dans le centre de la Normandie marque le début de la reconquête. L’occupation anglaise de la Normandie prend fin, après la bataille de Formigny (14710), le 20 avril 1450, remportée par le connétable Arthur III de RICHEMONT (1393-1458). Cherbourg est la dernière ville libérée, le 12 août 1450.

La Guerre de Cent Ans ne sera véritablement terminée qu’après la victoire de Charles VII, sur les Anglais, à Casstillon (La-Bataille, 33350), le 17 juillet 1453.

Le bal des ardents : A l’occasion du mariage d’une amie, le 28-1-1393, la

reine Isabeau de Bavière organise un bal costumé, les danseurs sont recouverts

d’étoupe et de poix. Pour mieux voir, le duc d’Orléans, frère du roi, approche une

torche, les danseurs s’enflamment. La duchesse de Berry recouvre le roi de sa longue

robe pour le protéger, tandis que la reine s’évanouit. Au moins quatre danseurs

meurent brûlés, alors que le roi sera traumatisé à vie par cet évènement.

Pas de cellule psychologique à cette époque…

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Charles de France (1449-1472), frère cadet de Louis XI (1423-1483), duc de Normandie de 1465 à 1469, veut régner sur son duché que lui a confisqué son frère. En conflit avec lui, il part se réfugier chez le duc de Bretagne François II (1435-1488). Ensemble ils ordonnent une campagne en Normandie en 1467-1468. Mais après des succès initiaux, l’armée bretonne rentre en Bretagne et une trêve est signée à Ancenis, le 10 septembre 1468.

§§ §§ La découverte de l’Amérique, en 1492, marque la fin du Moyen-âge, et le début de la Renaissance. Après les désastres de la période de 1337 à 1450, la croissance démographique permet à la Normandie de retrouver, vers 1530 son niveau de population d’avant 1337. En 1517, François 1er (1494-1547), créé le port et la ville du Havre. A Rouen la draperie connaît un essor sans précédent. Les pêcheurs Normands vont chercher le hareng en Mer Baltique et la morue à Terre-Neuve. Jusqu’en 1570, la Manche est le lieu de passage pour les navires commerciaux qui se dirigent vers Anvers ou Londres. La Normandie participe aux grandes découvertes, Brésil, embouchure du St-Laurent… L’essor économique permet à la Renaissance de pénétrer en Normandie qui voit son territoire s’enorgueillir de nombreux manoirs et châteaux. Mouvement qui sera brisé par les guerres de religion, dans la seconde moitié du XVIes.

§§ §§ Le protestantisme s’implante surtout dans les villes, en Normandie, dès les années 1530. La première ville acquise au calvinisme est Alençon qui devient rapidement un foyer de la Réforme. Les campagnes du nord du Pays de Caux, La vallée de la Seine, le Bessin sont touchés. Le Cotentin sera touché plus tard. Les protestants sont avant tout des petits nobles, des bourgeois de Caen, des artisans du textile. 1552 : Iconoclasme dans plusieurs villes : Alençon, Rouen, Caen, Coutances, Bayeux. 1572 : Saint-Barthélémy : Massacre à Rouen. Peu avant la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, la Normandie est la province du Nord de la France qui compte le plus d’habitants acquis à la Réforme. Les 200 000 réformés forment la partie la plus industrieuse de la population normande, 92 % de ceux-ci mettrons leur proximité de la mer à profit pour s’enfuir vers l’Angleterre et la Hollande. Plus de 26 000 habitations normandes sont désertées. C’est un désastre économique pour les villes et pour les campagnes.

§§ §§

La révolte des Va-nud-pieds touche la Normandie en 1639-1640, à la suite de la décision de Louis XIII d’étendre la gabelle à l’ensemble du territoire (Taxe temporaire sur le sel, crée en 1246, reprise en 1286, et permanente à partir de 1342… jusqu’à la Révolution, soit 447 ans – Pas étonnant qu’on en parle encore -).

