MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers...

11
MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX Document rédigé en 1885 Auteur : L’Instituteur de Lux de l’époque Monsieur Naudy La commune de Lux est située au Nord-Est de Villefranche-de-Lauragais. Elle est limitée au Nord par les communes de Juzes et de Beauville, à l’Ouest par Saint-Vincent et Vallègue, au Sud par celles d’Avignonet, Folcarde et Rieumajou, et à l’Est par Mourvilles-Hautes. Elle a à peu près la forme de notre département, et conte une superficie de 755 hectares. Lux est situé à 7,5 kilomètres de Villefranche qui en est le chef-lieu d’arrondissement et de canton. La route départementale de Villefranche à Revel, traversant la commune, en passant près du village, facilite les relations avec le chef-lieu d’arrondissement. Lux est situé à 43 km de Toulouse, passant par Villefranche. Le pays est généralement accidenté. Les collines qui le composent sont peu élevées et suivent la direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine par un plateau assez joli et se confond insensiblement avec la plaine un peu au-dessous du village. Ce dernier quoique situé sur un plateau paraît être dans un bas- fond, vu de la route départementale, d’où on n’aperçoit que la toiture de la nouvelle église. Ce n’est qu’à 100 mètres environ que commence à voir les premières maisons. En retour, si, étant dans le village, la vue est bornée du côté de l’Ouest et au Sud par la colline qui le domine. On jouit d’un beau coup d’œil dans la direction opposée, on y voit cinq villages voisins : Juzes, Le Vaux, Bélesta, Saint-Félix et Mourvilles-Hautes. Dans cette même direction, il domine plusieurs collines et une petite vallée au fond de laquelle se trouve un petit ruisseau bordé de peupliers et longé par une longueur de pré. Tout cela vu des ruines de l’ancien château présente un aspect ravissant et tout à fait pittoresque. L’ensemble du sol est généralement montagneux, son altitude est, aux points les plus élevés, de 240 à 249 mètres. Les parties Sud et Sud-Est du territoire sont les plus accidentées, cependant un autre plateau assez vaste et élevé domine ces collines aux lieux dits Saint-Jean-de-Lugardès, Raoü et Commanderie. Toutes ces collines sont cultivées ou boisées, de manière qu’elles ne présentent aucune curiosité naturelle. Toutesfois, le pays est assez agréable et pittoresque. Les eaux du territoire communal s’écoulent dans différentes directions. La commune comprend trois versants : 1) Celui du ruisseau de la Ribeyresse et Picard. 2) Celui du Favayrol et de Véga au Sud 3) Celui de l’Ouest qui compte plusieurs petits ruisseaux. Toutes ces eaux vont se jeter dans le Marès, aux environs de Villefranche. Tous ces cours d’eau sont insignifiants. On n’y voit un peu d’eau qu’à l’époque des grandes pluies et à la fonte des neiges. Comme eau potable pour l’alimentation, on est obligé d’avoir recours aux puits. Il y a bien cependant quelques petites sources à certains endroits, mais elles sont peu abondantes et tarissent à l’époque des grandes chaleurs. Pour abreuver le bétail et pour arroser en été, on est obligé de recourir à l’eau des mares et encore est- on obligé de la ménager en été pour ne pas en être entièrement dépourvu. Parmi ces sources, il en est une cependant plus abondante que les autres, et qui ne tarit jamais. C’est celle des Taberneaux, à l’Ouest et à 150 mètres du village située sur la route de Trébons à Mourvilles-Hautes et sur le chemin du village. A l’époque des grandes chaleurs, il y a même des gens de la commune de Juzes qui, étant privés d’eau dans leur contrée, y viennent laver leurs lessives.

Transcript of MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers...

Page 1: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX

Document rédigé en 1885

Auteur : L’Instituteur de Lux de l’époque Monsieur Naudy

La commune de Lux est située au Nord-Est de Villefranche-de-Lauragais. Elle est limitée au Nord par

les communes de Juzes et de Beauville, à l’Ouest par Saint-Vincent et Vallègue, au Sud par celles

d’Avignonet, Folcarde et Rieumajou, et à l’Est par Mourvilles-Hautes. Elle a à peu près la forme de

notre département, et conte une superficie de 755 hectares.

