MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge,...

24
~~IOTHECA "EPHEMERJDES LlTURGICAE" 23.------ MISCELLANEA LITURGIC A IN HONOREM L. CUNIBERTI· MOHLBERG --I Vol. 11 ------ 1949 ------ E D I Z ION I LIT U R G ICH' E • ROM A VIA POMPEO MAGNO, 21 {P2/4~~·

Transcript of MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge,...

Page 1: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

~~IOTHECA "EPHEMERJDES LlTURGICAE"23.------

MISCELLANEA LITURGIC AIN HONOREM

L. CUNIBERTI· MOHLBERG--I

Vol. 11

------ 1949 ------

E D I Z ION I LIT U R G ICH' E • ROM AVIA POMPEO MAGNO, 21

{P2/4~~·

Page 2: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

I •

L'archimandritat dans les Eghsesde rite byzantin

par le P. Placide de 1\1 e est er, OSB (Rome)

LE MOT ET LE TITRE D' ARCHIMANDRITE

Le mot aPXtll-lXvÖp!'t'Y)~, compose du verbe ä.pxw = etre a la te-te, et du substantif ll-clVöplX = etable en general, plus specialementbercail, bergerie, signifie chef de bercail.· L'emploi de ll-clYOplX estd'un frequent usage dans la litterature ecclesiastique pour designerla bergerie «spirituelle et sacree » qui est le monastete (1).

Archimandrite est done l'equivalent de Superieur de monastere.Cette appellation se rencontre des le IV· siede en Syrie et en

Perse (2), et au V· et au VI" siede elle est courante dans les mo-nasteres de l'Orient chretien (3).

A cote du nom de 'ApXtll-lXvöp!'t1J~ (4) pour designer le superieurde communaute monastique, on trouve encore ceux de 'Aßß~~,nlX't~p,<Hroull-ayo~ 0 KIX&rjroull-ayo~ (5).

(1) Lettre d'Acac« d de Paul a S. Epiphane (+ 403). Patt. Gr. t. XLI, col. 156 A-D.S. EPIPHANE, Adversus haereses, LXX, ibid. t, XLII, col. 340 A. Lettre de S. Nil (+ 430)au moine Athanase Epist, 11, 62; 1lI, 241, ibid. t. LXXIX, col. 228 D, col. 496 B. Etplus tard, T01t~'lto~ 'tij, K£X~p~'t!J)JlhTj,(a. 1118). FR. MIKLOSISCH et Jas. MÜLLER, 1ctaet Diplornata graeca medii aeoi, t. V, Vienne 1889, p. 330. JEAN D'ANTIOCHE, De Chartsta·cariis 14, P. Gr. t. CXXXII, col. 1144 C, etc.

(2) Lettre d'Acac« et de Paul 1. cir, S. Badma, martyrise en 376 par Sapor, est ap-pele Archimandrite. H. DELEHAYE, Synaxaritlrn Ecclesiae Constantinopolitanae, Bruxdles1902, col. 593, 1. 25, etc. .

(3) On peut lire une longue liste de temoignages clans l'article Archimandrite du Dic-tionnaire d'arcMologie chrbienne et de liturgic, dß aux patientes recherches de J. Pargoi-re t. I, col. 2741-2743.

(4) On trouve encore la forme MCl~lJp~tipX~', Sophocles Greek lexicon 0/ the RomanImd Byzantine Periods. S. Theodore Studite dans un quatrain adresse a S. Dalmatios ern-ploie le verbc: Jl"V~pClPXCltr;;€W pour l'exereice de la fonction archimandritalc:. PoemzLXXX P. Gr. t, XCIX, col. 1800 D. .

(5) PLACIDE DE MEESTER, De monachico statu iuxta byzantinam disciplinam.' FontiCodifieazionc: Canonica Orientale, Serie II. Fase. X, Rome, 1942, p. 202-204.

Page 3: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

116 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

St. Basile prefere le qualificatif de llPOEcrtW;, le Praepositus de .Cassien et de S. Benoit,

La Superioure des couvents de femmes est appelee 'ApXt(-Lotv-öpCttcrcrot ou 'ApXt(-LIZVöp! 'tt;, 'HYOU(-LEV'Y}, llpoEcr'tWO'OI: (6).

La fonction et plus tard la dignite d'Archimandrite, l'Archi-mandritat, ont leur correspondant dans le mot grec 'ApXt(-LlZvOpt't~-'to; (7).

Celle d'Hegoumene est appelee . 'HYOu(-LEvE!a, ~ 't'ij; 1Jyouf1.EveLa;apx~, etc. (8).

HEGOUMENAT ET ARCHIMANDRITAT

Du VIe au Vll]" siede, encore, les Superieurs des monasteres re-~oivent indifferemment les noms d'Hegoumene ou d'Archiman-drite (9).

Ceei ne veut pas dire que dans eertaines souseriptions un titrene figure pas plus souvent qu'un autre, ou que dans tel documentun mot ne soit pas pre£ere a un autre.

Voici quelques exemples pour le VI" siede.En 518, tous les Superieurs des monasteres de Constantinople

dans une supplique adressee au Pape Hormisdas signent en qualited'Archimandrites (10).

En 536; huit Archimandrites et cinquante-huit Hegoumenes deConstantinople, un Archimandrite et deux Hegoumenes de Palesti-ne, cinq Archimandrites et un Hegoumene de Syrie signent la sup-plique au Pape Agapit. Dans la supplique a l'empereur Justinienparmi les signataires on compte onze Archimandrites et cinquante-cinq Hegoumenes de Constantinople, quatre Archimandrites et unHegoumene de Palestine et dans eelle au Patriarehe Menas ont signe

(6) Ibid. p. 407. Vie Je S. Eupraxle, Acta Sanct, Martii, t. D, n. 17, p. 293, etc.Dans la Vie et let ecritt de l'AbM Daniel le Schiase on trouve la forme °ApXlfloa.vap(t'l).Ed. L. C!ugnet, Paris, 1891, p. 23.

(7) To aEflovwfloa., 'to d:ellllfloa., ~ 'tlfloY) 'toö aPXlya.vllpltoctou. Diplomes patriar-caux de Manue1 I (Sept. 1222) et de Germain 11 (1222-1241). Sigillion du Patriarche Nil(Mars 1381), MIKLOSISCH-MüLLER,op. cit., t. IV, p, 295-301, t. 11, p. 22.

(8) Pt.ac, DE MEESTER,op, cit., p. 204. .(9) Outre la documentation de J. Pargoire citee plus haut, voir MARIN,us Moines

de Constantinople, Paris 1907, p, 85-87.(10) MANSI, Conci/iorum nova et amplisslma collectio, Florence et Venise, 1759 et

suiv. t. VIII, col. 1053. Cf. col. 1135 pour la Syrie.

Page 4: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS'LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 117

neuf Archimandrites et quatre-vingt-dix-neuf Hegoumenes de la villeimperiale et de Chalcedoine,

Dans le proces-verbal des cinq sessions du meme synode de 536,seul, Marianus, Superieur de Dalmatios et exarque des rnonasteresde Constantinople, s'intitule Hegoumene, les autres Superieurs y fi-gurent comme Archimandrites (11).

Justinien, qui resume fidelement les lois canoniques regissant leseglises et les monasteres de son epoque, designe indifleremment leschefs de couvent sous les noms d'Abbe, Archimandrite, Hegou-rnene (12).

Dans la constitution de 539, 4, l'Empereur parle d'un Exarquede! monasteres, charge de control er et de surveiller la discipline dansles maisons religieuses. 11 y en a un a Constantinople, dit Justinien,pour les monasteres de la capitale et il presume qu'il y en a aussiautre part (13). On a meme les noms de quelques-uns de ces exar-ques. Faut-il en condure que l'Exarque doit ~tre considere commele chef de plusieurs monasteres et identifie avec celui qui plus tarden tant qu'Archimandrite sera corisidere comme le president ouprimat de maisons confederees?

Quelques auteurs penchent vers cette conception (14).Je ne le pense pas. L'exarcat des monas teres est une charge, com-

me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise.Qu'elle soit devolue frequemment a des membres de l'etat monasti-que, c'est chose naturelle.

La fonction de l'Exarque a survecu a Justinien et nous voyonsqu'apres lui elle est exercee non seulement par des Hegoumenes oudes moines, mais souvent par des membres du clerge seculier et leurposition vis a vis des monasteres stavropegiaques a du etre souventreglee par des actes issus de l'autorite imperiale et patriarcale (15).

