Blé n°50, mai 2014

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Le 50e numéro du Bulletin de Liaison des Enseignants de l'Essonne, le très fameux « BLÉ 91».

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Interview : Lionel TARLET ...............................................................   p.  4

Le mot du comité de rédaction .......................................................   p.  6

Le trombinoscope du comité de rédaction .....................................   p.  6

Le nom des auteurs   ......................................................................   p.  7

BLÉ 91 l’aventure des débuts.........................................................   p.  7

Le mot à l’humeur  ..........................................................................   p.  9

C’était hier : retour aux origines .....................................................   p.  12som

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Feuilleton : la conjugaison épisode 1  ............................................   p.  17

Évolution au fil du temps   ..............................................................   p.  19

Feuilleton : la conjugaison épisode 2  ............................................   p.  24

Humour  ..........................................................................................   p.  26

Feuilleton : la conjugaison épisode 3 .............................................   p.  29

Encore d’actualité  ..........................................................................   p.  31

Bibliographie ...................................................................................   p.  44

Édito

Vous  ouvrez  le  50e  numéro  du  Bulletin  de  Liaison  des  Ensei-

gnants de notre département, le très fameux « BLÉ ». 

L’acronyme emporte évidemment tous les symboles de la noble 

mission que nous nous efforçons d’accomplir. À l’instar de la cé-

réale primordiale, nous cultivons depuis  toujours à  l’École de  la 

République  la matière et  l’esprit  qui  portent  et  changent  la  vie. 

Nous  transmettons  perpétuellement  nos  savoirs  avec  l’espoir 

qu’ils constituent la nourriture universelle des citoyens en devenir. 

Nous œuvrons sans relâche à ce que l’instruction et l’éducation 

ainsi délivrées permettent à nos élèves de s’affranchir de tout dé-

terminisme et de maîtriser à leur tour leur destin, sans dépendre 

d’aucun  contexte  aliénant  comme  celui  de  nos  ancêtres  avant 

que le néolithique n’apporte le blé.

Les rédacteurs de cette belle revue pédagogique ont voulu faire 

de ce numéro anniversaire un florilège.  Il n’est, en effet, jamais 

vain de  regarder  les origines et  le parcours effectué, sans bien 

sûr oublier de sourire à l’occasion. Ainsi, l’humour côtoie heureu-

sement la réflexion dans les pages que vous tournerez, je le sou-

haite, avec un grand plaisir.

Ce que vous  ressentirez au gré de votre  lecture, c’est  l’envie 

de faire classe. Faire classe n’est pas faire cours. C’est le projet 

singulier de l’École primaire, dont l’actualité n’a jamais été aussi 

grande, à  l’heure urgente où  il  nous  faut  repenser  l’égalité des 

chances,  la  différenciation  pédagogique,  l’apprentissage  par 

compétences,  la  parfaite  intégration  de  chacune  et  de  chacun, 

dans un temps et à un rythme repensés. 

« BLÉ » représente une aventure désormais rare, puisque les 

revues de sa nature et de sa qualité, réalisées avec les moyens 

du bord, ne sont pas légion. C’est pourquoi, heureux et fier de son 

existence, je la soutiens et  l’encourage, remerciant sincèrement 

ses contributeurs passionnés, qui offrent précieusement de  leur 

temps pour partager leur plaisir d’apprendre.

Lionel TARLETDirecteur académique des services

de l’Éducation nationale de l’EssonneInspecteur d’académie

Mai 2014

Le Numéro 50 : un best of des 49 numéros précédents

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page 4 BLÉ 91 N° 50 * Mai 2014 * DSDEN Essonne

INTERVIEW

Monsieur l’inspecteur d’acadé-mie, pourriez-vous vous présen-ter aux enseignants du départe-ment ?

J’arrive dans le département de l’Es-sonne après avoir exercé les mêmes fonctions en Corse du Sud et dans  l’Ain. Auparavant, j’avais  enseigné  l’histoire et  la géographie, de la si-xième  à  l’enseignement supérieur, formé en IUFM, inspecté,  coordonné  des manuels  scolaires,  dirigé un  établissement  et  un CRDP.  J’ai  ainsi  exercé plusieurs  métiers  dans  le système  éducatif,  mais jamais  dans  le  premier degré, dont j’ai longtemps méconnu  les  richesses. Le  premier  degré,  c’est un  environnement  remar-quable  où  l’on  travaille par  compétences  depuis longtemps. J’y ai retrouvé le  sens  de  la  transversa-lité  que  j’avais  éprouvé auprès  de mes  collègues d’EPS grâce auxquels, il y a  30  ans  dans  le  secteur des  Minguettes,  la  péda-gogie  pouvait  survivre. La  réflexion  sur  le  socle commun  conduit  mainte-nant  les  deux  degrés  à l’enseignement  par  com-pétences et c’est une très bonne chose.

Pourriez-vous vous définir à l’aide de trois adjectifs ?

C’est  aussi  difficile  que  présomp-tueux.  Un  seul  épithète  me  vient  à l’idée, qui résume ce que je m’efforce d’être : « républicain ». C’est évidem-ment  très  général,  mais  dans  notre contexte, cela a du sens car  l’École et la République ne font qu’un. C’est l’instruction qui permet à tout citoyen 

En octobre 2013, Lionel Tarlet a succédé à Marie-Hélène Leloup dans les fonctions d’inspecteur d’acadé-mie, directeur académique des services de l’Éducation nationale du département de l’Essonne. Il a bien voulu se prêter à l’exercice rituel de l’interview de BLÉ 91.

d’exercer sa part de souveraineté, de sortir de sa condition individuelle pour participer au destin d’une nation. En outre, notre vieille République est as-sez bousculée par la crise. Nous tra-versons une crise économique et so-ciale, morale, qui  fait  chanceler nos 

valeurs. Les inégalités sociales sont malheureusement  de  plus  en  plus prégnantes  et  l’École  doit  satisfaire plus  que  jamais  à  l’exigence  parti-culière  du  devoir  républicain  d’éga-lité. Enfin, depuis que la République existe, on n’a jamais cessé d’osciller entre Jacobinisme et Girondisme, et je  trouve  que  c’est  là  un  enjeu  très actuel  du  système  éducatif.  Il  s’agit bien, en effet, de toujours conjuguer l’unité et l’indivisibilité avec la singu-larité des individus et des situations, 

garantir  l’égalité  des  chances  pour tous  et  agir  parallèlement  dans  les territoires en valorisant  les spécifici-tés locales, sans lesquelles il est vain de vouloir faire évoluer les choses.

Quelles sont les spécificités de ce département par rapport à votre précédente expé-rience ?

C’est  un  département qui  ressemble  à  bien  des égards  à  celui  dans  lequel j’exerçais  précédemment, où  tous  les  indicateurs de  réussite  des  élèves  se maintenaient  au-delà  de la  moyenne  avec  des  res-sources inférieures à elle en nombre.  On  avait  coutume de dire que ce département tirait l’académie vers le haut. De  manière  comparable, avec  et  malgré  des  condi-tions sociologiques souvent difficiles,  une  attractivité globalement  faible pour  les enseignants et des moyens contraints,  l’Essonne  ob-tient des résultats aux exa-mens parmi les meilleurs, et qui  progressent.  Le  dépar-tement  connaît,  en  outre, une  très  forte  croissance démographique,  dont  l’ac-compagnement  représente un challenge stimulant.

Comment la loi d’orientation et de programmation pour la refon-dation de l’École se met-elle en place sur notre territoire ? Quelles sont les avancées et quels sont les freins ?

Je  crois  que  le  département  de  l’Essonne est,  là encore, assez ver-tueux, sinon exemplaire.  Il consacre d’importants  moyens  aux  priorités nationales et sa ligne est ambitieuse. Par  exemple,  17%  des  écoliers  bé-

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néficient des nouveaux  rythmes de-puis septembre. À ce jour, les projets sont prêts pour 45 % de plus à la pro-chaine rentrée. Et nous progressons tous  les  jours.  Nous  pouvons  nous réjouir des efforts conjoints  faits par l’ensemble des acteurs.Nous avons par ailleurs affecté 22 maîtres  supplémentaires  dans  les écoles  au  contexte  difficile,  et  18 postes ont été réservés pour la sco-larisation  des  enfants  de  moins  de trois ans, soit au total le tiers de nos moyens de  l’année 2013 au service des  objectifs  prioritaires  pour  le  pri-maire. C’est considérable. En éduca-tion  prioritaire,  nous  allons  bâtir  les projets des nouveaux « REP+ ». La centaine  de  réseaux  préfigurateurs au  plan  national  se  traduira  dans l’immédiat par deux réseaux dans le département de  l’Essonne. Les pro-jets de réseau seront construits sur la base d’un référentiel résolument pé-dagogique. La liaison inter-degrés se verra,  là  comme  ailleurs,  renforcée. Pour ce qui est de la mise en œuvre de  la  loi  de  refondation  de  l’École, nous sommes donc plutôt bien partis. 

Quel regard portez-vous sur la difficulté scolaire dans notre dé-partement ? Quelles sont les perspectives ?

Le traitement de la difficulté scolaire devra conduire à l’évolution des pra-tiques pédagogiques. Il faut admettre que  l’École peut nourrir ses propres facteurs  d’exclusion  ou  de  décro-chage.  L’évaluation  exclusivement sommative  peut  être  vécue,  on  le sait  bien,  comme  une  sanction  qui contribue  à  la  stigmatisation  et,  in fine, à l’exclusion. On a, par ailleurs, longtemps manqué de détermination dans  la prise en compte des handi-caps de  toute nature, des situations de  harcèlement,  des  inégalités  in-sidieuses entre  filles et  garçons.  La difficulté  scolaire  provient  en  partie de ces facteurs endogènes qu’il faut réduire. C’est évidemment un objectif de  la  refondation.  Il  faut  aujourd’hui s’interroger  sur  nos  pratiques.  Pre-nons,  par  exemple,  l’enseignement de  la  langue.  À  quoi  sert  une  lan-gue ? A-t-on suffisamment formé les enseignants à  l’apprentissage d’une  langue dans  toutes ses utilités  (lan-gue outil, langue objet, etc.) ? La lan-gue  est  un  outil  de  communication, mais aussi un  formidable moyen de rêver, de se représenter le monde, de créer... C’est sa maîtrise qui inhibe le réflexe de  la violence physique. Nul ne peut négliger ces enjeux dans sa pratique professionnelle.Prenons  encore  l’intégration  des élèves  à  besoins  éducatifs  particu-liers (allophones, enfants porteurs de handicap,  enfants  à  haut  potentiel, 

etc.). Comment inclut-on ? Nous avons  pour  obligation  de  ne  ja-mais  laisser  le moindre élève à part. Or nous avons laissé pros-pérer,  même  en  croyant  bien faire,  des  «  développements à  part  ».  Certes,  plusieurs  ba-tailles ont été gagnées, comme le  décloisonnement  des  CLA, 

par exemple, mais il reste tellement  de  disposi-

tifs  fermés... Le  traitement de  la dif-ficulté  scolaire,  c’est  l’abattage  des cloisons. Or, tous les dispositifs alter-natifs, transitoires ou de remédiation, toutes  les  passerelles  comportent le  risque  intrinsèque  de  l’isolement. C’est pourquoi il  faut mettre l’accent sur  la co-intervention,  la préparation soigneuse du retour en classe, le sui-vi de la réintégration, l’élaboration du désétayage autant que de l’étayage. Le traitement de la difficulté scolaire réside dans ces précautions. D’une manière  générale,  le  dépar-tement  de  l’Essonne  a  d’excellents indicateurs de réussite aux examens et  de  fluidité des parcours, mais de mauvais en matière d’exclusion (ex-clusions  temporaires ou définitives). Le système éducatif a deux plaies, le redoublement et l’exclusion, qui sont deux facteurs de décrochage. Il faut les refermer.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux enseignants du dé-partement ?

Tout  d’abord,  les  remercier.  Le mé-tier  est  difficile  mais,  sans  aucune démagogie,  je  réaffirme  que  notre métier  est  l’un  des  plus  beaux.  En second  lieu,  je  souhaite  rendre  les enseignants fiers de la responsabilité qu’ils portent. En effet, chaque ensei-gnant transforme des vies et c’est un lourd pouvoir. Je voudrais enfin déli-vrer un message de courage. Encou-rager tous les professeurs à œuvrer dans le même sens et dans un esprit d’équipe.  Notre  métier  n’a  de  sens que  parce  qu’il  permet  de  produire de l’intelligence collective. Parmi  les maîtres, s’établit depuis toujours une relation  d’ordre  familial,  un  sens  de l’accueil des élèves, mais aussi des collègues.  Les  très  nombreux  en-trants  dans  le métier  vont  avoir  be-soin de notre générosité. Ce qui fait la force de l’École de la République, c’est  l’accompagnement  par  les pairs. Plus que jamais, cette chaleur et cet esprit sont nécessaires.

Propos recueillis par Martine LAGEAT-FABRE, IEN à Brétigny-sur-Orge

Marie-José VALDENAIRE , IEN à Évry

Dominique VILLERS, IEN à Ris-Orangis

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À  l’occasion  du  50e  numéro  de  la revue  pédagogique  départementale BLÉ 91, nous remercions les lecteurs fidèles  et  les  auteurs  d’articles  que certains d’entre vous ont été, sont et seront. Nous devons  la qualité  des  contri-butions  à  l’ensemble  des  auteurs, principalement  des  enseignants  de l’Essonne.Dès le premier numéro en mai 1992, notre revue a privilégié une ligne édi-toriale favorisant les articles de fond, l’accompagnement  des  axes  institu-tionnels et le témoignage de pratiques pédagogiques  efficientes  voire  inno-vantes.  Nous  nous  efforçons  de  ré-pondre aux besoins des enseignants pour leur permettre de s’essayer à de nouvelles  pratiques,  enrichir  leur  ré-flexion afin de favoriser la réussite de chacun des élèves. Au cours de ces années, le flambeau a toujours été re-pris et a permis une continuité et une cohérence dans le temps. Nous avons ambitionné de vous of-frir des réflexions de spécialistes, en relation avec  les sujets du moment. Par ailleurs, des dossiers, des numé-ros spéciaux ont permis d’approfon-dir des thématiques professionnelles d’actualité. Nous  avons  toujours  souhaité  dif-fuser la revue en format papier pour en favoriser un accès direct, véritable outil consultable dans les salles des maîtres.  Depuis  quelques  années, en  parallèle  à  sa  diffusion  dans  les écoles,  nous  avons  suivi  l’évolu-tion  technologique  en  proposant de mettre  notre  revue  en  ligne,  sur le site de  la DSDEN, pour une plus large diffusion.En  espérant  que  vous  nous  reste-rez fidèles ! Bonne lecture de ce best of des 49 numéros précédents et  longue vie à  BLÉ 91. 

LE MoT du coMITÉ dE

RÉdacTIoN

B LÉ 91  n’est pas un épi…phénomène

Martine LAGEAT-FABRE

Ze master chief

Annick VINOTLa meneuse de la revue

Thierry BOUR Le provocateur

Bernard CALVETLes yeux de l’ASH

Sylviane CHAULEYLa chasseuse de faute

Didier DAMETTUIC à toute heure

Jacky DELARGELe roi du jeu de mots

Carole FARIALa metteuse en page

Patrice GOURDETLe croqueur à la plume

Nathalie GALLETLa chasseuse d’images

Michèle PELLOUXLa mémoire de la revue

Nadine PETITL’inspectrice correctrice

Bénédicte RAGUELa traqueuse de virgules

Danielle RODAMO5, dite La pionnière

Michel ROMAGGIL’œil du spécialisé

Joëlle SIGUIERMax en syntaxe

Joëlle THEBAULTL’incisive

Dominique VILLERSLa chasseuse de tête

LE TRoMBINoScoPE du coMITÉ dE RÉdacTIoN

Ils ont orchestré ce numéro de BLÉ 91, ils figurent dans l’ours. Vous avez dit « ours » ? Au fait, l’ours, c’est ... ? Ah oui ! « un encadré où doivent figurer, dans un journal ou une revue, la liste des collabora-

teurs et les mentions légales. » Merci le Petit Robert, précieux collabo-rateur !Des noms, donc, oui mais encore ?

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LE NoM dES auTEuRS

C laire  Boniface,  IEN,  jadis à  Palaiseau,  aujourd’hui  à la Goutte  d’Or  à  Paris,  fut 

rédactrice en chef de l’origine de BLÉ 91 en 1992 jusqu’à 2000. À  l’occasion  de  ce  50e  numéro, elle se souvient…

C’était l’année 1992, il y a 22 ans… : qu’est-ce  qui  avait  pris  au  regretté Michel  Le  Bouffant,  alors  inspecteur adjoint à  l’inspecteur d’académie, de me confier le projet d’une publication départementale…Pendant 8 ans,  j’ai donc été rédac-trice en chef de ce qui fut d’abord une feuille  de  chou  ;  nous  avons  com-mencé dans l’ombre, dans la clandes-tinité  presque,  avec  une  publication quasi  underground…  Petit  à  petit, BLÉ 91 a fait son trou, a suivi son petit bonhomme de chemin, avec, dès l’ori-gine, un comité de rédaction sans qui rien ne peut se faire.

Les acteursPour mener à chaque fois à bien, et de mieux en mieux en ce qui concerne la maquette,  les  29  numéros,  numéros thématiques,  numéro  hors  série,  les « digest »  (nous appelions ainsi une sélection  d’articles  que  nous  réunis-sions  à  chaque  rentrée  à  l’intention des nouveaux enseignants du dépar-tement), les index publiés, les supplé-ments « Lire en fête », les enquêtes y compris de satisfaction, il y avait dans la coulisse pour la mise en page – l’ef-ficacité personnifiée – Danielle Roda : je  vois  qu’elle  figure  toujours  dans l’ours de BLÉ 91.Nous avons eu des passants d’une saison telle Annie Sevestre, et d’autres d’ailleurs devenus inspecteurs : Jean-François  Vincent,  François  Chevale-rias,  Pierre-François  Gachet,  Chris-tophe  de  Montmollin…  Quand  j’ai passé  le  relais,  parmi  notre  équipe permanente depuis belle lurette, nous avions  Pierre  Thévenin,  Élisabeth Bintz,  Geneviève  Ranc,  Laurence Frouin, Michelle Pelloux –  toujours à ce jour dans le comité de rédaction ! –, Carole Tisset et Murielle Hodeau, qui toutes deux représentaient bravement 

BLÉ 91 L’aVENTuRE dES dÉBuTS

Myriam Abitbol, Bruno Adam, Évelyne Aguilée, Bruno Aguilée, Béatrice Ajchenbaum-Boffety, Dominique Agius, Christophe  Alamargot,  Laurence  Albert,  Pierre Aldeguer,  Danièle  Alleman,  Jacques  Anquez,  Pierre  Arlie, Daniel Armengaud, Laurent Arnould, Yann Arthus-Bertrand, Jean-Pierre Astolfi, Catherine Aurerin, Valérie Babel, Jean-Pierre Baratault, Jean-Louis Barbier, Liliane Baron, Britt-Mari Barth, Jean-Claude Baty, Michel Baudoin, Georges Beaufort, Marie Beaupère, Daniel Becchio, Armelle Bellego, Jean Benézech, Jacqueline Bénichou, Jaya Benoit, Dominique Bense, Alain Bentolila, Anne Berchon, Michèle Berichvili, Anne Bertottto, Jacques Billard, Christine  Binant,  Élisabeth Bintz,  Bernard  Biz,  Jacqueline  Bizet,  Jacques  Blin,  Marie-Françoise  Blondel, Christiane  Bocian,  Serge  Boimare,  Véronique  Boiron,  Philippe  Boisseau,  Alain  Boissinot,  Claire Boniface, Clairelise Bonnet, Nadine Bonnot, Hugues Borel, Jocelyne Borne, Jacques Bosc, Maryse Botalla Battistina, Nancy Bouchard, Françoise Bouchon, Karim Boudjemaa, Antranig Boughourlian, Jean-Pierre Boulanger, Thierry Bour, Jean-Daniel Bourget, Marie-José Bournelle, Marie Boutin, Dominique Bouvet, Julie Boux, Lydia Bretos, Rémi Brissiaud, Éric Bureau, Max Butlen, Annick Buyens, Christine Cabot, Michel Caillard, Bernard Calvet, Christine Canonne, Lucien Carbuccia,  Christophe  Cassagnade,  Sylvie  Castelbou, Mado Cauvas,  Catherine  Chabrun, Madeleine Chaize, Isabelle Chanoit, Charaudeau M., Pierre Charbonnel, Sophie Charbonnel, Jean-Louis Charleux, Évelyne  Charmeux,  Roland  Charnay,  Georges  Charpak,  Monique  Charrier,  Nadine Chassang,  François Chaufour,  Sylviane Chauley,  François Chevalérias,  Hélène  Chouraki,  Roger Chudeau,  Maryse  Clary, Françoise  Clerc,  Anne Cluzel-Martin,  Danièle  Cogis,  Albert  Cohen,  Catherine  Combalier  Combaz,  Pascal Communeau, Céline Conaté, Christian Constancien, Colette Cordelier, Marc Corfdir, Marianne Cosnier, Audrey Coste, Pascal Cotentin, Jean-Yves Cotty, Sylvie Daeninck, Sandrine Daerden-Boissel, Didier Damet, Carole Damet,  Valérie  Dargès,  Alexandra  Darnet,  Delphine  Darvenne,  Jacques  David,  Marie-Alix  Defrance, Martine Degorce-Dumas, Pascal Dejoux, Jacky Delarge, Isabelle Del Bianco, Rolande Delord-Lassus, Claudine Delsart, Michel Denjean, Michel Desbruyères, Nicole Desgroppes, Jean-Claude Desruisseaux, Jean-Sébastien Detrait, Agnès  Dobigny,  Jean-François  Donati,  Jocelyne  Douchin,  Ladji  Doucouré,  Guy  Drouhard, Marie-Laure Ducauroy, Anne Duceux, Patrice Ducrou, Marianne Dudouyt, Martine Dufour, René Dunoyer, Philippe Dupin, Denis Dupoy, Sylvie Durand, Laurent Durbec, Charlotte Dureau, Philippe Dureau, Daniel Duval, Bruno Egron, Sylvia Elie-Auzé, Dominique Ernault, Sandrine Espinasse, Dominique Esteve, Claire Evrat, Dominique Exposito, Denise  Faby,  Céline  Failler,  Catherine  Falvert, Carole Faria,  Gérard  Faure,  Catherine  Fauvel,  Daniel  Favre, Jacqueline  Favry,  José  Feron  Romano, Anne-Marie  Ferrand,  Laurent  Fichet, Anne  Flamant,  Martine  Fontana,  Catherine  Foucault,  Claude Fouché,  Jean-Claude  Fournier,  Jean-Luc  France,  Jacqueline  Frédéric,  Armand Frémont, Didier Fritz, Laurence Frouin, Pierre-François Gachet, Thierry Gaillard, Nathalie Gallet, Isabelle Gasnault, Nicole Gaudelet, Françoise Gaussin, Patrice Gauvain,  Isabelle Gay, Didier Gazay, Jean-Michel Gélis,  Claude  Gendron,  Murielle  Genthon,  Christiane  Gérard,  Emmanuel  Gérard,  Charles  Gerbaud,  Françoise Germa,  Jean-François Gey,  Daniel  Giganon,  Michelle  Gilbert,  Anne-Marie  Gille,  Hélène  Ginestar,  Sandrine Giraud, Delphine Giroux, Catherine Giuliani-Egron, Kristel Godefroy, Béatrix Goeneutte,  Joëlle Gohier, Bernard Gondouin,  Chantal  Gortais,  Bruno  Gounel,  Patrice Gourdet,  Laurent  Gourmandie,  Marie-France  Guettier, Martine Gueudré, Guy Guézille, JacK Guichard, Marie-Claude Guiraudie, Mme Guyard, Jean-Paul Guyonnaud, Claudine Hacquard, Joëlle Haize, Éric Hamon, Claire Héber-Suffrin, Jean Hébrard, Marie-Christine Hébrard, Annick Hecquet,  Jérôme Helbling, Anne Helias, Catherine Hernandez,  Isabelle Hernandez, Murielle Hodeau, Owen Hodges,  Joseph Honoré, Sylvie Huet, Alain Humbert,  Frédérique Huot-Jeanmaire, Marima Hvass-Faivre D’arcier, Brigitte Hyon, Christiane Inayetian, Nathalie Iram, Mouloud Irbah, Valérie Isola, Claude Jacquet, Jean-Pierre Jaffré, Laurence Janot, Colette Jean-Baptiste, Sandrine Jengie, Patrick Joole, Marie-Ange Jourdan, Philipe Joutard, Janine Juille, Catherine Jullien, Odile Klinger, Jacqueline Krien, Corinne Krouck, Marion Krumula, Pauline Laborde,  Charlotte  Lacombe-Fulcrand,  Brigitte  Lacoste,  Michelle  Lagarde, Martine Lageat,  Gérard  Lamesa, Gabriel  Langouët,  Marie-Laure  Laprade,  Pierre  Largy,  Valérie  Larose,  Marie-Christine  Laroulandie,  Franck  Larrouze, Rafaèle Lartigou, Sabine Laschkar Le Goas, Jean-Louis Latterner, Céline Launay, Catherine Lauzel, Marie Lavaud, Michel Le Bouffant,  Catherine  Lebret,  Christian  Lebrun,  Jean  Le  Cleac’h,  Maryse  Lecué, Clotilde Ledoux, Thomas Lefèvre, Marie-France Legal, Julien Lehugeur, Agnès Lejeune, Marie-Hélène Leloup, Hélène  Leloup,  Chantal  Lemaitre,  Yannick  Le  Mentec,  Pierre  Lemer,  Pierre  Lena,  Liliane  Le  Pesant,  Patricia  Lerosier, François Le Scouarnec, Claudine Leu, Olivia Leurent, Jacques Lévine, Béatrice L’Huillier, Roxane Liber, Annie Lombard, Brigitte Lonchampt, Jean-Yves Longchampt, Rémi Loubeau, Renée Louis, Maria Lourenço, Marie-Pierre Luce, Marie-Pierre Luigi, Bernard Maccario, Régis Mahé, Sylvie Maillard, Joël Maireau, Patrick Malatray, Myriam Mandis-Besançon, Sophie Marchais,  Luc Marquet, Monique Marteau  , Dominique Martin, Bernard Martin, Jean-François Maugé, Michèle Maujoin, Sylvie Maurel, Christian Mazurier, Françoise Menye- Bella, Irène Mercuzot, Philippe Meirieu, Michèle Mermet, Martine Meskel-Cresta, Lionnel Meunier, Valérie Mhamdi-Le-Put, Josiane Michard, Bernadette Michelon, Fabienne Michon, Anne-Laure De Milleville, Françoise Mione, Aline Mirande, Philippe Mittet, Michel Moine, Mireille Molina, Annie Montaux, Christophe de Montmollin, Françoise Monvert, Anne Moreau, Patrick Morisi, Sandrine Morsillo, Anne Morvan, Marie-Christine Motchoulsky, Francis Mougues, Isabelle Murat, Pierre Mutz, Suzanne Nadot, Frédéric Naël, Carole Narteau, Michelle Nédélec, Frédéric Nigaud, Marie-Noëlle Noury,  Jean-Pierre Obin,  Sylvie Oliveira,  Valérie  de Oliveira, Jasmine Orsetti, Hélène Ouanas, Hélène Pacchioni, Claire Palud, Fabienne Parbaile, Marie-Françoise Pardillos, Georges Paret, Florence Pâris, Marie-Hélène Parmantier, Michel Paugam, Nathalie Pautré, Isabelle Peigne, Michelle Pelloux, Véronique  Pelsy,  Jean-Claude Penchelat,  André  de  Peretti,  Maryvonne  Perez,  Philippe  Perrenoud,  Janine Perret, Myriam Perrot, François Petit, Nadine Petit, Jean-Charles Pettier, Anne Peuchamiel, Jean-Pierre Picard, Sylvie Piedfer, Agnès Piernikarch, Brigitte Piernot,  Isabelle Pierrepont, Gilbert Pietryk, Yohann Pignon, Evelyne  Pillet, Marcel Pineau, Graziella Pinier, Jean-François Pinon-David, Martine Piriot, Françoise Pisseloup, Natacha Pociecka, Dominique Poco, Pierre Polivka, Marie-Pierre Pomarès, Maurice-Claude Ponsard, Jean-Michel Popot, Michel de Pooter, Vincent Poupeau, Brigitte Prêcheur, Caroline Prunet, Karine Pucelle-Gastal, Serge Puechberty,  Catherine  Pugel,  Gabrielle  Py,  Maryse  Pyzalski,  Odile Quemener,  Alain  Quesnot,  Michel  Rabaud,  Denise Racouillat, Bénédicte Rague,  Dominique Ramond, Geneviève Ranc,  Jacques Rateau, Marianne Remacle, Dominique Rémy, Véronique Ricci, Brigitte Riera, Dominique Rimbert, Jacotte Rivière Laverlat, Marie-Claude Roca, Danielle Roda, Michel Rommaggi, Josiane Rostagni, Myriam Roudier, Sandrine Rouillard, Jean Rouillier, Philippe  Roux,  Fabienne  Saboya,  Thierry  Sahuc,  Thierry Sahuc,  Édith  Saltiel,  Nobert  Santin,  Marcelle Sporiti,  Jean-Pierre  Sarmant,  Nadine  Saszczak,  Joëlle  Sarre,  Elodie  Saura, Claude Sauveton, Anne-Marie Saysithideth, Denise Schröpfer, Véronique Schutz, Sophie Schvalberg, Véronique Scotto-Metrich, Stéphanie Sémo, ColetteSenon, Annie Sevestre, Corinne Shamsnejad, Isabelle Signoret, Joëlle Siguier-Lecoq, Dominique Siquès,  Pascal  Sirieix, Marie-Claude  Sohen, Christian Sueur,  Christine  Surmont, Alexis  Tarassenko, Marie-Louise Testenoire, Joëlle Thébault, Pierre Thevenin, Bernadette Thomas, Marie-Claude Thomas, Carole Tisset,  Michel  Tozzi,  Daniel  Tramoni,  Ginette  Tramoni,  Frédérique  Trasancos,  Élisabeth Trésallet,  Thierry Troncin, Cécile Truan, Adela Turin, Eva Unterlass, Jacques Vacossin, Marie-José Valdenaire, Marina Valentin, Jacques Vallois, Marc Van Erkelens, Jean-Jacques Vanwinsberghe, Isabelle Varnat, Françoise Vaucanson, Sylvie Vaucoret,  Stépanie  Vavril, Gérard  de Vecchi,  France Venon, Anne Vignau, Marguerite  Vigne, Catherine  Vilaro, Dominique Villers, Jean-François Vincent,  Évelyne  Vincent, Annick Vinot, Aurélie Walensa, Christian Wassenberg, Marie-France Winghardt, Marc Zanoni, Françoise Zurbach

