Le patient médecin en consultation de médecine générale ...
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Le patient médecin en consultation de médecinegénérale, vécu de la relation médecin-patient, point du
médecin soignant : étude qualitative portant sur lesmédecins des Alpes-Maritimes et du Var
Marie Castel
To cite this version:Marie Castel. Le patient médecin en consultation de médecine générale, vécu de la relation médecin-patient, point du médecin soignant : étude qualitative portant sur les médecins des Alpes-Maritimeset du Var. Médecine humaine et pathologie. 2017. �dumas-01630484�
UNIVERSITE DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS FACULTE DE MEDECINE DE NICE
LE PATIENT MEDECIN EN CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE VECU DE LA RELATION MEDECIN-PATIENT
POINT DE VUE DU MEDECIN SOIGNANT
Etude qualitative portant sur les médecins des Alpes Maritimes et du Var
THESE
Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine de Nice
Le 03 Octobre 2017
Par
CASTEL Marie
Née le 09 Octobre 1986 à Nice
Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine Membre du jury : Monsieur le Professeur Jean Gabriel FUZIBET Président du Jury Monsieur le Professeur Philippe HOFLIGER Assesseur Monsieur le Professeur Michel BENOIT Assesseur Monsieur le Docteur Jean-Luc BALDIN Directeur de thèse Monsieur le Docteur Johann TETART Directeur de thèse
UNIVERSITE DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS
FACULTE DE MEDECINE DE NICE
LE PATIENT MEDECIN EN CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE. VECU DE LA RELATION MEDECIN-PATIENT
POINT DE VUE DU MEDECIN SOIGNANT
Etude qualitative portant sur les médecins des Alpes Maritimes et du Var
THESE
Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine de Nice
Le 03 Octobre 2017
Par
CASTEL Marie
Née le 9 Octobre 1986 à Nice
Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine Membre du jury : Monsieur le Professeur Jean Gabriel FUZIBET Président du Jury Monsieur le Professeur Philippe HOFLIGER Assesseur Monsieur le Professeur Michel BENOIT Assesseur Monsieur le Docteur Jean-Luc BALDIN Directeur de thèse Monsieur le Docteur Johann TETART Directeur de thèse
UNIVERSITE NICE SOPHIA ANTIPOLIS.
FACULTE DE MEDECINE Liste des professeurs au 1er septembre 2016 à la Faculté de Médecine de Nice
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Vice-Doyen M. BOILEAU Pascal
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M.C.U. Honoraires M. ARNOLD Jacques M. BASTERIS Bernard Mlle CHICHMANIAN Rose-Marie Mme DONZEAU Michèle M. EMILIOZZI Roméo M. FRANKEN Philippe M. GASTAUD Marcel M.GIRARD-PIPAU Fernand M. GIUDICELLI Jean M. MAGNÉ Jacques Mme MEMRAN Nadine M. MENGUAL Raymond M. PHILIP Patrick M. POIRÉE Jean-Claude Mme ROURE Marie-Claire
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PROFESSEURS DEUXIEME CLASSE M. BAHADORAN Philippe Cytologie et Histologie (42.02) Mme BAILLIF Stéphanie Ophtalmologie (55.02) M. BENIZRI Emmanuel Chirurgie Générale (53.02) M. BENOIT Michel Psychiatrie (49.03) M. BREAUD Jean Chirurgie Infantile (54-02) Mlle BREUIL Véronique Rhumatologie (50.01) M. CARLES Michel Anesthésiologie Réanimation (48.01) M. CHEVALIER Nicolas Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques (54.04) M. CHEVALLIER Patrick Radiologie et Imagerie Médicale (43.02) Mme CHINETTI Giulia Biochimie-Biologie Moléculaire (44.01) M. DELLAMONICA Jean Réanimation médicale (48.02) M. DELOTTE Jérôme Gynécologie-obstétrique (54.03) M. FONTAINE Denys Neurochirurgie (49.02) M. FOURNIER Jean-Paul Thérapeutique (48-04) Mlle GIORDANENGO Valérie Bactériologie-Virologie (45.01) M. GUÉRIN Olivier Gériatrie (48.04) M. IANNELLI Antonio Chirurgie Digestive (52.02) M JEAN BAPTISTE Elixène Chirurgie vasculaire (51.04) M. LEVRAUT Jacques Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale (48.01) M. PASSERON Thierry Dermato-Vénéréologie (50-03) M. PICHE Thierry Gastro-entérologie (52.01) M. ROGER Pierre-Marie Maladies Infectieuses ; Maladies Tropicales (45.03) M. ROHRLICH Pierre Pédiatrie (54.01) M. ROUX Christian Rhumatologie (50.01) M. RUIMY Raymond Bactériologie-virologie (45.01) Mme SACCONI Sabrina Neurologie (49.01) M. SADOUL Jean-Louis Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques (54.04) M. TROJANI Christophe Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (50.02) M. VENISSAC Nicolas Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire (51.03)
PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS
M. HOFLIGER Philippe Médecine Générale (53.03)
MAITRE DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS M. DARMON David
Médecine Générale (53.03)
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Mme LANDI Rebecca Anglais Mme ROSE Patricia Anglais MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS Mme ALUNNI Véronique Médecine Légale et Droit de la Santé (46.03) M. AMBROSETTI Damien Cytologie et Histologie (42.02) Mme BANNWARTH Sylvie Génétique (47.04) M. BENOLIEL José Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01) Mme BERNARD-POMIER Ghislaine Immunologie (47.03) Mme BUREL-VANDENBOS Fanny Anatomie et Cytologie pathologiques (42.03) M. DOGLIO Alain Bactériologie-Virologie (45.01) M DOYEN Jérôme Radiothérapie (47.02) M FAVRE Guillaume Néphrologie (52.03) M. FOSSE Thierry Bactériologie-Virologie-Hygiène (45.01) M. GARRAFFO Rodolphe Pharmacologie Fondamentale (48.03) Mme GIOVANNINI-CHAMI Lisa Pédiatrie (54.01) Mme HINAULT Charlotte Biochimie et biologie moléculaire (44.01) M. HUMBERT Olivier Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01) Mme LAMY Brigitte Bactériologie-virologie (45.01) Mme LEGROS Laurence Hématologie et Transfusion (47.01) Mme LONG-MIRA Elodie Cytologie et Histologie (42.02) Mme MAGNIÉ Marie-Noëlle Physiologie (44.02) Mme MOCERI Pamela Cardiologie (51.02) Mme MUSSO-LASSALLE Sandra Anatomie et Cytologie pathologiques (42.03) M. NAÏMI Mourad Biochimie et Biologie moléculaire (44.01) Mme POMARES Christelle Parasitologie et mycologie (45.02) Mme SEITZ-POLSKI Barbara Immunologie (47.03) M. TESTA Jean Épidémiologie Économie de la Santé et Prévention (46.01) M. TOULON Pierre Hématologie et Transfusion (47.01)
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M BALDIN Jean-Luc Médecine Générale (53.03) Mme CASTA Céline Médecine Générale (53.03) Mme MONNIER Brigitte Médecine Générale (53.03) PROFESSEURS CONVENTIONNÉS DE L’UNIVERSITÉ
M. BERTRAND François Médecine Interne M. BROCKER Patrice Médecine Interne Option Gériatrie M. CHEVALLIER Daniel Urologie Mme FOURNIER-MEHOUAS Manuella Médecine Physique et Réadaptation M. JAMBOU Patrick Coordination prélèvements d’organes M. ODIN Guillaume Chirurgie Maxillo-faciale M. PEYRADE Frédéric Oncohématologie M. PICCARD Bertrand Psychiatrie M. QUARANTA Jean-François Santé Publique
RREMERCIEMENTS A monsieur le Professeur Jean-Gabriel Fuzibet pour nous faire l’honneur de présider
ce jury. Merci pour vos conseils et votre intérêt pour ce travail. Veuillez recevoir le
témoignage de notre profond respect.
A monsieur le Professeur Philippe Hofliger, pour avoir accepté de siéger à ce jury. Je
vous remercie de vos conseils tout au long de notre formation. Je vous prie d’accepter
mes plus sincères remerciements
A monsieur le Professeur Michel Benoit, pour votre participation à ce jury. Votre
présence nous honore et je vous prie de recevoir l’expression de notre sincère
reconnaissance.
Au docteur Jean-Luc Baldin pour la direction de ce travail…le vingtième !!!!! L’idée de
ce projet est venue grâce à toi et a muri au fil de nos discussions…merci. Apprendre à
tes cotés durant 6 mois a été un privilège. Tu es devenu bien plus qu’un maître de stage
pour moi. Merci pour ce que tu es et ce que tu apportes aux personnes qui te côtoient.
Au docteur Johann Tétart pour t’être associé à la direction de ce projet. Tes conseils
sont toujours enrichissants. Tu nous as poussé à faire un travail dont je ne me sentais
pas capable et je t’en remercie. Je te souhaite que du bonheur avec ta petite famille.
Vous êtes beaux.
A monsieur le Professeur Zirotti pour son aide et son expertise durant ce travail.
A Cédric, mon co-thésard, pour t’être aussi vite imprégné de ce sujet, pour ton sérieux.
Cela a été un plaisir de travailler à tes cotés.
A ma famille pour son soutien tout au long de ces études. Choupine, ma moitié mon
tout. Mes frangins, je vous aime. Mes parents, pour les valeurs que vous nous avez
inculquées. J’espère faire de même avec mes enfants. A Tatoune, notre deuxième
maman. A « Ite » notre baby sitter les mains dans le caca. Laetitia et Anja, mes deux
belles-sœurs, merci de rendre mes frangins heureux. Julien, mon beau-frère, merci pour
ce que tu apportes à la famille et notamment à ma sœur.
A mon homme pour ton soutien et tout ton amour depuis 10 ans. Je me sens plus forte
grâce à toi…galoche intergalactique ! Je t’aime beaucoup ! ;)
A ma fille Louise pour tout ce qu’elle m’apporte même si des fois « je fais ce que je
veux » ou « je m’ennuie trop trop trop ».
A ma belle-famille, Annick ma belle mamoune adorée, merci pour tout, merci d’être là.
Mélissa ma belle-sœur, je t’ai vu devenir une femme qui me plait bien. Kévin, le seul à
faire rougir Louise. A ma belle-famille lyonnaise, merci pour votre accueil, je vous
embrasse.
A mes amis de toujours, souvent loin des yeux mais proches du cœur : Mathilde,
Grigri, Florine et Mélanie, Amélie et sa famille, Anna Bou !!
A mes amis de la fac : Axelle et Greg, 2018 est votre année (je vais encore
pleurer…étonnant), je vous souhaite d’être heureux. Berengère, 2018 aussi, je te
souhaite tout le bonheur que tu mérites. Elise et Nicolas et votre belle famille je vous
embrasse. Gaby et Gauthier j’espère qu’on continuera nos petits diners, je vous
souhaite que du bonheur avec Apolline. Audrey et Cédric, pleins de bisous au petit bout
aussi. Maxime Hamon, je t’embrasse fort et te laisse à tes cellules. Les doudous, je
pense fort à vous. Paupau, on a partagé tellement de moments ensemble, je pense fort
à toi.
A la team de The V… : Laurie Coralie et Vanessa. J’espère qu’on continuera à se voir
régulièrement. Merci pour votre soutien et votre présence. Vous m’êtes précieuses.
A mes co-internes de stage : Soniach...the soniach…comment te dire…reste comme
tu es, t’es tarée mais géniale. Alexandra et ton homme, vous êtes beaux tous les deux.
Adeline, tu es belle et c’est tout. Fanny ma copine de gynéco, heureusement que tu as
été là à de nombreux moments (Les champipi…les champipi…).
A tous les médecins que j’ai rencontré durant ma formation : Stéphanie merci pour
tout ce que tu m’apportes tant professionnellement que personnellement, merci pour tes
conseils et ton soutien à tout épreuve. Florence merci pour tout ce que tu es, ta
gentillesse, ton écoute. Didier, merci pour tes conseils et enseignements je me
souviendrai toujours de ces petites phrases positives à chaque fin de consultation. Mais
aussi Dr BEREDER, pour sa gentillesse et sa disponibilité. Dr DUBAYLE Véronique qui
a su me redonner le goût du métier à un moment où j’ai eu envie d’abandonner.
Merci à tous les médecins que j’ai rencontré durant ce travail. Chaque rencontre a
été tellement riche. Je vous remercie infiniment de tout ce que vous m’avez donné.
Et aussi, la famille BURRER pour votre gentillesse et votre générosité, merci. La famille
Sahraoui/Dorson qui vient de s’agrandir, des bisous ! La famille Badia/Cattet merci pour
votre amitié, je vous embrasse. Thomas et Claire, bientôt une famille, félicitations.
Géraldine, tu as égayé nos geasp, bisous à ta petite famille. Maeva et Jonathan, la
famille s’agrandit, bisous. A Tata Michelle et sa fille Céline, mes deux super-nounous
sans qui je n’aurais pas pu faire ce travail aussi sereinement.