Plus tard, un organe special a dü ~tre cree pour la surveillance

(11) Ibid. col. 906-911; 986-995; 1007-1022.(12) Nov. V, 7 (a. 535). Nov. CXXXIII, 4 (IIposotoo\;), 5 (a. 539). Nov. CXX, 6, 2

(a. 544). Nov. CXXIII, 34, 35 (a. 546).(13) MANsr, op, cit., t, VIII, col. 879, 883 etc.; col. 1007, 1051. THEOPHANE,Chro-

t;ographia, a. 6049. P. Gr. t, CVIII, col. 505. Dans ces documents il s'agit d'Hegourneneset de moines du monastere de S. Dalmatios qui eut le privilege de' I'exarcat pendant denornbreuses annees, .

(14) Cf. PH. MEYER,Die Haupturkunden fiir die Geschichte der Athosl:läster, Leipzig1894, p, 13, n. 6. J. Pargoire, article cite col. 2744, 2746, 2748, mais cet auteur n'admetpas que [ustinicn ait distingue lcs attributions d'Hegoumene de celles d'Archimandrite,col. 2746. .

(15) PLo DE MEESTER,op. ca., p. 127, p. 183-187.

Page 5: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

118 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

des monasteres, c'est celui du Sacellaire (appele souvent .M£'YI%~~l%xEncXp~od, aide de 1'"Apxwv 'twv llovI%O''t'Y/p!wv et de 1"0 2":I%XE).,ÜOUpour les couvents de femmes (16).

Revenons a la distinction entre Hegoumene et Archimandrite,Des le VIII" siede dans de nombreux documents on trouve ac-

couples les titres d'Hegoumene et d'Archimandrite.Le mot Archimandrite, plus ronflant et plus sonore, convenait-il

mieux aux Hegoumenes de quelques grands monasteres a cause deleur prestige ou de leur vertu, ou encore a cause de l'importancedes maisons qu'ils gouvernaient? On pourrait envisager cette der-niere hypothese pour deux des signataires des Actes du second Con-eile de Nicee (787) qui s'intitulent respectivement Sabbas, Hegou-mene et Archimandrite de Stoudion et Platon, Hegoumene et Ar-'chimandrite de Saccoudion (17). Quant aux autres, il faudrait con-naitre plus exactement leur personnalite et l'histoire des monasteresqu'ils representent. '

Quoiqu'il en soit, il est certain que dans la suite le titre d'Ar-chimandrite acquit une valeur de precminence et ce, pour plusieursmotifs. '

Et d'abord nous remarquons qu'on le donne petit a petit de pre-ference aux chefs des grands monasteres soit qu'ils regissent des mai-sons filiales et dependantes, soit qu'ils exercent une certaine primauted'honneur ou meme de juridiction sur des groupements monas-tiques.

Les federations de monas teres sont rares dans le monachismeprimitif. S. Pakhörne semble etre le premier exemple d'un Superieurgeneral. I1 exercait son autorite sur un grand nombre de cenobitesqu'il avait organises sous une meme observance. Cependant l'HistoireLausiaque ne lui decerne que trois fois le titre d'Archimandrite (18).

(16) Jos. ZHISHMAN, Die Synoden und die Episcopal-Aemter in der MorgenländischenKirche, Viennc, 1867, p. 103-104, p; 126, p. 161. Pi.ac, DE MEESTER, I. c. et p. 408.Quelques noms d'<ipxwv DU !~apxo, de rnonasteres dans J. Pargoire, article cite, col. 2749-2750.

(17) MANSI, op, 'cit., t. XIII, col. 152. Pour les autres signatures, cf. col. 15 (passim),col. 156. (Precedemment, les signataires des actes conciliaires s'intitulaient IIpiia~6'tSpo"Movax6" 'Hyoullsvo, 'ApXtllav~p('t'l'l'JDans la notice biographique de S. Hilarion le [eu-, ne, on lit qu'en 807: "Eytv5V 'HyoullIOVO, xa~ 'ApXtllavllp('t'l'l" .Acta Sanct, [unii, t. I,p. 757. H. DELF,HAYE,Synaxarium Ecclniae Constantinopolitanae, col. 753. S. TheodoreStudite adresse plusieurs lettres a Basile, Hegoumene de S. Sabas et Archirnandrite deRome, Epist, I, 35; H, 222 P. Gr. r, XCIX, col. 1028, 1669, etc.

(18) P. Gr. t. XXXIV, col. 1120 D., 1057 D., 1100 A.

Page 6: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMAJo.'DRITAT D.'I.NS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 119

Plus tard, ses successeurs en sont plus souvent decores (19).Avec le temps, les groupements de monasteres deviennent plus

nombreux. S. Dalmatios au V· siede est appele 'ApXtllIXVÖP£'t"I]\; 'twvp.ovaotl)p£oov' de Constantinople (20) et ses successeurs sur le siegehegoumenal de son monastere conserveront cette denomination sur-tout a cause de l'exarcat qu'ils exercerent comme par tradition.

Dans la vie de S. Theodore, ecrite par Cyrille de Scythopolis(au milieu du Vl" s.), ce saint nous est represente comme Archiman-.drite des monasteres cenobitiques de Jerusalem et son contemporain,S. Sabas, comme Archimandrite et legislateur de la vie eremi-tique (21)~

De ces textes, et d'autres de la meme epoque, faut-il condureque les chefs spirituels de monasteres dont ils avaient le contröle, lesoient en tant qu'Archimandrites?

Je ne le pense pas, car des Superieurs de monasteres isoles ontcontinue et continueront encore a s'appeler Archimandrites aussi bien'H' ,qu egoumenes.Neanmoins on peut deja decouvrir une tendance a, donner a

cette denomination une preeminence marquee et cette tendance iraen s'accentuant.

Des le XI" siede, le qualificatif Archimandrite est d'applicationcourante pour designer les Hegoumenes des monas teres les plus in-fluents, surtout de ceux qui sont a la tete d'une association de mai-sons religieuses.

Michel Psellus a cette epoque adresse une lettre a un moine etArchimandrite du Mont-Olympe en Bithynie (22). On sait qu'alorsles fameux monasteres de cette Sainte Montagne etaient con£ederes·a l'instar de ceux du Mont Athos. Le moine Jean (+ 1196) est ap-pele dans son epitaphe Cathegoumene du couvent 'twv 'H)"£ou ~ool1wvet Archimandrite du Mont Olympe (23).

Dans un discours funebre prononce en 1191 par Michel Aka-

(19) Monument: pour serulr it l'histoire de l'Egypte ehretienne, dans MEmoires de lamission arcMologique franraise au Caire, Paris, '1888-1895, t. IV.

(20) A. BANDUItI, Imperium Orientale, Venise 1728, Vie Je S. Dolmatios, p, 517,p. 519. Voir les acresdu Concile d'Ephese, MANS I, op, cit., r, IV, col. 1228 D.

(21) H. USENER, Der heilige Theodosios, Schriften der Theodoros und Kyrillos, Leip-zig 1890, p. 110; J. B. COTELIER, Ecclesiae Graecae monumenta, t, H, Paris 1685, p.' 261.

(22) EpistoJa CLXXXV danc C. SATHAS, Bibliotheca graeca medii aeui, t. V, p. 469.(23) J. PAltGOIRE, L'cpilaphe d'u n ArchimanJriu du mont Olympe, Echos d'Orient,

•t IV, p. 357.

Page 7: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

120 PLACIDE CE MEESTER, OSB.

minatos, celui-ci appelle le defunt, Neophyte, Archimandrite des mo-nasteres d'Athenes (24).

Roger I1, Roi de Sicile (1130-1154),met a la tete de quarante-sixcouvents de Sicile et de Calabre le Superieur de la mandra (mater,rnonasteriorum) de Saint-Sauveur de Messine en qualite d'Archiman-drite, pater et praclatus abbaturn (25).

Mais que l'on ne confonde pas trop. vite l'archimandritat avecl'institution du protat. Protos (IIFii)'tO~) est la vraie denomination at-tachee a la fonction d'un chef de federation monastique. I1 n'est pastoujours Superieur d'un couvent determine.

Nous trouvons l'appellation de Protos deja en 536. Dans unesouscription conciliaire figure le nom d'un certain Sophrone, Archi-mandrite de Saint-Theodose, IIFii)'to~ 1tcicrYJ~ 'ti'i~ £piJl1ou cIepocro.AUI1WOV (26). '

Au Mont Athos et au Mont Latros le Prote exercait ses fonctionsdes le X· et le Xl" siede. On le trouve encore prepose aux monaste-res du Mont Ganos (XII· s.), et a ceux des Meteores (XIV· s.) (27).

Le Prate etait generalement choisi parmi les Hegoumenes de d:-gimede la confederation. Il figure a ce titre comme Hegoumene etProte. On ne peut done pas dire absolument que le Prote est l'equi-valent d'Archimandrite (28).

