Le jardin comme collection de Hervé Brunon sculpture ... · arrière-plan intellectuel. Le monde...

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Colloque Samedi 16 mai 2009 de 10 h à 18 h Sous la direction de Hervé Brunon CNRS, Centre André Chastel, Paris Le jardin comme collection de sculpture : musées à ciel ouvert de l’Antiquité à nos jours Jean-Antoine Watteau, Pèlerinage à l'île de Cythère (détail), 1717, musée du Louvre © Angèle Dequier/ musée du Louvre Programmation : Monica Preti-Hamard assistée de Sophie Beckouche

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Colloque

Samedi 16 mai 2009

de 10h à 18h

Sous la direction de

Hervé Brunon CNRS, Centre André Chastel, Paris

Le jardin comme collection desculpture : musées à ciel ouvertde l’Antiquité à nos jours

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Programmation : Monica Preti-Hamard

assistée de Sophie Beckouche

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Colloque

Samedi 16 mai 2009

10h

Ouverture

par Monica Preti-HamardIntroduction

par Hervé Brunon

10h30

Un peuple de statues aux racines

des arbres : à propos des jardins

dans la Rome antique

par Henri Lavagne, membre de l’Institut

11h10

Poétique du jardin de sculptures :

les collections d’antiques à la

Renaissance

par Kathleen Wren Christian, University of Pittsburgh

11h50

De la villa Albani au musée des

Monuments français : modèles de la

collection en plein air entre XVIIIe et

XIXe siècles

par Luigi Gallo, université Paris 1Panthéon-Sorbonne

12h30

Les sculptures à l’épreuve des jardins :

le cas de Versailles

par Alexandre Maral, musée national deschâteaux de Versailles et de Trianon

13h10

Débat et questions du public

15h

Du musée en plein air au territoire

d’artiste : quelques formes de parcs

de sculptures contemporaines en

Europe

par Colette Garraud, Délégation aux artsplastiques, Paris

15h40

Le jardin, écrin ou écran pour

la sculpture

par Frédéric Paul, Centre d’artcontemporain du Domaine deKerguéhennec

16h20

La nature dans l’art ou l’art dans la

nature : la Fattoria di Celle (Italie)

conversation entre Giuliano Gori,collectionneur, et Gilles A. Tiberghien,université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

17h

Les jardins de l’art brut : points de

vue, images du monde

par Marc Décimo, université d’Orléans

17h40

Débat et questions du public

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Journée «Histoire et

cultures des jardins»

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« Un jardin commence dès l’instant oùune volonté humaine impose une finimmédiatement sensible aux “objetsnaturels”, c’est-à-dire à ce qui naît, croîtet meurt selon les lois de la nature. Unestatue emprunte à celle-ci sa matière et saforme (le marbre ou le bois, et aussi lemodèle qu’elle représente, animal,homme ou plante), elle n’en possède pasla vie. La matière du jardin, au contraire,est libre, et sa spontanéité échappe auxlois de l’homme ». Ainsi opposées selonPierre Grimal, ces deux voies de créationn’en ont pas moins interagi en Occident àtravers les âges. Non seulement lasculpture s’avère, depuis la Romeantique, l’une des composantes majeuresdu jardin, scandant l’espace et luiconférant du sens – qu’il soit poétique oupolitique –, mais de nombreux lieux ontété précisément conçus pour que descollections s’y déploient à ciel ouvert. En suivant leur évolution sur la longuedurée grâce à des vues d’ensemble et desanalyses de cas, cette journée se proposede mettre en lumière certains des liens,tant institutionnels que symboliques, quise sont tissés entre le jardin et la notionfluctuante de musée.

