Journal de la meute, numéro 5

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Journal de La Meute, numéro 5 1

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: Autour du Déclin des Lettres, ce numéro représente l'évolution de notre équipe qui commence à prendre son envol.

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ARTICLES

« La littérature jeunesse » doit-elle

rentrer dans les salles de classe

algérienne ?, Sidou TELDJA………………25

Livre papier, Mouna SAIGHI..….…….…27

Camille Claudel, un génie emmuré,

Amina BENBOURECHE ………………….. 32

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Sur quoi porte le discours sur les Déclin

des lettres ?, Lydia SAIDI…..………………6

Histoire & Déclin, Yanis GUENANE…..6

Délices illicites du déclin, Lyes

REZKINI…………………………………………….7

Quelles conséquences pour une mort

de la littérature ?, Lydia SAIDI…………..9

Discours sur le déclin du Journalisme,

Salah BOUZ……………………………………..11

Comment se porte la littérature

ailleurs ?

- Littérature hispanophone, Myriam

NIBOUCHA ……….……………. 13

- Littérature russe, Reira

FLOYD .…………………………… 13

Un nouveau genre : Le Steampunk !,

Khalil Djebbari…………………………………16

Avenir de la Littérature, Lydia

ABERRANE ……………………………………..18

Petites annonces : Meute compagny,

Lydia ABERRANE, Lydia SAIDI, Lyes

REZKINI, Myriam NIBOUCHA, Yanis

GUENANE………………………………………..21

ESSAIS

Mienne mon être, Nassim ACHOUR .. 4

Ecrire pour exister, Ly Ab ………….…… 26

La Nuit, K.M ………….…………………………29

Parce que l’obscurité nourrit les peurs,

Djedjiga B ………………………..…………… 30

Le Dépravé, Yanis BEN ……………………31

Mère, R.H ……………………..……………….35

POESIE

« Adjoun », Nadia Laroussi………………34

ART PICTURAL

Collage : Nabila IKEN ……………………. 26

Photographie : Houssem MOK ……. 30

SOMMAIRE

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Membres

permanents

Lydia SAIDI

Lydia

ABERRANE

Lyes REZKINI

Yanis

GUENANE

EDITO

Chers lecteurs,

Nous sommes contents de vous retrouver après une longue

absence ! Ce numéro a été produit depuis plusieurs mois mais n’a

pas eu l’occasion d’être porté à la connaissance du publique

jusqu’au jour d’aujourd’hui. En effet, les loups se sont fixés comme

objectif d’offrir la 9ème édition d’Une Meute littéraire aux loups de

Tizi-Ouzou. Ce passage à l’inter-wilaya ne s’est pas fait sans mal. Et

c’est pour cela que nous sommes heureux que vous puissiez enfin

lire ces lignes !

Entre temps, des choses ont changé dans les coulisses de La Meute.

Un nouveau concept est né, et de nouveaux loups se sont joints à

notre équipe pour consolider cette dernière. En vue de tous les

changements opérés, nous comptons bientôt produire des hors-

séries du journal pour vous tenir au courant de nos avancements.

Par ailleurs, nous traiterons cette fois-ci d’une thématique à

l’actualité poignante, à savoir, le fameux Déclin des Lettres. Ce

phénomène dont on parle de plus en plus est l’objet de tous les

discours. Les accusés, les victimes et les témoins passeront un à un

à la barre dans ce numéro qui tentera d’élucider ce délit commis

contre la littérature.

Enfin, l’évolution de ce journal se fait de plus en plus sentir. Nous

recevons de plus en plus d’articles, que nous n’avons pas pu publier

en intégralité cette fois-ci mais que nous promettons de garder

pour de prochains numéros.

Pour conclure, j’adresse de vifs remerciements à l’Institut Français

et plus particulièrement à Monsieur Alik, responsable du bureau du

livre pour l’aide précieuse qu’ils nous fournissent. On ne saurait

omettre de citer le directeur de la bibliothèque « Les Figuiers » de

Tizi-Ouzou pour son accueil et sa confiance aux jeunes assoiffés de

mots que nous sommes.

Bonne lecture !

TABTI Z.Y

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La sensation d’exister. Voilà ce dont je me

rappelle à l’approche des vagues étranges qui

envahirent ma plume à écorcher. J’écorche la

vie de mes mots en m’effleurant l’esprit de

douces caresses à repos. Décrire les

firmaments de mon être tout en les broyant à

néant avec l’écriture me rend plus vivace,

moins vivant, plus violent, moins vivant, plus

sauvage, MOINS VIVANT ! La vie existe par

violence, et je me dois d’être violent pour

contenir les pulsations intransigeantes de

notre mère obscène à tous : la vie. Je regarde

subrepticement à droite, à gauche, je lorgne

les miroirs de l’esprit, le mien, et je

m’aperçois que je suis multiple. S’opère alors

un enchaînement de causes à effets

surprenantes pour une âme aguerrie comme

la mienne ; je respire, je mange, je parle ; je

marche, je touche, je goûte ; avec les autres, à

travers les autres, dans les autres ; suis-je les

autres ? La folie est de penser que mon

existence est unique, cloisonnée entre les

briques de mes désirs égocentriques ; je me

surprends devant les autres, ces parties

déconstructives de mon être, mais pas moins

constitutives de mes envies, et je gloutonne

les masses graisseuses de l’existence à leur

côté. Je suis vivant. Je ne sais pas le réel de

l’existence, son sens et son but, mais je sais

tout au plus qu’elle veut mon annihilation :

mère de l’aethuse, nous as-tu fait pour nous

plonger dans le néant ? Une giclée ’idéologies,

de doctrines et de courants, de religions, de

prophéties et de conjectures, donne des

réponses aussi diverses que contradictoires.

Je repars de zéro. Je repense à tout ce que je

sais, à tout ce que j’ai pu savoir, et je me

renfloue vers moi-même par le trou contigu

de la folie. Je souffle dedans moi, et ressort

l’aliénation pérégrine dont je ne savais que

peu. Je suis l’existence à même de savoir ce

qu’est le réel de la vie, mais je me perds

souvent et que trop facilement dans les

dédales de mes sensations, de mes folies, de

mes aspirations. Je suis percevant, mais

aucunement existant, car devant les autres, je

perçois, mais ne ressens incurablement mon

être dans le monde. Au contraire, je me sens

isolé, dépassé, englouti, telles les racines

suivant chacune sa ramification propre dans

ces entrailles miasmatiques de la terre

boueuse et nourricière ; tous d’une même

origine, aucun dans la même direction : voici

ce que ma propre perception me renvoie,

voilà ce que ma propre vision m’incorpore

d’être. Ne pas êtres. L’assujettissement est

plus une obligation qu’un devoir, mais qui le

sait encore sachant tous ces assujettis qui

croient devoir quand on les oblige ? Nous

fûmes les amnésiques d’un temps creux où

nous nous sommes laissés et se laisseront

encore mener jusqu’à notre aurore, pour ne

percevoir après que pénombre.

Par : Nassim Achour.

Mienne mon être

Essais

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Et si la littérature était en train de mourir ? Voila

la nouvelle et alarmante question qui fait

l’actualité des milieux littéraires. Le discours sur le

déclin de la littérature s’est prononcé sur

plusieurs siècles. Toutefois, en ce début du 21éme

siècle, des voix de plus en plus nombreuses

s’élèvent pour attester d’une mort ou du moins

d’une agonie de la littérature.

Aujourd’hui, ce déclin se fait sentir par

l’essoufflement du roman français et l’attente

d’un quelconque chef-d’œuvre qui n’arrive pas,

qui n’arrive plus. On dénonce le manque de

littérarité, le vide et l’auto centration du nouvel

Depuis, au moins, l’Antiquité, la philosophie

s’interroge sur la nature de l’art, il y est décrit

comme le système des enseignements universels,

vrais, utiles, partagés par tous, tendant vers une

seule et même fin.

Le déclin de l’art moderne est le résultat des

horreurs du XXème siècle, ce qui plongea les

artistes et le reste de la société dans la crainte et

le désespoir, il est notamment dû à la perte de

valeurs et de traditions séculaires, remplacées

par peu de substance, intellectuelle et

culturelle, offerte à la place. La première et

deuxième guerre mondiales

auteur. Selon ces critiques, la littérature actuelle

ne serait plus en mesure de dire le monde.

Rongée par le doute, elle fait preuve d’un manque

de clairvoyance et d’incapacité à l’analyse. Le

nouveau discours sur le déclin lettres n’est pas

seulement une critique littéraire, elle devient

sociale, politique et économique. C’est la critique

d’une société « hypermoderne », une société de

consommation où l’on est appelé à « consommer

plus et penser moins, en attendant la mort » et où

le livre n’est devenu qu’un simple produit comme

un autre, à la merci des lois du marché.

ont favorisé l’émergence de nombreux

nouveaux mouvements artistiques,

cependant la plupart des artistes impliqués

dans ces mouvements ont déplacé leur base

d’activité aux Etats-Unis pour éviter les

ravages de la guerre. Après la guerre, le

centre de gravité du monde de l’art s’est vu

effectivement déplacé de l’Europe vers

l’AmériqueLes artistes européens ont fortement

interagi avec la jeune génération d’artistes

américains, qui on absorbé les dernières

tendances de l’art européen d’avant-garde. De

nos jours, pour beaucoup de chercheurs, la

littérature n’entrerait plus en relation significative

Sur quoi porte le discours relatif au

déclin des lettres ?

Les phénomènes historiques ayant fait le lit au déclin

« L’œuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient œuvre d’art par ce qui

lui échappe. », André Malraux.

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

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avec le monde, ce constat ne concerne pas la

production littéraire en elle-même mais son statut

dans la société, jadis elle faisait office

d’informateur et de guide de nos sociétés, car elle

faisait revivre les passés lointains dans le présent,

elle fustigeait la mauvaise gouvernance de nos

chefs, elle se faisait libératrice. Le déclin de la

littérature reflète aussi notre culture axée sur

l’image. Beaucoup plus de gens choisissent de

vivre une histoire sur un écran que dans un livre,

malheureusement, tout ceci suggère une sorte de

paresse mentale, alors que des heures

d’émissions de téléréalité et d’Xbox ne sauraient

se substituer à la nourriture intellectuelle fournie

par un bon roman.

Goethe disait que le déclin de la littérature d’un

pays est le déclin de toute une nation, il est vrai

que, de tout temps, la littérature a eu tendance à

refléter la santé émotionnelle d’une nation parfois

même a célébrer l’esprit de la nation, tandis que

d’autres fois elle attire l’attention, elle exhorte les

parties concernéesa se focaliser sur une tranche

de la société marginaliséeou même oubliée. La

littérature est le fondement de la vie, elle met

l’accent sur de nombreux drames humains alors

qu’elle est écrite en mots, elle est un voyage qui

est inscrit sur des pages et alimentée par

l’imagination du lecteur, mais maintenant un livre

doit être rapide, il ne faut surtout pas s’arrêter

pour réfléchir ou revenir en arrière, il faut foncer

droit devant, il faut le lire vite pour être sûr de ne

pas perdre le fil, un livre doit être consommé avec

impatience.

La notion du déclin peut paraître au premier

abord comme la réflexion en contre point d’une

époque désenchantée de ses illusions perdues.

Elle est intimement liée au climat d’une

modernité scientifique et économique en crise.

