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Milieux riverains Défis et avenues pour la conservation et l’aménagement forestier durable Julienne Morissette et Margaret Donnelly

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Milieux riverainsDéfis et avenues pour la conservation et

l’aménagement forestier durable

Julienne Morissette et Margaret Donnelly

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LE RÉSEAU DE GESTION DURABLE DES FORÊTSFondé en 1995, le Réseau de gestion durable des forêts (Réseau GDF) est un organisme sans but lucratif consacré àla recherche et situé à l’Université de l’Alberta, à Edmonton au Canada.

La mission du Réseau GDF comporte les objectifs suivants : • Mettre sur pied un programme de recherche universitaire, interdisciplinaire et reconnu sur la scène internationale; • Créer des réseaux de partenaires regroupant des chercheurs ainsi que des représentants de l’industrie, des

gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales; • Offrir des approches novatrices en transfert des connaissances; • Former des scientifiques et des praticiens chevronnés qui sauront relever les défis posés par la gestion des

ressources naturelles.

La contribution du programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE), une initiative parrainée par le Conseil derecherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par le Conseil de recherches en sciences humaines duCanada et par les Instituts de recherche en santé du Canada, constitue environ 60 % du budget annuel de7 millions de dollars du Réseau GDF. L’Université de l’Alberta, la Fondation Biocap Canada (par l’entremise del’entreprise conjointe Réseau GDF et la Fondation BIOCAP Canada) ainsi que des représentants de l’industrieforestière, des gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales comptent aunombre des autres partenaires financiers.

PROGRAMME DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ETEXPLOITATION DES TECHNOLOGIESLe Réseau GDF a réalisé quelque 334 projets de recherche entre 1995 et 2008. Ces projets ont contribué àl’avancement des connaissances et à la compréhension de plusieurs aspects de l’écosystème des forêts boréales,ont fournit des possibilités uniques de formation tant pour les étudiants de premier cycle que ceux du deuxième etdu troisième cycle et ont contribué à la formation d’un réseau de partenaires pancanadiens regroupant chercheurs,gouvernements, compagnies forestières et communautés autochtones.

Le programme de recherche du Réseau GDF a été conçu pour aider l’industrie forestière à faire la transition d’uneforesterie à rendement soutenu à une approche de gestion durable des forêts. Deux éléments s’avèrent essentiels àcette transition : • L’élaboration de stratégies et de méthodes pour promouvoir la durabilité écologique, économique et sociale;• Le transfert des connaissances et des technologies en vue d’informer les décisionnaires et d’influencer les

pratiques de gestion forestière.

Pour réussir le transfert de ces connaissances, la recherche réalisée par le Réseau doit être acheminée auxpartenaires par différents moyens. Le programme de Transfert des connaissances et d’exploitation des technologies(TCET) élabore une série de méthodes pour faciliter le transfert des connaissances aux partenaires du Réseau. Lesbesoins de chacun des partenaires varient grandement, allant des différences dans les mécanismes institutionnelsou des philosophies d’entreprise jusqu’à leurs capacités d’interpréter des renseignements techniques et de mettre enœuvre leur application pratique. Un assortiment de stratégies et de méthodes est donc nécessaire pour faciliter letransfert des connaissances à différentes échelles et à un public varié.

Les documents du programme TCET constituent un des éléments du processus de diffusion des connaissances ettente de synthétiser et d’incorporer les résultats de recherches menées par le Réseau, et par d’autres organismesailleurs au Canada, à l’intérieur d’une approche systémique de gestion durable des forêts en vue d’aider lesforestiers, les planificateurs et les biologistes dans l’élaboration de nouvelles approches de planification de gestionet de pratiques forestières.

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ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES• Programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE)

• Conseil de recherches en sciences humainesdu Canada (CRSH)

• Conseil de recherches en sciences naturelleset en génie du Canada (CRSNG)

PARTENAIRES FINANCIERSGOUVERNEMENTS• Environnement Canada• Gouvernement de l’Alberta

Alberta Sustainable Resource Development• Gouvernement de la Colombie-Britannique

Ministry of Forests and Range• Gouvernement du Manitoba

Department of Conservation• Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador

Department of Natural Resources• Gouvernement de l’Ontario

Ministère des Richesses naturelles• Gouvernement du Québec

Ministère des Ressources naturelles et de laFaune

• Gouvernement du YukonDepartment of Energy, Mines and Resources

• Parcs Canada – Direction de l’intégrité écologique • Service canadien des forêts

ENTREPRISES• AbitibiBowater Inc.• Ainsworth Lumber Co. Ltd.• Alberta-Pacific Forest Industries Inc.• Canadian Forest Products Ltd.• Daishowa-Marubeni International Ltd. • J.D. Irving, Limited• LP Canada Ltd.• Manning Diversified Forest Products Ltd.• Tembec Inc. • Tolko Industries Ltd. • Weyerhaeuser Company Ltd.

GROUPES AUTOCHTONES• Bande indienne de Kamloops• Conseil national des Métis• Première Nation crie de Moose• Première Nation de Heart Lake• Premières Nations de l’Alberta signataires du Traité 8

ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES• Canards Illimités Canada

ÉTABLISSEMENTS PARTENAIRES• Université de l’Alberta

(Établissement hôte et partenaire financier)• Collège Mont Royal• Université Concordia• Université Dalhousie• Université de Calgary • Université de Guelph • Université de la Colombie-Britannique • Université de la Saskatchewan • Université de Lethbridge • Université de Moncton• Université de Montréal • Université de Regina • Université de Sherbrooke • Université de Toronto • Université de Victoria • Université de Waterloo • Université de Western Ontario • Université de Winnipeg• Université d’Ottawa • Université du Québec à Chicoutimi • Université du Québec à Montréal • Université du Québec à Rimouski • Université du Québec à Trois-Rivières• Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue • Université du Manitoba• Université du Nouveau-Brunswick • Université du Nord de la Colombie-Britannique • Université Lakehead• Université Laval • Université McGill• Université Memorial de Terre-Neuve• Université Royal Roads• Université Ryerson• Université Simon Fraser• Université Thompson Rivers• Université Trent• Université Wilfrid-Laurier

MEMBRES ASSOCIÉS• Association nationale de foresterie autochtone• Forest Ecosystem Science Co-operative• Forêt modèle du lac Abitibi• Forêt modèle du Manitoba• Institut canadien de recherche en génie forestier

du Canada • Institut forestier du Canada

PARTENAIRES ET MEMBRES ASSOCIÉS DU RÉSEAU GDF — AOÛT 2009

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Programme Transfert des connaissances et exploitation des technologies (TCET)Réseau de gestion durable des forêts

Milieux riverains

Défis et avenues pour la conservationet l’aménagement forestier durable

Par

Julienne Morissette1 et Margaret Donnelly2

Réseau de gestion durable des forêts

1 Canards Illimités Canada Inc., 100-17958 106th Ave., Edmonton, AB T5S 1V4; [email protected]

2 Donnelly Ecological Consulting, PO Box 146, Weymouth, NS, B0W 3T0; [email protected]

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ISBN # 978-1-55261-272-9

Imprimé au Canada

This publication is also available in EnglishPublié en août 2010

© 2010, Réseau de gestion durable des forêts

Cette publication peut être reproduite en tout ou en partie à des fins noncommerciales sans autorisation, sous réserve d’une mention complète de la source.La reproduction de cette publication en tout ou en partie à toute autre fin, ycompris la vente ou la distribution commerciale, exige une autorisation écritepréalable du Réseau de gestion durable des forêts.

La valeur ou la pérennité des renseignements ou liens dans la présente publicationne font l’objet d’aucune garantie explicite ou implicite.

Les opinions, conclusions et recommandations exprimées dans la présentepublication sont celles de leurs auteurs et ne doivent pas être interprétées commeétant celles du Réseau de gestion durable des forêts.

Référence : Morissette, J. et M. Donnelly. 2010. Milieux riverains : Défis etavenues pour la conservation et l’aménagement forestier durable.Traduit de l’anglais, titre original : Riparian Areas: Challenges andOpportunities for Conservation and Sustainable Forest Management.Réseau de gestion durable des forêts, Edmonton, Alberta, 64 p.

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RésuméLes milieux riverains sont généralement décrits comme l’interface entre lessystèmes aquatiques et terrestres, mais leur définition peut être simple ou complexeet varier selon le contexte – écologie ou aménagement. Il n’en demeure pas moinsque la gestion de ces composantes du paysage, qui sont complexes et grandementproductives, représente un défi pour les aménagistes et les décideurs.

La planification et l’application de directives concernant les milieux riverains et lesstratégies de rétention de bandes riveraines sont plus compliquées depuis quel’approbation des plans d’aménagement forestier relève à la fois des organismes deréglementation fédéraux et provinciaux. En général, leurs directivesd’aménagement sont rarement mises à jour, de sorte que les données les plusrécentes ou les nouvelles démarches ne sont pas intégrées en temps opportun. Deplus, elles sont élaborées en vase clos, sans que les autres valeurs et ressources (p.ex. terres privées // terres de la Couronne, enjeux liés à la foresterie // auxpêcheries) soient prises en compte, ce qui nuit à l’aménagement intégré desmultiples ressources et valeurs.

Depuis quelques années, on observe un intérêt croissant à l’égard des nouvellesstratégies d’aménagement des milieux riverains, qui diffèrent des précédentes en cequ’elles s’intègrent mieux à celles du reste de la forêt. Dans plusieurs territoires, lesautorités se tournent vers des approches inspirées des perturbations naturelles pouraménager ces systèmes, et même pour intégrer les stratégies à l’échelle du paysageafin de réduire au minimum les effets cumulatifs sur les composantes terrestres etaquatiques de l’écosystème forestier. Il existe un débat animé entre les chercheurs,les décideurs et les gestionnaires des ressources au sujet des conséquences à longterme des méthodes et politiques actuelles, ainsi que de l’élaboration de nouvellespolitiques et pratiques pour aménager et préserver les milieux riverains et lesressources aquatiques.

En rapport avec les autres pratiques d’aménagement, une série de questions surl’aménagement des milieux riverains de la forêt boréale ont été soulevées aprèsconsultations avec les partenaires du RGDF de ce secteur d’activités dans l’Ouestcanadien. Ces questions ont été abordées dans le présent document de synthèsepar des études de cas, ainsi que par une analyse des documents et des directivesconcernant les systèmes riverains. En bout de ligne, nous espérons stimuler ledialogue et le partage des connaissances entre les forestières, les gouvernements etles autres intervenants, afin de consolider le cadre de travail relatif àl’aménagement des milieux riverains pour faciliter la prise de décisions. Les défisassociés à l’élaboration, à la révision et à l’application des directives sur les milieuxriverains sont également présentés. Enfin, les auteurs proposent des solutions pourl’aménagement durable de ces milieux.

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RemerciementsNous tenons à remercier les partenaires de notre secteur d’activités (Weyerhaeuser– zone visée par l’entente forestière de Prince Albert, LP Canada, division de SwanRiver, Alberta-Pacific Forest Industries) et des gouvernements (Alberta, Manitoba,Saskatchewan) qui nous ont gracieusement fait part des défis auxquels ils sontconfrontés ainsi que des expériences qui ont enrichi leurs connaissances et leursavoir-faire en ce qui a trait à l’aménagement des milieux riverains. Ces échangeset ces appuis nous ont permis d’étoffer cette étude de cas. Nous souhaitonségalement remercier nos partenaires et deux réviseurs, qui ont lu les versionspréliminaires de ce document et qui nous ont fait des recommandationsjudicieuses. Enfin, nous voulons souligner l’apport des personnes suivantes :

LP Canada LtéeDonna Kopecky, Vern Bauman, Barry Waito

Alberta Pacific Forest IndustriesElston Dzus, Mark Spafford, Dave Chene

Weyerhaeuser SaskatchewanBrian Christensen

Gouvernement de l’AlbertaJohn Stadt

Gouvernement du ManitobaPhil Keenan, Julie Ringash

Gouvernement de la SaskatchewanBob Wynes, Deb Weedon, Gigi Petowello

Canards Illimités CanadaMichael Robin, Sean Smyth, Matthew Spearman, Kevin Smith, Chris Smith

Réseau de gestion durable des forêtsCynthia Kaufmann, Catherine Rostron, Jane Stewart

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TaBle DeS MaTIèReS

Résumé ..........................................................................................................3

Remerciements ..............................................................................................4

Table des matières..........................................................................................5

1.0 Mise en contexte ..................................................................................7

2.0 Définitions ........................................................................................11

2.1 Que signifie le terme « riverain »? ..............................................11

2.2 Fonctions des milieux riverains ..................................................16

3.0 Directives pour les milieux riverains : bref historique et contexte actuel ..................................................................................18

3.1 D’où proviennent les directives pour les milieux riverains? ........18

3.2 Règlements et directives régissant l’aménagement des milieux riverains de la plaine boréale ..................................20

3.3 Les directives sont-elles efficaces? ..............................................29

4.0 Aménagement forestier dans la plaine boréale – des occasions demettre en œuvre une approche systémique?......................................36

4.1 Le modèle inspiré des perturbations naturelles ..........................36

4.2 Tirer le meilleur parti possible de nos ressources forestières :pouvons-nous être plus stratégiques? ..........................................39

5.0 Directives riveraines – pour un meilleur cadre décisionnel ..............43

5.1 Comment les milieux riverains sont-ils considérés dans laplanification et les opérations forestières? ..................................43

5.2 Systèmes d’aide à la décision pour l’aménagement riverain........44

6.0 Occasions d’apprentissage ................................................................46

6.1 Dialogue visant à créer des instruments utiles pour les politiques, à faire face aux défis d’exploitation et à éduquer la population ................................................................46

6.2 Besoins en matière de recherche et lacunes dans les connaissances ..............................................................51

7.0 Conclusions générales et messages clés ............................................53

8.0 Références..........................................................................................56

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1.0 Mise en contexteLes milieux riverains sont des habitats qui forment l’interface entre les milieuxaquatiques et les hautes terres environnantes. Ces milieux abritent souvent leshabitats les plus diversifiés et les plus productifs du paysage en raison des échangesbiotiques et alimentaires qui s’effectuent entre les éléments du paysage. Ils sontégalement les plus modifiés en raison de l’accès à l’eau, par exemple pour leshabitations, les activités récréatives, les besoins industriels. En conséquence, laconservation et l’aménagement des milieux riverains représentent des enjeuximportants pour la population, les Premières Nations, les gouvernements, lesorganismes non gouvernementaux de l’environnement et l’industrie et peuvent êtresources de litiges entre deux ou plusieurs de ces parties.

La planification et l’application de directives concernant les milieux riverains et lesstratégies de rétention de bandes riveraines sont plus compliquées depuis quel’approbation des plans d’aménagement forestier relève à la fois des organismes deréglementation fédéraux et provinciaux. En général, leurs directivesd’aménagement sont rarement mises à jour, de sorte que les données les plusrécentes ou les nouvelles démarches ne sont pas intégrées en temps opportun. Deplus, elles sont élaborées en vase clos, sans que les autres valeurs et ressources(p. ex. terres privées // terres de la Couronne, enjeux liés à la foresterie // auxpêcheries) soient prises en compte, ce qui nuit à l’aménagement intégré desmultiples ressources et valeurs.

Bon nombre de politiques émanant des gouvernements et des entreprisescontiennent un énoncé d’engagement à l’égard de l’aménagement écosystémique.L’aménagement écosystémique vise d’abord à préserver la santé et la fonction desécosystèmes en tenant compte des conséquences des activités pratiquées à toutesles échelles spatiales tant dans les systèmes terrestres qu’aquatiques et en effectuantles changements requis dans un cadre de travail d’aménagement adaptatif (Franklin1997). Certains ont suggéré que cela pourrait être obtenu en partie par la mise enœuvre de pratiques d’aménagement forestier qui conservent la biodiversité et quis’inspirent autant que possible des patrons de paysage résultant des perturbationsnaturelles. Un modèle inspiré des perturbations naturelles pour l’aménagementforestier durable (AFD) a donc été proposé aux aménagistes au début des années1990 (Hunter 1993, Attiwill 1994) et son application est de plus en plus répandue(Bergeron et al. 1998) dans les composantes terrestres de la forêt boréale del’Ouest. Dans plusieurs territoires, les autorités appliquent des démarches inspiréesdes perturbations naturelles afin d’aménager les milieux riverains de manière àmieux intégrer les stratégies d’aménagement tant dans les composantes terrestresqu’aquatiques de l’écosystème forestier. Dans une approche inspirée desperturbations naturelles, il faut reconnaître la nature dynamique d’un système etrespecter les limites de variabilité naturelle des processus de l’écosystème telsqu’ils sont influencés par les divers agents responsables des perturbations naturellesdans la forêt.

De plus, la population s’attend de plus en plus à ce que les paysages forestierssoient aménagés en fonction de toutes les valeurs de durabilité : écologiques,sociales et économiques. Par conséquent, les différentes directives d’aménagementforestier, incluant celles qui ont trait aux milieux riverains, sont en révision pourtoute la région de la forêt boréale. Les directives et politiques sont en révision enSaskatchewan et l’ont été récemment en Alberta et au Manitoba. Ces interventions

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Les milieux riverainscomptent parmi leshabitats les plusdiversifiés et les plusproductifs d’un paysageet sont souvent les plusmodifiés.

Comment les approchesinspirées desperturbations naturellespeuvent-elles s’appliquerà l’aménagement desécosystèmes riverains etaquatiques?

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ont suscité des discussions animées entre chercheurs, décideurs et gestionnaires deressources en ce qui a trait tant aux conséquences à long terme des méthodes etpolitiques actuelles qu’à l’élaboration de nouvelles politiques et pratiques pourl’aménagement et la conservation des milieux riverains et des ressources aquatiques.

La consultation et la discussion menées auprès des représentants de trois entreprisesforestières de la forêt boréale de l’Ouest du Canada qui ont adopté les mêmesprincipes d’orientation pour l’aménagement (Figure 1, Encadré 1) ont permis deformuler une série de questions touchant l’aménagement des milieux riverains :

Qu’est-ce qu’un milieu riverain?

Quelles sont les directives actuelles concernant les milieux riverainsde la plaine boréale?

Quels sont les objectifs des directives?

Quels résultats de recherche appuient ces décisions pour la plaineboréale?

Est-ce que les pratiques en cours cadrent avec le modèle inspiré desperturbations naturelles?

Manquons-nous des occasions de mieux aménager le paysage?

Les bandes riveraines sont-elles toujours nécessaires?

Qu’en est-il de la perception de la population en général?