10h

Introductionpar Hervé Brunon

Normalien, ancien pensionnaire del’Académie de France à Rome (VillaMédicis) et du Harvard UniversityCenter for Italian Renaissance Studies(Villa I Tatti, Florence), Hervé Brunonest chargé de recherche au CNRS

(Centre André Chastel, Paris). Sestravaux portent sur l’histoire culturelledes jardins et du paysage en Europedepuis la Renaissance jusqu’au tempsprésent, appréhendée selon uneperspective interdisciplinaire. Il estmembre du comité de rédaction de larevue Les Carnets du paysage et duconseil scientifique de la FondazioneBenetton Studi Ricerche (Trévise).Auteur de nombreuses publications, il arécemment signé avec Monique MosserLe Jardin contemporain. Renouveau,expériences et enjeux (Scala, 2006) etdirigé Le Jardin comme labyrinthe dumonde. Métamorphoses d’un imaginaire dela Renaissance à nos jours (Presses del’université Paris-Sorbonne/Musée duLouvre, 2008), ouvrage issu de laprogrammation « Histoire et culturesdes jardins » qu’il coordonne avecMonica Preti-Hamard à l’auditorium duLouvre.

10h30

Un peuple de statues

aux racines des arbres :

à propos des jardins dans

la Rome antiquepar Henri Lavagne, membre de l’Institut

Depuis le livre magistral de PierreGrimal, on sait que les jardins sont unélément fondamental de l’art de vivre desRomains. Ils constituent l’une descomposantes de l’otium et leur dimensionintellectuelle est toujours présente : unjardin ne se conçoit pas sans un mondelittéraire fait de légendes que la statuaire

a pour but de mettre en scène. Que cesoient les grands parcs de la fin de larépublique ou ceux des plus hautspersonnages de l’empire (les jardins deTibère à Capri, l’immense résidenced’Hadrien à Tivoli), les statues sontomniprésentes et «racontent unehistoire», qui peut servir de prétexte à laméditation personnelle, à la conversationentre amis, à la déclamation de poèmesou de pièces de théâtre ; mais ladimension religieuse n’est jamais absenteet évoquer l’histoire tragique de Niobéou de Dircé peut aussi ouvrir sur unmonde des dieux qui n’est pas un simplearrière-plan intellectuel. Le monde desjardins romains est aussi celui del’inquiétude religieuse et les grottes, lesfontaines, les bosquets habités par lesnymphes et les faunes de marbreentraînent l’esprit sur cette « pente de larêverie», mi-profane mi-religieuse, quifaisait des statues non pas l’expressiond’une fantaisie ornementale mais lesacteurs d’un monde où la mythologie,loin de «rapetisser la Nature» commedisait Chateaubriand, lui donnait aucontraire une vie intense.

Henri Lavagne, ancien élève de l’Écolenormale supérieure, ancien membre del’École française de Rome, a enseignél’histoire des antiquités de la Gauleromaine à l’École pratique des hautesétudes. Sa thèse de doctorat d’État,soutenue en 1986, examinait le problèmede la grotte artificielle à travers lalittérature et la religion romaine ens’appuyant sur les témoignagesarchéologiques. Ses travaux portent

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essentiellement sur l’iconographieantique (mosaïque, peinture, sculpture).Membre de l’Institut (Académie desinscriptions et belles-lettres), il dirige lacollection du Nouvel Espérandieu. Recueilgénéral des sculptures sur pierre de laGaule. Parmi ses publications,mentionnons : Operosa antra. Recherchessur la grotte à Rome de Sylla à Hadrien(École française de Rome, 1988) ; Recueilgénéral des mosaïques de la Gaule (CNRS,3 vol., 1977, 1979, 2000). Il a égalementpublié la réédition de Numa Deny Fustelde Coulanges, La Gaule romaine(Éditions de Fallois, 1994) et codirigé levolume Hadrien, empereur et architecte.La Villa d’Hadrien, tradition et modernitéd’un paysage culturel (Vögele, 2000).

11h10

Poétique du jardin de

sculptures : les collections

d’antiques à la Renaissancepar Kathleen Wren Christian, University ofPittsburgh

L’une des inscriptions qui ornaient lesmurs du «jardin suspendu» de sculpturesantiques du cardinal Andrea della Valle,créé à Rome entre 1525 environ et 1534,formulait le vœu que cette collection soitune «aide pour les poètes et les peintres».Un souhait qui s’accordait bien avec l’idée,transmise par Giorgio Vasari et d’autres,selon laquelle les collections d’antiquitésromaines contribuaient, en favorisantl’imitation des modèles classiques, auperfectionnement des arts. Les historiens

de l’art ont eu tendance à privilégier cepoint de vue, soulignant l’influenceesthétique qu’exercèrent ces jardinsromains de sculptures. La présentecontribution se propose plutôt d’interrogerles raisons qui ont pu inciter les mécènes àassocier à leurs jardins de sculptures leconcept d’inspiration poétique etartistique, en considérant les fonctionspanégyriques qu’assurèrent les collectionsd’antiques dans les jardins de Rome au furet à mesure de leur développement auxXVe et XVIe siècles. Il s’agit de cerner deplus près le système du mécénat romain,pour saisir les dimensions sociales etculturelles de la créativité artistique dansces espaces, et l’importance qu’ils eurentdans la nouvelle conception du jardincomme «musée».

