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24 | La Lettre du Sénologue n° 52 - avril-mai-juin 2011 MISE AU POINT * Institut du Cancer Courlancy, Reims. ** Association "Ensemble pour Elles", Reims. Cancer du sein, activité physique et dragon boat : une première en France Breast cancer, physical activity and dragon boat: the first experience in France B. Cutuli* , **, V. Morand**, S. Barbe**, F. Benessis**, O. Brusselles**, L. François**, C. Kutten** Activité physique et cancer du sein Depuis une dizaine d’années, le bénéfice d’une activité physique adaptée (APA) et régulière est de plus en plus reconnu pendant et après le traitement d’un cancer du sein (1, 2). Cette APA a également un effet de prévention du risque de survenue de la maladie (3). En effet, après un parcours thérapeutique plus ou moins lourd, mais durant souvent plusieurs mois, l’activité physique réduit la fatigue, les douleurs ostéo-articulaires et musculaires, ainsi que la symp- tomatologie dépressive, très fréquente en particulier dans la période qui suit la fin des traitements (4). En association avec des conseils diététiques, l’APA permet également de réduire la prise de poids très fréquente chez ces patientes ainsi que le risque d’ostéoporose. Toutes ces mesures permettent une amélioration globale de l’état psychologique, de la qualité de vie, avec également un maintien de l’autonomie et de l’indépendance des femmes (9, 10). De plus, plusieurs publications ont confirmé qu’une APA régulière réduit d’environ 20 % le risque de rechute à long terme (tableau I) [5, 8]. De nombreuses activités physiques et sportives peuvent être réalisées (tableau II), dont le dragon boat. Le dragon boat est une embarcation (type pirogue ou canoë) d’origine chinoise, longue de 12 mètres et pesant 250 kg, qui peut accueillir une vingtaine de pagayeuses et 1 barreur. C’est un sport très répandu, en particulier en Asie, où des millions de personnes le pratiquent. Tableau I. Impact de l’activité physique sur la survie des patientes traitées pour un cancer du sein. Nombre de patientes MET/heure* Mortalité p NHS (Nurse’s Health Study) [5] 2 987 > 9 – 37 % 0,004 WHEL (Women’s Healthy Eating and Living Study) [6] 1 490 > 9 – 44 % 0,04 CWLS (Collaborative Women’s Longevity Study) [7] 4 482 8-20,9 – 47 % 0,01 HEALS (Health Eating Activity and Lifestyle Study) [8] 933 9 – 67 % 0,04 Modifié d’après T. Bouillet. * MET : metabolic equivalent task. Tableau II. Activités physiques adaptées (ou sports) pouvant être réalisées pendant ou après le traitement d’un cancer. Pendant le traitement Après le traitement Yoga Tai-chi Karaté (kata) Vélo Aquagym Natation Marche (randonnée) Marche nordique Aérobic Gymnastique Dragon boat Il faut toujours pratiquer un échauffement progressif pour éviter les efforts trop brusques. Séno 52 juin2011 -ok.indd 24 21/06/11 10:07

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MISE AU POINT

* Institut du Cancer Courlancy, Reims. ** Association "Ensemble pour Elles", Reims.

Cancer du sein, activité physique et dragon boat :une première en FranceBreast cancer, physical activity and dragon boat : the f irst experience in France

B. Cutuli*, **, V. Morand**, S. Barbe**, F. Benessis**, O. Brusselles**, L. François**, C. Kutten**

Activité physique et cancer du sein Depuis une dizaine d’années, le bénéfice d’une activité physique adaptée (APA) et régulière est de plus en plus reconnu pendant et après le traitement d’un cancer du sein (1, 2). Cette APA a également un effet de prévention du risque de survenue de la maladie (3).En effet, après un parcours thérapeutique plus ou moins lourd, mais durant souvent plusieurs mois, l’activité physique réduit la fatigue, les douleurs ostéo-articulaires et musculaires, ainsi que la symp-tomatologie dépressive, très fréquente en particulier dans la période qui suit la fin des traitements (4).En association avec des conseils diététiques, l’APA

permet également de réduire la prise de poids très fréquente chez ces patientes ainsi que le risque d’ostéoporose.Toutes ces mesures permettent une amélioration globale de l’état psychologique, de la qualité de vie, avec également un maintien de l’autonomie et de l’indépendance des femmes (9, 10).De plus, plusieurs publications ont confirmé qu’une APA régulière réduit d’environ 20 % le risque de rechute à long terme (tableau I) [5, 8].De nombreuses activités physiques et sportives peuvent être réalisées (tableau II), dont le dragon boat.Le dragon boat est une embarcation (type pirogue ou canoë) d’origine chinoise, longue de 12 mètres et pesant 250 kg, qui peut accueillir une vingtaine de pagayeuses et 1 barreur. C’est un sport très répandu, en particulier en Asie, où des millions de personnes le pratiquent.