Avons-nous les données scientifiques nécessaires pour modifier lespolitiques?

À la lumière des questions énumérées ci-dessus, nous avons rédigé ce documentselon les objectifs suivants :

• Aborder les questions énumérées ci-dessus en recourant auxdonnées de recherche, à la documentation et à l’expériencedes partenaires des gouvernements et de l’industrie pourrepérer les difficultés et trouver les solutions possiblesrelativement à l’aménagement des milieux riverains.

• Stimuler et entretenir le dialogue et l’échange deconnaissances entre entreprises forestières, gouvernements etautres intervenants en rapport avec les défis auxquels ils ontété confrontés pendant l’élaboration, la révision et la mise enœuvre des directives pour l’aménagement des milieuxriverains.

• Encourager l’intégration des aspects relatifs à l’échelle dupaysage dans la planification de l’aménagement forestierpour la conservation des ressources aquatiques.

• Favoriser l’échange de connaissances entre chercheurs etaménagistes forestiers.

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9Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 1 : Partenaires industriels et principes directeurs

Alberta Pacific Forest Industries, Boyle, AB

Alberta-Pacific (Al-Pac), une entreprise privée du nord-est de l’Alberta quiappartient à Mitsubishi Corporation (70 %) et à Oji Paper Co. Ltée. (30 %),exploite une usine de pâte kraft blanchi près d’Athabasca, AB. Alberta-Pacific doit veiller à faire les inventaires, à planifier les chemins, às’occuper de la récolte et de la sylviculture sur une superficie d’environ5,8 millions d’hectares en vertu de l’entente de gestion forestière conclueavec la province de l’Alberta. Les responsabilités liées à l’aménagementcomprennent la récolte de feuillus pour la pâte et les activités effectuéespar les détenteurs de quotas de bois résineux. Alberta Pacific détient lacertification du Forest Stewardship Council (FSC).

LP Canada Ltée Swan River, MB

LP Canada fait partie d’une société internationale de produits forestiers quiest en exploitation au Canada, aux États-Unis et au Chili. Depuis 1996,l’usine de LP de la vallée de la rivière Swan produit des panneaux OSB(Oriented Strand Board). Elle s’approvisionne surtout en peuplier faux-tremble provenant de la licence d’aménagement forestier no 3, quicomprend des terres publiques et privées. Les activités d’aménagementforestier sur ce territoire sont menées en vertu d’une entente avecManitoba Conservation, suivant l’approbation d’un plan d’aménagementforestier de 10 ans et l’émission d’un permis en vertu de la loi surl’environnement (Environment Act License). Le plan actuel, en vigueurpour dix ans, comprend des orientations stratégiques pour l’exploitationvisée par le permis. De plus, des plans annuels d’opérations ont été établispour fournir des renseignements détaillés sur les activités forestièresprévues dans l’année. LP est également responsable de la planification etdes activités de renouvellement de la forêt pour environ 34 détenteurs dequotas (source : site Web de LP). LP détient la certification de laSustainable Forestry Initiative.

Weyerhaeuser Prince Albert, Big River, SK

Weyerhaeuser se trouve en Saskatchewan depuis l’achat, en 1986, del’usine de pâte de Prince Albert et la scierie de Big River. En Saskatchewan,Weyerhaeuser a produit du bois de construction et de la pâte de résineuxet de feuillus. Les ressources aquatiques sur la zone d’aménagementforestier ont été utilisées pour la pêche à des fins domestiques, la pêchecommerciale, la pêche sportive, la production de riz sauvage, les activitésrécréatives et le tourisme, y compris l’écotourisme. Weyerhaeuser détientla certification de l’Association canadienne de normalisation (CSA). Unplan de 20 ans élaboré en 1997 proposait l’approche d’aménagementécosystémique préconisée par la Saskatchewan comme la meilleure

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10 Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 1 suite

manière d’aménager les ressources forestières de manière durable. Le plandécrit cette approche comme l’aménagement forestier durable inspiré desperturbations naturelles; il a été inclus dans la stratégie de coupe dans leplan initial de 20 ans. La consultation du public faisait également partie duplan initial. L’adoption d’approches absentes des directives provinciales(grands blocs de coupe, récolte dans les bandes riveraines) du moment apu être approuvée grâce à l’inclusion de projets de démonstration et derecherche (du plan de 20 ans). Entre 1998 et 2007, le plan d’aménagementforestier tentait de faire adopter des initiatives concordant avec cetteapproche. Au moment de la présente étude de cas, cette zoned’aménagement forestier détient la certification de l’Associationcanadienne de normalisation. En 2007, Weyerhaeuser a cessé d’exploitercette zone pour des motifs financiers.

Figure 1 Carte des provinces de l’Ouest précisant les zones d’aménagementforestier sous la responsabilité des partenaires de l’industrie qui ontcontribué à ce rapport. Seules les limites de l’unité d’aménagementforestier 13 de la licence d’aménagement forestier no 3 sont illustréespour LP Canada, division Swan River. Plusieurs principes d’orientationcommuns aux plans d’aménagement forestier ou aux politiquescommerciales de ces trois entreprises sont également énumérés.

Aménagementécosystémique

Durabilitééconomique,écologique etsociale

Aménagementadaptatif

Patrons inspirés dela forêt naturelle

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11Réseau de gestion durable des forêts

Les systèmes riverainssont des zones detransition semi-terrestresrégulièrementinfluencées par l’eaudouce, qui s’étendenthabituellement de labordure du plan d’eauou du cours d’eaujusqu’à l’orée descommunautés des hautesterres.

3 Note de la traductrice : l’équivalent anglais de « riverain » est riparian.

2.0 Définitions

2.1 Que signifie le terme « riverain »?

Le terme « riverain » peut être ambigu. Il désigne tout ce qui est situé sur les rivesd’un cours d’eau ou d’une étendue d’eau. En anglais3, la définition visaitinitialement les eaux courantes (eaux lotiques), puis elle a évolué pour comprendreles étendues d’eau (eaux lentiques). Par exemple, la American Society of Fisheriesdéfinit le terme riparian areas (milieux riverains) comme [TRADUCTION] « desassemblages complexes d’organismes et de leur milieu qui vivent en bordure et àproximité d’eaux courantes » (Lowrance et al. 1985). De manière plus générale, onpeut simplement définir milieux riverains comme des [TRADUCTION] « …interfaces entre systèmes aquatiques et terrestres » (Gregory et al. 1991). Lesdéfinitions peuvent également dépendre du contexte dans lequel les termes sontutilisés : écologie (encadré 2) ou aménagement (encadré 3).

Encadré 2 : Exemples de définitions écologiques desmilieux riverains

Milieu riverain (du point de vue écologique)

• Écotones tridimensionnels d’interactions incluant lesécosystèmes terrestre et aquatique, qui s’étendent vers le basjusqu’à la nappe phréatique, vers le haut jusqu’au couvertforestier, vers l’extérieur, traversant les plaines inondablesjusqu’au haut des pentes qui se drainent vers les étenduesd’eau, atteignant l’écosystème terrestre et suivant les coursd’eau à des largeurs variables. (Illhardt et al. 2000)

• Bande de terre de largeur variable adjacente à un plan ou àun cours d’eau douce et influencée par eux (Conseilcanadien des ministres des forêts 2006).

• Superficie semi-terrestre de transition régulièrementinfluencée par l’eau douce, qui s’étend habituellement desrives du plan ou du cours d’eau jusqu’à l’orée descommunautés des hautes terres (Naiman 2005).

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12 Réseau de gestion durable des forêts

Ci-dessous, illustration d’une définition écologique (Illhardt et al. 2000)dans un contexte d’aménagement. Le pointillé représente la zone où lesdémarches probabilistes deviennent applicables. À mesure que l’ons’éloigne de l’eau, la probabilité d’un habitat soit considéré commeriverain diminue.

Encadré 3 : Définitions utilisées dans l’aménagement desmilieux riverains et des forêts riveraines de larégion boréale

Zone d’aménagement riverain (définition « aménagement »)

Les définitions utilisées par les gouvernements fédéral et provinciaux (3)pour délimiter les milieux riverains et les zones d’aménagement sontprésentées ci-dessous. En particulier, les définitions utilisées à l’échelonprovincial fournissent des exemples des variations régionales quipermettent de moduler les décisions d’aménagement.

Gouvernement fédéral

Zone riveraineBande de terrain plus ou moins large, adjacente à une étendue d’eaudouce et qui en subit les influences (Conseil canadien des ministres desforêts 2006).

forêtrésiduelle

bloc de coupe

milieu riverain

forêt riveraine

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13Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 3 suite

Alberta (Alberta Timber Harvest Planning and Operating GroundRules 2006)

[TRADUCTION]Zone riveraine(1) Bande de terre qui exerce une influence importante sur un

écosystème aquatique ou qui en subit les influences de manièreimportante. Elle présente souvent des communautés végétales etanimales spécialisées. [Anonyme]

(2) Milieux terrestres où le complexe végétal et les conditionsmicroclimatiques résultent de la présence et de l’influence d’unplan d’eau ou d’un cours d’eau permanent, intermittent ouéphémère, associé à des nappes phréatiques élevées et des solsqui présentent certaines caractéristiques d’humidité. Désignehabituellement la zone dans laquelle les plantes ont leurs racinesdans la nappe de ces rivières, ruisseaux, lacs, étangs, réservoirs,sources, marais, suintements, tourbières et prairies humides. Lazone riveraine subit les influences de l’écosystème aquatique quilui est associé et exerce également des influences sur celui-ci.[Dunster] (mesurée depuis la ligne des hautes eaux)

Saskatchewan (traduction de la définition extraite de la norme relative aux zones d’aménagement forestier de Weyerhaeuser)

Les zones d’aménagement riverain (Riparian Management Area) sont dessurfaces distinctes qui sont délimitées en fonction d’objectifs spécifiquesd’aménagement des milieux riverains et qui peuvent comprendre deséléments incluant des milieux aquatiques ou terrestres associés à l’écotoneriverain ou situés à l’extérieur de celui-ci (délimitées à partir des essencesmarchandes).

Une bande riveraine (Riparian Reservation) est une bande de végétationnon perturbée le long d’un ruisseau ou d’un lac, qui est laissée telle quellepour protéger l’étendue d’eau des effets associés à la construction deroutes sur le territoire adjacent. La largeur de cette bande est mesurée dechaque bord du cours d’eau à partir du haut de la berge existante ou surun lac, à partir de la bordure de la végétation terrestre qui est la plus prèsde l’eau. (Fish Habitat Protection Guidelines, Road Construction andStream Crossing, SERM/DFO 1995)

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14 Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 3 suite

Manitoba (Forest Management Guidelines for Riparian ManagementAreas 2007)

Milieu riverain (Riparian Area (RA)) – Un milieu riverain est une bande deterre située sur les berges d’un plan ou d’un cours d’eau, ou à proximité decelui-ci, qui existe en raison de la présence de l’eau et qui supporte ouqui, sans intervention humaine, supporterait un écosystème tout à faitdifférent de celui des hautes terres adjacentes (The Water Protection Act2005). Aux fins d’opérations, le milieu riverain se termine en bordure de laforêt marchande. Aucune activité forestière n’est autorisée dans le milieuriverain.

Zone d’aménagement riverain (Riparian Management Area (RMA)) – Lazone d’aménagement riverain est la superficie de forêt adjacente au milieuriverain dans laquelle des activités d’aménagement forestier peuvent êtremenées. Elle peut comprendre diverses zones : zone interdite à lamachinerie (Machine Free Zone, MFZ), zone mixte – MFZ et aménagé(Management Zone, MZ), zone de conservation (Reserve Zone, RZ), RZ etMZ, ou, dans certains cas, une zone où seules les saines pratiquesd’aménagement peuvent être appliquées.

Du point de vue de l’écologie, les systèmes riverains sont des zones semi-terrestresde transition qui sont régulièrement influencées par de l’eau douce et quis’étendent habituellement de la bordure des plans d’eau ou des cours d’eau jusqu’àl’orée des communautés des hautes terres (Naiman et al. 2005). Les milieuxriverains se trouvent donc en bordure des lacs, des rivières ou des zones humideset sont généralement considérés comme des transitions entre deux zonesécologiques nommées « écotones » (Gregory et al. 1991, Naiman et Décamps1997). Ilhardt et al. (2000) définissent les milieux riverains comme suit :

[TRADUCTION] … écotones tridimensionnels d’interactionsincluant les écosystèmes terrestre et aquatique, qui s’étendentvers le bas jusqu’à la nappe phréatique, vers le haut jusqu’aucouvert forestier, vers l’extérieur, traversant les plaines inondablesjusqu’au haut des pentes qui se drainent vers les étendues d’eau,atteignant l’écosystème terrestre et suivant les cours d’eau à deslargeurs variables.

Cette définition des milieux riverains englobe plusieurs attributs importants deshabitats riverains, comme la proximité d’un plan d’eau ou d’un cours d’eau, lavariabilité temporelle et spatiale (horizontale et longitudinale) et la natureprobabiliste liée à la délimitation de leur largeur. Autrement dit, la probabilitéqu’une zone soit considérée comme riveraine décroît généralement avec ladistance par rapport à l’eau, mais demeure toutefois spécifique du lieu et desespèces qui s’y trouvent.

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La variabilité temporelle et spatiale des écosystèmes de la forêt boréale est bienconnue et résulte d’interactions complexes entre les régimes de perturbationsnaturelles, les sols, le contexte topographique et les caractéristiques hydrologiques.Cette variabilité se manifeste également dans une vaste gamme de types d’habitatsaquatiques et semi-aquatiques (p. ex. rivières, lacs, marécages, tourbièresombrotrophes, tourbières minérotrophes et marais) qui abritent une communautévégétale diversifiée. Les communautés végétales et les assemblages d’espècesassociés à des caractéristiques hydrologiques spécifiques varient également enfonction de facteurs interactifs tels que le contexte topographique, les sols et leclimat (Gregory et al. 1991). De plus, les milieux riverains sont sujets à dessécheresses et des inondations qui varient dans l’espace et le temps, ce qui créeune série complexe de types d’habitats dans les paysages. Cela dit, les milieuxriverains ne se cantonnent pas à une classe de végétation particulière, mais ilspeuvent généralement être identifiés par leur proximité de l’eau.

Pour délimiter les milieux riverains, il convient d’utiliser une démarche probabilisteparce qu’elle tient compte de la difficulté de délimiter ces zones dans un paysageau moyen de critères d’application large (Lee et Smyth 2003). Ainsi, plutôt qued’établir une distance donnée à laquelle les écosystèmes cessent d’être riverains, ladémarche probabiliste suggère que les habitats plus près de l’eau sont plussusceptibles d’être riverains. Sur le plan écologique, les tentatives visant à délimiterles milieux riverains par des frontières rigides établies selon des mesures fixespeuvent ne pas convenir parce que la même frontière ne s’applique pas à toutes leséchelles, à tous les écosystèmes ou à toutes les espèces. Par exemple, à l’échelle dupeuplement, Harper et MacDonald (2001) ont trouvé que les communautésvégétales du sous-bois mixte riverain présentaient des effets de bordure jusqu’à 40à 60 mètres à l’intérieur de la forêt. En étudiant une question similaire à une autreéchelle, Macdonald et al. (2003) ont trouvé qu’il y avait très peu de différenceentre la composition globale du peuplement des forêts riveraines et du paysageenvironnant. Les limites des diverses démarches écologiques utilisées pour définirles milieux riverains deviennent évidentes dès qu’on tente de les utiliser dans uncontexte d’aménagement forestier ou de réglementation où la cohérence,l’uniformité et la facilité de mise en vigueur sont autant importantes que laréduction des effets de la récolte forestière.

Dans un contexte d’aménagement forestier ou de réglementation, le terme« riverain » est utilisé d’une manière légèrement différente. En général, ce termedécrit une zone ou une communauté végétale à proximité de l’eau. Toutefois, enforesterie, sa définition s’élargit pour englober une zone d’aménagement riverain :la zone à proximité de l’eau dans laquelle la foresterie ou les autres secteursd’activités peuvent mettre en œuvre des pratiques d’aménagement particulières(p. ex. coupe partielle, protection intégrale). Les autres termes utilisés pour décrirecette réalité sont les suivants : zone d’aménagement spécial (special managementzone), zone préoccupante et forêt riveraine (area of concern and shoreline forest –Ontario) ou zone d’aménagement riverain (riparian management zone –Manitoba). Bien que dans toutes les provinces, il existe une variété de lois visant laforesterie industrielle dans les milieux riverains des terres publiques, toutesprévoient qu’il faut laisser une superficie de forêt intacte (bande riveraine ou zonede protection) le long d’un plan d’eau. La Nouvelle-Écosse est la seule province outerritoire qui impose des bandes riveraines dans les forêts privées.

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Les communautésvégétales et lesassemblages d’espècesassociés à descaractéristiqueshydrologiquesspécifiques varientégalement en fonctionde facteurs interactifstels que le contextetopographique, les solset le climat.

Les tentatives visant àdélimiter les milieuxriverains par desfrontières rigides établiesselon des mesures fixespeuvent ne pas convenirparce que la mêmefrontière ne s’appliquepas à toutes les échelles,à tous les écosystèmesou à toutes les espèces.

Une zoned’aménagement riverainest la zone à proximitéde l’eau dans laquelle laforesterie ou les autressecteurs d’activitéspeuvent mettre en œuvredes pratiquesd’aménagementparticulières.

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Certaines autorités imposent que la largeur de la bande riveraine soit calculée àpartir de la ligne des hautes eaux tandis que d’autres imposent qu’elle soit calculéeà partir de la bordure des arbres marchands (diamètre et hauteur et/ou essences) lesplus proches de l’eau. Par conséquent, une zone de protection (bande riveraine) necontient pas nécessairement une forêt mûre. Il n’en demeure pas moins que lamise en vigueur et la surveillance nécessaire pour veiller à ce que les entreprisesforestières respectent les exigences de leur permis et de la loi imposent la définitionde frontières (limites), bien qu’il soit difficile de le faire étant donné la variabilitéinhérente de ces systèmes (encadré 3).

Le Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF) a élaboré des définitions detravail pour la ‘zone riveraine’: « bande de terrain plus ou moins large, adjacente àune étendue d’eau douce et qui en subit les influences » (Conseil canadien desministres des forêts 2006). Cette définition est plus simple que celle de Ilhardt et al.(2000), et elle ne tente pas de tracer une frontière précise dans le paysage. Pouraider à éliminer l’ambiguïté pouvant être liée à la terminologie, dans le présentdocument, les forêts des hautes terres qui sont associées à une étendue d’eauseront appelées forêts riveraines, et le terme bande riveraine sera réservé aucontexte de l’aménagement. Le terme « milieu riverain » sera utilisé au sensgénéral correspondant au terme « zone riveraine » dont il est question dans lesdocuments du CCMF.

