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Les approches de la vulnrabilit alimentairedans le sud de Madagascar
par
Isabelle Droy et Patrick RasolofoCharge de recherche UMR C3ED-IRD-CED France
et Economiste UPDR Ministre de lagriculture - Madagascar
Rsum :
La vulnrabilit alimentaire peut tre dfinie comme la probabilit pour un individu ou un groupe de voir
sa scurit alimentaire menace par la survenue dun vnement climatique ou conomique (scheresse, chutedes prix agricoles etc.) Les individus les plus vulnrables sont ceux qui ont une structure des capacits faible ou
peu diversifie.Cette analyse sappuie sur une tude empirique de la rgion du Grand Sud de Madagascar, dont une partie
est confronte rgulirement des difficults alimentaires. Lobjectif est de comparer les systmes dinformationactuellement en place dans la zone et leur apport dans lapproche par les capabilits.
Les niveaux dobservation sont diffrents selon les mthodologies mises en uvre : on passe ainsi duniveau individuel (enqutes mnages sur les observatoires ruraux) qui permet une approche micro-conomique
une approche mso-conomique lchelle de la commune ou de la rgion (systme dalerte prcoce et enqutecommunautaire).
Lanalyse de larticulation entre les diffrents niveaux permet de mettre en vidence les synergies et lescomplmentarits entre les diffrents systmes dinformation actuellement en place et qui sont destins
amliorer lefficacit des interventions de dveloppement et la rduction de la vulnrabilit alimentaire.
Abstract :
Food vulnerability can be defined as the probability an individual (or a household) of seeing a decreas its
food security when faced with an event such drought. People who are most vulnerable are those who do not haveenough capabilities to the risk of falling into chronic food insecurity.
Thi d ib i i l l i f f d l bilit i th S th f M d Thi i
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Sommaire
1. Introduction.............................................................................................................................1
2. Pauvret et vulnrabilit alimentaires dans la rgion sud de Madagascar....................1
1. Vulnrabilit et risque alimentaire ......................................................................................................... 1
A. Le concept de scurit alimentaire ....................................................... .................................... 1
B. Risque et vulnrabilit................................................ .......................................................... .... 22. La pauvret rurale Madagascar : un phnomne gnralis.............................................................. 3
3. Le sud du pays soumis des alas climatiques importants .................................................................... 3
3. Les systmes dinformation existants pour mesurer la vulnrabilit alimentaire .........4
1. La mthodologie de recueil des donnes : des mthodes trs diffrentes............................................... 5A. Le rseau des observatoires ruraux (ROR)......................................................................... ...... 5
B. Le systme dalerte prcoce (SAP) ...................................................... .................................... 5
C. Lenqute au niveau des communes du programme ILO.......... ............................................... 62. Quels indicateurs retenir pour une approche de la vulnrabilit alimentaire ? .................................... 6
A. Lapproche conjoncturelle........................................................................ ................................ 7B. Lapproche structurelle et lanalyse des capabilits ................................................................. 7C. Les variables privilgies pour une approche de la vulnrabilit alimentaire .......................... 8
4. Lapport pour lanalyse de la vulnrabilit alimentaire : complmentarit oucontradiction ?...................................................................................................................... 9
1. Lobservatoire dAmbovombe : une approche des capacits des mnages ............................................ 9A. La typologie effectue sur les revenus .............................................................. ....................... 9B. Lanalyse multivarie permet de regrouper les mnages sous des critres plus complexes... 10
2. La vulnrabilit alimentaire des communes ......................................................................................... 113. Lindicateur de potentialit socio-conomique des communes ............................................................ 13
4. La comparaison des donnes entre les diffrents systmes : cohrence ou contradiction ? ................ 15
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1. Introduction
Une alimentation quilibre et suffisante est un des fonctionnements de base qui doit tre assur
pour quun individu puisse dvelopper ses potentialits. Les famines et disettes sont souvent
provoques par les conflits arms ou les grandes pandmies qui provoquent la dsorganisation de la
production et de la commercialisation, ainsi que des dplacements de population. Mais les situations
dinscurit alimentaire svissent aussi dans des pays qui ne connaissent pas ce type de problme. Ilconvient alors de sinterroger sur les raisons de cette vulnrabilit chronique de certains groupes de
populations, en particulier ceux qui sont producteurs agricoles. Lapproche par les capabilits
(capabilities) permet de mieux comprendre les raisons de cette vulnrabilit face la concrtisationdun risque.
Cette analyse sappuie sur une tude empirique de la rgion du Grand Sud de Madagascar, dont
une partie est confronte rgulirement des difficults alimentaires. Plusieurs systmes dinformation
socio-conomiques existent destins amliorer lefficacit des interventions de dveloppement et la
rduction de la vulnrabilit alimentaire. Ces dispositifs ont diffrents niveaux dobservation selon lesmthodologies mises en uvre : on passe ainsi du niveau individuel (enqutes mnages) qui permet
une approche micro-conomique une approche mso-conomique lchelle de la commune ou de la
rgion (enqute communautaire).