TTable des matières
INTRODUCTION ................................................................................................... 1
METHODE ........................................................................................................... 2
1. OBJECTIF DE L'ETUDE .................................................................................................................. 2
2. TYPE D'ETUDE ........................................................................................................................... 2
3. POPULATION ETUDIEE ET CRITERES D'INCLUSION .............................................................................. 2
4. METHODE DE RECRUTEMENT ....................................................................................................... 3
5. ENTRETIEN ............................................................................................................................... 4
5.2. Réalisation des entretiens ........................................................................................................ 4
5.3. Retranscription des entretiens ................................................................................................. 4
6. ANALYSE DES ENTRETIENS ............................................................................................................ 5
6.1. Méthode d’analyse .................................................................................................................. 5
6.2. Analyse préliminaire ................................................................................................................ 6
6.3. Double codage ......................................................................................................................... 6
RESULTATS .......................................................................................................... 7
1. RESULTATS DESCRIPTIFS .............................................................................................................. 7
1.1. Recrutement de la population étudiée .................................................................................... 7
1.2. Caractéristiques de la population étudiée ............................................................................... 8
1.3. Déroulement des entretiens .................................................................................................. 11 2. RESULTATS QUALITATIFS ............................................................................................................ 12
PARTIE A : La consultation : de la prise de rendez-vous au règlement. .................................... 12 1. Choix du médecin .................................................................................................................. 12 2. La prise de rendez vous ......................................................................................................... 13 3. Motifs de consultation ........................................................................................................... 14 4. Déroulement de la consultation ........................................................................................... 16
5. Le règlement de la consultation ............................................................................................ 17
PARTIE B : La communication avec un patient médecin ............................................................. 20 1. Termes employés ................................................................................................................... 20 2. Le mode de communication .................................................................................................. 20
PARTIE C : La prise en charge des médecins consultants ............................................................ 23 1. Prescription d'examens complémentaires ............................................................................ 23 2. Recours aux spécialistes ........................................................................................................ 24 3. Mise en place de thérapeutiques .......................................................................................... 25 4. Particularités de la prise en charge ....................................................................................... 26 5. Facteurs facilitants ................................................................................................................. 28 6. Les risques de cette prise en charge ...................................................................................... 29
PARTIE D : La relation, son évolution et son vécu. ....................................................................... 30 1. Type de relation ..................................................................................................................... 30 2. Évolution de cette relation .................................................................................................... 31 3. La définition des rôles de chacun .......................................................................................... 31 4. Le ressenti du médecin-soignant ........................................................................................... 32
PARTIE E : Comment aborder ces consultations d'après les médecins interrogés .................. 34 PARTE F : Quand les médecins consultent un autre médecin .................................................... 36
1. Pour quelles raisons consultent-ils ? ..................................................................................... 36
2. Quand les médecins interrogés se retrouvent comme patient............................................. 37
DISCUSSION ...................................................................................................... 39
1. FORCES ET LIMITES DE NOTRE ETUDE ............................................................................................ 39
1.1. Liées au sujet lui-même ......................................................................................................... 39
1.2. Liées à l’analyse ..................................................................................................................... 39
1.3. Liées au mode de recrutement .............................................................................................. 40
1.4. Liées à la population étudiée ................................................................................................. 40
1.5. Liées aux entretiens ............................................................................................................... 41
2. RESULTATS PRINCIPAUX, IDEES FORTES ......................................................................................... 41
2.1. La place de la confiance ......................................................................................................... 41
2.2. La symétrie/asymétrie de la consultation ............................................................................. 42
2.3. L’importance du positionnement du patient médecin ........................................................... 42
2.4. Le rapport invulnérabilité / lâcher-prise ................................................................................ 43
2.5. Une relation particulière ........................................................................................................ 46
3. ANALYSE COMPARATIVE ............................................................................................................ 46
3.1. Le médecin et sa santé ........................................................................................................... 46
3.2. Une consultation qui se veut être normale pour une prise en charge normale..................... 47
3.3. Une communication commune .............................................................................................. 49
3.4. Une relation particulière. ....................................................................................................... 49
3.5. Les ressentis des différents protagonistes de la relation ....................................................... 50
4. NOTRE ETUDE DANS L’ACTUALITE ET PERSPECTIVES. ........................................................................ 50
CONCLUSION ..................................................................................................... 55
ANNEXES ........................................................................................................... 56
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................. 61
LISTE DES ABREVIATIONS .................................................................................. 64
1
IINTRODUCTION
Depuis les années 2000, différents travaux (11, 13, 15 ) se sont intéressés aux
médecins malades et à leur prise en charge. Ceux-ci retirent le voile sur un mythe que
même certains médecins tentent d’ignorer. Le médecin est un homme comme les autres
qui peut tomber malade aussi subitement que tout un chacun. De plus cette profession
est plus à risque notamment en ce qui concerne le syndrome d’épuisement professionnel
(15, 19).
Cette prise de conscience des difficultés des médecins, remet en question le suivi
et la prise en charge de ceux-ci. Une étude de grande envergure (15) a montré que 84%
des médecins s’étaient déclarés être leur propre médecin traitant. On peut se poser la
question de l’objectivité de leur prise en charge et du choix du médecin traitant. Les
critères de choix du médecin traitant idéal (17) pour la prise en charge des médecins ne
diffèrent pas des critères émis par les patients lambdas. Il doit être disponible, compétent,
expérimenté, empathique.
Alors justement intéressons-nous à ces médecins soignants prenant en charge des
médecins. Voient-ils une différence de prise en charge ou de relation ? Et eux ont-ils
consulté des médecins ?
Nous avons décidé d’aller à la rencontre des médecins généralistes prenant ou
ayant pris en charge des médecins afin de spécifier la prise en charge de ces patients
particuliers. D’ailleurs sont-ils si particuliers ? Etre patient-médecin modifie-t-il la façon
d’exercer du médecin consulté ? Existe-t-il une modification de la relation
médecin/patient ? Est-elle une relation particulière ?
Notre travail de nature qualitatif tente de répondre à ces questions. Nous avons
interrogé lors d’entretiens semi dirigés quinze médecins généralistes des Alpes-Maritimes
et du Var, prenant ou ayant pris en charge des médecins.
Afin de compléter ce travail et d’avoir une vision transversale de la relation
médecin/patient, un co-doctorant Cédric LAMBERT s’est intéressé aux patients médecins
allant consulter un médecin généraliste. Nous aurons donc une vision d’ensemble de cette
relation que nous pouvons supposer particulière.
2
MMETHODE
1. Objectif de l'étude
Notre travail étudie la relation entre le médecin généraliste et le patient,
lorsque le patient est lui-même médecin.
Notre étude a pris en compte le point de vue du médecin généraliste
soignant tandis que l’étude en miroir menée par Cédric Lambert a étudié le point de vue
du patient médecin.
2. Type d'étude
Nous avons effectué une étude qualitative, méthode plus adaptée à l'étude
des ressentis et des points de vue des médecins interrogés.
Nous avons réalisé des entretiens (6) semi dirigés à l'aide d’un guide
d’entretien.
3. Population étudiée et critères d'inclusion
Etaient inclus dans notre étude :
Tout médecin généraliste recevant des médecins patients, interrogé par
moi-même.
Tout patient médecin quel que soit sa spécialité, interrogé par Cédric
Lambert.
Nous avons demandé la spécialité de chaque patient médecin et l’avons
retranscrite dans le tableau des caractéristiques des médecins interrogés en annexe 2.
3
Contrairement à la recherche quantitative qui vise à obtenir un échantillonnage
statistiquement représentatif de la population étudiée, la recherche qualitative vise à
obtenir un échantillonnage raisonné. Celui-ci se crée en choisissant « les personnes,
lieux, événements, activités, etc. qui feront l'objet de l'étude de sorte à représenter toute
la gamme de variations des caractéristiques qui semblent significatives pour le thème
étudié » (20). Les caractéristiques socio-démographiques des interviewés ont été
demandées au début des entretiens. Nous avons choisi de prendre en compte des
caractéristiques adaptées à la population médicale telles que : la durée moyenne des
consultations, l’année d’installation et l’engagement universitaire en tant que maître de
stage universitaire (MSU).
4. Méthode de recrutement
Les médecins généralistes ont été contactés de deux façons :
- Par téléphone : au début de notre enquête, nous avons contacté les médecins
généralistes que nous connaissions. Puis afin de compléter notre échantillon, nous avons
téléphoné à des médecins sélectionnés de façon aléatoire dans la liste des médecins
installés dans les Alpes-Maritimes et le Var disponible sur le site de l’assurance maladie
(2).
- Par mail : pour les maîtres de stage présents sur le site du collège de Médecine
de Nice (10) et pour les médecins en demande de remplacement.
Le mail envoyé décrivait brièvement notre étude et incluait celle de Cédric Lambert.
Cela nous a permis de présenter notre projet de manière globale et d’élargir
l’échantillonnage de nos travaux respectifs. En effet, les médecins contactés pouvaient
être des médecins soignants ou des médecins soignés éligibles dans une des deux
populations étudiées.
4
5. Entretien
5.1. Guide d'entretien
Le guide d’entretien « est un premier travail de traduction des hypothèses de
recherche en indicateur concret et de reformulation des questions de recherche ( pour
soi) en question d’enquête (pour les interviewés) » (6). Pour nous y aider, nous avons
initialement élaboré une grille d’écoute regroupant toutes les interrogations et les
représentations que nous avions. Cette grille est disponible en annexe 1.
Le guide d’entretien a été soumis à l’expertise de nos directeurs de thèse et à l’avis
du Professeur ZIROTTI, professeur de sociologie.
Nous avons effectué un entretien test qui nous a permis de modifier certaines
questions, notamment la première. En effet « les premières questions ont une importance
particulière, car elles donnent le ton » (22).
5.2. Réalisation des entretiens
Lors de la prise de rendez-vous, nous avions prévu un temps de 30 minutes afin
que le médecin prenne ses dispositions.
Les entretiens ont été enregistrés à l'aide d'un dictaphone hormis l’entretien n° 10
effectué à l’aide d’un smartphone.
Au début de chaque entretien, nous rappelions l'objectif de l'étude, la nature
confidentielle de l’entretien, et nous recueillions de nouveau le consentement oral pour
l'étude.
5.3. Retranscription des entretiens
Par la suite les entretiens ont été transférés sur l'ordinateur et retranscrits au mot
à mot à l'aide du logiciel Foobar 2000 sur OpenOffice Writer.
5
Nous avons choisi de ne pas corriger les erreurs de syntaxe, les doubles négations
afin d'obtenir des verbatims les plus bruts possible. Les moments d'hésitations ainsi que
les pauses ont été signalés par des points de suspension. La ponctuation a été choisie
en fonction du sens donné par le médecin interviewé.
Nous avons anonymisé les entretiens : les lieux et les prénoms ont été remplacés
par des indications entre parenthèses.
Les questions de l'intervieweur ont été retranscrites en italique.
Nous avons noté pour chaque entretien la durée et le nombre de mots retranscrits
afin de rendre compte du volume des échanges.
5.4. Nombre d’entretiens
Au début de notre étude, nous avions fixé que la saturation théorique serait
atteinte au bout de 15 entretiens.
La saturation théorique correspond à l’absence d’émergence de nouvelles idées.
Dans notre étude, cela s’est traduit par l’absence de création de nouveaux « sous-
nœuds ».
6. Analyse des entretiens
6.1. Méthode d’analyse
Les entretiens ont été par la suite analysés grâce au logiciel N' VIVO (9). Nous
avons effectué une analyse thématique regroupée sous forme de « nœuds » et déclinée
en « sous-nœuds » en fonction des différents points de vue exprimés par les interrogés
(23).
6
6.2. Analyse préliminaire
Nous avons réalisé une première analyse après les 5 premiers entretiens,
permettant de nous assurer de la validité de notre guide d’entretien et l’enrichir en fonction
des thèmes abordés par les médecins interrogés.
6.3. Double codage
Dès le cinquième entretien et à la fin de ceux-ci, Cédric Lambert a réalisé une
analyse indépendante des entretiens sans prendre connaissance de l’analyse effectuée
initialement. Nous avons effectué un double codage, limitant ainsi les biais
d’interprétation. Nous avons fait de même concernant son étude.
7
RRESULTATS
1. Résultats descriptifs
1.1. Recrutement de la population étudiée
Notre travail a nécessité la réalisation de 15 entretiens. Le recrutement s'est
déroulé entre octobre 2016 et mars 2017
Nous avons sollicité notre réseau de connaissances (15 médecins), ce qui nous a
permis d'inclure cinq médecins dès le début de l’étude.
Nous avons contacté par mail 127 médecins : 95 médecins référencés sur la liste
des maîtres de stage disponible sur le site du Collège de Médecine Générale de Nice et
31 médecins qui nous avaient contactés par mail pour des demandes de remplacement.
Sur ces 127 demandes, six médecins ont répondu favorablement (cinq sur la liste des
maîtres de stages et un parmi les médecins en demande de remplacement). Trois
médecins ont accepté de pour participer au travail de Cédric LAMBERT et leurs
coordonnées lui ont été transmises.
Nous avons contacté par téléphone 46 médecins, dont quatre nous ont répondu
favorablement.
Au final, nous pouvons résumer le recrutement de la population par la figure ci-dessous :
8
Parmi les trois refus deux étaient dus à un refus d’enregistrement et le dernier à
un manque de temps.
1.2. Caractéristiques de la population étudiée
Les caractéristiques des médecins interrogés sont regroupées sous la forme d'un
tableau joint en annexe 2.
1.2.1. Sexe
Concernant le sexe des 15 participants de l’étude, nous pouvons en représenter la
répartition à l’aide de la figure ci-dessous :
Figure 2 : répartition selon le sexe des participants
1.2.2. Age
L’âge moyen des participants est de 55 ans. Le plus jeune est âgé de 39 ans et le plus
âgé de 63 ans. La répartition des âges est illustrée dans le diagramme suivant :
53%47%
Sexes des participants
Homme: 8Femme: 7
9
La majorité des médecins interrogés ont plus de 50 ans.
1.2.3. Zone géographique d'exercice
Sur les 15 médecins interrogés :
- quatre exercent en milieu-rural
- deux exercent en milieu semi rural
- neuf exercent en milieu urbain
Pour caractériser ces zones, nous nous sommes servis des différentes définitions
présentes sur le site de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
(INSEE) (12).