2.2 Fonctions des milieux riverains

Bien que ce document de synthèse ne vise pas à décrire de manière détaillée lesfonctions des milieux riverains, il en sera question brièvement pour mettre d’autreséléments de discussion en contexte (Note : Pour une description détaillée desfonctions des milieux riverains, consultez Gregory et al. 1991, Naiman etDescamps 1997 et Naiman et al. 2005).

La variabilité inhérente des systèmes riverains boréaux complique notrecompréhension de ces zones et, par conséquent, leur aménagement dans lepaysage. Les principales fonctions des milieux riverains sont la régulation :

a) de l’écoulement des eaux, de la circulation des élémentsnutritifs et de l’énergie entre les hautes terres et les habitatsaquatiques,

b) de l’érosion et de la sédimentation, et

c) du régime de lumière et de température (Naiman et al. 2005).

Ils servent également de source de débris ligneux fins et grossiers (Naiman etDécamps 1997, Andison et McCleary 2002) et d’habitat de dispersion et decorridors pour la flore et la faune (Gregory et al. 1991, DeGraaf et Yamasaki2000, Holmes, données non publiées). Ces fonctions sont à leur tourinfluencées par les caractéristiques biophysiques des milieux riverains telles quele contexte du paysage (p. ex. climat, topographie), les types de sols et lacomposition de la végétation.

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La variabilité inhérentedes systèmes riverainsboréaux compliquenotre compréhension deces zones et, parconséquent, leuraménagement dans lepaysage.

Les milieux riverainstendent à présenter unemeilleure productivité etune plus grande diversitéd’espèces et à abriterdes espèces absentes desautres parties dupaysage.

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Les milieux riverains constituent des habitats importants dans de nombreusesrégions géographiques parce qu’ils présentent une meilleure productivité (Whitakeret al. 2000) et une plus grande diversité des espèces (Naiman et Décamps 1997,Bedford 1999), et ils abritent des espèces absentes des autres secteurs du paysage(Sabo et al. 2005). Raedecke (1988) a estimé que 70 % des espèces vertébréesutilisent l’habitat riverain à un moment ou à un autre dans leur cycle de vie (selondes recherches menées dans le nord-ouest des États-Unis). La situation devrait êtresimilaire dans la zone boréale. Toutefois, la forêt boréale pourrait êtrefondamentalement différente des autres zones. Les milieux riverains offrent souventdes conditions d’humidité qui n’existent pas dans un paysage relativement aride.Or, dans la forêt boréale, les bordures et les écotones sont abondants et lesgradients d’humidité sont habituellement moins prononcés que dans lesécosystèmes plus arides.

Un bref examen des postulats relatifs aux fonctions des milieux riverains et lesautres explications possibles est utile, surtout pour envisager des stratégiesd’aménagement. La mise à l’épreuve des postulats représente une excellenteoccasion d’élargir nos connaissances sur les milieux riverains boréaux, enparticulier ceux de l’Ouest du Canada, où il n’est peut-être pas approprié deprésumer que les fonctions de ces milieux ressemblent à celles des autres régions.

Par exemple, selon un de ces postulats, les milieux riverains – incluant les forêtsriveraines sont uniques par rapport aux habitats des hautes terres du point de vueécologique. Dans certaines régions, des études ont effectivement mis en évidencedes patrons dans la composition et l’abondance des plantes ou des animaux àl’appui de ce postulat (Stauffer et Best 1982, LaRue et al. 1995); par contre,d’autres études ont trouvé le contraire (McGarigal et McComb 1992, Whitaker etMontevecchi 1997). Dans la forêt boréale de l’Alberta, des chercheurs ontrécemment examiné des plantes, des amphibiens, de petits mammifères et desoiseaux et ils ont constaté que seules les communautés aviaires étaient plus richeset plus abondantes dans les portions de forêts adjacentes aux lacs (MacDonald etal. 2006). Les amphibiens étaient eux aussi plus abondants dans les forêtsriveraines, mais ce patron a été attribué aux exigences des cycles de vie à l’égarddes habitats terrestres et des habitats aquatiques et, par conséquent, aux patrons demigrations des individus dans le paysage.

Bien que ce patron souligne l’importance, pour certaines espèces, de disposer d’unhabitat terrestre suffisant le long d’un habitat aquatique, l’idée que les forêtsriveraines sont uniques sur le plan écologique n’a pas été retenue pour tous lesgroupes étudiés (MacDonald et al. 2006). Ce n’est qu’un exemple appuyant l’idéeque les fonctions perçues des milieux riverains sont souvent des postulats ou desopinions, et que ces fonctions peuvent s’expliquer autrement, ce qui justifie desétudes plus approfondies (Tableau 1, Naiman et al. 2005).

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La mise à l’épreuve despostulats représente uneexcellente occasiond’élargir nosconnaissances sur lesmilieux riverainsboréaux, en particulierceux de l’Ouest duCanada, où il n’est peut-être pas approprié deprésumer que lesfonctions de ces milieuxressemblent à celles desautres régions.

Selon un de cespostulats, les milieuxriverains – incluant lesforêts riveraines – sontuniques par rapport auxhabitats des hautes terresdu point de vueécologique.

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Tableau 1 Quelques postulats relatifs aux milieux riverains et explicationsproposées (d’après le tableau 1.1, Naiman et al. 2005).

3.0 Directives pour les milieux riverains :bref historique et contexte actuel

3.1 D’où proviennent les directives pour les milieuxriverains?

C’est dans les années 1960 que les bandes riveraines ont été utilisées aux États-Unis pour la première fois (Calhoun 1988), mais elles l’ont été dès le XVIIIe siècleen Europe, où des corridors arborés étaient préservés le long des ruisseaux (Porter1887 dans Lee et Smyth 2003). À l’origine, les bandes riveraines visaient à prévenirla sédimentation et à stabiliser les berges (Lee et Smyth 2003). Depuis peu, ellesservent aussi à assurer un habitat aux espèces terrestres et aquatiques. Un examendes références fournies dans les directives et les politiques utilisées pour cette étudede cas a révélé que bon nombre des directives élaborées pour la zone boréale duCanada semblent émaner des pratiques en cours et des études menées dans leszones tempérées et montagneuses. Cela s’expliquerait par le fait qu’au moment del’élaboration de ces directives, aucune étude appropriée n’avait encore étéeffectuée dans les systèmes boréaux.

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À l’origine, les bandesriveraines servaient àprévenir lasédimentation et àstabiliser les berges.Depuis peu, elles serventaussi à assurer un habitataux espèces terrestres etaquatiques.

Postulat ou opinion Autre explication possible

Les milieux riverains présentent une biodiversité plus riche et une productivité plus élevée que les autres milieux.

Les ensembles d’êtres vivants des milieuxriverains (biocénoses) sont desassemblages de transition, qui se trouventen majeure partie en-dehors de leuremplacement optimal le long desgradients régionaux. Les gradients locauxdes milieux riverains sont tellementprononcés que la productivité estextrêmement variable et pas tellementélevée dans l’ensemble.

Les milieux riverains servent à filtrer leséléments nutritifs en interceptant les eauxde ruissellement gorgées de polluants.

Les milieux riverains fournissent desapports nutritifs à la rivière par ladécomposition des feuilles et autresmatières organiques (ainsi que parl’érosion latérale).

Les milieux riverains sont des corridorspour la faune.

Les oiseaux et les autres animauxpourraient simplement utiliser les milieuxriverains parce qu’ils les rencontrent lorsde leurs déplacements.

Les plaines inondables et les milieuxriverains abritent les écosystèmes les plusmenacés sur la planète.

Les écosystèmes associés aux plainesinondables sont très résilients et présententune grande capacité d’adaptation.

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Lee et ses collaborateurs [Lee et al. (2004), Lee et Smyth (2003)] ont fait un examenapprofondi des directives pour l’aménagement des milieux riverains en Amériquedu Nord. Ils ont trouvé que les facteurs utilisés pour déterminer la largeur desbandes riveraines comprennent la topographie, la présence de poissons, lesdimensions et le type de plan d’eau ou de cours d’eau, leur valeur esthétique ourécréative et la possibilité de conséquences en aval. Lee et al. (2004) ont constatéqu’un peu plus de la moitié des autorités en Amérique du Nord utilisaient au plusdeux facteurs pour établir la largeur des bandes riveraines. Toutefois, la plupartd’entre elles utilisent la même valeur ou les mêmes quelques valeurs dans tous lescas (Lee et Barker 2005). Bien que la plupart des directives considèrent les rivièrescomme étant distinctes des plans d’eau comme les lacs, très peu d’entre ellesconsidèrent les milieux humides comme distincts ou utilisent un système declassification des milieux humides reposant sur des fondements écologiques(NCASI 2007). Les directives s’appliquent généralement en fonction des dimensionsdu plan ou du cours d’eau plutôt qu’à leur classification hydrologique ouécologique, qui refléterait mieux leur fonction et leurs autres valeurs. En général,les bandes riveraines prescrites dans les régions boréales comptent parmi les pluslarges au Canada (Lee et al. 2004).

Un autre facteur important dans l’évaluation des pratiques d’aménagement desmilieux riverains est l’orientation globale de l’aménagement forestier qui gouvernela mise en œuvre des stratégies pour ces milieux. Depuis que la plupart desdirectives actuelles existent, l’aménagement forestier au Canada est passé d’unephilosophie de rendement soutenu axé sur la matière ligneuse à la démarched’aménagement forestier durable (AFD). Un des principaux objectifs de l’AFD estd’assurer une diversité de valeurs forestières, incluant des éléments écologiques,sociaux et économiques, et la fourniture de biens et services dérivés de la forêtpour les générations actuelles et à venir. Les stratégies d’aménagement forestier ontchangé considérablement pour devenir durables. Elles visent maintenant à :

• tenir compte des effets de l’aménagement à l’échelle dubassin hydrographique ou du paysage, et non plus seulementen réduire les conséquences négatives surtout à l’échelle dupeuplement (Donnelly 2003);

• élaborer et appliquer de plus en plus des modèles inspirésdes perturbations naturelles (Hunter Jr. 1993, Attiwill 1994,Bergeron et al. 1998);

• reconnaître la nécessité d’une démarche multisystémique etd’intégrer l’aménagement des ressources terrestres etaquatiques (Franklin 1997, Kimmins 2004); et

• améliorer l’accès aux technologies de pointe pour laplanification (p. ex. SIG, modèles), l’inventaire (p. ex.télédétection, imagerie haute résolution), l’exploitation (GPS,meilleur équipement).

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En général, les bandesriveraines prescrites dansles régions boréalescomptent parmi les pluslarges au Canada.

Depuis que la plupartdes directives actuellesexistent, l’aménagementforestier au Canada estpassé d’une philosophiede rendement soutenuaxé sur la matièreligneuse à la démarched’aménagement forestierdurable (AFD).

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Nous décrirons ci-dessous les directives pour les milieux riverains qui sont en vigueurdans trois provinces, en mettant l’accent sur trois ententes de gestion forestières(Forest Management Agreement) des plaines boréales qui sont des exemples decertaines démarches contemporaines relatives à l’aménagement forestier.

3.2 Règlements et directives régissant l’aménagement desmilieux riverains de la plaine boréale

Tous les échelons – fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux – interviennentdans la gestion de l’usage des ressources forestières à proximité de l’eau. Chaqueprovince a élaboré ses propres dispositions inter-organismes pour gérer ces ressourcesnaturelles. Cependant, la coordination entre les divers échelons de gouvernement etles entreprises connaît parfois des ratés. Certains processus d’engagement sontofficiels, mais il n’est pas rare que ces dispositions ne le soient pas.

Parmi les lois fédérales qui influent sur les pratiques d’exploitation dans les milieuxriverains et à proximité de ceux-ci, il y a la Loi fédérale sur les pêches (ministèredes Pêches et Océans 1986). Les entreprises sont responsables au sens de la loi detoute « détérioration, destruction ou perturbation » de l’habitat du poisson, ce quiinclut toute modification notable d’une ou plusieurs composantes de l’habitat quipourrait raisonnablement entraîner une réduction de la capacité de l’habitat àassurer les exigences vitales du poisson, notamment, la qualité de l’eau. Leministère a clairement indiqué qu’il sévirait contre les coupables, mais à ce jour, iln’a formulé aucune recommandation concernant les meilleures approchesd’aménagement pour ces milieux. Bien que ce règlement s’applique clairement àl’installation de ponts et de ponceaux, il vise également la largeur des bandesriveraines et l’approbation des plans d’aménagement forestier et d’accès aux forêts,lorsqu’elles peuvent avoir un effet sur la qualité de l’eau.

Les organismes de pêches fédéraux et provinciaux peuvent aussi participer à larévision des plans d’aménagement forestier au niveau stratégique pour veiller à ceque les activités de coupe et de gestion des accès ne nuisent pas aux ressourcesaquatiques et que les exigences réglementaires soient respectées. Le degré departicipation varie selon les provinces et même parfois selon les zones définiesdans l’entente de gestion forestière.

Dans les directives et normes en vigueur dans trois des provinces comportant desforêts dans la plaine boréale, nous constatons que les facteurs habituellementutilisés pour la caractérisation des cours d’eau et des plans d’eau et pour la prise dedécisions concernant la largeur des bandes riveraines tendaient à se limiter à lataille, à la permanence et à l’absence ou à la présence de poissons (Tableau 2).Récemment, Manitoba Conservation a élaboré de nouvelles directives pour repérerles occasions d’intégrer la coupe forestière à la conservation d’autres valeurs et pourharmoniser plus étroitement les politiques concernant les milieux riverains auxdémarches d’AFD (Manitoba Conservation 2008). Cependant, les objectifs enmatière d’aménagement riverain tendent à être énoncés de manière générale, parexemple : [TRADUCTION] « conserver la biodiversité aquatique, l’habitat de lafaune et la qualité de l’eau ». Le terme « conserver » (maintain) semble s’appliquer àl’état avant la coupe, mais les directives ne sont pas toujours explicites à ce propos.

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22

AlbertaEn Alberta, les directives pour les activités d’aménagement forestier à proximité desplans d’eau et des cours d’eau sont décrites dans les Alberta Timber HarvestPlanning and Operating Ground Rules (Alberta Sustainable ResourceDevelopment 2006). Les règles d’exploitation de base (Operating ground rules)abordent deux grands aspects de l’aménagement des milieux riverains :

1) réduire au minimum les conséquences des activités de coupesur les apports, le régime et la qualité de l’eau, la structuredu cours d’eau, les sols, le couvert et l’habitat riverain pourle poisson et la faune au moment de la détermination desblocs de coupe; et

2) réduire au minimum les effets sur les sols, les apports dedébris dans les cours d’eau, la productivité future de la forêtet les autres ressources pendant les activités d’exploitation(Alberta Sustainable Resource Development 2005).

La politique actuelle prévoit des règles de base spécifiques des régions. Bien queles directives particulières puissent varier selon les ententes de gestion forestière, unpoint commun à toutes les régions est l’exigence d’instaurer des bandes riverainesdans ces zones. Les bandes riveraines visent à servir de filtre autour des lacs et desruisseaux et à ralentir le ruissellement provenant des zones adjacentes récoltées,afin de réduire les risques d’érosion et l’accumulation de sédiments dans l’eau (TheForestry Corps 2004). Les bandes d’arbres ou de végétation ne sont pas perturbéespendant la récolte pour que, espère-t-on, les effets de la coupe sur la faune, laqualité et l’abondance de l’eau et l’esthétique des paysages s’étalent dans le tempsou soient réduits au minimum.

En 2005, le gouvernement de l’Alberta a révisé les politiques d’aménagementriverain en cours dans les forêts de la province. Les politiques et directives qui yétaient associées ont été considérées comme adéquates pour conserver les valeursaquatiques, en vertu des normes d’aménagement forestier alors en vigueur enAlberta. Ils ont par la suite défini une série d’objectifs pour l’aménagement desmilieux riverains, ainsi que les stratégies qui en découlent (Alberta SustainableResource Development 2005). Les objectifs concernent les fonctions écologiquesdes milieux riverains et comprennent la conservation :

• de la qualité de l’eau (propriétés chimiques, sédimentation,température),

• de la quantité d’eau,

• des apports de débris ligneux grossiers et de matièreorganique,

• des habitats terrestres et aquatiques et de leur biodiversité,

• de la connectivité du paysage et/ou

• de la réduction maximale des effets cumulatifs.

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Bien que les directivesparticulières puissentvarier selon les ententesde gestion forestière, lesbandes riveraines sontexigées dans toutes lesrégions de l’Alberta afinde filtrer et ralentir leseaux de ruissellement,réduire les risquesd’érosion etl’accumulation desédiments dans l’eau.

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Bien qu’une vaste gamme de facteurs soit considérée comme faisant partieintégrante de ces objectifs, on pourrait en ajouter d’autres, par exemple : objectifssocioéconomiques (valeurs liées à la tradition, valeur de subsistance, valeursrécréatives), approximation des perturbations naturelles et santé de la forêt(maladies des arbres, infestations d’insectes et renouvellement des peuplements).

Par exemple, les règles de base d’exploitation sur l’entente de gestion forestière deAlberta Pacific Forest Industries (Al-Pac) exigent l’instauration de bandes riverainesde 30, 60 et 100 m conformément aux exigences de la province (tableau 2). Deplus, Al-Pac a élaboré ses propres pratiques d’exploitation d’après les directives del’entreprise qui prévoient l’instauration de bandes riveraines de 10 m de largeurprès des cours ou plans d’eau intermittents (éphémères) où il est reconnu qu’il y ades poissons ou des habitats pour les poissons, ainsi qu’une zone de 10 mètresinterdite à la machinerie (l’équipement peut atteindre 8 m, ce qui laisse une zonetampon de 2 m) où nul ne sait encore s’il y a des poissons. De plus, certainséléments aquatiques mentionnés dans le plan intégré des ressources (IntegratedResource Plan) de l’entreprise comme étant des « éléments aquatiques spéciaux »(special water features) imposent une bande riveraine de 800 à 1000 m parcequ’ils renferment des attributs culturels ou fauniques. En général, Al-Pac ne dérogepas à ces directives d’exploitation, mais, dans certaines circonstances (lutte contreles maladies, certaines interventions de récupération), elle peut obtenir un permispour effectuer une coupe dans les bandes riveraines.