Tableau I. Impact de l’activité physique sur la survie des patientes traitées pour un cancer du sein.

Nombre de patientes

MET/heure* Mortalité p

NHS (Nurse’s Health Study) [5] 2 987 > 9 – 37 % 0,004

WHEL (Women’s Healthy Eating and Living Study) [6]

1 490 > 9 – 44 % 0,04

CWLS (Collaborative Women’s Longevity Study) [7]

4 482 8-20,9 – 47 % 0,01

HEALS (Health Eating Activity and Lifestyle Study) [8]

933 9 – 67 % 0,04

Modifié d’après T. Bouillet. * MET : metabolic equivalent task.

Tableau II. Activités physiques adaptées (ou sports) pouvant être réalisées pendant ou après le traitement d’un cancer.

Pendant le traitement Après le traitement

Yoga Tai-chi Karaté (kata)

Vélo

Aquagym Natation

Marche (randonnée) Marche nordique

Aérobic Gymnastique

Dragon boat

Il faut toujours pratiquer un échauffement progressif pour éviter les efforts trop brusques.

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MISE AU POINT

En 1996, le Dr Donald Mc Kenzie, médecin physiolo-giste à l’université de Vancouver eut l’idée, extrême-ment novatrice, voire provocante pour l’époque, de créer un équipage de dragon ladies avec des femmes traitées pour un cancer du sein (11). Cela pouvait paraître insensé, voire dangereux, car toutes ces femmes avaient eu un curage axillaire et, à l’époque, les activités motrices du membre supérieur étaient totalement contre-indiquées à cause du risque de lymphœdème. Le Dr Mc Kenzie pensait au contraire qu’une activité physique progressive, encadrée par des équipes spécialisées (infirmières, préparateurs sportifs ou kinésithérapeutes) pouvait être possible, voire bénéfique pour les femmes, en "réactivant" des voies de circulation lymphatique par un effet "actif" de la musculature.De plus, le mouvement effectué dans le dragon boat peut assez bien s’adapter à cette pathologie, car il se fait du haut vers le bas, avec une participation importante de la musculature dorsale.Le premier équipage de 24 femmes fut créé en janvier 1996 ("Abreast in the boat") et l’expérience montra que non seulement aucune ne développa de lymphœdème secondaire mais plusieurs d'entre elles constatèrent même une amélioration de la mobilité de l’épaule (12).Diverses publications ont relaté ces expériences, en soulignant également l’importance de l’esprit d’équipe et la solidarité entre ces femmes, qui leur avait permis de voir différemment la vie après le cancer. Les équipages de dragon ladies se sont depuis multipliés, d’abord au Canada (13), aux États-Unis, en Australie, puis en Asie et en Europe.

Expérience rémoise

Au cours de l’été 2008, Sylvie Cappellone, oncopsy-chologue à Reims (clinique de Courlancy), rencontra en Italie Luigia Maggiore, capitaine de l’équipe de dragon ladies" de Florence, qui s’était constituée peu de temps avant. Avec Bruno Cutuli, cancéro-logue travaillant dans le même établissement, ils montèrent le projet d’une conférence grand public pour faire connaître cette pratique et apporter par ce biais une aide aux femmes traitées. Cette première conférence eut lieu le 4 décembre 2008 à la mairie de Reims. Elle avait pour objectif d’apporter une infor-mation au public sur le cancer du sein (en montrant en particulier l’impact bénéfique du dépistage) et, pour la première fois dans la région, de donner la parole aux femmes atteintes par la maladie, qui purent ainsi apporter leurs témoignages, parallè-