Lux est situé à 7,5 kilomètres de Villefranche qui en est le chef-lieu d’arrondissement et de canton. La

route départementale de Villefranche à Revel, traversant la commune, en passant près du village,

facilite les relations avec le chef-lieu d’arrondissement.

Lux est situé à 43 km de Toulouse, passant par Villefranche.

Le pays est généralement accidenté. Les collines qui le composent sont peu élevées et suivent la

direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle

surtout où est situé le village, se termine par un plateau assez joli et se confond insensiblement avec la

plaine un peu au-dessous du village. Ce dernier quoique situé sur un plateau paraît être dans un bas-

fond, vu de la route départementale, d’où on n’aperçoit que la toiture de la nouvelle église.

Ce n’est qu’à 100 mètres environ que commence à voir les premières maisons. En retour, si, étant dans

le village, la vue est bornée du côté de l’Ouest et au Sud par la colline qui le domine. On jouit d’un

beau coup d’œil dans la direction opposée, on y voit cinq villages voisins : Juzes, Le Vaux, Bélesta,

Saint-Félix et Mourvilles-Hautes. Dans cette même direction, il domine plusieurs collines et une petite

vallée au fond de laquelle se trouve un petit ruisseau bordé de peupliers et longé par une longueur de

pré. Tout cela vu des ruines de l’ancien château présente un aspect ravissant et tout à fait pittoresque.

L’ensemble du sol est généralement montagneux, son altitude est, aux points les plus élevés, de 240 à

249 mètres. Les parties Sud et Sud-Est du territoire sont les plus accidentées, cependant un autre

plateau assez vaste et élevé domine ces collines aux lieux dits Saint-Jean-de-Lugardès, Raoü et

Commanderie. Toutes ces collines sont cultivées ou boisées, de manière qu’elles ne présentent aucune

curiosité naturelle. Toutesfois, le pays est assez agréable et pittoresque.

Les eaux du territoire communal s’écoulent dans différentes directions. La commune comprend trois

versants :

1) Celui du ruisseau de la Ribeyresse et Picard.

2) Celui du Favayrol et de Véga au Sud

3) Celui de l’Ouest qui compte plusieurs petits ruisseaux.

Toutes ces eaux vont se jeter dans le Marès, aux environs de Villefranche. Tous ces cours d’eau sont

insignifiants. On n’y voit un peu d’eau qu’à l’époque des grandes pluies et à la fonte des neiges.

Comme eau potable pour l’alimentation, on est obligé d’avoir recours aux puits. Il y a bien cependant

quelques petites sources à certains endroits, mais elles sont peu abondantes et tarissent à l’époque des

grandes chaleurs.

Pour abreuver le bétail et pour arroser en été, on est obligé de recourir à l’eau des mares et encore est-

on obligé de la ménager en été pour ne pas en être entièrement dépourvu. Parmi ces sources, il en est

une cependant plus abondante que les autres, et qui ne tarit jamais. C’est celle des Taberneaux, à

l’Ouest et à 150 mètres du village située sur la route de Trébons à Mourvilles-Hautes et sur le chemin

du village. A l’époque des grandes chaleurs, il y a même des gens de la commune de Juzes qui, étant

privés d’eau dans leur contrée, y viennent laver leurs lessives.

Page 2: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

Plan de Lux et de ses communes limitrophes

On trouve peu de pierre à construire sur le territoire communal. Ce n’est qu’avec peine qu’on parvient

à en extraire à certains endroits et encore est-elle de très mauvaise qualité : C’est du moellon.

Les parties constituantes du terrain qui dominent sont le calcaire, l’argile et le sable. L’humus

dominant dans certaines contrées, fait entièrement défaut dans d’autres. Quelques propriétaires

seulement cherchent à amender leurs terres, ce sont généralement les petits. Leurs terres sont aussi les

mieux cultivées.