Ils sont 497... Écrivains de tous poils, ils prirent leur plume un jour ou l’autre pour contribuer au grand œuvre de BLÉ 91. Parmi eux  cer-tains, au fil du temps, se mirent au vert dans le comité de rédaction.

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l’IUFM1  qui  ne  nous  a  pas  unanime-ment portés dans son cœur. Rolande Delord,  directrice  d’école  d’applica-tion,  fut  de  la  première  heure,  entre la formation et la vie au quotidien des classes – ce qui constituait justement nos obsessions : être au plus près de la vie des classes et des préoccupa-tions  des  enseignants,  mais  aussi éclairer,  enrichir  si  ce  n’est  former  – ambitieuse  perspective  que BLÉ  91 n’osait pas viser. Invisible, mais  essentielle,  Sylviane Chauley, jonglant avec ses nombreux dictionnaires,  épluchait  avec  rigueur tous nos articles, épinglant les impro-priétés,  les mots absents du diction-naire,  les  phrases  bancales  et  don-nant à l’ensemble de notre publication une noble correction. Elle est toujours dans l’ours, quelle fidélité !

Le contenuD’autres  départements  ont  fini  par envier cette publication et je suis sûre que c’est toujours le cas : en tout cas, moi qui reçois toujours BLÉ 91 à Paris où il n’y a rien de comparable, je reste envieuse, découvrant toujours des ré-flexions, des pratiques, que j’ai plaisir à partager.Au fil des numéros, il faut solliciter… réécrire…  couper…  refuser…  relan-cer…  lancer  des  thèmes…  repérer des  enseignants  géniaux…  trouver une énième personnalité à interviewer et  faire  en  sorte  qu’aucune  star  ne nous échappe. Je  pense  à  tous  nos  contributeurs, nombreux, divers, de l’universitaire au débutant  sortant  d’IUFM,  qui  ont  ap-porté  leur  éclairage,  leur  expérience, leurs convictions. Le département de l’Essonne fourmille de réussites, d’ini-tiatives : il s’agissait, il s’agit toujours, de les faire connaître, non sans fierté.Outre  le  plaisir  de  l’artisanat  – concocter un numéro comme un plat, comme un meuble – nous espérions encourager  certains  enseignants,  en titiller d’autres se disant : « Tiens, mais si  j’essayais  ». Des  formateurs  nous ont photocopiés à  tour de bras  :  tant mieux ! En fin de compte, des élèves bénéficiaient peut-être de BLÉ 91…Mémorables  restent  les  réactions à un dossier  sur  les manuels de CP en 1998 : à la suite d’une enquête ex-haustive – et pas un des 817 CP du département n’y avait échappé – nous avions élaboré et publié une analyse sans langue de bois sur  les manuels 

utilisés dans l’Essonne : nous eûmes droit à des invectives ratusiennes, à des manifs gafiennes... Annick Vinot, l’une des recrues d’alors du comité de rédaction et aujourd’hui cheville ouvrière du BLÉ 91 actuel, et qui avait  fait ses preuves dans cet ancien numéro,  se  souvient qu’en  tant que co-auteur de ce dossier malfaisant, elle avait échappé de peu à un guet-apens fomenté par une adepte de Daniel et Valérie. Je n’ai rien dit de Blaise, qui a été un plus dans la vie de BLÉ 91, quand l’AIS2 n’était pas encore l’ASH3 : Jean-François Gey, directeur d’IMPRO, avec un sup-plément spécialisé glissé au centre du numéro, ouvrait une fenêtre sur cet uni-vers avec une petite équipe de rédaction.Tous  ceux  qui  m’accompagnaient  dans  cette  modeste  aventure  éditoriale jouaient le jeu d’un certain ton qui était celui de BLÉ 91 qu’on nous reprochait de perdre, ou au contraire auquel l’on reprochait d’aller trop loin quand l’humour blesse. Les titres ne mâchaient pas leurs mots : « On note à la maternelle ! », « 10 conseils pour faire sombrer une BCD4 », « Le mot d’équipe a-t-il un sens ? »… Je vois qu’il est devenu maître de conférences et  toujours dans  le comité de rédaction  :  Patrice  Gourdet nous  a  apporté  ses  dessins et  son  impertinence  dès  le numéro  1  ;  la  collection  de ses  dessins mériterait  d’être réunie, quel  talent  !  J’en sé-lectionne un qui est vraiment délicieusement  horrible,  da-tant de 20 ans (ci contre).L’exigence  nous  amenait aussi à nous censurer et moi-même j’en fis les frais : j’avais proposé au comité de rédac-tion  un  article  sous  forme d’une saynète qui mettait en scène  deux  enseignants  se rencontrant  au  centre  commercial  des  Trois  Radis,  Monsieur  Tout-Feu-Tout-Flamme et Monsieur Plan-Plan qui avait un CE2 depuis 25 ans ; mes collègues du comité de rédaction m’ont dit que j’exagérais vraiment. J’ai ressayé plusieurs fois de placer mes trois radis, mais ce fut en vain. J’ai retrouvé le texte que je trouve toujours d’actualité…Tout en étant des représentants de l’institution, nous tenions à fuir le jargon, les discours qui impressionnent à peu de frais, les termes qui en mettent plein la vue pour masquer parfois le creux des pratiques proposées. Mais avouons que parfois des articles prenant la tête nous ont aussi nourri la cervelle. Nous faisions un sort à une expression, telle un vœu pieu, que nous fuyions comme la peste : « l’élève acteur de ses apprentissages ». Nous menions comme Don Quichotte des combats contre les moulins à vent : par exemple les groupes de couleur à la maternelle…Je parlais de stars : nous tendîmes notre micro aussi bien à Philippe Meirieu qu’à Georges Charpak. Ces interviews donnaient l’occasion de rencontres va-riées : je me vois encore dans l’appartement d’André de Peretti, dialoguant avec Jean Hébrard qui prenait l’avion pour la Guyane dont il était l’inspecteur général correspondant,  dans  le  bureau  du  recteur  Frémont  après  avoir montré  patte blanche à l’appariteur, ou encore avec Britt-Mari Barth à l’Institut catholique à Paris…Quand je suis partie, j’ai craint que personne ne prenne le relais : c’est en ef-fet beaucoup de travail… Aussi, avoir vu régulièrement paraître depuis que j’ai passé la main 23 numéros avec celui-ci, au contenu toujours renouvelé, c’est un très très grand plaisir. Longue vie à BLÉ 91 !

Claire BONIFACE,IEN à La Goutte d’Or, Paris

1   Institut universitaire de formation des maîtres.2.  Adaptation et intégration scolaire.3.   Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés.4.   Bibliothèque centre documentaire.  

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BLÉ 91 naquit en 1992, porteur d’une discrète mais terrible tare congénitale : la mohalumeurite. Dès le numéro 1, en effet, on put voir dans ses colonnes une étrange rubrique communément nommée « Le mot à l’humeur ». Ni sérieux, ni pédagogique, ni utile en apparence, cette sorte de virus qui touche 

parfois le Blé de semis spontané a la faculté de muter à chaque récolte. Cette chronique allumeuse parvint à se maintenir dans votre bulletin jusqu’en 1994. Après quoi elle disparut vers d’autres cieux où elle continua à répandre sa contagion.BLÉ 91 aujourd’hui délivré de  la pesante disgrâce qui greva ses premières années, voici dévoilées pour vous, en exclusivité, quelques vérités au sujet du Mot à l’humeur, cet article extra-terrestre.

François CHEVALÉRIAS, 2014

LE MoT À L’HuMEuR

Du poil à gratter dans les premiers numéros de BLÉ 91 !

Sérieux ? Pas sérieux ?

Ce bulletin est-il vraiment sérieux ? Oui bien sûr !

Cette rubrique l’est-elle autant ? Oui, bien sûr, si l’on veut bien admettre qu’il n’est pas sérieux du tout de ne faire que dans le grand sérieux qui fait pousser les rides au front.Ça me rappelle d’ailleurs ces instituteurs qui défilaient à Paris, il y a déjà de cela quelques mois, clamant 

« JOSPAIN DU BLE ». C’est clair, à voir leurs mines, c’était du sérieux pour eux, mais le plus classe de l’affaire c’est qu’ils avaient su glisser un subtil sourire sur leurs calicots.Bref, vous avez compris que j’aime bien quand c’est sérieux et pas sérieux à  la fois et cette rubrique 

survivra tant que BLÉ 91 gardera le sourire aux lèvres. S’il devait le perdre, je prendrais le risque d’être viré sans ménagement...Si je vous ai parlé de ce slogan périmé, destiné à notre ex-ministre, ce n’est ni pour faire sérieux, ni pour 

faire pas sérieux, c’est juste un biais transitionnel, habile et court artifice digressif pour en venir à ce qui m’intéresse aujourd’hui : le blé.Curieuse coïncidence, en effet que votre nouveau bulletin se nomme ainsi, alors que nous en manquons 

tous  tant. Amusant  aussi  que des  instituteurs  en  soient  les  concepteurs. Voilà  qu’ils  font  leur  blé  eux-mêmes. Que voulez-vous, on n’est jamais mieux servi que par soi-même...Retenez donc que l’équipe de rédaction compte bien sur vous pour avoir du grain à moudre !

François CHEVALÉRIAS, IMF, BLÉ 91 n°1, mai 1992

LE MOT À L’HUMEUR Mai 1992, première parution de BLÉ 91. Avec ce premier Mot à l’humeur qui, déjà, habitait votre bulletin, le ton était donné.

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Blémania

lette  d’un  visionnaire, Michel  Le  Bouffant,  encore  dans nos mémoires. Et voilà lancé BLÉ 91… en 92, augurant d’une  progression  sûre  et  raisonnée.  Cinquante  numé-ros en 22 ans, cinquante nuances de BLÉ, de véritables dossiers, d’une densité croissante. Belle constance. Cha-peau bas l’Essonne !Et où en est-on aujourd’hui ? Mûr  le BLÉ ? Mûr, mais pas cuit ! Le numéro que vous tenez en main ne démen-tira pas sa pleine vigueur.Voilà soudain que mon attention est attirée par le petit billet tout maigrichon qui traîne là, au revers de la dernière de couverture. Page 7… Le Mot à l’humeur. Avec pour titre  : Sérieux ? Pas sérieux ? Peur de  rien à  l’époque. D’autant qu’à se tenir là, toujours tout à la fin de la toute dernière colonne du verso de la toute dernière page… Il vient un moment où… Non, mais sérieux, ça n’était pas sérieux du tout, voire même dangereux ! Vous connaissez la chanson : « Poussez-vous, poussez-vous. Ils se pous-sèrent tous et l’un tomba du BLÉ… » Et c’est ce qui finit 

par arriver un beau matin, après huit  parutions…  et  déjà  une première  éclipse  au  numéro  7. D’emblée dans BLÉ, le voilà vite déBléyé  notre  Mot à l’humeur. Significatif  peut-être…  N’était-il pas assez sérieux ? Ou un peu trop irrévérencieux ? Allez savoir. Probablement les deux à la fois ! Car il est bien difficile de faire, en un même exercice, rire le lecteur et  lire  le  recteur. À moins d’être bien allumé…Et puis,  il avait  revêtu un drôle de nom ce billet : allumeur. Il fal-lait  être  allumé  justement  pour croire  qu’il  survivrait  longtemps après avoir contribué à la mise à feu  de  votre  BLÉ  91.  Il  n’en  fut rien bien entendu. Mais on n’est jamais  sûr  de  rien,  car  on  est maintenant aux 50 ans… Oh  là, doucement,  pas  50  ans,  50  nu-méros  ! Alors  c’est  la  fête,  l’ex-plosion,  les bougies et  là, on se 

souvient qu’on avait  jadis un truc pour allumer qui s’ap-pelait… Considérant  qu’après  tant  d’années  il  devait  y  avoir prescription, et au terme d’une longue délibération, le co-mité de rédaction a tout de même souhaité vous donner connaissance de quelques billets d’humeur inédits.Considérant cependant que ces inédits pourraient cho-quer le lecteur, le comité de rédaction recommande de ne pas les lire.

François CHEVALÉRIAS, 2014

À l’hiver 2014, François Chevalérias nous offre un inédit : il se souvient… 

Une terrible crise a dévasté le monde. Crise économique, crise des valeurs. Tout a vacillé. Les survivants… survi-vent,  tous en quête de  l’ultime valeur qui, peut-être, un jour, sauverait l’humanité…Par l’un des matins les plus sombres de cet accablant hiver 2014 qui ne veut vraiment pas en finir de ressem-bler à  l’hiver 54,  je dégringole  les quais maintenant en-combrés par une forte végétation. Signe des temps, mon attention est attirée par deux pauvres hères qui se dispu-tent allez savoir quoi dans les entrailles d’un étalage de bouquiniste éventré… l’étalage bien sûr. C’est le n°1 de BLÉ 91 ! Plus tard, dans l’exigu réduit où j’ai trouvé à me réfugier, au coin du vieux poêle  trois  trous qui me  tient  lieu  tout à  la  fois de chauffage et de cuisinière, à  la  lueur d’une bougie  de  Babybel,  j’observe ce  papier,  maintenant  sec. Une double  feuille à  laquelle  il manque  quelques  fragments, mais aucun doute, il s’agit bien des  pages  de  couverture  du premier  numéro  de  votre  re-vue  préférée.  Chance  !  C’est l’unique  numéro  qui  ait  porté la  devise  fondatrice  :  « Point de belle récolte qui ne soit partagée par le plus grand nombre ». Signé : inconnu, mai 1992. Bien vu l’inconnu ! Par la suite,  si  belle  qu’elle  fut,  cette devise  fut  oubliée.  Signe  des temps  certainement  aussi,  et nul  ne  sait  si  on  la  reverra  un jour...  Quoique…  C’était  alors le  premier  printemps  de  BLÉ, Bulletin  de  liaison  des  écoles de  l’Essonne  :  BLÉ  91  avec un  accent  aigu  bien  entendu, comme  dans  école.  Rêves  et utopies portaient alors nos so-ciétés encore  florissantes. On entendait mettre  l’accent sur  l’échange entre écoles  : « Des équipes parlent aux équipes ». C’était ça le partage. Depuis,  l’accent aigu a disparu. Grave ou pas grave ? Pour ma part j’ai l’accent circonspect. La devise de  l’inconnu a donc chu, pourtant  force est de reconnaître que la récolte de BLÉ a été belle, et bien partagée.  Il  faut  dire  que  c’était  parti  fort  :  à  quelques-uns, dans une belle ambiance et sans spéculation sur les lendemains, ils avaient fabriqué le premier numéro « à la main »  sur un antique ordinateur. Tout  ça  sous  la hou-

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Lire ou pâlir

Symptomatiquement, nos médias en panne d’événement scolaire  se  sont  déchaînés  des  semaines  durant  sur l’échec dit scolaire,  le grand hic de nos deux dernières décennies. Les batailles pourcentartarinesques du lire ou ne pas lire nous ont parfois fait pâlir et vous n’avez certai-nement pas manqué de vous étouffer lorsqu’un quotidien national à fort tirage a titré : « L’école met la lecture en péril ». Puéril !Dans  cette  confusion  informative,  l’événement  tant 

guetté  nous  vint  du  ciel,  assez  événementiel  pour  que la  presse  fût  conduite  à  considérer  lire  remplaçable... Oubliant donc l’école à hic, journaux, radios et tubes ca-thodiques réverbérèrent l’écho laïque alors que d’aucuns prenaient leur souffle pour, d’un même cri, tiquer. Laissant alors choir les chèques scolaires brûlants, on 

revint à l’échec scolaire, tout aussi brûlant. On a dit que les conscrits ne savaient pas lire ? Prudence et circonspection... Que l’armée compte tant de conscrits si vils lettrés, qu’on les puisse dire illettrés n’éton-nera personne car chacun sait bien que ce n’est pas là qu’il faut aller pour apprendre à lire, mais plutôt à l’école qui se décarcasse pour ça.Au demeurant, n’a-t-on point aussi dénombré des bataillons de conscrits, civils lettrés ? Rien de surpre-

nant puisque l’école se bat au quotidien contre l’illettrisme depuis plus d’un siècle et demi. De fureur en défis, on se rue dans les BCD, pour des lire qui oscillent entre lire rationnel et lire révérencieux, en passant par l’oiseau lire et le bateau livre... Ah, vraiment, la bibli de l’école c’est un tirelivre magique où l’on vient éprouver à plusieurs l’envoûtement du co-lire... à l’œil.Apprendre à lire ? À l’école de 1994, il est loin le classique b-a ba ! Aujourd’hui, le beau BO nouveau in-

citerait plutôt au b-o BO où tout est médiation et remédiation : lire est médiable. Sans la menace d’un beau nez d’âne, vous disposez désormais du temps qu’il vous faut pour apprendre : lire est ductile.Alors, aux troupes cyclo-portées qui se battent pied à pied dans le maquis de l’illettrisme, je souhaite les 

meilleures chances de réussite pour l’imminente offensive d’envergure que nous annoncent nos généraux de l’éminente force promue.Dur mais beau métier, croyez-moi, que de faire rire le lecteur, en vers et contrepèteries !

François CHEVALÉRIAS

Lire, l’ire et le rire

Il a dû se trouver un jour quelqu’un pour dire : « L’ire est le propre de Rome. », contrepètant ainsi Rabe-lais qui avait inscrit pour l’éternité: « Mieux est de ris que de larmes écrire, Pour ce que rire est le propre de l’homme » ? Sur ces mots, quel lecteur du Mot allumeur ne se sentirait pas, en l’instant, d’inspiration un tantinet rabelaisienne ? Un seul d’entre vous pourrait-il soutenir que le rire est un souffle diabolique, comme d’aucuns le professent ?Pour ma part, dans ce numéro de BLÉ 91, j’avais choisi, pour provoquer un ris de vous, de faire dans le 

lire en évoquant des lire. Délire ! Mon billet bouclé largement avant l’heure poursuit aujourd’hui sa carrière comme cocotte en papier, tant il est difficile de faire, d’un même trait de plume et sans engendrer l’ire, à la fois rire le lecteur et lire un recteur...L’important, croyez-moi bien, c’est de  lutter contre  la  riréfaction,  tendance de cette fin de millénaire à 

réprimer  les spasmes convulsifs qui agitent en certaines circonstances nos muscles zygomatiques que l’ambiance générale, quelque peu déprimée, pourrait menacer d’atrophie. La méthode que je vous propose est simple. Entraînez-vous ! Lisez Blé1 !Un conseil encore, dépliez toutes les cocottes en papier, vous avez tout à y gagner, et qui sait, peut-être 

y trouverez-vous un jour ces mots-ci !François CHEVALÉRIAS

LE MOT À L’HUMEUR Un morceau de bravoure consacré à l’art du contrepet, Le leurre à mots mus OU De com-pétences en contrepétences est écarté du numéro 4 par la rédaction. Pour le numéro 7, en avril 1994, coup double ! Ce sont deux Mots à l’humeur qu’elle refuse, pour des raisons que seuls des chercheurs aguerris pourront reconstituer un jour, peut-être. Les voici, seulement allégés de quelques allu-sions difficilement accessibles aux jeunes générations, à moins de notes excessive-ment volumineuses. Attention, il reste cependant quelques des-sous à dévoiler…

1.  Cette affirmation n’engage, ici comme ailleurs, que l’auteur...

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c’ÉTaIT HIER : RETouR aux oRIgINES

Bien des choses ont changé à l’école. Des outils, des dispositifs ou des fonctions qui n’existent plus peuvent néanmoins trouver un écho aujourd’hui.

LA FIN DES SECRÉTAIRES DE MAIRIE-INSTITUTEURS

Loin des ZAC, des ZUP, des ZEP et des grands ensembles, il subsiste dans le sud profond du départe-ment quelques spécimens d’une catégorie d’enseignants que l’on peut considérer comme les véritables hussards de la République, puisqu’ils la servent doublement. Pourtant, l’évolution de notre société, et 

par conséquent de notre métier, les voue inexorablement à l’extinction : il s’agit des secrétaires de mairie-instituteurs (alias les SMI).

Au temps de Jules Ferry

C’est Jules Ferry qui, entérinant une pratique déjà courante,  autorise  l’instituteur  à  assurer  cette fonction annexe « dans les communes de moins de 2 000 habitants », sous réserve de l’accord de l’inspecteur d’académie (loi du 30 octobre 1886). Le rôle du « maître d’école » se trouvait ainsi très fortement  valorisé  par  rapport  à  celui  du  curé, autre « lettré » du village, à qui la Révolution avait déjà  retiré  la  tenue de  l’état  civil. La nomination sur un poste rural entraînait l’acceptation de cette deuxième fonction, lorsque celle-ci était spécifiée au mouvement  (ainsi  libellé  :  «  classe unique + SMI »). Pour un instituteur désireux de s’impliquer dans  une communauté villageoise, et par conséquent  

  d’en  rencontrer  les  habitants  sous  un  autre  angle   qu’en tant que parents d’élèves, ce deuxième rôle présentait quelques avantages appréciables : loge-ment  assuré  (en  général  spacieux,  bien  que  d’un confort très relatif, comme il seyait dans nos cam-pagnes jusqu’à une date récente !) ; possibilité de confier la réalité du travail à sa conjointe... ; rému-nération considérée comme « accessoire », c’est-à-dire sans  retenues sociales ni  cotisation  retraite (sauf aujourd’hui CSG et RDS), ce qui explique la création  de  la  MRIFEN  par  des  SMI.  Quant  aux contraintes  -  longues  journées,  vacances  réduites et disponibilité permanente à  l’égard des adminis-trés  -,  elles  constituaient  un  choix  délibéré,  donc assumé.

donc très appréciées : la conférence pédagogique annuelle, la session du certificat d’études à l’école du chef-lieu de canton (suivie du festin de rigueur), les réunions syndicales (dont celle du syndicat des SMI) étaient autant d’occasions d’échanger les ex-périences,  les  informations  professionnelles  (les « tuyaux ») et de narrer - entre personnes averties -  les  dernières  «  trouvailles  »  de  certains  élus... Un corps soudé, porté sur  l’entraide  (notamment pendant les vacances, puisqu’il fallait parfois aller « ouvrir la mairie » du collègue parti sous d’autres cieux), accueillant les petits nouveaux, frais émou-lus de l’École normale (où, souvent, l’on prévoyait une « sensibilisation » à cette  fonction)... ou pa-rachutés  -  sans  parachute  -  de  leurs  lointaines provinces, en tant que suppléants. On avait tout à leur apprendre, depuis la confection des mandats administratifs, les recensements militaires, jusqu’à l’organisation de séances de vaccination. Heureu-sement que le téléphone était là...

