JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

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JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012 PLUS CAMEROUN

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ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

FRANCE-AFRIQUE

Ce queprépare

Hollande

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2684 • du 17 au 23 juin 2012

jeuneafrique.com

De la crise malienne à l’aide au développement, en passant par le styleet les hommes du président, enquête sur les premiers pas « africains »

du nouveau pouvoir. Et sur ses projets pour le continent.

REPORTAGE OÙ VA LA TUNISIE?

RIO+20LES VRAISENJEUX

MAROCEL YAZAMI :MAO, M6 ET LUI

ALGÉRIECRISE DE NERFSPOSTÉLECTORALE

France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

Spécial 26 pagesSpécial 26

LeCamerounsort deses frontières

LE PLUSde Jeune Afrique

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PEKIN, CHINE, 11 - 14 JUILLET 2012

SÉRIE D’ ÉVÉNEMENTS MARQUANT LA

19e ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES ACTIONNAIRES DE LABANQUE AFRICAINE D’IMPORT-EXPORT (AFREXIMBANK)

SEMINAIREMercredi, 11 Juillet 2012

Thème: «Un Sud Dynamique dans un MondeIncertain – La Prospérité peut-elle êtreUniversalisée?»

FORUM SUR: LA COOPERATIONFINANCIERE AFRIQUE-CHINEVendredi, 13 Juillet 2012

Thème: Réflexions sur le Succès Economique dela Chine et Leçons pour l’Afrique

LIEU: CHINA NATIONAL CONVENTION CENTER (CNCC), PEKIN

POUR LES INSCRIPTIONS, ALLEZ A: http : // bit.ly/afreximbank

EXPOSITION COMMERCIALE/SALONET FORUM SUR L’INVESTISSEMENTJeudi, 12 – 14 Juillet 2012

Thème: «Partenariat Afrique-Chine pour laCroissance Economique et la Prospérité à LongTerme»

! LANCEMENT DU RAPPORT DU COMMERCE AFRICAIIN2011 SUR LEThème: «Les Produits de Base peuvent-ilsConduire au Développment de l’Afrique au21e Siècle?»Mercredi, 13 Juillet 2012

BANQUE AFRICANE D’IMPORT-EXPORTLaBanque de F inancement du Commerce pour l’A frique

ORGANISE CONJOINTEMENT PAR AFREXIMBANK ET CHINA EXIM BANKPour plus d’information, contactez

Dr. Francis MbrohDirecteur du Département de laRecherche, de la Plannification et de laCoopération InternationaleAFREXIMBANKTel.: +202-245-64-100Email: [email protected]

Ms. Tian TianInstitutions FinancièresMultilatérales, Département desAffaires InternationalesCHINA EXIM BANKTel.: +86-10-8357-9051Email: [email protected]

CIMENTATION DE LA COOPERATION SUD - SUDASSEMBLEE ANNUELLE D’ AFREXIMBANKSE TIENDRA EN CHINE

QUELQUES INVITES & PANELISTES- S.E. Chief Olusegun Obasanjo,Ancien Président de la RépubliqueFédérale du Nigéria

- S.E. M. Joaquim Chissano, AncienPrésident du Mozambique

- S.E. M. Zhou Xiaochuan,Gouverneur - People’s Bank ofChina

- S.E. M. Supachai Panitchpakdi,Directeur Général, UNCTAD

- M. Li Ruogu, Président de la ChinaEximbank

- S.E. Dr. Mohamed Ibn Chambas,Secrétaire Général, ACP Group

- S.E. M. Christopher Edordu,Ancien Président d’Afreximbank

- S.E. M. Jean-Louis Ekra, Présidentd’Afreximbank

- S.E. M. Abdoulie Janneh,Secrétaire Exécutif - UNECA

- Dr. Donald Kaberuka, Présidentde la Banque Africaine deDéveloppment

- Ms. Susan Lund, Directeur deRecherche, McKinsey & Co., USA

- S.E. M. Jaime Rivera, OfficierExécutif en Chef, BLADEX

- S.E. M. Enrique Rodriguez,Président Exécutif, CAF

- S.E. M. Sanusi Lamido Sanusi,Governeur - Banque Centrale duNigéria

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Ce que je croisBÉCHIR BEN YAHMED • [email protected]

Les historiens l’ont déjà relevé : tout au long dessiècles passés, dans (presque) toutes les guerres,les généraux ne sont pas ceux qui mettent leursvies en danger.À de très rares exceptions près, ils

nemeurent pas, ne risquentmêmepas d’être blessés oud’être faits prisonniers.Leursquartiers générauxne sontpasau front, nimême

à proximité des terrains de combat. Ils sont très loin àl’arrière : à l’abri de tout danger et dotés au surplus detous les conforts.Celaleurpermetd’avoirunevued’ensembleenregardant

descartesparseméesdepetitsdrapeauxetdedéplacerdesdivisionsdesoldatsencadrésd’officiersetdesous-officiersqui, eux, se font tuer, blesser ou capturer par l’ennemi…Les commandants en chef et les généraux sortent

presque tous de la guerre vivants et en bonne santé. Encas de victoire, ils sont de surcroît auréolés de gloire ;les plus chanceux accèdent à la dignité demaréchal.

Cela pour les militaires et, plus particulièrement, lesgénéraux.Mais quid de leurs homologues civils, et plusprécisément de ces autres « commandants en chef »que sont les présidents ouPremiersministres, chefs desexécutifs des États ?Jusqu’à il y a quelques années, eux aussi étaient pré-

munis contre (presque) tous les risques.Rienoupresquene pouvait se produire qui soit susceptible d’affectersérieusement leur condition ultraprotégée.Eh bien, sachez-le : depuis le début de ce siècle, ce

n’est plus du tout le cas ; le plus souvent, c’est l’inversequi tend à se produire…Désormais, tout se passe en effet comme si le métier

de président ou de chef de gouvernement était devenucelui de tous les dangers.À l’examende la situation, vousallezêtre, comme je l’ai

été, surpris par l’hécatombequi a frappé cette catégoriesociale tout au long des dernières années.Elle continued’ailleurs de la décimer et semblemême

être devenue la norme sur tous les continents.■

Sauf erreur ou omission, dans les dernières années,plus de cinquante chefs d’État ou de gouvernement ontperdu leur poste, la vie ou la liberté.

Dans un accident aérienLech Kaczynski (Pologne, 2010)À la suite d’un coup d’État (spécialité africaine, sauf

exception)Ange-Félix Patassé (Centrafrique, 2003) ; Kumba Yala

(Guinée-Bissau,2003);RaimundoPereira(Guinée-Bissau,2012) ; Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya (Mauritanie,2005) ; Sidi Ould Cheikh Abdallahi (Mauritanie, 2008) ;ThaksinShinawatra (Thaïlande, 2006);MamadouTandja(Niger, 2010) ; Amadou Toumani Touré (Mali, 2012).Par l’effet d’une révolutionEdouardChevardnadze (Géorgie, 2003); Jean-Bertrand

Aristide (Haïti, 2004); LeonidKoutchma(Ukraine, 2004);Askar Akaïev (Kirghizistan, 2005) ; Kourmanbek Bakiev(Kirghizistan, 2010) ; Zine el-Abidine Ben Ali (Tunisie,2011) ; Hosni Moubarak (Égypte, 2011) ; MouammarKaddafi (Libye, 2011) ; Ali AbdallahSaleh (Yémen, 2012).Après une guerre d’invasionSaddamHussein (Irak, 2003)Sur décision de la justice internationaleCharles Taylor (Liberia, 2006) ; LaurentGbagbo (Côte

d’Ivoire, 2011).Du fait de la crise économiqueTony Blair (Royaume-Uni, 2007) ; Gordon Brown

(Royaume-Uni, 2010);RomanoProdi (Italie, 2008); SilvioBerlusconi (Italie, 2011) ; Bertie Ahern (Irlande, 2008) ;BrianCowen(Irlande,2011);GeirHaarde(Islande,2009);Kostas Karamanlis (Grèce, 2009) ; Georges Papandréou(Grèce, 2011) ; José Sócrates (Portugal, 2011) ; NicolasSarkozy (France, 2012).Pour d’autres raisonsLaurent-Désiré Kabila (RD Congo, 2001, assassiné) ;

JoséMaríaAznar (Espagne, 2004, désavouépar l’opinionqu’il avait tenté de manipuler) ; Thabo Mbeki (AfriqueduSud, 2008, poussé à la démissionpar sonparti) ;MarcRavalomanana (Madagascar, 2009, contraint de céder lepouvoirà l’armée); JoãoBernardoVieira (Guinée-Bissau,2009, assassiné) ; AbdoulayeWade (Sénégal, 2012, défaitdans les urnes).

Il faut le reconnaître : ni vous ni moi, qui pensionsque cemétier était difficilemais protégé, ne nous étionsaperçus qu’il était devenu celui de tous les dangers.

SAMEDI 16 JUIN

Sur des sièges éjectables…

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Tout se passe comme si, au tournant de ce siècle, nousavions changéd’époque.Cequenousvivonsdepuisprèsde dix ans est d’ailleurs si nouveau qu’il n’est, pour lemoment,nibienperçunia fortiorianalysé.Pourquoiest-ildésormaissi risquéd’êtrechefd’Étatoudegouvernement?Pourquoimet-onendanger jusqu’à sa viebeaucoupplusqu’auparavant dès qu’on accède à ces fonctions?À cesquestions, il n’y apas encorede réponse assurée.

La mienne, pour ce qu’elle vaut, est celle-ci :■

1)La crise économique et financière qui s’est abattue,il y a cinq ans, sur les pays développés – régis par desdémocraties – a emporté l’un après l’autre presque tousles présidents ou Premiers ministres en place.On l’a assez dit, cette crise est la première de cette

ampleur depuis 1929 ; elle s’est prolongée en se muanten crise de l’endettement excessif.Sa dernière victime estNicolas Sarkozy, « remercié » il

y a unmois par les électeurs français : commeavant euxles Britanniques, lesGrecs, les Portugais, les Espagnols,les Irlandais, etc., les Français ont tout simplement vouluchanger de cavalier… dans l’espoir que le nouveau leurpermettra de respirer.

2) N’ayant pas (encore) la possibilité d’écarter leursprésidents par le bulletin de vote, les pays qui ne sontpas (encore) des démocraties ont eu recours soit au tra-ditionnel coup d’État, pas toujours justifié et libérateur,soitàunmoyenplusnoble et plusdifficile : la révolution.Depuis près de dix ans, il y a eu plus de révolutions

que de coutume. On leur a donné des noms de fleurs :révolutiondesRoses ici, révolutiondesTulipes là, celle duJasmin ailleurs. On a parlé aussi deRévolution orange etde Printemps arabe.Exotisme ? Tendance à l’utopie ? Un proche avenir

nous fixera.Qu’ils soient à la tête d’États démocratiques oud’États

quine le sontpasencore,présidentsetPremiersministressont donc, depuis le début du siècle, sur des siègeséjectables.

Plusieurs facteurs ont conjugué leurs effets pour qu’ilen soit ainsi.La mondialisation a fait de notre planète un grand

village ; le développement inouï des techniques del’information nous a permis d’être instantanément encontact visuel avec le dernier coupd’État ou lamoindrerévolution. Enoutre, il a fait en sorteque, parmimétisme,ce qui a été tenté et a réussi aujourd’hui dans unpays serépète demain dans un autre, pas nécessairement surle même continent.Dernier facteuretnondesmoindres: lanaissanced’une

justice internationale. Ses premiers pas suscitent desinterrogationsetmêmedesréactionsdeprévention.Mais,croyez-moi,elle ferademainpartiedenotrepaysage, joueraun rôle qui nous apparaîtra à tous éminemment positif.Dans dix ou vingt ans, on se demandera comment le

monde apu vivre si longtemps sans disposer de cet iné-galable instrument de lutte contre les crimes de guerreet les crimes contre l’humanité. ●

Ì Qui domine les autres est fort.Qui se domine est puissant.Lao-tseu

Ì L’action politique, à certainesheures, est comme le scalpeldu chirurgien, elle ne laisse pasde place à l’incertitude.François Mitterrand

Ì C’est important, la musique…La seule chose qui fédèreles jeunes gens. Une sorted’espéranto.Françoise Giroud

Ì L’homme se distingue de l’animalen ceci qu’il est doué d’arrière-pensées. Antoine Blondin

Ì Les riches qui pensent queles pauvres sont heureux ne sontpas plus bêtes que les pauvres quipensent que les riches le sont.Mark Twain

Ì La solitude est l’aphrodisiaquede l’esprit, comme la conversationcelui de l’intelligence. Cioran

Ì Les vedettes de la télé, on les voitvieillir en direct, peut-être qu’unjour on les verra mourir.Les Nouvelles Brèvesde comptoir

Ì La violence, sous quelque formequ’elle se manifeste, est un échec.Jean-Paul Sartre

Ì Quand à propos d’une idée, on ditqu’on est d’accord sur le principe,cela signifie que l’on n’a pas lamoindre intention de la mettre àexécution.Otto von Bismarck

Ì Si une femme ne sait pas cultiverSi une femme ne veut pas cultiverPourvu qu’elle sache faire l’amourElle produira des cultivateursPensées moghos oul’Empire des Mossés

Ì De tous les plaisirs, quand il n’enreste plus, il reste toujours celuide se lever de table après unrepas ennuyeux.Paul Claudel

Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a étédit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y.

Humour, saillies et sagesse

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Ce que je crois4

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Winnie et Valérie

AU MOMENT OÙ DALLAS, LA SÉRIE TÉLÉVISÉELA PLUS CONNUE DE LA PLANÈTE, ressusciteaux États-Unis après vingt années d’hibernation,son avatar a envahi les écrans français tout au long

de la semaine écoulée. Avec Valérie Trierweiler dans le rôlede la méchante Sue Ellen et Ségolène Royal dans celui del’adorable Lucy, l’adaptationnepouvait être que calamiteuse :elle a tourné au jeu de massacre. Certes, François Hollandeaura attendu trente-cinq jours avant d’affronter sa premièretempêtemédiatique, alors qu’il avait suffi d’une nuit, celle duFouquet’s, pour plomber les chances de réélection deNicolasSarkozy. Certes, à la différence de ce dernier, il ne saurait êtretenupour responsabledecequi lui arrive, ce « tweetweilergate »deboulevard lui ayant sauté sansprévenirà la figure entredeuxréunions. Il n’empêche : l’incident laissera des traces durablesdans l’opinion française, àmoins queFrançoisHollande, dontl’aptitudeàdirenon,à choisir,à trancher et parfoisàblessern’ajamais été le point fort, démontre qu’il gère son couple commeil entend gérer son pays. Un homme normal peut-il vraimentexercer unmétier anormal? À lui d’en apporter la preuve.

Biensûr, cen’estpasenAfriquequ’unchefd’État connaî-trait pareille avanie.D’abord parce que les premières damesn’y tweetentpas : trop risqué. Ensuiteparceque, contrairementàValérie Trierweiler, elles n’ont pas d’états d’âmedéplacés, nesontpasdugenreà cracherdans la soupe, préféreraient se faireoccirequed’abandonner leur statut et font tout engénéral pourque leur époux demeure en poste le plus longtemps possible.Enfin, parce que le chef d’État africain, c’est bien connu, nelaisse à personne, et surtout pas à sa femme, le privilège deporter la culotte présidentielle. Tout dumoins en public. Car,une fois refermées les portes du Palais, c’est une tout autrehistoire qui se joue, le plus souvent avec son lot de crises denerfs, de chantages affectifs, de jeux d’influence néfastes oubénéfiques,denépotismessubtilsoucaractérisés,d’adultèresensérie et demaraboutages occultes. EnFrance, Courteline n’estjamais loin. En Afrique, cela a une autre classe : Shakespearerevisité par Soyinka.

Une fois pourtant, l’épouse d’un homme d’État déjà aufaîte de sa gloire est passée au travers de cemiroir d’hypocrisie.Malheureusement pour elle, le sort a voulu que sonmari soitune icône, la rejetant ipso facto dumauvais côté de l’Histoiresans que l’on prenne la peine de l’écouter. Comme Valérie etSégolène,WinnieMadikizela ex-Mandela, 75 ans aujourd’hui,était une femme fantasque, intenable, dissidente, rebelle,insoumise. Comme elles, elle n’était pas faite pour être unepremière dame… ●

ÉditorialFrançois Soudan

03 Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed08 Confidentiel

10 LA SEMAINE DE JEUNE AFRIQUE

10 Rio+20 Le vrai défi14 Blaise Compaoré Dans le bourbier malien15 Aung San Suu Kyi Droit de visite16 Littérature Maalouf est immortel17 Tunisie-Libye Baghdadi Mahmoudi,

un hôte encombrant17 Sondage Obama moins séduisant18 Cen-Sad Opération résurrection20 Cinéma Bob et Pascaline22 Tour du monde

24 GRAND ANGLE

24 Où va la Tunisie?

32 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

32 France-Afrique Ce que prépare Hollande38 Sénégal Pape Diop dans la fosse aux requins39 Témoignage Le jour où j’ai rencontré

Mokhtar Belmokhtar40 Maurice Le jeu des six famillesP

HOTO

SDECOUVER

TURES

:OSN

OWYCZAUDE/

SIPA

;WITT/SIPA

RIO+20 LE VRAI DÉFILes représentants africains au cinquième

Sommet de la Terre plaideront la cause d’une région qui veutprotéger son environnement sans sacrifier sa croissance.

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32FRANCE-AFRIQUE

CE QUEPRÉPAREHOLLANDE

Crise malienne oblige,le président français a

multiplié les contacts avecles chefs d’État africains.

FrançoisHollande

BoniYayi

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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44 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

44 Algérie Crise de nerfs postélectorale46 Maroc Driss El Yazami, de Mao à M648 Israël-Palestine Une colonie de perdue,

dix de retrouvées49 Golfe Recherche nationalité désespérément50 Mauritanie Interview d’Ahmed Ould Daddah:

« Aziz n’a aucune légitimité »

52 EUROPE, AMÉRIQUES, ASIE

52 Corruption L’Europe, aussi!54 États-Unis Remember Rodney King56 Parcours Pouria Amirshahi, engagé volontaire57 Défense Obama, Seigneur des drones58 Chine Liaisons dangereuses

59 LE PLUS DE JEUNE AFRIQUE

59 Le Cameroun sort de ses frontières

112 ÉCONOMIE

112 Matières premières C’est l’avalanche116 Banques Comme on se retrouve…118 PME françaises À la reconquête des marchés perdus

119 Informatique Intraitable Sage120 Produits pharmaceutiques La tradition malgache

s’impose en beauté122 Hôtellerie Interview de Hassan Ahdab,

vice-président de Starwood Hotels & Resorts123 Notation Lydie Boka, analyste multicritère124 Afrique de l’Ouest Les PME auront-elles la cote?125 Construction La surprise Bernabé126 Baromètre

126 CULTURE & MÉDIAS

126 Arts plastiques Monopoly marocain128 Télévision Dr Murray et Mr Conrad129 Musique Ismael Sankara, au nom du père130 La semaine culturelle de Jeune Afrique132 Témoignage Joséphine Baker, ma mère, cette héroïne

144 VOUS & NOUS

144 Le courrier des lecteurs146 Post-scriptum

GRAND ANGLE

24Où va la Tunisie?

LE CAMEROUNSORT DE SES FRONTIÈRES

Le paysprospectede nouveauxmarchés dansla zone Cemac,en Afrique del’Ouest, auMaghreb…A-t-il lesmoyens de sesambitions?Spécial 26 pages

59

Incertitudes politiques, ralentissement économique, crispationreligieuse… Les lendemains de la révolution chantent faux.

MATIÈRES PREMIÈRESC’EST L’AVALANCHE

Depuis mars 2011, le prix du coton s’esteffondré. La faute à une productionimportante et à une demande en berne.

112

ARTS PLASTIQUESARTS PLASTIQUESMONOPOLY MAROCAIN

Après un séjour dans le royaume, l’artisteaméricain Alec Monopoly, figure mondiale

du graffiti, présente son travail à Casablanca.

126126

on

ALGÉRIECRISE DE NERFSPOSTÉLECTORALE

Au lendemain des législatives du 10 mai,les tensions latentes au sein des partisont éclaté au grand jour.

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JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs 7

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LEDÉPARTD’ALAIN JUPPÉduministère desAffaires étran-gères et l’arrivée de Laurent Fabius n’y ont rien fait : depuisquatre mois et le rappel de Laurent Contini, la France n’aplus d’ambassadeur auRwanda. Et personnen’a encore été

pressenti pour occuper ce poste. Même si Fabius lui-même s’estrécemment intéressé au dossier franco-rwandais après la publi-cation dans le quotidien Libération d’un rapport sur la présencede missiles Mistral à Kigali en avril 1994, la nécessité pour Parisde disposer d’un poste d’information et de coopération opéra-tionnel dans ce pays clé de la région des Grands Lacs n’estmani-festement pas une priorité. Un nouveau nom d’ambassadeur,après celui d’Hélène LeGal, récuséepar les autorités rwandaisesparcequ’elleavaitétéproposéeparAlainJuppé (elleestaujourd’huila «Madame Afrique » de l’Élysée), ne devrait pas être soumis àaccréditation avant le prochain mouvement diplomatique deseptembre. ●

MUSIQUE TIKEN ET ALPHAS’AIMENT DE NOUVEAUBrouillés depuis bien long-temps, Tiken Jah Fakolyet Alpha Blondy, les deuxstars du reggae ivoirien, ontdéfinitivement enterré lahache de guerre. Le 28 juil-let à Cajarc (sud-ouest de laFrance), ils se produiront surlamêmescène lorsdu festivalAfricajarc. Dernièrement, ils

ont composé ensemble unechanson évoquant la récon-ciliation en Côte d’Ivoire. Aucoursdufestival,unhommageà Frantz Fanon, le penseuralgéro-martiniquais de ladécolonisation, estégalementprévu.

MAURITANIEVALL DE RETOUREly Ould Mohamed Vall,

l’ancien président maurita-nien (2005-2007), confirmela rumeur suscitéepar sapar-ticipation à la grande mani-festation de l’opposition, le12 mars. Depuis sa défaite àla présidentielle de 2009 faceàMohamedOuld Abdelaziz,soncousingermainetennemiintime, il se tenait à l’écart dela vie publique. Désormais,son pays étant, dit-il, plongé

France-RwandaDe Juppé à Fabius

465 600

TUNISIE

Leïla Ben Ali dit tout… enfin presqueMa part de vérité, le livre de Leïla Ben Ali, l’épouse de l’ex-président tunisien,sortira le 21 juin aux Éditions du Moment, à Paris. Il s’ouvre par une évocationde la journée fatidique du 14 janvier 2011 qui accrédite la thèse d’un coupd’État préparé de longue date. Il se poursuit par le récit des arrestationsde plusieurs membres de la famille Trabelsi, de la fuite de Belhassen (sonfrère) et des tractations menées à Paris par Syrine (sa fille) avec BernardSquarcini, l’ancien chef du renseignement intérieur français (DCRI).

Elle affirme au passage n’avoir jamais été coiffeuse ni n’avoir jamais eul’intention de gouverner la Tunisie à travers son mari. Quant aux affairespolitico-financières imputées à sa famille, elle jure qu’elle en ignorait(presque) tout et estime qu’il s’agissait avant tout d’un « mensongemédiatique » destiné à renverser le régime. Le livre s’achève par uneévocation de la nouvelle vie, presque clandestine,de la famille Ben Ali en Arabie saoudite. La prière sembley tenir une grande place.

dans le « chaos », il estimene plus avoir d’autre choixque de prendre ses respon-sabilités. Pour le moment, ilcoopère avec les leadersde laCoordinationde l’oppositiondémocratique (COD), àqui ilrendrégulièrementvisitepourtenterdesortirpacifiquementle pays de l’impasse.

RFI-FRANCE 24 UNE FUSIONQUI NE PASSE PASUne grève à RFI en pleinsommet social à Paris, les 9et 10 juillet prochain… C’estce que veut éviter le nou-veau gouvernement fran-çais. Pour gagner du temps,Laurent Fabius, le ministredes Affaires étrangères, etAurélie Filippetti, sa col-lègue de la Culture et de laCommunication, ont décidéunmoratoire sur la fusion encours entre la « radio mon-

diale » et la chaîne de

L’EXODE DESSOMALIENS

et même un peuplus : c’est le nombrede réfugiés somaliensrecensés dans le campde Dadaab, au Kenya,devenu, en vingt ans,l’un des plusimportants au monde.

HICHEM

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télévision France 24 au seinde l’Audiovisuelextérieurde laFrance (AEF). Et ils ont confiéà Jean-PaulCluzel, lui-mêmeancienPDGdeRadio FranceInternationale, la missiond’évaluer ce rapprochement.Remise du rapport le 22 juin.Dans leurgrandemajorité, lesjournalistesdeRFI s’opposentà la fusion de leur rédactionavec celle de France 24.

GABON-FRANCERENCONTRE ALI-HOLLANDEEN JUILLETLe chef de l’État gabonaisse rendra à Paris dansla première semaine dumois de juillet afin derencontrer FrançoisHollande. Initialement,la rencontre devait avoirlieu juste avant le sommetRio+20 sur ledéveloppement durable,mais l’agenda du présidentfrançais était surchargé.Au menu des discussions:le rôle que peut jouer laFrance pour aider le Gabon,où elle a d’importantsintérêts économiques, àatteindre ses objectifs dedéveloppement. L’occasionaussi, pour le Gabon, denormaliser une relationhistoriquement marquéepar les déviances de laFrançafrique et d’expliquerque la diversification encours de ses partenaires neremet nullement en causele caractère privilégiéde ladite relation. Le Gabon(5,7 % de croissance) aattiré depuis deux ans plusde 4 milliards de dollarsd’investissementsétrangers. Or lesentreprises françaisesn’ont pas brillé par leurdynamisme. La plupartdes contrats signés l’ontété avec des entreprisesaméricaines, asiatiques(Chine, Singapour,Malaisie), européennes,voire australiennes.

Qui sont les « djihadistes afghans et pakistanais » qui entraîneraient des groupesterroristes au Nord-Mali, comme l’affirme le président nigérien MahamadouIssoufou? Entre le Pakistan et le Mali, il existe deux filières. Depuis une dizaine

d’années, desprêcheurspakistanais ducourant Jamaat al-Tabligh (ouDawa) enseignentl’islam dans de nouvelles mosquées construites à Kidal et à Bamako. Parmi leurs dis-ciples, Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Eddine, et Abdelkrim, un autre dirigeant touareg.Depuis quelques mois, Mokhtar Belmokhtar, l’un des leaders d’Al-Qaïda au Maghrebislamique (Aqmi), amis en place une seconde filière, beaucoup plus terre à terre. Lorsd’un séjour de plusieurs mois en Libye, fin 2011-début 2012, l’Algérien y a retrouvéAbdelhakimBelhadj, ancien dirigeant duGroupe islamique combattant libyen (GICL)devenu l’undes chefsmilitaires dunouveau régimedeTripoli. Tous deux ont combattuen Afghanistan et ont gardé de nombreux contacts au Pakistan. ●

SPÉCIALMALI

Les deux filièrespakistanaises des islamistes

Diarra à Paris:visite de criseIL S’AGISSAIT D’UNE VISITE pri-vée à Paris. Pourtant, Cheick ModiboDiarra, le Premier ministre malien,a, du 14 au 16 juin, enchaîné les ren-dez-vous officiels. Première escale, lePullman-Montparnasse, où il a rencontréDioncounda Traoré, le président de tran-sition, qui, peude tempsauparavant, avaitreçu Laurent Fabius, le ministre françaisdes Affaires étrangères. « Ils s’appellenttous les jours,mais rien ne vaut un tête-à-tête », confie unmembre de la délégationdu Premierministre. Le retour de Traoréà Bamako a-t-il été évoqué ? « Bien sûr,mais le président attend le feu vert deses médecins. »Le lendemain, Diarra a rencontré Fabiusau Quai d’Orsay, puis Hélène Le Gal, la«Madame Afrique » de l’Élysée, qui s’estdéplacée à l’hôtel deCrillon. Sonobjectif ?Obtenir le soutiende la France auConseilde sécurité des Nations unies. Le Malicompte en effet présenter une demande

de résolutionen s’appuyant sur le chapitre7 de la Charte, qui autorise l’usage de laforce pour protéger les populations etrecouvrer l’intégrité d’un territoire.L’optionmilitaire se précisant, le Premierministre s’efforcede s’assurer leplus grandnombre possible de soutiens, surtoutau Sahel. Le 13 juin, il était à Alger pourrencontrer Abdelaziz Bouteflika. « Nousferons toutpour vousaider », lui a réponducelui-ci, ce qui laisse augurer une assis-tance militaire. L’armée algérienne estla mieux équipée et la plus performantede la région. ●

Sous hautesurveillanceEN CAS D’OFFENSIVE militaire de plusen plus probable contre les islamistesdu nord du Mali, les forces malienneset celles de la Cedeao engagées sur leterrain devraient bénéficier auminimumde l’appui aérien d’une demi-douzained’appareils d’attaque au sol Super Tucanode fabrication brésilienne, récemmentacquis par les aviationsmauritanienne etburkinabè. C’est vraisemblablement l’undecesappareilséquipésdecamérasqui, le14 juin, a survolé la ville de Tombouctou,déclenchant les tirsdesgroupes islamistes.Par ailleurs, des drones américains sta-tionnés àNouakchott et à Ouagadougousurveillent la région. ●

DR

! LE PREMIER MINISTRE (à g.) AVEC DIONCOUNDA

TRAORÉ, LE PRÉSIDENT DE TRANSITION, le 14 juinà l’hôtel Pullman-Montparnasse, à Paris.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

9Politique, économie, culture & société

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sommet avec « l’amélioration de la coordinationinternationale ».

Unetrentainedechefsd’Étatafricains,emmenéspar le président congolais, font le déplacementpour plaider la cause de l’Afrique et éviter le scé-nario du pire. « L’Afrique n’a pas contribué auproblème du changement climatique, mais ellesera la régiondumonde laplus affectée », déploreBineswaree Bolaky, économiste de la divisionAfrique à la Conférence des Nations unies surle commerce et le développement (Cnuced).Déforestation,montéedesocéans,désertification,épuisementdes ressourcesnaturelles, disparitionde terres agricoles, insécurité alimentaire, urba-nisation galopante,manqued’accès à l’énergie età l’eau, augmentation du chômage, creusementdes inégalités…Le changement climatique peutentraîner un effet domino aux conséquencesdévastatrices pour l’Afrique si rien n’est fait pourl’enrayer. Cette épée deDamoclès qui pèse sur lecontinent et s’abattrad’iciàvingtou trenteans sur

Comme tous les dix ans à l’entréede l’été, 120 chefs d’État, accom-pagnés de 50 000 personnalitésdu monde de l’économie, de lapolitique et de la société civile,se retrouvent au chevet de la pla-

nète pour participer à un Sommet de la Terresous l’égide des Nations unies. Après Stockholm(1972), Nairobi (1982), Rio de Janeiro (1992) etJohannesburg (2002), tout ce beau monde estde retour vingt ans plus tard dans lamégalopolebrésilienne pour Rio+20 jusqu’au 22 juin. Unhommageausommetde1992qui avait aboutià la«déclarationdeRio » et ses 27principes, lesquelsavaient débouché, en 1997, sur le protocole deKyoto, l’unique traité international de lutte contrel’effet de serre. Ledocumentn’a cependant jamaisété ratifiépar lesÉtats-Unis, avant d’être dénoncépar le Canada fin 2011…

Toutefois, comme l’affirme Denis SassouNguesso, le président duCongo, « la bonne nou-velle vient d’Afrique. Les Africains font partie deceuxquimarchentenpremière lignesur lecheminnouveau. L’Union africaine considère Rio+20comme une occasion supplémentaire de placerréellement, concrètement et définitivement ledéveloppementdurableaucœurdesespriorités».C’est d’ailleurs l’un des deux thèmesmajeurs du

Levraidéfi

JEAN-MICHEL MEYER

Plus de cent vingt chefs d’État se retrouventà Rio du 20 au 22 juin pour le cinquièmeSommet de la Terre. La trentaine dereprésentants du continent plaidera lacause d’une région qui veut protéger sonenvironnement sans sacrifier sa croissance.

RIO+20

LA POPULATION URBAINEsur le continent devrait passerde 414 millions à plus de 1,2 milliardd'habitants d'ici à 2050.

« LesAfricains sonten premièreligne », seréjouit SassouNguesso.

SOURCES

:CNUCED

,BAD

En 2025,

1,8 milliardde personnesvivront dans despays ou des régionstouchés par unepénurie d’eau etsoumises à un fortstress hydrique,dont 75 millions à250 millions depersonnes enAfrique.

PÉNURIE D’EAU

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

La semainede Jeune Afrique

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PRODUCTION DE DÉCHETS(en tonnes)L’Afrique subsaharienne produit169 119 tonnes de déchets par jour, etla régionMena (Moyen-Orient et Afriquedu Nord) 173 545. Soit respectivement5 % et 6 % de la production mondialede déchets solides.169 119 173 545

la tête de 2milliards d’Africains sera évoquée lorsde l’«AfricaDay »qui se tient le19 juinà l’initiativedu Congo-Brazzaville lors de Rio+20, à la veillede la réunion des 120 chefs d’État.

PRESSION. L’un des principaux défis du conti-nent est de préserver l’environnement et les res-sourcesnaturellespour lesgénérations futuressanssacrifier la croissance soutenue indispensable audéveloppement. « À mesure que les économiesafricainessedéveloppent, lapressionsur l’environ-nement augmente et l’exploitationdes ressourcess’intensifie », s’inquièteBineswareeBolaky, l’unedes auteures de « Transformation structurelle etdéveloppement durable en Afrique », le rapportde la Cnuced publié le 13 juin. « Aujourd’hui,poursuit-elle, l’Afrique consomme5milliards detonnes de matières premières issues de son sol(énergie fossile,minéraux, biomasse…)par an. Sila croissance annuelle du continent se poursuit àun rythme annuel de 7 %, le PIB de l’Afrique

! PANNEAUX SOLAIRES

destinés à alimenter enélectricité des pompes

d’irrigation, à Porto-Novo, au Bénin.

JEAN

CLA

UDEMOSC

HET

TI/R

EA

CONSOMMATIOND'ÉLECTRICITÉPAR HABITANT

(en KWh)

Afrique

Asie

Amérique latine

Moyenne mondiale

561

741

1 884

2 730

À COPENHAGUE, endécembre 2009, lors duSommet sur le climat, lereprésentant de l’Unionafricaine était le Premierministre éthiopien, MélèsZenawi. Deux ans plus tard,la Conférence de Durban étaitprésidée par l’hôte sud-africain,Jacob Zuma. Cette fois, à Rio,le président congolais, DenisSassou Nguesso, sera la voixdu continent. Son atout, c’estla forêt du bassin du Congo,le deuxième poumon vert dansle monde après l’Amazonie.« Ce poste est très convoitéet fait l’objet d’une intense

bagarre, explique un hautdiplomate africain. Car lesquestions d’environnementsont très positives en termesd’image. » À cela s’ajoute uneréelle prise de conscience.L’économie verte, le marchédu carbone, l’exploitationdurable des forêts, la défensede la diversité ont fait leurapparition dans les discourspolitiques. D’autres chefs d’Étatl’ont bien compris, commeAli Bongo Ondimba au Gabonou le roi MohammedVIau Maroc… Une liste quiest appelée à s’élargir. ●

PHILIPPE PERDRIX

QUAND LES CHEFS S’EN MÊLENT

● ● ●

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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sera multiplié par quinze d’ici à 2050 et laconsommation de matières premières s’élèveraà 72 milliards de tonnes. »

Depuis dix ans, explique en substance le docu-mentde laCnuced, le continent connaît une fortecroissance, mais elle n’est pas durable et reposesur l’exploitation de ressources naturelles épui-sables, sanscréationdevaleurajoutéenid’emplois.L’Afrique dispose cependant « d’une marge demanœuvrepouréviter les erreursdespays indus-trialisés et ne pas suivre leur schémade dévelop-pement peu durable », assure l’organisation. Uneanalysepartagéepar laBanqueafricainededéve-loppement (BAD). « L’Afrique a le choix. Adopterune approche plus durable de développementpeutprocurerdesavantagesen termesdesécuritéde l’environnement et de bien-être, ainsi qu’unecompétitivitéaccrue », affirmeDonaldKaberuka,leprésidentde laBAD,qui aprésenté le 1er juinunrapport sur « l’empreinteécologiquede l’Afrique ».

DÉCOUPLAGE. Plusieurs pistes pour une crois-sancevertesontesquissées.Elles reposentsurdeuxpiliers : l’agriculture et l’industrie. « On ne peutpas demander à l’Afriquede renoncer à exploitersesmatières premières, elle en a impérativementbesoin pour son développement. Mais elle peut

Depuis unpeuplus de cinq ans,les initiatives liées audévelop-pementdurable,à lapréserva-tionde l’environnement età la

lutte contre le réchauffement climatiquesemultiplient sur le continent. Impulséspar les États, la société civile ou le sec-teur privé, avec le soutien financier outechnique des ONG et des bailleurs defonds, des projets voient le jour dans lessecteurs de l’énergie et de l’agriculture,de la gestion des eaux et forêts, dans leretraitementdesdéchetsou laprotectiondes écosystèmes.

Premier de la classe en 2012, selon leclassement annuel des performancesenvironnementalesétablipar l’universitéaméricaineYale, leGabon sepositionnecomme l’undespionniersde l’économieverte. Décidé à protéger le bassin duCongo, le pays a transformé 11%de sonterritoire en parcs nationaux. À l’instardes Comores et de laMauritanie, il s’est

aussi lancédans la chasse aux sacs plas-tique, ouverte depuis 2006 au Rwanda,en Afrique du Sud et au Kenya.

ÉOLIEN. Nairobi a annoncé, en juin,la création d’une ferme éolienne de300MW, qui couvrira 20 % des besoinsélectriques du pays à l’horizon 2014,

pour un investissement de 585millionsd’euros. Mais le premier producteuréolien du continent devrait rester leMaroc, avec une capacité de produc-tion de 2200 MW attendue pour 2020,complétée par 2 000 MW d’originesolaire. L’Algérie a choisi lamêmesourced’énergie en annonçant, en 2011, lacréationd’ici à 2030 d’unparc solaire de

20000 MW, tout comme le Cameroun,qui a confirmé début juin la réalisa-tion de deux unités de 35MWchacune.Yaoundé, avec le Gabon et le Congo, vaaussimettre un terme au torchage pourvaloriser son gaz.

Toujours au niveau énergétique,l’Afrique du Sud a ouvert en 2007 la

première centrale électriqueafricaine à base de méthanefermenté, recyclant ainsi ce gazvingt fois plus polluant que leCO

2, tandis que Maurice s’est

lancée dans le retraitement dela bagasse de son industrie sucrière.D’autres pays, comme la Tanzanie, leMalawi, l’Ouganda et l’Éthiopie, ont faitle choix de la biomasse. Enfin, moinsonéreux mais tout aussi essentiels,d’importants programmes de reboise-ment ont été lancés pour lutter contrela désertification au Niger, au BurkinaFaso et en Mauritanie. ● OLIVIER CASLIN

INITIATIVES

Tout le monde se met au vert!De Rabat à Nairobi, de Yaoundé à Durban, les autorités commencent à prendre la mesure des enjeuxécologiques. En témoignent les nombreux projets qu’ils mettent en œuvre.

recouriràdes technologiesqui lui permettrontdeles économiser pour produire plus avecmoins »,estimeBolaky.CequelaCnucedappelle le«décou-plage relatif ». En clair, il s’agit pour l’agricultured’obtenir de meilleurs rendements en utilisantmoins d’intrants et d’eau. Pour l’industrie, celaconsiste à prendre des mesures qui limitent lespollutions (efficacité énergétique, recours auxénergiesrenouvelablesetauxtechnologiespropres,recyclage, réduction des déchets…).

La défense de l’environnement n’est doncplusuniquementunproblèmedepays riche.L’Éthiopiesemble l’avoir compris. Sous l’impulsiondeMélèsZenawi, son Premier ministre, le pays a adoptéle Climate-Resilient Green Economy (CRGE).Présenté à Rio, il sera mis en œuvre à partir de2013etprévoitdemultiplierparcinq laproductionhydroélectrique pour couvrir 90 % des besoinsen 2030. Reste à trouver les moyens financiers.«Placer l’Afrique surune trajectoirede croissanceà faiblesémissionsdecarbone »demanderaentre9 et 12milliards dedollars (entre 7 et 9,5milliardsd’euros) par an jusqu’en 2015, a calculé la BAD.Reste à savoir si l’appel sera entendu à Rio. Rienn’est moins sûr. Et c’est sans doute le principaldéfi que vont devoir relever les représentantsafricains présents sur place. ●

ÉMISSIONSDE GAZÀ EFFET

DE SERRE(en millionsde tonnes)

928975

10 000

12 000

Afrique

Amériquelatine

Asie

Pays del’OCDE

L’Algérie s’est lancée dans lacréation d’un parc solaire de20000 MW d’ici à 2030.

● ● ●

SOURCES

:CNUCED

,BAD

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

12 La semaine de J.A. L’événement

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U nemédiationpourquoi faire?Dans l’entourageduprésidentduBurkinaFaso, laquestionneseposepas.ÀKosyam,leshauts

et lesbas inhérentsàune telle entreprise,on connaît.Mais ailleurs, dans quelquesPalais de la région, un léger doute s’estinstallé.BlaiseCompaorémédiateurdanslacrisemalienne,était-ceunebonneidée?

« Oui », répond Ablassé Ouédraogo.L’ancienministre burkinabè des Affairesétrangères amené plusieursmédiationspour lecomptede l’Unionafricaine.Pourlui, Compaoré était, au début de la crise,le mieux placé pour mener celle-ci. LessuccèsdesesrécentsarbitragesenGuinéeetauNigerplaidaientensa faveur.« Ildis-posedel’expériencenécessaire,maisaussid’hommesdequalité à ses côtés, affirmeun diplomate en poste à Ouagadougou.Quelchefd’Étatde larégionestenmesurede fournir une équipe compétente, bienrenseignée, et de faire en sorte que sonministredesAffairesétrangèresseconsacreexclusivementàunemédiation?»Defait,Djibrill Bassolé, nommé représentantde Compaoré dans la crisemalienne, neménage pas sa peine pour tenter de sor-tir le pays voisin de ce bourbier. Chargelui est donnée de résoudre la premièredes équations: aider à la mise en place,à Bamako, d’un pouvoir institutionnelreconnu et accepté.

Compaoré peut également comptersur sonconseiller spécial, leMauritanienMoustaphaChafi, pour garder le contactavec le frontnord.Celuiquiestdevenu,aufil des enlèvements d’Occidentaux dansleSahel,un interlocuteur incontournable

dans la libération desotages, connaît parfaite-ment la zone : ses codes,ses interdits et, surtout,ceux qui la gouvernentaujourd’hui.

Malgré ces atouts, deserreurs ont été commisesces derniersmois, jugeunexpert de la région. « Lamédiationnécessited’avoirlaconfiancede tous lesprotagonistes,dit-il. Ce n’est plus tout à fait le cas. »Depuislanominationd’ungouvernementdirigépar un ami de longue date deCompaoré(Cheick Modibo Diarra) et comprenantl’undesesplusprochesconseillers (SadioLamineSow,ministredesAffaires étran-gères), des critiques se font entendre àBamako. Quant à la junte, depuis qu’ellea été pressée de signer un accord débutavril, elleseméfie.«Lesputschistesonteul’impressiondes’être fait forcer lamain »,confie un diplomate.

DIVERGENCED’APPRÉCIATIONS.Dansplusieurscapitalesde la région,etnotam-ment àCotonou et àNiamey, on estimeque Compaoré est allé un peu trop vite.« Chaque fois que des accords ont ététrouvés,onest revenudessuspar lasuite»,note Ablassé Ouédraogo. « Blaise n’apas encore eu les résultats escomptés,estime un ministre ouest-africain desAffaires étrangères. Il a agi rapidementen pensant qu’il pourrait gérer au fur età mesure. Il pensait que son aura suffi-rait à calmer les putschistes. » D’où lesouhait de Boni Yayi, le président en

exercice l’Union africaine, d’impliquercette dernière et l’ONU.

Laprisedepositionduprésidentbéni-nois est peut-être guidée par un désir derevanche, aprèsqueOugadougoua rem-porté laprésidencede laCommissiondelaCommunautééconomiquedesÉtatsdel’Afriquedel’Ouest(Cedeao),queCotonouconvoitait. Mais il faut y voir aussi unedivergence d’appréciations: Boni Yayi etson homologue nigérien, MahamadouIssoufou, sont favorablesàune interven-tionmilitaire rapidedans lenordduMalisous la forme d’une opération africaineavec un soutien occidental. Sur ce point,Compaoréestplusmodéré.«Envoyerdestroupes dans le Nord ne résoudra rien siune solution politique n’est pas trouvée.Cela ne fera qu’envenimer la situation »,estime un de ses collaborateurs.

Va-t-en-guerre contre négociateurs?La réalité est peut-être plus nuancée.Les positions opposées pourraient aussiêtre les deux volets parallèles – militaireet diplomatique – d’une seule et mêmestratégie, et la médiation du Burkinabèfinalement porter ses fruits. ●

RÉMI CARAYOL

Blaise Compaoré Plusdure est la médiationSes précédents arbitrages en Guinée et au Nigerplaident en sa faveur. Mais alors qu’au Mali la crises’enlise, la mission de conciliation du chef d’Étatburkinabè rencontre quelques obstacles.

❘ FATOUMATA NAFOTRAORÉSANTÉ

L’ex-ministre malienne de la Santé est, depuisle 14 juin, la nouvelle directrice exécutivedu partenariat Roll Back Malaria lancé en 1998par l’OMS, l’Unicef, le Pnud et la Banque mondiale.

❘ PARFAIT ONANGA-ANYANGAONU

Le 7 juin, le Gabonais a été nommé représentant spécialet chef du bureau des Nations unies au Burundi.Depuis 2007, il était directeur de cabinet de la vice-secrétairegénérale de l’ONU, laTanzanienne Asha-Rose Migiro.

NOMINATIONS

!Contrairement aux présidents béninois et nigérien,IL EST RÉSERVÉ QUANT À L’ENVOI DE TROUPES AU NORD-MALI.

NYA

BA

LEON

OUED

RAOGO

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

14 La semaine de J.A. Les gens

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LAURYN HILLLa chanteuse américaine a étéinculpée pour fraude fiscale:elle aurait omis de payer1,6 million de dollars d’impôtsentre 2005 et 2007. Elle risqueun an de prison et près de100000 dollars d’amendepar année « oubliée ».

ZACHARIETCHOUNDJEU

Le 11 juin, ce Camerounais,directeur Afrique de l’Ouestet Afrique centrale duWorldAgroforestry Centre, a remportéle prix National GeographicSociety-Buffet Award quirécompense les meilleursprotecteurs de l’environnement.

MANGWASHI PHIYEGA

Ex-membre du conseild’administration de la FondationNelson Mandela et ex-directricede l’autorité de surveillancedes entreprises publiques,la Sud-Africaine est devenue,le 12 juin, la première femmechef de la police de son pays.

JAMES MWANGI

Le patron kényan d’Equity Bank,la plus grande banque d’Afriquede l’Est en nombre de clients,a reçu le 9 juin à Monacole prix de l’Entrepreneurmondial de l’année 2012,décerné par le cabinetErnst &Young.

MAHMOUD SARSAK

Sepp Blatter, Michel Platini,Ken Loach et Éric Cantona,entre autres, ont signéle 12 juin une lettre appelantà la libération du jeunefootballeur palestinienen grève de la faim et incarcéréen Israël depuis 2009.

BAFÉTIMBI GOMIS ETYOHAN BENALOUANE

Les footballeurs de Lyon (France)et de Cesena (Italie) ont étéretenus en garde à vue,les 14 et 15 juin, à la suite d’uneplainte pour viol en réunion.Ils ont été libérés maisl’enquête reste ouverte.

LAUREN

TGILLIER

ON/A

P/SIPA

DR

REU

TERS/CHARLE

SPLA

TIAU

-DR

EN HAUSSE

EN BAISSE

E ncore une fois, « la dame de Rangoon » aura faitpreuve d’abnégation. Pour la première étape desa tournée européenne,AungSanSuuKyi a choisiGenève,enSuisse,pourévoquer laquestiondutra-

vail forcéausiègede l’Organisation internationaledu travail(OIT). « Je voudrais faire demonmieux dans l’intérêt de lapopulation », expliquait-elle, avant sondépart deBirmanie,au sujet de ce voyagehistorique. Le 14 juin, ovationnéeparles 4000 délégués de l’OIT, la frêle présidente de la Liguenationale pour la démocratie est apparue rayonnante.

Cen’estque le lendemainqu’elle s’est rendueàOslo,poury rencontrer le Premier ministre norvégien puis recevoir– enfin ! – le prix Nobel de la paix qui lui avait été décernéen 1991. Cette semaine, Aung San Suu Kyi prononcera undiscours devant le Parlement britannique (le 21 juin), puiselle sera reçue à l’Élysée par le président français FrançoisHollande (le 26). Son voyage sera aussi l’occasionde revoirses deux fils, installés auRoyaume-Uni. Et peut-êtremêmede fêter en famille son 67e anniversaire, le 19 juin.

PRUDENTE. La plus célèbre des opposantes politiquesn’était pas revenue enEurope, où elle a vécuune vingtained’années, depuis 1988.Régulièrement assignéeà résidenceaprès son retour en Birmanie pour se tenir au chevet desa mère mourante, Aung San Suu Kyi n’a été libérée qu’ennovembre2010.Depuis,elleaacceptéd’accordersaconfianceaugouvernementdugénéral TheinSein.Arrivéaupouvoiren février 2011, cederniermultiplie les réformesdans lebutd’alléger les sanctions économiquesqui pèsent sur le pays.

Maiscellequiaétééluedéputéeenavrilcontinued’appelerà la prudence. «L’optimismec’est bien,mais cedevrait êtreunoptimismeprudent.Unpeude scepticisme salutaire estde rigueur », expliquait-elle enmai, lors du Forum écono-mique mondial sur l’Asie de l’Est organisé en Thaïlande,premierpaysàavoirétéhonorédesavisite.C’était quelquessemaines seulementaprèsqu’elleeut reçuson toutnouveaupasseport, le premier en vingt ans. ● TONY GAMAL GABRIEL

Aung San Suu KyiDroit de visiteAprès vingt-quatre ans d’interdiction de sortiedu territoire, la célèbre opposante birmane etPrix Nobel de la paix est en tournée en Europe.

!Le 14 juin, À GENÈVE (Suisse), au siège de l’OIT.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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«A près les roulements detambours,lesroulementsde la langue ! » C’estavec humour qu’Amin

Maalouf, très ému, a commencé sondis-cours de réception à l’Académie fran-çaise le 14 juin, sous la coupole duQuaiConti, devant sesnouveauxpairs –d’ErikOrsennaàValéryGiscardd’Estaingenpas-santpar Jeand’Ormesson–etunparterred’invités de marque. Parmi lesquels onpouvait reconnaître,outredenombreusespersonnalités libanaises venues de leurpays,MichelBarnier,ministredesAffairesétrangères de Jacques Chirac et actuelCommissaire européen, Jean Daniel, lefondateur duNouvel Observateur, Jean-DavidLevitte, l’ex-conseillerdiplomatiquede Nicolas Sarkozy, ou Peter Sellars, lemetteur en scène américain.

S’amusant de son accent, Maalouf apris unmalin plaisir à rappeler qu’il par-tage ce roulement de « r » avecd’illustresécrivains français – Ronsard, Rabelais,La Bruyère… – et qu’« il revient doncdu Liban plus qu’il n’en vient ». Unefaçon de saluer la politique d’ouverturede l’Académie qui, depuis quelquesannées, accueille des auteurs d’origineétrangère : Hector Bianciotti – qui vientde mourir –, né en Argentine et élu en1996, FrançoisCheng, né enChine et éluen 2002, Assia Djebbar, née en Algérieet élue en 2005. Mais aussi un rappeldu combat que mène l’ancien rédac-teur en chef de Jeune Afrique à traversson œuvre (Les Croisades vues par lesArabes, Léon l’Africain, Les Identitésmeurtrières) pour inviter au dialogueentre les civilisations.

Un combat auquel il n’entend pasrenoncer, même si les temps ne sontguère propices : « Un mur s’élèveaujourd’hui en Méditerranée entre lesunivers dont je me réclame. Ce mur,mon ambition est de le démolir. Telle atoujoursétémaraisondevivre, d’écrire. »C’était aussi l’objectif de Claude Lévi-Strauss, montrera-t-il en faisant l’élogede ce grand ethnologue qui joua un rôlepionnierpourproclamer « l’égaledignitéde toutes les civilisations humaines », etdont il occupe désormais le siège.

MÉTISSAGE. Choisi pour prononcer lediscours de bienvenue, l’écrivain Jean-ChristopheRufin – qui fut ambassadeurdeFrance auSénégal – adit pour sapart,au terme d’une brillante exploration del’œuvre deMaalouf, àquel point celui-ciétait prédestinépar sonhistoire familiale–qui est le sujet d’Origines –à recherchercet « équilibre instable » entre « enraci-nement et appel au monde ». Et, aussi,à célébrer lemétissage culturel, tout enrenvoyant dos à dos Orient et Occidentquand lepremier versedans le fanatismeet le second transforme sa consciencemorale en instrument de domination.Sonarrivée est unebonnenouvelle pourl’Académie, a conclu Rufin, car « raressont ceux qui sont venus avec autant demondes différents ».

Cette volonté de confronter desmondes différents sera encore au cœurdu prochain livre d’Amin Maalouf, àparaître en septembre, et dont le per-sonnageprincipal revient auLibanaprèsavoir passé vingt-cinq ans enOccident.Les Désorientés marqueront son retourtrès attendu au roman, après dix ansconsacrésà l’écritured’essaisoude livretsd’opéra. ● RENAUD DE ROCHEBRUNE

29 JUINVerdict dans le procès del’opposante VictoireIngabire, jugée à Kigalipour, notamment,« complicité de terrorisme »et « propagation del’idéologie du génocide ».

30 JUINDépart du 99e Tourde France : un prologueet vingt étapes,soit 3497 km au total.Arrivée à Paris, surles Champs-Élysées,le 22 juillet.

30 JUIN-7 JUILLET16e Festival écrans noirs,àYaoundé et Douala.Thème de cette édition,« Le développementde la télévision africaine:atout ou frein pour lecinéma du continent? »

LittératureMaalouf est immortel

ðAMIN MAALOUF (au centre) en habitvert, entouré de deux de ses pairs,Jean-Christophe Rufin (à g.)et Erik Orsenna.

Élu il y a un an à l’Académie française, l’écrivain franco-libanais– et ancien rédacteur en chef à Jeune Afrique – a été reçusous la Coupole le 14 juin.

TONYEL

HAGE/

TOROMORO

À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE

Th«deat

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

16 La semaine de J.A. Décryptage

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« La vie est devenueplate, comme on ditchez nous. Au point quenous envions ces foulesarabes auxquelleson s’assimile, oubliantqu’elles vivent sous la

dictature, alors qu’en démocratie la ruea le droit de s’exprimer, mais qu’elle nepeut renverser le gouvernement en lieuet place de l’élection.»DENISE BOMBARDIERRomancière québécoise (à propos du« printemps érable », qui agite la provincecanadienne)

« Je suis un RSA – unréalisateur sans argent –, un

réalisateur tortue Ninja,caméra sur le dos. »

RACHID DJAÏDANIÉcrivain et réalisateur franco-algérien

« J’ai été ambassadeur des Nations uniesen Afrique. J’arrivais dans des voituresclimatisées, je restais quelques heureset je repartais. Je ne suis pas un exemple,juste une petite merde par rapport à ceuxqui se sacrifient pour rester auprèsdes populations.»JULIO IGLESIAS Chanteur espagnol

« Certains quartiers de Francesont à l’image du Yémenou des côtes africaines, où despopulations sont endormiespar l’usage généralisé dedrogues. »GÉRARD LONGUETAncien ministre français de la Défense

« Parfois, j’ai l’impressionque Barack ne m’aime plus, maisil suffit que je me confie à lui pourêtre immédiatement rassurée :évidemment, il m’adore!»MICHELLE OBAMAPremière dame des États-Unis

QUATRE ANNÉES DE POUVOIR ont érodé la popularité deBarack Obama, révèle une étude publiée le 13 juin par le PewResearchCenter, un institut américain de sondages spécialisédans l’analyse de l’opinion mondiale. Le désamour est géné-ral, mais inégal selon les régions. Obama reste très populaireen Europe et au Japon, où respectivement 80 % et 74 % de lapopulation lui fait confiance. En revanche, les opinions favo-rables n’atteignent que 38 % en Chine (en recul de 24 pointsdepuis 2009), et la défiance a crû dans les pays musulmans,où sa cote se traîne à 24 %. Mêmeméfiance dans les pays lesplus touchés par la crise : seulement 22 % des Grecs et 17 %des Égyptiens croient qu’Obama est en mesure de traiter lesproblèmes économiques mondiaux.

Mais c’est dans le domainediplomatiqueque le désenchan-tement est le plus perceptible. Nombre de pays, Pakistan etTurquie en tête, ne croient plus aumultilatéralisme prônéparle président américain au début de sonmandat. La guerre desdrones, rejetée par 89 % des Égyptiens et 72 % des Tunisiens,a effacé les bénéfices du retrait d’Irak. Et la nouvelle politiquearabe des États-Unis a profondément déçu : seules 18 % despersonnes interrogées à l’échellemondiale pensent qu’Obamatraite équitablement Israéliens et Palestiniens, contre 46 %qui l’espéraient en 2009. Cette étude assez complète n’est pasexempte de lacunes. Ainsi, l’opinion des populations subsa-hariennes a été, hélas, négligée. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER

Tunisie-Libye BaghdadiMahmoudi, un hôte encombrant

RECLUS DANS LA PRISONde la Mornaguia, près deTunis, Baghdadi Mahmoudidoit suivre attentivement lebras de fer qui oppose lesdeux branches de l’exécutiftunisien, dont il est devenu lesujet dediscorde.Depuis quelacourd’appeldeTunisaémisun avis favorable à son extra-dition en Libye, où le Conseilnational de transition (CNT)souhaite qu’il rende comptedesesagissementspendant laguerrecivile, le sortdudernierPremier ministre de Kaddafisemblesuspenduà ladécisiondu présidentMarzouki.

Ce dernier avait reçu deMustapha Abdeljalil, sonhomologue libyen, des assu-rances sur le respectde l’inté-gritéphysiquedeBaghdadi etsur la tenued’unprocèséqui-tabledanssonpays.Maisl’hos-tilité des militants des droitsde l’homme, dont il est resté

proche, fait hésiterMarzouki.En se déclarant « opposé parprincipe » au transfert deBaghdadi, il a provoqué l’iredeHamadi Jebali, sonPremierministre. « L’extradition estirrévocable. Elle aura lieu,mêmesanslasignaturedupré-sident », amenacé ce dernier,rappelantque laConstitutionest suspendue. Une interpré-tation « fausse et dangereuse,s’insurge Me Béchir Essid,membreducomitédedéfensede Mahmoudi. Dans tous lescas, la loi stipule que l’extra-dition doit faire l’objet d’undécret présidentiel signé etpublié au Journal officiel ».« M. Mahmoudi est trèsmalade, alitéenpermanence,ajoute l’avocat. Il risque la tor-ture, de mauvais traitementset la peine de mort en cas detransfert. Aujourd’hui, il n’ya pas de justice en Libye. » ●

YOUSSEF AÏT AKDIM

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JEUNE AFRIQUE

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UNION AFRICAINE LE BOULET EL-BÉCHIR

« NE RIENVOIR, NE RIEN ENTENDRE, NE RIEN DIRE. » Cette maxime des trois singes de la sagesse venue d’Asietraduit l’embarras des chefs d’État africains. Comment gérer « le cas el-Béchir »? Joyce Banda, la présidente duMalawi, avait prévenu: si le dirigeant soudanais, poursuivi par la Cour pénale internationale, venait chez elle, il seraitarrêté. Résultat : le sommet de l’Union africaine, initialement prévu à Lilongwe, mi-juillet, a été déplacé à Addis-Abeba. Omar el-Béchir s’y rendra-t-il ? Si oui, lesquels de ses homologues lui serreront la main devant les caméras?

L e11 juin, lesministresdesAffairesétrangères des paysmembres delaCommunautédesÉtats sahélo-sahariens (Cen-Sad), réunis à

Rabat, ont adopté un projet de « traitérévisé ». Une manière de relancer uneorganisationcrééeen1998parMouammarKaddafi et qui stagne depuis le décès dudirigeant libyen. Ce traité sera soumis àl’approbation des chefs d’État lors d’unsommetdont ladaten’estpasencorefixée.« Il redonne à laCen-Sad samissionpre-mière», indiqueMoussaFakiMahamat, leministre tchadiendesAffairesétrangères,qui estégalement leprésidentduconseilexécutif de la Communauté.

Trois modifications significatives ontété apportées à ce texte. Tout d’abord,l’espace géographique sahélo-saharien

est désormais clairement défini. Cequi devrait pousser ceux des 28 Étatsmembresquin’appartiennentpasàcetteaire (notamment le Bénin, les Comores,le Ghana, le Kenya ou le Togo) à se reti-rer de l’organisation. L’Algérie, que leConseil national de transition libyen(CNT) accueillerait volontiers, pourraiten revanche être invitée à la rejoindre.L’établissement de la liste définitive desÉtats membres sera le principal thèmeabordé lors duprochain sommet.Cequidevrait donner lieu à de vifs débats (leSénégal souhaiteraitque laGambie reste,leMaroc ne veut pas entendre parler del’Algérie, etc.).

BONNEFOI.Ensuite, les objectifs ont étéreprécisés : œuvrer en faveur de la paix

et de la sécurité, favoriser l’intégrationéconomique.LesLibyensontdéclaréquecette nouvelle vision, qui ne fera plus del’organisation un instrument à la gloirede Kaddafi, leur convient parfaitement.

Pour prouver sa bonne foi, le CNT arestitué à la Cen-Sad le siège de Tripoli,quiavaitétéoccupépar lesmiliciens,ainsique les archives, confisquées pendant laguerre.Lepersonnelde l’organisationquin’avait pu quitter la Libye a finalementété payé. « Depuis quelques semaines,le travail a repris au siège », confirme undiplomate burkinabè.

Enfin, lemodede fonctionnement – etdonc la contribution de chacun – serarevu. « Pour que tout le monde parle àvoix égale, il faut être au même niveaude cotisation », estime Moussa FakiMahamat. Cepourrait aussi être le talond’Achillede laCen-Sad relookée.Kaddafila finançait pour assouvir son ambitioncontinentale contrariée à l’Union afri-caine. Aujourd’hui, le nouveau pouvoirdeTripoli et lesautresÉtatsmembres,quin’ont pas les mêmesmoyens qu’avait le«Guide », pourront-ilsmaintenir l’orga-nisation en vie? ●

MADJIASRA NAKO, à N’Djamena

Cen-SadOpération résurrectionDepuis la mort de Kaddafi, son fondateur et principal bailleurde fonds, l’organisation sahélo-saharienne dépérissait. Un traitérévisé vise à la remettre sur pied.

LE DESSIN DE LA SEMAINE Glez • Radio Nederland Wereldomroep • Pays-Bas

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

18 La semaine de J.A. Décryptage

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JEAN-LOUIS BILLONPDG de Sifca(Côte d’Ivoire)

MOSTAFA TERRABPDG de Groupe OCP

(Maroc)

NGOZI OKONJO-IWEALAMinistre des Finances

(Nigeria)

TIDJANE THIAMPDG de Prudential

(Royaume-Uni)

African Development BankBanque africaine de développement

Ils sont attendus :

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C’ est une histoire d’amourentre une groupie africaineet une icône mondiale dela musique. En 1979, Bob

Marley, 34 ans, a déjà enregistré sesmythiquesNoWoman No Cry, Exodus,Kaya… Pascaline Bongo en a 23 et sonpère, Omar, président du Gabon, ne luirefuse rien. À la fin d’un concert auxÉtats-Unis, elle se faufile dans la loge deson idole. Mais, raconte l’intéressée, çacommence mal : « Qu’est-ce que tu esvilaine ! » grimace le Jamaïcain. « C’estparce j’avais les cheveuxdéfrisés », souritaujourd’hui PascalineBongoOndimba,56 ans, apaisée, devant la caméra deKevinMacDonald, le réalisateur etdocu-mentariste à qui l’on doit notammentLeDernier Roi d’Écosse.Cette séquenceintervient vers la fin deMarley,undocu-mentaire sorti en salles le 13 juin, enFrance.

Invité au Gabon par sa belle, « Bob »apprend à son arrivéeque le pays est, luidit-on, sous la férule d’un « dictateur ».Trop tard pour tout annuler… Dans lemême temps, une mauvaise langueinforme le président que la bande demusiciensdépenaillés issusdubidonvilledeTrenchTownprône la révolution.C’estdécidé,BongonerencontrerapasMarley.