Le climat tempéré, le pays serait fertile, si ce n’était le vent du Sud-Est qui détruit tout à certaines

époques de l’année. C’est principalement au printemps et à l’époque des équinoxes qu’il se fait le plus

sentir. Au printemps, il ravage les arbres fruitiers et à l’époque des moissons, il cause également de

grands dégâts. Il dessèche les terres de manière que le cultivateur doit se borner à la culture de

quelques céréales, telles que blé, maïs et quelques autres insignifiantes. Ainsi que nous le verrons ci-

après. Les seuls vents qui nous amènent la pluie sont ceux du Sud-Ouest.

Page 3: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

D’après le recensement de 1881, le chiffre de la population de la commune est 259 habitants, tandis

que celui de l’an dernier s’élevait à 265. Du reste, le tableau ci-après nous l’indiquera très clairement.

Recensements Dates des recensements Chiffre de la population Différence en moins

sur les années précédentes 1851 326 1872 293 33 en 21 ans 1876 265 28 en 4 ans 1881 259 6 idem

Il y a donc une grande diminution d’un recensement à l’autre. A quelle cause l’attribuer ? Ce doit être

sans doute comme partant ailleurs, à la tendance qu’ont les populations rurales d’affluer vers les villes.

Bien pour mieux dire, la cause en est inconnue. Un grand nombre des habitants de la commune étant

des maîtres-valets, la population en est trop flottante pour qu’on puisse s’en rendre compte.

La commune se compose du village, d’un hameau et de métairies éparses. Savoir (recensement de

1881) :

Nom des situations Ménages Maisons Individus

Village 9 7 31

La Borie, hameau 8 8 29

Métairies 48 44 199

Totaux 65 59 259

Les conseillers municipaux, comme dans toutes les petites communes, sont au nombre de dix. Sur ce

nombre, il y en a un d’illettré. Les électeurs ayant l’habitude de porter des propriétaires pour les

représenter, se trouvent souvent fort embarrassés dans le choix qu’ils ont à faire, mais malgré cela, ils

préfèrent des propriétaires illettrés à des fermiers instruits.

Les principaux propriétaires de la commune sont : M. M. Solier Félix qui à lui seul possède les 1/9ème

du territoire communal. De Marliave, Andraud, Maurel, etc. Quant aux autres, ce sont tous des petits

propriétaires qui font valoir leurs biens.

Le culte catholique est le seul professé dans la commune. Les gens sont généralement crédules et peu

instruit, aussi s’en trouvent-ils encore qui croient aux revenants, au pouvoir de quelques sorciers, à la

vertu de quelques sources mystérieuse. Toutefois, on s’aperçoit que cette simplicité primitive, qui tient

de l’ignorance, disparaît peu à peu grâce à l’instruction qui pénètre actuellement jusqu’au sein des plus

humbles chaumières.

L’église est le seul monument que possède la commune. Elle a été construite à neuf, il y a une

douzaine d’années (reconstruite le 22 mars 1866). C’est un édifice roman qui n’a rien de particulier à signaler.

Lux possédait autrefois un château féodal dont il ne reste plus aujourd’hui qu’une vieille tour à moitié

démolie (1).

On croit généralement qu’il a été démoli du temps des guerres de religion, vers le milieu du 16ème

siècle.

Page 4: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

(1) Tour construite et transformée en pigeonnier

L’emplacement du château a été transformé en prairie artificielle dans sa partie intérieure, tandis que

le haut forme un jardin anglais. La tour a été tronquée et la toiture refaite.

La commune appartient à la perception de Villefranche. La valeur du centime est 32 fr. Les revenus

communaux sont minimes et cependant, grâce à la sage administration du maire actuel, M. Andraud

Germain, réélu aux dernières élections, la commune a trouvé le moyen d’économiser les fonds

nécessaires pour faire face aux dépenses occasionnées par la construction de l’église et de la maison

d’école, sans trop surcharger les contribuables. Cette dernière est une des mieux installées des

environs. C’est ce dont je parlerai ci-après.