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Hendrik Goltzius, Apollon du Belvédère, vers 1592-1617,gravure © The Trustees of the British Museum

L’Arès du Canope à la Villa d’Hadrien (Tibur) © H. Lavagne

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Journée «Histoire et

cultures des jardins»

Kathleen Wren Christian a obtenu sondoctorat à l’université Harvard en 2003.Depuis 2004, elle enseigne l’histoire del’art italien de la Renaissance àl’université de Pittsburgh. Elle a effectuédes séjours de recherche auprès du GettyResearch Institute à Los Angeles, de laDumbarton Oaks Research Library andCollection à Washington (Garden andLandscape Program) et du HarvardUniversity Center for Italian RenaissanceStudies à Florence (Villa I Tatti). Elle apublié divers articles sur les collections desculptures antiques dans la Rome de laRenaissance. Elle est l’auteur de Empirewithout End : Collections of AntiqueSculpture in Renaissance Rome, 1350-1527(Yale University Press, à paraître).

11h50

De la villa Albani au musée

des Monuments français :

modèles de la collection

en plein air entre XVIIIe et

XIXe sièclespar Luigi Gallo, université Paris 1Panthéon-Sorbonne

La «naissance» au XVIIIe siècle desmusées comme lieux de conservation dessculptures antiques a suscité, depuisplusieurs décennies, l’attention deshistoriens de l’art. Avec ses grandiosescollections publiques et privées, Rome estle berceau du musée moderne – commel’illustrent les exemples du Capitole et duVatican –, lieu vers lequel les voyageursdu Grand Tour tournent leurs désirs. Les

jardins de sculptures ont joué un rôlecapital dans ce phénomène, en particulierla villa d’Alessandro Albani, fondée en1748 sur la via Salaria. Le cardinal érudit,mécène du jeune Winckelmann, conçutle jardin comme le lieu d’expositionprincipal de sa célèbre collection. Si leschefs-d’œuvre les plus dignesd’admiration étaient abrités dans lessalles du Casino Nobile, les sculpturesdisposées dans le parc scandaient unparcours où la nature et l’histoireentraient en dialogue. À la villa Albani,le grand parterre de broderies, parseméd’antiques, apparaît comme un musée ausens propre du terme, un espace destiné àgarantir des atteintes du temps le peupledes statues, des stèles, des vasques et desbas-reliefs qui ornent ses allées. Le jardindu cardinal Albani a servi de modèleformel à d’autre réalisations, nonseulement romaines – en premier lieu lavilla Borghèse – mais aussi françaises,qu’il s’agisse du bosquet des Bainsd’Apollon à Versailles, conçu par HubertRobert, ou du jardin de l’Élysée aumusée des Monuments français créé parAlexandre Lenoir à Paris, où c’est à cielouvert, et non dans un édifice, que furentaccueillis les vestiges hérités du passé.

Diplômé de la Scuola di Specializzazionein storia dell’arte medievale e modernade l’université de Rome « La Sapienza »,Luigi Gallo a soutenu en 2002 àl’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sa thèse de doctorat sur Pierre-Henri deValenciennes, artiste auquel il a consacréde nombreux articles et dont il a co-organisé l’exposition monographique

tenue à Toulouse en 2003 : « La naturel’avait créé peintre». Pierre-Henri deValenciennes, 1750-1820 (Somogy/MuséePaul-Dupuy, 2003). De sa doubleformation résulte notamment l’ouvrageVariazioni sul classico. L’architetturafrancese dal Rinascimento alla Rivoluzione(Lithos, 2000), premier manuel consacré àce sujet en Italie. Titulaire, de 2002 à2008, de la chaire d’architecture dupaysage auprès de l’université « LaSapienza», il s’intéresse actuellement àdivers sujets liés à la peinture de paysage,ainsi qu’à l’histoire de l’architecture et del’archéologie au début du XIXe siècle. Ilcollabore ainsi à la rédaction du volumeLa cultura architettonica italiana e francesein epoca napoleonica (MendrosioAcademy Press, à paraître en 2010).

