L’adolescence dans le monde Un âge sans frontière

L’adolescence se vit-elle partout de la même façon?

Elle se manifeste par les mêmes signes et transforme le corps et l’esprit de tous les enfants du monde. Par contre, ce que les jeunes vivent entre 11 et 18 ans est lié aux valeurs de leur culture. Il peut donc y avoir d’importantes différences entre l’expérience d’un adolescent d’ici et, par exemple, celle d’un adolescent qui grandit en Afrique, en Inde ou en Asie. Au cours de l’histoire, le concept de l’adolescence a changé. Si on a toujours remarqué que cette période était empreinte de changements, on y a réagi, selon les époques, de manières différentes.

À d’autres époques Avant le 19e siècle, on constatait les changements physiques et les changements de comportement chez les jeunes, mais l’étude du développement psychique n’existait pas. Pour les adultes, les parents et les professeurs, l’adolescence n’était pas une étape de développement clairement définie. Dans les années 1900, on commence à associer la période de l’adolescence à une forme de désordre physique et mental qu’il faut contrôler pour le bien du jeune. Les adultes ont alors tendance à freiner certains comportements mal compris -comme le besoin de liberté et de se retrouver entre amis – en appliquant des sanctions sévères et une forte autorité. Au fur et à mesure, les adolescents sont représentés comme un groupe social à part, formé de rebelles qui contestent l’ordre établi et l’autorité parentale. Pas drôle d’être ado ! *psychique: relatif à l’esprit, à la pensée

À la recherche de la crise d’adolescence

De nos jours, des psychologues et des éducateurs remettent en question cette vision catastrophique de l’adolescence. En réalité, 75% des jeunes ne traversent pas une véritable « crise d’adolescence ». Au contraire, ce passage à l’âge adulte se vit somme toute assez bien, malgré des changements physiques, psychiques, intellectuels et affectifs importants chez la fille et le garçon. Durant cette période stimulante, les jeunes s’ouvrent à de nouvelles réalités de la vie collective, enrichissent leur compréhension du monde, vivent des relations différentes avec les autres, deviennent peu à peu autonomes et affirment leur identité propre.

La Grèce antique Dans les années 1000 avant notre ère, la kryptie était une épreuve réservée aux jeunes guerriers de la ville de Sparte. On envoyait un jeune homme vivre hors de la ville avec la consigne de n’être vu par personne pendant certains laps de temps. On châtiait ceux qui avaient été vus. C'est pourquoi on l'appelait kryptie qui signifie « caché » en grec ancien. Ce jeune homme était donc forcé de vivre seul en parcourant les montagnes, en ne dormant que d'un œil afin de ne pas être attaqué et sans provisions. Il était armé seulement d’un couteau et devait souvent voler pour se nourrir. C'était une forme d'exercice pour la guerre qui était pénible et propre à donner de l'endurance. Le jeune homme devait se nourrir de ce qu’il pouvait trouver et ne jamais entrer en contact avec un autre être humain. Il devait apprendre à survivre par ses propres moyens.

Les unions maritales

Dans l’Europe médiévale, il n’était pas rare qu’une femme de vingt ans ait déjà trois ou quatre enfants puisqu’on se mariait très jeune. Encore aujourd’hui, l’union de très jeunes gens peut se produire. Dans certains pays d’Afrique et d’Asie, par exemple, il est toujours coutume de se marier à douze ou treize ans et les jeunes femmes deviennent mères très tôt.

Seijin no hi Au Japon, c’est à l’âge de 20 ans que les jeunes accèdent à leur majorité. On souligne l’événement lors de la journée du Seijin no hi, une fête qui se déroule le deuxième lundi du mois janvier. Pour l’occasion, les jeunes femmes revêtent leur plus beau kimono et les garçons, leur plus chic costume. Tous se rendent à une cérémonie officielle organisée par leur mairie.

Tradition nord-américaine Plus près de nous, les élèves terminant leurs études secondaires préparent leur bal des finissants, un rituel qui marque cette étape importante. On choisit avec attention sa tenue de bal, son compagnon ou sa compagne. Il faut que cette soirée soit unique, car elle met fin à un cycle précieux comptant de nombreuses années d’amitié, de partage et de découvertes.

