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N° 747 du 23 Avril 2014 - hebdomadaire d’informations générales Prix : 200 UM Présidentielle 2014 Le compromis politique impossible B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. On coupe. On découpe. On morcelle. Et on vend. La vente. Dit, comme ça, en disant, on songe à une charcuterie. Mais, non. Ça n’en est pas une. Ça n’en était pas, en tout cas. Et ce n’était pas non plus sa vo- cation première pour laquelle elle a été construite. Lire en page 4 B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. L’agence des titres sécurisés de l’autre, pour ne pas dire son nom, pour ne pas provoquer un courroux présidentiel, est une autre institution qui fait recette. Comme par exemple certaines ambas- sades, qui aujourd’hui, deviennent auto- nomes, à comprendre Mohamed Ould Abdel Aziz. Lire en page 6 La diplomatie saoudienne découvre enfin quelque vertu à la Mauritanie. Depuis cette découverte, les émissaires diploma- tiques ne cessent de courir vers Nouak- chott. Il y a eu d’abord, le président de la Banque Islamique de Développement, un outil politico-financier, entre les mains des saoudiens. Puis, l’arrivée, lors du forum d’investissement de Nouakchott, du ministre des finances du royaume. Lire en page 5 B’ IL A DIT... A la vente du temps… LA MAURITANIE Le temps d’Arabie… B’ IL A DIT... La Mauritanie Nouvelle: De la vente de l’espace...

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N° 747 du 23 Avril 2014 - hebdomadaire d’informations générales Prix : 200 UMPrésidentielle 2014

Le compromis politique impossible

B’il a dit et redit des tas de choses. B’ildira et redira des tas d’autres choses. Oncoupe. On découpe. On morcelle. Et onvend. La vente. Dit, comme ça, en disant,on songe à une charcuterie. Mais, non.Ça n’en est pas une. Ça n’en était pas, entout cas. Et ce n’était pas non plus sa vo-cation première pour laquelle elle a étéconstruite. Lire en page 4

B’il a dit et redit des tas de choses. B’ildira et redira des tas d’autres choses.L’agence des titres sécurisés de l’autre,pour ne pas dire son nom, pour ne pasprovoquer un courroux présidentiel, estune autre institution qui fait recette.Comme par exemple certaines ambas-sades, qui aujourd’hui, deviennent auto-nomes, à comprendre Mohamed OuldAbdel Aziz. Lire en page 6

La diplomatie saoudienne découvre enfinquelque vertu à la Mauritanie. Depuiscette découverte, les émissaires diploma-tiques ne cessent de courir vers Nouak-chott. Il y a eu d’abord, le président de laBanque Islamique de Développement, unoutil politico-financier, entre les mainsdes saoudiens. Puis, l’arrivée, lors duforum d’investissement de Nouakchott,du ministre des finances du royaume.

Lire en page 5

B’ IL A DIT...A la vente du temps…

LAMAURITANIELe temps d’Arabie…

B’ IL A DIT... La Mauritanie Nouvelle: De lavente de l’espace...

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Le fameux dialogue politique qui occupe lesesprits et meuble les conversations des sa-lons huppés de la République depuis plus

d’un mois a bel et bien échoué. Aucune partie n’adéclaré cela publiquement, mais le constat est clair.Les deux camps ne se sont, en effet, plus parlé de-puis le début de la semaine et ont butté dès l’en-tame des pourparlers sur le premier point évoquéde l’ordre du jour: le délai à accorder au dialogueet la convocation du collège électoral…Comme nous l’avions déjà bien dit dans ces co-lonnes, les chances de réussite du dialogue entre lespartenaires étaient très réduites, pour ne pas direnulles. Avant toute entreprise d’entente, il est né-cessaire de bâtir un minimum de confiance entredes partenaires qui se regardent en chiens defaïence depuis plus de six années et qui n’ont pasune très grande expérience dans l’art de donner etde recevoir, principes cardinaux du dialogue.Pourtant, pendant la période préliminaire de pré-paration du dialogue, les parties ont retenu l’éta-blissement de la confiance entre elles comme l’undes quatre points autour desquels doit se concen-trer leurs rencontres. Mais c’était, parait-il, justeune manœuvre de part et d’autre qui n’a pas dé-passé le bout des lèvres des premiers négociateurs.La preuve en est que lorsqu’ils ont voulu aborderles questions de fonds, c’était le blocage et le dés-accord. Exactement le même scénario qui a prévalulors des élections législatives et municipales de l’an-née dernière. A l’époque, les pourparlers entre laCoordination de l’opposition démocratique (COD)et le pouvoir ont été lancés tardivement et ont butésur les mêmes sujets : le calendrier électoral. Pour-quoi, avait-on répété les mêmes erreurs? Même si le pouvoir, tout de même maitre de la si-tuation, porte la plus grande responsabilité devantl’opinion et devant l’histoire de ce blocage, les au-tres ne se sont pas exempts de tout reproche.Mais les uns et les autres doivent savoir qu’il y adéjà trop de problèmes et de souffrance dans notrepays et pas assez d’espoir et de perspectives…

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Hebdomadaire d’informationset d’analyses

ÉDITO

N° 747 du 23 Avril 2014

2INSOLITES

Ce chat sait comment utiliser une canne à pêche !INSOLITES

Pour se venger, il transforme la chambre de son frère en chambre de fille

L’Association des Amis de Habib Ould Mahfoudh prie les lecteurs qui détiendraient les éditions suivantes des Journaux Le Calame : 52, Mauritanie

Demain: 18 , Al Bayane: 7 - 12 - 66, de bien vouloir les signaler à la direction du journal.

Merci

Découvrez cette vidéo insolite et étonnante d'un chat qui dé-montre son indéniable maîtrise de la canne à pêche en ten-tant d'attraper un congénère.Parmi les milliers (les millions ?) de vidéos circulant sur in-ternet qui mettent en scène des chats, il n'est pas rare de dé-couvrir des séquences qui démontrent une certaineingéniosité de la part de nos félins domestiques. Notammentlorsqu'il est question d'objets censés avoir été conçus pourêtre exclusivement utilisés par des humains. Dans le genre,on peut citer l'exemple du chat expert en skateboard ou celuidu chat roi de l'évasion qui sait parfaitement comment fonc-tionne un verrou. Dans la droite lignée de ces spécimens,voici désormais le chat qui pêchait à la ligne. Quand un chattente de pêcher un autre chat... Dans cette vidéo publiée lesamedi 19 avril dernier sur Youtube, sur le compte d'un dé-nommé MrYabawy, on peut ainsi, d'abord, voir une imagetrès classique : un petit chat assis sur un canapé suit avec at-tention les mouvements d'un petit objet qui est agité autourde lui. Ses yeux suivent les moindres déplacements de l'objeten question qui, on le comprend rapidement, est en réalitéaccroché à un hameçon, au bout de ce qui semble être unecanne à pêche. La caméra se déplace alors lentement vers lagauche, en suivant la canne à pêche, et l'on finit par décou-vrir la personne (ou plutôt l'animal !) qui se cache à l'autrebout de l'instrument halieutique. Il s'agit d'un gros chatblanc, confortablement installé dans ce qui semble être unecouche suspendue. Celui-ci tient la canne à pêche avec sesdeux pattes avant et la manie avec une certaine dextérité.Déjà plus de 300 000 vues S'il semble lui aussi avoir le re-gard attiré par l'objet virevoltant au bout du fil (on ne se re-fait pas), le chat blanc paraît cependant prendre un malinplaisir à faire tourner en bourrique son congénère, constam-ment pris de vitesse. La vidéo s'arrête au bout d'une trentainede secondes, mais on peut raisonnablement penser qu'un telmanège aurait pu durer pendant plusieurs minutes. En deuxjours, cette vidéo singulière a en tout cas déjà rencontré uncertain succès, puisque, lundi matin, elle avait déjà été vi-sionnée plus de 320 000 fois sur Youtube. L'auteur de cesimages (peut-être un Coréen, car le titre et la description de lavidéo sont écrit en caractères coréens) a incontestablement eule bon réflexe en enregistrant ce moment franchement insolite.Un adolescent survit caché dansle train d'atterrissage d'un avionUn adolescent de seize ans a survécu à un vol de cinq heuresentre la Californie et Hawaï dissimulé dans le train d'atter-rissage d'un avion de ligne, a annoncé dimanche soir la com-pagnie aérienne Hawaiian Airlines.La compagnie ne s'explique pas comment l'adolescent a pusurvivre aux conditions de froid extrême en haute altitude.A 11.500 mètres, l'altitude de croisière du vol, la températureextérieure chute à -62°C. "Notre préoccupation premièrepour l'heure, c'est la santé de ce garçon qui a eu la chance ex-ceptionnelle de survivre", indique-t-elle dans un communi-qué. D'après le FBI, le passager clandestin, originaire deSanta Clara, en Californie, a rapidement perdu connaissance."C'est un vrai miracle, il ne semble pas qu'il portait quelqueéquipement spécial que ce soit", a déclaré Tom Simon, agentspécial du FBI à Honolulu. L'adolescent a été repéré par desagents au sol une heure environ après que l'avion, en prove-nance de San Jose, s'est posé sur la piste de l'aéroport deMaui après plus de cinq heures de vol. Il a expliqué s'êtreenfui de sa maison, avoir escaladé une clôture autour de l'aé-roport de San Jose et traversé le tarmac jusqu'à l'avion. Maison ignore pourquoi.