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En 1667, COLBERT créé la manufacture royale des draperies d’Elboeuf. La prospérité revient un peu, mais à partir de 1689, la guerre reprend avec l’Angleterre. Le littoral normand subit plusieurs attaques. En 1692, la flotte française subit une cinglante défaite à La Hougue, dans le Cotentin. En 1694, Le Havre et Dieppe sont bombardées.

§§ §§

Les Normands acceptent mal la levée en masse décrétée en 1793. Des députés girondins, après la chute du parti à l’assemblée, le 2 juin 1793, se réfugient en Normandie, où ils tentent de soulever les foules contre le pouvoir montagnard du Comité de salut public. Ils rassemblent plus de 2 000 personnes à Caen… Ets-ce pour cela que Charlotte CORDAY a eu l’idée d’assassiner MARAT, le 11 juillet 1793 ?

La Vendée militaire s’invite en Normandie : La bataille de Cholet perdue le 17 octobre 1793, les chefs de l’armée vendéenne, sous l’influence du prince de TALMONT, décident de passer à l’ « Outre-Loire », c'est-à-dire sur la rive droite où ils espèrent obtenir des appuis auprès des chouans et pas que… Le 18 octobre 1793, 60 à 80 000 Vendéens s’entassent à Saint-Florent-le-Vieil, foule hétéroclite, bagages, animaux… Le passage a commencé avec une vingtaine de barques, une soixantaine avec l’apport de celles d’Ancenis. On fait des radeaux… Il y a des noyés, bien peu renoncent pour retourner dans leurs paroisses. Traverser, oui, mais pour aller où ? Tous ne sont pas d’accord et : Le 20 octobre les Vendéens sont à Candé ; puis à Segré ; Château-Gonthier le 22 octobre ; Laval le 23 octobre, là ils reçoivent l’appui de 6 000 chouans des frères COTTEREAU ; le 27 octobre, ils livrent bataille à Entrammes où ils font un carnage de 4 500 Mayençais ; Craon, le 28 octobre ; Mayenne, le 2 novembre ; Ernée le 3 novembre ; Fougères, le 4 novembre ; Dol de Bretagne, le 8 novembre, d’où ils partent le 10 novembre vers Granville. Avranches, le 12 novembre 1793 : L’armée catholique rentre dans Avranches, épuisée. Elle s’endort dans les rues, près de grands feux. On assomme les vaches, on en distribue des lambeaux. On se rassasie de bouillie de sarrasin, on perce des barriques de cidre. Cette nourriture bretonne va causer aux poitevins d’effroyables coliques. Le 14 novembre, les chefs ayant retenu avec eux les troupes d’élite, continuent vers Grandville. Ils ne doutent pas que la victoire soit facile. Granville, le 14 novembre 1793 : Ville Fortifiée, sa garnison a été renforcée (5 535 hommes). Les Vendéens n’ont pas de matériel pour faire le siège. Le général PEYRE, commandant de la place, reçoit la sommation des Vendéens, et décide de marcher à l’ennemi. Menacé d’encerclement, il rentre dans la ville. L’artillerie vendéenne étant nettement insuffisante, les Vendéens partent à l’assaut des murailles. Les patriotes tirent verticalement et font une hécatombe. La marée baisse, les Vendéens tentent de contourner la ville. Ils sont pris sous le feu des canonnières. Ils rétrogradent et se cachent dans les faubourgs. A l’initiative du Représentant LE CARPENTIER, les Granvillois n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur les faubourgs où l’incendie se déclare. Les meilleures troupes de la garnison opèrent une sortie pour activer le feu. Le 15 novembre, les Vendéens ont dû s’écarter. Les Vendéens boivent, les chefs n’arrivent plus à se faire obéir. L’armée vendéenne se retire, sauf BEJARRY que l’on a oublié de prévenir. 800 traînards seront massacrés par le conventionnel LA PLANCHE. Trois bataillons qui tireront dessus ne perdront que 150 hommes. Pour LA ROCHEJACQUELEIN et STOFFLET cet échec n’est pas irrémédiable, ils tentent d’entraîner les troupes sur Caen. La lassitude morale, le délabrement physique vont produire des effets désastreux. De Granville, les Vendéens se rendent à Villedieu-les-Poêles qu’ils pillent. Mais la foule se refuse de s’enfoncer plus avant dans l’inconnu. Avranches, le 16 novembre 1793 : Les chefs sont divisés sur la destination. La foule crie « A la Loire ». C’est alors que se produit un évènement scandaleux. Le prince de TALMONT, l’abbé BERNIER, DONISSAN, la famille DUFAY, la famille CUISSARD, BEAUVOLLIER, trésorier de l’armée, et quelques autres tentent de s’embarquer pour Jersey. Cette fuite est déjouée par STOFFLET. La foule menace les responsables. On les punit en les privant d’armes et de chevaux. L’armée républicaine s’est concentrée : 20 000 hommes à Antrain, 4 000 à Pontorson, 6 000 à Avranches. Pontorson, le 18 novembre 1793 : Le général TRIBOUT et ses 4 000 hommes se porte sur les Vendéens. Après deux heures de combats, l’artillerie républicaine est prise, la cavalerie est en fuite, l’infanterie hachée. Mme de LA ROCHEJACQUELEIN écrira avoir été obligée de rouler sur les cadavres. KLEBER projette d’encercler les Vendéens à Dol.