Gros plan sur une photo noir et blanc :Ali, le fils du président, est visiblementheureux de représenter son père.

Nédans les Caraïbes,Marley, lemétisau mal-être existentiel et en quête derepères, était venu trouver ses racinesenAfrique, terre d’origine de Jah, le dieurastafari à qui il vouait un culte. Maisrien ne se passe comme prévu. Sur lesplages de Libreville, précédés par leurréputation de consommateurs de dro-gues douces, les Wailers sont accueillispar de sarcastiques « Ganja ! Ganja ! ».En coulisses, le producteur a surfacturéle concert que la star souhaitait offrir,déclenchant sa fureur.

JETÉES. Restent les amours de Marley,queMacDonald fait revivre à travers lestémoignages d’une demi-douzaine deses conquêtes. Ilsmontrent son curieuxrapport aux femmes, qu’il disait aimersans « peintures de guerre ». Bafouées,jetées, reprises,plusieursdesesex-petitesamies évoquent le musicien avec uneétonnante indulgence, sans lemoindreregret, voire avec une pointe de nostal-gie. Seule Cedella, sa fille, s’offusquedes infidélités qu’il fit subir à Rita, sonépouse, au vu et au su de tous. ●

GEORGES DOUGUELI

Cinéma Bob et PascalineDans Marley, un documentaire sur la star du reggae,ses anciennes amours livrent leurs souvenirs du rastaman.Parmi elles, la fille de l’ancien président gabonais.

FOCUSINTERNET Le mondearabe, nouvel eldoradodes réseaux sociaux?

! BOB MARLEY ET PASCALINE BONGO, vers 1980.

DR

JEUNEAFRIQUE.COM

ÉVÉNEMENTDécouvrez les résultats descandidats de la diversité ausecond tour des électionslégislatives françaises.

À LIRE AUSSIMali - Bilal Ag Achérif(MNLA): « Ansar Eddinepeut obtenir qu’Aqmi quittel’Azawad »

LE TWEET« La compagneprésidentielle estfinie »@GADELMALEH

L’humoriste franco-marocain (à proposdu tweet controverséde Valérie Trierweiler,la concubinede FrançoisHollande).

■Moins de 20000

■ Entre 20000 et 150000

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Nombre d’utilisateursactifs de Twitteren mars 2012

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

20 La semaine de J.A. Décryptage

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Page 22: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

LA CAMPAGNE pour les élections législatives fut d’unennui sipesantqu’onse réjouiraitpresquedespulsionstweeteuses de la première dame – pardon, de « l’atoutcœur de France », comme elle suggère, modestement,

qu’on ladésignedésormais.À l’inversedeFrançoisHollandeetde l’état-major socialistepourune fois (presque)unanime,Valérie Trierweiler a soutenu Olivier Falorni, un dissidentopposé au second tour à Ségolène Royal, l’ex-compagne duprésidentet lamèredesesenfants, dans la circonscriptiondeLaRochelleoùcettedernièreacruhabiledese faireparachu-ter pour briguer plus commodément le perchoir de l’Assem-blée.MmeTrierweiler aurait pu garder pour elle l’animositérecuiteque lui inspire sa rivale,maisnon, ellen’apu s’empê-cherde l’exhiber, en140signes, sur le réseausocial, au risquede provoquer la première fausse note du quinquennat. Dansl’opposition, les socialistes dénonçaient la confusion opéréepar Nicolas Sarkozy entre ses activités publiques et privées.Ils avaient bien raison. À peine arrivés au pouvoir, ils font àpeu près lamême chose. Signe des temps, sans doute. ●

CORÉE DU NORD

Donnant-donnantKIM JONGUN L’A RECONNUdans l’organe officiel du Parti

des travailleurs : la Corée duNordest frappée par la plus terriblesécheresse depuis un demi-siècle.Du coup, elle ne procédera pas dansl’immédiat à un nouvel essainucléaire : priorité à la résorptionde la crise sociale. Un accès defièvre contestataire serait en effetmalvenu, sixmois après l’arrivéeau pouvoir de Kim Jong-un. Et puis,il faut bien que Pyongyang lâchedu lest pour espérer obtenirde la communauté internationaleune aide alimentaire d’urgence.

C’EST LE MOINS QU’ON PUISSE DIRE

TROPÉTROITES...… les relations entre la classepolitique britannique et le

groupe de presse de RupertMurdoch. C’est ce que le Premierministre David Cameron a avouéà la commission chargéed’enquêter sur le scandale desécoutes « sauvages » pratiquéespar les journalistes de News Corp.

CHINE

Baiser spatialLACHINE LANCERA à lami-juin depuis la base de

Jiuquan, dans le désert deGobi, sonquatrième vol spatial habité : leShenzhou-9 s’amarrera au vaisseauinhabitéTiangong-1 en orbiteautour de la Terre. Ce n’est pas lepremier « baiser spatial » de ce type:en septembre 2011, un autrevaisseau, inhabité celui-là, s’étaitdéjà amarré à Tiangong-1.Cette fois,trois taïkonautes (deux hommes etune femme) seront à lamanœuvre.La Chine ambitionne de se doterd’une station orbitale d’ici à 2020.

ESPAGNE

Au secours!APRÈS LA GRÈCE, l’Irlande etle Portugal, l’Espagne a été à

son tour contrainte d’accepter un

FRANCE

Guerre des dames

APRÈS UNE FLAMBÉE deviolences religieuses qui aurait

fait au moins trente-cinqmorts, l’étatd’urgence a été décrété dans l’Étatde Rakhine. À l’origine, le viold’une bouddhiste, le 3 juin, par desmusulmans rohingyas. Depuis,représailles, pillages et émeutes se

succèdent. Des centaines deRohingyas, uneminorité apatridenon reconnue par les autoritésbirmanes, tentent de fuir vers leBangladesh voisin, qui les refoule,craignant un exodemassif. Plusde trois cent mille Rohingyas y viventdéjà dans des camps.

BIRMANIE

Violences interreligieuses

NOSS

ANT/SIPA

PIERREANDRIEU/A

FP

! SÉGOLÈNE ROYAL (À G.) ETVALÉRIETRIERWEILER. Personne ne peut plus l’ignorer :les ancienne et nouvelle compagnes du président se détestent cordialement.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

22 La semaine de J.A. Tour du monde

Page 23: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

plan d’aide européen destiné à sauverses banques : 100 milliards d’euros.Mais les marchés ne sont pas apaiséspour autant. Le 13 juin, l’agenceMoody’s a abaissé de trois crans(à Baa3) la note de sa dette à longterme. Désormais cataloguée commeemprunteur à risque, ou peu s’en faut,l’Espagne se voit presque interdirel’accès aux marchés financiers.

VENEZUELA

Chávez condamné…à la candidature

ATTEINTD’UNCANCER dans larégion pelvienne, il a déjà subi

deux opérations et demultiples séancesde chimiothérapie, àCuba. Pourtant,Hugo Chávez sera bien candidat à laprésidentielle du 7 octobre. Le 11 juin,escorté par une foule de partisans enchemises rouges, il a déposé son

dossier de candidature auprèsdu conseil électoral. La veille, HenriqueCapriles, son principal opposant,avait fait demême. Selon les sondages,ce dernier l’emporterait face à toutautre candidat que Chávez.Mais il s’inclinerait nettement face à lui.

CYCLISME

Plus duresera la chute

PENDANTUNEDÉCENNIE, il futle parrain du peloton. Tous ceux

qui tentèrent de briser l’omerta qu’ilimposait sur ses pratiques inavouables(et celles du cyclisme en général) furentréduits au silence. Tous les contrôlespratiqués par les officines spécialiséeséchouèrent. On avait fini par croireLance Armstrong invulnérable. Mais le13 juin, l’Agence américaine antidopage(Usada), qui l’accuse d’avoir triché de

toutes lesmanières imaginablesentre 1996 et 2011, a engagéune procédure contre lui et cinqde ses collaborateurs. Si elle aboutit,le septuple vainqueur du Tourde France sera déchu de tous ses titres.

RUSSIE

Poutine contestéC’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOISque l’oppositionmanifestait

depuis la récente réélection de VladimirPoutine à la présidence. En dépit destracasseries policières visant les leadersde la contestation, plusieurs dizainesdemilliers de personnes ont défilédans les rues deMoscou, le 12 juin.Lesmarcheurs ont dénoncé le pouvoir« des voleurs et des escrocs » et appeléde leurs vœux « une Russie sansPoutine ». Celui-ci a jugé« inacceptable » leur volonté « dediviser la société et d’affaiblir le pays ».

ARTS MARTIAUX

La retraite des Dix Mille

ON CONNAISSAIT GRÂCE À XÉNOPHON la retraite à travers l’Arménie de dix mille mercenaires grecs recrutéspar le roi de Perse Cyrus le Jeune, en 400 av. J.-C. Voici encore des guerriers. Ils sont, eux aussi, au nombre

de dix mille, mais c’est d’une autre forme de retraite qu’il s’agit : retirés du monde tels des moines, les élèvesde l’école de kung-fu de Tagou, à Zhengzhou, dans l’est de la Chine, se perfectionnent dans leur art fort martial.

ARRÊT SUR IMAGE ChinaFotoPress/maxppp

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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ALAIN FAUJAS, envoyé spécial

Incertitudes politiques, ralentissement économique… et crispationreligieuse. Les lendemains de la révolution sont hasardeux.Voire périlleux. Enquête sur un pays sous haute tension.

Ü MANIFESTATION

ORGANISÉE PAR

UN COLLECTIF

D’ARTISTES,le 24 avril, àTunis.

Où va la

La Tunisie ne va pas bien. Pour l’obser-vateur qui n’y est pas revenu depuis larévolution, lecontrasteest saisissant.Àlachapedeplombetauxsatisfecit stali-niensdel’èreBenAliasuccédéunesortede Mai 68 prenant au pied de la lettre

levieuxslogan«Demandez l’impossible!». Pasungroupeconstituéouinformelquin’exprimesacolèreet ses revendications, pasune régionquine clamesesurgenceset ses frustrations…Cen’estdoncpasuneallégresseetundynamismefoisonnants,commeonauraitpus’yattendre,quiontsuccédéà la réellemais inéquitable réussite économique d’avant le14 janvier 2011.À ce jour, les fruits de la révolutionsontamers,etlemécontentement,général.Certes, laTunisieneconnaîtpaslechaoscommelaLibye,unemenacemilitairecommel’Égypteouuneviolencesauvage d’État comme la Syrie.

Maislatroïkaaupouvoirestincertaine.Constituéedu président Moncef Marzouki (Congrès pour laRépublique,CPR, centre gauche), duchef dugou-vernementHamadi Jebali (Ennahdha, islamiste)etduprésidentdel’AssembléeconstituanteMustaphaBen Jaafar (Ettakatol, social-démocrate), elle estjugée lenteet incohérentedetouscôtés.Bientôt sixmoisqu’elleestenplace,et les régionsoubliéesparl’ancienrégimenevoientrienvenir,saufdesministresdont les projets de développement sont contestéset qualifiés par leurs opposants « d’inventaire à laPrévert » ou «de resucée de l’ère BenAli ».

LaConstituanten’aguèredépassé larédactiondel’article1.Legouvernementtardeàchoisirdanstouslesdomaines,peut-êtrealourdiparses78membresayant rang de ministre, peut-être embarrassé pardes personnalités islamistes sorties depuis peudela prison politique et ignorantes de la chosepublique, peut-être obsédé par la craintede faire des bêtises avant les élections duprintemps 2013.

Trois partis au pouvoir, eux-mêmestraversés de courants hétéroclites, celadonne beaucoup de zigzags. Un jour, leministèrede la Justicerévoquesans juge-ment 81 magistrats pour collaboration

avec ladictatureoucorruption; le lendemain, il faitsavoir que les intéressés peuvent faire appel de cetoukase. Un jour, le gouvernement refuse à tous lesfonctionnaires une prime mensuelle de 76 dinars(37,50euros)accordéel’andernierà leurscollèguesdelaprimature;unautre, lesConstituantssevotentune hausse de plus de 70%de leur rémunération;pour finir, le chef du gouvernement annonce unebaisse du salaire des ministres et des députés. Unjour, un député islamiste réclame l’inscription dela charia dans la Constitution; un autre, RachedGhannouchi, lechefd’Ennahdha,déclarequ’iln’enest pas question. Commentaire deMahmoudBenRomdhane, consultant et opposant de toujours :« Les islamistes ne reculent que sous la pressionde la société civile. »

INSÉCURITÉ. L’incertitude prend un autre visage,celui de l’insécurité. Il y a les sit-in des chômeursqui asphyxient l’activitéminière de Gafsa, dans lecentre du pays, et les blocages des entreprises parlesemployésexigeantdesrevalorisationssalariales.Ilyasurtout l’agitationdessalafistesquibrûlent,parexempleàJendouba,lesbarsservantdel’alcooletquicassentlafiguredesintellectuelsetdesartistesqu’ilstraitentde«mécréants», sansquelegouvernementfassepreuveàleurégarddelafermetéexigéeparl’élitelaïqueetéduquée (lire p. 26).Commentairede IL

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No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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Tunisie?Tunisie?

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Wided Bouchamaoui, patronne des patronstunisiens(Uniontunisiennedel’industrie,ducom-merceetde l’artisanat,Utica):«Nousnesavonspassi nous allons oupas vers unÉtat islamique. »

De son côté, l’opposition se trouve en état dedécomposition avancée, avec une kyrielle de par-tis impuissants. Elle n’a pas digéré la victoire desislamistes lors des législatives du 24 octobre 2011,et n’a pas compris que ceux-ci lui étaient préférés– et pour longtemps – parce qu’ils étaient « purs »,organisés,à l’écoutedespauvres,etqu’ils«craignentAllah»,qualitépremièrepourunpeuplemaintenudans l’obscurantismepar ladictature.Aujourd’hui,cette oppositionne semanifeste quepour accusersansnuances latroïkadetous lesmaux.ExplicationdeKhaledZribi, intermédiaireenBourseetprocheduPartidémocratiqueprogressiste(PDP)d’AhmedNéjib Chebbi: « Nous n’avons pas la culture de laconcession et du justemilieu. »

«FaceàEnnahdha,quireprésentelefondsconser-vateur tunisienbrimédepuis toujours, l’opposition

aété incapabled’avancerdes idées», expliqueCyrilGrislainKarray,ancienassociédeMcKinsey,revenudans sapatrie commebusiness angelet consultant.« Sa réflexion, poursuit-il, est aussi légère que celled’une universitéd’étéd’un parti politique français.Elle ne connaît pas le peuple et ne l’aime pas. Il luifaudra fusionner ses partis, changer leurs “têtes” etrevenir sur terre: pour la première fois, des anal-phabètes sont entrés dans l’isoloir pour voter, etla taille des problèmes à résoudre dans ce pays est

La culture serait-elle lagrande martyre de larévolution ? C’est ceque pense un jeune

poète, Adel Maïzi, invité surunplateaudetélévision,avantdenuancersonpropos:«Maisje me réjouis d’être là. Sousl’ancien régime, nous avionsrarement l’occasion de pas-serà la téléet deparler denosproblèmes. » « Aujourd’hui,explique le cinéaste MoncefDhouib, il y aunecacophoniegénéralisée. Ceux qui occu-paient la scène culturelle sesont tus,et iln’yadeplacequepourlespartis, lessyndicalistes,les avocats et les blogueurs. »Pis.Les intellectuelsetartistessontdésormais lacibled’agres-sions récurrentes.

Depuis les manifesta-tions, en octobre dernier,qui ont suivi la diffusion dufilm Persepolis sur la chaîneNessmaet la projectiondeNi

Allah, nimaître ! deNadia el-Fani,puis lesviolencesperpé-tréescontredesartistesdevantlethéâtremunicipaldeTunis…un vent de haine contre laculture souffle sur le pays. Le25 mai, l’acteur Rejeb Mogria étémolesté dans la ville duKef. Plus graveencore, lesderniers évé-nements quiont conduit legouvernementàdécréteruncouvre-feunoc-turne. Est-ce en rapport avecl’appel du leader d’Al-Qaïda,Ayman al-Zawahiri, à se sou-lever pour imposer la cha-ria en Tunisie ? En tout cas,une déferlante salafiste s’estabattue sur le pays. Tribunalincendié, postesdepoliceprisd’assaut,maisonsde lacultureravagées…et encoreune fois,artistesprisàpartie.Encause,«LePrintempsdes arts »,àLaMarsa, dans la banlieue dela capitale, jugé « offensant »pour l’islam.Pourtant, la toile

qui aurait provoqué l’ire desbarbus et qui a circulé sur leNet n’a jamais été exposée ! Iln’empêche, lePalaisAbdelliaaétéattaqué,des toiles lacérées,desœuvressaccagées,commel’installationdeFatenGaddesreprésentant des visages de

femmes juive, chrétienne,musulmane dessinés sur despunching-balls.

SACRÉ.D’aucunspeuvent seposer la question : la culturen’était-elle pas mieux lotiesous Ben Ali ? Pour nombrede créateurs, l’ancien régimefermait volontairement lesyeux sur la transgression decertains tabous tels que lanudité, le sexe ou la critiquesociale, l’essentiel était de nepas toucher à la politique, lafamille et certains corps de

métier comme la police. Etla Tunisie postrévolution-naire? Il existe « une volontépolitique visant à occulter lerôle de l’intellectuel et à pas-ser un contrat sur la culturela soumettant aux délits,puisqu’on parle maintenantde “crime intellectuel” et de“police sociale” », affirme lajournalisteSelmaJelassi.Cettemenacen’est pasbrandiepardes voix officielles, mais parla rue. « La révolution a portéau pouvoir un parti religieuxdont labasemilitante se fichedes lois et des institutions »,déclare l’écrivain et universi-taireMansourM’henni.

Si la libertéd’expressionestunfaitdans laTunisieactuelle,la liberté de création est loind’être assurée. « On est pas-sésd’unecensureexercéeparl’État, qui fixait seuldes lignesrouges, à une censure deve-nue l’affaire de tous, de l’avo-cat au journaliste en passantpar l’association coraniquequi entend remplacer la loiséculièrepardes loisdivines»,affirme Boubaker Ben Fraj,ancien directeur de cabinetauministère de la Culture.

Commentréagissent les ins-titutions de tutelle? Interrogé

CULTURE

Le temps des autodafésLa montée du salafisme et l’attentisme du pouvoir face aux agressions répétéescontre les artistes menacent la liberté de création.

FATMA SLIMANE, à Tunis

On parle maintenantde « crime intellectuel »et de « police sociale ».

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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012* 2013* 2014* 2015*2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012* 2013* 2014* 2015*

Exportations de biens et servicesvariation annuelle, en %

Croissancevariation annuelle, en %

* Projections

Le prix de la révolutionUn net ralentissement de l’économie en 2011…

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phénoménale. » Effectivement, le panorama estsombre. Aujourd’hui, il y a seulement en réservesde change de quoi assurer cent jours d’importa-tions, contre 140 en 2010. Sur la même période,le nombre de personnes sans emploi a bondi de490000 à 742000 ; le taux de chômage a frôlé les19%, etmême les 50%chez les jeunes diplômés.En avril, le rythme de l’inflation était de 5,7 %, etle prix des tomates et des poivrons a étémultipliépar trois endix-huitmoisparceque lesnégociants

trouvent plus juteux de les exporter vers la Libye.Une étudede laBanque africainededéveloppe-

ment (BAD)a fait apparaîtreque la cassureentre lacôte (développée) et l’intérieur (oublié) ne cessaitde s’aggraver.Une fragmentation calamiteusede lasociété tunisienneestà l’œuvre,avecdesdommagesirrémédiablespourl’avenirdesjeunesdubled.Faut-ils’étonnersi lesgouvernoratsdeKasserine,GafsaouSidiBouzidbrûlentderecommencerlarévolutiondu14janvierpourenfiniravecleurdésespérance?

sur sa décision de bannir desfestivals des interprètes tellesquelesLibanaisesNancyAjramet Haïfa Wahbe, jugées tropsexy, leministre de laCulture,MehdiMabrouk,adéclaré :« Ilfaudra passer sur mon corpsavant de me faire accepterleur venue. » Avant d’ajouterqu’il voulait « rompre avecle conditionnement culturelqui avait cours jusqu’ici ». Lemettrait-on en garde contre

la prétention de juger du bongoût, leministre n’en démordpas. Un communiqué officielpubliédébutmaiprévientqueseront bannis les spectacles« libidineux ». Étonnante tra-jectoirepour ce sociologuedeformationquiaffirmaitqu’ilnefallaitpasremettreenquestion« la liberté de création » et quia refusé l’octroi d’une salle auprédicateur égyptien salafisteWajdiGhanim,enavrildernier.

«Donnons àMehdiMabrouklebénéficedudoute, lanceunobservateur de la scène poli-tico-culturelle.Dans lecastingdugouvernementactuel, c’estl’un des rares ministres quitentent de coller à leur fonc-tion.»Hélas!Ilvientd’ordonnerla fermetureduPalaisAbdelliaetaannoncésonintentiond’en-gagerdespoursuitesjudiciairescontre les organisateurs de lamanifestation pour « atteinte

auxvaleursdusacré».Unepre-mière, pour un ministre de laCulture!

AUTOCENSURE. Sur le ter-rain, les acteurs culturels enappellent à la vigilance et à larésistance face à la diffusionpernicieuse d’une penséeradicalisée à travers des lieuxd’éducationcommecertainescrèches réquisitionnées pourdevenirdesécolescoraniquesgratuites, ou le délaissementd’anciennes structures tellesque lesmaisonsdupeupleoulesmaisonsdelaculture.Aprèsl’initiative lancéeparElTeatropour créer un collectif desartistes libres, un «Manifestedes intellectuels tunisiens »recueilleactuellementdescen-tainesdesignatures.Beaucoup,commelecinéasteRidhaBéhi,rejettent« l’autocensure»et serefusent àdevenir les «porte-voix du gouvernement ».«Nous allons lutter pour quela Constitution nous protège.Le rapport avec l’État provi-dencedoit changerà la faveurd’une révolution, qui, pour lemoment, il faut le reconnaître,esttoutsaufunprojetculturel.»Un défi supplémentaire pourles Tunisiens. ●

� LES EXTRÊMISTES S’EN SONT NOTAMMENT PRIS À CETTE ŒUVRE DE L’ARTISTE TUNISIENNE FATEN GADDES,lors du « Printemps des arts », près deTunis.

– 2,8 – 2,6– 2

– 0,6– 1,5 – 1,3

– 3,5

– 5,6– 4,6

– 4,1– 3,5

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012* 2013* 2014* 2015*

* Projections

Les Tunisiens ont payé l’addition

Après une progression constante sur plusieurs décennies, le PIBpar habitant a connu un fléchissement. Il est passé de 4951 dinarsen 2010 à 4859 dinars en 2011. Il devrait être de nouveau enhausse cette année. Situation identique sur le marché de l’emploi.Le taux de chômage avoisinait les 13 % avant la révolution, il aatteint 18,9 % en 2011, avant un repli espéré à 17 % cette année.Quant au taux d’inflation, il devrait atteindre les 5 % en 2012,contre une moyenne de 3,9 % sur les cinq années précédentes.

…et une détérioration des finances publiques (déficit en % du PIB)

NICOLA

SFA

UQUÉ/

IMAGES

DETU

NISIE

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SOURCE : FMI

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Lepatronat,dontplusde400membresseraientinterditsdevoyagesà l’étranger, sentque lechefdugouvernement a besoin des entrepreneurs, maisaussiqu’il les jugecommedesprofiteursdel’ancienrégime.Lesecteurbancaireest trèsmalenpoint,etsacapacitéà financer l’économieestenpanne (lirep. 31).Pas dequoi pousser les entrepreneurs tuni-siens,parnature frileux,à investirniàembaucher!

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’enmai l’agenceStandard&Poor’s ait abaissé le créditde la Tunisie de deux crans, à « BB stable », soit leniveau des investissements dits spéculatifs, parcequ’elle doute de la capacité du gouvernement àsurmonter ces difficultés. D’autant que l’Europe,vers laquellesedirigent80%desexportations tuni-siennes, estmalade de sa dette et freine ses achatsde textiles, d’électronique, et de sous-ensemblesmécaniques et électriques.

HANDICAPS. Cette rétrogradation n’a pas deconséquences sur les comptes de la Tunisie, quin’emprunte pas sur les marchés internationaux,mais elle donne de son économie une image peuattractive aux investisseurs étrangers, dont le paysa un besoin urgent, notamment pour financer sesprojets de partenariat public-privé, tels un porten eau profonde, une raffinerie pétrolière ou des

Quelles augmentations sala-riales demandez-vous?

Le gouvernement Essebsiavait accordé une prime de76 dinars (37,50 euros) parmois aux fonctionnaires dela primature, en 2011. Toutnaturellement, le reste de lafonctionpubliqueademandélamême chose, et les grèvesse sont multipliées. Le gou-vernementad’aborddit qu’iln’avait pas les moyens en2012. Puis, il en a accepté leprincipe, mais il a proposéune application en deuxétapes. Nous maintenonsle principe d’une hausse de76 dinars en une seule fois.Quand nous aurons boucléce dossier, il nous faudra

ouvrir desnégociationsdansles entreprises publiques.Ensuite viendra le tour duprivé.

N’est-il pas malsain que lesgrèves se multiplient?

Il y a des grèves légitimespourdéfendredesdroits légi-times. Quand un patron dutextile ne paie pas pendanttrois mois le salaire de ses600 ouvriers, on comprendque ceux-ci bloquent touteactivitédans leur zone.Nousne sommes pas partisansde l’anarchie et nous avonscontacté les ministères del’Intérieur et des Affairessociales pour obliger cepatronà trouverunesolution.

D’autresgrèvesnesontpassousnotrecontrôle. Les sit-inet les barrages de routes oude voies ferrées sont le faitde jeunes chômeurs. Nousne les encourageons pas,bien au contraire, car noussommes léséspar laparalysiequi en résulte, par exempledans le bassin minier. Nossalaires s’en trouvent dimi-nués.Nousavons condamnécesblocagesetappelé legou-vernement à dialoguer avecles chômeurs pour remettrel’économie en marche.

Pouvez-vous travailler avecun gouvernement en majo-rité islamiste?

Noussommesl’organisation

syndicale lapluspuissante,etnos adhérents forment iné-vitablement une mosaïquepolitique.Nousnousefforçonsde créer un environnementoù leurs différences peuventcohabiter. Notre indépen-dance est une ligne rouge.

Nous avons soutenu larévolution et contribué àabattre la dictature. Notreobjectif est désormais deprotéger cette révolution etde concrétiser les attentesen matière de développe-ment des régions abandon-nées, de justice sociale et dedistribution équitable desrichesses. Pas de prendrele pouvoir. ●Propos recueillis par ALAIN FAUJAS

Houcine AbassiSecrétaire général de l’UGTT

« Notre but n’est pasde prendre le pouvoir »

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infrastructures touristiquesdignesdecenomdansla partie orientale du pays.

Malgré ses incontestables handicaps, la Tunisiemontre des signes non moins incontestables derenaissance.Aprèsunerécessionen2011,l’économietunisienne est de nouveau en croissance en 2012.De janvier à avril, les arrivées de touristes ont pro-gressé de 51,8%, la Bourse de 5,6%, les entrées dedevisesde34,1%et les intentionsd’investissementsdes industriels de15%.Les grèves sont en recul de52%, et le nombredespersonnesqui y participentde 56%. Le verre est redevenu àmoitiéplein.

Sur le plan politique aussi les choses sont plusengageantes.LeconseillerduchefdugouvernementpourlesAffairespolitiquesavecrangdeministre,LotfiZitoun,estdétestédesmédiaspoursabrutalité,maisil tientdespropos impeccablementdémocratiquessur lamanière de s’opposer aux salafistes: «Onnedoitpasisoler leurnoyaudurparlaforce,dit-il,maispar le dialogue, car il en existe desmodérés. Nousappliqueronslaloisansexception.Nousnefermeronspas les yeux sur leurs actes. » Ou sur l’alternanceau pouvoir: « L’opposition est faible actuellement,et cen’est pasbonpour ladémocratie, déclare-t-il.Il nous faudrait trois ou quatre grands partis pourréussirl’alternanceetnousrapprocherdumodèlededémocratiequ’est laGrande-Bretagne.»N’est-il

Comment va l’économietunisienne?

La situation n’est pas sicatastrophique que certainsle pensent. La liberté d’ex-pression constitue un vraiprogrès, tout comme celled’entreprendre et de travail-ler. Pour que nous fassionsfructifier notre proximitéavec l’Europe et nos acquissociaux, comme l’émancipa-tionde la femmeou leniveaud’éducation de nos jeunes,il faut que nous soyons plusagressifs à l’international etque nous diversifiions nosmarchés extérieurs endirec-tionduMaghreb,duGolfeoude l’Afrique subsaharienne.Avec l’Europe, pratiquons

des partenariats plutôt qued’y expatriernos travailleurs.

Il nous faut aussi changerla mentalité trop familialede nos entreprises et intro-duire celles-ci en Bourse.La nouvelle génération y estprête, mais ces mutationsdemandent du temps.

Est-il vrai que 400 patronssont en prison en raison deleur collaboration avec lerégime Ben Ali?

Àma connaissance, il n’yen a qu’un.Mais nombreuxsont ceux qui ont interdic-tion de voyager. On a toutmélangé : les corrompus,les fraudeurs du fisc et lesprochesde la familleBenAli.

De grâce, que le gouverne-mentnousdisecequ’il enestvraiment. Qu’on sanctionneles coupables,mais qu’onnemaintienne pas quelqu’unen prison sans jugement !Et que l’on rende au chefd’entreprise sa liberté devoyager sans laquelle il nepeut travailler !

Qu ’a t tendez - vous dugouvernement?

D’abordunsignal fortsur lasécuritéafinde recadrer ceuxqui se croient tout permis enmatièredeblocagesderoutesou de brimades religieuses,tout en respectant la libertéet la religion. Je crois aussiqu’il est urgent de répondre

à la détressedespopulationsde l’intérieur, qu’il ne fautplusmarginaliser. Pour leurredonner confiance, il fautleur dire quand, où et avecquel responsable le premiercoupdepioched’unéquipe-ment ou d’une infrastruc-ture seradonné. Tout nedoitplus passer par Tunis, et lespopulationsontbesoind’uneréelleautonomieafinqu’ellespuissent déterminer lesroutes, les zones industrielleset les connexions internetdont elles ont besoin et sanslesquellesaucun investisseurne viendra créerdes emploisdans ces contrées.Écoutonsenfin la population ! ●Propos recueillis par ALAIN FAUJAS

Wided BouchamaouiPrésidente de l’Utica

« Écoutons enfinla population! »

Port en eauprofonde,raffineriepétrolière,infrastructurestouristiques…Les besoins definancementssontimmenses,et urgents.

! GRÈVES À RÉPÉTITION,SIT-IN INCESSANTS…LA COLÈRE SOCIALE

EST VIVE. Ici, le blocaged’une route à Gafsa,dans le bassin minier,le 27 mars.

HICHEM

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qu’un Raminagrobis charmant la belette avecdebellespromessespourmieuxlacroquer,commele prétendent les laïques?

ESPOIRS.Bonnenouvelle,unmouvementd’unifi-cation est enfin en cours dans l’opposition. «Nousavonscrééunecoordinationdeseptpartisdesouchesdestourienne et réformiste, explique MohamedSahbiBasly,ancienambassadeur,secrétairegénéralduPartinational tunisien.Ce front seracoordonnéparBéjiCaïdEssebsi, l’ancienPremierministredelatransitionen2011,pourallerauxélectionslégislativeset présidentielle de 2013. C’est notre seule chancede limiter le pouvoir d’Ennahdha, qui ne devraitpas peser plus de 20%des voix. »

BéjiCaïdEssebsin’aimeguèrelapostured’oppo-sant,mais « les acquisde lamodernité sontmena-cés, affirme-t-il.Nouscomptons250000diplôméssans emploi. Standard & Poor’s a dégradé la notede notre crédit. Les investisseurs ne sont pas aurendez-vous.Nousnepouvonscontinuersurcettepente descendante, et Ennahdha, qui fait partiedésormaisdupaysagepolitique, doit accepterdesavis différents des siens ».

Ilnesaitpasencoresi le«processus»qu’ila initiédébouchera sur un parti ou sur un mouvement.Il penche pour une formule souple qui respecteles différences – y compris celles des destouriensn’ayant rien à se reprocher –, mais dotée d’uneplateforme électorale à laquelle il travaille et quivisera le justemilieu, parce que « le Tunisien, toutcommel’islam,n’aimepas lesexcès». Et commelechef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, prône desoncôté«consensus»et« réconciliation»,biendesespoirs sont permis!

BONS POINTS. D’autres signes semblent de bonaugure. Malgré les envies du pouvoir de chasserMustaphaKamelNabli, legouverneurdelaBanquecentrale, qui leur tient tête, celui-ci est toujours legardiende l’orthodoxiemonétaire. Il ne s’inquiète

pas tropde ladégradationdeStandard&Poor’s enraisondescréancesnonperformantesdesbanquestunisiennes. « Nous connaissions ce problèmequi existait avant la révolution, déclare-t-il. Nousavonsmis au point un programme de recapitali-sation et d’amélioration de la gestion, des règlesprudentielles et de la supervision des banques.Il nous faut seulement mieux le faire savoir. » Ilconclut àproposde ses relations avec le pouvoir :«Àcourt terme, il estdans lanaturedeschosesqueles intérêts politiques ne soient pas en symbioseavec les impératifsde lapolitiquemonétaire,mais,à long terme, ce pays a un potentiel pour trouverun consensus. »

Bonspointsaussi: l’affirmationdusyndicatmajori-taire, l’Uniongénéraletunisiennedutravail(UGTT),comme force équilibrant le patronat comme legouvernement, hors de toute implication parti-sane; ou encore la présence des femmes en têtedesmanifestationsetaucœurdesassociationsquiépaulent les jeunes créateurs d’entreprise dans leszonesdéshéritées,à l’instard’OlfaKhalilArem,quinecroitplusauxpartismaisà l’actionsur le terrain;et enfin la certitudeque les institutions financièresinternationalesprêteront3ou4milliardsdedollarsquandlaTunisieauramisdel’ordredanssespriorités.

Nombreux sont les Tunisiens à esquisser dessolutions pour remettre leur pays sur pied. « Il fautintroduire chez nous la finance islamique car ellen’estpasgénératricededettespuisqu’il y apartagedespertesetdesprofitsentrel’apporteurdecapitauxet l’entrepreneur », préconise Ridha Chkoundali,universitaire et coordinateur du modèle macro-économiqued’Ennahdha.Unefaçonderéformerendouceurcequ’ilappelle«uneprétendueéconomiedemarché ».

Autre façon de trouver des capitaux, l’entrée enBoursedes sociétés «malacquises ». « J’ai ditàplu-sieursministres:“L’Étatnepeutpasresterpropriétairedes quelque 360 entreprises que vous avez confis-quées aux proches de la dictature, raconte Fadhel

� FORCES DE L’ORDRE

DÉPLOYÉES DEVANT LE

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR,le 10 avril, àTunis.

SAMUEL

ARANDA/C

ORBIS

« Ennahdha,qui fait partiedu paysagepolitique,doit accepterdes avisdifférents. »

BÉJI CAÏD ESSEBSI,l’ancien Premier ministre

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Faceàune économie atoneet à un taux de chômagejamaisatteint, la faiblesseetl’immobilisme du secteur

bancaire tunisien sontdevenusunsujet d’inquiétude majeur. « Lesbanquesne jouentpas leur rôle demoteur de l’économie », tempêtel’économiste Dhafer Saidane. Enraison de fonds propres insuffi-sants, et ce malgréles augmentationsde capital effec-tuées ces dernièresannées, elles sontdans l’incapacitéd’augmenter leursvolumes de prêts.EnTunisie, lepaysagebancaireresteatomisé. Quatre grandes banquesgèrent 51 % des actifs, mais onzepetits établissements se partagent15 %, et le reste est disséminé.

« Il serait souhaitable de pro-céder à des fusions, comme cellequi était annoncée entre STB etla Banque de l’habitat avant larévolution. Mais je doute quel’État [actionnaire des deux éta-blissements] veuille le faire, carcela aboutirait à un plan social »,

décrypteun financier tunisien.Cestatuquopourraitengendrer in fineuncoûtéconomiqueet social bienplus important qu’une réformedu secteur.

De leur côté, les banquiersmettentenavant leseffortsconsen-tis pour aider les entreprises endifficulté et les progrès réalisés cescinqdernièresannéespour réduireleurniveaudecréancesdouteuses,passées de 20 % il y a cinq ans à

12%aujourd’hui.D’ailleurs, les cré-dits consentis auclan Ben Ali ontété largementprovisionnés.

Des évolutionsinsuf f i santes,

estime Dhafer Saidane. « Lesbanques n’ont pas compris que laTunisie vit unmomenthistorique.Il faut absolument qu’elles fassentplus d’efforts pour augmenterl’épargne et la transformer en cré-dit», explique-t-il. Problème,aprèsavoir connu une évolution à deuxchiffres, la croissance des dépôtss’est ralentie, et certains grospour-voyeurs d’argent frais, affaiblis parlesgrèvesà répétition,ont tendanceà puiser dans leur bas de laine. ●

FINANCES

Banques essouffléesTrop éclaté et sous-capitalisé, le secteur bancaire ne jouepas le rôle moteur qui devrait être le sien.

JULIEN CLÉMENÇOT

Certainspourvoyeursd’argent fraispuisent dans leurbas de laine.

Abdelkefi, directeur général de Tunisie Valeurs etprésident du conseil d’administration de la BoursedeTunis. Introduisez-lesà laBourse;ceneserapasuneprivatisationsauvagemaisunredéploiementdela puissance de l’État. Car vous pourriez en tirer de7 à 8milliards dedinars [3,5 à 3,9milliards d’euros,NDLR],qui,associésauxleviersdeladetteetdespar-tenariatspublic-privé,permettraientdemobiliserde20à25milliardsdedinars.Décidezcecoupdepoucequi vousdonnera lesmoyensde votre politique.” »

Etpourlaréductionduchancreduchômage?«LesTunisiens sont débrouillards et travailleurs: qu’onles laisse créer leur propre emploi, explique IkbelBedoui, directeur général de FitchRatings AfriqueduNord.Supprimonslesmonceauxd’autorisationsnécessairespourcréeruneactivitéetquiontpousséle vendeur à la sauvetteMohamed Tarek Bouazizià s’immolerpar le feu.Cette situationkafkaïenneamaintenudes rentes indues, favorisé la corruptionet empêché une saine concurrence, les fléaux denotre pays. »

Alors,faut-ilcroireà laTunisie?Oui,répondLamiaZribi,directricegénéraledesprévisionsauministèreduDéveloppementetdelaPlanification,car,«pourla première fois, nous avons identifié les besoinsrégionaux, et notreministre veut établir une cléderépartitiondes crédits favorable aux zones les plusdéfavorisées ». Elle ajoute: «Mais nous apprenonsla démocratie, et ce n’est pas facile! »

Faut-il vraiment y croire? À terme, oui, déclareNorbert de Guillebon, administrateur de laCompagniegénéraledessalinesdeTunisie(Cotusal)etprésidentde lasectiontunisiennedesconseillersdu commerce extérieur de la France. Il raconte:«Les responsablesdeBichésitaient entre leMarocet la Tunisie pour investir 12millions d’euros dansune usine de fabrication de stylos à bille. Ils m’ontdemandéde leurdonnerunebonne raison, etuneseule, pour choisir la Tunisie. J’ai répondu que laTunisie, elle, avait déjà fait sa révolution… » Bicfabriqueradesmillionsde stylospar jouràBizerte,sansattendrelafind’unepériodepostrévolutionnaireforcément «pas facile »pour tous les Tunisiens. ●

PILIER DE L’ÉCONOMIETUNISIENNE, le tourismea été éprouvé par la révolution. Mais l’année2012 doit être celle de la reprise, avec 6 millionsde visiteurs annoncés, soit 25 % de plus qu’en2011. « Les réservations d’été ont bien démarré,surtout à Djerba, mais on ne retrouvera pas les niveaux de2010 », constate Rachel Picard, l’ex-directrice générale deThomas Cook en France. Les professionnels ciblent donc de nouveaux marchés – ils espèrent attirer 350000 visiteursrusses – tout en tentant de renouer avec la clientèle européenne traditionnelle (France, Allemagne, Italie…). Sur ce segment,le groupeTUI-Marmara prévoit une hausse de 20 % et Club Med de 35 %. Les tour-opérateurs jouent toujours gagnants, carl’augmentation excessive des tarifs aériens et hôteliers freine le tourisme individuel. Autres obstacles cette année: leramadan en juillet-août, l’agitation politico-religieuse du pays et la hausse des prix. Dans ces conditions, la clientèlemaghrébine, essentiellement algérienne, hésite à revenir enTunisie. ● FRIDA DAHMANI, à Tunis

TOURISME COUP D’ARRÊT

6,22005

6,42006

6,72007

7,12008 6,8

2009

6,92010

4,72011

Nombre de visiteurs par an, en millions

SOURCE:O

FFICENATIONALDUTO

URISMETU

NISIEN

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même si elle n’avait jamais rencontré FrançoisHollande avant son arrivée sous les lambris del’Élysée, et ThomasMelonio, économiste prochedePierreMoscovici, anciende l’Agence françaisede développement, reçoivent beaucoup depuisle 1er juin. Une dizaine de rendez-vous par jour,conseillersde chefsd’État,émissaires, opposants,investisseurs, ambassadeurs: le tandemnechômepas.Tousdeuxassistentparailleursauxaudienceset coups de fil « africains »de FrançoisHollande,avecqui ils communiquent d’ordinaire parnotes.Ils assistent mais, contrairement à certains deses prédécesseurs qui le faisaient aisément, pas

Quatreoucinqentretiensautéléphoneavecdeschefsd’État, troisréceptionsde travail à l’Élysée pour un roi etdeuxprésidents, le toutenquarantejours: les premiers pas « africains »de François Hollande, placés sous

les auspices d’une crisemajeure – leMali –, sont àl’imagedesadémarche,rustique,piedsbienécartés,àgrandesenjambéesmais lespascomptés.NicolasSarkozy, en 2007, avait démarré plus rapidementson initiation au continent, où il s’était rendu enprécampagne électorale, avant de se fourvoyer ducôté de Dakar. Son successeur, lui, a déjà atteintson rythme de croisière : un mois et demi aprèsson arrivée à l’Élysée, les lignes de ce que sera sarelation avec l’Afrique apparaissent. Et elles sontsans surprises: prudentes, réalistes, normales.

CELLULE OU PAS CELLULE? En théorie, il n’ya pas plus de « cellule Afrique » de l’Élysée sousHollandequ’il n’y enavait sous Sarkozy. Lesdeuxpréposés aux dossiers subsahariens, Hélène LeGal et son adjoint Thomas Melonio, relèventdu conseiller Paul Jean-Ortiz, lequel dépend dusecrétaire général Pierre-RenéLemas. En réalité,on jouesur lesmots.HélèneLeGaloccupe legrandbureau en rez-de-chaussée du 2, rue de l’Élysée,avec vue sur jardinet, qui fut celui de tous les«MessieursAfrique» successifsdepuisGuyPenne.Et son rayon d’action n’est en rien parasité par lejeupersonnel du secrétaire général : Pierre-RenéLemas n’est pas Claude Guéant, lequel recevaitvolontiers visiteurs du soir africains, porteurs demessagesetautres intermédiaires.Qu’onse ledise,d’ailleurs : les réseaux ou néoréseaux trouverontporte close à l’Élysée. Pour le reste, Hélène LeGal, diplomate de carrière très peu portée surla connivence, nommée pour sa connaissancedes dossiers africains et sa sensibilité de gauche

Ce que prépareCe que prépare

FRANÇOIS SOUDAN

À peine installé à l’Élysée, le présidentfrançais a multiplié les contacts avecles chefs d’État africains, crise malienneoblige. Il en a profité pour imposerson style, réaliste et prudent.

FRANCE-AFRIQUE

�AVEC LE NIGÉRIEN

MAHAMADOU ISSOUFOU,à Paris, le 11 juin.

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Afriquesubsaharienne

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STEP

HANELE

MOUTO

N/A

BACAPRES

S.COM

HollandeHollande

Bouteflika, Alassane Dramane Ouattara, MackySall,MohamedOuldAbdelaziz : ces échangesonttous été soigneusement préparés et ont donnélieu à un communiqué officiel. « On se parle sion a quelque chose d’important à se dire et cequelquechosedoitêtrenotifiéà l’avance », résumeun proche. Même ligne de conduite pour lespersonnalités africaines reçues auChâteau (troisjusqu’ici,MohammedVI,BoniYayi,MahamadouIssoufou) : si Hollande n’est pas avare du tempsqu’il leur consacre, uneheure enmoyenne–alorsqu’il arrivait à son prédécesseur d’expédier unhomologueendixminutes –, lesdossiers primentsur le bavardagemondain. Cela risque d’ailleursde poser problème à la fin de ce mois de juin,puisqu’unedizainedechefsd’États francophones,de retourdu sommetdeRio sur l’environnement,ont prévu de faire escale àParis pour y être reçuspar unhommeque la plupart ne connaissent pasencore. Il va falloir gérer la bousculade. Qu’ils serassurentpourtant:contrairementàcequecertainsd’entre euxontpucraindre, FrançoisHollanden’aformulé aucune exclusive. « Il rencontrera tout lemonde, saufceuxqui sontpoursuivispar la justice,enparticulier laCPI [Cour pénale internationale,NDLR] », confie-t-on. Quant au premier voyagedu président en Afrique subsaharienne, rien nepresse et rien n’est prévu pour l’instant.

DOCTRINE OU PAS DOCTRINE? « Ni tabous nidonneursde leçons », dit-onà l’Élysée.End’autrestermes : on ne s’interdira rien, mais on y mettrales formes. Trois principes en guise de feuille deroute : bonne gouvernance et démocratie, pactedecroissanceetdedéveloppement, attachementàla stabilité et à la sécuritéducontinent,mais sansingérence. Le cadre est vaste, resteà le décliner aucas par cas, surtout le premier point. Il va de soique ni François Hollande ni Laurent Fabius

question pour Hélène Le Gal d’appeler ou deprendre elle-même au téléphone un chef d’Étatafricain.Lesprésidentsneparlentqu’auprésident,c’est la consigne. Tout aumoins pour l’instant.

MÉTHODE OU PAS MÉTHODE?Un style, plutôtqu’une méthode. Avec Hollande, pas de tutoie-ment intempestif ni de tapes dans le dos, pas devisiteurs reçus en catimini dans le bureau dusecrétairegénéral, nid’appels téléphoniquesentrechefs d’État copains pour humer l’air du temps.Depuis son entrée à l’Élysée, François Hollandes’est entretenu au téléphone avec Abdelaziz

Pas de tutoiementintempestif, de tapes dansle dos ou de visiteurs reçusen catimini, les échanges,même téléphoniques,donnent lieu à uncommuniqué officiel.

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ne sauraient être en retrait par rapport auxdernièresdéclarationsd’Alain Juppé, lequel s’étaitprononcé contre lesmodifications constitution-nellesdestinéesàpérenniser certainspouvoirs enplace. Il va de soi aussi que rien ne sera entreprispour entraver d’éventuelles enquêtes judiciairesen cours, notamment sur les fameux « biensmalacquis ». « Aucune immixtion de l’Élysée ou duministère de la Justice dans ces dossiers n’estenvisageable », assure un conseiller.

INTERVENIROUPAS?Les sixpremières semaines« africaines » de François Hollande auront étécelles d’une quasi-gestion de crise. La situation

malienne a été au cœur de ses entretiens, tant àl’Élyséequ’au téléphone, avec les présidentsBoniYayi, Alassane Dramane Ouattara, MohamedOuldAbdelaziz etMahamadou Issoufou.Ce sujeta également été largement abordé par le chef del’État avec Barack Obama, David Cameron et lePremierministrecanadienStephenHarper, lorsdusommet de l’Otan àChicago. L’Élysée est catégo-rique: la Francen’interviendrapasmilitairementet elle n’est pas médiatrice sur ce dossier, maisl’inquiétude est vive. L’évolution, sur le terrain,du rapport de force entre les groupes islamisteset les Touaregs du Mouvement national pour lalibération de l’Azawad (MNLA) est suivie de trèsprès, Paris estimant toujours qu’il est possibleet même tactiquement recommandé de parleravec ces derniers pour dissocier leurs forces decelles d’Al-Qaïda auMaghreb islamique (Aqmi)et d’Ansar Eddine. Parallèlement, les efforts de laCommunauté économiquedesÉtats de l’Afriquede l’Ouest (Cedeao) etde laprésidencede l’Unionafricainepourobtenir l’avalduConseil de sécuritéde l’ONU àuneopérationmilitaire conjointe sontencouragés, voire suscités.

Autre sujet sensible – à un degrémoindre évi-demment – et symbolique : la présence ou l’ab-sencedeFrançoisHollandeauXIVeSommetde laFrancophonie qui se tiendra du 12 au 14 octobreàKinshasa.Mi-juin, cette question était toujoursendébatà l’Élysée,où l’onestimeque lesélectionsgénérales de novembre 2011 en RD Congo nesont pas loin de mériter le qualificatif de « cala-miteuses ». Entre l’idée de se rendre à Kinshasaau nom du rayonnement de la France, afin d’yprononcerundiscours ferme sur la gouvernance,la démocratie et les droits de l’homme, et la ten-tation du boycott presque annoncé par celui quiétait encore candidat à la présidence, FrançoisHollande hésite encore. Décision vraisembla-blement à la mi-juillet. « La Francophonie, celadépasse la France et ne lui appartient pas. QueHollande vienne ou non, dans le fond, cela n’aguèred’importance », confiait il y apeuunprochecollaborateur du président Kabila. On n’est pasobligé de le croire… ●

LA POLITIQUE AFRICAINE, c’estdorénavant le Quai d’Orsay etl’Élysée. Laurent Fabius, d’ailleurs,multiplie les consultations. Priorité :le dénouement de la crise au Sahel.Le 15 juin, il devait recevoir lePremier ministre malien, CheickModibo Diarra. La veille, il avaitrencontré le président intérimaire,DioncoundaTraoré. Et le 11 juin, il adéjeuné avec Mahamadou Issoufou

avant d’avoir un entretien avec sonhomologue du Burkina Faso, DjibrillBassolé. Les contacts sont aussiréguliers sur le sujet avec lesecrétaire général des Nationsunies et ses partenaires américains.Le patron du Quai prévoit de serendre prochainement dans larégion. Depuis son entrée enfonction, il a également rencontré àParis le président de l’Union

africaine, BoniYayi, et la ministresud-africaine des Relationsinternationales et de laCoopération, Maite Nkoana-Mashabane.Très apprécié en Afriquedu Sud pour avoir participé àl’imposition d’un régime desanctions contre l’apartheid en 1985,Fabius souhaite renforcer laconcertation entre Paris et Pretoria. ●

P.A.

FABIUS: PRIORITÉ SAHEL

Les premiers hôtes africains à l’Élysée sous…

WITT/SIPA

DOMINIQ

UEFA

GET

/AFP

24 mai ÌEllen Johnson-Sirleaf

(Liberia)

25 maiOmar Bongo (Gabon)

4 juinJohn Kufuor (Ghana)

11 juinAbdoulayeWade

(Sénégal)

29 mai ÌBoniYayi(Bénin)

11 juin MahamadouIssoufou(Niger)

…NICOLAS SARKOZYEN 2007

… FRANÇOISHOLLANDEEN 2012

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No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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R ue de la Convention à Paris,les plaques duministère de laCoopération n’ont pas encoreété remplacées par celles du

ministère du Développement, et lesmasques africains sont toujours exposésdans les couloirs.Mais le pedigree et lesprérogativesdunouveauministre,PascalCanfin, 37 ans, ne ressemblent en rienà ceux de certains de ses prédécesseurs(Michel Roussin, Charles Josselin, AlainJoyandet…). Il n’est pas franc-maçon, nepossède aucun réseau sur le continent,et ne souhaite pas s’immiscer dans lesaffaires du village franco-africain. Il n’ad’ailleurs pas de « conseiller Afrique ».« Il va falloir vous y habituer », plaisantele nouveau locataire, qui reçoit, décon-tracté, ses visiteurs en bras de chemise.Son périmètre d’intervention ? L’aidepublique, les négociations internatio-nales, les stratégies de développementet une tutelle, partagée avec Bercy et leministère des Affaires étrangères, qu’ilentend bien affirmer sur l’Agence fran-çaise de développement (AFD). Ancienjournaliste, écologiste, parlementaireeuropéen depuis 2009, il entend aussifaire entendre sa voix sur la lutte contrel’évasion fiscale, lesquestionsagricoles, lechangementclimatiqueet laconservationde la diversité. En bonne place sur sonbureau, le dernier livre de Jean-MichelSeverino, Le Temps de l’Afrique.

JEUNE AFRIQUE: Pour les écologistes,on attendait plutôt Eva Joly, YannickJadot ou Jean-Vincent Placé dans legouvernement de Jean-Marc Ayrault.Êtes-vous l’invité-surprise?

PASCAL CANFIN : Au jeu des pro-nostics, mon nom circulait également.Parlementaire européen ayant travaillésur les questions financières et de

développement, j’ai eu durant la cam-pagne présidentielle des discussionsrégulières avec Jean-Pierre Jouyet etMichel Sapin [deux très proches amisduprésident FrançoisHollande,NDLR].Après, commepour toutecompositiondegouvernement, il y a eu des arbitrages :

paritéhommes-femmes,équilibres régio-naux et politiques…

Avez-vous une expérience africaine?À titre personnel ou professionnel, je

suisalléauMali,auCameroun,enAlgérie,auMarocetenTunisie.Celane faitpasdemoiunspécialistedesquestionsafricaines.Mais jeconnaisbienlesdimensionsfinan-cièresdudéveloppement: aidepublique,luttecontre l’évasion fiscale, transfertsdesmigrants…que j’ai portées auParlementeuropéen. En tant qu’écologiste, j’ai tra-vaillé sur lepartagedes ressources, et surles nouveaux modes de production etde consommation. Ces questions ferontl’objetdediscussionsavec lespaysémer-gents et africains lors du sommet sur ledéveloppement durable, Rio+20.

INTERVIEW

Pascal Canfin « Le tempsde la “coopé” est révolu »Le nouveau ministre délégué au Développement,ancien député européen, définit son périmètre d’interventionet les principes directeurs de ses relations avec le continent.

Ì L’ANCIEN JOURNALISTE

ne possède aucunréseau africain.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

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JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Depuis votre entrée en fonction, ily a eu un intense ballet diplomatiqueafricain à Paris : Boni Yayi, Jean Ping,Mahamadou Issoufou, Djibrill Bassolé.Avez-vousétéassociéàcesvisitesdurantlesquelles on a beaucoup parlé duMali?

Non. Leministère duDéveloppementn’est plus un sous-ministère desAffairesétrangères comme du temps de la« coopé ». Dans la nouvelle architectureinstitutionnelle, la politique étrangèreest menée exclusivement par le Quaid’Orsayet laprésidencede laRépublique.Je participe cependant à la réunionheb-domadaire sur l’Afrique avec la cellulediplomatique de l’Élysée et les Affairesétrangères, et suis, bien sûr, informé dela situation. Mais mon action ne porteque sur lesquestionsdedéveloppement.Pour le Sahel, la priorité est la sécuritéalimentaire.

Vous ne rencontrerez donc pas, commevos prédécesseurs, les présidents afri-cains, leurs conseillers, les chefs degouvernement…

Non. Il n’y a plus de raisons à cela. Jerencontre les officiels chargés des ques-tionsdedéveloppement comme récem-ment leministre colombiendesFinancesou leministreafghanduDéveloppement.

Depuis votre arrivée, avez-vous reçudes spécialistes, des émissaires, desconseillers officiels ou officieux pourun briefing « françafricain »?

Non, aucun.

Quels seront vos premiers voyages surle continent?

AvecLaurentFabius,nousréfléchissonsà un déplacement au Sahel. Je compteaussi me rendre en Tunisie, au Sénégal,auGhana et enAfriqueduSud.D’autresvoyages sont à l’étude, pour les sommetsde l’Union africaine en juillet et de laFrancophonie en octobre. J’envisageégalement un séjour en Afrique del’Ouest avec le commissaire européenau Développement, Andris Piebalgs.

Àpropos du sommet de la Francophonieà Kinshasa, quel sera le niveau de repré-sentation de la France?

Rien n’a encore été décidé.

Dans cette énumération de pays, ceuxqui sont cités dans l’affaire des biensmal acquis (BMA) n’apparaissent pas.Hasard ou signal politique?

Sur ce dossier, comme pour toutesles affaires judiciaires, la position duprésidentde laRépubliqueest très claire:pas d’immixtion. Pour autant, il n’y aaucune raison de faire de l’ostracismeensanctionnantquiconque.Donc, jemerendrai également dans ces pays.

Quel a été votre sentiment lorsque lesbiens accumulés par certaines famillesprésidentielles ont été révélés?

Vu leniveaudedéveloppementde cespays, jenepeuxpasvousdirequecen’estpas choquant.Au-delàdemon jugementmoral, la justice doit faire son travail.

LaFrancedoit-elleaiderdespays trèsmalclassés par Transparency Internationaloù il n’y a pas d’alternance politique etoù les droits de l’homme ne sont pasrespectés?

Doit-on stopper les projets de déve-loppementquandnousavonsdesdoutessur des résultats électorauxou lorsqu’onsoupçonne des atteintes aux droits del’homme? Non. Ce serait appliquer la

doublepeineauxpopulations. Et si sanc-tion il doit y avoir, ce seront dorénavantles États de l’Union européenne qui endécideront, au cas par cas.

À Strasbourg, vous étiez à la pointede la lutte contre les paradis fiscaux.Aujourd’hui auxaffaires,vousallezdevoirpasser à la pratique. Cela concerne cer-tains dirigeants africains,mais aussi desentreprises opérant en Afrique…

Latransparence financièreestunenga-gementdeFrançoisHollande.C’est aussiunevolontéeuropéenne.MichelBarnier,le Commissaire chargé dumarché inté-rieuretdes services, aproposéunedirec-tive afin d’assurer la transparence descomptes des entreprises européennes.Ellesdevrontpublier leurs résultats danschaque pays où elles opèrent. LesÉtats-Unisontpris cettedécisiondepuisunan.

Total, Bolloré, Air France, Bouygues…vont-ils devoir s’y soumettre?

Ils n’auront pas le choix. Le directeurdes affaires publiques de Total, que j’ai

rencontréplusieurs fois,m’a affirméquecela ne posait pas de problème.

Vous prêterez-vous au jeu de la diplo-matie économique comme certains devos prédécesseurs?

Je n’ai rien contre le lobbying à par-tir du moment où il est transparent.Laurent Fabius et moi-même avonsla volonté d’exporter le savoir-faire denos entreprises, notamment dans ledomaine des services urbains et del’énergie renouvelable. Mais il n’y auraplus de mélange des genres.

Le candidat Hollande a promis d’aug-menter l’aide publique au développe-ment (APD). Les caisses de l’État sontvides, est-ce possible?

Les arbitrages budgétaires pour 2013ne sont pas encore rendus, mais nousvoulons à terme atteindre l’objectif des0,7 % du revenu national brut (RNB).Nous nous sommes également engagésà doubler le financement public desONG [en 2011, elles ont reçu 40millions

d’euros de l’AFD]. Et puis, ces dernièresannées, les bailleurs et notamment laFrance ont surtout délivré des prêtspour défendre leurs intérêts et «doper »les chiffres de l’APD. Cela n’a pas desens. En augmentant les dons [moinsde 300 millions d’euros pour l’AFD en2011 sur près de 7 milliards d’eurosd’activités], on peut cibler les pays etles populations qui ont le plus besoind’aides. Mais il faut être clair, cela peutégalement entraîner une diminution dela part de l’APD dans le RNB. Doit-onbaisser ce ratio et soutenir en prioritéles pays les plus pauvres, ou bien l’aug-menter et se rapprocher de 0,7 %,maisen travaillant davantage dans les paysémergents ?

Votre position personnelle?Je préfère réduire l’APD et faire plus

de dons, là où les besoins sont les plusimportants. Je ne suis pas un adepte dufétichisme comptable. ●

Propos recueillis par PASCAL AIRAULT

et PHILIPPE PERDRIX

Les entreprises françaises devrontpublier leurs comptes dans les pays où ellesopèrent. Elles n’auront pas le choix.

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No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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A u cœur du quartierde Fann RésidenceàDakar, dans la villaqui sert tout à la fois

dedemeureàAbdoulayeWadeetsonépouse,Viviane,etdequartiergénéral à ce qu’il reste du Partidémocratique sénégalais (PDS),on en a fait l’homme à abattre.Macky Sall, le nouveau maîtredu Sénégal ? Non, Pape Diop.« Un traître dévoré par l’ambi-tion », peste un proche deWade.«L’électiondeMackyl’arendufou.Il s’estdit: “SiMackyestprésident,moi aussi je peux l’être.” »

Jamais cet homme de 58 ans,membrehistoriqueduPDS(depuis1974) discret et courtois, n’avaitbravé l’autoritédupatron.Enpre-nant la tête d’une liste dissidenteduparti libéral, pour lesélections législa-tivesdu1erjuillet, leprésidentduSénats’estattiré les foudres deWade et des dernierslieutenants qui lui restent fidèles.

Première riposte finmai: PapeDiop etsesamissontexclusduPDS.Lelendemain,aucoursd’uneconférencedepresse,Wadeattaque sous la ceinture. « Il paraît quePape Diop s’appelle en fait MoustaphaDiop et qu’il a fait de la prison. C’est undélit d’usurpation d’identité », déplorel’ancienprésident,qui feintdeledécouvrirmaintenant.L’histoireestpourtantconnuedepuis longtemps(J.A. l’avait racontéeen2008) et remonte, selon le principal inté-ressé,àsaprimejeunesse.Quelques joursplustard,Wadevéhiculeunerumeurselon

laquelle Diop aurait ordonné le sacrificed’un albinos. Et Samuel Sarr, un prochede Wade, porte plainte pour faux et luiréclame 300 000 euros.

« SELF-MADE-MAN ». Celui qui faitencoreofficededauphinconstitutionneldeMacky Sall, en sa qualitédeprésidentdu Sénat, n’est pas pour autant épargnépar le nouveau pouvoir. Diop figure enbonne place sur la liste des dignitairesde l’ancien régime soupçonnés de s’êtreenrichis de manière illicite. Sa fortune,que l’on dit colossale, interroge. « Je suisunhommed’affaireset j’ai connu“lemil-liard”avantqu’AbdoulayeWaden’accèdeau pouvoir », se défend-il.

Issu d’une famille modeste, cefils de marabout élevé par unetante est un « self-made-man quia beaucoup de mérite », indiquele juriste Babacar Gueye. Il a faitfortunedans laventedesproduitshalieutiques.

Son ascension au sein du PDS,unpartiqu’il a financé, ilne ladoitqu’à lui-même. « Contrairementà Sall ou à Idrissa Seck, il n’a pasété façonné parWade », expliqueunproche.Élu et réélu députédeDakar dans les années 1990, il n’aconnu que des succès. En 2002, ilgagnelamairiedelacapitale(qu’ilquitteen2009)ethéritedelaprési-denceà l’Assembléenationale.En2007, ildevientprésidentduSénat.Ilestalorsdeceuxquiparticipentàla curiecontreSall –« il n’a jamaissupporté l’ascensiondeMacky»,sesouvientunamidesdeuxhommes.

Avecuntelcursus, ilpensait logi-quementhériterduparti.En2008,sesdéclarationsdenon-intentionn’avaient trompé personne: « Jen’aid’autreambitionquedeservirWade, la politique est un métierdanslequel jen’excellerai jamais»,

prétendait-il.Après ladéfaitedu«Vieux»àlaprésidentielle, ilcroyaitsonheurevenue.MaisWadeagardé les rênesduparti. Pis:il lui a préféré, pourmener la bataille deslégislatives,OumarSarr,unfigurantquin’arejoint lePDSqu’à la findesannées1990.

Sa liste, Bokk Guiss Guiss, peut-ellel’emporter?Certainementpas.Ondevraitassister, le1er juillet,àune largevictoiredel’allianceBennoBokkYakaar, qui a portéSall au pouvoir en mars dernier. Maisl’enjeu, pour Diop, est ailleurs. « Sonobjectif, glisse un proche, c’est d’êtredevant lePDS.Ceseraitunevictoire sym-boliquequi lui permettrait de reprendreles rênesduparti. »Etdeporter l’estocadefatale àWade. ● RÉMI CARAYOL

SÉNÉGAL

Pape Diop dans la fosse aux requinsEn présentant sa liste auxlégislatives, le président duSénat affronte la fureurde Wade. Mais essuieaussi la polémique sur lesaudits de l’ancien régime.

