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Dossier Les sciences à l’École Au-delà de la classe L’École des arts | Les ateliers théâtre Le cœur de l’École Petit Collège | Interviews les cahiers de l’École alsacienne nº 68 2004-2005

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L’École alsacienne

109, rue Notre-Dame-des-Champs – 75006 ParisTél. : 01 44 32 04 70Télécopie : 01 43 29 02 84Courrier électronique : [email protected] WEB : www.ecole-alsacienne.org

Dossier Les sciences à l’École

Au-delà de la classeL’École des arts | Les ateliers théâtre

Le cœur de l’ÉcolePetit Collège | Interviews

les cahiersde l’Écolealsacienne

nº 682004-2005

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Sommaire

Sommaire | les cahiers de l’École alsacienne 1

Éditorial 2

Dossier : les sciences à l’École alsacienne 4

la Semaine de la Science et les projets

autour de l’Année de la Physique

Au-delà de la classe 22

les actions menées parallèlement à la scolarité

L’École hors les murs 24

L’École du cœur 34

L’École des arts 46

Le cœur de l’École 62

le fonctionnement de certaines entités,

l’organisation, les résultats

et les personnes qui font l’École

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contrat, l’École a connu au printemps 2005 de trèsnombreuses demandes d’inscription.

Là encore, ce n’est pas très nouveau, mais la quan-tité et la qualité des candidats ont dépassé tout ce quenous avions connu jusqu’ici.

Nous avons enregistré 265 demandes pour l’entréeau collège, pour 80 places, c’est-à-dire un taux d’ad-mission de 30 %. Au lycée, où traditionnellement nousrecrutions une quarantaine d’élèves, nous n’avonsadmis que 17 élèves sur 174 candidats, soit un tauxd’admission inférieur à 10 %.

Depuis deux ans, cinq classes de seconde font suiteà six classes de troisième. Au moment de sa création,nous avions pensé que la classe musicale à horairesaménagés du collège allait fournir nombre d’élèvesaux lycées qui proposent ce dispositif. Or, arrivés enfin de troisième, ces élèves ont préféré, très majoritai-rement, rester à l’École alsacienne.

De plus, le départ d’élèves en fin de troisième pourdes établissements publics prestigieux s’est considé-rablement ralenti.

Au total, à l’entrée en seconde, là où nous pouvionsrecruter trente élèves les années passées, nous n’enavons recruté que… sept en 2005.

Profitant de l’Année mondiale de la Physique, les pro-fesseurs de physique-chimie, aidés du foyer-centreculturel, de l’association des parents d’élèves et du CDIont organisé une semaine des sciences, du 4 au 8 avril2005.

Tous les soirs, des physiciens nous ont fait l’honneurde partager les résultats de leurs recherches. Unedemi-journée a été en outre banalisée pour que les élè-

ÉditorialPierre de Panafieu

Après les résultats exceptionnels obtenus l’anpassé, on pouvait craindre une baisse sensible.

Il n’en a rien été. Les résultats au baccalauréat, avecprès de 98 % de reçus, sont les deuxièmes meilleursrésultats dans l’histoire de l’École.

En effet, sur l’ensemble des candidats, on dénom-bre trois échecs en série S. Le taux de réussite de cettesérie s’établit donc à 96 % et à 100 % en E.S. et L. À noter que 63 % des élèves reçus obtiennent unemention, 44 une mention assez bien, 35 bien, 10 trèsbien. Dans les faits notables, il faut souligner qu’ensérie E.S. un élève a obtenu 20/20 en histoire et géo-graphie et un autre 19/20.

Le taux de réussite montre que les élèves, quelsqu’ils soient, se sont sérieusement préparés à desépreuves qui, de l’avis général, ne recelait pas de dif-ficultés anormales. Mais le taux de mentions indiquepour sa part que le niveau général atteint par les élè-ves est particulièrement bon. Cette remarque estconfirmée par la réussite des anciens élèves dans l’en-seignement supérieur.

En première, les résultats aux épreuves anticipéessont très encourageants. En français, à l’écrit, lamoyenne s’établit à 12,3 en L, 11,4 en E.S., 11,2 en S,tandis qu’à l’oral, elle s’élève respectivement à 14,9,13,5 et 12,2. Pour les épreuves scientifiques, les Lobtiennent 15,3, les E.S. 8,9 ; enfin, en mathéma-tiques, les élèves de série littéraire atteignent lamoyenne de 12,8.

Un seul échec est à décompter au diplôme nationaldu brevet pour 162 candidats; le taux de réussite est de99,3 %. 100 % des élèves de CM2 passent en sixième.Comme l’ensemble de l’enseignement privé sous

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Éditorial | les cahiers de l’École alsacienne 3

ves puissent réaliser devant les visiteurs (élèves d’au-tres classes, parents, professeurs) des expériencesdans les laboratoires de physique.

Cette manifestation s’inscrit dans une réflexion pluslarge sur l’orientation vers les études et les carrièresscientifiques.

Longtemps considérée comme la « voie royale », la série scientifique connaît une désaffection relativedepuis quelques années, à l’École alsacienne (sousune forme atténuée), mais surtout dans l’ensembledes pays développés.

L’enquête sur les sciences à l’École, menée parl’Association des parents d’élèves, a permis de repé-rer les classes déterminantes pour l’acquisition dugoût ou du dégoût pour les sciences. Il apparaît que laclasse de 4e est particulièrement cruciale pour lesmathématiques et la classe de seconde pour la phy-sique-chimie. Ces classes constituent des seuils parlesquels les élèves sont amenés à « penser » au lieud’appliquer des modèles appris. L’étude a aussi mon-tré l’importance des travaux pratiques et du travail engroupe restreint.

Toutes ces informations ont été transmises aux pro-fesseurs pour nourrir leurs réflexions pédagogiques.

À la fin de l’année scolaire, le choix d’orientation desélèves a mis l’École devant un choix difficile : ils étaienttrop nombreux à demander la section ES pour ne for-mer qu’une classe, mais pas assez nombreux pour enconstituer deux. Le rectorat nous a autorisés à mettreen place une « classe mixte » comprenant des élèvesde S et de ES.

Outre la question soulevée plus haut sur l’orienta-

tion vers les sciences, on peut voir là l’illustration desdifficultés que nous rencontrons à épouser au mieuxl’évolution du choix des élèves. Avec six classes parniveau de lycée, nous parviendrions à mieux recruter àl’entrée en seconde et à gagner de la souplesse dansl’orientation. Mais le principal obstacle à la créationd’une nouvelle classe par niveau de lycée est lemanque de salles…

Depuis trois ans, l’École alsacienne participe au projetComenius, visant à favoriser les échanges entre élè-ves, professeurs et personnels administratifs prove-nant de différents établissements scolaires. Nousavons pu visiter plusieurs établissements, rencontrerles équipes pédagogiques et favoriser les échangesentre élèves. Cette première expérience que nousavons menée en qualité d’établissement associé nousa incités à devenir l’établissement pilote pour un nou-veau projet.

Le jeudi 12 et le vendredi 13 janvier derniers, l’Écolea accueilli les représentants de 10 pays (Finlande,Suède, Écosse, Pays de Galles, Autriche, Italie, Grèce,Portugal, Espagne et Pologne) pour une réunion visantà préparer le prochain projet Comenius, que l’Écoledevrait coordonner à partir de l’an prochain, sur lethème : « Comment préparer nos élèves à être descitoyens du monde ? »

Ainsi, fidèle à sa vocation, l’École alsacienne poursuitsa mission, cherchant toujours des voies nouvelles.Que tous ceux qui se sont impliqués dans ces réussi-tes et ces réflexions trouvent ici, avec l’évocation deleur travail, le témoignage de sa reconnaissance.

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Dossier :les sciences à l’École alsacienne

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 5

L’Année de la Physique 6

La Semaine de la Physique à l’École alsacienne 7

La foire aux expériences 8

Un club scientifique en partenariat avec le Cnam 9

La Semaine Sciences au Petit Collège 11

Semaine de la Science, semaine du son 12

Vive la Semaine de la Science ! 13

Concours de nouvelles 2004-2005 14

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Ce sont donc les apports majeurs de ce génie de lascience que cette « année de la physique » veut célé-brer. Mais au-delà de la commémoration de cette« année miraculeuse » pour Albert Einstein et la phy-sique, l’objectif de cette initiative est de faire connaîtreà un large public les progrès, l’importance et les enjeuxde ce domaine des connaissances scientifiques.

« L’ANNÉE DE LA PHYSIQUE » À L’ÉCOLE ALSACIENNEFaisant suite à la mobilisation générale du monde de laphysique pour soutenir cette initiative, l’équipe d’en-seignants physiciens et chimistes de l’École alsaciennea voulu apporter sa contribution. Elle a donc décidéd’organiser de multiples manifestations qui ont prisdes formes très diverses : visites de musées ou delaboratoires, expositions, concours de nouvelles, etc.

Le point d’orgue de ces initiatives a été une« Semaine de la physique à l’École alsacienne » du 4au 8 avril 2005 avec des conférences organiséeschaque soir en présence de scientifiques de renom.

Pour le dernier jour de cette semaine, le vendredi8 avril, l’après-midi a été banalisé afin de permettre àdes élèves volontaires de toutes classes de réaliser etde présenter des manipulations qu’ils avaient effec-tuées dans le courant de l’année ou qu’ils avaient pré-parées spécifiquement pour cette journée. D’autrepart, à la fin janvier 2005, le Centre de documentation(CDI) de l’École alsacienne a lancé un concours de nou-velles sur le thème des sciences : lors de la conférencedu vendredi 8 au soir ont été proclamés les résultatsde ce concours de nouvelles.

L’Année de la PhysiqueMichel Lagouge et Alain Pailler, professeurs de sciences physiques

POURQUOI CETTE ANNÉE PARTICULIÈRE ?Parce que l’année 2005 marque le centenaire de lapublication des textes majeurs d’Albert Einstein.

En 1905 en l’espace de quelques mois, AlbertEinstein, alors âgé de 26 ans, publie quatre textes mar-quants qui vont bouleverser la physique. Le premiertexte de mars 1905 concerne la nature quantique de lalumière et lui vaudra le prix Nobel en 1921. Le suivantde mai 1905 modélise le mouvement brownien etdonne un élan majeur à la théorie atomique alorscontroversée. Le troisième de juin 1905, met en placeune nouvelle vision de la mécanique fondée sur laconstance de la vitesse de la lumière : cette théoriesera ensuite connue sous la dénomination de « relati-vité restreinte ». Enfin le dernier texte, simple adden-dum au précédent, démontre la formule depuis lorscélèbre : « E = mc2 ».

« 2005 : ANNÉE MONDIALE DE LA PHYSIQUE »À l’initiative de l’Union internationale de physique pure etappliquée (IUPAP) et de l’European Physical Society (EPS),l’année 2005 a été choisie pour célébrer les sciences phy-siques dans le monde entier.L’année 2005 a donc été déclarée « Année mondiale de laPhysique » par l’UNESCO et « Année internationale de laPhysique » par l’ONU.

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PROGRAMME DES CONFÉRENCES

Lundi 4 avrilEinstein et la naissance de la théorie de la relativité

Mardi 5 avril L’importance de la science pour les questions énergétiques

La physique impose des contraintes sur notre utilisation des diversesformes d’énergie. Il importe de connaître quelques ordres de gran-deur pour comprendre les problèmes énergétiques de divers pointsde vue : concentration, dégradation, transfert, stockage, réserves etnuisances.

Mercredi 6 avrilNaissance et vie des galaxies

Comment se forment les galaxies comme la nôtre, la Voie Lactée ? Lestélescopes nous permettent de remonter le temps et d’observer lesgalaxies dans leur enfance, telles qu’elles étaient lorsque l’Universn’avait que 10 % de son âge actuel. Les galaxies étaient plus nom-breuses, interagissaient entre elles beaucoup plus souvent et fusion-naient, en formant des étoiles. Des trous noirs géants se formaient aucentre des galaxies…

Jeudi 7 avrilVoir le cerveau penser : l’apport de la physique

Grâce à l’imagerie médicale, il est aujourd’hui possible de voir le cer-veau en action. Comment le mouvement brownien, étudié par Einsteindans le deuxième texte qu’il publia en 1905, nous permet-il de voirdans le cerveau ?

Vendredi 8 avrilMystères et merveilles de la mécanique quantique

Depuis l’interprétation du « rayonnement du corps noir » par MaxPlanck et la publication par Albert Einstein en 1905 du texte fondateurinterprétant « l’effet photoélectrique », la mécanique quantique areprésenté la seconde révolution de la physique du XXe siècle.Cette nouvelle « mécanique » depuis lors si brillante pour expliquerou prévoir de nombreux phénomènes expérimentaux du mondemicroscopique a pourtant des conséquences surprenantes, appa-remment en contradiction avec le monde que nous percevons. En même temps, cette mécanique est aujourd’hui présente dans denombreuses applications technologiques que nous utilisons quoti-diennement.Les applications, les résultats sont nombreux, mais comprenons-nousvraiment la mécanique quantique ?

CONFÉRENCIERS

Étienne KleinAdjoint du directeur des sciences de la matière auCEA. Docteur en sciences physiques. Docteur enphilosophie des sciences. Auteur de nombreuxlivres de vulgarisation.

Roger BalianConseiller scientifique au CEA, service de phy-sique théorique, direction des sciences de lamatière, Saclay. Ancien professeur à l’École poly-technique. Ancien président de la Société fran-çaise de physique. Membre de l’Académie dessciences.

Françoise CombesAstronome à l’Observatoire de Paris.Docteur en sciences physiques.Membre de l’Académie des sciences.

Denis Le BihanDirecteur de recherche au service hospitalierFrédéric Joliot du CEA à Orsay. Docteur enmédecine. Docteur en sciences physiques.Membre de l’Académie des sciences.

Jean-Louis BasdevantProfesseur émérite à l’École Polytechnique.Directeur de recherche au CNRS, au laboratoireLeprince-Ringuet. Ancien président du département de physique à l’École polytechnique.

Monsieur Basdevant a eu la gentillesse d’ac-cepter de présider le jury du concours de nou-velles organisé par le CDI. Il a donc remis, ledernier jour de cette « Semaine de laPhysique», lors de sa conférence, les prix auxdifférents lauréats du concours.

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La Semaine de la Physiqueà l’École alsacienne

du lundi 4 au vendredi 8 avril 2005

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La foire aux expériences

le vendredi 8 avril 2005 à partir de 15 heures

QUELQUES THÈMES D’EXPÉRIENCES PRÉSENTÉES :

En collège

- Électricité : la chaîne de production de l’électricité- L’air- Les changements d’état- La pression

En lycée

- Les ondes mécaniques- Les ondes lumineuses- La lumière : un moyen d’investigation en chimie- Le son- La transmission d’un signal- La radioactivité : son caractère aléatoire,

la loi de décroissance- La mesure des distances et du temps- La mécanique de Galilée et Newton- La structure atomique de la matière

Ce vendredi 8 avril 2005 après-midi, les cours ont été sup-primés. Des élèves de toutes classes, du collège et du lycée,ont présenté des expériences qu’ils ont montées et réali-sées. Ces expériences se sont déroulées dans différentesclasses du bâtiment 1 (le bâtiment scientifique) sous la hou-lette des différents professeurs de l’équipe de sciences phy-siques de l’École.

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 9

Un club scientifique enpartenariat avec le Cnam

Chantal Kalayciyan, parent d’élève

Ouvert aux enfants âgés de 7 à 12 ans, la premièreannée, les participants ont découvert le thème du

point en mer. À cette occasion, ils ont fabriqué desboussoles, des sextants, des quarts de cercle, etc.,tous les instruments indispensables pour se repérersur un bateau au XVIIIe siècle. Lors de la fête de l’École,tous les enfants du club ont animé un stand et ont faitfabriquer aux autres enfants de l’École des quarts decercle.

L’année suivante, deux nouveaux thèmes ont étéproposés pour deux niveaux différents :- la « naissance du cinéma » pour les 7-9 ans et- la « mesure du temps » pour les 10-12 ans.

Le premier groupe a réalisé un petit film présentélors de la Semaine de la Science à l’École alsacienne.Au préalable, les enfants ont découvert et fabriquédivers jouets optiques: thaumatrope, fantascope, zoo-trope, praxinoscope. Durant cette même semaine, lesenfants du club ont également organisé un spectacle defantasmagories pour quatre classes de l’École.

Le second groupe a réalisé des cadrans solaires, desautomates, un mécanisme de régulation d’une pen-dule et son projet de valorisation était des tableauxanimés (sortes d’automates) présentés lors de la fêtede l’École. Comme l’année précédente, les enfants ontanimé un stand et ont fait réaliser des cadrans solai-res aux enfants de l’École.

Pour la troisième année consécutive, le club scienti-fique s’enrichit d’un nouveau thème : « L’histoire desnombres ». Ainsi, trois thèmes peuvent être doréna-vant programmés.

Devant le succès du thème sur la naissance ducinéma, il a été reproposé pour les classes de 7e, 8e et

Il y a deux ans, la commission Sciences et l’Écolealsacienne ont établi un partenariat avec le Cnampour mettre en place un club scientifique: dix séan-ces durant lesquelles les enfants visitent le muséedes Arts et Métiers et fabriquent des objets tech-niques à l’École. Tout le contenu des séances a étéélaboré et animé par Jamila Al Khatib, responsabledes ateliers pédagogiques au Cnam et validé par lacommission Sciences. Ces deux premières années,l’encadrement des enfants lors des sorties et desséances à l’École a été assuré par les parentsd’élèves.

9e, lors du premier trimestre de l’année scolaire :8 enfants ont participé et ont réalisé un dessin animé.Puis, les enfants des classes de 7e, 6e et 5e ont pudécouvrir le nouveau thème de cette année. Deux cré-neaux ont été programmés : le jeudi avec 11 enfants etle vendredi avec également 11 enfants.

Effectif des enfants : 15 (première année), 15 et 12(seconde année), 8, 11 et 11 (troisième année) soit 72en tout.

Pour l’année prochaine, les activités du club scien-tifique s’inscriront plus clairement dans les activitésannexes de l’École, avec une programmation sur l’an-née et une inscription auprès de l’École. Les thèmes etles âges ne sont pas encore définis.

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« les enfants ont découvertet fabriqué divers jouetsoptiques : thaumatrope,fantascope, zootrope,praxinoscope. »

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 11

La semaine Sciencesau Petit Collège

Bruno Bourdeau, conseiller principal d’éducation

Les intervenants qui ont encadré certaines activités(info, énergie, Icare, le club scientifique du Cnam)

ont su apporter à la fois leurs connaissances et leurexpérience de terrain en matière de découverte scien-tifique. Ils sont en outre merveilleusement adaptés auxexigences pédagogiques de l’École. Cette collabora-tion précieuse a permis de bien articuler cette semaineet de présenter des sujets très différents, suscitant lacuriosité et l’intérêt des enfants.

L’Agence spatiale européenne nous a prêté une trèsbelle exposition sur les lanceurs et une borne interac-tive permettant aux enfants de tester leurs connais-sances sur le système solaire et les engins spatiaux.Nous remercions encore les parents d’élèves qui ontpu faire aboutir ce projet.

Au cours de cette semaine, j’ai pu découvrir, caméraen main, différents ateliers de fabrication d’objetsscientifiques, des présentations de projets collectifs.J’ai rendu visite aux JE qui m’ont présenté leur élevaged’escargots, ont su avec brio me parler d’élevage, dereproduction et de préservation de leurs « trésors »vivants. Comme les plus grands, ils ont voulu faire partde leur travail accompli, ils ont préparé de jolis pan-neaux avec des croquis, de petits textes sur la vie del’escargot.

Au-delà des contenus, il faut retenir deux élémentsessentiels qui donnent corps à tout ce projet : d’unepart, cette volonté d’échanger, de participer à un pro-jet collectif. À travers un thème pluridisciplinaire, sedonner les moyens d’élaborer un travail commun quisera retransmis, présenté à d’autres groupes. Ce quipermet de valoriser le travail de toutes les classes,d’assurer des échanges transversaux qui animent lavie de l’École et qui crée une résonance dans d’autresinstances institutionnelles comme le Conseil d’école,où les enfants réaffirment ce besoin de communiquer,de partager avec d’autres classes. Ces échanges sontdéjà très présents au cours de l’année (travail parniveau, tutorats, projets de classes de découverte)mais un événement très ponctuel comme la Semainede la Science ou le carnaval de Venise l’an dernier per-met de pérenniser ces liens et de donner un exempletrès concret de la pédagogie de l’École, de ses valeurset de ses fondements.

D’autre part, cette semaine a permis de rencontrerdes interlocuteurs très compétents, disponibles etprêts à épauler les enseignants dans leur travail quo-tidien, dans la construction de leurs projets scienti-fiques. Un accompagnement très intéressant que nousallons essayer de préserver dans les années à venir. Lacommission Sciences animée par des parents d’élèvesnous a offert l’opportunité de nous mettre en contactavec des étudiants de grandes écoles qui sont tout àfait prêts à renouveler l’expérience. Nous bénéficionségalement, tout au long de l’année, de la participationenthousiaste des parents qui interviennent régulière-ment dans les classes, en fonction des demandes desprofesseurs, sur un sujet ou un objet précis. Cetteouverture ne fait-elle pas partie du projet de l’École ?

L’échange et la découverte de nouveaux horizons,scientifiques ou autres, contribuent vraiment à donnerà la vie de l’École tout son sens et réaffirment sa par-ticularité, tant appréciée de tous.

Les professeurs spécialisés ont su également mobiliser les élèves autourde thèmes liés à leur discipline. En musique, les enfants de septième ontdécouvert les secrets de la physique du son. En arts plastiques, ils ont tra-vaillé autour de la composition des pigments.

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Semaine de la Science,semaine du son

Mireille Berret,professeur de musiqueau Petit Collège

Les sons sont extraits du CD-rom conçu par l’Ircam :« 10 jeux d’écoute », ateliers Ircam, N° 2, collectionMusiques tangibles, Éditions hyptique.net.

J’ai choisi les jeux sur la représentation graphiquedu son.

Il y a 10 sons à représenter.Puis nous allons jouer. Il s’agit d’attribuer à un son

donné une enveloppe d’amplitude et un sonagramme.L’enveloppe d’amplitude d’un son peut être appa-

rentée à l’intensité sonore perçue par l’oreille. L’axehorizontal indique le temps, l’axe vertical l’intensité.

Le sonagramme permet de visualiser le contenu fré-quentiel d’un son. L’axe horizontal indique le temps,l’axe vertical l’échelle des fréquences. L’intensité dechaque fréquence est représentée par l’intensité de lacouleur : plus la couleur est foncée, plus l’intensité estgrande ; plus la couleur est claire, plus l’intensité estfaible. Ainsi, la présence de couleur en bas du gra-phique signifie que le son contient des fréquences gra-ves. La présence de couleur en haut du graphiquesignifie que le son contient des fréquences aiguës.

Les élèves vont ainsi écouter, classer les sons avecleurs représentations graphiques.

En jouant, ils ont une nouvelle perception de lamusique, et prennent conscience du phénomène son,dans la musique et dans la vie.

Que cette ouverture les amène sur le chemin de larecherche, de la composition, et leur donne le goût departiciper à l’aventure sonore.

La salle de musique n’a pas son aspect habituel. Le rétroprojecteur a été installé pour diffuser sur

écran les images du CD-Rom inséré dans l’ordinateur.Les élèves peuvent tous participer aux jeux.

La première partie du cours est théorique. Les élè-ves écoutent le chapitre « acoustique » extrait du CD-rom «Musique!», l’encyclopédie vivante en 3D de chezGallimard Jeunesse.

Puis à partir des 2 critères qui définissent un son, à savoir :• le niveau sonore (nuance pour un musicien),• la fréquence (le timbre),je les encourage, dans un premier temps, à fairepreuve d’invention et d’imagination pour trouver leurpropre représentation graphique d’un son et la notersur leur cahier de musique (voir graphiques page ci-contre).

Lundi 4 avril 2005, rendez-vous un peu particulier avec lesélèves des classes de 7e du Petit Collège pour une initiationà « l’acoustique» dans le cadre de la Semaine de la Science,puis pour des jeux d’écoute aboutissant à la représentationgraphique du son.

« Il s’agit d’attribuer à un son donné uneenveloppe d’amplitude et un sonagramme. »

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 13

Vive la Semaine de la Science !

Laurence Favre, institutrice en 10e1 et Véronique Dugast, institutrice en 11e2

Nous avons analysé l’eau du bassin au jardin duLuxembourg : nous avons découvert des micro-

organismes dont peuvent se nourrir les poissons maisaussi les déchets qui polluent l’eau.

En classe, par équipe de deux, nous avons enfilé lablouse de chimiste et avons présenté nous-mêmes desexpériences variées et amusantes sur l’eau à la classe.

Au laboratoire du Grand Collège, nous avons faitchanger la matière : de solide en liquide, de liquide engaz et… inversement !

Les passionnés de botanique de notre classe ontplongé des fleurs blanches dans de l’eau colorée : lespétales sont devenus rouges, bleus, verts et violets…Essayez, c’est merveilleux et très intéressant ! Au fait,devinez ce qu’il se passe…

Juan, un élève du Collège de France, est venu enclasse pour faire des expériences avec nous : nousavons observé la réaction de certains aliments avecl’eau, la chaleur, etc.

Sur le thème de l’eau, nous avons construit desmaquettes de bateaux : après avoir lu le plan et lesinstructions, nous avons scié, poncé, cloué, collé,assemblé puis peint et verni…

Cette Semaine de la Science nous a donné le goût del’observation, le plaisir d’expérimenter, la joie dedéduire, de comprendre des phénomènes scienti-fiques !