Pour l’historien des idées et des religions, le

mythe du déclin est une « vieille connaissance »,

si, dans les temps qui courent, il fait figure

de nouveauté, c’est qu’il satisfait notre goût pour

les idées « neuves » et « singulières ». On lui

communique une certaine valeur de scandale. En

raison du défi qu’il (im)pose aux artistes

modernes parvenus aux limites traditionnelles de

l’art. Il imprègne pratiquement toute la culture du

XIXème et XXème siècles. Pour Baudelaire et

Nietzsche, « décadence » et « modernité » sont

deux termes désignant une même expérience

créatrice à la fois avancée et tardive. Tout se

passe comme si deux modernités en interaction

composaient l’image même de notre temps : la

modernité technologique/économique et la

modernité de la culture. Le premier a l’idée de

progrès pour guide, le second est placé sous le

signe du déclin.

Les partisans du progrès et les théoriciens du

déclin nous proposent sur ce thème des séries

d’explications ayant les mêmes causes et les

mêmes symptômes- le bien être, la lutte des

classes, la destruction des tabous-, le bien-être est

présent à tour de rôle comme l’indice le plus sûr

et comme la mesure d’une décadence morale et

artistique irréversible.

L’une des raisons, aussi, est ce principe actif qui

cherche à dévaloriser l’acquis du passé plus qu’il

ne s’en proclame héritier et de ce fait le déclin,

est né à travers un sentiment d’absence, dont les

Délices illicites du déclin

« La décadence se manifeste en premier lieu dans

l’art : la civilisation survit un certain temps à leur

décomposition »

E.-M. Cioran, Précis de Décomposition.

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matériaux proviennent d’une synthèse en voie de

désintégration.

Il fait état d’abandon (les valeurs), de dissolution

(lien social), de perte (mémoire collective), ou

encore d’oubli (savoir-faire).

Parmi les autres raisons, ce sont les thèmes bien

connus du pessimisme qui reviennent souvent

chez les auteurs antiques : la décadence des arts

(Pétrone), de l’éloquence (Tacite, Quintilien), des

mœurs (Cicéron), les effets débilitants de la

prospérité, du luxe (Polybe) et surtout, l’absence

d’homme véritablement grand et massification

concomitante de la société (Polybe, Cicéron).

Dans notre époque moderne, certains critiques,

hommes de lettres, personnalités du monde du

livre et intellectuels, soutiennent que l’ère

démocratique actuelle sous la prise de l’idéologie

capitaliste représente l’un des facteurs majeurs

du déclin inextinguible de la littérature. Etant

régis par le profit à grande échelle, les caisses

pleines, l’hyperconsommation et les valeurs

pécuniaires, le monde de la littérature lumineuse

subit un appauvrissement conséquent avec son

entrée dans la sphère des « intérêts commerciaux

» et de la commercialisation de masses. Les

éditeurs, les régimes politiques, les différentes

institutions concernées- les écrivains eux-mêmes-

voient le livre comme étant un moyen

d’enrichissement, une industrie florissante basée

sur le concept de l’inculture des masses et du libre

accès. Et du fait de leur contenu sans fond et sans

matière savante, le lecteur est projeté dans un

monde de mutilation cérébral où la sensation

irrésistible de nausée est plus que présente.

Le livre subit une dévalorisation dont la seule

estime se résume au nombre d’exemplaires

vendus dans le marché de la mondialisation.

Comme l’écrit Citon, l’ordre mondial fait face à un

nouveau germe du capitalisme qui a éclos et s’est

enraciné sous l’appellation du « capitalisme

cognitif », la production immatérielle des

connaissances s’est édifiée en tant que nouvelle

économie de centre, soutenue par les poutres des

compétitions financières et de la richesse qui

consistent en la capacité d’invention et d’innover

pour atteindre l’hyperproduction éditoriale et

l’hypermédiatisation frappante de la littérature de

grande diffusion. Le déclin de la littérature dans

les œuvres modernes subsiste aussi à cause de ce

flot diarrhéique verbal imprégné de formalisme et

de nihilisme dévorant et saupoudré de

décrépitude morbide qui règne dans le domaine

littéraire moderne. Il met en avant le narcissisme

de l’auteur, son amour propre décadent, et sa

passion indubitable pour le non-sens, le vide

romanesque, son abandon de la description et de

l’explication du monde, de la nature et de la

condition humaine, contribuant à donner au livre

une finalité de marketing littéraire. Le déclin

s’accomplit en fonction d’une trajectoire unique,

le processus de dégradation et d’annihilation de la

créativité constructive.

En guise de conclusion, citons une phrase

particulièrement lucide de Nietzsche :

«De la part de philosophes et de moralistes, c’est

s’abuser que de croire échapper à la décadence

du seul fait que l’on prend parti contre elle. Il

n’est pas en leur pouvoir d’y échapper : ce qu’ils

choisissent comme moyen, comme planche de

salut, n’est en fin de compte également qu’une

manifestation de décadence. »

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Quelles seraient les conséquences d’une

éventuelle « mort » de la littérature ? On n’oserait

même pas y penser. Pourtant c’est ce

qu’annoncent les critiques si ce n’est qu’ils ne font

encore que prédire mettant un point d’espoir sur

cette cause. Selon Dominique Maingueneau,

auteur de « contre Saint-Proust ou la fin de la

littérature », « la littérature n’est pas menacée,

c’est la Littérature (avec L majuscule), c’est-à-dire

dans toute sa royauté, avec tout ce que cela

implique. ». Car en effet, des livres, il y en a par

millions chaque année, mais quels livres ? Le livre

dépendant des lois du marché est devenu un

produit culturel comme un autre. Il n’est

désormais plus le lieu de tous les enjeux qui font

l’actualité, on se tourne vers les nouvelles

technologies et même quand il y a débat, c’est sur

la télévision, la radio ou internet. Selon Antoine

Compagnon, la démocratie qui suppose

l’éducation de tous entrainerait en fait au

contraire à une déculturation générale à

l’américaine puisque en effet le livre selon la

logique marchande devrait être accessible à un

plus large public pour une meilleure rentabilité.

Mais entre les pessimistes et les nostalgiques, il y

a aussi ceux qui cherchent des solutions. On

s’empresse alors d’écrire sur la nécessité de la

littérature, publiant de longues réflexions sur le

rôle de plus en plus décisif de cette discipline. On

peut citer « La littérature, pourquoi faire ? »

d’Antoine Compagnon en 2007, « Que peut la

littérature » d’Alain Finkielkraut ou alors «

Pourquoi étudier la littérature » de Vincent Jouve

en 2010. Dans un débat en 1964 sur « que

Comment répondre à la question "qu'Est-ce que la littérature contemporaine du 20ème siècle" sans en faire une thèse ? D'abord, qui dit littérature contemporaine dit mouvement littéraire et celui-ci est définit comme tant 1« un ensemble d'auteurs et d'œuvres qui présentent à une époque donnée, une communauté d'idées, une vision de l'humanité et de l'art s'appuyant sur des traits communs ». C'est ce qui nous permet de distinguer les différents mouvements littéraires à travers les siècles et d’y classer des auteurs et des œuvres clés, ainsi le 19ème siècle est caractérisé par le réalisme de Balzac et le naturalisme de Zola. Cependant, vouloir classer la littérature contemporaine dans un genre précis relève de l'incorrection puisqu'elle se veut indépendante de tout dogme littéraire et de toute règle d'écriture, c'est d'ailleurs ce qui la caractérise le mieux, un rejet total des méthodes ultérieures à dire la réalité puisque les contemporains veulent la relater d'une manière différente, en utilisant différents styles et en réinventant l'écriture dans son ensemble.

1http://cogitoblog.canalblog.com/archives/2010/10/19/9548933.html

Quelles conséquences pour

une mort de la littérature ?

Littérature

contemporaine

1Selon Philippe Forest (écrivain français), on peut y

distinguer trois périodes:

Un premier 20ème siècle exprimant le monde et la

condition humaine, une sorte d'expérimentation de

la pensée et de l'engagement révolté, on y

retrouvera Proust, Céline, Sartre et Camus.

Un second 20ème siècle qui se veut avant-gardiste,

on y retrouve le surréalisme, le nouveau roman, Tel

Quel et le théâtre de l'absurde avec comme effigies

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

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devient porteuse de messages forts de révolutions et d'insurrection populaire. De Céline à

L’écriture contemporaine L'écriture contemporaine est caractérisée par une innovation et un style diversifié mais propre à elle. Elle utilise le langage soutenu, le langage familier, l'argot et le langage populaire pour décrire la réalité, car elle s'inscrit dans un courant d'idées qui rejette les méthodes antérieures pour relater celle-ci, elle touche au roman, à la poésie, aux essais et au théâtre. Nous retrouvons le genre romanesque dans les œuvres contemporaines de la 2nd moitié du 19ème siècle avec Proust par exemple, cependant, le Surréalisme vient tout bouleverser avec Breton qui inventa l'écriture automatique et qui donna naissance à ce mouvement. Vient l'Existentialisme, courant philosophique représenté par Sartre et Nietzsche. Sarraute, quant à elle, est connue pour le Nouveau-Roman, sans oublier le Théâtre de l’absurde avec Ionesco ou les calligrammes d’Apollinaire. Les exemples cités, loin d’être exhaustifs, relatent en quelques mots les grandes lignes de la littérature du 20ème siècle, avant-gardiste et engagée. Apollinaire, chacun tente de souligner à sa façon le déracinement de l'homme face à l'avancée technologique, élément caractéristique du 20ème siècle, de dénoncer les affronts que subit Née à la suite des deux guerres, ses enjeux sont

nombreux, on tend à détruire les dogmes afin de

mieux "se" reconstruire, cherchant ainsi un sens à

la vie et une meilleure façon de relater la réalité,

est exprimé le ras-le bol ressenti par les

contemporains qui n'hésitent pas à mélanger les

genres pour se rester fidèles à la réalité qui les

entoure.

L'écriture contemporaine a vu, dans le monde entier, naitre des auteurs suivant la même idéologie, en Russie, au Portugal, en Italie, en Allemagne, tous se joignent à l'idée qu'il faut sortir du miasme que les guerres et les régimes politiques ont imposé à l'être humain.

D’autres genres ont fait leur apparition à la même

période. On retrouve la science-fiction, la

littérature de guerre, les réécritures ou l’Oulipo

(Ouvroir de Littérature Potentielle). Ces genres

ont apporté, pour certains, un renouveau

littéraire mais aussi linguistique. Certains ont

voulu contraindre la langue à de nouvelles règles

tandis que d’autres nous emmènent dans des

mondes imaginaires autour de la nouvelle

technologie. Je citerai, également, le roman de

jeunesse qui a connu un essor considérable,

touchant le plus jeune publique.

Le 20ème siècle a connu une multitude de réformes

au niveau de l’écriture et est un siècle innovateur

et créateur de styles.

Cependant après 1989, nous avons droit à une

nouvelle génération sortie de la guerre, les

productions qui suivront ces années restent

difficiles à classer, je me focaliserai sur ce que 2Dominique Viart appelle la littérature

2Voir Dominique Viart et Bruno Vercier, La littérature française au présent, Paris, Bordas, 2008 (2eme édition augmentée)

Breton, Ionesco et Sarraute.

Enfin, un changement de paradigme s'opère

depuis les années 80 où on constate un

épuisement des théories avant-gardiste et

une plus grande dispersion des formes et des

expérimentations.

ne se contentant plus de son effet de réel dans

l'écriture. Elle peut avoir des enjeux politiques

lorsqu'elle

l'humanité de cette nouvelle société barbare et

sanguinaire, une sorte de purgatoire où

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

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j

déconcertante et concertante, la première

cherchant à bousculer l’ordre établi en invitant à la

réflexion tandis que l’autre cherche le scandale et le

bruit de fond médiatique.En effet, la littérature

actuelle est devenue désengagée, j’ai l’impression

que notre siècle est le moins productif, elle me

donne l’impression qu’elle ne s’ancre pas dans la

réalité de nos vies ou plutôt qu’elle répond à un

besoin de lecture rapide. Certains auteurs cherchent

uniquement la gloire et non plus ce qu’ils pourraient

apporter à la société, refusant de s’engager dans la

réalité politique et économique du monde moderne

et s’ils le font, c’est souvent pour créer une

polémique médiatique qui leur garantit une publicité

presque gratuite.