Chez les Slaves, nous rencontrons aussi l'institution du protat,du moins au xvnr siede, dans les duches de Lithuanie et dans les

(24) Aaro, et, ~oy p.axap£~7)Y cZpxtp.av~p£~7)Y· 'tWY tv ·Aa-~ya:t' p.o·la:a't7)p£wlxuptOY Nea1'u'tOY; Sp. Lambros , MtXa:~}., ·Axop.tva.'tou 'tou XWYta.'tou 't~ aw!;alliva:Ath1:nes 1879, t. I, p. 259. ,

(25) R. PIRRI, Sicilia sacra, t, 1I, p. 971-976. M. SCADUTO,Il monachlsma basilianonclla Sicilia medieoale, Rinascita t: decadenza, sec, Xl-XIV, Roma 1947. L'Archimandrilatodi Mt:ssina, p. 180-183. Ce diplörne est redige suivant le style et la langue des diplörnespatriarcaux et des chartes de fondation (Tulttxli) du temps. '.

(26) MANSI, op, cit., t, VIII, col. 890 CoD. PLACIDEDE MEESTER,op. cit., p. 200.(27) Sur I'institution du protat dans les Patriarcats Orientaux et en Russie, Voir Pu-

CIDEDE MEESTER,op, cit., p. 199-201, p. 316-318. Pour l'Orient J. Pargoire article citecol. 2751-2752. V. GRUMEL,us Prores at: la S. Montagnt: dt: l'Athos, Etudes byzantines,t. V (1947).

Pour designer un Superieur general nous trouvons encore le rnot de Ka:8-0A~l(6 ••Le biographe de S. Eutychios (VI s.) rapporte que ce saint ~ Amasia avait 't~Y cppo"'~£?a:ijtOt t~v ~roup.iV!a:V IlAOU I'lltÖ 't~v p.7)~p6lto}.,tY p.ovaXtxoil aua't~f1a:~o~, ö{)-SYXcttxa&oAtxo, wyop.ri!;no. Cf. EUSTRATII,Vita S. Emychii. n. 18, Acta Sanetorum, Aprilis t. I,p. LIV.

(28) C'est pourquoi on ne peut pas tirer un argument decisif en faveur de l'archi.mandritat de tcmoignages quelconques, comme, par exemple, de cette apostrophe d'Alexis I<'Almneneaux moines athonites venus ~ Constantinople pour exposer leurs recriminations:d1tIAlI-CIIn st\; ~oy cZPXtp.a:y~ph7)Y aet" hs~~Yj etil'toy a1'par£t;oUOt ot &ö~a'ta:~ot ßCII-OIAlSt, 1tpw'tOY lv 'tljl cZy!<p Öp5t.... ~t1jr7)at' p.ep~x1j (sur les evenements de 1080-1143),PH. MEYER,op. eil., p. 171.

Page 8: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 121

palatinats de Podolie, de Kiev et de Volhynie. Mais ici encore ces. Protes s'intitulent aussi bien Hegoumenes qu'Archimandrites (29).

Les Ruthenes, il est vrai, ont parfois combine les deux appel-lations en creant le Protoarchimandritat pour leurs Superieurs gene-raux. Mais dans les actes du Synode de Leepol en 1891, le Protoar-chimandrite devient Protohegoumene (30).

A rehausser le titre et la fonction d'Archimandrite contribue-rent aussi les dignites ecclesiastiques conferees a certains Hegou-menes,

Parmi celles-ci figure l'exarcat dans le sens que j'ai preciseplus haut.

Cette fonction fut le fief des Hegoumenes du monastere deS. Dalmatios qui l'exercerent sur les couvents de Constantinople duVI" au IX· siecles, D'oü leurs titres d'Hegoumene et Archimandrite,ou Exarque des monasteres (31).

Au IX· siede, le Patriarche Ignace de Constantinople envoya aRome Theognoste pour rernettre un libelle au Pape Nicolas. Dansce libelle Theognoste est appele moine et Archimandrite de Rome.En realite, il etait Hegoumene du monastere patriarcal 'tij~ 1t1lr*.Le' Patriarche voulait-il deleguer ses pouvoirs sur les monasteres by-zantins alors si nombreux a Rome? Nous ne le savons pas, maisd'autre part, il est acquis a l'histoire que Theognoste, au nom duPatriarche, exercait la fonction d'Exarque sur plusieurs provinces del'empire (32).

Pour l'histoire de l'archimandritat, les diplömes patriarcaux deManuel I Charitopoulos (Sept. 1222) et de Germain II Nauplios(1222-1241),sans date, delivre au monastere de Saint Paul du Mont

(29) Dans une lettre encyclique de Job Boutskij, Metropolite de Kiev (1620.1631), surtrois souscriptions deux portent les mots: Hegoumene et Prote, PLAC.DE MEESTER, op, cit.,p. 200·201.

(30) Ibid. Le protoarchimandritat fut cree au chapitre general de Routa (20·26 juiJlet1617) pour les moaasteres de Lithuanie qui forrnerenr la congregation de la T. S. Trinite,Le Synode de Zamosc (1720) reunit tous les monasteres de Pologne sous un Protoarchi-mandrite. Sous la pression de Benoit XIV un chapitre general assemble 1i Doubno en 1743institua une congregation unique avec deux provinces, dont le Protoarchimandrite alterna-tivement appartenait a I'une ou a l'autre province. Cf. E. LIKOMSKI, Union de l'Eglis« grecque,uth~ne m Pologne a Brest en 1596, Paris, p. 364. Bullarium Benedicti XIV, Prato 1845,t, I et Ill.

(31) Voir attestations dans J. Pargoire art. cite col. 2746 et n, 25 suiv., cot 2748et D. 28 et 29.

(32) HERGENRÖTHER, Photius, Patriarch von Constantmopd, Regensburg 1867, t. I,p, 460 et suiv.

Page 9: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

122 PLACIDE DE MEE5TER, 05B.

Latros, offrent un interet particulier (33). D'apres ces documents, l'ar-chimandritat est octroye a titre d'honneur et de dignite (crE~VW~Gt,

,ti~lw~Gt, 'Ct~~), et associe par principe a l'exarchie sur d'autres monas-teres, 'Cb crE~VW~iX 'CoO aPXt~Gtvapt'CIi'tou xGtt 'Cij~ i~o;PXlo;£, si bien qu'il-est question d'un archimandritat s'etendant sur tous les monasteresde la montagne (34). ,

Apres avoir rappele que dans le passe les honneurs de l'archi.mandritat avaient ete concedes au monastere de Saint Paul a cause-des merites personnels de son Hegoumene et de la vie exemplairede ses moines, mais qu'ensuite pour ces memes motifs l'archimandri-tat avait passe au cenobium de Kellibares, Manuel restitue a SaintPaul la primaute et constitue son Superieur « Exarque patriarcal»des onze monasteres patriarcaux, y compris Kellibares, situes sur leMont Latros avee toutes les attributions attachees a cette charge. Sonsuccesseur, Germain Il, retablit l'archimandritat a Kellibares, et, s'ilen prive le monastere de Saint Paul, il delivre par contre celui-ci dela tutelle des Exarques patriarcaux. -

Comme on le voit, la portee de l'archimandritat est ici en fon-ction de ses rapports avec l'exarcat sur les monasteres,

C'est encore en raison de la saintete des moines d'un monastere-ou des qualites personnelies d'un Hegoumene que celui-ci etait eleveau rang de Protosyncelle. Le Protosyncelle jouissait de plusieurs pri-vileges, entre autres de ceux de concelebrer avee le Patriarche auxjours de fete et de porter l'epigonation (35).

Aceorder le protosyncellat a un Hegoumene etait done une gran-de marque d'estime et d'honneur, car il l'introduisait dans les cen~-monies officielles de la cour imperiale (36) et de la curie patriareale. _-On en a plusieurs exemples (37).

Le plus typique est sans doute celui qu'on releve dans un diplömedu Patriarche Nil (mars 1381) delivre a Denys, moine et Cathegou-mene .du monastete de Saint Iean-Baptiste rlj~ eÖAoY'Y}~EY'Yj~ 1thpoc~.'Le Patriarche lui confere a la fois l'archimandritat et le protosyncellatdans un but bien determine. I1 desire que dorenavant l'Hegoumene

(33) MIKLOSISCH-MüLLER, op. cit., t. IV, p. 295 suiv., p. 298 suiv.(34) To asp.vlllJ1Gt 'toü &pxtJ1Gt·I~pt'ta.'tou 'toov h, 'tot, hstas AOtn:ooV ÖJ10LWV

'110VOOV &n:OYOJ1E'IWV ib., p. 295. Dans ce diplörne, le Superieur du monastere en causeest toujours appele Hegournene DU Cathegournene, \

(35) PLAC. DE MEESTER, op, cit., p. 256-257. ,(36) Cf. G. CODlNUS, D~ officiis Magnae Ecclesiae et Aulae Constantinopolitanae, cum

.notis J. Goar Venetiis 1725, c. XX, 16, p. 120. ' -(37) PLAc. DE MEESTER, op. eil., p. 20, p. 199.