Voici quelques activités scientifiques que nousavons eu la joie de réaliser à l’occasion de la « Fêtede la Science » à l’École alsacienne :

À la découverte du monde !Étude du vivant, des objets et de la matière

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Concours de nouvelles2004-2005

En ces temps très fortement marqués par les ques-tions de propriété intellectuelle et droits d’auteur,il est assez rassurant de constater qu’un grandnombre d’élèves prennent la plume, et de plus enplus leur souris pour écrire. Vingt-huit auteurs ontparticipé.De vrais exercices de style, des récits authentiqueset attachants, une grande maturité parfois dansleurs messages, des récits bien structurés et bienracontés, bref, de vraies qualités littéraires…M. Jean-Louis Basdevant, professeur émérite àl’École polytechnique et directeur de recherche auCNRS, a assuré la présidence du jury, composécomme chaque année, de professionnels du livre etde l’écrit : journaliste, auteurs, libraire, documen-taliste.Les débats étaient longs et très animés et les choixsouvent difficiles.Dès le 14 mars, des recueils réunissant l’ensembledes nouvelles étaient mis à la disposition de tousles élèves et adultes de l’École pour lecture. Un vote des « lecteurs » était organisé en parallèleà celui du jury. La participation était très nom-breuse et a suscité beaucoup d’enthousiasme.La proclamation des résultats a eu lieu le 8 avril ensalle polyfonctionnelle devant un public très nom-breux ; cet événement clôtura la Semaine de laPhysique à l’École.Merci à l’association des parents d’élèves pour leursoutien financier et à mes collègues professeurs defrançais qui ont incité leurs élèves à l’écriture deces nouvelles.

Le concours «Donnez-nous de vos nouvelles» était organisé pour la neuvième année consécutiveà l’École. Le sujet était libre, avec toutefois une contrainte, celle d’employer obligatoirement dansla première phrase du récit deux des mots suivants : science, équation, alambic, lepton, atome,Einstein, laboratoire. Année de la Physique oblige !

À propos du concours de nouvelles, Alex Barrière aécrit :« Pourquoi écrire pour le concours de nouvelles ?Écrire pour le concours de nouvelles n’est pas unenécessité, l’on pourrait s’en passer, et d’ailleurspersonne ne vous y oblige, l’enjeu lui-même, àsavoir quelques chèques-cadeaux et un petit fasci-cule contenant votre texte, n’est pas si fabuleux, aubout du compte.Pourtant participer à ce concours reste une activitédes plus intéressantes offerte par notre école,parce qu’elle représente une opportunité incroya-ble d’écrire. Car on n’a pas chaque jour l’opportunitéd’écrire, on n’a pas chaque jour l’opportunité neserait-ce que de commencer ; et peut-on rêver d’unmeilleur début que celui qui se fait sous le regardbienveillant d’un jury composé de véritables let-trés, professionnels de la culture ? Le succès estpeu important, l’intéressant est de se faire la main,et c’est ce que permettent les contraintes qui noussont proposées chaque année. Ces contraintes sonttoujours assez lâches, mais elles nous guidentimplicitement vers certains types de sujets et nouspermettent ainsi de traiter des thèmes pour les-quels nous n’avions aucun penchant particulier, parexemple, l’Année de la Physique m’a permis l’andernier de faire la connaissance d’Einstein : lacontrainte permet de se libérer. Voilà où est le plai-sir du concours de nouvelles : c’est celui d’écrire etd’être lu, et ce plaisir est aussi valable pour lesnovices que pour ceux qui commencent déjà à êtredes nouvellistes confirmés. Et si, à l’issue duconcours, il nous est donné de voir notre proprenouvelle imprimée dans divers organes de l’École,c’est une joie, et c’est tant mieux ; mais ce n’est pasle but à viser pour ce concours, sinon je n’écriraispas pour lui… »

Christine Bernard, documentaliste

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 15

ANAR’Jeff Parrayon, 5e

«La valeur d’un atome équivaut à la masse de la solu-tion trouvée dans votre alambic, après mélange de la…»Brice referma précipitamment son livre. Ce cours étaitcomplètement incompréhensible. D’ailleurs, il n’y avaitrien à comprendre.

En ces temps tourmentés, les États-Inus gouvernaient lemonde comme on tient un chien en laisse. Tout y passait :le biberon télévisé jusqu’au prix des carottes, en passantpar l’éducation des futurs citoyens. Dame ! il s’agissait deprévenir tout risque d’intelligence future. Et cela duraitdepuis des années.

– Brice, tu penses pas qu’on d’vrait rentrer ? fit Jacky enshootant une boîte de Coca Cola, le parc va fermer.– Je ne pense pas que nous allons rentrer parce que je nepense pas.– Il est bête, dit Isa en haussant les épaules.

N’empêche, c’était vrai. Il n’y avait plus à réfléchir ou àse poser des questions. Le Grand Gourou des États-Inusl’avait dit : «Le bien, c’est cela, le mal, c’est tout le reste. »Chaque jour, sur les chaînes de télévision qui toutes luiappartenaient, la Vérité coulait comme de l’eau tiède etrassurante. Les mots du Grand Gourou avaient peu àpeu transformé l’homo Sapiens en homo Neandertal.Bon, il y avait Isa et ses beaux yeux d’asiatique, c’est vrai.Mais elle ne savait pas qui préférer de moi ou de l’autrequi marchait trois pas devant nous, Jacky. Un con, ceJacky. D’abord parce qu’il intéressait Isa, ensuite parcequ’il était le plus grand de nous trois. Un grand con,quoi. En plus, avec un maximum de fromage blanc à laplace du cerveau.

Quand il s’arrêta devant un papier sûrement poussé parle vent, nos trois regards se tournèrent vers le sol. Ce quiétait surprenant, c’est que ce grand dadais s’intéressât àun morceau de papier. Lui, son truc, c’était plutôt laPlaystation et rien d’autre. Quand il ramassa le papier,j’étais sûr que la tombée de la nuit m’avait trompé et quecet idiot avait trouvé un billet de banque échappé d’unporte-monnaie. Mais quand il le lut, je fus presque déçu

qu’Isa puisse penser qu’il savait lire. Heureusement pourmoi, lire ne veut pas dire comprendre et, quand il metendit le papier avec son air de chat devant une gamellevide, je sentis sur moi le regard d’Isa comme si j’étais unsauveur en situation périlleuse.

Je compris très vite l’air abasourdi de Jacky. Une fleurdepuis longtemps disparue apparaissait sur le papier. Unefleur de méninges. Je veux dire : une pensée. Le genre detruc jamais entendu à la télé. Un tel bouleversement queJacky lui-même s’en était rendu compte, lui qui neconnaissait que les objets de consommation ou de frime,ou les deux.Cette pensée, véritable provocation dans le monde selonG.G. (Grand Gourou), avait dû être jetée là par un résis-tant désespéré, comme une bouteille à la mer. Un indi-vidu lucide sur la situation des hommes dans un mondefait pour les Jacky.Je lus à mes amis ce qui ressemblait à une formule énig-matique tombée d’une autre planète. Comme cela n’avaitrien à voir avec un slogan publicitaire vu sur les écransou pour un club de foot, l’intérêt retomba et Isa regardaà nouveau Jacky shooter dans une boîte vide.

L’air de rien, je glissai le billet dans ma poche. Plus rienne fut comme l’instant d’avant. Je voulais vivre, fairequelque chose, passer à l’action. Vivre, cela voulait dire :embêter G.G., être le grain de sable dans son monde par-fait. J’avais trouvé ma vocation. Je serais un emmerdeurde G.G. De tous les G.G. qui lui ressembleraient, n’im-porte où, partout. Et je venais de trouver ma premièrearme.

– Je pense qu’il faut rentrer, dis-je avec précipitation.– Tu penses, maintenant ? ironisa Jacky, soutenu par lerire moqueur d’Isa.Oui, je m’étais remis à penser, et à penser aussitôt qu’Isaavait finalement autant de fromage blanc dans la têteque Jacky.

Sitôt rentré, je sautai sur mon ordinateur et balançaidans un maximum de réseaux des spams portant lecontenu du billet trouvé dans le parc. Je fis tourner monordi toute la nuit, inondant les ministères, les journauxqui disaient tous la même chose depuis belle lurette, neprenant aucune précaution pour arroser tous azimuts le

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Un qui ne se calma pas, ce fut G.G. qui probablementlança tous ses sbires chercher la racine du mal, promit desrécompenses colossales, chaque jour plus importantes.De mon côté, je commençais à redouter le pire, surtoutquand j’entendis que le terroriste avait été localisé enFrance, et même à Paris. Je fus soulagé en n’entendantpas mon adresse.Je le fus moins en entendant la sonnette de l’entrée denotre appartement. Personne n’aurait pu voir mon visage,il devait être blanc comme le mur.

Comme le mur de l’hôpital prison où désormais vit l’en-nemi personnel numéro un de G.G. Mais une herbe sau-vage avait été semée, l’arme des poètes, fleur de ménin-ges. Je serai poète maudit ou rien.

AUX PIEDSDE DIEUAlex Barrière, seconde

Dimanche 6 janvier

L’escalier de la science et l’échelle de Jacob expriment lamême équation : les deux s’achèvent aux pieds de Dieu.Selon Jacob, les pierres de la Terre Sainte ont fusionnépour le salut du Peuple élu, n’est-ce pas aussi l’avenir dessciences ? Voilà la pensée que j’ai trouvée en guise d’exer-gue à ce petit carnet de cuir.Oui, tu as bien deviné : je débute ici un journal !Pourquoi cela ? Disons que beaucoup de questions metaraudent l’esprit ces temps-ci – la moitié de mon être estenchaînée au lycée, l’autre moitié à la science ; je respiregrâce aux grands savants du passé, je m’essouffle en rai-son de mes professeurs bien trop présents. À qui meconfier ? Cela fait plusieurs mois déjà que ma famille adéménagé en Italie, à cause de l’usine de papa et de l’on-cle Jacob, et je n’ai guère d’amis ici, en Allemagne… j’a-vais besoin d’un moyen de faire le grand nettoyage deprintemps dans mon cerveau, et j’espère l’avoir trouvé ici.Bon, il vaut mieux le dire dès maintenant : ceci n’est pasle manifeste d’une prochaine révolution littéraire, mais lejournal intime d’un jeune homme. Mon but n’est detoute manière pas de créer un texte sensé à partir de mespensées, mais de les jeter sur le papier comme elles meviennent naturellement, afin de les classer et les organi-

monde et si possible les planètes environnantes. Mon mes-sage était conçu comme un virus. Sitôt ouvert, il se pro-pageait à l’ensemble du carnet d’adresses du destinataireet se transmettait automatiquement. En deux jours, laplanète serait assommée par mon arme de reconstructionmassive sans une seule goutte de sang !

Et, en effet, chacun se retrouva face à l’insoutenable objetde souffrance désormais imprimé sur son écran. Chacunréapprenait à penser, bousculé par l’anormalité du mes-sage. Fallait-il s’écrouler de désespoir ou au contraire crierune liberté retrouvée ? Dans les rues, les gens ne parlaientque de ça. Surtout, ils se parlaient ! Ils se regardaient ànouveau avec leurs grands yeux rendus carrés par les télé-viseurs : «L’homme n’est que poussière, c’est dire l’impor-tance du plumeau. » Ils répétaient cette pensée commeune prière.

L’affaire ne fit pas rire G.G. Il prit la parole solennelle-ment et, sur tous les écrans terrestres, on put voir que lasituation était grave. Aucune armée n’était préparée àaffronter un ennemi aussi lâche, usant d’une arme inter-dite par le code de la guerre. Pour une fois, je pris plai-sir à rester scotché devant mon écran. En pleine nuit, jereçus un appel d’Isa, à la fois stupéfaite et inquiète :– Brice, tu as vu la télé, le… les… et le…– Hein ? Quoi ? Le quoi…?À mon ton goguenard, elle comprit. Je l’aurais préféréeadmirative, mais elle eut peur. Elle fit : «Tu es fou. » Etelle raccrocha.

Dans les minutes qui suivirent, Jacky m’appela, toujourstrès con, paniqué comme jamais et insistant déjà pourne pas être mêlé à cette histoire. Je pensais à Vercors dontmon père m’avait parlé lors de mon entrée dans ma nou-velle école. Je m’étais alors dit : « Je serai Vercors ou rien. »Même que dans le dictionnaire des auteurs, il y avaitsous le nom de Vercors celui de l’école ! On se calme Brice,fier d’accord, mais modeste… Pense au plumeau…

C’est Alexandre Vialattequi a écrit « L’hommen’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau. »

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 17

ser, voire même les comprendre moi-même. J’ai besoind’une telle bouée de sauvetage.Tu dois avoir compris qui je suis : un jeune garçon dequinze ans, féru de sciences, en terminale au lycéeLuitpold à Munich, révolté contre ce système qui lenourrit.Car en ce moment précis, alors que je noircis mon car-net dans cette petite chambre que mes parents m’ont louéeafin que je termine mon année scolaire, deux questionsfondamentales me dérangent : 1) Si deux causes se rap-prochent autant qu’on le veut, au point de ne différerque par une différence décroissante à l’infini, les effetsseront-ils les mêmes, comme le veut la loi de la continuitéen calcul infinitésimal ? 2) Pourquoi tous mes professeurssont-ils incompétents ?Les méthodes d’enseignement sont d’une monotonie,d’une routine… Généralement, les phénomènes qui cor-respondent à des équations me plaisent, mais je ne peuxpas dire que l’école m’enchante. Tout n’est qu’apprentissagepar cœur, simple par cœur, et je préfère encore supporterles punitions que m’infligent mes professeurs draconiensque perdre mon temps à chercher une solution à mamémoire aussi apte à préserver qu’une passoire sans fond.(Hmm, peut-on dire qu’une passoire a un fond ? Énigmemathématique…)Mais ceci ne résout rien. Tu verras demain comment sontmes journées au lycée, le temps pour moi de tout écriredans ce carnet.

Lundi 7 janvier

Journée splendide – vraiment. Pour commencer, deuxheures de rhétorique… discipline tout à fait superféta-toire, enseignée de surcroît par un pantin de l’idéologiemilitariste allemande, poupée indigne de l’apostrophe«professeur » que lui font tous ceux qui ont le front delui adresser la parole, et qui m’a offert en l’honneur dunouvel an une nouvelle note détestable – je n’oublie cer-tes pas que cette note est à la mesure de mon intérêt. Aprèscette farce, le cours de physique était comme un bon bainde pieds suivant une randonnée en montagne. Une joieinexprimable, une des seules dont je peux encore jouir.Une joie après laquelle le cours de grec fut la plongée dansles abysses. Le professeur de grec, qui est également monprofesseur principal, est le Grincheux parmi les grincheux.Tu ne saurais te le représenter sans l’avoir vu toi-même. Unpetit individu trapu, jamais coiffé car aucun peigne nepeut ordonner correctement trois cheveux. Un vieillardborné, et sec comme une biscotte, extrêmement autori-

taire. Et il nous enseigne l’étymologie du mot «despote» !«En grec, la concordance des temps n’existant pas, vouspourrez souvent traduire un parfait passif par un présentpassif… N’est-ce pas, Monsieur mon collègue scienti-fique ? »Le maître hargneux venait de m’arracher la feuille, quej’avais noircie de dizaines de calculs et pourtant habile-ment dissimulée sous mes notes de grec.«Quand comprendrez-vous que je ne suis pas professeurde sciences, et que je ne vous demande pas de réinventerla physique en préparation aux examens de la semaineprochaine ? Vous devez à présent vous concentrer sur cecours, et apprendre mes tableaux par cœur, car vousaurez sans cela des difficultés à traduire le texte deThucydide que je vous ai réservé pour demain. Mais vousne les apprendrez pas, de toute façon, ces tableaux, vousêtes trop bête pour cela. Oui, bête. Et si vous continuezde progresser à ce rythme, vous ne deviendrez rien, jeunehomme, rien du tout ! »Rien ? Cela reste à prouver. D’ailleurs, je préfère « rien»à «mauvais professeur de lycée ». Je n’ai pas dit ceci, biensûr, mais je crois avoir été assez explicite en répondant :«La mesure de ma compétence en grec est certes négative,mais elle s’expliquera logiquement et sans surprise par l’é-tude du rapport intérêt / investissement. »Le message est passé, je pense, car la boule que le profes-seur avait compressée à partir de ma feuille de calcul n’apas directement atteint la corbeille, comme elle le faitd’habitude – l’homme était pourtant devenu expert envisée grâce à moi. Le reste de la journée est passé dans lacolère, mais calmement.Je ne comprends toujours pas ce que je fais ici. J’ai été mepromener dans le Parc anglais, j’y rencontrai d’ailleursquelques élèves de ma classe, qui ont demandé à m’af-fronter aux échecs. Je n’ai pas accepté l’invitation, et j’aicontinué ma promenade tout seul : ces garçons ne vou-laient de toute façon que voir s’ils étaient capables devaincre un matheux patenté dans un jeu intellectuel.J’aurais d’ailleurs sans doute été vaincu, n’ayant pas pra-tiqué les échecs depuis plusieurs mois déjà – mes seulscompagnons de jeu étaient mon père et ma sœur, et ceux-ci sont en Italie. Et je déteste par-dessus tout être vaincu.

Mardi 8 janvier

Je marchais ce matin dans la rue, quand je rentrai dansun grand bonhomme barbu. Je m’excusai, et le reconnusen lui rendant son couvre-chef qui était tombé à terre :c’était Boltzmann, Ludwig Boltzmann, le plus grand

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Maja a cousu une petite poupée de chiffons pour la filledes voisins, et lui a donné un prénom tout à fait mignon,“Alberta”. Elle trouve que tu ne nous écris plus assez sou-vent.Au fait, t’ai-je déjà raconté que nos voisins sont alle-mands ? La famille Neustätter. Des gens tout ce qu’il y ade plus sympathique. Je crois que tu t’entendrais bien avecle fils aîné, c’est également un jeune savant, certainementfutur ingénieur. Il a déjà été initié à tous les secrets del’usine de ton père.Il fait beau. Le soleil brille. Je crois que ton père songe ànous construire une piscine miniature dans le jardin. On te gardera un peu d’eau, à toi aussi !Salue bien tes amis. Chaleureusement tienne, ta mère.Pauline

PS : Il paraît qu’il fait frisquet à Munich. J’espère que tumets toujours le pull que je t’ai fait quand tu sors te pro-mener. Je sais que tu adores te promener, mais ce n’est pasle moment d’attraper un rhume : la semaine des examensapproche…»Le genre de courrier toujours agréable à recevoir. CetteItalie commence à me sembler si paradisiaque que, si ungénie me demandait quel est mon vœu le plus cher, je nerépondrais peut-être pas « tout savoir», ou «discuter avecDieu», ou encore «assassiner le professeur de grec », maissans doute «passer quelques mois à Milan et y profiterdu printemps naissant et de la vie. »

Jeudi 10 janvier

Ma tête tourne. Je ne sais pas par où commencer.Encore une note effrayante en anglais. Le professeur m’atraité de paresseux impudent. J’avais si mal dormi que jerépliquai stupidement :« Ce n’est pas la paresse qui ressort, monsieur, mais lacapacité à intéresser du professeur. »Le monsieur qui enseigne cette langue de théâtre s’est misà hurler si fort que même les plus moqueurs n’osèrent pasrire. Le vacarme était terrible, il me semblait qu’unnuage d’abeilles bourdonnait dans mes oreilles ; je fermailes yeux au moment où le professeur se saisissait d’unmorceau de papier pour y griffonner un mot.« Je vous ai déjà prévenu avant, et c’était le dernier aver-tissement. Cette fois-ci, j’en fais une lettre à votre profes-seur principal. »«À mon professeur principal ? C’est-à-dire au professeurde grec ? » pensai-je, alarmé.Et j’eus raison de m’alarmer, car un groupe de camara-

physicien de ce siècle ! Je suis actuellement plongé dansson dernier livre, je lui demandai donc de me le dédica-cer, car l’ouvrage se trouvait par hasard dans ma poche.Je me présentai ensuite brièvement, et qualifiai ses théo-ries d’« inspirantes ».L’homme rit bruyamment, et me dit : «Tu es drôle, avectes courbettes et tes grimaces. Ne sois pas offensé. C’estune chose importante, pour un savant qui veut se faireconnaître du grand public, que d’être drôle. »Boltzmann rit encore une fois, sourit, et partit, en mur-murant : «être drôle… oui, oui, c’est cela… être drôle…»Il aurait pu dire « Vous êtes le meilleur espoir de lascience », ou au moins « Bonne chance », mais je n’eusmême pas droit à la plus petite salutation, et je tremblaisen regardant la grande silhouette disparaître dans labrume, serrant contre ma poitrine le livre réchauffé parles mains du physicien.J’arrivai bien sûr en retard au cours de mathématiques.Le professeur me sermonna sévèrement – il déteste mesperpétuelles questions, car il ne sait pas y répondre. Jepensai d’abord à lui raconter l’histoire de ma rencontre,mais 1) il ne m’aurait pas cru ; 2) s’il m’avait cru, cela nelui aurait pas plu, car il est partisan du mathématicienZermelo, c’est-à-dire scientifiquement parlant opposé àBoltzmann. Si j’avais fait mon récit, il aurait pu en faireun prétexte pour me nommer assistant de la femme deménage pour deux mois.Les mathématiques sont intéressantes, elles forment unescience parfaite, mais il leur manque un je-ne-sais-quoique l’on peut trouver dans la physique… Et si j’aimais leschoses imparfaites parce qu’elles sont imparfaites ? Oupourrait-ce dépendre des gens qui les pratiquent ? Leshommes pourraient-ils se trouver au-dessus de la science,juste sous les pieds de Dieu ? Captivante question.Autrefois, j’aurais froidement répondu «non», mais monprofesseur et monsieur Boltzmann me font douter.

Mercredi 9 janvier

J’ai reçu une lettre de maman, aujourd’hui. Elle m’écritenviron deux fois par semaine. Et ses lettres sont pour lemoins irritantes. Vois la dernière :«Mon chéri,J’espère que tu te débrouilles toujours bien en Allemagne.Tu nous manques. Ici, la neige a déjà fondu, et a révéléun nouveau sentier de promenade entre les collines. Tonpère et ton oncle Jacob ont promis de marcher par ce che-min, afin de vérifier s’il était praticable pour toute lafamille.

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 19

des est venu me trouver à l’interclasse, pour me crier surle ton le plus méprisant :«Eh ! Biedermeier ! T’es dans la gadoue jusqu’au cou ! Leprof de grec veut te voir ! »Je marchai tristement jusqu’au bureau de mon ennemi.Celui-ci s’assit sur la table et me dit sombrement :« J’ai reçu une lettre de la part du professeur d’anglais.Vous êtes allé trop loin – et ce n’est même pas la premièrefois. J’ai discuté avec vos autres enseignants. Votre com-portement devient de plus en plus insupportable. Voilàpourquoi je souhaiterais vous voir quitter le lycée. »Je ne pus m’empêcher de rire hystériquement.«Mais je n’ai rien fait, si je ne m’abuse ?– Votre seule présence détruit peu à peu le respect de laclasse à mon égard. »Le professeur de grec ouvrit la porte et chuchota dansmon oreille : «Réfléchissez-y, mon cher disciple. »Que faire ? Bien sûr que je veux quitter le lycée, mais pasen me faisant carrément jeter dehors ! Ce serait hon-teux… D’un autre côté, ce serait une bonne raison defiler droit en Italie. Mais comment ma famille me rece-vrait-elle, si j’étais renvoyé ? Et si je trouvais un moyende me faire pardonner et de finir mon année ?Je ne supporte plus ce lycée. La simple idée de quitterdéfinitivement ce recoin obscur de mon existence balayehors de mon esprit toutes les pensées prudentes et raison-nables.Terrible choix. Mais je ne trouverai pas la réponse ce soir.J’y réfléchis fiévreusement. On verra bien ce que je peuxfaire.Heureusement qu’en de pareils moments, on peut tou-jours sortir le violon de son étui.

Vendredi 11 janvier

Aujourd’hui, le professeur de rhétorique était horrible.Le professeur de grec a dû lui parler, parce que chacunede ses phrases semblait être une invitation au départ.« Notre jeune génie scientifique a l’air électriquementneutre, aujourd’hui… trop de travail, j’imagine, lebesoin de congés se fait déjà sentir, n’est-ce pas ? »Les camarades de classe glousseurs vinrent encore rigolerauprès de moi quand je mangeais ma tartine beurréedans le parc, au bord de la rivière gelée. Je leur répondisque « les hommes sont plus libres que les anges ». Unenouvelle bonne raison d’exploser de rire.J’allai cet après-midi trouver le médecin de famille. Jesuis désormais le seul membre de la famille qu’il a la pos-sibilité de soigner, et nous sommes maintenant plutôt

bons amis. En réalité, je ne lui ai pas rendu visite pourraison de santé – on ne trouvera pas, dans toutel’Allemagne, de jeune homme plus sain de corps que moi.En lui parlant de ma souffrance quotidienne, des flèchesque sont les lettres chaque semaine reçues d’Italie pourmon pauvre cœur déjà meurtri par l’école, je réussis àinspirer de la pitié au docteur, et il ne tarda pas à merédiger un certificat stipulant qu’il était impératif quej’aille me reposer auprès de ma famille, à Milan.J’écrivis au professeur de mathématiques une lettre, danslaquelle j’expliquai mes intentions, et mon martyre dechaque jour, provoqué par la différence de niveau entremes camarades de classe et moi-même. Peut-être suis-jetrop sûr de moi ; je n’ai jamais su être humble, cela se sentsûrement jusque dans ce journal.Je feuilletais à l’instant les œuvres complètes de Spinoza.Je suis tombé amoureux de la philosophie lorsqu’un cer-tain ami de la famille, M. Talmey, m’a offert toutes lesCritiques de Kant ; c’est la deuxième façon de penser laplus intelligente – après la physique. Ce Spinoza penseque Dieu existe sûrement, mais qu’il ne se soucie certai-nement pas des hommes, ceux-ci n’étant qu’une petitepartie d’un univers infini… J’accepte très volontiers cetteidée, pour autant que je l’aie bien comprise.