10
1.2.4. Maître de stage universitaire (MSU).
Lors des premiers entretiens, deux médecins nous ont spontanément parlé de
l'influence d'être maître de stage. De ce fait nous avons inclus cette donnée dans le
recueil des caractéristiques des médecins interrogés. Nous avons ensuite élargi
l'échantillon afin de ne pas limiter notre recrutement aux MSU et ainsi éviter un potentiel
biais de sélection.
Au total sur 15 médecins, sept sont ou ont été maîtres de stage.
Figure 5 : Proportion de la population universitaire
1.2.5. Spécialités des médecins pris en charge
Les spécialités des différents médecins pris en charge par les médecins interrogés
sont représentées en annexe 2. Seul un médecin ne nous a pas clairement exprimé les
spécialités des médecins qui l'avaient consulté.
Nous avons également mentionné si le confrère pris en charge était actif ou retraité.
11
1.3. Déroulement des entretiens
1.3.1. Lieu
Sur 15 entretiens, treize ont été réalisés au cabinet du médecin interrogé.
L'entretien numéro cinq a eu lieu au domicile du médecin. Le onzième a été réalisé dans
un hôpital où le médecin y effectuait une visite d'ordre personnelle.
1.3.2. Date, durée et volume des entretiens
Les entretiens ont été numérotés chronologiquement. Ainsi le premier entretien est
le E1, et ainsi de suite jusqu'au quinzième, l'E15. Ils se sont déroulés entre octobre 2016
et mars 2017.
La durée moyenne des entretiens est de 31 minutes et 27 secondes. Le nombre
moyen de mots retranscrits par entretien est de 5125.
Les dates, les durées et les volumes des entretiens sont résumés dans le tableau
suivant :
Numéro de l'entretien Date Durée Nombre de mots
E1 13/10/16 00 :31 :08 4464
E2 17/10/16 01 :01 :15 9683
E3 15/11/16 00 :41 :32 6992
E4 16/11/16 00 :21 :59 3707
E5 07/12/16 00 :54 :25 12772
E6 08/12/16 00 :29 :12 5596
E7 09/12/16 00 :37 :02 5576
E8 09/12/16 00 :26 :40 4209
E9 14/12/16 00 :25 :32 3986
E10 15/02/17 00 :20 :22 2464
E11 24/02/17 00 :22 :31 2349
E12 08/03/17 00 :24 :42 3784
E13 16/03/17 00 :28 :32 3635
E14 29/03/17 00 :26 :24 4527
E15 30/03/17 00 :22 :35 3134
12
2. Résultats qualitatifs
PARTIE A : La consultation : de la prise de rendez-vous au règlement.
L'étude de la relation impose l'étude du cadre dans lequel celle-ci va se dérouler.
Ainsi nous avons interrogé les médecins sur le déroulement propre de la consultation,
allant du choix du médecin consulté jusqu’au règlement.
1. Choix du médecin
Les médecins se renseignent sur qui aller consulter
Ils se renseignent mieux que les autres sur qui va éventuellement pouvoir les prendre en
charge. (E1)
Il m'a été adressé parce qu'il connaît des médecins hospitaliers qui me connaissent. (E8)
Les médecins consultent leurs connaissances
On était à l'internat de Grasse tous les deux [...] quand il a su que je pouvais sévir sur le
secteur il m'a contacté voilà. (E11)
Il est venu vers moi parce que je le connais depuis longtemps. (E7)
Les médecins consultent ceux en qui ils ont confiance
Malgré tout il semblait que le moins pire de tous (en riant) celui auquel il avait le plus
confiance ou le moins pas confiance...ben c'était quand même moi. (E2)
Si je le soigne lui et qu'il vient me voir moi, c’est parce qu'il a confiance en moi. (E5)
Un médecin évoque la maturité, l'expérience
Ils choisissent en fonction sans doute de la maturité, en disant « Je vais pas aller voir un
petit jeune ». (E5)
13
Le choix du médecin consulté est développé dans la thèse de Cédric Lambert.
Cependant les médecins soignants ont l’impression que ces patients médecins font un
choix éclairé sur le médecin consulté. En amont, des renseignements sont pris en
particulier grâce à leur réseau. Le maitre mot est la confiance. Un médecin a mentionné
l'expérience comme critère de choix.
2. La prise de rendez vous
Un accès plus facile via le portable
Ca fait longtemps que je le suis donc euh...il prenait rendez-vous [...] m'appelant sur le
portable. (E1)
Si il veut venir plus rapidement, il a mon numéro de portable. (E1)
Un accès plus facile pour faciliter leur prise en charge devant leur emploi du temps chargé
J'essaie de...de...faire en sorte qu'ils viennent quand ils peuvent venir aussi parce qu'il y
a toujours les éternelles histoires d'emploi du temps. (E2)
Oui ça lui arrive, oui. Il me dit « Est-ce que je peux passer demain matin à 7h30 » Je lui
dis « Aucun problème ». (E7)
Une prise de rendez-vous comme n'importe quel patient
Elle prenait rendez-vous au cabinet régulièrement jusqu’à…comme un patient normal.
(E3)
Oui. Ils prennent rendez-vous comme tout le monde. (E6)
Une prise de rendez-vous nécessaire pour une consultation adéquate
Non parce qu'en fait on ne peut pas trop bien faire des consultations quand on est
bousculé [...] si c'est une vraie consultation il faut un temps dévolu sinon on fait n'importe
quoi. Et ça ils le comprennent aussi parce qu'ils ont fait comme ça tout le temps. (E6)
Et on perd complètement le...on perd le recul nécessaire et l'objectivité qui est nécessaire
voilà. Donc il faut prendre sur rendez-vous. (E14)
14
Pas de notion de forcing pour obtenir un rendez-vous
Il y a pas de...il y a pas de forcing pour être vu en urgence sauf bien sur si c'est nécessaire.
(E12)
Ayant eux même un emploi du temps chargé, les médecins soignants restent
accessibles via le téléphone portable. Une prise de rendez-vous est nécessaire afin
d’accorder un temps spécifique à la consultation du confrère comme lorsqu’il s’agit d’un
patient ordinaire.
3. Motifs de consultation
Les médecins ne consultent pas beaucoup, notamment les actifs
Alors les médecins ils consultent pas beaucoup. (E12)
On les voit de façon ponctuelle dans la mesure où ils n'ont pas besoin de nous pour faire
des ordonnances. Ils ont pas besoin de nous pour faire les examens. (E14)
Le premier contact peut se faire dans l'urgence
Ah oui c'était la première fois que je le voyais. Il savait que j'avais fait les urgences donc
il s'est dit ben elle pourra le faire et voilà. Donc ça s’est très bien passé. Et du coup j'ai eu
lui et puis sa femme. (E10)
La première fois pour une suspicion de paralysie faciale périphérique. (E11)
Après leur propre avis, en avoir un deuxième
Certainement des, des avis pour avoir un deuxième avis puisque le médecin sur sa santé
il a toujours son avis évidemment. (E14)
Plutôt pour des choses d'ordre administratives
La dernière fois je crois qu'il est venu, c’était pour un dossier d'assurance. C'était même
pas pour une consultation vraiment [...]. (E4)
Il me dit « Écoute, je suis pas capable de faire la demande d'ALD, j'arrive pas à me la
faire, est-ce que tu peux me la faire ? ». (E7)
15
Dans le cadre de malade chronique : confier leur santé à quelqu'un d'autre
Il est venu me voir parce que lui s'était négligé pendant des années parce qu'il est médecin
et...et puis il lui est arrivé un gros pépin de santé[...] il s''est dit « Maintenant j’arrête les
bêtises, je vais voir un docteur et je m'en remets à mon docteur ». (E8)
Elle était médecin généraliste et puis...et puis...voilà... elle m'a confié ses problèmes. (E9)
Dans le cadre de maladie grave : de l'écoute
Alors ben c'est un confrère qui maintenant a 55 ans. Qui est arrivé la première fois il y a
4 ans parce qu'il avait un mélanome achromique [...]Pour, pour parler. Oui je le voyais
que pour parler. (E7)
Pour certains patients : signer leur ordonnance complétée par leurs soins
Moi je suis là que pour renouveler ...je suis secrétaire. (E5)
Mais ...en fait en gros il...il venait me voir pour tamponner les ordonnances que presque
(dit en rigolant) il avait...mais quand il était venu il avait écrit tout. Il m'avait dit « voilà il
faudrait que tu écrives ça ». (E2)
Les motifs de consultation permettent de catégoriser les médecins : les actifs qui
consultent très peu ou uniquement en cas d’urgence. Les médecins atteints de maladie
chronique qui doivent consulter plus régulièrement. Ces derniers ont fait le choix délibéré
de confier leur santé à un autre médecin qu’eux. Cet effort peut être difficile pour certains
patients médecins. Le côté administratif représente une part importante des consultations
notamment pour les médecins actifs. Ces notions seront développées plus longuement
dans la suite de notre travail et dans celui de Cédric LAMBERT. Enfin dans le cadre d'une
maladie grave, un besoin d'écoute et de réassurance est souvent le seul motif quand le
côté purement médico-technique est géré par une équipe spécialisée.
16
4. Déroulement de la consultation
La consultation se déroule comme avec un patient normal
C'est pareil qu'avec un patient. Il y l’interrogatoire, il y a l'examen et il y a la facture. (E11)
J'ai un abord assez structuré de ce je fais quand j'ai un nouveau patient. Je pense que je
vais l'aborder de la même façon. (E3)
Tenue du dossier médical comme avec n'importe quel patient
J'ai demandé vraiment tous ses antécédents familiaux etc....je fais un vrai dossier. (E13)
Je fais le dossier pareil donc euh...au départ vraiment le dossier béton comme j'ai
l'habitude je le faire. (E1)
Une consultation où il est indispensable de faire comme avec un patient normal
J'ai aucune différence d'habitude...euh... Dans la consultation justement pour qu'il y ait
pas de...pour qu'il y ait pas d'influence. (E1)
Tu es obligé de faire la même. Je pense que tu es encore plus obligé que chez une autre
de faire la même. Parce que si tu passes (en riant) à côté d'une connerie chez un médecin,
ça passe encore moins bien que chez un patient normal quoi. (E5)
Interrogatoire et examen moins approfondis du fait de leur profession
Je vais quand même l'examiner un minimum. Peut-être un peu plus superficiellement que
quelqu'un d'autre […]. C'est vrai que peut être c'est plus restreint sur le symptôme évoqué.
(E11)
On peut pas lui faire un interrogatoire policier sur les données, c'est lui qui va nous les
apporter. (E6)
Des consultations différentes, plus longues
Mais c'est pas des consultations ordinaires, jamais jamais. (E12)
Moi je pense que c'est plus long les consultations. (E6)
17
Pas la même façon d'agir si les patients sont des amis médecins
Avec mes amis c'est un peu plus compliqué. Parce que c'est souvent entre deux, c'est
souvent au téléphone. Voilà c'est un peu plus compliqué. (E15)
Certains patients médecins ne sont pas examinés
Ah il est jamais venu me consulter en tant que patient. (E3)
Non...ben c’était un mélanome. Il a vu le gastro, il a vu tout ça, le cancero, le dermato,
chimiothérapeute...Il est jamais venu me voir pour une surinfection pour je sais pas quoi
donc. (E7)
La consultation d'un patient médecin se déroule dans la majorité des cas comme
une consultation avec un patient « ordinaire ». Les médecins interrogés vont même plus
loin. Ils s'astreignent à le considérer comme tel afin d'éviter les erreurs médicales. On voit
apparaître une notion de pression qui sera développée par la suite. Néanmoins, un
médecin interrogé a exprimé une différence lorsqu'il s'agissait de patients « amis ». Il
s’agissait alors de consultations entre deux portes pour des médecins actifs afin d’avoir
un deuxième avis. La notion d'un interrogatoire plus facile, moins policier du fait de leurs
connaissances, est revenue plusieurs fois. Cela facilite la prise de contact. Du fait de tous
ces aspects, ce sont des consultations généralement plus longues.
5. Le règlement de la consultation
Pas de règlement : une histoire de tradition, de confraternité mais aussi une sensation de
gêne
Une sorte de tradition, confraternité. (E12)
Je serais hyper mal à l'aise de demander des honoraires. Mais vraiment ça me plairait
pas du tout. (E8)
Avec les Affections de Longue Durée (ALD), la question ne se pose pas
Alors c'est plus simple parce qu'il est en ALD à 100%. Donc du coup j'ai pas à lui
demander un paiement. (E4)
18
Règlement demandé par le patient...
Mais je me souviens au départ avant qu'il ait le 100%, c'était « Il est hors de question
que je vous paye pas ». (E13)
Dans la mesure où au final ça lui coûte rien, ça l'aurait gênée de...de ne pas régler la
consultation. (E9)
Oui je fais payer les médecins. C'est eux qui me le demandent d'ailleurs. (E5)
...qui permet une meilleure relation de soin...
Il faut payer parce que quand on paye, on est un client comme un autre [...]Sans compter
que la relation devient un relation médecin/patient et que sur le plan de la responsabilité
c'est plus la même. (E14)
Ça simplifie beaucoup de choses, ça simplifie les choses, les rapports entre tout. (E5)
...et qui valorise l'acte
Ça valorise l'acte à ton niveau. C'est à dire que tu fais ton boulot correctement [...]. Puis
lui aussi ça le met à l'aise quoi, il sait qu'il vient pas te faire chier quoi. Il sait qu'il vient et
qu'il fait le truc. (E5)
Faire régler la consultation dans la mesure où ça lui ne coûte pas grand-chose
Euh. Ben je les fais payer. Je les fais payer 23 euros...[...] ils sont remboursés, je leur fais
payer une consultation. (E15)
Ben j'estime que de toute manière c'est vite fait…le seul cadeau que je fais, à qui je fais
c'est pas au médecin…c''est pas au patient c'est à la sécurité sociale. (E5)
Concernant le règlement, deux pensées s’affrontent :
- La première, celle de la tradition, de la confraternité refusant catégoriquement le
règlement du patient provoquant une sensation de gêne parfois. Sauf quand le
règlement est explicitement demandé par le patient médecin. Un médecin interrogé
a mentionné le sentiment de liberté vis-à-vis de la sécurité sociale.
