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Patrimoines du Sud 3 | 2016 Varia Musée scolaire ou cabinet de curiosités ? Exemple de l’institution Saint-Joseph de Rodez School museum or curiosity cabinet? The example of Saint-Joseph de Rodez’s institution William Trouvé, Diane Joy et Roland Chabbert Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/pds/1167 DOI : 10.4000/pds.1167 ISSN : 2494-2782 Éditeur Conseil régional Occitanie Référence électronique William Trouvé, Diane Joy et Roland Chabbert, « Musée scolaire ou cabinet de curiosités ? Exemple de l’institution Saint-Joseph de Rodez », Patrimoines du Sud [En ligne], 3 | 2016, mis en ligne le 01 février 2016, consulté le 16 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/pds/1167 ; DOI : https:// doi.org/10.4000/pds.1167 La revue Patrimoines du Sud est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modication 4.0 International.

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Musée scolaire ou cabinet de curiosités ? Exemplede l’institution Saint-Joseph de RodezSchool museum or curiosity cabinet? The example of Saint-Joseph de Rodez’sinstitution

William Trouvé, Diane Joy et Roland Chabbert

Édition électroniqueURL : http://journals.openedition.org/pds/1167DOI : 10.4000/pds.1167ISSN : 2494-2782

ÉditeurConseil régional Occitanie

Référence électroniqueWilliam Trouvé, Diane Joy et Roland Chabbert, « Musée scolaire ou cabinet de curiosités ? Exemple del’institution Saint-Joseph de Rodez », Patrimoines du Sud [En ligne], 3 | 2016, mis en ligne le 01 février2016, consulté le 16 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/pds/1167 ; DOI : https://doi.org/10.4000/pds.1167

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Patrimoines du sud – 3, 2016

Musée scolaire ou cabinet de curiosités ?Exemple de l’institution Saint-Joseph de Rodez

William TROUVÉ, Diane JOY, Roland CHABBERT

Fondée en 1684 par Jean-Baptiste de La Salle, l’institution des Frères des Écoles Chrétiennesdispense un enseignement gratuit aux garçons des classes populaires. Le succès de la Congré-gation atteint son apogée partout en France dans les années 1850-1880, grâce à une péda-gogie innovante.La ville de Rodez conserve la mémoire de l’importance des Frères, appelés en 1745 parl’évêque qui avait mis à leur disposition un immeuble proche de la cathédrale : après un sièclede déménagements et l’ouverture de plusieurs écoles est créé en 1851, rue Sarrus, un pen-sionnat, à l’emplacement de l’actuelle institution Saint-Joseph. C’est ce lieu qui possède en-core un témoignage précieux de l’évolution de l’éducation.

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Au cours de la deuxième moitié du xIxe siècle, lesméthodes d’enseignement qui faisaient déjà la ré-putation des frères et s’étaient trouvées confortéespar la loi guizot de 1833, mettent en avant le senspratique et accordent aux sciences une place im-portante. Cette pédagogie peut s’appuyer sur l’uti-lisation d’objets réunis à cet effet ainsi que l’indiqueune lettre du supérieur de l’ordre aux directeursd’établissement en 18731. L’intérêt accordé aux ob-jets comme supports pédagogiques dépasse cetteseule congrégation et est formalisé dès 1849 dansle Manuel de l’instruction primaire. Exposé aux ins-tituteurs dans un discours prononcé à l’Expositionuniverselle de 18782, le principe de musée scolaireest enfin institutionnalisé en 1881 par une circu-laire de Jules Ferry adressée à tous les départements : Règlement intérieur du Musée

pédago gique et de la Bibliothèque centrale de l’en-

seignement primaire. Dans la seconde moitié du xIxe siècle, un muséescolaire est constitué progressivement dans l’éta-blissement ruthénois comme dans la plupart desétablissements lassaliens, et la collection qu’il abrite présente, outre son état de conservation,l’intérêt supplémentaire de témoigner d’un parti-pris aujourd’hui abandonné, celui qui animaitles cabinets de curiosités (fig.1).