Samedi 12 janvier

Freiheit ! Liberté ! Libertà !À la fin du cours de mathématiques, le professeur m’atendu une enveloppe, s’est excusé pour son comportementdésagréable à mon encontre, et m’a souhaité bonnechance. Quand je me fus réfugié dans un couloir désert,je lus la lettre : le maître m’y vante grandement, et assurelonguement que je possède en mathématiques un niveauuniversitaire.Je criai presque de joie, et marchai jusqu’au bureau dudirecteur. Celui-ci fit mander le professeur de grec. Je leurtendis mes deux précieuses cartes de sortie, à savoir le cer-tificat et la lettre. Ils les lurent et les relurent attentive-ment, et finirent par admettre qu’il fallait bien «appa-remment me libérer ».Mon professeur principal semblait triste de ne pas pou-voir me jeter dehors de sa propre main. Je sortis doncdignement, marchant sur mes jambes à moi, quand toutfut signé.Adieu lycée Luitpold, adieu professeur de grec, adieuBiedermeier !J’ai fini à l’instant d’écrire une lettre à ma famille, danslaquelle j’annonçais mon arrivée dans une semaine. C’est

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INNOCENCEKevin Lehenaff, terminale

Science des corps où les chairs se soulèvent, flasques et sansvie, équations régulant avec tendresse les fluides qui par-courent langoureusement les sinuosités de ses courbes mor-tes et pénétrables, comme une marche macabre sur plan-cher d’astres morts, ou d’illusions perdues… Dalles, dal-les froides aux hasards des couloirs, dalles froides sous unepeau blanche et nue, froides, sous une peau de nacre quitranspire la peur, qui progresse au hasard, aux hasardsdes couloirs, dans des reflets de pupilles dilatées au pla-fond de poussière… Néant dans des yeux de brumes quise perdent à chercher, mains de velours qui tâtonnent lesmurs gris, palpent, caressent, sans autre réponse que lafroideur immuable de la pierre. Poussière…

Il fallait commencer par mourir.

Il fallait commencer par mourir pour voir le ciel sansétoiles, tombées à terre, refléter sa propre agonie perdue,son trésor, sa longue attente – que l’on aurait aimé atten-dre encore ! – mais il fallait mourir d’abord, sous les fusilsde chasse ou les canons rieurs, crachant à gorge déployéeleur feu bruyant et gras, leur feu qui déchiquette, tran-che, brûle, leur feu qui crame la pupille dans un racle-ment rauque, leur feu qui pénètre dans les plus timidesméandres de notre esprit pour les violer sans cesse, pourles souiller de son immondice puante, pour les marquerde son fer blanc, blanc de nacre, blanc de pourriture.Il fallait commencer par mourir pour voir de ses yeux denéants les plafonds éteints et les rêves qui flottent, fati-gués, usés de millénaires à passer ça et là, à errer sans but.Blanche peau qui caresse les dalles qui s’enchaînent, iden-tiques, couloirs éclairés aux néons blafards, plus loin, plusloin encore que le pas suivant, que le pas qui se compte,que le pas qui s’éternise, que le pas qui s’enchaîne, que lacigarette qui rit d’un ton aigu en tombant, comme lesdétonations bien loin déjà, sous des affiches rouges desang et de larmes trop vite taries par des puantes cathé-drales et des prières huileuses – parce qu’il fallait croire ets’étonner encore que l’Autre ait fait dans sa perfection desdalles aussi rectilignes, des traits aussi pointus, des cour-bes aussi droites, des planchers aussi pentus. Couloirs quis’enchaînent, salles aux pupitres de verre pourris par lessiècles, aux tableaux morts, rompus de temps, de tempsqui passe, de temps qui pleure dans l’ombre, de temps quia peur, de temps qui se cache.

un miracle que tout se soit déroulé si facilement. J’ai eubeaucoup de chance. Je suis si heureux que je voudraisjouer du violon la nuit entière – je crois d’ailleurs quec’est ce que je vais faire.

Lundi 21 janvier

C’est aujourd’hui lundi – le lundi de ma nouvelle exis-tence.Je reviens d’une promenade dans la région avec monnouvel ami Otto Neustätter. Nous préparons une granderandonnée dans les montagnes jusqu’à Gênes, alors qu’ilconviendrait de nous préparer aux examens d’entrée à lafaculté.Cet Otto est vraiment une personne captivante. Nousavons eu au bord d’un haut rocher une longue conversa-tion sur la science, la philosophie et la musique.Tout d’un coup, le jeune homme m’a demandé :«Crois-tu en Dieu, cher ami ?– Oui. Enfin, non. Je crois au Dieu de Spinoza.– Moi, je ne crois même pas en celui-là. Je ne crois qu’enla science.– Hmm… Pour ma part, je crois que l’escalier de lascience et l’échelle de Jacob expriment la même équation,car les deux s’achèvent aux pieds de Dieu.– Vraiment ? Je ne pensais pas qu’un vrai savant commetoi pouvait croire pareilles choses !– Je ne pense pas être profondément religieux. Mais toutest relatif, je dirais, car les pieds de Dieu ne sont pas loinau-dessus de nos têtes.– Les pieds de Dieu ! Et puis quoi encore ? Ce que j’aientendu dire de toi est bien vrai : tu es tout de même undrôle de bonhomme, Albert Einstein ! »

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Dossier | les cahiers de l’École alsacienne 21

Quand j’avais 6 ans, je suis entré en primaire.

Le monde a la couleur de l’aurore. Chaque sourire est unbaiser, chaque douleur une offense, chaque surprise unamour qui grandit. Le sol a déjà la couleur du marbre.Déjà le pas s’aligne au garde-à-vous, déjà les torchess’éteignent, déjà le soleil s’attriste. Il fallait commencerpar mourir. Il fallait s’user au temps qui passe, se rongeraux secondes, laisser s’égrener dans l’alambic ambré de lamélancolie le musc, goutte-à-goutte. Fragile statue desable aux yeux de soie, qui s’effondre dès la premièreseconde. Il fallait commencer par mourir.

Dalles. Peau de nacre qui froisse la fraîcheur du marbre,abîme bordé de cils, chair lassée qui effleure la surfaceluisante. Murs de poussières. Formes opaques aux souri-res inflexibles, illusions qui défilent, film fané au froid duregard. Danse macabre à peine effleurée par des doigtsde vieillard, des doigts de velours, des doigts de jeune fillelanguissante ; danse changeante, danse de corps nus cru-cifiés, de sexe arraché, danse autour de viols d’enfants,enfants hurlant à la mort qui ne vient pas, hurlant dansles couloirs, sans que ni rien, ni l’Autre ne les entende,sans qu’on puisse savoir, en pleurant à moitié de rage etde peur, dans quelle salle, sous quel pupitre, dans quelméandre ils hurlent, tant l’écho est fort et tant les larmesaveuglent. Tant que le soleil promis se cache de honte der-rière les nuages creux, aux danses des femmes excisées, auxdanses du bétail humain entassé à la chaîne, aux dansesdes corps squelettiques qui travaillent en frissonnant eten mourant, à l’esthétique pudeur des rivières de sang etde boyau, aux danses des héros chantant sur les corps dif-formes de leurs proches d’un jour.

Il fallait commencer par mourir, pour danser à son tour,pour apprendre un autre pas, pour rire et pleurer sur unescène aveugle, pour danser sans s’arrêter, le long des cou-loirs, le long des esprits qui hurlent, le long des chars, sexesarmés prêts à en découdre, le long des tribunes glaciales.Pied qui foule le marbre, douleur au creux de l’estomac,tenaillant, pince chauffée à blanc qui triture, pieds dou-loureux de pas répétés, des pas de fous, des pas de bouf-fons, des pas de voleurs, des pas qui ne se répètent jamais,des pas qui ne peuvent pas se reposer.

Il fallait commencer par mourir, pour peler les écorces,pour se moquer sans joie du Bâtisseur Pervers, pour hur-ler à la face béante du ciel ses propres excréments. Poupéede sel, clone ou machine, coquillage qui suit les couloirs

sans fin, le couloir sans fin, celui qui reprend, toujours,celui au fond duquel les pas, muets, résonnent avec tri-stesse.

Il fallait commencer par mourir pour voir sa chair à vif,crevée, s’effondrer sur chaque obstacle, s’essouffler, chaqueinstant plus douloureuse, chaque instant plus infectée,chaque instant plus pourrie et rongée par le fiel. Couloirsqui se ressemblent, pas après pas, choc après choc. Boufféed’alcool aux fausses couleurs amusées qui s’évaporent,courbes brisées sans cesse, qui errent, blafardes, doigts devieillard et doigts de femme, froideur du marbre sous lespas, froideur du marbre sous les doigts, souffle qui se cris-tallise.

Que l’on aurait aimé attendre encore.

Il fallait commencer par mourir. Il fallait oublierl’émerveillement au profit de la peur, il fallait confondreles sourires des mères aux orbites des morts, il fallait respi-rer la cendre grise des fours ou goûter à la saveur de lapoudre. Il fallait crever, s’inciser, s’ouvrir en deux pourvomir ses boyaux, il fallait déchirer ses muscles et étalersa putride langueur à la face du monde, il fallait plon-ger ses griffes dans son propre poitrail et hurler de dou-leur et de jouissance… Il fallait commencer par mourir,pour pouvoir danser sur la place de l’étoile, étoile éteinte,étoile fanée avant l’âge de ne plus en avoir, pour pouvoirsuivre de son pas de squelette, de sa danse sensuelle etmorbide, de son allure de charognard les couloirs où lessens se perdent, hagards.

À trop se fondre dans le tableau, à trop se peindre ou segouacher, l’arc-en-ciel se grise et les souvenirs se moquent.La danse devient plus droite, plus envoûtante, plus saleencore. Les larmes meurent comme un peuple qui s’éteint.Il fallait commencer par mourir, pour pouvoir se perdre,pour pouvoir demeurer dans les couloirs où le tempss’égare, loin de la lumière brute, de la lumière que l’onvomit, à présent.

Silence. Pas qui se taisent. Rayon de soleil qui joue avecdes larmes, des larmes de sang, des larmes d’enfant quipleure, assis sur les dalles, qui pleure de danser et de dan-ser encore, des larmes de sang qui coulent lentement etsillonnent la peau blanche, en silence.

Et la lumière vient danser sur son visage.

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Au-delà de la classe

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Au-delà de la classe | les cahiers de l’École alsacienne 23

L’École hors les mursComenius-Octopus : un projet bien avancé 24

Classe de découverte au Portugal : échanges tout au long de l’année 25

Classe de découverte « mer et multimédia » sur l’île d’Oléron 26

Le « Défi » des 4es 28

Les échanges à l’École alsacienne : désormais incontournables 30

L’École du cœurComment Unisahel m’a rendu afro-optimiste… 34

La ligne du Cœur, du rêve à la réalité 36

Une soirée togolaise… 42

Unicef, drôles de frimousses ! 44

L’École des artsLes ateliers théâtre 46

Le Salon du livre à l’École alsacienne 54

La 3e Semaine Cinéma à l’École alsacienne 56

Le projet Art 58

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L’année 2003-2004 était consacrée à deséchanges d’expériences concernant l’organi-sation même des établissements (structure,communication interne et externe, règle-ment intérieur, droits et devoirs des profes-seurs et des élèves, prise de décision, mise enplace de nouveaux projets…).2004-2005 avait pour thème principal lesméthodes pédagogiques.En 2005-2006, dernière année du projet,l’objet des rencontres Comenius est d’étu-dier les relations des établissements avec lemonde extérieur : parents d’élèves, partenai-res locaux, institutions, écoles étrangères,associations…

Depuis le début du projet et la découvertede nos partenaires, de nombreuses rencon-tres ont eu lieu: au cours de réunions de pro-jet bisannuelles (à Vienne et Paris en 2003-2004, Angers et Stockholm en 2004-2005et Lisbonne en 2005), membres de la direc-tion, professeurs et élèves des quatre pays ontpu partager leurs expériences. En outre, desséjours d’études dans les divers établisse-ments ont permis chaque année, à deux outrois de nos professeurs, d’observer les clas-ses et de découvrir les pratiques pédago-giques locales. Les rencontres effectuées aucours de ce projet ont également permis àdes classes entières de faire connaissance,chez les plus jeunes comme chez les plusgrands de nos élèves : la 9e 3 est partie, en2003-2004, avec son institutrice, au ColégioCampo de Flores de Lisbonne, tandis qu’à larentrée 2005, les élèves de Terminale S5 onteu le privilège d’être rejoints, pendant leurvoyage d’étude scientifique à Briançon, parun groupe d’élèves suédoises qui s’apprêtentà les accueillir à leur tour au printemps2006.

Certaines pratiques de nos partenaires ontainsi suscité l’admiration ou l’étonnementchez les Alsaciens :- la spontanéité des relations professeurs-

Depuis la rentrée de septembre 2003,l’École alsacienne participe à un projetComenius intitulé « Octopus » (SchoolQuality in International Dimension),avec des établissements partenairessuédois, portugais et autrichiens, ainsi qu’un lycée privé d’Angers.Ce projet, financé par l’UnionEuropéenne, a pour objectif derapprocher diverses écoleseuropéennes, primaires et secondaires,afin de leur permettre de former despartenariats durables, de comparerleurs pratiques administratives,éducatives et pédagogiques, afin d’entransposer les meilleurs exemples dans chacundes établissements.

L’École hors lComenius-Octopus :

un projet bien avancé• Morgane Ellinger,

responsable des échanges élèves, en Suède et au Portugal ;- l’engagement des élèves dans la rédactiondu règlement intérieur de l’école, en Suède ;- le tutorat des nouveaux professeurs, enAutriche ;- le tutorat des jeunes élèves et la médiationentre élèves en cas de conflits, en Suède ;- des «heures de vie de classe» hebdomadai-res, au Portugal et en Suède ;- des pratiques pédagogiques innovantes enlangues, en Autriche et en Suède ;- et partout, des journées de travail pluscourtes pour les élèves !Ces visites nous ont également permis, à cer-tains égards, de redécouvrir les points posi-tifs de l’enseignement tel qu’il est dispenséen France et d’apprécier les ressources del’École, notamment en termes de rigueurd’apprentissage, d’échanges internationauxet de diversité des langues étrangères ensei-gnées.

Parmi les pratiques intéressantes recensées,certaines ne sont pas directement transposa-bles, car impossibles à appliquer dans lecontexte scolaire français ou avec les res-sources de l’École (notamment en termesd’espace). Néanmoins, professeurs, mem-bres de la direction et membres du comitéquadripartite travaillent actuellement àl’adaptation de certaines bonnes idées.Un bilan sera fait lors de la réunion de clô-ture du projet, à Vienne, en mai 2006.

Cependant, parce que trois années ne suffi-sent pas à faire la synthèse des meilleurespratiques européennes en matière d’éduca-tion, et parce que certains sujets abordésméritent d’être approfondis, l’École alsa-cienne prépare d’ores et déjà la poursuite dece projet pour les années 2006 à 2010, soussa coordination, mais avec un partenariatélargi à d’autres pays membres de l’UnionEuropéenne. De nouvelles opportunitésd’enrichissement en perspective pour lesquatre familles de l’École !

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À la suite de mon voyage d’étude avecMadame Briane au collège Campo de Flores,j’ai emmené mon groupe en classe de décou-verte à Lisbonne du 4 au 11 octobre 2005en compagnie de leur professeur d’anglaisUrsula Payne. Le projet était de rencontrerdes enfants portugais de même niveau, dedécouvrir leur environnement naturel et cul-turel.

s les murs

Séjour, journal, pièce de théâtre, site web…

Classe de découverte au Portugal :

échanges tout au long de l’année• Valérie Champenois, institutrice en 8e

Au-delà de la classe | les cahiers de l’École alsacienne 25

Nous avons été hébergés en auberge de jeu-nesse et le collège nous accueillait en jour-née.Les élèves ont tout d’abord et presque natu-rellement pris contact en faisant du sport.Puis, ils ont présenté leur école, leur région,leur pays, ont goûté des spécialités, ont jouéune histoire de leur patrimoine dans la lan-gue d’origine. À cette occasion, les représen-tations ont été travaillées pour être les plusclaires possibles, les plus évocatrices dans lesdécors, les attitudes. Quelques traductionsaidant, les enfants ont bien gardé le fil.Avec leurs correspondants, les 9e3 sont par-tis en reconnaissance à travers une pinèdevers Arriba fossil da Costa de Caparica. Lepique-nique qui a suivi, les jeux, les témoi-gnages d’amitié ont été des moments impor-tants. La classe a également visité le muséede l’Azulejo, les jardins de la fondationGulbenkian et le musée d’Art moderne.Guidés par des intervenants francophones,les enfants ont ainsi pu approfondir toute larichesse du patrimoine présenté.Prendre les télécabines au Parc des Nations,le tramway dans les rues étroites de l’Alfama,entrer dans le monastère des Hiéronymites,goûter aux pasteis de Belém ont été autantde découvertes.Les moments de partage avec les élèves por-tugais, mais aussi d’échange avec les enfantsdu centre scolaire de l’hôpital Necker, aux-quels les 9e3 ont offert par la suite, leur jour-nal de classe de découverte, ont été des expé-

riences marquantes. Le tutorat documen-taire mis en place avec la classe de 8e3 deStéphanie Brami, dès notre retour deLisbonne a permis le prolongement du pro-jet et son développement dans l’interdisci-plinarité, par exemple en science (fabricationd’un jeu électrique questions-réponses).C’est grâce à toutes ces expériences vécues,que les élèves ont écrit leur spectacle de find’année, présenté sous forme d’une pièce dethéâtre. Le travail pluridisciplinaire qu’il aengendré a favorisé un travail d’équipe auniveau des adultes (en théâtre, en musique,en arts plastiques et en anglais). À ce titre, je remercie Mireille Berret, Bernard Devisme,Ursula Payne (professeurs spécialisés) ainsique Céline Lemoing (stagiaire professeur desécoles) pour les liens tissés avec le projetd’année de la classe ainsi que MoniqueMarin, professeur d’expression artistique quinous a accompagnés chaque semaine à par-tir du deuxième trimestre. Chaque enfantconserve précieusement la trace individuellede son aventure, notamment dans un carnetde voyage. Le site que nous avons créé,quant à lui, sera la trace collective de notreprojet. Les élèves ont utilisé Internet pourcommuniquer, naviguer tout en apprenant.Ils se sont approprié l’écriture sur un site, l’é-criture d’un site. Ils ont ainsi progressé etsont devenus plus alertes et avisés dans laconsultation des sites que nous avonschoisis.Les élèves portugais n’ont pas pu, hélas,venir à Paris. Il n’est pas encore de tradition,à l’école élémentaire de Campo de Flores, defaire des classes de découverte. Peut-être quele projet germera dans les prochainesannées ? Ainsi, le projet Sementes (semencesen portugais) aura alors porté tous ses fruits !Enfin, nous l’espérons vivement.

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Si depuis toujours, observer et comprendrele milieu marin, encadrés par des interve-nants spécialisés, restent une finalité évi-dente propre à la classe de mer, aujourd’hui,l’outil multimédia est un moyen extraordi-naire d’en graver le contenu: tous nos tex-tes, toutes nos prises de sons, nos photogra-phies et nos vidéos numériques sont désor-mais intégrés, jour après jour, dans un CD-rom, véritable « Journal de classe vivant».

Parallèlement à la fabrication de ce CD-rom,le rôle majeur du multimédia s’est vérifié parle nombre impressionnant de consultationsjournalières, par les familles de l’École, dusite internet, quotidiennement mis à jourpar nos soins : quel support formidable pourcommuniquer aux parents, quasiment endirect, tant les informations que les émo-tions vécues par leurs enfants !

Comme chaque année, nos objectifs éducatifs étaient de partager une expériencede vie collective avec les camarades de classe et de développer l’autonomie.Sensibiliser au respect de l’environnement et du patrimoine restait également une priorité. Sur le plan pédagogique, nos voyages sont l’occasion d’acquérir des connaissances et des savoir-faire sur le terrain, essentiellement en matière de géographie, d’histoire et de science.

L’École hors lClasse de découverte «mer et multimédia»

sur l’île d’Oléron• Laurence Favre, institutrice

en 10e1, et Véronique Dugast,institutrice en 11e2

Les six années d’expériences de classe dedécouverte multimédia, vécues avec nosclasses de CP et de CE1, confirment le rôlemajeur du multimédia au service de la péda-gogie.

Dans cet esprit de découverte en équipe, le programme de notre séjour charentais s’ar-ticulait entre sorties sur le terrain et ateliersinformatiques ou technologiques en demi-groupes, avec exploitation en classe en fin dejournée.Les temps de jeux et de détente, ainsi quetous les riches moments de vie quotidiennequ’offrent ces voyages scolaires, aurontjoyeusement ponctué notre semaine oléron-naise !

Vie quotidienne : les repas, les goûterssur la plage, les dégustations de fruits de mer, les veillées « boum» ou théâtre, sansoublier les douchespar chambrées, les jeux éducatifs et les lectures dansles chambres.

Les petits marinséquipés de bottes et de cirés à l’assautde la citadelle duChâteau d’Oléron.

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s les murs

Nos joyeux pirates enroute pour une chasse au trésor sur l’île d’Aix en passant par Fort Boyard…

Les petits loups de mer à l’abordage de la célèbrefrégate, l’Hermione, à Rochefort.

à gauche :De la pêche à pied : crevettes,oursins, patelles, anémones,etc., au suivi journalier de l’évolution de notre aquariumde classe.

à droite :Visite d’un parc ostréicole : une « plongée » dans le mondefascinant de l’huître.

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Avant tout, faisons un peu d’histoire et reve-nons quelques années en arrière. Ce voyageest né d’une idée d’un ancien collègued’EPS, Marc Laburthe, qui souhaitait orga-niser pour les élèves de quatrième une mani-festation mélangeant les aspects sportifs, cul-turels et artistiques, une sorte de «Tête et lesjambes » revisitée. Initialement cet événe-ment se déroulait sur une journée dans larégion parisienne, mais devant la réussite decet essai, il est apparu qu’il serait opportun del’organiser sur une période plus longue. Le Défi s’est ensuite tenu sur deux journées,pour le fixer définitivement à trois jours.Entre-temps, nous avons également modifiéle lieu d’accueil, pour nous établir enSologne dans un centre situé en pleine cam-pagne, au bord d’un lac.Le principe de cet événement est simple : lesélèves participent à de multiples épreuves,d’une part sportives, et d’autre part cor-respondant aux matières enseignées enclasse, ainsi que des épreuves artistiques.C’est ainsi que pour l’édition 2006, les élè-ves se verront proposer les disciplines sui-vantes : Bike and run, basket, football, tir àl’arc, VTT, tennis de table, tennis, volley,handball, rollers, athlétisme, badminton,frisbee, accrosport, multilangues, CDI, his-toire, SVT, mathématiques, français, anglais,cinéma, échecs, chant, danse, théâtre, artsplastiques. L’épreuve de chant est un karaoképour lequel les participants doivent écrireune chanson en rapport avec le «Défi » etreposant sur un fond musical de leur choix.L’épreuve d’arts plastiques se fait en amont,durant l’année : il s’agit de proposer un logo

L’École hors lLe «Défi des 4es»• Romain Borrelli, documentaliste,

et Philippe Giet, professeur d’EPS,organisateurs du « Défi des 4es »

Tous les élèves de 4e, soit environ 170,ainsi qu’une vingtaine d’accompa-gnateurs se sont rendus au mois de juin dernier en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier, pour la 8e éditiondu « Défi des 4es ».

par classe symbolisant ce voyage. L’élèvevainqueur choisi par un jury verra sonœuvre reproduite sur un tee-shirt distribué àchaque participant.Chaque épreuve donne lieu à un classe-ment : 6 points pour les premiers et ordredécroissant ensuite. Au final des trois jour-nées, un palmarès par classe est élaboré. Il n’y a rien à gagner, ni coupe, ni prix, si cen’est le plaisir d’avoir participé en équipe ettenté de faire de son mieux !Ce voyage repose sur trois mots d’ordre :autonomie, solidarité et implication person-nelle.Il faut être autonome car nous laissons auxélèves une très grande liberté dans leur choixdes épreuves auxquelles ils participeront,mais aussi des chambrées que nous leurdemandons de constituer. Le Défi est le

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premier voyage pour lequel ils doivent s’or-ganiser seuls !Il s’agit d’être solidaire car la multiplicité desépreuves proposées fait que l’on ne peutconcourir à la fois dans deux disciplines dif-férentes. Il faut donc faire des choix, en fonc-tion de ses propres compétences mais en gar-dant toujours à l’esprit cette question : oùvais-je être le plus utile à ma classe ? Et par-fois l’intérêt général prend le pas sur le désirindividuel, et cela s’apprend!Enfin, nous leur demandons une implica-tion personnelle car le Défi se prépare tout aulong de l’année et il s’agit d’être concerné : le

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s les murschoix stratégique des équipes constituées, lechoix du logo, l’organisation des chambres,le théâtre, la danse, le chant, autantd’épreuves où l’on désigne collectivement sesreprésentants et où l’on est impliqué.Nous accompagnent au Défi bien évidem-ment les professeurs d’EPS, la conseillèred’éducation du collège, l’adjoint d’éducationdu niveau, les professeurs ayant préparé lesdifférentes épreuves ainsi que d’autres pro-fesseurs qui le souhaitent et si possible unmédecin. Au total, une vingtaine d’adultesencadrent les élèves. Traditionnellement, etafin que les adultes n’échappent pas à ces

journées très sportives, des matches entreprofesseurs et élèves sont organisés en foot-ball et en basket. Par ailleurs, et c’est icil’aspect plus festif de cette manifestation, lesdeux soirées passées en Sologne sont mar-quées par un barbecue géant au bord du lacet par une soirée dansante !Au terme du «Défi » nous voyons rentrervers Paris une cohorte d’élèves ravis et four-bus par ces trois journées intenses.Précisons enfin que pour garder un souvenirde ce voyage un film est réalisé chaque annéeet distribué aux participants.