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� L’EX-MAIRE DE DAKAR, 58 ans, en avril (à dr.).

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ONM’AVAIT POURTANT PRÉVENU. Ces jours-ci àGao, dans le nord duMali, il ne fait pas bon avoirle teint clair. À l’entrée de la ville, un soldat duMouvement national pour la libérationde l’Azawad

(MNLA) s’était déjà mépris sur la couleur dema peau. « Sivous êtes blanc, m’avait-il mis en garde, attention. Sachezqu’il y aAl-Qaïda dans la ville. » Je l’avais écouté avant dereprendre la route, incertain de la réalité du danger encouru.Les islamistes, je les avais déjà vus àTombouctou, quelquessemaines plus tôt. J’avais rencontré certains de leursresponsables locaux, silhouettes poussiéreuses et entur-bannées. Rien de très rassurant. Rien de très alarmant nonplus.

À Gao, je ne me suis pas contenté de quelques vaguessous-chefs. Ce 6 juin au soir, je me promène le long dufleuve Niger. Surnommé « la plage », l’endroit est couru :les habitants de la ville aiment venir y admirer les couchersde soleil. Quelques pêcheurs, des hommes (les femmes,depuis que les islamistes ont pris le contrôle de la ville,sont moins nombreuses), des jeunes qui se baignent. L’und’eux d’ailleurs me fait des signes, me conseille de ne paspoursuivre plus avant. Quand je comprends ce qu’il chercheà me dire, il est déjà trop tard.

Entouré de ses lieutenants, le kalachnikov au pied,Mokhtar Belmokhtar me fixe de son unique œil valide.L’un des trois émirs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique(Aqmi) est là, assis au pied d’un pick-up, face au fleuve.J’ai toujours eu envie de rencontrer celui qu’on appelleparfois le Borgne, mais m’adresser à lui à l’improvisten’est probablement pas la meilleure garantie de réussitede l’interview.Aucun journaliste – fût-il malien – travaillant

pour unmédia basé à Paris ne tiendrait vraiment à s’attar-der. Belmokhtar, 40 ans cette année, traîne une tristeréputation de djihadiste violent et cruel, acquise dans lemaquis algérien pendant les années 1990. Fasciné par lesmoudjahidine afghans depuis sa plus tendre enfance, illes a rejoints à l’âge de 19 ans, avant de rentrer dans sonpays, enAlgérie, et de devenir l’un des chefs des Groupesislamiques armés (GIA), puis du Groupe salafiste pour laprédication et le combat (GSPC), devenu depuis Aqmi. LeSahel n’a que peu de secrets pour lui dorénavant et il

serait impliqué dans plusieurs rapts effectués dans larégion (les Espagnols en 2009 ou encore les deux jeunesFrançais morts début 2011). Sa biographie sanglante sebouscule dans ma tête alors que, le cœur battant, je pour-suis ma route.

Quelques mètres plus loin, le groupe me rattrape et mequestionne en hasaniya, un dialecte parlé par les ArabesduMali, de laMauritanie et du Sahara occidental. Commentje m’appelle? Qu’est-ce que je fais là? De qui suis-je leparent? Le cousin quim’accompagne se charge de répondrepour moi, en évitant de mentionner ma profession.

Belmokhtar reste muet, me jauge, puisme serre lamain. Je n’enmène pas large.

Plus tard, on me dira que j’ai eu de lachance que ça n’aille pas plus loin, que« je vaux des euros » et que j’ai « failli

être enlevé ». Est-ce vrai? Impossible à dire. Mais ainsi vaGao. Une ville où les gens du Nord aimaient passer leursvacances pour profiter de la relative fraîcheur du fleuve,et où le grand jeu des enfants est désormais de demanderaux soldats de tirer en l’air à l’arme automatique. Une villeoù votre couleur de peau suscite la convoitise. Une villedont la rébellion touarègue rêve de faire sa capitale, maisque seuls les islamistes contrôlent vraiment. Une ville oùl’on peut croiser, au détour d’une paisible promenade, l’undes hommes les plus recherchés au monde. ●

Le jour où j’ai rencontréMokhtar Belmokhtar

Baba Ahmed

TÉMOIGNAGE

L’émir d’Aqmi, dit le Borgne, traîne uneréputation de djihadiste violent et cruel.

! « ENTOURÉ DE SES LIEUTENANTS, le kalachnikov au pied,il me fixe de son unique œil valide. »

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OHAMED

/SIPA

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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N euf ans qu’il occupait la trèshonorifique fonction deprésident de la Républiquedans un pays, Maurice, où

le détenteur du pouvoir est le Premierministre. Certains, surtout à son âge (82ans), auraient pu y perdre leur faculté àredescendre dans l’arène politique. Cen’est pas le cas de sir Anerood Jugnauth,communémentappeléSAJ.Ilyadeuxmois,cette figure de la politique mauricienne,quipossède lerecordde longévitéà lapri-mature(treizeansentre1982et1995,puistroisansde2000à2003),a frappéungrandcoupendémissionnantde laprésidence.Depuis, ilcourtlesmeetingsdel’opposition(lire encadré), où il se livre à un véritableréquisitoireà l’encontredugouvernementdeNavin Ramgoolam (64 ans).

Cette subite montée d’adrénaline, SAJla doit peut-être aux ennuis de son fils. Ily aunan, Pravind Jugnauth (50 ans) étaitl’homme le plus important du gouver-nement après Ramgoolam. Il était sonministre des Finances et faisait office device-Premierministre. Mais l’Alliance del’avenir, que tous deux avaient mise surpied en 2010 à l’occasion des législatives,n’a pas résisté à un scandale politico-financiermettant en cause desministresissus du Mouvement socialiste militant(MSM).Depuis ladémissioncollectivedecesderniers enaoût 2011, ils sont dans leviseur de la justice.

DESTIN.AneroodJugnauth,quia fondé leMSMen1983avant de le léguerà son filsvingt ans plus tard, et qui a tout fait pourluiassurerundestinnational,«nepouvaitpas rester passif », note un éditorialiste.

Il faut dire que la famille,dans cette île, c’est sacré.Surtout en politique… « Lepaysagepolitiquemauricienest extrêmement complexe,sauf surunpoint:onretrouvetoujours les mêmes noms.C’est un peu comme si onjouait au bridge avec un jeude sept familles », ironise undiplomate européen qui aofficié à Port-Louis.

Dans ce jeu vieux de cin-quante ans, il y a donc lesJugnauth père et fils, maisaussi l’oncle, Ashok, qui doitson principal fait d’armesen politique à Anerood, sonaînédont il fut leministre dela Santé de 2000 à 2003.

Il y a les Duval. Le père,Gaëtan (1930-1996), a par-ticipé à la création du Partimauriciensocialdémocrate (PMSD),quiprônait l’adhésionauRoyaume-Uniavantl’indépendance, puis il a occupé diverspostesministériels après 1968. Un de sesfils,Xavier-Luc(54ans), acréé sonpropreparti qui semblait ne pas devoir échap-per à lamainmise familiale, au vude sonappellation:PartiMauricienXavierDuval(PMXD). Le fils et le père se sont battus,dans les années 1980, pour savoir lequeldesdeuxgarderaitlecoqcommeemblème.Aujourd’hui, le PMXD s’est dissous danslePMSD,Xavier-Lucenapris la tête,maisGaëtan n’est plus là pour le constater.

Ilyaaussi lesBoolell(Arvin, lefils,59ans,estl’actuelministredesAffairesétrangères),les Ohsan (Monique Ohsan Bellepeau,

70 ans, fille d’un des fondateurs du Partitravailliste (PTr), a succédé à Jugnauthà la présidence), les Mohamed, où l’oncomptepasmoinsde troisgénérationsdeministres…EtilyabiensûrlesRamgoolam.Le père et le fils cumulent, à eux deux,trente-troisansdeprimature.Seewoosagur,considéré comme le père de la nation,a mené son île à l’indépendance et l’adirigée sans discontinuer jusqu’en 1982.Il s’est éteint trois ans plus tard, à l’âgede 85 ans. Son fils, Navin, a pris la relève.D’abordauseinduParti travailliste,que lepaternelavait fondédans lesannées1960,puis à la tête du pays (de 1995 à 2000, etdepuis 2005). «À ladifférencedePravindJugnauth ou de Xavier-Luc Duval, Navin

MAURICE

Le jeu des six famillesDans l’île, on retrouve toujours les mêmes patronymesau pouvoir. À quelques rares exceptions près…

NARINDER

NANU/A

FP

!ANEROOD JUGNAUTH (au centre), en décembre 2007,en Inde. C’était bien avant qu’il démissionne de laprésidence.

LA DÉMISSION DE PRAVIND JUGNAUTH, ministre desFinances jusqu’en août 2011, puis celle de son présidentde père, sir Anerood Jugnauth, en mars dernier, a sonnéle glas de l’Alliance de l’avenir, qui avait brillammentremporté les législatives en mai 2010. Place désormais àRemake 2000 : une alliance MMM-MSM déjà victorieuseil y a douze ans. À l’époque, après leur victoire électorale,les patrons des deux partis (Anerood Jugnauth et PaulBérenger) s’étaient partagé les postes. « Nous avons passé

le même type d’accord », indique aujourd’hui Bérenger.Reste à conquérir le pouvoir par les urnes, et donc à mettrele Premier ministre en minorité à l’Assemblée avant leslégislatives, prévues en 2015. Pour l’heure, Ramgoolamconserve la majorité, mais sa marge (37 députés contre 32)est faible dans un pays habitué aux alliances decirconstances, miné par la crise économique et secouépar plusieurs scandales politico-financiers. ●

R.C.

MAUVAIS REMAKE?

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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Ramgoolam a fait son nid tout seul, notel’historien et politologue Jocelyn ChanLow. Seewoosagur ne voulait d’ailleurspas qu’il s’engage en politique. » L’actuelPremierministreatoutdemêmebénéficiéde l’auradesonpère, reconnaît l’analyste.

DYNASTIES. Sur les quatre principauxpartispolitiques, seul leMouvementmili-tant mauricien (MMM) n’a pas cédé à latentation du fils. Une question de temps,peut-être. L’ancienPremierministrePaulBérenger (67ans) affirmequ’il n’a jamaispoussé son fils, Emmanuel (33 ans), às’engager enpolitique, et encoremoins àmiliter au seinduparti qu’il a cofondéen1969,mais il reconnaît subirbiendespres-sions pour l’introniser. « Certains cadresdu parti pensent qu’Emmanuel serait lemeilleur des successeurs à Paul, indiqueunprocheduMMM.Mais d’autres ne s’yplieront pas. » Comme pour anticiper lapolémique, Bérenger ne cesse de clamerque son fils et lui ne « cro[ient] pas danslapolitiquedesdynasties».Pourautant, iln’estpasdeceuxqui lacondamnent.«Cen’est pas un problème », dit-il. Tout juste« une anomalie ».

L’historienSeteeanunbPeerthumn’estpasdecetavis.Pourlui,« lesdynastiessontla négation de la démocratie, une insulteà la méritocratie ». Selon Chan Low, la

raisond’unetelledériveestàchercherdansl’absence de contre-pouvoirs au sein desformationspolitiques.«Lefonctionnementinterne des partis n’a rien de démocra-tique, explique-t-il. Les leaders dirigenten autocrates. » Le mal trouve aussi sasourcedanslesystèmeélectoralmauricien,basé sur le communautarisme. « Il n’y aaucunedifférenceprogrammatiqueentreles partis, dit-il. On ne débat que sur lesreprésentations. Au fil du temps, le nomestdevenuunemarqueetunegarantiedereprésentation ethnique. Garder le nom,c’est garder l’électorat. »

Toutcelachoqueles jeunesMauriciens,estime le politologue,mais bien peu s’enémeuvent. Peut-être attendent-ils quele temps fasse son œuvre, comme leprédit Paul Bérenger. Après tout, NavinRamgoolam n’a pas d’enfant, et PravindJugnauth, pas de fils… ● RÉMI CARAYOL

BURUNDI DANSDE BEAUX DRAPS

Le parquet deBruxelles a ouvertune enquête surRukara, l’ombudsmanburundais. Il auraitdéposé en avril uneimportante sommesur un compte enBelgique, et la justicecherche à savoir s’ils’agit de blanchimentd’argent. Contacté parJ.A., il parle d’une« campagne demensonges ». Etprécise: « J’ai desaffaires personnelles.Mon compte a étéouvert en 1994. » Lasociété civile appelleà sa démission.

TOGO SIT-IN ETVILLES MORTES

Deux votes duParlement ont servide prétexte: unemodification ducode électoral etl’augmentation dunombre de députés.Via le collectif« Sauvons leTogo »,neuf organisations dela société civile, prochesde l’opposition, et septpartis politiques sontdécidés à faire annulerces dispositions. Auprogramme: sit-inet journées « villemorte ». La marche du12 juin s’est achevéeen affrontements avecles forces de l’ordre.

ANGOLALE PRÉSIDENTET SON DAUPHIN

Le 14 juin, JoséEduardo dos Santos etManuelVicente ont étédésignés têtes de listedu Mouvementpopulaire de libérationde l’Angola (MPLA)pour les électionslégislatives prévues le31 août.Vicente,l’ex-patron deSonangol, poursuitdonc son ascension.Dos Santos, au pouvoirdepuis 1979, sembledécidé à l’imposercomme dauphin,malgré l’oppositiondéclarée des vieuxrequins de son parti.

MALI AFFICHER SES PEURS

Il a fallu plus d’un mois pour que lesBamakois découvrent l’identité desauteurs de la campagne d’affichagesauvage soudainement intervenuesur les panneaux publicitaires de lacapitale. C’est le CollectifActionVérité(CAV), composé d’une quinzaine dejeunesMaliens, pour la plupartmusi-ciens ouartistes,qui a créé ces postersreprésentant une carte duMali en noirsur fond jaune, avec unemoitié Nordqui pleure et un Sud marqué d’ungros point d’interrogation. Meurtris

par les chutes deGao,Tombouctou etKidal, blessés par les querelles poli-ticiennes autour de la transition, cesjeunes gens ont discrètement rassem-blé 7000 euros pour imprimer leursaffiches et les ont placardées grâceà la générosité d’un afficheur local. Ils’agissait dans un premier temps demarquer les esprits, a expliquéAnderBaba Diarra, musicien et membredu collectif. Avant de continuer lesactionsmilitantes pour encourager lescomportements citoyens, en incitant,par exemple, à refuser de payer despots-de-vin. ●

EMMANUEL

DAOU

BAKARYPOURJ.A.

Coulisses Afrique subsaharienne

L’absence de contre-pouvoirs dans lesformations politiquesexplique ces dérives.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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L’espace communautaire ouest-africain, qui fête cette annéele 37e anniversaire de sa création,entend poursuivre avec vigueur lesidéaux des pères fondateurs touten participant à la résolution descrises. OBJECTIF : une intégrationpleine et entière grâce à unemutation qui vise à « passer d’uneCEDEAO des États à une CEDEAO desPeuples » à l’horizon 2020.

La Communauté Économique des États de l’Afrique del’Ouest (CEDEAO) n’a pas tardé à réagir face aux événe-ments survenus au Mali et en Guinée-Bissau. Peu aprèsavoir pris ses fonctions, en février dernier, le président dela Commission de la CEDEAO, le Burkinabè Kadré DésiréOuédraogo, a déploré ces crises. « Ce sont autant defacteurs d’aggravation de la pauvreté et de fragilisa-tion de nos États, a-t-il regretté. Ce sont des situationsnéfastes à la paix, à la sécurité, à la libre circulation despersonnes et des biens, à la stabilité et à l’intégrationrégionales, bref au développement économique. Nousespérons qu’une issue sera rapidement trouvée afinde consacrer notre temps et nos énergies au déve-

loppement socio-économique ».Sous l’impulsion de la Conférence

des chefs d’État et de gouver-nement, et de son présidenten exercice, Alassane Ouattara,président de Côte d’Ivoire,la Commission de la CEDEAOfait montre de célérité et defermeté. Cinq sommets extra-ordinaires ont été consacrésà la situation au Mali et enGuinée-Bissau en quelques

semaines. Ils ont abouti, no-tamment, au retrait des

Relever les défis acCOMMUNAUTÉÉCONOMIQUE

DES ÉTATSDE L’AFRIQUE

DE L’OUEST

de consacrer notre temps et nos énergies au déve-loppement socio-économique ».

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semaines. Ils onttamment, au

putschistes maliens du pouvoir au profit d’autoritésciviles en avril dernier. Si nécessaire, la Force en attentede la CEDEAO (FAC) est en mesure d’être déployée au Maliet en Guinée-Bissau.

Un cadre juridique solideLa CEDEAO mettra alors en œuvre les dispositions de sonTraité révisé en 1993 et de ses différents protocoles. Cedispositif institutionnel est fondé sur un Mécanismede prévention, de gestion, de règlement des conflitsainsi que de maintien de la paix et de la sécurité (luttecontre la criminalité, la prolifération et la circulationdes armes légères). Adopté en 1999 à Lomé, au Togo,ce mécanisme est venu combler le vide juridique quiavait valu de nombreuses critiques à l’interventionde l’Ecomog (ECOWAS Monitoring Group) au Liberia audébut des années 1990. L’Ecomog constituait le premieracte d’une coopération régionale dans la gestion desconflits. L’adoption du Mécanisme de prévention donnedésormais à la CEDEAO les moyens juridiques de sonaction en faveur de la paix et de la sécurité.

Promouvoir l’intégrationsocio-économiqueL’ambition première de la CEDEAO reste de promouvoirl’intégration socio-économique, en s’appuyant surdes programmes fondamentaux tels que la libre cir-culation des personnes et des biens, la libéralisationdu commerce, le développement de l’agriculture ouencore la coordination des infrastructures communes.Dans tous ces domaines, les divers départements quicomposent la Commission de la CEDEAO mènent leursprogrammes sans faillir, enregistrant d’importants etindiscutables succès. Voici quelques-unes des réali-sations de l’année écoulée.

Libre circulationdes personnes et des biensUne approche pragmatique a été adoptée pour la réa-lisation et l’application rigoureuse du Protocole sur lalibre circulation adopté en 1979. La mise en place d’unitésde suivi devra permettre l’élimination des contraintes,

t KADRÉ DÉSIRÉ OUÉDRAOGO, PRÉSIDENTDE LA COMMISSION DE LA CEDEAO.

COM

MUNIQ

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paix et de sécurité. Il s’agit, notamment, de la réu-nion du Comité des chefs d’état-major (CCEM), tenueen janvier 2011 avec la planification du déploiementd’une force d’intervention de la CEDEAO. Une réunionentre quelques États (Ghana, Nigeria, Liberia, Sénégalet Côte d’Ivoire) a été organisée à Monrovia, au Libe-ria, pour le déploiement d’une mission de sécurité ensoutien aux élections de novembre 2011 dans ce pays.Une troisième rencontre s’est déroulée en octobre àAbuja, au Nigeria, sur le processus de développementde la Force en attente. Enfin des experts militaires ontété dépêchés à diverses reprises auprès des autoritésde la Guinée-Bissau dans le cadre de l’assistance de laCEDEAO au programme de réforme du secteur de sécuritédu gouvernement de ce pays.

En dépit de circonstances parfois déplorables, l’avenirde l’Afrique de l’Ouest peut être envisagé avec opti-misme. La croissance économique est restée robuste,renforcée par la relance en Côte d’Ivoire, tandis que surle plan politique, les élections qui ont eu lieu dans laplupart des États membres, notamment au Sénégal, ontété jugées crédibles, transparentes et démocratiques.

s actuels et travailler à un meilleur avenir

DIF

COM

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-PH

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S:DR.

réduire les cas de harcèlements, d’extorsions de fondset autres violations des droits des migrants, commer-çants et citoyens. La 2e réunion du comité sur la librecirculation des personnes et des biens, tenue à Lagos,au Nigeria, a ainsi permis d’élaborer un guide ainsi queles termes de référence d’un programme pour les unitésde suivi. Par ailleurs, la Commission a poursuivi sesactions visant à développer et promouvoir le tourismeainsi que la coopération transfrontalière.

AgricultureDans le cadre de la Politique agricole de la CEDEAO(Ecowap), le Conseil des ministres a adopté, en août2011, la création d’une Agence régionale pour l’agri-culture et l’alimentation, d’un Fonds régional pourl’agriculture et d’un Comité de veille pour l’agricultureet l’alimentation. Leur mise en œuvre vise à accélérerle développement agricole de la région. Pour leur part,les ministres de l’Agriculture ont validé la Charte régio-nale de l’aide, de prévention et de gestion des crisesalimentaires, qui permettra une meilleure organisationde l’aide internationale en cas de besoin. Il a aussi étéélaboré et adopté une stratégie pour le développementde l’élevage et son plan d’action, ce qui constitue unaspect important dans la mise en œuvre d’Ecowap.

CommerceLa Commission a mis l’accent sur la formulation d’unepolitique commerciale commune à la CEDEAO. Plusieursrencontres ont permis d’établir une feuille de route. L’or-ganisation à Lomé, au Togo, de la 6e Foire commercialede la CEDEAO (25 novembre - 2 décembre 2011) a donnéaux opérateurs économiques et aux commerçants desopportunités d’établir et/ou de renforcer leurs relationsd’affaires. Les négociations avec l’Union européennesur les accords de partenariat économiques (APE) sesont poursuivies, mais elles n’ont pas encore aboutiaux résultats escomptés. Sur ce plan, la Commissionmaintient un cap de fermeté.

Maintien de la paixDe nombreuses concertations ont eu lieu entre lesprincipaux acteurs impliqués dans les questions de

COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUEDES ÉTATS DE L’AFRIQUEDE L’OUEST - CEDEAO

p SIÈGE DE LA COMMISSION DE LA CEDEAO.

www.ecowas.int

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importanteséchéancesqui seprofilent : lesmuni-cipalesd’octobre2012,dont les forts enjeux locauxattisent les ambitions et nourrissent les rivalités,et la présidentielle d’avril 2014, avec à la clé unchangement générationnel annoncéet ladélicatesuccession d’Abdelaziz Bouteflika.

LE SCALPDEBELKHADEM.Le triompheélectoralduFrontde libérationnationale (FLN,ancienpartiunique) n’a pas prémuni son secrétaire général,Abdelaziz Belkhadem, contre la fronde d’une

Vainqueur et vaincus, ancienset nouveaux, importants etmodestes, les partis politiquesalgériens, à quelques raresexceptions près, traversentdepuis les législatives du10mai

une zone de turbulences. Directions contestées,lignes politiques remises en question, guerresde leadership, démissions collectives, opéra-tions de « redressement », les tensions internessont légion et essentiellement liées aux deux

Crise de nerfsCrise de nerfspostélectoralepostélectorale

CHERIF OUAZANI, envoyé spécial à Alger

Directions contestées, guerres de leadership, démissions collectives,opérations de « redressement »… Au lendemain des législatives du 10 mai,les tensions latentes au sein des partis ont éclaté au grand jour.

ALGÉRIE

JULIEN

DANIEL/MYOP

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Maghreb &Moyen-Orient

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partie de l’encadrement, qui déplore la ruptureavec l’exécutifaprèsquinzeannéesdeparticipationgouvernementale (leMSPdétenait desministèresdepuis 1995). La contestation est portée par degrandes figures dumouvement, notamment sonvice-président,HadjHamouMegharia, et la « starabsolue » des Frères musulmans, Amar Ghoul,ministre des Travaux publics sortant, surnommé«Monsieur Autoroute ».

PENAUDS.Lesautrespartis islamistesne sontpasmieux lotis. AbdallahDjaballah, qui avait promisde « casser la baraque », n’a obtenu que 8 siègessur 462, soit 1,73%de la représentationnationale.Insuffisant pour être calife. Il a menacé de boy-cotter la législature, mais ses élus refusent de lesuivre. Troismois après avoir reçu son agrément,

le Front pour la justice etle développement (FJD)traversedéjàunemauvaisepasse.QuantauFrontpourle changement (FC, d’Ab-delmadjid Menasra), une

dissidence du MSP, il envisage sérieusement derevenir, penaud, dans le gironde lamaisonmèrepour espérer quelques strapontins dans les ins-tances de l’Alliance de l’Algérie verte.

De toutes les crises qui secouent les partispolitiques, laplus inattendueest celleque traversele Front des forces socialistes (FFS). Plus ancienparti d’opposition (il a été créé en 1963 et n’a étéagréé qu’en 1989), réputé pour la constance deses positions à l’égard du système, dirigé par lecharismatiqueHocine Aït Ahmed, grande figuredumouvementnational, le FFSadumalàdigérersa première participation à un scrutin législatif,malgré un résultat honorable (27 sièges, ce quien fait la quatrième force politique du pays). Encontestant ouvertement le choix d’abandonnerl’optionduboycott systématiquedes institutions,son secrétaire national sortant, Karim Tabbou, ajeté un pavé dans la mare, provoquant une criseinterne sans précédent.

Le président-fondateur du FFS, qui vit depuisune vingtaine d’années en exil en Suisse, dirigele parti à travers un secrétaire national, qu’ilnomme pour une durée de cinq ans. À la veilledes législatives, Aït Ahmed décide de désignerAli Laskri à la place deKarimTabbou. Ce dernierne peut s’attaquer de front à l’icône Aït Ahmed,mais il s’en prend à son successeur, qu’il accuse« d’avoir passé un deal avec le pouvoir ». Dans lafoulée, il annonce la création d’un mouvementdissident au sein du FFS et promet un bras defer pour le prochain congrès, prévu en 2013.Infatigable militant du parti, Messaoud Taarabtdéplore, des trémolos dans la voix : « Si le FFS,parti le plus cohérent de la classe politique, estatteint par le syndrome du redressement, c’estque le pays est au plus mal. » ●

grande partie de son comité central, laquelles’est juréde sepayer le scalpduministre d’État etreprésentantpersonnel duprésident. Les contes-tataires lui reprochent sa gestion chaotique desinstances du parti et, dixit un communiqué, un« dangereux glissement idéologique faisant le litd’une islamisation du FLN en vue d’assouvir sesambitions présidentielles ».

LePremierministre,AhmedOuyahia, secrétairegénéralduRassemblementnationaldémocratique(RND), abeauavoir réussià conserverà sonpartile statut dedeuxième forcepolitique, cela n’a pasempêché le vent de la contestationde souffler ausein d’une formationqui se caractérisait jusque-là par sa cohésion et son centralisme démocra-tique. Si les «perturbateurs »duconseil national,réuni à Alger le 1er juin, ont été contenus parla gouaille d’Ouyahia, ilsaffichent leur détermina-tion àdéloger le secrétairegénéral. Emmenée par lemaired’Alger-centre,TayebZitouni, une militante du« féminismeofficiel », NouriaHafsi, et le sénateurBelkacem Ben Hassir, la dissidence a créé unComité de salut pour le RND. Objectif déclaré :faire capoter l’investitured’AhmedOuyahiapourla présidentielle de 2014.

Autre parti nationaliste dans la tourmente, leFrontnational algérien (FNA,deMoussaTouati).Mais si lesproblèmesdesdeuxgrands frères–FLNetRND– sont liés à l’échéancede 2014, les soucisdu FNA sont plus terre à terre et concernent lagestion de la cagnotte du parti. « Le scrutin du10mai nous a laminé », déplore LamineOsmani,secrétairenationalchargédel’organique.Pourtant,le FNA n’a perdu que 6 sièges, passant de 15 à 9 :« Cette mauvaise performance nous prive de lapossibilitédeconstituerungroupeparlementaire[10 députés auminimum, NDLR] et, par voie deconséquence, consacre la perte d’influence denotre parti au sein de la représentation natio-nale. » C’est en fait une nette baisse des revenusqui mine le FNA, seule formation à reconnaîtrequ’elle a négocié la position de tête de liste avecdes hommes d’affaires véreux contre la chkara,« le sac », autrement dit, le pot-de-vin.

DIVERGENCES TACTIQUES.Défaits contre touteattente, les islamistes ont dumal à s’en remettre.Contestant la régularitéduscrutin, ils avaientpro-misdebloquer les institutionsparunmouvementdeprotestation. Fautedemobilisationpopulaire,ils ont dû revoir à la baisse leurs ambitions et secontenter d’uneperturbationde la session inau-gurale de la nouvelle législature.Mais le choix del’Alliancede l’Algérie verte – Ennahda, El-Islah etlesFrèresmusulmansduMouvementde lasociétépour la paix (MSP, de Bouguerra Soltani) – des’inscrire dans l’opposition est contesté par une

Parmi les islamistesfrondeurs: Amar Ghoul,star des Frères musulmans.

� De toutes lesdissensions queconnaissent lesformations politiques,CELLES AU SEIN DU TRÈS

CONSTANT FRONT DES

FORCES SOCIALISTES SONT

LES PLUS INATTENDUES.

�À LA UNE DU QUOTIDIEN

LIBERTÉ, lacontestationqui a secoué le RNDd’Ahmed Ouyahialors de son conseilnational du 1er juin.

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Àla findemai, leConseil natio-nal des droits de l’homme(CNDH) s’est trouvé embar-qué dans une polémique

classique sur l’immunité accordée auxmilitaires. En débat devant la Chambredes représentants, le projet de loi 01.12sur les garanties accordées auxmilitairescommençait à chauffer les oreilles duministre délégué à l’Administrationde laDéfense nationale, notamment à causede l’article 7, qui prévoit une immunitéabsolue aux soldats exécutant les ordresde leurs supérieurs hiérarchiques. Saisipar l’opposition socialiste pour avis, ceque le ministre avait refusé de faire, leCNDH a préparé sa réponse en orga-nisant un atelier d’experts marocainset internationaux, puis une journéed’études ouverte aux politiques, le31 mai. Ce jour-là, tous les chefs degroupe parlementaire étaient présents,sauf ceux du Parti de la justice et dudéveloppement (PJD, islamiste) et del’Istiqlal, les deuxprincipales formationsde lamajorité. Nonpas qu’ils défendentl’impunité des militaires, mais parceque, disent certains de leurs dirigeantsàmots couverts, ils n’ont pas été traitéséquitablement lors de la nominationdesmembres du CNDH, en septembredernier.

Ce genre de considération a le donde faire sortir de ses gonds le présidentdu Conseil, Driss El Yazami. L’histoirese répète. « Depuis la création, à la finde 2007, du Conseil de la communautémarocaine à l’étranger [CCME, égale-ment présidé par El Yazami, NDLR], lescritiques lesplus acerbesdecette institu-tion consultative émanent depersonnesdéçuesdenepas y siéger », confieuncol-laborateur d’El Yazami. En tout cas, cescritiques n’ont pas entamé la boulimiedemissions que le «MonsieurDroits del’homme » du royaumemène en paral-lèle : président du CCME depuis 2007et du CNDH, également membre – dedroit – duConseil économique et social(CES)depuis 2011 et de la toutenouvelleHaute Instancedudialoguenational sur

la réforme de la justice, après avoir étémembre de laCommission consultativede révision de la Constitution (CCRC).Bref, El Yazami est partout. Ce qui n’apas l’heur de plaire à tous.

PRAGMATIQUE. Rien ne prédestinaitce fils de bonne famille fassie à cumu-ler autant de responsabilités. Né en1952 dans la « capitale spirituelle » duMaroc, terre d’oulémas, de riches com-

merçants et de hauts fonctionnaires,Driss El Yazami tombe très jeune dansle chaudron du gauchisme. Quand ilquitte, en 1970, son pays pour pour-suivre des études en France, lemouve-ment marxiste-léniniste marocain esten pleine éclosion. Un autre fils de Fèsbrille alors sur la scènepolitiqueet cultu-relle : Abdellatif Laabi, cofondateur de larevueSouffles et, plus tard, dirigeant, aux

côtés d’Abraham Serfaty, d’Ilal Amam(«En avant ! »), l’organisation embléma-tique du gauchismemarocain. Après lelycéeMoulay Driss, il rejoint Sup de CoMarseille toutens’intéressantà lapenséedu grand timonier. Premier paradoxe.

Maoïste, comme l’était une bonnepartie de l’intelligentsia post-68 etantistalinienne, il est déjàpragmatique.« J’étais inscrit à l’Idhec [Institut deshautes études cinématographiques, àParis], j’avais une bourse, raconte-t-il àl’hebdomadairemarocainActuel.Maisle conseiller culturel de l’ambassade deFrance, Robert Charasse, qui m’avaitoctroyé la bourse, m’a appelé après lebac pourmedire : “Avec le cinéma, vousne pourrez pas faire vivre votre famille.”Or j’étais l’aîné. Il était assez fin poursavoir que l’aîné, c’était la retraite desparents. Il m’a conseillé de faire l’écolesupérieure de commerce. »

Dans l’Hexagone, le jeuneDriss cultivesa curiosité, organise des actions pourla Palestine et s’intéresse à la conditiondes immigrés. Il rejoint le Mouvementdes travailleurs arabes, syndicatmêlantétudiants et ouvriers duMaghreb et duMachrek, à l’initiative des premièresgrèves générales de 1973. Ses engage-ments lui valent de premiers ennuisavec la police, puis l’expulsion, en jan-vier 1975, vers leMaroc après une grèvede la faim des sans-papiers.

À Rabat, il est placé en détentiontrois mois, mais reprend son activismeà gauche à sa sortie. Harcelé par laDirectionde la surveillancedu territoire(DST), enlevé, libéré, recherché, il bas-culedans la clandestinité et écoped’unepeine de prison à perpétuité par contu-mace.À la finde1977, il prend ladécisionde s’exiler. Il s’enfuit à bord d’un voilier(« Un des plus beaux souvenirs de mavie »). À Paris, où il s’installe, il se lancedans le journalisme avec Sans frontière,puisBaraka.El Yazami développe aussiun vaste réseau d’amitiés militantes etintellectuelles, avant de fonder l’associa-tionGénériques, consacréeà l’histoiredel’immigration. Cet investissement dans

MAROC

Driss El Yazami, de Mao à M6Ancien gauchiste, le président du Conseil national des droits de l’homme s’est converti au réformismeau début des années 2000. Et multiplie depuis les missions réussies.

BIO EXPRESS1952 Naissance à Fès

1970 Part étudier à Marseille

1975 Expulsé vers le Maroc à causede son engagement syndical,détenu trois mois à Rabat.

1977 Condamné à la prison à perpétuitéau Maroc. S’enfuit vers la France

1979 Lance la revue Sans frontière

1987 Crée l’association Génériquesdédiée à l’histoire de l’immigration

1995 Rentre d’exil avec sa famille

2004Membre de l’Instance Équitéet Réconciliation (IER)

2007 Président du Conseilde la communauté marocaineà l’étranger (CCME)

2011 Président du Conseil nationaldes droits de l’homme (CNDH)et membre de la Commissionconsultative de révisionde la Constitution (CCRC)

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Maghreb Moyen-Orient46

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HASS

AN

OUAZZ

ANIP

OURJ.A.

sa nouvelle vie française va de pair avecsonengagementpour la libertéauMaroc.Surtout après que son frère, condamnéà vingt-deux ans de prison, est arrêté etdétenu à la centrale de Kenitra.

ENTRISTE. El Yazami relaie, à partirde 1979, les nouvelles de cette prisonemblématique des années de plombauprèsde laLigue françaisedesdroits del’homme et d’Amnesty International. Ilcontinue,après sonretourd’exil en1995,à militer, notamment à la Fédérationinternationale des ligues des droits del’homme (FIDH), dont il fut le secré-taire général. En 2004, il est membrede l’Instance Équité et Réconciliation(IER), chargée de faire la lumière sur lesexactions du règne de Hassan II et defixer des réparations pour les victimes.Unepériodedegrandesdivisionsau seindumouvement droit-de-l’hommiste auMaroc. Driss El Yazami pense qu’il fautfaire bouger les choses de l’intérieur,

convaincu que l’idéologie des droitshumains n’est pas seulement un com-bat d’opposants. Des auditions de vic-times sont retransmises à la télévisionpublique, des centaines d’entre ellesseront indemnisées par l’État, et l’IERprésente un rapport avec une série derecommandations àMohammed VI.

Ces recommandations, endosséesparlesmilitants, sont reprises enpartie dans

lanouvelleConstitutionde2011.Membrede la commission de dix-neuf expertschargée de la rédiger, El Yazami y veillepersonnellement. Au final, une bonnevingtained’articles renvoientdirectementau corpus des droits humains, univer-sellement reconnus.Aujourd’hui, l’enjeuest d’inscrire ce référentiel dans toute la

législation, notamment dans la batteriede lois organiques prévues par le textesuprême. « Si Driss El Yazami acceptetoutes lesmissions qui lui sont confiéespar le roi, quece soit auCCME,auCNDHou ailleurs, c’est qu’il est convaincu quela garantie d’indépendance doit êtreéprouvée. Son atout, c’est qu’il prendles promesses qu’on lui fait pour argentcomptant, explique l’un de ses amis.

Peu lui importe les per-sifleurs, les jaloux, lesempêcheurs de tourneren rond, Driss travaille. »Depuis le déclenchementdu Printemps arabe, il

peut se targuerdequelques réalisations :un conseil des droits de l’homme auxprérogatives élargies, la libération desdétenus politiques et des cheikhs sala-fistes, l’apaisement des conflits sociauxàKhouribga, unenouvelleConstitution.Pas mal pour un ancien maoïste ! ●

YOUSSEF AÏT AKDIM, envoyé spécial

� Depuis le déclenchement du Printemps arabe, IL PEUT SE TARGUER DE PLUSIEURS RÉALISATIONS IMPORTANTES : conseil des droits del’homme aux prérogatives élargies, libération de détenus politiques, apaisement de conflits sociaux…

« Il est convaincu que la garantied’indépendance doit être éprouvée »,explique l’un de ses amis.

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Maghreb Moyen-Orient 47

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D errière sa sonorité exotique,Oulpana est à l’origine d’unecrisepolitiquemajeureauseindu gouvernement israélien.

Ce nom renvoie à cinq bâtiments rési-dentiels érigés en 2006 sur les hauteursde Beit El, une colonie juive située auxportesdeRamallah.Rienquedetrèsbanalen Cisjordanie. Sauf que ce quartier endevenir aprisplace surdes terresprivéespalestiniennes. Après une plainte despropriétaires de la parcelle relayée pardesONGisraéliennes, l’Étathébreus’étaitengagéàdémolir les immeublesau1ermai2012, avant de demander, à la veille del’échéance, un ultime délai. Après avoiraccordéaugouvernement soixante jourssupplémentairespour s’exécuter, laCoursuprême vient de rejeter toute nouvelleprolongation.Elleexigel’évacuation,avantle 1er juillet prochain, de la trentaine defamilles juives installées àOulpana.

Dansunpremiertemps,legouvernementaenvisagé leur relogementàBeitHanina,un quartier palestinien de Jérusalem-Est, où des colons tentent vainement de

s’implanterdepuisplusieursannées.Mais,pourécourter lebrasdeferengagéparsonaile droite, hostile à toute destruction demaisons, le Premier ministre, BenyaminNetanyahou, a finalement proposé dedéplacer les 150habitants d’Oulpana surun autre terrain de Beit El,jouxtant une zonemilitaireabandonnée.«Mêmesicettemesurenenous réjouitpas,nous devons honorer lesdécisions de notre systèmejudiciaire.Mais lacommunautédeBeitElvas’agrandir.Les30famillesserontbientôtrejointespar300autres», apromis lechefdu gouvernement.

Ses propos n’ont pas suffi à rassurer lepuissant lobby des colons. Car, à ce jour,ce sontprèsde9000maisonsconstruitesillégalementenCisjordaniequi font l’ob-jet d’un litige devant la Cour suprême.Concrètement, de nombreux ténors de

la droite nationaliste redoutent que lecas d’Oulpana ne fasse jurisprudence etne provoque un effet domino. « C’est del’expulsionde70000 Juifsdont il pourraits’agir, de l’anéantissement de commu-nautés entières, sur un territoire dix foisplus grand que le Gush Katif [anciennescolonies juives de la bande de Gaza,NDLR], s’alarme Yaakov Katz, le chef duparti de l’Union nationale. Ce serait unmégadésengagement. »

FORT ALAMO. Plusieurs députésfrondeurs du Likoud, la formation deNetanyahou,ont tentédeporter labatailleà la Knesset en proposant une loi quiautorise, a posteriori, la construction demaisons oud’avant-postes sur des terrespalestiniennes. Plus précisément, ellelimiteàquatreanstoutprocessusjudiciaireengagécontre la légalitéd’unecolonie,undélaibien tropcourt.Craignantune levéede boucliers de la communauté interna-tionale, le Premierministre amenacédelimogertoutministrequivoteraitenfaveurd’une telle législation. Sa mise en gardes’est révélée dissuasive: le 6 juin, le textea été rejeté par le Parlement à une largemajorité de 69 voix contre 22.

« Aucun gouvernement ne soutientl’entreprisedecolonisationcommeceluique jedirige», s’estdéfendudans la fouléeNetanyahou, annonçant, comme pourjoindre laparoleauxactes, laconstructionde851nouveauxlogementsenCisjordanie.« Trente appartements évacués contre850, c’est lemeilleur deal possible », s’estréjoui le ministre du Logement, ArielAttias. Mais les colons restentmobilisés.Après une marche à Jérusalem émaillée

d’incidents avec la police le jour du voteà la Knesset, des milliers d’entre eux sepréparent à défendreOulpana, nouveauFort Alamo. Leur irrédentisme inquièteles responsables israélienset fait ressurgirle spectrede laviolence.D’autantqu’uneautrebatailleseprofile:celledeMigron,unavant-poste dont l’évacuation est prévueavant le 1er août. ●

MAXIME PEREZ, à Jérusalem

ISRAËL-PALESTINE

Une colonie de perdue, dix de retrouvéesVéritable obstacle au processus de paix, l’épineux dossier desimplantations juives agite la coalition de Benyamin Netanyahou.En cause, le démantèlement d’un quartier illégal en Cisjordanie.Qui pourrait n’être que de la poudre aux yeux…

ARIELSC

HALIT/AP/SIPA

� MANIFESTATION DE COLONS opposés àl’évacuation de l’implantation juived’Oulpana, aux portes de Ramallah,le 4 juin.

Le Premier ministre annonce dansla foulée la construction de851 logements en Cisjordanie.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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A hmedaunpasseportdes îlesComores.Mais il n’y a jamaismis les pieds et peinerait àles situer surune carte.Né et

résidant auxÉmirats arabes unis (EAU),il fait partie des apatrides qui ont acquisla nationalité de cet archipel d’Afriqueorientale avec lequel ils n’ont aucun lienpour s’assurer une nationalité officielleafin de pouvoir voyager et accéder auxservices de base.

Cette histoire insolite illustre la situa-tion ubuesque de centaines de milliersde Bidoun, ces résidents de longue datedont lesancêtresontnégligédedemanderdes papiers d’identitéofficiels. Privés deces documents essentiels, ils doiventse débrouiller tant bien que mal, sansgarantie d’accès aux soins médicaux,à l’éducation et à l’emploi. En 2011,au Koweït, où leur nombre est estiméà 105000, certains d’entre eux ont étéarrêtés après avoir manifesté contre lerefus dugouvernement de leur accorderla citoyenneté.

Les manifestations des Bidoun duKoweït n’ont pas été suivies ailleurs,mais on trouve des apatrides dans tout

leGolfe. Ils seraient, selon l’ONU, 70000en Arabie saoudite, et entre 30 000 et100000 aux EAU.

Les soulèvements arabes ontcreusé le fossé entre les Bidoun et lescitoyens – généralement aisés – de larégion, d’autant que les subventions éta-tiques et les hausses de salaires pourenrayer les risques d’agi-tationont rendu la citoyen-netéencoreplusattrayante.Le Printemps arabe les aégalement fragilisés. Ils sontsouvent assimilés par desgouvernementsauxaboisàdesétrangersinfiltrés d’Irak ou de Syrie.

ZONESD’OMBRE.AuxEAU, le cas singu-lier des passeports comoriens a remis laquestionsous les feuxde l’actualité. SelonZoubert A. Soufiane al-Ahdal, ambassa-deurdesComores auxEAU, aumoinsunmillier de résidents apatrides s’en sontprocurés, ce qui leur permet de remplirles formalités administratives, deplus enplus strictes, pour obtenir, par exemple,les documentsnécessaires à l’achat d’unvéhicule, voire, paradoxalement etàplus

long terme,unpasseportémirati.Difficilede savoirqui finance l’achatdecespasse-ports.DeuxdesquatreBidoun interrogéspar le Financial Times déclarent que legouvernement des EAUapayé les leurs.Uneaffirmationque l’ambassadeurAhdalnie, tandis que les autorités émiraties serefusent à tout commentaire.

Des militants des droits de l’hommeestiment cependantque, depuis ledébutdes soulèvementsarabes,de larges zonesd’ombre entourent les démarches desapatrides pour s’assurer une nationa-lité étrangère. Échaudés par l’agitationpolitique, notamment entretenuepar lesislamistes, lesÉmiratis ont commencé àutiliser la nationalité comme une armejuridique, à l’instar du Qatar, qui avaitrévoqué celle de 6 000 personnes en2005. L’an dernier, les EAU ont retiré lacitoyenneté à sept membres d’Al-Islah,uneorganisation islamiste, faisant d’euxdes Bidoun. Plusieurs d’entre eux ontensuite été arrêtés pour avoir refusé des’engagerparécritàprendreunnouveaupasseport.

MENACES D’EXPULSION. « Partout oùelle est exclusive, la citoyenneté peutêtre utilisée commeunearme », observeMichaelStephens,expertauRoyalUnitedServices InstitutedeDoha.HumanRightsWatch rapporte ainsi que, le mois der-nier, AhmedAbdal-Khaleq, né auxEAU,

craignait d’être expulsépour avoir pris lanationalité comorienne. Il est l’un descinqmilitants démocrates incarcérés en2011 pour avoir insulté les dirigeants dupays,avantd’êtregraciés.Lesautoritésontrefuséde commenter son cas, rappelantque des milliers de Bidoun s’étaient vuaccorder lanationalitéémiratieaprèsquele président de la confédération, CheikhKhalifa IbnZayedAlNahyan,se futengagéen 2006 à résoudre le problème. ●

CAMILLA HALL ET MICHAEL PEEL

© Financial Times et Jeune Afrique 2012.

Tous droits réservés.

GOLFE

Recherche nationalitédésespérémentConnus sous le nom de Bidoun, ils sont plusieurs dizaines de milliers àêtre privés de la citoyenneté des pays où ils sont nés. Mais certains onttrouvé une parade inattendue pour recouvrer leurs droits.

YASS

ERAL-ZA

YYA

T/AFP

! RASSEMBLEMENT DE BIDOUN, à Jahra,à 50 km au nord-ouest de Koweït City,le 6 janvier 2012.

Le Printemps arabe a creusé lefossé entre ces apatrides et lescitoyens de la région.

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A près avoir décidé – avecdix autres partis de laCoordinationde l’oppositiondémocratique (COD) – de

boycotter le Dialogue national lancé enseptembredernier,AhmedOuldDaddah,69 ans, est passé à la vitesse supérieure.Le chef de file de l’opposition mauri-tanienne réclame désormais le départinconditionnel du président MohamedOuld Abdelaziz. Installé dans son vastebureau, au siègeduRassemblement desforces démocratiques (RFD), qu’il pré-side, il peine à masquer sa nervosité. Ilfaut dire que les tensions sont vives àNouakchott et que l’alliance fragile desdétracteurs du pouvoir a volé en éclats ;l’Alliance populaire progressiste (APP),deMessaoud Ould Boulkheir, ainsi queles partis El-Wiam et Sawab ont quittéla CODpour former laConventionpourl’alternancepacifique (CAP).Fidèleà sontempérament,AhmedOuldDaddahn’ena cure et ne veut surtout pas entendreparler de compromis.

JEUNEAFRIQUE: Pourquoi appelez-vousau départ du chef de l’État?

AHMED OULD DADDAH: Nous avonstoujours prôné le dialogue. Mais il y aeuune accumulationde frustrations. LaCODest donc parvenue à la conclusionqueMohamedOuldAbdelazizne faitpaspartie de la solution, car il est lui-mêmele problème. Alors il doit partir.

N’est-il pas antidémocratiquededeman-der le départ d’un président élu?

Il n’est pas démocratiquement élu.Après son coupd’État, il s’est fait « élire »dans des conditions contestables.

Vous aviez pourtant reconnu son élec-tion…

J’ai fini pardireque je la reconnaissais,car je souhaitais donner davantage dechances à une cohabitation pacifique.Mais iln’aaucune légitimité, nioriginelle,ni acquise.

Que lui reprochez-vous?L’ensemble de son bilan, qu’il soit

politique, économique ou social. Il s’estprésenté durant la campagne comme« le président des pauvres », mais il aappauvri plusd’unMauritanien; 75%dela population amoins de 29 ans et n’a niformationniperspectives. Enoutre, il n’apas, contrairement à tous ses prédéces-seurs, pris dedispositions pour atténuerlesconséquencesdelasécheresse.Sicetteannéeaétécatastrophiquepour lebétail,c’est parcequ’aucunemesure valablen’aété prise concernant l’agriculture.

Mais il a concrétisé certains de ses enga-gements,en lançant de grands chantiersou en modernisant Nouakchott.

N’était-il pas plus important de relierentre elles nos régions plutôt que deposerunmauvaisgoudronàNouakchott?Franchement, jenevois riendesignificatifqui mérite d’être signalé. La priorité estdedésenclaver certaines régionsdupays,afin de leur garantir un approvisionne-ment plus rapide et meilleur marché.

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pourparvenir à vos fins?

Nous sommes un parti démocrate quin’utilise que des moyens pacifiques. LaCOD est allée dans toutes les régions dupays pour s’expliquer et prendre contactavec lesautorités locales, lesreprésentantsdes partis, les notables, ainsi que les dif-férentes forces sociales et économiques.

Quelle alternance proposez-vous?Le RFD a élaboré un programme de

gouvernementendeuxcentspoints.Maisaujourd’hui, l’ensembledelaCODréfléchità un projet commun. Je ne peux pas enrévéler les grandes lignes, car il n’est pasencore prêt. Mais il le sera rapidement,car il yaentrenousunegrandeconfiance.

Vous n’avez plus aucun contact avecle président?

Non, aucun.

Pourquoi contestez-vous la nominationdes sept membres de la Commission

électorale nationale indépendante?Le mandat des députés a expiré en

novembre 2011. Or la législature n’apas été renouvelée, carMohamedOuldAbdelazizne le veutpas.Par conséquent,la Ceni est illégitime.

Envisagez-vous de boycotter les élec-tions législatives et municipales?

Nous n’avons encore pris aucunedécision.

MAURITANIE

Ahmed Ould Daddah« Aziz n’a aucune légitimité »Neuf mois après le lancement du Dialogue national, auquel il a refuséde participer, le chef de file de l’opposition durcit le ton.

DR

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BAHREÏN SILENCE,ONTIRE

La répression sepoursuit à Bahreïn,fermé aux journalistesétrangers. AhmedNasser al-Neham,4 ans, a été blessé àl’œil le 13 juin par untir de carabine àplombs. Selon lamilitante Zainabal-Khawaja, quirapportait les faits surson compteTwitter@angryarabiya, lapolice a violemmentréprimé une manifes-tation d’opposants.« Ils nous ont ordonnéde partir en menaçantde tirer. J’ai à peine eule temps de prendremon fils. Je n’imagi-

nais pas qu’ils nousviseraient », raconte lepère, un vendeur depoisson de 51 ans,lui-même blessé.

YÉMEN ZINJIBARLIBÉRÉE

Tenue pendant prèsd’un an par desdjihadistes d’Al-Qaïda,Zinjibar, dans le sudduYémen, a étéreprise par l’armée aucours d’une vasteoffensive lancée le12 mai. L’affaiblis-sement du pouvoircentral après larévolution avait permisaux islamistes des’emparer deterritoires dans l’est etle sud du pays.

ÉGYPTE « NEPARLE PAS AUXINCONNUS »

« Il s’immiscera dansvos cœurs comme sivous le connaissiezdepuis longtemps »,prévient un spotdiffusé pendantquelques jours sur latélévision nationaleégyptienne.Présentant unétranger qui collectedes informationsauprès de jeunesl’ayant invité à leurtable, la vidéo visait àmettre en garde lesÉgyptiens contre lacuriosité des touristes,parmi lesquelspourraient se cacherdes espions.

PALESTINE CORRUPTION AUSOMMET?

Ambiance délétère à Ramallah, capi-tale de l’Autorité palestinienne (AP) enCisjordanie. Alors que le gouverne-ment est confronté à une grave crisede liquidités, une affaire de corruptionsans précédent jette le doute sur laprobité de ses plus hauts dirigeants.Ex-conseiller financier deYasserArafatqui a quitté le territoire palestinienaprès lamort de ce dernier,MohamedRachid accuse le présidentMahmoud

Abbas et ses deux fils,Yasser etTarek,de s’être enrichis aux dépens de leursconcitoyens. Il estime la fortunedudiri-geant de l’AP à 80millions d’euros etrévèle l’existence d’un fonds secret duFatah (le parti d’Abbas) de 31millionsd’euros. Lui-mêmea écopé le 7 juin dequinze ansdeprisonpar contumaceetd’une amende de 12millions d’eurospour détournement de fonds et blan-chiment d’argent. Il devra en outrerembourser la somme de 27millionsd’euros qu’il aurait dérobée au Fondsd’investissement palestinien. ●

PATR

ICKBAZ/AFP

Coulisses Maghreb & Moyen-Orient

Messaoud Ould Boulkheir, le patron del’APP, vous invite à la réconciliation.Allez-vous accepter sa main tendue?

Onseconnaît, onpeut toujours sevoir.Je traiterai ça avec lui.

Ely Ould Mohamed Vall fait-il partie dela COD?

Actuellement, il en est proche,mais iln’en faitpaspartie. Ilnousarenduvisite, ilaparticipéauxmanifestationsànoscôtés.Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’ilnous rejoigne, s’il ledésire.D’ailleurs, sonralliement est la preuve que la COD estdevenue la seule alternative au régime.

Le 10 juin, l’ex-commissaire auxdroits del’hommeMohamed Lemine Ould Daddea été lourdement condamné. Est-il unprisonnier politique?

Nousavons toujoursdénoncésadéten-tion, que nous jugeons arbitraire. Nousen aurions fait demêmeavec n’importequi d’autre victimedumême traitement.Il a certes fait partie du gouvernementd’Ould Abdelaziz, mais nous estimonsquechacunadroitàunprocèséquitable.

Selon le président français, FrançoisHollande, la Mauritanie doit être« aidée » dans la lutte contre le terro-risme. Ce soutien est-il indispensable?

Nous sommes tout à fait favorablesà ce que la Mauritanie et les pays dela sous-région soient appuyés dans cecombat. Mais ce dernier passe surtoutpar une bonne gouvernance et par unelutte acharnée contre la corruption et lagabegie. Cela n’est possible qu’avec desgouvernements légitimes.Nous souhai-tonsque laFrance favorisepacifiquementla démocratisation dans nos pays, afinquepuissentêtreorganiséesdesélectionshonnêtes, libres et transparentes.

Êtes-vous favorable à une interventionmilitaire au Mali?

Uneactioncommunepourraêtreenvi-sagéeplus tard,mais il fautd’abord tenterderétablir lapaix. Il estnécessairedesou-tenir lesMaliens,maissans ingérence,afinqu’ils trouvent eux-mêmesdes solutionspacifiques durables. Nous soutenons lemaintien de nos frontières communes.

Serez-vous candidat à la prochaine pré-sidentielle?

Je l’ignore. ●Propos recueillis à Nouakchott

par JUSTINE SPIEGEL

! Ex-conseiller financier d’Arafat, MOHAMED RACHID accuse le présidentMahmoudAbbas et ses deux fils d’enrichissement personnel.

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sa politique de prévention. Les pays d’Europecentrale avaient en revanche fait de gros progrèsen lamatière, mais ils sont en train de rechuter.

TI vaplus loinetpointe les faiblessesdesgarde-fous dont se glorifient les Européens. « Aucunpays ne sort totalement indemne de cette radios-copie de leur intégrité », souligne-t-il. Des scan-dales ont éclaté au Royaume-Uni concernant lesdépenses anormales de certains parlementaires.Et en Norvège, à cause de fraudes en matière depensions de retraite.

Pis,ajouteFinnHeinrich,directeurdelarechercheauseinde l’ONG, il y acoïncidence «entre lespaysqui sont les plus exposés à la corruption et ceuxqui rencontrent lesplusgravesdifficultésavec leurdette publique ».

Le financement des partis politiques – que lamoitiédesEuropéensinterrogésjugentcorrompus–n’est nullement, selon TI, sous contrôle. Seuls dix

L’Europe se croit protégée contre lesméfaits de la corruption parce queses institutions fonctionnent surdes bases légales, démocratiqueset,enprincipe, transparentes.Voire!lui répond l’organisation non gou-

vernementale Transparency International (TI),dont le secrétariat se trouveàBerlin.Durant toutel’année 2011, l’ONG a ausculté dans vingt-cinqpays européens* les institutions destinées à pré-venir et à combattre la corruption. Or le rapportintitulé «Argent, politique,pouvoir : les risquesdecorruption enEurope », qu’elle a publié le 6 juin àBruxelles, souligne bien des anomalies.

On s’en doutait un peu, puisque le Conseil del’Europe avait déjà estimé à 120milliards d’eurosparan le coût decesmalhonnêtetés en tout genre,preuvede l’existencede failles dans les dispositifsmisenplace.D’ailleurs, 74%desEuropéens inter-rogés considèrent que la corruption constitue ungraveproblèmedans leurpays (19%auDanemarket 98 % enGrèce).

Le Forum économique mondial, cité par TI, aclasséchaquenationenfonctiondesoncomporte-mentéthique.LesNordiquesarriventévidemmenten tête, le Danemark étant le plus irréprochable.En Norvège et en Suède, secteurs public et privétravaillent la main dans la main avec la sociétécivile pour combattre les pratiques délictueuses.LeRoyaume-Uni (7e), l’Allemagne (8e) et laFrance(9e) figurent aumilieu du peloton.

LesmauvaisélèvessetrouventenEuropecentraleet orientale, ainsi que sur le pourtour méditerra-néen – sans surprise, la Grèce ferme la marche.L’Europe du Sud, indique le rapport, connaît desdéficits graves dans sa comptabilité publique et

L’Europe,L’Europe,aussi!aussi!ALAIN FAUJAS

Le Vieux Continent n’aime rien tant que donner des leçonsde morale au monde entier. Dans vingt-cinq des paysqui le composent, l’ONG Transparency International est alléey regarder d’un peu plus près. Verdict? Peut mieux faire.

CORRUPTION

itifser

Grecs

Roum

ains

Espagnols

Italiens

Irlandais

87,9 81,7 80,8 80,8 80

Très corrompus...

ance

Polonais

Suisses

Norvégiens

Néerla

ndais

Danois

47,8

29 26,3 23,418,4

... ou pas trop

COMMENTILS JUGENT

LEURS PARTISPOLITIQUES(en % des personnes

interrogéesdans chaque pays)

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aux données indispensables pour vérifier, en casde mouvement d’argent entre une entreprise etun homme politique, les montants, les noms etles dates.

Seuls la Norvège et le Royaume-Uni protègentefficacementceuxquidonnentl’alarmeetinformentlesautoritésdel’existenced’actesdélictueux.Ilssonttrop souvent considérés commedes traîtres etdesdélateurs par leur employeur ou leurs camaradesdeparti.MêmeauDanemark, il apparaît que30%des fonctionnairesayantdénoncé le versementdepots-de-vin ou l’existence d’actes de corruptionactive ont eu des ennuis.

«L’Europeabesoind’uneculturepolitiquede latransparence pour sortir de la crise économiquedans laquelle elle sedébat », commenteCobusdeSwardt, directeur de TI. Le rapport avance doncune série depropositionsque l’onpeut regrouperen cinq chapitres.

1.Le financementdespartis. Institutionderèglescontraignantesconcernant ladivulgationdesdonset l’interdiction de toute forme d’échappatoire.Une certaine homogénéisation serait en outresouhaitable, puisque aujourd’hui la Belgique faitobligation de rendre publics les dons aux partisd’unmontant supérieurà125eurosparan, contre10000eurosenAllemagneet50000eurosen Italie.

2.Laréglementationdulobbying.Établissementderegistrespublicsobligatoiresdesorganismesdelobbying,cetteactivitédevantinclurelesconsultantsen relationspubliques, les lobbyistesd’entreprise,lesmembres des ONG et ceux des think-tanks.

3. Le code de conduite des parlementaires.Établissement dans chaque pays d’un code debonne conduite qui permette aux élus d’éviterles conflits d’intérêts et de résoudre aumieux lesdilemmes moraux. Rappelons que les marchéspublicsreprésententauseindel’Unioneuropéenneunmontant annuel de 1800milliards d’euros.

4. L’accèsà l’information. Suppressionde touteslesbarrières, ycompris techniques,qui,dansvingtpays, fontobstacleà la libreconsultationdesdocu-ments publics.

5.Laprotectiondeceuxquidénoncent lacorrup-tion.Miseenplace,partout,de législationsassurantl’immunité aux fonctionnaires et aux salariés duprivé qui informent les autorités de l’existence decomportements délictueux. ●

* Allemagne, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne,Estonie,Finlande,France,Grèce,Hongrie, Irlande, Italie,Lettonie,Lituanie,Norvège,Pays-Bas,Pologne,Portugal,Républiquetchèque,Roumanie,Royaume-Uni,Slovaquie,Slovénie, Suède, Suisse.

pays interdisent les contributions financièresnondéclarées auxdifférentes formations. LaFranceetlaSlovéniesont les seulsànepas rendrepubliquesles déclarations de patrimoine et d’intérêts desparlementaires,cequipermetpourtantdedétecterun éventuel enrichissement illicite.

Dix-neufpaysn’ont toujourspas réglementé lesactivités de lobbying, profession apparued’aborddans lespaysanglo-saxonspour tenterd’influencerle législateur dans un sens favorable aux intérêtsprivésqu’elle représente.Les registres répertoriantles agences de lobbying sont facultatifs, inexis-tants ou difficilement consultables. Rappelonsqu’il enexiste aumoins troismilleàBruxelles, quis’efforcentdepesersur lesdécisionsdes institutionseuropéennes.

Les dispositifs garantissant la transparence descomportements ne servent pas à grand-chose,dès lors que vingt pays limitent l’accès du public

Dans dix-neufpays,le lobbyingn’esttoujours pasréglementé.

Dénoncer un acte de corruptionn’est pas sans risque. On passepour un traître ou un délateur.

KEV

INCURTIS/GET

TYIM

AGES

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C’ était il y a un peu plus deunmois àHarlem, dans uncentre culturel noir amé-ricain. Rodney King pré-

sentait The Riot Within, un livre tiré del’histoire de sa vie. Une vie irrémédia-blementmarquéepar le terrible passageà tabac que lui infligèrent quatre poli-ciers de LosAngeles, en 1991.Une vidéoprise par un témoin avait fait le tour dumonde…Unanplus tard, le scandaleuxacquittement des quatre accusés provo-qua de sanglantes émeutes (53 morts),les plus graves qu’aient connues lesÉtats-Unis depuis les années 1960. Vingtans plus tard, beaucoup de choses ontchangé. Rodney King s’efforce de sur-monter le démon de l’alcool, la policede Los Angeles est désormais citée enexemple, et les ex-quartiers noirs deLos Angeles, théâtre des émeutes, sontmajoritairementpeuplésdeLatinos.Maisune chose est restée la même. Commele montre la récente affaire TrayvonMartin – un adolescent noir tué par unvigile blanc en Floride –, il est toujoursaussi difficile d’être un jeune hommenoir auxÉtats-Unis.Malgré l’élection deBarackObama et les discours apaisantsde Rodney King.

JEUNEAFRIQUE: Pourquoi avoir écrit celivre, plus de vingt ans après le dramedont vous avez été la victime?

RODNEY KING: Lemonde évolue. Lesgénérations futures seront les témoinsdechangements encore plus profonds, quivont, je crois, dans la bonne direction.J’ai écrit ce livre pour apporter quelquechosedepositif. Je voulais raconter, avecmesmots, ce quim’était arrivé. Pour lesjeunes générations, mes enfants et mespetits-enfants. Je ne voulais pas qu’ilsdécouvrentmonhistoire audétour d’unarticle de journal. L’accueil réservé à celivre est, pour l’instant, très chaleureux.

Vingt ans après, quelles traces gardez-vous de cette nuit du 3 mars 1991?

Des traces physiques, des cicatricessur mon visage et sur ma jambe briséecette nuit-là. J’ai encore des migraines,mais je n’y pense plus autant qu’avant.J’ai guéri, j’ai surmonté ce traumatisme,même s’il m’arrive encore de faire descauchemars. Il faut savoir pardonnerpour aller de l’avant et grandir. La hainen’apporte rien de bon. S’appesantir surle passé non plus.

Que pensez-vous de l’affaire TrayvonMartin?