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WESTERMANN reprend le soir l’artillerie perdue et poursuit les Vendéens jusqu’à Dol, où il pénètre vers deux heures du matin, mais il est repoussé. Dol de Bretagne, 21 novembre 1793 : WESTERMANN n’attendant pas la fin du conseil de guerre, se rend sur Dol, avec 1 800 hommes de la brigade AMEY. A la vue des Vendéens sur leurs gardes, les soldats se débandent, entraînant les cavaliers de WESTERMANN et de MARIGNY vers la baie du Mont-Saint-Michel où certains s’enlisent. Antrain, 22 novembre 1793 : Le 41e régiment de marche en tête des Républicains, il se fait surtout remarquer par sa tenue brillante que par son combat. Il se sauve sans avoir brûlé une seule amorce. Malgré MARCEAU, les Mayençais sont débordés. La retraite se transforme en déroute. Fougères, le 23 novembre, la ville n’offre pas de résistance ; à Ernée, les Vendéens retrouvent les cadavres à demi-dévorés de la marche à la mer ; Mayenne est atteinte le 24 novembre ; à Laval 2 000 républicains se sauvent, les Vendéens prennent deux jours de repos ; Sablé est pillé pour subsister ; le 28 novembre Rennes est soulagée en apprenant que les Vendéens se dirigent sur Angers.

Les Vendéens vont vers Angers d’une allure lente, plus de chaussures, la dysenterie due aux fruits, au froid, à la pluie progresse. Le désespoir affaisse les âmes, les femmes, les enfants ne sont plus protégés. Ceux qui se couchent dans les fossés ne se relèvent pas. Les populations qui leur avaient prêté assistance à l’aller ont été massacrées par les bleus. A La Flèche, les Vendéens ne font plus peur.

Angers du 2 au 5 décembre 1793 ; Beaugé le 6 décembre ; Le Mans du 10 au 12 décembre ; Sablé, Laval, le 15 décembre ; Ancenis du 17 au 18 décembre ; Dans la nuit du 21 au 22 décembre les Vendéens se dirigent sur Savenay ; Savenay, le 23 décembre est l’ultime combat des survivants, les pertes vendéennes s’élèvent à 10 000 ou 15 000 hommes.

Les Vendéens on parcouru 680 km en deux mois.

§§ §§

La guerre de 1870 et l’occupation allemande : Les Prussiens entrent en Normandie au cours des mois d’octobre et novembre 1970 par le plateau du Vexin, ils pénètrent dans Rouen les 5 et 6 décembre 1870, alors que Paris est encerclé, qu’ils ne prendront possession des forts entourant Paris que le 29 janvier 1871, et qu’ils ne défileront sur les Champs Elysées que le 1er mars 1871.