Les principales productions de la commune sont les suivantes :

Grains alimentaires et tubercules

1) Grains alimentaires

Désignation des cultures

Hectares cultivés

Rendement de l’hectare en

hectolitres en 1884

Prix moyen de l’hectolitre en 1884

Rendement moyen en hectolitres

Blé 255 20 18 f 5.100

Avoine 10 20 10 200

Maïs 200 25 15 5000

Fèves 16 12 14 192

Haricots 5 12 20 60

Poix 5 10 19 50

Page 5: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

2) Tubercules

En pommes de terre, 5 hectares cultivés dont en moyenne 60 quintaux métriques par hectare, dont en

moyenne 5 fr. le quit. métrique.

-----------------------------------------

Parmi toutes ces cultures, c’est le blé qui domine toutes les autres, le maïs vient ensuite. Ce dernier est

la culture favorite du maître-valet. Il est aussi son nourricier, car matin et soir, le millas figure à sa

table (c’est ainsi qu’il appelle la bouillie). C’est le mets par excellence. Cependant il faut le dire pour

être juste, depuis quelques années, on s’aperçoit que nous sommes dans le siècle du progrès, puis que

le dernier des cultivateurs s’en ressent. En effet, celui qui voit aujourd’hui la manière dont se traite le

maître-valet, le dernier des cultivateurs, relativement à ce qu’il faisait autrefois, ne peut disconvenir

que son bien-être en diffère comme la nuit avec le jour.

L’âpre pain de maïs qu’il se pétrissait même autrefois est remplacé par le bon pain blanc que lui

apporte le boulanger chargé de céréales. Il tue tous les ans cinq ou six paires d’oies ou de canards et un

cochon avec lesquels il fait du salé.

En outre, depuis quelques années, il boit tous les jours son vin, ce qui était inconnu autrefois. En un

mot, il se traite aussi bien que le propriétaire : N’est-ce pas là un des grands bienfaits de 1789 !

Parmi toutes les cultures, il en est une qui allait faire tomber toutes les autres dans notre contrée, si le

phylloxéra n’était venu en entrainer la marche, c’est li vigne.

Depuis quatre ou cinq ans, tout le monde plantait des vignes. On se figurait qu’il suffisait d’être

propriétaire de quelques vignes pour faire sa fortune en peu de temps, et puis, du reste se disait le

paysan : Il est si bon, si agréable à boire « a quel boun bi del pays ».

Ce qui est aussi venu paralyser cette impulsion, c’est que ces vins étant si petits et si faibles, ne

peuvent être transportés sans s’avarier de manière que le propriétaire se trouve embarrassé pour les

vendre. D’un autre côté, les étrangers n’y attachent aucun prix, quoique naturels. Bref, autant était

forte la langue pour la culture de la vigne, autant a été cruelle la déception.

Le phylloxéra a fait son apparition l’année dernière, quatre ou cinq hectares sont déjà envahis. Ce sont

généralement les terrains sablonneux et élevés qui en sont atteints. Plusieurs propriétaires, pour ne pas

dire le grand nombre, ont pas encore ressenti les effets qu’ils commencent déjà par se décourager, tant

il est vrai que la joie du soir fait trouver triste la matinée du lendemain. Il est à souhaiter que le fléau

dévastateur s’arrête là, bien que ce petit vin soit très ordinaire : ne serait-ce que pour se purger qu’il

mérite encore d’être conservé. Ce petit vin peut avoir en moyenne cette année de 6 à 7 degrés, 8 tout

au plus. Il se vend de 15 à 18 fr l’hectolitre, quelques 20 par exception.

Tableau comparatif des vignes et du rendement du vin en 1884

Vignes

Nombre d’hectares plantés en vignes

Rendement moyen en

vin par hectare en 1884

Année moyenne Rendement moyen en vin par hectare

En production 100 20 22

Nouvellement plantées 50 20 22

Phylloxérées 5 20 22

La superficie des bois est de 15,5 hectares donnant environ 85 stères par hectare tous les 20 ans. Le

prix du stère est en moyenne de 7 francs, pris sur place. Le chêne est le bois le plus commun dans cette

contrée.