- La seconde, celle de faire régler la consultation contribue à une relation
médecin/patient la plus normale possible.
19
La consultation en elle-même du patient médecin tente à se dérouler comme avec
un patient qui ne serait pas médecin. Les médecins interrogés expliquent cela par la
volonté d'entretenir une relation médecin/patient la plus normale possible, garante d'une
prise en charge adéquate.
20
PARTIE B : La communication avec un patient médecin
1. Termes employés
Très peu de termes médicaux car c'est inutile
Avec cette dame non. Je parlais, on parlait, je parlais comme je parle avec les autres
patients. J'allais pas employer des termes médicaux. (E3)
Je les utilise pas trop les termes médicaux, moi je trouve qu'il faut rester basique. (E9)
L'emploi d'un même langage facilite la communication
Je me suis pas sentie obligée de tout expliquer quoi voilà. (E10)
Oui quand...surtout oui. On parle à quelqu'un qui comprend notre langage. (E11)
L'emploi de termes médicaux influe peu
Non parce qu'employer des termes techniques. Enfin...ça change rien. Qu'il me dise
« j'ai mal au cou » ou « j'ai des cervicalgies » [...]...ça change rien pour moi (rire). (E4)
J’emploie jamais trop de termes médicaux parce que ça sert à rien. (E3)
La majorité des médecins interrogés utilisent des termes médicaux. Ils trouvent
normal le fait de parler le même langage. Cela facilite les échanges. Un médecin interrogé
considère qu’au contraire cela n'apporte rien. Seuls trois médecins n'utilisent pas
spécifiquement de termes médicaux, mais car cela ne fait pas partie de leur pratique
habituelle.
2. Le mode de communication
Vouvoiement au début lorsqu’‘ils sont âgés et tutoiement par la suite
Ben moi j'ai du mal quand même parce qu'ils sont beaucoup plus âgés donc c'est vrai que
j'ai du mal avec le tutoiement. (E10)
Ah oui au début tu les vouvoies bien sûr. Et puis après généralement on se tutoie. (E12)
21
Les mêmes explications données qu'aux autres patients...
Mais moi je parle beaucoup aux patients. Je leur explique beaucoup aux patients déjà.
J'ai pas l'impression qu'il y a une grosse différence en fait. (E15)
Si...mais comme je parle beaucoup avec mes patients, je parle pareil avec mes...avec
mes…patients qu'ils soient médecins ou pas médecins. (E5)
...où il faut quand même s'adapter à leur niveau de connaissance, parfois difficile à
appréhender
Par contre quand ils comprennent pas le truc il faut vraiment leur expliquer quoi. (E12)
Non la relation est un peu difficile, c'est qu'il faut expliquer sans trop expliquer pour pas
gêner le confrère qui a l’impression qu'on lui explique des choses qu'il connaît déjà. D'un
autre côté, il connaît pas [...].il comprend rien. Ce qui fait que c'est pas simple à gérer
parce qu'il croit qu'il comprend bien sûr. Mais il comprend pas. (E6)
Ou au contraire les soignants donnent plus d'explications, se justifient plus
On va peut-être un peu plus expliquer à partir du moment où c'est un professionnel de
santé, pour dire pourquoi je fais ça […] J'explique davantage ouais avec un médecin.
(E14)
Si on lui dit qu'on va faire un scanner c'est qu'on va chercher quelque chose donc on va
justifier pourquoi on fait un scanner et pour quel motif et voilà. (E4)
Les médecins soignants font attention à ce qu'ils disent
Il y a un peu plus intérêt à pas trop lui raconter de conneries (rire) des sottises. [...]. Moins
dire de bêtises qu'avec les patients. (E11)
Voilà faut bien être carré. (E12)
J'essayais d'être un peu plus précise que ce que je le suis avec un patient normal. (E3)
Des échanges entre patients confrères plus faciles, plus directs
A la limite je dirai plus à l'aise à la limite. [...] Je dirai que c'est plus facile de parler à un
médecin que de parler à un patient qui comprend pas toujours quoi. (E10)
Enfin bon bref, on discute entre confrères. (E2)
22
Les médecins patients posent des questions sur un mode différent
Il peut avoir posé des questions sur un mode différent du patient habituel. (E1)
Savoir dire non à un médecin
Oui je suis capable de dire non à un médecin. J'ai déjà dit non à un médecin. (E15)
Le seul truc avec les médecins je pense [...] il faut être capable de dire « non, non ça moi
je fais pas » C'est tout, en fait faire comme avec les autres personnes qui qui posent
des...qui ont des demandes limites. (E2)
Concernant leur façon de s’exprimer, les médecins soignants interrogés sont plus
nombreux à faire attention à ce qu'ils disent et ont tendance à justifier davantage leur
démarche. Ils ne veulent pas apporter des éléments imprécis au patient « sachant » qui
pourrait le percevoir. Mais ce statut de « sachant » peut ne pas être fiable. En effet, un
médecin interrogé pense qu'il est difficile d’appréhender ce que comprend réellement un
confrère pour pouvoir adapter le langage à ses connaissances. Cette difficulté se retrouve
notamment avec les patients médecins retraités, dont les connaissances médicales ne
sont plus à jour, et avec les spécialistes.
Six médecins soignants sur 15 parlent d'un échange entre confrères qui facilite la
communication, et de ce fait la relation.
Deux médecins nous ont spontanément exprimé le fait qu'ils se sentaient capables
de dire non à un patient médecin, mais aussi qu’il fallait le faire comme avec n'importe
quel autre patient.
23
PARTIE C : La prise en charge des médecins consultants
Nous verrons dans cette partie si le statut de médecin influe sur leur manière de
prendre en charge ces patients.
1. Prescription d'examens complémentaires
Pas de modification de prescription d'examen complémentaire
J'aurais la même, la même attitude thérapeutique [...]Donc pour arriver à ça faut
forcément le considérer comme un patient lambda. (E1)
Difficile de se juger mais je ne crois pas qu'il y ait une différence à ce niveau. (E15)
Mais les patients médecins peuvent se prescrire des examens
Je lui ai proposé [...]Bon pensant que s’il y a un souci, un symptôme il...il peut se le
prescrire lui-même. (E11)
L'autre c'est un médecin biologiste. Donc il se prescrit ses analyses. [...]...il se fait des
bilans biologiques. (E3)
Les patients ne cherchent pas à contredire, ne discutent la pertinence des examens
Il cherche pas à contredire, à vouloir des examens en plus où. Il est facile à soigner je
t'avoue. (E4)
Ça pose pas de soucis, les examens complémentaires ils acceptent sans problème. (E6)
Il faut plus justifier de faire ou de ne pas faire des examens, la manière de prescrire ou
de ne pas prescrire change
C'est peut-être la pédagogie, la manière de les prescrire et de dire qui est un peu
différente. (E2)
Bah non. Non s’il en a besoin je lui demande. Si je lui dis...S’il y en pas besoin, je lui dis
pourquoi il faut pas le faire. (E5)
24
Tendance à « ouvrir le parapluie » et prescrire plus d'examens
Je pense que je vais faire plus d'examens peut-être. Je vais moins attendre pour faire des
examens. (E3)
Ou peut-être qu'on tire un peu plus le parachute quoi. Peut-être qu'on va faire un peu plus
d'examens complémentaires, en disant on ne va pas passer à côté, on ne sait jamais.
Donc c'est peut-être ça. On va peut-être être dans l’excès des examens à faire. (E4)
Sur la prescription des examens complémentaires, la majorité des médecins
interrogés ne changent pas leur pratique. Les patients médecins ne discutent pas leurs
prescriptions d’examens, mais il faut les justifier un peu plus qu'avec les patients lambdas.
Cependant deux médecins interrogés avouent faire pratiquer plus d'examens
complémentaires par peur de passer à côté d’éléments importants, pour se couvrir
davantage.
2. Recours aux spécialistes
Une place de médecin référent difficile à trouver lorsque le patient médecin consulte de
lui-même des spécialistes.
Il est suivi pour tout par tout une armada de spécialistes [...] Moi mon rôle est assez...Moi
je reçois les comptes-rendus mais...globalement c'est pas vraiment moi qui le traite. (E8)
Il est suivi pour le cœur par Paul, il est suivi pour son diabète par Jacques, il est suivi par
le...truc...Toi tu te demandes ce que tu fous au milieu quoi. (E5)
Tendance à adresser plus rapidement chez un spécialiste
En fait je me suis couverte en l'envoyant chez le cardiologue […] Je ne l'aurais pas envoyé
tout de suite alors que là j'ai assez vite pris l'avis du cardiologue pour asseoir un peu plus
ce que moi j'avais dit. (E3)
On va dire « aller par sécurité, je vous envoie quand même chez le cardio, on ne sait
jamais ». On ne l'aurait peut-être pas fait chez quelqu'un d’autre. (E4)
25
Ainsi une troisième relation s'installe qui peut être difficile à appréhender
Après il a d'autres avis autour de lui qu'il prend, d'anciens confrères ou de nouveaux qui
eux bottent en touche parce qu'ils le connaissent pas. [...] Donc il y a une troisième
relation. C'est que on a un confrère qu'on soigne on va devoir appeler un spécialiste
confrère qu'il connaît pas ou qu'il connait pour lui demander un avis sur un confrère [...]Il
le revois comme un technicien, il donne un avis et puis après démerde-toi avec quoi. (E6)
Concernant le recours aux spécialistes, les patients médecins sont souvent pris en
charge par des spécialistes qu’ils connaissent. Cela peut compliquer la relation avec le
médecin soignant qui ne retrouve plus sa place et crée une troisième relation qui peut
être difficile à gérer. A noter que deux médecins reconnaissent adresser plus rapidement
leurs patients médecins chez des spécialistes afin de se prémunir d’éventuelles erreurs,
ou encore d’être confortés dans leur prise en charge initiale.
3. Mise en place de thérapeutiques
Pas de discussion sur l'introduction de traitements
Ah non ils discutent pas par contre. (E3)
Il y a une discussion avant l'introduction de traitements
Mais quand je dis « ils discutent les traitements » c'est pas discuter pourquoi ce
traitement...c'est est-ce que vraiment j'en ai besoin. (E14)
C'est vrai que quand je lui ai donné des traitements un peu particuliers [...] je lui ai posé
la question. Mais voilà je discute un peu. Je dis « voilà, c'est telle famille...machin...etc.
...est-ce que tu es d'accord de le prendre ?». (E9)
Les patients médecins rédigent eux-mêmes leurs ordonnances
Il se fait ses ordonnances mais il recopie les miennes. Mais bon ça lui fait plaisir donc il
se fait ses ordonnances. (E6)
26
Nécessité de plus de réflexion avant l'instauration d'un traitement
Mais c'est sûr que je vais peut-être réfléchir un peu plus. Parce que...parce qu'il y a en
face quelqu'un qui va…[...]C'est pas critiquer, mais analyser le traitement. Donc c'est un
peu plus compliqué parce qu'il faut peut-être un peu plus convaincre de prendre quelque
chose. (E3)
La prise en charge thérapeutique est souvent plus discutée et le médecin soignant
doit plus souvent la justifier auprès de son patient médecin.
4. Particularités de la prise en charge
Des patients qui gèrent seuls leur santé
Ben oui c'est plus difficile parce qu'il prend sa décision. C'est lui qui gère sa santé. [...] Je
suis la plume et lui prend ses décisions. C'est compliqué. [...]Parce qu'ils se font les
questions et les réponses. Limite s’ils se font pas les ordonnances. [...] C'est plus difficile
de les prendre en charge. Plus difficile justement parce qu'il y a.…ils ont déjà le diagnostic.
Ils ont le pronostic à la limite et…donc...c'est pas facile. (E10)
Parce que quand je suis arrivée il m'a dit « voilà j'ai mal, il faut me prescrire ça... ». La
marge de manœuvre était réduite. (E2)
Le rôle du médecin traitant est de ne pas tenir compte des connaissances du patient-
médecin
Ce que je sais c'est qu'ils vont comprendre peut-être plus facilement ce que je dis, ce que
je leur explique ou déjà ce que je vais leur dire, ils le savent déjà. Mais justement [...] je
leur redis même si ils le savent. Je pense que c'est mon rôle en fait. (E13)
Si ça me concerne je suis moins sûr d'avoir compris il va falloir qu'on m'explique. Mais
c'est pareil dans l'autre sens. (E6)
27
Une représentation différente de la maladie
Ils sont pas faciles à soigner [...] ils veulent pas tomber dans le cercle de la pathologie et
du traitement. [...] ils sont un peu...pas compliants et peu coopératifs. (E12)
Alors déjà il y avait un déni. (E13)
Des patients plus angoissés
Hyper stressé, du coup il pensait que c'était un pancréas. Direct. (E10)
On essaye de rassurer plus parce que je pense que le médecin malade est plus inquiet
que le malade normal. (E6)
Des échanges intéressants durant la consultation
Donc voilà il y a.…c'est intéressant. Il y a quelque chose à ce niveau-là qui est intéressant
parce que eux ils sont plus à demander, ils sont en demande. [...]. En ostéo j'ai remarqué
ceux qui connaissaient pas du tout ils aiment bien savoir comment ça fonctionne. (E12)
Ben c'est comme quand tu discutes avec un confrère d'un cas clinique ou...il peut te faire
voir d'autres aspects que toi tu n'as pas envisagé. (E15)
Les patients médecins sont des patients particuliers. Du fait de leurs
connaissances ils peuvent décider d'être maître de leur prise en charge. Dans ce cas, le
rôle du médecin soignant se complique car il lui faut trouver sa place. Ces connaissances
peuvent rendre le patient médecin plus angoissé concernant sa propre santé. D’ailleurs,
ils ont un rapport à la maladie différent du patient lambda. Souvent, ils refusent se
considérer comme « malades ». Il peut y avoir une sorte de déni qui ressort bien quand
on interroge les médecins sur la vision qu’ils ont de leur propre santé. Nous verrons cela
dans la suite de ce travail.
