Carole Boulbès - Theatre 71 Scène Nationale Malakoff€¦ · une sorte de rite initiatique ou I...

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ART PRESS SUPPLEMENT 8 RUE FRANCOIS-VILLON 75015 PARIS - 01 53 68 65 65 OCT 14 Parution Irrégulière Surface approx. (cm²) : 3138 N° de page : 24-29 Page 1/6 71 5796441400503/GBV/OTO/2 Tous droits réservés à l'éditeur new settings LA TENTATION D'UN ERMITAGE Hervé Rob be et Benjamin Graindorge Carole Boulbès Écho au Walden de Henry David Thoreau, la Tentation d'un ermitage d'Hervé Robbe est une variation chorégraphique et musicale teintée d'archaïsmes autour du motif de la cabane et de l'attitude du repli. C'est aussi un premier contact avec la scène pour le designer Benjamin Graindorge, invité par le choré- graphe à concevoir la scénographie mouvante de ce troublant ermitage.

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new settings

LA TENTATIOND'UN ERMITAGE

Hervé Rob be etBenjamin Graindorge

Carole Boulbès

Écho au Walden de Henry DavidThoreau, la Tentation d'un ermitaged'Hervé Robbe est une var iat ionchorégraphique et musicale teintéed'archaïsmes autour du motif de lacabane et de l'attitude du repli. C'estaussi un premier contact avec lascène pour le designer BenjaminGraindorge, invité par le choré-graphe à concevoir la scénographiemouvante de ce troublant ermitage.

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• Le dernier spectacle d'Hervé Robbe laTentation d un ermitage est une com-mande de la Fondation Royaurnont Le t i t reest étrange et signale un désir de repli parrapport au chaos du monde En mêmetemps cette thématique s'inscrit dans lacontinuité du travai l du chorégraphe qui asouvent situe son propos en s ' i nsp i ran td'un territoire, d'une géographie, d'un lieu,voire d'un habitat ou d'une architectureEn 2000 c ' é t a i t le cas de Permis deconstruire/Avis de demolition d iptyque(instal lat ion/spectacle) sur le thème de lamaison , puis, en 2009, des films Une mai-son sur la colline et Un appartement encentre vil'e Le hasard a voulu que le projetde Tentation ait ete conçu quasiment a l'ar-rivée du chorégraphe a la Fondation Royau-mont Lieu propice a la contemplation enprise avec la nature Les activites et lesrencontres développées en son sein ontbien sûr stimule et nourri le projet

CABANEL objectif premier était de questionner lesmotivat ions d'un retrait du monde d undésir de mise a I écart ou d'une mise al'écart forcée Que signifie aujouro hui cettetentation d un ermitage7 Expériences mys-tiques ou ecologiques, défiance ou satura-t ion du monde, ep reuve in i t i a t ique ouexplorato i re les raisons sont mul t ip lesHerve Robbe évoque aussi les abris de for-tune, les habitats precaires, et, plus large-ment, tout l'imaginaire lie a l'idée de cabanePour lui les questions de I interieur/1 exte-rieur ou de l'intime/ <ex t ime» sont essen-tielles V vre dans une cabane choisir un abnde fortune sans fondation n'est pas qu'unplaisir sylvestre C'est peut-être plutôt s'in-venter un lieu de repli, un habitacle singulieren prise parfois directe avec la nature pours interroger sur la plane que l'on occupedans le monde, et questionner notre rapportaux autres Choisir la marge n'est pas tou-jours un renoncement ou une exclusion,e est aussi se mettre en ooposition et par-fois en tension avec son environnementL'expérience de la cabane convoque l'ex-ploration, le nomadisme la marche C'estune sorte de rite initiatique ou I on revisiteses archaïsmes La vie en cabane est rare-ment un rituel confortable, il y a parfois dela violence a revenir a l'essentiel et a jaugerses limites Dans toutes les expériences deforte altente ou I on engage son instinct desurvie il y a du peril et du risque

Page de gauche/page left H PoGbe/R Graindorge

« la Tentation d un ermitage » Presentation publique

de I esquisse a I abbaye de Royaumont

(Ph DR)/performance at Roysumont

Ci contre B Graindorge Dessin préparatoires peur

« la Tentation d'un ermitage» 2014 Right preparatory

drawings for La Tentation d un ermitage '