Page 10: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 123

de Saint -Jean-Baptiste, rnuni de ces titres et de ces dignites, occupele troisieme rang dans les assemblees synodales, apres l'Archiman-.drite de Stoudion et celui de Manganes (38).

Parmi les autres droits et privileges qui relevaient le prestige del'Exarque etdu Protosyncelle, il faut encore citer ceux de consacrerles eglises et d'imposer les mains sur les lecteurs et les chantres.

Enfin il faut signaler encore un autre facteur qui joue un grandrole dans le processus evolutif de la preeminence de l'Archimandrite.Ce sont certains honneurs et insignes pontificaux qui, petit a petit,se condenserent autour de ce nom et de cette fonction.

Ces distinctions honorifiques, de bonne heure, furent decerneespar 'les Empereurs et les Patriarches aux chefs de monas teres impe-riaux et patriarcaux. C'est ainsi que ces Hegoumenes obtinrent ledroit de porter.Ies jours de fete le mandyas episcopal et le baton pa-storal. Ce baton (1tCG't€PL't~IX), ils le recevaient des mains de l'Empe- 'reur, apres la benediction hegoumenale (acpplXy!t;) que leur donnaitle' Patriarche.

A quelques-uns d'entre eux, on accord a meme le titre de 'Y1tEP-'tLf-LOt; reserve jusque lä aux Eveques (39). .

L'epigonation, primitivement apanage exclusif de l'Eveque, futd'abord concede au Prote de l'Athos et puis insensiblement etendu :<lUX autres Hegoumenes. Cet ornement, comme je l'ai note plus haut,ctait aussi attribue au Protosyncelle avec.le droit de porter une croixsur le' couvre-chef (axL&oLoV) (40).

En conclusion, le titre d'Archimandrite petit a petit s'est distin-gue de celui d'Hegoumene a cause de situations de faveur occupeespar certains Hegoumenes, en vertu de l'importance de leur mona-stere et d'une certaine centralisation de la vie monastique, en vertuaussi des charges ecclesiastiques dont ils etaient investis et des mar-ques d'honneur qui les accompagnaient.·

(38) MIKLOSISCH·MüLLER, Acta, t. Il, p. 21-23. D'autres exernples sont encore cites.dans PLAC. DE MEESTER, op. cit., p, 256, ad 42, 7. Voir aussi Athenagoras, Metropolitede Paranyrnphia et de Parga 'E1ts1:'ljpt~ ha.tps(cx~ ßut;civ1:tviiiVa1toulliii~ Athenes, t, V.(1928), p. 175 suiv. Quant aux autres dignites conferees it des Hegoumenes, PLAC. DE

MEESTER, op, cit., p. 256-257, p. 390. '(39) Pi.xc, DE MEESTER, op, cit., p. 107-108,· p. 134-135, p. 236-237, p, 260-.(40) Ibid. p. 132, p. 134, p. 254-255, p. 322. Du temps de Symeon de Thessalonique

encore seulement quelques Archimandrites portaient l'epigonation IIspl 'ri'), ~s(a.:;Ast'rOUPY(a." ')wp.1tY· P. Gr. t. eLY, col. 261 D·263 A. Its etaient probablernent Protosyn-edles. Voir aussi le sigillion du Patriarche Nil cite, note 38.

/

Page 11: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

124 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

A cote de l'hegoumenat surgit done l'archimandritat d:honneur, 'Nous venons d'en mentionner plusieurs exemples pour l'Orient

Byzantin.En Occident, nous voyons que l'Hegoumene du monastere de

Saint-Pierre d'Arena est souvent designe du nom d'Archimandrite.'Plus stable est cette appellation reservee aux Superieurs des monaste-res de S. Marie de Rossano et de S. Philippe de Gerace (41).

En Russie, pour la premiere fois en 1174, l'Hegoumene du mo-nastere des Cryptes est intitule Hegoumene des Cryptes et Archi-mandrite. Cette appellation est donnee a trois autres Hegoumenes auXIII" siede et dans la suite elle devient plus commune encore (42).

Sous Catherine II, en 1764, le monachisme russe fut soumis aune reforrne radicale. Les monas teres furent divises en trois catego-ries. Seuls les Superieurs des deux premieres classes etaient appelesArchimandrites, les autres devinrent des Hegoumenes et le resterentjusqu'en 1792.

J. Goar et d'autres auteurs affirment de facon trop categoriqueque le titre d'Archimandrite est reserve aux chefs des grands monas-teres, tandis que les Superieurs des monasteres de moindre impor-tance sont Hegoumenes, Ils parlent d'un etat de choses etabli peut-etrea leur epoque, mais qui n'est pas universe!.

Au Mont Athos, terre du conservatisme et de la tradition, lesSuperieurs des grands couvents signent toujours: Hegoumene du mo- .nastere stravropegiaque N. N. et Archimandrite. C'est que l'archi-mandritat d'honneur leur est aceerde par le patriarche de Constan-tinople apres leur election (43).

L'etat monastique a toujours eu une place importante dans l'Egli-se de Byzance et dans toutes les Eglises qui en ont herite le rite etla discipline. Aussi l'euchologie byzantine n'a-t-elle pas manque dedonner une place speciale a la promotion rituelle du Superieur descouvents.

Dans les prieres et Ies ceremonies qui l'accompagnent on decou-vre tardivement la discrimination entre Hegoumene et Archiman-drite, que l'usage a fini par faire prevaloir.

(41) P. BATlFFOL, L'abbaye de Rossano, Paris 1891, p. 20·26, p. 161, p. 167.(42) A. PETROVSKIT dans Praooslaunaja bogoslovskaja entziklopedija, Petrograd, t. Il,

1903, au rnot Archimandrite, col. 43·44.(43). EXXA'I0tctO-mt7j •AA7)~IHCl. 'Orrrrtx[o1l ·APXtf.1cty~p!'tou 1906, n. 8 (24 fcvrier),

p. 92.

Page 12: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

!""

L' ARCHl!\IANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 125

En effet dans les plus anciens manuscrits (44) il n'y a qu'un rite:'E1tt 1tFOX£tP£O'Et 'HYOUI1EVOU, (45) et les euchologes grecs actuels n'enconnaissent pas d'autre. Ce n'est que plus tard, a une epoque diffi-eile a determiner, qu'apparait clans certains livres liturgiques grecsune priere speciale pour l'Archimandrite. Chez les Slaves ont ete in-stitues deux rites distincts. ren parle plus loin.

CONDITIONS DE L'ARCHIMANDRITAT D'HONNEUR

['expose ici les lois et les coutumes du droit contemporain.

Qui peut conferer l'archimandritat d'honneur?Le Patriarche de Constantinople semble avoir exerce ce pou-

voir meme en dehors de son patriarcat (45). En tous cas il reven-.dique pour lui seul le droit d'archimandriter les moines Athonites,car la concession de dignites ecclesiastiques est l'apanage du pouvoir(~UpLIXPXtlX) patriarcal. Les Archimandrites, suivant l'usage etabli au-jourd'hui, cloivent etre pretres (46).

L'Archimandrite cree par un Patriarche s'intitule Archimandritepatriarcal, •ApXtfLlXvoP!'t'YI~ 1t1X'tptIXPXtx6~ (47), et celui nomme par lePatriarche de Constantinople, •ApXtJ-LlXvop!'t'YI~'toO "Artou IIIX'tptIlPXtxOÖ~A1Coato).t')toÜ ')tilt üZ')toufL£vt')toü &p6vou.

Dans la curie de ce patriarcat on donne le nom de grand Archi-mandrite au chef des pretres desservant l'eglise patriarcale (~rr'YIfL€ptot).

Dans les Eglises non soumises a un Patriarche, ou qui le sontdepuis peu de temps, comme c'est le cas de l'Eglise Roumaine et de·l'Eglise Serbe, c'est au chef de l'Eglise autocephale ou au S. Synode,sur proposition de l'Eveque, que revient le droit de conceder l'archi-mandritat d'honneur, a moins que cet honneur ne releve de droit dusiege meme d~un Hegoumene ou d'une charge (48).