28
5. Facteurs facilitants
Des connaissances plus à jour ou alors très spécialisées
Quand on a affaire à un spécialiste c'est encore plus facile parce qu'ils sont vraiment,
parfois complètement cloisonnés. (E1)
Le médecin âgé lui au bout d'un certain temps il se transforme vraiment en patient. [...] il
a perdu les connaissances qu'il avait. (E14)
Les patients médecins se positionnent d'eux-mêmes en tant que patients
Ils se sont positionnés en patient en fait. Eux se sont positionnés en patients. Ça dépend
aussi comment se positionne l'autre. (E15)
Les relations des fois sont...sont...franchement le médecin en fait exprès en fait de se
mettre dans la peau d'un patient lambda pour éviter ce problème relationnel parce que lui
aussi peut être ça lui pose un souci. (E6)
L'expérience facilite la prise en charge
L'expérience c'est justement d'arriver à ne plus être influencé par...par ce qu'est la
personne quoi. (E13)
Oui mais moi j'en ai eu de l'appréhension à soigner un médecin. Plus jeune oui. Oui parce
que t'as peur d'être jugé. Quand tu as un médecin tu sais, c'est désagréable d'être jugé.
(E5)
Le fait d'être maître de stage
Alors que peut être que du coup être maître de stage c'est peut-être plus simple parce
que on a souvent un médecin avec nous, on a l'habitude finalement de se remettre en
question. (E4)
Les connaissances du patient médecin facilitent la prise en charge
Quand tu expliques à un type qu'il a un diabète, en général un médecin il comprend que
si il a un diabète il faut qu'il fasse attention parce que...parce que tu as quasiment pas à
reprendre toutes les, toutes les notions de prévention. (E5)
29
Le principal facteur facilitant est lorsque le patient médecin se positionne lui-même
en tant que patient normal. Celui-ci dans ce cas lâche prise et facilite la prise en charge
du médecin soignant. Le fait de traiter des médecins retraités, non installés ou
spécialistes, qui ont des connaissances soit anciennes soit spécialisées, est retrouvé
comme facteur facilitant. Deux médecins ont spontanément évoqué le fait d'être maître
de stage comme facteur facilitant. Les médecins recevant des internes ont l'habitude
d'avoir un regard extérieur sur leur prise en charge, un peu comme s’il y a un médecin en
face d'eux. Cela a modifié notre recrutement comme indiqué dans la partie de notre travail
intitulé « Méthode ».
6. Les risques de cette prise en charge
Ne pas donner les mêmes soins qu'aux autres patients
Si on donne pas les mêmes soins qu'à un patient normal [...] ça veut dire qu'on met des
biais dans la, dans la consultation [...] donc si on leur donne pas ça, pour moi ça veut dire
que c'est pas la peine de les soigner. (E1)
Et de ne pas se laisser embarquer dans un processus...relationnel mou. [...]Ben c'est à
dire, on discute, on est là entre copains, entre...Et puis on fait plus son boulot. (E2)
Perte de temps dans les explorations
Moi ce que je crains un peu chez, chez les médecins c'est...c'est la perte de temps. (E2)
Problème de confiance entre médecins
Mais je pense que les médecins sont capables de nous planter plus que les autres parce
que on va les croire. (E2)
Un des principaux risques décrit par les médecins interrogés est qu’il y ait une
différence de prise en charge en considérant qu’ils peuvent aussi se prendre en charge,
se prescrire des examens etc. Or les médecins reconnaissent qu’ils se soignent très mal
tout seul.
30
PARTIE D : La relation, son évolution et son vécu.
1. Type de relation
Une relation amicale
Amicale...L'autre je vous dis, il me fait la bise. (E10)
En fait plus amicale. Je préfère ça plus le terme amical que confraternel. (E11)
Une relation confraternelle
Il y a un sentiment de confraternité quand même qui change quand même un petit peu la
relation qu'avec un patient lambda, qui n'est pas médecin. (E15)
Parce qu'il y a toujours un côté un peu hiérarchique dans la relation médecin-malade.
Vous êtes assis en face de moi, moi je suis là à mon bureau avec ma blouse. Là il y a pas
ce côté-là, il y a que le confrère. (E4)
Une relation confraternelle et amicale
Là elle est amicale et confraternelle. Et après il y pas ce côté hiérarchie entre guillemets
patient malade. Là on est un peu plus d'égal à égal entre guillemets. (E4)
Une relation gratifiante, une preuve de confiance
C'est gratifiant parce qu'un médecin qui va voir un autre c'est quand même gratifiant de
se dire il vient me voir. (E14)
Alors d'abord c'est...c'est une grosse preuve de...de...de reconnaissance. [...]Donc ça
c'était déjà extrêmement touchant comme marque de confiance. (E7)
Une relation classique, comme avec n'importe quel patient
J'ai pas eu l'impression d'avoir eu une relation excessivement différente qu’avec les
autres patients. (E9)
31
La plupart des médecins interrogés parlent d'une relation confraternelle. D'autres
médecins nous ont parlé d'une relation amicale notamment lorsque les patients médecins
sont des connaissances. Le fait de prendre en charge un patient médecin se révèle être
gratifiant pour trois médecins. Et enfin des médecins nous ont confié que pour eux c'était
une relation identique à celle entretenue avec les autres patients.
2. Évolution de cette relation
Un début difficile parfois
Au début c'est un peu raide les relations avec les médecins et après ça devient presque
copain-copain. (E12)
Mais qui évolue vers une relation médecin/patient classique
Et donc voilà, c'est là la relation qui est...c'est le plus difficile après sinon non. Je pense
qu'après une fois qu'on s'y est habitué la relation est normale. (E6)
Au fil du temps la relation avec le patient médecin se transforme en relation
médecin/patient ordinaire. Le médecin soignant peut aussi être plus sûr de lui au fil des
consultations. Cette notion sera développée par la suite.
3. La définition des rôles de chacun
Clairement verbalisé par le médecin soignant
Voilà, si on le verbalise pas ça va être une relation faussée un peu comme quand on se
soigne nous-même. (E1)
Si si ça a été verbalisé que c'était moi le médecin et que c'était moi quand même qui
gardais la maîtrise sur mes prescriptions. (E15)
32
Clairement verbalisé par le médecin patient
Il m'a dit : « moi je...Je me laisse faire. Dans le cas particulier je suis plus...Je suis plus
médecin j'écoute ce que vous me dites » [...]Je te dis je crois que ce qui est important
c'est d'avoir un bon contrat d'entrée. (E5)
C'est un monsieur très gentil qui m'a clairement expliqué que il arrêtait de faire n'importe
quoi avec sa santé et que il s'en remettait au médecin qu'il consultait. (E8)
Pas de verbalisation, induit de manière implicite
Non. C'est souvent non formulé. (E6)
Je pense que ça s’est fait implicitement. (E9)
Nous avons vu précédemment qu’un des facteurs facilitants était que le patient
médecin se mette lui-même dans le rôle du patient ordinaire. Ainsi le médecin soignant
peut garder son « rôle » de médecin et cela facilite la relation. Dans la majorité des
interactions médecin/patient-médecin explorées durant ce travail, cette « attribution » des
rôles provenait du patient médecin. Cela indique un « lâcher prise » des médecins
patients qui est davantage exploré dans le travail de thèse de Cédric Lambert. Dans trois
cas, les rôles étaient définis implicitement. Et dans les autres cas, cela provenait du
médecin soignant qui se positionnait en début de consultation.
4. Le ressenti du médecin-soignant
Pas de sentiment différent qu'avec un patient normal
Non aucune pression par rapport à ça. Pas plus de pression que du patient, que du patient
normal ou en fait on a la pression. (E1)
Alors...moi j'ai pas d'appréhension à recevoir des médecins. (E2)
33
Des médecins éprouvent une sensation de gêne, se sentent mal à l'aise
C'est vrai que quand elle m'a dit qu'elle était médecin, j'étais un peu gênée. [...] parce
que...parce qu'elle sait des choses et voilà. (E3)
J'étais un peu gênée c'est vrai que ça me...Le fait de, de savoir qu'elle connaissait pas
mal de choses. (E9)
La peur d'être jugé, observé
Je pense que c'est plus difficile...parce qu’on peut se sentir jugé. (E4)
Néanmoins voilà, je me sentais un peu…un peu petite et observée aussi. (E8)
Les médecins ressentent une pression
Ça met une petite pression le fait qu'il soit médecin. (E4)
Être...envie d'être irréprochable. (E8)
Les médecins ressentent de l'appréhension
L'appréhension je pense c'est ça, c'est l'appréhension du contact en se demandant quelle
position hiérarchique on peut avoir en fait. C'est à dire que lorsqu'un médecin soigne un
patient, ça se voit tous les jours. (E6)
Les médecins soignants appréhendent mal les connaissances du patient médecin.
En effet les soignants ont peur d'être jugés, se sentent gênés, ressentent une certaine
forme de pression. Mais ces sentiments se dissipent avec l'expérience et le temps, facilité
par les connaissances vieillissantes des patients médecins, et la confiance en soi du
soignant. Certains médecins n'éprouvent pas ces sentiments et un médecin nous a confié
qu'elle se sentait plus à l'aise face à un médecin. Les patients-médecins deviennent des
patients ordinaires.
Nous avons vu dans cette partie que la relation avec un patient médecin est une
relation complexe, plurifactorielle, propre à chacun que ce soit le médecin soignant ou le
patient médecin. Si certains médecins soignants arrivent à faire fi du métier du patient, la
majorité intègre le métier dans la relation et en font une relation particulière se normalisant
avec l'expérience et avec le temps
34
PARTIE E : Comment aborder ces consultations d'après les médecins interrogés
A la suite de la lecture et de l’analyse des entretiens, nous en avons extrait
quelques conseils pour aborder ces consultations particulières.
Enlever l'étiquette « MEDECIN » collée sur le patient...
Ah ouais...moi j'estime qu'on est des patients normaux. Et je pense qu'il y a que comme
ça que tu les soigneras bien. (E5)
Ne pas les aborder différemment des autres je pense. Je pense que c'est ça aussi qu'ils
attendent en tant que patients. (E8)
...en mettant un cadre à la consultation et en la structurant.
Je prends rendez-vous, je dis ce que je suis mais je prends rendez-vous. Et
éventuellement je paye ma consultation. [...]et là on devient vraiment un patient parce que
le risque c’est de ne pas être pris pour un patient. (E14)
Ne pas se laisser mener par le patient-médecin
Essayer de ne pas se laisser diriger quoi, mener par le médecin. (E10)
Garder la maîtrise de ses prescriptions, ne pas avoir peur de dire non surtout. (E15)
S’affirmer, ne pas avoir peur
Il faut que le médecin arrive à garder sa position de médecin face à un patient qui doit
garder sa position de patient aussi. (E8)
Les laisser faire, ne pas être trop intrusif
Ce n’est pas facile. Mais il faut être assez cool parce que si on essaye de les...d'être trop
intrusif, de les forcer ils se cassent, ils vont voir ailleurs. (E12)
35
Etre professionnel
Alors...je pense qu'il faut essayer d'être au maximum professionnel…de prendre encore
plus de distance que avec les gens normaux. (E2)
Être soi
C'est d'être soi. C'est tout. (E7)
Ben je sais pas moi...de rester très naturel. (E9)
Il faut considérer le patient-médecin comme un patient ordinaire. Ils conseillent
aussi de ne pas se laisser entraîner par le patient médecin et de savoir dire non, de
prendre de la distance. A contrario, un autre médecin suggère qu'il faut plutôt les laisser
faire au risque qu'ils quittent la patientèle. Enfin, deux médecins nous conseillent de rester
naturel, d’être soi et c'est souvent ce que les patients cherchent finalement.
36
PARTE F : Quand les médecins consultent un autre médecin
Même si cette partie est plus développée dans la thèse de Cédric LAMBERT, nous
avons quand même demandé aux médecins s’ils avaient déjà consulté un confrère.
1. Pour quelles raisons consultent-ils ?
Maladie nécessitant une prise en charge
Oui j'ai été gravement malade. J'ai eu un méningiome. Le Pr P qui m'a opéré. (E10)
Ben le gynéco. Je me suis fait deux fois un in situ du sein donc j'ai été opéré deux fois.
J'ai refusé la radiothérapie ce qui aujourd'hui se confirme quoi. (E7)
Difficile de s'ausculter tout seul, avoir un deuxième avis
On inverse les rôles et on se met à sa place et…Nous on a toujours eu besoin de médecin.
