L Anti Calife

8/14/2019 L Anti Calife

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L'Anti-Calife

Extrait du EzoOccult le webzine d'Herms

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L'Anti-Calife

- Mystique & Religion - Etudes Gnrales -

Date de mise en ligne : lundi 9 avril 2007

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Notes du traducteur

Ce texte de Peter Lamborn Wilson a pour objet principal la mystique du Shi'isme ismalien, et plus particulirementdu groupe des Nizaris. Son accs est assez difficile et c'est pourquoi il nous semblait important, outre la traduction,de fournir au lecteur quelques notes introductives ainsi que des notes explicatives de certains termes propres l'Islam et la mystique de l'Homme Vert.

Peter Lamborn Wilson

Tout d'abord essayons de voir qui est Peter Lamborn Wilson, que le public francophone peut ne pas connatre sousce nom. En ralit, Wilson est connu principalement sous le pseudonyme de Hakim Bey, auteur des ZonesAutonomes Temporaires . Wilson est avant tout dfini comme un anarcho-soufi de l'underground. Il est l'auteur denombreux travaux sur la mystique moyen-orientale, le soufisme et l'ismalisme.

La rputation de Peter Lamborn Wilson remonte aux annes soixante lorsqu'il voyagea en Afrique du Nord, en Indeet en Asie, passant de longues annes en Iran o il tudia les textes hrtiques de l'ismalisme et du soufisme.Wilson traduisit de la posie perse, crivit sur les anges et sur l'anarchisme, oeuvres qui sont publies parAutonomedia New York. Son dernier ouvrage, non traduit en franais, est Sacred Drift .

La secte des Nizrites

Les Nizrites, Hashchines, ou Assassins, taient une secte militante musulmane du shii'sme ismalien active du

VIIIe sicle au XIVe sicle.

Mais c'est surtout partir du XIe sicle (en 1094, la suite d'une scission importante dans le courant ismalien) etpendant tout le Moyen ge, en Perse et en Syrie, que se firent le plus remarquer les Hashchines (ou H'ashashines , nomms ainsi par les Croiss), sous l'influence de leur chef Hassan al Sabah' (aussi appel le Vieux de la Montagne , ou le Vieil Homme de la Montagne ), partir du fort Alamut, au Sud-ouest de la merCaspienne. la fin du Moyen ge, leur quasi-disparition a concid avec l'essor de la branche principale (quinzemillions de fidles de nos jours) de l'ismalisme.

Les dbuts avec Hassan ibn al Sabah

Hassan ibn al-Sabbah (1034 ? - 1124), surnomm le Vieil homme de la Montagne , tait le chef charismatiquedes Nizrites, la secte des Assassins. On retrouve diffrentes critures de son nom, comme Hassan i Sabbah,Hassan ibn Sabbah, Hassan al Sabah', Al-Hasan ibn al-Sabbah ou Alaodin.

Hassan est n Qom (en Iran) d'une famille chiite, mais il grandit Ray, prs de Thran. l'ge de 17 ans, ilrencontre pour la premire fois un missionnaire ismalien, qui, malgr tous ses efforts, ne russit pas le convertir l'ismalisme. Plus tard il tombe gravement malade, et effray l'ide de mourir sans connatre la Vrit, il reprendcontact avec un autre ismalien et finit par se convertir l'ge de 35 ans (vers 1071).

Il cra alors sa secte des Hashashins (assassins), et installa sa base dans la lgendaire forteresse imprenabled'Alamut, lieu situ 100 Km de Thran, qu'il obtint en rusant.

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L'origine de l'ismalisme remonte la mort en 765 du sixime Imam chiite et des querelles propos de lasuccession qui s'ensuivit. Ja`far as-Sdiq avait dsign son fils an Ismìl pour lui succder, mais celui-ci mourutquelques annes avant lui. Une partie de la communaut chiite qui formera ultrieurement la branche imamiteschoisit son autre fils Ms al-Kzim comme septime Imam. Les futurs ismaliens quant eux rejetrent cettedcision et se rassemblrent autour du fils d'Ismìl, Muhammad ben Ismìl qui devint leur nouvel imam. D'autresqui n'admettaient pas la mort d'Ismìl rpandirent la croyance de son occultation et la promesse de son retour sousles traits du Mahdi. Perscuts, les ismaliens continueront vnrer secrtement leur imam tout en dployant un

proslytisme (da'wa) trs actif d'abord au Moyen-Orient puis travers tout le monde musulman. Ils parviendront ainsi s'tablir au Maghreb parmi les berbres puis se lanceront la conqute de l'gypte o ils fonderont la glorieusedynastie fatimide. D'autres ismaliens aux ides rvolutionnaires, les qarmates qui rcusaient le pouvoir descalifes-imams fatimides, creront un tat Bahrein et marqueront l'histoire par leur usage excessif de la violence.Les ismaliens connatront durant le califat fatimide une nouvelle rupture en 1094, la mort du calife Al-MustansirBillah qui engendrera deux groupes rivaux : les Nizrites et les Musta'liens.

Thologie

Des ismaliens professent des doctrines trs complexes influences par les no-platoniciens, le gnosticisme, lemanichisme ainsi que par des croyances empruntes aux autres confessions. Trs tt, ils se sont distingus parleur faon trs particulire de concevoir la religion. Pour eux, l'islam renferme deux principes complmentaires, l'unexotrique (zhir) reprsent par le prophte et la sharia, l'autre sotrique (btin) personnifi par l'imam etl'interprtation mystique de la loi islamique. Les ismaliens sont donc adeptes de l'interprtation allgorique destextes qui doit mener les croyants la connaissance de la vrit suprme. Alamut, les Nizrites rformerontl'ismalisme, en abandonnant dfinitivement les prescriptions rituelles islamiques pour se focaliser uniquement sur lect sotrique de leur foi.

I. et Khezr [1], le Prophte Occulte, l'Homme Vert, le Roi de l'Hyperbore, l'astucieux serviteur de Mose, lamatre-tricheur d'Alexandre, le Khezr qui but la Fontaine de la Vie dans le Pays des Tnbres. Les fleurs et lesherbes poussent sous ses pas, et il marche sur les eaux, s'acheminant vers le vaisseau d'Ibn Arab [2], serapprochant ; sa robe verte tranant sur les ondes vertes. Ou bien Khezr apparat dans le dsert avec de l'eau et uneinitiation pour les immatriels, les fous et les maudits, les uniques... Et trois choses de cette vie valent la peined'tre vues : l'eau, les choses vertes et un joli visage... et l'Imam Cach qui disparut dans une grotte, peut-tre Samara, peut-tre au Ymen, qui vit au-del des Isthmes de la Similitude au milieu de la Mer des Images, sur une led'meraude, avec des arbres d'meraude et des fleurs de bryl vert, des palais de jaspe ou de jade - le jeunehomme vtu en noir qui apparat aux alchimistes dans leurs rves, qui initie par les rves...

Et Uways al-Qarani [3], l'ermite du Ymen qui rencontra le Prophte - mais uniquement en rves - celui qui releva laMaison d'Ali - qui apparat en rves ceux qui n'ont point de matre et qui les initie au sein de l'Ordre de l'Ovaysiyya.

II. La Silsilah [4].

Sohrawardi al Magtul [5], qui fut excut pour hrsie, tablit pour lui-mme une silsilah ou chane initiatiqueconstitue de matres qu'il rencontra lors de visions ou de rves - c'est--dire, qu'il rencontra dans le RoyaumeImaginal. Suit alors une liste, sans ordre particulier, de noms qui constituent chacun un lien dans une telle chane -imaginale ou imaginaire...

Mansur ibn al-Hallaj [6], excut pour hrsie pour avoir prch Je suis la Vrit , dfenseur de Satan en tantqu' amant parfait , supporter de la rbellion Zinjarite des esclaves noirs, condamn au gibet par ordre de sonpropre matre soufi ;

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Hafez Shirazi [7], qui recommanda que nous teignons nos tapis de prire avec du vin ;

Mohamed Shabistari [8], qui dit si les musulmans comprenaient rellement l'Islam, ils seraient idoltres ;

Ahmad Ghazzali, Fakhrodin Iraqi & Awhadoddin Kermani, les trois potes du Jeu des Tmoins ou de la Contemplation du Glabre ;

Cheikh Hussan Kashefi, patron des alchimistes et Saint de Hrat ;

Lal Shabazz Qalandar, le Faucon Rouge du Sindh, cheikh des derviches sans loi et des Assassins ;

Hassan i Sabbah, le Vieux de la Montagne d'Alamut, fondateur des Assassins [9] ; et son descendant Hassan II,la Paix soit sur Lui, qui dclara que les chanes de la loi taient rompues ;

L'Anti-Calife fatimide gyptien Hakim qui crivit un trait sur l'alchimie et ordonna que le jour soit nuit et la nuit soitjour au Caire, et qui disparut dans le dsert ;

Sunan Kalidjaga [10], qui introduisit l'islam sotrique Java et qui inventa le thtre de marionnettes WayangKulit, thtre bas sur l'pique hindoue ;

Mushtaq Ali Shah le musicien fou qui fut lapid mort Kerman pour avoir jou l'appel la prire sur sa sitar ;

Mohiyoddin Ibn Arab, initi par Khezr, chass du Caire pour avoir crit des pomes amoureux une jeune fillede quatorze ans, fondateur de l'cole de l'Unit de l'tre.

En invoquant chacun de ces personnages afin d'obtenir une baraka spciale sur cette prsente oeuvre, nous enavons dit assez ceux qui sont familiers avec leurs noms, ce qui va suivre sera presque superflu. On rencontre cescheikhs lors de plerinages sur leurs tombes, ou par leurs livres (car les cnotaphes et les divans sont tous deux desobjets carrs qui semblent retenir l'esprit vivant) - ou par des visions ou des rves - et pratiquement tout ce que nousdirons ici est dj absorb par leur prsence.

La Thorie de la Catastrophe est une science qui s'occupe des changements soudains et drastiques dansquelque processus d'un systme donn, comme la tectonique des plaques ou la socit humaine. Dans l'usage

populaire le mot catastrophe a une connotation ngative , mais des changements soudains peuvent galementtre expriments comme tant positifs. La Rvlation elle-mme pourrait s'appeler une catastrophe. La visionmystique ou la Sagesse (hikmah) peut galement oeuvrer de manire catastrophique dans le systme que l'onappelle la conscience humaine .