Les hussards de l’Essonne

En 1970, dans notre département, environ 70 com-munes sur 196 - soit plus d’un tiers ! - étaient encore « administrées » par un SMI, dont des communes telles que Lisses, Bondoufle, Courcouronnes, Fleu-ry-Mérogis... Cette double fonction n’avait donc rien de marginal et constituait même la règle dans toute la partie rurale de l’Essonne. [...]Ce n’est pas rien que d’avoir pris en charge toute la scolarité des parents, de  la classe enfantine (5 ans)  jusqu’au certificat d’études (13 ans), puis de leurs enfants, tout en assurant intégralement la vie administrative  de  la  commune... Avec  à  la  clé  la fabrication de  fausses cartes d’identité sous  l’Oc-cupation,  la  participation  aux  joies  et  peines  des familles, et des séances de conseil municipal mé-morables... À  une  époque  où  l’on  se  déplaçait  encore  peu   - certains instituteurs ruraux n’étaient pas encore mo-torisés dans les années 50... on imagine leur isole-ment !  - , les occasions de se retrouver étaient rares,  

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Aujourd’hui, en 1999

Qu’en est-il des SMI, douze ans après ce beau texte, dans notre département ? Les 70 de 1970 sont réduits à... 6 ! L’explosion démographique de nombreuses communes,  les pressions de l’administration préfectorale et des organisations du personnel de  la  fonction territoriale,  les effets de  la crise de  l’emploi,  l’évolution des mentalités..., mais aussi la mue de l’instituteur en professeur d’école, pour qui Jules Ferry, malgré sa sagesse, n’avait pas expressément prévu - et pour cause - qu’il pût assurer cette fonction annexe, tout cela a entraîné l’extinction inexorable de ce corps. [...] Mais leurs jours sont comptés, et ils en sont bien conscients. Ils se savent les héritiers d’une belle et longue 

histoire, qui est aussi celle d’une France d’avant les grands ensembles, les autoroutes et le multimédia ; ils sa-vent que leurs anciens ont laissé leur empreinte sur l’image de nos campagnes. Ils se désolent seulement d’être les derniers... tels les 5 ou 6 ours solitaires des Pyrénées (un peu plus loin, toujours vers le sud...).

Jean-Luc FRANCE, instituteur au centre IUFM d’Étiolles

BLÉ 91 n°24, janvier 1999

Il ne faut pas croire que les bibliothèques d’école sont une idée récente. Un arrêté de 1915 (en pleine guerre !) sti-pulait que : 

« Article premier : Toute école primaire élémentaire doit posséder une bibliothèque qui prend le nom de biblio-thèque de l’école publique. Toutefois une ou plusieurs écoles, soit d’une même commune, soit de communes voisines,  peuvent  s’associer  pour  fonder  une  biblio-thèque unique. 

Article 2 :  Les  bibliothèques  des  écoles  publiques sont  ouvertes  aux  élèves  et  anciens  élèves  de  ces écoles,  à  leurs  parents  et  aux  membres  des  asso-ciations  scolaires.  Elles  leur  permettent  de  com-pléter  leur  éducation  ou  de  satisfaire  leur  curio-

Un médiateur avant l’heure

En 1978, les « pages corporatives » du syndicat des SMI donnaient de sages conseils à ces dé-butants : « N’attaque jamais, ne t’immisce dans aucune des querelles, des polémiques où les esprits s’échauffent, où la population se divise : tu es celui qui a le plus à y perdre. Méfie-toi des élections, de la chasse... par exemple. Reste bien à ta place : ne signe rien sans avoir reçu la délégation nécessaire, évite les initiatives personnelles ; contente-toi de suggérer ; on t’en saura gré. » Il est également intéressant de relire la circulaire n°86-110 du 12 mars 1986 signée par le directeur du  cabinet  du ministre  de  l’Éducation  nationale (alors M. Chevènement), relative à « l’exercice des  

  fonctions  de  secrétaire  de  mairie  par  les  institu-teurs » : «  […]  Collaborateur du maire et agent de la

commune, le secrétaire de mairie est bien placé pour contribuer au règlement des problèmes que peut rencontrer le service public d’enseignement. Le développement des pouvoirs du maire dans le cadre de la décentralisation, notamment en ce qui concerne l’utilisation des locaux scolaires, l’utilisation de nouvelles technologies comme l’informatique renforce l’intérêt de voir confier à des instituteurs les postes de secrétaire de mairie. Enfin, l’exercice des fonctions de secrétaire de mairie est un facteur de stabilité de l’instituteur dans la commune. » 

En 1915 on parlait déjà de bibliothèque...C’était hier...

sité  intellectuelle  par  des  lectures  instructives  et agréables.  Les  livres  sont  ou  mis  sur  place  à  la  disposition des lecteurs ou prêtés gratuitement à ceux qui prennent  l’engagement de  les  rendre en bon état ou d’en restituer la valeur. 

Article 3 : La bibliothèque de l’école est placée sous la surveillance  de  l’instituteur.  Elle  est,  autant  que  pos-sible,  installée dans une salle spéciale qui est munie d’un mobilier adapté aux besoins des lecteurs. L’armoire-bibliothèque  fait  partie  du  mobilier  scolaire obligatoire. » 

Claire BONIFACE,IEN à Palaiseau

BLÉ 91 n°8, juin 1994

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LES ÉTUDES DIRIGÉES AU CYCLE 2

Après une période de tâtonnement, les études dirigées sont devenues pour mes 22 élèves de CP un temps d’arrêt, un temps où l’on se 

regarde  travailler,  où  l’on  s’explique  son  chemine-ment, où l’on s’essaye à de nouveaux supports dans des ateliers.

Le but de ces ateliersRéaliser des travaux ou des objets utiles à la vie du groupe, seul ou en coopération, dans un temps limité et en suivant les consignes établies. Il s’agit aussi de se donner l’occa-sion  d’analyser  ensemble  les méthodes  employées  par les groupes et les motifs de non ressemblance de l’objet réalisé avec l’objet de référence.

L’organisation[...] Chaque atelier correspond à un  contenu motivé  par  la  vie de  l’enfant  ou  de  la  classe et à des compétences en rapport  avec  la  période de l’année.À chaque symbole est  associée  une corbeille  contenant le  matériel  néces-saire, les consignes à  suivre  et  le  mo-dèle  de  référence. [...]Les  groupes  se forment  et  pren-nent  possession de  la  corbeille  cor-respondant  à  leur atelier.  Ils  déchif-frent  la  consigne et  observent  l’objet référent. Avant de se mettre  au  travail,  ils reformulent  au  groupe-classe l’objectif de leur atelier et les consignes à respec-ter. Enfin, ils se mettent à l’ouvrage, souvent par tâton-nement  et  de manière  dispersée  au  début  de  l’année, puis après avoir défini à plusieurs une méthode ou un cheminement.

Rendues obligatoires à partir de janvier 1995 à hauteur d’une demi-heure par jour, les études dirigées ont été maintenues dans les programmes de 2002 sans horaire dédié. Elles ne

figurent plus dans ceux de 2008. Des idées à prendre ? Aujourd’hui les apprentissages méthodologiques, essentiels pour la réussite des élèves et initiés dès le CP, s’inscrivent dans l’acquisition de l’autonomie, compétence n° 7 du socle commun.

C’était hier...

Mon rôle ? [...] Je deviens source d’informations à  la demande des groupes  ou  catalyseur  pour  permettre  à  un  groupe  de progresser. J’en profite surtout pour observer les enfants, leurs méthodes, leurs hésitations, les savoir-faire, les sa-voir-être et les relations interpersonnelles, ce qui permet d’ajuster les ateliers suivants aux compétences à confir-mer ou à développer. Au bout de 20 minutes en septembre et de 30 minutes à partir de Noël, les enfants de chaque groupe présentent leurs réalisations au groupe-classe et expliquent : •  pourquoi ils n’ont pas fini ;•  pourquoi c’est différent du modèle visé ;•  pourquoi ils n’ont pas respecté telle ou telle consigne. Le groupe-classe aide par ses questions et critique l’ob-jet présenté par  rapport à  l’objet  référent, qui  sert dans 

ce cas à préciser la consigne comme  à  assurer  la  cor-

rection.  Ces  échanges permettent de par-

tager les erreurs, non  comme des  échecs, mais  comme des  outils  pour permettre  aux autres  groupes, les jours suivants, de  mieux  réussir grâce  à  l’expé-rience  des  cama-rades. L’évaluation  immé-

diate  faite  en  menant cette expérience a concerné 

la compréhension des consignes données et leur suivi. Cette aptitude 

à bien reformuler ce qu’ils avaient à faire a  aidé  les  enfants  dans  toutes  leurs  tâches 

d’apprentissages. [...]

Bernadette THOMAS,institutrice, école Anatole France

à Saulx-les-Chartreux BLÉ 91 n°19, juin1997

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Même handicapés, même en  très grande difficulté  sco-laire,  psychologique,  médicale  ou  sociale,  tous  les  en-fants sont soumis à l’obligation scolaire. [...] L’instituteur de  l’enfant peut être  invité à  la CCPE. Muni de tous les documents nécessaires (travaux de l’en-fant,  livret  d’évaluation),  il  informe  le  plus  précisément possible les membres de la CCPE de la situation de l’en-fant. Le psychologue scolaire apporte son éclairage profes-sionnel. Toute personne participant à la CCPE est tenue à l’obli-gation  de  réserve  qu’impose  notamment  l’évocation  de situations douloureuses. L’adhésion des parents à une orientation en établisse-ment spécialisé n’est pas toujours immédiate et demande parfois un  long  travail de mûrissement  fondé en grande partie sur le dialogue avec l’école.La CCPE décide et révise les intégrations à temps par-tiel ou à temps plein des enfants handicapés.[...]La loi d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975 crée dans chaque département une commission de  l’éducation  spéciale  (CDES)  qui  a  pour  compétence l’orientation des enfants et adolescents handicapés

physiques,  sensoriels  ou  mentaux  d’âge  préscolaire  et scolaire.[...]La loi crée deux sortes de commissions : •  la CCPE : commission de circonscription pré-élémen-taire et élémentaire ; •  la  CCSD  :  commission  de  circonscription  du  second degré. Il convient de préciser que la loi d’orientation s’applique aux seuls handicapés physiques, sensoriels ou mentaux. Les commissions ne sont pas compétentes à l’égard des enfants  relevant  des  établissements  à  caractère  social, des  établissements  de  soins  ou  des  hôpitaux  de  jour. Elles peuvent toutefois être saisies dans certains cas pour proposer des établissements quand ces enfants peuvent bénéficier des dispositions de la loi.Notre département compte 11 commissions de circons-cription pré-élémentaire et élémentaire. Chaque commis-sion a en  charge une ou deux  circonscriptions  selon  la charge de travail que ces dernières représentent.[...] Chaque CCPE comprend 8 membres nommés par le préfet pour une période de 3 ans renouvelable. [...]

Gabrielle PY,

IEN AIS à Longjumeau Claire BONIFACE,

IEN à Palaiseau BLÉ 91 n°9, novembre 1994

À partir de 1975, l’orientation des enfants en grandes diffi-cultés était décidée en commission de circonscription pré-élémentaire et élémentaire, la CCPE.

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a entraîné la suppression des commissions telles que la CCPE et la CDES. Depuis janvier 2006, elle a permis de mettre en place les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) qui organisent le fonc-tionnement des équipes pluridisciplinaires chargées d’élaborer les projets personnali-sés de scolarisation des élèves.

C’était hier...

LA CCPE

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Longtemps,  les  formations ont été définies par des pro-grammes et des instructions qui avaient pour fonction de guider les enseignants dans leur pratique. Lors de la réno-vation des diplômes professionnels, au début des années 1980, apparaissent les compétences et le référentiel. [...]Le  référentiel, qui  rassemble  l’ensemble  des  compé-tences requises pour obtenir un diplôme, est ainsi défini et publié pour chaque domaine et va servir de base à la formation. Les référentiels des domaines généraux, com-muns à l’ensemble des CAP, ont été publiés en 1990. Les  SES  (sections  d’éducation  spécialisée)  devenues SEGPA (sections d’enseignement général et profession-nel  adapté) en  1996,  sensibles  aux  diverses  évolutions économiques  et  sociales,  ont  trouvé matière,  dans  ces nouveaux documents, à redynamiser leurs pratiques pé-dagogiques. Beaucoup d’entre elles se sont « lancées » 

Dès 1980, le discours sur la compétence répondant à une né-cessité économique de l’entreprise met la formation profes-sionnelle à contribution pour obtenir des comportements,

au-delà d’une simple transmission des savoirs. Le livret scolaire des élèves devait donc évoluer...Depuis la rentrée 2010, le livret personnel de compétences (LPC) est l’outil national d’évaluation et de validation du socle commun qui permet de suivre la validation pro-gressive des connaissances et compétences de tous les élèves de 6 à 16 ans.

C’était hier...

LE RÉFÉRENTIEL EN SEGPA

dans  cette  innovation  qui  leur  assignait  la  mission  de conduire  leurs élèves au niveau V de qualification (CAP et BEP). Une des fonctions de l’évaluation en classes de 4e et 3e de SEGPA est de permettre la validation des ac-quis de l’élève dans la perspective de son passage dans un autre établissement, tel un lycée professionnel ou un centre de formation des apprentis (CFA). S’inscrivant ainsi dans le dispositif de formation professionnelle, la SEGPA représente un des moyens pour  l’élève d’aller  vers une formation diplômante en lui permettant de se situer régu-lièrement au regard des exigences du référentiel de CAP. 

Christian MAZURIER, directeur de la SEGPA

du collège Gérard Philipe à Massy BLÉ 91 n°21, février 1998

Souvenons-nous de l’évaluation CE2 et des PPAP...

Mise en œuvre de 1989 à 2006, l’évaluation nationale en CE2 a constitué un outil d’aide à l’analyse des réussites et des difficultés des élèves. Dès 1998, elle a permis de mettre en place les programmes per-sonnalisés d’aide et de progrès (PPAP) pour les élèves ne maîtrisant pas les compétences nécessaires en français et en mathématiques à l’entrée du cycle 3.

Le numéro 36 de BLÉ 91 intitulé « L’école pour tous... la réussite de tous » proposait en mars 2005 un article rédigé par Michèle Pelloux et Jean-François Pinon-David, Des outils pour la mise en œuvre des PPAP en CE2. Toujours consultable sur le site de la DSDEN 91, cet article présente, en quatre pages, deux exemples d’outils 

mis en place dans  les circonscriptions de Sainte-Geneviève-des-Bois et de Savigny-sur-Orge et propose en annexe de nombreux documents prêts à l’emploi. Les plus curieux pourront y jeter un coup d’œil :http://www.ac-versailles.fr/public/jcms/p1_128460/tous-les-numeros-de-ble-91 

Depuis 2006, ce sont les programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) qui coordonnent les aides apportées aux élèves selon leurs besoins, à l’école comme au collège.Pour en savoir plus : BLÉ 91 n°46, avril 2011.

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l’on trouve dans les manuels de grammaire - et sur laquelle nous émettons des réserves - est claire : on définit rapidement le verbe, on structure l’axe du temps pour y superposer les temps de la conjugaison, on fait apprendre les différentes formes temporelles. Cet apprentissage doit permettre aux enfants de mieux reconnaître le verbe protéiforme. Cette simplicité cache des obs-tacles  cognitifs  (de  compréhension) et  linguistiques  (par  rapport  au  savoir théorique) que nous allons analyser.

Comment reconnaître un verbe ?

Traditionnellement,  on  définit  le  verbe  par  le  ́  «  sens  »  en  enseignant  aux élèves qu’on le reconnaît parce qu’il ́« indique une action ». ́« Le verbe est un mot qui dit ce qu’on fait », dit un manuel de CE23.Ce critère faisant référence au sens fonctionne mal pour un certain nombre de verbes comme être, sembler, souffrir, penser, recevoir, etc. qui ne sont pas tous d’état et pour lesquels le sujet ne sera pas agissant.Le verbe n’est pas le seul à signifier des actions. On trouve certains noms comme départ, cueillette, floraison, etc. qui répondent également à ce critère « ́indique l’action ».Certaines grammaires font remarquer que le verbe se caractérise par ses formes variées  (la flexion).  Il  comprend une base qui porte  le sens  lexical (c’est-à-dire un radical qui peut se présenter sous plusieurs formes : il écrit/ ils écrivent) et des morphèmes de flexion (c’est-à-dire des terminaisons qui indiquent  les  notions  de  personne  (parle/parlons),  nombre  (parle/parlent), temps (parlera/parlait), d’aspect en cours (il parle)/aspect terminé (il a parlé), mode (il parle/il parlât), genre (qu’il écrit/la lettre qu’il a écrite).Or, il n’est pas le seul mot à connaître des formes diverses ! Par exemple, les pronoms dits personnels varient en personne et selon la fonction qu’ils assument dans la phrase. Ils possèdent une forme quand ils sont sujets (je, tu, il, ils), une deuxième forme lorsqu’ils sont compléments d’objet direct (me, te, se, leur),  une  troisième  lorsqu’ils  sont  compléments  introduits  par  une préposition (moi, toi, lui, elle, soi, eux). Le pronom personnel possède donc également plusieurs réalisations.

Seul le verbe varie dans sa forme pour indiquer le temps (mais aussi l’aspect4 et le mode).

La situation qu’il  exprime est  située à  l’instant où  la personne parle   (je pars) ou à une époque antérieure à sa prise de parole (je partais) ou à une époque ultérieure (je partirai). Pour obtenir la même indication avec le nom départ, il faut ajouter des adjectifs, des adverbes ou des compléments : un départ futur, proche, son départ date d’aujourd’hui, son départ est prévu pour lundi prochain...

La seule définition acceptable du verbe est donc la définition morpho-logique, par la forme, qui fait sens.

Attention ! Elle n’est pas compréhensible, ni même perceptible, par un enfant de CE1.

uN SuJET coToN : La coNJugaISoN

PREMIER ÉPISODE Surtout ne pas donner de définition du verbe

Pourquoi conjuguer ?

L’apprentissage  de  la  conjugaison est  relativement  récent.  Les  frères Bescherelle  ont  écrit  leur  première grammaire vers 1838. C’est à cette époque que se multiplient les traités de  conjugaison.  Ces  manuels  se substituent  aux  traités  de  concor-dance  des  temps  qui  existaient jusqu’alors. En effet,  l’École, en se démocratisant, se préoccupe moins de  l’emploi  du  subjonctif  imparfait que  d’apprendre  à  orthographier les verbes. Le verbe présente pour les  enfants,  et  pendant  longtemps, des  difficultés  de  reconnaissance et  d’emploi.  Dès  la  deuxième  an-née d’école  élémentaire,  l’art  de  la conjugaison  est  enseigné  comme une  discipline  à  part  entière.  Loin de nous l’idée qu’il ne faille pas ap-prendre à conjuguer !Mais  on  peut  s’interroger  sur  les raisons de cet enseignement et sur sa mise en œuvre.Autour  du  verbe,  se  cristallisent essentiellement deux  types de pro-blèmes.La  reconnaissance comme classe de  mot1  permet  d’écrire  la  forme verbale  selon  des  principes  ortho-graphiques  plus  ou  moins  com-plexes. L’emploi  des verbes, en ce qui concerne le temps, exige de res-pecter des principes énonciatifs2. Les  difficultés  orthographiques que soulève le verbe sont très nom-breuses en raison de la diversité des formes, des  irrégularités, de  la  très grande  différence  entre  les  formes orales  et  les  formes  écrites.  L’ap-prentissage de la conjugaison tente d’apporter  une  aide  à  la  résolution de ces difficultés.La  progression  traditionnelle  que 

Carole Tisset nous propose un feuilleton à épisodes sur un sujet coton, la conjugaison. Et comme le mot gai, en cherchant bien, est contenu dans ce mot, le feuilleton sera intitulé : « Ces verbes qu’on juge gais, difficilement »

Feuilleton...

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tent alors une démarche scientifique qui est de prouver ce qu’on affirme. En  fin  de  cycle  3,  les  enfants  par-viennent à  justifier  l’appartenance à la classe des verbes en formulant un certain  nombre  de  caractéristiques comme le changement de forme qui indique  un  changement  de  temps. La  définition  morphologique  arrive en  fin  de  parcours  mais  elle  a  été élaborée par les enfants eux-mêmes et non imposée par l’enseignant. Ils construisent ce qu’ils comprennent.

BLÉ 91 n°23, octobre 1998

1.  On disait jadis « nature ».2.  L’énonciation  est  caractérisée  par  la  situation  dans  la-quelle est produit un énoncé : qui parle ? à qui ? quand ?3.  Au pied de la lettre, Hachette, CE2, 1992.4.  L’aspect est une catégorie grammaticale indiquant la du-rée, le déroulement, l’achèvement.

Pratique intuitive

Il convient donc de procéder autrement pour  faire concevoir  la classe des verbes que par  le passage par une définition erronée ou  incompré-hensible. On suivra le principe que tout acte définit une pensée en propo-sant, très régulièrement, des tris de mots et des exercices de commutation oraux et écrits.Exemples de commutations :Papa portera une belle chemise.Papa portait un beau chapeau.Papa achètera une belle chemise.Papa achetait de beaux habits.Mes parents achetaient de beaux habits.Mes parents achèteront de beaux habits.Faisons  verbaliser  le  changement  de  sens  et  les  changements  orthogra-phiques.

Si on veut que le tri de mots per-mette  l’ouverture  de  la  classe des  verbes,  il  est  utile  que  les phrases observées en  compor-tent au moins deux et que ceux-ci soient au  futur ou à  l’imparfait (temps  morphologiquement  mar-qués) : À l’automne, les feuilles se

détachaient des arbres, tourbillon-naient dans les airs et tombaient par terre.

Invariablement,  les  enfants invoquent  les  mêmes  critères pour  trier  les  mots,  critères 

qu’on acceptera, bien entendu :- mots longs/mots courts ;

- les personnes/les objets/les autres ;- mots possédant telle lettre.

Au CE1 n’apparaît pas, en dépit de l’apprentissage de la lecture, le critère phonologique. Une fois ces trois classements apparus, demandons un nouveau classement. Les enfants se détachent alors du sens pour relever un mode de  fonctionnement  identique, première marche vers  l’abstraction. On  pourra  donner  la  terminologie  une  fois que chaque enfant sera capable du classement : nom/verbe. On ne demandera aucune explicitation. À cet âge, les en-fants sont incapables de justifier leur intuition gramma-ticale. On ne passera donc par aucune définition. En revanche,  les  listes  de mots  classés  deviennent des  référents  collés  dans  un  cahier.  Le  cahier de règles est aussi cahier de référents. On fera régulièrement un exercice systématique sur ar-doise  ou  au  brouillon  pour  consolider  l’acquis. Par  exemple,  l’enseignant  demande  à  quelle ́«  colonne  »  ou  ́«  liste  »  appartient  le mot boit dans la phrase : un éléphant boit énormément.Les  enfants  utilisent  leurs  outils  référentiels pour répondre. On procèdera de même pour  la classe des noms.Quand  les  enfants  arrivent  à  trier  ces  deux classes sans erreur, on peut exiger une preuve que le mot est bien rangé. Les enfants proposent le plus souvent le test de commutation : « c’est un verbe parce que je peux le remplacer par tel autre mot que je sais être un verbe ». Ils adop-

...Feuill

eton...

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ÉVoLuTIoN au FIL du TEMPS

En 1992, il s’agit d’un appren-tissage dit « précoce » de 90 minutes hebdomadaires, qui ne concerne que les élèves du cycle 3, avec une première ap-proche déjà centrée sur la com-munication orale.

MY TEACHER IS RICH ?

L’apprentissage  précoce  des  lan-gues  vivantes  (anglais  et  allemand) est  une  réalité  dans  la  plupart  des cours  moyens  du  département  et l’enthousiasme des élèves n’est plus à démontrer. L’objectif principal est la communication  orale.  Les  séances se déroulent donc entièrement dans la langue d’étude. [...]« ... What do you like? Do you like...? I like... I don’t like... »Les  élèves  échangent  leurs  préfé-rences  culinaires  à  l’aide  d’un mini-glossaire. [...]Elle  [la  maîtresse]  en  profite  pour introduire  la  structure  «  Does he like... ? » à  travers un dialogue que les  enfants  rejouent  volontiers.  Le vocabulaire est renforcé par un exer-cice  individuel  qui  permet  à  chacun de  vérifier  ses  acquis  sur  les  ali-ments. À la fin de la séance, « rebras-sage » des sentiments... la maîtresse mime,  les enfants  les retrouvent. La séquence s’achève par un chant re-pris en choeur, Old Mac Donald had a farm et les enfants s’étonnent que cela soit déjà fini. [...]Alors, à quand la généralisation ?

Martine CHARTOL, MFAIEN (EILE)

BLÉ 91 n°2, décembre 1992

En 1994, il s’agit de l’EILE (en-seignement d’initiation aux lan-gues étrangères) qui permet de mettre l’accent sur les com-pétences linguistiques orales et écrites, les compétences culturelles mais aussi les com-pétences transversales, trans-férables dans d’autres appren-tissages.

L’ALLEMAND, L’ANGLAIS À L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE...

[...]Les élèves communiquent orale-ment•   En entraînant les enfants à écou-ter  et  à  comprendre  par  l’intermé-diaire  des  moyens  techniques  à  la disposition  de  l’enseignant  (magné-tophone, vidéo...) qui proposent des modèles  authentiques  aux  jeunes oreilles. [...]•   En  entraînant  les  enfants  à  pro-duire de  l’oral  : par  l’introduction de chants, de poèmes, de sketches, de jeux de rôle, de dialogues... [...]