Je généralise, bien évidemment, car il subsiste des

écrivains qui s’engagent à dénoncer des faits de

société ou des injustices sous forme de romans mais

s’il doit subsister un seul genre pour « sauver » la

littérature contemporaine de sa pauvreté de fond, je

dirai que l’essai est la solution.Avec ces

changements radicaux, un 21ème siècle à la pointe de

la technologie, je me questionne sur l’avenir de la

littérature et sur la capacité créatrice

de l’être humain. Sommes-nous vraiment arrivés au

sommet de l’innovation et de l’invention ? Ou bien

au lieu de se lamenter, ne ferions-nous pas mieux

d’accepter toutes ces mutations et de nous dire que

finalement il s’agit, là, d’un tournent important de

l’histoire de la littérature comme beaucoup de

siècles l’ont été ?

Au cours de ma modeste recherche sur la littérature

contemporaine, je me suis confrontée à l’idée

qu’elle est en constante mutation et qu’elle n’est

pas « finie », ce qui rend la tâche de la définir plus

compliquée et qui donne naissance à des débats

controversés.

Il y a une littérature que nous avons oublié, mais

qui était pourtant au centre des dernières

meutes: la presse, puisque le Journal est devenu

un incontournable. Qu'elle soit politique,

littéraire, scientifique, généraliste, sportive,

people, mensuelle, hebdomadaire, de gauche ou

droite, journalisme de guerre ou gonzo, elle ne

laisse personne indifférent. C'est un style à part.

Sa mission première est de présenter

succinctement une actualité dans son contexte :

un match de foot dans un championnat, des

élections avec ses tricheries et ses coups bas, la

cérémonie des Oscars. Ou des drames de guerres.

Avec la rubrique des chiens écrasés, considérée

aussi comme une punition, regroupe les faits

divers inclassables dans les rubriques

traditionnelles, mais qui a la particularité de

résumer le sujet en trois mots. Le journalisme

fournie aussi une critique, et le sujet traité n'est

souvent qu'un tremplin pour lâcher sa verve ou

présenter un sujet qui nous touche. Le

journalisme fournie aussi une vision de son

époque avec les particularités de son temps

Aujourd'hui, plus que tout autre littérature, on

s’inquiète pour la presse. Pour deux raisons

Discours sur le déclin

du journalisme

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

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Journal de La Meute, numéro 5 12

principales, toute deux liées au développement de

la technologie qui a bouleversé le mode de

consommation, mais aussi de production de

l'information.

Tous les médias ont connu une

métamorphose, grâce au numérique en étant

accessible partout et en tout temps sur une

simple tablette. Le journal connaît aussi sa part de

révolutions, qui soulève des questions quant à

l'avenir de l'industrie du journal papier. Les grands

noms du journalisme adaptent leurs offres et pour

quelques euros l'année, une carte Visa et une

connexion internet, le Monde Diplomatique est

accessible de l'Inde au Pôle Nord. Le journal ne

fait que changer de support en permettant de

faire des gains non négligeables sur le travail de

presse et de livraison. De nouveaux métiers du

numérique prennent la place des anciens

papetiers, sans que le travail de mise en page soit

négligé. Au contraire, le journal numérique est

devenu interactif : des hyperliens apparaissent

pour compléter l'info avec vidéos, images,

archives : le journal devient une véritable

médiathèque.

Mais l’accès en continue à l'information,

porte un coup au journalisme. Il n'y a plus de

perspective. La multitude de source et le temps

ultra court de traitement de l'information posent

de nouveaux défis à la rédaction en terme de

fiabilités de sources, puisque la profusion de

vidéos, de messages et d'images, ne sont pas

évidentes à gérer pour un journaliste qui se doit

de suivre des règles d'éthique sur la vérifiabilité

des informations fournies, leur diffusions, leur

pertinence, tout en fournissant une info en

continue.

La liberté d'expression fait aujourd'hui

l’unanimité et internet fournie les moyens de

toutes les ambitions sur ce point-là. Dès lors, tout

le monde peut publier, partager, aimer et

s'exprimer : la production de l'information s'en

trouve bouleversée. Si les grands groupes

d'informations avaient le défaut de filtrer

l'information sur la base d'une ligne éditoriale pas

toujours claire, Internet fournie une orgie et une

profusion de blogs, webzines, groupes sociaux où

il n'est pas aisé de surfer. Tout le métier de

journaliste se base sur la fiabilité des informations

transmises et sur l'esprit critique qui la transmets.

Journaliste est un métier à part, concurrencé par

l'apparition des blogueurs, des lanceurs d'alertes

ou le jugement et les valeurs de chacun doivent

faire leurs preuves tout comme le photo-

journalisme est aujourd'hui submergé par la

démocratisation des appareils photos qui se

limitaient il y a quelques années au professionnels

de la photographie avec des moyens conséquents.

Les affaires Wikileaks et Snowden, les révolutions

arabes ont mis sur en lumières l'évolution de

l’information. Deschair, parce qu'il ciblait une

catégorie bien spécifique de la population, avec

un type particulier d'informations: les hommes

d’âge mûr et d'un certain niveau intellectuel qui

s’intéressent à l'actualité et à la politique

nationale ou internationale. Aujourd'hui la presse

de vulgarisation scientifique, les périodiques pour

bricoleurs du dimanche, la presse people ne sont

pas de simples niches, mais une industrie

florissante. Le magazine Science et Vie reste un

incontournable, tant sur papier que sur internet,

l'avenir n'est pas si sombre qu'on le croirait.

Journaliste devient aujourd'hui un métier

bien compliqué.

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 13: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 13

Littérature hispanophone

La littérature en chute libre ?! …pas si sûr !

« Déclin », en voici un bien joli moche mot qui est en vogue. C’est le déclin en tout, de la morale, de l’économie, de la culture et notamment de la littérature. Est-ce si certain? Peut-on affirmer que la littérature est en déclin, en chute libre? N’y a-t-il donc aucun espoir pour l’humanité, car sans la littérature que serait le genre humain ? Pour contrer tout ce négativisme grimpant, cherchons un semblant d’espoir, rien qu’un peu d’espoir pour pouvoir envisager un avenir pour la littérature, pour l’humanité, un avenir ni heureux ni malheureux, juste une possible continuité, une porte ouverte, une fenêtre donnant sur l’infini… Mais où chercher, où trouver ? Et pourquoi pas en Amérique Latine ou encore en Espagne? Car que l’on se le dise la littérature en langue espagnole se porte bien.

D’abord, si nous allons du côté de l’Espagne, au pays des Corridas et de Cervantès nous nous rendrons compte alors que l’œuvre la plus importante et la plus connue (Don Quichotte) de ce dernier est aussi la plus traduite c’est-à-dire la plus lue dans le monde après la Bible (1).

Partons ensuite faire un voyage des plus passionnants en Amérique Latine où des pays comme l’Argentine, la Bolivie ou encore l’Uruguay, sont des pays jeunes d’un point de vue politique et économique et d’une richesse et d’une diversité culturelles sans pareil. Un cocktail adéquat pour faire de la littérature.

Aussi, il y a l’héritage littéraire dont jouissent les jeunes auteurs car ils ont des prédécesseurs qui ont joué un rôle clé non seulement sur la scène

hispanique mais aussi sur la scène internationale, parmi eux les écrivains du BOOM latino-américain comme : Jorge Luis Borges, Gabriel García Marquez, Mario Vargas LLosa ou encore Julio Cortázar(2).

Enfin, de nos jours ce ne sont pas les thèmes à traiter qui manquent, les auteurs latino-américains ont matière, ils ont une société á construire, á en décrire les lacunes, á donner de l’espoir et une littérature à réinventer et á inventer. Des auteurs prometteurs font leur entrée sur la scène littéraire tels que Roberto Bolaño, Rodrigo Fresán, Guillermo Fadanelli ou encore Santiago Gamboa (3).

Aussi, il est de toute urgence de créer une littérature qui soit á l’image des femmes et des hommes d’aujourd’hui et qu’elle décrive leur réalité mais aussi leurs rêves et leurs attentes. Car á la fin, la littérature n’est pas un témoigne du temps passé mais aussi de notre époque, qui un jour sera un temps évanoui, il ne restera alors que nos écrits qui témoigneront de notre existence, que nous ayons vécu au sein d’une société en déclin ou non.

(1) : http://blog.libros.universia.es/los-10-

libros-mas-leidos-de-la-historia/

(2) :http://america-

latina.blog.lemonde.fr/2012/11/22/les-

cinquante-ans-du-boom-du-roman-

hispano-americain/

(3) :

http://fluctuat.premiere.fr/Livres/News/L

es-nouveaux-visages-de-la-litterature-en-

langue-espagnole-3337700

La littérature russe : le lourd

héritage.

« Plus l'objet ou

l'évènement sont grands, plus doit être grand le r

ecul. », Maïakovski4

Comment se porte la

littérature ailleurs ?

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 14: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 14

A chaque pays son histoire littéraire. A chaque

époque ses genres romanesques. La Russie ne fait

pas exception à la règle, les plumes russes, font

partie bel et bien de l’histoire littéraire du monde.

Et quelle histoire?!

Difficile de penser littérature russe et s’empêcher

de penser à l’âge d’or de celle-ci, le XIXe siècle est

marqué par le réalisme de Tolstoï et Dostoïevski,

pratiquement les plus grands écrivains russes de

tous les temps, à côté de Gogol et Tourgueniev.

Commençons par les débuts : la littérature de

langue russe est né au cours du XVIIe siècle, elle

fait ses débuts avec la poésie et le théâtre, mais

très tôt nait une riche tradition romanesque,

intéressons-nous à cette dernière.

Au début du XIXe siècle, le romantisme fait son

apparition avec de talentueux auteurs tels que :

Alexandre Pouchkine, et Mikhaïl Lermontov.

Vient, ensuite, l’âge d’Or avec les auteurs

mentionnés au-dessus. Le roman russe prend son

essor avec Tolstoï et Dostoïevski, les géants de la

littérature russe, ils donnent vie au réalisme russe,

différent du réalisme français.

« Les âmes mortes » de Nicolas Gogol, est l’un des

chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, il est

classé entre les plus grandes œuvres littéraires

comme « Don quichotte », « Gil Blas », une

véritable épopée héroïcomique, avec un humour

gogolien propre à l’auteur. La fin du XIXe siècle est

marquée par l’influence de l’occident :

Baudelaire, Mallarmé et Verlaine. La littérature

russe se livre à un véritable renouveau, une sorte

de « démocratisation » de la littérature qui touche

un public plus large. Des auteurs qui, en

continuant de s’inspirer du réalisme classique,

s’en détachent progressivement. La nouvelle et le

récit séduisent de plus en plus cette génération de

la fin du siècle, et même Tolstoï à la fin de sa vie

ne s’en privera pas. L’un des nouvellistes les plus

marquants de la fin du XIXe siècle et du début du

XXe est :Tchekhov (1860-1904) avec sa vision

pessimiste de l’univers russe, une vision unique

qui rompt avec le style classique, par la forme de

ses textes. Deux autres nouvellistes marqueront

cette période, il s’agit de Vsevold Garchine (1855-

1888), et Vladimir Korlenko (1853-1921).

Le début du XXe siècle voit une vive activité dans le

champ poétique avec l'éclosion de diverses

tendances telles : le symbolisme, l'acméisme et

le futurisme russe. Cette période voit également

une intense activité critique et théorique, avec le

développement du Formalisme russe.