12h30

Les sculptures à l’épreuve

des jardins : le cas de

Versaillespar Alexandre Maral, Musée national deschâteaux de Versailles et de Trianon

Ordinairement perçue comme unesimple composante de l’art des jardins, la sculpture joue en fait un rôlesymbolique et ornemental beaucoup plusimportant à Versailles. Mise en place,pour l’essentiel, à partir de 1683, elleoffre de Versailles l’image d’une nouvelleRome. Du vivant même du roi, cepatrimoine sculpté considérable devaitêtre l’objet d’une attention toute spéciale.Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, lessculptures des jardins de Versailles ont

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été régulièrement entretenues. Mais lemouvement qui se manifesta à partir dumilieu du XVIIIe siècle en faveur deleur mise à l’abri ne fut véritablementpris en considération qu’au moment dela Révolution, à une époque où lechâteau de Versailles fut appelé àdevenir le musée de l’art français.Durant les XIXe et XXe siècles,l’application d’un protocole d’entretiendéfini par l’Institut de France, puis lesexpérimentations menées par leLaboratoire de recherche desmonuments historiques furent loin derépondre à l’élan révolutionnaire.Tandis que les sculptures eurent àsouffrir de mauvais traitements répétés

et de longues périodes de négligence, lestrop rares mises à l’abri furent surtout lerésultat des nécessités muséographiquesdu Louvre. Le récent mouvementd’intérêt porté à cet immense patrimoinesculpté est l’occasion de poser l’enjeuréel de sa transmission aux générationsfutures. Si le bilan sanitaire de cetensemble est assez préoccupant, derécentes opérations financées par lemécénat, comme la mise à l’abri desgroupes sculptés des Bains d’Apollon enjuillet 2008, sont plutôt encourageantes.

Diplômé de l’École du Louvre,archiviste-paléographe, docteur ès-lettres,ancien pensionnaire de l’Académie de

France à Rome, Alexandre Maral estdepuis 2005 conservateur au Muséenational des châteaux de Versailles et deTrianon, où il est en charge descollections de sculpture. Membre ducomité de suivi de la restauration de lagalerie des glaces, il a contribué aurecueil collectif La Galerie des glaces.Histoire et restauration (Faton, 2007). Ilparticipe depuis plusieurs années àl’édition critique de la correspondance deLouvois, dont le premier volume a étérécemment publié (Architecture et beaux-arts à l’apogée du règne de Louis XIV, t. I,Années 1683 et 1684, CTHS, 2007). Àl’occasion de l’exposition sur Le Brun qui s’est tenue à Versailles et dont il a été

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Étienne Le Hongre, La Seine, groupe, bronze, fonte Keller, 1690, Parterre d’eau © A. MaralStatues de la Grande Commande disposées sur le parterredu Nord des jardins de Versailles © A. Maral

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cultures des jardins»

commissaire avec Nicolas Milovanovic, il a codirigé la publication du catalogue La Galerie des glaces : Charles Le Brunmaître d’œuvre (Réunion des muséesnationaux, 2007). Préoccupé par leproblème de la conservation en plein airdes sculptures des jardins de Versailles, il a publié un plaidoyer en faveur de leurmise à l’abri : «Faut-il laisser mourir lessculptures des jardins de Versailles ?»,dans Versalia. Revue de la Société des Amisde Versailles, n° 11, 2008, p. 173-194.