780 000 occupants, sous les ordres du baron Hans Edwin Von MANTEUFFEL (1805-1885) seront déployés sur le territoire défini ci-dessous. Rouen est occupée et MANTEUFELL y installe un préfet et une administration prussienne. Les habitants subissent la confiscation de leurs biens par l’armée prussienne. Il s’avère que l’occupation se passera très mal et que les occupants furent assez violents avec les occupés. Pour s’en rendre compte, il suffit de relire ses classiques : Les abus de pouvoir de ces teutons sont exposés (sans oublier les lâchetés de certains occupés) dans une nouvelle de Guy de MAUPASSANT « Boule de suif », dont l’action se passe en Normandie, écrite en 1879, et publiée en 1880.

Lors de l’expansion maximum de l’occupation, à la date de l’Armistice, signé le 28 janvier 1871, 30 départements sont occupés (Un quart du territoire Nord Nord-Est, sauf le Nord, le Pas de Calais et Le Havre), avec des durées variables d’occupation allant de quelques mois à trois ans. La ligne approximative d’occupation passe par Caen, Langeais, Loches Nevers, Lons-le-Saulnier.

Par application du traité de Francfort, les départements du Calvados, de l’Orne, de la Seine-Inférieure, de l’Eure 72, 28, 45, 41, 37, 89, 77, 78, 10, 21, sont évacués après sa signature, le 10 mai 1871.

D’autres départements ne le seront que le 12 octobre 1871. Le paiement par anticipation de l’importante indemnité demandée par les Prussiens amène la libération des Ardennes, de la Marne, de la Haute-Marne et des Vosges en juillet 1873. La Meuse et la Meurthe-et Moselle en Septembre 1873.

Verdun sera la dernière ville évacuée, le 13 septembre 1873. La guerre de 1870, est une guerre dont on parle peu, et pour cause, c’est une défaite de Napoléon III, mais c’est

une guerre qui a traumatisé les contemporains au point que les rancoeurs des Français se sont cristallisées à partir de l’opinion créée par cette occupation, par le vécu des 400 000 prisonniers français, après deux à huit mois de captivité en Allemagne, dans des camps improvisés, souffrant de faim, de froid et de brimades. Elle accrédite et diffuse dans la zone n’ayant pas été occupée, ce même sentiment matérialisé par l’effort financier collectif de libération. Auquel s’ajoute l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.

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« C’est un coin de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent ; où le soleil de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature berce le chaudement, il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »

Même si Arthur RAIMBAUD n’est pas Normand, ça fait du bien de se souvenir d’un des plus beaux

poèmes de langue française, il n’avait que 16 ans quand il a écrit ça, en 1870 !

§§ §§

Première guerre mondiale : La guerre de 1914-1918 épargne la Normandie, mais le champ de bataille est proche. L’extrême avancée allemande en 1914 englobe Amiens, passe à l’Est de Beauvais et de Creil, contourne Paris avant de s’infléchir vers l’Est. Sainte-Adresse accueille le gouvernement belge en exil à partir du 13 octobre 1914 (Les liens entre la commune et la Belgique restent très forts après la guerre). En août 1914, Rouen devient une des principales bases arrière du contingent britannique, évacuée au bénéfice de Nantes et Saint-Nazaire lors de l’avance extrême de l’armée allemande. La ville reprend toute sa place dans le dispositif dès novembre 1914.

La mise à feu du haut-fourneau de Colombelles (14460), le 29 août 1917, permet de réduire les conséquences de l’occupation des régions industrielles du Nord et de l’Est de la France.

Les Ve et VIe divisions, composées principalement de Normands, foulent les champs de bataille de Charleroi, la Marne, Verdun, le Chemin des Dames… Aux morts de la guerre s’ajoute une chute de la natalité. La production agricole, faute de main d’œuvre, baisse considérablement, ainsi que la production industrielle qui manque d’ouvriers qualifiés.