Le premier objectif de ltude est dapprcier lapport spcifique de chaque systme
dinformation actuellement en place dans la zone une approche par les capabilits. Le second
objectif est de mettre en vidence les synergies et les complmentarits entre les diffrents systmes
dinformation actuellement en place.
2. Pauvret et vulnrabilit alimentaires dans la rgion sud deMadagascar
1. Vulnrabilit et risque alimentaire
Lapproche des capabilits repose en premier lieu sur lanalyse de ce que lindividu ou le
mnage parvient faire et tre (beings and doings) avec les biens et les caractristiques dont il
dispose, ce que Sen dsigne par functionings (Silber, 2001). Ce terme est traduit de diffrentesmanires par les conomistes francophones : fonctions vitales (Gurin), ou encore simplement
fonctionnement . Le fonctionnement tre nourri correctement est, avec la sant, une des
fonctions vitales des individus qui conditionne tout autre dveloppement des potentialits et donc la
structure des capabilits1
: le dveloppement physique et mental, la capacit dapprentissage, ltat de
sant, sont conditionns par la ralisation du fonctionnement tre nourri correctement , qui inclut
l t tit tif i i lit tif d l li t ti
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Examine sous langle des capabilits, cette dfinition renvoie plusieurs notions
fondamentales, dont laccessibilit et le choix. La premire condition daccs est donc que la
nourriture soit disponible, soit par la production familiale, soit sur les marchs, y compris dans leszones trs enclaves. Mais, mme si loffre existe, il faut que les mnages puissent y accder un prix
compatible avec leurs revenus montaires. On aborde donc la question de la capacit des mnages
dgager des ressources et des revenus suffisants, ce qui dpend en grande partie de leur structure des
capabilits. Ensuite vient le problme du choix : les spcificits culturelles sont nombreuses et
conditionnent les prfrences alimentaires. On retrouve dans les diffrentes cultures la notion de
laliment noble (comme le riz) dont labsence prolonge est vcue comme une privation, socialement
pnalisante, mme si certains aliments dits de soudure ou provenant de laide alimentaire permettent
de limiter le dficit calorique2. Avoir le choix suppose aussi de pouvoir diversifier lalimentation et
donc den amliorer la qualit nutritionnelle. Un des aspects les plus rpandus de la malnutrition,
surtout chez les enfants, provient des dsquilibres dans la qualit de lalimentation
B. Risque et vulnrabilit
Parler dinscurit alimentaire introduit la notion de risque. Les populations sont soumises
diffrents types de risque, de nature, de gravit et de priodicit diffrente : risque politique
(aboutissant des conflits arms), risque sanitaire (pidmies), risque industriel, risque conomique
(fluctuations des prix des produits agricoles sur le march mondial), risque agricole et climatique. Face la concrtisation dun ou de plusieurs de ces risques, les individus pourront rsister au choc en
mobilisant leurs capabilits : plus la structure des capabilits sera forte et diversifie, moins lindividu
sera vulnrable (Gondard-Delcroix C., Rousseau S., 2004). Par exemple, en cas de conflit arm, il y a
ceux qui pourront fuir la zone de conflit en migrant, retrouver un travail grce leur capital humain
lev ou remonter une activit grce leurs ressources financires, ils pourront encore tre aids par
leur rseau social tendu. Ils vont pouvoir sadapter en substituant une capabilit une autre, comme
devenir charpentier en ville alors quils taient agriculteurs la campagne. Mais les individus ou
mnages dont la structure des capabilits est faible et peu diversifie auront plus de difficults sadapter la nouvelle situation provoque par la concrtisation dun risque, parce que la substitution
ou la complmentarit de leurs capabilits est insuffisante. Ce sont donc les populations les plus
vulnrables : en cas de choc externe (baisse de la production agricole, chute des revenus) la probabilit
quils ont de subir des difficults alimentaires est leve.
Lactivit de production agricole ou agro-pastorale, qui est au centre de lactivit de nombreuses
socits rurales, sexerce dans un contexte dincertitude et dinscurit. Les socits ont dvelopp de
nombreuses stratgies de gestion des risques agricoles. Ce sont par exemple, la diversification des
terroirs et des activits, agricoles comme non-agricoles, lvitement qui consiste prvenir certainsrisques en empchant leur manifestation (par des amnagements en terrasses par exemple), le
contournement des risques qui permet de se situer hors datteinte de ceux-ci (comme par des choix de
certaines varits cycle plus court ou rsistantes certaines attaques parasitaires) (Sautier, 1989).
Ces stratgies peuvent cependant se rvler inoprantes lors de la survenue de crises plus intenses,
quelles soient dorigine climatique, conomique ou politique. Ces crises introduisent des
transformations sociales et conomiques importantes
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2. La pauvret rurale Madagascar : un phnomne gnralis
Madagascar est un pays essentiellement rural, o plus des trois quarts des habitants viventessentiellement de lagriculture. Malgr les importants atouts du pays tant en ressources agricoles
quen ressources halieutiques ou minires, malgr quelques annes o les taux de croissance ont t
levs (de 1997 la crise de 2002), plus de 77% des mnages ruraux vivent en dessous du seuil de
pauvret (Razafindravonona, J. et allii, 2003).