Les rudits se limitent gnralement la description des changements tandis que les mystiques et les potesprfrent participer ou mme prcipiter les catastrophes de la conscience. Ce qui suit ne peut tre class ni demanire universitaire ni de manire mystique ou potique ; c'est plus un prolgomne l'tude de certainespotentialits catastrophiques au sein des enseignements d'Ibn Arab et de la tradition hrtique. Ici, nous ne sommesconcerns ni par les faits ni par la posie per se, mais par les faits potiques - des informations qui, dans une

certaine densit, peuvent causer des changements soudains ou des brisures dans la frontire entre la conscienceordinaire et l'alam-i-khyyyalou Monde de l'Imagination.

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Ce qui suit est presque plus une histoire qu'un texte universitaire - l'ide de la fiction aidera fournir un biseau notre confusion, notre hyperbole et rhtorique, notre orientalisme, nos scandaleuses et infondes assertions.Ce texte peut se pousser lui-mme jusqu' pointe du discours, mis en danger d'un crash la Humpty-Dumpty [11] dans une smantique arbitraire ( les mots signifient ce que je veux qu'ils signifient !). Comme un pote persan(Salman Savaji) l'a dit : Qui ne connat pas ma mauvaise rputation est comme une gouttire tombe du toit !

III. Ibn Arab et l'Hrsie.

Dans sa longue et belle introduction son Imagination Cratrice dans le Soufisme d'Ibn Arab , Henri Corbinrsuma, en fait, une philosophie idiosyncrasique de la Sagesse orientale qui illumina toute son oeuvre. Cet essaise prsente lui-mme comme prenant ses racines dans une tradition : Corbin mentionne tous ses personnagesfavoris (dont nombre sont cits dans le paragraphe Silsilah). L'essai de Corbin se focalisait sur certains vnementsde la biographie du Cheikh al-Akbar [12], mais le texte sous-jacent est en fait une autobiographie spirituelle. Commeil le dit, il a vcu certains vnements, temporels et intemporels, historiques et spirituels. La ta'vil [13] dans cecontexte sert plus que de simple outil de l'intellect ou mme de l'imagination : il agit comme un bathysphre, il offre lapossibilit de plonger totalement son moi , corps inclus, dans les profondeurs - une Machine Catastrophes !

Un de ces vnements, l'anniversaire de Ibn Arab, provoque en Corbin un enthousiasme dans la simplesynchronicit occulte, la clbration d'une concidence qui revtait pour lui une importance archtypale. Selon lecalendrier lunaire, cet anniversaire (17 Ramadan 560 / 28 juillet 1165) marquait le premier anniversaire de laproclamation de la Grande Rsurrection d'Alamut [14] (17 Ramadan 559 / 8 aot 1164). L'exquise hagiographie deCorbin nous invite mditer sur ce double anniversaire, ce jour saint, mais il n'arrte pas de nous expliquerpourquoi. Une cl a t offerte, ou, peut-tre, qu'une des obsessions de Corbin a fait brivement et mystrieusementsurface. Qu'tait la Grande Rsurrection [15] et quel lien pouvait-elle avoir avec Ibn Arab en dehors d'uneconcidence de date ?

Corbin lui-mme avait beaucoup dire sur ce sujet dans d'autres livres, que l'on ne peut que fortementrecommander. Ici cependant, une autre version est propose, une version base sur la signification littrale de laGrande Rsurrection du Ruz-i-Qiyamat[16]. Brivement, Hassan II, le Pr ismalien d'Alamut, proclama ce jourcomme celui de l'abrogation sotrique gnrale de la Shariah [17]. Le voile de la dissimulation (taqiyya) fut lev desur les lettres de la Loi, et sa forme extrieure fut dtruite. Les Chanes de la Loi furent rompues. Le dvoilementde la signification sotrique de la Rvlation rsulte en une inversion bnigne de son symbolisme extrieur ; ceuxqui participent cette gnose sont librs la fois de la signification littrale et des obligations lgales de la religionorganise. Dans les deux sens du terme, ils ont cass le code. Les Ismaliens (ou Assassins) d'Alamut signalrentcette amnistie gnrale de la tyrannie de l'Autorit Exotrique en buvant du vin lors d'un repas pris en pleinRamadan ; ils brisrent ainsi leur abstinence pour toujours.

L'Islam exotrique devait considrer le Qiyamat (Rsurrection) comme antinomienne, hrtique et rvolutionnaire -et, effectivement, c'est ce qu'il fit avec raison. Il n'y a aucun doute, comme Corbin le souligne, que l'ismalisme taitau dpart une Gnose, une Sagesse Orientale - mais qu'il a aussi agit par une terreur militante et clandestine afin defaire sa propre propagande. Dans l'Islam, o la politique et la religion sont des parties conjointes de la vie et de laculture, l' hrsie fonctionne la fois en tant que critique et que polmique, en tant que discours et en tant queguerre. L'hrsie parle le mme langage que sa culture environnante mais insiste sur le fait que certains motspossdent une signification catastrophique : des significations caches capables de transformer soudain un mondeentier de l'intrieur, tel un phnix auto-rsurrecteur.

La Qiyamat, donc, reprsente une brisure radicale avec l'Islam institutionnel, rituel et traditionnel - une rupture qui nepeut tre attribue Ibn Arab. Ses crits autobiographiques portent tmoignage d'une intention soufie classiqued'intensifier l'aspect rituel de l'Islam. Nanmoins, les ultra-orthodoxes ont toujours regard le Cheikh comme

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dangereux, si ce n'est suspect.

Par exemple, alors qu'il vivait en gypte, il publia son Interprte des Dsirs , un livre de pomes clbrant sonamour pour une jeune fille qu'il rencontra lors de sa circumambulation de la Kaaba La Mecque. L'ulma local sentitle blasphme ; Ibn Arab se retira htivement en Syrie - et nous pouvons remercier les mollahs outrags de lui avoirinspir son oeuvre future, L'Interprte de l'Interprte , dans lequel il dfend ses ambiguts rotico-mystiques avecune rudition illuminante. Des sicles plus tard (il y a quelques annes) Ibn Arab eut encore des ennuis avecl'Egypte : la Fraternit des frres musulmans et autres ractionnaires inspirrent une loi bannissant la publication deses Rvlations de La Mecque . Et des rudits tels Fazlur Rahman le blment aujourd'hui encore de la ruine dusoufisme orthodoxe.

La masse continentale d'Ibn Arab, pour nous exprimer ainsi, couvre trop de territoires pour coller n'importe quellecarte. Ses crits ont t utiliss afin d'offrir un support au plus pur mysticisme orthodoxe - comme dans les ordressoufis d'Afrique du Nord par exemple - aussi bien qu' de nombreux types d'sotrismes islamiques, certains n'tantpas du tout orthodoxes. Des traits tels le R. al-ahadiyya (bas sur le Hadith [18] Ceux qui connaissent le Seigneur), qui prsente un monisme pur et radical, pourraient aussi bien servir les buts illgaux des mtaphysiciensismaliens. En ralit, Corbin montre que les Ismaliens ne firent pas une telle utilisation des enseignements d'IbnArab sur la ta'vil, l'Homme Parfait, l'Unit de l'tre etc. Les Nizaris d'Alamut exprimentrent la Grande Rsurrectionen tant que moment historique et comme Archtype mystique ou imaginal ; ce qu'Ibn Arab leur offrit fut unvocabulaire nouveau avec lequel ils tendirent leurs exgses de la Qiyamat et de ses ramifications radicales.

Aux potes perses, le Cheikh (Ibn Arab) offre encore une autre carte, une carte qui commence son projetcartomancien avec des textes comme L'Interprte des Dsirs et le 28e chapitre du Fusus al-Hikam (bas sur lehadith Trois choses de ce monde sont dignes d'amour : les femmes, le parfum et la prire). Ici, l'amour estdclar comme l'quivalent ou le suprieur de la religion ; l'tre aim devient un Tmoin (shahed), une Thophaniedu Rel. A nouveau, les potes reurent d'Ibn Arab un langage du discours avec lequel ils tendirent leurcomprhension d'un complexe dj central leur tre : l'ros, le dsir et la frontire entre la conscience rotique etmystique.

D'une telle spculation nat une pratique spirituelle, le Jeu du Tmoin , qui utilise le Yoga Imaginal afin detransmuter le dsir rotique en conscience spirituelle. Les moyens comprennent l'improvisation potique et musicale,la danse et l'observation chaste des jeunes garons (d'o la pratique connue comme Contemplation du Glabre ,du sans barbe).

Cet enseignement fut perfectionn dans les sicles qui suivirent la mort d'Ibn Arab par une srie de potestalentueux fortement associs son Ecole - Fakhroddin Iraqi, Awhadoddin Kermani et Abdul Rahman Jami, pour

nommer trois des plus connus. Sans rfrence spcifique au Jeu du Tmoin, d'autres potes tels Mahmud Shabistariet Shah Nematollah Vali synthtisrent la mtaphysique d'Ibn Arab en un symbolisme potique et romantiquegnral. Tout ceci constitue ce que l'on peut appeler une cole de l'Amour persane au sein du contexte gnralde l'cole de la wahdat al-wujud[19].

Il est inutile de dire, bien que des potes du Jeu des Tmoins suivirent la lettre la Shariah et son code textuel, queleur jeu dangereux de la Sublimation fut condamn comme hrsie par des gens tels Ibn Taymiyya [20], qui seplaignit Ils embrassent un enfant esclave et proclament avoir vu Dieu ! Aussi orthodoxe ou non que les soufispuissent avoir t dans leurs vies prives, leur posie aida grandement les vritables hrtiques tels lesismaliens, qui prirent, bien sr, la lettre les lignes suivante de Iraqi :

"Oublie la Kaaba : Les portes du vignoble sont ouvertes !"

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En dpit des protestations des rudits comme Ivanov et mme Corbin, les derniers ismaliens (post-Alamut)n'adoptrent pas le soufisme perse des derviches comme un simple masque. Ils incorporrent des potes telsShabastari et Shah Nematollah dans leur grande synthse, juste comme ils le firent avec la mtaphysique plusaustre d'Ibn Arab.