Il y a évidemment des ressemblancesavec ce qui m’est arrivé. Quand, pour lapremière fois, j’ai entendu le cri terrifiédeTrayvon sur les bandesaudio de la police, il m’aparu étrangement fami-lier. C’était le même crique j’ai poussé il y a plusde vingt ans [l’enquête n’apas encore permis d’éta-blir avec certitude si lavoix en question est celledeTrayvonMartinoucellede George Zimmerman,son meurtrier, NDLR].Cette nuit-là, j’ai vraimentcru que j’allaismourir. J’aieu beaucoup, beaucoupde chance de m’en sortir.Malheureusement, celan’apasété lecaspourTrayvon.

Comment jugez-vous l’évo-lutiondes rapports raciauxaux États-Unis?

Ils s’améliorent, maislentement, très lente-ment. Nous avons fait duchemin, mais beaucoupreste à faire. Regardez lesprogrès réalisés dans ledomaine des technolo-gies. Eh bien, dans celui des relationshumaines, nous sommes très en retard.La ségrégation raciale perdure,mêmesiles choses s’améliorent. Il faudra encore

ÉTATS-UNIS

Remember Rodney KingEn 1991, il fut passé à tabac par quatre policiers. L’annéesuivante, l’acquittement de ses tortionnaires provoquade sanglantes émeutes à Los Angeles. Vingt ans après,il vient de publier un livre autobiographique. Rencontre.

KATY

WINN/A

P/SIPA

!RODNEY KING, au mois d’avrilà Los Angeles. Photo du haut :une image prise par un témoinde son tabassage par des policiers,le 3 mars 1991.

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du temps pour que cette ségrégationcesse complètement.

Qu’est-ceque l’électiondeBarackObamaa changé, de ce point de vue?

C’est évidemment un progrès. Unhommenonblancpourlapremièrefoisà laMaisonBlanche…Lepaysvadanslabonnedirection. Mais je trouve Obama absent,lointain. Ilneparlepasassezdessujetsquicomptent pour lesAfricains-Américains.

La justice critique de plus en plus ouver-tement les arrestationsmusclées (« stopand frisk ») pratiquées par la policenew-yorkaise à l’encontre, en premierlieu, des jeunes Noirs et Latinos…

Ce genre de pratiques policières est,par nature, discriminatoire envers lesminorités. Ce qui fait qu’il est toujoursaussidifficiled’êtreun jeunehommenoiraux États-Unis. Aujourd’hui comme en1991, nous sommes toujours regardésdifféremment. ●

Propos recueillis à New York par

JEAN-ÉRIC BOULIN

AFP

NÉ D’UN PÈRE ALCOOLIQUE, Rodney King,47ans, fut élevé à Pasadena, en Californie, parune mère témoin de Jéhovah.Très tôt, il eutmaille à partir avec la justice. Jusqu’à cette nuitdu 3 mars 1991, où, ivre, il tenta d’échapper à lapolice alors qu’il était en liberté conditionnelle.On connaît la suite. Son visage tuméfié fut l’unedes images-chocs des années 1990. De même quel’appel désespéré qu’il lança pendant les émeutesde Los Angeles: « Ne pouvons-nous passimplement vivre ensemble? » Cette phrase,il souhaite qu’elle soit gravée sur sa tombe…Dans The RiotWithin, King revient sur ce drameet ne cache pas les erreurs qu’il commit par lasuite, notamment la dilapidation des 4 millionsde dollars de dommages et intérêts obtenus lorsde son procès civil. Ruiné, aux prises avecdes problèmes d’alcool, il a participé en 2008à une émission de téléréalité consacrée auxcélébrités en cure de désintoxication. De tempsen temps, la police de Los Angeles le sollicitepour animer des ateliers avec des jeunesde la ville. Maigre consolation… ● J.-E. B.

ICÔNE MALGRÉ LUI

The RiotWithin :My Journey fromRebellionto Redemptionpar Rodney Kinget Lawrence J.Spagnola,HarperOne 2012,256 pages,18,30 dollars

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CASQUEDESCOOTERAUBRAS,cheveux ébouriffés, bouilled’éternel étudiant, il s’excusede son léger retard au rendez-

vous donné au siège du Parti socialiste(PS), rue de Solférino: «Un visa à retirerà l’ambassaded’Algérie », les salamalecs,le thé. C’est le mois de janvier, la cam-pagnedes législatives vient de commen-cer. Quelques jours avant l’entrée enpiste de François Hollande au Bourget,début de son ascension vers l’Élysée,PouriaAmirshahi préparait le casse-têtede sa campagne à lui. Investi par le PSdans la 9e circonscription des Françaisde l’étranger, il est préféré à FaouziLamdaoui, un proche de FrançoisHollande, et couvre un territoire vastede près de 10 millions de kilomètrescarrés, comprenant seize pays d’Afriquedu Nord et d’Afrique de l’Ouest. Sur leterrain, il s’appuie surun réseaucroissantd’amis et de sympathisants PS. Depuis2008, il est secrétaire national à la coo-pération, à la francophonie et aux droitsde l’homme. « L’Afrique, il connaît »,souligneundesessoutiensàCasablanca.Un siège de campagne au Maroc, unesuppléante installée enTunisie, de nom-breuses amitiés au Niger, au Sénégal,Amirshahiveutporterunprojetderuptureaprès cinq années de sarkozysme. « Ladroite est sur lamauvaise pente de l’His-toire. Son repli nationaliste sur fond dexénophobie et de peur de l’islama laisséuneprofondemarquesurnotre société »,juge-t-il. Convaincu que les Françaisattendent « un discours positif », le can-didat socialiste a bien senti dans sesdéplacements « l’impact désastreux dudiscours de Dakar ».

Engagement. « Je n’ai pas vécu deconflit interne. Je suis français. Je saisd’où je viens et d’où viennent mesparents. » En 1976, Pouria Amirshahidébarquait d’Iran, avec ses parents. Sonsouvenir le plus ancien est français: «Untourniquet à l’aéroport. J’avais 4 ans. »Opposante de gauche, samère a connula torture de la Savak, la police politiquedu Shah. La révolution khomeyniste de1979 rend l’exil permanent. Dans le petitappartement de sa grand-mère, dans leXVe arrondissement de Paris, on se serreà neuf, et la politique n’est jamais loin.Militante communiste,MouloudKhanlariaccueille de prestigieux visiteurs, dont

Jean-Paul Sartre, qui anime un comitéde défense des prisonniers politiques.« J’ai des souvenirsdeBernardKouchneret Lionel Jospin dans le petit salon! »

Le jeune homme fait ses premièresarmes dans cette famille de lettrés mili-tants avant de choisir sa propre voie.Précoce, le camaradeAmirshahi a passéplus de la moitié de sa vie à militer. Encommençantpar l’Unef-ID,dont il devientprésident à 22 ans, en 1994. Avant dedécrocher sa maîtrise de sciences poli-tiques et de devenir papa, un an plustard. Mais après avoir grillé les étapes,il doit temporiser pour mener de frontson engagement syndical, son rôle de

PouriaAmirshahiEngagévolontaireSyndicaliste, travailleursocial et journaliste debande dessinée, ce militantPS d’origine iranienne gravitla dernière marche vers lePalais-Bourbon.

! ISSU D’UNE FAMILLE ENGAGÉE, ce passionné a été investi par le Parti socialiste dansla 9e circonscription des Français de l’étranger, qui comprend 16 pays africains.

PARCOURS | D’ici et d’ailleurs

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père et son DEA de sciencespolitiques.

Ce Parisien ressent pourtant unbesoin de grand air. Fin 2005, ildébarque en Charente, aux confinsdu Limousin. Fort de son expérienceà la Mutuelle nationale des étudiantsde France (Mnef), il supervise dans ledépartement le travail de trois centresmédico-sociaux: son«établi » enprisedirecte avec les problèmes de l’en-fance, la violence conjugale et la ges-tion du RMI. « J’ai été marqué par ladignitédesgens, très loindesdiscoursde culpabilisation sur les mauvaisesmères, les profiteurs. » En 2008, il estchargé demission à la Cité de l’imageet de la bandedessinéedans cedépar-tement qui accueille le Festival d’An-goulême. Il rappelle volontiers qu’il aété le rédacteur en chef passionné dela revue NeuvièmeArt.

Idéalisme. Cette fougue, il la par-tage en politique. De janvier à juin, ila parcouru la circonscription avecplaisir, dormant chez l’habitant, tissantsa toile jusqu’au Palais-Bourbon.Notamment au Maroc, où vit la plusimportante communauté de Françaisen Afrique. Rien ne lui a été épargnéau cours de la campagne. Les com-mentaires de certains camarades quijugent risquée une candidature« chiite » dans des pays majoritaire-ment sunnites. Une « polémiqueabsurde », balayée du revers de lamain par Amirshahi. Les coups basdes rivaux, dont les allusions au scan-dale de la Mnef, dans lequel il étaitpartie civile, le font réagir sans perdreson calme. Il fait campagne sur desthématiques de proximité: scolarité,délocalisationet fermeturedesservicespublics, etc. Promis, il plaidera à l’As-sembléenationale pour le « passeportculturel de la francophonie » afin depermettre aux étudiants, chercheurset artistes de faire des allers-retoursentre leurspays respectifs et la France.Idéaliste? «Optimiste! Nous n’avonsjamais eu autant de connaissancessusceptibles de faire le bien commun.Construire un monde meilleur estpossible. » Et ça commence mainte-nant. « Attendez-vous à un geste fort,dès cet été, pour la réconciliation avecl’Algérie. » Inch’Allah! ●

YOUSSEF AÏT AKDIM

Photo : BRUNO LEVY pour J.A.

I l rêvait dechanger lepouvoir, c’est lepouvoirqui l’a changé.Deux récentsarticlesduNewYorkTimes,consacrésl’unà la cyberguerreencourscontre

l’Iran, l’autreà l’éliminationdesdjihadistesd’Al-QaïdaaumoyendedronesPredator,révèlentqueBarackObamaareprisà soncompte,accéléréetmodernisédeux«pro-grammes»engagésparsonprédécesseur– à la demande expresse de ce dernier.L’opérationdecommunicationvisantà lemettreenscène,danslaSituationRoomdelaMaisonBlanche,enchefdeguerreavisé,dur,pugnacemaisnéanmoinssoucieuxdela viehumainedès lorsque la sécuritédel’Amériquen’estpasmenacée–luidontonasi souventcritiqué lapusillanimité–, esttrop évidente pour qu’on y insiste. Noussommesà cinqmoisde laprésidentielle,c’est, si l’onpeut dire, debonneguerre. Ily a plus grave.

OLYMPIC GAMES. Car le New YorkTimes officialise en somme ce que l’onne faisait que soupçonner: lesÉtats-Unisont, depuis 2006, déclenché contre laRépublique islamique, en étroite colla-boration avec Israël, une cyberoffensivebaptiséeOlympicGames–quelhumour!–dont l’objectif avoué est de retarder deplusieursannées leprogrammenucléaireiranien.En2010,parexemple,unverinfor-matiquedénomméStuxnet futintroduit dans les contrôleursinformatiques qui font fonc-tionner les centrifugeuses de

la centrale de Natanz. En modifiant lavitesse de rotation de leurs moteurs, cedrôle d’insecte endommagea irrémédia-blement un grand nombre d’entre elles.Depuis, unenouvelle versiond’OlympicGames a été mise au point. Son nom?Flame. Elle a déjà permis de détruireun millier de centrifugeuses ultramo-dernes. Et semé une sacrée pagailledans l’industrie nucléaire iranienne.« Jamais depuis Lyndon Johnson lors dela guerreduVietnam,écritDavidSanger,l’auteur de l’article, un président n’avaitété impliqué aussi directementdansdesattaques contre les infrastructures d’unpays étranger. » Pas mal pour un PrixNobel de la paix !

De même, tous les mardis, Obama,dont Sanger loue « l’approche décom-plexée du recours à la force », participeparvisioconférenceàuneétrangeséancede brainstorming au cours de laquelleest mise à jour la Kill List (avec photoset notices biographiques) des terroristesislamistes, ou supposés tels, à éliminer.En dernier ressort, c’est lui qui prend ladécisiond’expédierunmissilesurquelquetête enturbannéeauPakistan, auYémen,enSomalieouailleurs.C’est bien simple,Charles Krauthammer, du WashingtonPost, le surnommedésormais leSeigneurdesdrones.Depuislemoisd’avril,quatorze

djihadistes présumés ontainsi été abattus au Yémen,et six au Pakistan. ●

JEAN-MICHEL AUBRIET

DÉFENSE

Obama, Seigneur des dronesDeux articles du NewYork Times le révèlent : c’est le présidentaméricain en personne qui commande l’élimination des djihadistesd’Al-Qaïda. Et supervise la cyberguerre déclenchée contre l’Iran.

WITT/SIPA

! BARACK OBAMA

changé parle pouvoir.

Europe, Amériques, Asie 57

JEUNE AFRIQUE

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I nvitée au Festival de Cannes poursondernier film,DangerousLiaisons– ça ne s’invente pas ! –, Zhang Ziyiavait brillépar sonabsence.Depuis,

la jeune femme (33 ans) ne s’exprimeplus que par communiqués de presseet avocats interposés. C’est que l’actricevedette deMémoires d’une Geisha et deTigre et Dragon est au cœur d’un nou-vel épisode du feuilleton Bo Xilai. Lapresse l’accusedeprostitution.Elle auraitreçu en échange de ses faveurs quelque110 millions de dollars d’une cohorted’hommes d’affaires et de responsablespolitiques, parmi lesquels, justement,l’ancienministreduCommerce, l’étrangeM.Bo.Excludubureaupolitique, celui-ci

est accuséde corruption, tandis que sonépouseest fortement soupçonnéed’avoirempoisonné son associé britannique.Tous deux dorment en prison depuis lemois de mars.

On espère que les prestations de lajeune femme étaient à la hauteur, car,toujours selon lapressechinoise, elle exi-geait pour chaque rencontre l’équivalentde 1,5milliondedollars. C’est unprochede Bo, un homme d’affaires de Dalian,qui servait, paraît-il, d’intermédiaire.

Desaccusationsque l’intéressée réfuteavec véhémence. « Nous avons lu dansla presse des propos diffamatoires àl’encontre de Ziyi, s’indigne son agentdans un texte rendu public le 31 mai.

Pourquoi persécuter ainsi cette jeunefemme dévouée et responsable ? Nosamisnousontconseillédenepasprendreces propos au sérieux.Mais un innocentest un innocent. Nous disons à ceuxqui ont diffusé cette rumeur que nousallons donner notre version des faits etfaire appel à la justice. Nous allons lesretrouver et nous ne les lâcherons pas. »Des plaintes ont en effet été déposées.Mais un éventuel procès servirait-il laréputation de l’actrice ?

SCÉNARIO DE L’ANNÉE.C’est la pressedeHongKong qui, la première, a révéléle scandale, vite relayéepardes journauxchinoisauxÉtats-Unis.Certainsaffirmentmême que l’actrice serait visée par uneenquête et aurait interdiction de quitterla Chine. Il est vrai que ce n’est pas lapremière fois que l’actrice se retrouveau cœur d’un scandale sexuel. En 2010,déjà, elle avait eubeaucoupdemalà fairetaire la rumeur selon laquelle elle était lamaîtresse d’unhommed’affairesmarié.Pendant près d’un mois, les journauxchinois ethong-kongais s’enétaientdon-nés à cœur joie, avant que, brutalementet sans explication, l’affaire disparaissede la une des tabloïds.

Mais la rumeur avait portéun sérieuxcoup à la réputation de l’actrice, dési-gnée en 2001 « plus belle femme dumonde » par le magazine américainPeople.Après quelques tentatives avor-tées àHollywood, elle avait depuis peuentrepris de faire son come-back enChine et termine actuellement TheGrandmasters, de Wong Kar Wai. Cenouveau scandale pourrait porter uncoup fatal à sa carrière.

Bo Xilai ne risque pas de donner desitôt sa version des faits. Il est toujoursemprisonnéàPékin, et le gouvernementréfléchit au sort qui lui sera réservé. Unprocès public pourrait en effet tournerau grand déballage et jeter le discréditsur toute la classe politique, à quatremois du plénum du Parti communiste.Quoi qu’il en soit, entre lemeurtre d’unBritannique, les relations tarifées d’unestar de la politique et de persistantesrumeurs de coup d’État, l’affaire BoXilai pourrait bien devenir le scénariode l’année. ●

SÉBASTIEN LE BELZIC, à Pékin

CHINE

Liaisons dangereusesDans Tigre et Dragon, elle jouait une experte en arts martiaux.Au cœur d’un scandale politico-sexuel impliquant Bo Xilai, la belleZhang Ziyi fait aujourd’hui vaciller la classe politique.

CHEN

KANG

-IM

AGINEC

HINA

ð L’ACTRICE CHINOISE lors de la cérémoniedes Chinese Film Media Awards, àHaikou, dans le sud du pays, le 30 mai.

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Le Camerounsort de ses frontièresLe pays prospecte de nouveaux marchés dans la zone Cemac,en Afrique de l’Ouest, au Maghreb… A-t-il les moyenset les compétences nécessaires pour miser sur cette stratégiede développement continental?

LE PLUSde Jeune Afrique

ÉCONOMIE Sur la ligne de départ

INTERVIEW Luc MbargaAtangana,ministre du Commerce

TENDANCES Points forts et maillons faibles par secteurs

PORTRAITS CROISÉS Business et bilinguisme

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ÉCONOMIESur la ligne de départ

p. 62

INTERVIEWLuc Magloire MbargaAtangana, ministredu Commerce p. 66

FINANCELa Bourse de Doualadéfie Libreville p. 72Afriland First Bank visela première place p. 74

CHANTIERSGros plan surles transports p. 78

Des complexes pourmettre les voisinssous tension p. 84Les projets dans le pipede l’aval pétrolier p. 88

AGROALIMENTAIREBras de ferchez les brasseurs p. 92

SANTÉUn pays très hospitalier

p. 96

FORMATIONDes campus de plusen plus ouverts p. 101

BILINGUISMEBusiness is business,paroles de patrons

p. 106

ILENVADELACONQUÊTEdesmar-chés en Afrique centrale comme del’ascension du mont Cameroun, unvolcan qui culmine à 4070 m d’alti-

tude sur la façade Atlantique du pays :pour franchir la ligne d’arrivée, il fautse préparer à une course d’obstacles etd’endurance.Devant l’ampleur de la dif-ficulté, l’athlète Cameroun a longtempshésité à prendre la ligne de départ tantle parcours est escarpé.

Les sixÉtatsde laCommunautéécono-miqueetmonétaire de l’Afrique centrale(Cemac) sont encore loin de constituerun bloc uni par un idéal politique com-mun. L’union économique etmonétaire

n’est pas parvenue à éliminer toutes lesbarrières.Dans certains pays de la zone,commerçantsetentrepreneurs travaillentencore avec lapeurde tout perdre augrédes sautes d’humeur de la police auxfrontières. Laméfiancemutuelle conduitles décideurs à se traiter en rivaux plu-tôt qu’en partenaires. Le libre-échangereste doncun chantier inachevé, que lesdirigeants devrontpourtant faire aboutirs’ils espèrent vraiment rejoindre le clubdes pays émergents.

Endépitdecesentraves, leCamerouna des atouts dont il serait bien avisé deprofiter. Sa position centrale fait de luile voisin de l’ensemble des pays de laCemac. À l’Ouest, il partage en outreplus de 2 000 km de frontière avec lemastodonte démographique nigérian.Dans cet écosystèmeplus que favorablevivent 250millions de consommateurs.

Il était temps de voir plus loin et plusgrand. Il était tempsdemettre enœuvreune vision susceptible de libérer la forcecréatricedes jeunesdansunespacesous-régional qui ne leur est pas étranger. Il

était temps que les projets sortent descartons,quedémarrentenfin leschantiersroutiers, portuaires et ferroviaires, quela fibre optique fonctionne et irrigue lespays de la Communauté.

L’histoire des changements écono-miques et sociaux enseigne qu’ils sonttoujours précédés par l’apparition demoyensde communication susceptiblesd’accélérer lacirculationdeshommes,desbiensetdes informations.Auxentreprisescamerounaisesdes’adapteràcettevisionsupranationale. Aux cadres de mettreen œuvre des stratégies de développe-ment. Aux écoles d’ajuster leurs offresde formation.

Quelques pionniers,notamment en matière deservices financiers, ont déjàpignonsur ruedansd’autrespays de la région, voire au-delà.À l’export, le «made in

Cameroon » semble gagner des pointsen zone Cemac. Reste à s’attaquer aumarché nigérian.

Lastabilitépolitiquedupaysest l’autreatoutmajeurde cette offensive. Les tran-sactions commerciales n’aiment ni lebruit ni la fureur des troubles sociopoli-tiques. Assuréde la sécuritédupipelinequi évacue le pétrole de Doba (sud duTchad) vers la côte camerounaise deKribi,N’Djamenapeutdormir tranquille.

Pays stable, certes,maisdont les ambi-tions de croissance pourraient para-doxalementêtre contrariéespar le fracasde l’opérationde lutte anticorruption encours. Censés rassurer les investisseurs,les procès en cascade de hauts commisde l’État tendent plutôt à les détournerdu Cameroun, d’autant qu’ils mettentincidemment au jour les insuffisancesde la justice. Cet assainissement aulong cours tétanise les fonctionnairesetmine le climatdeconfiancenécessaireaux affaires. Mais, en sport comme enéconomie, seule la préparation fait lesvainqueurs. ●

Plus loin et plus grand

PréludeGeorges Dougueli

Le Plus de Jeune Afrique

Le « made in Cameroon » gagnedes points en zone Cemac. Resteà s’attaquer au marché nigérian.

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Le Cameroun a le dos large, et les cri-tiques ne l’ont jamais épargné. Ellesblâment ce géant régional de plus de20 millions d’habitants en désespé-rant de le voir un jour faire décollerl’économiede l’Afriquecentrale. Elles

fustigent le catalogue de promesses non tenuesd’un pays où les chantiers sont restés trop long-temps inachevés. Elles regrettent le train des

Sur la ligneSur la lignedede départdépart

GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial

La locomotive de la Cemac se remet enfin en marche etmise, très visiblement, sur le développement à l’export.

Au-delà des marchés voisins, leurs premières cibles,les entreprises publiques et privées prennent

position en Afrique de l’Ouest et au Maghreb.Et certaines prospectent déjà plus loin.

JEAN

PIERREKEP

SEU

Ì LETRANSCAMEROUNAIS,QUI RELIEYAOUNDÉ À

NGAOUNDÉRÉ (NORD),pourrait être prolongéjusqu’à N’Djamena,auTchad. Un projetdévoilé en mai par legroupe français Bolloré.

ÉCONOMIE

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Le Plus deJeune Afrique

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2008 2009 2010 2010 2011 2012

2010 2011 2012* 2013*0

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PIB (en milliards de dollars,en prix courants, éch. de gauche)

Croissance (variation du PIBen %, en prix constants, éch. de droite)

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Investissementsdirects étrangers(en millions de dollars)

Investissementsen % du PIB

PIB/habitant1 190 $

Inflation2,9 %

22,2

270337

425 16,118,4 19

22,5 25,8 25,5 27,5

2

2,9

4,24,7 4,5

réformes enterrées de ce leader débonnaire dela Communauté économique et monétaire del’Afrique centrale (Cemac), s’agacent de voir cettelocomotive à la puissance entrepreneuriale pro-metteuse se complaire dans les douceursmollesde l’inertie. Son orgueil national à fleur de peau,sa diplomatie discrète, voire hésitante, et sesmauvaises mœurs clientélistes ne lui valent pasnonplus l’admirationde ses voisins. Cependant,dans le concert des détracteurs les plus virulents,la voixdesCamerounais, souvent sévèresà l’égardde leur propre pays, porte souvent plus loin quecelles des autres Africains.

DIAGNOSTIC.Mais voilà, endépit de cette ritour-nelle, lepaysbouge.Pourquecelasesache,encorefaudrait-il que les dirigeants, qui sont pourtantles principales ciblesdes critiques accablant leurpays, se donnent la peine de communiquer. Caril y a dequoi rassurer les plus sceptiques.À com-mencer par les experts de la mission du Fondsmonétaire international (FMI) dirigéeparMariode Zamaróczy, qui, du 2 au 16 mai, sont venusprendre le pouls du champion au réveil et testersa capacité à quitter le banc de touche pour selancer, enfin, dans la course au développementen entraînant ses voisins dans son sillage.

Une fois n’est pas coutume, même si la crois-sance reste très en deçà de son potentiel et quecertains indicateurs inquiètent encore (lire p. 69),le diagnostic est plutôt bon. Il relèvenotammentque depuis 2009 la croissance de l’économiecamerounaise, habituée aux soubresauts, se faitrégulière. Le FMI revoit même ses prévisions àla hausse, avec un taux de croissance attenduà 4,7 % en 2012 (au lieu de 4,1 %) grâce à unrebond de la production et des exportationspétrolières,mais aussi « àune augmentationdesinvestissements publics dans les grands projetsd’infrastructures ». Pour « libérer véritablement

YaoundéDouala

Garoua

CONGOGABONGUINÉE ÉQU.

NIGERIA

RÉP.CENTRAFR.

TCHAD

Golfede Guinée

CAMEROUN

200 km

NIGE

200 km

SOURCES

:FMI(AVRIL

2012

ETMISSION

PAYSDEMAI2

012),C

NUCED

* PRÉVISIONS FMI

Les indicateurs frémissent

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le potentiel de croissance du Cameroun, il estvital de réduire les obstacles […] en continuantde corriger les contraintes en matière d’infras-tructures, en augmentant la qualité et l’efficiencedes dépenses publiques et en améliorant la gou-vernance et le climat des affaires », sans oublier« d’accélérer l’intégration régionale », conclut lepremier rapport publié à l’issue de la mission.

INTÉGRATION.Enl’occurrence, lesprojets structu-rants sont sortisdes cartons. Ilsdevraientmontrerà quel point le pays s’est tourné vers ses voisins.Si l’intégration régionale (qui passe par la faci-litation de la libre circulation des personnes etdes biens) est en panne au sein de la Cemac,depuis quelques mois, le Cameroun et ses par-tenaires sous-régionaux font avancer les projetsd’infrastructures, notamment enmatièrede transports.

C’est le cas de la réhabilita-tionde la routeMaroua-Mora-Kousseri-N’Djamena. Trèsdégradé, cet axe est névral-gique pour le Tchad,enclavé : il constitueun tronçon du corri-dor reliant sa capitaleau port de Douala. Leprésident Idriss DébyItno est venu en dis-cuter à Yaoundé avecson homologue came-rounais, Paul Biya, endécembre2011. Il suit parailleurs avec intérêt lepro-jet annoncémi-mai par legroupe français Bolloré,actionnaire de référencede Cameroon Railways(Camrail), de prolongerla voie de chemin de fer ducélèbre Transcamerounaisde Ngaoundéré (Nord) jusqu’àN’Djamena.

Le Tchad a des ressources pétrolières etminières, le Cameroun lui ouvre ses débouchésportuaires et ses voies de communication pourlesexporter. L’exempledupipeline reliant lesdeuxpays, exploitépar l’américainExxonMobil, inspired’autres projets. LeCameroun exporte aussi verssonvoisindesproduits agroalimentaires, proposele raccordementde leurs réseaux électriques (lirepp. 84-85) et offre ses compétences techniques.AES-Sonel et la Société nationale d’électricité(SNE) duTchadont ainsi signé endécembreuneconventionde formationetd’échangespermettantà des techniciens tchadiens d’être accueillis surplusieurs installations d’AES-Sonel.

Autre exemple d’intégration, le 16 mars der-nier, Idriss Déby Itno a inauguré à N’Djamena

le réseau national tchadien de fibre optique (lirep. 79). Belle opportunité pour Camtel, qui gèrele réseau au Cameroun : l’opérateur à capitauxpublics a signé, findécembre2011, avec laSociétéd’infrastructures de transmissiondes communi-cationsélectroniquespar câbleà fibreoptiqueduTchad (Sitcom) une convention commerciale ettechniqued’interconnexiondes réseaux terrestresde transmission à fibre optique, dont Camteldevient l’opérateur technique.

Le Cameroun s’ouvre également un peu plusvers sonvoisincongolais. Lebitumagedes650kmde la route Sangmelima-Ouesso (dont 340 kmauCongoet 310kmauCameroun), encours, devraitfaciliter la liaison entre le sud du Cameroun etle nord du Congo. Ce dernier devrait également

bénéficierde lacréationd’une lignedecheminde fer reliant la mine de fer de Mbalam

(est du Cameroun) au complexeindustrialo-portuaire de Kribi

(sud du pays, lire pp. 78-79).D’ici à 2014, le port en eauprofonde pourra accueillirdes bâtiments d’un tirantd’eaude15à16metd’unecapacité allant jusqu’à100000 tonnes.

Enfin, parmi lesautres grands projetsd’intégration régionale,Yaoundémilite pour laréalisation d’un corri-dor de transport et dedéveloppement entreKribi (Cameroun),Bangui(Centrafrique)etKisangani (RD Congo),

quiprévoitdesbretelles verslaGuinéeéquatoriale, leGabon

et le Congo.

OFFENSIVE. S’il part auservice et à la conquête du

marché africain, le Camerouns’ouvre aussi un peu plus aux

entreprises étrangères. Cela sevérifie dans tous les secteurs, de

l’énergie aux matériaux et au BTP, en passantpar l’agroalimentaire et les services. Ainsi del’offensive des banques africaines, de plus enplus nombreuses à s’installer. Le groupe gabo-nais BGFI Bank a obtenu en 2010 l’agrément dela Commission bancaire de l’Afrique centrale(Cobac) pour s’implanter àDouala et a lancé sonactivitéenmars2011,dansunmarchéoùd’autresacteurs continentaux commeAttijariwafa Bank,BanqueAtlantique, Ecobank ouUnitedBank forAfrica (UBA) collectent déjà l’épargne publique.Les frontières s’ouvrent et les pays voient grand.Le Cameroun ne fera plus exception. ●

SOURCES : FMI (AVRIL 2012 ETMISSION PAYS DE MAI 2012),BANQUE MONDIALE, CNUCED

Quelle placeau sein

de la Cemac?Cemac,ses par-projetse

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Congoet 310kmauCameroun)faciliter la liaison entre le sudle nord du Congo. Ce dernier d

bénéficierde lacréationd’unde fer reliant la mine d

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(sud du paysD’ici à 2014profondedes bâtimed’eaudecapaci100000

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quiprévoitlaGuinéeéqua

et le Congo

OFFENSIVEservice et à

marché africais’ouvre aussi un

entreprises étravérifie dans tous

l’énergie aux matériaux et auSOURCES : FMI (AVRIL 2012 ETMISSION PAYS DE MAI 2012),BANQUE MONDIALE, CNUCED

TCHAD

CENTRAFRIQUE

GUINÉE ÉQU.

PIB(en milliards de dollars)

Investissementsdirects étrangers(en millions de dollars)Investissements(en % du PIB)

Climat des affaires(Rang sur 183 pays classésdans le rapport « DoingBusiness » 2012)

Rang surles 6 paysde la Cemac

CONGO

GABON

9,9 781 22,5 183e

2,2 72 14e 182e

15 2 816 28,2 181e

18 170 27,3 156e

22,3 695 33,7 155e

CAMEROUN25,5 425 19 161e

1er 4e 5e 3e

250 km

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

64 Le Plus de J.A.

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✔ Définition et conduite de la politiquemonétaire

✔ Émission de lamonnaie✔ Conduite de la politique de change✔ Promotion de la stabilité financière✔ Gestion des réserves officielles

de change✔ Promotion des systèmes de paiement

et de règlement

La Banque desÉtats de l’Afrique Centrale (BEAC) est la Banque Centrale de la CEMAC,pilier de la coopération monétaire,fleuron et socle de l’intégration dans la CEMAC.

BEAC, Banque des États de l’Afrique Centrale BP 1917, Yaoundé, Cameroun - Tél. : (+237) 22 23 40 30, Fax : (+237) 22 23 34 68 - www.beac.int

Banque des États de l’Afrique Centrale

La BEAC est la Banque centrale commune des six Étatsqui constituent la Communauté Economique et Monétairede l’Afrique Centrale, la CEMAC : Cameroun, Centra-frique, Congo,Gabon,Guinée équatoriale etTchad.

Les 22 et 23 novembre 1972, furent signés à Brazzaville auCongo les accords de coopération monétaire, qui portèrentla BEAC sur les fonds baptismaux.Précieux héritage de leurs lienshistoriques et privilégiés nouésavant les indépendances, la BEACtémoigne de la ferme volonté desÉtats membres de poursuivre une coopération monétairemutuellement bénéfique, pilier de l’intégration dans lasous-région de l’Afrique Centrale. Ce, au service de leursPeuples respectifs.

La BEAC est un établissement public international afri-cain régi par ses statuts, la Convention instituant l’UnionMonétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ainsi que laConvention de coopération monétaire passée entre laFrance et les États membres de l’UMAC.

La BEAC émet la monnaie unique, le franc CFA, ayantcours légal et pouvoir libératoire sur le territoire de l’en-

semble des pays de l’UMAC et en garantit la stabilité.Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien auxpolitiques économiques générales élaborées par les Étatsmembres.Chargée à ce titre de définir et de conduire la po-litique monétaire de l’UMAC, de conduire la politique dechange, de gérer les réserves officielles de change des États-membres, de veiller au bon fonctionnement des systèmes

de paiement et de promouvoir la stabilitéfinancière, la BEAC est un organe essen-tiel de l’intégration économique en AfriqueCentrale.

Grâce, d’une part, à l’esprit de solidarité et de disciplinede ses États membres et, d’autre part, à la capacité d’adap-tation à son environnement en perpétuel mouvement, laBEAC continue de donner satisfaction à tous les acteursdu développement économique et social des États de laCEMAC. Son efficacité, son indépendance et son autoritésont le gage de la confiance des populations et des entre-prises, africaines ou internationales, en la monnaie émisepar la BEAC. En effet, le franc de la Coopération Finan-cière en Afrique Centrale (franc CFA) est l’une des mon-naies africaines les plus stables depuis les indépendances,du fait, en particulier, d’une politique monétaire rigoureuseet clairvoyante.

1972-2012 :Quarante ans auservice de l’Afrique Centrale

Comm

uniqu

é

MAB

OUP

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L e juste prix…Depuis prèsdehuitans qu’il occupe les fonctionsde ministre du Commerce, LucMagloire Mbarga Atangana,

58 ans, a fait de la stabilisation des prixson principal cheval de bataille. Parfoisbien seul dans son combat, ce négocia-teur habile et rompu à l’exercice par unelonguepratiqueauseinde l’Organisationmondiale du commerce (OMC) – où ilprend part aux discussions agricoles entantqueporte-paroledespaysd’Afrique,desCaraïbesetduPacifique (ACP)–mul-tiplie lesconcertationsavec lesopérateurséconomiquespouraméliorer lacompéti-tivitédesproduits locaux. Promoteurdu«made inCameroon», l’anciensecrétaireexécutif de l’Association bananière duCameroun (Assobacam) souhaite voirsonpays limiter ses importationsalimen-taires, tout en augmentant la valeur deses exportations vers la sous-région afinde rééquilibrer la balance commercialedu pays.

JEUNEAFRIQUE:Malgré la bonne tenuede ses exportations, le Camerounafficheune balance commerciale globale défici-taire depuis 2006. Faut-il s’en inquiéter?

LUCMAGLOIREMBARGAATANGANA:

On peut le déplorer, mais ce déficitconfirme aussi un regain certain del’activité économique dans le pays,qu’il faut replacerdans laperspectiveduDocumentdestratégiepour lacroissanceet l’emploi [DSCE, pour la période 2010-2020,NDLR], visantà faireduCamerounun pays émergent à l’horizon 2035.Nous importons essentiellement des

carburants, du ciment, des machines-outils ou encore des équipements élec-triques, et électroniques car ce sont desproduits nécessaires audéveloppementde l’appareil industriel du pays.

Le déficit se creuse un peu plus chaqueannée. Comment inverser la tendance?

Pour rééquilibrer notre balance

commerciale,nousdevonsexporterencoredavantage. L’arrivée de nouvelles unitésde production dans l’industrie lourde,notamment, va contribuer à doper nosexportations.Nousdevonségalementnouslimiterà l’essentiel, enveillantà répondresurtoutauxbesoinsdenotreoutil depro-duction.Environ16%denosimportationssont encore liées aux produits alimen-taires.Danscedomaine, il fautque lepaysatteigneunniveaud’autosuffisance.Celaa été le cas sur la filière avicole: en cinqans, leCamerounaarrêtéd’importerde lavolaille.Celapeutdoncêtrefaitsurd’autresproduits, comme le riz ou les céréales.

Luc Magloire Mbarga Atangana« Nous avons une très belle carteà jouer aux États-Unis »Tout en confortant ses exportations sur un marché régional de 250 millions de consommateurs,le pays met le cap sur l’Afrique du Sud et le Maghreb. Le ministre du Commerce explique commentil peut et doit, aussi, prendre des positions en Amérique du Nord.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

�À 58 ANS, CE PROMOTEUR DU « MADE IN CAMEROON » occupe ses fonctionsdepuis près de huit ans.

Nous plaidons auprès deWashingtonpour la création d’un hub commercial à Douala.

STRATEGIE

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.66

Page 67: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Bois Cacao Aluminium Coton Café Caoutchoucnaturel Bananes

30,2 %

12,6 %

7,6 %

4,2 % 3,5 % 3,2 %2,7 %

Quelsmarchés le pays vise-t-il pour aug-menter ses volumes d’exportation?

Il faut tout d’abord renforcer notreintégration régionale. C’est l’undes axesprioritaires définis par le chef de l’État,notamment en direction du marché delaCemac [Communauté économique etmonétaire de l’Afrique centrale], élargiaux pays de la Ceeac [Communautééconomique des États de l’Afrique cen-trale], dont le potentiel est estimé àprèsde 110 millions de consommateurs. LeCamerounaégalement la chanced’avoirà l’Ouest un voisin puissant, le Nigeria,qui compte 150 millions d’habitants.Noussommesdoncaucœurd’unmarchérégional de 250 millions de consom-mateurs, proche par la taille de celuides États-Unis et sur lequel les produitscamerounais trouvent déjà leur place.Nousportonsaussinotreattentionvers lespays émergents : la Chine, avec laquellenous échangeons déjà beaucoup, et lesautresBrics [acronymedésignant lespaysémergents lesplusavancés:Brésil,Russie,Inde, Chine, Afrique du Sud], comme leBrésil et l’Inde.Unevéritable stratégiedediversificationdenosmarchésà l’exportaétémiseenplace, illustréepar la tenuedesJournées économiques et commercialesdu Cameroun, dont les éditions 2012auront lieu auMaroc, auxÉtats-Unis, auBrésil et au Nigeria.

Rienn’estprévuavec l’Unioneuropéenne,qui représente un tiers des échangesdans les deux sens et reste le premierpartenaire commercial du Cameroun?

Nous voulons bien sûr renforcer nosrelations traditionnelles avec l’Europe.Les négociations ont été ouvertes pourlacréationd’unvéritablepartenariatéco-nomique à l’échelle de la Cemac, qui, àterme, devrait également soutenir nosexportations.Enattendantqu’untelaccordseconcrétise, nous regardonségalementvers l’AmériqueduNord,etplusspéciale-mentlesÉtats-Unis.Leprocessusdel’Agoa[African Growth and Opportunity Act]ouvrelepaysauxpartenaireséligibles,dontle Cameroun, qui sont alors exonérés dedroitsdedouane.Nousavonsdanscecadreune très belle carte à jouer, notammentsur le secteur des produits alimentaires.Lespossibilitésexistentetnousvoudrionsdésormaisbénéficierde l’assistance tech-nique nécessaire pour nous installer surle marché américain, très complexe etexigeantenmatièredenormes.Nousplai-donsd’ailleursencesenspour lacréation

d’unhubcommercial surDouala, afindeneplusdépendred’Accra, commec’est lecas actuellement.

Comment doper vosmontants à l’exportet quels sont les secteurs à dynamiser?

Pour commencer, nous devons veil-ler à apporter de la valeur ajoutée à nosproduits. L’objectif pour ces prochainesannéesestdoncdedévelopper latransfor-mationlocale,enamontdesexportations.Sur le bois, il faut poursuivre nos effortspour transformer sur place les essencesraresetnobles.Nousnetransformonsque

4 % des 200000 tonnes decotonquenousproduisonschaqueannée; lamargeest,là aussi, importante. Il fautégalementaméliorer lapro-ductivitédenos filièresclas-siques,commelecacaoet lecafé, qui, selonmoi, ont unbel avenir : nous exportons250000 t de fèves de cacaoparan,alorsquenouspour-

rionsenexporter trois

fois plus ; même constatpour nos 50 000 t de café. Le gou-

vernement est par ailleurs très attentif àl’évolution de la filière fruits et légumes,à commencer par la banane [dont leCamerounest lepremierexportateurdespaysACP] : nous en expédions 270000 t/an, quand le seuil de rentabilité nousimposerait d’en sortir le double.

Sur quelles autres filières pensez-vousqu’il faut miser?

Le Cameroun a la chance de dispo-ser d’un tissu économique très diver-sifié. Nous devons en profiter, en nousappuyant sur le cadre stratégique quenous donne le DSCE. Les produits agri-coles ont un vrai potentiel. Je pensenotamment à l’ananas, à l’avocat et,surtout, à la mangue, déjà très appré-ciée enAllemagne et dans denombreuxpays d’Asie. La fleur dispose aussi d’unpotentiel nonnégligeable,mêmesi c’estune niche très concurrentielle. Enfin, lepoivredePenjapeutégalement trèsbienvoyager.Sesvolumesrestentencoreconfi-dentiels, avec une trentaine de tonnesexportées par an, mais je suis persuadéque nous pouvons multiplier ce chiffrepar dix ou par vingt. En outre, l’intérêtde ces filières est de pouvoir créer et

Évolution du volumede biens et servicesexportés (en %)

Évolutiondu volumede bienset servicesimportés(en %)

(* prévisions)

2009

2010

2011

2012*2013*

pour nos 50 000 t de café. Le governement est par ailleurs très attentl’évolution de la filière fruits et légume

rionsexporter tr

fois plus ; même cons

Évolution du volumede biens et servicesexportés (en %)

(* prévisions)

2010

2011

Évolutiondu volumede bienset servicesimportés(en %) 2013*

+ 4,6

– 1,2

+ 1

+ 7,8

+11,8

+ 5,4

+ 7,3

– 2,7

2012*

+ 5,4+

+ 4,1

2009

– 6,6

LES EXPORTATIONS PROGRESSENTDE FAÇON CONTINUE

PRINCIPAUX PRODUITS À L’EXPORT(en % des recettes, hors pétrole)

SOURCE:INST

ITUTNATIONALDELA

STATIST

IQUE

SOURCE:F

MI(AVRIL

2012

)

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le Cameroun sort de ses frontières 67

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fixer des emplois enmilieu rural. Je peuxégalementvousparlerdesmatièreséner-gétiques et industrielles. Nos barragesvont avant tout alimenter enélectricité lemarchédomestique,mais aussi celui denosvoisins,commeleNigeriaouleTchad.

La réalisationd’infrastructuresmajeuresà l’échelle sous-régionale va-t-elle facili-ter la conquête de nouveaux marchés?

Sans infrastructures, aucun échangen’est possible. Avec l’aide de ses par-tenaires internationaux, le Cameroun

est relié à l’ensemble des capitales de larégion, et cette toile devrait s’étendre,notamment en direction du Nigeria. Laconstructionduport eneauprofondedeKribi va également renforcer notre com-pétitivité. Il nous permettra de densifiernos échanges et de faire des économies

d’échelle importantes, cequiest essentieldans le contexte concurrentiel actuel.

Quels sont les dispositifs créés poursoutenir les exportateurs et pour attirerles investissements directs étrangers,chroniquement faibles au Cameroun?

Nousmettons en place des politiquesincitatives endirectiondenos interlocu-teurs privés dans le cadre de la Chartedes investissements au Cameroun,qui a justement pour but de protégerles investisseurs. Par ailleurs, l’un des

grands chantiers du gouvernement estd’élaborer les codes sectoriels destinésà encadrer [les filières] et à rassurer lesinvestisseurs nationaux et étrangers.Nous bénéficions d’une stabilité poli-tique exemplaire dans la région, quenousallons renforcer avecunemeilleure

gouvernance économique en luttantcontre le phénomène de corruption.C’est un signal fort que nous voulonsenvoyer aux investisseurs. Enfin, j’ajouteque leCamerouna ratifié l’ensembledesconventions internationales d’arbitrage,ce qui constitue une autremesure inci-tative importante.

Que pensez-vous de l’annonce faite lorsde la conférence de l’Union africaine,en janvier dernier, de la création d’unezone de libre-échange sur l’ensemble ducontinent dès 2017?

Le Cameroun y adhère pleinement.À nous de nous tenir prêts quand il lefaudra, afin d’assurer la promotion denos produits avant les autres. Les dis-cussions sont très politiques, mais vontdans lebon sens. Il est eneffet importantde se rassembler au niveau régional etcontinental avant departir à la conquêtedumarchémondial…Lamondialisationest unprocessusparétapes, qui démarreforcément par la régionalisation. ●Propos recueillis à Yaoundé par OLIVIER CASLIN

Le port en eau profonde de Kribi nouspermettra de densifier nos échanges.

Afrique du Sud, Algérie, Angola, Burkina Faso, Burundi,Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon,Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Liberia, Mozambique, Nigeria,Soudan, Tanzanie, Togo, Uganda, Zambie, Zimbabwe.

Olam est présent en :

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Le Plus de J.A.68

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AU ROYAUME DE LA BELLE AU BOIS DORMANTqu’est le Cameroun, une mauvaise nouvelleprépare la voie à une bonne : le déficit de labalance commerciale s’est dégradé et a atteint

800millions de dollars (626millions d’euros) en 2011… Cequi veut dire que le pays s’est mis à importer massivementles engins de chantier qui vont lui permettre de réaliser,enfin, les grandes infrastructures qui lui manquent cruel-lement, à commencer par le fameuxbarrage hydroélectriquede Lom Pangar, dont le projet remonte à plus de vingt ans!

Le port en eau profonde de Kribi devrait suivre, et l’onpeut espérer que le Cameroun commencera dans lesprochaines années à corriger le déficit en investissementset à supprimer les goulets d’étranglement qui ligotent sonéconomie.

Ça bouge aussi du côté du comportement du gouverne-ment vis-à-vis des entreprises, comme le constate AndréFotso, président deTAF InvestmentGroupet patron du Groupement interpatronaldu Cameroun (Gicam). « La volonté dedialogue affichée par la plupart des admi-nistrations, notamment depuis le dernierr eman i emen t m i n i s t é r i e l d edécembre 2011, est le principal acquis sur lequel noustablons, déclare-t-il. Nous disposons aujourd’hui de deuxplateformes de concertation: le Cameroon Business Forum,rattaché au Premier ministre [PhilemonYang, NDLR], quitravaille à gommer les entraves au développement desentreprises en améliorant le climat des affaires, et le Comitéde suivi créé par le ministre de l’Économie [EmmanuelNganou Djoumessi], dont lamission est de veiller à lamiseen œuvre des recommandations pour accélérer lacroissance. »

Restent quelques obstacles de belle taille. Malgré unecroissance de 4,2 % en 2011 et de 4,7 % annoncée pour2012, le Fonds monétaire international (FMI) a publié le17 mai un communiqué assez raide à l’issue de sa revueannuelle de l’économie camerounaise, qui déclare que« les dépenses courantes ont dépassé les crédits budgé-taires et [que] de nouveaux impayés se sontaccumulés ».

Pourquoi?À cause des subventions aux carburants queles autorités ne veulent pas baisser pour ne pas susciterdes révoltes telles que celles qui ont agité le Nigeria audébut de l’année. On voit mal comment le gouvernement,réputé pour son immobilisme – même par temps calmeet quels que soient ses membres – pourrait suivre les

recommandations hardies du FMI préconisant « l’élimi-nation progressive de ces subventions, [qui] pourraits’accompagner du déploiement d’un dispositif de protectionsociale ciblé en faveur des couches les plus vulnérablesde la population ».

Autre épine dans le pied, la faible intégration régionale.Certes il semble que, d’une part, le commerce se développeavec le Nigeria, et pas seulement enmatière de carburants.Et que, d’autre part, les projets routiers et énergétiquesauxquels travaillentYaoundé et N’Djamena les relieraientplus étroitement, desservant au passage un Nord came-rounais où la pauvreté progresse, selon la Banquemondiale.

Mais tout cela est encore dans les cartons, et lamédiocritéde l’action de la Communauté économique et monétairede l’Afrique centrale (Cemac) enmatière de développementdes échanges régionaux attire beaucoup de critiques. « Il

ne serait pas exagéré de dire que le processus d’intégrationen Afrique centrale semble patauger », souligne AndréFotso, dont les revendications se limitent pour l’instant à« la mise en œuvre effective du passeport Cemac et à lalibre circulation des personnes et des biens dans lasous-région ».

Et puis il y a le chancre persistant de la corruption. LeCameroun a gagné douze places dans le classement 2011de l’ONGTransparency International, mais il demeure 134e

sur 183 pays analysés. Un rang pas vraiment rassurantpour les investisseurs, comme le prouve la triste histoiredes baskets Sawa (vendues chez Dover Street Market àLondres, Comme desGarçons àTokyo,WoodWood à Berlinet au Printemps à Paris), qui ont quitté l’an dernier leCameroun pour l’Éthiopie.

Le quotidien économique français Les Échos racontedans son numéro du 2 mai que toutes les matières pre-mières venaient d’Afrique et que les cordonniers camerou-nais faisaient merveille. Mais il fallait négocier pied à piedtoutes les taxes sur le port de Douala et, au final, leurmontant ne permettait plus à la société d’être rentable.C’est donc en raison de la corruption que ses fondateursont dû quitter le pays, « la mort dans l’âme ». ●

Enfin le réveil?

Opinions & éditoriauxAlain Faujas

DÉCRYPTAGE

On voit mal comment le gouvernementpourrait suivre les recommandations

hardies du Fonds monétaire international.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le Cameroun sort de ses frontières 69

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Le Ministère de l’Eau et de l’Énergie joue une partition décisivedans le cadre du Document de Stratégie pour la Croissanceet l’Emploi (DSCE). Il contribue activement à faire du Came-

roun un pays émergent à l’horizon 2035. Chargé de concevoir lesmodalités de mise en œuvre de la politique du gouvernement dansles domaines des ressources en eaux et en énergie, le nouvel orga-nigramme, créé le 9 décembre 2011, met plus en avant le secteurde l’eau. Le MINEE est en train de faire du Cameroun un véritablechantier d’avenir.

Délestages électriques ou pénuries d’eau, sa mission est d’abordd’améliorer le plus vite possible l’accès des citoyens et des entre-prises à ces deux ressources. À plus long terme, le MINEE est encharge de projets qui doivent redynamiser l’économie en accélérantson industrialisation. Il est appuyé dans cette tâche par les pouvoirspublics, représenté par le Ministre qui a en charge des sociétéssous tutelles, et par ses nombreux partenaires internationaux.

Lom Pangar, la pièce maîtresseC’est sans doute le projet le plus important sur lequel le MINEE est en-gagé : la construction d’un barrage d’une capacité totale de 7 milliardsde m3 d’eau à Lom Pangar, sur le fleuve Sanaga, à l’est du pays. Sonplan de financement a été approuvé en mars dernier par la Banquemondiale, en partenariat avec la Banque africaine de développement(BAD), la Banque de développement des États de l’Afrique centrale(BDEAC), la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Agence

française de développement (AFD) et le gouvernement du Cameroun.Le débit accru de la Sanaga va permettre aux deux centrales hy-dro-électriques présentes sur son bassin versant d’améliorer leurproduction. La production sera encore augmentée par la centraleen cours de construction par une entreprise chinoise. Près de5 millions de Camerounais vont bénéficier de ce projet dont lecoût intégré est estimé à 200 milliards de francs CFA. Des par-ticuliers, mais aussi des entreprises dont la productivité ne seraplus entravée par les délestages.

Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest

Le 12 avril dernier, le contrat de construction de la centrale hy-dro-électrique de Memve’ele, sur le fleuve Ntem, dans le sud duCameroun, a été signé par Monsieur le Ministre. D’une capacitéde 201 MW, sa réalisation a été co-financée par l’Exim Bank ofChina. Sa mise en service est prévue entre 2015 et 2016.

C’est tout le pays qui est concerné par les grands travaux, à com-mencer par la capitale, Yaoundé, où la station de la Mefou esten construction. De même la première phase de l’usine d’eaude Yatto est achevé depuis juin 2010. La réhabilitation de nom-breuses stations va procurer 200 000 m3 d’eau supplémentairespar jour à la population de la ville. Également en cours : le pro-jet d’alimentation en eau potable de 52 centres dans plusieursrégions, sur financement de la banque belgo-française Dexia.

Le Ministère de l’Eau et de l’Énergie est en première ligne dans la stratégie qui doit faire du Camerounun pays émergent à l’horizon 2035. Engagé à la fois dans des programmes d’urgence et des projetsstructurants, il doit améliorer les ressources énergétiques du Cameroun avant d’en faire un pays exportateur.

Barrage Songloulou. Usine de traitement d’eau. Usine de traitement d’eau. Salle des groupes électriques.

Centrale thermique de Limbé salle de commande. Centrale Hydro Metche.

Ministère de l’Eau et de l’Énergie du Cameroun

L’eau, l’énergie, l’émergence

Page 71: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

INTERVIEWAtangana Kouna Basile,Ministre de l’Eau et de l’Énergie

« Combler le déficitactuel entre l’offreet la demande »Quelles sont les grandes lignes du plan d’action de votre dépar-tement ministériel ?Le MINEE a d’abord opté pour une stratégie de rattrapage de notredéficit dans les secteurs qu’il gère. Nous mettons un accent particuliersur l’approvisionnement en eau potable dans les milieux urbains et ru-raux, à travers la concrétisation des projets d’adduction et de construc-tion de forages. Pour relever le défi énergétique, nous devons aussiconcrétiser nos nombreux projets structurants simultanément avec laréalisation du programme d’électrification rurale. Nous nous attelonségalement à améliorer notre programme de promotion et de diversi-fication des sources d’énergie nouvelles et renouvelables afin de tenircompte des exigences du développement durable. LeMINEE continuepar ailleurs d’assurer l’approvisionnement du pays en produits pétro-liers et en gaz, en qualité et en quantité. C’est enfin à lui qu’il revientd’élaborer les projets de textes d’application de la nouvelle loi qui régitle secteur de l’électricité.

Peut-on espérer voir s’étendre la couverture du territoire en eauet électricité, en 2012, en zone urbaine et rurale ?La réforme du secteur de l’hydraulique, basée sur le partenariatpublic-privé, s’est concrétisée par la mise en place de deux princi-paux acteurs : Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER) etla Camerounaise des eaux (CDE), qui travaillent sous le contrôle despouvoirs publics. Pendant la période que les pouvoirs publics ont passéà chercher la meilleure formule pour réformer le secteur, il n’y a paseu d’investissement d’envergure. Or, les villes se sont agrandies et lapopulation urbaine a augmenté. Face à cette situation, la CAMWATERa conçu et mis en place un programme d’investissements prévision-nels sur dix ans dont le coût est estimé à 400 milliards de F CFA,fortement appuyé par les bailleurs de fonds et les pouvoirs publics. Cetambitieux programme vise à augmenter la production en réhabilitantles réseaux existants, et en les étendant, par de nouvelles construc-tions, pour atteindre les nouveaux quartiers. Le but est d’ajouter350 000 abonnés d’ici 2015 au 265 000 actuels. Un certain nombre

de projets structurants sont en cours de réalisation, ou à un stade denégociation avancé dans tout le pays. En attendant, nous avons lancéun programme hydraulique d’urgence qui vise à apporter de l’eau auxquartiers périphériques et hors réseau CDE de la ville de Yaoundé. Lapremière phase d’implantation de ces structures palliatives, lancée en2010, est opérationnelle et gérée par les populations elles-mêmes.

Et concernant l’énergie ?La volonté du président Paul Biya est de transformer le Cameroundans le domaine de l’énergie. Il nous faut combler le déficit actuel entrel’offre et la demande des entreprises et des ménages, puis résoudre ledéfi de la qualité et du coût, avant de penser enfin à l’exportation del’électricité vers les pays voisins. Depuis novembre 2009, la mise enservice de la centrale thermique à fuel lourd de Yassa, à Dibamba,et l’achat ou la location de groupes électrogènes nous a permis deparer au plus urgent. À plus long terme, plusieurs projets structurantssont à des stades avancés de réalisation : on peut citer la constructionde la centrale thermique au gaz naturel de Kribi, le barrage-réser-voir de Lom-Pangar ou encore l’aménagement hydroélectrique deMemve’ele, sur le fleuve Ntem. Leur répercussion sur le terrain seravisible entre 2013 et 2015.

Lagdo Barrage Hydroélectrique. Poste de transformation Oyom Abang.

DIFCOM/FC-PHOTO

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COMMUNIQUÉ

Ministère de l’Eau et de l’ÉnergieBP 70 Yaoundé, CamerounTél : 00237 22223400http://www.minee.com

INVEST’ELEC : LES PRIVÉS APPELÉS À CONTRIBUERLancé en avril par M. Atangana Kouna Basile, le ministre del’Eau et de l’Énergie, Invest’Elec veut promouvoir les inves-tissements privés dans l’électrification rurale et les énergiesnouvelles et renouvelables. Mis en place avec l’Union euro-péenne, il « vise, dans un délai de 36 mois, à renforcer lescapacités des entreprises camerounaises en vue d’en fairedes opérateurs des services électriques en zone rurale »,indique le ministre.

Page 72: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

L eschefsd’Étatde laCommunautééconomique et monétaire del’Afriquecentrale(Cemac)avaientdonné leur feuvert en2010.Mais

depuis, le rapprochemententre laBoursedes valeursmobilièresd’Afriquecentrale(BVMAC, active depuis 2008 et basée àLibreville, au Gabon) et sa rivale came-rounaise, leDoualaStockExchange(DSX,qui a démarré ses activités en 2006), estaupointmort. LeCamerounet leGabonse livrent une silencieuse guerre de lea-dershippour accueillir l’entité régionalecensée naître de cette fusion.

Depuis fin 2011, les deux parties ontentamé des concertations sous les aus-pices de laBanque africainededévelop-pement (BAD), appelée à la rescoussepar la Commission de surveillance dumarché financier de l’Afrique centrale(Cosumaf ) pour débloquer la situa-tion. Les travaux de la BAD ont permisde dégager deux options. La premièrepréconise lemaintiendes deuxBourses,avec une spécialisation de Librevilledans la cotation de titres obligataireset de Douala dans celle des actions. La

deuxième piste propose de déplacer lesiègede laBourse régionaleàDouala, encréantdesantennesnationalesdanscha-cun des six paysmembres de la Cemac,et d’installer le siège de la Cosumaf àLibreville.

ACTIONS. « Il est évident que cette der-nière option est celle à laquelle nousadhérons, car elle est politiquementplus équilibrée », indique un cadre dela Bourse de Douala, pourlequelnombred’argumentsplaident en faveur d’unecentralisationdescotationsauDSX.À l’instarde laCôted’Ivoire, qui abrite le siègede laBourse régionaledes valeursmobi-lières (BRVM) en Afrique de l’Ouest, leCamerounest lepoids lourdéconomiquedelasous-région.Avec21millionsd’habi-tants, il représente près de la moitié dela population et quelque 30 % du PIBde la Cemac, ainsi qu’environ 45 % descrédits octroyés par la BanquedesÉtatsde l’Afrique centrale (Beac). Il constituel’unedesprincipales portes d’entréedes

investissements dans la sous-région,une grande partie des marchandisesà destination de l’hinterland (Tchadet Centrafrique) transitant par le portde Douala. « Le tissu économique etindustriel auCameroundemêmeque lesecteur privé sont, de fait, parmi les plusdynamiquesde la sous-région », poursuit

le cadre du DSX.Au-delà de ce constat,lesdéfenseursde laplacefinancière camerou-naise, dont la capitali-sationboursière tourneactuellement autourde350 milliards de F CFA

(533,6 millions d’euros),estiment qu’elle est surtout

mieux structurée que sa rivale deLibreville. Alors qu’à la BVMAC, seulle compartiment obligataire est actif(l’introduction d’une société privée estcependant prévue pour le troisièmetrimestre de 2012), le DSX dispose enplus d’un compartiment actions, avectrois entreprises cotées – la Société afri-caine forestière et agricoleduCameroun(Safacam), la Société des eaux miné-rales duCameroun (SEMC) et la Sociétécamerounaisedepalmeraies (Socapalm).«Entremars2011et février 2012, environ4 millions de titres ont été échangés auDoualaStockExchange,pourunmontantglobal de 40 milliards de F CFA, ce quireprésenteun tauxde rotationd’environ30% », préciseuncourtier, estimantqu’ils’agit là d’un résultat honorable.

Pour permettre au DSX de peserencore un peu plus face à sa concur-rente de Libreville, qui elle aussi s’active

(la BVMAC s’est recapitalisée à hauteurde 3 milliards de F CFA fin 2011), lesautorités camerounaisesmultiplient lesémissionsobligataires. Sur la seuleannée2012, 285milliardsdeFCFAdoivent êtremobilisésauDSXpar l’État camerounais,dont 20 milliards de F CFA ont déjà étélevés en février pour financer les projetsd’infrastructures. ●

STÉPHANE BALLONG

BOURSE

Douala défie LibrevilleAvec trois sociétés cotées et une succession d’émissions obligatairesprévues cette année, la place financière camerounaise est biendécidée à s’imposer face à sa rivale gabonaise.

NICOLA

SEY

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ð LA CAPITALISATION DU DSX dépasseles 533 millions d’euros.

le cad

le

(5estime

434,5millions d’eurosau Douala StockExchange en 2012

L’État comptemobiliser

Avalisé en 2010, le rapprochemententre les deux Bourses régionalesest au point mort.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

72 Le Plus de J.A.

Page 73: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Société camerounaise des dépôts pétroliersTOUJOURS PLUS PERFORMANTE POUR VOUS SERVIR

L a Société camerounaisedes dépôts pétroliers(SCDP) a été créée le

1er juillet 1979 pour faire face

aux problèmes alors fréquents

d’approvisionnement en

hydrocarbures au Cameroun.

Sa principale mission est de

satisfaire les consommateurs

camerounais en mettant à leur

disposition, sans ruptures, des

produits pétroliers en quantité

et qualité suffisante à travers

ses treize dépôts.

Son montage orignal, qui

en fait une société anonyme

à participation publique

et privée (51 % État, 49 %

partenaires étrangers), lui

permet de dégager les moyens

nécessaires à sa constante

modernisation à travers des

règles managériales modernes.

La SCDP exécute actuellement

un plan d’augmentation de

ses capacités de stockage à

l’horizon 2016.

• Réhabilitation de bacsL’augmentation des capacités destockage à la SCDP passe d’abordpar la réhabilitation de ses bacsplacés hors service pour travaux. Cestravaux de réhabilitation concernentprincipalement le dépôt de Bessen-gué, à Douala.

• Construction de nouveaux bacsElle passe aussi par la construc-tion de nouveaux bacs pour pro-duits blancs - gazole, super et DPK(Dual Purpose Kerosene) - dans cinqdépôts, à Yaoundé (deux dépôts),Bélabo, Ngaoundéré et Bafoussam.Il est également la construction àBonabéri et à Yaoundé de deuxsphères de stockage de GPL.

• Le terminal hydrocarburesde KribiLa construction du terminal hydro-carbures au port en eaux profondesde Kribi comprend :- un appontement pétrolier pou-vant recevoir deux tankers en mêmetemps ;- un dépôt terminal d’une capacité

nominale de 300 000 m3 de produitspétroliers ;- un réseau de pipeline reliant l’ap-pontement pétrolier au dépôt termi-nal et aux différents quais du port.

• Dépôt de NsamSuite à la catastrophe mortelle sur-venue le 14 février 1998, à Nsam,la SCDP et le gouvernement came-rounais se sont engagés dans unprogramme de modernisation et desécurisation des treize dépôts natio-naux. À Nsam a été construite en2010 l’une des plus grandes plates-formes de stockage et de distributionde la SCDP, ainsi qu’une stèle à lamémoire des disparus.

• Augmentation des capacitésdes dépôts existantsDepuis 2010, la SCDP a lancé unprogramme d’augmentation de sescapacités de stockage à l’intérieur desdépôts existants. À l’horizon 2014,près de 52 000 m3 d’espace sup-plémentaire de produits blancs etenviron 2 700 tonnes de stockage enGPL seront construits.

Depuis 1979, la Société camerounaise des dépôts pétroliers met à disposition desCamerounais les produits pétroliers nécessaires à l’exercice de leurs activités. Elle continued’améliorer ses capacités et ses services à travers un ambitieux plan d’investissement.