Les accompagnateurs du défi 2005

Promotion « défi 2005 »

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L’École hors lLes échanges à l’École alsacienne : désormais incontournables• Morgane Ellinger

L’École alsacienne propose depuis fort longtemps à ses élèves de participerà des échanges culturels et linguistiques. Certains partenariats avec desétablissements anglais et allemands datent ainsi de plus de vingt ans !Cette offre prend chaque année plus d’ampleur et les élèves sont de plusen plus nombreux à souhaiter, le temps de quelques semaines, partager lequotidien d’élèves et de familles étrangères et se confronter à une languevivante, loin du confort douillet de leurs salles de classes parisiennes.C’est ainsi qu’en 2004-2005, 171 élèves ont pris part à un échange. Pour 150d’entre eux, de la quatrième à la première, il s’agissait d’un échange court(deux semaines), de groupe, à visée culturelle autant que linguistique. Pour21 élèves de troisième et seconde, les échanges de longue durée leur ontpermis de passer de quatre à douze semaines, individuellement, dans unétablissement allemand, espagnol, anglais, américain, canadien ouaustralien.Pour l’année 2005-2006, la demande s’annonce encore plus forte, puisque35 élèves se sont déclarés candidats à ces échanges longs. Quant auxéchanges courts, leur succès à l’École est tel qu’il est désormais nécessairepour les équipes pédagogiques de se livrer à de véritables processus desélection, tant est grand l’écart entre le nombre de nos candidats et celuides jeunes étrangers – particulièrement nord-américains – désireux depoursuivre l’apprentissage du français et de venir faire un séjour dansl’Hexagone.C’est pourquoi le service de l’ouverture internationale s’efforce demultiplier les partenariats avec des établissements étrangers et le nombred’opportunités pour les élèves. Ainsi, en 2004-2005 :- Nous avons confirmé notre partenariat avec le Colegio Estudio de Madrid,en l’élargissant de sorte qu’au-delà de l’échange d’une dizaine de joursorganisé en classe de seconde, quelques élèves puissent effectuer desséjours longs en Espagne ;- Nous avons monté un nouveau partenariat avec Abbotsleigh School, uneécole de jeunes filles de Sydney (Australie), pour des échanges de longuedurée ;- Sous l’impulsion de Madame Henry, professeur de russe, un nouveléchange de courte durée avec l’École n° 171 de Saint-Pétersbourg (Russie) aconnu sa première édition à la rentrée 2005.Ces efforts seront, bien entendu, poursuivis au cours de l’année 2005-2006.Parce que rien ne vaut, pour parler des ces échanges, le témoignage desélèves, vous pourrez lire ci-après les impressions livrées pendant, ou aprèsles échanges.

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Aude Bernheim, élève de seconde, deux mois passés à Bush School,Seattle, États-Unis.

Bonjour !Pour moi tout se passe à merveille. Je suisdans une famille d’accueil adorable avecmoi. Je m’entends parfaitement avec ma cor-respondante et avec ses frères et sœurs et j’aide grandes conversations avec ses parents.Donc, de ce point de vue là, tout est parfait.L’école est fantastique, ils ne sont que 12 oumoins par classe (la plupart du temps ils nesont que 8). Les cours sont très intéressantset les profs sont vraiment là pour les élèves !Ils ne sont que 50 par niveau ce qui permetde connaître tout le monde. Les élèves par-lent à leurs profs et au directeur en les appe-lant par leur prénom. Chaque jour ils ontune réunion, soit de tout le lycée, soit detout le niveau, soit juste par groupe de 10avec un prof, pour parler de ce qui va ou pasdans l’école. De plus, l’école est un ensemblede petites maisons avec plein d’arbres par-tout. Les élèves et les profs sont vraimentgentils avec moi. Seattle est une ville superbeavec plein de petits coins à découvrir et j’ha-bite dans une petite banlieue exactementcomme les clichés !!! Pendant le week-end ouaprès les cours (car l’école finit à 3 heures !),je pars en voiture avec ma correspondante(qui conduit) découvrir Seattle. Ici, c’estvraiment parfait.

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s les mursCéline Prud’homme, élève de seconde, deux mois passésà Hall-Dale School, Maine, États-Unis

Bonjour,tout se passe toujours aussi bien ! Ici, lescours sont beaucoup plus petits, il n’y aqu’environ 10 à 15 élèves par classe, donc lescours sont beaucoup plus calmes. Par contre,les élèves ne parlent pas du tout à leurs profscomme on le fait, leurs profs sont pluscomme des amis pour eux… Leurs coursdurent 80 minutes et ils en ont quatre dansla journée, avec en plus une demi-heurepour manger et juste après une demi-heurede « classe room», où ils discutent et fontleurs devoirs. Sinon, ils ont une classe où ilsjouent aux cartes, un des élèves apprend auxautres un jeu, ou sinon ils jouent au«Pictionary» ou à des jeux du genre ! En his-toire, ils n’ont pas vraiment de cours, ilsrépondent à des questions comme devoir etpendant le cours ils posent des questions s’ilsn’ont pas compris. Ils ont aussi un coursoptionnel de cuisine, auquel je n’ai pas par-ticipé car ma correspondante ne le fait pas.Leurs cours de mathématiques sont tousséparés : c’est-à-dire que là par exemple,Zena a un cours de géométrie, mais l’annéeprochaine, elle aura un cours d’algèbre. Lesélèves ne sont jamais vraiment libres dansl’école, ils sont toujours dans une salle pré-cise avec un prof qui les surveille, et il y a uneheure où ils sont juste dans une salle où ils nefont rien de particulier, et s’ils veulent sortir,il faut que le prof leur donne un papier spé-cial, même s’ils sortent pour aller aux toilet-tes… Sinon, dès que l’on sort de cours, c’estune amie de Zena qui nous raccompagne àla maison, et là, en général, Zena travaillependant deux ou trois heures, pendant queje lis mes email, tchatche, ou regarde la TV,puis on va faire du shopping ou bien on vaau cinéma (elle y travaille), ou bien on vavoir certains de ses amis. Hier, on a fait unebalade au bord d’un lac et on s’est reposéessur un pont, c’était vraiment magnifique !Au revoir !

Lise Marche, élève de troisième,deux mois passés à Lakefield College, Canada

Bonjour,mon séjour à Lakefield se passe très trèsbien ! Le collège est réellement super et trèsdifférent de notre école à Paris. Les élèvessont peu nombreux par classe (moins dequinze), les conditions de travail sont doncagréables, la relation entre élèves et profes-seurs est surprenante, on pourrait croire à del’amitié ou bien même penser qu’ils fonttous partie de la même famille !Le lieu est magnifique, dans la campagne, etle temps depuis une semaine est radieux : ilfait 24 °C, on se croirait en vacances.Les élèves choisissent un sport par trimestre,qu’ils pratiquent presque tous les jours. J’aichoisi l’aviron, je n’en avais jamais fait et jem’amuse beaucoup. Ils choisissent aussi leursmatières (six au total) entre sciences, maths,anglais, art, musique, théâtre, histoire, fran-çais, espagnol, «carrières», «outdoor educa-tion/geography »… Cette dernière matière,qui ne se présente pas sous cette forme àl’École alsacienne, se déroule souvent dehors,on y pratique le canoë, des promenades, ducamping… pour connaître la nature.Toutes les journées (sauf le samedi) com-mencent par une heure de « Chapel » qui,contrairement à ce qu’on pourrait croire,n’est pas un office religieux mais une heureoù les élèves (de dernière année) font des dis-cours et parlent d’eux. Ceci permet aux élè-ves de mieux se connaître entre eux.L’administration de l’école profite aussi decette heure pour transmettre des informa-tions aux élèves en début de journée.Pour ce qui est de l’anglais… je me suis assezbien habituée à la langue. Même si je neparle pas « fluently», les gens sont patients ettrès gentils, ce qui m’a mise à l’aise dès ledébut.Dans ma famille d’accueil, tout se passebien : la maman d’Hilary est adorable ettoute la famille aussi. Ils me font découvrirpleins de choses : nous sommes allés àOttawa le week-end dernier et d’autresexcursions sont prévues pour la suite de monséjour.

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Ségolène Bernheim, élève de seconde, deux mois passésà Kambala School, Sydney,Australie

Bonjour,Je vous écris de Sydney et tout se passe pourle mieux. Je suis logée dans une maison dansles «eastern suburbs» qui sont les beaux quar-tiers de Sydney. Ma famille a un jardin, unepiscine et une maison de trois étages, ce quiest plutôt agréable. Sydney est une ville trèsgrande, où tout est très espacé et où l’on uti-lise principalement la voiture pour se dépla-cer. Je vais dans une école non mixte. Je doisporter un uniforme avec une jupe, une che-mise, une cravate, un pull, un blazer (avecdes badges), un chapeau et un ruban dansles cheveux ! Je commence tous les joursl’école à 8h30 et termine à 3h20 avec 45minutes pour déjeuner. L’ambiance est trèsagréable et décontractée. Les relations pro-fesseurs-élèves sont très présentes et les acti-vités extra-scolaires aussi. Ici c’est l’hiver,mais il fait entre 10 et 25 degrés, ce qui estplutôt agréable… Tous les gens sont trèsaccueillants et très curieux au sujet de laFrance. L’accent australien est assez difficileà comprendre, mais on s’habitue et cela per-met de comprendre beaucoup mieux tousles autres accents moins forts. La vie ici estdonc géniale !Au revoir.

Bénédicte Durand, élève de seconde, deux mois passésà Eckernförde, Allemagne.

Mes premiers jours à l’école ne sont pas tou-jours faciles, car j’ai encore beaucoup de malà comprendre les élèves, mais surtout lescours… Mais, ma classe m’aide tout letemps et a été très accueillante. Mon nouvelemploi du temps me plaît beaucoup. Eneffet, en Allemagne, les élèves n’ont pas decours pendant l’après-midi. J’ai pu ainsim’exercer à de nouvelles activités l’après-midi, comme la découverte de la ville ouencore le sport (l’équitation que Lisa pra-tique régulièrement et le club de fitness, fré-quenté par de nombreux autres élèves…).(…) Comme vous pouvez le voir, monséjour se déroule au mieux.

Casimir de Hauteclocque, élève de seconde, deux mois passés à Eckernförde, Allemagne

Tout se passe très bien à l’école comme dansla famille. Il fait juste un peu moins beaudepuis ces derniers jours. La pluie et les10 °C ont remplacé le ciel bleu et les 30°C.J’ai accompagné les parents de Nils sur unvoilier participant à une régate mercredi etje suis allé à Lübeck aujourd’hui. (…) Lescours sont en train de se terminer. Nous ter-minons le 24 juin, cependant les quatre der-niers jours ne sont que jeux et sports en rai-son des livres qui sont rendus le 20 je crois.Depuis lundi et les conseils de bulletin, lesprofesseurs ne font plus cours. Ils nous sur-veillent juste en train de jouer aux cartes oude discuter, ce qui me désole tout de mêmeun peu; soit on ne va pas en cours, soit on yva et on travaille !Mais l’essentiel pour moi est de parler alle-mand.

L’École hors lHélène Combal-Weiss

J’ai eu la chance de pouvoir participer à deuxéchanges linguistiques de longue durée.En troisième ma correspondante allemandeétait originaire d’Eckernförde, une petiteville sur les bords de la mer Baltique. J’aidécouvert une vie provinciale, le ramassagescolaire le matin dans le petit village, lesvirées en voilier en pleine mer, les «AbendBrot Essen »… l’Allemagne du Nord, leSchleswig Holstein.En fin de seconde, je suis partie au Canadadans l’Ontario, près de Toronto. Le collègede ma correspondante, Lakefield CollegeSchool, est situé au bord d’un lac. Le campusest immense, composé de différents bâti-ments : les salles de cours, les dortoirs ; et denombreux terrains de sport : tennis, football,football américain, basket, rugby, athlé-tisme… Le site est assez impressionnant. J’aidécouvert là-bas un mode de vie très diffé-rent et le changement culturel était plusmarqué que lors de mon échange enAllemagne.J’ai été agréablement surprise par l’accueiltrès chaleureux que j’ai reçu dans chaqueétablissement et dans chaque pays. Les élèveset l’équipe pédagogique ont paru me porterbeaucoup d’attention et manifester beau-coup d’intérêt à mon égard. L’ouvertured’esprit de l’enseignement que j’ai observé,en particulier au Canada, m’a permis deprendre du recul par rapport au système sco-laire français. J’ai remarqué une très forte viede communauté qui se traduit, par exemple,par des rassemblements quotidiens, ou unefierté des élèves internes et externes pour leurcollège. Ceux-ci sont très tôt responsabilisésdans leur orientation scolaire par le choix desmatières dont ils décident de suivre les cours.En tant qu’élève français, on a tendance àidéaliser l’enseignement de type anglo-saxon, qui en effet a de nombreux aspectspositifs dans l’affirmation des personnalités,dans le développement des arts et des sports.Mais je pense qu’il manque tout de mêmeune certaine exigence dans le travail attendu,et une initiation des élèves à la rigueur desétudes supérieures.Ces deux échanges ont été très différents depar les personnalités contrastées de mes cor-respondantes, mais aussi par les contextes

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culturels variés. Ils m’ont tous deux apportéénormément aux plans linguistique, rela-tionnel et personnel.En effet, l’échange inclut l’accueil d’un élève.Cette perspective peut paraître assez dissua-sive. L’intrusion d’une personne étrangèrependant deux mois dans l’enceinte familialen’est pas toujours facile à concevoir. Maisc’est en réalité un réel enrichissement fami-lial : découvrir une personne dans la vie quo-tidienne avec les différences culturelles et lin-guistiques permet aussi de remettre en ques-tion son propre mode de vie par une visionextérieure, sans pour autant le changer radi-calement. Même si au départ l’intégrationne se fait pas toujours immédiatement, trèsvite de véritables échanges entre les différentsmembres de la famille et le correspondant secréent, et les attachements vont parfois jus-qu’à une amitié durable.Un premier séjour de deux mois enAllemagne m’a permis lors de mon voyageau Canada de moins appréhender l’éloigne-ment, et surtout le nouveau monde jusque làinconnu dans lequel il était nécessaire etindispensable de m’intégrer.Chacun de mes échanges m’ont été extrê-mement positifs, et je continue à garderbeaucoup de contact avec mes correspon-dants. Ces deux expériences ont énormé-ment marqué mon évolution personnelle, etont très certainement contribué à l’affirma-tion de ma personnalité.

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Zélie Gani-Fior, élève de seconde

Mon échange longue durée à Saint Paul’sSchool de mars à juin 2005 fut une expé-rience fantastique. Tout d’abord, la beautédu site : un campus de 500 hectares au cœurde la Nouvelle-Angleterre, environné de lacset de forêts, à quelques minutes de la petiteville de Concord et à une heure de Boston.Les jeunes filles de mon dortoir (les 500 élè-ves sont tous internes) furent immédiate-ment très accueillantes et au bout d’unesemaine, je comptais plus d’amis que je n’o-sais l’espérer à mon arrivée. La gentillesse etla cordialité des jeunes Américains sontétonnantes.Le matin, à 8 heures, tous les élèves et pro-fesseurs se retrouvent dans la grande chapellepour y prier s’ils le souhaitent, mais c’estavant tout ici que se réunit toute la com-munauté de l’école pour annoncer les diversévénements de la journée ; un élève donnegénéralement un discours ou joue d’uninstrument. Les cours commencent à 8h30.Le choix de matières est immense, de l’as-tronomie au design. Les classes ne sont com-posées que d’une dizaine d’élèves, ce qui per-met un rapport au professeur beaucoup plusdirect qu’en France, ainsi qu’un suivi trèspersonnalisé. Après le déjeuner commencentles cours de sport : du ski et du hockey enhiver, du frisbee, de la natation et de l’avironau printemps, la palette est impressionnante.Tous les week-ends sont organisés des mat-ches et des compétitions contre différentesécoles privées du New Hampshire. Après ledîner, un concert ou un spectacle est géné-ralement proposé, quasiment tous les élèvesétant musiciens, acteurs ou danseurs. Maisla plupart des élèves, studieux, se rendent àl’imposante bibliothèque pour y travailler.Ils savent cependant s’amuser et le samedisoir toute l’école se déchaîne sur une piste dedanse. Deux fois par semaine, un dîner entenue chic est obligatoire ; le plan de tablechange régulièrement, ce qui permet de fairede nouvelles connaissances.Deux mots d’ordre à Saint Paul’s : esprit decommunauté et diversité. L’esprit de com-munauté soude tous les élèves et donne lesentiment de vivre au sein d’une grandefamille. On s’y sent tout de suite à l’aise etentouré. Revers de la médaille : tout, abso-

lument tout se sait, des histoires d’amouraux problèmes scolaires, et cela transformevite Saint Paul’s en un eldorado du potin. Ladiversité m’impressionna. Toutes les natio-nalités se côtoient à Saint Paul’s, desPhilippines aux Pays-Bas. Au vu des frais descolarité élevés, je ne m’attendais pas à unevraie représentation de l’Amérique actuelle.Mais grâce à un important système debourse, de nombreux adolescents défavori-sés, de toutes origines ethniques, étudiaientdans l’un des meilleurs lycées américains.Cela engendrait une grande tolérance et unrespect de l’autre chez les élèves que j’admirebeaucoup.Je suis revenue de Saint Paul’s School éblouiepar cette école utopique, indépendante et denombreuses adresses e-mail en poche ! Partircomplètement seule, sans aucun contactfamilial pendant trois mois m’a fait acquérirune autonomie certaine et de fortes facultésd’adaptation. Mon anglais s’est beaucoupamélioré, ma culture enrichie et mes projetsd’avenir sont maintenant tournés vers lesÉtats-Unis. Saint Paul’s School, l’école par-faite ?

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Sur la piste de Mopti (Mali)

Une pause à la frontièreentre le Burkina Faso et le Mali

Une « Partner » en paysdogon, au loin, la falaise de Bandiagara

Avec Alain (père d’anciens élèves), Marion(ancienne élève) et Marie Françoise, nousallions relayer une partie de l’équiped’Unisahel qui avait débarqué au Togo.Cette première équipe avait livré un véhi-cule, des médicaments et des livres au Togo.Elle avait visité aussi des associations quiavaient fait une demande d’aide à Unisahel.Seuls trois membres de l’association ontmené cette mission de bout en bout et ilsauraient beaucoup plus de légitimité à enparler que moi. C’est d’ailleurs ce que Jean afait, un très beau reportage que je vous inviteà regarder et à diffuser.Partir pour l’Afrique, c’est se libérer des cli-chés accumulés – sans grande cohérence niordre – depuis un siècle dans notre cons-cience collective. En effet, quand nous parle-t-on d’Afrique ? Et que nous en dit-on ?Catastrophes, épidémies, coups d’état, géno-cides. Cette insistance à peindre l’Afriquecomme un continent de souffrances et dedésespérance est le premier obstacle à fran-chir.Est-ce le fruit de la peur de paraître indiffé-rent au sort de nos voisins ? Est-ce unecatharsis par laquelle nous nous débarrassonsde notre culpabilité de nantis ?En tout état de cause, le risque que portecette présentation grossière de la réalité afri-caine est l’annihilation de tout espoir laconcernant : «on a tout fait, rien n’a portéde fruits » ; René Dumont nous alertait en1962 par son fameux «L’Afrique noire estmal partie », on pourrait lui répondre

En février 2004, j’ai franchi le pas. Après quinze ans d’activité au seinde l’association, j’ai cédé aux amicales pressions du conseild’administration et j’ai participé à ma première « mission ».Participation très modeste qui consistait à convoyer deux « Partner »Peugeot et une très antique camionnette C35 Citroën de Ouagadougou,capitale du Burkina Faso, à Bamako, capitale du Mali, soit… 705 km à vol d’oiseau, mais beaucoup plus dans la réalité.

L’École du c œComment Unisahel m’a rendu afro-optimiste…• Pierre de Panafieu

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aujourd’hui – en n’écoutant que les médiasfrançais – qu’elle n’est arrivée nulle part…Je ne veux pas dire que tout va pour le mieuxdans la meilleure des Afrique. Les difficultéssont nombreuses, variées et complexes ; c’estune évidence et l’afro-optimisme que j’affi-che n’a rien de naïf ou de béat.J’ai vu en une petite semaine ce que nosmédias ne nous montrent jamais : la vitalitéet la qualité de l’engagement des associationsafricaines dans les domaines de la santé et del’éducation. L’alliance de leur sens du quoti-dien et du long terme, leur souci de faireparticiper le plus grand nombre aux déci-sions communes, le soin porté à l’évaluationde leurs actions forcent le respect et permet-tent d’entrevoir un meilleur avenir.Jamais je n’avais mesuré aussi précisémentl’exactitude de la phrase de Jean Bodin, unphilosophe du XVIe siècle, « il n’est de richesseque d’hommes».Et c’est à cette richesse que l’associationUnisahel permet de s’exprimer. Convoyerdes voitures et des camions à destination desassociations locales qui sont engagées depuislongtemps dans des projets locaux de déve-loppement, concernant la santé, l’éducation,l’économie, telle est sa vocation depuis plusde vingt ans.Chaque mission permet de rendre visite auxassociations qui ont précédemment étéaidées et de rencontrer celles qui demandentun véhicule pour évaluer leurs besoins, leursérieux et leur insertion locale. Unisahelassure aussi le convoyage de véhicules pour

d’autres associations et le transport du maté-riel qu’elles ont collecté.Grâce à la mobilisation du foyer centre cul-turel de l’École et des élèves de cinquième,une collecte au profit de la prochaine mis-sion qui aura lieu cet été a déjà rapporté plusde 2000 €. Qu’ils en soient très chaleureu-sement remerciés.

Pour mieux connaître Unisahel, rendez voussur son site : http://www.unisahel.org

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Au-delà de la classe | les cahiers de l’École alsacienne 35

Distribution du matériel collecté par une associationtoulousaine

La traversée du Niger à proximité de Bamako

Une consultationimpromptue par leDr L’Héritier à San (Mali)

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Dimanche 24 octobre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Visite du musée d’histoire et du jardin bota-nique de la ville. Spectacle de marionnettessur l’eau. Dans l’après-midi, visite de lapagode Vinh Nghiem, puis détente dansune piscine d’hôtel.

Lundi 25 octobre 2004, Journée à l’École du Cœur.

Tous les élèves de l’École se sont présentéspar classe à notre groupe. La matinée a étéconsacrée à des jeux et des chants en com-mun: concours d’opérations, présentationsgéographiques des pays, échanges libres etinformels entre les enfants. Déjeuner de«gala» offert par l’A.P.E.E.A. aux quelques170 convives que nous étions. Spectacle dechants et de danses présenté par les élèvesvietnamiens. Et chansons françaises présen-tées par notre groupe.

Mardi 26 octobre, Ben Tre, Can Tho

Départ vers le delta du Mékong, le plusgrand grenier à riz du Vietnam: formé parles limons du Mékong, le delta du Mékong

Après une préparation minutieusepartagée avec madame Taillard deV.S.E. (Voyages Scolaires en Europe),vingt-deux élèves volontaires, de laseptième à la quatrième, sont partisdécouvrir l’École du Cœur et le SudVietnam. Ce voyage s’inscrivait dans lacontinuité de notre projet de solidaritéet concrétisait les instructionspédagogiques du B.O. « Éducation audéveloppement et à la solidaritéinternationale » : « L’éducation à lasolidarité internationale vise à fairecomprendre les grands déséquilibresmondiaux et à permettre la réflexionsur les moyens d’y remédier ». Le droità l’éducation pour tous et le respect de la diversité culturelle ont été nos filsconducteurs avant, pendant et après ce voyage.

L’École du c œLa ligne du Cœur, du rêve à la réalité• Josiane Briane,

directrice du Petit Collège, Josette Gentile, 9e, Valérie Faggiolo, 12e

Vendredi 22 octobre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Arrivée à l’aéroport d’Hô Chi Minh-Ville.Accueil par la directrice de l’École du Cœuret une délégation d’élèves. Réception debienvenue à l’agence de tourisme LiengHong Tourisme, cadeaux de bienvenue etgâteau d’anniversaire pour Léah. Installationet repos à l’hôtel. Découverte du quartierBen Thanh.

Samedi 23 octobre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Départ de l’hôtel en autocar pour la visite del’École du Cœur. Tous les élèves de l’école(ils sont 140) nous ont accueillis par des dis-cours, des chants, des présentations et descadeaux.Retour en fin de matinée et visite guidée dela ville en autocar : le quartier Cho Lon, lemarché Binh Tay, l’ancien quartier colonialavec la cathédrale Notre-Dame de Saigon, laposte construite par Gustave Eiffel, lafameuse rue Catinat, aujourd’hui rue DongKhoi. La journée s’est terminée par la visited’une fabrique de laque.

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est une basse terre quadrillée par une multi-tude de canaux et d’arroyos, très fertile etpropice à la riziculture et à la plantation d’ar-bres fruitiers. Arrêt pour des visites de riziè-res, faisant connaissance avec l’ancien modede culture. Puis croisière sur le Mékong en sefaufilant à travers les arroyos et les marchésflottants. Nous étions les seuls à porter ungilet de sauvetage ! Visite d’une plantationfruitière avec dégustation de fruits tropicaux.Arrivée à Can Tho en fin d’après-midi.Découverte de la ville par un tour de pousse-pousse.

Mercredi 27 octobre, Can Tho, Soc Trang, Hô Chi Minh-Ville

La journée a commencé très tôt par uneexcursion en barque jusqu’à Cai Rang pourvisiter les marchés flottants de Cai Rang et dePhung Hiep, puis poursuite de la route jus-qu’à Soc Trang où plusieurs ethnies cohabi-tent, conservant chacune leurs propres cou-tumes, mœurs et fêtes. Arrivée à Soc Trangdans la matinée, visite de la pagode auxchauves-souris géantes et du musée de laCivilisation khmère. Retour à Hô ChiMinh-Ville en fin d’après-midi.

Jeudi 28 octobre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Journée au parc d’attractions Dam Sem avec40 élèves de l’école jumelée, sélectionnésparmi les meilleurs. Déjeuner en communau restaurant du parc. Visite du musée de laVille d’Hô Chi Minh qui retrace les étapesde l’indépendance.

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Vendredi 29 octobre, Dalat

Départ en bus pour Dalat. Avec ses élégan-tes villas coloniales dispersées dans un pay-sage de pinèdes vallonnées, Dalat est depuisl’époque française un lieu de prédilection desSaigonnais fuyant la jungle urbaine. Arrêt àBao Loc, la plus grande plantation de thépour le déjeuner, ensuite poursuite de laroute. Visite d’une plantation d’hévéas et deschutes de Pongour.Arrivée à Dalat en fin d’après-midi. Tour dela ville dans la soirée après le dîner.