En dressant la carte de l'influence d'Ibn Arab sur la tradition hrtique, nous voyons son langage (ou marque defabrique) repris par les philosophes rebelles, cosmopolites et rudits, ainsi que par les potes soufis. Mais tandis quecette synthse se meut de l'Est vers l'Andalousie au travers de l'gypte et de la Perse, elle commence acqurir unaspect plus populaire et cultuel. Les sectaires chiites tels les Qizilbashi, les Hurufi, les Alevis, les Bekhtashi, lesAhl-i-Haqq, les Ali Hahi, les Kakhsari, les Ovaysi - et les alchimistes chiites - hritent tous de ce mlange. EnAfghanistan et dans le Nord de l'Inde, la tradition comprend les Ordres Derviches Sans Lois tels que les Qalandars,les danseurs travestis et les fumeurs de haschich, les ordres soufis htrodoxes tels les Shattariyya ( Voie Rapide) et certaines branches de la Sohrawardiyya ; ainsi que des sectes syncrtistes telle celle de l'Empereur Akbar Din iHahi, ainsi que de nombreuses combinaisons populaires de l'ismalisme, de l'hindouisme tantrique, du Yoga Bakhti,du Shi'isme millnariste et de la folie derviche.

Tous ces noms ne sont pas donns simplement pour remuer la poussire mystico-acadmique mais afin de pointervers un projet ; une tradition a t invoque ici afin que nous nous posions la question de savoir si elle existetoujours, si elle possde une vitalit pratique et sotriologique. Imaginons que cette tradition, qui ne sera plusidentifie seulement avec Ibn Arab, puisse tre personnifie ou potise. Appelons-la l'Anti-Calife , avec desrfrences ses antcdents hrtiques et en l'honneur des Anti-Califes Ismaliens Fatimides d'gypte telsHakim Billah, l'alchimiste dont le nom le Sage fait cho au thme de notre article. Ce personnage de fiction,l'Anti-Calife, qui est galement un texte, sera la bannire de notre rsurrection imaginale de la tradition qu'il voque.

L'Anti-Calife n'existera qu'au sein des confins de ce texte, l o il agira en tant qu'oracle, rpondant certainesquestions au sujet du pass, du prsent et du futur. L'Anti-Calife peut tre antinomien, hrtique, fou, blmable -mais il demande tre reconnu pour sa propre autorit traditionnelle et il tourne ses rponses en rfrence a sonpropre pass authentique et cohrent.

Nous voulons connatre la signification du pass, mais encore plus - si nous pouvons oprer une petitephnomnologie hermneutique [21] et vivre au moins une heure au sein du monde de l'Anti-Calife - nousdemanderons connatre ce qu'il peut nous enseigner ici dans ce plan hautement mystrieux (la vie de tous les jour)et en cet instant trs prcieux, le prsent. Lorsque ce texte sera lu, nous pourrons lui permettre de retourner vers leMonde Imaginal - et peut-tre de retenir de lui quelques faits potiques.

IV. Le Temps Cyclique.

Pour l'Ismalisme, l'histoire prend place au sein de cycles. C'est une manire d'valuer le Temps, de symboliser lavoie dans laquelle le signifiant pntre le temps. Mais les ismaliens ne mettent aucune emphase sur le dclin(comme dans le mythe de l'Age d'Or, d'Argent, de Bronze et de Plomb) autre que comme un changement enlui-mme. Pour l'esprit conservateur, les choses deviennent toujours pires : la perfection repose dans le pass dor.Le radical voit la matire de manire plus complexe : le pass englobe une certaine primordialit, les origines et lesrvlations, mais le temps peut aussi prsenter certaines ouvertures, certains processus ou progressions. La notionmoderne du progrs n'a rien voir avec cette ouverture ; une conception cyclique du temps n'admet aucun pointomega, aucune perfection ultime non plus dans le pass ou le futur.

Chaque sous-cycle dans la gnose ismalienne est dirig par un Prophte qui reprsente l'aspect extrieur de laRvlation, et par un Saint (ou asas, d'o le mot Assassins ) qui reprsente le ct intrieur. Mose, par exemple,apporta la Loi - Aaron enseigna sa signification sotrique. Jsus parlait en paraboles - Saint Jean Baptiste (ou



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quelque autre figure gnostique) dvoila leur signification cache aux lus. Mahomet apporta le Coran et la Shariah ;Ali dvoila leurs significations secrtes.

L'Islam Orthodoxe proclame - comme toutes les religions tablies - qu'il est le cycle final de la Rvlation.Reconnatre un Prophte aprs Mahomet c'est par consquent cesser d'tre un musulman. Les ismaliensacceptent cela, mais ils maintiennent que le cycle de la prophtie a t remplac par le cycle des interprteurssotriques. En un sens, cela ne reprsente pas un dclin de la qualit du temps, mais plutt un avancement, ou aumoins une chance extraordinaire : la signification interne de la rvlation enseigne auparavant aux lus sera lesentier extrieur accessible tous. Le temps est tourn sens dessus-dessous, la Rvlation et la Loi regorgent designifications si caches qu'elles semblent transformer chaque mot et ordonnance en leur contraire.

Pour les ismaliens, ce dvoilement commence avec Ali, passe aux six premiers imams chiites, ensuite de Jafaral-Sadeq son fils Ismal, le septime Imam - ensuite aux Anti-Califes gyptiens de la dynastie Fatimides.

Les Fatimides croyaient que leurs Califes taient du sang des descendants d'Ali et du Prophte au travers de Ftima[22] : ceux-l taient les Imams, les dirigeants du monde sculier et du monde spirituel : des rois et des saints. Les

initis de haut rang se voyaient enseigns les secrets sotriques de l'ismalisme mais extrieurement, la Shariahtait toujours respecte. Pour le cercle intrieur, cette conformit extrieure tait appele taqiyya ou dissimulation ; les das [23] fatimides ou missionnaires (tels Nasir-i-Khusraw) taient autoriss pratiquer lataqiyya, prtendant ainsi tre sunnites ou chiites orthodoxes si ncessaire.

Les ismaliens perses ou Nizari, les Assassins, se sparrent des Fatimides sur une question de lgitimit - i.e.quant la succession du Califat - Imamat. Ici rside un problme confus : l'Aga Khan actuel, chef des ismaliensnizaris, proclame qu'il descend du prtendant Fatimides Nizar, qui son tour prtendait descendre d'Ali. Les Nizarismaintiennent que leur fondateur, Hassan i Sabbah, fit secrtement sortir du Caire le fils de Nizar, l'emmena Alamutet l'leva en secret. Cet Imam cach se maria et eut un fils qui se maria et eut un fils qui fut Hassan II, sur Lui soit la

Paix, celui qui proclama la Qiyamat de 1164. Selon l'Aga Khan, l'abrogation de la Shariah concidait ainsi avec lamanifestation ouverte de l'Imam lgitime. Cette prtention fut soutenue devant un tribunal britannique de Bombay au19e sicle.

Du fait que les Mongols ont brl la grande bibliothque d'Alamut, l'histoire ismalienne fourmille de lacunes. Aucunepreuve relle ne supporter l'histoire de l'enfant de Nizar. Quelques historiens croient que cette prtention lalgitimit a t forge de toute pice. Mais qui aurait mont un pareil canular ? Hassan i Sabbah ? Apparemment ilprchait seulement au nom du prtendant assassin et n'a jamais mentionn aucun enfant sauv du massacre.L'auteur du canular fut-il Hassan II, le Matre de la Qiyamat ? Non. Dans les descriptions les plus anciennes de laQiyamat, il se prsente lui-mme comme parlant au nom de l'Imam. Apparemment, ce n'est qu'aprs sa mort

violente, quelques annes aprs la Qiyamat, qu'il se proclama ouvertement Imam.

Ces problmes historiques vexants doivent tre soulevs si la vritable nature de la Qiyamat doit tre dvoile.Corbin croyait, avec justesse, que la Qiyamat tait un vnement purement sotrique, et qu'elle n'avait rien voiravec la lgitimit. Il sentait que les prtentions subsquentes de lgitimit constituaient en fait une trahison du sensle plus profond de la Qiyamat, un essai forcer la libre esprit entrer dans un dogme, un culte et une histoire.

Par opposition au concept de la lgitimit du sang, Corbin mit l'accent sur l'adoption sur un plan spirituel, la visioninitiatique qui peut relier deux mes en une seule, mme si elles sont spares par le temps, l'espace et lagntique. De plus, Corbin introduit le concept typiquement ismalien de l'Imam de son propre tre : tout qui a lagnose de soi-mme, a la gnose de l'Imam archtypal et, en effet, devient ainsi l'Imam. Dans l'hypothse deCorbin, une telle vision thophanique permet Hassan II de parler au nom de l'Imam, afin de lever les voiles de lataqiyya pour toujours et pour tous les gnostiques, d'abroger la Shariah et de proclamer sa signification cache. En



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fait, mme si le Qa'im ou Saheb-i Qiyamat a parl pour lui-mme en tant qu'Imam, il peut l'avoir fait avec le plusgrand droit selon les doctrines de l'adoption spirituelle et de la ralisation de l'Imam intrieur. Un vnement tel laQiyamat consiste en une intersection entre l'histoire et le Maintenant toujours intemporel ; le replacer au niveaudu sang c'est le ruiner. En un sens, tout le monde peut tre l'Imam ; en un sens, tout le monde est dj l'Imam.

Avec tout le respect pour l'Aga Khan (et tout particulirement pour le troisime, ce bon vivant [24] qui a donn sonpoids en diamants et crivit un trait sur Hafz) le prsent texte prfre suivre la version corbinienne de la Qiyamat :une totale ouverture de la vrit sotrique qui libra ses sectateurs de toutes formes extrieures d'autorit relevantde la Rvlation, de la Loi ou du sang.

Chaque adhrent la Qiyamat ne devient pas soudainement et miraculeusement un saint parfait. Mais les chanesde la Loi furent rompues pour tous ceux qui adhrent et entendent, pour tous ceux qui savent. Un nouveau cycle at inaugur ; ceux qui le ralisent sont en lui ; le temps a une valeur diffrente pour eux. Au sein de ce cycle, dediffrents chercheurs atteignent diffrents degrs de ralisation. Cependant, pour chacun le sentier commencemaintenant par une interprtation sotrique (ta'vil). Les significations du Coran et de la Shariah sont prsentintriorises.