Un ambitieux plan d’investissementà l’horizon 2016

Société camerounaise des dépôts pétroliersBP 2271 - Douala, Cameroun - Tél. : +237 342 87 54 / 342 86 94 - www.scdp.cm

TRAVAUX DU PORT DE KRIBI. < PLATE-FORME PÉTROLIÈREAU LARGE DE LIMBÉ.

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D es filiales leaders sur leurmarché en Guinée équa-toriale et au Congo, sur ladeuxièmemarchedupodium

au Cameroun, d’autres qui montent enpuissance en RD Congo et à São Tomée Príncipe, de nouvelles branches enZambie, auLiberiaet, bientôt, enGuinée,des représentations en France et enChine…Lapetitebanquenée il yaprèsdevingt-cinqansdesCaissesdecoopérativesduCameroun compte désormais parmiles principaux opérateurs du continent.

Si, avecun résultat netde22,6millionsd’euros et un total de bilan de plus de1,7milliardd’euros pour l’exercice 2010,elle est encore loin d’Ecobank (7,9 mil-liards d’euros de total de bilan pour lamêmeannée et trente implantations enAfrique subsaharienne) ou de Bank ofAfrica (3,2 milliards d’euros de total debilanen2010),AfrilandFirstBankGroup

seclassecependantaudeuxièmerangdesinstitutions financièresd’Afriquecentrale,juste derrière le gabonais BGFI Bank(2,1 milliards d’euros de total de bilanen 2010).

À l’origine de ce succès, une straté-gie d’expansion engagée en 1994, avecl’ouverture d’une filiale àMalabo, CCEI Bank GE,devenue leader en Guinéeéquatoriale (avec un totalde bilan de plus de 1 mil-liard d’euros en 2011) etpremière contributrice auxrésultats du groupe. Après avoir ainsiposé les basesd’une solide implantationen Afrique centrale, l’institution tentedepuis 2010 d’étendre son réseau aureste du continent.

Elle aprispiedenZambieen rachetant80 % du capital d’Intermarket BankingCorporation et, dans la foulée, a ouvert

une filiale au Liberia, en mars 2011. LegroupedePaulFokam,quiavaitdéjà tentéune première expérience en Afrique del’Ouest avec une prise de participationminoritairedans le capital d’AccessBankCôte d’Ivoire (ex-Omnifinance), semblevouloir y faire son retour enciblant, cettefois-ci, des marchés nettement moinsconcurrentiels.

Pasdelisteprédéfiniedepaysàconqué-rir,expliqueAlbertNigri,directeurgénéraldugroupe:«Nousanalysons lesopportu-nités ennousassurantquenotremodèlebancaireestadaptableaupaysetdécidonsen fonction de notre capacité à rentabi-liser rapidement l’investissement. » Labanque a ainsi obtenu en janvier 2012unagrémentenGuinée-Conakry, oùelles’apprêteàdémarrersesactivités,AfrilandFirstBankGuinéeétantdotéd’uncapitald’environ 5,1millions d’euros.

PME ET PARTICULIERS. Au-delà de sonexpansiongéographique,c’est surtoutparsonpositionnementquelecamerounaissedistinguede la concurrence.Alorsque lagrandemajoritédesbanquesopérant surle continent se tourne vers une clientèlede grandes entreprises et de particuliersaisés,AfrilandFirstBankcibleenpremierlieu les PME, les jeunes entrepreneurs etdespopulations ayantpeuaccès aux ser-vicesbancaires.«Lesgrandesentreprisesetparticuliers aisés représentent environ2 % du marché en volume; nous, nousnous adressons à une base de clientèleplus large », explique Albert Nigri.

Un positionnement qui intéresse lesagences internationales de développe-ment. Afriland First Bank a pu compterdès sesdébuts sur le soutiende labanquede développement néerlandaise, FMO.C’estd’ailleurs le seul investisseurauquelle fondateur et actionnairemajoritaire aacceptéd’ouvrir le capital de songroupe.

En 2010, FMOa injectéprès de 19,2mil-lions d’euros dans Afriland First BankGroup,dont6millionsenfondspropresetle reste sous formedeprêt.D’autresorga-nismes, comme lenorvégienNorfundouencore l’allemandDEG, suivent aussi deprès l’évolutiondugéant camerounais.●

STÉPHANE BALLONG

BANQUES

Afriland First Bankvise la première placeLe groupe camerounais, deuxième opérateur du secteur enAfrique centrale, se développe désormais dans l’ouest ducontinent. Après le Liberia, il s’apprête à ouvrir une filiale en Guinée.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

� PARMI LES ACTIONNAIRES DU GROUPE DE PAUL FOKAM figure la banque de développementnéerlandaise, FMO.

« Nous nous décidons en fonctionde notre capacité à rentabiliserrapidement nos implantations. »

ALBERT NIGRI, directeur général du groupe

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

74 Le Plus de J.A.

Page 75: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

U ne cinquantaine de sociétésde transfert d’argent sontdésormais répertoriées auCameroun. À travers tout le

pays, desmilliers de guichets ont fleuri,dans les banques, les supermarchés, lesagencesdevoyages…jusquedans lesbarset les cybercafés. Leurobjectif : grignoterlespartsdemarchédesdeuxleadersmon-diaux,WesternUnionetMoneyGram.Cesderniers gardentdebonneslongueurs d’avance grâceà la confiance qu’ils ins-pirent,à leur réseauétenduet à leurs partenariats avecd’autres organismes finan-ciers.Mais ils souffrent aussi dequelqueshandicaps, dont l’absence de servicesannexes dans leur offre ou leur coûtélevé. Une faiblesse à laquelle WesternUnion veut remédier : il a annoncé uneimportante baisse de ses tarifs pour lestransferts d’argent à l’intérieur du pays.

Uncoupportéaux sociétés locales etàla première d’entre elles, ExpressUnion.Créée il y a une dizaine d’années avecdeux agences, l’entreprise en compteaujourd’hui 415 et emploie 2400 sala-riés au Cameroun. Également présentedans les autres pays de la Communautééconomique et monétaire de l’Afriquecentrale (Cemac) avecunecinquantained’agences, elle vient de s’implanter enRDCongo, ainsi qu’auBéninpour pour-suivre son développement en Afriquede l’Ouest (elle avait pris pied en Côted’Ivoire en 2009).

Sa stratégie vise à tisser sa toile auplus près de la clientèle, en particulierdans les zones rurales, où elle faitmêmecirculer des guichets mobiles, prenantle contre-pied des grosses pointures

internationales. Fier de son produitphare, Express Union Mobile, acces-sible à tous les opérateurs de téléphonie,Albert Kouinche, fondateur de l’entre-prise, se vante ainsi de couvrir les zonesles plus reculées grâce à un partenariattechnique avec des ingénieurs indiens.

Pariant aussi sur la diversificationdes produits pour mieux répondre auxbesoinsde ces clients souventmodestes,

il propose parallèlement des servicesd’épargne et de crédit de faible mon-tant, pour le financement de micro-projets. Ses concurrentes – une dizainede sociétés se démarquent – ont peu ouprou la même démarche, notammentMoney Express, filiale d’une entreprisesénégalaise, ou Money Cash, filiale deBanque Atlantique. Elles quadrillent le

pays et ne s’interdisent rien, nouant despartenariats avec lesmajors du secteuret avec des banques pour leurs transac-tions avec l’étranger.

EXCLUSIVITÉ. Dans ce cadre, leurobjectif est d’obtenir la suppression dela clause d’exclusivité, qui les oblige àsigner avec un seul partenaire à la fois.Denis Homsi, ancien patron deMoneyFlash, estime faire les fraisdecettedispo-sition :malgré les 100millions de FCFA(152000 euros) investis pour lancer sonentreprise, il a été contraint d’en inter-rompre l’activité. Pour être rentable, ila choisi de s’allier avecWestern Union,dont il est aujourd’hui l’un des princi-paux partenaires au Cameroun.MoneyFlash lui rapportait àpeine 5%decequelui procure cette association (entre 150et 200 millions de F CFA par an).

Dans cemarché encore très ouvert, lessociétés sont surtout pénalisées par lemanquede fiabilitédes réseauxde com-munication.Lesopérateurscamerounaisdéplorent par ailleurs que l’État ne lesprotègepasmieuxen leur accordant, parexemple, l’exclusivité de l’énormemar-ché intérieur. « Il n’est pas normal quele marché interne du transfert d’argentsoit dominéparMoneyGramouWesternUnion, auxquels l’État fait un véritablepont d’or », insiste Denis Homsi. ●

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

SERVICES

À l’assaut de GoliathSur le marché du transfert d’argent, des sociétés nationalesréussissent à percer face à Western Union et MoneyGram. Leursarmes : un maillage étroit du territoire et une offre diversifiée.

DIVERSES ÉTUDES L’ATTESTENT: les transferts d’argent de la diasporaen direction du Cameroun ne cessent de croître. Selon la Conférencedes Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced),si cette évolution s’est faite en dents de scie entre 1980 et 1995– avec une chute vertigineuse en 1991 (7,3 millions de dollars, contre,par exemple, 32,6 millions de dollars en 1989) –, elle se situe désormaissur une courbe ascendante. La hausse a connu un coup d’accélérateuren 2003, les envois des migrants camerounais passant cette année-làde 35,4 millions de dollars à 75,5 millions, puis à 103,4 millions en 2004,jusqu’à friser 167 millions en 2008 (soit 0,8 % du PIB) et 206,2 millionsen 2011 (environ 159 millions d’euros). En France, le Cameroun figureau troisième rang des pays africains destinataires de transferts,derrière le Maroc et le Sénégal. ● C.J.Y.

GÉNÉREUSE DIASPORA

Les entreprises souffrent surtoutdu manque de fiabilité desréseaux de communication.

Le Cameroun sort de ses frontières 75

Page 76: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

TRADEX SA, Société de trading et d’exportation de pétrole brut etde produits pétroliers, a été créée en 1999 en partenariat entre laSociété nationale des hydrocarbures (SNH) et des investisseurs pri-vés camerounais et étrangers. Alors spécialisée dans le négoce, ellecommence en 2002 à diversifier ses activités dans l’approvisionne-ment, le soutage maritime puis la distribution, en 2006, dès la libé-ralisation de ce marché au Cameroun.

Depuis avril dernier, TRADEX est le nouveau fournisseur de carbu-rant de la compagnie aérienne Camair-Co. La société fait son entréedans le club des entreprises agréées pour les soutes aviation. Unmois plus tôt, elle avait remporté un contrat de fourniture de produitscarburants et lubrifiants avec CWE, l’entreprise chinoise chargée dela construction du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, un projetstratégique pour le gouvernement. Deux projets qui sont aussi deschallenges pour TRADEX.

UN EXEMPLE D’INTÉGRATION RÉGIONALEAmbitieuse, TRADEX étend ses activités hors du Cameroun dès2004, date de création de sa première filiale, au Tchad, pour devenirun leader de l’exportation de produits pétroliers vers les pays de lazone CEMAC. Son but : être un acteur majeur dans le secteur pétro-lier africain et faire du Cameroun l’un des plus importants centres dedistribution d’Afrique subsaharienne.

Outre vers le Tchad, elle assure les exportations de produits pétroliersvers la République du Congo, la République Centrafricaine ou encorela Guinée-Équatoriale. À l’affût des opportunités, TRADEX créé en2006 TRADEX Centrafrique en rachetant un réseau d’une vingtainede stations-service. Déjà leader au Cameroun dans ce secteur, elleprépare son entrée dans le marché de la distribution au Tchad avecla construction de deux stations-service cette année.

UN LEADER DE LA DISTRIBUTION ET DE L’INNOVATIONTRADEX, c’est aujourd’hui l’une des dix entreprises les plus perfor-mantes au Cameroun, avec un chiffre d’affaires de 115 milliards deFCFA en 2011, dont 94 issus de l’activité « distribution ». Elle comptedans son pays d’origine 32 stations-service et un vaste programmed’implantation de nouveaux sites. La dernière station en date a étéinaugurée en décembre dernier à Yaoundé. La confiance des clientsà l’égard de TRADEX se traduit par une part de marché de près de14 %.

Avec l’innovation inscrite dans son code génétique, l’entreprise avaitdéjà lancé au début de l’année 2011 « TRADEX lubrifiants », unegamme d’une soixantaine de produits répondant aux normes del’industrie avec une spécificité, insuffisamment prise en compte :l’adaptation à l’environnement africain et la résistance à des condi-tions sévères de circulation. Elle poursuit aujourd’hui ses efforts avecla « trad’CARD ».

TRADEXUN LEADER PÉTROLIER

CAMEROUNAIS POUR L’AFRIQUE

Lancement de TRAD’CARD.

COMMUNIQUÉ

Spécialiste du négoce pétrolier et de la distribution au Cameroun et en Afrique centrale, TRADEX SAn’en finit plus d’étendre ses activités. Nouveau partenaire de la compagnie aérienne Camair-Co, ellelance la trad’CARD pour les clients de ses stations-service.

Page 77: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Que représente pour vous lasignature de contrats de fourni-ture avec Camair-Co et avec l’en-treprise chinoise CWE, chargéede la construction du barrage deLom-Pangar ?Perrial Jean Nyodog : C’est unhonneur pour TRADEX de deve-nir le fournisseur de la Camair-Co,une entreprise dont l’importance n’ad’égal que la place qu’elle occupedans le cœur des Camerounais. C’est

une fierté de savoir que désormais, ses avions voleront avec ducarburant fourni par une société pétrolière nationale. C’est la preuveque notre expertise et notre savoir faire sont reconnus et valorisés,puisque nous avons remporté ce contrat à la suite d’un appel d’offrespassé par la compagnie. Nous éprouvons la même fierté pour avoirété retenu pour le contrat de CWE. La fourniture en carburants d’unprojet de cette envergure exige une expertise particulière tant entermes de qualité de produits pétroliers et d’organisation logistiqueque de respect de l’environnement. TRADEX est par ailleurs heu-reuse de contribuer à sa manière aux grandes réalisations promisespar le président de la République, Son Excellence Paul Biya.

Tradex a poursuivi l’extension de son réseau en 2011. Quelssont ses objectifs pour 2012 ?Perrial Jean Nyodog : Notre entreprise a conforté en 2011 saposition d’acteur majeur du secteur pétrolier aval au Cameroun eten Afrique centrale, avec l’activité distribution qui est devenu notre« business ». Nous avons ouvert sept nouvelles stations-service pouratteindre 32 points de vente et une part de marché de 14 %, soit1 point de plus qu’en 2010. Nous bénéficions de la plus forte pro-gression du marché avec11%, presque le double du marché nationalet de nos principaux concurrents. Alors que le taux d croissancedu PIB devrait se situer à 4.5 % en 2012 au Cameroun, Tradexdevra non seulement maintenir un rythme soutenu d’ouverture denouvelles stations-service, cette année, mais aussi conforter sonportefeuille d’activités au Cameroun et dans la zone CEMAC. L’acti-vité des filiales sera renforcée et des marchés nouveaux prospectés.Il s’agit pour nous de mettre en service au moins sept nouvellesstations-service, notamment dans le grand-ouest et le septentrioncamerounais.

« NOTRE EXPERTISE ETNOTRE SAVOIR FAIRE SONT RECONNUS »

Interview de Perrial Jean Nyodog, directeur général de TRADEX

TRADEX SADouala Littoral, -1468 Cameroun

(+237) 33 43 63 75 / (+237) 33 43 63 76

[email protected]

Yaoundé accueille13 stations-service TRADEX. Ici à Ahala.

Signature du contrat de fourniturede carburant à Camair co.

Le directeur général de TRADEX,Perrial Jean Nyodog reçoit lamédaille d’honneur du Travail

À gauche, le directeur général deTRADEX, Perrial Jean Nyodog.

Lancement Tradex Lubrifiants

DIFCOM/FC-PHOTO

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TRAD’CARDTRAÇABILITÉ, SÉCURITÉ, RÉDUCTION DES DÉPENSES

TRADEX a lancé en avril la trad’CARD. Cette carte à puce privativeprépayée ou post-payée, véritable porte-monnaie électronique, per-met de bénéficier des produits et services TRADEX sans avancer deliquidités. Elle apporte une réponse aux particuliers et entreprisesqui souhaitent maîtriser leurs dépenses carburant en toute confiancevis-à-vis de leurs employés. Résultat : la traçabilité, la sécurité, laréduction des dépenses et donc la profitabilité sont assurés. Munied’un système de suivi automatique d’utilisation (système de radio-identification, RFID), la trad’CARD offre la liberté de fixer le plafondde ses consommations en volume et en valeur. Elle donne égale-ment la possibilité de restreindre l’utilisation de la carte à des joursde la semaine, à des espaces géographiques ou à des horaires. Latrad’CARD est disponible à la direction commerciale de TRADEX, im-meuble Socarto, à Douala, et à TRADEX Bastos, à Yaoundé. Sa dis-tribution s’étendra progressivement aux autres régions du Camerounet aux pays africains où sont implantées des filiales de TRADEX SA.

Page 78: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

C’ est tout un symbole. Il està peine 8 heures du matinà Douala et l’unique pontqui,depuis lesannées1950,

enjambe le fleuveWouri est embouteillé.Un peu plus tôt, un poids lourd a épar-pillé ses balles de coton sur la chaussée.Les camionsbondés de conteneurs vontmettreplusde troisheurespourparcourirles 15 km qui séparent la zone indus-trielle de Bonabéri, où sont concentréesles plus grandes entreprises de la ville– et donc du pays –, du port de Douala,porte maritime du Camerounet de laCommunauté éco-nomique et monétairede l’Afrique centrale(Cemac). Un véri-table goulet d’étran-glement, « qui faitpeser une menaceinacceptable sur lesactivitéset leséchangescommerciauxde la sous-région », s’emporte l’un desprincipauxopérateursde laplace,quimeten cause « l’immobilisme des pouvoirspublics ».

Ces derniers ont pourtant décidé depasser à l’action, et le deuxièmepont surle Wouri, si souvent promis, devrait êtreterminéen2015. L’opacitédans l’attribu-tiondesmarchéspublicsacertesretardé ledémarragedestravaux(initialementprévuenfévrierdernier, ilscommencerontdébut2013), mais les études de faisabilité ontété réalisées, et, plus importantencore, lefinancementde185millionsd’eurosapuêtrebouclégrâceàunprêtde100millionsd’eurosaccordépar l’Agence françaisededéveloppement (AFD). Douala, qui voitchaque jour 80 % de ses approvisionne-

mentsen toutgenre traverser le fleuve,va pouvoir respirer.

La construction de ce pontfigureenbonneplacedans la listedes grands projets structurantsidentifiés dans le Document destratégie pour la croissance etl’emploi (DSCE2010-2020),com-

plétédepuispar leplanCameroun,Vision2035–car c’est en2035que le

pays compte accéder au statut de paysémergent. Le gouvernement entendnotammentfairepasserleproduitintérieurbrut (PIB) par habitant de 1200 dollars

(926euros)en2011à3900dollarsen2035,àunrythmedecroissancemoyende5,5%paran…Pouryparvenir, iln’ad’autrechoixque de s’équiper des infrastructures quimanquent cruellement au pays et qui,selonlesprojectionsdeséconomistes,per-mettraientdegonfler lePIBde4,5points.Outre les grands chantiers énergétiques(lirepp. 84-85)etde télécommunications(lire ci-contre), le principal secteur cibléestceluides transports,danssesdifférentsmodes.

TRAITD’UNION.Coupéendeuxfauted’unréseauroutierperformantentre lesudet lenorddupays,mal connectéà ses voisins,leCameroun«nepeut tenir le rôlede traitd’unionentre l’Afriquecentraleet l’Afriquedel’Ouestauquelsapositiongéographiqueluipermetdeprétendre»,estimeunexpertde laBanqueafricainededéveloppement(BAD)àYaoundé. L’institution financièrefait partie des bailleurs de fonds les plusprésents sur le dossier routier, avec enlignedemire « la densificationdu réseauintérieur,pournotammentdésenclaver leszones agricoles, ainsi que la connexiondu Cameroun aux autres pays, afin de

CHANTIERS

De l’inertie à la mobilitéPour en finir avec sa crise de croissance, le pays doit combler son énorme retard en infrastructures.Les projets prennent enfin corps. Principal secteur ciblé, celui des transports.

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� L’AXE DOUALA-N’DJAMENA-BANGUI est en cours d’aménagement (ici près de Bertoua).

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Le coûtdu complexe

portuaire de Kribiest estimé à

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

78

Page 79: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le réseau de fibre optique Central Africa Backbone se déploie.Le Cameroun et le Tchad sont désormais interconnectés.

renforcerl’intégrationrégionale»,expliqueSambaTounkara, chargédeprogrammepour la BAD.

Troisaxesmajeurssontencoursd’amé-nagement, qui seront livrés à partir de2015, pour un montant total de près de300millionsd’euros: lepremieraudépartde Douala vers N’Djamena et Bangui, ledeuxième vers le Nigeria et le troisièmeentreYaoundéetBrazzaville.Cescorridorsdoivent être complétés par un réseau deroutessecondaires« favorisant ledévelop-pementéconomiqueetsocialdespopula-tions locales », précise SambaTounkara.

Parallèlement, l’État a engagé d’autresprojets,parmi lesquels laconstructiondel’autorouteDouala-Yaoundé,dont lechan-tier doit démarrer avant la fin de l’année.Débutmars, legouvernementaobtenuunprêtde367millionsd’eurosdeChinaExim

Bankpour le financementd’unepremièretranche de 80 km au départ de Douala.Deux lots restent àdistribuerpour la réa-lisation de cette route de 215 km (à deuxvoiesdanschaquesens),dont lecoût totalest estimé à plus de 750millions d’euros.

Pour le volet ferroviaire, le gouverne-mentcamerounaisadévoiléenfévriersonnouveauplandedéveloppement, avec laréalisationendeuxphasesde3500kmdevoies, qui viendront compléter le réseauexistantà l’horizon2020.L’investissement,

estiméà22,8milliardsd’euros, est assurépar laChineet l’Étatcamerounaisà traversunpartenariatpublic-privé. S’yajouterontensuitedes travaux soutenuspar laBAD,pourétendre leréseaujusqu’àN’Djamenaet à la frontière soudanaise, puis, à pluslong terme, vers Bangui.

KRIBI,TÊTEDEPONT.Enmatièred’infras-tructures, le grand projet camerounaisreste la construction du complexe por-tuaire de Kribi. Le port en eau profondeprévu à l’origine est aujourd’hui devenu« lepremierprojet industrieldelaCemac»,selon Patrice Melom, coordinateur dudossier au sein de la Société nationaled’investissement (SNI).

D’un montant global de 10 milliardsd’euros, selon les dernières estimationsdu gouvernement (en mars), le projet

comprend donc un porten eau profonde – devantêtre réaliséd’icià2040–quipourraaccueillirdesnaviresd’un tirant d’eaude 16metd’une capacité maximale

de 100000 tonnes. Il comprend en outrele développement, sur 26000 ha, d’unezone industrielle et d’une ville nouvellede 100000 habitants. La première phasedes travaux, d’un montant de 430 mil-lions d’euros – dont 315 millions prêtéspar China Exim Bank –, a été confiée àChina Harbour Engineering Companyet lancée en février pour une livraisonprévue en 2014. Elle porte sur le dragageduchenald’accèsà18mdeprofondeur, laconstructiond’unediguede3kmde long

pour protéger les futurs bassins et celled’unterminalàconteneursd’unecapacitéannuellede400000conteneurséquivalentvingt pieds (EVP, unité correspondant àenviron38,5m3),pourlequelBolloréAfricaLogistics s’est déjà positionné.

Viendront ensuite un terminal pourl’aluminium, visant un trafic annuel de1,5millionde tonnesd’alumineetdont laconstructionestconfiéeàRioTintoAlcan;unterminalhydrocarburesd’unecapacitéde3millionsdetonnesparan, financéparl’armateur Camship et la Société came-rounaise des dépôts pétroliers (SCDP) ;ainsi qu’un appontement consacré aufer, pour évacuer le minerai extrait parCam-IrondugisementdeMbalam,situéà450 km à l’est et qui doit être relié auportpar voie ferrée. Le complexe industrielaccueillera d’autres équipements struc-turants, dont la centrale thermique deKribi Power Development Corporation,en cours de construction (voir p. 85), oule projet d’usine de liquéfaction de gaznaturel qu’étudient la Société nationaledes hydrocarbures (SNH) et le françaisGDF Suez (lire p. 89).

En tant que port minéralier et plate-forme de transbordement pour la sous-région, Kribi prendra le relais du port deDouala, régulièrement confronté à desproblèmes d’ensablement de son che-nal, et entrera en concurrence directeavec ceux de Pointe-Noire (Congo) et deMalabo(Guinéeéquatoriale)pour, l’espèrePatriceMelom,«devenir lanouvelleported’entrée de la Cemac ». ●

OLIVIER CASLIN, envoyé spécial

Selon les économistes, ceséquipements devraient permettrede gonfler le PIB de 4,5 points.

D epuis lami-mars, leCamerounestofficiellement relié auTchadparune connexion haut débit

à fibre optique.Cinqans après sonadoption par les chefs d’État dela Communauté économique etmonétaire de l’Afrique centrale(Cemac), le programmeCentralAfricaBackbone(CAB)sedéploie,soutenuàhauteurde165millionsd’euros par la Banque mondiale.« L’objectif est de combler le trou noirde l’Afrique », explique JérômeBezzina,

Opération haut débit

.ir

chargéduprojet àYaoundépour l’insti-tution de BrettonWoods.

Il s’agit donc de déve-lopper un réseau de2 660 km entre lespoints d’atterrisse-ment des différentscâbles sous-marinssur le littoral et les dixpaysde laCommunauté

économiquedesÉtats del’Afrique centrale (Ceeac,

qui regroupe l’Angola, le Burundi, la

RD Congo, São Tomé e Príncipe ainsique les six pays de la Cemac), auxquelss’est joint le Niger, et de le raccorder, àterme,à l’EasternAfricaSubmarineCableSystem (Eassy) via le réseau soudanais.

PIPELINE NUMÉRIQUE. Connectédepuis Douala au câble sous-marinSAT-3, en attendant l’arrivée de l’AfricaCoast toEurope (ACE) àKribi et duWestAfricaCable System (WACS) àLimbé, leCameroun s’appuie sur les 1000 km decâbles à fibre optique posés le long dupipeline Tchad-Cameroun, qui lui ontpermisdedévelopper sonpropre réseaude 5500 km à travers les dix régions dupays. ● O.C.

5 500km

de câbles sontdéjà installésau Cameroun

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le Cameroun sort de ses frontières 79

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La société publiqueElectricity Develop-ment Corporation(EDC), créée en 2006pour gérer le patri-

moine électrique du Cameroun,met en œuvre l’un des plus grandprojet infrastructurel national : lebarrage de Lom Pangar. Cinq mil-lions de Camerounais devraienten bénéficier dès 2014.

Electricity Development Corporation(EDC), une société à capital public,est le gestionnaire du patrimoinenational camerounais dans le secteurde l’électricité et le maître d’œuvrede tout projet d’infrastructure confiépar l’État dans ce domaine. Depuissa création, en 2006, le projet deLom Pangar accapare une grandepartie de son énergie et de sescompétences.

Lom PangarEDC coordonne la construction dece barrage d’une capacité totale de7 milliards de m3 d’eau construit àLom Pangar, sur le fleuve Sanaga, àl’estdupays. Sonplandefinancementa été approuvé en mars dernier parla Banque mondiale, en partenariatavec la Banque africaine de dévelop-pement (BAD), la Banque de dévelop-pement des États de l’Afrique centrale(BDEAC), la Banque européenned’investissement (BEI), l’Agence fran-çaise de développement (AFD) et legouvernement du Cameroun.

5 millions de bénéficiairesLe débit accru de la Sanaga va per-mettre aux deux centrales hydro-électriques présentes sur ses rivesd’améliorer leur production. Uneproduction encore augmentée parla centrale en cours de constructionpar une entreprise chinoise. Près de5 millions de Camerounais vontbénéficier de ce projet dont le coûtintégré est estimé à 200 milliards deFCFA. Des particuliers, mais aussi desentreprises dont la productivité nesera plus entravée par les délestages.La construction du barrage réservoirde Lom Pangar permettra de pallierla baisse tendancielle des apportsde la Sanaga observée ces dernièresannées. Son objectif : régulariserle débit du fleuve pour le porterà 1040 m3/s durant l’étiage, contre640 aujourd’hui. Sa mise en service,prévue en 2014, constitue la pierreangulaire des grandes réalisationsdu président Paul Biya.

Après Lom Pangar :Mbakaou, Bamendjimet MapéPreuve de sa volonté, le gouverne-ment a financé les travaux prépara-toires à la construction du barrageavant même le décaissement desfonds promis par les bailleurs inter-nationaux. Après avoir achevé saréalisation, EDC devra encore accueil-lir et gérer de manière optimale lestrois barrages de régularisation deMbakaou, Bamendjim et Mapé.

Lien duCamerounavecle courant

POTENTIEL HYDROÉLECTRIQUE DE LA SANAGA

MES

SAG

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PROJET DU BARRAGE DE LOM PANGAR.

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Un pont pourles transhumancesSur le plan de l’environnement,le barrage de Lom Pangar a étépréparé conformément auxpolitiques de sauvegarde dela Banque Mondiale. Le Plande gestion environnementaleet sociale du projet (PGES) esten cours de mise en œuvre. LeParc national de Deng Deng, quihéberge des grands primatesen voie de disparition, a déjàété créé, en compensationde l’occupation d’une partiede l’habitat naturel par laretenue de Lom Pangar. Autreconstruction prévue : le Pontde Touraké, réalisé pourpallier la coupure des voies detranshumance des éleveurs.

ElectricityDevelopmentCorporation

Immeuble Hibiscus,B.P. 15111 - Yaoundé, CamerounTél. : 00237 22 23 19 30www.edc-cameroon.org

Théodore Nsangou,directeur général d’EDC

Comment EDC a pris en charge la réali-sation du barrage de Lom Pangar, sonpremier grand projet ?

EDC a hérité de toutes les études de prépara-tion du projet réalisées par la Société nationaled’électricité (Sonel), dans les années 90, avantsa privatisation, l’Agence de régulation dusecteur de l’électricité (ARSEL) et le Ministèrede l’Énergie et de l’Eau (MINEE), du début desannées 2000 à 2008. Ces études ont été com-plétées par EDC lorsque la société est entrée enactivité en 2008.Parallèlement, EDC a engagédes négociations avec la Banque Mondialeet obtenu un financement pour finaliser lapréparation du projet conformément auxstandards internationaux. Il faut signaler quel’Agence française de développement (AFD)a été d’un appui décisif grâce au financementqu’elle a mis à la disposition du gouvernementpour la réalisation des études.

Le Cameroun a lancé les travaux avantque les bailleurs ne décaissent leurscontributions. Qu’est ce que celadénote de la part des autorités ?

Le calendrier du projet était très serré du faitde l’urgence d’alléger le déficit énergétiqueactuel. C’est pourquoi le gouvernement afinancé dès 2010 les travaux préparatoires,notamment la construction de la cité dumaître d’ouvrage et la réalisation de la routeBelabo-Lom Pangar,sans attendre les fonds desbailleurs qui seront disponibles dans quelquesmois. Il lui en a coûté 46,8 milliards FCFA.L’État camerounais a ainsi donné un signalfort à ses partenaires quant à sa volonté deréaliser le projet Lom Pangar, mais égalementquant à sa conviction sur la place centralequ’il accorde à ce projet structurant, dansla stratégie de développement du secteurénergétique impulsée par le président de

la République, Son Excellence Paul BIYA. Legouvernement fait évidemment confiance àtous les bailleurs qui ont déjà annoncé leurniveau de participation. À ce jour, la BAD et laBDEAC ont signé une convention de finance-ment avec le gouvernement pour 53 milliardsFCFA. Celle de la Banque Mondiale ne sauraittarder car son conseil d’administration a donnéson accord le 27 mars dernier à hauteur de65,9 milliards FCFA. L’AFD a annoncé toutrécemment l’accord de financement pour unmontant de 40 milliards FCFA et la BEI suivracertainement le pas très bientôt.

Quelles précautions ont été prisesen termes d’indemnisation et deréinstallation ?

Les personnes affectées par le projet bénéfi-cient d’indemnisations individuelles à caractèreéconomique conformément au Plan d’indem-nisation et de réinstallation (PIR) réalisé parEDC et au décret d’indemnisation relatif. Cesindemnisations concernent les cultures dontles prix ont été calculés sur la base d’une grillede prix nationale, réévaluée légèrement à lahausse et approuvée par les bailleurs de fondsdu projet. De manière spéciale, le gouverne-ment a permis que les pêcheurs, les éleveurset les orpailleurs soient aussi indemnisés.S’agissant de la réinstallation, la politiqueopérationnelle de la Banque Mondiale sur lesréinstallations involontaires,qui est appliquée,préconise que les personnes affectées soientrecasées par le maître d’ouvrage.On ne remetpas de l’argent, mais on construit la case. Unnouveau village de Lom Pangar a ainsi étébâti. Des actions supplémentaires en termesd’emploi et de santé,pour le soutien du niveaude vie, ont été prévues dans le PIR.

« Un signal fortDdu Cameroun à

Rses partenaires »

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COULAGE DE BÉTON D’UNE PILE DU PONT DE CHANTIER. PAUSE DES POUTRES MÉTALLIQUES DE L’OUVRAGE DE FRANCHISSEMENT.

LE NOUVEAU VILLAGE LOM PANGAR PREND VIE.

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Page 82: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

P as besoin d’être un expert pourvoir que, chez Cimenteries duCameroun (Cimencam), on nechômepas.Devant l’entréede la

principalecimenteriedupays,àBonabéri,les files de poids lourds encombrentles routes défoncées en attendant leurchargement, pendantqu’unnuageépaiss’échappeencontinudesbroyeurs, enfu-mant toute la banlieue industrielle deDouala.Pourtant, la filiale camerounaisedunumérounmondial, Lafarge, n’arrivepasàsuivre lacadencenécessairecesder-nièresannées,«dansunpaysoùtoutestàconstruire», expliqueRavi Iyer, sondirec-teurgénéral.Seul fabricant localdecimentdepuis sa création en 1963, Cimencamproduit en effet péniblement 1,3milliondetonnesparan,quandlademandenatio-nale excède les 2 millions et, selon lesestimationsdespouvoirspublics, devraitculminer à 8millions de tonnes par an àcourt terme,avec le lancementdesprojetsstructurants programmés par l’État.

PÉNURIE. Les importations de cimenten provenance de Chine, de Turquieou du Pakistan, autorisées depuis 2008,ont permis de répondre aux pénuriestout en stabilisant les prix. « Elles nepourront cependant pas soutenir à elles

seules une demande locale et régionaleaffichant chaque année une croissanceàdeux chiffres », estimeundistributeur.

La seule solution passe donc par laconstructiondenouvelles unités depro-duction.Cimencam,quidispose,outresonsitedeBonabéri,d’uneusineàFiguil (dansle nord du pays), attend les conclusionsdes dernières études de faisabilité pourlancer les travauxde sa future cimenteriede Nomayos, au sud de Yaoundé.

Programmé « pour la fin 2013 », cetinvestissementde70millionsd’euros,prisen charge par l’opérateur, doit offrir unecapacitédeproduction supplémentairede 700000 t par an, « susceptible de fairefaceà l’augmentationdesmarchés locauxet sous-régionaux », espère Ravi Iyer.L’usine devrait permettre également deregagner aupassage quelques-unes despartsdemarchégrignotées cesdernièresannées par les différents importateurs.Le temps presse pour Cimencam, quine détient plus « que » 75 % dumarché,contre plus de 90% il y a trois ans.Même

si, selon le directeur général de l’entre-prise,« lesperspectivessontsuffisammentprometteuses pour qu’il y ait de la placepour tout le monde », la concurrencefourbit ses armes.

DANGOTE HAUSSE LE TON. Attiré parla croissancedumarché camerounais etdésireux de prendre pied dans la sous-région, le nigérian Dangote Cement aposé la première pierre de son usine(d’une capacité attenduede 1milliondetonnesparan)enseptembre2011, sur lesbergesduWouriàDouala… juste en facede la station de broyage de Cimencam.Mais depuis le 1ermars, le projet est gelépourcausedetracasseriesadministrativesrelatives au choix du site, pourtant attri-buépar l’État. Pendantqu’AlikoDangotehausse le ton, le gouvernement tente dedébloquer la situation et de relancer ledossier, qui, enplusdecréer200emplois,injecterait 87millionsd’eurosdans l’éco-nomie locale.

Unautreprojetdecimenterie, lancéen2002et suspendu, revientdans l’actualité.L’État vient en effet de donner son feuvert au consortium sud-coréen et sin-

gapouriend’AfkoCementpour la construction àLimbé d’une unité d’unecapacité de 800000 t paran (un investissementde 40 millions d’euros).

« Les travaux devraient démarrer avantla finde l’année », confirmeMohamadouDabo, consul honorairedeCoréeduSudàDouala.

Enfin, à l’issue de sa rencontre avec lechef de l’État camerounais, début mai,lePDGdupromoteurmarocainAddoha,AnasSefrioui, a annoncéque songroupeallait investir entre 20 et 30 millionsd’euros dans la construction à Douala,d’ici à la fin de 2012, d’une cimenteried’une capacité de 500000 à 1million detonnes par an. ●

OLIVIER CASLIN

MATÉRIAUX

Une croissance en béton arméSeul producteur local, Cimencam ne parvient pas à satisfaire la demande exponentielle de ciment.Pour rester numéro un et s’imposer dans la sous-région, la filiale de Lafarge va devoir batailler ferme.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

ð CONCURRENCÉES PAR LES IMPORTATEURS,les Cimenteries du Cameroun nedétiennent plus « que » 75 % du marché.

La consommation nationale devraitpasser de 70 kg à 200 kg parpersonne et par an d’ici à 2020.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

82 Le Plus de J.A.

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Page 84: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Devenir l’un des principauxexportateurs d’électricité surle continent : l’objectif estlointain – pour lemoment, la

productiondes centrales camerounaisesnesuffitpasà satisfaire lademandenatio-nale.Mais il ne sembleplus inaccessible,si Yaoundé continue demettre les bou-chéesdoublespourboucler les chantiersen cours et trouver des financements,publics et privés, pour les projets prio-ritaires identifiés dans sonDocumentdestratégie pour la croissance et l’emploi(DSCE) 2010-2020.

Le coût global de la réalisation desinfrastructures de production et detransport d’électricité est estimé à plusde 5 850 milliards de F CFA (près de9 milliards d’euros) sur dix ans, aux-quels s’ajoutent 663milliards de F CFApour le programme d’électrificationrurale. Mais la vétusté, la saturationet le manque d’interconnexions desinfrastructures existantes freinaient àtel point le démarrage de la politiqueindustrielle et dediversification engagée

par le gouvernement que ce derniern’avait plus d’autre choix.

Son plan énergétique vise à résorberle déficit du pays (40 GWh par an) pourporter la puissance installée à 5000MWd’ici à 2020 (contre 1337 MW actuelle-ment) et répondre à la forte croissanceprévisionnelle de la consommation desménages et des industriels. Le second

objectif, qui a d’ailleurs permis demobi-liser un peu plus les partenaires régio-naux et internationaux, est d’exporterles excédents.

PREMIERS CLIENTS. LeCameroundis-pose du deuxième potentiel hydroélec-triqueducontinent (après laRDCongo),estimé à 20 GW. Si à peine 6 % de cesressources sont exploitées, elles four-nissent déjà la plus grande partie de

son électricité (95 %) et en font le plusimportantproducteurde laCommunautééconomique et monétaire de l’Afriquecentrale (Cemac), dont seuls 35 % des40millionsd’habitants ont accèsà l’élec-tricité. Lesbesoinsde la sous-régionsontestimésà13000MWparanetaugmententau rythmede la croissance économique.

Parmi lespremiers clients sur les rangsfigure le Tchad, avec une puissance ins-tallée de 245 MW et un taux d’accès àl’électricité inférieur à 3%.Mais aussi legéant nigérian, qui ne dispose que de3000MWdepuissance installée (quinzefoismoinsque l’AfriqueduSud,pourtanttrois foismoins peuplée). LeCamerounveut donc valoriser son potentiel pourapprovisionner ses voisins.

L’opérateurAES-Sonel (dont le capitalest détenu à 56 % par le groupe améri-

cainAESetà44%par l’Étatcamerounais) investit ainsimassivement pour aug-menter ses capacités, enmettant à niveau les com-plexes existants et endiver-

sifiant la production via la constructionde centrales thermiques. Une optionqui présente l’avantage de maintenirles niveaux de production en cas d’aléasclimatiques,mais aussi denécessiter desinvestissements et des chantiers beau-coup moins lourds que les complexeshydroélectriques.Dans la course contrela montre engagée par le pays, c’est unaspect non négligeable. ●

GEORGES DOUGUELI et CÉCILE MANCIAUX

ÉNERGIE

Des complexes pour mettreles voisins sous tensionLe pays veut devenir l’un des principaux exportateursd’électricité du continent alors qu’il peine encore à couvrirses besoins. Pourtant, la mission ne semble pas impossible.

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/JAGUAR

� SEULEMENT 6 %DES RESSOURCES

HYDROÉLECTRIQUES sontexploitées (ici à Lagdo),mais elles fournissent95 % de la production.

Un programme coûteux, maisindispensable à la politiqueindustrielle du gouvernement.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

84

Page 85: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

TCHAD

NIGERIA

RÉPUBLIQUECENTRAFRICAINE

CONGO

GABON

GUINÉEÉQUATORIALE

Golfe de Guinée

NORD

EXTRÊME-NORD

ADAMAOUA

EST

SUD

CENTRE

OUEST

NORD-OUEST

SUD-OUEST

LITTORAL

Lagdo

Lom Pangar

Batchenga

Kpep

Mekin

Memve’ele

Mpolongwé

Douala

Yaoundé

100 km

• Lagdo (72 MW) et Warak (75 MW)Très demandeur (avec

seulement 245 MW depuissance installée), leTchad espère bénéficierde la réhabilitation de lacentrale de Lagdo et dela construction d’uncomplexe hydroélec-trique àWarak (dans

l’Adamaoua). Ce projetest soutenu parYaoundéet N’Djamena, maisaussi par la Banqueafricaine de développe-ment (BAD). Il prévoitla mise en place d’uneligne à haute tensionentre Ngaoundéré et

Maroua (414 km) auCameroun et entreMaroua et N’Djamena(250 km), qui permettrad’acheminer une partiede l’électricité produitepar la future centrale deWarak jusqu’à lacapitale tchadienne.

• Kpep (450 MW)Les autorités ont

signé en mars un proto-cole d’accord avec JouleAfrica (filiale de l’améri-cain Joule Investments)pour la réalisation d’unbarrage sur le fleuveKatsina-Ala, dans leMenchum. Ce projet privé,dont le coût est estimé à500 milliards de F CFA, estdéveloppé en partenariatavec Bethel Industrie-vertretung (basé àBamenda) et le groupeallemand d’ingénierieLahmeyer International.Le Nigeria envisagedéjà d’importerune partie de saproduction à venir.

• Lom Pangar(30 MW)En août dernier,

le gouvernementet ElectricityDevelopmentCorporation (EDC)ont signé avecChina InternationalWater & ElectricCorporation (CWE)le contrat deconstruction de cebarrage-réservoirsur le Sanaga. Soncoût est évalué àprès de 75 milliardsde F CFA,cofinancés par laBanque mondiale,la BAD et l’Agencefrançaise dedéveloppement.Renforcé par unepetite centrale depied (30 MW), LomPangar stabilisera ledébit du Sanaga,garantissant ainsi lapuissance installéedes complexes deSong Loulou(388 MW) et Édéa(263 MW). Il devraitêtre opérationnel fin2014-début 2015.

• Mpolongwé (216 MW)D’une capacité de216 MW (extensible à330 MW), la centrale àgaz de Kribi PowerDevelopment Corpora-tion (KPDC, filiale à 56 %d’AES-Sonel) devraitêtre livrée au premiertrimestre 2013. Elle amobilisé un investisse-ment de plus de190 milliards de F CFA.

• Memve’ele (201 MW)Le barrage et la centrale,

sur le fleuve Ntem, doiventêtre opérationnels en 2016.Leur financement est assurépar un prêt de China EximBank, d’un montant de243 milliards de F CFA.

• Mekin (15 MW)Parmi les différents

complexes entrant enchantier, le plus avancé estcelui de Mekin, sur le fleuveDja, piloté par la société àcapitaux publics HydroMekin et dont les travauxont été confiés à ChinaNational Electric EquipmentCorporation (CNEEC).Financée à 85 % par un prêtde 22 milliards de F CFAaccordé par China Exim Bankdébut 2010, la centrale doitêtre mise en service en 2015.

• Batchenga (330 MW)La construction

de la centrale hydro-électrique de Nachtigal,à Batchenga, serarendue possible grâceau lac de retenue dubarrage de Lom Pangar.

PLANTHERMIQUE D’URGENCE (200 MW)

ENVISAGÉ COMME une solution à court termeen attendant la livraison des grands projets, ceprogramme prévoit la construction de petitescentrales thermiques dans plusieurs villes dupays. Celles de Bamenda (20 MW), Ebolowa(40 MW), Mbalmayo (40 MW) et Yaoundé(60 MW) sont les dernières à avoir vu le jour.

Centrales tous azimuts

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Page 86: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Page 88: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

L ancée en 1977, l’exploitationpétrolière auCamerounaatteintson apogée en 2003. Depuis, lesvolumesdéclinent; ils sontpassés

de 39 millions de barils par an à moinsde 22 millions en 2011. Le pays devraitbien connaîtreun soubresaut entre 2013et2015, avecunpetit supplémentdepro-duction de 2 à 3 millions de barils paran grâce au développement de champsmarginaux,«mais, sansdécouvertesigni-ficative, ce n’est plus sur ce secteur quese jouera l’avenir du pays », avance unopérateur. Si les perspectives semblentdonc limitées dans l’amont pétrolier, leCamerounaen revancheunebelle carteà jouer sur l’aval du secteur, notammentenmatière d’export vers la sous-région.

Dans cette stratégie, qui permettraitau pays de compenser la baisse de sesexportations de brut, la raffi-nerie de Limbé fait figure depierre angulaire. Opérée par laSociéténationalede raffinage(Sonara), elle fait l’objet d’unprogrammedemodernisationet d’extension qui doit portersa capacité de 2,1 millions detonnesparanàprèsde4millionsà l’horizon2015.Uninvestissementde 579 millions d’euros, « entièrementpris en charge par la Sonara », affirmeCharlesMetouck, directeur général de lasociétépublique.Cettepremièrephaseduprogramme est réalisée à 70%.

La secondephasepermettrad’amélio-rer le traitement des résidus de distillatslourds,qui représententaujourd’hui11%des volumesproduits par la Sonara. «Aulieudevendrecesrésidus,nousproduironsdes volumes supplémentaires de gaz,d’essenceoudegasoil. Il ne s’agitpas tant

deproduireplusquedeproduiremieux»,expliqueCharlesMetouck,précisantquela Sonara récupérera 24%de volume deproduits grâce à ce retraitement.

DU LOURD. Ce nouvel outil va surtoutpermettre à la raffinerie, conçue pourle traitement de bruts légers, de traiterle « Kolé » camerounais, plus lourd, qui,fauted’équipementsappropriés,nerepré-sente actuellement que moins de 20 %desapprovisionnementsde la raffinerie,loinderrière lespétrolesnigérians.«C’estl’objet même de ce projet, qui doit nouspermettre de valoriser 70 % des brutscamerounais»,préciseledirecteurgénéralde la Sonara.

Prévue à l’origine pour développerles capacités à l’export, l’extension dela raffinerie doit aujourd’hui permettre

d’alimenter en premier lieu laconsommationdomestique,en hausse de 5%par an enmoyenne depuis 2008.Toutefois, l’augmentationdes volumes à l’exporta-tion (qui représententun sixième de la produc-

tion) reste une priorité, lademandeenproduitspétroliers

étantégalementen fortehaussedanslarégion.L’entréeenactivité, en juin2011,d’une première raffinerie au Tchad,jusqu’alors principal client de la Sonara,«vacertainement changer la répartition,reconnaît CharlesMetouck. Cependant,il y ad’importantsdébouchés enGuinéeéquatoriale, au Congo, en RD Congo et,surtout,auNigeria, limitépar lescapacitésde ses propres raffineries ».

Ces volumes supplémentaires deproduits raffinés obligent le reste de la

filière à s’adapter, à commencer par lestockage. La Société camerounaise desdépôtspétroliers (SCDP)adonc lancéunprogrammed’envergurepouraugmenterde65%sescapacitésd’entreposagedepro-duits liquides (266250m3aujourd’hui) etdoublercellesdeproduitsgazeux(actuel-lement de 2370 t) d’ici à 2016. Le totaldes investissements s’élève à 85millionsd’euros, auxquels s’ajoutent 115millionspour laconstructiondunouveaudépôtdeKribi,d’unecapacitéde450000m3,dont lapremièrephasedoitêtreachevéeen2014.«Nousseronsalorsenmesuredesuivre lacroissancedelaconsommationcamerou-naise et des échanges sous-régionaux, àl’importcommeà l’export», indiqueBlaiseAvebe, responsable qualité de la SCDP.

ÀKribi, les volumes de brut transitantparlepipelineTchad-Camerounsontaussiappelés à s’accroître : aux 115000 barilspar jour transportés en 2011 devraients’ajouterprèsde20000b/jenprovenancedu Niger. Niamey en a fait la demandeofficielleauprèsdeN’Djamenaen février,et si le projet est adopté, dans deux ans,unoléoduc reliera les champsnigériens,situés le longde la frontièreavec leTchad,aupipeline existant. Les autorités came-rounaisesdevraientsemontrer favorablesà ce projet susceptible d’augmenter lesdroits de transit, qu’elles estiment tropfaibles (un sujet sur lequel elles viennentd’ailleursd’ouvrirdesnégociationsaveclesopérateursprésents auTchad). Enoutre,la confirmation, l’an dernier, de la pré-sencedepétroledans lebassinduLogoneBirni (nord du pays) devrait achever deconvaincre Yaoundé, puisque le nouveloléoduc pourrait aussi être utilisé pourévacuer ce petit supplément de brut. ●

OLIVIER CASLIN

HYDROCARBURES

Les projetsdans le pipeL’extraction de brut décline etle pays se recentre sur l’avalde la filière. Du raffinage àla livraison, les opérateurss’organisent pour améliorerla transformation, le stockageet le transport des produitspétroliers. D

R

� La première phase de la modernisation de LA RAFFINERIE DE LIMBÉ est réalisée à 70 %.

ent

d’alimcoen

tidema

5 %c’est la croissanceannuelle moyenne

de laconsommationdomestique

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.88

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D ifficile de rouler dans les rues deDouala oudeYaoundé sanspas-serdevantunestationTradex.En

cinq ans, la société s’est hissée au rangde troisième distributeur de carburantsdu pays (après Total et MRS Corlay),avec 14 % du marché et 113 millionsde litres distribués en 2011, en haussede 15,2 % par rapport à 2010 – la plusforte progression enregistrée dans lesecteur. Débarqué dans la distributiondes produits blancs (essence, gazole,kérosène) en 2006, l’opérateur n’a doncpasmis longtemps à dépasser l’objectif

que lui avaient alors fixé ses dirigeants :« compter parmi les cinq principauxfournisseurs du pays », rappelle sondirecteur de la communication, Jean-Paul Tchomdou.

Spécialiste du négoce et de l’import-export de brut et de produits pétroliers,créé en 1999 par la Société nationaledes hydrocarbures (SNH) pour appro-visionner les marchés tchadien et cen-trafricain, Tradex s’est progressivementdésengagé de son cœur demétier aprèsl’annonce du projet de construction dela raffinerie tchadienne, aumoment où

la flambée des prix du pétrole poussaitlesmultinationales àquitter la distribu-tion. Tradex a alors décidé de suivre lechemin inverse, « persuadé qu’il y avaitdes places à prendre », explique Jean-Paul Tchomdou.

BIEN SITUÉES.Avec raison, puisque lesactivités de distribution ont représenté85 % des 175 millions d’euros de chiffred’affaires enregistrés par la société en

2011. Un résultat qui laisse rêveur, alorsque la compagnie ne dispose que de32points de vente, contre 145pourTotalet 70 chez MRS Corlay. « Nos stationssont stratégiquement situées, là où lesautresne sontpas », explique ledirecteurde la communication de Tradex, qui– de bonne guerre – insiste aussi sur laqualité des services et des carburantsproposés. En tout cas, la formule, appa-remment gagnante, va être étendue. Ledistributeur prévoit d’ouvrir sept nou-velles stationsauCamerouncette année,tout endémarrant ses activités auTchad.Tradex a par ailleurs signé, en avril, uncontrat de partenariat avec CameroonAirlines Corporation (Camair-Co) pourla fourniture de carburant (Jet A1 Fuel)à la compagnie nationale. Après avoirlancé sapropre gammede lubrifiants en2010, l’entreprisecompteaussipoursuivresa diversification et suit de très près ledossier gazier. ● O.C.

A ujourd’hui, le Camerounimporte 70%de sa consomma-tiondegaz.Avant2030, il devrait

non seulement être autosuffisant, maisaussi avoir rejoint le clubdespays expor-tateurs de gaz naturel liquéfié (GNL).Sur le complexe industrialo-portuaire

de Kribi, Cameroon LNG, filiale de laSociété nationale des hydrocarbures(SNH)etdeGDFSuez, prépare l’implan-tation d’une usine de production de gazdepétrole liquéfié (GPL) pour lemarchédomestique et de GNL pour l’export.

« L’heure est à la valori-sation », explique TanguyMoulin-Fournier, directeurdes relations extérieures àYaoundépour l’opérateur français.Aprèsen avoir torché près de 30 milliards dem3 en trente ans, le Cameroun est doncdécidé à promouvoir son gaz (dont lesréserves prouvées sont de 160milliardsde m3). Il a adopté en avril un nouveau

code gazier qui encadre le transport, ladistribution, la vente et l’exportationdu gaz et de ses dérivés autour de deuxgrands axes : le caractère prioritaire desbesoinsénergétiques locauxet le soutienaux investisseurs internationaux par

une série d’exonérations fiscales. « Ledocument renforce le rôle d’arbitre despouvoirs publics », estime un observa-teur, afin que le Cameroun passe danslesmeilleures conditions «du risque gazà l’opportunité gaz ». ● O.C.

Un lion dans le moteur

Pleins gaz

Spécialiste de l’import-export, Tradex s’est converti à la distribution.En cinq ans, il est devenu le troisième réseau national et s’apprête àouvrir des points de vente au Tchad.

Projet d’usine de liquéfaction,nouveau code sectoriel…Le Cameroun se décide à tirerprofit de ses réserves.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

� L’entreprise compte 32 STATIONS, contre 145 pourTotal et 70 pour MRS Corlay.

Avec la flambée des prix,les majors ont quittél’activité. La société asuivi le chemin inverse.

« L’heure est à la valorisation. »TANGUY MOULIN-FOURNIER, GDF Suez

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le Cameroun sort de ses frontières 89

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FEICOMle défi de l’émergence

au niveau local

EXERCICE 2006 2007 2008 2009 2010 2011

TOTAL 25,76 27,08 20,1 23,43 41,8 67,2

CENTIMES ADDITIONNELS COMMUNAUX ET AUTRES IMPÔTS RÉPARTIS AUX COMMUNES (EN MILLIARDS DE FCFA)

L e FE ICOM (Fonds spéc ia ld’équipement et d’interventionintercommunale), également

appelé la « banque des communes », estl’instrument privilégié du développementlocal au Cameroun. Il a été créé endécembre 1974 pour accompagner toutesles collectivités territoriales décentraliséesdans leur processus de développement enleur apportant une assistance technique etfinancière. Ses ressources proviennent dela fiscalité transférée par l’État et des fondsde coopération destinés aux communes.Il affiche aujourd’hui une expérienceinternationalement reconnue et desréalisations majeures dans le domaine desinfrastructures, de l’architecture ou encoredes services sociaux de base.

Doté de la personnalité juridique etjouissant de l’autonomie financière, il estplacé sous la double tutelle du ministèrechargé des Collectivités territorialesdécentralisées, qui fixe ses objectifstechniques, et du ministère chargé desFinances, qui apprécie ses opérations

financières. Le conseil d’administration,présidé par une personnalité nomméepar décret du président de la République,oriente et contrôle sa gestion. Le directeurgénéral, lui aussi nommé par le chefde l’État, applique la politique généraledéterminée. Depuis 2009, le système demanagement du FEICOM est certifié à lanorme ISO 9001 version 2008.

Les missions du FEICOM• L’entraide entre communes par descontributions de solidarité et avances detrésorerie ;• Le financement des investissementscommunaux ou intercommunaux ;• La couverture des frais et l’assistanceà la formation des élus et du personnelcommunal ;• Depuis 1998, il assure la centralisation etla redistribution des centimes additionnelscommunaux (CAC), suite à l’instaurationde la péréquation dans leur répartition ;• Depuis 2006, le FEICOM, réorganisépour toujours mieux coller aux exigences

ÉLECTRIFICATION DE DIZANGUE.GROUPE SCOLAIRE BOLE BAKUNDU (COMMUNE DE MBONGUÉ).

Tout à la fois expérimenté,fort de ses 38 ansd’activité, et moderne,le FEICOM (Fondsspécial d’équipementet d’interventionintercommunale)s’implique avec toujoursplus d’efficacité dansl’épanouissement descommunes camerounaises.Développement rural,désenclavement, énergiesolaire, emploi, luttecontre la corruption…il est de tous les combats.

HÔTEL DE VILLE DE MAMFÉ.

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SAGE

Page 91: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

FEICOMFonds spéciald’équipementet d’interventionintercommunale

Quartier Mimboman ChapelleBP 718 - Yaoundé, CamerounTél.: 00 237 22 23 51 64E-mail : [email protected] DI

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de son temps, assure la recherche denouvelles ressources financières à traversla coopération internationale ;• Depuis 2009, il a reçu de nouvellesmissions, telles la mise à la disposition descommunes et communautés urbaines dela dotation générale de la décentralisation,de 50 % de la quote-part de la redevanceforestière et de 100 % des droits de timbreautomobile.

construction ou la réhabilitation de 111réseaux d’adduction d’eau au service deprès de 400 000 personnes ;> 14,40 % aux écoles pour la construc-tion de 1140 salles de classe équipéesen tables et en chaises au service de100 000 enfants ;> 12,9 % à l’électrification rurale avec 120projets destinés à améliorer les conditions deproduction,de conservation et de transforma-

en avril 2011 par décision du directeurgénéral. Il doit traduire en acte uneambition exprimée par M. PhilippeCamille Akoa, qui vise à faire du FEICOM« une île d’éthique et de bonne moralité ».Le comité est chargé de mettre enœuvre les mesures prescrites par lePlan gouvernemental de lutte contre lacorruption, notamment en matière deprévention et de répression. Il doit veiller

Un acteur de l’« émergence »du développement localLe FEICOM contribue aux stratégies natio-nales déclinées dans le DSCE (documentde stratégie pour la croissance et l’em-ploi), qui vise à faire du Cameroun unpays émergent à l’horizon 2035. Il désen-clave les régions à travers la constructionet la réhabilitation de routes et de ponts.Il équipe les communes en infrastruc-tures de production, de stockage et decommercialisation (marchés à bétail,marchés de vivres, abattoirs, magasinsde stockage), afin qu’elles puissent entirer des revenus et qu’elles génèrentdes emplois. Le FEICOM intervient aussidans l’amélioration des conditions de viedes populations à travers le financementdes projets d’approvisionnement en eauou de construction et d’équipementd’écoles.

Depuis 2006, l’organisme a mobilisé105,9 milliards de francs CFA pour lefinancement des projets communaux :> 28,11 % à la construction, la réhabilitationou l’équipement de 188 hôtels de ville ;> 18,16 % aux infrastructures d’appro-visionnement en eau potable pour laréalisation de 1145 puits et forages et la

tion dans le domaine agricole et artisanal ;> 5,04 % aux routes et ponts avec137 projets réalisés pour désenclaverdes zones de production et 11,80 % auxéquipements commerciaux ;> 10 % de l’enveloppe globale ont permisl’acquisition d’engins, la constructiond’équipements culturels, de tourisme et laréalisation de 30 centres de santé.

Un partenaire moderneLe FEICOM a accompagné les communesdans le cadre de la prise de participationsà la SOCAPALM, lorsque le capital de cettesociété agro-industrielle, implantée dans lesrégions du Littoral et du Sud, a été ouvert aupublic. À la pointe de la modernité, il a faitentrer des communes dans l’ère de l’énergiesolaire,commeSangmelima,dans la régionduSudCameroun.Undispositif d’éclairagepublicà panneaux photovoltaïques,encore partiel,ya été mis en service depuis le 29 avril 2011.

Un rempart contrela corruptionLe 9 février 2012, le FEICOM est entrédans la croisade contre la corruption,suite à l’entrée en fonction de son Comitéchargé de lutter contre ce fléau, créé

à ce que les ressources du FEICOMcontribuent effectivement à l’améliorationdes conditions de vie de tous les citoyensdes communes du Cameroun. Preuve desbonnes pratiques du FEICOM suite à unaudit financier, réalisé de septembre àdécembre 2011, la coopération allemandea décidé cette année de contribuer àhauteur de 10 millions d’euros dans lefinancement de projets communaux.

Par ailleurs dans ce cadre qu’unPrix national des meilleures pratiquescommunales de développement local a étéinstitué depuis 2010 avec l’appui techniqued’ONU-HABITAT. Il promeut les pratiquesinnovantes et le partage d’informationsdans les domaines de l’amélioration desrecettes, de la gestion des infrastructureset de la gestion durable des ressourcesnaturelles et de la gouvernance.

Page 92: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

E ntre lesCamerounais et labière,« c’est une véritable passion »,pour reprendre la manchettepubliée début avril par l’undes

principauxquotidiens dupays. Sur deuxcolonnes, l’auteur de l’article s’agaçaitdevant les immenses panneaux publici-taires envahissant les rues deDouala oude Yaoundé et qui, selon lui, expliquenten partie l’alcoolisme galopant constaténotamment chez les jeunes.

Montrés du doigt, les trois brasseursdu pays – la Société anonyme des bras-series du Cameroun (SABC), GuinnessCameroun SA et l’Union camerounaisede brasseries (UCB) – préfèrent se félici-ter des bons résultats enregistrés annéeaprès année sur un marché domes-tique où la production est passée de4,2 millions d’hectolitres de bière en2006 à près de 5,5 millions en 2011.« Le Cameroun est de loin le premiermarché de la Cemac [Communautééconomique et monétaire de l’Afriquecentrale, NDLR], voire d’Afrique ; il estdonc essentiel d’y être présent », estimeNorbert Eloundou, directeur de la com-munication deGuinness Cameroun SA,filiale du leader mondial des alcools etspiritueux, le britannique Diageo.

Le groupe, qui a débarqué à Doualadans les années 1970, représenteaujourd’hui 10 % à 15 % du marchébrassicole national, tiré par son pro-duit phare et ambré, la brune irlandaiseGuinness, de plus enplus appréciée desconsommateurs locaux. « La barrière

de l’amertume se brise », constateNorbert Eloundou, surtout depuis lacommercialisation réussie, en 2005, delaGuinness Extra Smooth, une varianteplus crémeuse spécialement créée pourles marchés camerounais, ghanéen etnigérian.

BRUNES OU BLONDES. Les brunescomptent doncdemoins enmoins pourdes prunes au Cameroun, au point depousser la concurrence à s’y intéresserde plus près, «mais ils n’ont pas encoretrouvé la bonne formule », souritNorbertEloundou.

Du côté de SABC, la plus importantefiliale du groupe français Castel enAfrique, l’envie de « titiller Guinness surles brunes » est bien confirmée,mais lapriorité reste de conforter ses positionssur le segment des blondes, qui repré-sententplusde80%desvolumesdebièreconsommés auCameroun commedansla sous-région. Une stratégie qui a faitses preuves pour le leader historique dusecteur : SABC a écoulé près de 4,8mil-

lions d’hectolitres en 2011 (enhausse de4%) et truste 85% des parts demarché.« Chacun ses produits et ses consom-mateurs », veut croire Serge Njapoum,directeur commercial de l’entreprise,

qui dispose de cinq usines (à Douala,Yaoundé, Bafoussam et Garoua).

La lutte reste néanmoins frontale surle segment des bières premium, comptetenu de l’augmentation du pouvoird’achat d’une partie de la population,cœur de cible privilégié des deux bras-

seurs cesdernières années.« En tant que généraliste,nous devons nous posi-tionner sur l’ensemble dela gamme », insiste SergeNjapoum.Lamêmelogique

semble avoir motivé l’accord, effectifdepuismai 2011, avec le groupe françaisPernod Ricard, qui permet à SABC des’implanter surunmarchédes spiritueuxjusqu’alorsbiencontrôlépar lesbest-sel-lers deGuinness (vodka Smirnoff, whis-kies JohnnieWalker ou J&B…).Quant ausegmentdesboissons gazeuses, lui aussien plein développement – les volumesvendusaugmentent enmoyennede10%par an depuis 2008 –, il est égalementdominé par SABC (plus de 90 % desparts de marché).