Les élèves prennent contact avec l’écrit•   En entraînant les enfants à recon-naître  de  l’écrit  grâce  aux  dessins, bandes  dessinées,  affiches,  cartes postales... [...]•   En  entraînant  les  enfants  à  pro-duire de l’écrit. [...]

Les élèves découvrent et retien-nentIls découvrent une autre civilisation en prenant conscience des différences et des  similitudes,  s’ouvrent  au monde et reconnaissent la diversité culturelle des capacités intellectuelles !•   Ils raisonnent sur la langue en ob-servant, en analysant, en comparant, en  déduisant,  en  conceptualisant, pour découvrir  les différences et  les similitudes,  les  relations  entre  des systèmes linguistiques différents. On peut  facilement  imaginer  les  retom-

bées dans sa propre langue.•   Ils  mémorisent  en  comptant,  en chantant,  en  récitant  des  poèmes, des  comptines,  en  jouant  des  say-nètes,  en  retenant  des  noms  d’ob-jets, d’animaux... [...]

Et le programme alors ?[...] Ainsi,  les enfants  vont-ils  déve-lopper  des  compétences  transver-sales qui leur serviront dans d’autres apprentissages : socialisation, écoute, concentration,  expression,  construc-tion  du  sens,  communication,  argu-mentation...  et  aussi  comparaison, anticipation,  classement,  déduction, formulation  d’hypothèses,  analyse, synthèse... et bien sûr mémorisation.C’est  dans  cette  perspective  que l’horaire  dévolu  à  l’enseignement d’initiation  aux  langues  étrangères trouve sa place dans la semaine de l’écolier.

Martine CHARTOL,

MFAIEN (EILE) BLÉ 91 n°8, juin 1994

En 1995, se confirme la néces-sité de ne pas faire de l’EILE un enseignement cloisonné mais de favoriser une démarche pé-dagogique pluridisciplinaire. L’auteur propose un exemple concernant l’articulation avec les mathématiques.

LES LANGUES À L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE

[...]Que faire pendant l’heure et de-mie généralement consacrée à l’EILE ?Le  maître  habilité  ou  l’intervenant pourront  prévoir  les  activités  sui-vantes,  en  concertation  avec  le maître  de  la  classe  non  spécialiste, et en liaison avec les apprentissages abordés aux mêmes moments dans les autres matières. [...]

Les langues vivantes font maintenant partie intégrante des champs disciplinaires obli-gatoires. À partir de 1989, les élèves de CM2 ont été les premiers concernés et cet enseignement s’est progressivement étendu à tous les niveaux de l’école élémentaire.

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Maths

•   Calcul mental en langue étrangère (reprise  ou  non  d’exercices  donnés en français).•   Construction  de  figures  géomé-triques  simples  avec  instructions également  simples données en  lan-gue étrangère.•   Jeu de Qui est-ce ? (shape game) faisant  travailler  la  logique  et  les compétences géométriques.•   Autres  jeux  :  battleships (bataille navale),  space war (même  chose mais avec vaisseaux spatiaux).•   Mesures  de  sauts,  de  tailles,  de poids des camarades, effectuées di-rectement  en  langue  étrangère  par les élèves eux-mêmes. [...]•   Utilisation d’outils mathématiques pendant  le  cours  de  langues  (dia-grammes, tableaux à double entrée, ensembles  sécants...)  à  compléter lors des moments de compréhension orale, à utiliser pour mémoire lorsque l’on  doit  produire  des  phrases,  ou pour effectuer des enquêtes en  lan-gue  étrangère  auprès  des  cama-rades de la classe et rendre compte ensuite des réponses aux questions posées.•   Structuration  du  temps  :  conso-lidation de  la notion de  temps court (la seconde), en calculant en langue étrangère  le  temps mis  pour  comp-ter  jusqu’à  20,  dire  l’alphabet,  dire les mois, les jours, épeler son nom à l’envers, écrire l’alphabet.•   Questions  en  langue  étrangère sur le calendrier étranger.[...]

Sciences et technologieConstructions  d’objets  à  partir  de notices ou d’instructions de fabrica-tion  simples  en  langue  étrangère. [...]

Tout cela constitue, sinon une « im-mersion  »  partielle,  du  moins  des occasions qui suscitent des appren-tissages linguistiques, tout en pour-suivant  des  objectifs  bien  identifiés dans les autres disciplines. [...]

Jean-Claude FOURNIER, IEN à Mennecy,

ancien professeur d’anglais, BLÉ 91 n°11, avril 1995

En 2007, les élèves de CE1 bé-néficient également d’ensei-gnement des langues étran-gères obligatoire. L’historique présenté dans la première par-tie débouche sur des modalités d’organisation établies dans le cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) qui définit un niveau de connaissances et de com-pétences à atteindre : A1 en fin de CM2.

LES LANGUES ÉTRANGÈRES,

OÙ EN SOMMES-NOUS ?

De nos jours, la maîtrise des langues étrangères est incon-tournable pour s’insérer dans le monde social et professionnel. Faisons le point sur cet enseigne-ment devenu obligatoire.

Un peu d’histoire•   Dès 1953 à Paris et à Bordeaux, pour  l’anglais,  à  Nancy  pour  l’alle-mand,  l’enseignement  des  langues étrangères est mis en place de ma-nière expérimentale. Les jumelages se  développent.  Jugées  motivantes par les enseignants sans être objec-tivement évaluées, ces expériences, coûteuses  en  terme  de  ressources, prennent fin en 1977. •   De 1989 à 1992, une expérimen-tation contrôlée  de  l’enseignement d’une  langue  vivante  est  mise  en place pour  les élèves de CM1 et de CM2. Afin  d’assurer  une  continuité, toutes  les  écoles  d’un  même  sec-teur  de  collèges  sont  concernées. Cet  enseignement  est  conduit  deux à  trois  heures  hebdomadaires  par des enseignants habilités et  des  in-tervenants extérieurs habilités, rému-nérés par les collectivités locales ou par  des  professeurs  de  collège.  En 92-93,  cette  expérimentation  prend fin.  Les  secteurs  de  collège  consti-tués continuent de  fonctionner mais aucun  site  nouveau  n’est  ouvert. LʼEPLV1 s’appelle désormais lʼEILE2.•   En 1995,  une  initiation  est mise en place au CE1, en 1996 au CE2 et en 1997 au CM1. À cette époque, le CNDP3  produit  des  cassettes  vidéo en six langues pour que tous les en-seignants,  quelles  que  soient  leurs 

compétences  en  langue  étrangère, puissent mener  cette  initiation  dans leur classe.•   En  1998,  une  généralisation  a lieu au CM2 puis en 1999, au CM1. L’enseignement  d’une  langue étran-gère ou régionale devient obligatoire en 2000 au CM2, en 2001 au CM1.•   Depuis  2002,  l’enseignement  de l’anglais  ou  de  l’allemand,  en  Es-sonne,  selon  le  choix  des  familles, est donc obligatoire au cycle 3. À  partir  de  la  rentrée  2007,  les élèves de CE1 devront également en bénéficier. 

L’organisation dans les écolesÀ  la  fin  de  la  troisième  année  de cycle 2, une enquête auprès des fa-milles doit permettre de connaître le nombre d’élèves qui suivront un en-seignement de  l’anglais ou de  l’alle-mand en CE2. Pour résoudre les pro-blèmes d’organisation, il est possible, tout en préservant hétérogénéité des classes constituées, de regrouper les germanistes dans une même classe, à chaque niveau du cycle 3. Dans les écoles importantes, deux après-midi par semaine, différents ateliers peu-vent  être mis  en  place,  dont  un  en anglais et un en allemand. Cette or-ganisation permet d’optimiser le ser-vice d’un enseignant habilité qui peut ainsi prendre en charge trois groupes d’anglais et permettre à chaque en-seignant  de  travailler  de  façon  plus pointue  dans  un  autre  champ  de compétence.

Les acquis des élèves À  l’issue  de  leur  scolarité  primaire, les  élèves  doivent  avoir  acquis  le niveau A1 de  l’échelle de niveau du cadre  européen  commun  de  réfé-rence  pour  les  langues,  publié  par le  conseil  d’Europe.  Pour  chaque langue,  un  programme4  très  précis définit  les  fonctions  langagières,  les structures,  le  lexique,  les  éléments phonologiques et les contenus cultu-rels à enseigner. L’enseignement est essentiellement basé sur des activi-tés  langagières  dans  lesquelles  les élèves sont amenés à se présenter, à parler de leur environnement, à en-tretenir  quelques  relations  sociales 

1.   Enseignement précoce des langues vivantes.2.  Enseignement d’initiation aux langues étrangères.3.   Centre national de documentation pédagogique.4.  BO n° 4 du 29 août 2002. 

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simples et à participer à la vie de la classe. Il s’agit d’un entraînement ré-gulier et méthodique qui donne la pri-mauté à l’oral. Les éléments culturels sont  abordés  par  l’enseignant  de  la classe. Comme tout enseignement, il doit être soigneusement programmé, préparé et évalué. 

Les compétences des enseignants Actuellement, de plus en plus de pro-fesseurs  des  écoles  font  preuve  de compétences en anglais ou en alle-mand et sont, soit validés par lʼIUFM5, soit  habilités par  l’inspection acadé-mique.  Il  est  primordial  que  les  en-seignants du premier degré assurent cet  enseignement.  Ils  connaissent bien leurs élèves ; ils peuvent organi-ser les plages de langue, établir des liens  intéressants  avec  les  autres champs  disciplinaires,  conduire  des séances  courtes  et  fréquentes  et adapter une démarche pédagogique en fonction des réalités de la classe.Pour  pouvoir  enseigner  dans  leur classe,  les enseignants peuvent de-mander à passer une habilitation en langue qui consiste en  l’écoute d’un dialogue en langue étrangère, suivie de  questions  de  compréhension  et prétexte  à  un  entretien  dirigé  dans la  langue  cible.  Nul  besoin  de  par-ler  couramment  dans  la  langue  de Shakespeare pour l’obtenir !Des  ateliers  de  linguistique  sont proposés  hors  temps  scolaire,  sur les cinq bassins du département de l’Essonne. Ils  permettent  de  conforter  les connaissances linguistiques et péda-gogiques de manière efficace et moti-vante. Les inspections de lʼÉducation nationale  fourniront  les  informations utiles.Est-il  nécessaire  d’insister  sur  les enjeux  d’ouverture  et  d’altruisme de  cet  apprentissage  ?  Restons convaincus  de  l’importance  de  cet enseignement  pour  les  citoyens  en devenir que sont nos élèves !

Martine LAGEAT, IEN à Brétigny

Michèle NÉDÉLEC, IEN à Évry,

pilote du groupe ELVE BLÉ 91 n°40, octobre 2007

5.  Institut universitaire de formation des maîtres.

Du côté de l’Europe….

L’INFLUENCE DU TRAITÉ DE MAASTRISCH SUR L’ÉCOLE

Au lendemain des élections euro-péennes, notre chroniqueuse s’inter-roge sur les conséquences possibles d’une Europe de l’éducation.

La ratification du traité de Maastricht, texte de mise en application de l’Acte unique,  introduit  pour  la  première fois  dans  l’éducation  des  objectifs explicites d’actions communautaires. En  effet,  s’il  réaffirme  l’inaliénable responsabilité des  états  membres dans  l’organisation,  la gestion et  les objectifs de  leur système éducatif,  il engage  des  perspectives  d’actions qui  donnent  une  légitimité  commu-nautaire  à  quelques  grands  prin-cipes  : l’égalité des chances, le refus de toute discrimination, la promotion des droits de  l’homme,  la protection de l’environnement, etc...

D’une  façon générale  tous  les pays européens ayant mené la même po-litique persévérante de démocratisa-tion de l’enseignement se retrouvent dans des déclarations qui  tendent à promouvoir  une  forme  d’éthique  in-ternationale,  à  laquelle  chaque  sys-tème  peut  explicitement  ou  non  se référer.

[…] 

En  référence  à  des  valeurs  com-munes, il s’agirait de favoriser l’émer-gence d’une citoyenneté européenne positive.

Anne-Marie GILLE, IEN à Brunoy

BLÉ 91 n°8, juin 1994

En 2007, cet article suggère la mise en place d’un jumelage électronique : l’e-twinning. Ce dispositif est toujours d’ac-tualité, un correspondant à CANOPÉ Essonne pourra vous aider à élaborer votre projet si vous êtes intéressés.

ACTION D’OUVERTURE EUROPÉENNE

Qu’est-ce que l’e-twinning ?Ce  dispositif  offre  la  possibilité  pour chaque école ou chaque classe d’établir un ou des partenariat(s) avec des corres-pondants européens. Deux objectifs sont poursuivis :-  aider  les  écoles  et  les  établissements scolaires d’au moins deux pays membres à établir un projet de coopération éduca-tive,  permettant  des  échanges  profes-sionnels d’idées, de pratiques et de res-sources entre enseignants ;-  sensibiliser  des  acteurs  éducatifs  aux méthodes et pratiques d’échanges euro-péens par les TIC à l’occasion d’ateliers académiques,  nationaux  et  européens, pour favoriser une société multilingue et multiculturelle.Le  dispositif  e-twinning est  une  mesure émanant du ministère de  lʼÉducation na-tionale1.  Il  répond  aux  orientations  de  la politique  linguistique  du Conseil  de  l’Eu-rope et s’inscrit dans le cadre du proces-sus de Lisbonne dont l’objectif est de faire de l’Union européenne, à horizon de 2010, l’ensemble mondial  le plus dynamique.  Il fait partie des actions du plan de rénova-tion de l’enseignement des langues.Que propose-t-il ?Ce  dispositif  met  à  la  disposition  des classes  des  outils  adaptés  et  sécurisés pour  la  réalisation  d’échanges  entre élèves  et  entre  enseignants.  Sont  ainsi proposés :- un site http://www.etwinning.net ;- une base de données contenant tous les projets et toutes les écoles européennes participant à l’action ;- un bureau d’assistance nationale (BAN) chargé de  la mise en œuvre et de  l’en-cadrement de cette action pour une aide à la mise en place de projets ou à la re-cherche de partenaires. [...]

Christine CANONNE, chargée de mission langues vivantes

BLÉ 91 n°40, octobre 2007

1.  Mesure parue au BO n°22 du 2 juin 2005.

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La question de l’informatique est au  cœur  des  préoccupations de  notre  société.  L’école  s’en 

est  progressivement  emparée,  en privilégiant, dans un premier  temps, l’utilisation  de  l’outil  en  tant  que  tel, pour en faire progressivement un ou-til  pédagogique  incontournable pour les élèves. Les contenus ont été dé-finis  dans  les  programmes  d’ensei-gnement.

En 1992, la question de l’intro-duction de l’outil informatique à l’école est posée.

I COMME INFORMATIQUE

Du rêve...L’enseignement  de  l’informatique  a connu une généralisation massive dans le département  : au cycle  III en particu-lier,  les  compétences  des  élèves  dans la  maîtrise  des  divers  traitements  de texte  ainsi  que  leurs  performances  en programmation  grâce  à  LOGO  sont  re-marquables.  On  signale  quand  même quelques écoles à classe unique dont la gestion  n’est  pas  informatisée. Enfin,  la plupart des maîtres rédigent leurs fiches de préparation sur MACINTOSH. ... à la réalitéUn ordinateur PC dans une école, mode ou nécessité ?[...]

Les instituteurs animateurs en informatique,

BLÉ 91 n°2, décembre 1992

En 1997, l’informatique permet d’élargir progressivement le champ d’action de l’enseigne-ment par l’introduction de tech-nologies nouvelles.

UN TABLEAU PEUT EN CACHER UN AUTRE

[...]Un objet technique... bientôt interactifL’emploi  du  rétroprojecteur  (encore  peu utilisé  dans  les  classes,  on  peut  le  re-gretter), du tableur  informatique, du trai-tement  de  texte,  des  réseaux  (NET...), 

et  bientôt  la  projection  de  documents informatiques  travaillés  en  temps  réel (peut-être  dans  quelques  années  grâce à l’écran plat),  transformeront  le tableau en  lui  donnant  de multiples  possibilités. Nous  pourrons  mettre  en  évidence,  or-ganiser, modifier les textes, les tableaux de  nombres  et  les  formes  (en  transfor-mant  les mathématiques  en  «  sciences expérimentales »). Les échanges seront plus constructifs, les étapes pourront être mémorisées puis visualisées rapidement (pour mettre en évidence, par exemple, les étapes de réécriture).

De la craie à l’écran plat interactif, que de changements  ! Et pourtant  l’avenir nous réserve  sans  doute  encore  de  formi-dables surprises. La fonction du tableau est peut-être finalement d’aider l’enfant à maîtriser les supports pour mieux les uti-liser et... s’en libérer ? 

François LE SCOUARNEC, IEN à Ris-Orangis

BLÉ 91 n°18, mars 1997

En 1998, l’introduction d’Inter-net a révolutionné les modali-tés pédagogiques d’utilisation de l’outil informatique tout en devenant un outil profession-nel disponible pour les ensei-gnants, notamment l’utilisation de la messagerie électronique et l’accès aux sites pédago-giques. Voilà ce qu’on écrivait alors…

COMMUNIQUER AVEC INTERNET

La messagerie électroniqueC’est  un  service  d’échange  de  courrier. Une ou plusieurs boîtes aux  lettres sont créées sur le serveur hébergeant l’abon-né.  Les  messages  y  sont  stockés  en attendant  que  le  correspondant  vienne consulter son courrier.Le  courrier  électronique  présente  de 

nombreux avantages :-  la  rapidité  :  la  réponse  peut  s’effectuer dans la demi-journée, voire en temps réel ;- la souplesse d’utilisation : les messages peuvent être envoyés à toute heure, que le correspondant soit en ligne ou non ;-  la  possibilité  d’attacher  des  fichiers    : l’envoi  de  fichiers  attachés  sous  des formats variés  (textes, documents PAO, fichiers  images,  sons,  vidéo…)  facilite 

l’échange de travaux. [...]Il  est  possible  d’envoyer  du  texte  au 

format HTM  qui  pourra  être  lu  par  tous les  logiciels  de  navigation,  tels  que Mi-crosoft Explorer,  ou  Nescape,  les  plus courants. [...]Les sites pédagogiquesCertains sites peuvent être utilisés pour des  séquences  pédagogiques.  Ils  sont accessibles directement ou sur abonne-ment.  […]  Ils  sont  protégés  pour  éviter des  intrusions  intempestives  et  assurer la qualité des propositions. Des fiches de modèles d’utilisation peuvent circuler ou être disponibles sur Internet. [...]

Centre ressource informatique pédagogique de l’Essonne,

BLÉ 91 Hors série, avril 1998

En 2009 et 2013, les deux articles suivants abordent la question de l’introduction des outils numériques qui privilé-gient l’interactivité et partici-pent ainsi à l’évolution des pra-tiques pédagogiques.

DE L’ARDOISE AU TABLEAU NUMÉRIQUE INTERACTIF

[…]Une expérience de classe Dans un souci de lisibilité, je projetais de-puis quelques temps mes supports écrits à l’aide d’un vidéoprojecteur. Depuis trois mois,  j’utilise  le  tableau numérique  inte-ractif avec des élèves atteints de troubles spécifiques  du  langage,  au  sein  d’une unité  pédagogique  d’intégration.  J’ai constaté  que  ce  matériel  apportait  des éléments de réponse positifs à la mise en œuvre de ma pédagogie et faisait  l’una-nimité auprès des élèves. 

Voici quelques remarques de Kevin :•  « J’ai plus envie d’aller au tableau… C’est plus amusant et plus pratique. »Ce commentaire met en évidence  l’inté-rêt que suscite cet outil, à savoir  l’envie de participer et d’échanger entre pairs.• « On arrive mieux à se concentrer. »Le temps de concentration est nettement amélioré et permet à l’apprenant d’établir des liens avec ses acquis fondamentaux. L’autocorrection  est  plus  efficace  car l’élève visualise aisément sa production.•  « On peut mettre le cache noir. C’est plus facile pour lire. On ne se trompe pas de ligne.

Du TO7 au TNI...

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Il y a plein de couleurs. C’est plus clair ! »Les  outils  proposés  permettent  de  ren-forcer  les  compétences  en  lecture  et d’améliorer  la  compréhension  du  texte mais  aussi,  parfois,  de  se  réconcilier avec l’acte de lire. L’élève peut gommer, revenir  en  arrière,  changer  les  attributs des  caractères  (codage  couleur  par exemple).•  « C’est mieux qu’avant, on peut gar-der ce qu’on a corrigé et revenir dessus après. »L’enregistrement  des  «  paperboards  » (des  pages)  facilite  le  recours  à  des notions  et  activités  étudiées  antérieure-ment.• « On peut voter. »Les boîtiers de vote, outils pour s’entraî-ner ou s’évaluer à tout moment sur QCM, sont très appréciés. Les élèves n’ont pas besoin d’écrire ; cela renforce leur atten-tion et leur concentration.

Pour  finir,  j’ajouterai  deux  éléments  im-plicites  à  l’utilisation  du  TNI,  non  cités par  l’élève,  mais  vérifiés  au  cours  des séances :- l’utilisation de ce matériel technologique favorise les échanges oraux entre élèves ;-  le  réglage du  tableau permet  l’adapta-tion instantanée de la bonne hauteur et, par là même, facilite l’écriture à certains sujets de petite taille. ».[…]

Pascale MARNIER, enseignante

au collège Gérard Philipe de Massy BLÉ 91 n° 43, juin 2009

LES TABLETTES TACTILES DANS LE DÉPARTEMENT

[…]Qu’est-ce qu’une tablette numérique tactile ?Les  tablettes  numériques  sont  des  pe-tits  terminaux  tactiles  dans  lesquels  on peut  installer  plusieurs  applications.  Ce ne  sont  pas  des  ordinateurs  portables, mais de véritables cartables numériques multimédias. Elles  sont  toutes équipées d’un  micro,  d’un  appareil  photo,  d’une caméra, d’un GPS et du WIFI. D’une uti-lisation intuitive et simples d’accès, elles sont  très  facilement  prises  en main  par les élèves. • Les tablettes « Ipad » sont fabriquées et distribuées par Apple. On ne peut uti-liser  sur  celles-ci  que  des  applications disponibles dans « Apple-Store ». Il  faut 

donc y créer un compte afin de pouvoir les  installer.  De  nombreuses  sont  gra-tuites  et  les  payantes  ont  un  coût  rai-sonnable  compris  entre  0,79  €  et  10  €. L’avantage est  qu’une application ache-tée  est  tout  de  suite  disponible  pour toutes  les  tablettes. Apple  a  développé très tôt une politique commerciale en di-rection du monde de  l’éducation, ce qui explique son avance dans ce domaine. Il est constaté que les éditeurs se tournent plutôt vers cette plateforme pour diffuser leurs produits. • Les tablettes « Android » utilisent un autre  système  d’exploitation  développé par  Google.  Pour  profiter  pleinement de ces tablettes,  il  faut créer un compte gmail, afin d’avoir accès aux applications. Pour l’instant, peu d’applications en fran-çais à destination des élèves sont dispo-nibles, mais c’est un marché en devenir et, à l’avenir,  les éditeurs seront de plus en plus présents sur  les différentes pla-teformes. Au-delà de  l’aspect  technique et finan-

cier de  la  tablette,  le choix entre  les dif-férents  modèles  se  fera  en  fonction  du « marché » des applications. Actuellement,  Apple,  Google  et  Win-

dows proposent des contenus de plus en plus similaires. Les applications sont plus ou moins in-

tuitives selon  les plateformes : avant de choisir le modèle de tablette à utiliser en classe,  il  convient  d’avoir  une  réflexion sur les usages souhaités. Cette étape est nécessaire afin de faire un inventaire des applications proposées par les éditeurs.[…]

Un exemple d’utilisation en grande section dans le domaine « S’appro-prier le langage »À l’école maternelle, un des premiers ob-jectifs  est  l’acquisition  du  langage  oral. Pour y parvenir, plusieurs capacités sont travaillées  dont s’exprimer dans un lan-gage mieux structuré, en articulant cor-rectement.La  langue  orale  est  omniprésente 

dans la journée de classe de ces jeunes élèves.  Il  convient de  leur proposer des activités  diversifiées  qui  leur  permettent de produire oralement des contenus va-riés, en fonction des compétences à dé-velopper.Une  des  principales  difficultés  pour 

proposer une remédiation dans l’appren-tissage  de  la  langue  orale  est  de  faire prendre conscience aux élèves de  leurs erreurs de prononciation, de vocabulaire ou de formulation.

En  utilisant  l’application  «  Puppets Pals » sur Ipad, on propose à un groupe d’élèves (deux par tablette) de créer des histoires animées qu’ils pourront corriger à volonté et qui, une  fois finalisées,  se-ront exportables sur tout support.En quelques minutes, les fonctions prin-

cipales de l’application sont expliquées, à savoir le choix des personnages, des dé-cors, l’enregistrement et l’écoute de l’his-toire. Les élèves deviennent très rapide-ment autonomes pour créer leur histoire.La  séance  s’organise  de  la  façon  sui-

vante :• deux élèves par tablette, chaque élève choisit un personnage, ce choix peut être dicté par l’enseignant en fonction de son projet  ;  le binôme choisit un décor pour situer son histoire ;• une phase de manipulation libre est né-cessaire pour s’approprier la tablette ; au cours de celle-ci, les élèves « joueront » avec  leur  personnage  et  créeront  des histoires mais sans les enregistrer ;•  l’enseignant  fait  un  rappel  de  la  fonc-tion  enregistrement/écoute,  afin  que  les élèves puissent commencer l’enregistre-ment de leur histoire. À partir du moment où  l’on  enregistre,  toutes  les  manipula-tions ainsi que les voix sont mémorisées dans  l’application.  Très  simplement,  ils peuvent se  réécouter et ainsi valider ou recommencer leur histoire. Bien sûr, pré-cédemment  la  classe  aura  travaillé  sur les  éléments  permettant  de  valider  un texte oral  (compréhension,  clarté,  voca-bulaire...) ;•  les  élèves  présentent  leur  travail  à l’enseignant qui  l’enregistrera  (si néces-saire) dans  la  tablette. Le film ainsi réa-lisé pourra être visualisé sur une tablette, montré  aux  autres  élèves,  exporté  pour être diffusé sur tout support pouvant  lire des vidéos.Dans ce type de séance,  les TUIC ap-

portent une plus-value certaine au travail sur la langue orale : • la possibilité de réécouter sa production et de prendre conscience de ses erreurs ;• la réalisation rapide d’une production nu-mérique (film animé), par deux, il faut une vingtaine de minutes pour réaliser un film ;• la mobilité de la tablette qui peut circuler pour visionner les films ;•  la  lecture multi support des films réali-sés qui pourront ainsi être diffusés  (site d’école, clé USB, DVD...).[…]

Alexis TARASSENKO, professeur ressource

en informatiqueBLÉ 91 n°49, juin 2013

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À  chacun  de  calculer  le  nombre  de verbes  différents  appris  pendant  la scolarité  primaire  pour  obtenir  le nombre total.On regroupe en général les verbes par  type afin de simplifier  la  tâche  : verbes  du  premier  groupe  et  leurs particularités  (er, cer, ger, eter, eler, éder, ier, oyer, uyer), verbes du deu-xième  groupe  et  une  quinzaine  du troisième  groupe,  ce  qui  fait  au  to-tal : 25 verbes x 88 formes, soit 2200 formes  de  verbes.  L’objectif  d’ap-prentissage est démesuré !