La prire commence tout processus ou acte qui sert ouvrir la conscience l' Imam de son propre tre ;

l'abstinence devient l'vitement de tout ce qui empche cet accroissement de la conscience ;

le plerinage signifie des efforts majeurs afin d'unifier la conscience individuelle avec sa manifestation ultime entant que Soi ;

la croyance en Allah, aux Prophtes, aux Anges signifie une comprhension sotrique de la thologie en tant

que symbolique ;

la charit signifie la gnrosit de soi, l'interdpendance ouverte et la ralisation mutuelle de toute vie (toutparticulirement de la conscience qui peut tre donne et partage) ;

la justice (sixime pilier du Shi'isme) signifie la ralisation simultane du Soi en soi et dans les autres, dans toutevie ;

le Jugement Dernier signifie la Rsurrection telle qu'enseigne par le Pr Hassan II. L'Enfer et le Paradis sont vus

comme des tats prsents et intrieurs ; l'eschatologie en son sens littral est nie ou ignore.

Ce nouveau Cycle tmoigne d'une lvation dans la politique aussi bien que dans la thologie. Si toute personne estpotentiellement l'Imam et participe l'autorit de l'Imam au travers de la Qiyamat, alors chaque individu est sonpropre dirigeant - un systme qui pourrait tre tax d'anarcho-monarchisme paradoxal ! Nous pouvons peineimaginer ce que cela pourrait signifier pour les gens d'Alamut, qui, dans tous les cas, n'ont joui que de quelquesannes de rvolution totale. Hassan II fut probablement assassin par des lments conservateurs au sein de lacommunaut ismalienne, lments incapables de partager sa vision utopique.

Mais, pour ce texte - l'Anti-Calife - la Qiyamat signale le commencement d'un Cycle qui est toujours en cours dedvoilement. Suivant Corbin, nous pouvons exprimenter la Qiyamat dans le alam-i-mithalou Plan Imaginal, etrecevoir sa gnose directement et sans mdiateur. La Qiyamat survit et nous pouvons y participer.



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Au travers de la Qiyamat, le Maintenant ternel reste toujours accessible ; de plus, l'histoire elle-mme est prsent dfinie pour nous par notre conscience-qiyamat. Ainsi, nous apparaissons comme d'authentiquesinterprteurs de la Qiyamat, capables d'en expliquer le dvoilement pass et le prsent, ses stratgies sans cessechangeantes, ses nergies perptuellement rvolutionnaires.

Par exemple : que dirait aujourd'hui la Qiyamat au sujet de... la libration sexuelle ? au sujet de la rvolution sociale? au sujet de la voie spirituelle authentique actuelle ? En utilisant ces questions en tant qu'exemples, traitonsl'Anti-Calife comme une boule de cristal et mettons-nous en transe avec les images, les flashes et les lumiresprismatiques.

V. La Sexualit et l'Hermneutique.

La plupart des sectes antinomiennes [25] ont t accuses de licence sexuelle, de sexualit polymorphe et perverse,et de nombreux cultes ont en fait pratiqu des variantes de l' amour libre . Les Adamites [26] et les Familles del'Amour ne contractaient jamais de mariages avec les cieux afin de signifier qu'ils ne prenaient aucun mariage icisur terre puisque pour eux le Millenium tait dj l. Pour Alamut aussi le Millenium tait dj arriv, et bien que

nous ne sachions quasiment rien au sujet de l'amour parmi les Assassins, nous pouvons aisment l'extrapoler. Laphilosophie Qiyamat mne logiquement une position contemporaine extrieure similaire celle tenue par leslibrationistes sexuels les plus radicaux.

Une des incomprhensions les plus communes au sujet de l'antimonianisme veut qu'il cause (ou soit synonyme de)libertinisme - de faire tout ce que l'on veut sans gard aux autres , leurs valeurs ou leurs vies. Heureusement,Nietzsche (cet islamophile) rsolut ce point une fois pour toute et pour tous, sans gard leur secte ou croyance : par del le bien et la mal ne signifie rien sans cette auto-amlioration ou sublimation qui rend impossible labanalit d'un mal inutile et auto-destructeur. L'antinomien peut commettre des crimes aux yeux de la socit oude la loi, mais seulement d'un point de vue thique personnel qui va bien au-del de tout code moral. L'thique

antinomienne agit ainsi prcisment car elle est Imaginale, construite par l'individu, personnel et central.

L'Islam dbute comme une des trs rares religions pro plaisir sexuel que l'humanit a connue. Paul peut dire qu'il estmeilleur de se marier que de brler, mais le Prophte conseille un disciple de se marier une jeune femme afinde jouir de la vie - et dit encore j'aime trois choses dans ce monde : les femmes, le parfum et la prire. Il semaria onze fois, permettant ses disciples de prendre chacun quatre femmes et d'innombrables concubines ; unefois, il institua un mariage temporaire , qui est toujours pratiqu par les chiites. Il permit le contrle des naissances(mais non de l'avortement). Cette trs haute mise en valeur du plaisir sexuel a men un aspect tantrique de laspiritualit islamique, exemplifie par l'expos d'Ibn Arab (dans Chatons de la Sagesse) de la relation sexuelle entant que forme suprme de la contemplation :

"Mais tandis que la Ralit Divine est inaccessible en rapport de l'Essence, et qu'il y a contemplation uniquementdans une substance, la contemplation de Dieu dans les femmes est des plus intenses et des plus parfaites ; et

l'union qui est la plus intense... est l'acte conjugal.

... Dieu fait germer les formes du monde par la projection de Sa Volont et par le Commandement Divin... qui se

manifeste lui-mme en tant qu'acte sexuel dans le monde des formes constitu par les lments, comme la volont

spirituelle (al-himmah) dans le monde des esprits de la lumire, et en tant que conclusion logique dans l'ordre

discursif, la chose entire n'tant qu'un acte d'amour du ternaire primordial se refltant lui mme dans chacun de ses

aspects.

Les gens savent bien que je suis amoureux ; seulement il ne savent pas de qui...



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Cela s'applique bien celui qui aime seulement la volupt, c'est--dire celui qui aime le support de la volupt, la

femme, mais reste inconscient dans le sens spirituel de ce dont il est rellement question. Si il le savait, il connatrait

par la vertu de ce dont il a joui, et qui (rellement) jouit de la volupt ; ensuite il serait (spirituellement) parfait".

Aussi rvolutionnaire que cela puisse l'tre, Ibn Arab crit toujours d'un point de vue essentiellement masculin, pointde vue qui imprgne tout le Coran et les Hadiths. Les femmes sont vues en elles-mmes comme des individualitsavec des mes, mais aussi en tant que proprit virtuelle des hommes. Le Principe Fminin est de faon notoiretrs difficile localiser dans l'Islam. On trouve toutes sortes d'indices et d'chos de l'Anima, au niveau mystique etpopulaire et syncrtique, : le culte de Buraq [27], le culte de la Bien-aime dans la posie perse. La femme voile etrecluse devient le symbole de tout ce qui est sotrique et cach. Mais, de manire ouverte, en termescontemporains - les femmes sont simplement opprimes. Des exemples de ce fait sont dj bien connus etconstituent une charge majeure contre l'Islam orthodoxe. Comment un mystique contemporain de la Qiyamattraiterait-il ce problme ?

Une libert ou un plaisir qui repose sur l'esclavage ou la misre d'autrui ne peut finalement satisfaire le moi car il estune limitation et une restriction du moi, une admission de l'impuissance, une offense contre la gnrosit et lajustice. Notre libert dpend de celle des autres, car nos destins sont inextricablement lis avec ceux des autres, toutparticulirement avec ceux que nous aimons. Notre texte - l'Anti-Calife - recommanderait sans aucun doute (avecl'abrogation de la Shariah) l'abolition de toutes formes de mariage, de mariage temporaire, de concubinage etd'esclavage, de toutes relations humaines exprimes en termes de propritaire / proprit (comprenant la relationparent / enfant). Maintenant, selon l'Islam orthodoxe, le rsultat de cette libration serait simplement un tat depch dbrid et de dsordre. Mais, en renversant la Shariah, les sotristes ont, non seulement supprim, mais enfait intrioris sa signification. Ils ne veulent plus trouver refuge dans la forme vide lorsque l'essence d'une relation(amour, amiti, avantage mutuel) a t empoisonne par l'animosit et la possessivit. Cette signification spirituelledu plaisir sexuel met une barrire pour eux toutes attitudes gostes, toutes violences, tous ressentiments etftichismes froids - bref, tout libertinage.

En outre, la polarit masculin / fminin peut prsent tre vue et exprimente comme tant inverse ; l'Animaacquiert maintenant une certaine ascendance (et c'est la signification des sectes islamiques syncrtistes du Bengaleet de Java qui adorent des desses telles Kali ou Loro Kidul [28]. On dit qu'une fois le Prophte permit deuxdesses paennes de survivre en tant que consorts d'Allah - et donc cet Islam fminin peut tre considrcomme authentique et mme pr coranique !). Dans la pratique, cette fminisation de l'Islam ou renversementdes polarits doit impliquer un code de comportements sexuels la fois thiquement lev et hautement humain,comprenant une forte mise en valeur du plaisir et de la convivialit ( vivre ensemble ) en tant que pratiquesspirituelles, en tant que vie saine , virtuellement comme buts en eux-mmes.

La Shariah confre de nombreux privilges au mle adulte htrosexuel, mais peu aux autres. L'homosexualit, parexemple, est strictement interdite. Les dvots du Jeu des Tmoins, en thorie, reste chastes, maintenant que le dsirpour un garon est permis mme si une union sexuelle est interdite. Certains hadiths semblent supporter ce point devue ; par exemple, on dit que ceux qui aiment mais restent chastes et meurent cause de leur frustration, doiventtre considrs comme de saints martyrs. Iraqi et Kermani croyaient aussi dans l'efficacit yogique ou alchimique dela chastet - mais, clairement, dans une perspective psychologique, leur voie doit en fait avoir sembl une sorte demartyr... et leur posie contient des lments de rpression et de mlancolie.

Une telle posie, cependant, atteint souvent une certaine opacit de code ; de plus, de nombreux textes hrtiquesont disparu. Un mystique est-il dj tomb sur l'ide de combiner le Jeu du Tmoin avec la Qiyamat, avecl'abrogation de la Shariah ? Quelques derviches montrrent ouvertement une joie allant au-del des regards oumme des baisers. Pourquoi n'auraient-ils pas joui d'une philosophie - une hermneutique spirituelle du sexe - aveclaquelle comprendre leurs pratiques et construire leur apologie ?