Samedi 30 octobre 2004, Dalat

La journée a été destinée à la visite de la villeen compagnie de nos guides. La soirée a étépartagée avec la tribu Lat qui nous a présentédes chants et des danses traditionnels.

Dimanche 31 octobre, Dalat, Hô Chi Minh-Ville

Route de retour à Hô Chi Minh-Ville enautocar. Visite des chutes de Dambour aumilieu d’une bambouseraie. Arrivée dans lasoirée.

Lundi 1er novembre 2004, Long Hai

Départ pour la visite du jardin d’enfants dePhuc Xa, école maternelle de l’École duCœur. Après avoir offert du lait en poudre etdes friandises aux élèves, nous avons partagéun goûter, composé de canne à sucre puischanté avant de nous séparer. Après-midi aubord de la mer de Chine à Long Hai.

Mardi 2 novembre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Dernière visite à l’École du Cœur: échangede cadeaux, discours d’au revoir, visite detoutes les classes et présentations scolaires.Visite du collège bilingue Colette. Soirée-rencontre avec les enfants de la Maison de laculture de la ville (chansons, danses,musique).

Mercredi 3 novembre 2004, Hô Chi Minh-Ville

Journée libre pour les dernières rencontreset les derniers achats. Par petits groupes, pro-menades dans les marchés environnants.

Jeudi 4 novembre, Paris.

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Voici quelques textes d’élèves écritspour l’exposition de photos « La lignedu Cœur » en février 2005, au Foyer du Grand Collège.

«J’ai vécu de nombreux moments émouvantslors de mon voyage au Vietnam; j’ai envie devous en faire partager quelques-uns.»Bastien Monnier, 6e4.

«Mon voyage.Ce qui m’a frappé au cours de ce voyage auVietnam, c’est le nombre très important demotos à Hô Chi Minh-Ville, une très grandeville du Sud du Vietnam. Dans les rues, il n’ya pratiquement pas de voitures, peu de vélos etun flot de mobylettes qui ne s’arrête jamais derouler. Sur ces motos, il y a souvent trois ouquatre personnes. Les feux rouges et les passagescloutés ne sont pas respectés. Les policiers trèssévères interviennent lorsqu’il y a un accident.Quand notre groupe de 26 personnes devaittraverser une rue, on était obligé de barrer laroute pour nous. Quand je serai grand, j’ai-merais bien faire de la moto à Hô Chi Minh-Ville. »Dimitri Messinesi, 6e5.

«L’École du Cœur.Depuis six ans, nous parlions de l’École duCœur et nous faisions des actions de solidaritépour elle. J’avais hâte de rencontrer les élèvesde cette école. La première fois que je les ai vus,c’était si émouvant que je ne connais pas lesmots pour le dire. Ce que je sais, c’est que cettepremière image de l’École du Cœur, commebeaucoup d’autres avec ces enfants, resterontgravées dans mon cœur et dans ma mémoire

pour toujours. Nous avons partagé beaucoupde bons moments (jeux, parc d’attraction,déjeuner, chansons, danses…). Comme anec-dote, je peux vous dire que, grâce à ces enfants,je sais maintenant manger avec des baguettes etje me rappelle combien les enfants riaient audébut de ma maladresse. Je voudrais aussi direque j’ai adoré ce que nous avons fait et vu endehors de l’École du Cœur (découverte des pay-sages, visite des marchés, des musées…). Toutcela restera d’inoubliables souvenirs. »Pamina de Hauteclocque, 5e5.

«La journée à l’École du Cœur.Quand nous sommes arrivés à l’École du Cœur,nous avons commencé par chanter nos chansonsque nous avions préparées pour l’occasion puisen attendant le repas, nous avons fait unconcours d’opérations. Chaque élève françaisdevait se mettre avec un élève vietnamien.Ensuite, nous avons joué avec eux. Mon amievietnamienne m’a montré une salle qui étaitréservée à l’École alsacienne. C’était une galeriede photos. Dans un classeur, j’ai retrouvé malettre et mes photos que j’avais envoyées quandj’étais en classe de 9e ! J’ai joué avec un petit gar-çon : je devais l’attraper et le chatouiller. Puisnous sommes allés déjeuner, chaque table étaitcomposée de deux élèves français et de cinq élè-ves vietnamiens. Ensuite, ils nous ont présentédes danses et des chants : la danse des chapeauxconiques, des éventails, les éventails mis bout àbout formaient cette phrase: «Merci École alsa-

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cienne». Puis, quand nous sommes repartis, ilsnous ont suivis, ils couraient derrière le car.C’était une journée géniale !»Florence Liu, 6e5.

«Notre deuxième journée à l’École du Cœur.L’un des meilleurs moments que j’ai eu lachance de vivre au Vietnam est notre deuxièmevisite à l’École du Cœur. Contrairement à lapremière, nous avons vraiment pu rester long-temps avec les élèves, jouer, nous amuser etdévelopper des contacts avec eux. Lors de lamatinée, nous avons présenté la France grâce àdes cartes postales. Pour présenter leur pays,trois élèves vietnamiennes s’étaient habillées encostumes traditionnels du nord, du centre et dusud et ont chanté et dansé des chants et desdanses traditionnels. Puis il y a eu une sorte de« concours de mathématiques » organisé enéquipe composée d’un Français et d’unVietnamien. Après, nous avons chanté unechanson française : «Le lion est mort». Ensuite,nous avons fait connaissance avec des élèves enattendant d’aller manger. Le repas a été mer-veilleux, nous étions deux Français par table età peu près six Vietnamiens. Pendant ce repas,nous avons appris à mieux communiquer grâceà des signes. Après le repas, nous avons eu à peu

près une heure pour jouer. Les Vietnamiensnous ont initiés très vite à leurs jeux de récréa-tion : ils avaient des jeux de mains accompa-gnés d’une chansonnette du même style queceux qu’on peut trouver dans les cours derécréation en France et dont nous avons eu dumal à retenir les paroles. Ils jouaient aussi àune sorte de football mais avec un autre objetqu’un ballon. Pendant cette période, nous noussommes fait des amis. L’après-midi, nous avonschanté : «Le soleil a rendez-vous avec la lune»et rechanté : «Le lion est mort ». Puis lesVietnamiens ont fait des danses avec des cha-peaux et dont le placement final donnait lemessage: «Merci École alsacienne». Puis ils ontdansé «Sur le pont d’Avignon» et ont invitédes Français à danser. Ensuite, nous avons dûpartir sachant que nous reverrions quelque-unsde nos camarades plus tard, au parc d’attrac-tion, et en espérant revoir les amis que nousnous étions faits lors de la journée».Camille Lehujeur, 5e3.

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«À la rencontre des enfants de l’École du Cœur.Nous avons eu la chance de vivre une expé-rience humaine incroyable avec les enfantsde l’École du Cœur. Ces enfants étaient trèstouchants et on ne pouvait s’imaginer qu’ilsavaient un travail et vivaient malheureu-sement dans la pauvreté. Ils étaient trèssociables et le fait que nous ne parlions pasla même langue ne nous pénalisait pas carnous nous sommes débrouillés pour adopterun langage de signes très surprenant. Aufinal, nous avons tissé des liens d’amitié trèsforts avec les enfants et nous allons leurécrire en attendant, peut-être, de les revoirun jour ».Pietro de Rothschild, 4e3.

«Visite du jardin d’enfants de Phuc Xa à LongThanh.Nous sommes arrivés dans l’après-midi du 12e

jour. Nous avons été accueillis par les plus petitsqui étaient en train de jouer dans leur cour sur

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que l’école est le lieu privilégié d’une cons-truction personnelle et sociale. Ils ont pu res-sentir, en rencontrant ces élèves vietnamiens,que le droit à l’éducation peut être une vraieconquête et que l’avenir de beaucoup d’en-fants dans le monde dépend de leur accès àl’école.Pour la première fois, des élèves du Petit etdu Grand Collège (neuf garçons et treizefilles de dix à quatorze ans) sont partisensemble, chacun ayant eu l’occasion, dansla classe de Josette Gentile, de vivre uneexpérience de solidarité avec l’École duCœur. Nos élèves se sont montrés maturesdans leur adaptation au pays et aux condi-tions de vie quotidienne, toujours engagéset confiants dans leur participation. Ils ontfait la démonstration de leur ouverture, deleur curiosité, de leur disponibilité et de leurjoie de vivre… Ils se sont montrés respec-tueux du règlement établi pour le voyage.Nous voulions que la dimension de solidarité

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toutes sortes de jeux : des balançoires, des tour-niquets, des toboggans. Ils se sont réunis autourde nous pendant que nos accompagnateursparlaient avec les maîtresses des petits. Nousleur avons distribué des bonbons que nousavions acheté avant de venir, dans un super-marché ainsi que du lait en poudre que nousavons confié aux maîtresses. Nous sommes allésvoir les plus grands qui travaillaient dans dessalles ouvertes sur l’extérieur. Nous avons vuleur écriture sur leurs cahiers qui étaient trèspropres et soignés. Pour nous remercier de notrevisite, ils nous ont offert des morceaux de can-nes à sucre et nous sommes partis quand lesparents commençaient à arriver. Cette écolematernelle m’a semblé différente de celles que jeconnais en France. Les salles de classe étaientpetites. Les élèves travaillaient avec beaucoupd’attention et de sérieux. Ils semblaient impres-sionnés par notre groupe. Je les ai trouvésmignons et calmes».Pauline Rajoelison, 4e.

«Le voyage au Vietnam.Ce voyage était magnifique : ce pays est trèsbeau. Nous avons visité énormément d’endroitsmais celui qui m’a le plus touché était le mar-ché flottant de Cai Rang. Il y régnait uneatmosphère incroyable, ce site sur l’eau était trèsvivant : une sorte d’euphorie gagnait les mar-chands, toujours le sourire aux lèvres. Et voirtous ces magnifiques bateaux remplis à rasbord de marchandises rustiques et insolites étaittrès amusant…»Pietro de Rothschild, 4e3.

Tous ces moments se sont placés sous lesigne de l’échange, d’enfants à enfants,d’école à école, avec l’impression d’aboutir àdes retrouvailles. Chacun a pris appui sur sesliens épistolaires parfois déjà anciens et lecontact s’est établi d’emblée sur le partage,l’écoute, la curiosité et le respect. Chacun adonné, chacun a reçu. Ce voyage a été l’oc-casion unique pour nos élèves de découvrir

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soit aussi vécue dans notre groupe. Ainsi,nous avons demandé aux plus grands d’ap-porter leur aide aux plus petits et de veillersur eux lors des déplacements et des visites.La présence du médecin et parente d’élève,Nicole Monnier, toujours vigilante et dispo-nible a largement contribué au déroulementserein de ce voyage. Nos deux guides viet-namiens, Madame Ahn et Monsieur Tan,s’exprimant très bien en français, ont sus’adapter aux questions des enfants, à nosdemandes et ont fait vivre la culture vietna-mienne dans ses multiples facettes. Cetteexpérience semble avoir durablement mar-qué les esprits de tous les participants. Biensûr, le projet solidarité se poursuit. À quandun autre voyage ? Certains rêvent déjà :«Quand je serai grand, j’aimerais bien faire dela moto à Hô Chi Minh-Ville…».

Lettre de la nouvelle directrice de l’École du Cœur, reçue en octobre 2005 :

«Saigon, le 3 octobre 2005Chère Madame Josette,Je suis très heureuse de recevoir votre lettre. Etje vous remercie de votre gentillesse. À proposde la correspondance, particulièrement de larelation entre vos élèves et les miens, je trouvequ’il n’y a pas de problème d’échange par lettre.Nos trente-deux élèves de la classe de 9e seront

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c œurtrès heureux de faire connaissance avec lesvôtres en répondant à leurs lettres.Et l’École du Cœur de Anh Linh sera aussi trèsheureuse de vous revoir un jour si possible.Dans le poème-rapport à la fin de l’annéelunaire 2004, nous avons beaucoup rappelé debeaux souvenirs avec l’École alsacienne (nousavons mis en scène avant le Têt = nouvelleannée lunaire). Donc mes élèves voudrontencore de belles rencontres. Cette année, nousavons 175 élèves dispersés dans 5 classes pri-maires, dont 85 plus pauvres prennent le repasde midi et environ 50 sont des nouveaux.À la fin de mai dernier, nous avons fêté laquinzième année de notre École du Cœur.Nous demandons à tous les enseignants et élè-ves de ces quinze années d’écrire quelquesimpressions, de raconter des souvenirs, de par-tager leurs expériences que nous avons rassem-blés dans un fascicule. Sous le beau soleil d’étéet avec de jolis flamboyants rouges, nous avionsune grande journée pleine d’émotion: le retourde tous les anciens enseignants, collaborateurs etélèves, les partages, les chants, les danses et lerepas. À ce moment même, nous avons du direau revoir à notre Sœur Agnès Cam Thuy, quiétait directrice de cette école depuis des années.Elle va faire un recyclage de psychologie et de

pédagogie aux États-Unis pour deux ans grâceà une bourse d’étude.Dans quelques mois, grâce aux dons d’uneancienne et d’autres amies, nous ouvrirons unesalle au premier étage avec neuf ordinateurs (7usagés et 2 nouveaux) et nous organisons descours d’informatique pour nos grands élèves etpour de jeunes pauvres dans la région. Unejeune dame américaine qui donne le coursd’anglais aux grands élèves s’est inscrite avecgrande joie pour être enseignante.Voilà quelques informations de l’École duCœur Anh Linh. Nous sommes engagées àquatre dans ce travail éducatif. Nous avonsvraiment la chance de travailler en équipe avecd’autres personnes pleines d’enthousiasme(7 enseignants et 2 cuisinières), de grandirensemble pour faire grandir les enfants.De ma part, ce n’est qu’un retour après unelongue absence de huit ans. J’étais une des troispremières sœurs qui étaient venues pour fondercette école en 1990. Avant de terminer, je vousredis tous mes sincères remerciements. Et à trèsbientôt !Amicalement.

Sr Marie Le Thi Thanh Nga, CongrégationNotre-Dame».

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profondément touchés par sa pudeur.3/ Puis, pour terminer, la démonstration dedanse et de musique africaine par la compa-gnie de Maître Nono, venue bénévolement,qui s’est terminée en une danse collective etconviviale.L’ensemble de cette soirée a permis la récoltede 1600 euros pour aider à la constructionde la boulangerie afin de venir en aide à unvillage isolé. Le pasteur Dorcas, présente lorsde cette soirée, fut extrêmement touchée parl’accueil que l’École alsacienne lui a réservé.Nous espérons que de nouveaux élèvesreprendront le flambeau pour poursuivrel’œuvre de nos trois lycéennes.En conclusion, cette soirée est la consécra-tion de dix mois de travail : du choix de l’as-sociation et du pays où l’on peut aller et desmoyens financiers à trouver pour le concré-tiser (vente quotidienne de gâteaux au foyer,obtention de la bourse du Possible de l’Écolealsacienne et de la bourse Projet PassionLycée en Action du Conseil régional d’Île deFrance).Il ne faut pas oublier que cette réussite estdue à l’enthousiasme et à l’investissementpermanent de Ani, Anne et Joséphine.

Voici quelques réactions :«Quelle jolie soirée, et surtout, quel beau tra-vail de transmission des découvertes, des senti-ments, des impressions et des souvenirs. Mercimesdemoiselles pour votre enthousiasme et votresens du partage ! » Carole Orsini, conseillèred’éducation niveau terminale de l’École alsa-cienne.«Cette fête de présentation du Togo a été d’unerare qualité par l’authenticité de l’engagementdes trois élèves qui se sont visiblement donnéescorps et âme sans compter, à la fois dans la pré-paration de leur action pendant toute l’année

Ani Simon-Kennedy, Joséphine Malet et Anne Costa de Beauregard, élèves en terminale, sont parties en août 2004, dans la région côtière du Togo, au sein de l’Association F.E.H. (Femmes et Enfants Heureux). Présidée par le pasteur Dorcas O. Dosseh, F.E.H. vient en aide aux veuves et orphelins (scolarisation / formation professionnelle).

L’École du c œUne soirée togolaise…• Anne Couraye,

responsable du foyer socio-culturel

À leur retour de ce séjour, nous avons sou-haité organiser une soirée pour continuerl’action humanitaire entreprise (soutien del’école Canaan Adidjo), pour relater l’expé-rience humaine vécue et pour partager unmoment de fête togolaise.Cette fête s’est déroulée en 3 étapes :1/ Des panneaux explicatifs sur F.E.H. etleur travail / vente de photos de paysages etd’enfants faites là-bas, de vêtements et de tis-sus importés.2/ La projection du film «Mikafuata», filmdocumentaire sur leur séjour, réalisé etmonté par Ani Simon-Kennedy qui nous a

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2003-2004, la préparation de la fête pendanttout le 1er trimestre 2004-2005, et par la qua-lité du contact qu’elles ont su établir avec leurscorrespondantes de l’école… (togolaise) pourouvrir un avenir à des relations fraternellesentre les deux communautés. Bravo pour cettepure manifestation qui a réjoui vivement tousceux qui aiment et honorent l’esprit de l’Écolealsacienne.» Jean-Marie Lazerges, professeurde mathématiques.« Je suis arrivée alors que la fête battait sonplein : musique et danse, nous étions enAfrique, dans une ambiance chaleureuse etgaie. La joie des élèves organisatrices devant lesuccès de leur action humanitaire était com-municative et porteuse d’espérance pour unesolidarité toujours plus grande. » ClaudeColombani, conseillère d’éducation niveaulycée de l’École alsacienne.«Ce fut une fête, c’est vrai. Nous avons dansé,bu et mangé, essayé des boubous très coquets,des tissus colorés… Ce fut aussi le résultat et lepartage d’une belle expérience humanitairevécue par des élèves de l’École alsacienne. Mercià celles-ci pour la présentation de leur film quipermet d’une part de mieux connaître leur pro-jet et d’autre part il soulève de nombreuses pro-blématiques de la société togolaise qui réson-nent particulièrement à l’heure où ce pays tra-verse une grave crise politique. » DominiqueSedletzki, enseignante au Petit Collège.«Merci à Ani, Anne et Joséphine pour cette soi-rée : rencontre d’une école, découverte d’unpays ; belle leçon de vie données par ces élèves :leur approche, leur engagement, leur aide ettout cela en musique, en danse… avec en plusune bonne organisation…» Josette Gentile,enseignante au Petit Collège.«Un pur moment de bonheur, un échange deculture indispensable, à renouveler. » KarineRoger, adjointe d’éducation du GrandCollège.

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La frimousse est une poupée de chiffon quisymbolise un de ces enfants. Son adoptionpar une famille qui accepte de faire un donpermet de sauver un enfant par la vaccina-tion : une frimousse créée égale une fri-mousse adoptée, égale un enfant vacciné.Ce projet m’a immédiatement séduite car ilest très adapté à des élèves de onzième.L’engagement de la classe est concret et cha-cun a bien compris son importance et lesobjectifs visés. D’autre part, l’action elle-même, fabriquer une poupée, est ludique etchargée d’une forte dimension affective.Enfin, ce projet permet de poursuivre et deconsolider les travaux d’aiguille entrepris enclasse de 12e avec Madame Caze.Les étapes de la création de la frimousse :- le rembourrage du corps,- la couture de l’ouverture du corps,- le choix des tissus et des accessoires pour

habiller la poupée,- le dessin des traits du visage et la réalisation

du visage.

Chaque enfant choisit ensuite un prénompour sa poupée et rédige sa carte d’identité.Chacun peut bien entendu adopter sa fri-mousse. Le cas échéant, c’est l’Unicef qui sechargera de l’adoption. Celui qui adopterala poupée enverra alors une carte postale àson créateur pour lui faire savoir que sa pou-pée a trouvé une maison.Aujourd’hui les poupées sont terminées, prê-tes à être adoptées. Un grand merci à l’en-semble des parents de la classe sans qui ceprojet aurait été difficile à mener. Les élèves

Mais qui sont ces drôles de poupées de chiffon qui s’appellentFlèche, Fatimata, Jules, ou encore Amour ?Elles sont nées en classe de 11e1 à l’issue d’une rencontre avec une bénévole de l’Unicef en janvier 2005. Les bénévoles de cette organisation agissent auprès des collectivités et en particulier des écoles, pour soutenir une campagne de vaccination au profit d’enfants du tiers-monde.

L’École du c œUnicef, drôles de frimousses !• Dominique Sedletzki, 11e1

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Les « fameuses » poupées

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se sont emparés de ce projet avec un belenthousiasme. Ses intérêts sont riches ets’inscrivent pleinement dans nos objectifsqui visent à ouvrir les enfants sur le monde:l’implication dans une action de solidarité etde fraternité et la sensibilisation de jeunesenfants à un grave problème de santé surlequel ils peuvent agir.À ce jour les enfants sont très fiers de pré-senter à toutes les classes du Petit Collègeleur belle poupée et d’en expliquer l’histoire.

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2004-2005 marquait nos adieux avec unetroupe solide, unie, fidèle, qui n’a jamaiscraint les difficultés ou les expériences origi-nales. Nous les avons, pour la plupart, ren-contrés à 8 ans ; ils nous quittent à 14. Unjoli bout de chemin…Nous tenions donc tous, élèves et profes-seurs à marquer le coup et ce que nous avonsvécu était à la hauteur, voire a dépassé, nosbelles espérances.Pourtant, nous n’avions peut-être jamais euun groupe aussi hétéroclite, puisqu’il réunis-sait tout l’éventail du collège de la sixième àla troisième ; des élèves que nous connais-sions depuis longtemps, aguerris à notre

des scènes, mis en scène des exercices, cher-ché l’état tragique, élaboré des structures,proposé de la musique et des sons… Et ainsi, un mois avant le spectacle, cettepetite angoisse, chez certains, de ne pas savoirà quoi ressemblerait finalement le spectacle,puisqu’il se construisait, chaque semaine, augré des improvisations et des discussions.Et au final, un spectacle unique, qui nous aparticulièrement émus.D’une part, parce qu’il a pratiquement étéconçu entièrement par nos élèves, qui ontchoisi leurs textes, leurs partenaires, leurmanière d’interpréter tel ou tel passage, lastructure finale, qui ont choisi leur costume.

Depuis maintenant plus de cinq ans que nous animons les Ateliers théâtre duCollège et du Petit Collège, nous avons croisé le chemin de beaucoup, beaucoupd’enfants. Et nous avons eu la joie d’en voir certains grandir, changer, mûrir, et nous donner leur confiance, en revenant année après année.Mais, le temps passe et s’il nous permet cet inestimable plaisir de les connaître de mieux en mieux, à mesure qu’il s’écoule, il nous amène aussi à nous séparerd’eux quand ils entrent au Lycée.

L’École des a r«Antigone(s) »

Les ateliers théâtre du Collège et du Petit Collège• Paul Bouffartigue,

Clara Dumond, Bertrand Festas, responsables des ateliers théâtre du Collège et du Petit Collège

manière de travailler, et de nouvelles recrues.Malgré la disparité, rarement un groupe s’estmontré aussi soudé, à l’écoute et généreuxdans le travail.Le thème: le mythe d’Antigone, la tragédie.Ce qui ne les a pas tous emballés au début(« trop vieux», « trop triste»), mais où ils ontsu très vite trouver ce qui leur correspondait,les touchait et qu’ils avaient envie de défen-dre.Des textes et des exercices ont jailli desimprovisations, des petites formes, soit desdizaines d’embryons de spectacles.Chaque mercredi, ils ont improvisé à partirdes différentes versions du mythe, travaillé

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NOTICE ÉLABORÉE AVEC LES ÉLÈVES JUSTE AVANTLE SPECTACLE DU SOIR :

Ce que l’on voudrait que vous sachiez avant devoir nos Antigones :- Nous avons travaillé collectivement à la cons-

truction de ce spectacle, les élèves sont d’âgesdifférents de 11 à 15 ans.

- Ce spectacle est le fruit d’un travail de lectu-res, de discussions, d’improvisations, d’exer-cices et d’explorations autour d’Antigone.

- Nous nous sommes inspirés de différentes ver-sions du mythe d’Antigone: Sophocle, Eschyle,Racine, Anouilh, Brecht, Cocteau, Bauchau.

- Ce spectacle vient juste de naître. La struc-ture a été décidée juste avant les vacances, la «distribution» également.

- Nous avons choisi de montrer les comédiensen attente, présents sur le plateau pendanttout le spectacle, disponibles.

Les plus jeunes n’étaient pas en reste cetteannée…Comme chaque année, les ateliers du PetitCollège montent chacun un spectacle qu’ilsrépètent au rythme d’une séance parsemaine et qu’ils présentent à leurs camara-des puis à leurs familles lors d’une journéeunique… Bravo à tous.

«La Cantatrice chauve» de Ionescomise en scène par Clara Dumond et FrançoisGarrigues avec l’atelier des 7e-8e

«L’amour médecin» de Molièreavec l’atelier des 9e-8e par Clara Dumond et Paul Bouffartigue

«Keskidi» montage de Clara Dumondd’après des textes de Jean Tardieu et de Karl Valentin, avec la classe de 8e

de Laurence Karsznia

«La princesse grenouille» d’après un conterusse, par Clara Dumond, classe de 10e

de Catherine Lozano

«Le Crime de l’Orient Express » d’après Agatha Christieavec l’atelier des 6e-5e et Charles-HenriWolff, élève de 3e - Clara Dumond et Bertrand Festas

Ensuite, parce qu’ils ont tous montré uneimplication exceptionnelle ; et que chez cegroupe en majorité féminin, les filles avaientenfin quelque chose à jouer qui leur était,d’une certaine manière, particulièrementproche.Les images qu’ils nous ont données tout aulong de l’année nous hanteront sans doutelongtemps.

Alors, Miléna, Anne, Aurélien, Luc, Nina,Lucile, Mathilde, Emma, Clara, Sibylle,Marie-Amélie, Pamina, Iris, Alice et Alice,Sarah, Louis et Louis, Clémence, Lou,Mathias, Joséphine, David, Adam, Justine,merci du fond du cœur, vous pouvez êtrefiers de vous.