Simplifions !Après avoir pris conscience de  l’im-mense effort de mémoire demandé, dont  les  enfants  ne  perçoivent  pas nécessairement  le  sens,  réfléchis-sons  aux  possibilités  d’allégement. Ne  pourrait-on  pas  mettre  en  évi-dence  les  cohérences  et  les  simili-tudes,  plutôt  que  les  dysfonctionne-ments ?Il  faut  que  l’enfant  connaisse  les formes des verbes être et avoir pour conjuguer les temps composés. Nos deux auxiliaires doivent être appris : 6  x  2  x  4  temps  simples,  soit  48 formes.

uLes similitudes sur les marques de personneLes  marques  de  personne  ne  sont pas  toujours  audibles,  mais  elles sont moins diverses qu’on le croit.Voici les marques de personnes clas-sées des plus  régulières aux moins régulières. Les marques orales sont entre  crochets,  vides  parfois,  les marques écrites en italique.

En  faisant  faire  un  relevé  par  les élèves  des  principales  terminai-sons  aux  temps  simples  de  plu-sieurs  verbes,  ils  découvrent  que les régularités sont nombreuses.

•  6e personne : [ ] nt pour tous les-verbes, à tous les temps ; au futur [I] ont.•  2e personne  :  [  ] s  pour  tous  les verbes à tous les temps, sauf à l’im-pératif  présent des  verbes en er  (la lettre x est un avatar du s et apparaît 

dans  une  position  spécifique,  après au et eu).•  4e personne  :  [I]  ons  pour  tous les verbes, sauf être qui se conjugue en mes,  forme qui  donne  la  4e  per-sonne  du  passé  simple  de  tous  les verbes.•  5e personne : [e] ez pour tous les verbes  à  tous  les  temps  sauf  être, dire, faire qui  se conjuguent en  tes, forme  reprise au passé simple pour tous  les  verbes.  On  comprend  que les  petits  conjuguent  par  analogie  : vous *disez1,  vous *faisez,  puisque ce sont les formes attendues.•  3e personne :-  pas  de  désinence  pour  le  présent des verbes en er ;- pas de désinence pour le subjonctif présent ;- [a] a pour avoir, aller au présent, au passé simple des verbes en er, au fu-tur pour tous les verbes.•  1re personne :-  pas  de  désinence  au  présent  des verbes en er ;- pas de désinence au subjonctif pré-sent ;- [ɛ] ai au futur de tous les verbes et au passé simple des verbes en er et avoir, aller ;-  [  ] s pour  tous  les autres  temps et tous les autres verbes.

Construire  un  tel  tableau  est  fruc-tueux pour les élèves du cycle 3. Les terminaisons (les désinences) de per-sonne apparaissent assez régulières pour  ne  pas  dire  systématiques. Elles posent essentiellement des dif-ficultés  orthographiques  quand  les marques  ne  sont  pas  oralisées  (du fait d’une absence de liaison devant une  voyelle  ou  une  lettre  muette), comme avec nt à  la 6e personne ou s  à  la  1re  ou  2e  personne.  Les  en-fants font  le plus d’erreurs orthogra-phiques  lorsque  les  phénomènes d’homophonie  sont  particulièrement importants. Pour les plus jeunes, on peut commencer par travailler et faire apprendre les 3e et 6e personnes qui permettent de voir la variation singu-lier  / pluriel, d’autant que  la marque du pluriel est toujours la même, bien qu’on ne  l’entende pas. Puis on  fait travailler  les  4e et  5e  personnes  qui 

DEUXIÈME ÉPISODE Surtout renoncer aux tables de conjugaison. Simplifions l’apprentissage !

Dans le deuxième épisode de ce feuilleton, Carole Tis-set propose d’aborder au-trement l’apprentissage des terminaisons.

Les  formes  verbales  sont  très  irré-gulières. C’est pourquoi l’on croit né-cessaire de faire apprendre un grand nombre  de  tables  de  conjugaison afin que  les élèves puissent  correc-tement les utiliser. Nous reviendrons dans un prochain chapitre sur la no-tion d’utilisation. Observons de près les  différentes  formes  verbales  que l’enfant doit apprendre. 

Calculons !Le  verbe  est  la  classe  qui  présente le plus grand nombre de  formes va-riables  (dites fléchies). Prenons  l’ad-jectif, il n’en comporte que 4 (masculin singulier, masculin pluriel...) et le nom 2 (singulier, pluriel). De plus, leurs dif-férentes formes peuvent être déduites d’une  forme  première,  ce  qui  n’est pas toujours le cas pour les verbes. À partir de la forme aller, on ne peut pas trouver : va, irons, aille, etc.Le  nombre  total  des  verbes  est moins important que celui des noms. Il  existe  à  peu  près  10  000  verbes pour à peu près 50 000 noms. Si l’on additionne toutes les formes de  tous  les  temps  et  de  tous  les modes, on obtient un inventaire de 6 personnes à multiplier par 13 formes (les temps des modes personnels : 8 pour l’indicatif + 3 pour le subjonctif + 2 pour  le conditionnel = 13  formes), soit  78,  auxquelles  on  peut  ajouter 6 formes pour  l’impératif + 4 formes pour les modes non personnels, soit 88 (sans compter les formes du pas-sif,  les  temps  surcomposés  et  les formes pronominales...). Les enfants doivent retenir 88 formes par verbe ! 

uN SuJET coToN : La coNJugaISoN...Feuill

eton...

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...Feuilleton...sont sonores, la 2e personne qui est toujours identique, en faisant remar-quer  que  ce s  n’est  pas  la marque du pluriel.

Si  l’on  a  le  courage  de  travailler la  conjugaison  horizontalement comme nous le proposons, on re-marquera que  la division en  trois groupes n’est pas pertinente pour les  marques  de  personne,  mais qu’on a une opposition : verbes en er / autres verbes.

uLes similitudes sur les marques de tempsObservons  les  similitudes  entre les  désinences  de  temps,  des  plus simples aux plus complexes.

Quels que soient les verbes :•  le futur se construit toujours avec une seule désinence qui est orale [r]  ;  on enseigne parfois  le  futur en construisant r + avoir au présent sauf pour les 4e et 5e personnes. Cette ex-plication qui a une origine historique2 convient aux verbes en er et à aller, envoyer, mais ne convient pas pour coudre, mordre, bouillir, faire, courir, cueillir, devoir, pouvoir, voir...Cette  explication  ne  peut  que renforcer  les  confusions  orthogra-phiques  où  toute  finale  [e]  ou  [ɛ] est  écrite  er  par  les  enfants.  Cette désinence  est  souvent  présentée comme celle de l’infinitif. Or ce n’est vrai qu’à l’écrit et pour les verbes en er.  Quand  la  désinence  de  l’infinitif est sonore, elle s’écrit re après une consonne  :  vivre, boire, conclure… et r après une voyelle : avoir, brandir, émouvoir…  Les  graphies  re  après une voyelle existent, mais sont peu nombreuses  : rire, conduire, boire...

•  l’imparfait se  construit  sur deux désinences orales : [ɛ] ai aux 1re, 2e, 3e, 6e personnes, [j] i aux 4e et 5e per-sonnes ;

•  le  présent :  il  n’y  a  pas  de  dé-sinence  ;  ce  temps  se  construit  di-rectement  sur  le  radical  auquel  on ajoute  les  marques  de  personne. C’est  donc  un  temps  très  difficile  à orthographier  et  pourtant  c’est  par celui-ci  que  l’on  commence  sous prétexte  qu’il  est  employé  commu-nément à  l’oral. On croit naïvement qu’on peut l’écrire puisqu’on peut le 

dire  ! On  se  trompe,  car  l’apprentissage  de  la  conjugaison  a  pour objectif de faire écrire... des formes écrites pas forcément sonores ;

•  le passé simple connaît quatre désinences dont trois fréquentes : -   [a] a pour les verbes en er ;-   [i] i ou [y] u pour les autres verbes ;-   [ὲ] in pour quelques autres du type : tenir, venir...

•  le subjonctif présent connaît deux désinences : [ə] e pour les 1re, 2e, 3e, 6e personnes et [j] i pour les 4e et 5e personnes ;

•  le conditionnel présent est fabriqué en additionnant la désinence du futur et celle de l’imparfait ;

•  l’impératif présent se construit comme le présent sur le radical sans dési-nence temporelle.

L’imparfait  et  le  futur  ayant  des  désinences  très  régulières  et  présentant une grande cohésion dans  la correspondance oral/écrit,  il vaudrait mieux commencer par l’apprentissage de ces deux temps, ce qui permettrait, en plus, de faire reconnaître à coup sûr le verbe.

Cette régularité est perçue très tôt par les enfants qui construisent des formes par analogie. Voici deux exemples relevés dans l’écrit d’un enfant de 6 ans :* elles sontaient (= sont + marque de l’imparfait + 6e personne) ;* je me suitais fait mal (= je me suis + marque de l’imparfait + 1ère personne).Pourquoi  ne  pas  s’appuyer  sur  les  représentations  des  élèves  et  sur  leur connaissance  intuitive des régularités des conjugaisons pour bâtir une pro-gression ?Au total,  il suffit de connaître  les 8 désinences de personne et  les 9 dési-nences temporelles pour savoir conjuguer et écrire la finale de tous les verbes. La difficulté ne se trouve pas du côté des désinences.Où se situe-t-elle ? Pour le savoir, vous pourrez lire un prochain numéro de BLÉ 913.

Un exemple de travail horizontal pour le présent

Verbes en er

Verbes en ir

faire, dire

devoir, savoir, croire, venir, partir, voir

rendre, prendre

vouloir, pouvoir

aller avoir être

- s s s s x s - s

s s s s s x s s s

- t t t d t - - t

ons ons ons ons ons ons ons ons mes

ez  ez  tes ez  ez  ez  ez  ez  tes 

ent ent ent ent ent ent nt nt nt

BLÉ 91 n°25, mars 1999

1.  Les formes précédées de * sont des formes incorrectes.2.  Le futur du latin tardif et du pré-roman est issu d’une périphrase formée de l’infinitif du verbe suivi des formes de présent du verbe habere : j’ai à prendre = prenderayyo.3.  Troisième épisode de ce feuilleton.

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HuMouR

Déjà en 1997, la question est posée : la sieste fait-elle partie des apprentissages des élèves ? Exercices de style sur le référentiel de compétences des enseignants...

Il est grand temps de restituer à la sieste sa juste mesure. Malheureu-sement ce temps n’est pas stipulé dans les programmes officiels. Plus grave encore, la sieste n’apparaît pas dans le cursus de formation des futurs professeurs des écoles, ni même dans les contenus de formation continue […]

Le  public  concerné est laissé à l’apprécia-tion des enseignants. Actuellement,  seul  le cycle  1  est  concerné par la sieste. Mais on peut  envisager,  dans le  cadre  des  «  pro-jets  Guy  DRUT  », d´étendre  cette  acti-vité  au  cycle  2  (cer-taines  régions  du pourtour  méditerra-néen l’ont déjà adop-tée). Seuls  seraient  re-crutés  des  interve-nants  extérieurs  titu-laires  du  BESEMS (Brevet  d’Éducation à  la Sieste En Milieu Scolaire).  Le  minis-tère  étudie  actuelle-ment la question. […] Cette activité développe les compétences suivantes :1  - Être en contact permanent avec des dortoirs. 2  - Se repérer de façon autonome dans un espace sombre et silencieux, pro-pice au sommeil.3  -  Identifier différents  types de couchage  (ne pas hésiter à  faire varier  les supports).4  - S’approprier les phases qui constituent le sommeil.5  - Être un dormeur polyvalent. [...]

Anne BERTOTTO, IMF, directrice de l’école maternelle

Pileu à Massy BLÉ 91 N°18, mars 1997

Petit manuel à l’usage des enseignants pour surveiller la récré. Différentes tech-niques ont été déclinées dans cet article rédigé par une directrice d’école.

Ah ! La récré tant attendue... par les élèves évidemment ! Pour les ensei-gnants « qui sont de service », plu-sieurs stratégies sont possibles.

La technique du militaireVous tracez virtuellement la médiane de la cour que vous sillonnez au pas de  charge  2  par  2.  Vous  évitez  de partir côte à côte, mais plutôt face à face. Ainsi tous les angles sont qua-drillés,  le  bavardage  subversif  est évité et la sécurité est assurée.

La technique du matonVous  vous  plantez  au  milieu  de  la cour avec votre collègue. Vous avez pris bien soin de fermer  les toilettes à clé et vous avez installé des tables pour les « privés de récré ». Vous col-lez au poteau tous ceux qui donnent des coups de pieds, vous verbalisez ceux qui disent des gros mots ou qui crachent. Sifflet exigé.

Dès les premiers numéros de BLÉ 91, les rédacteurs utilisent l’humour et la caricature pour nous inviter à réfléchir et nous permettre d’éviter certaines dérives...

Vive la récré !

La sieste, un domaine de compétences spécifiques

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La technique du chat (spéciale ma-ternelle)Avec votre collègue, vous choisissez un petit banc dans la cour, où le so-leil a séché les dernières gouttes de pluie. Vous vous installez et vous de-mandez à un élève (dégourdi) d’aller vous chercher un petit café !

La technique du dévouéVous  êtes  parmi  vos  élèves.  Vous écoutez  leurs  petites misères,  vous leur donnez la main en vous prome-nant, vous les consolez et vous leur mouchez  le  nez  avec  vos  kleenex. Vous ne vous asseyez que pour faire des pâtés dans le sable.

La convocationSelon les cas, on oubliera de l’adres-ser à un membre  indésirable, on  in-diquera  une  heure,  une  date  ou  un lieu  erronés  (que  des  événements indépendants  de  la  volonté  de  l’or-ganisateur  ont  contraint  à modifier). Plus chic, on peut  la poster  la veille pour  le  lendemain  ou  le  lendemain pour la veille, surtout si ladite réunion est prévue depuis longtemps.L’ordre  du  jour  sera  modifié  sans concertation, de sorte que les ques-tions  sensibles  soient  traitées  dans 

Ou comment rater un conseil et se brouiller avec tous ses partenaires... À ne suivre sous aucun prétexte !

les  trois  dernières  minutes  ou  re-poussées aux calendes grecques.

Le climatOn  s’arrangera  pour  qu’il  soit  exé-crable. Plusieurs méthodes sont pos-sibles :•  créer  des  clans  dans  l’école  en montant les uns contre les autres ;•  instaurer une salle des maîtres et une salle des professeurs d’école ;•  colporter  des  ragots,  alimenter « Radio-Trottoir » ;

•  étaler publiquement les différends internes à l’équipe (quelle équipe ?) ;•  entretenir  un  aimable mépris  en-vers ses partenaires ;•  inciter  les parents à dénoncer  les pratiques des enseignants ;•  dénigrer  tous  ceux  qui  veulent changer  l’école  en  arguant  que  les réformes  font  baisser  le  niveau  et que «  ... de mon  temps, c’était bien mieux, on n’avait pas toutes ces réu-nions  et  les  élèves  ne  regardaient pas la télé... » ;•  déformer avec application tous les 

La technique du boute-en-trainVous allez en  récré avec votre ballon et vos bas-kets,  vos  craies pour  la marelle... C’est  vous que l’on viendra solliciter pour remplacer celui qui-peut-pas-faire-la-récré.

La technique du directeurVous ne pouvez pas faire votre service parce que vous avez un coup de fil à donner, un représentant à recevoir... Ou mieux encore, vous arguez du fait que vous êtes Professeur des Écoles, il paraît que ça marche pour se faire dispenser de récré.

La technique du pédagoVous avez un super projet pour que vos élèves ap-prennent des tas de trucs pendant  la récré. Comme vous êtes très consciencieux, vous avez même prévu deux  services  pour  que  les  élèves  puissent  profiter un maximum de leur détente et vous vous prenez un maximum de services. Ça n’est pas grave, c’est pour la bonne cause !

Et si par bonheur vous n’êtes pas de service... vous pouvez en profiter pour :- « Tirer un sten », mais manque de chance, le bidon d’alcool est vide !- Faire des photocopies, mais la machine est bloquée.- Téléphoner au RASED qui a mis son répondeur.- Installer les diapos, mais il n’y plus de rallonge.De toute façon, pour le café, c’est raté !

Anne BERTOTTO, IMF, directrice de l’école maternelle

Pileu à Massy BLÉ 91 n°17, janvier 1997

MauVaIS coNSEILS PouR LES coNSEILS

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propos tenus, cultiver le procès d’in-tention ;•  introduire  la  paranoïa  à  l’école (délire  de  persécution),  seule mala-die mentale à être réellement conta-gieuse (attention, vous n’y échappe-rez pas vous-même !) ;•  et oublier soigneusement que cha-cun est d’abord là pour les élèves.

La conduite de la réunionOn  fera  en  sorte  que  la  réunion  se déroule dans un endroit mal indiqué. On  la  commencera  avec  une  demi-heure de retard et on prévoira moins de chaises que de participants. Les conseils de maîtres trouveront natu-rellement leur place au cours des ré-créations ou au moment du café. Le responsable  pourra,  au  choix,  prati-quer le terrorisme affectif ou intellec-tuel et faire régner un sain climat de terreur ou adopter une non directivité post-soixante-huitarde  rampante  et laisser s’instaurer un tranquille brou-haha propice à la lecture de son jour-nal, du catalogue de la CAMIF, à une séance  de manucure,  à  la  prépara-tion du  café,  de  l’apéritif  ou du mé-choui de fin de semaine. [...]

Les relevés de conclusionSi  l’idéal  est  de  rédiger  le  compte rendu avant la réunion, le plus simple consiste  à  n’en  point  faire. Mais  de nos  jours,  les  inspecteurs  sont  ta-tillons.  On  reprendra  donc  ceux  de l’année  d’avant,  une  rapide  mise  à jour au Tipp-Ex ou à l’ordinateur (ne pas oublier de changer  la date et  le nom des participants) leur redonnera une seconde jeunesse. [...]

Marc ZANONI, IEN à Arpajon,

BLÉ 91 n°8, juin 1994 

Quand les élèves réfléchissent à ce qu’est la démocratie et réaffirment les valeurs républicaines : un dialogue haut en couleurs !

Marianne chez le docteur« Bonjour mon enfant. Quel âge avez-vous ?- J’ai un peu plus de 200 printemps.- Ah, mais vous êtes une jeune fille. Vous vous appelez bien Marianne ?- Ça,  c’est mon  surnom.  Je m’appelle  France  et  je  fais  partie  de  la  famille  EUROPE.- Mais, je vous ai déjà vue me semble-t-il ?- Oui, effectivement Docteur, c’était en1968 et je venais tout juste de terminer ma dernière crise de croissance.- Et depuis, comment allez-vous ? Ça vous chatouille ? Ça vous gratouille ?- Eh bien, Docteur, je sens que c’est plus grave : ça me tiraille, ça me tiraille sur l’ensemble du corps, du corps social bien sûr. À certains endroits, ça fait même  très mal.  J’ai  des parties de moi-même qui ne  travaillent plus et qui s’ankylosent. Il paraît qu’on appelle cette maladie le chômage.- Oui, je vois...- L’air que je respire me semble moins pur qu’autrefois.- Vous toussez ?- Oui hélas ! Cet hiver, je n’ai pas toujours dormi au chaud et j’ai aussi, certains jours, souffert de la faim.- Vous avez été privée et délaissée à ce point ? J’ignorais que  la pauvreté pouvait exister.- Si, hélas, Docteur, mais tous les citoyens ne sont pas logés à la même en-seigne.- Je vais faire mon possible pour vous guérir.- Je souffre aussi d’éruptions de toutes sortes.- Précisez.- Violence, racisme, inégalité...- Aïe ! C’est sérieux, je vois.- Que voyez-vous, Docteur ?- C’est un dérèglement de votre démocratie. - Manque-t-elle de souffle ?- Elle n’est pas encore à bout... Une cure de vitamines peut-être ou bien l’ho-méopathie. Je vais vous prescrire des ordonnances.- Surtout  pas  !  Les doses homéopathiques,  je  connais,  on m’en a déjà  fait prendre : ça ne marche pas, c’est sans effet.- Un remède de cheval, alors ?- Vous voulez me faire exploser, Docteur.- Alors que faire ? Que faire ? À propos, comment va votre tête ?- Souvent j’ai la migraine, mes idées se bousculent mais n’aboutissent pas. De plus, j’ai parfois l’impression que ma tête ne communique plus avec le reste de mon corps.- C’est bien ce que je craignais. Il y a eu des précédents et ça s’est mal terminé.Il faut agir sur l’organe de la démocratie, votre cerveau. C’est lui qui sécrète les lois qui font fonctionner harmonieusement tout le reste de votre corps.- Que comptez-vous faire ?- On va essayer de le doper.- Ah ! Vous me rassurez, Docteur. Certains de vos confrères avaient préconisé l’ablation de ma démocratie.- Pauvre Marianne... N’allez surtout pas vous compromettre avec ces charla-tans qui vous feraient perdre votre identité. Si on vous retire votre démocratie, c’est la mort assurée. Ayez confiance en moi, ayez confiance en vous. Liber-té, Égalité, Fraternité, Solidarité (nouveau médicament à base de fraternité), Créativité sont les meilleurs remèdes à votre démocratie. Un conseil : prenez-en sans compter. »

École Jean Cocteau, à Milly-la-Forêt, CM2 de Jean-Pierre BESSE (1994-1995)

BLÉ 91 n°17, janvier 1997

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Dossier

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TROISIÈME ÉPISODE Les temps des verbes : méfions-nous.

Ce feuilleton sur la conjugaison se poursuit avec l’emploi des « ti-roirs » de la conjugaison. Comme dans les deux articles précédents, Carole Tisset décape les habitudes dans le domaine de l’enseignement de la conjugaison… L’imparfait, temps de la durée ? Faux ! Passé simple, temps de l’action brève ? Que nenni !

Il est d’usage de commencer l’appren-tissage  des  temps  au  CE1  par  les « époques » situées sur une flèche du temps :

À  chaque  adverbe  de  temps,  on  fait correspondre une époque qui, comme par hasard est le nom d’un « tiroir »1 :  passé  pour  passé composé,  présent pour présent, futur pour futur.Mais comment expliquer à un enfant 

que Demain, Zoé se marie  a  bien  le sens  d’un  futur  même  si  on  emploie le présent de  l’indicatif ? Pourquoi  lui refuser  l’énoncé  : Aujourd’hui j’ai fini mon travail,  sous  prétexte  qu’il  em-ploie le passé composé ?

Le premier systèmeL’emploi  des  tiroirs  de  la  conjugaison se fait selon deux systèmes. Le premier est organisé autour de la parole (mono-logue, autobiographie au présent) : tous les propos sont repérés par rapport au moment de  la parole, ce qui constitue ce que  les  linguistes appellent  l’énon-ciation discursive. Le présent situe celui qui prend la parole au moment de cette parole. L’énonciation se définit par trois termes : je, ici, maintenant.Certains  temps  verbaux  peuvent 

situer  les  événements  comme  simul-tanés,  antérieurs  ou  postérieurs  à  ce moment subjectif.

Au présent,  l’action  du  verbe  se fait en même  temps que  le  locuteur 

parle  :  Je vous remercie.  Dans  la phrase On voit quelquefois la Corse des côtes de France comme au-jourd’hui,  l’adverbe aujourd’hui  et  le présent  de  l’indicatif  indiquent  que l’énoncé coïncide avec le moment de la parole, mais le fait de voir les côtes dépasse ce moment comme l’indique quelquefois. Le présent est dilaté.Le  présent  gnomique  implique  des 

généralités,  des  permanences  qui  ne réfèrent  donc  pas  seulement  au  mo-ment  de  l’énonciation.  Il  est  employé dans  les  proverbes,  dans  les  énon-cés  scientifiques.  L’événement  peut être  décalé par  rapport  au  moment de  l’énonciation. C’est ce qui  fait dire à  certains  grammairiens2  que  le  pré-sent n’est pas un temps, puisqu’il peut épouser toutes les valeurs :-  valeur  de  postériorité  par  rapport à  l’énonciation  :  Dans trois jours, il pleut ;-  valeur  d’antériorité  par  rapport  à l’énonciation : Hier, Pierre arrive et me dit… ;-  valeur  «  historique  »  ou  présent narratif  :  Il était bien caché sous les fourrés. Il les vit arriver de loin. Tout à coup, il les entend près de lui. Celui qui parle se déplace au moment 

des  événements  ou  les  événements sont  déplacés  pour  coïncider  avec  le moment  de  l’énonciation,  afin  qu’ils appartiennent  au  présent  de  l’énon-ciation et que le lecteur ait l’impression d’assister en direct à l’histoire.Le présent est un  temps difficile à  la 

fois parce qu’il ne possède pas de dési-nence propre, contrairement aux autres tiroirs3,  mais  aussi  parce  qu’il  peut s’employer avec toutes les valeurs.

Le futur  situe  un  événement  posté-rieur par rapport au moment de l’énon-ciation. Le français connaît deux futurs grammaticaux  et  plusieurs  futurs  pé-riphrastiques  : aller +  infinitif, être sur le point de + infinitif, devoir + infinitif. La  projection  dans  l’avenir  est  plus 

ou moins grande. D’où les nuances de futur « proche » ou « lointain » pour le futur  simple  comme  pour  le  futur  pé-riphrastique : Demain, il sera trop tard. Je vais manger une pomme.Comme pour le présent, on trouve un 

emploi de futur « historique » :  Il était

bien caché sous les fourrés. Il les vit ar-river de loin. Tout à coup, il les entend près de lui. Il les entendra tout la nuit durant, frissonnant de froid et de peur. L’énonciation est transportée dans le 

passé pour actualiser l’événement.Par  rapport  au  futur  simple,  le  futur 

antérieur  permet  de  considérer  que l’action est accomplie.  Il marque éga-lement  l’antériorité  par  rapport  à  l’ac-tion  principale  :  Quand tu lèveras la tête de ton travail, je serai déjà parti.