COLLABORATIONFaisant appel au lexique de la construction oude l'architecture Herve Robbe se considèrecomme « un niait1 e d'œuvre » qui invite d autres artistes pou' travailler autour d'une thé-matique La singularité de leurs langages et deleurs visions esthétiques enrichit le sujetDans le dialogue, la négociation et la frictions'inventent des collaborations Beaucoup dequestions ou de notions sont communes auxdifférents domaines artistiques, maîs elles nes'énoncent pas de la même façon elles neconvoquent pas les mêmes outils ni lesmêmes temps de fabrication ll faut donc pas-ser par des phases de traduction e: se rein-venter une langue communeLorsqu'Herve Robbe soll icite RomainKronenoerg-compositeur qui a déjà contribuea plusieurs de ses spectacles-il le confrontea un nouvel enjeu travailler avec des chan-teurs lyriques maîs sans leur donner de livretou de partition pour qu'ils puissent entrer eux-mêmes dans un processus de creation Lemusicien et le chorégraphe se sont appuyéssur un répertoire musical de tradition orale enlien avec l'idée de la cabane Beaucoup dechants ont a voir avec les rituels, les saisons,la paysannerie, même si Herve Robbe avoueêtre assez irrespectueux a l'égard de cettesource ll explique aussi que le fait de ne pasavoir a lire une partition, maîs d'être dans unoroçessus continu avec de nouvelles tech-niques vocales, intéressait les chanteurs Lesformes musicales sont ouvertes et la cnosese sculpte petit a petit C esl <a la fois aitisanal et savant Pour autant, il n'était pas pos-sible que les chanteurs ne fassent que desvocalises A la base des spectacles de Robbeil y a toujours une profusion d'images et detextes ll fallait inventer une nouvelle drama-turgie textuelle Avec la chercheuse NinonProuteau-Steinhausser la question de la tex-tualite a ete posée Dans un premier tempsun processus d'échange litteraire s'est etabliForts de cette collecte de textes, l'artiste et lachercheuse ont décide de travailler autour desix «tempéraments de repli» Cela a génèredes formes textuelles multiples (récits liste,haïku, etc ) qui ont ete mises a l'épreuve lorsdes répétitions

DE LA SCULPTURE AU DESIGNLa rencontre avec Benjamin Graindorge a eteimportante pour le chorégraphe qui appréciaitparticulièrement son banc Falten Tree, objethybride qui concilie nature et culture, enrecourant au bois, matériau naturel et indus-triel C est apres sa residence au Japon a laVilla Kujoyama en 2009, que Graindorge adéployé ses « paysages domestiques » dansdes pieces éditées en serie limitée par la gale-rie Ymer & Maha Sofascape est une ban-quette en bois associée a des modules decuir colores en forme de galets, Morning Mist,une lampe faite de billes de verre qui évoque

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la brume matinale Essentiels, ses dessinspréparatoires rendent compte de la poesie deson approche qui résulte d'une «tentationpaysagère et contemplative »Avec ce |eune et brillant designer industriel -Graindorge est diplôme de I ENSCI depuis2006 et travaille aussi bien pour l'industrie(lauréat du concours Cinna et Audi TalentsAwards) que les galeries ou la scénographie -le questionnement en amont a ete bien diffé-rent de celui qui précéda les mises en œuvredes sculptures de Richard Deacon dans lesspectacles Factory et Un terrain encorevague Des le début des répétitions du projetFactory, Deacon avait commence a construiredes elements de sculpture dont le cheregraphe disposait pour travailler avec les dan-

Ci dessus B Graindorge Maquette préparatoire pour

« la Tenlaîion d un ermitage » 2014

Above Maquette fcf Id Tentation ci tii ermitage

seurs Pouf lamentation d un ermitage HerveRobbe était parti de cette idée de cabane, unobjet sans fondation ll avait imagine uneadaptation fonctionnelle tres forte de I objetscenographique, d'où l'idée de solliciter undesigner qui pourrait repondre aux questionsqu il se posait sur l'usage, I ecologie, le recy-clage L'ergonomie joue aussi un rôle impor-tant Pour lui, d une façon generale, le plateaun est pas simple car, au delà de la fonction-nalité une part symbolique ou métaphoriquedoit s exprimer C'est la, dans cette friction,que le chorégraphique se transforme