Page 6: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

Quant au fourrage, le tableau suivant nous renseignera aussi bien que possible d’après le rendement de

l’année dernière.

Fourrages, prairies, herbages

Fourrages annuels, prés artificiels et prés temporaires

Désignation des cultures

Nombre d’hectares cultivés

Rendement moyen par hectare Quint. mét.

Prix moyen d’un quintal de fourrage

Année moyenne Rendement par

hectare Quint. mét.

Vesces

30 60 6,20 f 30

Seigle vert

4 60 3 f 35

Trèfles de toutes natures

5 58 5,5 f 65

Luzerne

10 60 6 f 65

Sainfoin

12 39 8 f 100

Prés et pâtures temp.

10 60 6 f 7

Herbages pâturés

12 75 8,20 f 50

On élève généralement peu de bétail dans la commune, sauf les bêtes que les propriétaires engraissent

ou élèvent tout en s’en servant pour leurs travaux agricoles.

Tableau des animaux existant dans la commune

Désignation des espèces

Nombre de têtes

Poids moyen

Prix moyen

Espèce chevaline 14 400 kg 800 f

Mulets et mules 5 450 850

Espèce bovine 204 350 400

Espèce ovine 170 45 40

La chasse est assez attrayante dans nos contrées, seulement ce qui est désagréable, c’est que le gibier

diminue sensiblement d’une année à l’autre. Il ne peut en être autrement, on ne voit que des

braconniers dans cette contrée, et en tout temps. Pour eux la chasse est toujours ouverte, tout le monde

prend du gibier ou, pour mieux dire, il n’y a que ceux qui ont leur permis de chasse qui en prennent

peu. On en compte neuf ou dix dans la commune.

Il paraît qu’autrefois la commune possédait plusieurs briqueteries dont on voit encore les traces.

Aujourd’hui tout a disparu. Il n’y a plus qu’un moulin à vent situé à l’entrée du village.

Les seules voies de communication sont les routes, dont la principale est la route départementale de

Villefranche à Revel, par Saint-Félix. Il y a en outre un chemin d’intérêt commun de Saint-Vincent à

Mourvilles-Hautes, traversant la commune de Lux dans une bonne partie de sa longueur (voir la carte

de la commune à la 4ème page de la monographie). Il y a ensuite deux autres routes communales et des

chemins vicinaux qui sillonnent le territoire communal.

Page 7: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

Lux, du latin « Lugdunum », signifie « hauteur ». En effet, c’est un des points les plus élevés, quoique

le village ne soit pas situé sur le point culminant de la colline, sur le versant Nord de laquelle il se

trouve. On ne le dirait pas à vue d’œil, mais il est encore plus élevé que le village voisin Juzes.

Lux signifie encore, d’après l’étymologie du mot, « lumière » mais ce n’est pas sous ce point de vue

que nous devons l’envisager. De ces deux assertions, j’opterais pour la première qui a sa raison d’être.

Bien des gens, ignorants sans doute cette première étymologie, lui attribuent cette dernière. Dans ce

cas, je me demande dans quel sens il faudrait le prendre. Au propre, pour quelle raison aurait-on pu

l’appeler ainsi ?

Si c’est au figuré, je conviens qu’on s’est grandement trompé car, sauf quelques rares exceptions, la

population est superstitieuse et ignorante.

Toutefois, pour être juste, il convient de lui rendre témoignages. Si elle est ignorante en fait de culture

intellectuelle, du moins elle chercher à s’instruire en ce qui a trait à l’agriculture.

Elle en a en cela l’esprit d’imitation, si elle n’a pas celui de l’invention, car elle cherche à faire aussi

bien que ceux qu’elle suppose plus instruits et plus capables.

Pour l’agriculture, les habitants de Lux peuvent rivaliser avec tous leurs voisins. Toutefois, si on a un

reproche à leur faire, du moins au grand nombre, c’est d’être trop routiniers. Presque tous sont de

petits propriétaires faisant valoir eux-mêmes leurs biens.