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En effet, loin de la conception moderne etparfois tragique que nous nous faisons despièces de Molière, celles-ci usent au contrairedu pouvoir comique pour souligner un mes-sage qui s’avère souvent être moins léger queces œuvres ne voudraient le laisser croire…C’est dans cette optique que nous avonsappréhendé notre travail tout au long del’année. Tout d’abord en reconstituant unevéritable soirée théâtrale du dix-septième siè-cle, alors composée de deux œuvres, unecourte pièce en un acte précédant toujoursune œuvre plus longue, en trois ou cinqactes.

Notre choix s’est tout d’abordporté sur Les Précieuses Ridicules,

pièce qui présente l’avantage deposséder deux très beaux rôles

féminins (ce qui est rare puisque lethéâtre est le plus souvent écrit par et

pour des hommes). De plus, cette courtefarce permettait d’exploiter pleinement tou-tes les facettes comiques et le travail d’ex-pression que nous avions réalisé sur lesannées précédentes.La seconde pièce représentée fut Dom Juan,choisie pour ses multiples facettes, ses chan-gements de registres, mais aussi avec l’inten-tion de retrouver une certaine fraîcheur ori-ginelle : aux Dom Juan souvent âgés etcyniques, nous souhaitions opposer unDom Juan jeune, sincère, amoureux maisvolage, avide de pouvoir et surtout ridicule.

Ces grandes lignes définies, nous avons pucommencer les répétitions. L’occasion pourquelques anciens de s’initier à la mise enscène, tout en gardant un pied sur les plan-ches. Ainsi, Thomas Portnoy et moi-mêmeavons assisté Brice Parent et Anne Couraye,respectivement pour les répétitions desPrécieuses Ridicules et de Dom Juan.

Quels changements !

Après avoir travaillé pendant deuxannées sur la Commedia dell’arte (avecLe Roi Cerf de Carlo Gozzi et LesJumeaux Vénitiens de Carlo Goldoni),nous avons choisi de mettre à profitnotre étude d’un jeu comique etcorporel en nous penchant sur l’œuvred’un auteur formé à l’école des farceursitaliens et français, Molière.

L’École des a rLa comédie selon Molière• Armelle Grangé Cabane,

ancienne élève

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L’École des a r

« …cette courte farce,permettait d’exploiterpleinement toutesles facettescomiques et le travaild’expression quenous avions réalisésur les annéesprécédentes. »

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a rtsL’Atelier Théâtre nous avait déjà montrécombien il est enrichissant de participer à lacréation de la pièce dans son ensemble, enconstruisant, par exemple, les décors, ou enaidant à réaliser les costumes… mais voiciqu’une expérience nouvelle s’offrait à nous :travailler sur le but de la pièce même, et nonsur un rôle ; l’appréhender dans sa globalité,et non plus scène par scène ; trouver unecohérence à l’œuvre et adopter un parti-pris, suivant notre interprétation… Autantde facettes qui nous étaient étrangères jus-qu’alors…De plus, ce travail de mise en scène nous aénormément aidés dans notre travail d’ac-teurs. Tout d’abord, parce que nous avonsréalisé qu’il est difficile de diriger un groupede comédiens, et d’autant plus si ceux-ci nesont pas eux-mêmes concentrés… une prisede conscience qui a, je crois, beaucoupinfluencé notre attitude pendant les répéti-tions. Ensuite, notre étude de la pièce nousa familiarisés avec notre personnage, puisquenous avons passé beaucoup plus de temps àéchanger nos opinions et à méditer surcelles-ci. Enfin, le fait de considérer la piècedans sa globalité nous a permis de replacernotre rôle dans un contexte, ce qui donnaitune certaine continuité, une cohérence aujeu et à nos relations aux autres personnages.

Cette approche double des pièces a été unetrès belle expérience, autant sur le plan intel-lectuel que relationnel… une expérience quenous espérons renouveler l’an prochain afinde vous présenter notre nouvelle pièce et devous retrouver dans le public fidèle del’Atelier Théâtre !

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L’École des a r« …aux Dom Juan souvent âgés et cyniques, nous souhaitionsopposer un Dom Juan jeune,sincère, amoureux mais volage,avide de pouvoir et surtout ridicule. »

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Brice Parent, responsable de l’atelier théâtre, entouré de ses comédiens

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Le Salon du livre de L’École alsacienne a été un authentique succès… Le mercredi 8 décembre 2004, en quelques heures seulement (18h à 22h),l’établissement a accueilli près de 80 auteurs et reçu la visite de quelque800 personnes. La quantité de livres présentés était considérable : pas moins de 238 titres et 3859 exemplaires mis en vente. Le bénéficedégagé par les ventes servira à financer une bourse.

L’École des a rLe Salon du livre de l’École alsacienne• Michel Marbeau,

professeur d’histoire-géographie

Coup de tête de deux anciens élèves (YannLegargeant et Michel Marbeau, AE 1985),ce salon n’a pu voir le jour que grâce à uneexceptionnelle mobilisation de toutes lesénergies, notamment du foyer (AnneCouraye) et du CDI (Christine Bernard ettoute sa joyeuse équipe), l’association desanciens élèves de l’École alsacienne et biendes volontaires de tous bords, comme lesnombreux élèves qui ont assisté les auteurs.L’intendance a mis l’espace GermaineTailleferre et la salle polyfonctionnelle à ladisposition des organisateurs et a proposé unbuffet.

Laurent Gaudé, ancien élève, Prix Goncourt

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Les auteurs ont été répartis suivant plusieurscatégories : art, jeunesse/BD, fiction, essais,pédagogie. Ils étaient tous directement liés àl’École : anciens élèves, parents d’élèves,anciens parents d’élèves, professeurs.Outre l’événement que constitue ce salon, lasoirée du 8 décembre a été aussi l’occasiondu lancement de l’ouvrage de Jean-LouisSteinberg (AE), Des quatre, un seul est rentré,publié par l’association des anciens élèves del’École alsacienne. Ce récit autobiogra-phique évoque le destin tragique d’unefamille juive parisienne pendant la guerre etsa déportation à Auschwitz.

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a rtsJeunesse/BD

Bacharan NicoleBertherat MarieFeertchak SoniaGoldschmidt AlineGuilbaud FionaDe Halleux MartinMalyeJeanMoscovici Jean-ClaudeNoiville ChristineOlive GuillaumePrual RobertoSimmonnet DominiqueStroeva AnnaZhihong He

Fiction

Billetdoux RaphaëlleButel MichelCaby FrédéricCatonné Jean-MarieGaudé LaurentHammel Jean-PierreJouravliova NataliaLadrière MurielLamy PierreMalavoy ChristopheMoses EmmanuelBaxter JohnBougault-Da Silva Valérie

Cachin FrançoiseRachline FrançoisSarraute ClaudeShan SAJacquet ElizabethTong Cuong Valérie

Essais

Ameisen Jean-ClaudeBellassen JoëlChaine CatherineHacquard JulietteHartmann DanielPapin Yves-DenisSullerot Évelyne

Lettres, Langues

Montenot JeanRoze SylvieSchwartz-Gastine Isabelle

Histoire

Barthélemy DominiqueBaylac Marie-HélèneHacquard GeorgesHessel StéphaneLestringant FrankKennedy AlanMordzinski DanielNakov AndreïRiboud Marc

Marbeau MichelMargueron Jean-ClaudeMathiex JeanNora PierreSchmidt JoëlSchmidt Marie-FranceSteinberg Jean-LouisVirgili Fabrice

Actualité, Mondecontemporain

Baverez NicolasChaffetz DavidCohen-Tanugi LaurentHarbulot ChristianGuisnel JeanKouchner BernardMalet ÉmileSfeir AntoineSiham Alexandrine

Éducation, Pédagogie

Chalvin Marie-JosepheDédé AlexandreDonguès JeanMiquel Guy

Arts

Texier RichardTingaud Jean-Marc

Pour avoir accès aux biographies de la plupart des auteurs, il faut consulter les adresses internet suivantes :

http://www.ecole-alsacienne.org/article.php3?id_article=83(sur le site de l’École)

http://www.aaeea.com/actualites/actu_aaeea/salon_livre_2004_details (site de l’AAEEA)

Il est enfin possible de visionner la vidéo du salon du livre surle site de l’AAEEA:http://www.aaeea.com/Video/salon_livre_2004_video/

Malgré cette pléthore d’auteurs, nombreux sont ceux qui n’ontpas pu venir cette fois, cela promet une belle prochaine édi-tion, d’ici deux ans sans doute !Nous prions bien sûr tous ceux que nous aurions oubliés debien vouloir nous excuser, n’hésitez pas à vous signaler auprèsde [email protected] ou de [email protected]

Étaient présents…

Jean-Marie Catonné, professeur de philosophie

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Ainsi, le public a pu voir deux grands filmsde genre : le chef-d’œuvre de Brian dePalma, L’Impasse, présenté par FlorenceColombani, critique au Monde et l’une desmerveilles de Fritz Lang, classique entre lesclassiques, Les Contrebandiers de Moonfleetprésenté par Francis Vanoye dont la perti-nence des analyses nous a enthousiasmés.À l’opposé des films de gangsters ou d’aven-ture, nous avons présenté ensuite le cinémadu cinéaste chilien Raoul Ruiz. PauloBranco, producteur incontournable ducinéma français, est venu nous parler deTrois vies et une seule mort, de sa longue col-laboration avec le réalisateur et des momentsprivilégiés vécus auprès de MarcelloMastroianni dont il a produit les deux der-niers films.

Cette troisième édition a également faitl’objet d’une innovation : désormais,une séance est consacrée à un film sortien salle un an plus tôt.Notre choix a porté cette année surL’Esquive d’Abdellatif

Kechiche, choix heureux puisque quelquesjours avant la projection dans nos murs, cefilm était couronné par de nombreux Césars.Nous avons reçu les jeunes comédiens dufilm dans une ambiance plus qu’électriqueau cours d’une soirée chargée d’émotion, quivit la communion entre ces jeunes acteurs etnos élèves.

Enfin, nous avons clos la programmationpar la projection d’une avant-première.Cette année Man to man de Régis Wargniers’est imposé à nous tant le sujet faisait échoaux valeurs d’humanisme que défend l’Écoledepuis sa création.Comme chaque année depuis la premièreédition de la Semaine Cinéma, nous devonsà Jérôme Seydoux la chance de voir des filmsavant qu’ils ne sortent en salle. Nous tenonsici à le remercier chaleureusement.Un grand merci également au public, biensûr, d’être venu si nombreux (près de 3000demandes pour 1500 places disponibles surla semaine) et toutes nos excuses à ceux quin’ont pu assister à toutes les projections deleur choix.Enfin, nous tenons à remercier vivementPierre de Panafieu qui chaque année nousaide à développer davantage les activitéscinéma à l’École.

Rendez-vous en 2006 pour la prochaineSemaine Cinéma de l’École !

Du 28 mars au 2 avril 2005 a eu lieu à l’École la 3e SemaineCinéma. Chaque soir, nous avons projeté des films suivis de débats animés par des professionnels, des critiques et des universitaires.Comme pour les éditions précédentes, nous avons souhaitéoffrir la programmation la plus éclectique possible.

L’École des a rLa 3e Semaine Cinéma de l’École alsacienne• Gilles Perrin,

professeur de français, responsable de la Semaine Cinéma

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L’École des a rProjet Art

en liaison avec les activités « Théâtre » 10e1 et 11e2« Des visites de musées aux ateliers artistiques en classe… »

• Laurence Favre et Véronique Dugast

1re expédition :l’art africain au musée du Louvre

Assis autour des masques de bois dotés degénies, les enfants ont été transportés par lamagie des contes traditionnels…De retour en classe, un atelier de fabricationde masques africains s’imposait ! Chacun apu créer son «propre génie » à l’aide d’en-duits et de pigments naturels.

2e expédition :l’art asiatique au musée Guimet

La merveilleuse exposition «Lumières desoie» a retracé l’histoire de la soie depuis lever à soie jusqu’à la réalisation de somptueuxcostumes traditionnels asiatiques.Nous avons proposé à nos élèves de partici-per tous ensemble à la confection d’unimmense kimono : différents groupes ontdessiné, découpé et imprimé leurs différen-tes pièces à l’aide de polystyrène extrudérecouvert de peinture avant de les assembler.Les classes sont restées sans voix face à cecostume de samouraï géant sur lequel dra-gons et fleurs de lotus s’entremêlaient har-monieusement.

3e expédition :l’art muraliste d’Amérique à l’Unesco

Grâce à la fresque de Rufio Tamayo, les élè-ves ont approché l’art muraliste mexicainporteur de messages. Nous avons pris letemps d’étudier avec une conférencière lescouleurs, les motifs, les matériaux et le sup-port de cette œuvre flamboyante.L’intérêt porté à cette démarche artistique asuscité chez chaque artiste en herbe l’envied’exprimer un sentiment de paix, de justice,de colère ou de tendresse, etc. Sur desplaques de carton rigide, avec de l’enduit,des truelles, de la peinture et du sable, nospetits muralistes ont créé chacun une petitefresque. La trentaine de productions indivi-duelles a donné naissance à une immensefresque recouvrant tout un mur de notreclasse: nouvel émerveillement face à ce lumi-neux travail d’équipe !

2005 : Année du centenaire de la mort de Jules Verne ! Dans les journaux,à la télévision et dans tous les médias, on parle des fabuleux voyages de cet écrivain… « Cinq semaines en ballon »… imaginez… De quoi fairerêver petits et grands ! Les enfants ont pris la balle au bond et étaientprêts à s’embarquer pour une aventure artistique tout autour du monde !C’est ainsi que tout au long de cette année 2004-2005, les classes de 11e2 et 10e1 ont suivi Alexandra, animatrice culturelle, devenue pourl’occasion notre Philéas Fogg, pour faire un tour du monde de l’art.

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4e expédition :l’art européen au musée du Louvre

Au travers des tableaux, notamment reli-gieux, nos jeunes artistes ont pu apprécier lejeu du clair-obscur dans la peinture de laRenaissance en Europe.À l’École, l’atelier s’est déroulé en deux pha-ses : tout d’abord, notre animatrice culturelleavait installé dans notre salle un grand écransur lequel était projetée une lumière ; lesenfants n’avaient plus qu’à découper des sil-houettes «pleines » de personnages ou deséléments de décors pour construire un pay-sage qu’ils allaient animer à l’aide de baguet-tes à la manière des marionnettistes. Ce tra-vail a initié les élèves à la notion de perspec-tive. Lors d’une seconde phase, 2 par 2, ilsont décalqué leur visage sur du papiertransparent puis ont intégré la notion d’om-bre et de lumière à travers des «portraits évi-dés » ; un jeu de voix a donné vie à cesmarionnettes au cours d’une brève improvi-sation: applaudissements du public admira-tif de l’effet comique !

5e expédition :l’art océanien au musée du Louvre

Notre tour du monde de l’art s’est achevécomme il avait commencé, dans uneatmosphère envoûtante où règnent lesgénies…Réunis en cercle autour des sculptures depierre et d’éléments naturels, les aventuriersde l’art ont été captivés par les récits relatantl’histoire des Aborigènes de la Polynésie. Latête de Moaï, en basalte grandeur nature, estparticulièrement impressionnante : il fautaller la voir !

Sur les tables de la classe, plumes, perles,cailloux, coquillages de toutes sortes annon-çaient une activité artistique haute en cou-leurs et riche en créativité : chaque sculpteurdevait modeler son fétiche dans un blocd’argile en lui transmettant un pouvoirappelé «Mana» chez les tribus océaniennes.Quelle effervescence pour des résultats àfaire pâlir les sorciers papous ! !…

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L’École des a rProjet Art (suite)

mise en scène « Le tour du monde de l’art » – juin 2005• Laurence Favre

et Véronique Dugast

DÉPART D’EUROPE

Visite d’une grotte rupestre ; mime de chas-seurs préhistoriques. Ariane : «C’était uneoccasion de ne plus avoir peur et d’appren-dre à parler fort.» Thomas: «On a trois cho-ses à faire quand on joue sur scène : parlerfort, articuler et faire des mouvements. »

EN AFRIQUE

Scène de vie quotidienne dans un village ;danse de la pluie et jeu de masques ; chanttraditionnel africain «Toué Toué». MathéaFanny: «Ce que j’ai aimé dans le spectacle,c’est quand j’étais dans la peau d’un person-nage. J’ai trouvé que la pagode du chefpapou et le totem de la maman de Maxime étaient très beaux.»

EN ASIE

Légendes sur la découverte de la soie ; chant«Ching le petit Chinois » ; danse chinoiseavec les ombrelles. Elsa : « Ce qui est biendans un projet théâtre, c’est qu’on doitsavoir son rôle par cœur mais qu’il faut aussiconnaître les gestes à faire. »Arianna: «À la fin du théâtre, j’ai aimé chan-ter une chanson anglaise avec Céline C.»

EN OCÉANIE

Rencontre avec les Moaïs géants de l’île dePâques ; chanson des piroguiers «RameRame donc…» ; danse des vahinés puischant «Epo i taï taï é».Victor : « J’ai bien aimé quand un enfant de11e2 est monté dans la montgolfière.Passepartout était rigolo, il adorait les bellesdemoiselles comme l’impératrice de Chine.

Cette année, nous avons proposé à nos élèves de mettre à l’honneur le centenairede la mort de Jules Verne. « Voyage au centre de la terre », « Vingt mille lieues sousles mers », « Cinq semaines en ballon », « De la terre à la lune », « Le tour du mondeen 80 jours », etc., étaient propices à l’invention d’une mise en scène jouant sur la limite entre science et imaginaire.Dans un premier temps, ces voyages extraordinaires autour du monde nous ontconduits, avec Alexandra, notre animatrice culturelle, à la découverte de l’Art surles 5 continents : les masques africains du musée du Louvre, le costumetraditionnel asiatique en soie au musée Guimet, la fresque mexicaine de l’artmuraliste à l’Unesco, la peinture et clair-obscur de la Renaissance puis lessculptures Moaï de l’art océanien au musée du Louvre.

Dans un deuxième temps, cet apport de connaissances artistiques a donné matièreà une mise en scène mêlant l’univers de Jules Verne à l’imagination des enfants :« Le tour du monde de l’art » !Nos comédiens ont saisi cette occasion exceptionnelle de s’embarquer avec lescélèbres personnages des romans de Jules Verne, Philéas Fogg et Passepartout,pour partir à la découverte de l’art à travers le monde :

VOICI NOTRE TOUR DU MONDEARTISTIQUE EN 5 ESCALES…

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« PAROLES D’ENFANTS… »

- Ange-François : « J’ai aimé quand il y avait des phrases dures à apprendre. » - Joséphine : « Jetrouve que le théâtre c’est bien parce qu’on peut exprimer la joie, la tristesse ou même encore lacolère. » - Anaël : «C’était génial, ce beau spectacle ! J’ai adoré mon rôle de servante de l’impéra-trice et de la princesse d’Asie qui avait volé le secret de la soie. Ensuite, au buffet, il y avait des bar-bes à papa !…» - Charlotte : « J’ai beaucoup aimé cette pièce car j’ai appris beaucoup de choses.Les lumières étaient très belles. Ce spectacle était très réussi. J’aimerais bien en refaire un pareil. »- Céline C : « J’ai adoré le théâtre avec la maîtresse parce qu’elle a choisi «un super thème» etqu’elle a inventé des personnages pour tous les élèves. » - Anise : « J’ai aimé me maquiller et lancerdes fleurs au public. » - Grégoire : «Le théâtre est un travail collectif : j’adore ! Notre mise en scèneétait très imaginaire mais on s’est quand même inspirés de Jules Verne. Matthieu, un ancien élèvede Laurence, a fait le son et les lumières. » - Maxime : « J’ai bien aimé les vahinés qui bougeaientpartout et les ombrelles qui tournaient.» - Elias : «On avait tellement le trac… mais à la fin ona tous réussi ! » - Céline G: «J’ai trouvé que cette pièce de théâtre était belle. J’aimerais bien refairece spectacle parce que tout le monde jouait bien.»Félicitations à nos cinquante-quatre comédiens en herbe pour leur joyeux investissement danstoute la réalisation de la pièce et leurs compétences développées dans cette aventure théâtrale !

TOUS NOS SINCÈRES REMERCIEMENTS…

…aux quatre mamans déléguées qui ont siactivement et si positivement participé à ceprojet artistique, à Matthieu Silberstein pourle montage vidéo, son et lumière, à MireilleBerret pour la musique et les chants, àChristianne Gout pour toutes les danses, àMme Cazes pour la gestion des costumes etaccessoires en coulisses, aidée par nosanciens élèves du Grand Collège qui ontégalement mis en place les décors etmaquillé les enfants, à M. Ezerzer pour lemagnifique buffet et à toutes les familles denos deux classes !Encore merci à l’École alsacienne de per-mettre aux enfants de se construire harmo-nieusement en montant dès le plus jeune âgedes projets en équipe, telles ces «mises enscène pédagogiques», où le rôle de chacunest essentiel.

EN AMÉRIQUE

Transmission de la culture indienne par lechef de la tribu des Nez Percés ; danse del’amitié autour du totem. Félicie : «Les élè-ves du Grand Collège nous ont bien aidés.Les projections avec la terre et les animauxdont on parlait étaient géniales ! »

RETOUR VERS L’EUROPE

Chants finaux « Le Tour du Monde en 80jours » et «Hello to all the children of theworld ». Stanislas : « J’ai adoré les visitesqu’on a faites dans les musées pour préparernotre mise en scène. J’ai aimé la montgol-fière du père de Mathéa-Fanny et la dansepréhistorique apprise par Christianne, notreprofesseur de danse.»Autant de situations cocasses que de per-sonnages inventés de toutes pièces pour leplus grand bonheur de nos surprenantscomédiens alsaciens et le rire spontané desspectateurs conquis ! Une aventure théâtralequi laissera à tous des connaissances et demémorables souvenirs !

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Le cœur de l’École

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Du côté des archives : « Fruits et légumes » 64

Le conseil d’administration 66

Palmes académiques à Claude Colombani 68

Les nouvelles institutrices au Petit Collège 70

Chère Françoise… 72

L’organigramme 2005-2006 74

Résultats aux examens, poursuite des études 75

Hommage à Juliette Hacquard 76

In memoriam 78

Le carnet 79

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L’inventaire des boîtes d’archives de l’Écoleréserve de bons moments. Dans ces papiersjaunis, ces coupures de presse d’un passésouvent indéfini car elles ne sont pas tou-jours datées, on tombe sur des textes inat-tendus. En explorant la boîte nº1 concer-nant d’anciens élèves devenus célèbres ouayant acquis une certaine notoriété, j’aitrouvé le nom de Paul Bret. Il fréquental’École de 1909 à 1918 et, par la suite,devint artiste peintre. Délaissant un jour lepinceau pour la plume, il écrivit un articlesur un ami qui fut un médecin célèbre :«Albert Schweitzer, un portrait et quelquessouvenirs».

Le bon docteur, né à Kayserberg en Alsace,en 1875, était aussi pasteur et organiste dansla ville de Lambaréné, au Gabon, où il avaitfondé un centre hospitalier. Pas étonnantalors qu’il partageât sa vie entre l’hôpital et letemple, attentif tant aux soins du corps quede l’âme. Et Paul Bret de rapporter sur sonami Albert l’anecdote suivante :« Il tient l’harmonium aux mariages lorsqueles Noirs le lui demandent. Tout travaildevant être rémunéré, et l’hôpital en profi-tant, il a établi des tarifs : un régime de bana-nes pour la Marche de Lohengrin, trois régi-mes de bananes pour la Marche deMendelssohn. Un de ses néophytes qui avaitdemandé le plus beau morceau négligead’envoyer son dû. Neuf mois après,Schweitzer est appelé en hâte au fin fond dela brousse auprès d’une femme qui doitaccoucher. Il reconnaît son débiteur. S’étantrendu compte que l’enfant mal placé nepouvait naître avant vingt-quatre heures, ildit au futur père : “Le Seigneur n’est pascontent, tu n’as pas tenu ta promesse.L’enfant n’arrivera que lorsque tu aurasapporté les régimes de bananes”. Et le Noird’envoyer aussitôt ses parents au village voi-sin d’où ils revinrent le lendemain avec leurrécolte, au moment où l’enfant, avec l’aide

Du côté des archives« Fruits et légumes »

Fernand Pau,archiviste de l’École alsacienne

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du docteur Schweitzer, faisait son entréedans le monde».

Point final pour la partie fruits, passons àprésent aux légumes.Dans la boîte nº1 présentant d’anciens pro-fesseurs, j’ai relevé le nom d’ÉdouardNouvel qui enseigna l’histoire et la géogra-phie à l’École de 1906 à 1921. Enseignantinfatigable, auteur de manuels scolaires et debien d’autres publications didactiques, ilavait organisé et dirigé pendant les dernièresannées de la Grande Guerre une expériencede culture dans un champ fertile de la pro-che banlieue de Paris.Curieuse initiative prise par les ministres del’agriculture et de l’instruction publique del’époque qui avaient adressé un vibrant appelà la jeunesse scolarisée pour la mise en cul-ture des terres abandonnées. Appel entendudans le 6e. Trois semaines plus tard, un ter-rain d’environ un hectare était mis à ladisposition de l’École alsacienne à Bagneuxpar l’administration des chemins de fer del’État. Le premier jour, soixante-sept élèves semirent à l’œuvre sous la direction deNouvel, secondé par ses collègues Bastion etTestard. On planta 125 kg de topinambourset 500 de pommes de terre. Rien que la pro-duction de carottes, de navets et de haricotsrapportait pas mal. Récolte prévue de plu-sieurs milliers de kilos de rutabagas.Mécompte du côté des choux à cause de lasécheresse. Il y avait aussi des poireaux, desbettes, des potirons et des courges qui pros-péraient à souhait.Imaginez l’enthousiasme des jeunes cultiva-teurs qui voyaient, les jours passant, que surleur terrain ferroviaire les choses allaient vrai-ment bon train !