SaskatchewanAu moment où ces lignes sont écrites (début 2010), la Saskatchewan possède desdirectives pour l’aménagement riverain dans les ententes de gestion forestière enfonction de chacune d’elles. Toutes les ententes sauf une prévoient des bandesriveraines d’une largeur de 15, 30 ou 90 m, selon les dimensions du plan ou ducours d’eau et la présence ou non de poissons.

L’exception à la norme (bande riveraine de 15, 30 ou 90 m) est l’entente de gestionforestière Prince Albert de Weyerhaeuser, située au sud de Prince Albert (inactivedepuis la fermeture de ses installations en avril 2006). Depuis 20 ans, les scénariosd’aménagement forestier du plan stratégique élaboré par WeyerhaeuserSaskatchewan (Weyerhaeuser 1999) comportent une prescription de coupe àrétention variable pour les forêts longeant tous les plans et cours d’eau.

Les objectifs de l’entente de gestion forestière Prince Albert de Weyerhaeuser pourl’aménagement des milieux riverains comprenaient :

1) protection des ressources tributaires des milieux riverains etdes écosystèmes aquatiques en conservant la diversité desstructures et des fonctions dans ces milieux; et

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À l’heure actuelle, laSaskatchewan possèdedes directivesd’aménagement riverainselon chaque entented’aménagement forestier.

Actuellement, enSaskatchewan, lesbandes riveraines ne sontpas aménagées. Àl’exception de l’entented’aménagement forestierde Weyerhaeuser où lacoupe à rétentionvariable est permise.

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2) adoption d’une perspective à l’échelle du paysage demanière à :

a) assurer la connectivité de l’habitat et respecter lesexigences environnementales pour les communautésvégétales et animales de ces milieux; et

b) réduire au minimum les conséquences sur lescaractéristiques hydrologiques du bassin hydrographique.

Les catégories de zones d’aménagement riverain basées sur le paysage ont étéétablies avec des normes applicables pour chacune d’elles (tableau 3) ainsi qu’unesérie de normes générales pour l’ensemble des catégories et qui portent sur lespoints suivants :

• santé de la forêt et chablis (inspection du site requise),

• volumes de rétention d’arbres (volume moyen de 25 % dansune zone de récolte minimale, 20 % dans un bloc de coupe),

• perturbation des sols et des sites (orniérage < 12 cm deprofondeur et < 5 m de longueur, < 1 % superficie dans leszones de récolte restreinte),

• chemins et jetées (éviter),

• planification des blocs de coupe à l’échelle du paysage(aménager pour réduire au minimum les dommages causéspar le vent dans les bandes riveraines, planifier la rétentionde la structure, réduire au minimum le nombre de traversesde cours d’eau, récolter les milieux riverains de concert avecles blocs adjacents non riverains),

• qualité de l’eau (changement maximal autorisé de turbidité :25 unités),

• renouvellement (en deux saisons de croissance),

• chevauchement des catégories de zone d’aménagementriverain (priorité pour celles qui offrent la plus grande largeurde bandes riveraines ou présentent moins de perturbations),et

• sentiers de débardage et contraintes topographiques (nonautorisés dans les zones interdites de coupe ou interdites àl’équipement, sauf avec permission).

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Les politiques traduisentl’engagement à ne jamaiscesser d’incorporer lesplus récentes donnéesscientifiques dans lesrévisions futures de cesdirectives.

Tableau 3 Normes relatives aux bandes riveraines selon la catégoried’aménagement riverain et le type de cours ou de plan d’eau dansl’entente de gestion forestière Prince Albert de Weyerhaeuser, enSaskatchewan (Weyerhaeuser 1999).

1 Ruisseaux et écoulements éphémères ou intermittents : ceux qui peuvent être discernés à une échelle de1:15 000, sur une photographie aérienne ou pendant les inventaires avant coupe ou les activités de récolte.

2 Il faut prévoir un volume moyen minimal de rétention de 25 % par année d’exploitation de la zoned’aménagement forestier dans les zones de récolte restreinte, avec un volume minimal de 20 % par bloc. Levolume dans les zones interdites de coupe n’est pas inclus dans le volume prescrit pour la limite de parterrede coupe.

L’élaboration de cette prescription a été difficile. Bien que le gouvernement etl’industrie aient tous deux convenus que la récolte de la forêt riveraine étaitpotentiellement avantageuse dans de nombreux cas, ils n’ont pas eu autant defacilité à s’entendre sur la meilleure manière de récolter ces zones. Il y a eubeaucoup de consultations entre Weyerhaeuser, la province et des conseillersscientifiques. Les effets indésirables des activités de récolte dans les bandesriveraines préoccupaient autant le public que le gouvernement. Cela a mené à uneconsultation approfondie au sujet des pratiques à adopter, ainsi que de lasurveillance des effets. Il a été convenu de laisser une zone de 10 m interdite decoupe adjacente à une zone de 30 m dans laquelle une rétention de 25 % duvolume avait été prévue (Figure 2). La largeur de la zone interdite de coupe est

Catégoried’aménagementriverain

Type de plan d’eau ou de cours d’eau

Normes

1 Grands lacs (> 5 ha), rivièreset ruisseaux1

Zone interdite de coupe de 10 m àpartir de la limite des arbres ducouvert forestier, suivie d’une zone de30 m où la récolte est restreinte (versle haut de la pente)

2 Zones de pentes abruptes (> 15 %) en bordure de petitslacs ou étangs (0,5-5,0 ha)

Zone de récolte restreinte2 jusqu’à 30 m (maximum) ou au haut de lapente; comprend une zone de 10 minterdite à la machinerie à compterdu début de la bande riveraine

3 Zones de pentes douces (< 15 % ) en bordure depetits lacs ou étangs

Zone de 10 m de récolte restreinte etinterdite à la machinerie à partir de lalimite des arbres du couvert forestier

4 Ruisseaux intermittents1 Veiller à ce qu’il n’y ait aucuneentrave à l’écoulement de l’eau desurface ou souterraine; laisser lesarbres rémanents en bouquets et lesarbres isolés. La machinerie doit êtretenue à l’écart du lit du cours d’eau,sauf si celui-ci est gelé.

5 Ruisseaux éphémères etmilieux humides

Veiller à ce qu’il n’y ait aucuneentrave à l’écoulement de l’eau desurface ou souterraine.

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mesurée à partir du point où la végétation cède le pas aux arbres du couvert.L’évaluation des effets (p. ex. invertébrés benthiques, régénération) a été la conditionessentielle des pratiques d’aménagement forestier. Les politiques traduisentl’engagement à ne jamais cesser d’incorporer les plus récentes données scientifiquesdans les révisions à venir de ces normes et directives (aménagement adaptatif).

Figure 2 Schéma et photographie illustrant une zone de 10 m sans coupe,adjacente à une zone de 30 m dans laquelle 25 % du volume dematière ligneuse a été conservé. Les pratiques habituelles sontappliquées dans le reste du bloc de coupe. (Photographie et schéma :gracieuseté de Weyerhaeuser Saskatchewan Ltée., aire d’aménagementforestier Prince Albert)

En Saskatchewan, y compris dans l’entente de gestion forestière de Weyerhaeuser,d’autres dispositions ont été définies pour les sites (incluant les lacs) désignéscomme vulnérables sur le plan visuel en raison de facteurs tels que les valeursrécréatives ou autres enjeux d’intérêt public. Les normes relatives à ces lacs, visantà la fois les activités de planification et de coupe, figurent dans la normed’aménagement des ressources visuelles (Visual Resource Management Standard)(Encadré 7). Ces normes ont priorité sur les directives d’aménagement riverain et

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montrent que, dans certaines circonstances, les valeurs sociales sont considéréescomme plus importantes que les valeurs économiques ou écologiques. Si la qualitévisuelle d’un site est considérée comme importante, il faut élaborer un plan à longterme sur le paysage visuel.

Depuis peu, des normes et directives provinciales sont en élaboration pour passerà une réglementation fondée sur les résultats (SK Environment comm. pers., février2009, mai 2010). À mesure que ces normes et directives seront approuvées, ellesremplaceront celles qui sont associées aux ententes de gestion forestière. Cechangement de mode d’aménagement exigera des organismes gouvernementauxune plus grande participation au suivi des résultats et des conséquences despratiques, et exigera également des entreprises responsables de respecter lesobjectifs d’aménagement et de se conformer aux plans stratégiques etopérationnels approuvés.

Manitoba Le risque d’effets indésirables causés par les activités d’aménagement forestier prèsdes plans et des cours d’eau au Manitoba est également atténué au niveau dupeuplement. Les directives et le cadre réglementaire en vigueur sont axés surl’instauration de bandes riveraines autour et en bordure de tous les lacs, rivières,ruisseaux et milieux humides pour réduire ou éliminer les conséquences desactivités d’aménagement forestier.

Les exigences touchant les bandes riveraines sont décrites dans Forest ManagementGuidelines for Riparian Management Areas (Directives d’aménagement forestierpour les zones d’aménagement riverain) (Manitoba Conservation 2008), undocument récemment adopté comme norme provinciale. Ces directives remplacentles précédentes, qui datent du milieu des années 1990, qui imposaient une banderiveraine de 100 m interdite de coupe pour tous les plans et cours d’eau(Consolidated Buffer Management Guidelines, Manitoba Natural Resources 1996).En vertu des directives, les aménagistes du Manitoba pouvaient parfois dévier de lanorme de 100 m avec l’approbation du gouvernement. Ces décisions ont été prisespar l’équipe de gestion intégrée des ressources du district (District IntegratedResource Management Team) de la province après une révision de leur raisond’être, l’inspection des sites et l’évaluation des effets à l’égard de nombreusesvaleurs. Les nouvelles directives concernant les milieux riverains ont été élaboréesdans l’intention de bien rendre la gamme de valeurs qui ont été cernées au coursde ces discussions.

Les directives comprennent un cadre d’aide à la décision permettant de repérer lesmilieux riverains où il serait possible de couper des arbres sans nuire aux autresvaleurs. Le cadre de travail, conçu au moyen d’une série de six clés de décision,repose sur les facteurs qui ont influé sur les décisions prises au sujet de la largeurdes bandes riveraines dans le passé. Ces facteurs comprennent : valeurs sociales etrécréatives, valeurs liées aux poissons et à la faune, qualité de l’eau, pente, sols etsanté de la forêt.

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Depuis peu, des normeset directives provincialessont en élaboration pouraboutir sur uneréglementation fondéesur les résultats.

Au Manitoba, lesdirectives imposent desbandes riveraines autourde tous les lacs, rivières,ruisseaux et milieuxhumides dans le butd’atténuer ou d’éliminerles conséquences desactivités d’aménagementforestier.

Les directivescomprennent un cadred’aide à la décisionpermettant de repérerles milieux riverains où ilserait possible de couperdes arbres sans nuire auxautres valeurs.

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Les nouvelles directives ont été élaborées par le comité des directives de pratiquesforestières du Manitoba (Forest Practices Guidelines Committee), un comitéconsultatif comptant des représentants de l’industrie forestière, des organismes nongouvernementaux et du gouvernement, sous la gouverne de ManitobaConservation. Elles visent à définir les situations où la coupe peut être intégrée à laconservation d’autres valeurs.

Les aménagistes peuvent établir des prescriptions de coupe dans la zoned’aménagement riverain assujettie à une approbation réglementaire (Tableau 2).Ces décisions sont prises à l’échelle du peuplement, au cas par cas, et reposent surune révision de leur raison d’être, l’inspection des sites et l’évaluation du risqued’effets indésirables, effectuées par l’équipe de gestion intégrée des ressources dudistrict de la province.

Les nouvelles directives ont été révisées après leur mise en œuvre (2008-2009) etseront officiellement revues une nouvelle fois en janvier 2013. Le comité estégalement en train d’élaborer les directives concernant l’aménagement du paysageen vue de revoir les directives d’aménagement riverain en temps opportun afind’intégrer les objectifs à l’échelle du peuplement et ceux à l’échelle du paysage.

Au Manitoba, LP Canada Ltée, Swan Valley (LP) est responsable de la planificationet de l’aménagement forestier sur les terres publiques de la forêt provinciale dumont Duck. L’entreprise et le secteur foresterie de Manitoba Conservation ontétabli un processus par lequel l’entreprise et le gouvernement travaillent encollaboration afin d’atténuer les effets potentiels des activités sylvicoles et discutentdes stratégies d’aménagement des bandes riveraines au cours de réunionsannuelles. Ce processus a permis à l’entreprise d’établir des bandes riveraines delargeur variant de 0 à 100 m le long des plans et cours d’eau. Les bandes riverainessituées dans la zone visées par le permis sont établies à partir de l’orée de la ligned’arbres marchands (selon leur taille) jusqu’à l’intérieur de la forêt des hautesterres. La détermination de ces largeurs repose sur les connaissancestraditionnelles, l’expérience des gens de la place, les inventaires de reconnaissanceet l’information recueillie au cours des inventaires avant coupe ou des étudeseffectuées dans le cadre de projets de recherche.

Toutes les bandes riveraines prévues dans les zones d’exploitation de LP sontinterdites de coupe, c.-à-d. elles ne seront pas aménagées sauf si le gouvernementprovincial en décide autrement. Toutefois, dans des bandes riveraines larges, larécolte est considérée comme une pratique acceptable à la condition que la zoneadjacente à la bande possède un couvert forestier suffisamment élevé (2 m pour lesrésineux et 3 m pour les feuillus). Cette exigence se justifie surtout parce qu’ontente de réduire la pression de la chasse sur la faune en abaissant la visibilitédirecte à moins de 400 m. En pratique, les planificateurs évitent généralement derevenir couper dans une bande riveraine car il est peu rentable de récolter depetites superficies ou de faibles volumes.

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Les aménagistes peuventétablir des prescriptionsde coupe dans la zoned’aménagement riverainqui dépend d’uneapprobationréglementaire

La détermination de ceslargeurs repose sur lesconnaissancestraditionnelles,l’expérience des gens dela place et l’informationrecueillie au cours desinventaires pré-coupe oudes études effectuéesdans le cadre de projetsde recherche.

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3.3 Les directives sont-elles efficaces?

L’évaluation de l’efficacité d’une directive porte sur de multiples enjeux et doitégalement soulever la question suivante : « Une directive différente serait-elle aussiefficace? ». Lee et Smyth (2003) présentent un aperçu complet et détaillé del’efficacité des directives concernant les milieux riverains à l’égard de laconservation d’une gamme de fonctions et d’espèces. Les buts examinés par cesauteurs comprennent la prévention ou la réduction du ruissellement, les apportsd’eau et de sédiments, le maintien des températures des ruisseaux et les apports dedébris ligneux et l’atteinte d’objectifs de biodiversité incluant l’habitat et laconnectivité. Les résultats de cet exercice sont résumés ci-dessous et l’accent estmis sur l’instauration de bandes riveraines dans les régions boréales pour amener lecontexte des sections qui suivent. Les résultats d’autres études publiées depuis cetexamen de Lee et Smyth (2003) sont également inclus au besoin.

Apports d’eau, ruissellement, éléments nutritifs et sédimentsDans les régions boréales, peu d’études ont été menées sur l’efficacité des bandesriveraines pour prévenir le ruissellement et l’accroissement des apports d’eau, maisla recherche qui y est effectuée porte sur les effets généraux de la coupe sur cesfacteurs. Toutefois, dans une synthèse des travaux de recherche en hydrologieeffectués au Canada (1995-1998), Buttle et al. (2000) ont noté que les effetspotentiels des perturbations dans une forêt sur les processus hydrologiques et leurrétablissement sont mal compris à la base et que l’extrapolation intra ou inter-régionale de résultats obtenus à partir d’un seul bassin pour décrire la situationd’une région entière n’est pas nécessairement appropriée à cause des spécificitéslocales. Par exemple, les interactions entre les eaux de surface et les eauxsouterraines sont beaucoup plus complexes dans la plaine boréale que dansl’écozone du bouclier boréal. De plus, les politiques d’aménagement forestier sontélaborées pour être appliquées à une échelle régionale et sont présuméespertinentes selon ces interprétations des recherches effectuées à l’échelle du bassinhydrographique. Devito et al. (2005b) ont élaboré un cadre de travail pour laclassification à grande échelle des unités de réponse hydrologique dans la plaineboréale. Il s’agit d’un moyen visant à unifier les concepts hydrologiques, à intégrerles processus concernant les eaux de surface et les eaux souterraines et à évaluer lavulnérabilité des eaux de surface aux perturbations. La classification hiérarchiquefournit un cadre conceptuel reposant sur des facteurs (climat, substrat rocheux etgéologie des dépôts meubles, type de sol et profondeur) qui règlent les cycleshydriques à l’échelle spatiale appropriée et qui peuvent servir à prévoir desmesures d’atténuation efficaces (Buttle et al. 2000).

Dans la région du bouclier boréal, la coupe forestière a entraîné une hausse desdébits de base et de pointe parce que le ruissellement de l’eau (pluie et neige) n’estplus aussi bien intercepté, l’évapotranspiration est réduite et l’infiltration est accrue(Buttle et al. 2000). L’accroissement des apports d’eau humidifie davantage les solset accélère la recharge de la nappe phréatique, ce qui fait hausser son niveau et lepotentiel d’écoulement latéral au dessus des substrats rocheux ou des horizonsmoins perméables. Ces augmentations de la teneur en eau dans le sol consécutives

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L’efficacité d’unedirective porte sur demultiples enjeux et doitégalement soulever laquestion suivante : « Unedirective différenteserait-elle aussiefficace? »

Dans les régionsboréales, il y a eu peu detravaux de recherche surl’efficacité des bandesriveraines pour prévenirle ruissellement etl’accroissement desapports d’eau.

Les apports d’eau, lesdébits de pointe et lesapports en élémentsnutritifs augmententimmédiatement après laperturbation etdiminuent par la suitejusqu’au rétablissementdu régime hydrologique.

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aux perturbations et ce potentiel plus élevé d’écoulement latéral se traduisent parun écoulement fluvial annuel accru. Une augmentation des apports d’eau a étéassociée à la perte du couvert forestier, tant dans les forêts de conifères que defeuillus (Buttle et Murray 2007). Toutefois, selon une étude menée dans le nord-ouest de l’Ontario dans la région du bouclier boréal, il n’y avait pas de différencedans les apports d’eau de deux lacs, l’un associé à des coupes importantes dans lebassin hydrographique et sur les rives, et l’autre, associé à des coupes plusmodestes dans le bassin hydrographique et à des bandes riveraines (Steedman etFrance 2000). Les apports d’eau, les débits de pointe et les apports en élémentsnutritifs augmentent immédiatement après une perturbation (récolte, feu) etdiminuent par la suite (Lee et Smyth 2003) jusqu’au rétablissement du régimehydrologique, généralement en 20 à 30 ans.