Pour le champion national, qui com-mercialise également une eau miné-rale (Source Tangui) et une eau detable (Aqua Belle, produite et venduedepuis deux ans à partir de son usinede Garoua, dans la région du Nord),

AGROALIMENTAIRE

Bras de fer chez les brasseursPremiers consommateurs de bière d’Afrique centrale, les Camerounaisboivent aussi de plus en plus d’eau en bouteille. Sur ce juteux marché,les industriels locaux multiplient innovations et coups marketing.

! Avec4,8 millionsd’hectolitresécoulés en2011, SABCRESTE LE LEADER

INCONTESTÉ

DU MARCHÉ

BRASSICOLE.

CONCURRENTS AU CAMEROUN, les groupes Diageo et Castel sonten revanche partenaires dans les autres pays de la région, le britanniquen’hésitant pas à confier la recette de sa célèbre bière brune au français,chargé de sa production pour la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale,le Gabon et, plus récemment, leTchad. Cette situation – « en effet assezparticulière », reconnaît Norbert Eloundou, directeur de la communicationde Guinness Cameroun SA – permet à Guinness d’étendre sa zonede chalandise. Castel étant présent dans l’ensemble des pays dela sous-région, sa filiale camerounaise SABC se contente pour sa partd’exporter un petit 1 % de sa production de bières et boissons gazeusesvers le Congo et la Guinée équatoriale. ● O.C.

LES MEILLEURS ENNEMIS

Les volumes de boissons gazeusesvendus augmentent en moyennede 10 % par an depuis 2008.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.92

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NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

le grand défi se situe désormais sur cemarché, littéralement inondé par lesgrands noms importés d’Europe, ainsique par des marques locales toujoursplus nombreuses.

MINÉRALES. «Avec un chiffre d’affairesqui double chaque année depuis cinqans, le marché aiguise les appétits etdevient aussi concurrentiel que celui del’Europedans lesannées1980», confirmeledirecteur commercialdeSABC,encoreloind’êtremenacé : sa filiale, laSociétédeseauxminérales duCameroun (SEMC), avendu les trois quarts dumillion d’hec-tolitres consommédans le pays en 2011,

enregistrant au passage une croissancesupérieure à 17 %.

Biendécidéàconserver son leadershipface à des challengeurs très offensifsces derniers mois, comme Semme ouSupermont, SEMCa toutdemêmeprévudeproduire 1,4million d’hectolitres dèscetteannéepoursuivre le rythme imposépar lesconsommateurscamerounais.Lesventes à l’export restent pour l’instantmarginales (1,5 % des volumes), «maisle potentiel est énorme sur les pays dela Cemac et le Nigeria », souligne SergeNjapoum,quivient justementderecruterun directeur export pour sillonner larégion. ● OLIVIER CASLIN

U n soupçon d’énergie écos-saise et une bonne dose departenariat germano-came-

rounais : c’est peut-être l’alchimiequ’il fallait pour que la premièreusine d’engrais chimique du paysvoie enfin le jour. Un équipementannoncédepuis des décennies sansjamais être réalisé, et porté au rangdeprioritédans ledernierDocumentde stratégie de développement dusecteur rural.

À L’ÉTUDE. L’industriel allemandFerrostaal et la Sociéténationale deshydrocarbures (SNH) ont conclu enoctobre un accord de partenariatpour la réalisation de l’étude de fai-sabilité, rendue en mars, qui éva-lue l’investissement à 760 millionsd’euros pour une unité capable deproduire 600 000 tonnes d’ammo-niaque et 700000 tonnes d’urée paran, destinées aux marchés local etsous-régional.

En signant, le 24 avril, un contratd’approvisionnement en gaz naturelavec EurOil (filiale camerounaisede l’écossais Bowleven), Ferrostaaldonne encore plus de poids à sonprojetd’usine,qu’il espèrevoir entreren activité dès 2014, près de Limbé(Sud-Ouest). ● O.C.

INTRANTS

Un fertilepartenariatLa première usined’engrais chimiquespourrait ouvrir d’ici à 2014.

Le Cameroun sort de ses frontières 93

Page 94: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

CAMEROUNAISE DES EAUX (CDE)

ASSURER UN SERVICE DE QUALITÉ DE L’EAU POTABLE

Société anonyme de droit came-rounais, la Camerounaise des Eaux(CDE) a été créée en 2007 par un

consortium d’entreprises marocaines : l’Of-fice national de l’eau potable (ONEP), DeltaHolding, NOVEC et Medz. Elle est issue dela restructuration du secteur de l’eau, etplus particulièrement du secteur de l’hy-draulique urbaine, mise en œuvre en 2005par le gouvernement de la République duCameroun.

Par voie d’appel d’offres international, etdans le cadre d’un contrat d’affermage dedix ans, la Camerounaise des Eaux (CDE) aété choisie pour exploiter les installations etassurer le service public de l’eau potable auCameroun. Des missions qu’elle remplie ens’appuyant sur ses valeurs : la bonne gouver-nance, le professionnalisme et la qualité deservice. Elle a pour principaux partenaires leMinistère de l’Énergie et de l’Eau (MINEE) etCamwater (Cameroon water utilities Corp.).

4 900 kilomètres decanalisationsDans le cadre de ce partenariat public-privé, la CDE est chargée de la produc-

tion, du transport, de la distribution et lacommercialisation de l’eau potable dansle périmètre affermé constitué de 106centres urbains et périurbains. Elle assurel’exploitation de 99 points de captage, 95stations de traitement et 36 forages pourune longueur de canalisations de distribu-tion de 4 900 kilomètres. Son laboratoirecentral assure un contrôle permanent de laqualité de l’eau en effectuant 5 500 ana-lyses par an.

Les missions du CDE• Améliorer le taux d’accès par la réalisationdes branchements,

• Accroître les volumes vendus par la limita-tion des fréquences et durées des arrêtsde service, ainsi que par la réduction despertes d’eau sur le réseau,

• Améliorer la continuité du service en ré-duisant les temps d’arrêt des installations.

L’expertise CDE se traduit auquotidien par une série deprojets• La mise à niveau des ouvrages de produc-tion et de distribution des villes de Doualaet Yaoundé,

Depuis son entrée en activité en 2008, la Camerounaise des Eaux (CDE) multiplieles efforts et les investissements pour assurer un service public de qualité et améliorerl’accès à l’eau potable des populations urbaines et périurbaines au Cameroun.

Brahim Ramdane, Directeur Généralde la Camerounaise des eaux.

Travaux de réfection des parois du château deNkoayos.

Exécution d’un branchement. Equipe exécutant un branchement.

Agence de Koumassi.

COMMUNIQUÉ

Page 95: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

CAMEROUNAISE DES EAUX (CDE)

Direction GénéraleB.P.157, Douala, CamerounTél. : (+237) 33 43 99 80Fax : (+237) 33 43 99 81E-mail : [email protected]

• La mise à niveau des laboratoires centrauxet régionaux,

• Le renforcement des moyens techniqueset logistiques nécessaires à l’exploitation,

• La mise en place d’un programme de for-mation et de recyclage du personnel,

• L’élaboration d’un programme d’investisse-ment triennal,

• La réduction des charges d’exploitation,• L’amélioration de la continuité de service,• L’amélioration de la qualité des eaux dis-tribuées,

• La création d’un tissu industriel local demicros entreprises dans le secteur de l’eaupotable,

• La consolidation de l’expertise sur le plantechnique,

• L’accréditation du laboratoire central de laCDE,

• Le développement de nouveaux outilspermettant d’optimiser l’exploitation desinstallations, notamment la mise à jourdes plans des réseaux de distribution, laGMAO, le SIG, la télégestion.

Les réalisations techniquesLa CDE a réalisé des travaux de remise àniveau des équipements et des ouvragesde production et de distribution des deuxgrandes métropoles du Cameroun, Yaoundéet Douala. Financés par la Banque mondialeà hauteur de 5 milliards de francs CFA, cestravaux ont été réalisés à hauteur de100%.Ils consistaient essentiellement dans :• La réfection et la réhabilitation des filtresde Japoma (Douala) et d’Akomnyada(Yaoundé),

• Le renouvellement et la réhabilitation desstations de pompage,

• La remise à niveau des équipements detraitement et de dosage des réactifs,

• La réhabilitation des réservoirs de stoc-kage.

Une meilleure prise en comptedes clientsLa CDE a récemment procédé au déve-loppement d’une nouvelle application degestion clientèle. Cette application est uneréponse à l’évolution technologique, auxexigences du contrat d’affermage et ducontrat de performance et, bien sûr, auxattentes des exploitants et des clients.

Orientée Web, cette application permet decentraliser les données et d’assurer, en casde disponibilité du réseau, les opérationssuivantes :• Identifier un client (abonné ou non) defaçon unique dans l’ensemble de la struc-ture CDE,

• Payer sa (ses) facture (s) indifféremmentdu site de domiciliation,

• Choisir, après paiement d’une facture, dese faire rembourser ou de déposer le reli-quat de la monnaie sur son compte,

• Recevoir un reçu indiquant les rubriquesdétaillées du règlement effectué,

• Se renseigner sur la situation détaillée deson compte, en temps réel, dans n’importequel (le) centre ou agence de la CDE,

• Procéder à un règlement unique pour lesclients possédant plusieurs installationsdisséminées dans l’étendue du territoire.

Point de captage d’Akomnyada.

Réhabilitation des équipements de production.

Réhabilitation de la station de pompage de la Citédes Palmiers (Douala).

DIFCOM/FC-PHOTO

S:D

R

Disponible 24h/24

LaCDEmet à la disposition du publicun centre d’appel ouvert 24h/24.Pour toute information ou réclama-tion, composez le 8055. L’appel estfacturé au tarif local en vigueur.

Page 96: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

C’est un petit hôpital decampagne, dans la régionpauvre de l’Extrême-Nord.Les bâtiments s’étendent à

l’ombre rafraîchissante de grands arbresqui les protègent d’un soleil de plomb.L’air de rien, l’hôpital deKolofata (àunevingtaine de kilomètres de la frontièreavec le Nigeria) accueille en moyenne25000personnesparan,dontunebonnepart vient du Nigeria, du Tchad et duNiger. Ici, les frontières n’arrêtent pasl’afflux des patients, qui sont accueillissans distinction de nationalité. Ces der-nières semaines, assure lemédecin-chef,Ellen Marie Einterz, « il a fallu prendreen charge les maladies infectieusesqui apparaissent pendant la saison del’harmattan ». En 2010, une épidémiede

choléra frappe la région : le petit hôpitalse retrouve engorgé, avec 1600 cas. Enrevanche, 2011 fut une année tranquille,avec 200 cas diagnostiqués, assure Ellen

MarieEinterz.CetteAméricaineaucorpsfrêle mais d’un grand dynamisme nes’économise pas.

« DR ELLEN ». Venue d’Indianapolis(nord-est des États-Unis), elle a toutquitté pour s’installer en 1990 auCameroun, dans cet arrondissementde 36 000 habitants qui n’avait qu’un

modeste dispensaire pour assurer leservice public de santé. Avec l’aide debienfaiteurs locaux, «Dr Ellen » est par-venue à le transformer en hôpital, avecun laboratoire équipé par la France etun centre d’ophtalmologie, ouvert en1995 et dont la réputation a atteint le suddu Cameroun, pourtant mieux pourvuen hôpitaux… Elle a pu recruter une

logisticienne canadienne,Myra Bates, et un chirur-gien, Daniel Nkusu, venude RD Congo.

Si cet hôpital attire desmalades de quatre pays de

la région, il est pourtant loin dedisposerde tous les équipements d’un établisse-ment de référence. Dans une région quicompte 6 % de personnes vivant avecle VIH, « Dr Ellen » ne désespère pasd’acquérir les appareils de comptage deCD4etdemesurede la chargevirale.Desinformations qui détermineront la déci-sion de démarrer, ou non, le traitement

SANTÉ

Un pays très hospitalierLe Cameroun attire de nombreux patients de la sous-région.Lesquels se pressent dans les établissements des zones frontalièrescomme dans ceux de Douala et de Yaoundé.

SANDRA

HOYN/LAIF-R

EA

Au plus fort des attaques rebelles,N’Djamena évacuait ses blessésde guerre vers la capitale voisine.

� LES INFRASTRUCTURES MÉDICALES

sont réputées à l’échellerégionale.

96 Le Plus de J.A.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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À 24 ans, Arthur Zang est déjàune célébrité dans son pays.Ingénieur diplômé de l’École

nationale supérieure polytechniquede Yaoundé, le jeune spécialiste engénie informatique a révolutionnéle traitement à distance desmaladiescardiovasculaires au Cameroun, endéveloppant une tablette numériqueà usage spécifiquement médical : leCardiopad. Identique à un iPad, cette

invention – « 100% africaine », insisteavec fierté son concepteur – permetd’enregistrer la fréquence cardiaqued’un malade, puis de la transmettrevia un réseau GSM ou GPS à un car-diologue, lui aussiéquipéde l’appareil,qui peut alors faire son diagnostic et,le cas échéant, prescrire lamédicationnécessaire.

Dansunpays qui ne compte qu’unequarantaine de spécialistes,

Coup de cœur pour le CardiopadMise au point par un ingénieur de 24 ans, cette tablette permetd’effectuer à distance des examens cardiovasculaires.

antirétroviral. « Pour l’instant, regrette-t-elle, nous prenons des décisions sur labase de signes cliniques. »

Les infrastructuresmédicales localesse développent progressivement. Lespatients souffrant d’insuffisance rénalesévère, camerounais ou venus des paysvoisins, n’ont ainsi plusà voyager jusqu’àGaroua (Nord) vers l’uniquecentred’hé-modialyse que comptait la région il y aencore un an. Le ministère camerou-nais de la Santé publique vient de doterMaroua, la grande ville de l’Extrême-Nord, de cet équipement. D’un coût de660millionsdeFCFA(1milliond’euros),la nouvelle unité comporte huit postesde dialyse, pour une capacité d’accueilde 70 malades. Cinq autres centres dece niveau ont été ouverts dans d’autresrégions du pays.

SPÉCIALISTES.Mais les patients les plusfortunés préfèrent rejoindreYaoundéouDouala, àmoins de deux heures d’aviondeN’Djamena, pour bénéficier dumeil-leurplateau techniquede la sous-région.Ainsi, au plus fort des attaques rebelles,l’État tchadien évacuait généralementses blessés de guerre vers les grandshôpitaux camerounais, qui disposentd’équipements et de spécialistes en trau-matologie.À Yaoundé, le Centre hospi-talier d’Essos (qui dépend de la Caissenationale deprévoyance sociale, CNPS),l’hôpital militaire, le Centre hospitalieruniversitaire et l’hôpital général assurentunecouverture satisfaisante, ouverte auxressortissants de la sous-région.

LeCameroun investit également dansla construction d’hôpitaux consacrésaux soins de la mère et de l’enfant.Ainsi de l’Hôpital gynéco-obstétriqueet pédiatrique de Yaoundé (HGOPY),construit pour5milliardsdeFCFA,grâceà un prêt chinois, et inauguré en 2002.Une deuxième unité hospitalière dotéede la même mission est en chantier àDouala, toujours grâce à un concoursfinancier chinois. L’ouvrage de 300 lits,qui va coûter 9 milliards de F CFA, seraréceptionnédébut2013etvacontribuerà

désengorger lesgrandsétablissementsdela capitaleéconomique,à savoir l’hôpitalLaquintinie (750 lits), l’hôpital général(300 lits) et une demi-douzaine d’hôpi-taux de district.

Le pays s’offre également les moyensdedévelopper lamédecinedepointe surson territoire. C’est la mission assignéeauCentre international de recherche etd’applicationenchirurgie endoscopique

et reproduction humaine, institutionhospitalo-universitaire inaugurée en2008. Mais aussi au Centre internatio-nal de référence Chantal Biya pour larecherche sur la prévention et la priseen charge du VIH/sida (CIRCB). Cettestructure à vocation pluridisciplinaireentend rayonner à l’échelle régionaleet internationale. ●

GEORGES DOUGUELI

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

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Le Cameroun sort de ses frontières 97

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R obert Kemajou a travaillé quinzeans sur son projet. Il n’a plusque quelques mois à attendre.

« La production devrait démarrer enseptembre », confirme, impatient, ledirecteur de la Société industrielle detransformation du coton (Sitraco), spé-cialisée dans la production de consom-mables médicaux. Installée à Douala,dans les locaux de la Cotonnière indus-trielle du Cameroun (Cicam), qui luifournira 3000 tonnes de coton par an,la jeune PME fabriquera dans un pre-mier temps des compresses médicaleset des bandes de gaze, avant de s’atta-quer aux marchés du sparadrap et desprotections urinaires pour adultes. Sansvéritable concurrent dans la région,Robert Kemajou vise « 100 millions deFCFA [plus de 152000 euros, NDLR] de

chiffre d’affaires annuel rien que sur leCameroun » d’ici à deux ans. Persuadéde pouvoir être «plus compétitif que lesChinois enmatière de prix », il entend,àmoyen terme, étendre ses activités « àl’ensemblede l’Afrique subsaharienne ».

De quoi valoriser les exportations dela filière : seuls 4 % de la production decotondupays (180000 t de coton-graineet 76000 t de coton-fibre en 2011) sontactuellement transformés, le solde étantexportébrut. L’unitédeproduction,dontlapremièrephasedeconstructionacoûté1,7 milliard de F CFA, est financée enpartie grâce à un prêt accordé fin 2011par la Banque de développement desÉtats de l’Afrique centrale (BDEAC)et la Société générale de banques auCameroun (SGBC). ●

O.C.

A utorisésdepuis2003par leminis-tère de la Santé, les génériquesreprésenteraient aujourd’hui

40%duvolumedemédicaments vendusau Cameroun, selon les autorités sani-taires. Bien qu’ils ne fournissent que 4%d’unmarché domestique inondé par lesproductions indiennes, sept laboratoireslocaux travaillent dans ce secteur, dontGenemark. Créée quelques mois aprèsl’ouverture du marché, la société avaitpourobjectif«d’assurer l’accessibilitéet ladisponibilitédemédicamentsdequalitépourlesplusmodestes», rappellesadirec-trice,GisèleÉtamé,docteurenpharmacieet ancienne cadre de Rhône-Poulenc.

Huitansplustard, lelaboratoireproposeune vingtaine de références, « à un prix

inférieurde30%à50%auxmédicamentssous licence », précise Gisèle Étamé, etil est devenu leader de ce marché, enplein développementmalgré les contre-façons (quiproviennent essentiellement

deRDCongo).Genemark entenddésor-mais élargir sa gamme de produits et sazone de diffusion, d’abord à l’ensembledu territoire camerounais, puis auTchadet à la Centrafrique. ● O.C.

Genemarkau générique

NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

Sitraco transforme la fibre doualaLa jeune PME prévoit de lancer en septembre la fabricationde compresses médicales et de bandes de gaze.

Fondé en 2003, le laboratoire estaujourd’hui leader sur le marché,avec une offre d’une vingtainede médicaments.

essentiellement concentrés dansles grandes villes du Sud, « le Cardiopaddevrait contribuer à sauver plusieursmilliers de vies chaque année », espère

le chercheur. Les principaux centres decardiologie duCameroundevraient êtreéquipés dès cemois de juinde la tablette(dont le coût est de 1,2million de FCFA

l’unité, soit environ 1800 euros) et, déjà,l’Afrique du Sud ou le Burkina Faso ontmanifesté leur intérêt. ●

OLIVIER CASLIN

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R ecrutement international desétudiants et du corps profes-soral, cours bilingues fran-çais-anglais, implantation sur

différents sites, partenariats avecd’autresuniversitéset grandesécoles…Laplupartdesétablissementsd’enseignementsupé-rieur camerounais se mobilisent pourmettre àniveau leur offre de formationset se donner plus de visibilité.

Si la plupart des structures concernéesfont partie de la sphère publique, cer-taines institutions privées commencentà faire leurs preuves et à émerger danscette compétition, à l’instar de l’Uni-versité catholique d’Afrique centrale(Ucac), qui a fait duCameroun sonpointd’ancrage dans la sous-région et célèbrecette année ses vingt années d’activité.Outre ses trois campus camerounais(deux à Yaoundé, un à Douala), elledispose d’une antenne auCongo (l’Ins-titut supérieur de technologie d’Afriquecentrale, à Pointe-Noire) et s’apprête àouvrir un institut supérieur d’agronomieà Bangui, en Centrafrique. Avec troisfacultés (sciences sociales et gestion,philosophie, théologie), un départe-ment de droit canonique, uneÉcole dessciences infirmières (ESI) et, bientôt, unefaculté de médecine, l’Ucac accueille

actuellement 3500 étudiants, dont 10%d’étrangers.

Créée en 2000, l’Université desmon-tagnes, qui dispose de trois campus àBangangté (ouest du pays), proposequant à elle une offre de formationscomplète dans le domaine de la santéet des sciences. Elle compte environ2000 étudiants, dont 12 % d’étrangers,danshuit filières (médecine, pharmacie,

chirurgie dentaire, médecine vétéri-naire, sciencesmédico-sanitaires, géniebiomédical, réseaux et télécommunica-tions, informatiqueet réseaux) etdisposenotammentd’unecliniqueuniversitaire.

QUOTAS. Dans la sous-région, leCameroun se démarque par la mise àniveau de ses infrastructures et équipe-ments,mais aussi par laqualitédescourset le nombre d’enseignants qualifiés, lacapacité à élaborer des programmes età les suivre. Il semble le pays le mieuxdoté pour le sérieux et la pertinence de

ses formations, et la recon-naissancede ses diplômes.

S’il n’existe pas de statis-tiquesglobales relativesauxétudiants étrangers, dansles écoles internationales

publiques – créées en partenariat avecdes États voisins et accessibles surconcours –, des quotas sont fixés pourchaquepays.C’est le casà l’Institut sous-régional de statistique et d’économieappliquée (ISSEA) de Yaoundé… qui,pourtant, n’accueille qu’unnombre res-treint d’élèves non camerounais.

L’une des raisons pour lesquelles lescandidats étrangers de la sous-région

sont encore assez peunombreux à inté-grer les écoles camerounaises est qu’ilsréussissentmoins bien les concours queles nationaux. La faute, probablement,aux épisodes d’instabilité politique quiont contribué à faire baisser le niveauscolaire, notamment au Tchad et enCentrafrique. Selon Ludovic Lado, vice-doyen de l’Ucac, cette mobilité relati-vement faible des étudiants s’expliqueaussi par le boom des instituts privésdans la plupart des pays du continent,qui fait que beaucoup choisissent de neplus s’expatrier.

Pour recruter plus d’élèves étrangers,certains responsablesd’écolesont réduit,pourquelquespays, la note requisepourêtre admis, la faisant par exemple pas-ser de 13/20 à 11/20, tout en affirmantvouloir conserver leur sélection, gagede qualité. Ils conviennent aussi qu’unemeilleure communication est indis-pensable pour dynamiser les effectifs.Ainsi, l’Ucac organise chaque annéedes campagnes d’information sur sonoffre de formations dans une dizainede pays, où elle ouvre également descentres d’examens. Pour l’heure, la plu-part de ses élèves non camerounais sontoriginaires du Tchad ou du Gabon

FORMATION

Des campus de plus en plus ouvertsNombre d’établissements locauxd’enseignement supérieurcherchent à émergerdans la compétitionmondiale. Leurs moyensrestent cependant limités.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

� DANS LES AMPHITHÉÂTRES, les étudiants venus d’autres États de la sous-régionrestent peu nombreux.

Certains plaident pour uneharmonisation des frais descolarité entre pays de la Cemac.

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JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Le Cameroun sort de ses frontières 101

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et sont attirés en priorité par lessciences sociales, l’École des sciencesinfirmières et l’Institut supérieur detechnologie d’Afrique centrale.

Autre freinà l’arrivéeennombred’étu-diants étrangers dans l’enseignementsupérieur camerounais, les frais de sco-larité, généralement plus élevés pourles ressortissants de pays extérieurs àla Communauté économique etmoné-taire de l’Afrique centrale (Cemac). PourLudovic Lado, il faudraitmettre enplaceune politique d’harmonisation des prix

entre les pays ; leMalien en formationauCameroun s’acquitterait ainsi de droitséquivalents à ceuxqu’il paierait chez lui.

La facultédemédecine et de sciencesbiomédicales (FMSB) de l’université deYaoundé-I a déjà consenti cet effort etaffiche des coûts annuels relativementmodérés, en comparaison de ceux pra-tiqués en Occident ou dans les paysd’Afrique du Nord. Pour le doyen de la

faculté, Tetanye Ekoe, l’internationa-lisation passe aussi par une politiquede coopération et d’octroi de boursesd’études à un plus grand nombre dejeunes étrangers.

PARTENARIATS. Devenir un acteurincontournable et reconnu en matièrede formation supérieure implique aussid’améliorer sa visibilité enmisant sur lespartenariats internationaux. Dans cesaccords de coopération, le volet le plusimportant est l’accueil, sur le campus

camerounais,d’enseignantsétrangersquiaidentau ren-forcement des différentesfilières. Autre facteur d’at-traction: lamiseenplacedepasserelles de formations

et de programmes d’échanges avec desétablissementspartenaires; lesétudiantspeuvent ainsi effectuer un stage ou leurdernière année d’études dans le pays del’établissement associé.

Le PKFokam Institute of Excellence(fondé par Paul Fokam, présidentd’Afriland First Bank, lire p. 74) pro-pose ainsi un programme de masterdont la dernière année s’effectue aux

États-Unis. De même, dans le cadre deson partenariat avec l’École supérieurede commerce (ESC)Clermont-Ferrand,la dernière année du master de Sup deCoYaoundé sedérouledans la ville fran-çaise. La FMSB a quant à elle mis enplace un master en épidémiologie deterrain et gestion de laboratoire et undiplôme interuniversitaire (DIU) sur laprise en charge de l’infection par le VIHen collaboration avec l’université deMontpellier-I. Elle prépare par ailleursla création de cursus de niveau masteravec le soutiende l’Unioneuropéenneet,peut-être, de la coopération allemande.

Des accords se nouent égalementavecdes établissementsd’enseignementsupérieur d’autres pays du continent.Ainsi, l’École pour la formation desspécialistes en équipements et amé-nagements ruraux (EFSEAR) deKumba(province du Sud-Ouest) et l’Institutinternational d’ingénierie de l’eau et del’environnement (2IE) deOuagadougou(Burkina Faso) se sont rapprochés, avecà la clé la rénovation et l’extension del’EFSEARsurunnouveaucampusàvoca-tion sous-régionale.Autre exemple, celuide l’universitémarocaineCadi-Ayyadde

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

� UN ÉLÈVE S’APPRÊTE À SE CONNECTER EN WIFI DANS LA COUR DE L’UNIVERSITÉ DEYAOUNDÉ-I. Le pays se démarque par ses infrastructures.

Les programmes d’échangesavec des universités étrangèressont un facteur d’attraction.

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I ls sont désormais plus d’une cen-taine, contre dix-sept en 2007et seulement trois au début des

années 1990. En vingt ans, le nombred’universitésetd’institutsprivésagréésaffiche une progression exponentiellede 3000%, soit 160% enmoyenne paran. Il faut direque lademandeest forteet lemarché particulièrement juteux.

Subventionnées par l’État, qui y voitunmoyen de pallier les insuffisancesde l’université publique grâce à uneoffrede formationplusabondante,plusdiversifiée et « professionnalisante »,les formations privées se révèlentlucrativespour leurspromoteurs.Entrela première et la quatrième annéed’études, les frais de scolarité passentde 650 000 F CFA à 1 500 000 F CFA(990 àprès de 2300 euros) par andansles établissements lesmoins onéreux,et de 3 millions à 7 millions de F CFApar an pour les plus coûteux. Selonle Pr Roger Tsafack Nanfosso, éco-nomiste, enseignant à l’université deYaoundé-II, « le niveaudes investisse-ments généralement consentis par lespropriétaires d’instituts privés laissedeviner une activité très rentable ».Avec, parfois, des dérapages.

L’aspectmercantile l’emportant surla qualité des formations, certainesécoles s’ouvrent sans légitimiténi qua-lification, usant d’appellations aussipompeuses qu’abusives, avant de serévéler être des coquilles vides, dontles diplômes ne bénéficient d’aucunereconnaissance.

ÉQUIVALENCES. Si les entreprisesparviennent à flairer rapidement l’ar-naqueetà identifier les établissementsvalablesauboutdequelquesentretiensde recrutement, il est parfois difficilepour les élèves et leurs familles deséparer le bon grain de l’ivraie.

Évidemment, la renommée del’établissement, sa sélectivité et sonancienneté constituent des critèresdéterminants. La meilleure solutionreste de rencontrer des étudiants,d’examiner la composition du corpsenseignant et l’offre de formations,de se renseigner sur la qualité desenseignements théoriques ou pra-tiques, la reconnaissancedesdiplômesauprès des professionnels, et sur leséventuelles équivalences avec lesuniversités. ●

C.J.-Y.

La jungle du privéLes écoles et instituts prolifèrent. Pour les étudiants, il est parfoisdifficile de séparer le bon grain de l’ivraie.

Marrakech (Ucam), qui s’est installée àDouala et à Yaoundé, où elle proposedes formations en sciences commer-ciales et en management.

RECHERCHE. Pour émerger sur lascèneinternationale, lesétablissementsentendent aussi développer leurs acti-vités et leurs réseaux de recherche.Compte tenu du bilinguisme came-rounais (le français et l’anglais sont leslangues officielles, lire pp. 106-109), ilsrenforcent leur coopération et leurspartenariats aussi bien avec les paysfrancophones qu’anglo-saxons.

LaFMSBcompteainsi capitaliser surleprixKwame-Nkrumahdelameilleurefemme scientifique d’Afrique centraleattribuéen2011par l’Unionafricaineàl’unedesesenseignantes-chercheuses,Rose Leke, directrice du centre bio-technologique, pour promouvoir laqualité de ses formations et de ses

activités de recherche et développerses collaborations à l’étranger.

Pour lesétablissementscamerounais,l’obstacle le plus difficile à franchirreste celui du financement. Si tousconviennent qu’il est essentiel de pro-mouvoir les échangesd’enseignants etd’étudiantspouroserparlerdecampusinternationaux, ils peinent à trouverles fonds nécessaires pour se mettreà niveau et s’arrimer aux centres derecherchedenotoriété internationale.Publiques ou privées, la plupart desuniversités etécoles camerounaisesnedisposentpasde ressources financièressuffisantes pour recruter des ensei-gnants étrangers permanents. Ainsi, àl’Ucac, ils ne représentent que 2 % ducorpsprofessoral. Leprojetdedévelop-pement des universités, qui prévoit derevaloriser les conditionsd’embauche,pourrait y remédier quelque peu. ●

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

Le Cameroun sort de ses frontières

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Créée le 10 mai 1974 par décret présidentiel,au lendemain du premier choc pétrolier, la Caisse destabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) est unÉtablissement public camerounais doté de la person-nalité juridique et de l’autonomie financière. Il est placésous la tutelle du ministère du Commerce, en chargedes prix. Sa principale mission : réguler les prix deshydrocarbures au Cameroun.

UNE STRUCTURE INDÉPENDANTE ET MODERNE

Pendant longtemps, la CSPH assure cette fonction àtravers une structure légère, sous la houlette d’un co-mité de gestion, la direction étant sous les ordres d’undirecteur des prix. Mais en 1998, au lendemain de lalibéralisation du secteur pétrolier aval, elle est réorga-nisée en une structure moderne et autonome dont lefonctionnement obéit aux règles classiques de gestiondes établissements publics.

Elle est aujourd’hui gérée par un conseil d’administra-tion de neuf membres qui joue un rôle d’orientation etde contrôle. Au quotidien, la CSPH est dirigée par undirecteur général, M. Ibrahim Talba Malla, assisté d’undirecteur général adjoint. Elle reste placée sous la tu-telle souple du ministère du Commerce et travaille enpartenariat avec le ministère de l’Énergie et de l’Eau etle ministère des Finances.

DE L’EXPLORATION À LA DISTRIBUTION

La principale mission de la CSPH est d’assurer l’ap-provisionnement régulier des centres de distributionen hydrocarbures du Cameroun par la régulation desstocks et des prix. Elle participe en ce sens à toutesles opérations qui concernent la maîtrise de la politiqueénergétique nationale, par une prise de participationdans l’exploration, la production, le raffinage et la dis-tribution des hydrocarbures. La CSPH s’apprête ainsi,aux côtés de la Société nationale des hydrocarbures, àréaliser un terminal de réception et de stockage de Gpl,à Kribi, d’une capacité de 8000 mètres cubes.

■ Réguler les prixDans la mesure de ses disponibilités financières, laCSPH prend en charge, partiellement ou totalement,les hausses des cours internationaux des hydrocar-bures. Elle garantie l’équité d’accès des consommateursaux produits pétroliers sur l’ensemble du territoire. Uneprotection du consommateur assurée à travers deuxmécanismes : la stabilisation et la péréquation.

• La péréquation permet de mesurer et de corrigerles inégalités générées par les charges fiscales ouliées au transport. Elle permet d’uniformiser les prixdans l’espace, à travers tous les dépôts camerounais,et dans le temps.

CAISSE DE STABILISATION DES PRIX DES HYDROCARBURES

LE GARANT DE L’ÉGALITÉD’ACCÈS AUX PRODUITS PÉTROLIERSAU CAMEROUN

Stockage.

IbrahimTALBA MALLADirecteur généralde la Caisse destabilisation des prixdes hydrocarbures(CSPH)

COMMUNIQUÉ

Depuis1974, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH)veille à réguler les prix du carburant au Cameroun.Arbitre entre les opérateurs du secteur, elle assure la protection desconsommateurs en leur offrant un accès équitable aux produits pétroliers.

Centre emplisseur de gaz de Maroua.

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Raffinerie.

Mini pipe line à Maroua. Immeuble du siège.

DIFCOM/FC-PHOTO

S:D

R

• La stabilisation permet quant à elle de maîtri-ser les prix intérieurs. Grâce aux prélèvementsopérés sur les consommations, des réservessont constituées, susceptibles de faire face à desvariations de prix à l’importation.

■ Réguler les stocksL’approvisionnement des produits pétroliers auCameroun s’effectue à travers deux canaux : laproduction locale, qui y contribue à hauteur de80%, et les importations, qui y contribuent à hau-teur de 20%. La production locale est assurée parla Société nationale de raffinage. Les importationsse font sous l’égide de la CSPH, qui lance les ap-pels d’offres à l’intention des sociétés pétrolièresagréées. Ces importations sont réalisées exclusive-ment par voie maritime.

Le stockage est assuré par la société Camerou-naise des Dépôts Pétroliers (SCDP), qui possèdesept dépôts répartis sur l’ensemble du territoirenational. Chacun répond à une délimitation géogra-phique précise desservant les 570 stations services

du Cameroun. La CSPH assure un égal accès desdistributeurs à ces capacités de stockage. Arbitre,elle maintient également une saine concurrenceentre les opérateurs du secteur. Elle contrôle ainsiles zones en situation de monopole afin d’évitertout abus de position dominante et en faisant appli-quer un juste prix.

LE GAZ DOMESTIQUE AUSSI

Ibrahim Talba Malla, directeur général de la CSPH,a annoncé en février dernier la mise en service,d’ici à la fin de l’année, d’un centre d’emplissage debonbonnes de gaz domestique à Bertoua, la capi-tale régionale de l’Est. Objectif de l’investissement :favoriser l’équité dans l’accès des populations à ceproduit incontournable. Un tel centre d’emplissagea été inauguré à la fin de l’année 2006 à Maroua,améliorant le quotidien des ménages dans la pro-vince de l’extrême nord.

ACTEUR DEL’ÉCONOMIECAMEROUNAISELa CSPH soutientfinancièrement dessociétés dans dessecteurs aussi diversque le raffinage, lestockage, la constructionet la réparation navale,la finance ou encorel’hôtellerie. Elle détientdes parts dans laSociété Nationale deRaffinage (15%), laSociété Camerounaise deDépôts Pétroliers (19%),le Chantier naval etindustriel du Cameroun(6,21%), les Hôtel Sawa(5,75%) et Hilton (4,7%)ou encore dans la boursede Douala (Douala StockExchange, 5,17%).

DIALOGUE ETTRANSPARENCEDans le but de bâtir undialogue constructifet transparent avectous les intervenantsdu secteur pétrolieraval, la CSPH tientchaque trimestre desréunions d’informationavec les partenairessociaux (syndicats detransporteurs urbains etinterurbains, associationsde défense des droitsdes consommateurs...).Ces réunions consistentgénéralement àprésenter aux partenairessociaux la conjoncturepétrolière internationaleet ses répercussionssur les prix intérieurs etsur le budget de l’État,à travers les soutienssur les carburantset/ou sur le gazdomestique. Il permetaussi d’arrêter desprogrammes d’actionsde sensibilisation danscertaines régions dupays.

SA PRINCIPALE MISSION

Réguler les prix des hydrocarburesau Cameroun.

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BILINGUISME

Business is businessLeur philosophie, leur stratégie et leurs cibles sont parfois différentes selon qu’elles sont d’origineanglophone ou francophone. En tout cas, c’est dans les entreprises que l’on maîtrise le mieuxles deux langues, et les deux cultures, du pays.

L orsqu’en2009 le papeBenoît XVIfait sapremièrevisiteofficielle enAfrique, c’est au Cameroun qu’ilchoisitd’aller.«Cela luipermettait

de pouvoir toucher en une seule étapel’ensembledescommunautésanglophoneset francophonesducontinent », expliqueSa’ah François Guimatsia, professeur defrançaisetd’anglaisauCentre linguistiquede Douala. Pour l’auteur de CinquanteansdebilinguismeauCameroun.Quellesperspectives en Afrique ? (L’Harmattan,juin 2010), il n’y a aucun doute, « parlerdeux des principales langues internatio-nalesestunechance inouïepour lepays».

D’autant que le bilinguisme ne génèrepas de tensions trop vives entre les com-munautés linguistiquesdupays,membreà la foisde laFrancophonie (depuis1991)et duCommonwealth (depuis 1995). Lesfrancophones représentent toujours78%delapopulation.«Commetouteslesmino-rités, lesanglophonessesontparfoissentisun peu menacés culturellement, maisla mondialisation a changé la donne »,remarque Sa’ah François Guimatsia.

D’ailleurs, aujourd’hui, nombreux sontlesparentsfrancophonesquienvoientleursenfants dans des écoles spécifiquementanglophones.

Les lignes de partage héritées de l’in-dépendance n’ont pourtant pas encorebougé. «Les politiques ont étébeaucouptrop timides pour réellement mettre enplace lebilinguisme,pourtant inscritdansla Constitution », regrette le spécialiste.L’enseignementdesdeuxlanguesofficiellesa bien été soutenu équitablement par lespouvoirspublics cescinquantedernièresannées, « mais aucun pont n’a été misen place entre les deux », constate Sa’ahFrançoisGuimatsia.«Celaauraitpourtantpermisdedévelopperunecultureoriginaledans la région. »

BIENTÔT LE MANDARIN? Faute d’avoirfait du bilinguisme une priorité, les gou-vernements successifs se contentent deleurbilanplutôthonorablesurlaquestion,

préférantéviter ledébatpourmieuxména-ger les susceptibilités communautaires.Avant de passer peut-être demain aumultilinguisme. Toujours plus présentdans la sous-région, le mandarin l’est enparticulier au Cameroun, où l’universitédeYaoundé-IIaccueille,depuis2007, l’undes instituts Confucius les plus actifs ducontinent–uneannexeamêmeétéouverteàDouala en 2009.

Comme le souligne Guimatsia, « c’estdavantage sur le terrain économiquequele bilinguisme connaît un certain dyna-misme».Auborddesroutes,onvoitdepuislongtempsdespanneauxpublicitairesdanslesdeuxlangues.Lesentretiensd’embauchese déroulent de plus en plus en anglais,mêmedans lesentreprises francophones.«Lesecteurprivéestaujourd’huibeaucoupplus bilingue que ne l’ont jamais été lespouvoirs publics », conclut le professeur.Avecparfois, selonlesdomainesd’activité,quelques différences de style. Commeentémoignent six dirigeants, francophoneset anglophones, de l’industrie ou desmédias. ● OLIVIER CASLIN

JEAN-P

IERREKEP

SEU

POURJ.A.

� FAUTE D’AVOIR FAIT DU BILINGUISME UNE

PRIORITÉ, les autorités le respectentscrupuleusement.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A.106

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Charly Ndi Chia etFrédéric Boungou ontdeux visions biendifférentes de leurmétier de journaliste.

PresseLes faitset l’opinion

Il aurait pu être prêtre, il estdevenu journaliste. «Dansles deux cas, il s’agit d’une

vocation. » Originaire del’ouest duCameroun, CharlyNdiChia aappris lemétier auNigeria, puis au Royaume-Uni, avant de rentrer aupays,dans sa ville deBuéa, où il estdepuis quinze ans rédacteurenchefde laprincipalepubli-cation en langue anglaise,The Post. À 55 ans, avec unevingtaine de personnes sousson autorité, il sort deux édi-tions chaque semaine, dis-tribuées à 3000 exemplaireschacune – « jusqu’à 15000 encas de grosse information ».Beaucoup plus de faits qued’analyses ou d’opinions,« c’est ce que demandenotre lectorat », contraire-ment à ceux des journaux deDoualaetdeYaoundé.Aucuneapproche communautairedans le travail de ce reporter,qui n’a rien d’un militant dela cause anglophone : «Nousne sommes pas Radio Mille

Collines », s’agace-t-il. Pourle titre, l’une des priorités estd’engranger des ressourcespublicitaires « sur unmarchébien plus restreint que pourles francophones » et, pourses journalistes, de presserles politiques «qui, lorsqu’ilsne veulent pas répondre,se retranchent derrière lefrançais ».

Son confrère FrédéricBoungou, 40 ans, rédacteuren chef du Messager depuis2009, a une vision tout aussiclaire, quoique différente, desonmétier : « Il s’agit d’obser-ver la société pour mieux la

décrire, mais également dedonner son opinion pourfaire bouger les décideurs. »Une doublemission assuréechaque jour par la trentainede journalistes travaillantpour le quotidien, qui tire àun peu plus de 8000 exem-plaires. Place aux commen-taires, donc, afin de satisfaireun lectorat friand de débatpolitique. « Les anglophonessontmeilleurs quenouspourrelater les faits », reconnaîtBoungou, expliquantqu’il n’ya riende telqu’undébatpolé-mique « pour se démarquerd’une concurrence bien plus

forte dans la presse franco-phone ». En anglais commeen français – et ce n’est passpécifique auCameroun –, ilfaut constamment se méfierdes tentatives de manipula-tion. Or il n’est pas toujoursfacile de vérifier les informa-tions dans « un Camerounbien plus bilingue que ne lesont les Camerounais eux-mêmes » et d’interviewer desanglophones sans vraimentmaîtriser la langue – « Lesanglophones se débrouillentbien mieux en français quenous en anglais », reconnaîtBoungou. ● O.C.

NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

Charly Ndi ChiaRédacteur en chef, The Post

Frédéric BoungouRédacteur en chef, Le Messager

www.servair.fr

Le goût du monde pour Doual’Air Servair,

c’est d’être respectueux des normes

internationales et des spécificités locales.

Le goût des métiers de la restauration aérienne

et aussi de ceux des services aéroportuaires.

Et bien sûr, le goût du service pour répondre

aux attentes quotidiennes des passagers

de l’aéroport international de Douala.

Le goûtdu monde

Le Cameroun sort de ses frontières 107

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S e r g e N j a p o um ,50 ans, sait de quoiil parle. Avant d’être

nommé à Douala par laSociété anonyme des bras-series du Cameroun (SABC,lire pp. 92-93), le direc-teur commercial de la plusimportante filiale du groupefrançais Castel en Afriquea passé quatre ans en zoneanglophone pour le comptede sa société. Il a donc pu yapprécier, àLimbéou àBuéa,« l’aspect social et associa-tif très développé », dansl’esprit des clubs hérités dela colonisation britannique.Il a également pu y mesurerl’importance de « respecterle cadre légal, l’ordre établi »,

quand les francophones« sont plus désordonnés,parfois même borderline ».

PROXIMITÉ. Quant à laprésence d’un concur-rent du poids de GuinnessCameroun SA, filiale du bri-tannique Diageo, Njapoumestime qu’elle a « donné uncoup de fouet au secteur etpousséSABCàsebougerpourmieux se développer ». Faceà la stratégie marketing trèsagressivedunumérounmon-dial, il a fait d’autres choix,« axés sur la proximité et ladiversité ». Pour lui, « chacuns’appuie sur ses spécificitéset joue sur les particularitéspropres à deux cultures que

tout oppose, mais qui, auCameroun, arrivent à coha-biter paisiblement ».

De son côté, le directeurde la communication deGuinness Cameroun SA,Norbert Eloundou, 46 ans,s’exprime dans un françaisimpeccable. Normal : avantde travailler pour lebrasseur, il a long-temps été journa-liste à la télévisionpublique camerou-naise, présentantmême « l’équivalentlocal de 7 sur 7, sansle pull mohair ».

Après avoir tâtédumarke-ting politique, il s’en est allétester son sens de la formuledans le privé, pour BritishAmericanTobaccoCameroond’abord, puis GuinnessCameroun, où il a « prisconscience de l’image de lamarque » et de son esprit soBritish. Il affectionne « le côté

plus formeldes anglophones,même si cela passe par uneprise de décision générale-mentplus longue».Adeptedubusiness is business,Eloundousalue « le pragmatisme trèsbritannique » de son entre-prise, capable de mettre enplace des partenariats avec

la concurrence lorsqu’il lefaut (lire encadré p. 92). Il luireconnaît surtout un côtéquilui tient particulièrement àcœur, celui de ne pas hésiterà bousculer les habitudestout en respectant scrupu-leusement les standards degouvernance et d’éthique. ●

O.C.

NICOLA

SEY

IDIP

OURJ.A.

BAUDOUIN

MOUANDA

POURJ.A.

« Deux cultures quetout oppose, mais qui,ici, arrivent à cohabiterpaisiblement. »

SERGE NJAPOUM,Société anonyme des brasseries du Cameroun

Au fil de leur carrière, Norbert Eloundouet Serge Njapoum ont travaillé dansles deux zones linguistiques.

Serge NjapoumDirecteur commercial de SABC

Norbert Eloundou Directeurde la communication de Guinness Cameroun SA

Brasserie Une affaire de goût

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Le Plus de J.A.108

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Agro-industriePalme universelleHenry Njalla Quan et Charles Fondjol’assurent : cette particulariténationale n’a que peu d’impactsur leur activité.

Henry Njalla QuanDirecteur général de CDC

Charles FondjoSecrétaire général de Socapalm

I l sesouvientque leschosesétaient trèsdifférentes,il ya trenteans,« lorsquechaqueCamerounaisneparlaitquesa langue.Aujourd’hui, lebilinguisme

estvraimentunatoutsupplémentairepourlesmilieuxd’affairesdupays».HenryNjallaQuan,60ans,direc-teurgénéraldeCameroonDevelopmentCorporation(CDC,crééparlesBritanniquesdanslesannées1940),souritenajoutantque,de toute façon, « dansl’huile de palme, lalangue n’a pas telle-ment d’importance ».

Un avis que par-tage Charles Fondjo,57 ans, le secrétairegénéral de la Sociétécamerounaisedepal-meraies (Socapalm):«Nous proposons lesmêmesproduits,selonlesmêmestechniqueset auprès des mêmes marchés. » En l’occurrence,côté campagnes de communication, si la languevarie, lesmessages sont identiques.«Pourparlerdenos produits, nous n’avons pas besoin de discoursciblésvers lesdifférentescommunautés », expliqueCharles Fondjo.

À L’AISE.CDCneprofitemêmepasde saproximitélinguistiquepourdévelopperdes liensprivilégiésavecleNigeriaou leGhana. L’entreprise se concentre sursonmarchénational«ens’adressantà l’ensembledesCamerounais, qu’ils soient anglophones ou franco-phones », précise Njalla Quan. Lors des entretiensd’embauche, il laisse même les postulants choisirla langue « dans laquelle ils sont le plus à l’aise ».

Pas besoin de parler anglais, donc, pour travail-ler au sein de l’une des plus importantes entre-prises anglophones camerounaises. Reste que lagrandemajorité de ses 21000 employés est tout demême issue de laminorité linguistique du pays. ●

O.C.

« Pour parler denos produits,pas besoin de

discours ciblésvers les

différentescommunautés. »

CHARLES FONDJO,Société camerounaise de

palmeraies

DIF

COM

/D.F.

-©PH

OTO

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OFFICE NATIONAL DE L’EAU POTABLEDIRECTION DE LA COOPÉRATION ET DE LA COMMUNICATION

STATION DE TRAITEMENT DU BOUREGREGAv. Mohamed Belhassan El OuazaniRabat, Royaume du MarocTél. : +212 5 37 66 74 30Fax : +212 5 37 75 31 28E-mail : [email protected]

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Au servicedu développement durable

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Le Cameroun sort de ses frontières

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Économie BANQUEComme onse retrouve…

INFORMATIQUEIntraitableSage

Les années se suivent, mais ne se res-semblent pas pour le secteur coton-nier.Aprèsavoirculminéà2,15dollars(1,55 euro) la livre enmars 2011 – unniveau inconnu depuis la guerre deSécession américaine (1861-1865) –,

l’or blanc a atteint début juin son prix le plus basdes deux dernières années, àmoins de 0,7 dollar.

«Nousassistonsàunminikrach, avecdescoursqui s’effondrentàunevitesse vertigineusedepuisquelques semaines », s’inquiète Georges Toby,directeur général de Copaco, l’œil rivé sur desécransdecontrôlebranchés sur laBoursedeNewYork.Endirect, les chiffres s’affolent et les courbesobstinément orientées vers le bas n’indiquentrien de bon: « 66 cents pour juillet, 65 cents pourdécembre.Àcerythme, lesproducteursrisquentde tomber sous la lignede flottaison », redoutedéjà lenégociantde la filialedeGeocoton.Tobyn’espèreaucunretournementdetendanceavantla prochaine campagne. Un pessimisme quirejoint lesprévisionsémises finmaiparGoldmanSachs et JPMorgan, d’accord pour craindre «unenouvelle baisse des cours au deuxième semestre2012 ».

Danscecontextemarquépar«unehypervolatilitésansprécédent», selonuntraderdeGlencore, raressont lesgagnants.Lesmaisonsdenégocesouffrent.

« Elles se retrouvent avec du coton sur lesbras qu’elles doivent tenter de vendre àdesprix dont aucun filateur ne veut »,explique Thierry Devilder, présidentdu directoire de Devcot. Comme sescollègues, il « préfère attendre pour

éviter de s’exposer davantage ».

Suspectésd’avoir spéculéàNewYorkpoursoutenir lescoursaumomentoù ilsétaient auplushaut, lesnégociants sont enoutredans lecollimateurde laCommodityFuturesTradingCommission, le régulateuraméricaindesmarchésà terme,quiaouvertuneenquêtele23mai.Une procédure « injustifiée » pour Georges Toby,quiestimequetoutes lesconditionsétaient réuniespourexpliquerunpicaussi soudainqu’éphémère.«Alorsquelaproductionmondiale faiblissaitetqueles stocks étaient au plus bas, la demande restaittrès dynamique », confirme Thierry Devilder, quinepeutqueconstater, unanplus tard, « le renver-sement total des fondamentaux ».

SelonleComitéconsultatif internationalducoton(InternationalCottonAdvisoryCommittee,Icac), laproductionmondialeaeneffet

progresséde8%en2011-2012,à27,1millionsde tonnes, pen-dant que la consommation se

contractait de 6 %, à 23,2 millions detonnes. D’où une explosion de 43 % des

stocks, qui ont dépassé 13 millions de tonnes. Ilsdevraientmêmepeser 14,5millions de tonnes en2012-2013,soit61%delaconsommationmondiale!C’est leplusfortratiodepuislacampagne1998-1999.

OLIVIER CASLIN

C’estC’est l’avalanchel’avalancheMATIÈRES PREMIÈRES

LE 25 MAI DERNIER, le coton guinéen a signé son grand retour surla scène internationale, avec l’expédition de 400 t de fibre versl’Europe depuis le terminal de Conakry. En 1997, le pays produisaitencore 37000 t de coton graine. Une production tombée par lasuite à quelques centaines de tonnes, puis plus rien, « jusqu’enfévrier 2011, lorsque le président Alpha Condé a décidé de relancerla filière, en s’appuyant sur l’expertise de Geocoton », expliqueYannick Morillon, directeur général de la filiale du groupe Advens.Actuellement de 4000 ha, la surface de production devraitquadrupler pour la campagne 2012-2013. Reste à remettre l’outilindustriel en état et à mobiliser les cotonculteurs pour que laGuinée retrouve à l’horizon 2020 sa production d’antan. ● O.C.

LA GUINÉE RETROUVE LA FIBRE

Depuis son plus haut historique en mars 2011, le prix du coton s’est effondré.La faute à une production importante et à une demande en berne. Fragilisés,les acteurs de la filière n’espèrent pas d’embellie avant la prochaine campagne.

Évolution du cours de la livrede coton à NewYork (en euros)

1.3.20100,615

9.11.20101,083

4.3.20111,552

5.7.20111,094

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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AFRIQUE DE L’OUESTLes PME auront-ellesla cote?

PHARMACIELa tradition malgaches’impose en beauté

INTERVIEWHassan Ahdab vice-présidentde Starwood

rémunératrices. Le phénomène est néanmoinsinsuffisantpour réduire les stocksetdoncrelancerles cours, alorsque l’offredevrait rester supérieurede50%à lademande, selon leschiffresduComité.

L’INCONNUECHINOISE.Commepourbeaucoupd’autres matières premières, « la clé se trouve enChine», estimeGeorgesToby.Aprèsavoir importémassivementen2011 (4,6millionsde tonnes, soit52%deséchangesmondiaux)afinde reconstituersesréservesstratégiquesauprix fortpourmaintenirles cours, et donc le prix d’achat à ses paysans, le

premier producteur de la planète a mis untermeà sesachats finmars.Depuis, « tout lemonde sedemandeceque lepays comptefaire l’annéeprochaine », résumeDevilder.S’il est déjà établi que la Chine importera

moins,rienneditqu’ellen’exporterapassurunmarchédéjàexcédentaire.«Avecunecroissanceauralenti,ellepourraitêtretentéedevendreunepartiedesesréservespourrécupérer lesdevisesqui luipermettrontd’acheter lesmineraisdontson économie a besoin », redoute déjàToby.À

moins qu’elle n’ait regarni ses stocks dans le butde réduire ses propres superficies cotonnières auprofit des cultures vivrières, comme lepensentdenombreux observateurs.

«Lemarchédéborde», fulminent lesnégociants,qui redoutentdéjà leseffetsdecetteaccumulationsur les rémunérationsde laprochainecampagne.D’autantquelademanden’esttoujourspasrepartie.« La flambée de l’an dernier, couplée au contextede crise internationale, a plombé la consomma-tion, qui s’est reportée sur le polyester pour desraisons de coût », regrette Thierry Devilder, quiestimeà «500000 t » labaisseduvolumedecotonutilisépar les filaturesen2011-2012. Si, d’après lesanalystes, le match que livre le coton contre lesfibres synthétiques « dépend essentiellementde l’évolution des prix du pétrole », la partdemarchéde l’orblancs’érodedepuisunedécennie, passant de 40% à 32%.

Lafaiblesseprolongéedescoursdevraitnéanmoins améliorer sa compétitivitéet changer une nouvelle fois la donne.L’Icac annonce une légère reprise de4 % de la consommation des filaturesl’an prochain. L’organisme s’attenddans le même temps à une contrac-tion de 7%de la productionmondialede coton, conséquence du désintérêtconstaté chez de nombreux cultivateursà travers lemonde,qui s’oriententversdescultures (céréalières, maraîchères) plus

ISSO

UFSA

NOGO/A

FP

! EN 2011-2012,27,1 MILLIONS DE TONNES

ont été récoltéesau niveau mondial,un chiffre en hausse

de 8 %.

● ● ●

22.7.20110,695

5.6.20120,539

13.6.20120,606

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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A nnoncé sur les ondesde RFI enmai dernier,l’abandon des orga-nismesgénétiquement

modifiés (OGM) par les coton-culteurs burkinabè a surpris… lesintéressés eux-mêmes. « Je ne saispas d’où est sortie cette informa-tion», s’agace Jean-PaulSawadogo,directeurgénéraldelaSociétéburki-nabèdes fibres textiles(Sofitex),quiapubliéundémenti le jourmême.Alors que démarre la prochainecampagne, leBurkinaFasoentendbien rester le fer de lance du cotongénétiquementmodifié (CGM) enAfrique de l’Ouest. Les semencesviennent d’être distribuées aux

paysanset lesgermestransgéniquesdevraientcouvrirplusde220000ha,soit 43%des surfaces emblavées.

Lepaysréduit toutefois lavoilure,puisque le CGM représentait 66 %dessuperficiesen2010-2011et53%en 2011-2012. «Nous connaissonsdesproblèmesderendement», jus-tifieSawadogo.Les30%devolumesupplémentaireattendusgrâceauxCGMn’ontpasétéatteints,«essen-tiellementàcaused’unemauvaiseapplicationdesprocédés technolo-giqueschezlespetitsproducteurs»,explique le patron de la Sofitex. Lasociétéveutdoncramenerà5000lenombredecultivateursdeCGMafindemieux les encadrer.

LeBurkina Faso lève le pied sur lesOGMLe pays restreint l’utilisation des semences génétiquement modifiéespour mieux encadrer les agriculteurs et améliorer les rendements.

Elle a également décidé, enconcertation avec la filière et lesemencier Monsanto, de mettreen œuvre dès cette campagne unplansemenciervisantàaméliorer laqualitédela fibreOGM,pluscourteque celle du coton conventionnel.«L’introductiondenouvelles tech-nologiesnécessite toujoursunsuiviimportantpourcorrigeretaméliorerlespratiques», expliqueSawadogo,quipréfère insistersur lesavantagesenmatièrederendementmaisaussidetraitements insecticides,«passésde six [avecducoton] convention-nel à deux avec le transgénique ».Une fois que la technologie seramaîtrisée,« il est toutà faitpossibled’imaginer une production 100 %transgéniqueauBurkina», conclutSawadogo. ● O.C.

Quatre entreprises, quatre stratégies (chiffres 2011-2012)ntreprises, qu

SOFITEX(Burkina Faso)

La production de fibres est écouléeà l’international : seuls 5 % sont vendusà des filatures locales, contre 100 %des graines à des huileries du pays.Une diversification dans le tournesolet le sésame (huile) est à l’étude.

Production de coton-graine330000 t

Nombre de producteurs170000

Chiffre d’affaires249,6 millions d’euros

CMDT(Mali)

La privatisation dela Compagnie malienne pour

le développement du textile (CMDT)reste d’actualité malgré la crise

politique. Ce processus, confié à laMission de restructuration du secteur

coton, devait initialementse conclure fin 2012.

Production de coton-graine445303 t

Nombre de producteurs161368

Chiffre d’affaires166,6 millions d’euros

SODEFITEX(Sénégal)

Sodefitex s’est lancé en 2004 dansle coton équitable pour améliorer

la rémunération des producteurs. Cette nichereprésente 25 % de sa production ; l’objectifinitial de 60 % a été mis entre parenthèsesavec la crise du marché international.

Production de coton-graine25400 t

Nombre de producteurs24700

Chiffre d’affaires23,6 millions d’euros

SODECOTON(Cameroun)

L’entreprise publique misedepuis la fin des années 1970

sur la transformation de la graine etproduit de l’huile raffinée et des aliments

pour bétail à destination du marchélocal. Elle s’est diversifiée depuis 2008

dans la transformation du soja.

Production de coton-graine185600 t

Nombre de producteurs155267

Chiffre d’affaires150,3 millions d’euros

Surcemarchémondialiséetvolatile, la filièrecotonnièreafricainepeineàgarder le fil.Aprèsavoirconnudescourstrèsbasentre2004et2010, l’Afriquede l’Ouest n’a pas vraiment profité de la hausserecorddemars2011.«Dèsquelescoursontatteint,début 2011, les 800 F CFA [1,20 euro, NDLR], soitle coût de revient d’unkilode fibre, tout lemondes’est dépêché de vendre », explique Bachir Diop,directeur général de laSociétédedéveloppementet des fibres textiles (Sodefitex) sénégalaise. Cetteannée en revanche, persuadés que les cours nepouvaientqueremonter, lesopérateursontpréféréattendre;unquartàpeinedes récoltesachangédemains au premier trimestre, soit près de trois foismoins qu’à lamêmepériode en 2011.

COUPDUR.Grâceauxprixgarantisetqui,malgré lachutedes cours, vontêtremaintenusenmoyenneà250FCFA lekilo, lesproducteursdevraientpou-voir passer entre les gouttes, contrairement auxsociétés cotonnières qui, après avoir retrouvédescouleursen2011, « s’apprêtentà subirunnouveaucoupdur », selonBachirDiop.Dans certains cas,comme au Sénégal, les États devraient être misà contribution, illustrant une nouvelle fois leslimites des projets de libéralisation encouragéspar la Banque mondiale et que la majorité desacteurs privés et publics de la filière s’accordeaujourd’hui à juger « suicidaires ». Les coursconservent encore un niveau suffisant pour per-mettre au cotonafricaind’éviter la catastrophe.Àcondition que l’euro ne vienne pas tout remettreencauseense renforçant faceaudollar,pénalisantles exportations de la zone franc CFA. ●

● ● ●

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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Ì La vie des entreprises zone par zoneet secteur par secteur

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Ì Les classements exclusifs de Jeune Afrique*

* Les classements des 500 premières entreprises africaineset celui des 200 premières banques en Afrique.

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C’ étaitdevenuunearlé-sienne!Depuis2006,Atlantic FinancialGroup (AFG, groupe

Banque Atlantique) cherchait àouvrir son capital à un partenairestratégique. Des prétendants derenom, dont le nigérian AccessBank et Intangis Holding, se sontsuccédé. Plusieurs accordsont étéprès d’être signés, mais tous ontéchoué. Puis le 7 juin, à la surprisegénérale, l’ivoirien s’est entenduavec Banque centrale populaire(BCP), le deuxième groupe ban-cairemarocainpar le totaldebilan.

Les deux parties ont annoncé lacréation d’un holding dénomméAtlantic Bank International (ABI)qu’elles détiennent à parité (lireJ.A.n°2683). Il chapeautera lesseptfiliales bancaires d’AFG répartiesen Afrique de l’Ouest. La prise departicipation de BCP dans ce hol-ding se feraparuneaugmentationde capital de 58milliardsdeFCFA(88,4 millions d’euros). Le maro-cainenassureraenoutre lagestion

stratégique,opérationnelleet finan-cière, ainsi que celle de la banqued’affaires Atlantique Finance et delasociétéd’ingénierie informatiqueAtlantique Technologies.

En attendant la validation dece mariage par les régulateurs,BCP peut d’ores et déjà se frotterles mains. Il prend pied d’un seulcoup dans sept des huit pays del’Unionéconomiqueetmonétaireouest-africaine (UEMOA) – ce quiporte sa présence subsaharienneà dix pays, puisqu’il est déjà actifen Centrafrique, en Guinée et enMauritanie.Plutôt tourné jusqu’icivers l’Europe, où il compte septfiliales,BCPrattrapeainsisonretardsur ses compatriotes AttijariwafaBank (le numéro un chérifien) etBMCE Bank (le troisième groupebancairedu royaume). Lepremierest implanté sur neuf marchés ausudduSahara tandisque lesecondcompte une quinzaine de filialessubsahariennes via Bank of Africa(BOA), qu’il détient à 59,4 %.

Ce t t e a r r i vé e de BCP

étendra-t-elle à l’Afrique subsa-harienne laconcurrenceà laquellese livrent déjà les trois groupes surlemarchémarocain?«Apriorinon,répondWidadOuardi,analystespé-cialiste du secteur bancaire chezIntegra Bourse, un intermédiairebaséàCasablanca.AttijariwafaBanketBMCEBankontunebonne lon-gueur d’avance sur BCP. Ils sonten phase de consolidation et derentabilisation de leurs réseauxrespectifs. »

PRIVATISATIONS. Il n’empêche.Dans le sillage de l’opération deBCP, d’autres belles occasionspourraient apparaître sur lesmar-chés ouest-africains et attirer lesgroupesmarocains. Laplupartdesvingt-quatre banques ivoiriennessont ainsi sorties fragilisées de lacrise sociopolitique qu’a connueleur pays et sont confrontées àunsérieuxproblèmedefondspropres.Certaines, notamment les établis-sements publics (Versus Bank,BHCI…), ont subi une décote,devenant des cibles intéressantes.Outre laCôte d’Ivoire, les banquesmarocaines suiventdeprès lespri-vatisations lancées dans toute lasous-région.AuTogoparexemple,Attijariwafa et BMCE sont citésparmi lespotentiels repreneursdequatre banques publiques.