lement à celui des femmes florentines, qui étaient venues spécialement pour l’occasion (soutenue par le comité de jumelage Reims-Florence).Cette conférence fut le point de départ symbolique de la constitution de l’association "Ensemble pour Elles" (EPE).L’association a pour but d’apporter une information et une aide aux femmes qui sont ou qui ont été atteintes d’un cancer du sein. EPE favorise l’écoute et le respect de la parole des femmes atteintes par la maladie, elle apporte une aide morale ou matérielle, par des actions d’accueil, d’information, ainsi que par l’animation d’activités culturelles et sportives.EPE essaye également d’améliorer les relations entre les femmes traitées, les médecins et le personnel paramédical. De plus, elle apporte au grand public des informations relatives au cancer du sein. Pour cela, l’association organise un "réseau" de femmes ayant connu la maladie afin qu’elles se soutiennent et s’entraident mutuellement en restant solidaires.Elle organise également des événements spor-tifs dans lesquels sont recherchés surtout l’esprit d’équipe et l’aide mutuelle plutôt que la compéti-tion, ainsi que des rencontres artistiques et cultu-relles diverses dans lesquelles les femmes peuvent être actrices ou spectatrices de l’événement.Enfin, EPE organise des conférences et réunions publiques sur tous les thèmes qui touchent le cancer du sein. L’association a été reconnue officiellement en mars 2009.L’activité de dragon boat en constitue l’originalité, et grâce à la collaboration des Régates Rémoises et l’aide bénévole de plusieurs jeunes entraîneurs (Alexandre Perrin, Élodie Berrot, Thomas Argenson du club Reims Olympique Canoë kayak), un premier groupe de femmes a pu s’entraîner grâce à un bateau prêté par le club de Rouen. Six d’entre elles ont parti-cipé à la Vogalonga 2009, la grande régate annuelle

Références bibliographiques 1. Bouillet T. Apport de l’exercice physique en pratique cancérolo-gique : soins de support, traite-ment, prophylaxie ? Oncologie 2008;10:1-6.

2. Maruti SS, Willett WC, Feskanich D, Rosner B, Colditz GA. A prospec-tive study of age-specific physical activity and premenopaus al breast cancer. J Natl Cancer Inst 2008;100:728-37.

3. Maitre C. De l’importance de l’activité physique dans la préven-tion du cancer du sein. Bull Cancer 2009;96:543-51.

4. Bouillet T, Serin D, Zelek L. Pour une reconnaissance de l’activité physique comme soin de support. Onko Plus 2009;1:29.

5. Holmes MD, Chen WY, Feskanich D et al. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis. JAMA 2005;293:2479-86.

6. Pierce JP, Stefanick ML, Flatt SW et al. Greater survival after breast cancer in physically active women with high vegetable-fruit intake regardless of obesity. J Clin Oncol 2007;25:2345-51.

7. Holick CN, Newcomb PA, Tren-tham-Dietz et al. Physical activity and survival after diagnosis of inva-sive breast cancer. Cancer Epidemiol Biomakers Prev 2008;17:379-86.

8. Irwin ML, Mc Tiernan A, Berns-tein L et al. Relationship of obesity and physical activity with C-peptide, leptin, and insulin-like growth factors in breast cancer survivors. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2005;14:2881-8.

9. Ohira T, Scmitz KH, Ahmed RL, Yee D. Effects of weight training on quality of life in recent breast cancer survivors. The weight Training for Breast cancer Survivors (WTBS) study. Cancer 2006;106:2076-83.

Les dragon ladies de Florence et Reims à la Vogalonga 2010 sur le Grand Canal de Venise.

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MISE AU POINT

qui se déroule en mai à Venise et qui rassemble des milliers de participants. Malheureusement, les condi-tions météorologiques avaient été particulièrement difficiles. Mais, sous l’impulsion de Sylvie Barbe et de la nouvelle présidente, Véronique Morand, le projet a continué et, grâce à une subvention de l’INCa, 2 bateaux (de 20 et 10 places) ont pu être acquis au début de l’année 2010.Le projet de participer de nouveau à la Vogalonga 2010 était donc relancé, et un équipage entier s’est préparé pendant 9 mois afin de pouvoir retourner à Venise le 23 mai 2010.Il faut préciser que ces femmes ne sont pas des athlètes. Certaines n’avaient même jamais pratiqué d’activité sportive. Mais être ensemble, s’encourager, se soutenir, surmonter les peurs et, surtout, briser le tabou de ne plus pouvoir utiliser leur bras opéré, leur a donné une incroyable motivation.La force du groupe, l’engagement et le dépassement de chacune ont eu raison de tous les obstacles. Dans tous les cas, il faut très clairement souligner la néces-sité d’une activité sportive progressive, toujours adaptée à l’âge et à la situation de la patiente traitée, encadrée par un personnel technique compétent (comme Sylvie Pietrzyk, la kinésithérapeute du groupe), avec un échauffement régulier avant chaque séance et une bonne hydratation (14-16).Cette aventure a fait l’objet d’un film-reportage (produit par Sylvie Barbe de la société DOCSIDE) qui a été diffusé lors de l’émission Thalassa du 25 mars 2011 (France 3). "Nous irons à Venise" est donc le récit de cette épopée, de cette régate de 3 heures sur 19 km dans la lagune vénitienne, pour laquelle tant d’efforts ont été nécessaires.C’est aussi le récit d’un voyage en "communauté", avec ses joies, ses peines, ses difficultés, et, surtout, la grande fierté d’avoir réussi un exploit, plein de message d’espoir pour tant d’autres femmes.