Linscurit et la pnurie alimentaire sont les formes les plus extrmes des aspects
multidimensionnels de la pauvret qui touchent la population malgache. Le dficit alimentaire est
aussi bien qualitatif que quantitatif ; une de ses manifestations est le retard de croissance d la
malnutrition chronique dont souffrent 48% des enfants malgaches de moins de 5 ans (EDS, 1997).
Ces difficults existent en milieu urbain parmi les couches les plus pauvres de la population,
qui, faute de ressources montaires, nont pas la possibilit de se procurer les aliments disponibles sur
le march. La ville dAntananarivo, capitale de Madagascar, a connu une famine entre 1985 et 1987
la suite de la libralisation du march du riz : la trs forte augmentation des prix de cette crale de
base na plus permis aux couches les plus modestes de sapprovisionner, malgr la disponibilit du
produit sur les marchs de la capitale. (Garenne et alii, 1999).
Mais le milieu rural, producteur de denres vivrires, nest pas labri des difficults
alimentaires. Les causes, lamplitude et la priodicit des dficits varient cependant selon les rgions
agro-cologiques et les groupes sociaux. Dans certaines zones, ce sont les groupes risque ayant desdifficults daccs aux ressources, qui sont soumis ces difficults de couverture de leurs besoins
vitaux : laccs ingal la terre, par exemple, handicape les jeunes paysans ou les femmes chefs de
mnage. Dautres rgions productrices de produits dexportation, comme le caf ou la vanille, sont
tributaires des fluctuations des marchs mondiaux : les paysans qui consacrent une partie importante
de leur temps et de leur activit aux cultures de rente, voient leurs revenus montaires rduits lors de la
chute des cours internationaux et nont plus de ressources pour couvrir les achats complmentaires en
produits de base (Droy, Rasolofo, 2001). Enfin, les zones soumises dimportants risques climatiques,
cyclones ou scheresses, connaissent des risques structurels dinscurit alimentaire, en raison delabsence ou de la destruction des rcoltes lors de la concrtisation du risque climatique ou agricole,
comme les invasions acridiennes. Cest une des ces zones que ltude est consacre.
3. Le sud du pays soumis des alas climatiques importants
La rgion Sud de Madagascar, et spcialement la province de Tular, connat des mcanismes
climatiques complexes et une grande partie de cette zone (soit environ 10% du territoire malgache) est
soumise un rgime de pluies alatoires et des scheresses rcurrentes
3
. Lactivit rurale reposeprincipalement sur un systme agropastoral, associant llevage bovin et une agriculture vivrire
extensive (hatsake), associe, l o cest possible, des cultures de dcrue (baiboho). Les structuresagraires reposent sur des exploitations familiales trs faiblement mcanises, lexception toutefois de
quelques grandes exploitations de sisal dans la rgion dAmbovombe. Comme dans la plupart des
units de production familiale Madagascar, la couverture des besoins alimentaires du mnage est un
des principaux objectifs de lactivit de lexploitation agricole
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DOCUMENT DE TRAVAIL N1054
Carte 1 : Localisation de la zone dtude dans le Sud de Madagascar
ANTANANARIVO
stratgies pour ragir rapidement un dficit de la production vivrire. Le plus souvent, seuls
les hommes quittent le village o ils laissent sur place les femmes, les enfants et les personnes ges.
Si le risque li au dficit pluviomtrique est le souci permanent des populations de cette rgion
du Sud, celles-ci sont aussi confrontes dautres problmes qui peuvent contribuer les faire
basculer dans la disette. Sur la partie littorale, le rgime des vents est dcrit par les paysans comme un
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des crises et un meilleur ciblage de laide alimentaire. La rgion est aussi devenue une zone de
concentration pour certains bailleurs de fonds qui appuient des dispositifs dinformation plus cibls
comme les observatoires ruraux. Par ailleurs, certaines enqutes rcentes ont t ralises surlensemble du pays , que ce soit auprs des mnages ou auprs des communes
4.
Les donnes mobilises pour cette analyse sont recueillies deux niveaux : un niveau micro-
conomique, auprs des mnages (observatoires) et un niveau mso-conomique partir des
enqutes ralises au niveau des communes (systme dalerte prcoce et enqute communale).
1. La mthodologie de recueil des donnes : des mthodes trs diffrentes
Sinterroger sur les mthodologies de recueil des donnes est indispensable pour savoir ce quil
est possible deffectuer comme analyses, en particulier pour loprationnalisation de lapproche par les
capabilits. Les caractristiques des diffrents systmes sont prsentes succinctement ci-dessous.
A. Le Rseau des Observatoires Ruraux5
(ROR)
Les premiers observatoires ruraux ont t crs en 1995 avec pour objectif de raliser des zooms
sur des questions spcifiques du milieu rural, afin de mieux comprendre lvolution socio-conomique
des campagnes dans un contexte de libralisation. Le ROR, cr en 1999 a permis de crer un maillage
dobservatoires sur lensemble du territoire malgache, en utilisant une mthode standardisepermettant la comparaison des donnes dun observatoire lautre.