L’imparfait  ne  s’emploie  pas  seule-ment  pour  les  faits  qui  durent  : Cinq ans plus tard, il mourait  ;  mourir  est présenté comme bref. Avec  l’imparfait,  l’événement  est 

vu « de  l’intérieur », dans son dérou-lement,  sans  limitation  explicite.  La valeur  chronologique  de  l’imparfait consiste  à  marquer  l’antériorité  par rapport  au moment  de  la  parole  : En ce moment, vous lisez un article rasant sur les temps, hier et avant-hier, c’était un Agatha Christie.

Le passé composé possède deux va-leurs. La première est celle de présent accompli : J’ai nagé trois longueurs de bassin sans m’arrêter (maintenant, au moment où  je vous parle,  je viens de le  faire…). C’est  pourquoi  il  est  com-patible avec maintenant, aujourd’hui. Il ne faudrait pas sanctionner un enfant qui l’emploierait.

Un deuxième systèmeLe  deuxième  système  est  caractéris-tique de  la  langue écrite  ;  il  présente des  événements  comme  coupés  du moment  de  la  parole.  On  l’appelle énonciation historique.  Deux  temps sont  fondamentaux  :  le  passé  simple et l’imparfait.On peut y trouver le passé antérieur, 

le plus-que-parfait, ainsi que le condi-tionnel. Le présent, autre que les pré-sents intemporel et narratif, et le futur, sont exclus.

uN SuJET coToN : La coNJugaISoN

...Feuilleton...

1.  Le mot tiroir vient des linguistes Damourette et Pichon. Il évite l’emploi du mot temps pour nommer le temps de conju-gaison  qu’on  ne  différencie  plus  avec  la  valeur  temporelle, celle-ci étant confondue avec le temps qui passe.2.  Guy Serbat.3.  Voir les épisodes précédents.

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Le passé simple n’exprime pas la  rapidité  ou  la  brièveté.  Il  n’est 

pas ponctuel : Il plut quarante jours et quarante nuits. Le passé simple offre une  vision  «  externe  »  de  l’action, comme un tout limité, borné. Le passé simple est l’épine dorsale du récit dans la mesure où les verbes qui font avan-cer l’intrigue sont nécessairement em-ployés à ce temps. L’imparfait sert à planter  un  décor,  à  expliquer  les  cir-constances peu importantes. C’est  le temps  de  la  description,  de  l’arrière-plan. Le passé simple permet la mise en  relief  des  événements  qui  consti-tuent l’intrigue : 

Maître Corbeau sur un arbre perchéTenait en son bec un fromage.Maître Renard, par l’odeur alléchéLui tint à peu près ce langage.L’imparfait  déborde  tout  repère.  Le 

passé simple sert de repère.

Le conditionnel est un futur dans un énoncé  coupé  du moment  de  la  pa-role. Il marque la postériorité par rap-port  à  un  événement  repéré  dans  le passé : Mme X rencontra M Y. Ils se plurent, se marièrent... Dix ans plus tard, comme beaucoup, ils divorce-raient.

Le passé composé  fait  concurrence au  passé  simple  avec  une  seconde valeur,  autre  que  celle  indiquée  ci-contre. La concurrence des deux pas-sés n’est pas récente. Au XVIIe siècle, les  grammairiens  instituèrent  la  règle des 24 heures qui commandait qu’un fait  s’étant  déroulé au-delà de  la nuit écoulée  devait  se  narrer  au  passé simple. Pour savoir à quel passé com-posé on a affaire, il faut vérifier par la substitution  avec  le  passé  simple  :  Il était une fois une gentille sorcière. Un jour, elle a disparu (= elle disparut). Le passé composé  indique bien un pas-sé et non un présent accompli.  Il  est choisi de préférence au passé compo-sé parce qu’il est communément em-ployé à l’oral, parce que ses formes de conjugaison  ne  prêtent  pas  à  sourire contrairement  au  passé  simple  (pen-sez à vous pûtes).

Que faire en classe ?On  pourra  commencer  par  travailler la  chronologie  en  dehors  de  toute forme verbale afin de bien installer les concepts de simultanéité, postériorité, antériorité.  On  peut  utiliser  l’emploi du  temps,  les prescriptions,  les diffé-

rentes activités sportives d’une même séance afin de faire placer  les « événe-ments » les uns par rapport aux autres. Puis on prendra différents repères.Exemple  : Avant l’EPS, on a fait une dictée. Après l’EPS, on fera du calcul.

Avant le calcul, on a fait une dictée, puis de l’EPS. Après la dictée, on fera de l’EPS, puis du calcul.Pour  travailler  les  temps,  il est nécessaire qu’au préalable  l’élève distingue  le 

verbe des autres mots. Des activités systématiques de substitution, en observant les changements de sens et les changements orthographiques, comme les tris de mots, aideront bien mieux qu’une définition  imposée par  le manuel ou l’adulte4.Pour qu’intuitivement s’installe le double système, on fera repérer systématique-ment, quel que soit le type de texte, ce qui est dialogue (qui ressemble à l’énoncia-tion discursive) et narration (qui ressemble à l’énonciation historique). Des textes combinent les deux énonciations. Il faut donc veiller à aller du « pur » au « mixte » :-   dialogue théâtral ;-   bulles de BD ;-   dialogue téléphonique ;-   dialogue de personnages dans un  récit avec un minimum d’incises qu’une 

lecture dramatique effacera ;-   autobiographie ;-   texte explicatif et texte prescriptif ;-   narration sans dialogue à l’imparfait et au passé simple, narration au passé 

entrecoupée de dialogues…En production d’écrits, on ne mélangera pas ! Les récits seront d’abord à l’im-

parfait et au passé simple. L’emploi du passé composé s’admet avec  les plus grands, au risque de passer du récit au discours.Régulièrement, en lecture, on vérifiera la compréhension de la chronologie des 

événements dans un passage du texte lu en classe. Là aussi, on ira du simple au complexe, avec un entraînement collectif oral avant de passer à la forme écrite individuelle.

Voici deux exemples d’exercices.

Numérote les événements dans l’ordre où ils se sont réellement passés. Exercice simple :1- Le petit poisson bleu demande une écaille.2- Les vagues ont rapporté l’histoire à Octopus.3- Octopus disparaît.4- Octopus donne un conseil.5- Arc-en-ciel reste seul5.

Exercice difficile :1- Lucas s’est mis en tête de me trouver un compagnon, à moi, son chat.2- Vous parlez d’une idée !3- Je ne demande rien à personne, moi !4- Ce matin, Lucas vient me voir.5- « Il te faudrait un camarade, Ronron… Une tortue ferait l’affaire.6- C’est bien trop lent pour moi, Lucas !7- Ce qui te conviendrait, c’est un chien ! Un beau chien !8- J’ai sommeil ? Lucas.9- Nous en reparlerons, demain. »Ce  texte est difficile parce qu’il mêle une partie narration au présent alors 

que  les  faits  racontés ont déjà eu  lieu, donc sont antérieurs.  Il  fait semblant de s’adresser à quelqu’un. Le texte écrit mime un conte oral. La partie « dialo-gue » est centrée sur le présent, mais n’est pas sur le même plan que le récit. Il est inclus.On visera d’abord la compréhension de l’ordre chronologique. Puis, on obser-

vera les temps, pour montrer leur valeur chronologique.

BLÉ 91 n°28, avril 2000

4.  Voir le premier épisode de ce feuilleton.5.  D’après Arc-en-ciel, le plus beau poisson des océans, M. Pfister, éd. Nord-Sud, 1992. Cet exercice nécessite bien entendu d’avoir lu l’album.

BLÉ 91 N° 50 * Mai 2014 * DSDEN Essonne

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Quelles sont selon vous les évolutions du métier d’enseignant à favoriser ?

Le métier évolue, qu’on le veuille ou non. On  peut  cependant  tenter  d’orienter  son développement. Schématiquement,  je re-tiendrai trois axes :–  Prendre en compte, reconnaître, valo-riser le travail réel des enseignants et les compétences  qu’il  exige,  cesser  de  faire comme si, dans ce métier, on se bornait à  transmettre du savoir. Aucun métier ne progresse  dans  le  non-dit,  sur  un  mode prescriptif ou idéaliste qui ignore la diver-sité et l’évolution des conditions de travail, des  publics,  des  programmes,  des  pa-rents, etc.–   Insister sur un niveau élevé d’expertise et  une  posture  réflexive,  allier  davantage d’autonomie et davantage de responsabili-té. Adosser cette expertise et cette pratique réflexive  aux  sciences  humaines  et  so-ciales, renoncer à faire comme si l’on pou-vait  s’en  tirer  avec  la «  simple » maîtrise des savoirs à enseigner et le bon sens.–  Aller  vers  une  plus  forte  coopération professionnelle,  une  moins  grande  soli-tude, un travail en équipe, en réseau, en établissement.

S’il est certain que les enseignants développent des savoir-faire pra-tiques, s’agit-il pour autant de compé-tences professionnelles ?

Question de définition. Les compétences sont des savoir-faire, mais des savoir-faire de  haut  niveau,  qui  permettent  de  faire face à des situations complexes, variées, évolutives grâce à une analyse fondée sur des  savoirs.  Les Québécois  parlent  d’un  « savoir-agir » pour marquer la différence. Il s’agit  toujours, en fin de compte, d’agir efficacement. On parlera d’autant plus vo-lontiers de compétences professionnelles qu’elles  s’apprennent  à  la  faveur  d’une formation  professionnelle  en  bonne  et due forme, dépassant le simple bon sens ou les habiletés sociales ordinaires. Il y a 

ENcoRE d’acTuaLITÉ…

Philippe Perrenoud, professeur-chercheur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Uni-versité de Genève, a publié en 1999 « Dix nouvelles compétences pour enseigner. Invitation au voyage. »Dans l’interview qu’il accorde à BLÉ 91 en 2003, il en éclaire quelques-unes. Ce qui concerne la différenciation le prouve : enseigner, c’est un métier… une formation professionnelle est donc indispensable !

compétence, au sens le plus exigeant du mot,  lorsque  l’action  s’appuie  sur  un  rai-sonnement  professionnel  basé  lui-même sur des savoirs.

Quelle peut-être l’incidence sur la for-mation professionnelle de la néces-sité d’avoir des compétences pour enseigner ?

Cette  incidence  est  forte.  Une  compé-tence s’adresse à une famille de situations de même structure, qui sont autant de pro-blèmes. Par exemple : faire face à l’absen-téisme de certains élèves ; expliquer à des parents, sans les blesser ni  les démobili-ser, que les espoirs qu’ils ont formés pour leur enfant risquent d’être déçus ; propo-ser une nouvelle approche à un élève au-quel la répétition des explications ne suffit pas  ;  ramener  le calme dans une classe agitée ou divisée par des conflits ; réinté-grer  un  élève marginalisé,  exclu  de  tous les clans et de toutes les activités ; trouver le moyen d’enseigner à lire à un élève de dix ans ; redonner le goût du savoir à un élève en échec et dont l’estime de soi est en chute libre ; apporter de l’aide à un col-lègue en difficulté  ; demander un conseil lorsqu’on  est  placé  devant  une  situation déconcertante ; trancher un dilemme d’un certain type, par exemple entre respect de la confiance accordée par un élève et de-voir d’informer ses parents.Pour  affronter  ces  situations  efficace-

ment, il faut :–  des  savoirs  didactiques,  pédago-giques,  psychologiques,  sociologiques, parfois juridiques ou médicaux ; –  des  informations sur  la situation  fami-liale,  la  trajectoire de  l’élève,  les antécé-dents, les enjeux de telle ou telle option ; –  des capacités (par exemple d’enquête, d’argumentation, de négociation) ; –   des attitudes et des principes éthiques. Mais toutes ces ressources ne servent à 

rien si  le professionnel n’est pas capable de  les  intégrer  grâce  à  des  schèmes de pensée  et  à  un  raisonnement  profes-

sionnel  plus  ou  moins  explicite  conduit souvent  dans  des  conditions  précaires  : manque d’information,  climat  de  tension, urgence, incertitudes. Tout cela est consti-tutif  de  la  compétence.  Elle  ne  peut  se développer sans que les savoirs, les infor-mations, les capacités, les attitudes et les principes soient construits puis constitués en un réseau de ressources fonctionnelles et mobilisables pour penser et agir. […]

Les enseignants sont confrontés aux difficultés scolaires, voire à l’échec scolaire. En quoi les nouvelles com-pétences contribuent-elles à accroître l’efficacité de l’école ?

Leur  seul  sens  est  d’y  contribuer,  d’ac-croître  l’efficacité  et  l’équité  de  l’action éducative.  Il  faudrait  les  prendre  une  à une pour montrer en quoi chacune peut et doit y contribuer. C’est évident pour ce qui concerne  la différenciation, puisque c’est une  réponse  directe  à  l’échec  scolaire. Prenons  des  exemples  pour  lesquels  le lien est moins lisible.«  Travailler  à  partir  des  erreurs  et  des 

obstacles  à  l’apprentissage  »  est  une compétence  indispensable  pour  dépas-ser  la  simple  reprise  d’une  explication,  entrer  dans  la  logique  de  l’apprenant, comprendre ce qui engendre ses erreurs, identifier  les  obstacles  cognitifs  spéci-fiques auxquels il se heurte.«  Décloisonner,  élargir  la  gestion  de 

classe à un espace plus  vaste » permet de  tirer  le meilleur parti  des cycles d’ap-prentissage,  de  gérer  des  espace-temps plus  vastes,  à  l’intérieur  desquels  une équipe pédagogique fait varier les disposi-tifs d’apprentissage (modules, groupes de besoin, projets, etc.). [...]

Interview de Philippe PERRENOUD, professeur-chercheur à la Faculté de

psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève-

BLÉ 91 n° 33, octobre 2003

Quand l’administratif rencontre le pédagogique…qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires bénéfiques…

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Marie-Pierre Luigi, secrétaire générale de l’inspection académique de l’Essonne, nous présente les nouveaux modes de fonctionnement ad-ministratifs. Aujourd’hui, administration et pédagogie doivent être deux expertises indissociables pour l’efficacité du système.

L’administration est souvent taxée d’immobilisme. Quelle est votre opinion sur cette idée reçue ?

Un grand nom français a dit : « L’administration, c’est mesquin, petit, tracas-sier ».  Je passe  tous  les  lieux communs et  critiques  faciles qui malmènent quotidiennement lesdits bureaucrates.Pendant des années l’administration n’intervenait que pour gérer le système en bon père de famille et calmement l’intendance suivait…La montée en charge des effectifs (élèves et personnels), de l’informatique et des procédures a rigidifié la gestion qui s’imposait ou s’opposait à toute inno-vation et rigoureusement l’intendance précédait…Quoi qu’en disent certains esprits systématiquement et si facilement critiques,  observateurs ou même acteurs de notre institution, l’administration n’est pas une nébuleuse opaque, malentendante et indolente.

Quel est, selon vous, le rôle de l’administration de nos jours ?

Aujourd’hui, elle doit anticiper, prévoir, analyser, agir et surtout rendre compte. Quand l’institution s’évalue, elle diagnostique avant tout son administration qui se remettra régulièrement en question par de nouveaux bilans et de nouvelles perspectives.Les résultats d’une bonne administration de l’Éducation nationale ne se lisent plus dans  les soldes budgétaires,  les pyramides des âges ou  les stocks de matériels. Ils se lisent dans les résultats de nos élèves.Affirmer que notre travail administratif n’a de sens que s’il se conçoit par la valeur  ajoutée à  l’élève n’est  pas  ignorer  la  pédagogie,  l’essentiel  de notre institution. C’est la reconnaître et l’accompagner.Cet  accompagnement  peut    faire  la  différence.  L’ouverture  d’esprit, l’échange et les croisements d’expertises sont aujourd’hui essentiels à une bonne  intendance du système et à notre objectif  commun,  la  réussite des élèves.

Comment pédagogie et administration peuvent-elles se compléter ?

Notre institution a longtemps été le reflet de deux mondes distincts et parfois même opposés  :  l’administration et  la pédagogie. Leur  rapprochement est aujourd’hui la condition essentielle à sa crédibilité. La connaissance et la re-connaissance de nos métiers et de nos compétences sont le levier commun de ces approches.  Il  est  temps de  renouveler aujourd’hui  l’image courteli-

nesque de nos métiers et de croiser nos  expertises  pour  des  résultats partagés.Savoir  qu’un  budget  de  fonction-nement  ou  le  nombre  de  postes de  remplacement  et  de  soutien  ne produiront  pas  les  mêmes  résultats selon  leurs modes de gestion,  c’est reconnaître que lʼadministration a be-soin d’un outil essentiel à sa bonne efficience  :  l’expertise pédagogique. Lʼadministration doit connaître et  in-tégrer  les  exigences  pédagogiques, tout comme la pédagogie ne doit pas s’exonérer  des  contraintes  adminis-tratives.Quel  pédagogue  pourra  dire  au-jourd’hui qu’une statistique est sté-rile?  Quel  administratif  affirmera qu’il n’est pas concerné par  l’élève dans sa classe ?Notre  culture  commune  est  notre modernité.  L’évolution constatée en la matière doit continuer et s’affirmer. Les dialogues  renforcés,  formels ou informels,  entre  pédagogues  et  ad-ministratifs  ne  pourront  que  conver-ger  vers  un  meilleur  service  rendu dans  la connaissance des différents contextes.[...]

Quelle est votre conclusion ?

Jean  Jaurès  affirmait  :  «  L’abon-dance est le fruit d’une bonne admi-nistration »  ; aujourd’hui, nous nous engageons à hauteur de nos moyens et de nos résultats.Agir en connaissance de cause est de  notre  responsabilité  :  connais-sance  des  causes  pédagogique  et éducative,  administrative  et  de  ges-tion  ;  connaissances  et  expertises partagées  pour  des  objectifs  com-muns.Une gestion en bon père de famille ou  une  rigueur  ignorante  des  avan-cées pédagogiques ? Aucun de ces deux modes de gestion ne doit per-sister.L’administration ne se contente plus de gérer, elle administre et raisonna-blement l’intendance accompagne… une pédagogie éclairée.

Interview de Marie-Pierre LUIGI, secrétaire générale

de l’inspection académique de l’Essonne

BLÉ 91 n° 34, mars 2004

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Des erreurs relevant de la compré-hension des consignesQue  le  travail  soit  donné à  l’oral  ou à l’écrit, nous constatons des difficul-tés  de  lecture  dans  l’énoncé,  liées notamment :-  à l’existence d’un nombre trop im-portant de verbes employés ;-  à  l’ensemble  des  données  à prendre en compte ;-  à  tout  l’aspect  implicite que com-porte une consigne.Par  conséquent,  cela  suppose  un travail sur la compréhension, la sélec-tion et la formulation des consignes.

Des erreurs résultant d’habitudes scolairesLes élèves raisonnent sous influence par  le  jeu  du  contrat  didactique. Ils  exercent  leur  «  métier  d’élève  » grâce  auquel  se  trouvent  décodées les  attentes  magistrales,  implicites voire impénétrables. Nombreux sont les cas où les élèves hésitent entre répondre à la question posée ou répondre à l’enseignant qui la pose !Par  conséquent,  cela  suppose  un travail critique sur les attentes.

Des erreurs témoignant des conceptions alternatives des élèvesLes  élèves  arrivent  en  classe  avec déjà  leurs  propres  représentations des notions qui vont leur être ensei-gnées. Elles  s’avèrent  très  résistantes.  Il faut déconstruire tous les obstacles. Pour  cela,  il  faut  les  entendre,  puis les identifier et les comparer.Par  conséquent,  cela  suppose un  travail  d’écoute,  de  prise  de conscience par les élèves.

Des erreurs liées aux opérations intellectuellesSouvent  les  élèves  sont  mobilisés par  une  diversité  d’opérations  in-

Dans notre enseignement, nous considérons souvent les erreurs d’une fa-çon globale et générique. Or, il est tout à fait pertinent de les situer dans leur diversité, car selon la nature du diagnostic opéré, les modalités de l’in-

tervention didactique pour y remédier vont s’avérer assez diverses. Ainsi, nous nous proposons de vous présenter une typologie des erreurs établie par Jean-Pierre Astolfi1.

L’erreur au pluriel

Cherchez l’erreur !

tellectuelles  pour  résoudre  un  pro-blème ou  répondre à une consigne. Celles-ci  paraissent  naturelles  chez l’enseignant, mais elles ne sont pas, pour  autant,  systématiquement  dis-ponibles chez les élèves.Par conséquent, cela suppose une sélection  plus  stricte  des  activités proposées.

Des erreurs portant sur les dé-marches adoptéesLes élèves adoptent souvent des dé-marches  très  diverses  qui  ne correspondent  pas  toujours à l’attente de la procédure canonique  de  l’ensei-gnant.  Ainsi,  ce  der-nier ne comprend pas le  cheminement  ou l’intention de l’élève.Par  conséquent, cela suppose un tra-vail sur les différentes stratégies  proposées pour  favoriser  les évo-lutions individuelles.

Des erreurs dues à une surcharge cognitiveLa  charge de  l’activité  de  l’élève est souvent  importante  et  sous-estimée au  regard des  limites de  la mémoire de  travail qui, elle, est drastique. On comprend  ainsi  que  chaque  centra-tion de l’attention sur l’un des aspects de  l’activité  nuise  aux  autres.  Par conséquent,  cela  suppose  un  travail de décomposition en « sous tâches ».

Des erreurs ayant leur origine dans une autre disciplineCe  que  l’élève  a  appris  dans  une discipline,  il  ne  le  transfère  pas  au-tomatiquement  dans  une  autre.  Ce réinvestissement n’est pas inné chez l’élève, cela s’apprend. Par  conséquent,  cela  suppose  un travail de recherche des éléments in-variants entre les situations.

Des erreurs causées par la com-plexité propre du contenuLes  contenus  théoriques  des  disci-plines sont parfois complexes et ren-dent ainsi l’activité difficilement réali-sable. Cela renvoie à notre approche didactique  des  disciplines.  Par  con-séquent,  cela  suppose  un  travail d’analyse des difficultés internes à la notion.  Enfin  l’enseignant  sait  com-ment porter secours à ses élèves !Cet auteur insiste sur la démonstra-tion que  l’erreur ne doit pas être vé-

cue par l’élève comme un échec mais plutôt comme un vecteur indispensable  à  la  progres-sion  de  son  apprentissage. C’est la raison pour laquelle, avant  de  remédier,  il  faut d’abord savoir diagnostiquer, tel  un  médecin  se  penchant au  chevet  de  son  patient. Ainsi, Astolfi    nous  donne  un cadre  pour  notre  réflexion mais surtout nous aide à assu-mer  pleinement  l’analyse  des erreurs de nos élèves pour en-suite mieux les traiter.

Ce  diagnostic  pédagogique,  pré-alable  à  toute  démarche  de  re-médiation,  n’est-il  pas  le  maillon indispensable à tout processus d’ap-prentissage visant la réussite de tous nos élèves et ne renforce-t-il pas ain-si notre professionnalisme ? Aider  les  élèves  à  travailler  sur leurs erreurs permet aussi d’affirmer, comme l’écrit Astolfi, qu’« Apprendre, ce  n’est  pas  seulement  augmen-ter son stock de savoirs, c’est aussi transformer ses façons de penser le monde ».

Jean-François PINON-DAVID, conseiller pédagogique

à Savigny-sur-OrgeBLÉ 91 n° 33, Octobre 2003

1.  Jean-Pierre Astolfi, L’erreur, un outil pour enseigner, Issy-les-Moulineaux, ESF, 2001.

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Classeurs, carnets, cahiers, dossiers… Le poids des corrections pèse lourd sur tous les enseignants ! En se posant quelques questions clés, on peut transformer cette corvée en un temps réellement utile..

La correction des traces écrites

L’évaluation  formative a pour objec-tif  de  comprendre  la nature des dif-ficultés  rencontrées et d’y  remédier. Les cahiers quotidiens sont le lieu et l’instrument  constants  de  cette  éva-luation formative, ainsi que  les clas-seurs,  carnets,  dossiers  et  autres supports de travaux des élèves. 

Corriger ?Corriger signifie :•  rappeler  les  consignes  et  les  cri-tères de réussite ;•  apporter  les  réponses  attendues, donner  les  solutions,  valider  les  ré-sultats ;•  aider  les  élèves  à  analyser  leurs 

erreurs  et  leurs  réus-sites ;•  expliciter  les  straté-gies de réussite ;•  vérifier  l’exactitude de  la  forme  (orthographe, syntaxe, présentation, lisibi-lité...) ;•  vérifier  la  correction  effec-tuée par les élèves.

Pourquoi corriger ?La  correction  est  la  manifestation du  respect  que  l’on  porte  au  travail de l’enfant. Elle permet d’évaluer au jour  le  jour  les progrès accomplis et les  difficultés  à  franchir.  Cette  dé-

marche  est  différente,  dans  l’esprit, de  la  vieille  «  correction-sanction  » qui  ne  fait  que comptabiliser  les er-reurs et donner des observations fré-quemment négatives.

Corriger quoi ?Un  principe  fondamental  ne  saurait être transgressé : « Tout travail donné doit être corrigé ». Toute trace écrite, quels que soient sa nature, son sup-port (cahiers du jour, de poésies, de chants, de  textes, de  règles..., clas-seurs  spécifiques,  répertoires...),  sa destination  (conservée  par  l’enfant, affichée  en  classe,  éditée  dans  le journal, adressée à  la  famille...), est corrigée par l’élève et vérifiée par le maître (avec bienveillance !).

Qui corrige ?Le maître et  les élèves  sont,  tour  à tour,  confrontés  à  la  correction  des traces écrites. C’est pour cette raison qu’un  contrat  clair  doit  exister  entre eux ; il a pour objet de définir le rôle et  la  tâche de chacun.  Il est néces-saire  d’établir  dans  la  classe  une relation de confiance réciproque. La correction la plus profitable est celle qui est réalisée par les élèves.