Constitution des collections

Deux documents permettent de fixer les jalons importants de la constitution du musée. Lepremier, publié en 1959 pour les fêtes du centenaire de l’institution, retrace un siècle d’histoirede l’établissement et présente un inventaire succinct des collections3. Le deuxième est unedescription dactylographiée, rédigée vers 1970 du contenu des vitrines et fournit quelquesdétails sur les origines des objets conservés4. Enfin, des documents retrouvés in situ aidentà retracer le parcours de certains objets. Par ailleurs deux photographies focalisent l’attentionsur la collection d’animaux naturalisés. Si la carte postale éditée dans les années 1930 ne

1 - Le Frère Philippe, supérieur de 1838 à 1874, adresse le 21 juillet 1873 une lettre aux frères directeursd’établissements comme celui de Rodez, des « grands pensionnats » où les élèves poursuivent leursétudes après le primaire. Il leur demande de contribuer à l’élaboration d’un ouvrage qui servirait de ré-férence pour la conduite de ces établissements et mentionne dans la seconde partie, consacrée à l’en-seignement dispensé : Les collections nécessaires pour certaines études : cartes géographiques etsphères, instruments d’arpentage, cabinet de physique et d’histoire naturelle, etc.2 - Alain VERgnIOUx, Le Musée, Le Télémaque, 2004/2 (n° 26), p. 15-24.3 - Cent ans d’histoire, institution Saint-Joseph, Rodez, Souvenir du Centenaire, 1859-1959.4 - Sainte-Geneviève, Saint-Joseph, Rodez. Un établissement, deux histoires, une priorité : l’éducation,2000, p. 55.

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Fig. 1. Musée de l’institution Saint-Joseph, vu depuis

l’entrée. P. Poitou © Inventaire général Région Midi-Py-

rénées.

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montre que les vitrines, sur l’autre pho-tographie, prise vingt ans plus tôt, les ani-maux sont mis en scène, disposés sur unetable centrale et sur le sol (fig.2). La collection d’animaux naturalisés sembleavoir été constituée dès les premières an-nées d’ouverture du pensionnat, entrefévrier 1859 et 18635 et fut enrichieultérieurement. Les premiers spécimensd’oiseaux, naturalisés vers 1877 ou 1884, sil’on peut se fier à leurs cartels, n’étaient pasexposés dans la salle où l’on peut les voiractuellement mais dans le vestibule de l’in-firmerie et avaient dû être déménagés unepremière fois. Les dispositions du muséeparaissent en effet avoir été établies dans ledernier quart du xIxe siècle par le frère

Idinaël-Marie, professeur de sciences dans l’établissement dès son ouverture avant d’en de-venir le directeur entre 1885 et 1909. Dans les mêmes années, le frère xénophon-Joseph,sous-directeur de l’établissement et ancien enseignant en mathématiques, a réalisé lui-même,avec quelques aides, une large part de la collection de taxidermie. Sa passion pour l’histoirenaturelle était notoire puisqu’au début du siècle suivant un ancien élève, devenu officier àMadagascar, déclare avoir songé plusieurs fois au moyen d’enrichir la collection du frère

Xénophon mais n’avoir pas réussi à conserver quelques variétés de poissons6. En effet, iln’exis te pas de collection d’ichtyologie dans le musée. Durant la Première guerre mondiale, l’institution Saint-Joseph est réquisitionnée, transforméeen hôpital temporaire où plus de 7000 soldats et blessés de guerre sont soignés. Le muséede l’établissement devient le bureau de l’officier gestionnaire7. Il faut vraisemblablement voirlà l’origine de la collection d’armes de cette époque.Au cours de la première partie du xxe siècle, les collections sont progressivement enrichiesen particulier par le frère Clément Baute, professeur de sciences entre 1924 et 1939, quicons titue la collection de géologie et enrichit celle d’entomologie par l’acquisition des spéci-mens de lépidoptères et de coléoptères. Sous son égide, d’anciens élèves contribuentponctuellement à compléter le fonds du musée8. D’autre part, la loi de 1904 provoque indi-rectement l’enrichissement de la collection : en supprimant le droit d’enseigner aux congré-gations religieuses, elle incite près de 4000 frères français à s’expatrier et à réaliser denouvelles fondations dans tous les continents. Les frères-missionnaires au cours de leursvoya ges, dans les colonies françaises et les pays où le réseau lasallien s’est développé, re-cueillent des objets qui complètent la collection.