Le niveau dobservation est le mnage. Un minimum de 500 mnages est ncessaire par
observatoire, repartis sur plusieurs villages (5 villages en moyenne) ou hameaux. La slection des sites
denqutes se fait par choix raisonn. Cette mthode a permis la construction dun panel de mnages
suivis depuis plusieurs annes. Le questionnaire auprs des mnages est orient sur les conditions de
vie, les revenus et le dtail des activits productives ; on y joint aussi des modules spcifiques en
fonction des problmatiques de chaque observatoire. Certains modules sont ajouts ponctuellement
pour tudier une question particulire (radio rurale, approche subjective de la pauvret etc.). Lamthodologie commune aux diffrents observatoires permet de comparer les indicateurs et dadapter
les politiques : par exemple, les taux de scolarisation des observatoires du Sud sont trois fois plus bas
que sur les autres observatoires, ce qui peut orienter dventuelles actions.
Lapproche dynamique en panel autorise certaines analyses comme lidentification des
conditions dentre ou de sortie de la pauvret de tel ou tel groupe. Par ailleurs, un suivi des prix la
consommation des principaux produits ainsi que des enqutes communautaires (quipements, services
publics etc.) sont raliss sur chaque site denqute.
Plusieurs observatoires ont t mis en place dans la rgion Sud de Madagascar. En 1997, unepremire campagne a t ralise sur quatre sites du Grand Sud (Bekily, Ranomafana, Maroaloka,
Faux-Cap), en plus de celui de Tular-littoral suivi depuis 1995. Pour des raisons institutionnelles,
limplantation des observatoires a chang depuis 1999. Nous utiliserons pour cette tude les donnes
de lobservatoire dAmbovombe en 2001 et 2003. Situe lextrme sud de Madagascar, cette rgion
est densment peuple par les Antandroy, groupe dont lactivit est dominante agro-pastorale.
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DOCUMENT DE TRAVAIL N1056
dj expriment dans les pays sahliens et dont lobjectif est de dtecter au plus tt les risques de
crise alimentaire pour tre en mesure de dclencher lintervention palliative au moment opportun
(Egg, 1997). Ces crises alimentaires sont apprhendes non seulement dans leurs manifestations lesplus prcoces mais aussi dans leur mode de fonctionnement propre, comprenant donc les stratgies
mises en place par les populations pour y faire face6.
Le niveau dobservation du SAP est la commune. Les informations sont recueillies auprs des
services administratifs et techniques dcentraliss, des projets, du march et des populations, par des
quipes dobservateurs. Les informations recueillies par questionnaire sont essentiellement
qualitatives, mais elles sont croises avec des donnes quantitatives (pluviomtrie, relevs de prix sur
les marchs, mesure du primtre brachial des enfants). Les objectifs sont destimer lvolution de la
production vivrire et les problmes quelle rencontre (scheresse, attaque acridienne), mais aussi de
suivre loffre de produits alimentaires de base sur les marchs ainsi que les tensions sur les prix, ce qui
correspond une vision plus largie de la scurit alimentaire. Le systme repre aussi des indicateurs
pertinents qui marquent le signe dun dbut de crise : dcapitalisation des actifs des mnages ou
mouvements de population.
Ces informations sont ensuite traites laide dun logiciel systme expert qui compare les
donnes conjoncturelles des donnes dites structurelles, cest dire reprsentant une anne moyenne
qualifie de normale ; les donnes structurelles sont ractualises intervalles rguliers pour tenir
compte des changements durables. Lcart par rapport cette moyenne est une aide la dcision pour
le classement des communes en fonction du risque alimentaire7. Les pronostics, provisoire et dfinitif,fournissent les premires recommandations chiffres daide alimentaire plusieurs mois avant les
interventions ventuelles. Ce systme permet donc de dterminer suffisamment lavance quelles
populations risquent de connatre des difficults alimentaires, partir de quand, pour combien de
temps, avec quelle intensit et pour quelle raison (Michiels, 2002).
C. Lenqute au niveau des communes du programme ILO
Lenqute au niveau des communes ralise en 2001 (programme ILO/Cornell University) apermis la constitution dune base de donnes sur la quasi-totalit des communes du pays (1385 sur
1395). Cette base regroupe les informations sur les infrastructures existantes : prsence de services
publics, desserte en transports, marchs, enclavement. Mais, au del de ces aspects descriptifs, certains
modules de lenqute abordent les risques sur la production, les problmes dinscurit, le capital
social et le niveau socio-conomique de la population.
Ces informations ont t recueillies sur une courte priode (septembre- dcembre 2001) auprs
dinformateurs privilgis (instituteurs, maires) ou encore sous forme de focus group de 6 8
personnes rassembles de faon formelle.A partir de cette base de donnes, un certain nombre dindicateurs peuvent tre labors,
comme lindicateur de niveau de dveloppement partir de critres dloignement.
2. Quels indicateurs retenir pour une approche de la vulnrabilit alimentaire ?
La vulnrabilit alimentaire peut tre apprhende sous deux formes qui sont complmentaires
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structure des capabilits de certains groupes de population, qui ne leur ont pas permis de rsister un
choc et les ont placs en tat de vulnrabilit alimentaire.