Dans le centre-nord (région sub-boréale) de la Colombie-Britannique, Macdonaldet al. (2003) ont examiné les effets des coupes totales sur l’écoulement fluvial et lessédiments en suspension et ils ont trouvé que l’augmentation du ruissellement totalet des débits de pointe se poursuit jusqu’à cinq ans après la perturbation, tandisque la concentration en sédiments est réduite en trois ans. Les sédimentsprovenaient des traverses de ruisseaux et des jetées situées près des ruisseaux plutôtque de l’érosion des berges. Toutefois, le rétablissement du régime hydrologiquevarie considérablement selon les caractéristiques du site, l’intensité de la coupe etl’effet étudié (Buttle et Murray 2007).

En présence d’un sol mince ou d’un substrat rocheux, la capacité de rétention utiledu sol peut être dépassée et les conséquences de la coupe, comme unruissellement accru, peuvent être exacerbées, provoquant des écoulements latéraux(Buttle et al. 2000, Devito et al. 2005a, McDonnell 2003). La coupe forestièreaffecte les sols de diverses manières : compaction, érosion, orniérage, perte dematières organiques, etc. Ces effets peuvent subsister pendant 10 à 21 ans(National Research Council 2008). Par contre, dans la plaine boréale, qui jouitd’un climat plus sec et qui contient des dépôts glaciaires profonds, les interactionsentre la surface et la nappe phréatique sont complexes et régies par l’entreposaged’eau dans le sol et l’évapotranspiration (Devito et al. 2000); par conséquent, lerisque de ruissellement consécutif à la coupe se trouve réduit (Devito et al. 2005a).Dans la plaine boréale de la Saskatchewan, Pomeroy et al. (1997) ont trouvé queles parterres de coupe emmagasinaient mieux l’eau que les forêts en régénérationou les forêts mûres, sans doute parce qu’il y a moins d’interception etd’évapotranspiration après la récolte. Lee et Smyth (2003) avancent que les zonesd’aménagement riverain n’atténueraient pas les apports d’eau après la coupe enraison de leurs dimensions plutôt restreintes (~2 % de la superficie du bassinhydrographique, pour les forêts en zone boréale) et que les bandes riveraines sontrelativement inefficaces pour atténuer les hausses d’apports d’eau parce que leseffets au niveau du bassin hydrographique relèvent plus de l’ampleur globale de laperturbation dans le bassin que dans une zone d’aménagement riverain donnée.

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Le rétablissement durégime hydrologiquevarie considérablementselon les caractéristiquesdu site, l’intensité de lacoupe et l’effet en cause.

Les bandes riverainessont relativementinefficaces pour atténuerles hausses d’apportsd’eau parce que les effetsau niveau du bassinhydrographique relèventplus de l’ampleur globalede la perturbation dansle bassin que dans unmilieu riverain donné.

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Devito et al. (2005a) avancent que les milieux humides et les rigoles éphémèresdes fonds de vallée sont plus vulnérables aux effets des coupes forestières. Lee etSmyth (2003) suggèrent que les effets sur les apports d’eau pourraient être réduitsau minimum en évitant ces zones et en traçant des chemins de manière à ne pascréer de connections dans le réseau hydrographique.

[TRADUCTION] « Les apports d’énergie et d’éléments nutritifs par les milieuxriverains sont probablement plus importants dans les petits lacs ou les lacs dontles rives dont fortement découpées. » (Gunn et al. 2004). Les perturbationsforestières ont été liées à une augmentation des flux d’éléments nutritifs desterres vers les eaux, mais l’ampleur de ces effets varie selon le type de paysage etla nature des éléments nutritifs (Buttle et Murray 2007). Les feux peuventaccroître la disponibilité en éléments nutritifs hydrosolubles par la minéralisationdes éléments organiques contenus dans la végétation et l’exposition du solminéral associées aux feux majeurs (Bayley et al. 1992). Ces apports subitsd’éléments nutritifs sont sans doute importants, mais on ne sait pas encore si lacoupe provoque des apports similaires.

Les bandes riveraines sont efficaces pour réduire l’écoulement des sédiments dansles plans et les cours d’eau provenant des eaux de ruissellement créées par laperturbation du sol forestier, mais elles le sont moins pour prévenir le transport desédiments lorsque le ruissellement est canalisé. Nitschke (2005) a effectué uneméta-analyse des comparaisons effectuées au Canada et aux États-Unis sur leseffets du feu et de la coupe. Il a trouvé que les chemins tracés pour les activités decoupe constituent à long terme une source de sédiments dont les aménagistesdoivent tenir compte. Lee et Smyth (2003) avancent que les bandes riveraines nesont pas nécessaires pour retenir les sédiments lorsque les perturbations du sol sontréduites au minimum pendant la coupe. De plus, ils ont trouvé que les sentiers dedébardage, les jetées et les chemins étaient les principales sources de sédimentslors de la coupe. Depuis quelques années, les entreprises forestières tententd’atténuer les effets des coupes sur les cours et les plans d’eau en adoptant desaines pratiques d’aménagement pour les opérations forestières, la construction dechemins et les passages de cours d’eau, et en assurant la formation des employés etl’éducation du public : elles ont ainsi mieux atténué les perturbations des sites etréduit le potentiel d’apports de sédiments dans les systèmes aquatiques (NCASI2009). Les coupes pratiquées sur les rives des lacs d’eaux froides du bouclierboréal au Canada n’ont entraîné aucun dépôt notable de sédiments (Steedman etFrance 2000).

En résumé, certaines études hydrologiques montrent que les bandes riveraines neseraient pas toujours nécessaires le long des plans et des cours d’eau récepteurs,alors que dans d’autres cas (p. ex. sources d’alimentation en eau), des bandes pluslarges s’imposeraient (Devito et al. 2000). Il faudra effectuer davantage d’étudesdans la plaine boréale pour comprendre où instaurer des bandes riveraines afin derespecter les objectifs et pour déterminer si ces objectifs seraient mieux atteints pard’autres stratégies d’aménagement riverain combinées à d’autres pratiques derétention des peuplements.

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Les saines pratiquesd’aménagement pour lesactivités de coupe, laconstruction de cheminset les passages de petitscours d’eau, ainsi que laformation et l’éducation,ont réduit le potentield’apports de sédimentsdans les systèmesaquatiques.

Les bandes riveraines nesont pas toujoursnécessaires le long desplans et des cours d’eaurécepteurs, mais danscertains cas (sourcesd’alimentation en eau),des bandes plus largespeuvent s’imposer.

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Régulation de la température des ruisseaux et maintien des apportsorganiques externesLe couvert forestier des bandes riveraines arborées joue un rôle important dans larégulation de la température des ruisseaux, notamment dans l’écorégion boréale.Ces bandes riveraines ne réussiraient toutefois pas à régulariser la température deslacs et milieux humides boréaux, puisque leur couvert n’assure la protectiondirecte de ces rives qu’occasionnellement (Steedman et al. 2001).

Les bandes riveraines arborées fournissent aussi un apport notable de débrisorganiques allochtones dans les ruisseaux. Une coupe importante pratiquée dans laforêt riveraine entraîne une perte d’habitats et de sources d’alimentation dans leréseau des ruisseaux (Lee et Smyth 2003). De plus, France et al. (1996) ont trouvéque la coupe des forêts riveraines autour des lacs du bouclier boréal réduit jusqu’à90 % des apports de petits débris ligneux. Lee et Smyth (2003) avancent quel’absence de bandes riveraines arborées autour de lacs de moyennes ou de grandesdimensions risque moins d’influer sur les apports de matières organiques que dansles petits lacs. Il faut toutefois tenir compte du fait que les modificationsapparemment subtiles qui touchent un écosystème peuvent parfois entraîner deschangements d’une ampleur inattendue. Par exemple, des expériences menées surl’enlèvement des feuilles ont montré que l’ensemble de la chaîne alimentaire peutêtre affecté lorsque les ruisseaux des forêts ne reçoivent pas les apports normaux delitière de feuilles, même pendant une courte période (Naiman et al. 2005).

Objectifs de biodiversitéLes milieux riverains contribuent de manière importante à la biodiversité et auxhabitats fauniques (Sabo et al. 2005). La diversité biologique s’exprime dans lescommunautés végétales et les espèces qui y vivent, le sol et les conditionsd’humidité étant habituellement différentes dans les milieux riverains que dans leshautes terres. Les milieux riverains fournissent d’importants éléments d’habitat(zones centrales et refuges) et servent de corridor à des nombreuses espècesd’animaux (Lindenmayer et Franklin 2002). Bien que les stratégies relatives auxbandes riveraines aient d’abord été élaborées pour des enjeux aquatiques, ellesenglobent maintenant des objectifs de biodiversité tels que l’habitat de la faune, laconnectivité et les corridors (Manitoba Conservation 2009, Ministère des Richessesnaturelles de l’Ontario 2010).

Bien qu’il soit difficile de mesurer des objectifs spécifiques de biodiversité,plusieurs études ont porté sur le rapport entre diverses largeurs de bandes riveraineset le maintien de la flore et de la faune en Amérique du Nord. Les résultats sontgénéralement variés, ce qui n’est pas surprenant étant donné la variété des types deforêts et de pratiques forestières. De plus, il est particulièrement difficile dedistinguer les effets de l’activité humaine de ceux des fluctuations naturelles,surtout dans les populations animales. Les résultats varient également selon que lesespèces exigent ou préfèrent un habitat riverain, aquatique ou terrestre. Pourcertains groupes, notamment les reptiles et les invertébrés terrestres, il existe peu dedonnées sur les effets des activités de coupe dans les milieux riverains des

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Bien que les stratégiesrelatives aux bandesriveraines aient d'abordété élaborées pour desenjeux aquatiques, ellesenglobent maintenant desobjectifs de biodiversitétels que l'habitat de lafaune, la connectivité etles corridors.

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écorégions boréales. Les études menées dans la forêt boréale de l’Ouest du Canadasont particulièrement limitées (consultez toutefois les résultats de l’étude TROLS –Terrestrial Riparian Organisms, Lakes and Streams [Lacs, ruisseaux et organismesriverains terrestres] – étude sur les bassins hydrographiques du Nord, AlbertaConservation Association). Ces lacunes pourraient être un facteur important quilimite l’efficacité d’un aménagement riverain pour la faune forestière, puisque lesassociations d’habitat et les comportements peuvent varier d’une région à l’autre,même au sein d’une même espèce (Hannon et al. 2002).

Les milieux riverains offrent une assez grande diversité de plantes vasculaires etnon vasculaires en raison de la proximité relative de diverses conditions abiotiqueset les interactions complexes entre les perturbations et la succession (Harper etMacDonald 2001, Sabo et al. 2005). Dans la région boréale, l’effet de ladisparition des arbres dans les milieux riverains par les coupes ou les perturbationsne sont pas encore bien élucidés pour les communautés végétales des plans etcours d’eau et de leurs environs immédiats (Lee et Smyth 2003). Des études à courtterme ont montré que la réponse des plantes à la largeur des bandes riveraines estfaible (Macdonald et al. 2006).

Les observations donnent à penser que la répartition et l’abondance desmammifères et amphibiens sont liées à la présence d’eau. Toutefois, on ne sait pasencore bien si une perturbation des milieux riverains arborés altère cette répartition(Lee et Smyth 2003). Dans la plaine boréale, les communautés de petitsmammifères et amphibiens ne présentent pas de changement marqué lorsque lalargeur des bandes riveraines varie (2 à 100 m), tandis que dans d’autres régionsboréales, ces communautés ne variaient pas selon la largeur des bandes riveraines(Darveau et al. 1995, Whitaker et Montevecchi 1997). Pour la plupart des grosmammifères, les bandes riveraines ne sont pas suffisamment larges pour leurfournir l’habitat nécessaire à la reproduction, mais elles peuvent leur assurer uncouvert suffisant pour l’alimentation et les déplacements (Lee et Smyth 2003).Certaines espèces telles que l’orignal préfèrent les milieux riverains arborés, maisces milieux ne semblent pas être importants pour bon nombre d’espèces de petitset moyens mammifères. Ainsi, dans certains paysages et pour certains assemblagesd’espèces, les dimensions de la bande riveraine qui leur est nécessaire pourraientêtre très restreintes (Hannon et al. 2002).

L’étude TROLS a également porté sur la réponse des communautés d’oiseauxterrestres à des bandes riveraines de différentes largeurs. Les résultats indiquent queplusieurs espèces d’oiseaux considérées comme généralistes ou associées auxbordures n’étaient pas moins abondantes lorsque la largeur des bandes riverainesvariait (Hannon et al. 2002). Cependant, les bandes habituellement en placeétaient considérées comme insuffisantes pour assurer le maintien des espècesd’oiseaux de forêt intérieure, ce qui a mené à la recommandation imposant unelargeur d’au moins 200 m pour assurer la protection de ces communautés aviaires(Hannon et al. 2002). Certaines études ont fait état d’une augmentation de ladensité et de la richesse des espèces dans les bandes riveraines immédiatementaprès la coupe, en raison d’un effet de groupe, mais cette augmentation s’étiole enquelques années lorsque les oiseaux se dispersent (Darveau et al. 1995). Enfin, peu

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Pour les reptiles et lesinvertébrés terrestres, ilexiste peu de donnéessur les effets des activitésde coupe dans lesmilieux riverains desécorégions boréales.

Dans certains paysageset pour certainsassemblages d’espèces,les dimensions de labande riveraine qui leurest nécessaire pourraientêtre très restreintes.

Les bandes habituellementen place étaientconsidérées commeinsuffisantes pour assurerle maintien des espècesd’oiseaux de forêtintérieure, ce qui a menéà la recommandationimposant une largeur d’aumoins 200 m pour assurerla protection de cescommunautés aviaires.

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de recherches ont été menées sur les espèces d’oiseaux (certains canards) dont lasubsistance dépend de la présence d’arbres à proximité de l’eau (toutefois, voirPierre et al. 2001). Étant donné que la plupart des individus nichent habituellementdans un rayon de 200 m de l’eau, on s’attend à ce que ces espèces réagissentnégativement à la perte de grands arbres dans les forêts riveraines, mais ces effetsn’ont pas été démontrés clairement (Pierre et al. 2001).

La réponse des invertébrés aquatiques et des communautés de poissons auxperturbations du milieu riverain a été variée : les changements observés étaientgénéralement attribués aux effets secondaires de la coupe (p. ex. changements detempérature, canalisation des écoulements, accumulation de sédiments). Dans lesrégions non boréales, il a été montré que les bandes riveraines atténuent les effetsindésirables subis par les macroinvertébrés aquatiques et les poissons, surtout dansles eaux courantes. Ces espèces sont considérées comme de bons indicateurs de lasanté des écosystèmes : la population générale est particulièrement sensible à lasituation des poissons. Par conséquent, bon nombre de directives recourent à laprésence ou non de poissons afin d’établir une prescription pour les bandesriveraines. Il n’y a pas suffisamment de données à court et à long termes pourévaluer les effets des modifications de directives sur les invertébrés et les poissonsdans les eaux libres et les lacs de la forêt boréale de l’Ouest.

Dans de nombreuses régions, la hausse de température des ruisseaux après lacoupe et les effets délétères qui s’ensuivent sur les poissons est bien établie.Cependant, les populations de poissons se rétablissent rapidement après uneperturbation si l’accès aux populations sources n’est pas interrompu (Naiman et al.2005). Par conséquent, les espèces sédentaires pourraient être plus vulnérables auxchangements qui surviennent dans l’habitat. Des recherches menées sur les lacs dubouclier boréal ont indiqué que la truite réagit peu à la coupe des bandesriveraines (Steedman 2000, St-Onge et Magnan 2000). Il faudra certainementeffectuer davantage de recherche et de surveillance pour évaluer les stratégiesd’aménagement riverain de remplacement, tant pour les poissons que pour lesmacroinvertébrés. Lee et Smyth (2003) ont recommandé que les prescriptions decoupe dans les milieux riverains soient mieux évaluées individuellement et qu’uneattention particulière soit portée aux facteurs à l’échelle du bassin versant, commeles effets cumulatifs.

Le rôle des milieux riverains à titre de corridor, de refuge et d’habitat central aégalement fait l’objet de discussions approfondies (Fischer et al. 2000, Lee etSmyth 2003, Naiman et al. 2005). Selon certaines observations, les bandesriveraines représenteraient des moyens efficaces pour assurer la connectivité dansle paysage en servant de corridors pour les déplacements de certaines espèces(Norton et al. 2000). Un corridor est une bande de végétation qui relie deux ouplusieurs parcelles de végétation de plus grande surface et qui est utilisée par unorganisme pour se déplacer (Fischer et al. 2000). Les attributs qui caractérisent lapertinence des corridors varient selon les espèces (Lindenmayer et al. 2000), maispour certaines d’entre elles (p. ex. le pékan et la martre), les bandes riveraines ensont d’excellents. Hannon et al. (2002) et Machtans et al. (1996) ont montré queles bandes de protection des forêts riveraines étaient utiles pour les jeunes à

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Les bandes riverainesreprésenteraient desmoyens efficaces pourassurer la connectivitédans le paysage enservant de corridors pourles déplacements decertaines espèces.

La réponse desinvertébrés aquatiques etdes communautés depoissons auxperturbations du milieuriverain a été variée : leschangements observésétaient généralementattribués aux effetssecondaires de la coupe.

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Les aménagistesdevraient considérer lescorridors riverainscomme des systèmesdynamiques qui évoluentavec le temps –succession, vieillissementet perturbationsnaturelles.

4 Jeunes qui ont quitté le nid.

l’envol4 et la dispersion des oiseaux chanteurs et servaient à accroître laconnectivité entre deux fragments de forêt isolés, au moins à court terme. Toutefois,des chercheurs ont récemment montré que, avec le temps, la persistance et lapertinence de certains de ces corridors à titre d’habitat pourraient être mises enquestion. Martell et al. (2006) ont constaté que 72 % des peupliers se trouvant àmoins de 30 m des ruisseaux étudiés ont été abattus par les castors et suggèrent deprévoir des bandes beaucoup plus larges pour répondre aux besoins des castors etdes autres animaux. De même, les aménagistes devraient considérer les corridorsriverains comme des systèmes dynamiques qui évoluent avec le temps – succession,vieillissement et perturbations naturelles. Par ailleurs, se fier uniquement à cescorridors pour assurer la connectivité dans le paysage serait une mauvaise stratégie;il faut donc adopter une démarche plus vaste à l’échelle du paysage pour planifierdes corridors de forêt mûre (encadré 4).

