Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie

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Moral, préocupations et perspectives des dirigeants d'entreprises

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Sommaire

Mots d’introduction

Mots d’introduction 3

Résumé des résultats 4

Pourquoi cette enquête ? 7

Marché et Ventes 8-9

Une situation commerciale en nette amélioration 8

Un regard mitigé sur l’évolutioncommerciale à court terme 9

Situation interne de l’entreprise 10-11

Une nette amélioration des processusopérationnels de l’entreprise 10

Une confiance dans la capacité des entreprises à surmonter la dégradation de la conjoncture 11

Des stratégies d’investissement différenciées 12

Des dirigeants fortement préoccupés par des phénomènes exogènes 13

Agir pour améliorer le climat des affaires, en attendant le « retour à la normale » 14-15

Verbatims 16

A propos de l’enquête 17

Contacts 19

A propos d’Ernst & Young 20

Noureddine HajjiAssocié Directeur Général

Nous réalisons pour la deuxième année consécutive le baromètre des entreprises en Tunisie pour mesurer le moral des chefs d’entreprises, leurs préoccupations et leurs perspectives.A l’évidence, le moral de nos entreprises, aujourd’hui, n’est pas au beau fixe, les inquiétudes sont fortes et les perspectives assombries par la confusion qui règne sur la scène politique et les craintes d’enlisement dans la violence et l’insécurité. Pourtant, les entreprises continuent à afficher une sérénité réconfortante quant à leur solidité et entretiennent un optimisme dans leur regard vers l’avenir même si l’horizon de stabilisation de la conjoncture apparaît pour elles aujourd’hui plus loin encore de ce qu’elles avaient estimé une année auparavant.Ce baromètre 2012 exprime d’une certaine façon l’appel sanglant des entreprises aux décideurs publics et à la classe politique dans son ensemble : elles n’ont besoin que d’une « décrispation » du paysage politique pour que leurs énergies soient définitivement libérées.

Sami ZaouiAssocié Advisory services

C’est avec beaucoup d’objectivité et de sincérité que les dirigeants d’entreprises se sont exprimés dans le cadre du baromètre 2012 réalisé par Ernst & Young. Objectivité puisqu’ils font la part des choses, en soulignant les fortes améliorations des douze derniers mois, mais en reconnaissant également les incertitudes de la période à venir. Sincérité car leurs réponses sont franches et directes, évoquant aussi bien les réalités du développement régional que les enjeux de l’ouverture à l’international, en passant par leurs attentes, que dis-je, leurs exigences vis-à-vis des gouvernants et des parties prenantes du monde économique. Le baromètre Ernst & Young 2012 porte un regard sur la période écoulée et invite les dirigeants d’entreprises à se projeter sur les douze prochains mois. En décidant de le réaliser tous les ans, Ernst & Young souhaite apporter sa modeste contribution au débat économique en Tunisie, œuvrant ainsi au nécessaire dialogue entre l’ensemble des acteurs du monde économique.

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4 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Résumé des résultats

Marché et ventes

L’année 2012 apparaît comme une année de reprise, après le coup d’arrêt brutal qu’ont connu les entreprises au premier semestre de l’année 2011 : 67% des entreprises ont connu une augmentation par rapport à 2011. 21% des entreprises ont même connu une forte amélioration. Ainsi, les ventes repartent à la hausse et les processus internes d’approvisionnement, de production et de distribution retrouvent une meilleure stabilité par rapport à l’année précédente. Alors qu’en 2011, 78% des entreprises avaient déclaré avoir connu une baisse de leurs volumes d’affaires par rapport aux prévisions, l’année 2012 apparait comme étant une année de correction suite aux événements du début de l’année 2011.

Situation interne

Les performances opérationnelles des entreprises (approvisionnement, production, distribution) se sont nettement améliorées en 2012 pour 47% des dirigeants et la situation est restée stable pour 39% d’entre eux. Seules 14% des entreprises ont connu une dégradation de leur situation opérationnelle, liée pour la plupart aux procédures de dédouanement et de logistique portuaire.