CHAPITRE IV - ENSEIGNEMENT

La commune de Lux a été de tous temps favorisée pour le rapport de l’instruction primaire. Bien

qu’aucun écrit n’ait pu me renseigner au sujet de la création de son école, il est certain, d’après tout ce

qui m’a été raconté par quelques anciens, qu’elle a été une des premières à bénéficier du bienfait de

l’instruction. Il n’en a pas été de même si de quelques-unes des communes voisines dont les pères de

famille étaient obligés d’envoyer leurs enfants à Lux s’ils voulaient leur faire donner à Lux, s’ils

voulaient leur faire donner l’instruction primaire. Il y avait alors bien plus de communes qui eussent

un instituteur.

La salle de classe se trouvait attenante à l’ancienne église à l’emplacement où elle se trouve

aujourd’hui. D’après ce qui m’a été raconté, il paraît qu’elle se trouvait dans un couloir, à côté de

l’église, à l’emplacement duquel on fit plus tard une chapelle.

C’était tout à fait mal organisé. Les tables et les bancs étaient remplacés par une espèce de banquette

en maçonnerie, située tout autour de ladite salle.

C’est dans cette pitoyable salle que les vétérans de la commune ont appris à lire et à écrire ou, pour

mieux dire, à signer.

Le premier registre qui fait mention de l’école de Lux est celui des délibérations du comité local de

l’instruction primaire.

En 1839, la commune de Saint-Vincent fut réunie à celle de Lux pour l’instruction des enfants des

deux communes, en vertu d’un arrêté ministériel daté du 11 mai de la même année. A cette même

époque, le Sieur Anglade fut nommé instituteur dans cette même commune. Dans leurs procès-

verbaux, les membres du comité font l’éloge du Sieur Anglade comme étant un des meilleurs

instituteurs et, en effet, le comité de l’arrondissement le proposa à différentes reprises pour lui faire

obtenir la médaille d’argent.

Page 8: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

A cette époque, la maison d’école était située dans le presbytère actuel. Ce local était bien pour ce

temps, surtout où les locaux scolaires étaient généralement mal disposés. Trop bien dans un autre sens,

car la commune ayant besoin d’un presbytère, et sur la demande du curé, témoigna le désir d’habiter

dans le local de l’instituteur. Celui-ci dû s’en aller pour lui faire la place. Ote de là que je m’y mette !

Toutefois, le conseil municipal alloua la somme de 100 fr à l’instituteur pour le faire consentir à ce

déplacement. Celui-ci ne tarda pas à s’en repentir car il est allé s’installer dans une métairie voisine

appelée « Toy » à 450 mètres du village, en attendant que la commune eût construit une nouvelle

école. Ainsi qu’elle l’avait promis, la commune, se mit immédiatement à l’œuvre et fit construire une

maison d’école où se trouvaient à la fois la salle de classe et le logement de l’instituteur.

Ce nouveau local fut construit au village et attenant à l’ancienne école transformée en presbytère.

Cette maison n’a jamais valu celle qu’on céda au curé, elle est dépourvue de jardin. D’un autre côté,

elle n’est pas si vaste que cette première, situé entre la place et un joli jardin, tandis que la nouvelle, le

logement actuel de l’instituteur, se trouve entre la place à l’Est et une mare à l’Ouest.

Depuis cette époque, l’instituteur ne reçoit qu’une indemnité de 20 fr pour le jardin, mais il n’est pas

indemnisé pour la salubrité et l’agrément qu’il a en moins.

L’instituteur a fait l’école dans ce local, dont la salle de classe était un véritable étouffoir jusqu’en

1882.

Plan de l’ancienne maison d’école et de ses dépendances.