Corriger pour qui ?Cette tâche souvent prenante est in-dispensable :•  à l’enfant qui attend que l’on porte de l’intérêt à son travail ;•  à l’enseignant qui a besoin de vé-rifier les résultats attendus ;•  à  la  famille  qui  souhaite  être  in-formée  régulièrement  des  efforts consentis et des progrès réalisés.

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Corriger où ?

•  L’enseignant  indique  précisément  les  erreurs  dans  le texte lui-même.•  Il annote dans la marge (au regard de l’erreur constatée) à l’aide d’un code ou d’un commentaire.•  Il  formule  le  bilan,  au  début  ou  en  fin  d’exercice, mais toujours à la même place.L’enseignant est un modèle pour l’élève :-  il écrit sur les lignes ;-  son écriture est soignée ;-  il utilise les majuscules ;-  il se réserve l’encre rouge.

•  L’élève  corrige  au  plus  près  de  l’erreur  :  généralement juste en dessous, sur l’espace laissé libre pour la correction.•  Il réécrit les nombres, le mot, les mots en entier.•  Il corrige en vert.

Quand et comment corriger ?

En cours d’exercice :•  L’enseignant apporte une aide ponctuelle.•  Il corrige les exercices terminés par certains élèves avant la fin du temps imparti.

En cours d’exercice :•  L’élève réfléchit à la justesse de sa démarche et à la va-lidité de ses résultats.•  Il réajuste.•  Il s’assure de la qualité de la forme employée.

Immédiatement en fin d’exercice :•  L'enseignant  incite  parfois  les  élèves  à  corriger  eux-mêmes à l’aide de moyens prévus.•  Il effectue ou fait effectuer la correction :-  sous forme orale ;-  en utilisant le tableau ;-  en utilisant le rétroprojecteur qui permet de projeter les travaux individuels.

Trois écueils à éviter :.  refaire le devoir dans son intégralité ;.  donner des explications superflues ;.  se contenter de donner le résultat sans avoir fait expli-citer les stratégies pour y parvenir.

Immédiatement en fin d’exercice :•  L'élève utilise des fiches autocorrectives.•  Il  recourt  à  des  outils  de  correction  : manuels,  diction-naires, fichiers, répertoires, affichages, mémos, cahiers ou-tils...•  Il corrige en confrontant la conformité de ses résultats à la correction établie par le maître ou les élèves.Écueil : la passivité de l’élève que le maître n’a pas su convaincre de l’importance de la correction.

Le temps nécessaire à la correction collective et à la prise en compte de cette correction par les élèves est à prévoir dans le déroulement de la séance.

Correction différée après la correction collective :•  L’enseignant vérifie et contrôle la correction réalisée par les élèves.•  Il  s’assure  de  son  exactitude  et  la  complète  le  cas échéant.•  Plutôt que de corriger à  la place de  l’élève,  il attire son attention sur la nature des erreurs oubliées.

Correction différée après la vérification de l'enseignant :•  L'élève prend connaissance de la vérification de l’ensei-gnant.•  Il cherche à comprendre la nature des erreurs oubliées.•  Il effectue les corrections demandées.

Correction différée  sans qu’il y ait eu correction en classe :•  L’enseignant analyse les erreurs des élèves. •  Il corrige certaines des erreurs que l’élève n’est pas ca-pable de corriger.•  Il souligne ou indique grâce à un code celles que l’élève peut corriger seul.•  Il  indique  les entraînements que devra effectuer  l’élève en fonction du type d’erreurs effectuées.

Correction différée après la vérification de l'enseignant :•  L'élève s’efforce  de  comprendre,  grâce  aux  commen-taires rédigés par l’enseignant,  la nature de ses erreurs et ses réussites.•  Il effectue  les corrections demandées par  le maître, en recourant aux éventuels outils nécessaires.•  Il envisage les exercices d’entraînement qui permettront de remédier à ses erreurs.

Pas de correction : quand la tâche est réussie dans sa totalité par la grande majoritédes élèves, seuls les élèves en difficulté feront l’objet d’une remédiation.

Jean-Louis BARBIER, conseiller pédagogique à Brunoy

BLÉ 91 n°22, juin 1998

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[…] Quel message central tirez-vous de vos travaux pour les ins-tituteurs ?

Si  l’on  pense  que  le  facteur  le  plus important, pour que  les élèves s’im-pliquent  et  construisent  leur  savoir à  l’école, est  leur désir d’apprendre, alors, le rôle du maître est essentiel. C’est son action qui va d’abord  leur donner envie, et ensuite  les aider à faire naître le sens.

Que signifie « construire son savoir » ?

Réfléchissons  d’abord  sur  la  signi-fication  du  «  savoir  ».  Les  savoirs qu’on  apprend  à  l’école  appartien-nent  à  des  domaines  de  savoir. Chaque  domaine  a  ses  questions, ses  outils  d’analyse,  son  langage, ses concepts  fondateurs. Quand on aborde un domaine, il faut, à son ni-veau,  comprendre  de  quoi  il  s’agit, ce que  font  les personnes qui « sa-vent  »  dans  ce  domaine.  Si  j’utilise le mot « faire », c’est pour souligner que le savoir, tel que je le comprends, c’est  plutôt  une  façon  de  connaître, je dirais même une manière d’être au monde. Je le vois comme une façon de discerner ce qui est  important et ce  qui  l’est moins  (ce  qui  comporte un jugement, conscient ou non) dans un contexte donné (le savoir est donc contextualisé).Savoir comprend aussi une attitude de  recherche de sens et  de  rigueur pour vérifier si on a bien compris (le savoir n’est donc pas séparé de nos attitudes  et  de  nos  valeurs).  Pour construire  son  savoir  dans  un  do-maine donné, il  faut comprendre les questions  qu’on  pose  à  son  sujet, les  outils  d’analyse  utilisés,  le  lan-gage  pour  l’exprimer  ;  il  faut  aussi vouloir  faire  l’effort d’entrer dans  les concepts  qui  le  fondent.  Cognition, intention  et  émotion  sont  des  élé-

Britt-Mari Barth est bien connue des enseignants depuis son premier ouvrage, L’apprentissage de l’abstraction1. Si les méthodes qu’elle pré-conise ont pu parfois déboucher sur des mises en œuvre maladroites, les propos qu’elle tenait en 1999 n’ont rien perdu de leur acuité, dans la perspective de « refonder l’école »..

L’enseignant, un guide pour apprendre à penser !

« J’aurais voulu être un acteur … »Signé Thomas, Sarah, Kim et tous les autres

ments  inséparables  pour  apprendre (le  savoir  est  d’abord  «  dans  »  les personnes, il est affectif).Autrement  dit,  construire  son  sa-voir  c’est  s’équiper  d’outils  et  de lunettes  conceptuelles  différentes pour  mieux  comprendre  le  monde, soi-même et  les autres. Pour cela  il faut un guide, un médiateur qui nous accompagne et qui nous initie à l’uti-lisation  de  ces  instruments  et  qui nous aide à construire notre regard. C’est dans cet esprit que j’ai élaboré des  «  méthodes  pour  apprendre  » (je  les  développe  surtout  dans mon premier  ouvrage,  L’apprentissage de l’abstraction). Ces « méthodes » ne sont pas des prescriptions, mais des  exemples  concrets  qui  peuvent être  utiles  pour  l’enseignant,  non pas comme des recettes à appliquer mais comme des démarches expéri-mentées qui permettent d’induire (et donc d’observer) un processus de ré-flexion et de généralisation chez  les enfants.

Cette démarche n’est-elle pas inadaptée pour les tout petits ?

À  première  vue,  on  peut  se  poser la question de savoir si ce n’est pas trop  «  intellectuel  »  pour  les  jeunes enfants ; c’est une question qu’on me pose régulièrement. Si l’on considère que  penser  ou  se  poser  des  ques-tions, ce n’est pas pour  les  tout pe-tits, c’est pour plus tard, quand ils se-ront plus « mûrs »..., alors oui, dans ce cas-là il ne serait pas pertinent de les  inciter  à  entrer  dans  un  proces-sus de  réflexion. Mais  si  l’on pense que le langage (mettre des mots sur ce qu’on vit) est un  instrument pour développer la pensée (et donc la per-sonne),  dans ce  cas-là,  il  faut  com-mencer le plus tôt possible ! C’est ma conviction.J’irais  même  plus  loin  :  je  dirais que  la première motivation humaine 

est  de  penser  avec  les  autres,  de chercher  à  comprendre  l’autre.  La preuve de cette motivation  :  le plai-sir que les enfants montrent dans ce genre d’échange ! Le sens du plaisir est sans doute induit par le plaisir du sens.Bien entendu, il faut adapter ce que l’on va penser ensemble au vécu des enfants. S’ils n’en ont pas dans le do-maine qu’on souhaite aborder (car il faut bien  faire évoluer  les domaines dans  lesquels  on  va  penser),  il  im-porte  de  commencer  par  offrir  une expérience,  un  vécu,  pour  pouvoir en parler. C’est  le  rôle que peuvent jouer  les  situations-exemples  dans les démarches proposées  : celles-ci partent  toujours du vécu des enfants et offrent, pour commencer, une ac-tivité  commune  afin  de  s’assurer que chacun va avoir quelque chose à  dire.  La  démarche  (exprimée  par une  consigne)  prend  une  forme  lu-dique  :  c’est  comme un problème à résoudre,  une  réponse  à  chercher, ce qui exige certes un défi, mais un défi qu’on peut maîtriser.C’est  pour  impliquer  les  enfants, leur  donner  envie  de  participer,  de s’exprimer, de penser avec les autres et grâce aux autres. Bien entendu, il y a beaucoup de manières pour arri-ver à cette situation.Mais il est important pour le maître de  pouvoir  se  dire  en  quoi  ce  qu’il propose comme activité incite les en-fants à s’engager dans un processus de recherche de sens.

Vous parlez d’opérations men-tales : quel est le lien entre savoir, savoir-faire ou compétences et opérations mentales ?

D’abord,  il  n’y  a  pas  de  savoir-faire hors contexte.  Il  n’y a pas non plus de  savoir-faire  ou  de  compétences sans  opérations  mentales.  La  pen-sée se déploie dans une activité qui 

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prend sens par son contexte. Il n’y a pas non plus de savoir-faire sans sa-voir, sinon on ne saurait pas ce qu’il faut faire.Pour  être  compétent  dans  un  do-maine (ce qui n’est pas simple), il faut savoir  utiliser  les  outils  (y  compris les  outils  intellectuels,  comme  par exemple analyser), utiliser le langage (qui est un système de symboles) et les  techniques qui  font  partie  de  ce domaine. Ces compétences ne sont pas innées, même si le potentiel qui les rend possible l’est. C’est là que le travail pédagogique intervient : il faut que les enfants apprennent à utiliser ces outils, ces langages et ces tech-niques dans des contextes différents. C’est pourquoi il est plus efficace de concevoir  le savoir, non pas comme quelque chose de statique, un conte-nu  à  mémoriser,  mais  comme  un «  savoir-connaître  »  :  une  façon de faire et une manière d’être. C’est  le sujet de mon deuxième ouvrage, Le savoir en construction.

[…] En quoi les activités à vi-sée philosophique peuvent-elles participer à lʼenseignement de lʼinstruction civique et morale à lʼécole ?

L’instruction civique renvoie à la phi-losophie  politique  où  lʼon  réfléchit sur  la  justice et  les grandes valeurs qui  la  fondent,  comme  lʼégalité  ou lʼéquité.  Instruction  civique  et  phi-losophie  politique  sont  donc  com-plémentaires.  La  réflexion  philoso-phique  éveille  lʼéducation  citoyenne chez les élèves.Pour  la  morale,  que  lʼon  appelle souvent éthique en philosophie, cʼest lʼun des grands domaines avec la phi-losophie  politique,  la  métaphysique ou  lʼépistémologie.  La  réflexion  sur lʼéthique ou la morale sur le bien, le bon, le devoir, le respect, etc., est le domaine privilégié de cette partie de la philosophie. […]

Quelles activités peuvent être conduites en classe, dans le cadre des pratiques à visée philoso-phique liées à lʼinstruction civique ?

Quel est l’intérêt pédagogique de la métacognition ?

La  métacognition  désigne  le  pro-cessus  selon  lequel  les  apprenants prennent  conscience  de  leur  propre pensée  :  la  pensée  elle-même  de-vient  le  contenu  de  leur  réflexion. Quand  on  prend  conscience  de  sa propre pensée  - et du  fait qu’on est capable de penser - on peut agir de façon plus réfléchie et ainsi prendre confiance en soi. L’important dans un premier temps est de savoir ce qu’on fait quand on pense.

La démarche proposée n’a-t-elle pas à voir avec des valeurs ?

Si. Fortement. En s’impliquant dans une  démarche  collective  de  re-cherche  de  sens,  comme  celle  qui est proposée, on n’apprend pas seu-lement  à  comprendre  et  à  utiliser des  méthodes  de  pensée,  mais  on peut aussi  (avec  le  temps) dévelop-

per une attitude de  recherche et de collaboration,  un  rapport  plus  auto-nome au savoir, une certaine humilité (le  savoir  dépend  de  la  perspective qu’on adopte, il peut y avoir plusieurs réponses), l’écoute et le respect des autres,  la  confiance  en  soi...  Peut-être peut-on aussi comprendre qu’on est  soi-même  responsable  de  ses apprentissages  et,  pourquoi  pas, des apprentissages de ceux qui sont plus démunis que soi ? Une telle at-titude  mène  à  apprendre  «  tout  au long d’une vie » : elle s’apprend, elle s’éduque, et  ceci dès  la maternelle. [...]

Interview de Britt-Mari BARTH, enseignante-chercheur

BLÉ 91 n° 24, Janvier 1999

1.  L’apprentissage de l’abstraction,  méthode  pour  une meilleure réussite de l’école, Retz, Paris, 1987. On en trouve une analyse ainsi que la table des matières sur le site : http://www.logicieleducatif.fr/fiches/recherches-pedagogiques/barth1.pdf

Michel Tozzi est professeur des universités émérite en sciences de l’éducation. Il est l’un des précurseurs et des principaux acteurs de la philosophie pour enfants en France

Dans le cadre de lʼinstruction civique ou dans celui de  lʼenseignement de la  morale,  une  activité  très  intéres-sante est la discussion à visée philo-sophique. On peut essayer :-  d’organiser des échanges à visée réflexive avec les élèves ;-  de définir les mots utilisés comme lʼégalité, la justice, le respect ;-  de  faire  des  distinctions  concep-tuelles.  Il  y  a  notamment  deux conceptions de  la  justice,  la  justice-égalité  et  la  justice-équité.  On  es-saye de définir  les mots pour savoir de quoi lʼon parle ;-  de se questionner, parce que cʼest en réfléchissant à des questions que lʼon développe sa réflexion ;-  d’argumenter  son  point  de  vue  ; pas  simplement  dire  ce  que  lʼon pense mais penser  ce quʼon dit,  en validant rationnellement son point de vue.La discussion à visée philosophique est un échange entre élèves animé par lʼenseignant. Celui-ci veille à ce quʼil y ait une certaine rigueur dans les différents processus de pensée : la  problématisation,  la  conceptuali-

sation et lʼargumentation. Il est inté-ressant dʼutiliser un certain nombre de supports :-  des petites maximes, citations de philosophes ;-  des  œuvres  de  littérature  de jeunesse,  avec  des  textes  consis-tants  qui  peuvent  faire  réfléchir  les élèves  ;-  les  mythes  puisque  ce  sont des  histoires.  […]  Elles  parlent  de lʼorigine,  des  grands  problèmes  ar-chétypaux qui ont toujours intéressé les  hommes.  Nous  utilisons  beau-coup les mythes platoniciens comme lʼallégorie  de  la  caverne  où  lʼon réfléchit sur la vérité, ou le mythe de Gygès sur le rapport entre le pouvoir et  le  bien,  le  mythe  de  lʼandrogyne sur lʼorigine de lʼamour, etc.  […]

Y a-t-il des risques de dérive dans la conduite de ce type dʼactivités ?

Il pourrait y en avoir deux sortes :-  le conditionnement, où lʼon profite dʼêtre  un  adulte  pour  imposer  ses propres  idées  aux  élèves,  trans-mettre  ses propres valeurs. Ceux-ci 

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sont  très  influençables,  aussi  bien sur  le  plan  politique  que  moral.  Ce serait une dérive dans la mesure où cela enfreindrait le principe de laïcité. On  nʼa  pas  à  conditionner  les  en-fants, mais à les aider à réfléchir par eux-mêmes ;-  être  moralisateur.  Un  enseigne-ment  de  la  morale  moralisateur consiste à inculquer « un catéchisme républicain  »,  un  certain  nombre de  valeurs  sans  quʼelles  soient  dis-cutées,  approfondies,  simplement parce  que  ce  sont  des  valeurs  quʼil faut respecter. [...]

Sʼil y avait deux ou trois conseils que vous souhaiteriez donner à un enseignant pour mettre en place des activités philosophiques en classe dans le cadre de l’ensei-gnement de l’instruction civique et morale, lesquels seraient-ils ?

D’abord, mettre en place un dispositif de discussion qui  organise  le  débat pour  éviter  qu’il  se  passe  dans  le désordre.  […]  Ce  n’est  pas  évident d’animer  une  discussion  en  classe, ça  l’est  encore moins  d’animer  une discussion  à  visée  philosophique avec des exigences intellectuelles. Il faut se mettre au clair sur un dispositif structuré, structurant pour les élèves. Je  m’inspire  beaucoup  de  la  péda-gogie institutionnelle en essayant de mettre en place un certain nombre de fonctions chez les élèves :- un président de séance qui donne la parole ;- des règles : donner la parole dans l’ordre où elle est demandée, donner la priorité à ceux qui ne se sont pas exprimés,  tendre  la  perche  à  ceux qui n’ont pas encore parlé ;-  un  reformulateur,  qui  s’entraîne  à écouter ce que disent les élèves pour 

pouvoir le redire (à partir du CE1) ;-  un  secrétaire  de  séance,  qui  es-saye de comprendre ce qui se dit, de le noter pour être capable de le ren-voyer à la classe ;- des observateurs (au cycle 3) ;-  les discutants, avec un cahier des charges : essayer d’intervenir ; éviter les  redites, apporter des  idées nou-velles pour faire avancer le  débat  et  s’en  rendre responsables collective-ment.Ensuite,  il  faut être au clair sur  les exigences    intellectuelles    que    j’ai  rappelées tout à l’heure. Enfin,  choisir  des supports qui per-mettent  l’éveil  et  le  développement de la pensée réflexive. […]

Interview de Michel TOZZI, professeur des universités émérit

BLÉ 91 n°48, septembre 2012

Devenir Einstein, c’est bien, encore faut-il en avoir les moyens, les moyens matériels, bien sûr. Or ces moyens matériels doivent s’accorder avec la réalité et alors, le « système D » a la part belle !

Paroles d’élèvesou comment créer sa

propre paillasse à l’école

Le laboratoire portableQuand  on  est  embarqué  dans  une action « sciences à l’école », les exi-gences  deviennent  de  plus  en  plus précises et pointues. Un enfant moti-vé a des idées à revendre, c’est bien connu !Par une année de grand cru pour les expériences, mes élèves ont inventé ce que  l’on  a  appelé  ensuite  «  le  labo-ratoire  portable ». Découvrons-le avec eux.

Karim présente-nous ton labora-toire :

C’est une boîte à chaussures ou un carton d’emballage.  J’ai  installé des élastiques  pour  retenir  les  objets. Beaucoup  d’objets  sont  des  objets de  tous  les  jours,  de  la  récupéra-tion  :  des pailles,  des  bouchons  de bouteilles  de lait,  des  petites  boîtes de photo en plastique…

À quoi te sert ton laboratoire ?

C’est  mon  endroit  pour  faire  des expériences. Je rassemble tous les objets  qui  peuvent  m’aider  pen-

dant  les  expériences  :  des  gobe-lets, des couvercles pour faire des soucoupes.  Mais  parfois,  on  doit prendre du matériel dans la classe comme  les  thermomètres,  les balances,  les  chronomètres,  les loupes.  Ce  que  je  préfère  dans ma  boîte,  c’est  mon  aspirateur  à insectes.

Quelle est l’expérience que tu as le plus aimé réaliser ?

Nous avons travaillé sur l’eau cette année et j’ai appris à filtrer, à décan-ter. Nous avons observé  la  tempé-rature de la glace fondante, de l’eau qui bout. Je sais me servir d’un ther-momètre et j’ai observé la tempéra-ture pendant que la glace fondait…

Le matériel collectifÀ  côté  des  laboratoires  portables propres à chacun, il y a les mallettes thématiques.  Chacune  contient  le matériel  nécessaire  pour  quelques expériences.Pour  les  élèves,  c’est  le  « placard aux expériences ».Pour l’enseignant, la mallette sert  à 

« rassembler les idées et les objets ».Bien  évidemment,  nous  utilisons du matériel  de  laboratoire  pour  les expériences  en  commun.  En  com-prenant  l’usage  des  outils  présen-tés,  les élèves  inventent  des expé-riences.Bien sûr, rien ne remplacera la salle de sciences équipée de matériel, de points  d’eau  et  de  paillasses. Mais ne  rêvons  pas,  passons  à  l’action, inventons, trouvons des solutions et tous seront passionnés.

Le cahier d’expériencesPour  ma  part,  c’est  une  prise  de notes personnelle. Je ne corrige pas l’orthographe, car peut-on être dans le  fond et dans  la  forme  au  même moment ?  Le débat est ouvert.Mon  objectif  premier  est  que  les élèves  transcrivent  leurs  observa-tions pour  rentrer dans  l’observation vraie,  celle qui aide à la construction des concepts.Par contre, toute observation, toute réflexion peut être menée à son terme en classe avec des documents réfé-rents constituant nos dossiers.Nous  avons  demandé  à  des  cher-

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100% mater-grise !!!

Le langage oral à l’école maternelle

cheurs  comment  ils  géraient  leur cahier  d’expériences.  Voici  leurs conseils :•  c’est  un  cahier  brouillon  et bouillon,  un témoin de la pensée qui réfléchit ;•  numéroter les pages, car une page manquante entraîne une erreur ;•  toujours dater son observation ;•  ne  jamais gommer  : si c’est erro-né, on  raye en rouge car il faut gar-der une trace des  raisonnements  ou 

des  hypothèses fausses ;•  se  doter  d’abréviations  person-nelles,  pour  noter  un  maximum de  renseignements  (apprendre  à prendre des notes) ;•  être  précis  dans  les  schémas, légender, dater et donner des préci-sions sur le mode d’observation.Nous  n’avons  pas  forcément  tout adopté  mais  cette  méthode  nous  a fait sentir  combien  il  était  important de  passer  à  l’écrit,  au  dessin,  au 

schéma pour mémoriser,  pour  resti-tuer l’observation à la classe et com-prendre ensemble.Merci  aux  personnes-ressources qui  nous accompagnent dans cette très belle et passionnante aventure.

Dominique RAMOND, maître- formateur à l’école

Youri Gagarine à Sainte-Genevièvegroupe Lamap,

BLÉ 91 n°30, novembre 2001

Quelle différence faites-vous entre « pratiquer l’oral » et « en-seigner l’oral » ?

L’expression  «  enseigner  l’oral  » n’est  pas  totalement  satisfaisante  ; on  n’enseigne  pas  l’oral  comme on  enseigne  l’histoire  par  exemple. L’enfant  apprend  l’oral  (apprend  à parler) à partir de pratiques, de ma-nière  incidente  (non  délibérée,  non programmée) ; mais pour progresser vers le niveau d’exigence requis par l’école,  ces  apprentissages  sponta-nés ne suffisent pas. L’enseignement de l’oral suppose des pratiques, des interactions dans lesquelles l’enfant-élève est partie prenante, c’est-à-dire destinataire  d’une  parole  qui  lui  est adressée  et  producteur  de  paroles, de propos qui seront entendus. « En-seigner  l’oral  »  consiste  donc  à  la fois à créer les conditions matérielles et didactiques de pratiques de  l’oral pertinentes par rapport aux objectifs que nous assignent les programmes, et  à  créer  aussi  les  conditions  de l’amélioration du langage produit par l’enfant  (reformulations,  interactions de soutien et de correction, apports de modèles, etc.).

Quels sont les enjeux de l’ensei-gnement de l’oral ?

Ils sont de plusieurs ordres :•  à plus ou moins long terme, des enjeux civiques et sociaux, des en-

jeux d’insertion professionnelle  […] Du point de vue de l’insertion profes-sionnelle,  les épreuves orales de  re-crutement, les entretiens d’embauche prennent  une  place  déterminante dans l’accès à l’emploi ; le maniement de la langue, les attitudes dans l’inte-raction sont alors déterminants […].•  à court terme, les enjeux scolairesIls  renvoient  au  statut,  à  la  posture d’élève  : devenir un élève, c’est ap-prendre  comment  participer  à  une communauté  de  travail,  comment vivre  avec  d’autres  pour  travailler avec  eux  (échanger,  coopérer,  être contredit…) […].

Quelles pistes de travail proposer aux enseignants ?

[...] Il ne faut pas négliger la dimen-sion  modélisante  :  l’oral  pratiqué en  classe  par  l’enseignant(e),  cor-rect  sans  être  surnormé,  les  oraux auxquels  on  pourrait  confronter  les élèves  avec  des  documents  so-nores.  Comme  pour  tout  appren-tissage,  l’étayage  est  nécessaire.  A-t-on  donné  aux  élèves  les exemples  des  différents  oraux  que l’on  veut  voir  pratiquer  et  que  cer-tains  enfants  ont  dans  leur  envi-ronnement  familial  au  quotidien  ? Dans l’étayage, les interventions du maître  peuvent  être  immédiates  ou différées.  L’enseignant  conduit  un travail  permanent  parfois  implicite de  reformulation  que  les  élèves  ne remarquent pas toujours. Cette pra-tique ne suffit pas, il faut être expli-cite  pour  que  les  élèves  prennent conscience qu’il y a là aussi un ap-prentissage à faire. […] 

Entendre  ne  suffit  pas  bien  sûr  ;  il faut  travailler  la  compréhension  et éventuellement  les  critères  de  réa-lisation  et  de  réussite  pour  réaliser le même type de travail en classe à l’intention d’un destinataire véritable (parents  d’élèves  réunis,  autres classes  de  l’école,  correspondants auxquels  on  transmet  des  docu-ments sonores par les voies électro-niques, etc.). […] Enfin,  il  faudrait  ne  pas  enseigner sans trace, même pour l’oral ! Revenir sur des vidéos, des enregistrements d’élèves, analyser ce qui s’est passé, travailler sur les écarts, est une ma-nière  d’objectiver  le  cheminement. On dépasse le : « C’est bien  ! » pour se  demander  :  «  Qu’est-ce qui est bien ? », « Qu’est-ce qu’on pourrait améliorer ? ». […]

Que souhaitez-vous dire aux en-seignants pour conclure ?