5 - Cent ans d’histoire, op. cit., p. 20.6 - Échos et nouvelles, bulletin de l’association de l’école.7 - Le livre d’or de l’institution Saint-Joseph de Rodez. Guerre de 1914-1918, p. 130.8 - La collection de minéralogie appartenait à M. Salesses, spécialiste des chemins de fer africains, pro-moteur de la voie Conakry-niger, gouverneur honoraire des colonies.

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Fig. 2. Photographie du cabinet d’histoire naturelle vers1910. W. Trouvé © Inventaire général Région Midi-Pyré-nées.

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Au milieu du xxe siècle, viennent s’ajouterdeux plans-reliefs (fig.3) réalisés au débutdu siècle par Amans ginestet, directeur del’école notre-Dame de Rodez. Jusque dans les années 1990, c’est le frèreHenri Laur qui prend soin du cabinet de cu-riosités. Il semble avoir été spécialisé dansl’étude des fossiles et s’être soucié de laconservation des spécimens d’entomologie.Dans une note rédigée en 1987, il évoqueplusieurs herbiers dont aucun n’a étéretrouvé au cours de notre étude : le grand

herbier (le plus ancien) est dû au Frère Is-

raël-Auguste, professeur au pensionnat. Au-

teur également d’un herbier du Lot ayant

figuré à l’expos (sic) internationale de Paris

en 1900. Le petit herbier (cartons moyens)

est l’œuvre du F. Roucarie († 1933) prof. à

l’institution. Trois petits cartons pourraient

être l’œuvre d’un troisième botaniste, le

frère Israël-Auguste parti en Égypte en

1904. Il y constitua un troisième herbier. Ladisparition de ces herbiers est d’autant plus

regrettable qu’ils semblent être particulièrement représentatifs des recherches scientifiquesdes Frères des Écoles Chrétiennes qui en ont constitué de remarquables, dont celui de la Florede Montpellier, conservé au musée du Biterrois à Béziers.

Un ensemble riche mais hétéroclite

Les pièces du musée sont généralement exposées sur des socles blancs en bois avec un cartelsur lequel figurent l’identification de l’objet et parfois sa provenance et la date de son entréedans les collections. Six domaines principaux sont présentés dans six armoires-vitrines :géologie, zoologie, ethnologie, archéologie, armes blanches et à feu, numismatique. Troisautres vitrines accrochées aux murs du couloir reliant la chapelle au dortoir, ne contiennentque des pièces géologiques. Les naturalia sont divisées ici selon les trois règnes, minéral,végétal et animal. Les minéraux proviennent de l’Aveyron et des départements voisins (Lot,Cantal), mais aussi des anciennes colonies françaises (Sahara Oriental, Madagascar, nou-velle-Calédonie). Quelques roches ont été commandées spécialement pour le musée au comp-toir géologique et minéralogique d’Alexandre Stuer de Paris et deux petits meubles comptoirsde minéralogie sont conservés avec leur contenu. Cette importante collection voisine nonseulement avec celle de paléontologie, plutôt maigre, mais aussi avec celle des coquillages,

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Fig. 3. Plan-relief de la ville de Rodez et ses environs,fabriqué par Amans Ginestet à la fin du XIXe siècle oudébut du XXe siècle. P. Poitou © Inventaire général, Ré-gion Midi-Pyrénées

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qui compte près de 1 000 objets et dont l’état de conservationest sans doute le plus alarmant.Les animaux naturalisés sont répartis de manière cohérentedans les vitrines du musée. Les oiseaux, spécimens les plusnombreux, sont toujours placés sur les étagères supérieureset regroupés par familles : les oiseaux marins, les échassiers,les gallinacés, les oiseaux migrateurs, les rapaces ; etc…

Viennent ensuite les mammifères, les reptiles et les animauxmarins, installés en partie basse des deux grandes vitrines dufait de leurs tailles et de leurs poids (fig.4). Certains sont misen scène comme le putois ou le reptile qui tiennent leursproies, des oiseaux, dans la bouche. César, le chien desPyrénées ayant appartenu à l’un des directeurs de l’établisse-ment, accueille, face à la porte d’entrée, le visiteur. Les collections d’archéologie et d’ethnologie sont presqueconfondues et il est malaisé d’en retracer précisément lacons titution. Quelques pièces d’Égypte ancienne, récupérées à proximité de la pyramide deChéops vers 1890, ont été offertes par le frère Isidore-de-Péluse ou par le collège de Sainte-Catherine d’Alexandrie : une tête et un pied de momie, cinq ouchebti9 et une statuette dudieu Bès (fig.5). La période gallo-romaine est mieux représentée avec quelques céramiquesde la graufesenque, site majeur de production de sigillée dans le sud de l’Aveyron. Une am-phore trouvée dans l’enclos même de l’établissement et un crâne féminin, découvert dans unensemble de sépultures du Ie au IIIe siècle au lieu-dit la Boule-d’Or (déposé en 1978 aumusée), complètent la collection. Les objets ethnographiques ont été rapportés par les re-ligieux. Les œuvres issues de Chine, du Japon et du Vietnam sont majoritaires (fig.6 à 8). Laplupart ont été collectées en Cochinchine (sud du Vietnam actuel) par les frères-missionnaires