(44) Cod. Barberini Ill, 55 (77), auiourd'hui Vat. gr. 336 (VlII·IX s.), Cod. Paris.gr, n. 213 (fond Coislin) a. 1027. Cod. Sinait, n. 956 (XI s.). Cod. Cryptof. ß. I. (XI s.).Cod. Sinait. n, 959 (XI s.) etc.

(45) Ceci semble resulter de son pouvoir d'accorder la stavropegie a des eglises (parconsequent a des monasteres), situees dans les provinces ecclesiastiques des autres trönespatriarcaux. Mathieu Blastares ~.jntZrlla: lttZ't:& a't:~ltXEtO'" M·, ltstp. ß· On sait que les [uristesbyzantins revendiquent pour le Patriarche Oecumenique tous les droits du «Patriarche del"ancienne Rome D.

(46) Lettre synodale de [oachim III (14 decembre 1905) rappelaut que cette pr';ro-gative est exercee de droit de longue date. Dem. A. Petrakakos NEct~ 1tYjra.t -rii)y ~sa·PWy 'tot! •Aylou "Opou~. Alexandrie 1915, p. 108, 48.

(47) G. CODINUS, D~ Officiis cit., App. p. 357.(48) PLAC. DE MU:STER, op. dt., p. 257.

Page 13: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

126 PLACIDE DE MEE5TER, 058."

L'Eveque peut accorder cette dignite dans l'orbite de son eparchie~Si l'on veut comparer cette dignite avec celles qui ont cours dans

l'Eglise Latine, l'Archimandrite patriarcal peut etre assimile au Pre-lat domestique de Sa Saintete le Pape, tandis que l'Archimandriteepiscopal serait le Chanoine honoraire d'une cathedrale.

A qui peut ttre decerne l'archimandritat d'honneur?Le Droit Byzantin reserve aux seuIs moines la collation de l'ar-

chimandritat honorifique.Ce principe decoule Iogiquement du nom et de la fonction de

l'archimandritat. Pour qu'un simple moine soit investi de cette di-gnite par l'autorite legitime, il doit au prealable obtenir le consente-ment de son Superieur (49).

Par extension, les autorites ecclesiastiques parfois archimandritentdes pretres non maries et meme veufs, le celibat, dans la mentaliteorientale, etant rapproehe de l'etat monacaI (50).A ce titre, en Russie,Ies Recteurs des Seminaires et des Academies ecclesiastiques, pr is dansle clerge non marie, sont assimiles a des moines et du chef de leurrectorat deviennent de droit Archimandrites (51).- En Grece, dans ces derniers temps, l'archimandritat a parfois eteaceerde a des pretres seculiers et maries, mais ces nominations ontete considerees comme une violation des traditions et une grave m--fraction aux lois canoniques (52).

(49) Norme imposee aux religieux hagiorites qui reflete le droit eoutumier. rs.,,~xol')t(t."ov~aflo0t~otl 'Ay(otl ·Opoo, ·A&w. Constantinople 1912, -ApEl. 181.

(50) Anatole Leroy-Beaulieu de ee:tte conception a donne eette formule elegante: ,ils(les pretres voues au celibat) ne sont cornptes comme moines que paree qu'en Russie lecelibat n'est d'ordinaire admis que sous l'egide: du regime monastique. L'empiu des Tsarrt!1 les Russe», t, Ill, Paris 1889, p. 238. Cf. aussi CHRYS.BOUASSCOTT,MisullaneQ sur It!droil canoniqllt!, IV, KA~PO' fIo0VelXL')t~,')tell')toaflo~')t6,dans La Croix, Athenes-Boston, t. I(1947), p.: 41-49. Dans l'Eglise: Armenienne la rneme idee: preside a l'institution et a laf(.nction du Vartabed. G. AMADUNI,Disciplina Armt!na, II Monachismo. Fonti Codif. Ca-nonica Orientale. Serie IT. Fase., XlI, Venezia 1940, p. 123 suiv. Cf. e(1)a')t6u'n')t~Xp~a~~elv~')t~·ErXUKA01tel~~6(C1.t. H, Athenes, au mot •ApX~f.Lel"'~pC,:~,col. 142.

(51) Sbornik_ Zak_onov 0 monacht!stvolliouchtchem dOllchovt!nstvje 2° edition. LaureS. Serge 1902, art. 28, p. 24. '

(52) L'Ephemerios Nie. Pan. Papodopoulos est plus categorique. S'appuyant sur 1:auto-rite de Iezechiel, Metropolite de Thessaliotis (voir'EAS6&spo\; A6ro" n. 783), il affirmequ'au-

"cune dignite monastique ne peut etre accordee au c1erge seculier, marie ou non marie., La plus haute dignite qui lui revient est eelle de npW~oltp6aß6't6po~. 'Iep~, ~6"'~6a!10,-

(1-15 mai 1926), p. 1. Texte gree dans Stoudion, t. IV, p. 167-169. Cf. PLo DE MEESTER.op. ct., p. 257-258.

Page 14: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 127

PREROGATIVESET INS IGNES DE L' ARCHIMANDRITE ET DE L' HEGOUMENE-

1. - Preseance.L'Archimandrite dans les fonctions ecclesiastiques 'et les ceremo--

nies oflicielles prend rang apres les Eveques et passeavant les Pre-tres, meme si ceux-ci ont une dignite ou une fonction ecclesiastique,A Constantinople seulement, le grand Protosyncelle a le pas sur lesArchimandrites (53).'

Entre eux, les Archimandrites suivent l'ordre de leur promo-·tion, a moins qu'un droit de preseance n'ait ete fixe par privilegepour les monasteres qu'ils representent (54). Aujourd'hui, les Ar-chimandrites crees par les Patriarches ou les Chefs des Eglises auto-nomes, precedent les Archimandrites nommes par un Metropolite oupar un Eveque, si tant est que leur titre soit reconnu. ,

Quelle est l'attitude du Superieur des monasteres stavropegiaquesvis a vis de l'Exarque patriarcal?

Le Patriarche Antoine IV (1389-1397)decida que dans son mo-nastere l'Hegoumene ou Archimandrite occupe la premiere place,mais hors du monastere, « si Exarques et Hegoumenes sont reunis;l'exarque patriarcal aura la preseance » (55).

Il. - Insignes.

1. - Mandyas.

Les Hegoumenes et Archimandrites de regime portent le man-dyas noir comme tous les moines. Le rituel de la benediction hegou-menaleprescrit de revetir l'elu d'un mandyas tout neuf. Parfois ilest de soie.

TeIle est la norme traditionnelle.Les Patriarches Byzantins accorderent aux Hegoumenes des mo-

(53) PLo DE MEEsTER, ibid.(54) Par exernple, autrefois a Constantinople, trois Archimandrites de monasteres seu-

lement jouissaient du privilege de concelebrer avec le Patriarche, Cf. M. J. Gedeon, AtAS~'COUpr!a:~'toll IIa:'tp~ci.pxou KIJ)....ata:"'twoun;OA61J)~ dans 'E)(XA7Ia~a:an)(YJ •AA'ljll-6~a:. K"(1903), p. 194. Voir plus haut, n. 38.

(55) Lettre delimitant les droits des visiteurs du monastere de Pantocrator au MontAthos et les devoirs des. moines (Avril 1396). J. Onnor, Patriarchatus ConstantinopolitaniActa selecta, Font; cit., 2· Serie, fase. III, p. 126-132. Sur le droit de preseance des Ar-ehimandrites voir aussi le diplöme patriarcal de Gregoire VI (1837). H. GELZER, Sechr

. Urkunden d~s Grorgtkloturs Zografu. Byzant, Zdttchrift, t, XlI, p. 522-523.

Page 15: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

128 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

nasteres imperiaux et stavropegiaques de revetir a l'eglise, les joursde fete, le mandyas episcopal de couleur pourpre, aujourd'hui vio-Jette, avec les pomata (carres d'etoffe de couleur richement brodes), 'Ce mandyas offre cette particularite qu'au lieu du pectoral carre dumandyas episcopal, brode d'or, y figure un saint, le plus souvent lepatron du monastete. Pendant le grand careme les Hegoumenes etArchimandrites monastiques reprennent le mandyas noir tradition-nel (56), qu'ont toujours continue a porter les Hegoumenes desmonasteres non stavropegiaques, TeIle est du moins la coutume auMont Athos.