La même tendance d’amélioration par rapport à 2011 se retrouve aussi bien au niveau de la trésorerie que des ressources humaines. Les tensions sociales de l’année 2011 ont diminué en 2012 sans toutefois disparaître et restent un sujet de préoccupation pour de nombreux dirigeants.

Perspectives d’activité

Les dirigeants d’entreprises portent un regard mitigé sur l’évolution de leurs perspectives commerciales sur les 12 prochains mois. Ils sont aussi moins optimistes aujourd’hui qu’une année auparavant. En 2011, 56% des entreprises prévoyaient une amélioration de leur situation commerciale, alors qu’elles ne sont plus que 43% à le prévoir en 2012. De même, 25% des dirigeants pressentent une dégradation de leur situation commerciale sur les douze prochains mois alors qu’ils n’étaient que 8% un an plus tôt.

Les dirigeants d’entreprises sont, en revanche, plus optimistes s’agissant de l’évolution de la situation interne de leurs entreprises (Approvisionnement, production, distribution, trésorerie, ressources humaines). Leurs projections contrastent aussi avec l’estimation qu’ils se font de l’évolution de la conjoncture économique et sociale dans son ensemble. 58% des dirigeants estiment que la conjoncture va se dégrader au cours des 12 prochains mois alors qu’ils ne sont que 4% à estimer que la situation interne de leurs entreprises va elle-même se dégrader.

A l’évidence, les dirigeants des entreprises sont confiants quant à la capacité de résilience de leurs entreprises et se préparent bien dans la perspective d’une dégradation progressive de la conjoncture. 70% d’entre eux estiment que la survie de leurs entreprises ne sera, en aucun cas, menacée.

Investissements et recrutements

La sérénité affichée par les entreprises se répercute dans leurs projections d’investissement et de recrutement. 32% des entreprises envisagent d’augmenter leurs investissements et 52% envisagent l’accroissement de leurs effectifs.

Le point caractéristique nouvellement noté est que les regards des dirigeants d’entreprises sont plus tournés vers le développement à l’international que sur l’extension sur le marché local, ce qui traduit un signe de défiance par rapport au marché local et aussi une prise de conscience de l’intérêt d’un développement à l’international pour nourrir leur ambition de croissance.

Plus spécifiquement, les 2/3 des entreprises interrogées déclarent ne pas être portées sur l’investissement dans les régions intérieures de la Tunisie en raison du manque d’infrastructures et des risques d’instabilité sécuritaire.

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5Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Préoccupations majeures

Les entreprises estiment que l’évolution de la situation politique (75% des répondants) et à un degré moindre l’évolution de la situation sociale (57% des répondants) sont les deux facteurs clés qui vont impacter, de façon positive ou négative, l’évolution de la situation de leurs entreprises.

Sur ce plan, le verdict est sanglant. La situation politique est jugée mauvaise pour 84% des dirigeants d’entreprises et la situation économique et sociale l’est aussi pour 81% d’entre eux. Les perspectives de leurs évolutions sur les douze prochains mois ne sont pas non plus, à leurs yeux, réjouissantes, 50% environ estimant qu’elles devraient se dégrader davantage. Les dirigeants citent comme préoccupations majeures, d’abord, l’instabilité politique et sécuritaire et la détérioration de l’image de la Tunisie à l’étranger, ensuite.

Elément plus significatif, l’horizon de stabilisation de la conjoncture politique, économique et sociale s’éloigne à grand pas pour la quasi-totalité des entreprises tunisiennes. Près de neuf entreprises sur dix estiment que le « retour à la normale » n’aura lieu que pendant une période de 2 à 5 ans voire plus de 5 ans, alors qu’en 2011, toutes les entreprises interrogées estimaient que celui-ci surviendrait au plus tard en deux ans.

Exigences formulées à l’égard des décideurs publics et de la classe politique

Les dirigeants interrogés expriment une forte attente d’amélioration du climat des affaires. Quatre transformations majeures sont plébiscitées par près des deux tiers des dirigeants. Il s’agit de la mise en place d’un système efficient de lutte contre la corruption (71%), l’amélioration de la qualité des infrastructures et des services publics (69%), la refonte du cadre légal et institutionnel de l’investissement (62%) et la modernisation du système éducatif et de la formation (62% également).