REZ-DE-CHAUSSEE

Page 9: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

La salle de classe fut alors installée au rez-de-chaussée, actuellement chambre à coucher. Cette salle

était mal exposée, elle n’avait que deux ouvertures au Nord. Plus tard, elle fut transférée au premier

étage. Elle était bien mieux éclairée et aérée qu’au rez-de-chaussée. Elle avait deux ouvertures au Sud-

Est, une autre au Nord. Elle était aussi plus vaste, mais son élévation n’était que de 2,20 m. La

capacité atmosphérique de la dernière salle de classe était d’environ 653 mètres. Le palier était

tournant et très obscur et par là très dangereux, ainsi que le raconte un des prédécesseurs.

PLAN DU 1er ETAGE

En 1881, grâce à la sage administration du maire actuel, Mr. Andraud Germain, la commune trouve les

moyens de construire une salle d’école très convenable sans voter de nouvelles impositions, car il y

avait déjà quelques années qu’elle était imposée extraordinairement. On venait de terminer l’église qui

a été construite à neuf.

C’est précisément dans l’ancienne église que l’on a établi la nouvelle salle d’école. C’est une des

mieux installées de l’arrondissement. L’ancien local sert de logement à l’instituteur. Les deux

immeubles sont situés à 40 mètres l’un de l’autre.

La salle est vaste bien éclairée et elle a 8 m de long sur 6 de large et 4,30 m de hauteur, soit 48 mètres-

carrés et 206 m3. Elle n’a qu’une ouverture ogivale au Nord, ayant 3 m. de base sur 2 m de haut, elle a

en outre une petite ouverture au Nord.

Page 10: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

L’école est située entre deux préaux couverts. Ils sont carrelés, très convenables. Deux lieux d’aisance

sont attenants à chaque préau, de manière que les filles sont entièrement séparées des garçons pendant

les récréations.

Le plan ci-après nous fera connaître très clairement la disposition de ces nouveaux locaux.

PLAN ET FACADE DE L’ECOLE DE LUX

Le mobilier scolaire ne laisse rien à désirer, tout est neuf et conforme au nouveau règlement et aux

plans recommandés par le ministère (1).

L’école possède une bibliothèque scolaire composée de 36 volumes donnés par le ministère en 1881.

La commune a voté l’année dernière la somme de 20 fr pour la compléter : C’est sur le budget de 1885

que cette somme est portée.

Dans le courant de l’année, il y a eu une vingtaine de prêts, ou d’ouvrage lus par les élèves. La

commune vient de doter l’école d’une demi-douzaine de fusils scolaires en fonte ou en métal blanc.

Un instructeur est chargé de la gymnastique. Le ministère a également fait don à l’école d’une jolie

collection de tableaux d’histoire naturelle, par Deyrolles.

Page 11: MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX...direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle surtout où est situé le village, se termine

Le logement de l’instituteur est pourvu du mobilier personnel.

Quoique la commune de Lux possède une école depuis bien des années, la population est encore en

retard pour l’instruction. L’école n’a pas toujours été fréquentée assidûment. Et encore aujourd’hui, la

commission scolaire ne fonctionne pas, les manqueraient les trois quarts du temps si le maître n’y

tenait pas la main.

Tableau comparatif de la fréquentation scolaire depuis 1860

Noms des Instituteurs

Dates des années

Nombre des élèves inscrits

Noms des

Instituteurs Dates

des années Nombre des

élèves inscrits

Pinel 1860 14 Delpech 1876 35

Pinel 1861 12 Barbaste 1877 36

Pinel 1862 17 Barbaste 1878 35

Pinel 1863-1864 20 Barbaste 1879 37

Pinel 1865 18 Martin 1880 38

Pinel 1867-1868 25 Boyer 1881 37

Teulier 1869-1870 28 Naudy 1882 39

Monsarrat 1871-72-73 27 Naudy 1883 46

Monsarrat 1874-1875 34 Naudy 1884 44

Les détails suivants nous indiqueront le degré d’instruction des habitants de la commune.

Sur deux jeunes gens qui ont subi le sort cette année, il y en a un illettré. Sur douze enfants, cinq ont

pu signer : ce sont généralement des femmes. Les gens illettrés sont rares relativement aux filles.

FIN