Tant que les Eglises du rit byzantin obeissaient fidelcrnenr auxlois et aux coutumes de Byzance, leurs Hegoumenes et leurs Archi-rnandrites maintinrent le mandyas .noir. Petit a petit, plusieurs d'en-tre eux adopterent le mandyas violet des Eveques, Le Synode deMoscou, en 1674, dut rappeler a l'ordre trois d'entre eux, les Archi-mandrites de la Laure des Cryptes, de celle de S. Serge' (S. Trinite)et du monastete de Vladimir (Nativite) en leur prescrivant de por-ter le mandyas noir avec des pomata de couleur rouge cerise. Maisrien n'y fit. Ils continuerent a revetir le mandyas episcopal et insen-siblement l'un apres l'autre, les Archimandrites des monasteres plusimportants les imiterent,

En 1764, les nouvelles lois monastiques, voulant donner des si-gnes distinctifs aux trois classes des monasteres, enjoignirent a. leursSuperiours de porter le mandyas avec des pomata de couleur diffe-rente. Aux Archimandrites de la premiere classe fut assignee la cou-leur rouge cerise, a ceux de la deuxieme classe la couleur verte. LesHegoumenes de la troisieme classe, devenus eux aussi Archiman-drites en 1797, devaient porter le mandyas sans pomata (57).

L'exemple des grands Archimandrites de Russie fut contagieux.I1 fut suivi dans les monasteres les plus influents de Bulgarie,deSerbie et de Roumanie, tandis que dans les monasteres plus mo-destes les Hegoumenes s'en tiennent encore au simple mandyas noir,comme en Grece, quand ils le portent, car souvent il. y est remplacepar le rason .:

(56) A. DMITRIEVSKIT, Stavlennik, Kiev 1904, p. 138. Sur la concession du mandyasepiscopal PLo DE MEESTER, op, eit., p .. 134, p. 154. Dans les monasteres et scetes athonites,peuples de Russes, Bulgares et Roumains, les Hegournenes ont adopt': tout l'attirail archi-mandrital auiourd'hui en usage dans leurs Eglises respectives, rnalgre les remontrancesrepetees du Patriarche de Constantinople. .

(57) A. DMITRIEVSKIT, op, cit., p. 149-151.

Page 16: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 129

En Russie encore, l'Archimandrite honoraire s'est ernpresse. des'assurer l'usage du mandyas violet. Dans les pays satellites des usa-ges russes, l'Archimandrite d'honneur le porte tres rarement, jamaisdans les Patriarcats et les Eglises autocephales de langue grecque.

2. - L'epigonation.

ren ai parle plus haut. 11est aceerde avec l'archimandritat d'hon-neur, a moins que le titulaire ne l'ait deja recu pour un autre motif.

3. - Croix pectorale.Les Archimandrites et certains Hegoumenes de regime portent

generalement la croix, mais jamais l'encolpion strictement reserve al'Eveque,

En Russie, certains Archimandrites, meme d'honneur, se sontoctroye l'encolpion, comme ils ont usurpe plusieurs autres insignespontificaux.

Les Archimandrites russes portent une croix d'or, car depuis Ni-colas II tous les Pretres s'ornent la poitrine d'une croix d'argent (58).

En Serbie, la croix d'or est accordee a de simples Pretres pourles recompenser de services rendus a l'Eglise. lIs sont appeles Stau-rophores de ce chef.

Au Mont Athos, les Hegoumenes Archimandrites grecs ne por-tent pas la croix, comme d'ailleurs les Archimandrites autrefois dansl'Empire ottoman en etaient depourvus.

A. Dmitrievskij observe avec raison que l'epigonation et la croixpectorale sont l'objet d'une concession speciale et ne sont nullementattaches a la dignite archimandritale ou a la charge hegoumenale (59).

4. - Bilton (p&ßöo" 1ta;'t£p~'t~a; .ou 1ta;dp~O'O'a;, Ö~xa;vlx~ov).

Angelos Pepbanes distingue a bon droit trois sortes de bäten:le dikanikion, semblable au sceptre imperial, le baton episcopal etle bäten hegoumenal (60).

Le dikanikion etait remis par l'Empereur aux Hegoumenes desgrands monasteres imperiaux et patriarcaux (61). C'etait une mar-

(58) PLo DE MEESTER, op, eit., p. 254.(59) Op, cit.• p, 141 et n. 4.(60) 'Epl11jvsL" 'l:Yj, &6L", ~"l tepa, Aa~"CouprLa:,'toll tv 'A'l"Lot' n,,'tpo, ~Jliii'l

·IlIlci.,,'Iou "CQUXpucoc"C6p.ou Ed. Gr. Maraslis Athenes 1897, p, 39, n. I.(61) PLo DE MEESTER, op, cit., p. 107-108, p. 132, p. 135, p, 234, p. 236-237.

Page 17: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

130 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

que de la bienveillance imperiale, mais aussi l'insigne de juridiction.Aujourd'hui encore Ies Hegoumenes et Ies Archimandrites des mo-nasteres et meme les Eveques ant couturne de porter un baton noir.avec pommeau d'argent ou d'ivoire, meme en dehors des offices ce·Iebres a l'eglise. C'est probablement le souvenir de l'ancien dika-nikion (62).. Le baton hegoumenal a la forme d'un T. On en conserve beau-coup d'exemplaires dans les monasteres du Mont Athos, du MontSinai, de Palestine, etc., et dans ceux de Russie, de Bulgarie, de Rou-manie et de l'ancienne Serbie ou dans les mu sees des differents payssoumis autrefois aux Patriareats Orientaux.

Ce baton hegoumenal seul devrait etre l'apanage de tous les He.goumenes ou Archimandrites effectifs,

L'Hegoumenesse en est aussi munie.Enfin le baton episcopal, dont l'extremite est le plus souvent eau-

ronnee de deux tetes de serpents placees face a face, doit ctre reser-, , l'E "ve a veque.

Ni les Hegoumenes et les Archimandrites de regime demission.naires, ni les Archimandrites d'honneur, n'ont le droit de porter unbaton pastoral quelconque.

TeIles sont les regles du droit traditionnel.'

Neanmoins, avec le temps, les chefs des monasteres Archiman-drites s'arrogerent le baton episcopal.

Les Patriarches Paisios d'Alexandrie et Macaire d'Antioche, en1667, envoyes en mission pastorale en Russie, se basant, disaient-ils,sur les coutumes de l'Orient Orthodoxe et sur la pratique du MontAthos, accorderent la crosse episcopale a quelques ArchimandritesRusses. Mais le Synode de Moscou, en 1674, desapprouva cette con.cession. Il permit seulement a trois Archimandrites de porter la cros-se episcopale et encore devait-elle ctre en bois avec pommeau, saufl'Archimandrite du monastere de Tchoudov, a Moscou, qui pouvaitavoir une crosse en metal. Aux autres Archimandrites et Hegoume-nes il prescrivit l'usage du baton hegoumenal. Malgre ces defenses,a la fin du siede suivant, la crosse archimandritale ne differait pres- .

(62) Au Mont-Athos, les Hegoumenes tiennent toujours en mains ce baton, sauf aKaryes, siege du Prote auquel a succede ajourd'hui la Sainte-Epistasie (commission dequarre Hegournenes), Le Prote ou le President de la S. Epistasie a seul le droit d'y porterle baton protal, Ibid., p, 339.

Page 18: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 131

que plus du baton pastoral des Eveques (63). Ainsi en est-il encoreaujourd'hui. Seuls les Hegoumenes des petits monasteres ont main-tenu l'usage du bäten hegoumenal, Les Archimandrites honoraireseux-mernes en Russie ont usurpe la crosse episcopale (64).

5. - L'EpanokamilatJkion ou Epirriptarion.

Ce voile d'etoffe noire retombant sur les epaules avec deux fa-nons par devant est la cuculle ou capuchon monastique.

Tous les moines doivent le porter, au moins a l'eglise, Il estadapte a la coiffure appelee kamilavkion. .

Aujourd'hui, Patriarches, Eveques, Archimandrites honoraires, .ou non en sont ornes.

!Tous ces Prelats ant le privilege de le porter a l'interieur dusanctuaire.

Dans l'Eglise Serbe, les deux fanons de l'epanokamilavkion por-te par l'Archimandrite sont ornes d'une petite croix rouge.

A ces insignes archimandritaux, l'Eglise Russe ena ajouted'autres,

a) Mitre.Quelques Archimandrites, a partir du XVI" siecle ont ete auto-

rises a se servir de la couronne ou mitre pontificale. Bientör, d'autresles imiterent d'accord avec les Empereurs, et la mitre a la fin duXVIII· siede etait devenue d'un usage general dans le monde ar-chimandrital.

Pour diminuer aux yeux du public le faste pontifical des Ar-chimandrites dont les pretentions se heurtaient a la susceptibilite desEvöques, Catherine II accorda aussi a quelques Protopretres le pri-vilege de la mitre, mais au siede dernier il fut aboli par le S. Sy-node (65).