La modernisation du système bancaire, l’allègement de la pression fiscale ou encore l’assouplissement du régime des changes sont perçus comme étant de moindre priorité.

Au-delà des attentes formulées pour améliorer le climat des affaires proprement dit, les dirigeants des entreprises appellent la classe politique à mettre l’intérêt du pays avant tout calcul partisan et privilégier le consensus national. Ils attendent également une prise de conscience de l’importance première de l’économie, en insistant sur le fait que dans la période actuelle, l’économie doit primer, car elle est à même de garantir les véritables objectifs de la Révolution.

Des attentes fortes sont également exprimées vis-à-vis du Gouvernement. Certaines sont à caractère « technique », telle que la nécessaire et urgente refonte du système éducatif pour mieux l’orienter vers les besoins du marché du travail. D’autres attentes portent sur l’amélioration de l’environnement de l’entreprise, en assurant la sécurité des biens et des personnes et en garantissant la neutralité de l’administration. Certains dirigeants adressent également des messages à caractère plus politique, souhaitant que le gouvernement s’ouvre à d’autres compétences nationales, et que l’économie soit au cœur de ses priorités.

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6 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

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7Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Pourquoi cette enquête ?

Pour la seconde année consécutive, Ernst & Young prend le pouls des entreprises tunisiennes.

Résolument convaincus que la Révolution tunisienne est porteuse d’opportunités pour les entreprises tunisiennes, les associés et collaborateurs du cabinet Ernst & Young sont partis à la rencontre des dirigeants d’entreprises, premiers responsables de près de deux cents entreprises représentatives du tissu économique tunisien. Cette année, l’enquête Ernst & Young a innové, en interrogeant également de nombreux leaders d’opinion du monde économique.

Cette enquête a naturellement permis de jeter un regard vers le passé, permettant ainsi une comparaison avec les résultats du baromètre Revolution opportunities : Construisons notre Tunisie de demain, réalisé au cours du second trimestre 2011. Mais elle a surtout poussé les personnes interrogées à parler de l’avenir, proche ou lointain, et à exprimer leurs craintes, certes, mais également et surtout leurs attentes. C’est ainsi qu’en fin d’entretien, l’opportunité leur a été donnée d’adresser un message à une personne de leur choix. Sans surprise, la plupart des dirigeants d’entreprises et leaders d’opinion ont préféré adresser des messages de fort optimisme, tout en faisant appel à la raison pour passer le cap périlleux que traverse la Tunisie.

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8 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Marché et VentesUne situation commerciale en nette amélioration

De façon massive, les dirigeants d’entreprises interrogés expriment une franche amélioration de la situation commerciale de leur entreprise, sous forme d’augmentation de chiffre d’affaires au cours du premier semestre 2012 comparativement à 2011, et ce pour 68% des entreprises. 22% des entreprises ont même connu une forte amélioration.

Cette amélioration trouve son explication, pour 48% des dirigeants interrogés, dans la reprise normale des activités après les changements politiques de l’année 2011. Outre cette explication exogène (l’entreprise se contentant de bénéficier de l’amélioration sensible de l’environnement externe dans lequel elle évolue), l’amélioration de la situation commerciale s’explique également par des actions volontaristes des entreprises. Ainsi, 39% des entreprises interrogées justifient l’augmentation du chiffre d’affaires par le développement de nouveaux produits ou l’amélioration de leur gamme de produits, 31% par des actions de marketing et de renforcement de la force de vente et 22% par des actions d’optimisation de la logistique de distribution. Enfin, il convient de noter que pour de nombreuses entreprises, la reprise du marché libyen est à l’origine de la bonne tenue des ventes.

Seules 13% des entreprises connaissent une baisse de leur activité au premier semestre 2012, comparativement à la même période de 2011. La baisse de la demande clients est la principale explication avancée, et dans de nombreux cas, celle-ci est liée à une baisse du marché européen.

Rappelons que les entreprises interrogées lors de l’enquête Revolution opportunities de 2011 avaient enregistré, pour 78% d’entre elles, une baisse de leur chiffre d’affaires au premier trimestre 2011, par rapport aux prévisions qu’elles avaient établies. Ainsi, 2012 apparaît comme une année de correction suite aux événements qui ont marqué le début de l’année 2011.