La quête de vision Chez les peuples amérindiens, à l’adolescence, le jeune homme se retire dans la forêt ou dans la montagne. C’est là qu’il doit surmonter certaines épreuves : affronter le froid, jeûner pour avoir des visions, éviter les attaques des animaux et survivre seul en forêt. Selon la croyance, après avoir été exposé à ces épreuves, le jeune Amérindien rencontrera l’esprit qui deviendra son gardien. Tout au long de son existence, cet esprit le protégera, lui apportera du bonheur et affirmera son courage dans les moments difficiles. Pour l’adolescent amérindien, il s’agit d’un rite de passage important qui met à l’épreuve sa force mentale et spirituelle, ce qui lui permet d’entrer dans le monde adulte.

Bar Mitsva et Bat Mitsva Un garçon juif atteint sa maturité religieuse et devient responsable d’accomplir tous les commandements de la Torah à l’âge de 13 ans. Une fille juive devient pareillement responsable un an plus tôt, à l’âge de 12 ans, conformément à sa maturation plus précoce. À cet âge, les jeunes gens acquièrent une maturité intellectuelle qui leur permet de discerner le bien du mal et d’adopter le comportement correspondant à cette conscience. Bar Mitsva signifie littéralement « fils de la Mistva », ce qui décrit bien l’état du jeune homme à qui il incombe désormais d’accomplir toutes les Mitsvot (commandements). Bat Mitsva signifie littéralement « fille de la Mistva », la jeune fille est désormais responsable d’observer elle aussi toutes ses Mitsvot. C’est une source de grande réjouissance et de gratitude envers Dieu, d’où la cérémonie de Bar ou Bat Mitsva. Mais attention : on devient automatiquement Bar ou Bat Mitsva le jour de son treizième ou douzième anniversaire, avec ou sans fête ! Parmi les nouvelles responsabilités d’un garçon, il doit, à partir du jour de sa Bar Mitsva, porter le talit (le châle de prière) et les Tefillines (petits étuis noirs où sont enfermés des morceaux de parchemin portant quatre extraits de la Torah) chaque jour de la semaine, excepté le jour du Shabbat et certains jours de fête. Traditionnellement, un garçon doit aller à la Synagogue où il doit lire en hébreu un extrait de la Torah pour exprimer ainsi son nouveau statut d’adulte en participant aux prières communautaires.

Le grand saut de Gaul Le Saut du Gaul sur l’île de Pentecôte est l'un des rituels les plus insolites au monde. Aussi appelé Nagol, il est réputé pour être l’un des rituels les plus spectaculaires des îles du Pacifique. Il consiste en un saut qui s'effectue du haut d’une plate-forme faite de bois et recouverte de feuilles pour la protéger du soleil. Des lianes élastiques sont accrochées aux chevilles des hommes et des garçons qui effectuent le grand saut. Cette cérémonie a lieu tous les ans, entre avril et juin, quand la première récolte d'igname est prête. C'est à cette période de l'année que les lianes ont atteint leur élasticité maximum.

Le saut du Gaul est à la fois un rite de passage et un rite de fertilité. La tour de plus de 30 mètres comporte plusieurs plates-formes correspondant à l 'âge ou au niveau social du sauteur. Les plus basses sont utilisées par leurs jeunes garçons entrant dans l'âge adulte. La plus haute plate-forme est quant à elle réservée au chef de la tribu. Ce rituel correspond aux passages de l'enfance à l'adulte. Comme beaucoup de sociétés primitives, l'enfant ou l'adolescent doit accomplir certaines épreuves pour rejoindre le groupe des adultes.

Le saut du Gaul est un évènement extraordinaire qui pourtant constitue un risque réel pour la vie. La tour est érigée avec des matériaux provenant de la foret (lianes, branches, troncs,...), ce qui témoigne d 'un lien étroit avec la nature. Chaque sauteur doit fabriquer sa propre corde dont la taille est de première importance, puisqu'à 10 cm près, le sauteur peut percuter le sol et se briser le cou. Pendant que les hommes sautent, les autres membres de la tribu chantent et dansent au pied de la tour afin de bénir le sol.

* igname: une liane à tubercule de la famille des Amylacées constituant l’un des aliments les plus consommés à travers le monde.