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Une telle philosophie pourrait, bien sr, intresser tous ceux qui croient dans la libert sexuelle, et non passeulement quelques mystiques amoureux de jeunes garons. Si nous combinons les enseignements tantriques d'Ibn Arab avec la pratique relle du Jeu du Tmoin (le yoga de la musique, de la posie, de la danse, du vin et del'amour) sous le signe de la Qiyamat, nous arrivons une nouvelle valuation de toutes les varits de la sexualit - la fois en tant que volupt permissive et en tant que pratique spirituelle.

Cette mise en valeur radique toute morale orthodoxe - mais mme du point de vue moderne de la LibrationSexuelle elle apparat hautement radicale galement. La moralit religieuse condamne le sexe non ordinairecomme pch et criminel, mais le matrialisme vulgaire condamne la sexualit elle-mme une marchandisationsans joie, la ftichisation du dsir, la prolifration d'une pornographie de violence et la publicit. Sans une dimension spirituelle , la rvolution spirituelle ne peut que se trahir elle-mme en devenant libertinage et autresdviances.

L'Anti-Calife ose soutenir que sa nouvelle valuation de la sexualit transcende la fois la morale religieuse et lematrialisme vulgaire. Il affirme la ralit et la centralit de l'amour physique, et en mme temps, il identifie cetamour la forme la plus leve de l'exprience spirituelle. Il libre chaque individu amoureux d'une myriade devarit d'oppression, que ce soient les chanes de la loi ou la btise de l'alination. Sa pierre de d'angle est la joie, etl'accord de deux monarques souverains pour la partager. Le corps et l'me sont uns - l'rotique constitue l'essencede la spiritualit.

VI. La Justice Sociale.

A l'exception du Califat d'Ali (et de certaines autres priodes dans l'histoire islamique) les Chiites ont gnralementexist en tant que minorit sans pouvoir au sein de l'Islam, et, par consquent, ils ont labor un enseignementparticulirement intressant quant la Justice Sociale, allant mme jusqu' en faire le Sixime Pilier de l'Islam [29].En termes politiques (bien que l'on ne puisse jamais entirement sparer le thologique du politique dans l'Islam) le

Shi'isme commence comme une forme de monarchisme mystique, une ligne de Prtendants au Califat dposs etqui prtendent une lgitimit du sang mais aussi une prminence spirituelle. Socialement, le Shi'isme taitconstitu d'aristocrates Hachmites [30] et de groupes marginaux tels les Perses aryens, des bandes de pauvrespaysans, des communistes primitifs (tels les Qarmates [31] qui russirent mme drober la Pierre Noire de laKaaba de La Mecque), des mystiques clandestins et des intellectuels dissidents (tels l'alchimiste Jabir ibn Hayyan oula secte secrte des scientistes, Frres de la Puret , Ikhwan al-Safa). La Rvolution, ou du moins l'espoir d'unervolution, devint le principe shi'ite. Aprs Ali, aucun des douze Imams orthodoxes n'a jamais rgn - mais lesbannires noires du Shi'isme furent portes par les Abbassides dans leur rvolte russie contre les Ommeyyades,par les Fatimides qui conquirent l'gypte et construisirent le Caire, par les victorieux Safavides en Iran, par lesinnombrables rebelles d'Afrique du Nord, de Syrie, de Perse et des Indes.

Les Assassins tablirent un tat Shi'ite rvolutionnaire qui consistait non pas en un unique pays dirig par un roi,mais par un rseau de chteaux autonomes et de places fortes spars par des milliers de kilomtres, dfendus paraucune arme mais par des fedayin-terroristes, par la propagande secrte ; dvous l'tude de la science et l'enseignement, et dirigs par une hirarchie base sur une lvation spirituelle. Avec la totale abrogation de laShariah et avec l'enseignement de l' Imam de son propre tre au sein de la Qiyamat, cet tat ou rseau decommunes armes doit avoir atteint un haut degr de libert inconnue ailleurs et depuis lors dans l'Islam. Les Califesde Bagdad chourent les dtruire et seule l'avalanche des Mongols russit enterrer Alamut et ses allis.

Au 20e sicle, les modernistes et rformateurs sunnites ont essay de prendre exemple sur les modles occidentaux

tels le protestantisme et la dmocratie. Les penseurs shi'ites, cependant, ont montr un certain intrt dans desphilosophies plus rvolutionnaires. Le docteur Ali Shariati, qui est dit avoir t assassin par la SAVAK [32], tenta unrapprochement brillant mais tendancieux entre le Shi'isme et le Socialisme qui inspira la rvolution (de 1979) de



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nombreux iraniens : les Moujaheddin ou Guerriers Saints, redouts la fois par le Shah, l'Ayatollah et leDpartement d'Etat amricain. La rvolution de Komeyni demande un Shi'isme pur , sans mlange avecl'influence trangre ou de l'ismalisme extrmiste hrtique. Komeyni qui lui-mme fut considr parfois comme unmystique fou (il crivit un trait sur Ibn Arab) et un rebelle dans sa jeunesse, renfora la Shariah par l'excutionpublique de femmes trop libres , de dissidents, de Mujaheddin, d'homosexuels, de drogus, de ba'hais, desoufis, de juifs, d'ismaliens, de chrtiens, de kurdes, de monarchistes, de communistes, ... un liste presque sans finde boucs missaires. La plupart des traces de l'exprience sociale utopique shi'ite a t mise hors-la-loi ou fut

renvoye plus tard suite la guerre dans le Kurdistan et en Iraq, qui consume maintenant des enfants de treizeans comme un Moloch fou. Le thtre, la musique, la peinture, la danse et la posie subversive sont bannis. LeShi'isme triomphant s'est transform en terreur comme si Cotton Mather [33] et le docteur Mengele l'avaient chauff blanc pour tourmenter un ennemi vaincu.

Quelle autre force du monde islamique aurait pu attirer un sotriste intress dans la justice sociale ? Le Pakistanet le mouvement rformiste ? L'Arabie Saoudite avec son ptrole et son wahabisme [34] ? Khadafi ? Peut-tre lesrebelles afghans ?

Il se peut que certains mystiques ressentent mme une once de nostalgie pour les monarques corrompus et vnauxde l'ancien temps comme Farouk d'Egypte ou Zahir Shah d'Afghanistan ou Idris de Libye ou les Qajars perses -mauvais comme ils le furent, ils n'eurent au moins jamais aucune idologie afin de pousser la purification de la Foi ! En ralit, le monarchisme traditionnel trouve toujours faveurs chez certains mystiques tels les soufis gunoniensou les adhrents javanais du Roi Juste - mais mme en leur accordant une quelconque sincrit et des intentionshumaines, leurs ides ne sont pas praticables, et rpugnantes l'esprit libertaire de la Qiyamat.

On pourrait retirer une grande joie de la contemplation - imaginant - une version contemporaine du concept de justicesociale telle que propage par Alamut. L'abolition de la Loi caractrise uniquement un autre systme politique :l'anarchisme. De plus, l'ide de l' Imam-de-son-propre-tre implique l'ide d'autogestion, d'autarcie : chaque trehumain est un roi potentiel, et les relations humaines entretenues comme mutualit de seigneurs libres . Biensr, Alamut conserve une hirarchie - mais l'arme anarchiste de Nestor Makhno le fit galement. En outre, lecommunisme conomique et la coopration entre des forteresses autonomes qui caractrisrent la socit nizarressemble quelque peu certaines ides telles le syndicalisme et le conseil des ouvriers . En mme temps, unmlange curieux d'anarchisme individualiste, de bakounisme et de mysticisme antinomien rsume Alamut dans unlangage politique moderne.

En mettant jour la rvolution d'Alamut, nous pourrions galement essayer d'imaginer une versioncontemporaine valide du concept Alamut lui-mme - l'enclave autonome protge d'esprits libres, de guerriers etd'rudits. A l'ge des avions, des bombes et du contrle tatique universel du territoire et des ressources, la notionsemble assez impossible. L'or et les dagues ne suffisent plus terrifier un monde qui est devenu insensible forcede marchandises sans fin et de gnocides ; les dserts et les montagnes sont tous cartographis, pas une seulevalle ou le isole ne reste sans protection ou non taxe. Qu'en est-il alors des cachettes des survivalistes ? desles artificielles ? des rseaux informatiques undergrounds ? de l'Antarctique ? des sous-marins ? des stationsspatiales ? de la ceinture d'astrodes ?

En dehors des histoires de science-fiction et par manque de quelque changement catastrophique dans l'ordregnral du monde, aucune de ces versions d'Alamut ne semble pratique ou faisable. Cependant, quelques bribes dela praxis ont survcues parmi les lments de l'utopie. On peut toujours essayer autant d'amour, de libert depense et d'expression, de justice et de tolrance que possible pour soi et les quelques rares personnes quipartagent notre vie. tre un seigneur libre en secret est prfrable tre un esclave public, un complicevolontaire de la rpression et de l'injustice. Pour une lutte plus gnrale, l'histoire ismalienne offre une rponse laquestion de la tactique rvolutionnaire en des temps d'impuissance apparente : la propagande. Selon la doctrine dela taqiyyaou de la Dissimulation, les ismaliens sont autoriss jouer la comdie ou se dguiser volont afin de



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propager le message garder en vie. Dans une telle situation, l'attentat ou l'assassinat politique, le terrorisme et lapropagande par les faits peuvent se rvler trs contre productifs. Ce qui compte c'est l'action un niveau personnelet culturel - un terrorisme potique si vous prfrez - mais galement de porter tmoignage.

Par dessus tout, les derniers dvots d'Alamut peuvent avoir presque ressenti une obligation (si un esprit libre peutadmettre un quelconque devoir) d'exprimenter la joie, et de ne pas la remettre une vie aprs la mort ou unquelconque futur. Dans cet impratif repose le besoin de se faire justice soi-mme, car ceux qui trichent enverseux-mmes peuvent difficilement s'attendre connatre comment interagir de manire juste (et belle) avec lesautres. Ici encore l'sotriste est capable d'imaginer une thique qui demande beaucoup plus que toute loi morale oucivile, prcisment car elle est base sur l'expansion du moi afin d'inclure les autres plutt que de les nier. Unepratique de cette sorte de politique de l'ros ne peut tre totalement supprime mme par nos technarchiesactuelles, par les mandarins inquisiteurs et les commissaires du dsir hystrique.