A. Lapproche conjoncturelle
Les systmes dinformation les plus aboutis correspondant ce type dapproche sont les
systmes dalerte prcoce. Les mthodologies se sont bien affines depuis plusieurs annes et
associent des donnes provenant de disciplines diffrentes. Les donnes anthropomtriques permettent
de suivre ltat nutritionnel dune population, les donnes conomiques fournissent des informations
sur loffre et la demande de produits alimentaires, les donnes agronomiques permettent destimer
ltat des rcoltes. Lchelle temporelle est mensuelle, voire hebdomadaire pour certaines variables ou
dans certaines situations de crises. Mme si certaines variables sont recueillies un niveau individuel,
comme les mesures anthropomtriques, la plupart des informations sont recueillies lchelle du
village, du march ou de la commune.
Lapproche pluridisciplinaire permet danticiper la concrtisation dun risque : un dficit
pluviomtrique un moment crucial du cycle cultural ou une attaque acridienne, auront des
consquences sur la production agricole qui ne se mesureront que plusieurs semaines ou plusieurs
mois aprs la survenue de lvnement, cest dire au moment de la rcolte et au moment de la
soudure, qui sera cette anne l, plus longue. Le croisement de plusieurs disciplines permet aussi de
discriminer les causes de la malnutrition, qui peuvent tre trangres un problme de disponibilit denourriture et relever dune approche de type structurel, comme ltat sanitaire de la population, les
comportements alimentaires ou les pratiques de sevrage.
B. Lapproche structurelle et lanalyse des capabilits
Les capabilits reprsentent lensemble des fonctionnements possibles ceux qui sont accomplis
(et donc plus facilement identifiables) et ceux qui ne sont pas accomplis, mais que lindividu peut
mettre en uvre pour des raisons de choix personnels ou sous la contrainte, pour faire face laconcrtisation dun risque et laltration de certaines de ses capabilits. De nombreuses tudes sur le
milieu rural dans les pays en dveloppement ont montr les stratgies fines et trs diversifies que les
populations mettent en place pour prvenir, ou faire face un risque agricole ou climatique : ces
stratgies sont une illustration de lespace des capabilits dont dispose des groupes et des individus.
Lapproche en terme de capabilits a permis de montrer linteraction et la complmentarit entre
les diffrentes dimensions du bien-tre. Pour analyser une question sous cet angle, il faut donc
disposer dun ensemble dinformations sur les formes conomiques, sociales, culturelles, thiques et
politiques du dveloppement humain
8
(Dubois et alii, 2001). Ces informations sont recueillies unechelle micro-conomique (individus ou mnages), mso-conomique (village, rgion), voire macro-
conomique.
Pour analyser les capabilits dans le cas dune conomie rurale, il faut donc connatre les
potentialits qui sont sous forme dactifs (capital humain, physique, financier, social). Ces actifs
pourront tre convertis en capabilits en fonction des caractristiques personnelles des individus, des
opportunits sociales et de laccessibilit aux biens ou services
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aux crmonies ou des associations. Lensemble de ces informations sont collectes dans un
dispositif comme celui des observatoires ruraux.
Les opportunits sociales peuvent tre apprhendes par des enqutes anthropologiques, quirendent plus lisible le cadre des contraintes sociales, des droits, obligations et interdits de chacun en
fonction de son genre et de son statut social. Dans une socit lignagre comme celle des Antandroy
du Sud de Madagascar, les ingalits de droits en fonction du genre sont trs marques et se
superposent dautres ingalits de statut au sein de la socit. Les liberts relles des individus sont
trs lies ce positionnement de lindividu dans la socit.
Laccessibilit aux biens et services est connue par le biais des enqutes communautaires. Ce
sont des informations faciles recueillir : accs physique aux services publics (enclavement, desserte
routire), tat des infrastructures et mode de fonctionnement effectif des services. Par exemple, dans le
cas de lcole primaire, on sintresse au temps de trajet effectuer par les enfants, ltat des
btiments et du matriel scolaire, aux effectifs des classes, la prsence ou absence denseignant. Les
informations sont recueillies lchelle du village, comme dans le cas du ROR ou de la commune
comme lenqute ralise par ILO/Cornell.
Si lapproche par les capabilits a connu de nombreux dveloppements thoriques, son
application reste toutefois trs difficile raliser en raison de la complexit et de la diversit des
donnes collecter. Nous effectuons ici seulement une approche de certains fonctionnements
accomplis et des potentialits quon peut apprhender par une enqute, ce qui ne reprsente quune
partie de lespace des capabilits.