Après s'être fait pirater son compte Facebook par sonpetit frère de 15 ans, un Néerlandais a décidé de se vengerde fort belle manière en lui donnant une bonne leçon.Aidé de ses amis, il a entièrement transformé la chambrede son petit frère en chambre d'adolescente. Avec desposters de Justin Bieber, des murs repeints en rose et unemultitude d'autres détails, il a pensé à tout pour que savengeance soit parfaite.Tout le monde connait le célèbre proverbe qui expliqueque la vengeance est un plat qui se mange froid, mais sa-viez qu'elle peut aussi se manger rose ? C'est du moins cequ'a voulu démontrer un Néerlandais dans une caméracachée intitulée "Revenge is a dish best served pink (lit-tle's girl room prank)". Une bonne leçon, dans la vraievie Après s'être fait pirater son compte Facebook par sonpetit frère de 15 ans, ce grand frère a en effet choisi de luirépondre de fort belle manière. Plutôt que d'aller lui aussimassacrer le profil Facebok de son petit frère, il a préférépasser aux choses sérieuses et lui donner une bonneleçon, mais dans la vraie vie cette fois. Accompagné parune bande d'amis, il a entièrement transformé la chambrede son frère en chambre d'adolescente. La pièce s'est ainsiretrouvée complètement métamorphosée et le change-ment de décoration est encore plus radical que dans uneémission de Valérie Damidot. Expliquant que "le diableest dans les détails", ce farceur a pensé à tout. Si les mursde la chambre sont évidemment repeints en rose, des pos-ters de Justin Bieber, des livres Twilight, des pilulescontraceptives et une multitude d'objets d'ordinaire plutôtréservés aux filles ont été disposés un peu partout dans lapièce. Trop fainéant pour remettre sa chambre dans sonétat initial Forcément, la réaction du petit frère vaut lecoup d'œil, comme on pouvait s'y attendre. Surpris,consterné, puis dégoûté, on imagine qu'il aura retenu laleçon. Il explique cependant être trop "fainéant" pour re-mettre sa chambre dans son état initial et se résoutpresque à garder cette nouvelle décoration.Des lunettes-écrans pour contrefairel'émotion qui jaillit du regardAu cas où les vrais yeux trahiraient trop les émotions, unchercheur japonais a mis au point des lunettes à écranscensées parer à cette faiblesse humaine, avec des fauxyeux qui disent le contraire de ce que le cerveau pense.Dans les annales des inventions farfelues et peu com-modes dont les Nippons ont le secret, le chercheur Hiro-taka Osawa laissera sans doute son nom avec les"AgencyGlass". Ce prototype de paire de lunettes estéquipé de deux écrans organiques (OLED) tournés versl'interlocuteur en guise de verres. En fonction des mou-vements de la tête et de ceux de l'interlocuteur, s'y affi-chent des yeux globuleux qui reflètent diverses émotions,qu'il s'agisse de l'attention, de la joie, du soulagement ouencore de l'ennui. M. Osawa, de la prestigieuse universitéscientifique de Tsukuba, juge tout à fait pertinente cetteidée de faire mentir ses yeux, par exemple pour les per-sonnes qui doivent garder leur calme même si elles sontconfrontées à des individus retors, tels que les ensei-gnants face à des élèves turbulents où les hôtesses de l'airvis-à-vis de passagers exaspérants. Cette invention est defait symptomatique du stress que cause l'obligation qu'onten permanence les Japonais de ne jamais se laisser domi-ner par la mauvaise humeur ou toute autre émotion vivedans leurs relations sociales. Ces lunettes traduisent la di-chotomie entre ce qu'on doit laisser transparaître et ce quel'on pense réellement. Et puis, plus prosaïquement, avec ceslunettes, on peut dormir devant son ordinateur en ayant enapparence les yeux grand ouverts.

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LL e film des événements des dernières 48 heures etles déclarations ayant servi à les commenter ren-voient à cette triste réalité. Ainsi, un décret de la

présidence de la République, publié dimanche soir, aconvoqué le collège électoral à la date du samedi 21 juin2014, pour la tenue du premier tour de l’élection prési-dentielle, et celle du samedi 4 juillet en cas de deuxièmetour.Tombée comme une réponse du berger à la bergère, unedéclaration du FNDU rendue publique le lendemain,lundi en début d’après midi, a rejeté « l’agenda unilatéral» du gouvernement et pris à témoin l’opinion nationale etles partenaires internationaux, à l’effet de constater queles agissements du pouvoir portent « un coup fatal » à

toutes les tentatives visant à ins-taurer une véritable négociationentre les acteurs politiques pourcréer les conditions d’une électionprésidentielle consensuelle et cré-dible.Sans trop croire à une option dés-ormais reléguée à la rubrique ducas de figure hautement improba-ble, le collectif de l’opposition acependant rappelé son attache-ment à un dialogue sérieux quandles conditions en seront réunies. Juste une astuce pour ne pas pa-raître comme empêcheur de tour-ner en rond de la République.C'est-à-dire éviter d’être le coupa-ble aux yeux de l’opinion pu-blique nationale et internationalede l’échec d’un dialogue vantépar tous les acteurs et auquel per-sonne ne croit sérieusement. Exactement 24 heures après lasortie du FNDU, le pouvoir aréagi sur la voix de maître SidiMohamed Ould Maham, ministrede la Communication, porte pa-role du gouvernement, vice prési-dent de l’Union Pour la République (UPR) et négociateuren chef de la mouvance pouvoir/majorité.S’exprimant au cours d’une conférence de presse organi-sée au Centre International des Conférences de Nouak-

chott (CICN-palais des congrès), le porte-parole du gou-vernement a justifié la convocation du collège électoralpar des contraintes liées aux dispositionsconstitutionnelles.

N° 747 du 23 Avril 2014

3 À LA UNEPRÉSIDENTIELLE 2014 Le compromis politique impossibleAprès plusieurs tentatives sous forme de jeux d’obstacles, le pouvoir, la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP) et le Forum National pour la Démocratie et l’Unité(FNDU), semblent avoir échoué définitivement à nouer une concertation crédible pouvant déboucher sur une électionprésidentielle 2014 « consensuelle, ouverte et transparente ». Ils se rejettent la responsabilité de l’échec du dialogue mort-né. Et tentent, chacun, de faire valoir ses thèses auprès d’une opinion de plus en plus lasse de leurs querelles interminables.

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La Mauritanie Nouvelle : De la vente de l’espace...

B’il a dit et redit destas de choses. B’ildira et redira des tasd’autres choses. Oncoupe. On découpe.On morcelle. Et onvend. La vente. Dit,comme ça, en disant,on songe à une char-cuterie. Mais, non.Ça n’en est pas une.Ça n’en était pas, entout cas. Et ce n’étaitpas non plus sa voca-tion première pour la-quelle elle a étéconstruite. Ni mêmecelle du grand en-semble, dont elle oc-cupe une placecentrale. Une place capitale. Pour dire tout simplement, lacapitale. La capitale politique de la République Islamiquede Mauritanie : Nouakchott. On a cassé depuis quelque temps les blocs rouges, pro-cédé à un morcellement du terrain, qui les abritait, et celuid’entre les blocs. Une parcelle est revenue à la SNIM, pour y construire unimmeuble. Les autres, on ne sait pas qui en sont les déten-teurs finaux. Puisque, dans une enchère, il pourrait yavoir un désistement désintéressé, intéressé, quelquefois.