9 - Statuette funéraire de serviteur.

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Fig. 4. Vue d’ensemble de la vitrinen° 4. Félins et mamifères sont enpartie basse tandis que les oiseauxoccupent la partie haute. Les pa-pillons et les insectes, sont rangésdans des boites au niveau intermé-diaire. P. Poitou © Inventaire géné-ral, Région Midi-Pyrénées

Fig. 5. Fragments d’une momie etdivers éléments provenantd’Egypte, issus de la collection ar-chéologique. P. Poitou © Inventairegénéral, Région Midi-Pyrénées

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qui y enseignaient comme en témoignent des manuels bilingues en langues tamoule et an-namite. Les objets d’Afrique occidentale ont été donnés, avec des échantillons de minéralogie,par l’ancien élève Eugène Salesses. Ils n’ont pas été rassemblés dans un projet élaboré : unepaire de chaussures en écorce voisine avec une défense d’éléphant, des armes et des instru-ments de musique (fig.9). Si la collection d’armes (fig.10) ne compte que 75 objets10, le « département » de numisma-tique, constitué de plusieurs milliers de pièces et qui n’a pas pu être étudié en détail, est im-portant. Outre des monnaies antiques, grecques et romaines, les monnaies médiévaleseuropéennes sont fréquentes et pour certaines identifiées11. Mais ce sont les pièces ramenéesd’Extrême-Orient qui sont les plus nombreuses. Leur étude reste à mener mais il est peuprobable que ces pièces soient antérieures au xIxe siècle.

10 - Aux pièces datées de la première guerre mondiale, s’ajoutent des pièces plus exotiques, acquisesantérieurement : un fusil berbère et un marocain, une carabine japonaise, des sacoches à poisond’Afrique et des armes blanches…11 - On remarque notamment une monnaie frappée sous Charles V et plusieurs pièces à l’effigie dePierre III et d’Alfonse d’Aragon.

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Fig. 6. Détail d’une pagode en ivoire sculpté, objet issu de la collection ethnologique. P. Poitou © Inventaire géné-ral, Région Midi-Pyrénées.

Fig. 7. Figure d’un Bodhisattva Di Lac (divinité familiale). P. Poitou © Inventaire général, Région Midi-Pyrénées

Fig. 8. Éléments de plaquettes en bois avec des textes en écriture tamoule. P. Poitou © Inventaire général, RégionMidi-Pyrénées.

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Résultat d’une accumulation progressive, les collections forment donc un ensemble hétéroclited’objets, sans volonté d’obéir à des principes raisonnés de classification. De plus, le muséede Saint-Joseph, grâce au rayonnement international de la congrégation lasallienne, donne àvoir aux élèves la diversité du monde et montre un certain attrait pour ce qu’il a d’étrange,différant en cela également des attendus d’un musée scolaire tel qu’il est défini dès la moitiédu xIxe siècle et ce jusque sous la IIIe République : il faut éviter […] d’introduire des objets

plus curieux que réellement utiles à l’enseignement […] Ce qu’il importe surtout de faire con-

naître aux enfants, ce sont les objets qui les entourent, ce sont les produits de la localité ou

mieux de la région qu’ils habitent12. Par ailleurs nombre de domaines requis par la Revue

d’éducation et d’instruction primaire en 188713 sont absents des collections de Saint-Joseph :hygiène et pharmacie scolaire (dont tableaux didactiques), chauffage et éclairage, industriesdiverses et produits industriels locaux, agriculture, alimentation. Plus qu’à un musée scolaire,les collections de l’institution Saint-Joseph appartiennent donc au type du cabinet de cu-riosités, qui classe les objets en quatre catégories constitutives : artificialia, naturalia, exotica

et scientifica.