Se soigner tout seul on le fait tout le temps. Mais pour s'ausculter c'est plus compliqué et
donc après il y a une relation de confiance qui est difficile. (E6)
Je pense qu'on prend plus en charge notre santé nous-même et des fois je lui en parle
pour qu'il me fasse une prescription ou...pour avoir son avis sur un truc où je sais pas
trop. (E15)
Plutôt pour des problèmes administratifs
C'est à dire qu'en fait on demande à des collègues d'être dépanné pour des trucs qui
relèvent plus de l'administratif que du médical quoi. (E2)
Nous retrouvons les causes évoquées dans la PARTIE A des résultats qualitatifs.
Les médecins soignants interrogés ont consulté parce qu'ils étaient atteints de maladie
nécessitant une prise en charge, parce qu'ils voulaient un deuxième avis et pour des
questions administratives.
37
2. Quand les médecins interrogés se retrouvent comme patient
Le médecin est un patient comme les autres.
J'ai pas un niveau tel que le fait d'être médecin me mette à un niveau supérieur à un autre.
Moi je suis comme tout le monde. (E7)
Ah ouais...moi j'estime qu'on est des patients normaux. (E5)
Un médecin est un patient qui se néglige
On se néglige[..]J'ai fait une péritonite que j'ai soigné à l'Augmentin et Flagyl tout seul
chez moi, tout seul. (E12)
Ben disons qu'on est soit dans le pas assez ou dans le trop. (E13)
Un médecin se soigne tout seul
Je fais plutôt de l'automédication ou je suis pas souvent malade. (E7)
A part mes problèmes de santé que j'ai eus, que j'ai un peu piloté moi-même. (E2)
...et parfois ne veut pas savoir ce qui se passe
Non. Je lui ai fait entièrement confiance. [...] Mais je ne voulais pas savoir ni les risques,
ni ce que...je savais bien sûr. J'ai fait plutôt l'autruche. (E10)
Ça c'est mon interprétation, je pense qu'en étant médecin on veut pas savoir. (E3)
Difficile de prendre une décision médicale les concernant
Je faisais tout ce qu'on me disait, j’étais pas pénible mais je voulais pas prendre de
décision médicale me concernant. (E8)
Les médecins se servent de leurs connaissances
Donc c'est vrai que j'avais un minimum de connaissances théoriques où j'ai dit au gynéco
[...] « Je veux pas de radiothérapie ». (E7)
Mais c'est un peu normal...qu'on se serve un peu soit même de nos connaissances dans
la mesure où on a gardé notre esprit. (E2)
38
Les médecins ont leur mot à dire durant la consultation
Oui on discute oui, bien sûr bien sûr. Ben ça finit toujours à la fin par une discussion qui
est plus confraternelle. (E13)
Je discute éventuellement la prescription. (E14)
Même s’ils réclament une prise en charge identique
Ce que j’attends c'est que je passe par les mêmes trucs. (E1)
Mais j'avais envie qu'on me traite comme n'importe quel patient. (E8)
Car parfois ils ne bénéficient pas de la même prise en charge notamment lors de la
grossesse
Non. Ce que j'ai très mal vécu c'est quand j'étais enceinte […] Bon je savais certaines
choses, mais je voulais qu'il me prenne en charge. Et....lui il me prenait pas en charge.
(E3)
Les médecins essaient d'être des patients comme les autres mais quelques
particularités les différencient du patient ordinaire. Beaucoup se négligent, entrainant un
retard dans leur prise en charge. Leurs connaissances leur permettent d’influer en toute
conscience sur leur prise en charge et leur thérapeutique. Certains préfèrent laisser les
rennes de leur santé au médecin. Mais ils réclament la même prise en charge que les
patients lambdas.
Il est intéressant de noter que quelques médecins ont fait le parallèle entre la façon
dont ils aimeraient être pris en charge par leurs confrères, et leur façon de prendre en
charge les patients-médecins. Ils prennent en charge les confrères comme eux aimeraient
être pris en charge. A la lecture des entretiens, cela se retrouve chez la plupart des
médecins même s’ils ne l’ont pas précisément exprimé.
39
DDISCUSSION
Dans cette partie nous discuterons de la validité des résultats de notre étude en y
explorant les forces et les faiblesses à l’aide des données de la littérature. Nous y
exposerons les idées fortes ainsi qu’une analyse comparative avec le travail de Cédric
Lambert. Pour finir nous discuterons des résultats à la lumière de l’actualité et y
exposerons d’éventuelles perspectives.
1. Forces et limites de notre étude
1.1. Liées au sujet lui-même
Notre étude vise à explorer le côté relationnel de la prise en charge du médecin
malade dans le cadre d’une consultation de médecine générale. Plusieurs travaux ont
exploré l’aspect du médecin malade notamment ceux de Madame BONNEAUDEAU
Sandra (7) et Madame LHOTE Madeleine (24). Cette dernière explore la prise en charge
des médecins malades mais en y interrogeant principalement des spécialistes. Or dans
notre étude, nous avons choisi d’interroger principalement des médecins généralistes ce
qui en fait un travail inédit.
Nous avons aussi essayé d’y apporter un éclairage transversal grâce au travail de
thèse de Cédric Lambert qui s’intéresse aux médecins malades consultant des médecins
généralistes. Nous avons ainsi réalisé une analyse croisée que nous exposerons dans
une partie de la discussion.
1.2. Liées à l’analyse
Le concept de théorisation ancrée vise à faire émerger des concepts nouveaux, le
chercheur étant dépourvu d’idées préconçues. Cela passe par une codage « pur » qui est
difficile à réaliser en pratique. En effet, nous avons élaboré le guide d’entretien à partir
d’hypothèses et de questions de recherche.
40
Durant ce travail, nous avons réalisé une analyse thématique modelée sur les
différentes catégories du guide d’entretien. Cela peut diminuer la puissance des résultats
car cette méthode n’obéit pas à proprement parlé à la règle de la théorisation ancrée. Car
comme le soutiennent Monsieur DUMEZ et Madame AYACHE « à la base de la
théorisation ancrée, il y a la conscience du risque de circularité : si l’on aborde un matériau
avec des cadres théoriques prédéfinis, alors la tentation est de ne voir dans le matériau
que ce qui confirme ces cadres théoriques » (3) Cependant dans les différents thèmes
nous sommes restés très libres et à l’écoute des différents concepts pouvant émerger.
1.3. Liées au mode de recrutement
Notre méthode de recrutement a pu être source de biais de sélection à plusieurs
niveaux. Tout d’abord nous avons recruté les premiers médecins selon la méthode de
proche en proche via notre réseau comprenant les médecins chez qui nous étions passés
en stage ou que nous remplacions. Nous avons également contacté par mail des
médecins maîtres de stage. Cela peut entrainer un biais de sélection car nous avons un
effet groupe où le principal risque est d’avoir seulement le point de vue d’un groupe et
non les points de vue individuels.
Néanmoins afin de diminuer ce biais, nous avons contacté des médecins au hasard
via le site de l’assurance maladie (2).
1.4. Liées à la population étudiée
D’après le dernier recensement du Conseil National de l’Ordre des Médecins (12)
l’âge moyen des médecins généralistes est de 52 ans ( 48 ans pour les femmes et 55 ans
pour les hommes). Les femmes représentent 44% de la population médicale.
Même si la recherche qualitative ne vise pas à obtenir un échantillon significativement
représentatif, nous pouvons observer que notre population est en accord avec les
données sociodémographiques du Conseil de l’Ordre des Médecins. Pour mémoire dans
notre travail, le taux de femme est de 47% et la moyenne d’âge des participants est de
55 ans.
41
1.5. Liées aux entretiens
La réalisation des entretiens relève d’une technique dont nous n’avons pas
l’habitude. L’appréhension de celle-ci s’est effectuée grâce à la lecture d’ouvrages (20,
22, 27) de travaux qualitatifs, de formations dispensées à notre Faculté de Médecine
appelées « Cellule Qualitative ». Cependant elle reste difficile à appréhender.
L’entretien avec des médecins généralistes est une expérience très enrichissante.
En effet notre formation médicale se base sur l’apprentissage par nos pairs. Ainsi lors des
entretiens, nous avions beaucoup à apprendre notamment de leurs différentes
expériences. Quelque fois cela débordait largement le cadre de notre sujet de thèse, ce
qui pouvait distraire et déconcentrer le médecin interrogé. Cela s’est ressenti notamment
pour les premiers entretiens expliquant la longueur de certains. Par la suite nous avons
essayé de recentrer au maximum les échanges à notre sujet d’étude.
2. Résultats principaux, idées fortes
2.1. La place de la confiance
Dans les travaux sur la relation médecin patient (4, 5, 30) la place de la confiance
envers son médecin y est fondatrice. Celle-ci se construit avec le temps, au fil des
différentes rencontres avec son médecin.
Dans notre travail elle occupe également une place centrale. Les patients
médecins choisissent un médecin en qui ils ont confiance et cette confiance est, parfois,
déjà acquise lorsque le médecin consulté est connu. La prise de rendez-vous et l‘accès
au médecin soignant est facilité par l’utilisation de téléphone portable personnel. La
communication est plus simple du fait du partage d’un langage commun. La relation
évolue souvent vers une relation amicale.
42
2.2. La symétrie/asymétrie de la consultation
Dans notre étude quelques médecins décrivent la relation médecin malade
ordinaire en utilisant l’expression « positionnement hiérarchique ». Lorsqu’il s’agit d’un
patient médecin ce positionnement est complètement effacé induisant une symétrie dont
le miroir serait le bureau. Le médecin a en face de lui, un reflet de ce qu’il est ou va
devenir. En effet ils partagent les mêmes expériences de la relation avec un patient, la
même vocation de soins aux autres, le même bagage médical. Cette symétrie peut
expliquer les sensations de gêne et d’appréhension que ressentent certains médecins et
le surinvestissement d’autres praticiens.
Cependant au cours du suivi, lorsque les « rôles » sont identifiés et assumés, cette
symétrie disparait pour laisser place à une relation médecin-patient la plus ordinaire
possible. La responsabilité du médecin soignant, la prise de recul nécessaire et le cadre
de la consultation l’y aide même si elle reste particulière.
2.3. L’importance du positionnement du patient médecin
Lors des entretiens nous avons clairement identifié l’importance de la définition des
rôles de chacun. Les situations cliniques où le médecin soignant se sentait en difficulté
correspondaient aux patients médecins qui gardaient la main sur leur santé, qui gardaient
leur statut de médecin. De ce fait on peut se poser la question des raisons de leur
consultation ? Dans notre étude, les situations problématiques étaient celles-ci :
- Un patient médecin étranger qui ne possède pas d’ordonnance.
- Un ancien médecin généraliste qui était en fin de vie et donc psychiquement et
physiquement plus capable de se prendre en charge.
- Un ancien médecin généraliste à la retraite qui avait de graves problèmes de
santé. Pour ce dernier, la situation s’est améliorée lorsque l’expertise du
médecin soignant lui a permis d’éviter une aggravation de sa santé.
43
Les différents travaux effectués sur le sujet du médecin malade (28) et notamment
les études qualitatives sur les représentations de la maladie (25), décrivent un sentiment
d’invulnérabilité ressenti par les médecins. Ce sentiment associé à un déni de la maladie
retrouvé dans plusieurs études dont la nôtre, permet d’expliquer la difficulté de certains
médecins à lâcher prise.
2.4. Le rapport invulnérabilité / lâcher-prise
Nous pouvons nous poser la question de l’origine de ces sentiments
d’invulnérabilité, de surpuissance du médecin, même s’ils ne sont pas évoqués de façon
majoritaire dans notre étude. Il concerne à la fois le médecin soignant qui ne veut pas
faillir dans sa mission de soins et le patient médecin qui refuse la maladie.
Le médecin est en contact permanent avec les maladies de ses patients, les angoisses
qu’elles engendrent, les évolutions parfois péjoratives de celles-ci. La relation
médecin/patient habituelle est basée sur l’empathie qui est la capacité intuitive de se
mettre à la place d’autrui. On nous apprend à tenir une distance nécessaire à une prise
en charge adéquate du patient. Chaque étudiant en médecine a connu des expériences
douloureuses lors des premiers vrais contacts avec la maladie, la mort, la souffrance des
patients. Nous nous souvenons tous des premiers patients que nous avons vu mourir.
Je pense que tout cela fait que nous nous formons une « carapace » dont
l’épaisseur, propre à chacun, dépend de la personnalité, de l’histoire et du parcours du
médecin ou futur médecin. Cette « carapace » peut occulter le fait que nous puissions
tomber malade et entrer dans le déni de la maladie comme un moyen de protection.
Dans notre étude ce sentiment est retrouvé à plusieurs niveaux :
- Au début lorsque le médecin patient ne se sait pas encore malade, il présente
un déni de la maladie responsable d’une perte de temps. Comme le cas de ce
médecin « qui était mort d'un cancer de l'estomac parce qu'il avait tellement
peur du diagnostic que...qu'il avait pas consulté. Il savait qu'il avait un cancer.
Il pensait qu'il avait un cancer et...il voulait pas consulter ». (E12)
44
- Mais aussi lorsque le médecin malade est atteint d’une pathologie, car pour
certain il est difficile d’entrer dans le cercle de la pathologie : « Pas question
pour moi d'attendre...d'être en arrêt maladie donc dès que je suis sorti de
l'hôpital j'ai travaillé. Ce qui a provoqué une occlusion où je me suis fait
hospitaliser ». (E12)
- Et même lors de la mise en place de thérapeutiques où il y a souvent une
discussion entre confrères pouvant influer sur la prise en charge « J'ai refusé la
radiothérapie ce qui est aujourd'hui se confirme quoi ». (E7)
- Mais aussi chez le médecin soignant qui ne veut pas faillir à sa mission de soin.
Cela est exacerbée lorsqu’il s’agit d’un confrère en face qui peut être vu comme
son alter égo, comme un miroir de lui-même ébranlant son propre sentiment
d’invulnérabilité.