L'exemple des Archimandrites Russes fut suivi en Bulgarie, enSerbie et en Roumanie, tandis que cet ornement n'a jamais acquis

I,

(63) A. DUITRIEVSKIJ. op, cit., p, 145·149. A la crosse episcopale est attache un petitvoile de soie appele soulog que l'Ev~que ou l'Archimandrite serre dans sa main pour sepCl!munir contre le froid du metal du baton pastoral.

(64) En principe, les t~tes de serpents, s'i1 y en a, doivent regarder la terre, pour.erablir une difference entre la crosse de I'Ev~que et celle de l'Archimandrite. Les Grecssont plus sevCres it cet cgard. Jamais les Hegournenes ou les Archimandrites ne fontusage de la crosse episcopale.

(65) A. DUITRIEVSKIJ. op. eil .• p, 129·132.

Page 19: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

132 PLACIDE DE MEE5TER, 05B.

droit de cite dans les monasteres ni dans les Eglises de languegrecque (66). .

Les Archimandrites d'honneur, en Russie, n'ont pas manque deceindre la mitre.

Toutefois la mitre de l'Archimandrite slave est depourvue de lacroix qui surmonte celle des Eveques, si ce n'est dans le territoirede Kiev (67), mais celui-ci ne peut pas la porter en presence d'unEveque (68). .

b) Dicere et Trieire. .Plusieurs Archimandrites en Russie se sont arroges l'usage de ces

deux chandeliers, des le xvne siede au moins, comme on le relevedes decisions du synode de Moscou en 1667, dont je parle plus loin.

Le Patriarche de Jerusalem, Chrysanthe, signale aussi cet usageparmi les Archimandrites de la «Moscovie», comme encore celui derecevoir les saints dons a la porte du sanctuaire dans la liturgie (69).

Bien que condamnees, ces coutumes n'ont pas cesse de se repan-dre dans la suite et de nos jours les Archimandrites d'honneur eux-memes s'en prevalent.

Dans l'Eglise Serbe, au contraire, elles sont prohibees,Enfin, pour cette derniere Eglise, notons cette particularite, Les

Archimandrites y ont droit de ceindre une ceinture rouge, preroga-tive, si on peut donner ce nom, accordee a n'importe quel Pretredont le S. Synode desire recompenser les merites,

Ill. - Atares prerogatives.

Les Hegoumenes et Archimandrites de regime conferent la ton-sure. et les ordres mineurs, c'est a dire le lectorat et le sous-diaconataux moines profes de leur propre monastete.

(66) Pour les Roumains, voir Juv. STEFANELLI, Llturglca Biserecci Ortodoxe Catolice,Bucarest 1886, p, 81. - Des la fin du XVlIe s., les Archimandrites des monasteres grecssitues dans l'Italie meridionale, au contact des Abbes des monasteres latins, ant pris peua peu tous les ornements et insignes pontificaux de l'Eveque, y compris la mitre, le saccos,l'encolpion, I'omophorion et le double chandelier (tricere et dicere). En 1735, Rodolphe,Prince Cantacuzene, dans une lettre en latin datee de Vienne, accorde a I'ArchimandriteSymeon Tacc1asius de Notre-Dame du Mont Olympe en Thcssalie tous les insignes ponti-ficaux possibles dont quelques-uns d'origine purement latine. Cf. PLo DE MEESTER, Ope cit.,p. 250-59. C'est I'unique exemple, je crois, que l'on puisse enregistrer pour l'Orient grec•

. (67) J. MEsoLoRAs, ·ErxElplalOV Asl'tOUprl'ltij, Athenes 1895, p. 49, n. 1. -A. PEPHANES,·Op. cit., p. 38, n, 1. - CHRYSANTHE,Patr, de Jerusalem, 2:uv'ta:rJ1&'tlOV'ltEpt'tiiiv 6CPCPl'lt(IIlVVenise 1778, p. 82.

(68) C. NIKoLsKIJ, Posobis k';zoutchrnijoun oustaoa bogoslougmija Praoosl. Tz"kvi.S. Petersbourg 7· ed. 1907, p. 719, n, 2.

(69) ~uv'ta:rJ1Ii'tlOV I. C. - A. Dmitriewskij n'approuve pas l'usage du dicere et dutricere et i1 invoque le silence des livres liturgiques a leur endroit, Ope cit., p. 251.

Page 20: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTlN 133IIrI:lII~'(1

ifIt{,..~t~I.I'I'

l'I.i

II,}r[r:'

La faculte de tonsurer, c'est a dire de recevoir la profession des .novices, est inherence a leur charge.

La cherothesie du lecteur leur est reconnue par le 14e canon duVII" concile oecumenique, Nicephore I de Constantinople (806-815),dans le 25" canon de la collection canonique qui lui est attribuee,etend le meme pouvoir a l'ordination des sous-diaeres, pourvu queceux-ci par la profession soient reellement incardines a son mo-nastere (70).

Quelques Archimandrites honoraires en Russie ont abusivementordonne des lecteurs.

Le Prote du Mont Athos a joui autrefois de la faculte de con-sacrer les eglises erigees sur le territoire de la S. Montagne et debenir les Hegoumenes de la confederation Athonite. Si d'autres He-goumenes ont consacre des eglises, ils le' firent en vertu de leursdignites de Protosyncelle ou d'Exarque qui possedaient ce privilegeclans l'orbite de leur juridiction deleguee (71).

Notons pour terminer que dans les souscriptions conciliaires etautres, les Hegournenes et les Archimandrites de regime font prece-der leur nom d'une croix (72). Dans certains pays aujourd'hui tousles Archimandrites en font autant. A tort ou a raison?

, LES ABUS DES PONTIFICALIA

tj',t"I,

Plusieurs fois les pouvoirs ecclesiastiques se sont eriges contre lesusurpateurs d'insignes ou de privileges strictement episcopaux ,quese sont arroges les Archimandrites.

J'ai deja parle des efforts tentes au XVIII" siede par les Patriar-ches Paisios Ligarides d'Alexandrie et Macaire d'Antioche venus enRussie pour reformer la discipline ecclesiastique. Au synode tenu aMoseou en 1667 sous leur presidence, plusieurs canons ont ete libelles

it·:,I'

(70) PLo DE MEESTER,op. cit.,p. 134, p. 215, p. 249, p. 254, p. 322, p. 383. Cf.J. OUDOT,Acta cit, Sigillion du Patr, Antoine IV (1396), p, 130. - A. PAVLOV,Nomo- -kanon pri bolchom Trebnik]e, 2' Cd. Moscou 1897, Can. 828, p, 211-213 (pour la tonsuremonacale), J. Goar restreine a tort ce droit aux seuls Archimandrites EilxOA6r~o", Venetiis1730, p. 200, 3.

(71) PLo DE MEESTER,op. cit., p. 322-323, p, 191, p. 257. 4, p. 190-191.(72) 11 est vrai que dans les pieces officielles de simples meines apposent une croix

. devant leur nom, mais c'est en qualite de deI.:gues d'une autorite superieure,

j"

;.

Page 21: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

134 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

dans ce sens, dont run vise specialement l'usage du dicere et du tri-cere (73). .

Dans la suite des reformes de meme genre ont ete encore envi-sagees et, avant les derniers conflits qui ont bouleverse l'Europe, el-Ies etaient inscrites a l'ordre du jour de la nouvelle organisation dela grande Eglise Slave.

En 1841, le Patriarche de Constantinople Germain IV 'tou CX1tOAapxG>Y reproche en termes violents a l'Hegoumene du monastereS. Michel de Syma (quoique ce monastete jouit de la stavropegiepatriarcale) d'usurper, «par vanite et au mepris du caractere supre-me de l'Eveque », les droits pontificaux suivants: l'usage du man-dyas et de la crosse episcopale, s'asseoir sur un tröne, ordonner deslecteurs parmi les adolescents de la contree et, revetu des ornementssacres, se rendre processionnellement a ses appartements apres la Ii-turgie (74). .

Joachim III de Constantinople rappelant les actes de ses prede-cesseurs, condamne severement les Superieurs des scetes Russes etRoumaines de Mont Athos, parce qu'ils font usage du mandyas et dubaton pastoral episcopaux comme les Archimandrites de leurs pays,

. parce qu'ils s'asseoient sur un tröne episcopal, parce qu'ils ne pren-nent pas part a la grande entree de la liturgie et qu'ils accomplissentla benediction des pains selon le rit episcopal, enfin parce qu'ils usur-pent encore d'autres prerogatives reservees a l'Eveque (75).

D'autres actes patriarcaux et synodaux ont a plusieurs reprisesdenonce des abus semblables.

'.DROlTS DE L'HEGOUMENE DEMISSIONAlRE

L'Hegoumene demissionnaire peut conserver ses insignes sauf lebaton. 11 peut aussi en etre prive par punition (76).