§§ §§

Deuxième guerre mondiale : Je n’entrerai pas dans les détails du débarquement du 6 juin 1944, chacun d’entre nous a eu, à un

moment ou à un autre, l’occasion d’en entendre parler par le menu, ne serait-ce que par le cinéma, le « Jour le

plus long ». Je préfère concentrer mon propos sur ce qui à suivi après trois mois de combats acharnés depuis le

débarquement proprement dit, les combats dans le bocage, pour concentrer ce paragraphe sur la déroute des

troupes allemandes, encerclées par les troupes alliés dans ce que l’on a appelé la « Poche de Falaise ».

Pendant près de cent jours, la Basse Normandie devient le théâtre des opérations militaires entre les alliés et les Allemands. Tandis que les Américains s’enfoncent dans le Cotentin pour libérer le port de Cherbourg, les Britanniques doivent s’emparer de Caen. Mais d’un côté comme de l’autre la résistance allemande est acharnée. Si Cherbourg est prise le 26 juin 1944, Caen, détruite à 80 %, doit attendre le 19 juillet1944 pour être entièrement libérée. C’est au tour des

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troupes américaines de s’enliser autour de Saint-Lô, dans la meurtrière « Bataille des haies ». Ainsi à la fin juillet, les Américains ont trente jours de retard sur leurs prévisions. Une fois Saint-Lô et ses environs « nettoyés », le général PATTON a pour objectif la Bretagne (C’est l’opération « Cobra »). La percée d’Avranches lui permet de rompre brutalement le front allemand et de s’enfoncer, début août, dans la péninsule bretonne. Rennes est libérée, le 4 août 1944. Pour les Britanniques et les Canadiens, l’objectif est Falaise, secteur autour duquel les Allemands se sont regroupés, stoppant net l’avance alliée. Afin d’endiguer l’avancée américaine, le 7 août 1944, les Allemands lancent une importante contre-offensive à Mortain, dans le sud de la Manche : C’est l’opération Lüttich. Erreur stratégique nazie, car PATTON et BRADLEY décident d’encercler ces troupes. D’autant plus qu’au nord de Mortain, les britanniques viennent de réaliser la « Percée du bocage ». Craignant d’être pris au piège, les Allemands lâchent Mortain, le 12 août 1944. La bataille de la « Poche de Falaise » peut commencer. Encerclés de toutes parts, les Allemands résistent aussi longtemps que possible. Le 16 août 1944, Falaise, tombe aux mains des Canadiens.

Le 19 août 1944, depuis une bonne semaine Alliés et Allemands se livrent à une mortelle course de vitesse. Les premiers pour fermer la nasse dans laquelle ils espèrent prendre et anéantir le gros de l’armée allemande ; les seconds pour tenter de s’en extirper à temps. La poche se referme à une douzaine de kilomètres au Nord-Est d’Argentan. Du 19 au 22 août 1944, c’est la bataille de Chambois, au cours de laquelle onze divisions alliées, appuyées par l’aviation, harcèlent l’armée allemande affaiblie par de longs mois de combats et qui tente de s’échapper par le Mont-Ormel, surnommé le « Couloir de la mort ». Si 20 000 à 40 000 Allemands parviennent à fuir, ils perdent 50 000 hommes et peut-être plus. La poche ne mesure alors qu’environ six kilomètres sur six. Les Polonais n’ont que 80 tanks et 1 500 fantassins. Ils manquent de ravitaillement et de munitions. Les attaques allemandes se succèdent toute la journée du 20 août. Les SS chargent en hurlant ; les panzers s’approchent en écrasant les cadavres et les blessés, le lieutenant général Walter MODEL lance une contre attaque par l’arrière, mais les hommes du général Stanislas MACZEK luttant parfois au corps à corps ne cèdent pas. Le général SS Georg MEINDL, s’échappe le 21 août avec quelques uns de ses paras, en emmenant le général SS Paul HAUSSER, blessé à la mâchoire. Ceux qui ont réussi à ne pas être encerclés ont emporté avec eux 25 chars et 60 canons. Ils laissent derrière eux, en Normandie, 300 000 hommes dont 100 000 tués ou disparus, près de 1 500 chars, 2 000 canons, 20 000 véhicules

Le 22 août 1944, la Bataille de Normandie est terminée. La quantité de matériel laissé sur place, dans la poche de Falaise, à inévitablement attiré une grande foule. Beaucoup ont ainsi trouvé le moyen de se nourrir. Tout le monde n’était pas guidé par les mêmes intérêts. Les habitants on assisté, médusé, a de véritables scènes de pillage.