Le médecin est comme un « actif compulsif » dont l’origine remonte aux raisons
même qui le pousse à vouloir devenir médecin.
On peut de ce fait se poser la question de l’abandon de cette casquette. Pourquoi
le médecin lâche-t-il prise pour se faire soigner ou pour soigner un confrère ? Est-ce
difficile pour lui ?
A la lecture des deux travaux il semble exister différentes situations face auxquelles
le médecin lâche prise :
45
- Lorsqu’il est atteint d’une pathologie aiguë. Le médecin se prescrit souvent les
examens nécessaires jusqu’à ce qu’il ne se sente plus capable de se prendre
en charge, ou lorsque la suite de la prise en charge nécessite un spécialiste
(« sciatique aigue...voilà sciatique aigue…euh...évidemment je me prescris
le scanner...évidement. Scanner, pan hernie discale exclue...okay...direct
neurochir. Jusque-là pas de problème. J'ai pas besoin d'aller voir quelqu'un
d'autre pour savoir ce qu'il faut faire. Indication chirurgicale d'emblée 3 jours
après » (E2)), ou bien lorsqu’il y est obligé par des contraintes physiques
(difficile de s’ausculter tout seul) ou psychologiques (« Si ça me concerne je
suis moins sûr d'avoir compris il va falloir qu'on m'explique ». (E6)).
- Lorsqu’il est atteint d’une pathologie chronique, bien décrit dans la thèse de
Cédric Lambert. Dans cette situation, la consultation vers un confrère en qui le
médecin a confiance est vécu comme un réel soulagement. Le lâcher prise est
plus un choix qu’une contrainte.
- En cas de maladie grave, où le patient médecin est confronté à la gravité de sa
maladie comme tout patient normal avec ses conséquences (« Je lui ai fait
entièrement confiance, donc j'y suis allée les yeux fermés. J'avais mon
méningiome. Je savais ce que…Bon je savais ce que j'avais hein. Mais je
voulais pas savoir ni les risques, ni ce que...je savais bien sûr… ». (E10))
- Dans le cas du médecin soignant l’équilibre se fait lorsque le patient médecin
en face de lui se positionne en tant que patient. Les acteurs de la relation
retrouvent leurs rôles et ainsi la relation devient la plus habituelle possible. Cela
conforte le médecin soignant dans son rôle de médecin qui est de décharger
au mieux le patient de ses problèmes de santé. Et c’est exactement ce que
demandent les médecins patients.
46
2.5. Une relation particulière
Au fil des années, l’étude de la relation médecin patient (4, 30) a permis de faire
évoluer ce concept. Initialement décrite comme asymétrique et elle se veut maintenant le
fruit d’une participation mutuelle entrainant une négociation de consensus entre le
médecin et son patient. Elle est basée sur une communication adaptée à chaque patient.
Dans le cas d’un patient médecin, la communication et de ce fait la relation, sont
facilitées par le partage d’un même bagage médical. Il peut y avoir des discussions sur
les traitements et la prise en charge décidés d’un commun accord entre le patient et le
médecin. Certains médecins soignants la décrivent comme une relation confraternelle.
On pourrait penser que la relation en serait optimisée et plus facile. Pourtant la plupart
des médecins interrogés la considère comme normale. Alors comment peut-on expliquer
cela ? Peut-être par le besoin de recul du médecin soignant, ou par la nécessité de la
considérer comme normale afin de garantir une prise en charge identique à celle d’un
patient ordinaire.
3. Analyse comparative
Nous avons effectué une analyse comparative où nous y exposons les similarités et
différences concernant les grands thèmes de notre étude.
3.1. Le médecin et sa santé
Nous avons étudié dans les deux travaux les ressentis qu’ont les médecins,
soignants ou patients, sur leur santé, la maladie et leur prise en charge. Nous retrouvons
des points similaires dans les deux études notamment :
- Les médecins (soignants et patients) confirment que la maladie est une épreuve
difficile et qu’ils réagissent comme n’importe quel autre patient.
47
- Certains tentent une automédication et un auto-diagnostic qui est considéré
comme une attitude « normale » par les deux populations mais qui peut
compliquer la prise en charge du médecin soignant.
Par contre nous avons vu dans l’étude du point de vue des médecins soignants, et
certains des médecins interrogés le reconnaissent pour eux-mêmes, que parfois les
médecins présentent un déni de la maladie ce qui complique la tâche des médecins
soignants.
La particularité des patients médecins est qu’ils ont fait le choix de consulter, et
donc de confier leur santé à quelqu’un d’autre. Ils sont passés au-delà du déni de la
maladie retrouvée dans l’étude des médecins soignants. Cela renvoie à l’idée force de
l’invincibilité/ lâcher prise développée plus haut.
3.2. Une consultation qui se veut être normale pour une prise en charge
normale
Concernant la consultation en elle-même, le croisement des points de vue des deux
populations ne retrouve quasiment que des similitudes :
- concernant le choix du médecin, le maître mot retrouvé est la confiance qui
s’accentue avec le temps, garante d’une bonne relation médecin/patient-médecin.
- concernant le déroulement de la consultation, celle-ci tend à se dérouler comme
avec un patient ordinaire lorsque l’on interroge les médecins soignants. Ils ressentent
le besoin de faire comme avec n’importe quel autre patient. Mais cela fait écho à la
volonté des patients médecins d’être considérés comme tel. Ce cadre de la
consultation est considéré comme nécessaire par les médecins soignants, garant
d’une prise en charge adéquate et identique à celle d’un patient ordinaire. Un des
risques identifiés par le médecin soignant est justement une différence de prise en
charge du patient médecin.
48
- les patients médecins s’accordent à considérer que le fait d’être médecin optimise
la prise en charge du fait d’un partage de connaissances communes et d’un échange
plus facile. Certains médecins soignants partagent ce point de vue
Cependant nous avons noté quelques disparités, notamment :
- certains médecins soignants avouent prescrire plus d’examens et avoir recours à
l’avis de spécialistes plus rapidement par peur de passer à côté de quelque chose.
Cela peut être exacerbé par le fait que le médecin soignant peut s’identifier au confrère
qui consulte. Il veut de ce fait être irréprochable et fait référence à son propre
sentiment d’invulnérabilité que ce médecin malade peut écorcher. Cependant cette
notion n’est pas retrouvée chez les patients médecins qui considèrent avoir une prise
en charge adéquate. Nous pouvons peut-être expliquer cette différence par le fait que
les médecins patients ayant fait le choix de consulter, se placent dans leur rôle de
patient et que ce fait « facilite » la relation avec le médecin soignant et optimise la
prise en charge, gardant ainsi la distance nécessaire.
- certains médecins soignants décrivent des patients médecins qui gèrent seul leur
santé. Or les patients médecins interrogés ont justement décidé de faire le contraire.
Par contre il persiste une disparité d’opinion concernant le règlement de la
consultation. Celle-ci est retrouvée dans quasiment tous les travaux traitant des médecins
malades. La quasi-totalité des patients médecins interrogés trouvent qu’un règlement est
normal et même obligatoire quand plus de la moitié des médecins soignants le refusent.
D’après les médecins soignants, cela fait partie de la confraternité, comme une
sorte de tradition. Ils se sentent gênés de demander un règlement car ils se sentent
« proches » du patient/médecin, appartenant à la même famille médicale et il est difficile
de faire payer un membre de la famille. Cela est bien décrit dans la thèse de Cédric. Les
patients médecins voient plutôt cela sous l’angle de la valorisation du travail fourni, et de
ce fait la valorisation de la prise en charge effectuée. Cela fait partie du pacte de soin que
les médecins patients prônent et de la bonne relation de soin.
49
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (13) rapporte ceci : « demander des
honoraires à un médecin malade consultant n’est pas contraire aux principes
hippocratiques ; il va sans dire que ce ne doit pas être une règle et que bien d’autres
facteurs, affectifs et personnels, entrent en ligne de compte… ».
La question du règlement est donc laissée à l’appréciation de chaque médecin qu’il
soit soignant ou patient.
3.3. Une communication commune
Au niveau de la communication, les deux populations emploient majoritairement
des termes médicaux et cela facilite grandement les échanges. En effet, cela permet une
description plus précise de la symptomatologie du patient médecin et de ce fait une
meilleure compréhension.
Dans les deux études, nous retrouvons la notion d’une discussion entre confrères
notamment sur l’introduction de thérapeutique et la décision de la prise en charge.
3.4. Une relation particulière.
Les deux populations s’accordent sur le fait que c’est une relation particulière,
confraternelle et qui tend à être amicale très rapidement. La confiance est un fondement
de cette relation et elle est un mot clé retrouvé dans les deux travaux.
La notion d’une relation gratifiante exprimée par plusieurs médecins soignants fait
écho au fait que les patients médecins interrogés ont une grande estime de leur médecin
soignant.
Dans l’étude du point de vue du médecin soignant, cette relation est facilitée par la
définition des rôles de chacun et notamment par celui du patient médecin. D’ailleurs cela
en est un des principaux déterminant. L’étude du point de vue des patients médecins
confirme cela. Ils ont fait le choix de confier leur santé au médecin soignant et de ce fait
la relation n’en est qu’améliorée. Les patients médecins encouragent à aller consulter un
médecin mais précise la nécessité d’un lâcher prise quant à la prise en charge de leur
santé.
50
3.5. Les ressentis des différents protagonistes de la relation
Les deux travaux combinés expriment les ressentis des deux protagonistes de la relation :
Les patients médecins n’éprouvent pas de gêne à aller consulter le médecin
puisqu’ils en ont fait le choix délibéré. Ils ressentent une sérénité, un confort à aller
consulter. Ils qualifient le médecin soignant de guide.
Ces mots font écho aux sensations de gène et de peur d’être jugé ressenties par
plusieurs médecins soignants interrogés. Certains médecins soignants ressentent une
pression dont n’ont pas conscience les patients médecins qui ne l’évoquent pas lors de
leurs entretiens. A aucun moment ils ne s’imaginent que le médecin en face ressent de
l’appréhension. Cela peut s’expliquer du fait que la plupart des patients médecins
interrogés ont un suivi chronique chez leur médecin. Or nous avons retrouvé dans les
deux études que le temps et l’expérience amélioraient la relation et la confiance en soi du
médecin soignant amendant ce sentiment de gêne.
4. Notre étude dans l’actualité et perspectives.
A partir des années 2000, plusieurs travaux se sont intéressés à la santé et à la prise en
charge des médecins y compris des médecins généralistes tels que :
- Celui de Madeleine LHOTE (24) s’intitulant « Soigner un médecin malade :
quelle spécificité ? » Se rapproche le plus de notre thématique. Bien que les
médecins soignants interrogés soient principalement des spécialistes, nous
retrouvons des similitudes notamment au niveau de l’étude de la relation. En
effet elle y retrouve la peur du jugement s’amendant avec le temps, la nécessité
de clarifier les statuts des différents intervenants de la relation, le fait que ce
soit une relation confraternelle facilitée par le partage d’un même savoir.
51
Cependant nous pouvons noter dans son travail qu’une des différences de
relation réside dans le fait que les médecins patients ont du mal à faire
confiance à un autre soignant. Cette notion n’a pas été retrouvée dans notre
travail. Bien au contraire dans notre étude la confiance y est fondamentale
s’expliquant probablement par le fait que les médecins interrogés sont
majoritairement des spécialistes. Cela nous confirme l’originalité de ce travail
et l’importance de la place du médecin généraliste pour les patients y compris
les patients médecins.
- Il est intéressant de noter que le travail de thèse de Madame LHOTE Madeleine
a été réalisé en miroir de celui de Madame BONNEAUDEAU Sandra (7)
‘s’intitulant « Le malade médecin : un patient comme les autres ? ». Celui-ci
confirme aussi certains résultats retrouvés dans nos deux travaux notamment
la volonté pour le médecin patient de déléguer sa santé au médecin soignant.
- Le travail de thèse de Madame GONTHARET-MARIETTE (17) sur la définition
du médecin traitant idéal pour la prise en charge des médecins malades a été
aussi un catalyseur de notre travail et de notre guide d’entretien. Cependant il
s’agit d’une étude qualitative par focus group. Nous voulions aborder la
problématique de la prise en charge du médecin malade par des entretiens
individuels.
52
- Nous avons également puisé nos bases pour ce travail dans la lecture du livre
du Docteur ROUGERON Claude, médecin généraliste et notamment docteur
en science éthique, intitulé « Les Vrais secrets d’un médecin » (29). En effet en
plus d’être un guide sur l’art d’être généraliste et notamment au niveau
relationnel, il y décrit avec une sensibilité particulière le fait de se retrouver de
« l’autre côté de la barrière » étant lui-même atteint d’un cancer. On y retrouve
la notion de lâcher prise à l’annonce d’un diagnostic grave avec l’« étonnante
incompétence médicale envers (soi)-même » et le « statut de médecin a été
comme oublié, occulté ». A postériori et après la lecture et l’analyse de nos
deux travaux, ce livre peut être une illustration des difficultés à être un médecin
malade.
Plusieurs initiatives se sont mises en place apportant différents soutiens :
- Deux sont relatives au syndrome d’épuisement professionnel dont nous
n’avons pas parlé durant l’étude. Nous les citerons donc à titre indicatif :
o L’association M.O.T.S ( Médecin Organisation Travail Santé) (26) créée
en 2010 en Midi Pyrénées, propose une écoute et un accompagnement
aux médecins, mais est dédiée avant tout à la prévention et à la prise en
charge de l’épuisement professionnel
o L’Association Soins aux Personnels de Santé (1) propose une aide au
repérage et à la prise en charge du personnel soignant en souffrance.