On pousserait même par moment au désistement. C’était pour donner à la ville le visage d’une vraie villemoderne. Cela se comprend. Et c’est génial. Pour revendre la place des blocs, on les a démolis. Lequartier voisin, l’ilôt A et la cité police de l’autre côté de

la route en asphalte sont menacés de démolition et devente, par la suite, en morceaux vendables. On songe àd’autres et à d’autres. Une ville, visiblement, il fautqu’elle rapporte. Et devienne rentable. Sinon, elle ne vautpas la peine d’être administrée. Le pays, donc, nécessai-rement, doit rapporter bien plus gros qu’une ville. Sinon,il n’y a pas vraiment d’intérêt à le diriger. Autant pratiquer un négoce bien porteur, dans ce cas. Ona vendu un peu quelques affaires. Des occasions, commeon dit. Le libyen d’exilé, Essenoussi était l’une de ces oc-casions rares. En plus, lui, il était vraiment une occasion

d’occasion. Comme une voiture qui s’importe de la Bel-gique et que toute l’Europe a conduite, un jour, ou unautre. Livrée en Mauritanie, elle négocie une seconde viede mobilité. Essenoussi a beaucoup roulé, en Libye et ailleurs, pourKadhafi. L’homme qui le faisait rouler est mort. D’autresont besoin de lui, en tant qu’occasion, pour dire opportu-nité, devant disposer d’une mine d’informations sur destas de questions aussi bien financières que stratégiques.Ici, à Nouakchott, il est sans intérêt. Sans intérêt, pourdire, tant qu’il reste à Nouakchott. Lors de son arrivée ac-compagnant son ancien maître, qui s’est payé, pour l’oc-casion, une prière vespérale intra muros, dirigeant, toutse comptait et tous ceux qui savaient compter dans lepays, d’hommes politiques, d’affaires et autres affairés,il était le bienvenu. Il était d’un intérêt évident pourNouakchott. Après, il est devenu plus intéressant pourNouakchott un Essenoussi livré à Tripoli qu’exilé. Onprend la calculette, on fait une opération arithmétique eton vend. On coupe. On découpe. Quand on ne peut pas démolir, nilivrer, on passe par une solution médiane. On se fait unpeu dans la demi-mesure. Découpage. L’école de la po-lice, à Tevragh-Zeina était trop exposée. Trop exposée, pour dire, trop commerciale pour qu’ellen’abrite que la formation d’un corps qu’on n’aime pasvraiment. On ne peut pas la raser totalement. Il faut tout de mêmeque quelques enseignements s’y opèrent. Même si à leursortie, les policiers, on ne sait plus où les caser. L’école de la police, c’était une coupure longitudinale. Lafaçade qui donne à la télévision nationale, ou la Maurita-nienne, de son nouveau nom, a été mise en enchère. Unterrain finalement qui rapporte. En petits morceaux donnant sur legrand boulevard. Un commerce flo-

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4ACTUALITÉ

B’ il a dit

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5 ACTUALITÉLAMAURITANIE

Le temps d’Arabie…La diplomatie saoudienne découvre enfin quelquevertu à la Mauritanie. Depuis cette découverte, lesémissaires diplomatiques ne cessent de courir versNouakchott. Il y a eu d’abord, le président de laBanque Islamique de Développement, un outil poli-tico-financier, entre les mains des saoudiens. Puis, l’ar-rivée, lors du forum d’investissement de Nouakchott,du ministre des finances du royaume. Celui-là, qui a assisté ces derniers jours, aux côtés desministres de finance et affaires économiques de laMauritanie à la cérémonie, co-organisée par l’Etatmauritanien et le journal Financial Times, dans unhôtel de renom, à Washington. Cérémonie, pour célébrer la sortie dans les co-

lonnes du journal d’un rapport panégyrique del’univers des affaires en Mauritanie. Au cours du

week end dernier, le vice-ministre des affaires étrangèresdu royaume, le prince Abdel Aziz Ben Abdallah BenAbdel Aziz a effectué une visite en Mauritanie. Beaucoupde promesses de financement et d’investissement sontmises sur table. On le sait bien, la diplomatie saoudiennese fait par l’argent. Mais quel intérêt pourrait avoir l’Ara-bie Saoudite, en Mauritanie, en ce moment précis ?Il faut peut-être rappeler le statut presque d’orphelin quia frappé le royaume après le revirement des américainsvis-à-vis de l’Iran. Naguère derrière les USA, pour un peu décourager les vi-sées chiites, dans la sous-région, de géant persan, le

royaume a perdu, comme s’il ne s’y attendait pas, un sou-tien, une position commune partagée avec les américainssur l’Iran, sinon un bouclier, un rempart, en quelque sor-tie. Il y a déjà, la question égyptienne, où l’Arabie saou-dite a été contrainte de jouer sur le terrain. Ce n’est plussuffisant de payer la facture de loin. Il faut avoir une pré-sence effective sur le terrain. Cette présence passe, comme par concours de circons-tance par la Mauritanie, dirigée par un président issu del’aile militaire, un peu un Sissi sur la côte Atlantique duMonde Arabe. Mais, aussi, un peu plus, pour dire un Sissiprésident de l’Union Africaine. Une organisation conti-nentale, qui suspend l’Egypte, depuis le putsch perpétrécontre les islamistes. Des islamistes que le royaume neporte plus vraiment dans cœur. Un désamour, qui a

quelque peu contaminé le pouvoir de Nouakchott vis-à-vis de ses islamistes. On se souvient de l’interdiction for-melle de l’ong, Al Moustaqbal, islamiste, appartenant aupère spirituel de la mouvance, le cheikh Dedew. Formelle,puisque le président de la République, à entendre sa ré-ponse à une question relative à cette interdiction au coursde son entretien avec la presse à Nouadhibou, n’a pas dutout ménagé le cheikh. C’est dire qu’il y a une complicité, désormais, évidenteentre Riadh et Nouakchott. Nouakchott a connu, depuis2008 une série d’amourettes aussi étonnantes qu’antino-miques, les unes des autres. Aujourd’hui, c’est le temps d’Arabie. Jusqu’à quand ?Seuls les intérêts communs pourraient se prononcer…

AVT

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N° 747 du 23 Avril 2014

6ACTUALITÉ

B’ il a ditB’ IL A DIT... Suite de la page 4

rissant. Puisque, pignon sur rue, pré-sentant une opportunité commercialeaccessible. On coupe une parcelle substantielle du ter-rain de l’école, qu’on propose à la venteaux enchères. Une école de police doitrapporter ? Non ! Et le stade olympique ?Toute sa partie nord ? C’est du bénef, toutcoupé et découpé. Le même sort. Unemise en vente aux enchères. Qui sont les preneurs, les premiers et lesderniers, les intermédiaires et ceux quivont désister ? Après l’entretien de Nouadhibou, per-sonne n’ose plus soupçonner le premiercitoyen de la République d’être plusqu’un premier citoyen de la République.Un peu le premier foreur de la Répu-blique. C’est vrai, il a un peu révélé cela, cettefonction foreuse. Et comme il s’agit dupremier tout de la République, on nesaurait l’humilier du titre d’un simpleforeur, comme tout le commun de mor-tels – et mortel en plus- des foreurs.

B’...

A la vente du temps…B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira destas d’autres choses. L’agence des titres sécurisés de l’au-

tre, pour ne pas dire son nom, pour ne pas provoquer uncourroux présidentiel, est une autre institution qui faitrecette. Comme par exemple certaines ambassades, quiaujourd’hui, deviennent autonomes, à comprendre Mo-hamed Ould Abdel Aziz, et l’entendre dire à peu-prèscela, lors de sa récente sortie de Nouadhibou. Certaines ambassades, dont celle de Paris, n’ont plus be-soin d’apport du budget de l’Etat. C’est dire fonds pro-pres. Mais, le premier foreur de la République n’aime pasvraiment qu’on parle de cette agence. Ni de son directeur.C’est une agence, qui fait son travail comme il se doit.Les citoyens récupèrent leurs titres sécurisés avec promp-titude. Et, c’est vrai. On n’a jamais vu un boutiquier quirefuse un client. Le passeport, ça coût trente mille ou-guiyas, dans sa version 32 pages. Il coûte cent mille ou-guiyas, dans sa version 100 pages. Autant de pages autantde mille. Mais, le vrai commerce ce ne sont pas les pas-seports. Ce sont les extraits d’acte de naissance. Parceque là, on joue sur et avec le temps. Un acte de naissancecoûte le petit montant de 200 ouguiyas. Ce n’est rien, vu comme ça. Mais, c’est beaucoup, quandon sait que ces 200 um sont la valeur trimestrielle d’unacte de naissance. Après trois mois, il n’est plus valide.On vend, en somme, la valeur de l’acte pour trois moisseulement. Pour une période. Un temps. Dans les coupures et démolition des bâtisses etdomaines publics, on vend l’espace public. A l’agence destitres sécurisés, on vend le temps.