La révolution russe d’Octobre en 1917 et

particulièrement l’ère soviétique mettent un coup

de frein à la production et à l’évolution littéraire.

Dès les années 20, nombreux sont les auteurs qui

s’exilent à l’étranger, à Berlin puis à Paris, à

l’image de : Bounine (prix Nobel), et Kouprine, qui

vivront de grandes difficultés. D’autres ont choisi

l’intégration. « La pensée russe », un

hebdomadaire de la diaspora russe en France, voit

le jour à Paris en 1947. Deux femmes à forte

personnalité le dirigèrent pendant de longues

années : la princesse Zinaïda Schakhovskoï,

historienne, et Irina Illovayskaya-Alberti, petite-

fille de Léon Tolstoï.

Sous la direction de Lénine en 1921, quelques

auteurs profitent pour dénoncer les abus du

système tels que : Zamiatine, Boulgakov, avec un

style ironique, humoristique, cynique, voire

grotesque, ce qui coûtera très cher à certains.

Avec l’avènement de Staline, la rébellion se tient

à carreaux. De nombreux écrivains et intellectuels

furent emprisonnés. Après la mort de Staline

quelques initiatives voient le jour. Soljenitsyne

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 15: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 15

publie son roman : « une journée d’Ivan

Denissovitch » mais l’arrivée de Brejnev plonge la

littérature russe dans une période stérile (1964-

1985), et le réalisme socialiste reste le seul style

littéraire autorisé, des auteurs décident de se

faire publier à l’étranger sous samizdat qui veut

dire littéralement « publier ailleurs ». Dans les

années 70, Axionov avec son ton satirique « à

l’occidental », qui sait capter l’attention de la

jeunesse, met fin à l’esprit littéraire qui s’opposait

jusque-là au capitalisme et au mode de vie

occidental.

La littérature russe contemporaine, essaie tant

bien que mal de se détacher de l’époque

soviétique, et cherche d’autres horizons pour se

replanter dans l’histoire littéraire mondiale, selon

Olga Slavnikova (critique littéraire, romancière et

nouvelliste) la nouvelle génération ressemble à

celle des écrivains des années 60 : « J’observe

une nouvelle génération pour qui le règlement de

compte avec les autorités russes n’est plus

d’actualité. ». Elle ajoute plus loin « Ces jeunes

auteurs se prennent souvent pour des cyniques,

qui ont tout vu. En réalité, ils représentent la

littérature de la nouveauté »

La réalité contemporaine évoque une société

chaotique ravagée par les changements, là où

drogue, sexe, violence et mort donnent le ton. La

littérature essaie d’évoquer la vie des nouveaux

riches et la vie des pauvres. La littérature

policière, le genre dominant aujourd’hui en

Russie, se porte bien avec des auteurs comme :

Nikolaï Chadrine, Alexandra Marinina, Andreï

Kourkovet sa fidèle mascotte « Macha » et Boris

Aknounie. Ce dernier, commente la littérature

russe policière en disant : « quand la machine

soviétique s’est effondrée, le crime nous est

apparu violemment : tous les jours des explosions,

des viols, des violences…il ne nous manquait, dès

lors, ni crime organisé ni obsédés sexuels. »

Zakhar Prilepine (ancien volontaire en

Tchétchénie ; auteur journaliste, chanteur et

poète) a justement écrit un roman tournant de ce

conflit tchéchène : « j’ai grandi dans un pays qui a

gagné la pire des guerres », dit-il. La violence du

conflit a marqué son esprit, mais aussi sa prose.

Comme, très certainement de nombreux autres

auteurs actuels. L’un des ennemis de la littérature

russe à travers les années reste la censure,

d’après Michel Pafenov (directeur de la collection

Lettres russes d'Actes Sud) quand on lui

demande : Qu’en est-il aujourd’hui de la liberté et

de la censure littéraire en Russie ? Il répond que

« Il n’y a aucune censure parce que les tirages sont

trop petits pour inquiéter quelque pouvoir que ce

soit.»

Si un roman peut mettre des années à se

construire, qu’en est-il quand une société est

bouleversée de A à Z ? On n’a plus la même

temporalité. Certains styles se sont perdus,

d’autres sont nés dans le tas. La société russe

évolue, sa littérature aussi. Certains affrontent

leur histoire, et suivent le schéma du roman

réaliste classique russe, et d’autres plus réservés,

fuient les fantômes du passé et essayent d’en

construire une nouvelle qui a pour thème leurs

existences actuelles. L’histoire de la littérature

russe, comme toute histoire, est passée par des

moments de gloires et des moments de faiblesses,

elle est blessée, mais elle combat toujours pour

son existence, on doit suivre de près les pas de ces

auteurs au cas où un nouveau Dostoïevski verrait

le jour. « Ce n'est pas

en enfermant son voisin qu'on se convainc de son

propre bon sens. », Fiodor Dostoïevsk.i

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 16: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 16

Dans un présent alternatif, à des technologies inespérées. On pourra donc utiliser le terme de « retro-futurisme » quand on évoque ce style. Souvent, mais pas toujours décrits sous un aspect Victorien, on se retrouvera donc dans un monde où des trains à vapeur lévitent sur les rails et se déplacent à une vitesse surnaturelle, les gens ont un style vestimentaire spécifique à l’époque victorienne mais avec une extravagance accrue et des gadgets improbables accrochés à leurs chapeaux, corsets ou encore capes. Il n’y a pas de manchot ou de personne sans jambes, les prothèses mécaniques, semblables aux bras d’Edward Elric, sont à la pointe de la technologie et bien sûr, on retrouvera en levant les yeux vers le ciel des Zeppelins perfectionnés, des bateaux volants grâce à l’énergie à vapeur et peut-être même le ballon ayant fait le tour du monde en 80

Un nouveau genre :

Le Steampunk !

Steampunk : Fantaisie Rétro-futuriste « Le XIXème siècle a été la scène de maintes œuvres littéraires, surtout classiques, mais qu’en est-il de la fiction inspirée de cette époque ? Une version alternative de cette période, marquée par la révolution industrielle et l’apparition de l’énergie à vapeur, a vu le jour entre les mains d’auteurs profitant du

déclin du Cyberpunk, autre style littéraire relevant de la science fiction, afin de donner vie et mettre sous les feux des projecteurs ce monde qui tire ses origines fictives et sa structure de choses ayant déjà été

explorées par de grands noms, tels que Jules Verne dans « vingt mille lieues sous les mers » ou encore H. G Wells dans « La machine à explorer le temps » par le fait que ces derniers utilisaient les machines et le monde de l’époque comme support de leur imagination des technologies futuristes. » Qu’aurait été le présent si certains éléments du passé n’avaient pas été les mêmes ? Le XIXème siècle me fascine, que ce soit du côté architectural ou du côté des « réalisations ». Mais porter un long chapeau, une veste « queue de pie » avec une montre à gousset accrochée et avoir une canne ne m’est cependant pas

permis, du moins pas sans que je passe pour un fou. Ceci ne m’empêche pas de rêver… rêver d’un monde où deux choses que j’apprécie s’y trouvent : la fantaisie / science-fiction et ce même décor vieux de plusieurs décennies. Le Steampunk* est l’aboutissement de la création de cet univers fictif fantaisiste qui, dans un premier temps, fut assimilé à la science fiction (puis maintenant considéré comme sous genre de cette dernière) vu qu’au début, les auteurs de roman d’anticipation faisaient des prédictions sur l’évolution des machines de l’époque. Cette évolution n’a pas eu lieu et le Steampunk, en tant que genre à part entière, fit son apparition des années plus tard dans la catégorie fantaisie. Et bien que traitant d’un temps relativement passé, cet univers met l’accent sur l’aspect futuriste des machines à vapeur et des technologies résultant de l’évolution de cette source d’énergie dans un monde uchronique** figé esthétiquement au XIX siècle et dans lequel la découverte et l’utilisation massive des machines à combustion n’a pas eu lieu. Ce qui en résulte est le perfectionnement de l’énergie à vapeur et de la mécanique de l’époque afin de donner vie,

permis, du moins pas sans que je passe pour un fou. Ceci ne m’empêche pas de rêver… rêver d’un monde où deux choses que j’apprécie s’y trouvent : la fantaisie / science-fiction et ce même décor vieux de plusieurs décennies. Le Steampunk* est l’aboutissement de la création de cet univers fictif fantaisiste qui, dans un premier temps, fut assimilé à la science fiction (puis maintenant considéré comme sous genre de cette dernière) vu qu’au début, les auteurs de roman d’anticipation faisaient des prédictions sur l’évolution

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Journal de La Meute, numéro 5 17

jours, si on a de la chance, on croisera le vieux qui ne veut pas changer son véhicule. Même si le Steampunk s’éloigne, de la mise au premier plan, du côté politique, résultant du changement causé par la modification majeure du futur à une époque précise, il ne sera néanmoins pas rare de tomber sur des œuvres mettant en avant des versions « apocalyptiques » et lugubres du monde. La dystopie, forme négative et paradoxale de l’utopie, a, en effet, une grande place dans l’univers de la science fiction de façon générale et de la fantaisie spécialement. Evgueni Zamiatine, même si axé sur le Dieselpunk, est l’un des pionniers de l’écriture d’œuvres uchroniques avec une vision sombre de la réalité « rétro-futuriste » dans laquelle la société se voit perdue, les pénuries de matières premières pousseront les régimes, souvent totalitaires, et nations à tomber dans des conflits armés et des guerres dévastatrices causant la destruction totale, ou partielle, de la planète comme c’est le cas dans le manga Trigun d’inspiration « steampunk western ». Le Steampunk quittera rapidement le domaine de la littérature pour s’étendre aux arts visuels et la peinture (les illustrations d’Albert Robida), l’animation/manga(les œuvres monumentales d’Hayao Miyazaki ou autre Full MetalAlchemist) voire même à la musique dans des titres thématiques et se fera une grande place dans les jeux vidéos (on citera à titre d’exemple l’incontournable Bichock ou encore Dishonored).L’architecture a aussi été touchée par ce nouveau mouvement culturel qui gagnât en popularité et inspirera des architectes de renom, comme LebbeusWoods, dans certaines de ses maquettes. Cet univers fictif s’est vu adjugé une place incontestable au sein de la culture moderne mondiale mais reste néanmoins inconnu chez nous, en Algérie, et, c’est en tant qu’amateur de science fiction que, je me permets de recommander aux lecteurs cette catégorie de littérature d’abord, ensuite d’art de façon plus large, qui vous transportera dans un ‘’vieux

futur’’. Il n’est pas nécessaire de commencer, directement, par les œuvres purement fictives, les vieux Jules Verne ou Dickens feront l’affaire pour vous familiariser avec cette époque pour ensuite faire émerger cette vision fantaisiste d’un présent aux couleurs d’un passé futuriste.

* Définition et origine du mot Steampunk : littéralement « punk (voyou) à vapeur » le mot a été créé par Kevin Wayne Jetter dans les années 1970 quand il créa le genre avec ses amis Tim Powers et James Blaylock. Le mot a été créé a partir d’une boutade vis-à-vis d’un autre style littéraire, le Cyberpunk.

** Définition d’Uchronie : un genre qui repose sur le principe de la modification d’un fait historique, faisant que dans un univers parallèle et suite aux changements de cet événement tout le déroulement de l’histoire bascule vers une autre direction.

Univers Steampunk

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Journal de La Meute, numéro 5 18

Progression ou régression de la littérature ?