C. Les variables privilgies pour une approche de la vulnrabilit alimentaire
Pour des mnages ruraux producteurs de produits vivriers, ce qui est le cas des mnages ruraux
du Sud de Madagascar, le taux de couverture alimentaire des mnages est un indicateur intressant. Il
indique le nombre de mois par an pendant lesquels la production d'aliments de base9
d'un mnage
suffit l'alimentation familiale. Les aliments de base sont ceux habituellement consomms en dehors
des priodes de pnurie. C'est un indicateur conjoncturel, puisque la production connat des variationsinterannuelles, mais aussi structurel car il est le bilan des capacits productives et des besoins
alimentaires des mnages
Le comportement du mnage pendant la priode de soudure fournit aussi de prcieuses
indications sur le niveau de bien-tre. Les mnages qui ne changent pas leur mode de consommation,
en qualit comme en quantit, sont les plus aiss, car ils peuvent, en mobilisant dautres ressources,
assurer la consommation familiale sans changement. Ils ont donc un espace de capabilits
suffisamment vaste : ce sont souvent des mnages ayant des activits diversifies et gnratrices de
revenus (artisanat alimentaire, petit commerce). Les privations se feront par contre sentir parmi lesmnages qui changent leur mode de comportement alimentaire sous forme de restrictions ou
daliments moins apprcis. Limportance et la dure de ces restrictions permettent de faire une
graduation du dficit de bien-tre.
Une analyse sur plusieurs observatoires ruraux montre par ailleurs que les mnages dont les
taux de couverture alimentaire sont les plus levs, cest dire les plus autosuffisants, sont plus
engags dans lconomie de march que les mnages dont le taux de couverture est faible Le
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LES APPROCHES DE LA VULNERABILITE ALIMENTAIRE DANS LE SUD DE MADAGASCAR 9
un choc. On pourra ainsi avoir une estimation des capabilits quils peuvent mettre en uvre pour
faire face aux alas qui perturbent leur production vivrire et/ou leurs revenus montaires.
4. Lapport pour lanalyse de la vulnrabilit alimentaire :complmentarit ou contradiction ?
A partir dun chantillon de donnes extraites des diffrentes enqutes du Sud de Madagascar,
couvrant une priode et une zone identique, il est possible de comparer quelques variables et
indicateurs, afin de dtecter les complmentarits ou les contradictions. Au niveau micro-
conomique, on peut comparer les structures des capacits des mnages en fonction de leur degr de
vulnrabilit alimentaire. Au niveau mso-conomique, les donnes disponibles permettent la crationdindicateurs synthtiques : lun de potentialit socio-conomique des communes (enqute
ILO/Cornell), lautre de vulnrabilit alimentaire (donnes du SAP sur 5 ans).
1. Lobservatoire dAmbovombe : une approche des capacits des mnages
Lobservatoire dAmbovombe est situ dans la rgion la plus densment peuple du Sud , avec
une densit de population denviron 120 habitants par km2. Lchantillon comporte 548 mnages
rpartis sur 5 communes. La population est trs jeune (60% a moins de 20 ans), la structuredmographique rvle les difficults subies depuis plusieurs dcennies : surmortalit des enfants et des
personnes ges en priode de famine, dsquilibre entre hommes et femmes dans la tranche dge 25-
50 ans en raison du dpart des hommes en migration (an-karama, cest dire la recherche dunsalaire). Depuis les annes 1930, au moins huit dates ont frapp les esprits. (..). La premire famine
en 1928, se produit sous leffet combin dun dficit pluviomtrique et dune crise de llevage
conscutive la destruction des raketa (cacte servant de nourriture pour les animaux) par une
cochenille importe de la Runion. (Kiomba/Madio, 1998). Les priodes de scheresse durent
souvent plusieurs annes conscutives, ce qui entrane dcapitalisation et migration des hommes
jeunes.
Limportance du nombre de mnages dirigs par des femmes (30%) mrite une attention
particulire. Les ingalits de genre tant trs marques dans cette socit, les femmes ont un accs
moins facile aux ressources, elles sont moins bien formes que les hommes, et ont un accs trs limit
aux diffrents actifs comme le foncier. Leur structure de capabilits est donc plus faible que celle des
hommes. Les femmes chefs de mnage ont souvent en charge un ou plusieurs enfants qui vont subir la
transmission de ces ingalits.
La situation alimentaire de cette zone est souvent dlicate. Le rgime de base est constitu de
mas, de patate douce et de manioc. Les mnages achtent du riz, mas et tubercules pendant une partiede lanne ; le riz, qui nest pas produit dans cette rgion, est surtout consomm le matin durant la
soudure.
Mais cette priode de soudure est marque par de svres restrictions : les deux tiers des
mnages rduisent les quantits en aliments de base consomms et certains sautent des repas. Et 87%
dclarent rduire la consommation des autres produits de premire ncessit (sucre, sel, poisson sch,
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Tableau 1 Typologies des mnages en fonction des quartiles de revenu disponible brut par
unit de consommation10
Proportion de mnages (%) 1 quartile 2 quartile 3 quartile 4 quartile-Dirigs par une femme 32,9 22,6 29,2 19,0
Sachant lire et crire 23,4 22,6 32,9 34,3
-Ayant un revenu dexploitation agricole-infrieur 180 000 Fmg
-suprrieur 700 000 Fmg
42,3
4,4
16,8
22,6
20,4
33,6
21,2
39,4
- Ne pratiquant pas dactivit secondaire 51,1 35,1 29,2 37,2
-Revenu de lactivit secondaireMoins de 215 000 Fmg
Plus de 1040 000 Fmg
41,8
1,5
24,7
11,2
23,7
23,7
12,8
59,3-Ayant reu un revenu de transfert 67,1 40,1 37,2 27,0
- Ayant vendu de btail 30,7 50,4 38,4 73,7
Revenus des ventes de btail- Infrieur 200 000 Fmg
- plus de 1 500 000 Fmg
50,0
0
24,6
4,4
26,3
18,8
13,9
54,5
- Rduisant la consommation dalimentsde base durant la soudure
58,4 74,5 74,5 56,9
- Rduisant la quantit de PPN achete
durant la priode de soudure 87,6 94,2 87,6 77,4Ayant achet des aliments de basedurant la soudure :Moins de 2 moisDe 2 6 mois
Plus de 6 mois
33,646,0
20,4
29,235,0
35,8
28,542,3
29,2
40,229,9
29,9Source : Observatoire rural dAmbovombe 2001 et nos propres calculs. Pour allger le tableau, seules les modalits les plus
significatives des variables ont t reprsentes.