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Mohamed Mahmoud Ould Targui

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N°747 du 23 Avril 2014

ACTUALITÉ PRÉSIDENTIELLE 2014

Le compromis politique impossible

GABRIEL GARCIAMARQUEZLa mort du réalisme magique…

LE FORUM NATIONAL POURLADÉMOCRATIE ET L’UNITÉ (FNDU),

Communiqué Il a réitéré les dispositions du pouvoir au dialogué et fus-tigé l’absence de bonne volonté d’un FNDU, qui a voulufaire du consensus sur l’agenda électoral « un préalableaux négociations » alors qu’il ne pouvait être que le résul-tat d’un accord politique.De la même manière que l’opposition, le pouvoir cherche,lui aussi, à dire que l’échec du dialogue incombe à sesadversaires. Pas important de savoir qui est le principalresponsable du blocage. Ils sont tous responsables de cela.Certes à des degrés différents. Même si le résultat est lemême : nos acteurs politiques ont échoué à aller vers l’es-sentiel. Une situation devenue une seconde nature pourla classe politique et une nouvelle occasion de pacifier lascène politique ratée.

Scrutin à sens unique ?Au finish, la Mauritanie file à toute vitesse vers une élec-tion présidentielle sans une grande partie de l’opposition,

celle qu’on appelle l’opposition radicale, qui avait déjàadopté la politique de la chaise vide à l’occasion des élec-tions législatives et municipales de novembre/décembre2013.Ce boycott est une nouvelle fois le signe d’une « démo-cratie » immature dans un contexte où le pouvoir disposede toutes les cartes en main, avec la posture d’un candidatdont la victoire ne fait l’ombre d’aucun doute, mais quirefuse des concessions pourtant de nature à donner plusde crédit à son « triomphe » annoncé.Certes le constat est clair, mais il faut dire que le pouvoir,tous les pouvoirs qui se sont succédé en Mauritanie de-puis un triste 10 juillet 1978, partagent une seule chose,celle de ne pas accepter de concéder le moindre espacevital à leurs adversaires. C’est la politique du tout ou rien.D’un côté comme de l’autre. Et jusqu’ici, rien n’a appa-remment changé sous nos cieux. Quel gâchis ?

Suite de la page 3

- Conscient de la gravité de la crise multidimensionnelleque vit notre pays et de l’urgente nécessité de lui trouverdes solutions justes et durables,- Considérant l’espoir suscité par la création du FNDUet la mise en synergie de ses diverses composantes poli-tiques, civiles et syndicales,- Décidé à œuvrer, de toutes ses forces, pour la tenue d’undialogue sérieux pouvant conduire à un Consensus Natio-nal nécessaire à la tenue d’élections aptes à sortir le paysde la crise actuelle,Est entré, de bonne foi, en toute sincérité et responsabi-lité, dans un dialogue avec le pouvoir, en vue de parvenirà des solutions consensuelles. Au terme d’efforts intensesdéployés dans ce sens, il nous est apparu que le régimereste attaché à « ses lignes rouges » telles qu’annoncéespar le Chef de l’Etat à Nouadhibou.Cela s’est traduit par son refus d’accepter tout agendaconsensuel, malgré la souplesse dont le Forum a faitpreuve en acceptant d’ignorer sa convocation du CollègeElectoral, et à travers les concessions consenties dans unprocès-verbal commun, par lequel toutes les parties de-vaient s’engager à respecter les résultats consensuels dudialogue.Face à notre disponibilité à parvenir à un accord allantdans cette direction, le pouvoir a opposé un refus total.En conséquence, nous tenons, aujourd’hui, à prendre lepeuple mauritanien et l’ensemble de nos partenaires à té-moin de notre rejet total de l’agenda unilatéral annoncépar le pouvoir. Nous considérons que cet agenda porte uncoup fatal à la démocratie dans le pays et à l’espoir légi-time des Mauritaniens de vivre dans la stabilité et le pro-grès.De même que nous réaffirmons notre disponibilitéconstante à un dialogue ouvert et sérieux lorsque lesconditions et la volonté nécessaires de la part du régimes’y prêteraient.

Nouakchott, le 21 Avril 2014Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité

«Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution,le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce loin-tain après-midi au cours duquel son père l’emmena faireconnaissance avec la glace…’’ Ainsi commence l’œuvremajeure de l’auteur colombien Gabriel Garcia Marquez,Cent ans de solitude. Il est né le 6 mars 1927 à Aracataca,ville de la côte caribéenne de Colombie. Il est mort, jeudidernier 17 avril 2014. Pour ‘’la raconter’’, la littérature,pendant 87 ans. Une littérature, qui fait d’abord revivre lalangue espagnole, morte, ou presque, littéralement, et lit-térairement, depuis Don Quichotte et Cervantès. Et pourfaire naître d’autres sommités de la littérature latino-amé-ricaine, à savoir, entre bien d’autres, Mario Vargas Llosa,Jorge Luis Borges, sans oublier son ami, Carlos Fuentès,avec qui, il décida un jour de devenir écrivain. Gabo, comme on le surnomme outre atlantique a inventéce qui est devenu après lui connu sous le nom du réalismemagique. Son œuvre est le croisement foisonnant de ré-férences. Des références tirées de l’imaginaire populaire,de la bible et bien d’autres inspirations. L’imaginaire po-pulaire se heurte à l’actualité politique. Le fantastique àl’humour le plus décapant. Les personnages de GarciaMarquez sont si attachants, si pleins, si accomplis et af-firmés, qu’on ne peut résister à leur charme, et quel quesoit, par ailleurs le rôle ou le sort tragique, que leur attri-bue le Nobel de littérature, en 1982. Vers le début des an-nées soixantes, Marquez tomba sur l’œuvre complète deFrançois Rabelais. Son œuvre en laissait quelquesmarques. Les personnages gargantuesques, qu’on trouveaussi bien dans cent ans de solitude que dans l’Automnedu patriarche, en dit bon sur cette influence. Les person-nages marqueziens ne sont pas plus magiques que Mar-quez, lui-même. N’en parlons même de la lévitation,somme toute ordinaire pour le lecteur, de Rémèdios-la-belle, mais la magie Gabriel l’exerce, lui-même, en don-nant esprit et âme, à un filet de sang, dans Cent ans desolitude : ...''Un filet de sang passa sous la porte, traversa la sallecommune, sortit dans la rue, prit le plus court cheminparmi les différents trottoirs, descendit des escaliers et re-monta des parapets, longea la rue aux Turcs, prit un tour-nant à droite, puis un autre à gauche, tourna à angle droitdevant la maison des Buendia, passa sous la porte close,traversa le salon en rasant les murs pour ne pas tacher lestapis, poursuivit sa route par l'autre salle, décrivit unelarge courbe pour éviter la table de la salle à manger, entra

sous la véranda aux bégoniaset passa sans être vu sous lachaise d'Amaranta qui donnaitune leçon d'arithmétique à Au-reliano José, s'introduisit dansla réserve à grains et débouchadans la cuisine où Ursula s'ap-prêtait à casser trois douzainesd'œufs pour le pain.- Ave Maria Très-Pure ! s'écriaUrsula....'' La magie des mots.Et la dictature des mots, lui lepourfendeur des dictateurs, quifit amener, dans l’Automne du patriarche le corps toutfarci d’un dignitaire maudit du palais où les charognardset vaches y font bon ménage. On parle beaucoup de Centans de solitude, mais beaucoup moins de l’Automne dupatriarche. Le pourfendeur du despotisme. La raillerie dela dictature. Ce monarque imaginaire qui gouverne lepays à toutes les heures de la journée. Obsédé et obnubilépar les détails. Un sanguinaire froid, capable de servirl’un des ses collaborateurs maudits à son buffet « (...) il était minuit et le général Rodrigo de Aguilar n’ar-rivait toujours pas, quelqu’un tenta de se lever, avec votrepermission, dit-il, il le pétrifia d’un regard mortel qui si-gnifiait que personne ne bouge, que personne ne vive sansma permission jusqu’au douzième coup de minuit où lesrideaux s’ouvrirent et où l’illustre général de division Ro-drigo de Aguilar fit son entrée sur un plat d’argent, étendude tout son long sur une garniture de choux-fleurs et delaurier, macéré dans les épices, doré au four, accommodéavec son uniforme à cinq amandes d’or des grandes occa-sions et les ganses du courage illimité sur la manche re-troussée de son bras de manchot, sept kilos de médaillessur la poitrine et un brin de persil dans la bouche, prêt àêtre servi à ce banquet de camarades par les équarrisseursofficiels devant nous tous les invités pétrifiés d’horreurqui assistâmes le souffle coupé à l’exquise cérémonie dudécoupage et de la distribution, puis quand il y eut danschaque assiette une part du ministre de la Défense farciaux pignons et aux herbes, il donna l’ordre de commen-cer, bon appétit, messieurs. »L’Automne du patriarche est un roman, qui demeure,hélas, d’actualité de nos jours. Gabriel Garcia Marqueza vécu quatre-vingt-sept printemps pour la raconter. Ra-conter la littérature. AVT

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N° 747 du 23 Avril 2014

8ACTUALITÉ

SALAMTRANSPORTS Nouvelle Ligne Nouakchott-Dakar et Dakar-Nouakchott

Départ Nouakchott: tous lesdimanche à 7 heures du matin. Départ de Dakar: tous leslundi à 23 heures.