Encadré 4 : Comment en arriver à des compromis : réalitééconomique et écologique pour l’entreprise

TRADUCTION« LP reconnaît qu’il faut avoir plus de données pour saisir la complexitédes interactions biophysiques au sein des milieux riverains et qu’il fautcontinuer de promouvoir de nouveaux partenariats pour la conservationdes bassins hydrographiques. LP continue de relever les défis associés à larecherche d’un équilibre entre, d’une part, les exigences en bois desscieries et les exigences réglementaires relatives à l’habitat de la faune et,d’autre part, ses obligations concernant la conservation des ressourcesaquatiques et la biodiversité dans la zone visée par son permis.Malheureusement, lorsqu’on gère plusieurs valeurs sans tenir compte desinfluences mutuelles des exigences, la pression sur l’écosystème forestierpeut s’accroître, c’est-à-dire par la fragmentation accrue de la forêt etl’augmentation de la densité des chemins forestiers. Par exemple, lanécessité de recourir à la coupe à rétention variable en vertu du modèleinspiré des perturbations naturelles, ajoutée aux exigences réglementairesvisant à réduire la visibilité directe dans les blocs de coupe et l’instaurationde bandes riveraines autour de tous les éléments aquatiques a fait en sorteque le volume de matière ligneuse est plus faible dans chaque bloc decoupe. À cause de cette baisse de volume, LP doit prévoir un plus grandnombre de parterres de coupe – et donc en prévoir l’accès – pour seconformer aux exigences des scieries et aux possibilités annuelles decoupe visées. Voilà pourquoi il devient nécessaire de concevoir demeilleures stratégies de rétention variable en reconnaissant que lesentreprises ne peuvent pas gérer toutes les valeurs forestières partout etqu’il faut en arriver à des compromis pour assurer la viabilité à long termedes autres valeurs forestières importantes sur les plans biologique etsocial. » LP-Canada Ltée, Swan River, comm. pers.

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Certains ont également avancé que les bandes riveraines pourraient servir de refugeou même d’habitat central pour certaines espèces après la récolte. Un refugecorrespond à :

[TRADUCTION] « l’utilisation d’un milieu riverain comme habitat temporaire quifacilite la survie d’une espèce jusqu’à ce que les conditions serétablissent pour lui rendre un habitat plus favorable, après laperturbation. Les habitats centraux sont des zones pouvant fournirle nécessaire à la survie des populations. Comme les refuges, leshabitats centraux sont sources de dispersion vers les habitatsenvironnants après une perturbation. Ces catégories représententdes aspects ponctuels dans un continuum de dépendance auxmilieux riverains. » (Lee et Smyth 2003).

La plupart des travaux actuels portant sur les forêts riveraines et la largeur desbandes riveraines reposent sur les données de présence ou d’absence et sur lesdonnées d’abondance relative et de densité. Des études plus approfondiespermettront d’élucider le rôle des milieux riverains dans le cycle de vie et la surviedes espèces. D’ici là, nous ne saurons pas exactement quelles espèces dépendentstrictement de cette combinaison des arbres et de la proximité de l’eau (Lee etSmyth 2003). Des milieux riverains plus vastes pourraient également s’imposer àtitre de refuge temporaire pour les espèces qui recoloniseront des zones perturbéesou à titre d’habitat central pour la survie à long terme de la population. Cependant,il faudra évaluer ces objectifs et les considérer à une échelle plus vaste – et non aucas par cas – avec les autres compromis établis dans le paysage.

4.0 aménagement forestier dans la plaineboréale – des occasions de mettre enœuvre une approche systémique?

4.1 Le modèle inspiré des perturbations naturelles

La notion d’aménagement écosystémique a été intégrée aux politiques et pratiquesdans bon nombre de régions au Canada. L’objectif premier de ce typed’aménagement est d’assurer l’intégrité écologique et la santé de la forêt (Gauthieret al. 2009). Hunter (1993) et autres (Perera et Buse 2004, Bergeron et Harvey1997, Attiwill 1994) ont suggéré d’adopter des pratiques d’aménagement forestierqui produisent des patrons et des structures qui ressemblent plus étroitement àceux qui dérivent des perturbations naturelles, afin de réaliser un aménagementécosystémique. En pratique, l’objectif visé par l’approche inspirée des perturbationsnaturelles est de concevoir des pratiques d’aménagement forestier qui s’inscriventdans les limites de variabilité des régimes de perturbations naturelles (Landres etal.1999, Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario 2001, Andison 2003).

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L’objectif premier de cetype d’aménagement estd’assurer l’intégritéécologique et la santé dela forêt.

Des études plusapprofondies permettrontd’élucider le rôle desmilieux riverains dans lecycle de vie et la surviedes espèces.

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Kimmins (2004) a souligné le besoin d’aménager les écosystèmes forestiers demanière intégrée, dans un cadre de travail conceptuel visant à conserver lastructure et la fonction des écosystèmes tout en permettant les activités de coupe.La notion d’écosystème forestier englobe les interactions, les structures et lesprocessus qui lient le vivant et les éléments physiques à plusieurs niveauxhiérarchiques (Gauthier et al. 2009). Une démarche systématique à échellesmultiples tenant compte à la fois des composantes de paysage aquatiques etterrestres s’impose donc afin que les aménagistes puissent élaborer et mettre enœuvre des stratégies et des objectifs pour réaliser un aménagement écosystémique.Les milieux riverains sont une composante importante de ces systèmes forestiers etdevraient être intégrés aussi bien dans la planification stratégiquequ’opérationnelle.

[TRADUCTION]« Toutefois, si elle est instaurée sans que les conséquencespossibles soient prises en compte, la zone tampon ou banderiveraine (interdite de coupe) ne fait que restreindre les options etles avenues d’aménagement. Ces avenues comprennent nonseulement l’aménagement pour des éléments évidents, commeles essences commerciales souhaitables et les produits ligneux,mais aussi l’amélioration et la restauration des fonctionsriveraines. Précisons que les zones tampon ne tiennent pascompte de la variabilité naturelle des forêts riveraines,notamment des différences potentielles de composition et deproductivité. Elles ne tiennent pas compte du fait que lesperturbations font naturellement partie des systèmes riverains etelles apportent une souplesse minimale pour répondre aux diversobjectifs d’aménagement. » (Palik et al. 2000).

Il faut mettre au point des méthodes claires pour appliquer le modèle inspiré desperturbations naturelles aux milieux riverains; cependant, seules quelques étudesont porté sur les patrons de perturbations naturelles spécifiques des milieuxriverains. En général, les études portant sur la dynamique des feux de forêt dans lespaysages boréaux peuvent être conflictuelles. Johnson et al. (1998) ont affirmé quele comportement du feu ne devrait pas varier beaucoup selon l’âge ou lacomposition des peuplements. Par ailleurs, Quintillio et al. (1991) suggèrent que lefeu ne pourrait pratiquement pas pénétrer dans des peuplements purs de peuplierfaux-tremble sains, sauf dans des conditions extrêmes. Cumming (2001) a concluque la composition de la forêt influe sur le comportement du feu tant à l’échellerégionale que locale. Il a été démontré empiriquement que les forêts d’épinettenoire et de pin brûlent le plus souvent, alors que les forêts de peuplier faux-tremblebrûlent le moins souvent et que les forêts d’épinette blanche et les forêts humidesse trouvent dans une situation intermédiaire. Bien que certains auteurs (p. ex.Andison et McCleary 2002, Everett et al. 2003, Macdonald et al. 2004) n’aienttrouvé aucune différence d’âge et de composition du peuplement entre les forêtsriveraines et celles des paysages environnants, d’autres chercheurs (Suffling et al.1982, Denneler et al. 1999) ont montré que les premières seraient touchées moinssouvent ou moins intensément par le feu que les autres.

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Il faut mettre au pointdes méthodes clairespour appliquer le modèleinspiré des perturbationsnaturelles aux milieuxriverains. Cependant,seules quelques étudesont porté sur les patronsde perturbationsnaturelles spécifiques desmilieux riverains.

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Lee et Smyth (2003) ont déterminé que les patrons de succession consécutifs à uneperturbation naturelle variaient selon le type de ruisseau. Les gros ruisseauxpermanents tendaient à avoir de plus grandes quantités de rémanents non brûlésque les petits ruisseaux permanents et les ruisseaux intermittents. De plus, laquantité de rémanents non brûlés autour des ruisseaux permanents était maximaletout près de leurs berges et elle augmentait avec l’éloignement, par rapport auxruisseaux intermittents. Par conséquent, si les aménagistes voulaient imiter uneperturbation naturelle (feu), ils proposeraient de :

1) couper la forêt aux abords des gros et petits ruisseauxpermanents,

2) conserver la forêt longeant les ruisseaux intermittents, et

3) faire en sorte que la bande de forêt retenue le long lesruisseaux intermittents des hautes terres soit plus large queles bandes riveraines actuelles.

Ces mesures pourraient aussi s’appliquer aux lacs, aux étangs et aux milieuxhumides. Il faut toutefois approfondir les études pour imiter les régimes deperturbations naturelles dans ces types de milieux riverains et pour prévoir leursconséquences écologiques et socioéconomiques à l’aide de modèles explicites surle plan spatial. Nitschke (2005) recommande des coupes partielles ou sélectives,ainsi que des brûlages dirigés pour mieux imiter les feux aux abords des ruisseauxde tête de bassin versant et réduire les effets négatifs de la récolte.

Le castor est également considéré comme une perturbation naturelle importantedans le paysage (Barnes et Mallik 1997, Gabor et al. 1999). En de nombreuxendroits, la gestion du castor est un compromis entre l’importance des milieuxhumides qu’ils créent et la superficie de terre productive qui est inondée et doncperdue (Naiman et al. 1986). Cependant, l’influence de la perturbation due aucastor sur le paysage de la plaine boréale n’est pas bien élucidée, tant sur le planspatial que temporel. Son rôle dans le maintien de l’hétérogénéité de l’habitatpourrait être aussi important que les perturbations abiotiques telles que le feu ou levent (Wright et al. 2002), surtout dans les paysages dominés par les milieuxhumides et pendant les périodes au cours desquelles la densité des populations decastors est élevée. De plus, le castor exerce une nette influence sur la structure etla composition de la végétation des milieux riverains (Wright et al. 2002). Il fautaborder les questions touchant la dynamique spatiale et temporelle de l’activité ducastor dans la conservation, au fil du temps, des habitats riverains du paysageboréal. Il faut également évaluer l’intérêt d’intégrer les perturbations dues au castordans le modèle inspiré des perturbations naturelles.

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L’influence de laperturbation due aucastor sur le paysage dela plaine boréale n’estpas bien élucidée, tantsur le plan spatial quetemporel.

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Enfin, il faut aussi tenir compte des considérations à l’échelle du peuplement pourimiter les perturbations naturelles dans les milieux riverains. Par exemple, conserverles arbres possédant des cavités ou susceptibles d’en avoir et fournir lescaractéristiques de vieux peuplements pour les espèces associées aux milieuxriverains, telles que les aigles, les balbuzards et les canards cavicoles (Hanowski etal. 2007, Macdonald et al. 2006).

Il faut également approfondir les études pour déterminer si le déplacement ou letaux de rétablissement des systèmes riverains perturbés (ou susceptibles de l’être)par les activités humaines se comparent à ceux des communautés des milieuxriverains ou des milieux humides qui subissent des perturbations naturelles. Parexemple, des recherches effectuées ailleurs ont montré que les communautésd’invertébrés dans des systèmes lotiques se rétablissaient plus rapidement queprévu après un feu parce que la végétation riveraine récupérait plus vite (Dwire etKauffman 2003). Cependant, il semble que personne n’ait encore étudié lerétablissement des systèmes riverains boréaux après une perturbation.

4.2 Tirer le meilleur parti possible de nos ressourcesforestières : pouvons-nous être plus stratégiques?

Il est raisonnable de s’attendre à ce que tout territoire donné ait une capacitérestreinte à répondre aux attentes de tous les utilisateurs de ressources; parconséquent, il faut faire certains compromis, mais lesquels? Comme les hautesterres, les milieux riverains renferment une vaste gamme de valeurs, de labiodiversité aux valeurs économiques et sociales. Il est peu vraisemblable qu’unseul milieu riverain offre ou contienne toutes les valeurs en même temps.L’écosystème forestier doit être aménagé sur de vastes échelles spatiales et delongues périodes de temps pour produire les biens et services voulus à perpétuité.Les planificateurs doivent considérer les habitats riverains comme une partieintégrante du territoire et incorporer ces zones, au même titre que les portionsterrestres du système forestier, dans le cadre de planification stratégique.

Pour atteindre ces multiples objectifs dans le temps, il faut une planificationtactique et une prise en compte de la composition de la forêt qui soit explicite surle plan spatial, notamment les essences et la distribution des âges et de la taille despeuplements. Les modèles utilisés pour la planification de l’aménagement forestieront longtemps été aspatiaux à cause des limites de la cartographie ou de latechnologie. De plus, les milieux riverains sont souvent exclus des calculs depossibilités annuelles de coupe en raison de l’imposition de bandes riveraines et,par conséquent, également exclus des modèles de planification de l’aménagementforestier explicites sur le plan spatial. Ces calculs reposent souvent sur des donnéeshydrologiques limitées et de piètres modèles numériques d’élévation, ce quiaugmente d’autant l’inexactitude des résultats. De plus, les milieux humides et lesmilieux riverains sont souvent omis des inventaires ou ne sont pas cartographiés aumême niveau de détail que les peuplements marchands, de sorte qu’ils ne sont pasnécessairement inclus dans les classifications écologiques, ce qui compliquel’évaluation des habitats fauniques et des autres valeurs. Aussi, les trajectoires de

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Il faut aussi tenir comptedes considérations àl’échelle du peuplement(p. ex. rétention d’arbresvivants et de chicots)pour imiter lesperturbations naturellesdans les milieuxriverains.

Les habitats riverainssont une partieintégrante du territoireet doivent êtreincorporés au cadre deplanification stratégique.

Les milieux humides etles milieux riverains sontsouvent omis desinventaires ou ne sontpas cartographiés àl’échelle despeuplements marchands,de sorte qu’ils ne sontpas nécessairementinclus dans lesclassificationsécologiques, ce quicomplique l’évaluationdes habitats fauniques etdes autres valeurs.

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succession et les réponses en matière d’aménagement sont difficilement utilisables,ce qui complique encore plus la prévision des conditions futures de la forêt et lesprévisions relatives à la conservation de la biodiversité, surtout pour les espèces enpéril ou importantes dans la région. À cause des limites dans plusieurs domaines,les milieux riverains n’ont pas été incorporés dans les stratégies de vision à longterme des conditions futures de la forêt. Cette exclusion pourrait avoir des coûtséconomiques et écologiques à long terme (encadré 4).

La planification stratégique et l’aménagement du paysage mettent en jeu despolitiques, des buts et des objectifs stratégiques, qui se traduisent en programmestactiques d’activités, concrétisés en mesures d’exploitation spécifiques sur le terrain(Andison 2003). Cette démarche tend à être menée par des enjeux de biodiversitéplutôt que par les problèmes liés au calendrier des activités de récolte – peuimporte l’intention derrière le déploiement stratégique de l’effort d’aménagementforestier, dans le temps et l’espace. Le processus est facilité par les systèmesd’information géographique (SIG) et les technologies de simulation par ordinateurqui mettent l’accent sur l’aménagement des habitats selon une approche de type« filtre brut » plutôt qu’une approche visant une seule espèce (Andison 2003).

Les démarches à l’échelle du paysage fournissent l’occasion d’intégrer de multiplesobjectifs dans la stratégie globale, y compris l’emplacement et la conception debandes riveraines visant à répondre aux objectifs d’aménagement. Par exemple, lesbandes riveraines et les milieux humides longeant les aires protégées désignées, lesparcelles de vieille forêt et les superficies inexploitables ou autrement impossibles àrécolter peuvent être considérées comme des « ancres » dans un aménagement dupaysage afin de favoriser la biodiversité (Huggard 2004). Ces ancres deviennent leséléments constitutifs d’une matrice de conservation de la biodiversité afin defournir une gamme de types d’habitats de différents âges dans le temps et l’espace,d’accroître la connectivité au sein de la forêt et de relier des parcelles renfermantde grandes valeurs de conservation. Il faut analyser la représentation desécosystèmes selon l’état actuel et projeté de la forêt afin de déterminer le typed’écosite, l’abondance, la distribution, le stade de succession et la classe d’âge desmilieux terrestres et humides (Bunnell et al. 2003). Des écosites rares et peuabondants et des habitats pour les espèces en péril et les espèces d’intérêtparticulier qui se trouvent dans les milieux riverains doivent être épargnés de lacoupe, alors que les types d’écosites riverains plus abondants pourraient êtreaménagés. Une matrice d’habitat dans laquelle des espèces végétales et animalespeuvent être associées à des types particuliers d’écosites pourrait alors servir d’outild’aide à la décision pour déterminer quels milieux riverains peuvent être envisagéspour l’aménagement (LP Canada 2006).

Les bandes riveraines sont souvent conservées dans l’objectif secondaire depréserver les vieilles forêts ou les forêts à haute valeur de conservation (Lee etBarker 2005, McAfee et Malouin 2005). Cependant, les scénarios de modélisationdes forêts élaborés par Lee et Barker (2005) indiquent qu’avec les pratiquesd’aménagement en cours, la plupart des vieilles forêts passeraient des airesd’exploitation aux milieux riverains en 100 à 140 ans. Par conséquent, les espècesdont la survie dépend des vieilles forêts, mais pour lesquelles les bandes riveraines

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Les démarches à l’échelledu paysage peuventintégrer de multiplesobjectifs dans unestratégie globale,notammentl’emplacement et laconception de bandesriveraines visant àrépondre aux objectifsd’aménagement.

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ne représentent pas nécessairement un habitat approprié (à cause de leurconfiguration ou de leur proximité de l’eau) pourraient se trouver menacées. Cetexemple illustre le fait que l’instauration de bandes riveraines ne peut remplacer laconservation des vieilles forêts dans le paysage.