Internet a envahi nos vies depuis quelques décennies. Elle est une riche base de données qui permet une connexion au monde en quelques clics. On a vu naitre l'écriture numérique dont l'auteur, au départ, pouvait être identifié à un espace: un site ou un blog. Aujourd'hui, les écritures se sont multipliées et leurs plateformes se sont diversifiées, elles se croisent via les réseaux sociaux. Il y a, ce qu'on appelle, l'extension du domaine de l’hyperlien. L'auteur numérique a un écosystème qui le caractérise: le site et ses composants (images, design, texte) et ce changement de support nous permet de parler plutôt d’une nouvelle interface que d’un dualisme entre Réel/Numérique. L'écriture numérique

Comme le dit si bien Sébastien Rongier, elle est

pleinement dans l'invention, elle expérimente

l'intensification de l'écriture comme force

d'évolution et de déplacement.

Les auteurs sont "suivis", "commentés",

"partagés" et "aimés", une popularité qui, via les

réseaux sociaux, est importante, pour ces auteurs

dits numériques mais aussi pour ceux qui publient

sur papier et à qui internet sert de médiation pour

attirer le lecteur.

Il y a du bon et du mauvais.

En effet, il y a de nouvelles formes qui voient le

jour et des talents exposés. Il y a un

renouvellement de la littérature: elle a changé

d'espace, elle est devenue hypermoderne et

s'adapte à son public, elle lui propose des

lectures simples et fluides pour ne pas l'ennuyer

oul'importuner dans ses tracas quotidiens, les

« romans de gare » font fureur pour ces raisons-

là, le large public ne veut pas réfléchir aux soucis

du monde alors il préfère se plonger dans des

œuvres qui donnent l'impression d'avoir quelque

chose à dire.

L'hyperlien rend accessible, en quelques

secondes, des œuvres partielles ou complètes,

payantes ou gratuites. Les e-books sont très

appréciés et les créateurs d'applications l'ont bien

compris, il y a une multitude de lecteurs d'E-pub

et de PDF qui proposent des bibliothèques

virtuelles, nous permettant ainsi de transporter

plus de livres, qu'on en aurait acheté durant une

vie, partout où on va.

Les blogueurs inventent de nouvelles formes de lecture, des textes mis en scènes sur fond de musique, nous imposant un rythme représentatif du texte en question (l’Horloge de Baudelaire), d'autres mettent ça sous forme de dessins,….etc. En tout, il y a une hyperactivité sur internet, tout le monde met la main à la pâte pour créer ou inventer quelque chose. Ça ne cesse de s'accentuer et les réseaux sociaux, comme Facebook, permettent ce partage universel. Il y a des dangers à tout ça, la mort de la littérature peut très bien venir de là, car jusqu'ici, l’édition numérique n'était qu'un support de médiation avec le livre papier. Certains pourraient encourager l’édition

numérique mais elle est plus ou moins contrôlable

puisqu'il faudra une réglementation qui

protègerait les droits d'auteurs de chacun écrivant

sur internet, qui veut dire la quasi-totalité de

l'humanité.Il y a ceux qui proposent plutôt de

n'imprimer QUE les œuvres jugées importantes

afin de les sacraliser et de garder le reste

numérisé : serait-ce un nouveau prix littéraire ?

Comme une récompense ? Qui peut décider, de

Avenir de la

littérature

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 19: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 19

nos jours, si untel a du talent tandis qu'untel n'en

a pas ? Peut-on encore parler d'amateurisme

quand la toile ne filtre rien et ne sélectionne pas

et que, parfois, la popularité est la seule référence

du talent ?

La littérature numérique tend à être underground,

c'est une vraie "littérature-monde" qui voit le jour

et qui se prolifère sur les fils de la toile, disons que

tout le monde ne cherche qu'à s'exprimer et que

le Web 2.0 le permet très bien, il n y a pas de

censures ou du moins facilement évitées, il y a

plus de liberté, il y a une hyperactivité textuelle.

Les auteurs de cette nouvelle forme littéraire sont

engagés dans leurs discours, ils sont impliqués et

ont un public qui partage le même avis, d'ailleurs

des micro-communautés voient le jour partout sur

le web, des groupes, des forums…etc.

Si le 20ème siècle a été un tournant dans

l'abolition des tabous et un gain d’une liberté de

pensée et d'écriture, le 21ème siècle explose tout

sur son passage et change radicalement les règles

établies, celles qui voudraient qu'une "vraie"

littérature soit mieux pensée.

Il y a de bons et de mauvais côtés.

Je suis convaincue que ce qui se fait sur le Web

est éphémère (trop de liens, de pages, de

sites…etc.) et que le virtuel est une illusion car à

mon avis si Virgile n'avait pas mis sur papier ses

textes, on n'en aurait jamais eu vent. Je trouve

que l'écriture numérique est comme une rumeur,

elle apparaît, se propage, se commente et

disparaît quand l'intérêt n y est plus.

Le Web est en passe de remplacer tout dans

nos vies et de par ce fait formater tout l'ordre

établi. Il propose une sorte de nouvelle vie, de

nouvelles formes conceptuelles, certains y

trouvent leurs comptes car on est face à une

génération "Y" qui ne s'intéresse à rien, qui se

contente de critiquer, de cliquer sur "j'aime" ou

de faire des Vine, la rapidité est de rigueur, tout

va à la vitesse de la lumière, on n'a plus le temps

de lire un bouquin, il faut vraiment le vouloir et y

consacrer du temps, ce n'est plus par besoin de se

cultiver qu'on veut lire mais pour dire qu'on lit,

pour faire partie d'une communauté, et encore !

La société est aliénée et la littérature est peut-

être l'art qui s'éteindra en premier car la peinture

et tout ce qui est pictural a encore du chemin

devant lui et le poème a trouvé son successeur, le

Slam par exemple. La littérature est prise au piège

car elle a été la mère des arts et elle se voit

démodée, vieux-jeux et mise de côté.

Même si le web stimule l'imagination de l'individu en lui offrant des outils comme Photoshop, collage, montages, vidéos et bien d'autres pour écrire et peindre, il n'en reste pas moins sûr, car il faudrait alors le valoriser en lui donnant le monopole sur le reste. D'ailleurs certains disent que le Web 2.0 est

l'œuvre ultime de la modernité, par conséquent

l'homme ne va rien inventer de nouveau et qu'il y

a un arrêt de la littérature.

L'écriture numérique et l'écriture sur papier sont

deux mondes bien distincts, car comment juger

ces nouveaux écrivains en se basant sur la

littérature proprement dite ? Il faudrait alors

établir de nouveaux critères et bien distinguer ce

nouveau monde où s’articule un renouveau

linguistique et syntaxique. Désormais, il n y a plus

de courants ou si certains en trouvent toujours,

leurs nominations est technique ou technologique

: "hyper-roman", "mail-books ‘’, "hyper

textes"…etc. certains de ces "courants" ont

disparus rapidement car il n y a pas un

mouvement particulier qui déterminerait une

communauté d'idée ou de "façon de faire", et la

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 20: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 20

raison de l'individualisme revient pour expliquer

ces auteurs fragmentés. Chacun écrit ce qu'il veut,

quand il le veut et comment il le veut. La société

de consommation a changé de priorités.

Nous ne sommes pas les premiers à parler d’une éventuelle mort de la littérature, c’est un débat, dirai-je, vieux de plusieurs siècles et les raisons sont souvent les mêmes, parmi elles, celle autour du mode de vie changeant de l’être humain. Tout ce tintamarre réduit la littérature à peu de chose, lui enlevant son sens véritable. Avant, nous lisions un livre et nous découvrions la société, la politique d'un pays, de nos jours, Google peut très bien s'en charger. Je me pose des questions sur l'importance qu'a encore la littérature, Antoine Compagnon nous dit dans son ouvrage "démon de la théorie » que « la valeur de la littérature dépend de la valeur qu'une société donnée peut accorder aux valeurs que la littérature transmet » et il renvoie la question de la littérature à celle de la lecture car, pour lui, la valeur d'une œuvre dépend des compétences du lecteur. Ainsi le lecteur est sensé avoir une lecture responsable.

Solutions et Suggestions Face à ces constats tantôt défaitistes, tantôt optimistes quant à l'avenir de la littérature, il n'en demeure pas moins qu'il faut proposer des solutions, faire des hypothèses réalisables et qui pourraient redorer le blason de la littérature. Il faudrait, par exemple, réintégrer la critique littéraire dans les journaux, la presse écrite ou visuelle. Qu'il y ait des critiques objectives et constructives, sans lynchage médiatique ou ultra-médiatisation d'une œuvre, comme on a tendance à le rencontrer de nos jours. "N'est pas critique qui le veut", dans l'art de la critique, on tend à apporter une nouvelle vision sur une œuvre, parler de ses dérives ou de ses succès et ainsi

suggérer à l'écrivain une amélioration ou d'éventuels conseils d'écriture. Les médias sont importants car ce sont eux qui font et défont une œuvre, la mettant sous les projecteurs soit pour la descendre, soit pour l'élever, ils établissent une opinion publique et ils ont la responsabilité d’apporter une information objective. La responsabilité incombe aux éditeurs

également, le fait de sélectionner d'éditer une

œuvre devrait passer par un questionnement

essentiel "que va-t-elle apporter au lecteur?" et

non « sera-t-elle rentable ? », pour cela, ils

pourraient faire des appels d'offre pour des écrits

plus engagés afin de pallier à la pauvreté de fond

dont fait preuve certains livres. Pourquoi gaspiller

du papier lorsqu'un texte raconte juste une

histoire qui ne fera, de toute façon, pas long feu ?

Les écrivains sont les premiers responsables de ce

qu'ils peuvent produire comme idées, ne pas

s'engager ou s'impliquer dans un texte, en se

contentant de narrer sa propre vie, l'éloigne du

lecteur, qui ne se reconnaît pas toujours dans

celui-ci, cela entraine également à écrire de façon

générale ce que l'écrivain pense personnellement,

ce qui donne l'impression qu'il prêche une vérité

nouvelle qui pourrait offenser ou tromper le

lecteur.

De nos jours, on sent que l'écrivain n'est plus

inspiré que par sa propre vie et son propre vécu,

une déshumanisation totale s'installe et des bulles

d'individus voient le jour, chacun pour soi, il n'est

parfois intéressé que par l'appât du gain. Afin

d'éviter certaines contraintes liées à l'édition

papier, il se rabat sur l'édition numérique ou

devient son propre éditeur ce qui lui donne un

statut de commerçant. Il n'est pas honteux de

gagner sa vie en écrivant, ce n'est pas donné à

tout le monde de vivre de son art mais il faudrait

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 21: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 21

apporter un message, faire de la littérature active,

où l'écrivain écrirait pour instruire et pousser le

lecteur à réfléchir sur le sens de sa lecture.

Tout ceci est, bien évidemment, une tentative de

réflexion autour de la littérature, le débat reste

ouvert tant il y a une multitude de points à

aborder afin de comprendre la décadence que

subit la littérature en général et français en

particulier.

Sources :

http://sebastienrongier.net/spip.php?article56

http://www.french.hku.hk/dcmScreen/lang3035/lang3035litteratureactuelle.htm http://www.etudes-litteraires.com/malraux-conception-roman.phphttp://sebastienrongier.net/spip.php?rubrique40

http://sebastienrongier.net/spip.php?rubrique40

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spécialistes algériens afin de parer à ce fléau qui ronge nos pages !

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DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 22: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 22

Le i-Classics Au fil des années, le fossé entre les anciennes et futures

générations se creuse de manière inquiétante. Les nouvelles générations trouvent les anciennes œuvres

de plus en plus difficiles et ennuyeuses. Sommes-nous alors prêts, de voir ces anciens chefs-d’œuvre

disparaitre sous la poussière au fin fond des bibliothèques ? Non, car aujourd’hui, « Bookcreate » vous

présente, sa dernière et toute nouvelle invention : le i-Classics.