Quelques témoignages : la Vogalonga 2010...Venise...Je n'ai pas réalisé tout de suite, reprendre une activité sportive était ma seule préocupation. Ce qui a suivi m'a apporté bien plus que j'en attendais. Je suis allée à la rencontre d'un vrai groupe, nous avons construit un projet, qui est vite devenu un désir commun.J'ai aimé cette envie qui nous habite toutes de ramer ensemble dans la même direction, ce clin d'œil à la vie, quel panache ! J'ai ressenti une fierté que jamais je n'avais éprouvée. C'est tellement plus fort de dire "nous" ! Force et enthousiasme nous ont portées jusqu'en Italie, nous avons représenté la France, pour la première fois. C'était magique ! Participer à la Vogalonga et prouver au monde entier que nous sommes vivantes nous a donné des ailes pour ramer sur la lagune. Mes mots n'étaient que des larmes, que je n'ai pu exprimer qu'à mon retour de Venise."Ensembles pour Elles" me manque quand je passe trop de temps loin de toutes ces femmes qui sont devenues mes amies, et je souhaite à toutes celles qui nous rejoignent de ressentir ce lien, que seule la maladie a eu le pouvoir d'engendrer.

Francine Benessis

Je suis allée à Venise participer à la Vogalonga en 2009 à l'invitation des dragon ladies de Florence. Avec 4 rémoises, nous avons pagayé sur un dragon boat de nos amies de Florence. Avec elles, nous avons affronté les éléments déchaînés. La bora, un vent de nord-est, froid et violent, nous a fait faire demi-tour après 7 km... Mais quel exploit, quelle détermination nous animait ! Quelle fierté pour celles qui s'entraînaient sur le canal de Reims d'avoir participé, pour la première fois, à la Vogalonga dans ces conditions ! Ensuite, lors d'une conférence médicale, Luigia Maggiore (de l'équipe de Florence) nous a demandé de prendre la parole. En conclusion de mon allocution, j'ai promis, au nom de mes amies, que nous reviendrions en 2010 avec un équipage entier de Françaises. Nous avons tenu parole. Quel plaisir de retrouver toutes nos amies italiennes et de participer avec elles à cette Vogalonga 2010 sur une lagune magnifiquement calme et ensoleillée ! Nous avons tenu notre promesse et fait les 18 km de la première boucle sur notre bateau avec un plaisir immense, une belle fierté de toutes et une conviction confirmée.

Christiane Kutten

La Vogalonga : un rêve, mais aussi des doutes, des interrogations. En serions-nous capables malgré nos entraînements ? Et finalement, un soir de mai, nous avons pris le train de nuit, excitées comme des adolescentes. Au petit matin, Venise... Une première pour certaines, une grande émotion pour toutes. Au bord du Grand Canal le rêve prenait forme. Tout au long des 2 jours qui ont précédé la Vogalonga, fébrilité et agitation régnaient parmi nous. Enfin, le dimanche matin, nous nous sommes mises en route vers notre bateau, fières de former une véritable "squadra".À bord, au côté des embarcations de la "Forza rosa", j’ai ressenti la volonté, la force de notre équi-page. Au coup de canon signifiant le départ, j’ai lu tant de choses dans le regard embué de Anne, notre tambour, que j’ai su alors que nous allions réussir.Trois heures durant, au milieu d’une quantité d’embarcations superbes, nous avons pagayé à la force de nos bras, mais aussi avec tout notre cœur. Et, à la fin, quand nous sommes revenues par le Grand Canal sous les applaudissements de la foule, l’émotion était si forte que les larmes ont perlé sur les visages.La Vogalonga, nous l’avions faite ! Une performance physique mais aussi et, surtout, une grande aventure humaine pour 20 femmes si différentes et si proches à la fois.