Le volume de matière ligneuse présente dans des zones où les bandes riverainess’imposent est un autre facteur important à considérer au moment d’élaborer desstratégies d’aménagement riverain. Les entreprises forestières qui ont participé à laprésente étude ont estimé que de 4 à 11 % des tiges marchandes sur le territoire setrouvaient dans des milieux riverains où des zones tampon seraient nécessaires. Ilfaut élaborer des modèles qui permettent d’évaluer si d’autres pratiquesd’aménagement riverain peuvent procurer davantage de matière ligneuse àl’intérieur des blocs de coupe prévus plutôt qu’avoir à accéder à d’autres blocs decoupe, ce qui réduirait la densité de chemins et la proportion de paysage récolté. Lacapacité de mener des activités d’aménagement dans les bandes riveraines pourraitaussi accroître le potentiel d’avoir de plus vastes zones centrales dans les forêts touten ayant une distribution appropriée de dimensions de parcelles (Encadré 5).D’autres pratiques d’aménagement pourraient faire en sorte qu’un plus grandvolume de bois serait prélevé d’une plus petite superficie, ce qui réduirait d’autantl’empreinte globale sur le paysage. La question devient alors la suivante : s’il fautconserver des superficies de forêt mûre, où faut-il le faire pour atteindre de multiplesobjectifs et offrir toute la gamme des valeurs forestières? La rétention de forêts dansles milieux riverains n’est peut-être pas toujours la meilleure stratégie à adopter.

Une méthode récente visant à classer les aires de conservation dans les paysagesforestiers du Canada considérait les bandes riveraines comme des « zonesimportantes sur le plan de l’environnement » (Environmentally Significant Areas) –c.-à-d. des zones où les éléments d’habitat uniques essentiels à la survie desespèces ou des populations sont protégés en permanence (McAfee et Malouin2005). Bien qu’il s’agisse d’un énoncé englobant de nombreuses hypothèses, ilsouligne le fait que les milieux riverains et les forêts riveraines qui y sont associésreprésentent une avenue de conservation toute particulière. Cette occasion seraitvraisemblablement soulignée par un positionnement stratégique de ces élémentsd’habitat particuliers (encadré 5).

Enfin, certains chercheurs ont proposé que la variabilité du paysage visant àfavoriser la résilience des communautés écologiques (Fischer et al. 2006) pourraitêtre une stratégie de gestion des risques dans un contexte d’incertitude. Ilsexpliquent que le fait de conserver la variabilité naturelle dans le paysage (patronset processus) dans l’espace et dans le temps devrait assurer la durabilité despaysages. Certains éléments de cette variabilité pourraient être améliorés par lacoupe dans certaines forêts riveraines. DeGraaf et Yamasaki (2000) proposent queles milieux riverains soient aménagés de manière active pour optimiser la qualitéde l’habitat faunique dans le temps et que les bandes aménagées offrent davantaged’habitats à un plus grand nombre d’espèces que les forêts riveraines nonaménagées. Les modalités actuelles d’aménagement riverain (largeur de bandesriveraines déterminée, souvent la même pour tous les systèmes de même type)semblent être en désaccord avec cette démarche.

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S’il faut conserver dessuperficies de forêtmûre, où faut-il le fairepour atteindre demultiples objectifs etoffrir toute la gamme desvaleurs forestières?

Certains chercheurs ontproposé que la variabilitédu paysage visant àfavoriser la résilience descommunautésécologiques puisse êtreune stratégie de gestiondes risques dans uncontexte d’incertitude.

Mettre en œuvre unediversité de stratégiesd’aménagement desmilieux riverainscontribue à la variabilitédu paysage.

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42 Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 5 : Exemple concret de planification stratégique et spatialement explicite

La largeur d’une forêt ou d’une bande riveraine est habituellementconsidérée comme la mesure la plus importante pour les communautésbiologiques (Rodewald et Bakermans 2006); c’est d’ailleurs le cœur desrecommandations d’aménagement. Le choix de cette mesure n’est passans fondements car les effets de bordure peuvent être plus prononcésdans les peuplements forestiers étroits ou de petite taille et il y a unerelation proportionnelle directe entre la superficie et la diversité desespèces. Ces idées ont certains fondements empiriques, mais leparadigme ne tient pas compte de l’importance de la matrice du paysagequi englobe les milieux riverains (Rodewald et Bakermans 2006).Toutefois, la configuration particulière (réseau linéaire relativement étroit)de ces milieux et les biais associés à la proximité des plans et des coursd’eau font en sorte que la situation n’est pas exactement celle des vieuxpeuplements de l’intérieur. C’est l’occasion de songer à réaffecter desvolumes de matière ligneuse qui seraient normalement retenus dans lesbandes le long d’une zone riveraine afin de créer de plus grandes surfacesde forêt non aménagée dans le paysage.

On peut utiliser les oiseaux pour illustrer comment tenir compte demultiples objectifs simultanément. Les auteurs ont trouvé que les variablesà l’échelle du paysage (p. ex. superficie des zones boisées, quantité devégétation naturelle) permettent le mieux de prévoir l’abondance descommunautés d’oiseaux (Groom et Grubb 2002) et la richesse desespèces (Saab 1999) que les variables locales, et peuvent influer surl’utilisation que font les espèces du paysage (Norton et al. 2000). Parexemple, une récente évaluation des largeurs de bandes riveraines(Terrestrial Riparian Organisms, Lakes and Streams project – TROLS) arévélé que l’abondance de plusieurs espèces d’oiseaux considéréescomme étant généralistes ou associées aux bordures n’était pas réduitepar des largeurs variables des bandes riveraines (Hannon et al. 2002).Toutefois, les bandes riveraines habituellement prévues étaientconsidérées comme insuffisantes pour assurer la survie des espècesd’oiseaux de l’intérieur de la forêt, ce qui avait mené à larecommandation selon laquelle la largeur des bandes riveraines devaitêtre d’au moins 200 m (Hannon et al. 2002) pour aider à maintenir cescommunautés d’oiseaux. De plus, certaines espèces d’oiseaux sontspécifiques des habitats des premiers stades évolutifs de la forêt. Laréaffectation des volumes de matière ligneuse dans une portion des rivespour créer de plus vastes parcelles dans une autre est une façon derépondre aux exigences de ces deux types d’oiseaux en matière d’habitat.

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43Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 5 suivre

Photo: Courtoisie de Tolko

5.0 Directives riveraines – pour un meilleurcadre décisionnel

5.1 Comment les milieux riverains sont-ils considérés dansla planification et les opérations forestières?

Les directives actuelles pour les milieux riverains sont axées sur les décisions prisesà l’échelle du peuplement pour les opérations à proximité de l’eau. Bien que lesbandes riveraines demeurent importantes pour assurer l’intégrité de certains aspectsdes ressources aquatiques, les critères permettant de déterminer l’emplacement etla largeur des bandes riveraines devraient reposer sur des objectifs établis autant àl’échelle du site que du paysage.

Une des suggestions mises de l’avant dans divers contextes est d’élaborer despolitiques et des directives d’aménagement riverain fondées sur les donnéesscientifiques applicables les plus récentes, stratégiquement conçues pour répondreà une plus grande variété d’objectifs d’aménagement forestier durable (Castelle etal. 1994, Fischer et al. 2000, Barten 2001, Naiman et al. 2005, Sibley et Gordon2010). Cette approche porte habituellement le nom d’aménagement riverain fondésur des objectifs et peut être considéré comme un genre d’aménagementécosystémique. Les méthodes d’aménagement écosystémique servent à tenircompte de l’ensemble des organismes et des processus constituant un système(Dale et al. 2000).

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Cette démarche permet la prise de décisions d’aménagement dans un cadre detravail qui tient compte des options et les pondère tout en offrant un mécanisme derésolution des problèmes touchant des valeurs concurrentes ou sources de conflits.Ces objectifs peuvent être établis à plusieurs niveaux d’aménagement (planification– opérations) et à de multiples échelles. Bien que certains objectifs ne concernentque le peuplement ou l’échelle opérationnelle (vulnérabilité à l’érosion, chablis,maladies), d’autres (approximation des perturbations naturelles, connectivité)doivent être intégrés à la planification à l’échelle du paysage, puis appliqués dansun contexte opérationnel.

À l’heure actuelle, l’aménagement riverain n’est pas intégré aux démarchesd’aménagement du paysage et de planification stratégique (Andison 2003) qui, enthéorie, peuvent réduire les effets sur le paysage (p. ex. scénario des coupesagglomérées). De plus, la planification à l’échelle du bassin hydrographique doitappliquer une philosophie d’aménagement du paysage. Si tous les types de milieuxriverains sont aménagés à l’échelle du paysage, alors la variabilité de ces zonesdans le paysage doit se traduire dans les directives d’aménagement et leursmodalités d’application. Il faudrait mettre l’accent sur la planification del’apprentissage par une démarche active d’aménagement adaptatif.

5.2 Systèmes d’aide à la décision pour l’aménagementriverain

Un cadre de travail conceptuel détaillé pour un système d’aide à la décisionconcernant l’aménagement riverain est présenté dans un document de synthèse duRéseau de GDF intitulé Managing Riparian Forests: a decision support system(Sibley et Gordon 2010).

Afin d’aménager les milieux riverains à l’égard d’une série de valeurs d’AFD, il fautdisposer d’un système d’aide à la décision reposant sur les connaissancesscientifiques et les principes d’aménagement adaptatif qui porte sur des enjeux àmultiples échelles. Un tel système devrait tenir compte d’au moins un facteur,comme le contexte hydrologique (climat, géologie des dépôts meubles ettopographie), le contexte écologique (effets sur la disponibilité des habitats, régimesde perturbations naturelles et fonctions des milieux riverains) et des facteurssocioéconomiques (valeur de la matière ligneuse, considérations récréatives etutilisation traditionnelle). Suivant les décisions prises à l’échelle du paysage pourrépondre aux objectifs, des choix appropriés reposant sur les contraintesd’exploitation (type de machinerie, calendrier, régime sylvicole) et lescaractéristiques spécifiques du site (type de sol, pente) peuvent être faits à l’échelledu bloc de coupe (plan d’exploitation annuel, plans détaillés d’aménagementforestier) (Tableau 4).

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Cette démarche permetla prise de décisionsd’aménagement dans uncadre de travail qui tientcompte des options etles pondère tout enoffrant un mécanisme derésolution des problèmestouchant des valeursconcurrentes ou sourcesde conflits.

Un système d’aide à ladécision reposant sur lesconnaissancesscientifiques et lesprincipesd’aménagement adaptatifdes milieux riverainss’impose clairement.

Il faudrait mettrel’accent sur laplanification del’apprentissage par unedémarche actived’aménagementadaptatif.

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Devito et al. (2000) ont proposé que les décisions concernant la largeur des bandesriveraines :

• soient souples,

• soient adaptées aux conditions aquatiques locales,

• tiennent compte de l’ensemble des fonctions du milieuriverain, et

• reflètent le contexte des plans et des cours d’eau dans lepaysage.

Les recherches hydrologiques (cadre de travail proposé par Devito et al. 2005(b) visantà définir un bassin hydrologique ou une unité de réponse hydrologique) dans le nord-est de l’Alberta pourrait aider à prendre des décisions sur la pertinence de différenteszones à l’égard d’autres pratiques d’aménagement riverain reposant à la fois sur descaractéristiques à l’échelle du paysage (p. ex. connectivité des plans et des coursd’eau, géologie des dépôts meubles) et à l’échelle du site (p. ex. perméabilité,présence/absence de cours d’eau en surface ou sous terre). Par exemple, Devito etal. 2005(a) ont montré que certaines zones de la plaine boréale présentent peud’écoulement de l’eau de surface, ce qui réduit notablement le risque desédimentation et les effets de l’érosion sur la qualité de l’eau en absence debandes riveraines.

Tableau 4 Exemples des considérations à l’échelle du paysage et du site quipourraient servir à établir des priorités pour l’aménagement desmilieux riverains.

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Certaines zones de laplaine boréaleprésentent peud’écoulement de l’eau desurface, ce qui réduitnotablement le risque desédimentation et leseffets de l’érosion sur laqualité de l’eau enabsence de bandesriveraines.

Paysage Site

• Qualité de l’eau et del’approvisionnement en eau pour leshumains

• Position dans le paysage – récepteurd’eau ou source d’alimentation en eau

• Habitat de la faune

• Santé de la forêt

• Planification de vieilles forêts

• Régime de perturbations et limites de lavariabilité naturelle

• Planification de la conservation

• Qualité de l’eau

• Type de cours d’eau ou de plan d’eau –milieu humide, lac, ruisseau

• Dimensions du cours ou du plan d’eau

• Présence ou absence de poissons

• Habitat de la faune

• Sols

• Pente

• Santé de la forêt

• Activités récréatives, utilisationstraditionnelles

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6.0 Occasions d’apprentissage

6.1 Dialogue visant à créer des instruments utiles pour lespolitiques, à faire face aux défis d’exploitation et àéduquer la population

Autant que possible, les aménagistes et les environnementalistes devraient intégrerles résultats des recherches aux mesures et politiques d’aménagement (DeYoe etHollstedt 2004, Brand et Karvonen 2007). Les décideurs (politiques) et lesaménagistes (territoire) sont redevables à la population et aux groupesd’intervenants, ce qui peut rendre plus risquée la mise en œuvre de nouvellespolitiques non encore éprouvées. Les issues écologiques, sociales ou économiquesincertaines doivent être évitées. Par conséquent, l’élaboration de nouvellespolitiques et de nouveaux règlements peut être très complexe, en particulierlorsqu’il s’agit de tenir compte de nombreuses priorités, d’appliquer des résultatsspécifiques à une réalité plus vaste ou de prévoir des issues incertaines (Fazey et al.2006). De plus, les décisions doivent souvent être prises dans un contexte où il n’ya aucun résultat de recherche et, par conséquent, il faut se fier à l’expertise despécialistes, au flair professionnel, au savoir des gens de la place ou à d’autressources d’information qualitative (Fazey et al. 2006). Idéalement, les divers typesd’information qualitative et quantitative sont accessibles et complémentaires – maisc’est rarement le cas. Les participants à cette étude de cas ont relevé plusieursfaçons de contourner ces problèmes au cours de l’élaboration et de l’applicationdes directives riveraines, notamment la participation de nombreux intervenants, leséquipes multidisciplinaires, les groupes consultatifs d’experts ou une combinaisonde celles-ci.

Un exemple est la formation d’équipes interdisciplinaires pour l’élaboration depolitiques ou de directives composées d’intervenants clés (p. ex. le comité despratiques forestières du Manitoba – Manitoba Forest Practices Committee). Uneéquipe est généralement formée pour obtenir une démarche consensuelle sur unaspect spécifique de l’aménagement des ressources. Les avantages de cettedémarche sont que les défis des nouvelles politiques et directives pourl’exploitation peuvent être cernés dès les premiers stades et que les enjeuxéconomiques et sociaux peuvent être abordés avant l’adoption d’une politiqueou d’une directive. Bien qu’il se soit révélé avantageux qu’une équipemultidisciplinaire élabore les lignes directrices, le processus peut se prolongerindûment en raison de la complexité des intérêts en jeu dans les négociations etle besoin d’atteindre un consensus. Ces intérêts peuvent provenir des barrièresqui existent entre et dans les organismes et qui peuvent être la source de biaisou de mésentente de diverses natures : personnelle, culturelle ou technique(DeYoe et Hollstedt 2004). De plus, le processus peut être coûteux et il n’est pastoujours évident de savoir si l’intervenant doit ou non en assumer les coûts(Lynam et al. 2002).

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L’élaboration denouvelles politiques etde nouveaux règlementspeut être très complexe,en particulier lorsqu’ils’agit de tenir compte denombreuses priorités,d’appliquer des résultatsspécifiques à une réalitéplus vaste ou de prévoirdes issues incertaines.

Bien qu’il se soit révéléavantageux qu’uneéquipe multidisciplinaireélabore les lignesdirectrices, le processuspeut se prolongerindûment en raison de lacomplexité des intérêtsen jeu dans lesnégociations et le besoind’atteindre un consensus.

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Les membres d’uneéquipe multidisciplinairedoivent être ouverts àd’autres points de vue etêtre prêts à réévaluer età modifier leur schèmede pensée.

L’élaboration de nouvelles politiques représente un défi, même au sein d’unorganisme. Alors, lorsqu’il y a plusieurs intervenants en cause, il devient parfoisdifficile de créer et d’entretenir un milieu favorisant les échanges constructifs. Undes obstacles est la réticence des gens à changer leur manière de penser (Argyris1985). Comme les humains portent facilement des jugements, ils mettent beaucoupde temps à adopter une nouvelle manière de penser ou alors, il leur faut vivre desévénements particulièrement marquants (Hogarth 1987). Pour compliquerdavantage la situation, bon nombre de personnes ne sont pas très habiles à saisir lacomplexité de certains systèmes dynamiques (Fazey et al. 2006). Les membresd’une équipe multidisciplinaire doivent être ouverts à d’autres points de vue et êtreprêts à réévaluer et à modifier leur schème de pensée. Ceci représente bien sûr ungrand défi, même à la personne la plus ouverte aux nouveautés, surtout lorsque lesrésultats des études semblent aller à l’encontre des idées établies (encadré 6). Dèsles premiers stades du processus, il faut établir des stratégies de communication etde transfert des connaissances, ainsi que de nouvelles politiques ou modalités defonctionnement. Il importe de reconnaître qu’une base de connaissancescommune, ou la possibilité d’en établir une, facilite l’élaboration de politiques(Stankey et al. 2006).

Encadré 6 : Connaissances expérimentales et preuvesapportées par la recherche

Les connaissances obtenues par des observations expérimentales et lesmodèles empiriques ou inspirés des publications peuvent êtrecontradictoires. Les deux ont des limites. Souvent, la perception qu’ont leshumains de l’utilisation des habitats peut être biaisée en faveur ou nond’une ressource donnée. De même, des modèles élaborés pour dessituations bien précises ne s’appliquent pas nécessairement à tous les cas.Lee et Smyth (2003) donnent un exemple de ce type de contradiction dansun cas décrivant l’importance des milieux riverains pour l’ours noir :

[TRADUCTION] « Unsworth et al. (1989) ont recommandé queles bandes arborées le long des ruisseaux, des routes et despeuplements denses sur les pentes orientées vers le nord soientconservées pour servir de couvert et d’aire de repos pour les ours.Toutefois, Clevenger et al. (2002) ont remarqué que les modèlesd’habitats élaborés pour l’ours noir à partir de l’opinion despécialistes tendaient à surestimer l’importance des milieuxriverains par rapport aux modèles empiriques ou inspirés despublications. Cette tendance renforce l’opinion majoritaire del’importance des milieux riverains pour la faune qui prévaut chezles professionnels, mais que les publications n’appuient pas. »

À mesure que les recherches qui mettent en doute l’importance desbandes riveraines sont mieux connues, les perceptions relatives auxfonctions des milieux riverains sont mises en question.