L’i-Classics est une machine à hologramme avec 5 pouces, 50 mm de largeur et 6 mm de profondeur, avec

écran tactile capacitif multi-touch de 4 pouces et une très haute résolution. En allumant l’appareil, vous

avez sous les yeux une bibliothèque numérique contenant plus de 2000 livres anciens et classiques. Vous

pouvez évidemment choisir la langue et avoir ces mêmes livres dans toutes les langues possibles. En

cliquant sur un livre, plusieurs options s’offrent à vous : Costumes, Lieux, Situations, Biographie,

Vocabulaire et Autres Références. Vous pouvez donc, visionner en 3D suspendu en l’air, les costumes

féminins ou masculins de l’époque dans laquelle se passent les faits et situer dans un worldmap, le lieu de

naissance de l’auteur et le lieu de l’écriture de l’œuvre, ainsi que les lieux où se déroulent les faits dans les

livres et les spécificités géographiques. En cliquant sur « Situations », vous pouvez avoir

une vue générale sur les situations économiques, politiques et sociales de

l’époque dans lesquelles l’œuvre fut écrite ou celles de l’époque dont il est

question dans l’œuvre. Vous avez également une biographie complète et

détaillée des auteurs, une liste du vocabulaire ancien ou difficile,nécessaire pour la compréhension du

livre. En plus, d’autres références : des ouvrages spécialisés, articles et vidéos sur le net, disponibles avec

la connexion à internet par wifiafin d’approfondir vos recherches. Avec son option infrarouge, vous

pouvez appliquer le rayon sur un extrait dans le livre que vous aurez en main et visionner en 3D les lieux

où se passe la scène. Vous pouvez également, utiliser cette option pour le dictionnaire en dirigeant le

rayon vers le mot voulu en vued’entendre et voir affichée la signification. Le i-Classics est un outil qui révolutionne

la lecture et qui fera désormais envie des plus vieux et « ennuyeux » classiques.

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 23: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 23

LIVRELIUM

CRASH TEST

Vous sentez vous prisonnier du system élaborer par le théoricien du

groupe Verkhovensky dans les Démons de Dostoïevski ? Vous sentez

vous enclin au Chigaliovisme, a une obéissance sans bornes a un

monde ou une société qui vous étouffe et vous restreint a une

dépersonnalisation absolue ? Maintenant vous faites face a cette

question monumental que c‘est poser Lénine en 1917 « que faire ? »,

et bien future client ne vous tracassez plus ! ne rudoyer plus votre

cerveau, car nous avons la solution adéquate a vos soucis. Oui !

Quand le présent n’est pas a la hauteur du passé, c’est vers l’avenir

qu’on ce tourne ! Et l’avenir c’est « Livreliume » ! Solution injectable

livré en boite de 5 ampoule de 3 ml, contenant chacune, l’ADN d’un

livre choisit au volet, livré avec son extracteur d’ADN hautement

performent, qui vous permet d’extraire le génome fondateur de toute

œuvre souhaitée et de le liquéfier dans une petit ampoule injectable

et pratique, et ce à tout moment de la journée. Vous chercher à vous

exiler loin du monde des vivants d’un pas chancelant, et côtoyer dans

votre divine distorsion avec le réel, les esprits les plus fins que la sainte

terre ait pu engendre. Le pack Livrelium présenté a la 175éme

assemblée mondial de la santé sous le titre Anglais de « The

manufacture and quality control of drugs and pharmaceutical

specialities » ayant fait preuve de bonne pratique de fabrication et de

contrôle de qualité, la production a l’échèle global fut lancée. Le pack

Livrelium se trouve en vente chez tous les libraires et les marchands de

journaux. Jaillissant comme le feu de l’enfer tout droit sortie du Styx,

Livrelium mettra fin à vos journées moroses.

N.B : si addiction s’en suit, veuillez vous renseigner chez votre

fournisseur.

DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres

Page 24: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 24

L’attrape-idées :

Vous en avez marre des idées innovatrices

et inédites qui vous traversent l’esprit et qui

s’évanouissent aussitôt sans même avoir eu

le temps de les noter ?!

Une solution ? Oui.

L’attrape-idées : une puce sous forme

neuronale que l’on connecte au système

nerveux par le biais des vaisseaux sanguins

en envoyant des micro-décharges

électriques, les idées une fois capturées

sont enregistrées dans la carte mémoire de

la puce. Pour la consultation des idées

sauvées, il suffit de connecter la puce à un

ordinateur quelconque. La puce est

rechargeable. Et adieu les idées perdues…

LIVROPHONE

Le Livrophone est une

plaque extensible, que

chacun peut agrandir ou

rapetisser au format de

son livre. Ça s'applique

sur la page et dont

l'écouteur lisait le texte

imprimé cette voix non

seulement lit Goethe

Dante Mistral ou Céline

avec l'accent d'origine,

mais aussi reprenait si

l’on le désirait en haut

de chaque page pour en

donner la traduction en

n'importe quelle langue.

Elle possède un grand

registre de tons, se fait

doctorale pour les

ouvrages de philosophie,

sèche pour les

mathématiques, tendre

pour les romans

d'amour, grasse pour les

recettes de cuisine. Elle

lit les récits de bataille

d'une voix de colonel et

d'une voix de fée les

contes pour enfant. Au

dernier mot de la

dernière ligne elle faisait

connaitre par un Hum

hum discret qu'il était

temps de changer de

plaque de page.

DOSSIER SPECIAL : Déclin des

Lettres

Page 25: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 25

La question, pour le moment,

n’a été évoquée ni par les

médias ni par le milieu scolaire

et éducatif. Comme je suis

soucieux de l’avenir de notre

jeunesse, je me pose cette

question, non pas par

obligation mais par nécessité.

On remarque depuis

des années le recul du niveau

scolaire qui se répercute,

notamment, sur le niveau

universitaire. Les raisons sont

aussi différentes que multiples

dues au terrible vide dans la

classe intellectuelle de notre

société.

La lecture chez les jeunes :

Les jeunes perçoivent

souvent la lecture comme une

activité qui les éloigne de leur

monde. Ils en ont une

impression négative, voire

dangereuse par certains

aspects. Avec un livre, ils se

sentent seuls alors qu’ils ont

besoin de liens avec leur

entourage. L’information

rapide qu’ils reçoivent sur les

choses et sur les êtres les

maintient dans une agitation

qui leur semble vitale. Ils

privilégient l’écriture et la

lecture du langage SMS, un

langage qui permet de créer

un lien direct avec l’extérieur

alors que la littérature tisse

des liens avec le moi intérieur.

Quelles sont les solutions ?

Pour remédier à

chaque casus belli social, il

faut remonter à la source :

l’école, source de formation et

d’éducation, en particulier

l’école primaire. À l'heure

actuelle, l'enseignement dans

le primaire reste défaillant

pour beaucoup de raisons,

notamment liées à la

répartition du temps entre

l'apprentissage technique

(sciences, physique et

mathématiques) et

l’apprentissage plus ludique

(musique, dessin, littérature

...) axé sur des méthodes

cognitives.

Introduire la

littérature jeunesse devient

impératif, plus que nécessaire,

cela implique l’intervention de

plusieurs instances

académiques, notamment

pour la traduction des grands

classiques de la littérature

jeunesse vers la langue Arabe

ainsi que pour l’enseignement

amazigh, mais aussi

promouvoir la littérature

algérienne (poésie et autres

écrits ) en organisant des

activités parascolaires.

« La littérature jeunesse » doit-elle entrer dans les salles de classe

algériennes ?

Sidou TELDJA

Articles

Page 26: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 26

Neuf lettres, un mot, un sens, un monde.

« L’écriture » est la lettre d’amour adressée au

monde. Elle s’appelle Léïna, elle est orpheline. Elle

vit dans une maison d’accueil. Adolescente

rebelle, elle n’en fait qu’à sa tête. Chaque matin,

quand ses grands yeux bleus s’ouvrent à ce

monde qui la fait souffrir, elle prie. Non-croyante

mais elle prie. Une âme contradictoire. Mais on ne

cessait de lui répéter qu’en chaque grand écrivain,

sommeillait une âme qui se contredit.Léïna ne

trouvait plus de sens à sa vie. Solitaire, elle

souffrait. Ses professeurs avaient l’espoir qu’un

jour elle sorte de sa coquille, qu’elle aille de

l’avant et fasse ressortir toute cette colère, cette

haine et tous ces démons qui la rongent.

Dehors, le monde la voyait comme une fille

bizarre, narcissique et effrayante. Mais au fond,

qui la connaissait pour la juger ? Quel droit

avaient-ils pour dire des obscénités sur elle ? Le

fait de ne pas laisser paraître sa faiblesse faisait

d’elle une personne forte. Mais en son for

intérieur, c’était une autre personne. Sous ces

allures d’adolescente révoltée, se cache une

petite fille brisée, mal dans sa peau et qui en veut

au monde entier. Chaque soir, allongée sur son lit,

un stylo entre les doigts, une feuille et elle écrit.

Son poignet danse suivant la mélodie de ses

pensées. La pointe de son stylo dessine des mots,

Ecrire pour exister

Essais

Page 27: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 27

des émotions, sa souffrance. Dans les

jours où tout va mal, où la mélancolie se fait

ressentir, ces jours où la solitude pèse sur sa vie,

c’est à ce moment précis qu’elle vient. Sa fidèle

amie, l’écriture, l’invite à poser des mots sur ses

maux. L’écriture ! L’écriture lui sert de pansement

pour ses plaies ouvertes et ses cicatrices. Quand

son ciel devient gris, que son monde s’écroule

sous ses pieds, elle a la plus merveilleusedes

compagnies. Le monde de la prose et de

poésie lui ouvre ses bras et la hisse vers la

lumière, vers un monde nouveau, vers une

renaissance. Dans l’obscurité, écrire est l’étincelle

qui l’éclaire, le seul moyen d’arriver à la sérénité.

Dans son carnet, elle a écrit : « Je m’exprime

peut-être pas bien, mais quand j’ai cette

impression d’être dans une cage sans pouvoir

m’échapper, quand je me sens prisonnière et

coincée, je laisse paraître mes faiblesses et je

m’en sers pour faire de cette cage une prison

dorée. Les gens pensent que dans ma tête c’est

tout blanc ou tout noir. Non, ce n’est pas le cas. Ils

pensent tous que mon esprit est torturé. Je suis

navrée de les décevoir, mais j’ai la plus belle des

armes. C’est mon exutoire, ma façon à moi de

vivre, d’être heureuse. Mon sourire est un

masque, l’écriture est ma réalité ». Léïna souffre

peut-être de solitude, de lassitude ou d’autre

chose, mais l’écriture représente pour elle un

monde secret qu’elle porte en elle, jusqu’au jour

où elle aura décidé de le dévoiler et de l’exposer

aux autres. La vie de Léïna ressemble à plusieurs

autres vies, mais ce qui la distingue des autres,

c’est ce qu’elle a pu accomplir grâce à ce don que

Dieu lui a donné. Pour échapper à la routine, pour

redonner sens à son existence, elle écrivait. Au

début elle avait peur, les exigences et les

responsabilités que cet acte impliquait pesaient

lourd sur ses faibles épaules. Néanmoins, elle ne

pouvait pas quitter ce monde sans avoir donné vie

à ses personnages, sans laisser de traces

de son passage sur terre. Elle a créé un monde, le

sien. Elle se voua corps et âme à cette passion,

débuta timidement mais l’envie d’atteindre ses

rêves était plus forte que tout. Ecrire pour Léïna

était un témoignage ; celui de sa propre existence.