Cette association est plus axée sur le syndrome d’épuisement
professionnel.
53
- D’autres études se sont intéressées à la prévention, à l’aide aux médecins
patients et à une campagne de sensibilisation :
o En Haute Normandie un service de médecine préventive nommée
« Imhotep » a vu le jour fin 2010. Celle-ci propose un programme de
prévention et de dépistage basé sur le volontariat. Cependant seuls 20%
des médecins du département s’y sont inscrits. Cela peut s’expliquer par
le système de volontariat. Faudrait-il le rendre obligatoire ? Un seul
médecin de notre panel exerce une autre activité que la médecine
libérale et est donc soumis à une médecine du travail. Même si le
caractère obligatoire est contraignant, il décrit cela comme un garde-fou
nécessaire. La disponibilité d’un tel service est intéressante pour les
médecins qui le souhaitent et des travaux sont à l’étude (17). Cependant
les travaux relatant l’état de santé des médecins (11, 15, 16) montrent
que les médecins ont une meilleure attitude de prévention que la
moyenne. Cette constatation pourrait expliquer le faible taux de
participation à ce service et de ce fait son utilité.
o Le CNOM a créé l’Entraide Ordinale (14) dont les objectifs sont
d’apporter une aide financière, des conseils aux médecins en difficultés.
Cette initiative est intéressante car elle apporte un soutien matériel lors
de grave problème de santé. Cette problématique n’a pas été abordée
durant ce travail.
o La dernière en date est une campagne de sensibilisation s’intitulant « Dis
doc, t’as ton doc ? » (8) lancée par le Collège Français d’Anesthésie
Réanimation conjointement avec l’Agence National du Développement
Personnel Continu. Elle tente de faire évoluer les mentalités à ce sujet.
Je pense qu’il est nécessaire en effet de sensibiliser les médecins au fait
qu’ils peuvent tomber malade et d’encourager la consultation chez un
confrère.
54
Mais nous avons également vu au cours de ce travail qu’un des problèmes posés est
la notion d’invulnérabilité qui est à la base du frein à la consultation chez un confrère. Il
serait intéressant d’agir en priorité sur cet élément à l’aide d’enseignement ou de
sensibilisation durant le deuxième et le troisième cycle des études médicales. Le médecin
ou futur médecin est un malade ordinaire.
Il peut être intéressant qu’il y ait des médecins formés à la prise en charge des
confrères. Un diplôme universitaire s’intitulant « Soigner les soignants : spécificités et
ressources » (31) a été créé à Paris. Cette initiative est à encourager.
Concernant le choix du médecin traitant, on pourrait se poser la question de
l’interdiction de s’auto-déclarer médecin traitant comme c’est le cas dans d’autres pays
notamment en Australie. Cependant cette mesure a déjà été évoquée dans quelques
travaux (17, 24, 28).
En Europe nous pouvons citer l’exemple catalan qui a développé un programme
d’aides intégrales aux Médecins Malades. Ce service s’adresse gratuitement aux
médecins catalans en exercice souffrant d’une pathologie mentale ou de dépendance à
l’alcool. Il est composé d’un service d’accueil de jour et d’une unité d’hospitalisation où la
confidentialité et l’anonymat sont de rigueur. Cette initiative est intéressante car la
population médicale est considérée comme à risque de dépendance alcoolique et aux
psychotropes (13, 15, 16).
En Norvège, le Modem Bad Hospital dédie une partie de son activité à la prise en
charge des médecins malades.
Et enfin les médecins prenant leur retraite peuvent s’ils le souhaitent continuer à faire
des ordonnances pour eux-mêmes et leur famille même s’ils n’exercent plus. On peut
aussi se poser la question de son abrogation.
55
CONCLUSION
La question du médecin malade et de sa prise en charge nous touche tous, que ce
soit en tant qu’être humain pouvant être atteint d’une pathologie ou en tant que
professionnel de santé pouvant prendre en charge des confrères.
A la lecture de notre étude et à la vue des autres travaux traitant du médecin
malade, il est clair que le médecin n’est pas un patient comme les autres. La relation
médecin/patient habituelle y est changée pour y laisser place à une relation
médecin/patient médecin. La communication est plus aisée mais le processus
d’identification peut entrainer des difficultés chez le médecin soignant comme une
appréhension, la peur d’être jugé et une sur-prescription. Ces difficultés ne sont pas du
tout décrites ni ressenties par les médecins patients interrogés par Cédric Lambert. Il peut
y avoir de ce fait une différence entre ce que le médecin patient attend et ce que le
médecin soignant vit, qui peut s’expliquer par la profession de médecin du patient. Celui-
ci est ainsi l’alter égo du médecin, supprimant la distance nécessaire et venant ébranler
son sentiment d’invulnérabilité, le ramenant à sa condition d’homme pouvant être malade.
Cette appréhension se dissipe à partir du moment où le patient médecin se
positionne en tant que patient que ce soit implicite ou clairement exprimé par les deux
acteurs de la relation. Cela montre l’importance de la définition des rôles de chacun. Cela
s’obtient en prenant en charge le patient médecin comme un patient lambda grâce
notamment au cadre de la consultation. Ces difficultés s’amendent avec le temps et
l’expérience du médecin.
Afin de faciliter cette prise en charge, le médecin soignant doit savoir que le patient
médecin demande une prise en charge identique à un patient ordinaire et veut surtout
être considéré comme tel. Ainsi chaque médecin pourra affirmer : « J’apporterai mon aide
à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité » (Hippocrate)
56
AANNEXES
- ANNEXE 1 : Grille d'écoute -Présentation de la thèse -Présentation du médecin :
• Age, sexe • Milieu d'exercice • Année d'installation/ année d'exercice
-La Consultation
• Nombre de médecins généralistes suivis au cabinet, médecin généraliste/spécialiste
• Circonstances de découverte de la qualité de médecin du patient (connaissance personnelle, contact sur téléphone personnel pour prise de rendez-vous)
• Motif aiguë ou suivi au long cours • Prise de rendez-vous : directement par contact personnel/prise de rendez-
vous standard, sentiment provoqué • Durée : plus ou moins longue par rapport à un patient lambda • Appréhension en début de consultation ? • Différents temps de consultation identiques • Impression de qualité des soins fournis ? • Tenue du dossier • Honoraires : règlement ?
-La Communication
• Verbale : emploi de termes médicaux, médecin=facteur facilitant ou facteur défavorisant
• Différence dans l'identification des plaintes : expression plus claire ? • Même stratégie de reformulation, recontextualisation • Non verbale : attention particulière ? • Éducation du patient/ élaboration d'un projet de soins : patient plus
observant ? • Questions du patient : appréhension ? Peur de ne pas savoir y
répondre devant le partage d'un « même savoir »
57
-Dimension psychologique de la relation • Peur du jugement, • Sur responsabilité exacerbée : sentiment de vouloir « lui sauver la vie »
exacerbé ? • Transfert, impression de plus d'affects, identification. • Vouloir imposer de la distance ? • Influence de l'expérience (comparer les jeunes et les plus anciens médecins) • Différence de prise en charge au vu du bagage médical
-Suivi au long cours :
• Création d’une relation confraternelle ? • Création d'une relation de confiance : +/- facile ?
-Face à la maladie
• Consultation d'un confrère ? Sentiments éprouvés de l'autre côté de la barrière ?
• Patient comme les autres ?
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- ANNEXE 2 : Caractéristiques de la population étudiée Caractéristiques des médecins interrogés
Genre Age Année d'installation
Lieu d'exercice
Durée d'une consultation
Spécialité du/des médecin(s) pris en charge
MSU
E1 H 57 1988 Rural 15 min Médecin généraliste retraité Médecin conseil de l’assurance maladie
Oui
E2 H 60 1986 Semi rural 20 min Médecin généraliste retraité (fin de vie)
Non
E3 F 60 1982 Urbain 30 min Médecin biologiste retraité Dermatologue retraité
Non
E4 H 44 2000 Urbain 20 min Pédiatre retraité Médecin généraliste retraité
Oui
E5 H 56 1992 Urbain 20 min Cardiologue Non E6 H 59 1983 Urbain 15/20 min Psychiatre
Cardiologue Oui
E7 F 65 1982 Semi Rural 20 min Cancérologue actif hospitalier Oui E8 F 39 2009 Urbain 20 min Pneumologue actif hospitalier Oui E9 F 63 1978 Urbain 20 min Médecin généraliste non installé Oui E10 F 47 1999 Rural 15/20 min Médecins généralistes retraités, Non E11 H 59 1987 Rural 30 min Psychiatre actif Non E12 H 56 1993 Urbain 20 min Psychiatre
Médecin généraliste physiologiste Gastro-entérologue...
Non
E13 F 57 1994 Urbain 20 min Ophtalmologiste actif Médecin généraliste italien retraité
Non
E14 H 57 Rural 15 min Non E15 F 48 2000 Urbain 20 min Médecin généraliste retraité
Médecin généraliste belge retraité ORL retraité Médecin généraliste
Oui
59
- ANNEXE 3 : Guide d’entretien Bonjour, merci de me recevoir et me consacrer de votre précieux temps. J'aimerais aborder avec vous le sujet de la relation médecin/patient lorsque vous prenez en charge un de vos confrères que ce soit un médecin généraliste ou un spécialiste. Ce travail entre dans le cadre de mon travail de thèse. Les entretiens sont enregistrés si vous le voulez bien et totalement anonymes.
1. La consultation Pouvez-vous me racontez une fois où un confrère est venu à votre consultation ? Relance : Depuis combien de temps suivez-vous des confrères ? Comment prennent-ils contact avec vous ? Par rapport aux différents temps de la consultation, comment ça se passe quand vous avez un médecin en face de soi ? Et par rapport au règlement de la consultation comment ça se passe ? Pourquoi.
2. La communication Au niveau de la communication notamment les termes employés, comment ça se passe quand on a un médecin en face de vous ? Comment qualifierez-vous votre attitude lorsque vous prenez en charge un confrère ? Qu'est-ce qui fait que c'est différent ? Et pour aborder des questions plus intimes, comment vous y prenez-vous ?
3. Dimension psychologique Comment vous sentez vous face à un confrère ? Cela a-t-il changé avec l'expérience ? Qu'est-ce qui fait qu'on peut avoir de l'appréhension ? Pensez-vous que c'est plus ou moins facile de prendre en charge un médecin ?
• Dans quelle mesure ? • Relance : et on est efficace en tant que médecin dans ces
situations ? Et pour construire la confiance ? Pouvez-vous me citer quelques exemples ? Les connaissances médicales du patient en face de vous changent-elles quelque chose ?
4. Suivi au long cours
60
Comment évolue la relation lorsque vous devez suivre un confrère ? La relation se modifie-t-elle ? Quel genre de relation se crée ? Avez-vous été confronté à une pathologie grave chez un de vos confrères ? Quelles peuvent être les changements dans la relation à ce moment-là ?
5. Face à la maladie
◦ Et vous même, avez-vous été amené à consulter un confrère ? Comment cela s'est-il passé ?
6. Perceptives/ Intérêt du sujet
• Selon vous comment peut-on aborder ce genre de consultation particulière ?
• Avez-vous des conseils pouvant en améliorer le déroulement ?
61
BBIBLIOGRAPHIE
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64
LLISTE DES ABREVIATIONS ALD : Affection de Longue Durée
ARS : Agence Régionale de santé
CDOM : Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins
CNOM : Conseil National de l’Ordre des Médecins
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
MOTS : Médecin Organisation Travail Santé
MSU : Maitre de Stage Universitaire
SPS : Soins aux Professionnels de Santé
URPS : Union Régionale des Professionnels de Santé
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Serment d’Hippocrate
Au moment d’être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçue à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j’y manque.
RRESUME Introduction : L’intérêt pour les médecins malades ne cesse de croitre depuis les années 2000.
En effet ce problème nous touche tous en tant que professionnel de santé pouvant prendre en
charge un confrère mais aussi en tant que médecin pouvant être malade. Malgré tout, peu de
travaux se sont intéressés à la particularité de la relation médecin-patient lorsque celui-ci consulte
un médecin généraliste. C’est pourquoi notre travail a pour but de dévoiler le vécu cette relation
médecin/patient du point de vue du médecin soignant. Une étude parallèle menée par Cédric
Lambert étudie le point de vue du médecin patient.
Méthode : Nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens individuels semi dirigés. Nous
avons rencontré quinze médecins généralistes des Alpes-Maritimes et du Var prenant ou ayant
pris en charge des médecins généralistes ou spécialistes. Par la suite nous avons effectué une
analyse comparative de ces entretiens avec ceux obtenus en parallèle auprès des médecins
patients.
Résultats : La plupart des médecins interrogés expriment une relation médecin/patient
particulière où la place de la confiance y reste primordiale et où la communication y est plus aisée.
Cependant un processus d’identification au patient médecin peut entrainer des sentiments de
jugement et d’appréhension pouvant modifier la prise en charge de ces patients médecins. Ces
derniers n’en ont pas du tout conscience et aspirent à une prise en charge identique, comme avec
n’importe quel patient, ressentant cela comme un véritable soulagement. Cette différence
s’atténue à partir du moment où les rôles des deux acteurs de la relation sont clairement définis.
Conclusion : Ce travail en miroir a permis de mettre en évidence l’importance de la définition des
rôles des deux protagonistes de la relation. Les médecins soignants doivent prendre conscience
de la volonté des patients médecins d’être pris en charge comme n’importe quel autre patient. Ce
travail ouvre également la réflexion sur la propre vulnérabilité du médecin et tout ce que cela
implique.
Mots clés : relation médecin/patient, patient médecin, médecine générale, vécu, étude
qualitative, entretiens semi dirigés, ressentis, santé des médecins.