*Plusieurs réponses possibles

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9Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Marché et VentesUn regard mitigé sur l’évolutioncommerciale à court terme

En revanche, les dirigeants d’entreprises portent un regard mitigé sur l’évolution de leur situation commerciale sur les 12 prochains mois. 40% d’entre eux estiment que celle-ci devrait s’améliorer, 33% considèrent qu’elle devrait rester stable et un quart des entreprises interrogées pressentent une dégradation de leur situation commerciale.

Une forte convergence est relevée quant à l’identification des éléments pouvant avoir une influence sur l’amélioration de la situation commerciale, que cette influence soit positive ou négative. L’évolution de la situation politique est le facteur d’influence le plus souvent cité (à hauteur de 74%), suivi de l’évolution de la situation sociale (57%). Ces deux pourcentages expriment à eux seuls la situation de dépendance des entreprises vis-à-vis d’éléments sur lesquels elles estiment avoir peu de prise. En effet, de nombreux dirigeants considèrent que l’existence d’une situation sociale tendue au sein des entreprises est plutôt liée à la dégradation de la situation politique en Tunisie.

Les dirigeants des entreprises soulèvent également l’évolution de la conjoncture économique en Tunisie (citée par 44% des entreprises), l’évolution de la conjoncture politique et économique dans les pays maghrébins (41%) et la situation économique et financière en Europe (31%) comme étant des facteurs impactant les perspectives commerciales de leur entreprise.

*Plusieurs réponses possibles

Comparativement à la même enquête réalisée en 2011, le baromètre 2012 révèle une tendance moins optimiste des dirigeants quant aux perspectives commerciales de leur entreprise. En 2011, 56% des entreprises prévoyaient une amélioration de leur situation commerciale, alors qu’elles ne sont plus que 43% à le prévoir en 2012. De même, 25% des dirigeants pressentent une dégradation de leur situation commerciale sur les douze prochains mois alors qu’ils n’étaient que 8% un an plus tôt.

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10 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Situation interne de l’entrepriseUne nette amélioration des processusopérationnels de l’entreprise

Lors de l’enquête Revolution opportunities réalisée en 2011, 90% des dirigeants d’entreprises avaient déclaré avoir connu des difficultés, soit au niveau de la distribution (pour 87% des dirigeants interrogés en 2011) ou au niveau de la production ou de l’approvisionnement. A l’époque, 70% des dirigeants d’entreprises prévoyaient une amélioration des conditions d’exploitation pour la fin de l’année 2011 et pour l’année 2012.

Interrogés sur l’évolution de leurs processus opérationnels (approvisionnement, production et distribution) au cours des six premiers mois de l’année 2012 comparativement à l’année précédente, les dirigeants d’entreprises estiment que cette situation s’est améliorée (47%) ou qu’elle est restée stable (39%). Seules 14% des entreprises ont connu une dégradation de leur situation opérationnelle. Parmi les raisons de cette dégradation, les difficultés liées aux procédures de dédouanement et de logistique portuaire sont souvent citées.

En rapprochant les résultats de 2011 et 2012, Il apparaît ainsi que les prévisions d’amélioration exprimées en 2011 se sont avérées justes pour seulement deux tiers des dirigeants : en 2011, 70% des dirigeants interrogés escomptaient une amélioration de la situation interne des entreprises, alors qu’ils ne sont que 47% à avoir observé cette amélioration en 2012.

En 2011, l’ensemble des entreprises interrogées reconnaissaient avoir connu des difficultés de trésorerie. En 2012, la situation de trésorerie s’est améliorée pour 37% des entreprises interrogées et est restée stable pour 41% d’entre elles. Cette stabilité reflète plutôt la persistance des difficultés constatées depuis 2011. Parmi les difficultés rencontrées, de

nombreuses entreprises mentionnent les restrictions de financement auprès des banques et les limitations qui leur sont imposées par leurs fournisseurs étrangers, du fait d’un manque de confiance lié à la situation générale en Tunisie.