BANQUES

Commeon se retrouve…En s’alliant avec l’ivoirien Banque Atlantique, BCP se renforceen Afrique de l’Ouest. Il y rejoint deux autres groupes chérifiens,Attijariwafa Bank et BMCE Bank, déjà bien implantés au sud du Sahara.

La stratégiede croissancedes entreprisesafricainessur le continentest un thèmemajeur duAFRICACEO FORUM

theafricaceoforum.com

GENÈVE,19-21 NOVEMBRE

BANQUEATL

ANTIQUE

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Confrontéesàunralentissementsur leur marché domestique, quisouffre de la crise dans la zoneeuro, les banques marocainescherchent des relais de crois-sance dans les économies en fortdéveloppementdu reste du conti-nent. En février, lors de la présen-tationdes résultats de songroupe,Mohamed El Kettani, le patrond’Attijariwafa Bank, a clairementindiqué son intention de pour-suivre son expansion en Afriquesubsaharienne francophone.« Nous voulons couvrir toute laCommunauté économique desÉtats de l’Afrique de l’Ouest aussibienque toute l’AfriqueduNord »,a-t-il déclaré. D’après lui, ce déve-loppementest l’unedesprincipalespistespourmaintenir le rythmededéveloppement du groupe – quia enregistré en 2011 un bénéficenet de 5,3 milliards de dirhams(475 millions d’euros, + 11,8 %).

L’expansion des réseaux sera aucœur de la bagarre entre les troisacteurs marocains. Mais « êtreprésent sur un marché ne suffitpas, explique un analyste basé àLondres. Il faut compter parmi lesleaders de ce marché pour ren-tabiliser son investissement. Ilfaut savoir choisir son terrain et yêtre le meilleur ». À ce jeu-là, BCPse dit prêt à consacrer 1 milliardd’euros (en comptant les 88,4mil-lions investis dans ABI) au déve-loppementde l’activitédeBanqueAtlantique et « jouera sans doutela carte de banque de proximité

! BERNARD KONÉ DOSSONGUI,président d’Atlantic FinancialGroup, ET MOHAMED BENCHAABOUN,PDG de Banque centralepopulaire, le 7 juin.

aveclamultiplicationdesagences»,estimeWidadOuardi.Cequeconfir-ment les propos de SouleymaneDiarrassouba,directeurgénéraldugroupe ivoirien. « Avec l’expertisequenousapporteBCP,nouscomp-tons être des acteurs de premierplan dans la bancarisation de lasous-région,grâceà l’élargissementde notre offre de produits dans lefinancementdesprojets,despetiteset moyennes entreprises, dans leleasing, ou encore l’immobilier »,souligne-t-il.

Et si les troismarocainsadoptentle même positionnement com-mercial de banque généraliste,leur réussite résidera dans leurcapacitéà intégrer leurspartenairessubsahariens et, « selon les pays,à s’adapter aux spécificités desmarchés sur lesquels ils opèrent »,indique l’analyste londonien.

Dans leur manière d’aborderle marché, BMCE Bank et BCP serejoignent. Tous deux ont rachetédes réseaux régionaux existantset déjà bien implantés. « Cettedémarchepermet d’aller plus viteet de conserver la clientèle qui, demanièregénérale, aplusconfianceen une marque locale qu’en unemarque étrangère », explique unautre financier.

Cependant des différencesexistent.SiBCPvientd’investirdansungrouperelativementjeuneetdis-posantd’une importantemargedeprogression (àconditiond’assainirlebilandeBanqueAtlantiqueetde

redorersonimage),BMCEBankestentréen2008danslecapitaldudéjàmature BOA. « BMCE Bank étaitdansunedémarched’agrégationdechiffres.Onl’avuentre2008et2009lorsqueses résultatsavaientété lar-gement tirés par les performancesde BOA », rappelleWidad Ouardi.Lesdirigeantsdugroupemarocainmaintiennent que cette contribu-tionest toujoursenhausse(environ25%en2011, contre17%en2010),mais de nombreux analystes sontsceptiques.Seloneux, lesdifficultésde certaines filiales (Côte d’Ivoire,Madagascar, Ghana et Djibouti)pèsent sur la rentabilité.

En outre, alors que BCP et sonpartenaire ivoirien indiquentqu’ilsentendentserenforcerdansleshuitpaysde l’UEMOAavantd’attaquerle reste du continent, BMCEBankn’affichepasde stratégie africainehormis saparticipationdansBOA.

IDENTITÉ. Attijariwafa Bank estdans une démarche différente.Le leader chérifien duplique sonmodèledomestiquedanschacunede ses implantations subsaha-riennes, avecunevolontéd’impo-ser son identité à ses filiales. « Enmatière de gestion et de maîtrisedes risques, cette approche peutêtre payante, mais la limite estqu’elle se heurte aux différencesculturelles », souligne l’analystefinancier basé à Londres. De fait,le marocain a connu des débutsdifficiles sur lesmarchés subsaha-riens,notammentauSénégal.Maisil commence à bien s’en sortir : laCompagnie bancaire de l’Afriqueoccidentale (CBAO) est leader auSénégal et l’Union gabonaise debanque (UGB) connaît une pro-gression constante.

Mais si les banquesmarocainesse livrent une concurrence férocesur leur marché domestique, desalliances de circonstance ne sontpas à exclure hors de leurs fron-tières pour tenir tête à leurs rivauxnigériansousud-africains.En2010,BCP et Attijariwafa Bank se sontainsi entendus pour reprendreensemble l’activitédeBNPParibasen Mauritanie. L’avenir dira s’ils’agit d’une exception. ●

STÉPHANE BALLONG

ATTIJARIWAFABANK

BCP BMCE BANK

Total de bilan(EN MILLIONS D’EUROS)

523,7(+ 12 %)

361,9(+ 10,3 %)

317,1(+ 11 %)

Produit net bancaire(EN MILLIONS D’EUROS)

24,2(+ 8,3 %)

15,5(+ 1 %)

12,2(+ 8 %)

Nombre de payssubsahariens investis 9 10 14

Face au ralentissement de leurmarché domestique, les marocainscherchent des relais de croissance.

Le trio de tête du royaume en 2011

SOURCES

:J.A

.,COMMUNICATION

FINANCIÈREDES

GROUPES

88,4millionsd’euros

C’est la sommeque BCP injectedans le capital

du nouveau holding,Atlantic BankInternational

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C roissance soutenue,meilleure insertiondansl’économie mondiale,hausse des importa-

tions : les bonnes perspectivesdu continent devraient inciterles Français à y développer leursaffaires. Car si les indicateurs éco-nomiquesde l’Afriquesontauvert,ce sont avant tout les Bric qui enprofitent, notamment la Chine– dont la part de marché a bondide3,4%en2000à12,5%en2010–,audétrimentde laFrance, qui voitsapart grignotée (16,2%en2000 à8,9 % en 2010).

Cetteévolution,dansuncontexteoùlecommerceextérieur françaisaenregistréundéficit recorden2011(69,6milliardsd’euros),aconduit laChambredecommerceetd’indus-trie de Paris (CCIP) à sensibiliserdavantagelesPMEfranciliennesauxopportunitéscommercialesqu’offrele continent. D’où le lancementdu Comité d’échanges Afrique-France(CEAF), le19 juin:150chefsd’entreprise africains y sont atten-dus – autant côté français –, toussecteurs d’activité confondus. Àtraversdeuxà trois grands rassem-blementsannuels, desateliers, despetits-déjeunerssectorielsavecdespersonnalitéspolitiques etécono-miquesdepremierplan, les adhé-rents joueront de l’effet réseau en

échangeant carnets d’adresses etbonnes pratiques.

PROMOTION. «L’idéen’est pasdefaire de la formation, mais de lapromotiondubusinessgrâceàdesrencontres B toB », souligneAlainTaïeb, président du CEAF, élu dela CCIP et PDG de Mobilitas. LepartenariataveclesExecutiveClubsd’HEC – qui regroupent quelque400 chefs d’entreprise et cadresdirigeants issus de toute l’Afriquefrancophone–permettraauxentre-preneurs adhérents de bénéficierd’un annuaire des membres et derencontres sectorielles avec des

ministres et des ambassadeursafricains et français, des bailleursde fonds internationaux,desentre-prises et des experts.

Certes, les organisations fran-çaises s’intéressant à l’Afrique nemanquentpas:MedefInternational,Maison de l’Afrique, Ubifrance,Conseil français des investisseursenAfrique(Cian)…Maisen Île-de-France, il y avait unvideà comblerpoursoutenir lesPME.«Commentabordercemarché?Quidde lacor-ruption,durespectdudroit?Ilman-quaitunedimensionpédagogiquepour que le business africain nerestepas l’apanagedehappy few »,indiqueGillesDabezies, directeurdes actions et de la coopérationinternationale de la CCIP.

Implantation, exportation, par-tenariats… Le CEAF affiche uneseule ambition : aider les chefsd’entreprise français à travailleravec l’Afrique francophone, maisaussi anglophone et lusophone.Ils se rencontreront à l’occasionde séminaires, et pourront struc-turer en amont leur future activitéà l’international. « Il faut désinhi-ber les entrepreneurs françaisnonfamiliersducontinentet favoriser lebusiness sous toutes ses formes »,martèle Alain Taïeb. Il ne s’agitpas de pallier une déficience despouvoirs publics, mais plutôt de« donner aux chefs d’entreprise lecourage de se lancer à l’interna-tional, en particulier en Afrique,encore largement méconnue. [Ilfaut] les informer puis les intégrerau tissuéconomique », explique leprésidentduCEAF,quidéplorequelesgrandsgroupesn’entraînentpassuffisamment de PME dans leursprojets africains. ● FANNY REY

PME FRANÇAISES

À la reconquête desmarchés perdusLa Chambre de commerceet d’industrie de Paris lanceun Comité d’échangesAfrique-France. Objectif :inciter les entreprisesfranciliennes à se lancersur le continent.

!ALAINTAÏEB, PDG de Mobilitas, préside le nouveauComité.

PARMI LES CHAMBRES DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE,celle de Bordeaux est l’une des plus en pointe en matièred’accompagnement des PME françaises dans ledéveloppement puis dans la réalisation sur le terrain deleur projet. À son actif : la mise en place de conventionseuro-africaines en 1985, la création il y a vingt ans du Clubd’entreprises Bordeaux-Afrique (CBSOA) et l’organisation

depuis 2009 de conventions d’affaires, les Africa FranceBusiness Meetings. Aujourd’hui, en Aquitaine,320 entreprises travaillent avec le continent et quelque2000 PME régionales y exportent. Prochaine étape:le développement de l’action interrégionale en s’associantàToulouse et à Marseille, qui ont également mis en placedes clubs d’exportateurs. ● F.R.

BORDEAUX EN TÊTE DE PONT

FRANCOIS

DABURON

Le continentreprésente:

17 % desexportationsde la France

(sur un total de429 milliardsd’eurosen 2011)

13 % desimportationsde la France

(sur un total de498 milliardsd’eurosen 2011)

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M oins violents queles flibustiers desgolfes d’Aden oude Guinée, mais

tout aussi dangereux, des piratessévissent dans le secteur informa-tique. Selon l’éditeur de logicielsSage, 80 % des programmes utili-sés sur le continent seraient descopies illégales.Plusquestionpourle groupe britannique d’accepterpareil « folklore ». Alors depuis unan et demi, il multiplie les forma-tionspour sensibiliser leshommesde loi à ce fléau. Depuis le débutde l’année 2012, quatre sessionsont eu lieu, auCameroun, enCôted’Ivoire, au Gabon et au Sénégal.Comme la pédagogie seule nesuffit jamais, Sage mise aussi surla répression, quitte à poursuivrebeaucouppluspetitque lui.«Nousavons engagé des poursuites auMaroc, au Cameroun, en Algérie,ainsi qu’en Tunisie où nous espé-ronsunedécisionde justiced’iciàquelquesmois », expliqueAudreyPlantureux, responsablede lapro-priété intellectuelledeSageFrance.

Pourquoi tant d’efforts ? Parceque le continent s’est imposé,devant l’Amérique du Sud oul’Europe de l’Est, comme l’un desprincipaux marchés du groupe.

Celui-ci y réalise déjà près de 9%de son chiffre d’affaires mondial,soit un peu moins de 140 mil-lions d’euros en 2011. Il entenddoubler cemontant dans les cinqans. Quand la croissance de sonrevenuplafonne à 4%enEurope,enAfrique, ellemarque les espritsavec 15 %. « Dans le classementdes 500 premières entreprises ducontinentpubliépar JeuneAfrique,la moitié sont nos clientes »,explique Fabien Poggi, directeurexport de Sage France chargé del’Afrique francophone et de ses60000 clients.

CATALOGUE. Logiciels decomptabilité,degestioncom-merciale ou des ressourceshumaines, progiciels degestion intégrés (ERP), legroupeproposesur leconti-nent tous lesproduitsdesoncatalogue. Pour 2012, sonobjectif consiste à imposer sanouvelle gamme incluant desservicesen ligne.«EnAfrique,93%denosclientssontconnectésquoti-diennement,presqueautantqu’enEurope, et laprise encomptede lamobilitédescadresestuneattentede plus en plus forte », expliqueFabien Poggi.

Si le chiffre d’affaires de Sagesur le continent est réparti à partspresque égales entre les multina-tionales, lesentreprises localeset lesecteur public, l’éditeur reconnaîtfaire face à une forte concurrencesur lesegmentdesgrandsgroupes.En revanche, Fabien Poggi assurequ’il profite plus que les autres delacroissancede l’économie locale.«ContrairementàSAP [l’allemandleadermondialdusecteur,NDLR],notreévolutions’est faiteenpropo-santd’aborddeslogicielsparmétieravant de construire une solutionglobale. Cela explique notre forteimplantationdans les PME », rap-pelle-t-il. Les programmesont étémodifiés pour tenir compte deshabitudes africaines, en incluantpar exemple la gestion du paie-ment des salaires en liquide avecuncomptagedesbillets ou lapos-sibilitédesuivre informatiquementlesprêtsavec intérêtsaccordésauxemployés.

Lespouvoirspublicsconstituentune autre source importante decroissance pour le groupe britan-nique. «Contrairementà l’Europe,où ils cherchent des produits spé-cifiques, en Afrique, les États sontintéresséspardes solutionscrééesd’abordpour lesecteurprivé», sou-ligne ledirecteur export deSageFrance.

Sonplandedéveloppementsur le continent passe aussipar l’ouverture de nouvellesreprésentations –auxcôtésdecelles installées en Afrique duSud, au Botswana, en Namibieet auMaroc – pour renforcer sa

distribution.Côtéanglophone,unbureau est en cours d’ouvertureauKenya, tandis que dans la zonefrancophone, la Tunisie et la Côted’Ivoire figurent enhaut de la listedes points de chute envisagés. ●

JULIEN CLÉMENÇOT

INFORMATIQUE

Intraitable SageL’éditeur britannique de logiciels a fait de la lutte contre le piratageune priorité. L’enjeu est de protéger son activité sur le continent,le marché le plus dynamique au monde.

WILFR

IED

MAISY/R

EA

! En 2012, la société compteimposer SA NOUVELLE GAMME

INCLUANT DES SERVICES EN LIGNE.

La croissance du revenu du groupeplafonne à 4 % en Europe.En Afrique, elle atteint 15 %.

desprogrammesutilisés surle continentseraientdes copiesillégales

80 %

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«À Madagascar,chaquefamille comptedes masseurs etsoigneurs tradi-

tionnels qui utilisent des plantes.Nombreuxsontceuxquiyrecourentquand ils ne se sentent pas bien.Pourtant, cette médecine n’estguère reconnue. Elle est jugéeopaque, car entouréedepratiquesmagico-religieuses », expliqueJean-Claude Ratsimivony. EncréantHomeopharmaen1992, ceTananarivoisavouludémystifier lapharmacopée traditionnelle grâceà la science, pour en tirer des pro-duitscosmétiquesetthérapeutiquesdistribués et administrés dans sesinstitutsdesoinsouenpharmacie.

Vingt ans plus tard, ce psycho-logue – héritier de trois généra-tions de praticiens traditionnels(lire l’encadré) – a réussi son pari :l’entreprise compte 540 employéset soncircuitdedistribution irriguetout Madagascar, avec 60 insti-tuts de soins, 138 pharmacies et2000centresdesanté. Il revendique300000clientspourunchiffred’af-faires «qui avoisine les 10millionsd’euros », indique le PDG.

ÀAntananarivo, le fondateurdeHomeopharmaetsonépouse,phar-maciennediplômée,ontétablisurlacollined’Antsakavirounlabora-toireagrééparleministèredelaSanté.Cosmétiques,huilesessentielles de massageet de bain, supplémentsnutritionnels… Plus de400produitsyontétééla-borés,avec leconcoursdemédecins biologistes etde pharmaciens. « Nouseffectuons des tests trèsstricts, validésparuncomitéscien-tifique comprenant des consul-tants externes reconnus », préciseRatsimivony. Homeopharmaobserve l’effet des préparations

traditionnelles, en adapte la poso-logie, standardise la production,puis obtient l’autorisation demisesur lemarché.

La société se fournit dans sesplantations de Brickaville etMoramanga (610 ha dans l’est del’île) et auprès de coopératives. Latraçabilitéde sa chaîned’approvi-sionnementluiapermisd’obtenirlacertificationbio(Europe)et le labelNatiora (États-Unis).«Madagascardispose de près de 12000 plantesaromatiques et médicinales utili-séesdepuisprèsdedeuxmille anspar les tradipraticiens… Nous enavonspour lemomenttestéàpeine10% », s’enthousiasme le PDG.

SOINS PRÉVENTIFS. Sur le mar-ché intérieur, qui représente 80 %des ventes, la majorité des pro-duits sont écoulés via les institutsHomeopharma. « Jadis, quand unMalgache voulait se faire soigner,il passait voir un tradipraticien,achetait les ingrédientsnécessaireschez un vendeur de plantes, puis

se rendait chez un masseur.Nous avons voulu rendretout ce parcours possibleen un seul lieu, moderneet sous le contrôle dephytothérapeutes etd’aromathérapeutesagréés,explique Ratsimivony. Lespersonnesqui fréquententnos centres sont à 60 % des

femmes,quiveulentprendresoindeleurbeauté.MaiscertainsMalgachesviennent aussi, car ils croient plusencetypedesoinspréventifsqu’enlamédecine occidentale. »

PRODUITS PHARMACEUTIQUES

La traditionmalgaches’impose enbeautéEn vingt ans, le laboratoire Homeopharma est devenu une référencepour ses traitements et cosmétiques tirés de la pharmacopée ancestrale.Pour poursuivre sa croissance, il cible les marchés africains.

! La société, qui s’approvisionnedans ses plantations et auprèsde coopératives, COMPTE TROIS

DISTILLERIES.

ENTREPRENEUR, psychologue formé à Madagascar et en France, mais aussipraticien traditionnel chevronné, Jean-Claude Ratsimivony n’a pas crééHomeopharma par hasard. Sa famille étudie et utilise les plantes médicinalesmalgaches depuis plusieurs générations, avec l’idée de faire reconnaîtrescientifiquement leurs effets positifs. Son arrière-grand-père, EmmanuelRatsimba, inspecteur de l’Éducation, a répertorié de nombreux remèdesancestraux. Quant à son grand-père, Michel Ratsimivony, docteur en médecine,il a expérimenté des traitements traditionnels et écrit plusieurs ouvragessur le sujet. ● C.L.B.

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

des

se reNoustoenetphd’expeno

300000

clientsmalgachesutilisent

les produits deHomeopharma

HOMEO

PHARMA

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Le prix est aussi un argument.«Lespremièresplantesmédicinalessontvendues1000ariary[0,36euro,NDLR]. Quant à unmassage, il necoûte que8000ariary. Les centresde massages facturent la mêmeprestation 40000 ariary », affirmele patron du laboratoire. Dans uncontexte de crise politique et debaisse du pouvoir d’achat (le PIBparhabitantachutédeplusde10%entre2008et2011),Homeopharmarésiste.«LesMalgachessetournentvers lesproduits traditionnelsqu’ilsconnaissent et qui sont moins

chers. Nos ventes de cosmétiquesont baissé,mais celles de nos pro-duits thérapeutiquesontprogressé,note l’entrepreneur.Au final, nousavons perdu 10 % de nos revenus,mais notre créneau reste porteur.A contrario, les cinq laboratoiresmalgaches qui avaient opté pourla production de génériques ontété balayés par une concurrencechinoise impitoyable. »

Homeopharmaexporteaussi sescosmétiques, «principalement enFrance, en Belgique et en Russie.Maisdepuisquel’Europeestentréedans la crise, les commandes desgrossistes ont baissé de moitié etles conditions de paiement et depréfinancement se sont durcies »,regrette Ratsimivony.

Pour rebondir, il veut s’attaquerauxmarchésafricains.«Nousavonsinstallédespetitesunitésde fabri-cation àMayotte et à l’îleMauriceetnouédesaccordsdedistributionen Côte d’Ivoire, au Sénégal et auGabon.Nouscherchonsdesparte-nairesenRDCongoetauCongo,enTanzanie,auMalawietenZambie»,annonce-t-il. « Dans un premiertemps, nous nous contenteronsd’exporter, puis nous produironssur place, en étudiant les plantesutilisées localement », conclut cepatron, toujourscurieuxdesméde-cines traditionnelles. ●

CHRISTOPHE LE BEC, envoyé spécial

L’entreprise a nouédes accords dedistribution en Côted’Ivoire, au Sénégalet au Gabon.

CÔTE D’IVOIRE CARGILL SELANCE DANS L’HUILE DE PALME

Cargill – l’une des premièrescompagnies privées américainesavec 92,3 milliards d’euros de chiffred’affaires en 2011, devant Coca-Colaet McDonald’s – lancera avant la finde l’année des investissements de200 milliards de F CFA (près de305 millions d’euros) en Côte d’Ivoire,

dans le cadre d’un plan dedéveloppement sur cinq ans.Il s’agit pour le groupe, acteurde la filière cacao ivoirienne depuis1997 (commercialisation ettransformation des fèves), de sediversifier dans le secteur desoléagineux, et plus particulièrementdes palmiers à huile.

Le Français Lionel Soulard,directeur général de CargillWestAfrica, basé à Abidjan, a entamé desnégociations avec l’État ivoirien pourla mise à disposition de 50000 ha deterres agricoles afin de créer desplantations industrielles. GilbertKafana Koné, le ministre d’Étatchargé de l’Emploi, a assuré Cargillde la volonté du gouvernementd’accompagner le projet, qui pourraitcréer autour de 150000 emplois enCôte d’Ivoire. ●

AGROALIMENTAIREPOULINA CHANGE DE CAP

Le conglomérat tunisien Poulina, quiintervient notamment dansl’aviculture, veut oublier la Libye, oùil a été obligé d’interrompre sesactivités. Son PDG, Abdelwaheb BenAyed, préfère se tourner vers leMaroc et le Sénégal, qu’il veut utilisercomme tremplin vers l’Afriquesubsaharienne. Le groupe ne délaissepas pour autant laTunisie, où ilcompte investir 124 millions de dinars(61,4 millions d’euros) en 2012. Ilentend aussi se diversifier dans lesecteur desTIC, des cosmétiques etde la fibre de verre. ●

TECHNOLOGIES UN NOUVEAUFONDS SPÉCIALISÉ

Erik Hersman, un poids lourd au seinde la communauté africaine desnouvelles technologies, a créé unfonds de capital-risque consacré auxinvestissements dans des start-up

subsahariennes. Fort de 5 millions dedollars (près de 4 millions d’euros) àson lancement – une taille qu’ilcompte doubler –, Savannah prendrades participations comprises entre25000 et 500000 dollars. Outre cetapport de capital, le fonds, basé àNairobi, veut fournir aux start-upl’accès à un réseau de mentors, dansla région et dans la SiliconValley. ●

LOGISTIQUE VINCENT BOLLORÉÀ ABIDJAN

En visite éclair à Abidjan, VincentBolloré a annoncé un investissementde 50 millions d’euros pour 2012 dansles secteurs portuaire et ferroviaire, etaffirmé sa volonté de se développerdans l’énergie solaire. Ce voyageintervenait alors qu’un appel àmanifestation d’intérêt venait d’êtrelancé pour le deuxième terminal àconteneurs du port d’Abidjan. BolloréAfrica Logistics, la filiale du groupefrançais qui opère déjà sur le premierterminal, entend bien y répondre. ●

LUCGNAGO/R

EUTE

RS

Coulisses Entreprises marchés

•MINES Le lancement de la production à Forécariah, opéré par Bellzone,

annonce les premières cargaisons de fer guinéen • HYDROCARBURES Lors

d’un forage d’exploration, Tullow Oil a trouvé du pétrole au large de la Côte

d’Ivoire • BTP Le marocain Anas Sefrioui (Addoha) implantera une cimenterie

de 500000 t au Gabon • ÉNERGIE La SFI (Banque mondiale) et le norvégien

Scatec Solar vont développer des centrales solaires du Bénin au Cameroun

SMS

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STARWOOD

HOTE

LS&

RES

ORTS

!ÂGÉ DE

57 ANS, CEFRANÇAIS NÉ EN

SYRIE occupeses fonctionsdepuis 2006.

HÔTELLERIE

«Partout où se présenteuneopportunité, nous la saisissons »

O ran, le 6 juin. Accueillipar un orchestre demusique diwane, legratinalgériensepresse

pour l’inauguration du Méridien,symbole de la prospérité retrou-vée de la ville. Construit en bordde falaise et adossé au Palais descongrès dans un quartier récent,il résume le nouvel esprit que legroupeauxneufmarques(Sheraton,Le Méridien, Four Points, Westin,Aloft, The Luxury Collection, St.Regis,ElementetW)veut insuffleràl’enseigneLeMéridien, rachetéeen2005. Français né en Syrie, le vice-présidentetdirecteurrégionalopé-rationnel Afrique et océan Indiendétaille lastratégiedeStarwoodsurle continent, où il prévoit d’ouvrirunedouzained’établissements enquatre ans.

JEUNE AFRIQUE: Pourquoi ouvrirun Méridien à Oran, qui comptedéjà un Sheraton?

HASSAN AHDAB : La stratégiede Starwood est de cibler les villessecondaires après s’être implantédans les capitales.Après la réussitedu Sheraton d’Alger, nous avonsdécidé d’en ouvrir un à Oran en2005. Pour nous, Oran va rapide-ment devenir la capitale écono-miquedupays: ledéveloppementdes infrastructures urbaines etindustrielles favorise l’arrivéed’in-vestisseurs.Onpeutpresqueparlerd’unevillenouvelle, et la construc-tion du Palais des congrès d’Oran,le plus grand d’Afrique du Nord,est significative. Pour Starwood,qui cible avant tout une clien-tèle d’affaires, il fallait saisir cette

opportunitéà tempsetnousavonstrouvéavecSonatrachlebonparte-naire localpourceMéridien.Nousallonsconsolidercetteimplantationavec l’ouverture d’un hôtel FourPoints au printemps 2014.

Et pourtant Starwood n’a qu’unétablissement à Alger…

Si des opportunités semblablesse présentent à Alger, nous saute-ronsdessus,maisnousn’avonspasencoretrouvé lebonpartenaireni lebonendroit. En revanche, l’ouver-tured’unSheratonestprévuepour2014àAnnaba [sur la côte,à l’est,NDLR].

Pourquoi présentez-vous lamarque Le Méridien comme unmodèle en Afrique?

LeMéridienestunemarque trèsforteenAfrique,unedespremières

HassanAhdab

Le groupe ouvre à Oran son troisième établissement en Algérie etaccélère son développement sur le continent. Son directeur régionalopérationnel Afrique et océan Indien en détaille les prochaines étapes.

à s’yêtre implantée.L’hôteld’Oranseraunmodèlecar il est lepremierà ouvrir sur le continent depuisqueStarwoodaracheté l’enseigne,en 2005. Le Méridien s’adresse àdes clients sophistiqués. À Oran,nos décorateurs se sont inspirésdes traditions régionales pour lesadapter au design contemporain.Les hôtels Le Méridien que nousallons ouvrir à l’aéroport du Caireen 2013 et à Lagos en 2014 serontréalisés dans lemême esprit.

Vos performances en Afrique duNord ont-elles été affectées parles révolutions?

Nosactivitésontbiensûr connuunralentissement, commetous lessecteursdecespays.C’estenÉgypteque cela a été le plus difficile, larévolutionyaétéplus longue,maislesvacanciersretournentsur lamerRouge.EnLibye,notre seulhôtel aouvertàTripolitroissemainesavantlesoulèvement;nous l’avons fermétout de suite. J’ai bon espoir de lerouvrirenoctobreprochain.Enfin,notre SheratonàTunis a réalisé sameilleureannéeen2011,grâceauxnombreux Libyens qui ont fait delaTunisie leurhubpour la santéetl’approvisionnement en produitsde consommation.

Lacroissanceafricainevous incite-t-elle à y investir davantage?

Partoutoùseprésenteuneoppor-tunité, nous la saisissons ! Nousavons 1100 hôtels dans lemonde,mais seulement 61 dans 17 paysd’Afrique.Nous avons récemmentmissurpieduneéquipeauservicedenotredéveloppementafricain.Nousavonsété lespremiersànousinstaller auxSeychelles, enAlgérieetauNigeria,etnoustenonsàconti-nuer sur cette lancée. ●

Propos recueillis à Oran

par LAURENT DE SAINT PÉRIER

VICE-PRÉSIDENT DE STARWOOD HOTELS & RESORTS

11ouverturesprévues surle continentd’ici à 2016

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Décideurs122

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T outestpartid’unbrefpas-sage – six mois – en tantqu’analystedanslebureauparisiendeFitch, fin2004.

Lydie Boka s’intéresse alors auxdonnées retenuesparcetteagencedans lanotationdespaysafricains.« Jemesuisditqu’onpouvaitélargirlechampdecritèresafind’avoiruneévaluationdurisquebeaucoupplusprochede la réalité », racontecetteFranco-Ivoirienne de 53 ans.

Ainsi naît, en mai2005, StrategiCo, uneagencespécialiséedansl’évaluationdurisqueenAfriqueetqui fondesonanalyse sur des indicespolitiques (40 %), éco-nomiques (35 %) etsociaux (25 %). « Nousprenons par exempleen compte des aspectscomme le rôle de l’ar-mée, les liens familiauxausommetdel’État…»,expliqueLydieBoka.La

extérieurs(journalistes,économistesouencorechercheurs),notammentbasés en Afrique, et commence àêtre connue. Parmi ses principauxclients:Afreximbank(financementducommerceenAfrique),laBanqueouest-africainededéveloppement,aumoins troisgouvernementsafri-cains,dessociétésminièreset,plusrécemment, le groupe bancairepanafricain Ecobank.

RIGOUREUSE.«StrategiCoal’avan-tage d’être mieux connectée auxréalités africaines que les grandesagences internationales commeMoody’s et Standard & Poor’s,estimePaul-HarryAithnard,direc-teurdelarecherched’Ecobank.Cesdernièressurévaluent lepoidsde lastabilité politique, alors que LydieBoka et ses équipes, tout en étantaussi rigoureuses dans leurs nota-tions,prennentmieuxencompte letissuéconomiqueetlesdynamiqueslocales qui sont à l’œuvre. »

Forte d’une vingtaine d’annéesd’expérience dans l’analyse finan-cière, LydieBokaanotammentétégestionnaire de portefeuille à laSociété financière internationale(SFI, filialede laBanquemondiale)etanalysteà laBanqueafricainededéveloppement(BAD).Sonobjectifd’iciàcinqans:hisserStrategiCoaurangdeleaderdans sondomaine.●

STÉPHANE BALLONG

société se targue ainsi d’avoir pré-dit les chutes de Ravalomanana àMadagascar (2009) et de Ben Alien Tunisie (2011). Et d’avoir alertécertains de ses clients, avant toutlemonde, sur la situation auMali.

BaséeàLille(France),aucarrefourdes principaux centres financierseuropéens(Londres,Bruxelles,ParisetAmsterdam),StrategiCocompteune vingtaine de collaborateurs

EZZEDINE KHOJABANQUE ZITOUNANouveau PDG de la banqueislamique tunisienne, il aprécédemment travaillé au seinde la banque Al Baraka et a présidéun centre d’arbitrage en financeislamique dans les pays du Golfe.

RAMESH CAUSSYGOPIOLe Mauricien, figure de l’innovationnumérique, vient d’être nomméà la présidence du conseil pourla science et la technologie de Gopio,une organisation qui regroupe40 millions d’Indiens de la diaspora.

THIERNO SEYDOU NOUROU SYBNDEIl prend la tête de la Banque nationalede développement économique duSénégal. Après avoir quitté AttijariwafaBank pour le burkinabè Coris Bank,le Sénégalais avait pris la direction dela BIA Niger en décembre 2011.

ON EN PARLEON EN PARLE

HICHEM

;CHRISTO

PHEAUDEB

ERT

NOTATION

LydieBoka, analystemulticritèreCette Franco-Ivoirienne acréé StrategiCo, une agencespécialisée dans l’évaluationdu risque en Afrique.Sa particularité: prendreen compte des donnéespolitiques et sociales.

DR

Profil

• Née en 1959en Côte d’Ivoire

• Diplômée de laDiplomatischeAkademie deVienne (Autriche)

• A été gestionnaire deportefeuille à la SFI, chefde projet au CommonFund for Commoditieset analyste financièreconfirmée à la BAD

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Décideurs 123

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D epuis sadéfaiteà lapré-sidentielle béninoise,AbdoulayeBio-Tchané(ABT) n’a eu aucune

difficulté à se reconvertir. Le fon-dateur d’Alindaou ConsultingInternational, un cabinet deconseil qui met à profit son car-net d’adresses très fourni pourdesopérations de lobbying, a pris son«bâtondepèlerin»,pourreprendrel’expression d’un financier ivoi-rien. L’objectif ? Rencontrer unà un les ministres des Financesouest-africainset lesconvaincrederouvrir un vieux dossier : la créa-tion d’un compartiment pour lespetites et moyennes entreprises(PME) à la Bourse régionale desvaleurs mobilières (BRVM, baséeàAbidjan).Unprojetdéjàenvisagéen 2008mais qui avait été bloquépar leConseil régionalde l’épargnepubliqueetdesmarchés financiers(CREPMF), l’autoritéde régulationdesmarchés boursiers de l’Unionéconomique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Cette fois, la BRVM a voulumettre toutes les chances de soncôté. Le choix d’ABT mais aussicelui du cabinet d’avocats CMSBureauFrancis Lefebvreen sont la

preuve. «Notre objectif consiste àpermettreauxPMEà fort potentield’avoir accès à la plateforme decotationde laBourse,deconnaîtreleur valeurmarchande et de trou-ver des financements sans subirles contraintes de la cotation surle marché officiel, détaille Jean-PaulGillet, directeur général de laBRVM.Aujourd’hui, les conditionsexigées par leCREPMFet l’Ohada[Organisation pour l’harmonisa-tionenAfriquedudroitdesaffaires,NDLR]sont très lourdeset tiennentà l’écartbeaucoupd’entreprisesdesmarchés de l’UEMOA. »

En effet, trois PME de la sous-région – les ivoiriens Petro Ivoireet Simat, et le sénégalais MoneyExpress – ont finalement optépour une cotation à Paris, sur lemarché libre, plutôt quede suivrele parcours du combattant d’uneintroduction à la Bourse locale.

CLÉS EN MAIN. Or « les poli-tiques de la région cherchentune réponse au problème dufinancement des PME », expliqueGabriel Fal, patron d’un des prin-cipaux courtiers de la place, CGFBourse. La BRVM entend four-nir au Conseil des ministres de

l’UEMOAuneréponseclésenmaindès septembreprochain. L’idéeestd’éviter les lourdeurs associéesà la procédure d’appel public àl’épargne,quinécessite l’obtentiond’un visa auprès duCREPMF. LesPME cotées pourront égalementlever des fonds, mais seulementauprèsd’unmaximumdedixnou-veauxactionnairesqu’elles aurontsélectionnés : une sorte de place-mentprivé fermé augrandpublic.N’importequelle sociétéanonymepourra être cotée sous certainesconditions : mettre en circulationl’équivalentde50millionsdeFCFA(plus de 76000 euros), produiredeux exercices certifiés par descommissairesauxcomptes,publierdes comptes attestés tous les sixmois et certifiés tous les ans.

CIRCONSPECT. L’initiative divisela communauté financière. KadiFadika-Coulibaly, directrice géné-raledeHudson&Cie, l’autregrandcourtier abidjanais, explique :«C’est une bonne initiative et elleest nécessaire. Mais le projet de2008avaitundéfaut : il ne s’agissaitpour les PME que de pouvoir secoter sans lever des fonds. Il nefaut pas refaire la même erreur. »Gabriel Fal, lui, reste circonspect.« La solution du financement desPME passe-t-elle vraiment par laBourse? Je n’en suis pas certain.Nous avons déjà beaucoup demal à vendre des titres Sonatel,alors vendre des titres de PME… »souligne-t-il.

Samuel Maréchal, le banquierd’affaires qui a réalisé les intro-ductions à Paris, tempère : « Laprésence en Bourse permet auxPMEd’avoirdemeilleures relationsavec leursbanquiers, d’obtenirdestauxplusbas.Pourquoi?Parcequela cotation est un signe de bonnegouvernance. » Tous s’accordenten tout cas sur un fait : la liquiditédans la régionestabondanteetellenedemandequedespropositionspour s’investir aucapitaldePME.●

FRÉDÉRIC MAURY

et NICOLAS TEISSERENC

AFRIQUE DE L’OUEST

LesPMEauront-elles la cote?Quatre ans après une première tentative infructueuse, la Bourserégionale des valeurs mobilières élabore un nouveau projetde création d’un compartiment pour les petites entreprises.

! LA PLACE

D’ABIDJAN

présenterason plan auConseil desministres del’UEMOA enseptembre.

ISSO

UFSA

NOGO/A

FP

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Marchés financiers124

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Baromètre Marchés financiers

Le marché nigérian est toujours dansle doute. Après un cru 2011 trèsdifficile et un bon début d’année2012, l’indice principal du marchéa perdu près de 5 % au cours dumois de mai avant de se reprendreen juin. Au final, il ressort légèrementdans le vert (+ 2 % environ) depuisle début de l’année.Les banques, notamment First Bankof Nigeria et GuarantyTrust Bank,captent l’essentiel des volumes,

commençant à profiter de larestructuration du secteur – avec unsort plus ou moins enviable, StanbicIBTC chutant de 27,1 % quand FirstBank enregistre une hausse de19,1 % en 2012. Mais ce n’est qu’unrattrapage: aucune des grandesbanques du pays n’a encore retrouvéses plus hauts niveaux. Union Bankof Nigeria se situe toujours 70 %en dessous de son cours le plushaut atteint depuis un an. ●

NOUSABAISSONSnotre recommandationsur Nigerian Breweries (NB) d’« acheter »

à « conserver » en raison de la forte progression dutitre depuis notre dernier rapport (+ 25%enneufmois),ainsi que du manque d’éléments nous permettantd’envisager une performance au-delà de notre objectifde cours. La croissance de la consommation de bièreauNigeria ralentit et passerait, selon nos estimations,de 12,3 % par an à 11,8 % en moyenne sur les cinqprochaines années, dans un contexte d’augmentationdes capacités de production et de concurrence accrue(avec l’entrée de SABMiller et le renforcement deGuinness sur la blonde). Par ailleurs, la communicationde NB n’apporte aucune visibilité sur la croissance du bénéfice par action cetteannée. Les communiqués financiers ne donnent aucune indication sur les activitésdu groupe, ce qui est dommageable compte tenu des récentes acquisitions faitesauprès de la maison mère, Heineken. L’ensemble de ces éléments nous incitedonc à la prudence, même si le groupe reste bien positionné à long terme. » ●

VALEURS BOURSE COURSau 13 juin(en dollars)

ÉVOLUTIONdepuis le débutde l'année (en %)

First Bank of Nigeria BANQUES 0,07 + 19,1Zenith Bank BANQUES 0,08 + 10,8Guaranty Trust Bank BANQUES 0,09 + 6,3Nigerian Breweries BIÈRE 0,62 + 5,9Unilever Nigeria CONSUMER 0,17 – 2,4Dangote Cement CIMENT 0,67 – 2,5Lafarge Wapco CIMENT 0,26 – 2,8Nestlé Nigeria CONSUMER 2,62 – 4,6Guinness Nigeria BIÈRE 1,40 – 9,2Stanbic IBTC BANQUES 0,04 – 27,1

Nigeria : les banques se redressent

Andy Gboka,Analyste chez Exotix

Valeur en vueNIGERIAN BREWERIES Un potentiel haussier insuffisant

BOURSE Lagos • CA 2011 1,02 milliard d’euros (+ 24,3 %)

COURS 100 nairas (13.6.2012) • OBJECTIF 105 nairas

B ernabé, distributeur dematériaux de construc-tion et de quincaillerie,applique l’adage « pour

vivre heureux, vivons cachés ».Aucune informationn’a filtréavantl’assemblée générale ordinaire du14 juin à Abidjan. Cette discrétionsembleluiréussir:entre2010et2011,son chiffre d’affaires est passé de25,5 milliards de F CFA (près de39millionsd’euros)à27,8milliardsde F CFA. Une croissance presqueinattendue, alors que la crise post-électorale a pesé sur l’activité éco-nomiqueetquelemagasinBernabéd’Abidjan – l’un des deux que lasociété possède en Côte d’Ivoire,avec San Pedro – avait été détruitaux deux tiers par un incendie enfévrier 2010. Le résultat net s’en estressenti, passant de 1,5milliard deFCFAen2009à1,2milliarden2010,avantderemonterà1,77milliarddeFCFA l’an dernier.

RECORD.FilialedeYeshi (importa-tion de deux-roues, de fournituresindustrielles etc.), qui détient 80%desoncapital,Bernabéestcotéà laBourserégionaledesvaleursmobi-lières(BRVM)pourles20%restants.Et y connaît depuisunandebellesperformances.Soncoursaplusquedoublé, passant de 18005 F CFAle 14 juin 2011 à 39775 F CFA le14 juin2012.Ledividendea,de fait,atteint un niveau record en 2010:3500 FCFA, contre 750 en 2005.

« Difficile de comparer cettevaleur avec les autres, puisqu’elleest la seuledecette activitédans laclassificationIndustriesdedistribu-tion»expliquePatriceN’zi,analystechezBiciBourse.Bernabé y côtoieen effet des sociétés aussi variéesque CFAO (automobile) ou VivoEnergy (aval pétrolier). ●

MICHAEL PAURON

CONSTRUCTION

La surpriseBernabéÀ la BRVM, le cours de lafiliale ivoirienne de Yeshi aplus que doublé en un an.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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avec lapolicedont il réchappede justesse. « Ilsm’avaient repéré en traindedessiner la veille,à quelques blocs de la galerie. » Entre-temps,en réaction à la crise économique, l’artisteemprunte lenomet les traitsdeM.Monopoly, lebonhommeàmoustacheethaut-de-forme,effi-giedu jeudesociétééponyme. «C’estune figurepopulaire qui symbolise Wall Street, BernardMadoff et le pouvoir de la finance, explique-t-il.En reprenant ce personnage en 2008, j’ai voulucréerune sorted’exutoiredans lequel beaucoupdegenssesontretrouvés.»Lesuccèsest immédiat.Reproduitdans lemondeentier, avecuncigareoudes liassesdedollars,M.Monopolyhisse le jeunehomme de 23 ans au panthéon des street artists.

PLACE EL-YASSIR.AlecMonopolyn’avait jusqu’àprésent jamais été exposé sur le continentafricain, sa venue est unévénement en soi. L’idéed’un show au Maroc lui estvenue de son agent, RachidKallamni, filsd’émigrésmaro-cains atterris aux États-Unisdans les années 1990. « Je ne connaissais pas leMaroc et le projet de résidence m’a tout de suiteemballé. J’étaisàLondres, et le lendemain, j’aiprisle premier vol pour Casablanca. » Pendant deuxmois, en août 2011 et mai 2012, Alec Monopolytravailledansunhangarde laplaceEl-Yassir, danslequartierBelvédère. Ilyréaliseunequarantainede

lec Monopoly a une gueuled’ange, mais comme celle deBanksy, son mentor, vous nela verrez pas. Né en 1985, cetAméricainprotège jalousementson visage. Et son anonymat.À

peine, au cours de l’entretien, daignera-t-il livrerson véritable prénom,Alexander.ÀNewYork, saville d’origine, mais aussi à Los Angeles, où il vitdepuis six ans,AlecMonopoly est pourtant connucomme le loup blanc. Réalisées àManhattan ouBeverlyHills, sesœuvres les plus emblématiquesont fait le tour d’internet, comme ces canonsde M-16 d’où pointent des bouquets de fleursou ces portraits aux couleurs psychédéliquesde Jack Nicholson et Bob Dylan. D’autres sontdevenues des lieux de pèlerinage, à l’image decette fresque de 30 m réalisée cette année pourun célèbre restaurant de Manhattan. « Ça a étéun buzz monstrueux, toute la presse en a parlé,s’enthousiasmeAlecMonopoly.Chaque jour, descentainesdepersonnes sepostaient sur le trottoirpour suivre mon travail. »

Coqueluchedesmédiasetdumondedel’art–sescollectionneurs s’appellentAdrienBrody,BenicioDel Toro et Robert de Niro –, Alec Monopoly estun artiste d’une rare précocité.À 21 ans, il réalisesapremière expositiondans la villa dumagnat del’immobilierDonaldTrump.Quatreansplus tard,son premier show en solo àNew York fait la unedes journauxet se soldeparunecourse-poursuite

ALEXANDRE AUBLANC, à Casablanca

Après deux mois de résidence au Maroc, l’artiste américain Alec Monopoly,figure mondiale du graffiti, présente son travail à la Galerie 38 de Casablanca.Une première dans un pays où la peinture urbaine reste un art méconnu.

!« ALEC MONOPOLY :

CATCH ME I FYOU CAN »,

jusqu’au 5 juillet,

à la Galerie 38

de Casablanca.

marocainmarocainMon polyMon polyARTS

PLASTIQUES

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No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Culture& médias

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tableaux inspirésduMaroc.Lehaut-de-formedeM.Monopolyestdevenuuntarbouche,sesicônespopdépeignentBobMarleyet JimmyHendrix,«deuxartistesamoureuxduMaroc».Quantauxcoupuresdepressequiparsèmentses toiles, elles proviennent de journauxmarocains. « Je ne choisis pas n’importelesquelles. Il faut qu’elles soient en rapportavec l’économie et la situation du pays oùje suis. Le Maroc n’est pas épargné par lacrise et je veux que mes œuvres reflètentle contexte dans lequel vit mon public. »

ABATTOIRS. «Le travail d’AlecMonopolyest malin, provoquant et très bien faittechniquement, souligne Simo Chaoui,directeurdelaGalerie38.Ilenjambetoutesles cultures et permet de faire connaîtrele street artdans un pays où peu de genss’intéressent à la peinture urbaine. »Vendues entre 2 000 et 15 000 dollars(1600 à 12000 euros), lesœuvres d’AlecMonopoly ont créé la surprise dans unmarchéétroitoùlescollectionneurssontmajoritairementattiréspar l’artabstrait.« Beaucoup de toiles ont été achetéesavant ledébutde l’exposition,poursuitSimo Chaoui. Ce n’est pas la clientèlehabituelle, lescollectionneurssontplusjeunesetmoins frileux.Çaprouvequelademandeexisteetque lemarchénese résume pas auxmodernes. »

S’il a travaillé seul au cours de sarésidence, Alec Monopoly ne cachepas son envie de collaborer avec desartistes marocains. « Tout dépendrades rencontres,mais l’envieest là.Onm’a parlé des Abattoirs, une fricheculturelle où certaines personnesfont un travail formidable. » AprèsleMaroc, l’artiste ferauncrochetparBerlin où, avec le photographe demode Michel Comte, il tourne unfilmen3Ddans lequel il prévoit deréalisersurunbarrage leplusgrandgraff dumonde.Quant aux souve-nirsqu’il ramèneraduMaroc,AlecMonopoly en partage volontiersun:«Unsoir, j’étaisdanslequartierBourgogne en train de dessinersur un mur. Des policiers sontarrivés et j’ai cru qu’ils allaientm’emmener au poste. En fait, ilsétaient juste curieuxet voulaientsavoir si j’avais assezdepeinturepour terminermondessin!C’estunechoseimpensableauxÉtats-Unis. »Une pause et il résume:« Un instant, je me suis cru auparadis du street art. » ●

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

127Culture médias

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«C ’était David contreGoliath.Lemondeentiers’est retourné contremoi. » C’est un homme

apeuré, les larmes auborddes yeux, quedévoile ledocumentairedeTomRoberts,Michael Jacksonet leDrMurray:uneami-tié fatale.Le réalisateur américain a suivile médecin personnel du roi de la popdurant les six semainesde sonprocès en2011.Murédans le silence, refusantd’êtreappeléà labarrepoursedéfendre,ConradMurray est davantage bavard face à lacaméradeTomRoberts. Il s’exprimeenfinsur l’affaire:«Nousétionsamis. Jen’auraisjamais trahi sa confiance », témoigne-t-ildepuis samaisondeLasVegas. Il racontealors leur rencontre quelques annéesauparavant. En 2006, l’un des enfantsde la star est malade lors d’un séjourà Las Vegas. Sur les recommandationsde l’un de ses gardes du corps, MichaelJackson contacte le cardiologue, avecqui il se liera d’amitié au fil des ans. Aupoint de l’embaucherà tempspleinpour150000 dollars (environ 110000 euros àl’époque) par mois, six semaines avantsondécès, afinqu’il l’aide àpréparer songrand retour sur scène.

ConradMurrayn’apas toujours connul’opulence. Né en 1953 à Saint Andrew(Grenade), le futurmédecin a été élevépar ses grands-parents jusqu’à ses 7 ans,âgeauquel il rejoint samère,quiaémigréàTrinité-et-Tobago à la recherche d’unavenir meilleur. Le père ? Un médecinaméricaindeHouston totalementabsentdes premières années de sa vie. Il ne lerencontrera qu’à l’âge de 25 ans.Déterminé, Conrad Murrayn’a jamais rechigné aumoindre effort. Il miseratout sur ses études qu’ilpoursuivra aux États-Unis dès 1980. En 1999,il ouvre son propre cabi-net à Las Vegas. Lorsqu’ilrencontreMichael Jackson,en2006, sa situation financièren’est pas des plus reluisantes.Il ne parvient plus à entretenirsa luxueusemaison, ses dettessont estiméesà750000dollarset il est en retarddans leversementd’unepension alimentaire.

La diffusionde cedocumentaire – quine donne pas la parole aux proches duchanteur – sur NBC a fait grand bruit

auxÉtats-Unis. Les fans de Bambi n’ontguèreappréciédevoir retransmis surunechaîne à grande écoute ce qui pourraits’apparenter à une opération com’ dela part du responsable de la mort deMichael Jackson, alors âgé de 50 ans, le25 juin 2009. ConradMurray a, en effet,été jugé coupable d’homicide involon-taire et purge actuellement une peinedequatre ansdeprison.On lui reproched’avoir administréduPropofol, unpuis-sant anesthésiant, à son célèbre patient,qui avait déjà ingurgité un mélanged’anxiolytiques et de décontractants(diazépam, lorazépam, midazolam…).Un cocktail qui fut fatal.

« LAIT ».Alorsqu’ilpréparaitune tournéede cinquante dates (This Is It) à traversle monde pour l’été 2009 et le début del’année2010,Michael Jacksondevaitêtreaumieuxde sa formepour supporter lesheures intensives d’entraînement et derépétition. Ruiné après son procès pourpédophilie en 2005, la star voyait encette tournée le moyen non seulement

de signer son grandretour sur scènemaisaussid’épongerses dettes. Les avo-cats du Dr Murray

ont dénoncé la pressionque faisait subirà Michael Jackson le promoteur de latournée, AEG.Or, il souffrait d’insomniechronique qu’il essayait de combattregrâce à son « lait », le Propofol.

Les confidences du Dr Murray égra-tignent l’image de la star. Il décrit unhomme faible, perdu, qui dormait avecune poupée, faisait pipi au lit, vivait

reclus dans une chambre sale,sanshygiène…Ceque confir-ment les photographiesprises par les servicesdu coroner. Rien d’éton-nant à ce que les fans dela star aient abhorré cedocumentaire quimontrecomment les avocats de la

défense tententdemettre surpiedune stratégiepour sauverleur client, qu’ils peinent àcroire innocent… ●

SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX

Michael Jackson et le Dr Murray : une amitiéfatale, de Tom Roberts, à découvrir dans lemagazine Investigatiôns, le 20 juin à 20h35(GMT+2) sur FranceÔ. Rediffusion le 24 juinà 12h30.

TÉLÉVISION

Dr Murray et Mr ConradÀ l’occasion du troisième anniversaire de la mort de MichaelJackson, France Ô revient sur l’affaire judiciaire qui apassionné la planète : le procès du médecin personnel de la star.

ELIOTPRES

S ! DEVANT LE

TRIBUNAL DE

LOS ANGELES,le 8 février 2010.

1 MILLIARD

Le nombred’albums que

Michael Jacksona vendus à travers

le monde

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Culture médias128

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«J e veux être le nouveauvisage de la famille. » Élevéaux États-Unis dans le plusgrandsecret, IsmaelSankara

a encore dumal à prononcer le nom desonpère, Thomas,mais il a commencé àécrire saproprehistoire. Sorti enmai,TheRhythm ofMy Life, un documentaire devingtminutes, présente ce jeune rappeuraméricain d’origine burkinabè.

Parti visiter des proches à Librevilleen 2010, il rencontre deux jeunesmusi-ciens du pays, Mike Mef et Hokube,intéressés par son travail. Ils décidentalors de produire le jeune artiste, quienregistre fin 2011 quinze titres sousl’œil de la caméra de FranckA.Onouvietet de Marc A. Tchicot (BVKFilms).L’artiste y aborde des sujets commela jeunesse, la maternité, l’utilisationdu préservatif… L’album T.R.O.M.LIFEdoit sortir dans quelques semaines.En guise d’appetizer, « Real Africans »,dont le clip a été tourné dans le quartierpopulaire d’Abobo, à Abidjan, est déjàdisponible sur internet.

Le documentairemet en scène le rap-peur dans un studio de répétition deLibreville et dans les décors naturels de

la métropole. Long bermuda, tee-shirtdesMiamiHeat, casquette de baseball,diamant vissé à l’oreille droite, l’artistearbore toute la panoplie du rappeur afri-cain-américain.Un largesourireponctuetous ses gestes et paroles. « Repliés sureux-mêmes, lesAméricainsnesaventpasce qui se passe à l’extérieur, précise-t-il.Je veux leur faire découvrir l’Afrique. »

COUP DE FORCE. Né le 1er avril 1987,Ismael Sankara a quitté le Burkinaune semaine avant le coup de force du15 octobre de lamêmeannée qui devaitemporter sonpère. Pressentant sa fin, cedernier avait décidé d’en-voyer sa famille aux États-Unis. Ismael n’a que6moislorsque son père est assas-siné. Il grandira à Miamiauprèsd’unemèrecouragequi a vite tourné la pagedes événementspour se consacrer à l’éducation de sesenfants.Durant sa scolarité, ilmontredel’engouementpour les sciences sociales,l’espagnolet lamusique. « J’ai commencéàcoucherdesmotssurunpapierà l’âgede13ans », explique-t-il.Nourri auhip-hopaméricain, Sankara est aussi influencé

par la musique africaine, notammentcelle de Pierre Claver Akendengué, deManu Dibango ou, dans un tout autrestyle, de Papa Wemba. Il adore mixerles sons des deux continents. Il sort sonpremier single, Middle Finga, en 2006et collabore ensuite avec Jadakiss, unrappeur new-yorkais.

PATIENCEDABANY.En2010, il retourneauBurkina pour faire la première partiedu concert du ragga man jamaïcainSean Paul. Il découvre alors la placeque son père occupe dans le cœur et lamémoire des Africains. Invité à dînerpar Blaise Compaoré, le rappeur s’yrend sans hésiter. «Mamère ne nous apas élevés dans la rancœur », assure-t-ilsans en dire davantage. Dans la fou-lée, il réalise un feat. (collaboration sur

un morceau) avec la diva gabonaisePatience Dabany (la mère d’Ali BongoOndimba) sur l’albumde la chanteuse.«Mon père disait toujours : la musiqueest ce qui nous définira dans l’avenir,assure le rappeur. On n’a pas besoind’être politicienpour parler aux gens. »●

PASCAL AIRAULT, envoyé spécial à Libreville

MUSIQUE

Au nom du pèreÉlevé aux États-Unis dans le plus grand secret, le fils de ThomasSankara, Ismael, vient d’enregistrer un album de hip-hopà Libreville. Rencontre avec un artiste engagé.

MARC-A

NTO

INETC

HICOT

! ISMAEL SANKARA (À GAUCHE), avecle producteur Mike Mef.

Au Burkina, le jeune rappeurdécouvre la place que son pèreoccupe dans le cœur des Africains.

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Culture médias 129

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■ ■ ■ Décevant ■ ■ ■ Pourquoi pas ■ ■ ■ Réussi ■ ■ ■ Excellent

MUSIQUE

Eau rafraîchissanteAPRÈS UN HOMMAGE au génie de la guitare basse Jaco Pastorius, le SénégalaisHabib Faye livre un opus de 13 titres plus proche de la musique du monde quedu mbalax, rythme traditionnel que le bassiste arrangea durant trente ans avec legroupe SuperÉtoile aux côtés de son compatriote YoussouNdour. Ce dernier appa-raît d’ailleurs sur Njeggel, une ballade acoustique de toute beauté. Les SénégalaisIdrissa Diop et Julia Sarr, le Camerounais Manu Dibango, la Béninoise AngéliqueKidjo… Des participations 100 % africaines, sur des thèmes influencés tant par lapop que par le jazz, le reggae ou le funk. Steel-drum, harmonica, guitares, synthé-tiseurs et percussions africaines composent un album fluide et rafraîchissant. ●

MICHAEL PAURON

H2O, de Habib Faye (Odaras Production) ■ ■ ■

P oursontroisièmeroman,WilfriedN’Sondé aplanté le décor danslabanlieueparisienne. Ilachoisiunquartier, comme il y enades

milliers : la Cité des 6000. Là vivent, pastoujours enbonne intelligence, des gensvenus de partout, tels que Jason, né enGuadeloupe;Mouloud,néenmétropole;RosaMaria, dont les parents, originairesdeSicile, ne cachentpas leur racisme,delamêmemanièrequeLucienMarchand,enfant du terroir. Les habitants de laCitédes 6000, au-delà des différences, sontgangrenés par le chômage, la précarité,lamarginalisation…En somme, des viesen cul-de-sac.

ÉMEUTE.Pournoyer leurblues, les jeunesont transformé une cave en espace dedanse.RosaMaria, lycéenneplutôtmoche,est follement amoureuse de Jason, quidansecommepersonne.Celui-cin’ensait

rien.Pourtant,unjour,alorsquelequartierest sens dessus dessous à cause d’uneémeute,RosaMaria sedonneà l’objet desonamour,quin’ariendemandé.Elleperdsa virginité et se retrouve enceinte. Sonrêve: garder cet enfantpour rendre Jasonheureux. Mais Jason l’envoie promener.Elle finit par avorter.

Dansceroman,WilfriedN’Sondéessaiede montrer les travers d’une société àplusieurs vitesses où ceux qui sont à lamarge,ceuxqu’onpointedudoigtàcausede leurs origines ou de leur conditionsociale n’attendent plus grand-chose dela vie. Parmoments, l’écriture s’emballe,lesmotsprennentdescouleurs, ladétressehumaine secoue le lecteur.Mais, commepour toutes leshistoiresdebanlieues, deracisme,demisère etdedésespérance, iln’yapasdevraiesurprise.Latramedurécitconduit le lecteur à un port pressenti. ●

TSHITENGE LUBABU M.K.

LITTÉRATURE

Ma cité va craquerPour son troisième roman, l’écrivain congolais Wilfried N’Sondéévoque les travers d’une société européenne à plusieurs vitesses.

ACTE

SSU

D

Fleur de béton,deWilfriedN’Sondé, ActesSud, 224 pages,18 euros

■ ■ ■

Le Rebelle et le Camaradeprésident, deVenance Konan,Jean Picollec, 288 pages,18,25 euros

■ ■ ■

ROMAN

Ubu roiLE TON?Sarcastique. Lethème? L’absurdequi mène auchaos. Dans LeRebelle et leCamaradeprésident,Venance Konan,journaliste et romancier ivoirien,revisite l’histoire récente – ettragique – de son pays. Sespersonnages, jeunes gens paumés,politiciens idiots ou mystiquescalculateurs, connaissent tous desfins tragiques. Bien que plus abouti,ce livre renouvelle peu le genreesquissé avec les Catapilas, cesingrats ou les Prisonniers de lahaine. ● MALIKA GROGA-BADA

YOURIL

ENQUET

TE

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Culture médias En vue130

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POÉSIE

Morceauxd’anthologie

ESSAI

Sensations révolutionnairesÉDITEUR TUNISIEN etmembre d’Am-nesty International, Moncef Guellatyévoque enmoins de 100 pages ses sou-venirs des journées révolutionnaires dejanvier 2011, ceux d’une « tête blanche »éblouie par le formidable élande libertéqui a enfinamené la jeunesse tunisienneà faire basculer le destin de son pays.Un récit vivant, de l’avenue Bourguibanoire de manifestants aux barricadesd’autodéfensedesquartiersdebanlieue;un regard émerveillé, parfois presquecandide, sur cette période de crainteset d’exaltation. ●LAURENT DE SAINT PÉRIER

« ET MÊME FUSILLÉS / Les hommess’arrachent la terre /Etmêmefusillés / Ilstirent la terreàeux /Commeunecouver-ture / Et bientôt les vivants n’auront plusoùdormir» : lavoixdupoète, romancieretdramaturgealgérienKatebYacine (1929-1989) continue de résonner au présent.« Poussières de juillet » n’est qu’un desnombreux textes rassemblésetprésentéspar Jacqueline Arnaud dans L’Œuvre enfragments.Parus dans différentes revuesetpériodiques –dont JeuneAfrique–, cesécritsconstituentunebonneintroductionou un complément àl’œuvre de l’auteur deNedjma. ● N.M.

Le Ravin duchamelier,d’AhmadAboukhnegar,Actes Sud,« Sindbad »,208 pages,22 euros

■ ■ ■

Tunis.Le pouvoirpiégé parlaToile,de MoncefGuellaty,Michelde Maule,96 pages,8,30 euros

■ ■ ■

ROMAN

Songe d’une nuitd’étéCONTE PHILOSOPHIQUE aux accents defable populaire, influencé par les récitsfondateurs des trois monothéismes, LeRavin du chamelier, de l’Égyptien AhmadAboukhnegar, est pour le moinsdéroutant par son réalisme fantastique.Hors du temps et de l’espace, le romanraconte l’histoire d’une famille installéedans un ravinfertile, autrefoishanté par lesmauvais esprits,coincé entre ledésert et un petitvillage. Le récit,marqué par lesretours en arrièreincessants del’auteur, garde unecertaine linéaritépar laressemblancetroublante entre lesparcours desdifférentspersonnages. ●TONY GABRIEL GAMAL

L’Œuvre enfragments, deKatebYacine, ActesSud, 450 pages,29 euros,disponible le20 juin ■ ■ ■

JEUNESSE

Double joyauLA COLLECTION « Papagayo, la petite bibliothèque des contes du monde »rassemble un conte et un court carnet de voyages bourré d’informationssur la vie quotidienne et les cultures d’une région. Le Diamant du sultan

est donc logiquement suivi d’une dizainede pages pédagogiques sur le Maghreb.C’est léger, intelligent, agréablement illustré(par Judith Gueyfier) et vivant. À mettreentre toutes les mains, comme Le Géantdu pays des glaces (Laponie) ou La grand-mère qui sauva tout un royaume (Japon). ●

NICOLAS MICHEL

Le Diamantdu sultan,de CatherineGendrinet JudithGueyfier, Ruedu monde,48 pages,12,50 euros

■ ■ ■

LedudeGenetGuedu

JUDITH

GUEY

FIER

JEUNE AFRIQUE No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

131Culture médias

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I l est retourné au château de sonenfance, les Milandes, dans lePérigord, pourdes séancesdedédi-cace.Devant Jean-ClaudeBouillon-

Baker,des lecteursd’horizonsdivers.UneHaïtienne, qui lui confie être dans unedémarched’adoption.Commepour tisserun lien. Une vieille dame, bouleversée,dit-elle, par l’histoirede JoséphineBaker,la femme, l’artiste, l’idéaliste, décédéeen 1975.