15h

Du musée en plein air

au territoire d’artiste :

quelques formes de parcs

de sculptures contempo-

raines en Europe par Colette Garraud, Délégation aux artsplastiques, Paris

Par « parcs de sculpturescontemporaines », on entend des lieuxd’origines très diverses, qui n’ont guèreen commun, en opposition auxinterventions artistiques dans le « grandpaysage », que de présenter des œuvresregroupées de façon plus ou moins densedans un espace circonscrit à ciel ouvert.Publics, tantôt nés d’une premièreexposition temporaire, tantôt extensiond’un espace muséal, ils peuvent aussiêtre associés à la création de structuresdestinées à promouvoir l’artcontemporain, tels, en France, lesCentres d’art. Privés, ils sont le théâtred’une collection dont la cohérence est

fondée dans les choix d’uncommanditaire et les caractéristiquesd’un site. Certains, plus rarement, sontl’œuvre d’un seul artiste, et parfois sonlieu de vie. Mais tous témoignent desgrandes évolutions récentes :développement d’une sculpture del’étendue, pratique de l’in situ,émergence de nouvelles manières deconcevoir le rapport de l’art àl’environnement naturel, parmilesquelles la préoccupation écologiquetient désormais une place significative.

Colette Garraud, professeur des Écolesnationales supérieure d’art, estactuellement chargée de mission à laDélégation aux arts plastiques(Ministère de la culture et de lacommunication). Elle est l’auteurd’ouvrages généraux (L’Idée de naturedans l’art contemporain, Flammarion,1993 ; L’Artiste contemporain et la nature.Parcs et paysages européens, Hazan, 2007,avec la collaboration de Mickey Boël),ainsi que de nombreux articles etparticipations à des ouvrages collectifs,catalogues, ou monographies d’artistestels que François Méchain (FrançoisMéchain. L’exercice des choses, Somogy,2002), Erik Samakh (Au bord de l’eau.Erik Samakh, Abbaye de Maubuisson-Val d’Oise, Filigranes Editions, 2006),Bob Verschueren (Bob Verschueren.Dialogue entre nature et architecture,Mardaga, 2007), Pierre Minot et GilbertGormezano (L’Ombre, le Reflet, Skira-Flammarion/Maison Européenne de laPhotographie, 2009).

15h40

Le jardin, écrin ou écran

pour la sculpture par Frédéric Paul, Centre d’artcontemporain du Domaine deKerguéhennec

Quand, vers 1872, le propriétaire duDomaine de Kerguéhennec prendcontact avec Denis Bühler, il sait à qui il a affaire. Le paysagiste a taillé saréputation en créant avec son frère le parc de la Tête d’Or, à Lyon, enremodelant le jardin du Thabor, àRennes, et en répondant à de nombreusescommandes privées (notamment enBretagne). Voué à l’exploitation forestièreet agricole jusque-là, Kerguéhennec setransforme alors en parc d’agrément. Des terrassements considérables sontentrepris. Inspiré par Bühler, et largementinterprété par le commanditaire, le projet,achevé en 1896, prend la dimension d’unparc à l’anglaise, mais il est incrusté departerres très fouillés, qu’il perdrabientôt, par défaut d’entretien. Leschéma général subsiste, une zone demarais a entre-temps été transformée enétang, les arbres ont grandi et d’autresdépéri, quand, un siècle plus tard, aprèsacquisition par le Conseil général duMorbihan, l’idée vient d’introduire dessculptures dans ce très beau parc,retourné progressivement à l’état denature. Or c’est de cette ambiguïté entrela fabrique du paysage et l’idée de natureque les artistes invités vont tirerargument pour les commandesspécifiques qu’ils vont concevoir.

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Tous ont un véritable choc. Beaucoup yréagiront en recherchant l’écrin de naturepour leurs préoccupations du moment.D’autres choisiront de surligner le site.D’autres, excessivement bouleversés,produiront des sculptures énergumènes,fort loin de leur esthétique personnelle.D’autres enfin, pour qui l’œuvre nesaurait appartenir à un site particulier,planteront leur création, s’enretourneront sans ciller et n’en seront pasmoins pertinents, même en termesd’intégration paysagère.