Nouveau

Garcia Marquez et ChinguettiCLIN D’ŒIL

VIENT DE PARAÎTRE

Le griot de l’emirGardien de traditions sécu-laires et de rythmes ensoleil-lés, héritier d’une tribulégendaire et désormais dis-persée, un griot erre, un luthà la main, entre des campe-ments inconnus, dans un Sa-hara des temps anciens oùles haines tenaces côtoientles violentes passions. Ré-volté par l’affront fait à sonamie, la belle Khadija, pous-sée à la mort par l’émir sou-verain, le griot de la grandetribu quitte la terre des no-mades et s’exile à Tombouc-tou, cité des savoirs et desmarabouts. Il y retrouve la paix, la générosité etl’amour. Mais son destin l’appelle ailleurs, au pays desMaures où il porte haut sa voix afin de semer lesgraines de la révolte. Car, dans ces espaces infinis, c’est la musique des pèresqui réveille l’orgueil des hommes et les fureurs du dé-sert. Tel un chant lyrique, ce roman nous transportedans la poésie des sables, en un temps où les poètes-griots, par la seule force de leur verbe ont le pouvoirde renverser le cours de l’histoire. Viennent à nous leslégendes d’un monde qui, aujourd’hui, s’évanouit.

Je n’ai appris la mort de Garcia Marquez que fort tard.J’étais loin naviguant entre Aoujeft, Loudey Atar et Chin-guetti, insoucieux de ce qui se passe dans l’univers, coupéde cet éternel brouhaha qui nous encombre l’esprit, ré-fractaire à toute nouvelle provenant du « monde », pas deradio, pas de télé, surtout pas de « web ». J’écoutais des histoires et j’en créais, je parlais avec lesgens du commun que je rencontrais, je respirais un air quine souffrait pas beaucoup des perversions du temps etj’essayais, de temps en temps de convaincre un jeunefrançais de sept ans, un compagnon de voyage, que le «pinronh » d’Atar valait bien les Champs Elysées et que laTour Eiffel devait s’incliner devant le plus humble de nospalmiers dattiers. Je n’eus pas beaucoup de succès, jel’avoue, sur ce plan là.La mort de Garcia Marquez me surprit. Depuis quej’avais lu il y a trente ans, « cent ans de solitude », jel’avais classé, dans le catalogue des astres, et je pensaisque sa luminosité allait durer très, très longtemps. J’avais oublié que le corps ne suis pas toujours la lumièreet que la mort se rit bien du génie Et j’en vins à conclureque si Gabriel Garcia Marquez a disparu, c’est qu’il n yaplus aujourd’hui de Macondo, le lieu qui l’avait vu gran-dir et qu’il avait redessiné , son petit village d’enfanceperdu dans les marais et respirant les rêves les plus fous.Les ombres de Macondo s’étaient évaporés et l’âme de

Marquez se devait donc forcément d’aller dans l’au-delàalimenter les fantasmes de son enfance. Les belles chosesmeurent et l’esprit doit les suivre, forcément. Et je fis lerapprochement avec notre Chinguetti nationale que je ve-nais de quitter.La vieille cité n’a certes jamais produit de Garcia Mar-quez mais elle aurait gagné à en avoir un. Tellement elles’est éteinte à la faveur des ans et de l’ingratitude dessiens (nous tous, il faut le préciser). C’est pitoyable de voir mourir une ville si ancienne,étouffée par ceux là même qu’elle a fait longtemps vivre. Chinguetti est morte, assassinée par ses gens. Il faut sui-vre les rues de la vielle ville pour voir l’état de misère etde décrépitude qu’on a infligé à une cité hier considéréecomme patrimoine de l’humanité et septième lieu saintde l’Islam. Les détritus jonchent les rues, les murs sont décrépis, le« château d’eau », insulte aux yeux, est toujours là, lesvisiteurs sont assaillis par une foule de petites vendeusesqui les empêchent de respirer et qui tuent la sérénité quiaurait dû baigner les lieux .Autour da la mosquée un mur décrépi et vulgaire, et àl’intérieur seulement quelques prêcheurs pakistanais bien-heureux d’occuper un terrain sacré délaissé par les habi-tants. Chinguetti dans cet état, je vous le dis, ne mérite pas

d’être considéré comme un patrimoine de l’humanité nicomme une ville sainte. Si on vaut conserver à Chinguettila place qu’elle occupait dans les esprits, l’on doit agirvite. Et ce n’est pas la seule affaire de la Commune deChinguetti ou de la région de l’Adrar, ni celle de la Fon-dation des villes anciennes. Ces institutions là, c’est clair,sont dépassées et irresponsables Il s’agit d’une affaire na-tionale où l’État devrait s’investir rapidement.

Beyrouk

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Mission accomplie pour lesMourabitounes. En déplace-ment à Curepipe ce dimanchepour y affronter l'île Mauricelors du premier tour retourdes éliminatoires de la CAN2015, la Mauritanie a assurésa qualification pour la 2ephase. Déjà vainqueurs à l'al-ler (1-0), les coéquipiersd'Adama Ba l'ont une CAN2015 : la Mauritanie est aurendez-vous.Vainqueur de l’île Maurice(0-2) lors des éliminatoiresretours à la CAN 2015, laMauritanie a validé sa quali-fication pour la 2e phase dequalification de la compétition.Disciplinés et plutôt dominateurs dans les débats, lesMauritaniens ont mis du temps à mettre leurs adversairesen danger et c’est d’abord Adama Ba mettait le portieradverse à contribution à deux reprises (29e). Premières alertes qui montraient l’emprise mauritaniennesur la partie, avant que Demba Sow ne trouve la faille.Sur une frappe de près de 25 mètres, le défenseur duHavre faisait mouche pour libérer les siens avant la pause(0-1, 38e).En tête au tableau d’affichage mais pas à l’abri d’un re-tour des Mauriciens, les Mauritaniens tentaient de prendrele large au retour des vestiaires, sans succès. Très re-

muant, Moulaye Ahmed manquait le cadre après un raid(68e), avant de perdre son face à face devant le portier del’île Maurice, Augustin (74e). Pas plus de réussite pour Adama Ba dont la frappe venaitfrôler le poteau (76e).Il faudra finalement attendre la dernière minute de jeupour voir Moulaye Ahmed être récompensé de ses efforts.Après un slalom dans la défense adverse, il venait pousserle cuir au fond des filets et définitivement valider la qua-lification (0-2, 90e). Les hommes de Patrice Neveu pas-sent donc à la 2e phase de qualification et ont rendez-vousdésormais le 27 avril pour connaître leurs adversaires enphases de groupes de ces éliminatoires. La "MissionMaroc 2015" est plus que jamais d’actualité. Rassemblés par Saydou Nourou T.