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Un autre procédé d’élaboration de politiques qui a été éprouvé est la formationd’un comité consultatif scientifique qui regroupe des spécialistes afin qu’ilsformulent des recommandations aux décideurs et aux aménagistes (p. ex.Saskatchewan, LP-Swan River, Al-Pac). Autant que possible, les recommandationssont fondées sur des données empiriques. Cependant, les chercheurs sont souventinvités à fournir leur opinion d’experts en absence de données spécifiques, malgréqu’ils puissent avoir une compréhension limitée des aspects réglementaires ouopérationnels de l’aménagement forestier. De plus, la coordination durassemblement de chercheurs qui ont des responsabilités académiques peut êtrecoûteuse et compliquée. Voilà pourquoi cette démarche n’est pas toujours pratique.

Étant donné la complexité de la tâche et la nécessité d’une action immédiate lesconnaissances expérientielles peuvent être la meilleure solution. Comme cesconnaissances jouent un rôle important dans la prise de décisions, il est cruciald’encourager la capacité d’apprendre à partir de l’expérience (y compris larecherche) acquise par le travail, l’éducation et le vécu en général (Fazey et al.2006). Un milieu de travail qui appuie ces efforts par l’accès à des conférences, àdes ateliers et à la technologie s’impose pour tous les aménagistes des ressources,tant dans le privé que dans le public.

Moyens d’action et mise en œuvre des politiquesAprès la revue et la synthèse des connaissances les plus récentes concernant unedirective donnée, il faut créer un cadre d’aménagement adaptatif pour orienter leschangements, la mise en œuvre et le suivi de l’efficacité des politiques (Lee 1993;Stankey et al. 2006, Rempel et Donnelly 2010). Ce cadre de travail doit inclure :

1) des essais sur le terrain des nouvelles directives pour établirla faisabilité opérationnelle et aider à définir des paramètresmesurables pour évaluer la pertinence et l’efficacité etétalonner les modèles, et

2) au besoin, la modélisation spatiale des effets potentiels sur lepaysage à diverses échelles pour déterminer les résultatspossibles avant la mise en œuvre des directives.

Souvent, les directives sont mises en œuvre avant leur évaluation sur le terrain etles dernières retouches visant à s’ajuster aux contraintes de planification etd’exploitation (Weyerhaeuser SK, comm. pers., LP – comm. pers., MB-FPC [comitédes pratiques forestières du Manitoba] comm. pers.), qui peuvent être coûteuses(voir ci-dessous).

Les défis des opérationsAlors que les chercheurs favorisent actuellement la variabilité, tant pour ce qui estde conserver les limites de la variabilité naturelle dans le paysage que pour unestratégie de gestion des risques dans un contexte d’incertitudes, cela pose denombreux défis d’application. D’abord, toute déviation d’une démarche descriptiveunique peut accroître la complexité des stades de planification et des opérations, et

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Les connaissancesexpérientielles jouent unrôle important dans laprise de décisions, il estcrucial d’encourager lacapacité d’apprendre àpartir de l’expérience.

Alors que les chercheursfavorisent actuellementla variabilité, cela posede nombreux défisd’applications.

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ainsi augmenter le coût de la mise en vigueur et de la surveillance (comité despratiques forestières du Manitoba, notes de réunion, John Stadt comm. pers.).Ensuite, le besoin de nouveaux équipements et de meilleurs produits decartographie et le risque accru associé aux opérations en zones riveraines peuventfaire en sorte que les coûts finissent par dépasser les avantages écologiques ouéconomiques. Enfin, les provinces n’ont pas émis de directives concernant lesconditions forestières futures voulues (J. Stadt comm. pers. SK Forest Service comm.pers., MB Conservation, comm. pers.), ce qui ajoute à l’incertitude liée àl’assouplissement des directives. Des cibles de paysages bien définies et une visioncommune des conditions forestières futures créeraient un meilleur climat, favorisantdes démarches d’aménagement riverain plus souples.

Acceptation par la populationDu point de vue des gouvernements, les nouvelles démarches sont égalementperçues, parfois à raison, comme porteuses d’un risque élevé, surtout en termed’acceptabilité politique (comité des pratiques forestières du Manitoba – notes deréunion, J. Stadt, comm. pers., Weyerhaeuser, gouvernement de la Saskatchewan,comm. pers.). Ces inquiétudes ne sont pas sans fondements. Les valeurs sociales etrécréatives des forêts riveraines sont largement reconnues (Rodewald et Bakermans2006). Les coupes pratiquées dans ces zones peuvent soulever des inquiétudes dediverses natures dans la population – écologiques, esthétiques et économiques(Hunt et Haider 2004). Les gouvernements et/ou l’industrie doivent souventdéployer des efforts considérables pour informer les communautés et lesintervenants au sujet des effets potentiels de pratiques différentes et pour recevoirleurs commentaires et questions (Lewis et Sheppard 2006, réunion du comité desintervenants de LP 2002). Par exemple, l’application de nouvelles directives dansune zone vulnérable sur le plan visuel de la zone d’aménagement forestier dePrince Albert de Weyerhaeuser en Saskatchewan a provoqué des remous dans lapopulation. Il a donc fallu investir temps et argent pour atténuer ces inquiétudes –par l’éducation de la population et l’application d’une norme visuelle pour cesautres pratiques d’aménagement forestier (Weyerhaeuser SK comm. pers., encadré 7).La visualisation du paysage ou les exercices de cartographie ont été utiles pourinformer les communautés et les intervenants participant à la planification del’aménagement forestier en divers endroits au Canada (Lewis et Sheppard 2006).

La réponse de la population et des intervenants n’est pas étonnante puisque lesprincipes associés aux modèles inspirés des perturbations naturelles ne sont pas denotoriété publique, mais ils sont largement acceptés, au moins compris, par lesscientifiques et les aménagistes forestiers. La population en général est rarement aufait des dernières découvertes scientifiques ou stratégies d’aménagement forestierqui constituent les saines pratiques largement acceptées pas plus qu’elle n’estnécessairement d’accord avec elles une fois informée. Par exemple, les résultats desentrevues portant sur les valeurs esthétiques des milieux riverains montrent que lapopulation préfère généralement les abords de cours d’eau dépourvus de débrisligneux grossiers (Gregory et Davis 1993). Toutefois, si elle savait que ces débrissont importants pour la santé des milieux riverains, sa perception à leur égardchangerait peut-être et elle accepterait ainsi plus facilement leur présence le long

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Des cibles de paysagebien définies et unevision commune desconditions forestièresfutures créeraient unmeilleur climat,favorisant des démarchesd’aménagement riverainplus souples.

Les gouvernementset/ou l’industrie doiventsouvent déployer desefforts considérablespour informer lescommunautés et lesintervenants au sujet deseffets potentiels depratiques différentes etpour recevoir leurscommentaires etquestions.

La population en généralest rarement au fait desdernières découvertesscientifiques ou stratégiesd’aménagement forestierqui constituent les sainespratiques largementacceptées pas plus qu’ellen’est nécessairementd’accord avec elles unefois informée.

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des cours et des plans d’eau (Beckley et al. 2005). Aussi, la population considère lemodèle inspiré des perturbations naturelles comme controversé car elle saisit malla fréquence, les caractéristiques et les effets de plus vastes superficies perturbées(p. ex. coupes agglomérées) décrites dans les directives d’aménagement forestier(Saskatchewan Forest Service comm. pers. mai 2010). D’autres problèmes deperception de la population peuvent surgir au moment de l’application desmodèles inspirés des perturbations naturelles aux milieux riverains. Si la populationn’est pas mieux informée à ce sujet, la controverse continuera de plus belle.

Encadré 7 : Intégration des aspects écologiques et sociauxde l’aménagement riverain pour répondre auxpréoccupations de la population – applicationd’une norme visuelle

Traduction d’un extrait de Visual Standard for Weyerhaeuser Prince AlbertFMA Area Standards & Guidelines (Weyerhaeuser Saskatchewan Ltée. 1999)

Il faut disposer d’un plan d’aménagement riverain avant l’approbation desblocs de coupe pour tout lac dont les aspects visuels sont considéréscomme importants. Le plan de 20 ans comprend les exigences suivantes :

1. Une carte montrant le calendrier de coupe proposé pour tousles blocs adjacents aux rives de ces lacs pour les20 prochaines années. Pour les cinq premières années, lesblocs seront indiqués selon l’année de leur récolte prévue.Pour les années suivantes (6 à 20), les récoltes serontindiquées par période de cinq ans (6-10, 11-15, 16-20).

2. Au moins 20 % des bords du lac seront maintenus commeforêt mûre, vieille ou très vieille pour toute la période de20 ans. Pour les lacs de moins de 1000 ha, les plans serontévalués individuellement et, si la distribution d’âges estacceptable, une proportion de moins de 20 % de forêt mûre,vieille ou très vieille pourrait être approuvée.

Directives pour les lacs dont les aspects visuels sont considéréscomme importants

1. Les forêts mûres, vieilles ou très vieilles doivent êtrereprésentatives de la distribution des essences autour du lac.

2. Les forêts mûres, vieilles et très vieilles doivent être bienréparties autour du lac.

3. Pour assurer la diversité d’âge autour du lac, il doit y avoir unmélange de forêts jeunes et immatures.

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51Réseau de gestion durable des forêts

Encadré 7 suite

4. Il faut prévoir la rétention d’arbres vivants dans les blocs decoupe pour augmenter l’effet d’écran et atténuer l’apparencede la récolte dans le paysage visible.

5. La planification des milieux riverains dont les aspects visuelssont importants doit tenir compte de leurs valeurs récréativeset panoramiques.

6. Prévoir des bandes riveraines de largeurs variées.

Application de directives de coupe à rétention variable autour d’un lacdont les aspects visuels sont considérés comme importants, dans lenord-ouest de la Saskatchewan. (Photographies : gracieuseté deWeyerhaeuser SK).

6.2 Besoins en matière de recherche et lacunes dans lesconnaissances

Les biologistes se sont vivement intéressés aux enjeux riverains au milieu desannées 1990 au moment où des questions se sont posées au sujet de la largeur desbandes riveraines dans les forêts riveraines. Plus récemment, les projets derecherche à ce sujet se sont toutefois raréfiés, même s’il reste encore un certainnombre de lacunes dans les connaissances. La science riveraine, en particulierdans la forêt boréale, doit continuer son expansion car ces systèmes sont encoremal connus. Voici quelques-unes des lacunes :

• Fonctions écologiques –

• Les recherches ont plutôt porté sur l’écoulement de l’eaudes terres vers les étendues et les cours d’eau. Unedémarche holistique et intégrée qui serait plutôt axée surles mouvements de l’eau vers les terres refléterait mieuxla véritable mosaïque terres-eaux et permettrait de saisirles liens entre les milieux terrestres et aquatiques (Turneret Carpenter p. 16 dans Naiman et al. 2005).

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• Il faut faire plus d’études sur le rôle des milieux riverainsdans les processus hydrologiques, qui sont mal connusdans la plaine boréale. De plus, nous ne savons pas si leshypothèses avancées au sujet de ces processus dansd’autres zones sont avérées. Les bassins hydrographiquesne sont pas clairement identifiables partout, car lesbassins hydrographiques de dimensions moyennes nesont pas nécessairement évidents dans les régionsgéomorphiques résultant de la glaciation continentale(Omernik et Bailey 1997).

• Il faut faire davantage de recherche sur la fonctionécologique des milieux riverains dans le cycle biologiquede nombreuses espèces (Lee et al. 2004).

• La discussion portant sur la valeur/pertinence deperturber ces régions serait enrichie par la comparaisondes trajectoires de succession des forêts riveraines selondivers régimes de perturbations (coupe, castor, feu,aucune perturbation).

• Seuils et effets cumulatifs – Il faut mieux comprendre lesseuils de réponses, en particulier lorsqu’il s’agit dechangements irréversibles (Turner et Carpenter p. 16 inNaiman et al. 2005) et les effets cumulatifs des pratiquesd’utilisation du territoire à grande échelle.

• Limites de variabilité naturelle – Il faut approfondir lesétudes pour étayer le fait qu’une variété de pratiquesd’aménagement combinée à des vastes zones non aménagéespeut être la meilleure stratégie (Lindenmayer et al. 2000,Fisher et al. 2006).

• Modèles de paysages explicites sur le plan spatial – Desobjectifs tels que la connectivité du paysage, les vieillesforêts, les forêts à haute valeur de conservation et les habitatscentraux pourraient être atteints sans nuire à la santéécologique des milieux riverains et aquatiques. Des essais demodélisation pourraient être faits pour repérer des possibilitésdans le paysage.

• Cartographie et inventaire – Les processus associés auxmilieux riverains entraînent souvent des changements rapidesde la végétation à des échelles plus fines que l’inventairedisponible dans la plupart des régions. De meilleures carteshydrographiques faciliteraient l’élaboration de modèles etune planification plus exacte pour ces régions. Les objectifsde planification et les résultats observés après la récolte sontsouvent divergents, à cause de l’imprécision des cartes deruisseaux et topographiques (Lee et Barker 2005). Le volumede matière ligneuse laissé dans un bloc de coupe est souventplus élevé que ce qui était prévu initialement une fois que lesprescriptions de coupe sont réalisées (LP – comm. pers.).

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• Une classification écologique s’impose pour toutes lescomposantes du paysage, tant pour les zones aquatiques queterrestres. La disponibilité des attributs écologiques et duniveau correspondant de détails pour tous les écosystèmesforestiers constitueront un langage commun pour les activitésde planification, et aideront les aménagistes à affecter desvaleurs d’AFD et à définir des objectifs d’aménagement.

• Évaluation à long terme après la récolte – Les études portantsur les bandes riveraines sont habituellement menées pendantune brève période de temps. Il faut aussi faire une évaluation àlong terme des bandes riveraines (p. ex. persistance) et leurrôle écologique dans le paysage au fil du temps (p. ex. commerefuge ou habitat central).

7.0 Conclusions générales et messages clésNous proposons une série de suggestions et de messages clés au sujet del’aménagement des milieux riverains et des forêts riveraines au Canada (encadré 8).Certains auteurs ont suggéré que le changement de paradigme vise à harmoniserl’aménagement des milieux riverains avec des objectifs plus vastes à l’échelle dupaysage, notamment la disponibilité de l’habitat et une approche inspirée desperturbations naturelles (Lee et Smyth 2003, Macdonald et al. 2006, Rodewald etBakermans 2006). Il faudra en arriver à une compréhension commune despratiques à l’image de la mouvance générale vers des pratiques de plus en plusdurables et la capacité de résoudre les conflits selon divers points de vue, pourréussir à élaborer des stratégies avant-gardistes d’aménagement riverain.

Il manque toutefois d’expériences sur l’aménagement adaptatif pour appuyer leschangements de politiques. Il faut donc obtenir un engagement à apprendre et àadopter rapidement les nouvelles connaissances pour que les aménagistes puissentappliquer les connaissances les plus récentes au fur et à mesure (Lindenmayer et al.2000). Cet engagement exigera sans doute des stratégies pour étaler le risque :recours à diverses pratiques de coupe et démarches d’aménagement pour favoriserl’apprentissage, ainsi que des objectifs clairs et des méthodes de mesures du succès(Lindenmayer et al. 2000). Des équipes multidisciplinaires devraient élaborer deshypothèses spécifiques au sujet des fonctions écologiques des milieux riverains et,autant que possible, les éprouver par le suivi et l’évaluation (Naiman et al. 2005).

Les résultats des études, des expériences d’aménagement adaptatif et des activitésde vulgarisation favoriseront une compréhension commune de ce qui constitue debonnes pratiques forestières dans la forêt boréale et feront en sorte qu’il sera plusfacile d’améliorer les pratiques d’aménagement forestier « sur le terrain ». Pardéfinition, bon nombre des enjeux qui concernent les hautes terres et les milieuxhumides, les lacs ou les ruisseaux s’appliquent aussi aux milieux riverains. Sansdoute, les bandes riveraines ne peuvent pas à elles seules remplacer les stratégiesscientifiques d’aménagement à l’échelle du bassin hydrographique et aux pratiques

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relatives à l’utilisation du territoire, mais elles devraient faire partie de laplanification à l’échelle du paysage. Situés à l’interface des systèmes aquatiques etterrestres, les milieux riverains sont parmi les habitats les moins bien étudiés dansle paysage boréal. Ils doivent absolument être pris en compte dans tout effortd’aménagement intégré du paysage.

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Encadré 8 : Messages clés

• Relier les définitions écologiques à celles de l’aménagementdans les milieux riverains complexifie également les directives.

• Les directives sont habituellement appliquées en fonction desdimensions du plan d’eau plutôt que d’une classificationhydrologique ou écologique qui décrit sa fonction.

• Pour les milieux riverains, il faut avoir des directives souplesqui abordent des objectifs multiples, et parfois concurrents, àl’échelle du peuplement et qui portent sur des considérationsde planification à l’échelle plus vaste du paysage. Toutefois, lasouplesse exigée dans un secteur (directives pour les milieuxriverains) peut imposer des cibles plus spécifiques dans unautre (considérations à l’échelle du paysage). Il faut despolitiques et directives qui fournissent une directionstratégique à l’égard de l’état futur de la forêt.

• Il serait plus facile de déterminer la largeur des bandes riverainesavec de meilleures données hydrologiques, des cartesnumériques d’élévation et de classifications écologiques.

• Les fonctions écologiques des milieux riverains servant àl’élaboration de nombreuses directives reposent souvent sur lesrelations fonctionnelles observées dans d’autres régions. Il fautévaluer davantage ces hypothèses et surveiller l’efficacité despratiques qui en découlent, en particulier dans la plaine boréale.

• Bien que les stratégies de rétention de vieille forêt liée auxmilieux riverains assurent l’habitat aux espèces visées, il fautaussi prévoir des habitats riverains plus jeunes pour conserverla biodiversité.

• Les stratégies de conservation de la biodiversité doivent veillerà ce que les parcelles de forêts des hautes terres soientréparties dans le paysage et aussi dans les parcelles de bassesterres des milieux riverains. La planification et les pratiquesd’opérations dans les milieux riverains doivent être conçuespour favoriser la diversité dans les stades évolutifs et lescommunautés végétales.

• Il faut concevoir un cadre d’aménagement adaptatif pourévaluer l’efficacité des directives et raffiner les pratiques dansle but ultime d’atteindre les objectifs d’aménagement.

• Un nombre croissant de travaux de recherche indique qu’il n’estpas toujours nécessaire de prévoir des bandes riveraines et quedes perturbations peuvent être bénéfiques dans certains cas.

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