Docteur en histoire de l’art, FrédéricPaul a été directeur du Frac Limousin de1988 à 2000 et membre du comité

artistique d’Étant donnés, Fonds franco-américain pour l’art contemporain, de1997 à 1999. Depuis 2000, il est directeurdu Domaine de Kerguéhennec, parc desculptures, centre d’art contemporain,centre culturel de rencontre, et membredu comité technique du Frac Bretagne.Critique d’art, collaborateur de diversesrevues spécialisées, il a organisé plusd’une centaine d’expositions et estl’auteur de nombreux essais parus chezMaeght, aux éditions Hazan, au Jeu dePaume, dans Les Cahiers du Muséenational d’art moderne et chez des éditeursétrangers en plus de ceux portés pour lecompte du Frac Limousin et duDomaine de Kerguéhennec : notamment

sur Claude Closky, Toni Grand, DouglasHuebler, Allen Ruppersberg, WilliamWegman, etc. Sa thèse portait sur l’échodes années 70 californiennes sur l’arteuropéen des années 90. Ses dernièrespublications ont concerné AugustinLesage (Maison Rouge, 2008), RobertBarry (Michèle Didier, 2008), IsabellHeimerdinger (JRP Ringier, 2008) etRichard Wright (revue 20/27, n° 3, 2009).

16h20

La nature dans l’art ou

l’art dans la nature :

la Fattoria di Celle (Italie)conversation entre Giuliano Gori,collectionneur, et Gilles A Tiberghien,université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Totalement intégrées dans l’espace et nonpas insérées arbitrairement, les œuvresrassemblées depuis 1981 par Giuliano Gori àla Fattoria di Celle, à Santomato di Pistoiaen Toscane, répondent au principe de l’artenvironnemental. Le mécène invite desartistes à intervenir in situ, que ce soit àl’intérieur des bâtiments, dans le jardinrégulier du XVIIe siècle, le parc paysagerdatant du XIXe siècle ou les champsalentour. Extrêmement diverses dans leursmoyens matériels et formels, les propositionsinvestissent chaque fois un lieu choisi enconcertation avec le commanditaire, pour enexalter les potentialités poétiques ou enmodifier la perception. La collectionrassemble aujourd’hui les plus grands nomscomme Robert Morris, Ian HamiltonFinlay, Anne et Patrick Poirier ou encoreMagdalena Abakanowicz.

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Ian Hamilton Finlay (avec Nicholas Sloan), Noms de plaques, noms d’arbres, 1986-2002, commande de l’État, Fonds nationald’art contemporain © photo Domaine de Kerguéhennec

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Journée «Histoire et

cultures des jardins»

Giuliano Gori (né à Prato, en 1930) acommencé sa collection d’œuvres d’artdans les années d’après-guerre, enprivilégiant dans ses choix les expressionsartistiques naissantes de cette période derenouveau. En 1970, la collection a quittéPrato pour Santomato di Pistoia, avec leprojet de rétablir une relation directeentre l’artiste et le commanditaire. C’estainsi que cette collection d’art a trouvéson site spécifique. Au cours des années,Giuliano Gori a collaboré avec denombreuses institutions italiennes etétrangères. Les œuvres qui ont résulté deces projets sont encore visiblesaujourd’hui. En 1999, pendant une annéeentière, la collection, avec son site

restitué, a été présentée à travers le Japon,où les principaux musées d’artcontemporain lui ont ouvert leurs espacesd’exposition. En 2003, elle a été accueillie,cinq mois durant, par le musée IVAM deValence.

Gilles A. Tiberghien est maître deconférences à l’université Paris 1Panthéon-Sorbonne, où il enseignel’esthétique. Il enseigne également àl’École nationale supérieure du paysagede Versailles. Membre des comités derédaction des Cahiers du Musée nationald’art moderne et des Carnets du paysage, il apublié, entre autres : Land Art (Carré,1993/Princeton Architectural Press, 1995) ;

Nature, art, paysage (Actes Sud/ENSP,2001) ; La Nature dans l’art : sous le regardde la photographie (Actes Sud, 2005) ;Notes sur la nature, la cabane et quelquesautres choses (Le Félin, 2005) ; Finis terrae :imaginaires et imaginations cartographiques(Bayard, 2007) ; Paysages et jardins divers(Mix, 2008).