C’estbienunportrait intimisteque livrele sixièmedescendant de cette icônequine pouvait pas avoir d’enfant. L’ouvrages’ouvre sur l’image terrible d’une mèrede famille de douze rejetons, accablée,abattue, jetéeà la ruedansundénuementextrême, hurlant sa douleur. Loin de lastar mythique qui faisait courir le Tout-Paris, dansant dans laRevue nègre vêtued’une simple ceinturedebananes. Jean-ClaudeBouillon-Baker a tenu à raconterl’histoiredesamèrepar la fin,pourmieuxéclairer son rêve d’un idéal de toléranceet de fraternitéqui s’est heurtéaumurdela convoitise et de la cupidité humaine.Il affirme avoir voulumontrer que cette

femme célébrée, qui s’est donnée corpset âme à la France, n’hésitant pas à semettre en danger pendant la SecondeGuerre mondiale, n’a pas toujours étépayée en retour.

UTOPIE.S’ilutilisecette imageavilissante,c’est pourmieux revenir surle parcours d’une femmeadmirable, avant-gardiste.Un château sur la lune estun hommage à une utopie.« Si vous élevez ensembledès leur plus jeune âge desenfants d’horizons diversdans la tolérance de leursdifférences, ils donneront,plus tard, l’exemple d’unecertaine fraternité », répétaità l’envi ladanseuse.Maisc’estaussi un livre sur l’enfancequi nous fait découvrir unemère disponible, aimanteet sévère. L’auteur se sou-vient ainsi d’une correctionau tisonnier. Son tort : avoirtaquiné l’unde ses frères sur

ses origines. «Cet épisode, explique l’au-teur, traduisait la peur intérieure qu’elleavait de ne pas réussir son expériencede la tribu arc-en-ciel, créée de toutespièces. Elle redoutait de vous voir reniercette fraternité, et c’est sansdoute cequia guidé samain. » «En cela, elle a réussi,affirme l’auteur, puisque sonutopie lui asurvécu.»Bienquedisséminéeauxquatrecoins du monde, la fratrie a conservé

des liens. Originaire de Côte d’Ivoire,son frère Koffi Bouillon s’est établi enArgentine, comme leur père adoptif, oùil s’estmariéet où il a reçu la visite de sonparrain Houphouët-Boigny.

Jean-Claude Bouillon-Baker estimeque la démarche de sa mère n’était pasnécessairementpolitique.Songestevenaitcombler lemanquequ’elleéprouvaitdenepaspouvoir avoird’enfant et atténuait lesblessurescauséesparlaségrégationracialequecetteAméricained’origineavaitvécuedanssachair. Il revientaussisur l’activismede cette femme, qui revendiquait sa partd’africanité. Elle a très tôt parcouru lecontinent, y aété reçuepar lesplushautsresponsables, donnant des conférences,notamment au Gabon et auMali.

INCANTATION. L’auteur affirme qu’illui devait ce livre, écrit, dit-il, en totalecommunion avec elle : il regardait sesphotosetécoutait seschansonsenmême

temps qu’il écrivait. « J’étaisdans l’incantation : j’auraisvoulu qu’elle apparaisse. »Et on comprend dès lors ladoubledistancedecelivre,oùlenarrateur-enfants’exprime,l’adulte-psychanalysteaussi.Ils se sont définitivementquittésalorsqu’il avait21ansetétaitàpeinesortidesturbu-lences de l’adolescence. Il leluidevaitégalementà titrederéparationpourl’insoucianceet lacruautédont il apu fairepreuve. D’où cette conclu-sionquiscelledéfinitivementleurattachement:«Etsi jenesuispassonenfant, jesuissûrd’avoir été son fils. » ●

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

TÉMOIGNAGE

Ma mère, cette héroïneL’un des fils adoptifs de Joséphine Baker rend hommage à sa mère,une femme blessée qui s’est dressée contre les préjugéset s’est battue pour élever douze enfants aux origines diverses.

MAURICEZA

LEWSK

I/RAPHO

! JEAN-CLAUDE BOUILLON-BAKER (À D.) avec deux de ses frères et sa mère, en 1955.

Un château sur lalune, le rêve brisé deJoséphine Baker,de Jean-ClaudeBouillon-Baker,éditions HorsCollection, 240 pages,19,50 euros

La chanteuse cherchaità oublier les humiliationsinfligées par laségrégation raciale.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

132 Culture médias

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N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

App

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Avis d’Appel d’offres (AA0)

AOI : N° 008/05/12/SPM/PNLS/DNSP/MS :Fourniture et Installation d’Equipements Médico Techniques au profit du PNLS

1. Le Gouvernement de la République du Bénin a reçu une subvention du Fonds Mondial dans le cadre du 9ème Round pour financer le coût du Projet« Accélération de l’Accès aux Services de Prévention de l’Infection à VIH, de Soins et Traitement, et de Soutien à Base Communautaire », et à l’inten-tion d’utiliser une partie de cette subvention pour effectuer des paiements au titre du Marché relatif à la Fourniture et Installation d’Equipements MédicoTechniques au profit du PNLS.

2. Le Programme National de Lutte contre le VIH/SIDA, Bénéficiaire principal sollicite des offres fermées de la part de soumissionnaires éligibles et répon-dant aux qualifications requises pour fournir les équipements ci-après répartis en un lot :

• Quatre (4) Lecteurs de microplaques Elisa programmable• Quatre (4) Laveurs automatiques de microplaques Elisa compact et programmable• Quatre (4) Incubateurs de microplaques Elisa à air sec• Quatre (4) Cytomètres en flux robuste• Quatre (4) Minicytomètres portable• Vingt trois (23) Spectrophotomètres• Vingt trois (23) Centrifugeuses• Dix (10) Automates d’hématologie à 18 paramètres• Dix (10) Régulateurs de tension• Dix (10) Onduleurs UPS Online• Vingt et un (21) Microscopes binoculaires• Dix neuf (19) Congélateurs de – 80°C• Deux (02) Congélateurs de – 20°C

3. La participation à cet appel d'offres ouvert tel que défini dans le Code des marchés publics et des délégations de service public concerne tous les candidats éli-gibles et remplissant les conditions définies dans le présent Dossier d'Appel d'Offres Ouvert.

4. Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations auprès du Programme National de Lutte contre le SIDA et prendre connaissance desdocuments d’Appel d’offres à l’adresse numéro N°1 mentionnée ci-dessous entre 8 heures à 12 h 30 mn et 15 h à 18 h 30 mn heure de Cotonou.

5. Les exigences en matière de qualifications sont :a) Condition d’ordre financierAvoir une moyenne des chiffres d'affaire des trois (03) dernières années égale au moins à deux fois le montant du Marché qu’il sera attribué ;Disposer de fonds propres ou avoir accès à des facilités de crédit au moins équivalent à trente pour cent (30%) de son offre. Le soumissionnaire doit joindre àson offre toute preuve de sa banque (celle qui lui a fournie la caution d’offre) montrant qu'il justifie du niveau de trésorerie souhaitéb) Capacité Technique et Expérience• Le soumissionnaire justifiera qu’il dispose d’une expérience professionnelle d’au moins cinq (05) ans dans la fourniture et l’installation d’équipements médicaux

techniques et autres prestations y afférents.• Le soumissionnaire doit prouver, documentation à l’appui, qu’il a exécuté en tant que fournisseur principal au moins deux marchés portant sur des fournitures

de matériels de nature similaire au cours des cinq (05) dernières années. A cet effet, le soumissionnaire doit joindre à son offre la liste des marchés exécutéset copie de toute preuve (attestations de bonne exécution ou procès verbaux de réception) montrant qu’il a exécuté lesdits marchés.

6. Une marge de préférence applicable à certaines fournitures fabriquées localement ne sera pas octroyée aux soumissionnaires éligibles.7. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir gratuitement un dossier d’Appel d’offres complet en Français en formulant une demande écrite à l’adresse numéro

1 mentionnée ci-dessous. Un complément de quarante mille francs (40 000) CFA est exigé pour les candidats qui désirent recevoir le jeu complet du documentd’appel d’offres par courrier rapide.

8. Les offres devront être soumises à l’adresse numéro 1 ci-dessous au plus tard le mardi 31 juillet 2012 10 heures, heure de Cotonou. La soumission des offrespar voie électronique ne sera pas autorisée. Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les offres seront ouvertes en présence des représentants dessoumissionnaires présents en personne ou à distance à l’adresse numéro 2 mentionnée ci-dessous le mardi 31 juillet 2012 10 heures 30mn, heure du Bénin.

9. Les offres doivent comprendre une garantie de l’offre pour un montant de dix millions Francs (10 000 000) CFA.10. Le délai de validité des offres est de cent vingt (120) jours à partir de la date limite de dépôt des offres.11. Les adresses auxquelles il est fait référence ci-dessus sont :

Adresse N°1Programme National de Lutte contre le VIH/SIDA - Att : Coordinatrice du Projet d’Appui à la Lutte contre le VIH/SIDA

Ministère de la Santé, Quartier Donaten Akpakpa - 01 BP 882 Cotonou, République du BéninTél : (229) 21 37 46 79 - Fax : (229) 21 37 46 78 - Email : [email protected]

Adresse N°2Salle de Réunion du Programme National de Lutte contre le SIDA

2ème étage de l’immeuble abritant le PNLS - Ministère de la Santé, Quartier Donaten AkpakpaTél : (229) 21 33 39 30 - République du Bénin

La Coordonnatrice du PNLSDr Evelyne AKINOCHO

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JEUNE AFRIQUE N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Appeld’offres

RÉPUBLIQUE DU CAP VERTMinistère du Développement Rural

Direction Générale de l’Agriculture, de la Sylviculture et de l’Elevage

(DGASP)

Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant de Ribeira Alto Mira dans l’île de Santo Antão

Avis d'Appel d'Offres international(AOI N°002/BHSASN-AM/2012)

Le Gouvernement de la République du Cap Vert a obtenu un prêt de la Banque Arabe pour le Développement Economique enAfrique (BADEA) pour le financement des travaux du Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant de RibeiraAlto Mira dans l’île de Santo Antão. Les travaux y afférents, sont répartis en tranche prioritaire et en tranche conditionnelle etselon les lots suivants :TRANCHE PRIORITAIRELot 1 : Construction de 13 digues de captage, 18 digues de correction torrentielle et 01 écran souterrain.Lot 2 : Construction de 14 réservoirs d’eau de 50 à 500 m3 et 10 000 ml de conduites en PEHD de diamètre 63 à 90 mm.TRANCHE CONDITIONNELLELot 1 : Construction de 01 digue de captage ; 12 digues de correction torrentielle et 370 ml de murs en maçonnerie ;Lot 2 : Construction de 22 réservoirs d’eau de 50 à 500 m3 et 3 000 ml de conduites en PEHD, PN10, de diamètre 63 à 90 mm.Les soumissionnaires intéressés à concourir, peuvent acquérir les Dossiers d'Appel d'Offres dans les bureaux de la DGASP (Ministèredu Développement Rural) - Direction du Service du Génie Rural, B.P. 278, Ville de Praia – Achada S. Filipe, République du CapVert, Tél. : (00238) 264 80 92 Fax : (00238) 264 75 44 E-mail : [email protected] DAO pourra être acquis par les soumissionnaires, moyennant le paiement d'un montant non remboursable de 70 000 Escudosdu Cap Vert ou de sa contre-valeur dans une monnaie librement convertible. Toutes les offres doivent être déposées à l'adresseindiquée ci-dessus au plus tard le 13/08/2012 à 10 H et doivent être accompagnées d’une garantie de soumission d’un montantégal à 3% du montant de la soumission dans une monnaie librement convertible.Une visite groupée de terrain sera organisée le 25 juin 2012 à l’intention des Soumissionnaires qui le souhaitent.

RÉPUBLIQUE DU CAP VERTMinistère du Développement Rural

Direction Générale de l’Agriculture, de la Sylviculture et de l’Elevage

(DGASP)

Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant de Ribeira Torre dans l’île de Santo Antão

Avis d'Appel d'Offres international(AOI N°001/BHSASN-RT/2012)

Le Gouvernement de la République du Cap Vert a obtenu un prêt de la Banque Arabe pour le Développement Economique enAfrique (BADEA) pour le financement des travaux du Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant de RibeiraTorre dans l’île de Santo Antão. Les travaux y afférents, sont répartis en tranche prioritaire et en tranche conditionnelle et selonles lots suivants :TRANCHE PRIORITAIRELot 1 : Construction de 11 digues de captage, 15 digues de correction torrentielle et 100 ml de murs en maçonnerie.Lot 2 : Construction de 07 réservoirs d’eau, de capacité entre 50 et 1 000 m3 et 8 000 ml de conduites en PEHD de diamètre 63 à

90 mm.TRANCHE CONDITIONNELLELes travaux de cette tranche regroupés en un lot unique comprennent la construction de 15 digues de correction torrentielle,925 ml de murs en maçonnerie et 02 réservoirs de 100 m3.Les soumissionnaires intéressés à concourir, peuvent acquérir les Dossiers d'Appel d'Offres dans les bureaux de la DGASP (Ministèredu Développement Rural), B.P. 278, Ville de Praia – Achada S. Filipe, République du Cap Vert, Tél. : (00238) 264 80 92 Fax : (00238)264 75 44 E-mail : [email protected] DAO pourra être acquis par les soumissionnaires, moyennant le paiement d'un montant non remboursable de 70 000 Escudosdu Cap Vert ou de sa contre-valeur dans une monnaie librement convertible. Toutes les offres doivent être déposées à l'adresseindiquée ci-dessus au plus tard le 13/08/2012 à 10 H et doivent être accompagnées d’une garantie de soumission d’un montantégal à 3% du montant de la soumission dans une monnaie librement convertible.Une visite groupée de terrain sera organisée le 25 juin 2012 à l’intention des Soumissionnaires qui le souhaitent.

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Annonces classées

N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Form

atio

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RÉPUBLIQUE TUNISIENNEMINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONALN° 08/DAT/2012

La Divison Achat et transit de l’Armée de mer se propose de lan-cer un appel d’offres international pour l’acquisition d’élémentsflottants.

Les soumissionnaires intéressés peuvent retier les dossiers del’appel d’offres pendant les jours ouvrables (horaire administratif)à l’adresse suivante :

Division Achat et transit de l’Armée de merBase Navale de la Goulette – 2060 – LA GOULETTE

Le coût du dossier est fixé à la somme de 25,000 Dinars payablepar mandat postal adressé au nom du Régisseur des Recettes duMinistère de la Défense Nationale CCP n° 616-82.

Les offres doivent être adressées à l’adresse ci-dessus indiquéedans une enveloppe cachetée, recommandée ou remis directe-ment au bureau d’ordre de la DAT et portant lisiblement en haut età gauche « Ne pas ouvrir Appel d’Offres N° 08/DAT/2012 pourl’acquisition d’éléments flottants » au plus tard le 24 juillet2012, le cachet du bureau d’ordre de la DAT faisant foi.

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RÉPUBLIQUE DU CAP VERTMinistère du Développement Rural

Direction Générale de l’Agriculture, de la Sylviculture et de l’Elevage

(DGASP)

Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant de Ribeira Prata dans l’île de São Nicolau

Avis d'Appel d'Offres international(AOI N°003/BHSASN-RP/2012)

Le Gouvernement de la République du Cap Vert a obtenu un prêt de la Banque Arabe pour le Développement Economiqueen Afrique (BADEA) pour le financement des travaux du Projet d’aménagement et de valorisation du bassin versant deRibeira Prata dans l’île de São Nicolau. Les travaux y afférents, sont répartis selon les deux lots suivants :Lot 1 : Construction de 10 digues de captage ; 30 digues de correction torrentielle et 01 écran souterrain.Lot 2 : Construction de 20 réservoirs d’eau de 50 à 1 000 m3 et 11 000 ml de conduites en PEHD de diamètre 63 à 90 mm.

Les soumissionnaires intéressés à concourir, peuvent acquérir les Dossiers d'Appel d'Offres dans les bureaux de la DGASP(Ministère du Développement Rural) - Direction du Service du Génie Rural, B.P. : 278, Ville de Praia – Achada S. Filipe,République du Cap Vert,Tél. : (00238) 264 80 92 Fax : (00238) 264 75 44 E-mail : [email protected]

Le Dossier d'Appel d'offres pourra être acquis par les soumissionnaires, moyennant le paiement d'un montant non rembour-sable de 70 000 Escudos du Cap Vert ou de sa contre-valeur dans une monnaie librement convertible. Toutes les offres doi-vent être déposées à l'adresse indiquée ci-dessus au plus tard le 13/08/2012 à 10 H et doivent être accompagnées d’unegarantie de soumission d’un montant égal à 3% du montant de la soumission dans une monnaie librement convertible.

Une visite groupée de terrain sera organisée le 25 juin 2012 à l’intention des Soumissionnaires qui le souhaitent.

Page 137: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Annonces classées

JEUNE AFRIQUE N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

Appeld’offres

-M

anifestationd’intérêt

137

RÉPUBLIQUE TUNISIENNEMINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONALN° 09/DAT/2012

La Division Achat et transit de l’Armée de Mer se propose de lan-cer un appel d’offres international pour l’acquisition et installationde Six (06) Tours parallèles conventionnels.

Les soumissionnaires intéressés peuvent retirer les dossiers del’appel d’offres pendant les jours ouvrables (horaire administratif)à l’adresse suivante :

Division Achat et Transit de l’Armée de MerBase Navale de la Goulette – 2060 – LA GOULETTE

Le coût du dossier est fixé à la somme de 25,000 Dinars payablepar mandat postal adressé au nom du Régisseur des Recettes duMinistère de la Défense Nationale CCP n° 616-82.

Les offres doivent être adressées à l’adresse ci-dessus indiquéedans une enveloppe cachetée, recommandée ou remis directe-ment au bureau d’ordre de la DAT et portant lisiblement en haut età gauche « Ne pas ouvrir Appel d’Offres N° 09/DAT/2012 pourl’acquisition et installation de Six (06) Tours parallèles conven-tionnels » au plus tard le 24 juillet 2012, le cachet du bureau d’or-dre de la DAT faisant foi.

AVIS DE SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊTSERVICE DE CONSULTANTS

POUR L’ÉTUDE ACTUARIELLE DU RÉGIME D’ASSURANCE MALADIE OBLIGATOIRE DU MALI

1. Le Directeur Général de la CAISSE NATIONALE D’ASSURANCE MALADIE (CANAM) invite, par le présent Avis, les cabinets à manifester leur intérêt pour la réalisation del’étude actuarielle du régime d’assurance maladie obligatoire du Mali.2. L’étude vise à apporter des données pertinentes concernant l’impact des montages technique et institutionnel de l’AMO, à actualiser le coût du panier de soins et à four-nir à la CANAM une visibilité réelle sur ses engagements présents et à venir. Plus qu’une quête d’équilibre financier à court terme, l’étude doit permettre de garantir la via-bilité du système et la pérennité de son financement sur le long terme. Les prestations prévues dans le cadre de cette étude sont à réaliser dans un délai maximum de qua-tre (4) mois.3. Les cabinets intéressés par cette mission doivent fournir des informations pertinentes indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les prestations demandées en y joi-gnant une note de présentation du cabinet et ses références antérieures concernant l’exécution des missions similaires, les années de réalisation, les clients, ainsi que lecurriculum vitae, les copies certifiées conformes des diplômes et attestations du personnel clé à affecter à la mission.4. Sur la base de leur qualification, les cabinets seront retenus pour la consultation restreinte conformément au Décret N°08-485/P-RM du 11 Août 2008 portant procé-dures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public.5. Les manifestations d’intérêt rédigées en langue française et portant la mention « Etude actuarielle du régime d’assurance maladie obligatoire duMali » doivent parvenir sous pli fermé au plus tard le lundi 16 juillet 2012 à 16 heures à l’adresse suivante : Direction Générale de la Caisse Nationaled’Assurance Maladie (CANAM) sise à Hamdallaye ACI 2000 Immeuble Salia DAOU BAMAKO près du monument de l’Obélisque en face de l’espace vert Tél : 20 7291 95/ 20 23 01 12.6. Pour toutes informations supplémentaires au sujet du dossier, les intéressés peuvent s’adresser à la Direction Générale.

Bamako, le 11 juin 2012, LA DIRECTION GÉNÉRALE

MINISTÈRE DE L’ACTION HUMANITAIREDE LA SOLIDARITÉ ET DES PERSONNES ÂGÉES

CAISSE NATIONALE D’ASSURANCE MALADIE

RÉPUBLIQUE DU MALIUn Peuple - Un But - Une Foi

RÉPUBLIQUE TUNISIENNEMINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

AVIS DE REPORTDE L’APPEL D’OFFRES

INTERNATIONAL

N° 11/2012/D.G.M.R.E

Il est porté à la connaissancedes intéressés par la soumis-sion dans le cadre de l’appeld’offres international

N° 11/2012/DGMRE

relatif à l’acquisition, l’instal-lation et mise en serviced’une chaine de contrôletechnique de véhiculeslégers que la date limite de laréception des offres prévuepour le 08 Juin 2012 a étéreportée au 29 Juin 2012.

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Annonces classées

N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTÈRE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, URBANISME, HABITAT, DES INFRASTRUCTURES, TRAVAUX PUBLICS ET RECONSTRUCTION

Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires « PRO-ROUTES »

SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊTService de Consultant : CONTRÔLE ET SUPERVISION DES TRAVAUX D’OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT,

DE REPRISE DE LA COUCHE DE ROULEMENT ET D’ENTRETIEN COURANT MÉCANISÉDE ROUTE EN TERRE SUR LE TRONÇON KISANGANI-BUTA-AKETI (PK0-PK420)

N° Avis : AMI N°006/CI/PRO-ROUTES/2012 - Date de l’Avis : le 15 juin 2012

1. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu des donsinitiaux de l’Association Internationale de Développement et de DFID de 123 mil-lions de USD qui viennent d’être augmentés par une enveloppe supplémentairedes deux bailleurs équivalent à 125,2 millions USD pour financer le Projet Pro-Routes dont l’objectif global est de contribuer à la réduction de la pauvreté grâceau rétablissement et à la préservation durable des infrastructures routières permet-tant l’accès des populations aux marchés et aux services sociaux et administratifsnécessaires à la relance socio-économique et à la réintégration du pays.Il a l’intention d’utiliser une partie du montant de ces dons pour effectuer les paie-ments au titre du contrat de services d’une Firme Internationale, pour le Contrôleet la Supervision des Travaux d’ouvrages d’assainissement, de reprise de la couchede roulement et d’entretien courant mécanisé de route en terre sur le tronçon Kisan-gani-Buta-Aketi (PK0-PK420).

2. Pour répondre aux critères de sélection, la Firme de renommée Internationale doit :a. prouver qu’elle possède des capacités professionnelles et une expérience avé-

rée dans le domaine de l’ingénierie routière. Une déclaration prouvant que lafirme a une telle expérience, en citant les missions déjà réalisées qui lui permet-tent de remplir ces critères (nature de la mission, pays, dates, administration res-ponsable, bailleurs de fonds etc.) sera présentée ;

b. soumettre les bilans certifiés des cinq (5) dernières années qui établissentqu’elle est dans une situation financière saine ;

c. avoir réalisé au cours des cinq (5) dernières années au moins deux (2) opé-rations de Contrôle et de Surveillance des travaux de réouverture, d’entretienou de réhabilitation de route en terre, par traitement de points critiques dontune des expériences en Afrique Centrale.

d. être en mesure de mobiliser des Experts jouissant d’une très bonne expériencedans le Contrôle et la Surveillance des travaux de réouverture, d’entretien ou deréhabilitation de route en terre en utilisant l’approche par traitement de pointscritiques, dans un environnement similaire (de préférence dans des projets finan-cés par la Banque Mondiale).

La durée totale du Contrôle et de Surveillance des travaux est estimée à Trente-trois (33) mois. La firme sélectionnée devra fournir les services suivants :a) le contrôle et la surveillance des travaux,b) la maîtrise d’œuvre déléguée et la gestion du contrat passé avec l'Entreprise titu-

laire du marché des travaux.3. La Cellule Infrastructures invite les candidats admissibles, firme ou groupement de

bureaux à manifester leur intérêt à fournir les services précités. Les candidats poten-tiels intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pourexécuter ces services (brochures, références concernant l’exécution des contratsanalogues, expériences dans des conditions semblables, disponibilité des connais-sances nécessaires parmi le personnel permanent ou ponctuel, une lettre de moti-vation - 2 pages maximum - expliquant les motivations profondes d’intérêts pourle présent projet, les qualifications et expériences spécifiques pertinentes et simi-laires à prendre en compte pour l’examen des expressions d’intérêts en vue de laconstitution de la liste restreinte, etc.). Ils doivent fournir les éléments de justifica-tion des expériences spécifiques exigées au point 2.c ci-dessus.

4. Un Consultant sera sélectionné, en accord avec les procédures définies dans lesDirectives : « Sélection et Emploi des Consultants par les emprunteurs de laBanque mondiale », édition Mai 2004, révisée en Octobre 2006 et Mai 2010.

5. Les Consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires ausujet des documents de référence à la CI à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrablesde lundi à vendredi de 9 h 00 à 16 h 00, heures locales. Les termes de référencecomplets sont disponibles sur le site de la Cellule Infrastructures« www.celluleinfra.org ».

6. Le démarrage de la mission est prévu à partir du mois de septembre 2012. Les Mani-festations d’Intérêts, rédigées en langue française, doivent parvenir par courrier ou pare-mail à l’adresse ci-dessous au plus tard le 3 juillet 2012 à 14 heures précises localeset porter clairement la mention : AMI N°006/CI/PRO-ROUTES/2012 – RECRUTE-MENT DU CONSULTANT POUR LA RÉALISATION DU CONTRÔLE ET SUPERVI-SION DES TRAVAUX D’OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT, DE REPRISE DE LACOUCHE DE ROULEMENT ET D’ENTRETIEN COURANT MÉCANISÉ DE ROUTEEN TERRE SUR LE TRONÇON KISANGANI-BUTA-AKETI (PK0-PK420)

Cellule Infrastructures du Ministère des Infrastructures,Travaux Publics et Reconstruction

Cellule Infrastructures - Avenue Roi Baudouin N° 70A,Kinshasa/Gombe

République Démocratique du CongoTéléphone : +243.993.152.233

E-mail : [email protected] - Site web : www.celluleinfra.orgPour le Coordonnateur en congé,Théophile NTELA LUNGUMBA

Coordonnateur Adjoint

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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTÈRE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, URBANISME, HABITAT, DES INFRASTRUCTURES, TRAVAUX PUBLICS ET RECONSTRUCTION

Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires « PRO-ROUTES »

SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊTService de Consultant : CONTRÔLE ET SUPERVISION DES TRAVAUX D’OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT,

DE REPRISE DE LA COUCHE DE ROULEMENT ET D’ENTRETIEN COURANTMÉCANISE DE ROUTE EN TERRE SUR LE TRONÇON KALEMIE-UVIRA (PK0-PK280)

N°Avis: AMI N°007/CI/PRO-ROUTES/2012 - Date de l’Avis: le 15 juin 2012

1. Le Gouvernement de la République Démocratique duCongo a obtenu des dons initiaux de l’Association Interna-tionale de Développement et de DFID de 123 millions deUSD qui viennent d’être augmentés par une enveloppe sup-plémentaire des deux bailleurs équivalent à 125,2 millionsUSD pour financer le Projet Pro-Routes dont l’objectif glo-bal est de contribuer à la réduction de la pauvreté grâce aurétablissement et à la préservation durable des infrastruc-tures routières permettant l’accès des populations aux mar-chés et aux services sociaux et administratifs nécessaires àla relance socio-économique et à la réintégration du pays.Il a l’intention d’utiliser une partie du montant de ces donspour effectuer les paiements au titre du contrat de servicesd’une Firme Internationale, pour le Contrôle et la Supervi-sion des Travaux d’ouvrages d’assainissement, de reprisede la couche de roulement et d’entretien courant mécaniséde route en terre sur le tronçon Kalemie-Uvira (PK0-PK280).

2. Pour répondre aux critères de sélection, la Firme de renom-mée Internationale doit :a. prouver qu’elle possède des capacités professionnelles

et une expérience avérée dans le domaine de l’ingénie-rie routière. Une déclaration prouvant que la firme a unetelle expérience, en citant les missions déjà réalisées quilui permettent de remplir ces critères (nature de la mis-sion, pays, dates, administration responsable, bailleurs defonds etc.) sera présentée ;

b. soumettre les bilans certifiés des cinq (5) dernièresannées qui établissent qu’elle est dans une situationfinancière saine ;

c. avoir réalisé au cours des cinq (5) dernières annéesau moins deux (2) opérations de Contrôle et de Sur-veillance des travaux de réouverture, d’entretien ou deréhabilitation de route en terre, par traitement de pointscritiques dont une des expériences en Afrique Centrale.

d. être en mesure de mobiliser des Experts jouissant d’unetrès bonne expérience dans le Contrôle et la Surveillancedes travaux de réouverture, d’entretien ou de réhabilita-tion de route en terre en utilisant l’approche par traite-ment de points critiques, dans un environnement simi-laire (de préférence dans des projets financés par laBanque Mondiale).

La durée totale du Contrôle et de Surveillance des travauxest estimée à Trente-trois (33) mois. La firme sélection-née devra fournir les services suivants :a) le contrôle et la surveillance des travaux,b) la maîtrise d’œuvre déléguée et la gestion du contrat

passé avec l'Entreprise titulaire du marché des travaux.3. La Cellule Infrastructures invite les candidats admissibles,

firme ou groupement de bureaux à manifester leur intérêt

à fournir les services précités. Les candidats potentiels inté-ressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sontqualifiés pour exécuter ces services (brochures, référencesconcernant l’exécution des contrats analogues, expériencesdans des conditions semblables, disponibilité des connais-sances nécessaires parmi le personnel permanent ou ponc-tuel, une lettre de motivation - 2 pages maximum - expli-quant les motivations profondes d’intérêts pour le présentprojet, les qualifications et expériences spécifiques perti-nentes et similaires à prendre en compte pour l’examendes expressions d’intérêts en vue de la constitution de laliste restreinte, etc.). Ils doivent fournir les éléments de jus-tification des expériences spécifiques exigées au point 2.cci-dessus.

4. Un Consultant sera sélectionné, en accord avec les pro-cédures définies dans les Directives : « Sélection etEmploi des Consultants par les emprunteurs de laBanque mondiale », édition Mai 2004, révisée enOctobre 2006 et Mai 2010.

5. Les Consultants intéressés peuvent obtenir des informationssupplémentaires au sujet des documents de référence à laCI à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables de lundi àvendredi de 9 h 00 à 16 h 00, heures locales. Les termesde référence complets sont disponibles sur le site de laCellule Infrastructures « www.celluleinfra.org ».

6. Le démarrage de la mission est prévu à partir du mois deseptembre 2012. Les Manifestations d’Intérêts, rédigées enlangue française, doivent parvenir par courrier ou pare-mail à l’adresse ci-dessous au plus tard le 3 juillet 2012à 14 heures précises locales et porter clairement la men-tion : AMI N°007/CI/PRO-ROUTES/2012 – RECRUTE-MENT DU CONSULTANT POUR LA RÉALISATION DUCONTRÔLE ET SUPERVISION DES TRAVAUX D’OU-VRAGES D’ASSAINISSEMENT, DE REPRISE DE LACOUCHE DE ROULEMENT ET D’ENTRETIEN COURANTMÉCANISÉ DE ROUTE EN TERRE SUR LE TRONÇONKALEMIE-UVIRA (PK0-PK280)

Cellule Infrastructures du Ministèredes Infrastructures,

Travaux Publics et ReconstructionCellule Infrastructures

Avenue Roi Baudouin N° 70A, Kinshasa/GombeRépublique Démocratique du Congo

Téléphone : +243.993.152.233E-mail : [email protected] - Site web :

www.celluleinfra.orgPour le Coordonnateur en congé,Théophile NTELA LUNGUMBA

Coordonnateur Adjoint

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JEUNE AFRIQUE N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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CodeBrèves descriptions des tâchesexpert N°

Expert en exploitation ferroviaire (Consultant international)1 A- Rôles et responsabilités

Les services de l’expert consisteront à aider l’équipe de gestion du CFCO à : i) préparer des prévisions de trafic et un plan de transport marchandises à l’ho-rizon 2016, ii) identifier des aménagements d’installations terminales des marchandises, iii) déterminer des besoins en engins de manœuvre (locotracteurs) àl’horizon 2016, iv) déterminer des besoins en locomotives de ligne pour le trafic marchandises à l'horizon 2016, v) déterminer des besoins en wagons pour letrafic marchandises à l’horizon 2016, vi) déterminer un scénario d’offre de transport voyageurs à l’horizon 2016, vii) déterminer des besoins en matériels rou-lants (locomotives, voitures, fourgons) pour le transport voyageurs à l’horizon 2016, viii) déterminer un schéma et un mode de cantonnement des trains et designalisation des gares et définition du système de télécommunications à l’horizon 2016, ix) déterminer l’organisation de principe de la fonction exploitationet des effectifs-cibles à l’horizon 2016 de la fonction exploitation (hors transports voyageurs), x) déterminer l’organisation de principe de l’activité de transportvoyageurs et effectifs-cibles à l’horizon 2016, xi) se rapprocher de l’opérateur privé du port de Pointe Noire pour discuter des possibilités d’amélioration del’interface port/rail, et analyser l’impact de toutes les réformes douanières qui pourraient être adoptées en termes de facilitation des procédures d’import/exportde biens en transit à destination/en provenance de la RCA et de la RDC. L’expert devra aussi tenir compte et proposer des hypothèses par rapport à l’impactde la demande de marché Kinshasa sur les activités futures du CFCO ; xii) appuyer l’expert ressources humaines dans l’élaboration du scénario de gestion dupersonnel de la fonction exploitation ferroviaire sur la période 2012-2016, xiii) fournir aux autres experts les éléments nécessaires à la préparation des tâchesplacées sous leur responsabilité, et s’assurer de la cohérence des propositions et recommandations présentées par l’équipe.B- Profil (Qualifications académiques et professionnelles)- Titulaire d’un diplôme d’études supérieures de niveau BAC+4 ou Master en management, gestion et/ou dans une discipline technique.- Avoir une expérience d’au moins dix (10) années dans une fonction d’encadrement supérieur d’une direction d’exploitation de chemin de fer de taillemoyenne (ou d’une structure régionale d’un chemin de fer de grande taille) ayant une activité de transport marchandises importantes, avec de préférence :

- une expérience des relations avec la clientèle marchandises (relations commerciales, relations relatives à la programmation et au suivi des transports) ;- une bonne connaissance des systèmes d’exploitation des lignes à faible trafic.C- Durée mandatSix (06) mois répartis en deux périodes dont quatre (04) mois pour la mission initiale et deux (02) autres mois pour l’évaluation des recommandations de lapremière mission.

Expert en matériel roulant ferroviaire (Consultant international)2 A- Rôles et responsabilités

Les services de l’expert consisteront à aider l’équipe de gestion du CFCO à : i) préparer un programme d’investissements 2012-2016 relatif aux engins demanœuvre (locotracteurs), ii) préparer un programme d’investissements 2012-2016 relatif aux locomotives de ligne (parc marchandises et parc voyageurs), iii)préparer un programme d’investissements 2012-2016 relatif aux wagons marchandises, iv) préparer un programme d’investissements 2012-2016 relatifs auxmatériels remorques voyageurs (voitures, fourgons), v) préparer un programme d’investissements 2012-2016 relatif aux installations d’entretien de matérielsroulants, vi) déterminer l’organisation de principe de la fonction entretien de matériel roulant et effectifs-cibles à l’horizon 2016, vii) appuyer l’expert RessourcesHumaines pour l’élaboration du scénario de gestion du personnel matériel roulant ferroviaire sur la période 2012-2016.B- Profil (Qualifications académiques et professionnelles)- Titulaire d’un diplôme d’études supérieures de niveau BAC+4 ou Master dans une discipline technique.- Avoir une expérience d’au moins dix (10) années d’encadrement supérieur d’une direction d’entretien du matériel roulant d’un chemin de fer de taillemoyenne (ou d’une structure régionale d’un chemin de fer de grande taille) avec, de préférence, une expérience antérieure d’au moins dix (10) années dansl’entretien des locomotives diesel électriques.

C- Durée mandatSix (06) mois répartis en deux périodes dont quatre (04) mois pour la mission initiale et deux (02) autres mois pour l’évaluation des recommandations de lapremière mission.

Expert en infrastructures ferroviaires (Consultant international)3 A- Rôles et responsabilités

Les services de l’expert consisteront à aider l’équipe de gestion du CFCO à : i) préparer un programme d’investissements 2012-2016 de remise à niveau de laligne Pointe Noire–B/ville via le réalignement, ii) préparer un programme d’investissements 2012-2016 de sécurisation de la ligne dite « du Mayombe », iii) pré-parer un programme d’investissements 2012-2016 de sécurisation de la ligne Mont Belo-Mbinda, iv) préparer un programme d’investissements 2012-2016 enmatière d’aménagement d’installations terminales et gares (hors bâtiments et quais voyageurs), v) préparer un programme d’investissements 2012-2016 enmatière d’installations terminales voyageurs, vi) préparer un programme d’investissements 2012-2016 en installations logistiques et engins d’entretien des infra-structures, vii) déterminer l’organisation de principe de l’activité d’entretien des infrastructures de la voie et ouvrages d’art, superstructure ou voie ferrée pro-

MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DU PLAN, DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE l’INTÉGRATIONPROJET D’APPUI À LA DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE (PADE)

Crédit IDA : 4846

AVIS DE SOLLICITATION À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° 05-/MEPATI/PADE/UCP/2012SERVICES DE CONSULTANTS POUR LE CHEMIN DE FER CONGO OCÉAN :

1- Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu, auprès de l’Association Internationale de Développement(IDA), un crédit de cofinancement dans le cadre du Projet d’Appui à la Diversification de l’Economie (PADE),

qu’accompagne le Groupe de la Banque Mondiale, et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce crédit poureffectuer les paiements au titre de deux (02) contrats comprenant les services ci-après :

Page 141: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Annonces classées

Regional Water and Wetlands ProgrammeCoordinator and

Regional Protected Areas Programme Coordinatorfor Central and West Africa

IUCN, the International Union for Conservation of Nature is a world leader in developing knowledge andunderstanding for effective action for conservation of biodiversity and management of natural resources.The IUCN Programme for Central and West Africa, PACO, seeks to recruit :- its Regional Water & Wetlands Programme Coordinator based in Ouagadougou, Burkina Faso,- its Regional Protected Areas Programme Coordinator based in Ouagadougou, Burkina Faso.They are both senior members of the Programmes that deliver the technical program of IUCN in Centraland West Africa and of the IUCN Global Programmes for Water and for Protected Areas teams that helpset strategic direction and define priorities for IUCN’s broader engagement on Water conservation on onehand and on biodiversity and protected areas conservation on the other hand.The Regional Coordinators take a lead role in the development of the Regional Water and WetlandsProgramme and the Protected Areas Programme through providing vision and guidance in developing awell-defined strategic focus in the short, medium and long term. They will develop, resource, and manageIUCN’s Water and Protected Areas programmes activities in the region in close collaboration with otherrelevant IUCN programmes, Members, Commissions and partners. They are responsible for the overallmanagement of Regional Programmes activities, to ensuring that they are coherent and consistent withIUCN’s “one programme” approach, build on and align with IUCN’s conservation frameworks and add valueto regionally and nationally defined priorities.The candidates for one or the other positions will possess an advanced degree in a natural science rela-ted fields, and at least 10 years of relevant work experience.The selection requirements for both positions are to be seen on IUCN/PACO website athttp://www.iucn.org/fr/propos/union/secretariat/bureaux/paco/. Application should be sent by06 July 2012.Expected start date: 01 September 2012 (Regional Water & Wetlands Programme Coordinator)Expected start date: 01 October 2012 (Regional Protected Areas Programme Coordinator)Type of contract: one year (renewable)Closing date for applications: 06 July2012Location: Regional Office for West and Central Africa, Ouagadougou, Burkina FasoFor more information about the position, and to apply to the job, please visit the followinglink: https://hrms.iucn.org/iresy/index.cfm?event=vac.show&vacId=240. The selectionrequirements for both positions are to be seen on IUCN/PACO website athttp://www.iucn.org/fr/propos/union/secretariat/bureaux/paco/.IUCN is an equal opportunities employer

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Manifestation

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ivers

prement dite et effectifs-cibles à l’horizon 2016, viii) appuyer l’expert Ressources Humaines pour l’élaboration du scénario de gestion du personnel d’entretiendes infrastructures de la voie et ouvrages d’art, superstructure ou voie ferrée proprement dite sur la période 2012-2016, ix) appuyer l’expert ressources humainespour l’élaboration du scénario de gestion du personnel d’installations de télécommunication et de signalisation sur la période 2012-2016, x) préparer un pro-gramme d‘investissements 2012-2016 en matière d’installations de télécommunication et de signalisation, xi) déterminer l’organisation de principe de l’activitéd’entretien des installations de télécommunication et de signalisation et des effectifs-cibles à l’horizon 2016.B- Profil (Qualifications académiques et professionnelles)- Titulaire d’un diplôme d’études supérieures de niveau BAC+4 ou Master dans une discipline technique.- Avoir une expérience d’au moins dix (10) années d’encadrement supérieur d’une direction d’entretien de la voie ferrée d’un chemin de fer de taille moyenne(ou d’une structure régionale d’un chemin de fer de grande taille).

- Avoir de bonnes connaissances en matière de télécommunications ferroviaires, avec, de préférence une expérience de gestion et d’entretien de systèmes detélécommunications ferroviaires.

C- Durée mandatSix (06) mois répartis en deux périodes dont quatre (04) mois pour la mission initiale et deux (02) autres mois pour l’évaluation des recommandations de la1ère mission d'expertise.2- Les experts devront aussi prendre en compte dans leurs analyses et recommandations le rapport d’audit environnemental et social du CFCO et s’assurer

que les aspects environnementaux et sociaux sont intégrés dans leurs rapports sectoriels.3- La Cellule de passation des marchés du projet PADE invite les candidats à manifester leur intérêt et à fournir les services décrits ci-dessus ainsi que les infor-

mations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (copies des diplômes, certificats ou tout autre document justifiant la formation, référencesconcernant l’exécution de contrats analogues ou similaires etc).

En outre, ils doivent disposer d’une excellente aptitude à communiquer oralement et par écrit en langue française, d’une expérience de terrain en Afrique sub-saharienne ou dans un pays dont les caractéristiques sont semblables à celles de la République du Congo.4- L’expert sera sélectionné en accord avec les procédures définies au chapitre V des Directives de la Banque Mondiale « Sélection et Emploi de consultants

par les emprunteurs de la Banque Mondiale de Mai 2004, version révisée en octobre 2006 et Mai 2010 »5- Les experts intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 heures à 15 heures 30.6- Les manifestations d’intérêt (CV+lettre de motivation) portant la mention « Avis n°5/code expert n° 01, 02 ou 03 selon votre intérêt », doivent être déposées

sous pli fermé à l’adresse ci-dessous au plus tard le 21 juin 2012, au siège du Projet sis, Rue Isaac Locko n° 05 et 06 (dans le secteur de BlancheGomez), Brazzaville/République du Congo : Tél : 05 522 23 66/05 568 87 06 ou par courrier électronique à l’adresse ci-après : [email protected]

Fait à Brazzaville, le 28 mai 2012Le Coordonnateur du Projet

Joseph IBARA

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Annonces classées

N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCESCABINET

PROJET DE FACILITATION DU COMMERCE ET DU TRANSPORT SUR LE CORRIDOR ABIDJAN-LAGOS (PFCTCAL)

Bureau Passation de Marchés - A l’attention du CoordonnateurProjet de Facilitation du Commerce et du Transport sur le Corridor Abidjan – Lagos. Unité de Coordination.

Cocody les Deux-Plateaux ENA, carrefour dit « Seydou DIARRA » Rue J17. 01 BP 6643 Abidjan 01,Tél : +(225) 22 41 85 79/04 08 31 25 - Email : [email protected] ou [email protected]

AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊTRECRUTEMENT D’UN CONSULTANT INDIVIDUEL EXPERT EN DOUANE

N° Avis : AMI N° 01/PFCTCAL/BPM/2012Pays : République de Côte d’IvoireSource de Financement : Avance N°Q 645-ciDate de publication : 16 juin 2012Date de clôture : 02 juillet 2012

I. ContexteLe Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire est bénéficiaire d’une avance de1,7 millions de dollars américains sur don de l’Association Internationale deDéveloppement (IDA) pour la préparation du Projet de facilitation et du Transport surle Corridor Abidjan-Lagos (PFCTCAL) et à l’intention d’utiliser une partie du montantde cette avance pour effectuer le paiement des honoraires du consultant.II. MandatLe rôle du consultant consiste à rédiger les termes de références des activités de la souscomposante « Appui au plan de modernisation de la douane ivoirienne », à savoir :- la certification du système de management de la qualité des procédures doua-nières ;- l’assistance technique pour la simplification des procédures y compris la mise enplace d’un mécanisme de gestion du risque pour la douane ;- l’assistance pour le contrôle de l’exécution du service mise en place d’un manuel deprocédures simplifiées pour la douane,- la formation des agents de la douane dans le domaine du contrôle après dédouane-ment.De manière spécifique, les termes de référence de chaque activité devront fournir desprécisions sur :- le contexte et la justification de la mission ;- les objectifs (généraux et spécifiques) de l’activité du consultant ;- la description des tâches ;- les résultats attendus de la mission ;- le chronogramme et calendrier prévisionnel des activités nombre de jours ; le site

de l’activité ;- les qualifications du consultant : international, régional ou national ; la description

du profil du personnel-clé indispensable à la réalisation de la mission ;- les obligations de l’administration : les informations d’ordre général, y compris une

liste des études pertinentes et de données de base existantes afin de faciliter aux

consultants la préparation de leurs propositions ; contacts ; mise à la disposition desoutils, bureau, etc. (selon le cas) ;

- les objectifs de la formation induite par la mission, les effectifs à former, etc…,pour permettre aux consultants d’estimer les moyens à mettre en œuvre ;

- la période estimée de réalisation (de l’étude, assistance technique ou formationselon le cas) ;

- le coût estimatif de la mission.III. Profil du ConsultantLe Consultant individuel est une personne physique remplissant les conditions sui-vantes :- avoir un diplôme supérieur BAC +5 au minimum ;- disposant d’au moins 10 années d’expérience opérationnelle en douane ;- avoir déjà rédigé plusieurs termes de références de missions similaires ;- avoir une bonne maitrise du français ;- maîtriser l’outil informatique (Word, Excel, PowerPoint)IV. Contenu de l’offreLes dossiers de candidature devront comprendre : le CV à jour et concis sur supportpapier et/ou par voie électronique (Word ou pdf), une lettre (maximum 2 pages)démontrant la compréhension de la mission et justifiant les expériences pertinentesou compétences.V. Méthode de sélectionL’unité de Coordination du Projet de Facilitation du Commerce et du Transport sur leCorridor Abidjan-Lagos (PFCTCAL), invite les candidats admissibles à manifester leurintérêt à fournir les services décrits ci-dessus.La sélection du consultant se fera en accord avec les procédures définies dans lesDirectives : Sélection et emploi des consultants par les emprunteurs de la Banquemondiale (Version de mai 2004 révisée en octobre 2006).Les consultants intéressés peuvent obtenir les Termes de Références de ladite mis-sion à l’adresse ci-dessous et aux heures suivantes : de 9 h 00 heures à 12 h 30heures et de 15 h 30 heures à 17 h 30.Les manifestations d’intérêt rédigées en langue française doivent parvenir, par courrieret par courriel, à l’adresse ci-dessous au plus tard le lundi 02 juillet 2012 à 10 h 30et porter clairement la mention « AMI N° 01/PFCTCAL/DPM/2012 –Recrutement d’un consultant individuel – Expert en douane

République de Côte d’Ivoire

Africa Rice Center(AfricaRice, ex-WARDA) wishes to recruit:

• A Rice Commodity Specialist based in Cotonou, Benin• A Procurement Specialist based in Cotonou, Benin• An Accountant based in Cotonou, Benin• A Monitoring & Evaluation Specialist based in Cotonou, Benin

This invitation for applications follows the general procurement notice AfDB43-04/12 for a multinational-CGIAR Project on Support to Agricultural Research for Development of Strategic Crops in Africa funded bythe African Development Bank and published in UN Development Business online on 27 April,2012.Further details can be obtained from the AfricaRice website at ‘www.AfricaRice.org’.

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Page 143: JA 2684 DU 17 AU 23 JUIN 2012

Annonces classées

JEUNE AFRIQUE N° 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012

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Recrutem

ent

EXCITING CAREER OPPORTUNITY IN TRADE ANDREGIONAL DEVELOPMENT IN KENYA

TradeMark East Africa (TMEA) is an organisation funded by a range of development agenciesto promote regional trade and economic integration in East Africa. TMEA works closelywith the East African Community (EAC), national governments, business and civil societyorganisations. Headquartered in Nairobi with branches in Arusha, Bujumbura, Dar es Salaam,Juba, Kampala and Kigali, TMEA seeks to support East African integration through:

• A reduction in transport and related costs along the key corridors in East Africa;• Supporting EAC institutions to develop a comprehensive framework for regional integration;• Supporting partner states to substantially increase the implementation of a comprehensive

framework for regional integration; and• Engaging private sector and civil society to positively influence regional integration policies

and practices for growth in trade.

To ensure that TMEA delivers on these strategic objectives, we seek a high calibre, results-oriented and self-driven East African professional to provide leadership and strategicdirection in implementing our programme in Kenya.

COUNTRY DIRECTOR, KENYA

The Country Director will manage and monitor TMEA’s Kenya programme. This includesstrategy, planning, and delivery of expected results in the fields of regional trade, infrastructuredevelopment, modern customs systems, and institutional development of Governmentinstitutions. The Country Director will develop an effective programme in line with TMEA’sstrategic plan, sound management information and monitoring systems, and strong workingrelationships with Kenyan partners including Government agencies, the private sector, civilsociety and other East African counterparts.

The Country Director will identify opportunities for additional investments into TMEA’s KenyaProgramme, co-ordinating with other key partners. S/he will source and procure technical

experts to assist in the implementation of TMEA projects and external communications.

Kenya is a demanding environment requiring high personal drive, political sensitivity, initiativeand leadership. The ideal candidate will possess an undergraduate degree preferablyin Economics, Development Studies, International Trade, Planning, Finance or Management.In addition, s/he must have at least five years’ work experience in establishing and managingeconomic development programmes, preferably in trade facilitation, private sectordevelopment, infrastructure development, or institutional capacity building. The successfulcandidate will be a strong leader, with proven inter-personal skills in managing multi-stakehol-der relationships. The post also requires strong programme cycle and procurementmanagement skills, with proven ability in preparing project documents, and monitoring andevaluation systems. Candidates should preferably possess senior experience in Kenya, orwithin East Africa. Language skills in Kiswahili are desirable for this position.

APPLICATION DETAILS

Please send us a cover letter and detailed CV, including your qualifications, experience,present position, and current remuneration. Your application should include names andaddresses of three referees, a working e-mail address, and daytime telephone contacts. Theforwarding e-mail and cover letter must clearly indicate ‘Country Director, Kenya’on the subject line. A detailed job profile for this post can be accessed onwww.trademarkea.com. Send your application to [email protected] Friday, 6 July 2012 by 5.00pm East African time. Interviews will be conductedin early August 2012 in Nairobi, Kenya.

Applications received after the deadline time and date will not beaccepted. We reserve the right to accept or reject any application. Only

short-listed candidates will be contacted.

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Questions sur les salafistesVotre article sur les « trèsinquiétants fous de Dieu » de

Tunisie (J.A. no 2683, du 10 au16 juin) m’interpelle. Citant leministre Lotfi Zitoun, vous affirmez

que lessalafistes sont93 000. D’oùvient ce chiffre,jugé exagérépar tous ceux àqui j’en parle ?Réalisez-vousce que celareprésente ?Par ailleurs,vous écrivez :« Beaucoupd’intégristes

sont armés. » Que signifiece « beaucoup » ? Selon desinformations concordantes,ils seraient 200, ce qui suffit poursemer le trouble. ●

JEAN FONTAINE, La Marsa, Tunisie

Réponse: Le chiffre de 93000 nous abien été fourni par Lotfi Zitoun,ministre chargé des Affaires politiques,qui n’a, nous semble-t-il, aucun intérêtà exagérer la réalité salafiste en Tunisie.Quant au nombre de salafistes armés,il ne peut être évalué avec précision,puisque lemouvement djihadiste estclandestin. Mais il est indéniable que,à la faveur de la révolution libyenne,quantité d’armes circulent dans le pays.Limiter le nombre des salafistes armésà 200 combattants serait hasardeux.C’est également pour pouvoircirconscrire les groupes armés quele gouvernement adopte une positiond’attente. ●

LA RÉDACTION

Confusion tunisienneAu regard des derniersévénements en Tunisie, le parti

Ennahdha ne serait-il pas débordépar son aile droite, celle à laquelleil refusait de s’opposer par calcul

électoral ? Par ailleurs, les vraismarionnettistes ne seraient-ils pas les« Clous rouillés » du Rassemblementconstitutionnel démocratique (RCD)et les proches de l’ex-président encoreen liberté et disposant de moyensfinanciers considérables? Les attaquessimultanées de postes de police, depalais de justice, de locaux de partisd’opposition ou de l’Union généraletunisienne du travail me semblentsuspectes. Elles sont savammentorchestrées pour susciter des réactionsviolentes…Misons sur le patriotismedes Tunisiens et sur la fermeté desautorités contre tous les saboteurs,pour que la révolution reste belle. ●

MONDHER KALLALA, Tunis, Tunisie

La révolution en marcheAlors que la révolutiontunisienne date seulement de

quelques mois, des groupusculesd’horizons divers harcèlent legouvernement balbutiant, au risqued’entraver définitivement son action.

Ce jeune gouvernement n’a paschômé : organisation sans anicrochedes élections législatives, mise enplace d’une Assemblée constituante,formation d’un gouvernementmulticolore, élection du présidentde la République. Il ne faut pas oublierdans quel état était le pays dontce gouvernement a hérité. Il lui fautun peu de temps pour remettrela machine enmarche. Commeceux qui l’ont précédé, lui aussiacquerra la technique de gestionet d’administration. ●

ALI GAROUI DALLY, Gafsa, Tunisie

Lutte fratricideSur le papier, le défi estambitieux. L’affaireMarafa,

ex-secrétaire général de la présidencede la République camerounaise,inaugure une nouvelle ère, celle desrévélations des caciques du régimeBiya. Sauf que, à la lecture de votrearticle sur René Sadi (« S’il n’en restaitqu’un… », J.A. no 2683, du 10 au16 juin), je constate que c’est la thèsedu «Dauphinat » qui, une fois de plus,est utilisée pour justifier certains actes,accréditant l’existence d’une lutte

Islamismes multiples, fantasme uniqueJE RÉAGIS AU « CE QUE JE CROIS » de BBY du no 2683 de Jeune Afriqueintitulé : « Attentionau “retour de bâton” ». J’ai trouvé ce texte très impor-

tant, essentiel et venant à son heure.Il interroge sur l’existence ou non de plusieurs islamismes et nourrit la

réflexion. En apparence, il en existe plusieurs, un par pays. Chaque pays arabeest la cristallisation de facteurs spécifiques. Dans chacun, il y aurait donc uneforme différente d’islamisme. Mais dans le fond, n’y a-t-il pas un fantasmeunique, à savoir que le retour à un islam strict lavera l’humiliation profondequi est, je le crois et l’ai observé, au cœur de la subjectivité arabe actuelle?Cet islam serait LA solution au retard historique de ces pays qui est en faitun décalage dans la maîtrise des sciences et des technologies, un retard deréformes pour être de plain-pied dans le présent.

À partir de là, on pourrait isoler deux formes différentes d’islamisme: la formedure, violente, voire terroriste ; et la forme douce, plutôt « démocratique ». LaTurquie en est évidemment la forme la plus élaborée. Alors que le Parti de lajustice et du développement (AKP) formait des économistes, des ingénieurs,etc., Ennahdha formait des… juristes.

Enfin,un dernier point important – etmêmeessentiel – que vous n’abordez pas,celui du comportement des forces modernistes, par exemple en Tunisie. Plutôtque de s’unir, elles se dispersent. Il me paraît indispensable de le souligner. ●

G.H., Paris, France

ÉDITION MAGHREB & MOYEN-ORIENT

TUNISIELe cancersalafiste

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2683 • du 10 au 16 juin 2012 jeuneafrique.com

Face aux violents débordements des extrémistes religieux,le gouvernement tergiverse et la population est à cran.Enquête sur de très inquiétants fous de Dieu.

MALI DEMAIN, LA GUERRE?

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LE PLUSde Jeune Afrique

États-Unis-AfriqueGoodmorningAfrica!

Spécial 16 pages

Le courrier des lecteursEnvoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœurà [email protected] ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.

! J.A. N° 2683,du 10 au16 juin 2012.

No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Vous& nous

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fratricidesous-jacente.La presse privéea du grainàmoudre.Des best-sellerspourraientd’ailleurs naîtrede cette nouvelleaffaireimpliquant unepersonnalité de

premier plan. Doit-on en conclure avecl’écrivaine Isabelle NdenguéNdombéque « le Cameroun risque[ra] d’êtreune société qui se divise autant parl’ethnie que par le pouvoir etl’argent »? ● SYLVAIN ÉTIENNE BAVINDI,

Yaoundé, Cameroun

Les Maliens sont lasJ’ai lu avec intérêt l’interview ducapitaine Amadou Haya Sanogo,

paru dans J.A. no 2682, daté du 3 au9 juin. S’il est, comme il le prétend,préoccupé par la situation du Mali,qu’il s’installe àMopti, en compagniedes militaires qui ont fui le Nord.

Il n’a pas le droit de maintenirdans la désolation plus de 15 millionsde Maliens. Qu’il avoue avoir échouéau prytanée militaire de Kati. J’étaisde ceux qui ont applaudi son coup,aujourd’hui j’en ai honte. ●

OUSMANE DIARRA, Goma, RD Congo

NOUS SOUHAITONS ARDEMMENTla délocalisation du Sommet de la

Francophonie prévu en RD Congo vers unautre pays, plus démocratique etrespectueux des valeurs des droits del’homme. Une telle décision seraitconforme à la francophonie deconscience, un concept fondé sur laDéclaration universelle des droits del’homme et qui, surtout, tient compte desaspirations des peuples et de l’intérêtgénéral. Loin, donc, de la francophonie deséduction, de corruption et des parades.

Joseph Kabila caresse l’espoir que leSommet de la Francophonie lui serve de tribune pour asseoir àl’international la légitimité qui lui fait défaut à l’intérieur. L’occasionest donnée au président français, François Hollande, de respectersa promesse de campagne: rejeter la fraude électorale dans quelquepays que ce soit. Pour cela, non seulement il n’ira pas à la rencontred’un président qui a triché pour se maintenir au pouvoir, mais il devraaussi peser de tout son poids pour faire délocaliser ce sommet. Il y ad’ailleurs un précédent. En 1991, sous le régime Mobutu, l’Organisationinternationale de la francophonie (OIF) avait transféré son quatrièmesommet de Kinshasa à Paris, en raison des massacres d’étudiants surle campus universitaire de Lubumbashi, de l’insécurité généraliséeet de la violation systématique des droits de l’homme.

Enfin, il nous paraît insensé de vouloir organiser la fête de laFrancophonie dans un pays considéré comme la capitale mondialedu viol des femmes, en proie à une sanglante guerre fratricidedans le Nord-Kivu et dans le Sud-Kivu.

Que vive la francophonie de conscience et de développement. ●MOISE MONI DELLA IDI,

Président de la commission Francophonie des Forces acquises au changement (FAC), RD Congo

LA FRANCOPHONIE DE CONSCIENCE

DR

ÉDITION CAMEROUN

RENÉ SADIEt si c’était lui…

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2683 • du 10 au 16 juin 2012 jeuneafrique.com

Discret, fidèle, consensuel… L’inoxydable ministre de l’Administration territorialeréunit toutes les qualités que l’on prête à un dauphin au pays de Paul Biya.

MALI DEMAIN, LA GUERRE?

CÔTE D’IVOIREGBAGBO-BENSOUDA:LES DESSOUSD’UN DUEL

RD CONGO-RWANDATROUBLE JEUAU NORD-KIVU

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LE PLUSde Jeune Afrique

États-Unis-AfriqueGoodmorningAfrica!

Spécial 16 pages

!J.A. N° 2683, du10 au 16 juin 2012

Vous nous 145

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Lieux d’aisance

C ’ était en1988. Jevenaisd’arriverenFrance.Unsoir, jemeretrouvedans le quartier desHalles, ruePierre-Lescot.Soudain, j’ai une envie pressante. Je me dis que je nepeuxpasmesoulagern’importeoù,questiondedignité

et de savoir-vivre. Je cherche et trouve une bouche d’égout, dansun coin sombre. Ma préoccupation : ne pas polluer gratuitementl’air ambiant.À l’époque, simes souvenirs sont bons, onn’insistaitpas encore sur la protection de l’environnement. J’étais donc déjàécologiste sans le savoir.

Alors que je remplis ce devoir tout à fait naturel dans la nuitparisienne, deux policiers surgissent. «Qu’est-ce que vous faites,monsieur? »medemande l’und’eux. Sans hésiter, je réponds : « Jepissais. »L’autre policier passe à l’offensive : «Vous croyezque c’estl’endroit approprié? »En toute bonne foi, je rétorque : « J’ai choisiunebouched’égout. Je n’ai doncpas souillé le sol. »Pas convaincu,l’agent de l’ordreme demandemes papiers. Je lui tendsmon pas-seport. Il l’examine etmepose cette question inattendue : «Donc,au Zaïre, les journalistes pissent dans la rue? » Silence gêné dema part. Il enchaîne : « Veuillez nous suivre. » Je m’exécute et meretrouve dans un fourgon de police. Sur le procès-verbal qui estdressé, je lis cette phrasemémorable qui qualifiemon infraction :« Épanchement d’urine sur la voie publique » !

Vous vous demandez sans doute pourquoi je reviens sur cetteanecdote très ancienne. La raison est claire : je n’ai pas encore vude vespasiennesdans toutes les villes ducontinent dontmespiedsont foulé le sol. Ce que j’ai vu, ce sont des femmes et des hommes,toute pudeur bue, qui retroussent leurs pagnes ou descendentleurs pantalons pour se soulager en pleine rue. Pourtant, quandon parle d’infrastructures, la construction de latrines doit figurerparmi lespriorités.Onnedoit pasbadiner avec l’hygiènepublique.

Qu’en est-il de la propreté des toilettes dans les bâtiments offi-ciels? Commemoi, vous avez lu et relu cent fois unbout de papieraffiché sur le mur où on vous demande de bien vouloir laisser leslieux dans l’état où vous les avez trouvés, c’est-à-dire propres. Enréalité, cette propreté n’est que virtuelle. Je me souviens, commesi c’était hier, d’un séjour dans une capitale du continent. J’avaisrendez-vous dans unministère important. L’entretien terminé, unbesoinpressantmetenailledans lecouloir. Je chercheviteuneporteavec l’inscription WC. En vain. À l’instinct, j’ouvre une porte. Uncabinet est bien là,mais l’intérieur est noir charbon. Pas de papierhygiénique. Pas de savon. Je me sauve. Deuxième porte, mêmeconstat. Dans le couloir, un monsieur apparaît. Je lui pose monproblème. Il me conduit vers une jolie porte fermée à clé, ouvreune deuxième porte et memontre des toilettes acceptables. Maisla chasse d’eau ne fonctionne plus. Le robinet du lavabo est sec.Dire que c’est réservé aux cadres !

Un doute? Vous n’avez qu’à inspecter les toilettes des bars, decertains hôtels, des stades, des sièges des parlements, des écoles,desuniversités – j’enpasse–dansvospays respectifs. Bienentendu,mes amis d’Afrique centraleme diront, dans leur sagesse infinie :«Lesmicrobesne tuentpas lesnègres! »Dequoimeurent-ils donc?« Ce sont les sorciers qui les mangent. » À vérifier ! ●

Post-scriptumTshitenge Lubabu M.K.

HEBDOMADAIRE INTERNATIONALPOLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE

Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (52e année)

Édité par SIFIJASiège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARISTél. : 0144301960 ; Télécopieurs : rédaction : 0145200969 ;ventes : 0145200967 ; Courriel : [email protected]

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Rédaction : Pascal Airault, Youssef Aït Akdim, Stéphane Ballong, Pierre Boisselet, JulienClémençot, Georges Dougueli, Tony Gamal Gabriel, Malika Groga-Bada, André Silver Konan(à Abidjan), Christophe Le Bec, Frédéric Maury, Nicolas Michel, Cherif Ouazani, MichaelPauron, Laurent de Saint Périer, Justine Spiegel, Tshitenge Lubabu M.K., Fanny Rey, MarieVillacèque ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Frida Dahmani, Muriel Devey, André Lewin,Patrick Seale ; accords spéciaux : Financial Times

Responsable de la communication : Vanessa Ralli ([email protected])

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No 2684 • DU 17 AU 23 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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