La  préoccupation  principale  est  de permettre  aux  élèves  de  passer  de l’oral  familier  qui  suffit  pour  la  com-préhension  dans  notre  environne-ment familier aux oraux dont la réus-site  scolaire  a  besoin.  La  capacité de  mobilité  énonciative  (adopter  le comportement langagier et le niveau de langue adaptés à la situation) est fondamentale  pour  la  réussite  sco-laire  ;  c’est  un  enjeu  déterminant pour l’égalité des chances.

Propos de Viviane BOUYSSE, IGEN

recueillis par Martine LAGEAT,IEN à Brétigny

BLÉ n°43, juin 2009

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L’utilisation  d’un  cahier  rassemblant chronologiquement les travaux favo-rise leur consultation. Mais les divers champs d’activité sont mélangés  :  il est  difficile  de  reconstituer  ce  «  jeu de  piste  »  des  apprentissages  spé-cifiques effectués dans les domaines de l’écriture, de la lecture ou des ma-thématiques par exemple.Associer  l’enfant  à  ses  apprentis-sages,  en  faisant  de  lui  un  acteur conscient  et  responsabilisé,  impose une  autre  conception  de  l’organisa-tion des  cahiers  et  non  plus du  ca-hier  :  ils  doivent  favoriser  le  traite-ment de l’information et donc donner à voir ce qui a été fait, comment, pour quoi et avec quel résultat.

Des propositions•  Diversifions  les  cahiers  pour  que les élèves découvrent les différentes catégories  d’activités  auxquelles  ils sont confrontés. Dans le cadre d’une concertation  de  l’équipe  pédago-gique,  il  est  possible  de  définir  une nomenclature  des  divers  cahiers. Elle sera mise en place sur la durée du  cycle.  Ces  cahiers  constitueront des supports distincts pour la lecture, l’écriture,  les  activités  mathéma-tiques. Les titres seront définis avec les enfants : « j’écris », « je lis », « je 

fais des mathématiques » ou « j’ap-prends à lire », « j’apprends à comp-ter »…Ces  cahiers  seront  complétés  par des outils de cycle,  tels  le cahier de comptines,  le  dictionnaire  individuel (document ci-dessous) mais aussi et, pourquoi pas, un mémento de ce qui a été découvert dans  le domaine du vivant,  de  la  technique,  du  temps et de  l’espace. L’objectif est de pouvoir retrouver,  sur  la  durée,  la  réalité  du travail  accompli. Cette  vigilance  per-met l’exercice continu de la mémoire. Les  maîtres  s’appuient  en  perma-nence sur ce qui a été fait. Les élèves découvrent le lien qui existe entre tout ce qu’ils apprennent. Ils sont associés explicitement à leurs progrès.•  Présentons  chaque  activité  dans le  cadre  d’un  contrat  clair,  ritualisé, identifiable par  tous  les  lecteurs po-tentiels du cahier  :  l’enfant bien sûr, mais aussi les parents, les collègues. L’équipe  pédagogique  définit  un «  bandeau/titre  »  faisant  apparaître le  nom  de  l’activité,  la  consigne,  la ou  les compétences visées,  la date, le nom de  l’élève et éventuellement l’évaluation.  Il  est  utilisé  au  cours de  la  scolarité maternelle  pour  l’en-semble  des  productions.  Ainsi  se trouve  défini  un  véritable  parcours 

d’apprentissage  auquel  chaque élève est associé. [...]•  Une  organisation  claire  des  ca-hiers  permet  également  la  mise  en œuvre  systématique  de  démarches métacognitives  («  je  sais  ce  que  j’apprends,  comment  je  l’apprends et pour quoi »), mais aussi auto-éva-luatives  («  j’analyse mes  difficultés, mes  erreurs,  et  j’identifie  mes  pro-grès »). L’enfant devient alors l’acteur conscient  de  son  statut  d’élève-ap-prenant.  On  suscite  son  implication responsabilisée dans un projet global d’apprentissage.

Pour une responsabilité de l’en-fant dans ses apprentissages...La  consultation  par  l’enfant  de  ses propres cahiers et les commentaires suscités lui permettent de se distan-cier  par  rapport  à  son  travail,  aux efforts  et  aux  progrès  capitalisés. Cette  démarche  favorise  l’émer-gence  d’une  responsabilité  vis-à-vis de  l’acte  d’apprendre.  L’élève  per-çoit  alors  son  travail  comme  une «  conquête  »  dont  il  est  capable d’identifier  les  étapes.  L’école  peut devenir peu à peu  le  lieu du plaisir/désir d’apprendre... pour tous !Une idée simple : la mise en place de cahiers-témoins permet de garder 

une trace précise de ce qui a été fait au cours de l’an-née scolaire dans tous les domaines. Ils peuvent être transmis  avec  les  évalua-tions des élèves au collè-gue de l’année suivante. C’est là un excellent ma-tériel  d’évaluation  initiale pour  un  travail  en  équipe particulièrement fructueux.

Anne-Marie GILLE, IEN à Brunoy BLÉ 91 n°13,

novembre 1995

Acquérir les uns après les autres des savoirs qu’aucun lien ne ras-semble, qu’aucune demande méthodologique n’organise, condamne ir-rémédiablement l’élève au ponctuel, à l’éphémère. Cette certitude n’est guère compatible avec une pratique qui, sans doute, tend à disparaître mais que l’on rencontre encore à l’école maternelle : collectionner en

vrac toutes les productions des enfants dans une grande pochette de papier peint remise aux parents en fin de trimestre ou en fin d’année. N’est-ce pas là une façon de nier le travail accompli ? Il est alors en effet impossible de le consulter pour identifier des itinéraires d’apprentissage et pour évaluer des progrès.

Comment organiser les productions des élèves

à l’école maternelle

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Les premiers apprentissages numériques s’effectuent dès le début du cycle 1. Comment poursuivre de manière progressive cet apprentis-sage ? Un exemple concret de mise en œuvre évoque d’abord les re-présentations numériques : dés, doigts, dominos, affichages, puis Le comptage et la bande numérique.

L’accès au calcul : recherche d’une

continuité GS – CP

[…] Le calcul visuel, digital, sur des objets, puis mental•  En cycle 1, uniquement par  l’oral, on a visé la mémorisation de relations additives sous 5 puis 6 par le « calcul visuel » et le « calcul digital ». On aura aussi observé qu’ « ajouter un donne le nombre suivant ».

•  En  section  de  grands, avant  d’aborder  de  nou-velles  relations,  tout  ceci doit  être  repris,  renforcé, consolidé au plan visuel et kinesthésique,  abondam-ment oralisé pour per-mettre la mémorisation définitive.  Ensuite,  on jette  les  bases  du  calcul réfléchi par des manipula-tions  («  calcul  visuel  »  et « calcul sur des objets »). Connaissant  par  exemple le double de 3, on peut, par de  simples  manipulations de  jetons,  «  visualiser  », en modifiant la disposition des  jetons,  que  «  4  et  2, c’est comme 3 et 3, donc 6 », et que « 4 et 3, c’est 1  de  plus,  donc  7  ».  Le lancer  simultané  de  deux dés  aux  cinq  premières constellations  permet  de compléter le « calcul sous dix  »  en  reproduisant  les constellations avec des jetons qu’on reconfigure  ensuite  sous  la  forme  (5 + x). Surtout, ne pas induire le comptage des points un à un  :  il est plus  inté-ressant d’inciter à faire « de tête » la manipulation. 

De même, le « calcul digital » à deux mains permet de valoriser les repères 5 et 10 et de mettre en mémoire1 les dix dernières relations qui suffisent au calcul sous dix. D’une part, chaque af-fichage sur les doigts des deux mains visualise  deux  informations  :  le  sup-plément  à  5  et  le  complément  à  10. D’autre part, il ne reste par ailleurs que 

(6 + 2), (6 + 3) et (7 + 2) qui, par affi-chage sur les doigts, se lisent (5 + x).

•  En  deuxième  année  de  cycle  2, tout ceci devra être « réactivé » sans faire l’économie de réelles mani-pulations. Manipuler des jetons par exemple,  en  réorganiser  la  disposi-tion de diverses manières, et décrire

oralement à l’aide des nombres tant la situation initiale, que la dispo-sition  modifiée  et  le  résultat  qu’elle permet  de  reconnaître.  Après  cela, et après seulement, on écrit les rela-tions numériques à l’aide des signes + et =, pour  légender les schémas représentant les manipulations.On  passera  du  calcul  sous  dix  au 

calcul sous vingt à l’occasion de si-tuations additives concrètes en met-tant en scène deux enfants qui mon-trent chacun sur ses doigts une des quantités. Ainsi  apparaît  très visuel-lement  que,  par  exemple,  le  calcul de (8 + 7) se ramène à celui de (3 + 2) du fait que « les deux 5 font 10 », 

le résultat est alors (10 + 5), soit 15. Il  faut effectivement mimer à quatre mains pour prendre conscience de la simplicité de ce « calcul digital » ! Si un seul enfant montre sur ses doigts la première quantité, par exemple 8, les deux doigts baissés visualisent le complément  à 10,  induisant  ainsi  le premier  terme  de  la  décomposition 

du  nombre  que  l’on  ajoute. Ainsi apparaît une deuxième procédure  de  calcul  sous vingt : le passage par le re-lais 10.  Le  travail  direct  sur les relations numériques par la  représentation en « arbre de  calculs  »  peut  venir  en-suite.  D’abord  dans  l’inten-tion  de  traduire  à  l’écrit  ces calculs  digitaux,  puis  de  les imaginer, et enfin  ... de s’en passer ! C’est exactement le calcul réfléchi  tel  qu’il  est décrit  dans  les  documents d’application du cycle 2.

Il est souhaitable que cet en-chaînement  d’activités  qui sollicitent  les  diverses  aires cérébrales pour  le calcul soit proposé  en  progression  sur quatre  ans.  Il  est  fondamen-tal de se convaincre que ces procédures  faisant  appel  à des images mentales directe-ment mobilisables,  sont  d’un 

« coût cognitif » sensiblement moindre que les procédures de sur comptage. Nous, adultes, sommes tentés de pré-férer  ces  dernières  du  seul  fait  que nous y avons été abondamment exer-cés, et sans alternative. Il ne faudrait pas que cette « familiarité » trompe ici notre jugement !

Georges PARET, professeur de mathématiques à

l’IUFM de Versailles, BLÉ 91 n°39, avril 2007

1.   Kinesthésique, visuelle et sémantique.

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Les groupes de couleurLes  groupes  de  couleur  sont  consti-tués  par  l’enseignante,  a  priori,  pour mieux  gérer  le  groupe  classe. Or  un objectif fondamental de l’école mater-nelle est de développer l’autonomie et la responsabilité individuelle.Comment  rendre  chacun  respon-sable  avec  ce  mode  de  fonctionne-ment ?Dans le cadre de son projet pédago-gique,  l’enseignant cherche à ce que l´élève  ait  un  projet  d’apprentissage dans un projet d’activités.Or,  l´automatisme  des  groupes  de 

couleur  ne  favorise  pas  cette  dé-marche.« Oui, mais pour des débutants, c’est 

plus  facile, 30 enfants c’est difficile à canaliser, maîtriser...  »  rétorque-t-on, pour la défense des « couleurs ».Mais voulez-vous des enfants exécu-

tants ou des enfants acteurs ? Il est im-pératif de mettre les petits enfants en situation  d’organiser  leur  temps  dans un contrat précis. Comment faire ?

Faire autrementVoici  une  possibilité  qui  fonctionne dès la PS, même en ZEP.Il est important de présenter tous les

ateliers au groupe classe.Ces  activités  proposées  en  ateliers 

peuvent  être  concrétisées  par  un  ta-bleau affiché en permanence. Chaque activité ainsi représentée par une fiche illustrée […] peut être mise en corres-pondance avec la liste des élèves de la classe. Les  consignes  sont  verbalisées  ex-

plicitement :-  par l’enseignante ;-  par des élèves.Chacun entend :

-  ce qu’il a à faire (tâche) ;-  pourquoi il le fait (motivation) ;-  ce qu’il apprend en le faisant […].Lorsqu’un atelier est nouveau,  il est 

important de le situer dans l’espace et de réguler avec les élèves le nombre de participants. […]«  Apprendre  à  vivre  en  groupe  » 

(compétence  transversale),  c’est  une des  missions  de  l’école  maternelle  !  

Il faut prendre le temps de clarifier, ex-pliciter, négocier avec les petits que l´on sous-estime souvent et qui sont tout à fait  aptes  à  comprendre  la  nécessité des règles de vie, nécessaires à mettre en place au début de  l´année avec  le groupe et individuellement.Lorsque  les  ateliers  sont  terminés, 

c´est  le moment du bilan,  très  impor-tant  et  souvent  reporté  à  plus  tard ou  après  la  récré.  […]  Quelle  perte d’efficacité  pour  rendre  les  élèves conscients  de  leurs  apprentissages, de leurs réussites, des progrès à faire. C´est  aussi  le moment  où,  en  début d’année (ensuite et très vite les élèves deviennent autonomes),  la maîtresse entoure  le prénom   de ceux qui sont passés aux ateliers.  Tout un travail de prises d’indices sur 

les prénoms est mis en place en situa-tion authentique.La lecture du tableau d’activités avec 

le groupe et en petit groupe fera appa-raître pour chacun :-  ce qu’il a déjà fait ;-  ce qu’il lui reste à faire.C’est  le contrat d’activités  ! Chaque 

élève  responsabilisé  va  apprendre  à gérer ses activités tout en respectant […]  le  contrat  :  calendrier,  délai  fixé avec les élèves au départ.De plus, les enfants ne sont pas tou-jours avec les mêmes camarades. […]

Un écrit de référenceAffiché en permanence dans la classe, l´un  des  tableaux  fonctionnels  porte bien son nom c´est celui qui sert à  la gestion des activités de la classe, qui développe des compétences transver-sales réelles et des compétences dans le domaine de  la  langue. Les enfants font spontanément des remarques sur leur  travail,  sur  ce  qu’ils  apprennent pendant  la  journée,  indépendamment du moment collectif de répartition des ateliers. En  fin  de  journée  par  exemple,  ce 

tableau permet de  faire  le point avec les enfants sur ce qui devra être fait le lendemain matin. […]Cette représentation avec la liste des 

prénoms pour chaque activité est plus simple que le tableau à double entrée, 

source d’erreur y compris en GS, sur-tout en début d’année, et si  l’on sou-haite que ce tableau soit géré, à plus long terme par  les élèves en autono-mie. Si vous avez déjà mis en place dans votre classe les groupes de couleur... et  que  vous  êtes  enfin  convaincus… vous  pouvez  expliquer  aux  enfants qu’à partir de ce jour les groupes se-ront multicolores… […]

Des « trucs » pour plus d´efficacité- ne pas changer tous les ateliers le même jour ;- éviter les nouveaux ateliers le lundi (disponibilité, attention) ;- laisser les activités suffisamment de temps pour que les élèves qui ont en-vie ou besoin puissent s’exercer plu-sieurs fois (quand on réussit, on aime bien recommencer, et dans le cas contraire les erreurs et le tâtonnement sont formateurs). L’école maternelle, ce n’est pas l’usine !- pour respecter la règle convention-nelle de la langue française, comme tout nom propre, les prénoms doivent être écrits avec une majuscule cursive ou d’imprimerie peu importe, même pour les petits de deux ans (porte-manteaux, cahiers, dossiers, listes des élèves...).Dans le même domaine, les signes (ou pictogrammes) que l’on aperçoit sou-vent pour que les petits reconnaissent par exemple leur porte-manteau (pho-tos et prénoms sont préférables dans ce cas), n’appartiennent pas au code authentique de la langue, et créent une surcharge inutile dans l’accès à la symbolisation pour de jeunes enfants.

Il est préférable de faire reconnaître à chacun ses initiales en majuscules d’imprimerie (qui auront une significa-tion réelle toute sa vie) qu’il apprendra très vite à écrire pour signer ses pro-ductions, pour le plaisir de les écrire.

Rolande DELORD, directrice de l’école maternelle

d´application Les Meillottes à Soisy-sur-Seine

BLÉ 91 n°18, mars 1997

BLEUS ? JAUNES ? ROUGES ? VERTS ?Les « bleus » font peinture, les « jaunes » font du graphisme, les « rouges » font du collage, et les « verts » des mathématiques...Rolande Delord nous présente une autre démarche.

Les groupes de couleur à l´école maternelle

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ÉVITONS LES DÉRIVES

L’école maternelle est un « lieu social, lieu aménagé, lieu structuré qui aide tous les enfants qu’elle accueille à se poser comme personne, à se situer comme élève1 ».Les programmes de 2002 précisent que « l’école maternelle a pour mis sion d’aider chaque enfant à grandir, à conquérir son autonomie et à ac quérir des attitudes et des compéten ces qui permettent de construire des apprentissages fondamentaux ».Les apports de la psychologie font admettre aujourd’hui qu’un certain niveau de développement est néces saire pour apprendre, mais aussi que les apprentissages favorisent le déve loppement : il ne faut donc pas trop anti-ciper, ni différer jusqu’à une ma turité idéale.

Les apprentissages•  Il  est  important  que  les  enfants com prennent  ce  qu’ils  sont  en  train d’ap prendre2 et que l’enseignant ex-plicite  très  clairement,  dès  la  petite section, ce qu’on a à faire, pourquoi on le fait, ce qu’on apprend en le fai-sant.•  Les  activités  proposées  doivent être  variées,  diverses,  toutes  im-portantes. Elles sont au service des apprentissa ges avant tout et doivent avoir du sens.•  Les photocopies et «  la profusion d’exercices vides de sens3  » sont à évi ter. « Dans tous les cas, l’utilisa-tion de situations réelles (avec des objets courants, du matériel spéci-fique, des jeux) doit être préférée aux exercices formels proposés par écrit4 ».•  Le  jeu  tient une place  importante mais cela n’exclut ni la rigueur, ni l’ef-fort.•  Les  apprentissages  sont  prévus, or ganisés, évalués par l’enseignant.Cette pédagogie se développe dans des projets motivants, des situations concrètes pour les jeunes élèves.

Les temps éducatifs et les temps pédagogiquesL’école  maternelle  a  des  horaires bien définis par  le  règlement dépar-temental.Accueils et sortiesLes accueils  ne doivent  pas dépas-ser  vingt minutes.  Les  parents  sont prévenus dès le début de l’année de l’heure de fermeture des portes. […]RécréationsElles sont situées au milieu de la de-mi-journée pour représenter une vé-ritable coupure entre deux mo ments d’apprentissage.Elles ne doivent pas excéder trente minutes, habillages et déplacements 

compris.  Le  besoin  de  détente  est évi dent, mais les récréations prolon-gées sont souvent génératrices d’ac-cidents.Passages aux toilettesUne éducation à l’autonomie est né-cessaire  pour  les  plus  jeunes  mais ne  justifie  pas  un  déplacement  en grand nombre. Tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins aux mêmes mo ments. Il est préférable de donner la  possibilité  aux  élèves  d’aller  aux toilettes en fonction des besoins bio-logiques. […].DéplacementsApprendre  à  se  déplacer  ensemble dans  le calme ne suppose pas obli-gatoirement  l’utilisation  du  «  petit train » qui est peu adapté à la motri-cité des jeunes enfants.Sieste et relaxationPour  les  plus  jeunes  enfants,  la sieste  correspond  à  un  besoin physiologi que  nécessaire,  imposé par le rythme de l’école. Le réveil est échelonné, suivant le rythme de cha-cun et se fait dans le calme.Immédiatement  après  la  sieste  la récréation n’est pas nécessaire ; bien reposés, les enfants sont plus récep-tifs aux apprentissages.Les  élèves  de  moyenne  et  de grande  section  ne  peuvent  se  voir imposer une sieste ou une relaxation qui  raccourcit  inutilement  les  temps d’apprentissa ges. […]Des  activités  calmes,  […]  peuvent être prévues dans l’emploi du temps pour pallier une éventuelle fatigue.Collation5

Depuis quelques années déjà, le mi-nistère de la Santé insiste sur l’équi-libre  alimentaire  dès  le  plus  jeune âge et  fait un sort à  la  traditionnelle col lation de 10h, essentiellement ba-sée sur des sucreries.Il est préférable de proposer un fruit 

ou un morceau de pain, au moment de l’accueil à 8h20 aux « petits » qui arrivent à l’école l’estomac vide.Il  faut  penser,  été  comme  hiver,  à leur faire boire de l’eau régulièrement dans la journée. […]Rôle de l’ATSEM6

Les ATSEM participent à la commu-nauté éducative7 et peuvent être as-sociées  aux  temps  de  concertation de  l’équipe, sous  l’autorité du direc-teur.Leur rôle auprès des jeunes élèves est  complémentaire  à  celui  de  l’en-seignant. Elles ont des missions édu-catives et matérielles. Elles peuvent animer  des  activités  particulières sous  la  responsabilité  de  l’ensei-gnant de  la classe mais ne peuvent se subs tituer à lui.L’école maternelle n’est pas obliga-toire mais elle constitue un atout pour la réussite scolaire ultérieure des élè-ves. La confiance en soi, le désir et le goût de savoir,  la curiosité,  le plaisir de  venir  à  l’école  pour  apprendre  y sont développés. […]

Rolande DELORD-LASSUS, directrice de l’école maternelle

d’application les Meillottes à Soisy-sur-Seine

BLÉ 91 n°38, septembre 2006

1.  GIOUX A. M., membre du conseil scientifique de l’AGIEM, Première école, premiers enjeux, Hachette 2000.2.  Voir  l’article Les groupes de couleur à l’école mater-nelle, BLÉ n°18, mars 1997, page précédente.3.  Rapport FERRIER, Améliorer l’efficacité de l’école pri-maire, 1998.4.  Qu’apprend-on à l’école maternelle ? Pro grammes 2002, Scéren/CNDP, 2002, p.62.5.  Voir  l’article  La collation de  J.  Haize,  BLÉ  91  n°  38, septembre 2006.6.  Voir  l’article Les ATSEM : qui sont-elles ? Que font-elles ?,  BLÉ  n°24,  janvier  1999.  Décret  n°92-850  du 28 /08/92.7.  Décret n°92-850 du 28/08/92.

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page 44 BLÉ 91 N° 50 * Mai 2014 * DSDEN Essonne

Publication gratuiteISSN N° 1269-4010

ISBN N° 978-2-86637-655-0

Directeur de la publicationLionel TARLET, directeur académique des  

services de l’Éducation nationale de l’Essonne Inspecteur d’académie

Directrice de la rédactionIsabelle DEL BIANCO, inspectrice  

de l’Éducation nationale adjointe au DASEN 

Directeur d’éditionMouloud IRBAH, directeur du CANOPÉ  

de l’Essonne

Rédactrice en chefMartine LAGEAT-FABRE, inspectrice de  

l’Éducation nationale

Comité de rédactionThierry BOUR, inspecteur de l’Éducation nationale

Bernard CALVET, inspecteur de l’Éducation nationaleDidier DAMET, professeur ressource en informatiqueJacky DELARGE, directeur d’école d’applicationNathalie GALLET, conseillère pédagogique

Michèle PELLOUX, secrétaire du comité exécutif des réseaux de réussite scolaire

Nadine PETIT, inspectrice de l’Éducation nationaleBénédicte RAGUE, conseillère pédagogique IENADanielle RODA, professeure des écoles honoraire

Michel ROMAGGI, directeur de SEGPAJoëlle SIGUIER, conseillère pédagogiqueJoëlle THÉBAULT, professeure d’IUFM 

en lettres modernes honoraireMarie-José VALDENAIRE, inspectrice de  

l’Éducation nationaleDominique VILLERS, inspectrice de 

l’Éducation nationale

CoordinationCorinne SHAMSNEJAD, CANOPÉ EssonneAnnick VINOT, conseillère pédagogique

Maquette et mise en pageCarole FARIA, CANOPÉ Essonne

IllustrationsPatrice GOURDET, maître de conférence  

en sciences du langage

CorrectionSylviane CHAULEY, professeure des écoles

ImprimerieTAAG

91350 Grigny

Mise sous pliLes élèves de l’IMPRO Roger Lecherbonnier 

de Palaiseaudirigé par Patrick MALATRAY

BLÉ91 est disponible sur le site de la DSDEN de l’Essonne : http://www.ac-versailles.fr/public/ble91

Pour toute correspondance :BLÉ 91

Inspection de l’Éducation nationaleÉcole Louise Michel

10, rue Louis Armand91220 BRÉTIGNY-SUR-ORGE

Tél : 01 60 84 29 43 — Fax : 01 60 85 02 [email protected]

BIBLIogRaPHIE

Tous les numéros de BLÉ 91 sont consultables soit sur le site de CANOPÉ Essonne http://www.cddp91.ac-versailles.fr/spip.php?article734 soit sur le site de la DSDEN de l’Essonne http://www.ac-versailles.fr/public/ble91

Trois champs de BLÉ 91 pleinement explorés, du grain à moudre et à ressemer pour faire grandir les jeunes pousses.

BLÉ N° 32, Lire comprendre des textes littéraires à l’école

- Enseigner la grammaire : une démarche scientifique - La maîtrise de la langue et les langages : un enjeu -

L’oral dans tous les sens - La classe lecture-écriture, novembre 2002

BLÉ N° 38, La maternelle : une école !, septembre 2006

BLÉ N° 45, Les sciences : c’est pourtant pas sorcier !, octobre 2010

Et aussi…

CULTURE HUMANISTE Sur les chemins de la culture humaniste n° 42, novembre 2008 Quelle histoire… les arts ! n° 47, octobre 2011

EPS On S’PORTe bien à l’école, n° 44, mars 2010

INSTRUCTION CIVIQUE ET MORALE C’est bon pour la morale ! n° 48, septembre 2012

MAÎTRISE DE LA LANGUE Franchir les obstacles ! n° 39, avril 2007 Tous différents ! Que faire ? n° 41, avril 2008

PERSONNALISATION DES PARCOURS L’école pour tous, la réussite de tous, n°36, mars 2005 Chacun sa route, n°46, avril 2011

TUIC La clé des TUIC, n° 43, juin 2009