EPHÉMÉRITÉ ET POLYVALENCEHerve Robbe était interesse par I idée de de-velopper un rapport minimal a I objet avecce désir de favoriser une reflexion sur lapoesie de l'usage ll ne cherchait pas unescénographie classique m a î s quelquechose qui se re-agence, qui se recycle ll vou-lait aussi mêler des elements tres fonc-tionnels et d autres tres dissonants commedes masques ou des totemsPour Benjamin Graindorge, qui a travailleavec François Bauchet a la scénographie dela Biennale internationale du design de Saint-Etienne en 2010 il n était pas habituel deconcevoir la scénographie comme quelquechose de mobile de dynamique, qui se modi-f ie dans le temps Le choix de matièresbrutes en bois et en textile s'est impose caril permettait de creer un lien entre les objetset les costumes Le text i le est souple etadaptable il peut devenir un abri, uneconstruction ll peut devenir toit, tente ll per-met de mettre en œuvre des choses insta-bles, depliables De la sorte, il était possibled'élaborer une construction éphémère quiservirait de trait d'union entre la scénographieet les costumesToute la particularité du projet réside dansl'idée d'un «dispositif scenographique no-made » avec une cabane sonore ou sonori-sée Chacun des six protagonistesconstruit son ermitage et redessine un pay-sage plastique et sonore Les modules peu

B Grandorge «FallenTree» Banc 2011 Boit on

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vent bouger, s'agréger, se transporter C'estune cabane cinétique Par exemple, certainselements de construction peuvent devenirdes elements de percussion aussi bien quedes abris temporaires Les objets sont toustres minimaux maîs ils sont manufactures, ilsont une sorte de « rudesse dessinee »Comme le dit Benjamin Graindorge ils doi-vent avoir une dimension utilitaire (on com-prend a quoi ils servent) ma îs aussi unedimension abstraite, poétique ou métapho-rique Ils peuvent évoquer des situations de lavie quotidienne, tout en évitant d'être illustra-tifs Sans fabriquer un siege ou une table, onpourra évoquer le repas, le reposHerve Robbe a conscience de travailler avec« une tribu » les protagonistes dan-seurs/chanteurs évoluent dans un espacecommun, dans une polyvalence du faireChacun fantasme a sa façon son retranche-ment des autres, ce dont il a besoin pourritualiser son repli, les objets, les chants et lesgestes nécessaires Cette reflexion sur l'écartet l'exclusion nécessite une grande implica-

tion des danseurs et aes chanteurs qui mampulent les «objets-outi ls» On peut suivreainsi les mouvements de chacun, dans un va-et-vient du spectacle qui interroge aussi lesformes de la chorale et de la ronde d'où s'ex-traient les individus (1) •

( I ) Cet art ic le est issu d un entretien avec Herve

Robbe

Carole Boulbes est historienne de I an À paraître

Relâche dernier coup d eclat des Ballets suédois Le3

presses du reel 2014

Herve RobbeNe en 1961 Vit et travaille a Paris

Spectacles récents (selection)

Lin terrain encore yague(2011) Theâtre National

de Chabot, 2012, CNDC d'Angers, 2012,Abbaye de Royaumont, 2013

Slogans Opus 112012) Klap, Maison pour la danse

de Marseille, 2012, CNC de Pantin, 2012

Slogans (2013) Theâtre 71 - Scene nationale

de Malakoff, 2013, Theâtre municipal de Tunis,

Rencontres chorégraphiques de Carthage, 2013,

Theâtre Kamal, Kazan, Russie, 2013, Theâtre du

Colisee, Festival Temps d'aimer la danse, Biarritz, 2013

Dahlias Song (2013 2014) Cite de la mode

et du design, Pans, 2013, Centre des arts

d'Enghien-les Bains, 2014

Polyphonie (2014) piece créée pour

la compagnie Pantera, Kazan, Russie

Benjamin GraindorgeNe en 1980 Vit et travaille a Paris

Exposition personnelle récente

2011 morningMist, YMERSMALTA, Paris

Expositions de groupe récentes

2011 marbre po/t/sp/ume, YMER&MALTA, Paris

2012 Favoris by Moustache with Conan,

salon du meuble de Milan

2012 blackOutpourArtuce, Designers Days, Pans,

a fleur de peau, YMER&MALTA, Paris

Ci dessus/above H Robbe/B Graindorge

< la Tentation d un ermitage» Presentation publique

de l'esquisse a I abbaye de Royaumont 2014 (Ph DR)