N°747 du 23 Avril 2014

9 SPORTCAN 2015 La Mauritanie est au rendez-vous TOURNOI DE RUGBY À SEPT DE DAKARLa sélection

mauritanienne affûte ses armes

La sélection mauritanienne composée de 12 joueurs, dis-putera trois matchs à Dakar, le samedi 26 avril, dansl'après-midi, pour le compte du tournoi international derugby à sept. Finalement, ce tournoi ne regroupera queles équipes mauritanienne et sénégalaise.Pressentie pour y prendre part, la Sierra Leone n'effec-tuera finalement pas le déplacement de Dakar en raisondu virus "Ebola" et la mise en quarantaine de la Guinée.La Direction Technique Nationale, sous la houlette deJean Marie Robert a rendu public, ce lundi 21 avril la listedes joueurs pressentis au sein de la sélection de rugby à7 de Mauritanie à l'issue d'un tournoi tenu à Nouakchott.Il s’agit de: Djibrill Fall (cap), Samba Guisset, HousseinDiop, Alpha Diagana, Babacar Sow, Mohamed Diagana,Amadou Diallo (Nouakchott), Younouss Maréga, AmaraBathily, Abderrahmane Soghonogho, Dembo Sabaly ,Oumar Semega (Kaédi). Fakourou Tandia fera le déplacement au titre d’assistanttechnique. La DTN prévoit un rassemblement des joueurs, le mer-credi matin au stade olympique pour un stage de prépa-ration au tournoi, jusqu'à jeudi soir. Selon le planning établi, le départ pour Dakar est fixé auvendredi 25 avril à 05h45 de Nouakchott. Tandis que leretour est prévu, le dimanche 27 dans l'après-midi.

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N° 747 du 23 Avril 2014

10ÉCONOMIES

Le salon automobile de Pékin ouvre ses portesOPTIMISME SUR LEMARCHÉ CHINOIS AREVALe Niger se dit tout proche d'un accord

DÉFICITDes députés PS soumettent un plan d'économies alternatif à Manuel Valls

Le gouverne-ment du Nigers'apprête à re-nouveler ses ac-cords avecAreva sur l'ex-ploitation de sesmines d'ura-nium et une an-nonce pourraitintervenir dans les prochains jours, a déclaré le ministredes Mines Omar Hamidou Tchiana. Le Niger, quatrièmeproducteur mondial d'uranium et l'un des pays les pluspauvres du monde, souhaite augmenter les revenus qu'iltire de l'exploitation de ses ressources par Areva, mais legroupe français juge qu'une remise en cause des condi-tions financières rendrait cette exploitation déficitaire."Nous sommes très très près d'un accord. Il ne reste qu'àle finaliser. Nous signerons dans les semaines, voire lesjours qui viennent", a déclaré Omar Hamidou Tchianadans un entretien diffusé dimanche soir par les chaînesde télévision privées Labari et Dounia.Bien qu'ayant débuté les négociations il y a deux ans,Areva et le gouvernement de Niamey n'étaient pas parve-nus à s'accorder avant l'échéance, le 31 décembre, desconventions d'extraction signées il y a dix ans, le prési-dent nigérien Mahamadou Issoufou affirmant que cescontrats constituaient un retour vers l'époque post-colo-niale. Mais le président du directoire d'Areva, Luc Our-sel, avait fait état début mars d'un "pas en avantimportant" dans les négociations, laissant espérer une so-lution. Le Niger représente plus du tiers de la productiond'uranium du groupe français. Dans la même interview, leministre des Mines affirme par ailleurs que des étudesgéologiques ont montré la présence potentielle de nou-veaux dépôts de pétrole et d'uranium dans le pays."L'avenir est très prometteur. Des échantillons géophy-siques aéroportés ont montré des traces de pétrole dans larégion de Tahoua et d'uranium à Tillaberi", a-t-il dit.

Des banques ukrainiennes interdites d'activités en CriméeLa Banque centrale de Russie a annoncé lundi qu'elleavait interdit à plusieurs banques ukrainiennes de travail-ler en Crimée, rattachée le mois dernier à la Fédération deRussie. La Banque de Russie explique que ces établisse-ments "n'ont pas honoré leurs obligations vis-à-vis deleurs créanciers". Sont désormais interdites d'activités enCrimée la Privatbank, la Vseukrainsky Aktsionerny Bank,la banque Kyivska Rus et l'Imexbank, précise-t-elle.

La Bourse de Tokyo finit sans tendanceLa Bourse de Tokyo a fini pratiquement stable lundi,ayant effacé ses gains initiaux, dans des échanges calmesfaute de direction des Etats-Unis où les marchés étaientfermés vendredi. L'indice Nikkei, monté le matin à unplus haut depuis le 8 avril de 14.649,50 points, a finale-ment terminé pratiquement à l'équilibre à 14.512,38points, en repli de 3,89 points ou 0,03%. L'indice pluslarge Topix a cédé 1,97 point (0,17%) à 1.171,40, aprèsun plus haut du jour de 1.181,92 en matinée, et le nou-veau venu JPX-Nikkei 400 a abandonné 0,21% à10.655,42. L'annonce d'un net ralentissement de lacroissance des exportations japonaises en mars a faitreculer le yen à un plus bas de deux semaines et demide 102,71 pour le dollar, ce qui a soutenu certaines va-leurs exportatrices comme Mitsubishi Motors (+2,27%)ou Mazda (+0,88%). L'activité a été réduite en raisonde l'absence de nombreux investisseurs étrangers en ceweek-end de Pâques.

Comment économiser 50 milliards d'euros sans égratignerau passage le pouvoir d'achat des Français ? Ouvertementhostiles aux annonces d'économies faites le 16 avril par lePremier ministre, Manuel Valls, des députés PS soumet-tent, lundi 21 avril, un plan alternatif, révèle Le Monde.fr.Proposée par "un groupe de travail informel de la com-mission des finances" piloté par la députée des Hautes-Alpes Karine Berger, cette note plaide pour "un choc depouvoir d'achat". Leurs propositions vont être transmisesau président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, ainsiqu'à la nouvelle rapporteure générale du Budget, ValérieRabault, avant d'être présentées au Premier ministre dansla journée, poursuit Le Monde.fr.Dans la note consultée par Le Monde.fr, trois scénariossont détaillés, mais les objectifs restent identiques à ceuxprésentés par Manuel Valls : 50 milliards d'euros d'écono-mie et réduction du déficit public en deçà de 3 % du Pro-

duit intérieur brut (PIB). A la différence que ces alterna-tives "visent à éviter le gel des prestations sociales debase, ainsi que le gel du point d'indice de la fonction pu-blique", écrit le site du quotidien. "Ces économies de dé-penses ne doivent pas aller à l'encontre de notre repriseéconomique et de celle de l'emploi, qui ont été jusqu'àprésent freinées par les efforts budgétaires", prône le do-cument. Chiffre à l'appui : "de 2012 à 2014, la résorptionde 2,6 points du déficit structurel se solde par une baissenette du déficit public de seulement 1,3 point, car l'impactnégatif sur la croissance creuse la partie conjoncturelledu déficit." Estimant que les efforts avaient été suffisam-ment importants en 2012 et 2013, ces députés maintiennentenfin qu'"aucun scénario alternatif ne doit comporter unehausse supplémentaire du taux effectif de prélèvementsobligatoires entre 2015 et 2017", poursuit Le Monde.fr.

Le marché chinois va rester le moteur de la croissanceautomobile mondiale cette année malgré le coup de freinde la croissance économique du pays, assurent lesconstructeurs réunis à partir de dimanche au salon dePékin. Après un bond de 14% en 2013, les ventes de vé-hicules neufs devraient progresser d'au moins 10% cetteannée, estiment-ils. "Nous continuons à avoir une crois-sance très forte", a souligné Jochem Heizmann, membredu directoire de l'allemand Volkswagen, dès samedi.A peine moins enthousiaste, le président de l'américainGeneral Motors, Dan Ammann, parie sur "une hausse de8 à 10% cette année".En comparaison, au niveau mondial, les immatriculationsne devraient progresser que de 3% en 2014, selon des ex-perts. Dans les allées du salon, ce sont surtout les marquesétrangères qui concentraient l'intérêt des premiers visi-teurs, au détriment des marques chinoises --lesquelles ontvu leur part de marché cumulée dans le pays sombrer à39% au premier trimestre.Mitraillées par les photographes, des mannequins élancéset au sourire impassible s'appuyaient aux véhicules pré-sentés, avec parfois des robes assorties aux carrosseries.-L'environnement, nouveau défi-Le ciel n'est pourtant pas sans nuage: les ventes de voi-tures en Chine ont accusé un net coup de frein en mars,avec une hausse de seulement 6,6% sur un an, contre unbond de 17,8% en février. La croissance économique dupays a ralenti à 7,4% au premier trimestre et pourrait en-registrer cette année sa plus faible performance depuisprès d'un quart de siècle. Mais l'enthousiasme desconstructeurs pour le premier marché automobile mondialne refroidit pas pour autant. La Chine a connu "la crois-sance la plus stable ces dernières années", a rappelé le pa-tron de la marque française Peugeot, Maxime Picat et "onconnaît la capacité du gouvernement (chinois) à réagir"en cas de problème. Le secteur est toutefois confronté àde nouveaux défis --dont la série de restrictions adoptéespar les autorités, aussi soucieuses de s'attaquer aux em-bouteillages qui paralysent les métropoles que d'endiguerune sévère pollution atmosphérique.Hangzhou (est) est ainsi devenue fin mars la sixièmegrande ville du pays, après notamment Pékin, Shanghai etCanton, à restreindre drastiquement le nombre de plaquesd'immatriculation délivrées chaque année.La réponse des constructeurs est de développer leur ré-seau de concessionnaires dans des villes de moindre im-portance, qui restent pour l'instant à l'abri de tellesmesures. Certains espèrent même en profiter. Ce type demesures "renforce la part de marché du haut de gamme",