Il en est de même pour les ressources humaines, 48% des entreprises déclarant avoir connu des difficultés dans la gestion des ressources humaines. Les entreprises interrogées se répartissent en trois groupes. Le premier groupe estime que la situation interne de leur entreprise s’est améliorée en 2012 comparativement à 2011 (46% des entreprises interrogées) alors que le second considère que cette situation est plutôt restée stable (46%). Seules 8% des entreprises, constituant le troisième groupe, constatent une dégradation de leur situation. Les commentaires des dirigeants confirment ces tendances, les tensions syndicales de l’année 2011 ayant très fortement diminué, sans toutefois disparaître en 2012. Elles restent donc un sujet de préoccupation pour de nombreux dirigeants.

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11Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Situation interne de l’entrepriseUne confiance dans la capacité des entreprisesà surmonter la dégradation de la conjoncture

Les prévisions d’évolution de la situation au cours des 12 prochains mois est dans la continuité du processus d’amélioration constaté en 2012. 46% des entreprises interrogées estiment que leur situation va s’améliorer tandis que 50% estiment qu’elle devrait se stabiliser. Seules 4% estiment qu’elle devrait se dégrader.

Ces prévisions d’amélioration de la situation interne contrastent avec l’estimation que les dirigeants font de l’évolution future de la conjoncture économique et sociale. En effet, ils sont 46% à estimer que la situation interne de leur entreprise devrait s’améliorer au cours des douze prochains mois alors qu’ils ne sont que 34% à anticiper une amélioration de la conjoncture économique et sociale. A contrario, ils ne sont que 4% à estimer que la situation interne de leur entreprise va se dégrader contre 58% s’agissant de la dégradation de la conjoncture économique et sociale.

En prévision de la dégradation attendue de la conjoncture, l’ensemble des entreprises prennent des mesures préventives, principalement orientées vers la mise en place des programmes de réduction des coûts (44% des entreprises interrogées), l’augmentation du financement par fonds propres (30%), ou encore la réduction de l’effectif ou le report d’investissements prévus (20% environ). Les entreprises se mettent donc dans une position d’attente et de protection, en sécurisant leur entreprise sur le plan financier et en laissant passer « l’orage ».

*Plusieurs réponses possibles

Les entreprises semblent toutefois persuadées que la dégradation de leur situation interne ne devrait être que légère et passagère. Dans l’hypothèse d’une dégradation progressive de la conjoncture, 30% des entreprises estiment que leur survie sera menacée dans un horizon de moins de deux ans. En revanche, 70% des entreprises interrogées estiment que leur survie ne sera pas du tout menacée. Ceci traduit la confiance des chefs d’entreprises dans la capacité de résilience de leur entreprise et ou leur conviction implicite que la dégradation de la conjoncture, s’il arrive qu’elle se réalise, ne pourrait être que relative, c’est-à-dire d’une intensité telle qu’elle permet à leur entreprise de maintenir leur exploitation.

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12 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Des stratégies d’investissement différenciées

La sérénité affichée par les entreprises tunisiennes (70% d’entre elles estimant donc que leur avenir ne serait pas menacé quand bien même la conjoncture continuerait à se dégrader) trouve sa traduction dans leurs projections d’investissement et prévisions de recrutement.

Ainsi, 32% des entreprises envisagent d’augmenter leurs investissements

et 49% des entreprises envisagent d’augmenter leur effectif global.

En approfondissant la réflexion avec les dirigeants d’entreprises, on constate que leurs regards sont plus tournés vers l’étranger que sur le marché local. Est-ce un signe de défiance vis-à-vis de la Tunisie ou plutôt une prise de conscience de l’intérêt de se développer à l’international? A la question de savoir si elles envisagent d’investir dans les régions intérieures de la Tunisie, 66% des entreprises interrogées répondent par la négative. Elles sont 65% à déclarer qu’elles envisagent une évolution de leur entreprise à travers une expansion à l’étranger. La diversification vers de nouveaux secteurs ou métiers n’est envisagée que par 33% des entreprises interrogées.