Afin de librer la vie de tous les jours , de reprendre possession de notre histoire des mains de la socit duSpectacle - l'Empire des Mensonges - ce projet commence avec l'extriorit individuelle et spirituelle dans l'amourafin d'embrasser les autres. Des ruines d'Alamut, l'Anti-Calife cr une archologie catastrophique du dsir - et partir de cela, notre insurrection se cr elle-mme.

VII. Le Got.

Ici, des mots comme rituel, mysticisme et religion ne peuvent tre pris dans leur sens exotrique usuel de sacrificeobligatoire, de pit irraisonne et d'assombrissement organis. L'Anti-Calife sotricise ces termes, les retourne,opre sur eux une inversion. Il se modle en quelque langage palolithique qui n'a pas encore diffrenci le rituel etl'art, le mysticisme et la conscience personnelle, la religion et la vie harmonieuse de la tribu. Seuls de tels motsantdiluviens remonts la surface satisferaient nos besoins prcis (et seule la posie peut esprer les recrer).

Dans une socit qui a utilis un tel langage, l'artiste (comme A.K. Coomaraswamy l'a soulign) ne serait pas untype de personne spcial, mais chaque personne serait un type d'artiste spcial. En effet, comme le pamongjavanais ou matre de la secte Sumarah m'a exhort par des hyperboles, chacun doit tre un artiste ! Dans lasocit javanaise ou balinaise, cette maxime devient un axiome culturel. Un terrible prestige s'attache aux arts duthtre de marionnettes, de la danse, du gamelan [35], du batik [36], etc. La kebatinan [37] ou culte sotrique pur (qui se sont coups de l'Islam et de l'Hindouisme orthodoxe) enseigne souvent ses dvots rien de plus que destechniques de mditation et d'apprciation de l'art. La danse de transe rsume cette voie : l'identification totale de soiavec l'action esthtique. La javanais ou le balinais qui manque de talent est comme un Sioux Lakota sans qute devision, ou comme un Senoi malaysien qui ne peut rver, ou comme un pygme africain sourd la musique de lafort. A Java, cet idal a survcu depuis l'indpendance en tant que ralit partielle grce aux efforts de renaissance

que les sotristes ont produit afin de conserver la culture vivante, comprhensible et accessible tous. Plutt quede regarder vers l'ouest, beaucoup de jeunes artistes indonsiens exprimentent avec lgance de nouveauxsyncrtismes du traditionnel et du moderne (la Danse du Singe de Bali, par exemple, fut introduite dans lesannes 30) ; les pures formes classiques sont perues comme des sources d'inspiration qui doivent tre renforcesplutt que comme des poids morts qui doivent tre abandonns.

De tels rsidus de culture palolithique furent enterrs, parmi nous les occidentaux, il y a fort longtemps par l'Eglise,l'Empire et la Machine. Notre clich [38] de l'artiste est un individu tranger et isol qui trahit ou exposecontinuellement nos idaux culturels comme une honte ou bien qui se prosterne vers eux en produisant de la merdelitiste. Avec les Romantiques - le premier groupe artistique compltement marginalis - nous pouvons commencer

retracer l'ide de l'artiste en tant que rvolutionnaire (soit progressiste soit ractionnaire), la voix disant Non cette socit que la vision de l'artiste n'esquisse plus ou ne cr plus. Dans notre sicle, tout art, pour quelque raisonque ce soit, se tient contre la socit moderne - en fait, ce mouvement spcifique constitue ce qui est appel



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Modernisme. Mme les Futuristes qui aimaient les machines dsirent la rvolution. Avec le Dadasme, l'art futdclar mort et simultanment il fut annonc comme seule rvolution possible. Les Surralistes reprirent l'ide maisla vendirent pour un potage vienno-moscovite. Dans les annes 50 et 60, les Lettristes et les Situationnistesdterrrent nouveau la notion et la polirent en une dclaration des artistes en tant que modle de la consciencervolutionnaire - encore un lien troit avec le lgislateur non dsir de Shelly. Dire que notre Art du Consensusest mort - et c'est ce que dit cette cole de pense - signifie qu' prsent tout le monde peut tre un artiste. Le credopalolithique renat. Le modernisme et la tradition sont tel un Ouroboros [39].

Une fois encore (comme avec l'utopisme d'Alamut) notre re semble particulirement impropre pour ce rve, quiapparat comme un nouveau dsir sans espoir ajouter notre liste de misres. Comment pouvons-noustransformer nos villes en Java ou en Bali ? Mme Bali n'est plus Bali, pollue qu'elle est par des Kentucky FriedChicken et le tourisme de masse. Aprs tout, les artistes ne choisissent pas l'alination - ils veulent ajouter austock-image tribal - c'est leur vocation. Mais la socit moderne elle-mme dcrte l'alination par l'enseignement ses enfants que le jeu et le travail s'excluent mutuellement et sont des ralits hostiles, que la vision et la pratiquesont jamais inconciliables. O pouvons-nous voir l'espoir (en dehors du pass lgendaire ou de l'orient exotique oudu Futur Parfait) pour une socit d'artistes-visionnaires, pour un monde qui n'a pas de mots distincts pour jeu ettravail ?

Comme pour les questions de justice sociale, chaque re cr des possibilits et dtruit les autres, offre certainestactiques et retire d'autres. Les chances pour l'action ici sont exactement les mmes que dans le champ de la justice: le travail sur soi et la propagande.

Le travail artistique sur soi inclut l'art en tant que mditation et la mditation en tant qu'art ; il inclut mise en forme del'environnement personnel ; il inclut la communication directe et belle avec les camarades proches ou avec lescollaborateurs choisis en tant que but primordial profond dans la vie ; il inclut la fois les artefacts visibles etinvisibles en tant qu'expressions des tats spirituels, en tant qu' auto-expression ; il inclut l'adoption d'un code del'artiste qui a en lui quelque chose de l'antique code de l'honneur ou code du duel, mais il confre l'exprience et lagrce toutes les liberts non conventionnelles.

Cet art nouveau implique un certain infantilisme spirituel , ce que le dramaturge Zen Zeami appelait la PremireFleur - l'Esprit de celui qui Commence - la capacit de voir et d'agir avec spontanit ; tout ce qu'il contient estla promesse d'une simple maturit, plutt qu'une sorte de maturit mortifre qui prpare prsent le monde pour ladcrbration robotique et la guerre infernale.

A ce niveau, l'art a peu voir avec les choses, mais il est plutt concern par un tat de l'esprit, un manire d'tre,un geste qui ne peut tre trahi, une vie.

Lorsque nous considrons l'art comme constitu de chose cependant, la possibilit pour une thologie nat - lapossibilit d'un but, d'une utilit de l'oeuvre d'art. Pour la tribu palolithique, ce but reste transparent et n'est pasremis en question : toutes les choses fabriques ont un but, toutes les choses sont de l'art. Une telle culture nepossde ni le concept d' utilitarisme ni le concept d'art pour le bien de l'art . Nous avons , cependant, vcuavec toute cette merde jusqu' un point de suffocation et de claustrophobie, rabaisss par des monumentsexcrmentiels et des muses mausolodes emplis de pices isoles et immobiles, alines et spares d'art mort.Mis part le charmant culte sotrique personnel de l'artiste soulign dans les derniers paragraphes, quel but peutservir prsent notre art ? Pourquoi le faire ? et pour qui ?

Si nous retournons prsent au monde de la propagande , il doit tre vident que nous voulons charger ce termede plus que la porte habituelle de sa signification. Dans les nations totalitaires, la censure travaille par le diktat ;dans les nations dmocratiques, le March accomplit la mme finalit, puisque toutes choses qui choue en tant que



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marchandise ne peut causer de dommages l'Empire. L'avant-garde et le peuple ont tous deux t rduits desfournisseurs d'images pour la publicit ; le temps mort entre la naissance d'une nouvelle forme d'art et de sonappropriation par le Mdia du Consensus a dj cess d'exister. Dans une telle situation, tout art qui russit passerentre les mailles du filet du monolithe ou survivre dans une existence marginale ne peut avoir qu'un seul but : lapropagande, la propagande insurrectionnelle.

Cela ne signifie pas que 'l'art est au service de la rvolution - une tyrannie impossible - ni un Ralisme Social , nitoute forme reconnaissable d'art politique. L'ordure est l'ordure, peu importe combien pures sont ses intentions. Non,pour l'Anti-Calife, l'art est la politique, l'art est la rvolution, l'art est la religion. L'art qui russit dans la beaut et nepeut tre absorb par la Machine est dj de la propagande pour la vrit, qu'importent son style et son contenu, caril est dj une manifestation de la vrit sous une forme ordonne et connaissable. Que la populace prenne cesmots dans leurs sens platoniques : par vrit" nous ne signifions pas un Idal abstrait et sans corps, ni mme unsentiment mystique non verbal. C'est quelque chose de plus simple et cependant de plus difficile expliquer ou dfinir, quelque chose pour laquelle nous utiliserons le mot arabo-persan de zawq [40] et le terme sanskrit/javanaisrasa [41] :

GOUT, INTUITION - SENTIMENT - CATEGORIE ESTETHIQUE - l'intriorisation d'une perception ( devenir lebambou comme le dit la Jardin du Grain de Moutarde) - donc une sorte d'tat de conscience mystique / esthtique- un sens que ce qui convient - la facult de choisir ou de discriminer, choisir cette couleur ou cette note ou cemot et pas cet autre - mise en valeur artistique, bon got - la qualit d'une reprsentation ou d'une oeuvre d'art -un got comme exprience directe, certitude exprimentale...

Ici, nous atteignons la point central de l'exercice de la propagande sotrique, le terme cl du texte et la plus procheapproximation d'une voie spirituelle relle recommande par l'Anti-Calife : la culture du got la fois en tant quetravail sur soi et en tant que propagande pour la cause sotrique . Pour rveiller dans autrui le dsir pour ce quipeut difficilement se dire par les mots si ce n'est par des clichs ou des noms divins - le dsir pour le dsir, l'Eros filsdu Chaos - le got pour la vie elle-mme et pour aucune autre de ses reprsentations bon march ou substitutsmensongers : le dsir d'tre l'art, spontanment et absolument.