Cette premire typologie permet de dgager les caractristiques suivantes :- la proportion de mnages dirigs par des femmes est plus importante dans les quartiles les plus
pauvres,
- la rduction de la consommation daliments de base et de produits de premire ncessit (PPN)
pendant la priode de soudure touche toutes les catgories, y compris les plus aises mme si la
proportion de mnages simposant des restrictions est un peu moins importante quailleurs,
- les revenus de lactivit secondaire (artisanat, petit commerce)jouent un rle important dans la
formation du revenu global et les mnages pratiquant des activits secondaires fortement
rmunratrices, comme le commerce, font partie des quartiles les plus aiss,- la possession dun troupeau et la possibilit de vendre du btail en cas de difficults sont un facteur
de diffrenciation trs important entre les mnages.
- les mnages les plus pauvres sont aussi les plus nombreux recevoir des transferts mais le montant
moyen des ces transferts est assez bas (285 000 Fmg par an), contrairement aux plus riches qui sont
moins nombreux bnficier dune aide, mais celle-ci est plus leve.
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Les trois axes de lAFC reprsentent 35% de linertie. La typologie des mnages partir des centres
mobiles permet de distinguer quatre groupes11
.
Le premier groupe (type A, 26 % des mnages) se caractrise par le niveau de capital humainducation du chef de mnage relativement lev au regard dune moyenne de lobservatoire qui reste
trs faible par rapport lensemble du pays. Les chefs de mnage sont plutt assez jeunes (entre 30 et
45 ans), ayant au moins le certificat dtudes et des activits principales ou secondaires plus lucratives
que la moyenne. Les quelques individus ayant une activit principale salarie sont classs dans ce
groupe. Ce sont aussi des mnages qui effectuent des transferts en argent ou en nature vers dautres
mnages.
Le second groupe (type B, 26% des mnages) est constitu des mnages de petite taille avec une
sur-reprsentation des femmes chefs de mnages (60% contre 30% en moyenne). Ces mnages sont
dirigs par des personnes plutt ges, tout particulirement pour les mnages dirigs par des femmes.
Ce sont aussi des mnages o le nombre dactifs est faible, trs souvent limit une personne, ce qui
les rend particulirement vulnrables en cas de maladie. Ils sont trs massivement illettrs, avec des
faibles revenus des activits agricoles ou dlevage. Les activits secondaires sont nombreuses mais le
revenu qui en est tir est maigre. Ces mnages bnficient dans leur grande majorit de transferts, dont
le montant moyen se situe autour de 285 000 Fmg par an.
Le troisime groupe (type C) rassemble 42 % des mnages. Il est une sorte darchtype du
paysan du Sud de Madagascar : mnages de grande taille dirigs par un homme, souvent ayant entre
45 et 60 ans, ayant un niveau de scolarisation trs bas et pratiquant lagriculture et llevage ainsi quedes activits secondaires. Lorganisation de crmonies, notamment funraires, est un lment
important de la vie sociale.
Le quatrime groupe (type D) ne regroupe que 7% des mnages qui ont la particularit davoir
vendu de la terre durant lanne qui a prcd lenqute. Jusqu une priode rcente dans cette rgion,
la terre ntait pas un bien marchand comme les autres : ces tractations foncires illustrent bien les
transformations en cours . Par ailleurs ces mnages dassez grande taille ont plutt des revenus assez
bas, subissent de fortes restrictions en priode de soudure mais sont bnficiaires de transferts
relativement consquents.Les restrictions daliments de base et de produits de premire ncessit en priode de soudure
concernent une grande majorit de mnages dans tous les types. Les mnages du type B ont cependant
une particularit : la diminution de la consommation daliments de base est plus faible alors que de
nombreux indicateurs de niveaux de vie et de revenus sont des niveaux plus bas que la moyenne. . I.
Limportance du nombre des femmes chefs de mnage nest peut-tre pas trangre cette
situation paradoxale.
Cette approche par une enqute auprs des mnages du type observatoire permet donc de mieux
cerner les groupes vulnrables. Certains de ces groupes sont facilement reprables dans les zones endehors des observatoires, comme les mnages dirigs par des femmes et il est ainsi possible de mieux
cibler les interventions.