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Philippe Bosseau

architecte, ancien élève

La pédagogie propre à l’École, l’humanismequi s’en dégage, reposent sur des valeurs uni-verselles. Dès sa création l’École était ouvertesur le monde, sur l’autre. Les échanges, lesvoyages, les contacts avec les professeurs, lesanciens élèves, les parents d’élèves, ont tou-jours, tout au long de la déjà longue histoire

de l’École enrichi son enseignement.Le succès de cette pédagogie l’a poussée àinventer, toujours. Elle l’a fait à Paris pour laFrance, qu’elle le fasse ailleurs, aussi, pour lemonde.La France est le premier pays entretenanthors frontières un vaste réseau d’établisse-ments scolaires assurant le rayonnement denotre langue et de notre culture.L’École se doit d’y participer.Déjà en 1989 Thierry de Beaucé, parentd’élève, secrétaire d’État chargé des relationsculturelles internationales s’intéresse à larénovation des enseignements français àl’étranger.Il y a là une action à la hauteur de l’École.Les conditions sont favorables dans les paysfrancophones d’Afrique où une premièreimplantation peut s’envisager.L’offre d’enseignement de qualité diminue, lademande augmente. Les relations écoles-entreprises sont privilégiées.Pour l’École, la création d’un établissementen pays francophone d’Afrique assurera lapérennité des valeurs humanistes sur les-quelles elle base sa pédagogie, en prolongerale succès et démontrera encore une fois sacapacité d’innovation pour l’éducation desenfants, richesse humaine éternelle.

Benoît Chadenet

président de l’association des parents d’élèves

J’ai quatre enfants qui sont tous rentrés àl’École alsacienne en JE; aujourd’hui si mafille aînée est une ancienne élève de l’École,mes trois fils y sont toujours scolarisés (unen terminale et deux en troisième).Trouvant que l’École apportait beaucoup àmes enfants et appréciant vivement lesvaleurs mises en avant dans le projet péda-gogique et notamment le dialogue entre lesdifférents acteurs de l’éducation des enfants(les fameuses «quatre familles » de l’École :élèves, parents, professeurs et direction), c’esttrès naturellement qu’en 1999, lorsque j’aiété sollicité, je me suis présenté au comité deparents et depuis 2002 les membres ducomité m’ont fait l’honneur de m’élire pré-sident.Dans cette tâche, aidé par la disponibilité, lacompétence et l’imagination de beaucoupde parents, le comité s’efforce, en concerta-tion avec la direction et les enseignants, deproposer des réponses aux problèmes collec-tifs qui peuvent apparaître et d’imaginer lesévolutions nécessaires pour que l’École alsa-cienne reste fidèle à ses valeurs tout ens’adaptant aux évolutions de notre société.

Le conseil d’administration est unorgane indispensable au bonfonctionnement de l’École. Composéd’anciens directeurs, d’anciens élèves,de parents et d’anciens parents ainsique de la direction de l’École et dedeux représentants du personnel, il seréunit une fois par mois afin de passeren revue l’ensemble des questionsinhérentes à la vie de l’École. Il estprésidé par Mme Lise Grivois, ancienparent d’élève. Comment intègre-t-on leconseil d’administration et pour quellesmotivations ? Quelques membres nousexpliquent ce qui les a conduits àaccepter cette mission.

Le conseil d’administration

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Edouard Sautter

14 mars 2006Président d’honneur de l’École alsacienne

Fils d’ancien élève, père d’anciens élèves, j’ai,ainsi que ma famille, reçu beaucoup del’École. Arrivé à la vie active, il m’a paru nor-mal d’essayer de lui apporter une contribu-tion dans des domaines où je pouvais lui êtreutile. Après avoir été membre du Comité desparents, et l’avoir représenté au sein duconseil d’administration de l’AssociationÉcole alsacienne puis avoir été administra-teur à titre personnel, ce conseil m’a appeléà sa présidence en 1993 et j’ai alors succédéà mon éminent collègue Jean Donnedieu deVabres.Pendant mes neuf années à la tête de ceconseil jusqu’en 2002, j’ai, comme mes pré-décesseurs, assumé la responsabilité statu-taire de représenter l’Association dans sesrelations avec le monde extérieur, mais aussiavec la direction et le personnel dans le cadredu comité d’entreprise. Les novations quej’ai pu apporter concernent d’abord laconduite de l’important projet de rénova-tion et de construction de bâtiments moder-nes au 109 dans la transparence et la maî-trise budgétaire et en y associant toutes lesparties concernées afin de répondre aumieux aux besoins des futurs utilisateurs.Rappelons que cette opération a fait appel àun architecte de talent, Jean-MarieWilmotte et à un artiste contemporainPascal Convert. Ces novations ont concernéaussi l’introduction d’une comptabilité degestion, de la pratique de l’établissementd’objectifs pour la direction de l’École et laconstitution d’un fonds de réserve dans lesouci constant d’assurer l’indépendance del’École.C’est un grand sujet de satisfaction de cons-tater que l’École poursuit son chemin touten restant fidèle à ses valeurs, qu’elle conti-nue à innover et s’adapter dans les domainespédagogiques, culturels ainsi que dans lestechnologies de l’information.

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Blanche de Crépy

ancienne élève

L’École, où j’ai fait la totalité de ma scolarité,a été pour moi source d’épanouissement etd’ouverture. L’épanouissement personnels’est développé grâce au dialogue avec lesprofesseurs et à la qualité de leur enseigne-ment, mais aussi grâce aux nombreux amisavec qui je garde toujours aujourd’hui desliens forts.L’École m’a aussi apporté une ouverture surl’art et l’international grâce en particulieraux échanges et à l’apprentissage du chinois,ainsi que le sens de l’initiative et du travailen équipe.

M’investir dans l’École en tant qu’adminis-trateur, c’est pouvoir contribuer à mon tourà son développement et m’assurer quel’esprit de l’École se poursuit, tout ens’adaptant au monde d’aujourd’hui.En tant que « jeune ancienne élève », ainsique par ma formation en management etmon expérience dans les nouvelles techno-logies, je pense apporter une vision en phaseavec les problématiques actuelles et futuresdes élèves et de l’École.

Nicolas Trèves

ancien élève

Administrateur depuis 2003, Nicolas Trèvesest lié à l’École de longue date. En effet il ya effectué toute sa scolarité, son grand-pèreet sa mère furent également élèves. Ses qua-tre enfants ont été ou sont actuellement élè-ves de l’École alsacienne. Son grand-père futadministrateur de l’École dans les annéescinquante et soixante. Nicolas Treves a étébeaucoup impliqué dans la vie de l’École oùil a occupé la fonction de vice-président del’APE pendant quatre ans avant sa nomina-tion au conseil d’administration. Il estaujourd’hui professeur d’université au seindu département Sciences des technologiesde l’information et communication duConservatoire national des arts et métiers. Il est passionné d’art contemporain et à cetitre est administrateur des Amis du Palaisde Tokyo.

Ce qui l’a toujours marqué à l’École est sonouverture intellectuelle et vers le monde,l’inculcation des idées humanistes et durespect de l’autre, la possibilité de dialogueofferte à toutes les familles de l’École et bienentendu, le sérieux de l’enseignement. Le monde change aujourd’hui ; commentl’École doit-elle se positionner, évoluer touten ne rompant pas avec ses valeurs ? C’est cequi l’a motivé à entrer au conseil d’adminis-tration. Sa vision pour l’avenir : que l’Écoledonne tous les moyens à nos enfants, ses élè-ves, d’entrer dans le monde moderne, d’êtrecitoyens du monde.

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laires, pour des spectacles se terminant tardou par pure amitié. Tout cela fait que tu esindispensable à l’École, que tu as su incar-ner honnêtement, en étant toujours dans larecherche, le travail, la découverte, les valeurspropres à l’École alsacienne. En un mot, tues une personne sur qui on peut vraimentcompter.

Discours d’Annick Meignen,professeur de lettres

Aujourd’hui, tu es décorée des Palmes aca-démiques. Cette décoration est une recon-naissance de tes nombreuses années de travailefficace et fructueux. Que tu aies été profes-seur d’histoire et de géo ou maintenant CPEdans le deuxième cycle, toujours ont été pré-sentes tes qualités d’attention à autrui, d’exi-gence envers toi et d’enthousiasme. Te sou-viens-tu de ces vacances de Pâques où nousnous rencontrions régulièrement pour pré-parer notre dossier sur Rome? Tu m’as alorsbeaucoup appris par ta culture, ton plaisir àtravailler et ton esprit d’organisation. Mais,si aujourd’hui, Claude, nous faisons tonéloge, c’est qu’à ces qualités, il faut encore en

Discours d’Annie Boudesseul,ancien professeur d’allemand

Ma chère Claude,Te souviens-tu de cette époque déjà loin-taine, où nous nous retrouvions avec d’au-tres collègues dans la salle des professeurs,pour préparer, peaufiner, le cœur battant,nos interventions face aux parents, quiquelques heures plus tard prendraientconnaissance de nos programmes, de nosobjectifs, de nos méthodes? Évoquer Claudeet l’École alsacienne, cela revient à pronon-cer un mot, qui s’impose à mon espritcomme une évidence: l’engagement. Elle estun cœur loyal, ouvert, généreux, guidée pardes convictions, qui sont l’aboutissementd’une réflexion mûrie, soutenue par une opi-niâtreté, qui la fait mener à bien son action,j’ai envie de dire, sa mission. Par contre, ellen’est pas un cœur tiède. Pour preuve, sescolères toniques, qui l’envahissent, quandelle sent menacée l’une de ces valeurs, qu’elledéfend. Parler de tes colères me donne enviede parler de tes éclats de rire, qui fusent deplus en plus libres, comme des soleils de joie,d’humour, de malice. Mais ce ne sont paseux, qui te font mériter les Palmes acadé-miques mais plutôt les qualités, dont Annicket Gaëlle vont si bien parler. Ma chèreClaude, je suis heureuse et fière de partagerce beau moment avec toi.

Discours de Gaëlle Bosser,professeur d’arts plastiques

Ce que je tiens à célébrer, Claude, c’est taremarquable tolérance, ta capacité à te placerinstinctivement du côté de ceux qui se trou-vent momentanément en état de faiblesse,c’est le soutien que tu sais apporter lorsqu’ona besoin d’être écouté. C’est ce qui te per-met de remplir si bien ta fonction au sein del’École, tant auprès des élèves qu’auprès desadultes. Une écoute attentive, une empathienaturelle t’amènent à apporter un appuisolide à ceux qui font appel à toi. La notionde justice est sans doute une des valeurs quite tiennent le plus à cœur. Tu es prête à ladéfendre en t’engageant toujours à fond,avec un courage et un engagement personnelqui forcent l’admiration. Nombreuses som-mes-nous à avoir bénéficié de ton hospita-lité en cas de grève, à la veille de voyages sco-

Palmes académiquesà Claude Colombani, conseillère principale d’éducation au Grand Collège

ajouter d’autres, pour essayer d’exprimerplus complètement ta personnalité. Te carac-térisent aussi et surtout : la confiance, tantcelle que tu accordes aux autres que celle queles autres t’accordent; non pas une confianceaveugle mais une confiance partagée qui aideà mieux comprendre et par là même à mieuxse comprendre, une confiance qui ne jugepas mais qui suscite échange et entraide. Lecourage ; tu as vécu des moments doulou-reux ; tu nous a frappés par la manifestation– parfois silencieuse – d’une force inébran-lable et réconfortante. Tu sais te battre pourdes idées – même si tu trembles un peu – etjamais tu ne laisses passer ce qui te semblemalhonnête ou injuste. Et ton esprit deliberté donne tout leur sens à ces deux qua-lificatifs : tu cherches en effet toujours à tedéfinir, sans obéir aux a priori, en pesant lepour et le contre, en voulant découvrir cequi correspond le mieux à l’un ou à l’autre,ou encore à l’École. Et une fois sûre de toi,tu es capable de défier quiconque. Pour tou-tes ces qualités, tu es respectée, tu es appré-ciée et tu mérites pleinement ces palmes. Aunom du ministre, nous avons l’honneur dete remettre les Palmes académiques.

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Réponse P.A. Claude Colombani

Je remercie Pierre de Panafieu, Annick,Annie et Gaëlle pour tout ce qu’ils viennentde dire qui me touche beaucoup.C’est vrai que le respect des différences, la confiance sont des valeurs qui me tiennentparticulièrement à cœur et que j’ai toujourseu envie de transmettre.Mais, il est vrai aussi que j’ai été à très bonneécole, car quand je suis arrivée ici, il y a long-temps, je me suis sentie en confiance, je neme suis jamais sentie jugée, ni par la direc-tion, ni par mes collègues alors que j’avaistout à apprendre.Cette ambiance, c’est ce que l’on a appelépendant longtemps « l’esprit de l’École ».C’était le résultat d’une volonté collective dedéfendre au quotidien ces valeurs de respectet de confiance mutuelle qui permettent àchacun de donner le meilleur de lui-même etde se sentir libre.Aujourd’hui, on n’utilise plus cette expres-sion, sans doute démodée, mais je suisconvaincue que la majorité d’entre nous tra-vaille dans ce même état d’esprit.Si ce n’était pas le cas, je ne vois pas com-ment j’aurais pu rester si longtemps àl’École, avec aujourd’hui toujours le mêmeplaisir d’y travailler.

Alors, je nous souhaite de continuer ensem-ble dans cette direction et merci vraiment àtous pour cela.

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« Parler de tes colèresme donne envie deparler de tes éclats derire, qui fusent de plusen plus libres, commedes soleils de joie,d’humour, de malice. »

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placements dont un de cinq mois à l’Écolealsacienne en classe de 12e. À l’issue de ceremplacement qui m’avait enchantée, M. dePanafieu et Mme Briane m’ont précisé qu’ilsseraient heureux de m’accueillir dans l’é-quipe du Petit Collège dès qu’il y aurait unposte vacant.L’année suivante j’ai obtenu un poste detitulaire au collège Sévigné. Au cours decette année j’ai appris qu’un poste se libéraità l’École alsacienne, j’ai bien sûr postulé etM. de Panafieu et Mme Briane ont été fidè-les à leurs propos et j’ai intégré l’École en JEà la rentrée 2004.Je remercie encore aujourd’hui M. dePanafieu et Mme Briane, ainsi que l’équipedu Petit Collège.

V.F. : Pourquoi avez-vous choisi derevenir travailler à l’École alsacienne ?C.D: Je gardais un très bon souvenir duremplacement que j’avais effectué. J’avais ététrès bien accueillie, entourée par toutel’équipe du Petit Collège. J’avais pu me ren-dre compte que l’atmosphère générale àl’École permettait de travailler et d’évoluerdans une ambiance sereine et motivante ;

qu’il existait un réel dynamisme ainsi qu’unevéritable cohésion entre toute l’équipe duPetit Collège qui permettrait à quiconque deprogresser efficacement. Et il faut doncl’avouer, je n’avais qu’une hâte : que l’on mepropose un poste, et mon vœu s’est exaucé !

V.F. : Quelles sont vos impressions, au terme de cette première année, au sein du Petit Collège ?C.D: Mes premières impressions se sontconfirmées. Durant cette première année je suis restée discrète, j’ai beaucoup observé,je me suis imprégnée à mon rythme de la viede l’École, de son esprit… j’ai vraimentapprécié le travail d’équipe(écoute, échange,conseil), et l’effort de communication établientre les familles et l’École.À l’École alsacienne, on ne se sent pas seule ;tout projet peut être débattu et recevoir dusoutien pour accompagner sa réalisation.

V.F. : Pour avoir pratiqué à vos côtés,vous êtes d’un calme et d’une patiencehors norme avec vos élèves, pensez-vous que ces qualités soient requisespour enseigner en maternelle ?

Cécile Dréan et Véronique Soty,respectivement enseignantes au JE et en classe de 7e, font partie de l’équipe du Petit Collège depuisseptembre 2004. Elles ont gentimentaccepté de jouer le jeu desprésentations pour les Cahiers de l’École alsacienne.

Les nouvelles institutricesau Petit Collège

Interviews de Cécile Dréan, enseignante au jardind’enfants, et de Véronique Soty, enseignante en 7eInterviews

par Valérie Faggiolo

Valérie Faggiolo : Cécile, quel a étévotre parcours professionnel avantd’intégrer l’École alsacienne ?Cécile Dréan : Après l’obtention de mondiplôme de professeur des écoles, j’ai com-mencé mon parcours professionnel en tra-vaillant trois ans à l’école Émilie Brandt(éducation nouvelle à base Montessori) àLevallois-Perret en petite et moyenne sec-tion. Cela a été une très bonne premièreexpérience.Après la naissance de mon premier enfant,Maxime, je me suis arrêtée pendant un peuplus de deux ans au cours desquels d’ailleursest né mon deuxième garçon, Julien.À la rentrée 2003 j’ai repris mon activité etj’ai poursuivi mon parcours par deux rem-

Cécile Dréan

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C.D: Il est vrai que je bénéficie d’un tem-pérament plutôt calme, patient et je pensevraiment que ces traits de caractère me sontbien utiles pour enseigner.En effet, je me suis rendue compte au fil desannées après avoir expérimenté différentestechniques… que le fait de rester calme,d’avoir une attitude posée devant les enfantspermettaient de travailler dans uneatmosphère sereine et de passer en plus uneagréable journée !

V.F. : Selon vous, quelle place occupe le JE dans la scolarité d’un élève de l’École alsacienne ?C.D: Le JE occupe une place importante :premier contact pour les familles avec l’espritde l’École alsacienne, pour les enfants aussi.En effet dès le JE, nous essayons d’être leplus disponible possible, nous établissonsune relation de confiance ; nous donnonsaux parents des explications sur le fonction-nement de l’École, nous dialoguons toutel’année beaucoup et cela continue bien sûraprès. Certains enfants qui arrivent à l’Écoleen JE poursuivent leur scolarité jusqu’enterminale et durant toutes ces années, peu-vent se tisser des liens très forts.

V.F. : Envisagez-vous de changer de niveau de classe et d’enseigner avec des élèves plus grands ?C.D: Oui, je garde d’ailleurs de bons sou-venirs de mes passages en cycle 3 ; mais cen’est pas encore dans mes projets. Je veuxfaire « le tour de la question» en jardin d’en-fants. J’ai encore beaucoup à faire, des pro-jets à concrétiser…

V.F. : En dehors de votre profession, et s’il vous reste encore du temps…pratiquez-vous des activités ?C.D: J’ai la chance de vivre dans un villageau milieu de la forêt, vous imaginez que lesactivités ne manquent pas : balades à pied,en vélo… profiter du calme et de la nature.

V.F. : Quelle question auriez-voussouhaité que je vous pose ?C.D: Alors, heureuse?

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Valérie Faggiolo : Véronique, pouvez-vous nous retracer votre expérienced’enseignante avant de rejoindrel’École alsacienne ?Véronique Soty: J’ai démarré par convictionpédagogique à l’École nouvelle d’Antony, unvrai combat idéologique fait de rencontreshumaines inégalées : collaboration à diffé-rentes instances de l’École, participation auclub des Cordelières pour la recherchemathématique, coopération avec l’école deCélestin Freinet à Vence… un enrichisse-ment toujours présent dans ma pratique.Puis c’est au tour du collège Sévigné dem’accueillir. Grâce à l’appui du chef d’éta-blissement, je peux créer ma propre appro-che pédagogique de la lecture, en donnantl’envie de lire aux enfants à travers la littéra-ture enfantine.

V.F. : Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de changer d’établissement ?V.S : Afin de relancer ma carrière, en meremettant en question, et en cherchant àconstruire une pédagogie collaborative: inté-grer une équipe pédagogique pluridiscipli-naire regroupant professeurs d’école et ensei-gnants spécialisés, confronter nos démarcheset réflexions didactiques sur un mêmeniveau, décloisonner, et rester guidée par unsouci d’ouverture d’esprit, de coopérationpositive. Enfin, redécouvrir et mettre enœuvre la pédagogie de projet, qui demeuremon principal moteur.

V.F. : L’École alsacienne a-t-elle réponduà vos attentes ? Et que souhaiteriez-vous y apporter à votre tour ?V.S : Tout à fait, c’est pour moi une redé-couverte du dynamisme de mes débuts d’en-seignante, avec une pédagogie du « tout estpossible », ma motivation étant la mêmequ’aux premiers jours où je suis entrée dansune classe: inventer, adapter pour plus d’effi-cacité et de plaisir dans les apprentissages.

V.F.: Vous travaillez avec des élèves de septième depuis un an déjà, commentvous sentez-vous dans ce niveau?V.S : Comme un béluga dans le Saint-Laurent : un vrai choix au départ que je suisheureuse d’avoir pu réaliser après dix annéespassées au service de la lecture au cours pré-

paratoire. C’est un nouvel univers tout aussiriche tant sur le plan professionnel que rela-tionnel auprès des enfants et de l’équipe !

V.F. : Le mot « engagement » revêt une signification particulière pour vous,dans votre pratique professionnellemais également dans votre viepersonnelle, souhaitez-vous nous en dire plus ?V.S: L’enseignement est clairement ma voca-tion, depuis toujours. Mon parcours profes-sionnel est donc aussi passionné que rai-sonné, et je continue inlassablement de m’yengager à 100 %. Il en est de même dans mavie privée. Je suis une grande privilégiée, j’enai pleinement conscience.

V.F. : Vous êtes dotée d’une joie de vivrequasi permanente, quel est donc votresecret ?V.S: Le bénévolat en soins palliatifs permetde relativiser et de profiter pleinement desjoies qui nous sont offertes au quotidienlorsque l’on sait les reconnaître afin qu’ellesne nous échappent pas. «Vis aujourd’huicomme si tu allais mourir demain» pourraitêtre une maxime à développer… Du reste,contrairement à ce que la rumeur laisseentendre, je ne suis en réalité pas du toutenseignante. Toute mon action est entière-ment dirigée vers l’écriture d’un one womanshow, et je puise allégrement dans toute lamatière, les situations, les «personnages» quise présentent chaque jour à moi à l’Alsa-cienne pour le nourrir…

V.F. : Quelle question auriez-vous doncsouhaité que je vous pose ?V.S: «Quand et où vous produirez-vous?»,à laquelle je répondrai sobrement : « toutarrive à qui sait attendre».

Véronique Soty

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une institution ouverte, où le travaild’équipe et la concertation sont des exigen-ces permanentes. Je crois que vous aveztrouvé tout ce qui vous tenait à cœur danscette École alsacienne puisque vous y êtesrestée vingt-sept ans. Bien sûr vous avez faitvotre métier de maîtresse mais vous avezexercé toutes vos responsabilités en prenanttoujours une part active à la vie de l’institu-tion, dans ses différentes instances, où vousavez été souvent élue, dans votre rôle de for-matrice auprès de stagiaires, d’élèves-institu-teurs auxquels vous avez consacré beaucoupde temps. Vous aimez les échanges d’idées,la convivialité, l’amitié. Je sais que vous avezaussi trouvé tout cela. Pendant tout cetemps, votre famille s’est agrandie. Vous avezeu quatre enfants, tous élèves de l’École. Etvous avez réussi, Françoise, à demeurer mèred’élèves pendant vingt-cinq ans. Vous l’êtesencore et le resterez encore demain puisquevotre dernière fille, Louise-Eugénie, entre ensixième. Vous êtes sans doute dans cedomaine une de nos championnes de la lon-gévité. Vous n’êtes pas mal placée non plusdans le club des maîtresses de onzième. Sanségaler le record de notre chère JacquelineBuisson (36 ans en onzième, si ma mémoireest bonne), vous arrivez à un total respecta-ble : 5 ans de onzième à Sainte-Ursule, 11ans à l’École alsacienne : 16 ans ! Voilà quivous place dans le peloton de tête ! Vous avezdonc appris à lire à plus de 400 élèves.Ensuite vous avez sagement entrepris votreascension: 3 ans en dizième, 7 ans en neu-vième, 5 ans en huitième… À tous lesniveaux de classe vous avez montré lesmêmes qualités et le même engagement. Je tiens à citer les propos des responsablespédagogiques qui ont à différents momentsde votre carrière évalué votre travail.D’abord la directrice de Sainte-Ursule :«Madame Gazel, très ponctuelle et trèsexacte, a toujours su offrir à ses élèves lesrichesses de sa culture et de sa personnalité ausein d’une atmosphère à la fois sérieuse etcalme. Toujours souriante, s’intéressant à laformation totale de chaque enfant, elle atoujours vécu de très bons contacts aveceux.» Ensuite, Mme Malcome, à l’École alsa-cienne : « J’ai, à plusieurs reprises, eu l’occa-sion de vous dire combien j’appréciais l’at-mosphère chaleureuse de votre classe, votredisponibilité, votre respect de la personna-

lité de chacun de vos élèves, la richesse desobservations quotidiennes portées dansvotre cahier de bord. » Enfin, MonsieurUberschlag, Inspecteur de l’Éducationnationale, qui observe : « Les élèves sontentraînés à l’initiative et à l’autonomie. Le cahier journal est remarquablementtenu.» Je suis la troisième directrice sur votrechemin et je souscris pleinement à tout cequi précède. J’ai apprécié la finesse de vosanalyses et votre recherche de la décisionjuste. J’ai vu combien la recherche de l’équi-libre et de l’harmonie fondait votre visiondes choses. Je résumerai à ma façon en dis-ant que pour vous «bien apprendre » resteindissociable du «bien vivre». Vous avez encela toujours été fidèle aux principes de l’É-cole où être heureux et bien travailler sontdeux propositions très compatibles, où ledroit à l’erreur est un des moteurs du per-fectionnement. Les parents n’ont pas été lesderniers à apprécier votre chaleur, votreesprit positif, votre suivi rigoureux etconfiant. Confiance que vous accordez tou-jours à l’enfant, rappelant que la maîtrise del’orthographe et autres douceurs grammati-cales exige une longue construction, rappe-lant que «patience et longueur de tempsfont plus que force ni que rage» ! Merci pourtout, Françoise, et d’avoir su allier ce sens dela mesure à votre nature généreuse ! Pourvous dire merci d’une manière pas tropconventionnelle, j’ai choisi de vous faireécouter quelque chose : c’est la cloche de lacour du Petit Collège, celle qui sonne lesrécréations, et pour vous, Françoise, aujour-d’hui, elle a sonné le début de votre «granderécréation».