Pour le futur, donc, l'Anti-Calife recommande que chacun soit un artiste. D'abord, certains arts traditionnels doiventtre repris, telle la musique classique de Perse et du nord de l'Inde, la posie, les arts martiaux de l'Extrme-Orient,la danse javanaise, la musique et la calligraphie. De telles traditions ne mritent pas la prservation par quelquebont d'me mais en tant que possibilits vivantes. Comme parler une autre langue, ils nous aident sortir de notrepeau culturelle - et ils fournissent le terrain pour une inter fertilisation et pour le syncrtisme. Toute la SagesseOrientale a t rendue accessible notre sicle ; la culture cosmopolite sans racine du futur crera des mosaqueset des mandalas sans fin partir des milliers de tribus et de civilisations.

L'Adab, qui signifie la fois bonnes manires et culture esthtique aussi bien que littrature et voie spirituelle,est une qualit qui semble approprie l'artiste et l'anarchiste. Emma Goldman a dit une fois que dans une socitanarchiste, tout le monde serait un aristocrate : l'aristocratisme radical comme Nietzsche l'a formul.

L'art de l'amour est conjoint aux autres arts et est galement leur Muse en chef : le sama[42] soufi interprtcomme fte d'amour esthtique et rotique ; l'intoxication de la musique, de la posie, de la danse, de la prsencedu bien-aim ou de la bien-aime.

L'hospitalit en tant que forme d'art. Les javanais offrent des Banquets de Paix (slametan) afin d'apaiser lesesprits, de clbrer la chance ou des rites de passage, comme excuse pour la bonne chair et l'amusement, maisavec un but spirituel. Les voisins et les passants sont invits dans un esprit de convivialit et d'ouverture.



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Des salons, des musicales, des symposium, des plerinages vers des lieux de beaut gomantiques ou de pouvoirbaroque et excentrique ; des clbrations publiques du grand oeuvre de l'art ou de l'exquise folie - finalement lacration d'un refuge ddi aux moments de liberts esthtiques et de got mystique.

Le Terrorisme Potique - l'art en tant que propagande par les faits - l'assassinisme-esthtique. L'artpropagandiste puissant devrait produire de puissantes motions ou rasa- aussi puissantes que la terreur ou la joie -dchirant violemment les voiles de l'inattention, de la stupidit inesthtique, de l'gosme tratre lui-mme et del'oubli par des actes d'art inattendus - une sorte de Thtre de la Cruaut sans les murs.

Et comme suggestion finale (avant que l'Anti-Calife retourne dans le Monde des Archtypes) : la cration des joursde ftes, de purs actes de clbrations. Par exemple, le 17e jour de Ramadan, anniversaire Ibn Arab et anniversairede la Qiyamat - un banquet pour proclamer l'Unit de l'tre, la Sagesse Intrieure, la brisure des chanes de la Loi.

[1] Ou encore Al-Khidr ( 'D.61) ou Homme Vert (Khidr, Khezr, Khizr, Khadir, Al-Khadir, et El-Khidr). On suppose que l'on se rfre lui dans le

Sourate du Coran Al-Kahf (18:66), relatant sa rencontre avec Mose.

[2] Mohammed Ibn 'Arab (E-E/ '(F 91(J), connu sous son seul nom de Ibn 'Arab (1165, Murcie dans le pays d'al-Andals - 1240, Damas). Appel

aussi Cheikh al-Akbar ( le plus grand matre , en arabe) , il est un mystique, auteur de 846 ouvrages. Son oeuvre aurait influenc Dante et

Saint-Jean-de-la-Croix. Dans ses pomes il traite de l'amour, de la passion, de la beaut et de l'absence. Pour Ibn 'Arab, la voie mystique n'est ni

rationnelle ni irrationnelle : l'esprit s'chappe des limites de la matire. Contrairement la philosophie, elle se situe hors du domaine de la raison.

Ainsi, contrairement la scission dessine par Averros entre foi et raison, la profondeur d'Ibn 'Arab se situe dans la rencontre entre l'intelligence,

l'amour et la connaissance. Aujourd'hui encore, Ibn 'Arab est un auteur controvers dans l'Islam. Ses approches exgtiques, sa conception du

messianisme travers la figure emblmatique du Mahdi suscitent des polmiques. Il reste une rfrence pour les coles soufies qui voient en lui

l'hritier spirituel de Mahomet. C'est l'Espagnol Asin Palacios que l'on doit la redcouverte en occident des ouvrages d'Ibn Arabi, ainsi qu'

Henry Corbin. Ses oeuvres principales sont : La vie merveilleuse de Dh-l-Nn l'Egyptien - Le livre de l'Extinction dans la Contemplation - Le

Trait de l'Amour - Le Trait de l'Unit - Le Voyage vers le Matre de la Puissance - Les Soufis d'Andalousie - Les Illuminations de la Mecque - LaSagesse des Prophtes - L'Alchimie du Bonheur parfait - L'interprte des dsirs - L'Arbre du Monde - Le dvoilement des effets du voyage ,

dition du texte arabe, traduction introduction et notes de Denis Gril, Editions de l'Eclat, 1994 et La production des cercles , dition du texte

arabe Nyberg, traduction et introduction Paul Fenton et Maurice Gloton, Editions de l'Eclat, 1996.

[3] mystique musulman qui fit partie de la gnration qui suivit immdiatement le Prophte. Il fut un des martyrs de la Bataille de Siffin qui vit la

dfaite du Calife Ali.

[4] Silsilah ( 3D3D) ) signifie chane . Les Soufis utilisent ce mot afin de signifier un lignage de Cheikhs au sein d'un ordre soufi particulier.

[5] Suspect de propager la thosophie ismalienne en Syrie, Soharwardi est arrt sur l'ordre de Salah al Din (Saladin) et excut en la citadelle

d'Alep le 5 Rajab 587 de l'Hgire (29 juillet 1191). N trente six ans plus tt Sohraward au nord-ouest de l'Iran, ce philosophe pratiquant le

soufisme et inspir par l'oeuvre de Platon et d'Aristote est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages dont Le livre de la sagesse est considrcomme le chef-d'oeuvre. La pense de Sohrawardi s'inscrit dans la tradition initie par Al Farabi et Ibn Sina. Il a t dmontr tardivement que sa

pense a influenc l'oeuvre de Rabbi David Mamonide, chef de la communaut juive d'Egypte au XIVme sicle. Alors que l'oeuvre de

Sohrawardi a occup une place significative dans le monde arabe, il est remarquable qu'elle ne soit connue de l'Occident que depuis une priode

rcente.

[6] Mansur al-Hallaj en entier Abu al-Mughith al-Husayn ibn Mansur al-Hallaj, n vers 858 (ou 245 de l'Hgire), mort en 922 (ou 309 de l'Hgire)

Bagdad, tait un pote mystique soufique, auteur d'une abondante posie tendant renouer avec la pure origine du Coran et son essence

verbale.

[7] Hafez de son vrai nom Khouajeh Chams ad-Din Mohammad Hafez-e Chirazi (en persan : .H',G 4E3'D/F E-E/ -'A8 41'2 ) est un pote et un

mystique persan n autour des annes 1310-1337 Chiraz (Iran) et mort l'age de 69 ans. Il serait le fils d'un certain Baha-ud-Din. Hafez est un

mot arabe, signifiant littralement gardien qui sert dsigner les personnes ayant mmoris par coeur l'intgralit du Coran. Il est surtout connu

pour ses pomes lyriques, les ghazals, qui voquent des thmes mystiques du soufisme en mettant en scne les plaisirs de la vie. Son mausole

est au milieu d'un jardin persan Chiraz et attire encore aujourd'hui de nombreuses personnes, plerins ou simples amoureux de posie, venus



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lui rendre hommage.

[8] A'd od-Din Mahmoud Chabestari est un mystique soufi iranien ayant vcu au XVe sicle de l're chrtienne. On ne sait pas grand-chose sur sa

vie, mais son oeuvre principale, la Roseraie du Mystre (Golchan-e raz), est un des classiques du mouvement auquel il appartient. C'est un pote

encore trs apprci dans son pays d'origine, o se trouve son tombeau.

[9] Le terme assassin, sous lequel on qualifie galement la secte (La secte des assassins), aurait la mme racine que haschish, une des drogues

que le Vieil Homme aurait utilises pour conditionner ses disciples. En effet, en arabe, mangeurs de haschish se dit aaaa+n (-N4NQ'4PJF ou

-4'4JF sans les diacritiques). Cette hypothse tymologique est cependant conteste par certains arabisants comme Amin Maalouf, qui donnedans son roman Samarcande (mettant en scne, entre autres, Hassan ibn al-Sabbah), une tymologie diffrente et somme toute moins vocatrice

: le mot proviendrait de asss, qui signifie base, fondement . Voir introduction

[10] Sunan (Roi) Kalidjogovan (galement appel Kalidjaga) est crdit par certains pour avoir donn au jeu antique de Wayang sa forme actuelle.

[11] personnage de Lewis Carroll : il apparat dans Au travers du Miroir , dans lequel il discute de smantique et de pragmatisme avec Alice.

When I use a word, Humpty Dumpty said, in rather a scornful tone, it means just what I choose it to mean neither more nor less.

[12] Ibn Arab, voir note ii.

[13] exgse.

[14] Alamut, le nom de la valle o se tenait autrefois une forteresse rpute inexpugnable qui servit de base la secte chiite hrtique desNizrites, aussi appele secte des Assassins. Alamut n'est pas le nom de la forteresse ; la forteresse s'appelle Qasir Khan, elle se trouve dans

une valle secondaire, ct du village du mme nom. Bien que cela soit une erreur, La forteresse est appele communment Alamut (qui est en

fait le nom de la valle). Alamut est une valle du massif de l'Elbrouz au sud de la mer Caspienne, prs de la ville de Qazvin dans le nord-ouest

de l'Iran actuel. L'origine du nom est incertaine, une signification possible tant nid d'aigle . Voir introduction

[15] La Grande Rsurrection : en 1162, Hassan II succde son pre Mohammed I. Il va totalement bouleverser les conceptions religieuses

des nizrites. Lors du ramadan de 1164, il annonce au nom de l'Imam cach la Rsurrection (qiyama), et abroge la loi islamique, notamment

l'interdiction de boire du vin et le carme. Son rgne sera bref, il est assassin dix-huit mois plus tard par un opposant la nouvelle doctrine. Son

fils Mohammed II va consolider la nouvelle foi ; il ira mme plus loin en se proclamant descendant direct de Nizar, ce qui ferait de lui un Imam (qui

est le vrai guide spirituel et temporel de toute la communaut islamique ). Hassan III met fin cette hrsie et rinstaure la charia ds la mort

de son pre en 1210. Toutefois, la diffrence de l'poque de son pre, les nizrites se conforment dsormais au rite sunnite, et abandonnent lechiisme.