Une existence qu’elle avait tracée sur ces feuilles

blanches durant ces soirées où elle sentait seule,

son but était atteint : Elle a fait de ses rêves une

réalité. lle est désormais un écrivain de

renommé, elle a fondé sa petite famille. Elle

continue de penser à ses parents, morts à jeune

âge, en leur rendant hommage à chaque

publication d’un nouveau roman. L’écriture a

changé sa vie, tout son être a été changé. Grâce à

elle, elle fait un élan vers l’éternité. Elle a toujours

écrit pour exister. Elle exista grâce à l’écriture. Et

même cent cinquante ans après, elle existe à

travers ses écrits.

Ly Ab

Collage : Nabila IKEN

Livre papier !

L’année 2014 est presque morte, nous

entamerons bientôt une nouvelle course

de 365 jours vers le futur, vers l’avenir. La

technologie et les innovations de tous

genres ne cessent de nous étonner de par

leur ingéniosité et leur développement de

plus en plus rapide. En effet, et le domaine

de la littérature ne fut en aucun cas

épargné. Bien au contraire, l’apparition

des « livres numériques » ou plus

communément appelé « e-book » a

Essais /Articles

Page 28: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 28

révolutionné la vision

des lecteurs à travers le

monde. Ainsi ce sont

des livres adaptés aux

outils électroniques,

depuis 2008 nous

pouvons constater un

boom dans le marché

des bibliothèques en

ligne. L’apparition des

tablettes a ainsi favorisé

l’expansion des « digital

book ». En 2010,

Amazon (célèbre

entreprise électronique

de commerce

américaine) a déclaré

au dernier semestre

avoir vendu plus de

livres numériques que

de livres imprimés. Plus

récemment encore,

cette même année, on a

évalué en France la part

de lecteurs numérique à

plus de 15 % de la

population. Des chiffres

record. Nous pouvons

aisément en

comprendre les

raisons : meilleure

accessibilité, l’espace

lus restreint que tient

un e-book, le coût (qui

est généralement de

30% moins cher qu’un

livre papier), préviens

en quelque sorte la

déforestation... Et

pourtant des millions de

lecteurs restent

toujours adeptes des

livres usités depuis

l’invention de

l’imprimerie (merci oh

grand Gutenberg qui

voulait étendre la

sagesse et surtout le

savoir). La culture du

papier est ancrée dans

l’apprentissage de la

lecture. Depuis notre

plus jeune âge on nous

enseigne à prendre soin

des livres que l’on nous

tend, à respecter ces

grands espaces appelés

« bibliothèques » où

des milliards de mots y

sont conservés, où le

savoir est à portée de

main. Comment peut-

on comparer la joie

d’entrer dans une

libraire et être

confronté à une

multitude de choix

« physique », à une liste

de titres en ligne sans

aucun charme ? Nos

doigts palpant les pages

presque vivantes des

livres aux senteurs

uniques, aux effluves de

rêves et d’histoires. Son

espérance de vie est

imbattable, des livres

sont préservés depuis

des centaines d’années

nous donnant une

brève image de notre

passé. La lecture est

quant à elle plus

plaisante éloignée d’un

écran, meilleur dans le

touché des pages que

l’on peut feuilleter,

corner, raturer, annoter

à notre guise (même si

je trouve que cela

relève plus d’un crime

contre l’humanité..

Corner et raturer ? Qui

oserait ?). Ainsi le livre

papier n’est pas mort

Articles

Page 29: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 29

malgré toute l’avancée

technologique du

monde il restera

toujours des idéalistes

qui se voudront être

protecteurs de ces

feuilles de dialogues

que s’échange lecteurs

et écrivains depuis des

centaines voire des

milliers d’années ! Le

livre papier n’est pas

mort et sa magie est à

jamais inépuisable.

Mouna Saighi

La Nuit

Hantée par une mélancolie

profonde, debout devant cette

fenêtre, puisant mes mots dans les

abysses de mon âme, contemplant

ces cieux si lointains et pourtant si

proches, ces cieux qui t'approchent

plus tu les repousses et te

repoussent à chaque fois que tu

veuilles les approcher, à travers

cette pénombre et ce silence, je

crus entendre la terre crier et

gémir, souffrance, compassion ou

déception, elle ne sait plus quoi

penser, quoi sentir, comment agir

et surtout pourquoi agir! C'est dans

un tel instant que des pensées

perfides et exécrables frôlent mon

esprit, me renvoyant à de lointains

souvenirs que j'avais cru perdus à

jamais, mais qui refont surface

avec plus de présence et d'anxiété.

Dans cette confusion, cette

ambiguïté de la vie, l'horizon de

mes pensées tente de s'éloigner

de la raison, mais quelle raison!?

D'abjectes et effrayantes

projections défilent dans mon

esprit à chaque fois que je ferme

les yeux, le silence, la pénombre,

les présences-absentes de la nuit

éveillent en moi de profonds

sentiments, de fortes émotions

que je ne pourrais raconter car je

ne trouve pas de mots pour les

décrire. esprit, me renvoyant à de

lointains souvenirs que j'avais cru

perdus à jamais, mais qui refont

surface avec plus de présence et

d'anxiété. Dans cette confusion,

cette ambiguïté de la vie, l'horizon

de mes pensées tente de s'éloigner

de la raison, mais quelle raison!?

D'abjectes et effrayantes projections

défilent dans mon esprit à chaque

fois que je ferme les yeux, le silence,

la pénombre, les présences-

absentes de la nuit éveillent en moi

de profonds sentiments, de fortes émotions que je ne pourrais

raconter car je ne trouve pas de

mots pour les décrire. Soudain, mon

corps tressaillit, une agitation, un

trouble, une peur, mes souvenirs qui

défilent, cette mélancolie qui sévit

en moi, ces Questions, ces

Articles/ Essais

Page 30: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 30

et enfin ce soupir, profond et

soulageant suivi

d'impénétrables et

d'interminables sanglots...

les yeux fermés, écoutant

ma respiration, lente,

profonde et agitée, agitée par

les souvenirs de la journée qui

défilent sous mes yeux faisant

sourire mes lèvres et battre

mon cœur, essayant mais

hélas sans succès de chasser

cette mélancolie dont mon

âme s'est imprégnée, qui s'est

emparée de chaque parcelle

de mon corps se nourrissant

du sang qui coule dans mes

veines pour grandir et

s'accentuer.

Allongée sur mon lit, mes

yeux regardent le plafond, ce

plafond qui a su garder une

certaine blancheur malgré le

noir de la nuit. Mon cœur sent

la peine, les gémissements, les

cris et les hurlements tant

enfuis dans cette pièce que la

nuit ne dégage que pour les

cœurs misérables Est-ce donc

toujours en pleine nuit? Dans

ces moments sombres et

pensifs où le silence règne, où

on peut sentir en profondeur

nos cœurs qui saignent, ces

cœurs enflés, troublés, perdus

dans une profonde confusion,

aaahhhh pourquoi la vie a-t-

elle donc un goût si amer la

nuit !!??

K.M – Photo : Houssem Mok

Elle a du mal à décrire ce qui la

ronge. Elle ferme les yeux,

respire profondément,

resserre la couette qui la

couvre dans cette nuit

étouffante d'été. Comme si

elle voulait se convaincre que

le mal venait de là. Elle

reprend son souffle une

deuxième fois, rejette la

couette et se lève calmement.

Elle va à la fenêtre et respire le

silence, d'habitude apaisant,

de la nuit. Elle sent sa gorge

sèche et prend un verre d'eau.

Rien n'y fait, son cœur menace

d’exploser sous la pression de

sa poitrine, comme si cette

dernière était devenue trop

étroite pour lui. La sensation

devient insupportable. Elle n'a

jamais aimé l'insomnie, bien

qu'elle se soit toujours forcée

à croire qu'elle aimait la

solitude que lui imposaient ces

longs monologues nuptiaux.

Mais aujourd'hui, c'était

diffèrent de toutes ces autres

fois. Aujourd'hui, bien qu'elle

ne veuille pas se l'admettre, la

raison était toute autre. Elle

ne souffrait pas de lassitude

mais d'un mal un peu plus

profond. Vous savez, quand

vous fermez les yeux pour ne

plus rien voir, comme si le fait

de ne pas apercevoir les

dangers les supprimait

radicalement de votre

existence. Quand vous

cherchez dans tous les

discours que vous entendez

cette goutte d'hésitation qui

fait que vous n'êtes plus très

Parce que l’obscurité

nourrit les peurs

Essais/ Photographie

Page 31: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 31

sûrs de pouvoir y croire.

Quand vous ne pouvez vous

empêcher de penser à ce qui

se passerait si vous veniez à

échouer bien que les chances

soient minimes, quasi

inexistantes. Quand vous

voyez le mal partout et

n'arrivez plus à vous accrocher

à rien. Après tout, le risque

zéro n'existe pas, se dit-elle.

L'être humain n'est pas fiable.

Et pourtant elle croit en

tellement de choses. Elle a des

rêves, des espoirs qu'elle

refuse de s'avouer. Et si elle

avait raison ? Si tout cela

n'était que chimère ? Et bien

c'est que plusieurs insomnies

l'attendaient. Elle se

demandait si il y avait moyen

d'être plus torturée que ça, si

au fond, le fait de voir toutes

ses craintes se réaliser ne la

libérerait pas de ce poids.

Peut-être qu'être

définitivement malheureuse

lui offrirait la paix. Elle aurait

au moins une raison de ne plus

dormir la nuit. Elle reprend un

verre d’eau et ferme la

fenêtre. Elle se remet au lit et

ferme les yeux. Là, dans le

noir, elle continue à méditer

sur toutes ces peurs. Elle

imaginera tous les scénarios

pessimistes qui soient jusqu'à

ce que la lumière rassurante

de l'aube vienne adoucir ses

craintes. Djedjiga B

C’était un écrivain comme tant

d’autres. Il n’était ni trop bon,

ni trop mauvais, et ses livres se

vendaient plus ou moins bien.

Cependant, il menait un train

de vie digne d’un hédoniste. Il

ne croyait pas en l’amour,

seulement aux plaisirs que

pouvaient lui procurer

certaines substances illicites

comme l’alcool ou encore la

compagnie nocturne d’une

belle femme. Il était lui-même

très bel homme, ce qui lui

rendait la tâche aisée à cette

époque où le physique est

devenu l’unique critère de

jugement. Mais malgré son

niveau intellectuel supérieur,

un défaut s’était

insidieusement développé en

lui, qui allait au-delà de sa

routine dépravée ; il était

constamment enclin à

l’autodestruction. Cette

tendance lui avait coûté

beaucoup d’amis et avait

engendré de nombreux

ennemis car même ses

pensées les plus sombres, il les

exprimait sans retenue et sans

aucun respect pour les

conventions sociales.

Mais un jour, alors qu’il

assistait à un gala de charité,

organisé par ces philanthropes

présomptueux mariés à des

cheminées en botox qu’il

exécrait, il fit la connaissance

de cette femme qui, sans le

savoir, allait bouleverser ses

idées préconçues et

pessimistes qu’il avait du sexe

féminin, que la communauté

masculine phallocrate

qualifiait depuis la nuit des

temps comme faible. Elle était

belle comme de nombreuses

femmes, mais elle exerçait sur

lui un magnétisme qu’il ne

pouvait interpréter, il était

comme mesmérisé. Elle

s’appelait Julia et elle était

médecin, mais ses

connaissances s’étalaient bien

au-delà du domaine médical.

Julia était de ces femmes avec

lesquelles on pouvait

converser des heures durant.

Bien évidemment, leur

attirance était réciproque et

leur rencontre donna suite à

de nombreuses autres. Ainsi,

leur romance dura deux

longues années, période

durant laquelle les démons de

notre écrivain avaient disparu ;

mais cela était sans compter

l’annonce que lui fit Julia un

soir, elle portait son enfant. Il

s’en réjouit bien sûr, mais il

ressentait au plus profond de

lui une anxiété qu’il n’avait

jamais perçue auparavant.