a assuré le patron du groupe allemand Daimler, DieterZetsche, qui détient Mercedes-Benz.Avec une progression encore plus forte que l'ensemble dumarché, le segment du luxe et du premium --dominé enChine par les marques allemandes Audi (groupe VW),Mercedes-Benz (groupe Daimler) et BMW-- n'a pas deraison de s'en faire. Mais c'est aussi un segment trèsconvoité. Entre autres, le britannique Jaguar Land Rover(groupe indien Tata Motors), qui a vu ses ventes s'envolerde quelque 30% en 2013 en Chine, compte bien doper sapart de marché et bousculer le trio allemand.D'ici à la fin de l'année, sa première usine dans le pays,ouverte avec son partenaire chinois Chery, débutera laproduction, avec une capacité de 130.000 véhicules an-nuels --soit près de 35.000 de plus que ses ventes ac-tuelles. Le groupe entend "se distinguer par son identité"british" et le style", mais aussi par la renommée de LandRover dans les "4x4 urbains", a expliqué à l'AFP son di-recteur des ventes Andy Goss. Il s'agit en effet d'un dessecteurs les plus porteurs en Chine, comme le montre laprofusion de nouveaux modèles et de concept cars deSUV présentés au grand public lors du salon de Pékin,qui restera ouvert jusqu'au 29 avril. "Je pense que le mar-ché (chinois) reste formidable", s'est écrié le patron del'américain Ford, Alan Mulally --surgissant sur une scèneau volant d'un nouveau modèle Mustang, marque qui cé-lèbre ses 50 ans.Pour lui, le rééquilibrage économique voulu par Pékin,qui cherche à doper la consommation intérieure, compen-sera les restrictions des immatriculations dans les grandesmétropoles. Pour preuve, les coentreprises de GeneralMotors vont encore investir 12 milliards de dollars dansle pays d'ici 2017.

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N°747 du 23 Avril 2014

11 INTERNATIONALESSOUDAN DU SUDLes rebelles nient avoir massacré des civils

EVERESTLes sherpas népalais renoncent à toute ascension pour la saison

CORÉESLe Nord pourrait préparer un 4e essai nucléaire, selon SéoulLes rebelles sud-soudanais menés par l'ancien vice-prési-

dent Riek Machar ont nié mardi avoir massacré de cen-taines de civils en reprenant la localité septentrionale deBentiu, malgré des accusations accablantes de l'ONU ence sens.Lundi, la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss)avait nommément accusé les troupes fidèles à Riek Ma-char d'avoir tué, sur des critères ethniques, plusieurs cen-taines de civils à compter du 15 avril, date à laquelle larébellion affirmait avoir repris le contrôle de Bentiu.La rébellion a dénoncé mardi "des accusations sans fon-dement" et des "allégation ridicules fabriqués par (ses)ennemis", accusant les forces pro-gouvernementalesd'être "entièrement responsables des tueries systéma-tiques de civils sud-soudanais et étrangers à Bentiu" etd'avoir "commis ces crimes haineux en se repliant".Le 15 avril, les forces pro-Machar avait pourtant assuréavoir "terminé dans la matinée les opérations de net-toyage et de sécurisation dans et autour de Bentiu", capi-tale de l'Etat pétrolifère d'Unité (nord).Ce même jour, selon l'ONU, au moins 200 civils réfugiésdans une mosquée ont été massacrés par les forces pro-Machar, après avoir été sélectionnés sur des bases eth-niques, de même que d'autres civils à l'église catholiqueet à l'hôpital de la ville, où des non-Nuers - ethnie dont estissu Riek Machar et qui forme l'essentiel de ses troupes -ont été "spécifiquement visés et tués". "Les enquêteurs(...) de la Minuss ont confirmé que quand les forces (re-belles) ont capturé Bentiu, les 15 et 16 avril, elles ontfouillé un certain nombre d'endroits où des civils sud-sou-danais et étrangers avaient trouvé refuge et ont tué descentaines de ces civils après avoir établi leur appartenanceethnique ou leur nationalité", a affirmé lundi l'ONU. Ontnotamment été tués à Bentiu des ressortissants soudanaisdu Darfour, région où sévit une rébellion anti-Khartoumdont des éléments sont accusés par la rébellion de prêtermain forte à l'armée sud-soudanaise dans le conflit actuelau Soudan du Sud. Les combats qui ont éclaté le 15 dé-cembre à Juba au sein de l'armée sud-soudanaise entretroupes fidèles au président sud-soudanais Salva Kiir etcelles loyales à M. Machar avant de s'étendre au reste dupays, se sont accompagnés de la part des deux camps denombreuses atrocités contre les civils, essentiellement surdes bases ethniques. A la lutte au sein du régime entreMM. Kiir et Machar, se greffent de vieux antagonismesentre peuples dinka et nuer dont sont respectivement issusles deux hommes. Ces inimités plongent pour partie leursracines dans la guerre menée entre 1983 et 2005 contre

Khartoum par la rébellion sudiste - dont MM. Kiir et Ma-char sont des dirigeants historiques -, qui a débouché surl'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.Les tueries de Bentiu semblent l'un des plus amples mas-sacres rapportés depuis le début du conflit, qui a chasséplus d'un million de Sud-Soudanais de chez eux.Gouvernement et rebelles doivent reprendre d'ici fin avrilà Addis Abeba des négociations destinées à trouver unesolution politique durable au conflit, qui n'ont connujusqu'ici aucune avancée.Un cessez-le-feu signé le 23 janvier dans la capitale éthio-pienne n'a jamais été appliqué et l'armée sud-soudanaisea affirmé mardi que d'intenses combats se poursuivaientdans les Etats pétroliers d'Unité et du Haut-Nil (nord-est),ainsi que dans le vaste Etat du Jonglei (est).Son porte-parole, Philip Aguer a également admis quel'armée avait dû se retirer de la localité de Mayom, à en-viron 50 km à l'ouest de Bentiu, tout en assurant qu'ellecontrôlait toujours les principaux puits de pétrole et raf-fineries de l'Etat d'Unité, une affirmation invérifiable demanière indépendante. Les rebelles n'ont pas caché queleur offensive en cours avait pour objectif la prise decontrôle des puits, qui assuraient avant le conflit 98% desrecettes du jeune pays. Les deux camps ont dit être prêtsà négocier malgré les combats, tout en accusant l'autre dene pas vouloir la paix. "Notre délégation va aller à Addisnégocier la paix", a assuré mardi à l'AFP le porte-paroledu gouvernement sud-soudanais, Michael Makuei, "maisnous croyons fermement que les rebelles ne veulent pasla paix". Les négociations avaient débuté fin décembre,aboutissant péniblement à un cessez-le-feu fin janvier quin'a finalement jamais été respecté.

Les guides népalais ont annoncé à l'AFP mardi qu'ils quit-taient le camp de base de l'Everest et mettaient fin à leursaison, en hommage à leurs collègues tués vendredi dansune avalanche. "Nous avons eu une longue réunion cetteaprès-midi et avons décidé de ne plus grimper cetteannée, en hommage à nos frères. La décision des sherpasest unanime", a dit l'un d'eux, Tulsi Gurung, à l'AFP de-puis le camp de base."Certains guides sont déjà partis et d'autres seront encorelà pendant environ une semaine, le temps de tout emballeret de partir", a ajouté Gurung, dont le frère fait partie desvictimes. Treize sherpas ont été tués dans l'avalanche ven-dredi et les corps de trois autres sont toujours ensevelissous la neige dans l'accident le plus meurtrier jamais en-registré sur les pentes de l'Everest. "Seize personnes sontmortes sur cette montagne le premier jour de notre ascen-sion. Comment pouvons-nous désormais la gravir?", a ditun autre sherpa, Pasang Sherpa. Cette décision sembleanticiper l'issue des discussions en cours entre les sherpaset le gouvernement népalais.