Performance at Ftoyaumonî

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The Temptation of a HermitageHervé Robbe and Benjamin Graindorge

Echoing Walden by Henry David Thoreau,La Tentation d'un ermitage by Herve Robbeis an archaically inflected choreographicand musical variation on the thème of thecabin and withdrawal lt also representsBenjamin Gramdorge's first experience ofthe stage the designer was invited by thechoreographer to come up with a mobileset for lus disturbmg hermitage

Herve Robbe s latest show La Tentation d unermitage was commissioned by the Fondation Royaumont The cdd title signais a désireto step back fram the world's chaos At thesame time, the thème is deeply rooted in thework of this choreographer whose pieces haveoften bepn mspired by a territory, geographyand place, or even a habitat or architecturalstructure That was the case with Permis deconstruire/Avis de demolition in 2000 a diptych (installation/performance) on the thèmeof the home, and agam in 2009 in his filmsUne maison sur la colline and Un apparte-ment en centre ville By chance heconceived

B Graindorge Sofas~ape > Banquette 20 2

Edition YMER&MALTA Cu r d agneau plc lge chere

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La Tentation around the time when he begana residency at the Fondation Royaumontabbey just the right place for contemplationin a natural setting where the activites andconversât ens of course stimulated andnounshed his project

A CABINMis first objective was to examine the motivalions behmd a retreat fram the world,whether a désire to stand aside or bemg forced to stand aside Why are some peopletempted by solitude today? There are manyreasons—mystical expériences, ecologicalexperiments, dissatisfaction with the world orafeelmg of oversaturation, an mitiatorytest orexplormg one's own limits Robbe alsothought about temporary flimsy shelters and,more generali, the whole symbohsm asso-ciated with the idea of a shack or a cabm Hebelieves that issues like mtenor/exterior andmtimate/'out timate ' are essentiel Livingin a shack, optmg for a makeshift shelter withno foundation, is not just a matter of enjoyingnature Rather it means inventmg a place forréclusion, a unique livmg space, sometimesimmersed in nature, to think about one's placein the world and interrogate our relationshipto others Choosmg to live on the margmsdees not always mean renouncing the worldor exclusion from it, it can also mean enteringinto opposition, sometimes sharply to one senvironment Living rn a cabm evokes exploration nomadism and trekking It's a kmd of

rite of initiation in which we revisit our bentage Life in a shack is rarely comfortable, it sometimes takes violence to get back to basicsand test cnes lumts Like all highly alteredstates where we have to dépend on our survival instincts, there are nsks and dangersUsmg the vocabulary of architecture andthe construction industry, Robbe calls hlmself a ' master contracter' who invites otherartists to work on a given thème which isenriched by the smgularity of their modesof expression and aesthetic visions Partnerships are bom of dialogue, negotiationsand friction There are many questions andconcepts that are common to a l l fields ofart butthey are not stated in the same wayand don't require the same too ls andworking hours Working together meanslearning to translate and inventmg a common languageWhen Robbe called on Romain Kronenbergwith whom he had partnered for severalprevious shows, he presented the composerwith a new challenge to work with opera smgers without giving them either a libretto or ascore, so that theythemselves could take partin the creative process The choreographerand musician drew upon a musical répertoirefrom the oral tradition associated with cabmsand such There are many songs about peasants' seasonal shelters and related rituelseven though Robbe admits to holding little reverence for these sources He explams that thesmgers were quite mterested in the idea of

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participatmg in an unfoldmg process of developmg new vocal techniques instead of justhavmg to read from a score The musicalforms were open and slowly the piece beganto take shape in a manner simultaneously rudimentary and sophisticated Vet it was out ofthe question thatthe smgers would just smgThere is always a profusion of texts and visualexpériences in Robbe s work A new textualdramaturgy had to be mvented This idea oftextuality has been exammed by the dancestudies specialist Ninon Prouteau Sternhausser Robbe and Prouteau Stemhausserbegan by exchanging wntings After amassmga collection of texts the two decided to worktogether around six 'tempéraments of reclusion ' This collaboration produced manygenres of texts (narratives lists, haïku, etc )that were then tested out durmg rehearsals