Neuf mois plus tard lorsque

leur fils naquit, ce sentiment

devint de plus en plus

pernicieux le menant

inexorablement à sa fâcheuse

tendance. Malgré ses efforts

pour être un bon père, ses

LE DÉPRAVÉ

Essais

Page 32: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 32

nuits d’ivresse dégradèrent

progressivement sa relation tel

un delirium tremens qui

détruit la santé mentale d’un

alcoolique en sevrage. C’est

ainsi qu’un an plus tard, alors

que Julia l’avait quitté en

emportant leur fils, et qu’il

sortait d’un boxon avec une

énième péridurale de l’esprit,

une voiture le percuta de plein

fouet. C’est alors que pendant

qu’il s’éteignait sur le bas-côté

de la route, qu’il trouva dans

la mort une paix et une

exaltation qu’aucune drogue

ni aucune femme, en dehors

de Julia, n’avait pu lui

procurer. Il pensa à son fils et

se dit qu’il valait mieux qu’il

grandisse sans une telle figure

paternelle, et mourut ainsi

avec un sourire narquois sur le

visage car la mort lui parut

bien plus attrayante que la vie

qu’il avait vécue.

Yanis Ben

De ces yeux immensément

tristes, Camille Claudel a vu

pour la première fois le monde

en 1864. Née d’une famille

aisée, passionnée de sculpture

depuis son adolescence, elle

déménage à Paris où elle

suivra des études en art à

l’Académie Colla Rossi (les

Beaux-Arts étant fermés pour

les femmes à l’époque).

En 1882, elle est praticienne

avec un groupe de jeunes filles

à l’atelier du sculpteur Alfred

Boucher, c’est alors que les

chemins de Camille et de

Rodin se croisent. L’artiste,

déjà renommé (célèbre), sera

très vite subjugué par le talent

de la jeune femme et ne

tardera pas à en tomber

amoureux.

Désormais ils travaillent

ensemble, joignant (mettant)

leur vie privée et artistique

dans le même moule, elle

réalisera avec lui un de ses

chefs d’œuvre les plus

connus : « le baiser ». C’est

alors une période

mouvementée, où les deux

artistes ne cessent de

s’influencer mutuellement.Dix

ans passent depuis leur

première rencontre, Camille et

Rodin se quittent en 1892.

Camille est alors une artiste

accomplie et passe les 10

années suivantes à produire

profusément. Ses œuvres les

plus retentissantes restent

« Les Causeuses » en 1895 et

« L’âge Mûr » réalisée entre

1898 et 1913.

Après sa rupture tragique avec

Rodin, Camille ne recevait

presque plus de commandes

de l’état, elle était petit à petit

vouée à l’oubli, « elle vivait

seule entourée de chats »

comme témoignera une

connaissance de l’artiste, c’est

ainsi que débuta sa descente

aux enfers, Camille commença

à accuser son ancien amant de

chaque échec subit, et

développera un sentiment de

persécution qui l’entraina peu

à peu dans les abysses de la

paranoïa.

L’an 1913 marquera sa

coupure soudaine avec le

monde et l’art.Un artiste se

formera toujours une

multitude d’identités, par

rapport aux impressions qu’il a

imprimé, aux sentiments qu’il

a pu susciter chez le public.

On préfère toujours romancer

sur un artiste… ce qui est écrit

ici n’a peut-être aucune

Camille Claude, un génie emmuré

Camille Claudel, un génie emmuré

Essais /Articles

Page 33: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 33

relation avec la réalité, et

d’ailleurs, ce n’est pas le souci

de vérité qui influence ces

lignes. D’abord le portrait de la

femme en soi. Ensuite le nom

de Rodin, puis une paranoïa

et 30 ans d’internement. Le

tout est tragiquement beau,

vous en consentez, j’espère,

qu’il y’a une beauté

incontestable à tout cela ?

Mais jusqu’à quel point la

tragédie d’un artiste, mis à

part son talent, peut-elle nous

pousser à lui porter davantage

d’intérêt que pour un autre ?

Que serait, pour moi, Camille

si elle n’avait été l’élève de

Rodin, si elle avait simplement

mené une vie monotone, pris

mari et engendré un bataillon

d’enfants ? Son art aurait-il la

même portée ? Regardez ses

sculptures, regardez la

femme. Était-elle une

transition entre l’amoureuse

et l’indépendante de

Beauvoir ? Ne réussissait-elle

pas grâce à l’amour et

n’échouait-t-elle pas à cause

de lui ? Ou n’avait-elle pas

seulement supporté qu’on lui

usurpa son art, seule

consolation ? Qu’est-il resté à

Camille après le désintérêt

subit pour son art ? À quel

point a dû souffrir l’artiste en

elle, quels doutes devaient la

torturer… A quel point un

artiste peut-il vivre sans

échos ?Que peut-il advenir

d’une âme lucide rongée par le

doute ? Quand la sensibilité de

l’artiste devient dangereuse,

ce qui sépare « sensibilité » et

« hypersensibilité » peut être

aussi fin qu’un fil de soie. Et

quand le tout bascule en

délire ?Pour le monde, elle

était l’élève de Rodin…et pour

moi elle le reste aussi,au fond,

élève prodige certes, mais

néanmoins toujours définie

par lui, à travers lui. De lui, elle

a essayé de se détacher, mais

son échec la rappelait à lui.

Suite à leur rupture, elle le

tenait (à tort ou à raison ?)

pour seul responsable du

désintérêt de la communauté

de l’art pour son travail, elle

voyait un complot amoureux,

une expression de

ressentiment dans le piège

dans lequel tous les amoureux

déchus finissent par tomber ;

la trahison de sa famille venait

renforcer son sentiment de

persécution (leurs convictions

catholiques et la

condamnation de la société

qui ne pouvait tolérer qu’une

femme puisse sculpter le

nu !)Par les soins de son frère

diplomate et à l’appui de sa

famille, Camille fut enlevée de

sa maison et internée de force

jusqu’à la fin de ses jours.

Privée de sa liberté de

sculpter, elle souffrira de la

faim, du froid et du mauvais

traitement- alors réservé aux

malades de psychiatrie

pendant les années troubles

de la seconde guerre

mondiale-et finira par

s’éteindre le 19 octobre 1943.

Outre ses sculptures, elle

laissa des lettres déchirantes

adressées à sa famille et

connaissances où se dépeint

l’immensité de l’horreur et du

chagrin d’un génie emmuré.

Amina Benboureche

Kjlkkjkjh

Jhkgkhgjhjhgjhgjhggjhgjhgjhgj

Camille Claude

Camille Claudel, la jeune flle à la gerbe /Auguste Rodin, Galatée, 1889

Articles

Page 34: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 34

أجن

أجن ... وليست لكلماتي

مفردات

أحن ... وليست لدموعي

حكايات

أحب...وليست آلهاتي مسكنات

أتأمل.... وليست آلمالي إال

خيبات

أحزن... وليست لمآسي نهايات

أفرح،أطير،أشتاق،أضحك

..بصرخات و صرخات

.أنا فقدت تلك المعطيات

.أهتف بأعلى الصيحات

. اليوم واألمس وأنادي أنا هنا

ات والغد فهل من مستمعات أنيق

؟

! لدروسي متعلمات

و لدموعي شاهدات؟

أنا هنا اليوم شبه أنثى

بنصف عقل

و بربع قلب حائر

أنهكته صحراء رجل بري

رجل وحشي

هل يبكي؟

هل يحكي؟

أم يمارس طقوس الصمت

.األسود المعمي

أعانق الدموع كالعاد

أواسي ضحايا العشق المغدور

كالمعتاد

دوأرتل أشعاري العذراء للعبا .

فهل من مجاوبي فؤاد

ابتاله العشق الزهاد؟

أتكلم..... وحروفي ليست من

اللغات

أعيش... وقلبي قد أعلن يوم

الممات

أمشي .. وخطاي أتلفت في

الممرات

جع أموت.....بالجسد وتحيا المفا

بالذكريات

.أجن... و ليس للجنون ديانات

هكذا قدري ! .. وهكذا تقتل

األقدار العاشقات

نادية لعروسي

أجن

Poésie

Page 35: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 35

Toi, mère, qui as vu grandir sous ton aile tes

ravisseurs d’aujourd’hui. Ceux que tu as vu

sourire, pleurer et mûrir. Oui, EUX que tu croyais

tes alliés te poignardent, en ce jour, en plein

cœur. Ça me fait mal, mère. Ça me tue de ne

pouvoir te venir en aide. Ça me brûle vive de ne

pouvoir t’offrir que ces mots trop vrais et trop

durs. Mais telle est la réalité. Te souviens-tu ? Te

souviens-tu des nombreux projets que j’avais ? Te

souviens-tu de tous mes rêves ? Je voulais te

rendre fière… Tellement fière… Mais vois-tu mère,

ce n’est pas ma faute si on m’a amputé les ailes !

Je suis prise de nostalgie quand je repense à ceux

que je qualifie de « tes enfants ». Ceux qui se sont

donnés pour toi, cœur, corps et âme. Nous ?

Rien… on n’a rien donné pour, ne serait-ce qu’un

souffle de détresse de ta part. Nous nous

contentons de te vider les veines… Tiendras-tu

encore, mère ? Combien de temps tes seins vont-

ils encore

nous nourrir ? Jusqu’à quand tes trésors

traceront-ils notre avenir ? Quand j’y pense, j’ai

honte. Est-ce ta faute ? Les as-tu trop gâtés ? Je

n’en sais rien… Le temps me le dira peut-être.

Mais en attendant, que faire, mère ? Que faire

pour t’aider à redresser la tête de nouveau ? Te

faire revoir des années noires ? Ou bien te saouler

du sang de tes amants ? Rien n’y fait. Ils gagnent,

on perd. Devrons-nous t’offrir cela ? Notre sang ?

On a peur, mère. On a peur quand on pense qu’il

faudrait te détruire pour mieux te reconstruire. Je

ne pense pas que ça en vaudrait la peine. N’est-ce

pas ce qu’ils ont fait il y a 60 ans déjà ? Ne t’ont-ils

pas détruite pour t’offrir ta dignité, eux qui

t’aimaient tant, eux tes vrais enfants ? Te voilà,

pourtant, colonisée à nouveau par leur propre

descendance.

Si tu savais l’amour que je te porte, mère. J’aurais

tout fait, tout donné… Fais-moi juste un signe, un

seul qui m’indiquerait qu’ils n’abuseront plus de

toi. Je vois tout sombre, je désespère. J’entends

tes cris. Je distingue chacune de tes larmes. La

douleur qui t’habite est grande… Et qu’elle est

immense ta déception ! Te sens-tu salie mère ? Je

le ressens mère, je le sais, je le vois, je le vis.

Pardonne-moi mère, de ne pas être à la hauteur.

Pardonne-moi de t’abandonner à eux, tes

ravisseurs. Patience, mère. Viendra le jour où, de

mes mains, je signerai ta liberté. Je ne m’arrêterai

pas à ta gloire, je chercherai tes sourires aux plus

profonds de tes maux. Je soignerai tes blessures

une à une. J’ai peut-être un petit espoir, en fin de

compte… Te rappelles-tu de tes jours heureux ?

Ces jours pleins d’amour, vides d’hypocrisie,

chargés de couleurs, avides de bonheur et

évacués d’anarchie… Je ferai renaître ton soleil

chaleureux. Je redessinerai la beauté de tes filles

ainsi que la force de tes hommes, aujourd’hui,

malheureux. Je t’offrirai, mère, un 1er Novembre à

ma façon. Promis, je t’en fais même le serment.

R.H

Mère…

Essais

Page 36: Journal de la meute, numéro 5

Journal de La Meute, numéro 5 36