Odile Brusselles

Ah ! Notre première Vogalonga ! Il y a mille façons de voyager et mille façons de faire l'éloge du voyage. J'ai fait l'expérience d'un déplacement exceptionnel, une expérience riche en émotions, un sacré challenge : ce ne sont pas les kilomètres qui font le voyage, mais l'état d'esprit.Malgré tout, à mon arrivée à Venise, j'éprouvais un mélange d'émotions : colère, joie et cette fatigue qui ne me lâchait pas... mais j'y croyais. La Vogalonga a été comme une sorte d'appel d'air, il fallait la faire coûte que coûte. Pour nous toutes, il y avait l'esprit et le cœur de notre équipage afin que le voyage ne soit pas seulement une façon d'aller d'une ville à l'autre, mais plutôt le bon-heur de rapporter une richesse humaine, sportive et médicale.Sur le Grand Canal, une atmosphère unique, magnifique, l'espoir du possible : nous allions toutes bien. J'ai le souvenir de cette merveilleuse grand-mère sur son balcon qui nous encourageait avec des couvercles de casseroles en guise de cymbales !C'était pour moi comme un ballet de rameuses, une danse, une peinture "vivante" avec une réelle force de complicité entre tous les "dragon boats". Et soudain, la boucle est bouclée, sous des tonnes d'applaudissements : la médaille du 23 mai 2010 est gagnée et bien méritée. Vive la Vogalonga ! Que du positif ! Elle est en nous, cette formidable aventure humaine.

Lydie François

L'équipage français de dragons ladies à Venise (Vogalonga 2010).

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MISE AU POINT

Sur le plan plus spécifiquement clinique, parmi les 20 femmes qui ont participé à la Vogalonga 2010, 9 avaient eu une mastectomie (dont 1 pour récidive) et 11 une chirurgie conservatrice. Deux avaient été traitées pour un carcinome in situ et 18 pour un cancer infiltrant. Les 2 premières femmes n’avaient pas eu de geste axillaire, 2 ont eu un prélèvement du

ganglion sentinelle et les 16 autres un curage (dont 2, bilatéral) avec un taux global de 62 % d’envahissement ganglionnaire ; 14 ont eu une chimiothérapie (78 %), dont 1 pour une rechute viscérale.Actuellement, l’association se développe et compte plus de 40 adhérentes.Les entraînements se font régulièrement le samedi matin et les lundi et mardi soir sur le canal de Reims.Il faut également noter qu’après la Voga-longa 2010, une deuxième conférence grand public a eu lieu à la mairie de Reims le 1er octobre 2010, avec pour sujet "Cancer du sein, sport et nutrition" suivie le lendemain par l’inauguration officielle des nouveaux bateaux financés par l’INCa en présence de Mme Hazan, maire de Reims.

Une troisième conférence organisée par EPE est prévue le 30 septembre prochain, en ouverture d’Octobre rose 2011.Enfin, une douzaine de membres de l’Association s'est rendue les 27 et 28 mai à Florence pour un grand rassemblement d’équipages européens de dragon boats organisé par les "marraines" de la ville de Toscane. ■

Références bibliographiques 10. Sprod LK, Hsieh CC, Hayward R, Schneider CM. Three versus six months of exercise training in breast cancer survivors. Breast Cancer Res Treat 2010;121:413-9.11. Mc Kenzie DC. Abreast in a boat: a race against breast cancer. JAMC 1998;159:376-8.12. Mc Kenzie DC, Kaloa AL. Effect of upper extremity exercise on secondary lymphedema in breast cancer patients: a pilot study. J Clin Oncol 2003;21:423-6.13. Unruh AM, Elvin N. In the eye of the dragon: women’s experience of breast cancer and the occupation of dragon boat racing. Can J Occup Ther 2004;71:138-49.14. Bouil let T. Quelle act i-vité physique ? Respecter les recommandations. Onko Plus 2009;1:25-6.15. Schneider CM, Hsieh CC, Sprod LK et al. Effects of supervised exer-cice training on cardiopulmonary function and fatigue in breast cancer survivors during and after treatment.Cancer 2007;110:918-25.16. Mutrie N, Campbell AM, Whyte F et al. Benefits of supervised group exercise programme for women being treated for early stage breast cancer: pragmatic randomized controlled trial. BMJ 2007;334:517.

L'équipage de dragons ladies de Reims.

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