Chère Françoise…Discours de Josiane Briane, directrice du Petit Collège, à l’occasion du départ à la retraite de Françoise Gazel

Le 30 juin 2004,Chère Françoise, c’est toujours dans un étatd’esprit particulier que je prends la parolepour rendre hommage aux collègues quipartent à la retraite. Oui, je sais, vous n’ai-mez pas ces mots, vous parlez de prendreune « grande récréation». Nous y revien-drons. En même temps que je partage avecvous l’espoir d’un renouveau, une sorte d’al-légresse même à imaginer tous les possiblesqui feront votre avenir, je ne peux m’empê-cher de ressentir la tristesse d’une séparationannoncée. Pourtant il faut regarder – et vouspouvez légitimement regarder – avec fiertéet sérénité, ce qui devient aujourd’hui votrepassé dans une profession que vous avezchoisie tôt. Vous aviez commencé votre car-rière à l’école Sainte-Ursule depuis cinq anset obtenu votre CAP lorsque vous avezapproché l’École alsacienne. Vous cherchiezsans doute un renouvellement de vos pra-tiques, l’approfondissement du métier dans

…elle a sonné le début de votre« grande récréation »

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Réponse de Françoise Gazel

Départ en grande récréation « À la manière de Philippe Delerm »

C’est bon d’entendre des paroles élogieuses,tellement bon que l’on se demande si l’onen est vraiment le destinataire ! Merci à touspour ces témoignages. C’est bon avant ledépart en grande récréation de penser à toutce que l’on va s’autoriser à faire : aller aucinéma à 11 heures le matin, même les joursd’école, visiter les expositions sans un cha-pelet d’enfants avec soi, sortir en semaine,regarder les meilleures émissions TV, cellesqui passent tard, penser physiquement à soi,oublier sa montre, remettre au lendemain…traîner un peu, aller au marché quand on ena envie, oublier les évaluations, les réunions,les répartitions, les punitions. Mais ce départpour ma grande récréation, fût-il anticipé etvolontaire, c’est tout de même une grandeinconnue. Surtout quand votre petite der-nière vous regarde droit dans les yeux et vousdit : «Maman, tu es vraiment sûre de vou-loir partir ? » Pourtant, depuis hier, le destinm’a envoyé un signe : une fuite d’eau dansma classe par le plafond m’a clairement indi-qué qu’il fallait quitter le navire avant qu’il neprenne l’eau ! C’est bien pour un métierauquel je ne pensais pas me consacrer dem’avoir permis de m’épanouir et je l’espèred’avoir épanoui quelques générations d’élè-ves. L’enseignement que j’ai reçu n’avait paspour mission première l’ouverture sur la vieni l’épanouissement de la personnalité.L’enfant dissipée et un peu contestataire quej’étais n’avait pas la vocation pour ce métierqui ne me semblait guère propice à se sentirbien dans la vie. C’est pourquoi c’est bond’avoir découvert l’École alsacienne. C’estbon d’y avoir fait quelques bonnes rencon-tres qui ont été bénéfiques tant sur un planpersonnel que professionnel. C’est bond’avoir pu écrire quelques ouvrages scolairesoù le travail d’équipe avait tout son sens.C’est bon d’avoir toujours été encouragée àfaire diverses formations, certaines vieillescopines n’auront pas oublié, je l’espère, uncertain voyage à Londres… C’est bien

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C’est bon…d’avoir eu mes enfants près de moi pendantleur scolarité, la mère et l’enseignante que jesuis en ont été comblées. Merci donc à tou-tes les personnes qui, de près ou de loin ontcontribué à leur formation. C’est bon mêmesi, une certaine copine a emmené mon petitgarçon de quatre ans à Saint-Bargeau, par-don: Saint-Fargeau ! c’est bon d’avoir cettesoirée qui nous prouve que l’humain trouvetoujours sa place à l’École. C’est bon d’avoirdécouvert chaque rentrée des élèves aux per-sonnalités bien différentes et de tous s’êtreralliés tout au long de l’année autour d’unmême projet. L’aventure n’a jamais été déce-vante et toujours nouvelle. C’est bien d’avoirdécouvert une source dans l’Isère, d’avoirescaladé des volcans, d’avoir eu une classeastronomie sans soleil mais avec beaucoupde nuages et de pluie, c’est bon d’avoirdécouvert la fabrication du Saint-Nectairedans des conditions plus que rustiques,c’était bon le Périgord. Dépaysante laBelgique et très mystérieuse la Bretagne deskorrigans. C’est bon d’avoir eu une équipepluridisciplinaire très efficace sans laquellebeaucoup de projets n’auraient pas aboutiavec la même qualité. C’est bon d’avoir eudes parents d’élèves généralement coopé-rants et sachant faire profiter les enfants deleurs compétences en s’investissant dans desexposés ou des visites. C’est bon d’avoir été

très entourée dans des moments difficilesmais aussi dans des moments très heureux.C’est bon lorsque l’on vous demande oùvous enseignez et que l’on vous dit, admira-tif : «Ah ! l’École alsacienne, c’est une trèsbonne école !» Vous l’avez compris, c’est bond’avoir été enseignante à l’École alsacienne.Mais que c’est bon de passer de l’autre côtéde la barrière et de devenir une simple mèreexigeante ! C’est bon de partir avant de vouslasser. La cloche a sonné, me voilà en granderécréation.

…c’est bond’avoir découvertla fabrication du Saint-Nectaire

…aller au cinéma à 11 heures le matin, mêmeles jours d’école,visiter lesexpositions sans un chapeletd’enfants avecsoi, sortir en semaine,regarder les meilleuresémissions TV,…

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L’organigramme 2005-2006

CONSEIL D’ADMINISTRATIONPrésidents d’honneur : M. J. Donnedieu de Vabres, M. É. SautterVice-président d’honneur : M. C. LabouretMembre d’honneur : Mme P. GuisezPrésidente : Mme L. GrivoisVice-présidents : M. T. Breton, M. J.-P. HammelTrésorier : M. D. VitrySecrétaire : M. A. Grangé-CabaneAdministrateurs : Mme M. Bauer, M. P. Bosseau représentantl’AAEEA, Mme A. Postel Vinay, M. P. Rachline, M. Chadenetreprésentant l’APEEA, M. J.-P. Dudézert, Mme M. Turpin, M. N. Trèves

DIRECTIONDirecteur : M. P. de PanafieuSecrétaires : Mme D. Bonnet, Mme B. Carvalho

PETIT COLLÈGEDirectrice : Mme J. BrianeSecrétaire : Mme D. LegeayConseiller d’éducation : M. B. BourdeauAdjoints d’éducation: Mme L. Karsznia remplacée par Mme K. Hubert,Mme C. Cugnet, M. L. O. CourrègesPsychologue : Mme S. SorgBibliothèque : Mme B. Acquart, Mme A. KowakaAssistante maternelle et demi-pension des classes maternelles :Mme S. Géneau de Lamarlière

PROFESSEURS PETIT COLLÈGEStéphanie Brami (CM1), Valérie Champenois (CE2), PascaleDangeugé-Piprel (CM2), Cécile Dréan (JE1), Véronique Dugast (CP),Valérie Faggiolo (GS), Laurence Favre (CE1), Sylvie François (CM1),Josette Gentile (CE2), Florence Grosfilley (CP), Olga Gardette (GS),Laurence Karsznia (CM1), Cécile Labarre (CE2), Céline Lauga (JE2),Catherine Lozano (CM2), Isabelle Mosnier (CM2), France Ratajczak(CE1), Dominique Sedletzki (CP), Martin Simon (CE1), VéroniqueSoty (CM2)

Anglais : Isabelle Clément, Sybil Kayser, Ursula PayneChinois : Anne Huang, Ma Li, Xiaome WeinichPsychomotricité : Sylviane Duchesnay, Dominique TardyÉducation physique : Alain HardyDessin : Sophie de Buscher, Bernard DevismeEnseignement musical : Mireille BerretPoterie : Sophie de Buscher

GRAND COLLÈGECenseur : M. J. DonadieuAdjoint : M. E. MarsilleChargée de mission sur l’ouverture internationale de l’Écolealsacienne : Mme M. EllingerSecrétaire chargée des échanges : Mme Ch. MoreauSecrétaire : Mlle V. SofroniadesConseillers d’éducation : Mme C. Orsini (terminales), M. F. Darot(chargé de l’étude et des activités annexes), Mlle C. Colombani (1re, 2de, 3e), Mme C. Guillaud (4e, 5e, 6e)Adjoints d’éducation : Mme K. Roger (terminales), Mme M. Mulot (1re),Mme E. Benso (2de), Mme C. Lognon (3e),

M. J.-M. Cordeaux (4e), Mme F. Hardy (5e), M. A. Cissé (6e), Mme V. Gold-Dag et Mlle E. François (entrée et demi-pension), M. T. Zamouri (entrée)Foyer centre culturel : Mlle A. CourayeService psychologique : M. E. Hervé-Lauvray, Mme P. ZaréaLaboratoire de sciences physiques : Mlle V. Denion, M. V. KhinLaboratoire de sciences de la vie et de la terre : Mme S. Barache

PROFESSEURS GRAND COLLÈGESciences économiques et sociales : Jacques Donadieu, FrédéricDorothée, Jean-Luc LemaireLangues vivantes : Anne-Marie Baudon (anglais), Bella Benaroche(hébreu), Maryse Buisson (espagnol), Jean-Michel Chauvière(allemand), Annie Clément (espagnol), Gérard Coffin (allemand),Natalia Henry (russe), Isabelle de Kisch (anglais), Patricia LeSénéchal (anglais), Ma Li (chinois), Marc Pilven (anglais), MarjoriePlattel (anglais), Anke Späth (allemand), Sophie Stevenson (anglais),Sophie Vigouroux Dubos (anglais), Françoise Wasservogel (anglais),Xiaome Weinich (chinois), Sabrina Fama (italien)Sciences physiques : Michel Lagouge, Marie-Agnès Lahellec,Alain Pailler, Valérie Genet, Brigitte Piveteau, Montaine Deslandes,Sébastien GhobadiSciences de la vie et de la terre : Martine Fayet, Claudine Granbois,Dominique Sauvage, Sandrine Ponton, Brigitte Monnier,Christian ViennetMathématiques : Laurent Barbier, Marie-Christine Bras, MartineBreillot, Alexandre Dédé, Caroline d’Estalenx, Élisabeth Jeanneney,Christine Larrieu, Jean-Marie Lazerges, Sylvain Menasché,Thomas Péteul, RabetanetyLettres : Robert de Mari, Marie Gauthier-Faure, Gisèle Godde,Magali Kneip-Jéquier, Daniel Hartmann, Monique Mollet, MurielLadrière, Annick Meignen, Brice Parent, Gilles Perrin, Sylvie Rozé,Richard Sack, Jean-Dominique VinchonHistoire-géographie : Marie-Hélène Baylac, François Colodiet,Dominique Boyer, Claude Colombani, Martine Crauk,Michel Deschamps, Jeanine Léon, Michel Marbeau, Pierre de Panafieu, Isabelle Le Touzé, Hélène BechetMusique : Dominique DeplusTechnologie : Thomas Dekup, Marie-Pierre Paulien, Marie-Christine RizosPhilosophie : Jean-Marie Catonné, Jean MontenotEPS : Aline Durrieu, Florence Garat, Philippe Giet, Jean-Pierre Sarge, Frédéric Chich, Cécile DougéArts plastiques : Bernard Devisme, Gaëlle BosserCentre de Documentation et d’Information (CDI) :Christine Bernard, Sylvie Bordron, Romain Borrelli, FrançoiseCatonné, Thomas Dekup, Daniel Faugeron (vidéo), Patrick Ourednik

INTENDANCEIntendante : Mme V. MorinAdjointe : Mme A. SimmatResponsable informatique : M. Th. DrouinSecrétaires d’intendance: Mme E. Stahl, Mme C. Touboul, Mme F. DiengRéception standard 109 : Mme K. Delestre, M. D. VannierRéception et standard 128 : Mme D. ParientyMaintenance, sécurité : M. M. MachilsEntretien : M. N. Bouquet, M. Z. M’biandja, M. A. Ratel

SERVICES COMMUNS À TOUTE L’ÉCOLEService médical : Dr J. Colin Bignon, Mme M. Doulcet, Mme A. LanoyDemi-pension : M. B. Kitumba

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Résultat aux examens,poursuite des études

RÉSULTATS AUX EXAMENS 2005

Brevet des Collèges2000 2001 2002 2003 2004 2005

inscrits 155 138 144 143 164 163admis 153 131 143 142 160 161taux de réussite (%) 98,70 95,00 99,30 99,30 97,56 99,38moyenne nationale (%) 79,00 78,60 79,10 78,30 79,90 Paris 77

Baccalauréat du second degré2000 2001 2002 2003 2004 2005

inscrits 143 151 149 148 145 144admis 134 144 140 140 144 141taux de réussite (%) 93,71 95,36 93,96 94,59 99,31 97,92moyenne nationale (%) 79,80 79,40 80,30 83,60 79,30 84,10mentions (%) 52,99 49,31 55,71 59,29 63,19 63,12

Taux de réussite par séries (%)2000 2001 2002 2003 2004 2005

L 97,00 100,00 100,00 100,00 97,00 100,00ES 84,00 97,00 100,00 97,00 100,00 100,00S 96,00 93,00 89,00 90,00 100,00 96,00

POURSUITE DES ÉTUDES

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005par type d’enseignementclasses préparatoires 43 % 42 % 40 % 39 % 37 % 33 % 38 % 29 %universités 45 % 46 % 54 % 39 % 49 % 57 % 50 % 53 %écoles spécialisées 8 % 8 % 5 % 19 % 12 % 9 % 9 % 13 %étranger 4 % 4 % 1 % 3 % 2 % 1 % 3 % 5 %par secteur d’étudesciences 26 % 23 % 28 % 36 % 32 % 30 % 37 % 29 %lettres/langues/sc. humaines/arts 41 % 34,5 % 35 % 32 % 40 % 41 % 32 % 35 %droit/sc. politiques/commerce 33 % 42,5 % 37 % 32 % 38 % 29 % 31 % 36 %

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sés, accompagnés, rêvés peut-être par d’autresaprès avoir disparu ? Ne nous faut-il pasaccepter aussi cette part d’absence à nous-même qui nous a précédés et qui nous sur-vivra dans la mémoire et les rêves des autres?Nous ne sommes jamais seuls à inventernotre chemin. Les langues que nous parlons,que tu parlais, les villes et les villages quenous habitons, que tu habitais, l’écriture, lamusique, la poésie, ce que nous savons, ceque tu savais, de la vie et de la course desétoiles à travers le ciel, et de l’art des jardinsque tu aimais tant, nos croyances, nos priè-res, la foi qui t’habitait, et jusqu’à la manièredont nous nous séparons de toi… tout –presque tout – de ce que nous pensonsnôtre, faisons nôtre en nous l’appropriant,nous a été transmis, légué, à travers l’espaceet le temps. Nous sommes faits de mémoireet de rêves. Nous sommes faits de lamémoire et des rêves des morts. Nous vivonsde leur absence. Nous la réinventons. Noussommes le témoignage de ce que l’absencepeut faire naître, quand elle devientmémoire.Si nul ne peut vraiment être certain de cequ’il advient aux morts, ce que nous savons,c’est que nous leur devons d’être ce que noussommes. Je leur dois – je te dois – d’être ceque je suis. Mais je sais aussi qu’une partessentielle de ce que tu as été m’est à jamaisperdue. La mémoire de l’absence est aussimémoire de ce que je ne connaîtrai pas, pro-messe interrompue avant d’avoir pu sedéployer : une vie – une énigme –, faite d’in-terrogations, de rêves, d’amour et de respect.Et cet amour nous permet de transformer enpartage ce qui pourrait n’être qu’héritage. Enprésence ce qui pourrait n’être qu’oubli. Deprendre aujourd’hui une place auprès de toi,et de t’en donner une, nouvelle, à nos côtés.Dans le silence. Dans ton silence. Dans cesilence dont tu disais :

«Et toi Silence es-tu vraiment un fait de mort ?N’es-tu pas le secretle senset la matièrede ma vie ?Pourquoi séparer en deuxl’unique fleuve ? »

Tu écrivais des livres joyeux et déchirants.«Diogène», « Jardins mon unique jardin»,«Complainte pour ma sœur morte », «Lesjeux du temps et de l’éternité ». Tu écrivaisdes nouvelles, «Marie Vélabre», et des can-tiques, «La prière à Notre-Dame de la Joie»qu’a chantée le chœur des Petits chanteurs àla croix de bois. Tu cherchais la présence deDieu dans le regard et le chant des oiseaux.Tu savais que Dieu habite le monde, et quele monde est beau d’être habité, dans sa plusrude simplicité et dans sa plus touchantenudité.Tu étais née en France, mais n’en finissait pasd’émigrer d’Italie. Tu étais d’aujourd’hui etd’autrefois. Je te revois princesse et bohé-mienne, citadine et paysanne, chrétienne etpaïenne, religieuse et laïque. Tu aimaisRome et l’Etrurie, les fioretti de saintFrançois d’Assise et les chants de l’Odyssée.Tu te promenais depuis l’enfance dans lescimetières pour apporter, disais-tu, un peude joie aux morts, et tes amis t’appelaient«Machabbelle ». Pour moi tu étaisCendrillon, dans son carrosse et sa citrouille,effaçant les frontières qui séparent le jour etla nuit, l’avant et l’après minuit, glissantdans un temps dont tu disais qu’il jouaitavec l’éternité.Tu aimais les mystères, les contes, les mytheset les poètes. Tu aimais Orphée. Tu parta-geais le bonheur d’Orphée quand son chantcouvrait et effaçait le chant de mort des sirè-nes. Et tu partageais le malheur d’Orphéequand il remontait de la nuit vers la lumière,faisant disparaître Eurydice en se retournantpour la chercher du regard.On ne peut pas chercher du regard ce qu’onemporte en soi. Et où que tu sois, nous t’em-portons en nous. Ce que je garde en moi, cen’est pas la mémoire de ton absence. C’est lamémoire de ta présence, brûlante, douce,proche et vivante comme un rêve. Et danstes livres, le souffle de ta voix :

«À chaque instant la vieà chaque instantla vie commenceà chaque instant la vie. »

Hommage à Juliette Hacquard

par Jean Claude Ameisen,

« À chaque instant… »

Comment vivre l’absence? Comment survi-vre à l’absence ? Comment survivre à tonabsence et à l’idée de la nôtre à venir ?Comment penser ce vacillement, ce trem-blement d’une présence qui soudain devientabsence ? Comment nous projeter dans tadisparition, et dans notre propre disparitionqui, une fois advenue, ne sera plus la nôtre ?Dans ce voyage dont le moment et la naturedemeurent insaisissables ? Et devant cetteincertitude – qu’est-ce que ce chemin etqu’est-ce que cette fin – ce qui compte vrai-ment, n’est-ce pas d’avoir été un vivantparmi les vivants, un prochain parmi les pro-chains ? D’avoir reçu et d’avoir donné,d’avoir aimé et d’avoir été aimé?Et une fois que le «nous», soudain, n’est plusun nous, et ne désigne plus que les survi-vants – nous, privés de toi, qui t’avons tantaimée? Comment nous séparer de toi sanst’abandonner? Comment faire pour que tonabsence à son tour nous redevienne pré-sence ? Que nous puissions être accompa-gnés par toi que nous ne pouvons plus dé-sormais accompagner ? Comment vivre cedéchirement, ce voyage, cette transmuta-tion? Comment parvenir à conjuguer puisà concilier l’exclusion et l’inclusion, la sépa-ration et la réunion, le départ, l’exil, et leretour?Il nous faut d’abord accepter la réalité de tondépart. Réaliser que notre mémoire est leseul lieu où nous puissions désormais t’ac-cueillir et te convoquer. Tisser, jour aprèsjour, une trame nouvelle, qui t’intègre,absente, parmi les présents. Une trame faitede liens avec les vivants, du souvenir de ceuxqui ont été, et de l’attente de ceux qui n’ontpas encore commencé d’exister. Une conti-nuité ouverte sur ce qui est, a été, et serapeut-être demain.N’avons-nous pas été, chacun, pensé,accompagné, rêvé peut-être, par d’autresavant de naître, ou avant même d’avoir com-mencé d’exister ? Et ne serons-nous pas pen-

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Le cœur de l’École | les cahiers de l’École alsacienne 77

Textes de Juliette Hacquard, choisispar Jean Claude Ameisen le 7 janvier2005 parmi ses livres Complainte pourma sœur morte (1), Les Jeux du tempset de l’éternité (2), Diogène (3) (Ed. Les Cahiers Bleus, Troyes).

Tu es loin,loin.Comment pourrai-je te rejoindre ?Mais […] tu n’es pas si loin puisque je t’appelle.Je t’appelle :tu es là,quelque part, là, tout près.L’esquisse d’un sourire sur un visage,une lueur furtive dans la pièce ombreuse,l’ondulation du vent sur une touffe de fleurs sauvages alors que tout reste immobile,et je sais que tu es là.Non pas devant moi, dans le sourire, la fleur ou la danse des herbes,mais que tu es dans mon regard, dans mon cœur, et que c’est toi qui frémis en moi […]. (1)

[…] toi que je voulais retenir auprès de moi par un miracle, je ne le savais pas,le miracle c’était toi. (1)

[…]

Faut-il porter les choses tuesau compte de la mortau compte de la vie[…]lesquels dans la colonne de la vielesquels dans la colonne de la morttourments êtes-vous vie

et toi Silence es-tu vraiment un fait de mortn’es-tu pas le secretle senset la matièrede ma vie[…] (2)

À chaque instant la vieà chaque instantla vie commenceà chaque instant la vie (2)

J’aime la vietellementque je voudraisau jour de ma morttomber amoureusede ma mortcomme je suisamoureusede ma vie (2)

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In memoriam…par Jean-Marie Lazerges, professeur de mathématiques

(air connu)

Il jouait du piano deboutIl jouait du ballon de tout.Il chantait des poèmes casse-couIl comptait des horaires sans trouIl servait toujours sans le souIl souriait même avec les fous…

C’était Raymond, de son prénom,Dur au travail comme un bûcheron

Jamais content toujours joyeux !«L’essentiel est invisible pour les yeux »

Trente ans de service sans un accrocFidèle au poste c’est-y pas beau ?L’aurait voulu être un artisteL’en était un c’était pas triste !Quand on a d’l’or de d’sous la peauC’est pour toujours … la vie d’en haut.

Raymond Bonnet (1931-2005),adjoint général de l’Écolealsacienne de 1958 à 1992

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Le cœur de l’École | les cahiers de l’École alsacienne 79

Le carnetnaissances, mariages, décès…

Naissances

NinonFille de Carole Cugnet, adjointe d’éducationDécembre 2004

EstherFille de Bérangère Ladrière (AE)Petite-fille de M. Ladrière, professeur de latinJanvier 2005

EstherFille de Pierre-Louis Colin (AE)Janvier 2005

MilanFils de Frédéric Darot, conseiller d’éducationMars 2005

NinoFils de Manon Wasservogel (AE)Petit-fils de F. Wasservogel, professeur d’anglaisAvril 2005

MaxenceFils de Jean Vignal (AE)Petit-fils de Ninon Vignal, documentaliste à la retraiteJuin 2005

ElliotFils de Anke Späth, professeur d’allemandJuillet 2005

EloïseFille de Anne-Laure Philippe (AE)Petite-fille de Danielle Philippe, professeur de mathématiques à la retraiteOctobre 2005

CharlesFils de Marc Riedweg, informaticienNovembre 2005

AngèleNièce de Marie-Hélène Roy (élève en 1re)Décembre 2005

MarieFille de Sophie Dubos, professeur d’anglaisDécembre 2005

LouiseFille de Alexis (AE)Petite-fille de D. Legeay, secrétaireDécembre 2005

Mariages

Marie-Hélène Baylac,professeur d’histoire-géographie et M. Jacques DavidMai 2005

Florence et Alexis Legeay (AE)Septembre 2005

Anne-Fleur Lebel (AE) et Alexis VignonJuillet 2005

Décès

M. PeschaudPère d’Antoine (2de1)Décembre 2004

Natacha Zana (AE)Décembre 2004

Mme RattanavanMère de Héléna (1re) et de Charles (2de)Mars 2005

Mme Mercier (née Walch) (AE)Arrière-grand-mère d’Aliénor (5e) et de Maroussia de Boudemange (10e)Mars 2005

Mme Henriette Moulier (née Lieber)Institutrice à l’EA de 1954 à 1977Mai 2005

Mme SargeMère de J.P. Sarge, professeur d’EPSMai 2005

Mme LagougeMère de M. Lagouge, professeur de Sciences PhysiquesMai 2005

M. LozanoPère de C. Lozano, institutriceNovembre 2005

Mme LahellecMère de M. A. Lahellec, professeur de Sciences PhysiquesNovembre 2005

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Directeur de la publication, Rédacteur en chef

Pierre de Panafieu

Réalisation et coordinationRomain Borrelli, Valérie Faggiolo

Ont collaboré à ce numéro:Christine Bernard,Mireille Berret, DominiqueBonnet, Paul Bouffartigue,Bruno Bourdeau, Josiane Briane,Valérie Champenois, AnneCouraye, Véronique Dugast,Clara Dumond, MorganeEllinger, Laurence Favre,Bertrand Festas, Josette Gentile,Philippe Giet, Armelle Grangé-Cabane, Chantal Kalayciyan,Michel Lagouge, Jean-MarieLazerges, Danielle Legeay,Michel Marbeau, Alain Pailler,Gilles Perrin, Fernand Pau,Dominique Sedletzki.

Secrétariat de rédactionKatie Pouchaudon

Création, mise en pageAlain Bonaventure, Hanna TolbinskiPage B: 01 58 64 37 60

ImpressionImprimerie de Wissembourg

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