FROM SCULPTURE TO DESIGNMeeting Benjamin Graindorge was an important moment for Robbe, who had particularly admired the former s Faller! Treetable ahybrid objectthat reconciles nature and culture through the use of wood a natural and industnal raw material Followmg a residence atthe Villa Kujoyama in Japan in 2009 Gramdorge began makmg 'domestic landscapeslimited edition pieces sold by the Ymer &Malta gallery Sofascape, for example is awooden couch with colored leather cushionsin the shape of pebbles Morning Mist a lampmade of glass halls that brings to mind whatits name suggests Mis essentiel preparatorydrawmgs reflect the poetry of his approach,the conséquence of yieldmg to 'the temptalion of landscape and contemplation "With this young and brillant industrial designer—Graindorge graduated from the ENSCIin 2006 and works for industrial firms (he wonthe Cinna and Audi Talents awards) as well asgallenes and on theater sets—the issues thatcame up dunng the preparatory phase werevery différent than these that arose precedmgthe installation of Richard Deacon s sculpturesfor the shows Factory and Lin terrain encorevague Deacon had begun to make sculpturalelements for the choreographer to use withthe dancers from the beginnmg of the rehearsals for Factory For La Tentation d un ermitage, he started out with this idea of acabm, an object with no foundation Because Robbe had wanted to have a set objectthat could be adapted for very différent funclions he sought a set designer who couldanswer his questions aboutthe use of the object, ecological issues and recycling Ergonormes was another important considérationRobbe s conception of a stage set is neversimple generally speakmg because in addilion to ils functionality there are symbolic ormetaphonc dimensions This friction transforms the choreographyRobbe was mterested in the idea of develo

ping a minimal relationship with the objectin order to encourage people to thmk aboutthe poetry of Us use What he wanted was nota classical stage set but somethmg that couldbe rearranged and recycled He also wanted amix of very functional elements and othersthat would add a strong dissonant note suchas masks or totemsGraindorge had worked with François Bauchet in designmg the display layout for the2010 Biennale Internationale du Design inSaint Etienne but he was not accustomed tothmking about scenography as somethmgdynamic that changes over time The choiceof the raw matériels wood and textiles, wasobvious smce that would make it possible tolink the objects and costumes Cloth is suppie and adaptable—it can be used to make ashelter, a structure arooforatent Further, itis suitable for makmg changeable and foldable objects That made it possible to designan ephemeral structure that would serve asthe link between the set and the costumesThe particularity of this project résides in theidea of a "nomadic stage set ' featurmg a kinetic cabm with a built in sound system Sixcharacters construct their hermitage and produce an evolvmg visual and audible landscape The modules can be moved puttogether and transported The cabm is kmetic For example, some of the elements usedin ils construction can become percussioninstruments and also temporary shelters

Herve Robbe avec T chard Deacon Factory

199T (Ph DR) Hprvp Rihhe w th Richard Deacon

The objects all are minimalist, but they aremanufactured They have a kmd of drawnroughness to them As Graindorge explamsin addition to their utilitanan dimension (weknow what they re used for), they also needed to have an abstract, poetic or metaphorical stde Sometimes they recall everydayactivites but without bemg illustrative Youdon t have to make a chair or a table tosuggest a meal or a restRobbe is aware that he is workmg with a'tnbe ' The characters/dancers work in acommon space one where many différentthmgs can be done Each in their own way,develops a fantasy about their withdrawalfrom others and the objects chants and ges-tures needed to ntualize that act This exploration of separation and exclusion requires ahigh degree of commitment on the part ofthe dancers and smgers who use these'tool/objects ' Thus we follow the move-ments of each and all in the back and forth ofa performance that also mterrogates choralsand rondes, the forms f rom which the i nd i viduals extricate themselves •»

Translation LSTorgoff

Art historial! Carole Boulbes is the author of the upco

ming book Relâche dernier coup d eclat des Ballets

suédois Les Presses du Reel 2014