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Il va sans dire qu’après la guerre les dégâts étaient énormes, rien que pour Caen, où les bombardements ont commencé en 1942, située au cœur des combats du débarquement, 2 millions de m3 de gravats ont été enlevés de l’été 1944 à la mi 1946. 68 % du bâti à disparu, dont 8941 logements totalement détruits, 649 partiellement détruits, mettant 60 000 habitants à la rue, relogés provisoirement dans des baraquements, en attendant la reconstruction proprement dite. Des 23 monuments historiques classés et 110 à l’inventaire, certains ont totalement disparus. La reconstruction, débutée en janvier 1945, s’est déroulée jusqu’en 1954, sous la direction de l’architecte BRILLAUD de LAUJARDIERE qui a fait le choix de construire des îlots de style haussmannien à 5 à 6 étages.

Saint-Lô fut détruite à 97 %, des baraquements et des maisons suédoises furent mis en place à partir d’avril 1945, grâce à la générosité de la Suisse, de la Croix rouge d’Irlande, de l’Amérique. Les travaux de reconstruction se sont étendus de 1949 à 1956.

Au début de la guerre, le port du Havre, est utilisé par les britanniques, ce qui fait que le port est bombardé par les Allemands dès le 19 juin 1940, aussitôt, la 7e panzerdivision se rue sur la ville. Le 9 juin 1940, un incendie dévaste les réservoirs de pétrole, recouvrant la ville occupée d’un épais nuage. 132 bombardements ont été programmés par les alliés, si bien qu’en 1942, le quartier de la gare est détruit, et que ceux des 5 et 6 septembre 1944 font de la ville l’une des plus sinistrées d’Europe. On dénombre 5 000 morts, 80 000 sinistrés, 40 000 sans abris, 12 500 immeubles détruits. 150 hectares sont totalement rasés, 350 épaves encombrent le port. La ville est libérée le 12 septembre 1944. La démographie

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de la commune qui était de 164 083 habitants en 1936, n’est plus que de 106 934 en 1946, et il faudra attendre 1962 pour que la population augmente significativement. Elle est en 2015, de 172 366 habitants.

La reconstruction du Havre s’étend de 1945 à 1964, elle est confiée à l’architecte Auguste PERRET (1874-1954), dans l’atelier duquel s’exerce un concours entre architectes destiné à présenter le meilleur projet. Le plan définitif est adopté en janvier 1946. C’est un plan orthogonal (C'est-à-dire que les rues sont parallèles et se coupent à angle droit), seulement contrarié par quelques monuments encore debout (Cathédrale, Muséum d’histoire naturelle). Les axes significatifs ont pour nom : Rue de Paris, Nord > Sud, relie l’Hôtel de ville au front de mer ; Avenue Foch, Est > Ouest, aux dimensions équivalentes à celle des Champs Elysées ; Boulevard François 1er, oblique de Nord-Ouest à Sud-Est. Le plan en damier permet un alignement de façades. Pour la construction, un module de 6,14 m à été choisi, correspondant à la portée maximale d’une poutre de béton armé de l’époque. 20 % des logements construits dans cette ville ont été réservés aux logements sociaux. Les ensemble monumentaux reconstruits concernent l’église Saint-Joseph (Monument emblématique de la ville) ; l’Hôtel de ville ; la Porte Océane (Qui s’inspire de la Porte Maillot à Paris) ; le Front de Mer ; le Casino ; le magasin du « Printemps »…

Le Havre, hiver 1944-1945

L’abbaye de Graville, qui est actuellement le plus ancien monument de la ville, est incluse dans le périmètre des 133 hectares, classés au Patrimoine mondial de l’Unesco le 15 juillet 2005, parce « qu’il représente un exemple exceptionnel de l’architecture et de l’urbanisme d’après guerre. »

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M’Fanch, samedi 10 février 2018