2. La vulnrabilit alimentaire des communes
Les donnes d SAP sont e ploites po r pr enir les crises alimentaires ce q i est la
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Tableau 2 : Le risque alimentaire des communes de la zone SAP (1)Classement de communes selon les classes de risque alimentaire du SAP depuis 1999 (pourcentage)
Risque des communes (2) 1999 2000 2001 2002 2003
Sans problme (RAS) 93,2 45,5 63,6 65,2 65,2
Difficults co. lgres (DL) 6,8 17 11,4 10,1 11,2
Difficults co. svres (DS) 0 12,5 14,8 10,1 3,4
Difficults alimentaires (DA) 0 25 10,2 14,6 20,2
Total 100 100 100 100 100
Rpartition des communes selon leur probabilit de se trouver en difficult alimentaire (DA)
Degr de vulnrabilit (vuln) Peu vuln. Lgr. vuln. Vulnrable Trs vuln. Total
Pourcentage de communes 40,5 29,2 16,9 13,5 100
Probabilit de se trouver en DA (2) P=0 0
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Lefficacit du SAP a permis que laide soit dbloque temps et aucune commune na t en
tat de crise alimentaire (CA) ces cinq dernires annes. Lanne 2000 a t une anne difficile pour
toute une rgion du Sud qui a connu le Kr, mot qui dsigne les priodes de disette et de famine : plusdu tiers des communes ont t en difficult alimentaire ou en difficults conomiques svres.La carte 1 montre la hirarchie des communes du nord au sud et la rptition des difficults dans
le Sud. Ces situations de difficults alimentaires ou difficults conomiques svres sont
accompagnes dune mobilisation de lpargne et dune dcapitalisation, ce qui affaiblit durablement
la structure des capabilits et hypothque les capacits de rsilience des mnages en cas de nouveau
choc une chance rapproche.
Les systmes actuels de prvention des crises alimentaires, du type alerte prcoce, permettent
une intervention plus rapide et cible de laide. Cette aide vise rsoudre un problme conjoncturel,
mais elle permet aussi de limiter les effets de la dcapitalisation, donc un affaiblissementsupplmentaire de la structure des capabilits.
3. Lindicateur de potentialit socio-conomique des communes
Les indicateurs composites sont de plus en plus souvent utiliss pour apprhender les aspects
multidimensionnels du dveloppement humain. : lIDH (indicateur du dveloppement humain) est
maintenant complt par lIPH-1 (indicateur de pauvret humaine pour les pays en dveloppement),
lISDH (indicateur sexospcifique du dveloppement humain) ou lIPF (indicateur de participation desfemmes). Malgr toutes les rserves que soulvent ces indicateurs, ils ont le mrite de tenter de mettre
en relation des dimensions du dveloppement de nature trs diffrentes, associant variables
qualitatives et quantitatives.
Nous proposons ici un indicateur composite labor partir des donnes du recensement des
communes (programme ILO/Cornell University/FOFIFA/INSTAT).ainsi que les donnes du Gnie
Rural (pr-identification et diagnostic de projets) et du programme sectoriel transport. La mthode
utilise est celle dindicateur linaire, appele aussi systme de score. Une srie de 14 indicateurs
thmatiques ont t crs partir de 45 variables slectionnes au sein de lenqute sur les communes.Par exemple, lindicateur thmatique sur laccessibilit de la commune est construit partir des
variables comme le temps pour aller au centre urbain primaire le plus proche en saison sche puis en
saison des pluies, la qualit des pistes ou des routes (goudronnes ou non) etc. Chaque variable est
transforme en variable binaire (0 ou 1) et affecte dun coefficient. Lindice thmatique est la somme
des scores obtenus pour chaque variable sur le total des coefficients, il est compris entre 0 et 1.
Lindice gnral des potentialits (IGP) intgre ces indicateurs pour former un indice
synthtique qui a une valeur comprise entre 0 et 112
(somme des indices thmatiques/14). Un tri en 4
classes permet de hirarchiser les communes en fonction de leur potentialit socio-conomique.
Lintrt de cet indicateur est de proposer une vision synthtique une chelle qui est celle des
niveaux de dcision introduits dans le cadre de la dcentralisation et qui correspond aux projets locaux
de dveloppement. Le renforcement des potentialits dun territoire est un lment essentiel pour
diminuer la vulnrabilit alimentaire des populations : rduire lenclavement, mieux scuriser la
production agricole, dvelopper des activits rmunratrices et diversifies, amliorer la formation
sont autant dactions de renforcement des capabilits
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Carte 3 : Indicateur de potentialit socio-conomique des communes et localisation desobservatoires rurauxde 2001
Observatoire de BEKILY
Observatoire
TOLIARA Littoral
MaroalomaintyErada
Observatoire
AMBOVOMBE
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niveau des mnages offrent une pertinence particulire. Cependant, les autres systmes, y compris
avec des objectifs de suivi conjoncturel comme les systmes dalerte prcoce, offrent beaucoup de
possibilits danalyse de la dynamique de la vulnrabilit alimentaire sur le moyen terme. Ils
permettent aussi dapprhender le niveau mso-conomique qui reprsente une chelle
particulirement pertinente dintervention dans le contexte de la mise en uvre de la dcentralisation.
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