Vers une protection au titre des Monuments historiques ?

Si la congrégation des Frères des Écoles Chrétienne a visiblement accordé durant tout le xIxe

siècle une importance considérable à ses collections qu’elle a pris soin de constituer, les en-sembles conservés, en revanche, sont plutôt rares et curieusement bien peu documentés.

12 - Manuel général de l’instruction primaire, 1849.13 - Revue d’éducation et d’instruction primaire, 1er septembre 1887.

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Fig. 9. Détail de la collection d’ethnographie africaine. P. Poitou © Inventaire général, Région Midi-Pyrénées

Fig. 10. Détail de la collection d’armes blanches. On y trouve une épée datant du XVIe ou du XVIIe, une épée deparade d’époque Restauration et un sabre japonais. P. Poitou © Inventaire général, Région Midi-Pyrénées

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En 1933, le collège lasallien de Langueuil, dans la province de Québec, comptait 123 000pièces14 et sa collection d’histoire naturelle était alors réputée sur le plan international. EnFrance cependant, sur la trentaine d’établissements des Frères des Écoles Chrétiennes re-censés sur la base Mérimée en 2015, aucune mention de musée ou cabinet de curiosité n’ap-paraît. Dans la région, le seul autre exemple clairement identifié dans un établissementlasallien est le pensionnat de l’Immaculée Conception à Béziers, qui abrite des collections ins -tituées en musée, comme à Rodez, dans les années 1880. À la même époque, la congrégationde l’Immaculée Conception de Castres, fondée par Émilie de Villeneuve, créait un musée dumême type au collège et lycée notre-Dame de Castres15.

Tant par la richesse de ses collections que sa qualité de témoin tangible de l’histoire de l’en-seignement par les Frères des Écoles Chrétiennes, le musée de l’institution Saint-Joseph estdonc remarquable et mériterait d’être valorisé. Certes une éventuelle ouverture au publicpose de nombreuses questions, non seulement de sécurité pour les collections mais aussi deprotection du public en raison notamment de l’usage d’arsenic pour la taxidermie des ani-maux. Si la conservation de l’ensemble semble justifiée, ses modalités restent à étudier.Le musée de l’institution Saint-Joseph se prêterait particulièrement bien à une protection dé-passant le cadre des protections individuelles d’objets. La loi « Création, architecture et patri -moine », en projet, permettrait de le considérer comme « ensemble historique mobilier »(article L 622.1.1). Dans cette perspective, le conservateur des antiquités et objets d’art del’Aveyron a été associé à l’inventaire réalisé à Rodez par le « Master Patrimoine » de Cahors16

en partenariat avec le Service du Patrimoine de Rodez Agglomération.

William TROUVÉ étudiant du master de Cahors

Diane JOYresponsable du service du patrimoine Rodez agglomération

Roland CHABBERTconservateur en chef du patrimoine

14 - Frère Marie-Victorin, Mon miroir. Journaux intimes 1903-1920, Bibliothèque nationale du Québec,2004, p. 216, note de l’éditeur 133.15 - Ce musée ne semble plus être ouvert aux élèves de l’institution.16 - L’inventaire du musée de l’Institution Saint-Joseph de Rodez a été mené en 2013 et 2014 par lesétudiants du master patrimoine de Cahors : géraldine Amiel, Lucie Boyer, Claire Champetier, Lisa Fili-setti, Quentin Joerger, Carmen Lacombe, Julie Lossouarn, Cynthia Maurel, Elodie Mazel, Lucie Picaud,Lucile Pinasa, Coralie Salperwyck, Marie Serres, Elsa Valette et William Trouvé, qui a finalisé le travailet réalisé les dossiers d’étude des bâtiments de l’institution. Coordination et encadrement, Roland Chab-bert, conservateur en chef du patrimoine, chef du service de la connaissance du patrimoine de la RégionMidi-Pyrénées.

Pour citer cet article :

William TROUVÉ, Diane JOY, Roland CHABBERT « Musée scolaire ou cabinet de curiosités ? Exemple del’institution Saint-Joseph de Rodez », Patrimoines du sud [en ligne], 3 / 2016, mis en ligne le 9 février2016, consulté le ............URL : http://inventaire-patrimoine-culturel.cr-languedocroussillon.fr

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