(73) W. PALMER, The Patriarch and th~ Tsar. Vol. Ill, History of the condemnation oftlu Patriarch Nicon, Londres 1873, Ch. 11, XI, p. 483. - Le Synode de Moscou en 1674revint sur plusieurs decisions prises au synode precedent en faveur de quelques Archiman-drites, mais la mitre sans croix leur fut imposee, PHILARET-BLUMENTHAL,Geschicht« derKirck« Russlands, r, 11, Francfort 1872, p, llO. On sait la suite qu'ont eue les decisions deces conciles. .

(74) M. I. GEDEON, Kct."o."txctl Atcttli~st' t, 11, Constantinople 1889, p. 334-345.(75) Call. Delicanes lleptrpctcptXo, XcttciÄ.or0l: 'täw .... 'rrplicpw." 'ltSpt 'teil." h •A&q>

110."00.,,(1630-1863) Constantinople 1902, p. 328-332. Le Patriarche demande de que! droitces usages ont ete introduits, mais jamais it ne lui fut repondu,

(76) PLo DE MEESTER, op. eit. p. 255-263, p. 291.

Page 22: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

i'I"

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 135

CONCLUSION

L'histoire de l'archimandritat et de son developpement, les' abusqui s'y glisserent et les rappels a l'ordre, amenent a fixer la disciplinetraditionnelle en la rnatiere dans les normes suivantes.

I. - Hegoumene ou Archimandrite de regime.

1) 11doit revetir le mandyas noir, a moins que, en sa qualite de Su-perieur de monastere stavropegiaque ou exempt, par privilege iln'ait recu l'autorisation de se servir du mandyas violet semblable acelui de l'Eveque,

On peut tolerer les pomata de couleur sombre appliques sur lemandyas noir, la OU cet usage a ete Iegitimement introduit.

2) A l'eglise, le Superieur des monasteres reguliers tient en mainsle baton, hegoumenal tel qu'il a ete decrit plus haut (77). '

S'il a obtenu par concession speciale le baton pastoral des Eve~ques, les branches superieures de cette crosse, serpents ou non, sonttournees vers la terre.

Selon l'usage actuel, meme en dehors de l'eglise, le Superieur,comme insigne de son autorite, porte en mains un baton noir sur-monte d'un pommeau en argent ou en ivoire.

3) 11 ceint l'epigonation quand il revet les ornements sacerdo-taux, a l'eglise ou dans les ceremonies officielles.

4) S'il est Archimandrite, il s'orne la poitrine d'une croix, a l'egli-se ou dans les ceremonies officielles, a moins d'une coutume contraire.etablie dans son monastete ou dans sa region.

S) L'epanokamilavkion lui revient de droit en sa qualite de moi-ne, mais il le porte dans le sanctuaire par privilege.

n. - Archimandrite d'honneur.

Ses insignes sont: l'epanokamilavkion meme dans le sanctuaire,la croix pectorale, l'epigonation. Comme les moines et les pretresil porte le rason (78).

(77) Dans I'EncyclopCdie grecque citee ce baton est decrit: at~6, 'tt 1tOtI1Ot1l1:Utij,~aß~ou t. 11, col. 142.

(78) Ces regles sont communement appliquees dans les territoires restes fideles a ladiscipline canonique du patriarcat byzantin. Dans les regions slaves et roumaines, e1les ontsurvecu dans les monasteres moins irnportants, et generalement aussi elles sont observees parles Archimandrites honoraires pour ce qui les concerne,

Page 23: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

136 PLACIDE DE MEESTER, OSB.

COLLATION DE L'HEGOUMENAT DE L'ARCHlMANDRITAT

ET DE LEUR~ INSIGNES

Promotion de l'Hegoumenc et de l'rlrchimandrite de regime,

La cerernonie est accomplie par l'Eveque en dehors du sane-. tuaire (79). \

L'euchologe grec contient un seul rit pour la benediction del'Hegoumene (80). 11reflete, comme je l'ai note, l'ancienne disciplinequi ne faisait aucune distinction entre le Superieur de ce nom etl'Archimandrite. .

Dans cet ordre, apres la presentation du candid at et les prieresqui accompagnent l'imposition des mains, l'Eveque le revet d'unnouveau mandyas pour indiquer le changement de sa situation. Ill'intronise ensuite et tous les moines apres l'Eveque lui donnentl'accolade. • .

Enfin il lui remet le baton hegoumenal, marque de son su-periorat.

Plus tard, apparait dans le Pontifical grec une priere specialepour la cherothesie d'un 'Archimandrite (81).

Le Pontifical slave, .au contraire, contient deux ordres bien dis-tincts, l'un pour la promotion d'un Hegoumene qui se rapproehedu texte grec, l'autre pour la benediction d'un Archimandrite.

Suivant ce dernier ordre, si le candid at n'est pas encore Hegeurne-ne, l'Eveque recite la priere du rit precedent. Puis ille proclame Ar-chimandrite et lui confere la mitre et la croix. Ceci se passe a lapetite entree de la liturgie. A la fin de celle-ci, l'Archimandrite recoitoIe baton pastoral des mains de l'Eveque qui lui adresse pour finirune longue catechese (qui vaut du reste aussi pour l'Hegoumene] (82).

J. Habert donne cette courte formule pour l'institution d'un Ar-chimandrite, d'un Exarque ou d'un Hegoumene: '

(79) Syrneon de Thessalonique fIEpt 'tWV [EpWV XELPO'tOVLWV P. Gr. t. CLV, eh,CCXII, col. 4610.

(80) Ed. Rom. 1873, pp. oYj'o'jt'.(81) 'APXLEP""tLXOV Constantinople 1820, p. SO.(82) Description des ceremonies dans A. DMITRIEvsKIJ,Ope cit., p, 132-141, p. 142-

151. Texte et traduction allemande dans A. MALTZEW,Die Sacramente der Drtodox-Katho-fischen Kirche des Morgenlandes. Berlin 1898, p, 347-355, p. 355-374.

A. Dmitriewskij affirme que I'ordre pour l'institution de l'Archimandrite n'apparaitqu'au XVI· siede et encore dans la Russie meridionale,

Page 24: MISCELLANEA LITURGICA - MGH-Bibliothek · 2014. 3. 31. · L'exarcat desmonasteres estune charge, com-me d'autres, qui entre dans l'administration generale de l'Eglise. Qu'elle soit

L'ARCHIMANDRITAT DANS LES EGLISES DE RITE BYZANTIN 137

« Notre mediocrite, par la grace deDieu et le don du Saint-Esprit, impose au tres religieux serviteur de Dieu N. l'office d'Ar-chimandrite (ou d'Exarque, ou d'Hegoumene], au nom du Pere,du Filset du Saint-Esprit». Le choeur dit trois Kyrie eleison etle Patriarehe ou l'Eveque finit par une breve forroule de bene-diction (83).

,f~\'}

,I'

Institution de l'Archimandrite d'honneur.

On recite souvent les prieres destinees aux Hegoumenes et auxArchimandrites effectifs pour conferer la dignite d'Archimandrite.C'est une erreur.

I1est preferable de se servir ou de la breve forroule que je viens dedonner et qui se rapporte a l'office ou a la dignite d'Archimandriteen general, ou de quelque autre' forroule analogue.

On la fera suivre de la collation de l'epigonation et de la croix,selon le rite en usage.

Le Pontifical roumain exhibe une priere pour la cherothesie d'unProtosynceIle ou d'un Archimandrite. C'est sous le signe d'une dis-tinction honorifique que celle-ci est conferee (84).

, ,~'t

Ceremonies de la collation de l'fpigonation et de la croix pectotalc.

Elle a lieu soit hors de la liturgie, soit apres la petite entree.L'Eveque benit l'epigonation et en fait toucher le flane du can-

didat. Celui-ci le baise a l'endroit oü figure une croix. Puis l'Evequcen le montrant aux assistants profere trois fois l'exclamation "A~LO~,, , , I hrepetee par e coeur.

Cette derniere ceremonie s'accomplit, quand l'Eveque remet la"eroix pectorale (85).

"

(83) ·ApXtspa:mtov.Libcr pontificalis Eccleslae Graecae, Paris 1676, p. 570. Cette for-mule est reproduitc par ASSEMANI,Codex Liturgicus Ecclesiae uniuersae t. XII, p. 315.

(84) Archieraticon, 3" ed., Bucarest, p. 48·49.(85) Au Mont Atbos l'Hegoumene ou le meine qui en est honore recoit aujourd'bui

l'epigonation pendant la communion des celebrants. PLo DEMEESTER,Ope cit., p. 255.