[16] qiyamat signifie rsurrection et ruz est l' anne on peut penser que cela se traduit par anne de la rsurrection .

[17] La shara (char'a , arabe : 4N1PJ9N) = la voie) est le code de jurisprudence religieuse musulman. Le terme est aussi utilis en arabe pour :

ce qui a t lgifr [par Dieu] . On a coutume de dsigner shara en Occident sous le vocable de loi islamique.

[18] Hadith (arabe : -/J+ , hadith ; tradition du prophte, pl. #-'/J+) est un terme arabe qui dsigne des paroles ou actes de Mahomet considrs

comme des exemples suivre par les musulmans.

[19] La notion de wahda al-wujd (HP-/N)O 'DHO,OH/P ) est l'affirmation que la cration est en Dieu et que Dieu est dans Sa cration. Cette

notion est en totale opposition avec le Dogme Islamique qui considre que Dieu est trop noble pour tre dans Sa cration, et que celle-ci est trop

vile pour tre en Dieu.

[20] Ahmad ibn Àbd al-Halim ibn Àbd Allah ibn Abi al-Qasim ibn Taymiyya, Taqi al-Din Abu al-Àbbas ibn Shihab al-Din ibn Majd al-Din

al-Harrani al-Dimashqi al-Hanbali (661-728). Un des rudits les plus influents de l'cole Hanbali.

[21] L'hermneutique (du grec hermeneutik, art d'interprter et du nom du dieu grec Herms, nom du messager des dieux et interprte de leurs

ordres) est l'interprtation de tout texte ncessitant une explication, notamment dans la critique littraire ou historique et dans le droit ou mme

dans le cadre de la psychanalyse. On parle d'hermneutique pour l'interprtation des textes, en gnral, anciens, en particulier, voire de toute

oeuvre que son hermneutique, dans le cas de l'art contemporain par exemple, est parfois appele recouvrir. Celle des critures saintes qu'il

s'agisse de Bible ou de Coran est un sujet qui demeure dlicat. On dsigne aussi par hermneutique la rflexion philosophique interprtative sur

les symboles religieux et les mythes.

[22] Ftima (A'7E) [fTima], qui est sevre), fille de Mahomet et de sa premire femme Khadija, est ne La Mecque vers 606 et morte Mdine

en 632.



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[23] Le d`i (arabe :/'9 [di], agent recruteur ; propagandiste ; aptre) est un missionnaire charg de crer un rseau de partisans. Cette technique

de propagande religieuse s'appelle da`wa. Ce type d'organisation a t utilis par les kharijites pour s'installer au Maghreb (VIIe sicle). Ce sont

les ismaliens au Xe sicle qui vont systmatiser cette technique jusqu' l'instauration de la dynastie fatimide depuis la basse Kabylie.

[24] en franais dans le texte.

[25] Du grec Koine , contre, et , loi, ou sans loi (), dans la thologie elle relve de l'ide que les membres d'un groupe

religieux particulier ne sont sous aucune loi ou obligation d'obir, ou sous aucune morale ou thique. Les Antinomiens sont les opposs du

lgalisme.

[26] Les adamites (ou adamiens) taient un mouvement religieux intermittent inspir par la nostalgie du Jardin d'Eden. Rattachs au christianisme,

les Adamites tentaient d'imiter Adam avant la chute. Observant une abstinence sexuelle stricte, ils rejetaient le travail et vivaient nus le plus

souvent possible. Aprs une notorit rapidement clipse dans l'Antiquit (IIe sicle aprs J.-C.), les Adamites rapparaissent en Europe vers la

fin du XIIIe sicle, en Autriche, en Bohme et en Flandres mais les pillages dont ils se rendent coupables ainsi que leur doctrines thologiques

indisposent les autorits. Perscuts, les Adamites tentent de survivre mais, avant la fin du XVe sicle, ils auront tous disparu. Le fond de leur

proposition tait que l'homme doit tre aussi heureux ici-bas qu'il sera un jour dans le ciel (Campanella (1568) Cite du Soleil)

[27] Le Bouraq ((1'B [buraq], clair) est un animal fantastique ail reprsent dans l'imagerie populaire avec le corps d'une cavale et le visage

d'une femme. Il porte Mahomet de La Mecque Jrusalem puis de Jrusalem au ciel au cours de l'pisode dit Isra et Miraj (signifiant

respectivement en arabe : voyage lointain et ascension ).

[28] Nyai Loro Kidul ( Reine du Sud, aussi connue sous le nom de Kangjeng Ratu Kidul) est une desse javanaise de la Mer du Sud.

[29] L'Islam orthodoxe comporte 5 piliers qui sont 5 obligations importantes qui doivent tre respectes par toute personne responsable

(pubre, saine d'esprit et ayant entendu l'appel de l'Islam). Le premier pilier, la Chahada, est l'attestation de foi de la croyance en Dieu, c'est la

plus importante. Les prires : 5 quotidiennes (Salat, As-salaat). L'aumne : la zakat (Az-zakaat) est l'aumne aux plus pauvres dans les

proportions prescrites. Le jene du mois de ramadan : (saoum, As-siyam) du lever du soleil son coucher, le jene est prescrit. En cas de

maladie qui l'empcherait ou en tat d'impuret (non tahar) (menstruation par exemple), ces jours doivent tre rattraps au cours de l'anne. Il est

recommand de lire le Coran dans son intgralit durant ce mois, ainsi que l'a fait Mahomet. Le plerinage La Mecque : (hadj, Al hajj) au moins

une fois dans sa vie si le croyant ou la croyante en a les moyens physiques et matriels.

[30] La dynastie des Hachmites, est une famille de bdouins descendant du Prophte Mahomet rgnant sur la Jordanie depuis le 10me sicle

environ.

[31] Les Qarmates ou (rarement) Karmates (arabe 'DB1'E7) ) sont une branche dissidente de l'ismalisme. Ils sont tantt dcrits comme des

rvolutionnaires communistes , tantt comme une secte guerrire.

[32] La SAVAK (Persan : 3'H', acronyme de 3'2E'F '7D'9'* H 'EF* 4H1 Sazeman-i Ettelaat va Amniyat-i Keshvar, Organisation pour

l'Intelligence et la Scurit Nationale) tait le service de scurit domestique et le service de renseignement de l'Iran entre 1957 et 1979.

[33] Cotton Mather (12 fvrier 1663, Boston, Massachusetts, tats-Unis - 13 fvrier 1728, Boston, Massachusetts, tats-Unis) tait un ministre du

culte puritain, auteur prolifique et pamphltaire, fils du rvrend Increase Mather. Cotton Mather appuya son pre lorsque celui mettait en garde

les juges des procs des sorcires de Salem contre la recevabilit des tmoignages de spectres (tmoignages de victimes de sorcellerie affirmant

avoir t attaques par un fantme prenant la forme de quelqu'un qu'elles connaissaient). Il eut galement un rle minent dans la promotion du

vaccin contre la variole, bravant la dsapprobation de la communaut puritaine et allant jusqu' inoculer son propre fils, qui faillit en mourir.

[34] Le wahhabisme est une forme rigoriste de l'islam sunnite qui se fonde sur l'enseignement de Mohamed ibn Abd al-Wahhab (1703 - 1792) ;

elle est drive du hanbalisme. Il s'agit de la principale forme de fondamentalisme musulman dans le monde contemporain. Le texte fondateur de

cette forme de l'islam est le Kitab at-tawhid (en arabe, le Livre du monothisme). Le mot wahhabisme (wahhabiyyah en arabe) a t forg par les

dtracteurs soufis d'Ibn Abd-Al Wahhab, reprenant le nom d'une ancienne secte kharidjite. Ses adeptes ont toujours refus cette appellation.

[35] Le gamelan est un ensemble instrumental indonsien, de type traditionnel, compos principalement de percussions : parmi celles-ci des

gongs, des mtallophones, des xylophones, des cymbales, des tambours, parfois des fltes. Ce terme s'applique la fois au groupe d'instruments

que pour les joueurs des dits instruments.

[36] Le batik (mot javanais) est une technique d'impression des toffes pratique dans des pays tels que le Burkina Faso, la Chine, l'Indonsie,

l'Inde, le Sri Lanka etc. Le procd consiste appliquer une teinture sur un tissu aprs avoir masqu certaines zones avec de la cire de manire

les prserver. Aprs schage, la cire est fondue puis l'opration peut tre renouvelle avec une autre couleur et ce autant de fois que ncessaire.

Au final on obtient un tissu o se mlent diffrents tons juxtaposs ou superposs.



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[37] La Kebatinan est un ensemble de pratiques traditionnelles qui enseigne la rception et la mise en valeur de la ralit (le mot drive de batin,

ralit). Les diffrentes disciplines sont destines aider connatre et utiliser les sens mieux et de percevoir la ralit plus clairement. La

forme traditionnelle de la kabatinan est une srie de tapa (jenes, disciplines et austrits) qui sont gnralement pratiques en secret, avec la

relation entre le matre et l'lve (guru et murid) qui doit rester secrte.

[38] en franais dans le texte.

[39] Ouroboros dsigne le dessin d'un serpent ou d'un dragon qui se mord la queue. Il s'agit d'un mot de grec ancien s, latinis sous la

forme uroborus qui signifie littralement qui se mord la queue . Ce symbole apparat souvent sous la forme d'un double serpent se mordantrespectivement la queue l'un de l'autre.

[40] saveur [Zawq] : terme technique dans le soufisme qui signifie le got de l'exprience mystique, souvent une qualit qui ne peut tre

dcrite par les mots. Celui qui ne gote pas, ne sait pas (dicton arabe).

[41] motions, sentiments

[42] Mot arabe qui renvoie la notion d'audition spirituelle. Le sama fait partie des pratiques spirituelles du soufisme, parmi lesquelles on trouve

notamment le dhikr (invocation des noms divins), la lecture du Qur'an, la rcitation de prire sur le prophte Muhammad. Les sances de sama

constituent une modalit particulire de l'invocation divine au sein des confrries soufies. La posie mystique chante a capella dans le sama

associe les thmes de l'amant et de l'aim, de l'ivresse spirituelle, de la nostalgie de la sparation...

L Anti Calife

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