Les guides népalais avaient menacé de mettre fin à la sai-son si le gouvernement ne répondait pas d'ici lundi à leursrevendications, en particulier un meilleur soutien finan-cier pour les familles des victimes et une meilleure cou-verture par les assurances.Des alpinistes occidentaux expérimentés ont quitté lecamp de base mardi après-midi pour rejoindre Katman-dou et tenter d'aider à la résolution de cette crise."Ils ont décidé que l'indemnisation n'était pas le seul sujet,ils ont estimé qu'ils devaient fermer l'Everest cette annéeen souvenir de ceux qui sont morts," a dit à l'AFP Ed Mar-zec, un alpiniste américain, depuis le camp de base.Les sherpas, du nom d'un groupe ethnique connu pourson aptitude aux métiers de la montagne, gagnent entre3.000 et 6.000 dollars par saison mais sont mal couvertspar leur assurance.Plus de 300 personnes, essentiellement des sherpas, sontmortes sur les pentes du plus haut sommet du monde de-puis la première ascension en 1953 par Edmund Hillaryet Tenzing Norgay.

La Corée duSud a indiquémardi avoirdétecté unehausse de l'ac-tivité sur le sitedes tests nu-cléaires côtéNord, signeselon Séoulque Pyongyang pourrait préparer un quatrième essai nu-cléaire, à l'approche de la visite de Barack Obama."Notre armée perçoit actuellement beaucoup d'activitésur et autour du site d'essais nucléaires de Punggye-ri", aannoncé le porte-parole du ministère sud-coréen de la Dé-fense, Kim Min-Seok, lors d'un point de presse.Le programme nucléaire nord-coréen a atteint un stadequi lui permet de mener un test "lorsqu'il le souhaite",une fois l'ordre donné par le pouvoir à Pyongyang, aajouté le porte-parole du ministère.Il a refusé de donner des détails sur l'activité perçue maisil a souligné qu'il pourrait s'agir d'"un leurre", avant l'ar-rivée du président américain Barack Obama, attendu àSéoul vendredi, dans le cadre d'une tournée en Asie.Les analystes politiques et la presse estiment que Pyon-gyang pourrait se livrer à un acte de provocation lors decette visite. "Nous estimons que le Nord pourraitconduire par surprise un test nucléaire ou prétendre qu'ilen conduit un", a-t-il déclaré, précisant que l’État-majoravait mis en place une équipe spéciale au cas où Pyon-gyang procèderait à une explosion souterraine. Les Etats-Unis et la Corée du Sud mettent en commun lesinformations dont ils disposent et "nous prévoyons denous préparer, de manière méticuleuse, à un quatrièmeessai nucléaire ou à toute autre forme de provocation", aajouté Kim Min-Seok. Pyongyang a vertement critiquélundi la visite de Barack Obama, un geste "dangereux"susceptible de provoquer une escalade des tensions etd'accumuler "les nuages sombres de la course à l'arme-ment nucléaire" sur la péninsule coréenne. La Corée du Nord a procédé à trois essais nucléaires: enoctobre 2006, mai 2009 et février 2013, des tests interditspar l'ONU et qui conduisent chaque fois à un alourdisse-ment des sanctions internationales.Les analystes estimentcependant peu probable la tenue d'un quatrième essai lorsde la visite d'Obama, estimant que Pyongyang cherchesurtout à provoquer quelques grincements de dents.MOLDAVIEEn Transdniestrie pro-russe,un "pays qui n'existe pas"Anna, 28 ans, est lasse de "vivre dans un pays qui n'existepas aux yeux du monde". Les habitants de Transdniestrie,région séparatiste pro-russe de Moldavie, veulent une re-connaissance mais vivent douloureusement le conflit enUkraine voisine. Après le rattachement de la Crimée à laRussie, la Moldavie et l'Otan se sont inquiétés de voircette langue de terre de 500.000 habitants devenir un nou-veau point chaud aux portes de l'Union européenne. En-viron 1.500 soldats russes y stationnent depuis des annéescontre la volonté de Chisinau.A Tiraspol, "capitale" de cette République qu'aucun Etatn'a reconnue, les cerisiers sont en fleurs et des famillesdéambulent sur l'artère principale, le long de monumentsà la gloire de l'ex-Union soviétique et de panneaux ornésde l'emblème "national", une faucille et un marteau en-tourés d’épis de blés et de raisins. Les très modernes su-permarchés du groupe privé Sheriff, géant de l'économielocale, sont aussi très fréquentés.

Page 12: Le compromis politique impossible · 2014-04-24 · Le fameux dialogue politique qui occupe les esprits et meuble les conversations des sa-lons huppés de la République depuis plus

N° 747 du 23 Avril 2014

12DERNIÈREMAURICHRONIQUE

Partie 5C’est important, pour moi, de dire la chose de lamanière la plus ordinaire. Mon premier test dejeune de ville, je devrai le passer chez ce fournis-seur. Ça doit réussir, c’est ce que j’espère, en toutcas. Et, j’ai peur, tellement peur de rater l’examen.De me faire coller par la suite l’étiquette de sau-vage, comme on disait, à l’époque de ces intrus dela badiya, qui arrivaient difficilement à se départirde la marque bédouine. Le premier mot pour direla limonade. Rien que le premier mot, à y penser,me fait craindre le pire. Je ne songe même pas en-core à mon contact premier avec la bouteille de li-monade. Comment on la tient ? Le temps de boire? Et comment boire ? Et des tas d’autres questions,auxquelles je n’aime pas penser un instant. Je marche. Je marche. En essayant de presser lepas. Et j’ai en face de moi, là, Lemine. Lui-même,en chair et en os. Mon correspondant de ville. Surle chemin d’une limonade. C’est comme si j’étaissurpris par toutes les grandes personnes du village,en train de boire une limonade, que je n’ai mêmepas encore goutée. En train de faire sortir le gaz. Etde l’autre côté, pour compléter le spectacle de la

honte, les jeunes de la ville me raillant, montrantdu doigt mes ridicules manières de faire sortir legaz. Et par delà cette humiliation, mon examen deville, raté. Je transpire. J’ai peur. Je tâche de garder la têtebasse, les yeux au sol, pour ne pas découvrir le vi-sage de Lemine. Je prie intérieurement. Récitetoutes les invocations protectrices de l’infamie.Qu’Allah me voile de Son plus beau voile, qui nese découvre jamais. Lemine dépose sa main sur matête, la chatouille un peu, et je sens tous les airsfrais de la ville et de la campagne pénétrer mon or-ganisme. Ma transpiration de la seconde précé-dente redevient mensonge. Et me voiciinstantanément d’humeur à ingurgiter toutes leslimonades de l’univers ou bien de renoncer àtoutes. Une limonade, après le passage del’épreuve, épongée par la main rassurante de montuteur, me devient toute pareille à une non-limo-nade. Viens, viens, dit-il, tu vas m’accompagner là-bas.Je marche à côté de lui. Lui, me tient un peu par lebras. Il se faufile entre les rangées de maisons, tra-verse un goudron, séparé de peu avec un autre, qui

lui tient compagnie, jusqu’à la limite de mon re-gard dans les deux sens. Maintenant il tient mamain, comme pour m’apprendre à traverser lesgoudrons. C’est quoi ça ?C’est le souk, me dit-il.Il y a longtemps, très longtemps, j’avais à peinecinq ans, je n’avais connu du village que les fa-milles proches. J’étais un enfant peureux. Qui nes’était jamais hasardé à affronter des territoiresétrangers. J’ appris par la suite à suivre ma mère.Je tenais son pan de voile et je marchais derrièreelle. Un jour qu’elle partait, pour ce que j’assimi-lerai plus tard à une cérémonie de mariage, je dé-couvris la mosquée centrale. Une bâtisseimpressionnante surplombée d’un joyau architec-tural. C’est Nouakchott, maman, lui disais-je ?Non ! Ce n’est pas Nouakchott, répondait-elle, enriant. Elle raconta la scène aux miens. Et l’anecdoteresta longtemps en famille ; on la ressortait pourles inévitables parties de taquineries. A suivre… Mouna Mint Ennas

Maurichronique : “Que ton œil ne s’arrache pour rien…” (suite)