17h

Les jardins de l’art brut :

points de vue, images du

mondepar Marc Décimo, université d’Orléans

Un parcours en images hors des musées.À partir des traditions médicale, littéraireet artistique qui, chacune selon leur pointde vue, se préoccupaient de l’« art desfous», émerge la notion d’art « brut»,telle que la définit Jean Dubuffet. Àsavoir, finalement, la possibilité de fairedu résolument neuf dans les pratiquesartistiques. Et de croiser, chemin faisant,un stégosaure en ciment armé, une Tourde Pise, aussi penchée que l’authentique,une gigantesque pince à linge découpéeen forme de statue de l’île de Pâques, desstructures métalliques incompréhensiblesau-dessus des arbres, de gros morceauxd’arbre aménagés en divinités. DeMescoules à Bordighera, de Brownsville(Tennessee) à Koroni (Grèce), sansoublier ces hauts lieux que sontHauterives (le palais idéal du facteurCheval) et Rothéneuf (les rochers sculptésde l’abbé Fouré). Si l’art «brut» a trouvéenfin place dans divers musées du mondeet devient populaire, où aujourd’hui a fui

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Magdalena Abakanowicz, Katarsis, 1985, 33 figures en bronze, Fattoria di Celle, Santomato di Pistoia © Collezione Gori

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cet art ? C’est ce à quoi se propose derépondre cette conférence, explorantjardins et visitant le monde.

Marc Décimo est linguiste, sémioticien ethistorien d’art, maître de conférences àl’université d’Orléans. Il est aussi Régentdu Collège de’Pataphysique, chaired’Amôriographie littéraire,ethnographique et architecturale, etdirecteur des Cahiers de l’InstitutInternational de Recherches etd’Explorations sur les Fous Littéraires,Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers,Outsiders, Tapés, Assimilés, sans oubliertous les autres…Il est également l’un desmembres fondateurs de l’Ouphopo(OUvroir de PHOtographie POtentielle).Il a publié une vingtaine de livres et denombreux articles sur la sémiologie dufantastique, les fous littéraires (tel Jean-Pierre Brisset, dont il a édité l’œuvrecomplète aux Presses du réel en 2001),sur Marcel Duchamp (notamment LaBibliothèque de Marcel Duchamp, peut-être, Les Presses du réel, 2002 ; MarcelDuchamp mis a nu, Les Presses du réel,2004 ; Marcel Duchamp et l’érotisme, LesPresses du réel, 2008) et sur l’histoire etl’épistémologie de la linguistique. Il arécemment consacré un ouvrage auxjardins de l’art brut (Les Presses du réel,2007).

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Giuseppe Penone, Faggio di Otterlo, 1988,

Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller © H. Brunon

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Actualité

de la recherche

archéologique

Lundi 18 mai 2009 à 12h30

L’établissement assyrien

de Dur Katlimmu (Syrie).

Nouveaux résultats

et interprétation

par Hartmut Kühne, Freie Universität, Berlin

Jeudi 28 mai 2009 à 12h30

Hiérakonpolis, berceau de

la civilisation égyptienne

par Renée Friedman, British Museum, Londres

Lundi 15 juin 2009 à 12h30

Rome avant Rome :

nouvelles données sur le

«Latium vetus» entre l’âge

du bronze et l’âge du fer

par Anna De Santis,Surintendance archéologiquede Rome

Jeudi 18 juin 2009 à 12h30

Dix ans de fouilles

italiennes sur l’île de

Nelson dans la baie

d’Aboukir

par Paolo Gallo, université de Turin

Conférence

«Musée-Musées»

Jeudi 28 mai 2009 à 18h30

Identités changeantes : une

histoire de l’architecture

arabe, des campagnes

napoléoniennes au chantier

de Dubaï

par Nasser Rabbat,Massachussetts Institute ofTechnology, Cambridge, MA

L’Œuvre en scène

Mercredi 3 juin 2009

à 12h30

Le sarcophage de la dame

Tanethep

par Marc Étienne,département des Antiquitéségyptiennes, musée du Louvre

Présentation

d’exposition

Lundi 8 juin 2009 à 12h30

Le Louvre pendant la

Seconde Guerre mondiale

Regards photographiques

1939 – 1947

par Guillaume Fonkenell,département des Sculptures,musée du Louvre

Journée-débat

«Musée-Musées»

Mercredi 17 juin 2009

de 10h à 18h30

Autour de la Sainte Anne

de Léonard de Vinci :

l’actualité de la recherche

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