*Plusieurs réponses possibles

Les freins à l’investissement dans les régions intérieures les plus souvent cités sont le manque d’infrastructures et à un degré moindre l’insécurité qui y règne aux yeux des investisseurs. Mais une autre explication apparaît en filigrane. En effet, de nombreuses entreprises évoquent le fait qu’elles n’ont pas de besoin fort d’expansion et que leur taille actuelle sur le marché local répond à leurs besoins, et par conséquent, opérer en multi-sites en Tunisie ne présente pas d’intérêt.

Envisagez-vous, dans le cadre de votre stratégie, d’investir dans les régions intérieures de la Tunisie ?

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13Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Les regards tournés vers l’étranger trouvent sans doute leur justification, en grande partie, dans l’évaluation négative que font les entreprises de la situation en Tunisie. Pour les dirigeants interrogés, la situation politique en Tunisie est mauvaise pour 84% d’entre eux,

ainsi que la situation économique et sociale (pour 81% d’entre eux).

Aux yeux des dirigeants d’entreprises, les perspectives d’évolution au cours des douze prochains mois ne sont pas réjouissantes. La situation politique devrait continuer à se dégrader pour 46% et 15% estiment qu’elle restera inchangée, sachant qu’elle est déjà mauvaise.

Il en est de même pour la situation économique et sociale : 56% des personnes interrogées estiment qu’elle devrait continuer à se dégrader et 9% estiment qu’elle restera inchangée alors qu’elle est déjà mauvaise. Seuls 1/3 des dirigeants interrogés prévoient l’amélioration de la situation aux plans politique et économique.

L’analyse des préoccupations des dirigeants permet de mieux saisir les raisons de cette vision pessimiste sur le court terme (horizon de douze mois). Deux éléments majeurs arrivent en tête des préoccupations des dirigeants d’entreprises : l’instabilité politique et sécuritaire d’une part (pour 76% des personnes interrogées) et la détérioration de l’image de la Tunisie à l’étranger (70% d’entre elles). Ce deuxième élément illustre l’importance, aux yeux des dirigeants d’entreprises, du maintien d’une bonne image auprès des partenaires étrangers, que ce soit au niveau des pays partenaires ou des entreprises étrangères susceptibles d’investir ou de s’approvisionner en Tunisie.

L’instabilité politique et sécuritaireen Tunisie

La dégradation de la situationéconomique en Tunisie

La pression forte sociale et syndicale

La dégradation de la situationéconomique en Europe

La dégradation des taux de change

Les prix élevés des matières premières

La pénurie de la main d’œuvre qualifiée

La dégradation de la notesouveraine de la Tunisie

La tendance inflationniste

La détérioration de l’imagede la Tunisie à l’étranger

Autre, à détailler

76%

43%

54%

32%

19%

35%

11%

8%

17%

46%

70%

2%

La dégradation des finances publiques (endettement public et déficit budgétaire)

*Plusieurs réponses possibles

Le deuxième niveau de préoccupation porte sur la pression sociale et syndicale (pour 54% des dirigeants interrogés), la dégradation de la conjoncture économique (43%) ainsi que la tendance inflationniste (46%) couplée avec le prix élevé des matières premières (35%). La dégradation des finances publiques ou celle de la note souveraine de la Tunisie ne préoccupent pas à titre principal les entreprises tunisiennes.

Des dirigeants fortement préoccupés par des phénomènes exogènes

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14 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Agir pour améliorer le climat des affaires, en attendant le « retour à la normale »

Le « retour à la normale » ou plus précisément la stabilisation de la conjoncture politique, économique et sociale est attendue dans une période de 2 à 5 ans par une très forte majorité des entreprises interrogées (65%). 16% estiment même qu’il faudra plus de 5 ans. En revanche, 19% des entreprises interrogées s’attendent à une stabilisation en moins de deux ans. Ces prévisions contrastent très fortement avec celles exprimées lors de l’enquête de 2011. A l’époque, aucun dirigeant n’estimait le « retour à la normale » à plus de deux ans. 36% des dirigeants estimaient que la situation se stabiliserait en 2011, 34% d’ici mi-2012, et 30% dans un délai de un à deux ans, soit au plus tard mi-2013. Ainsi, les dirigeants d’entreprises portent un regard bien moins optimiste qu’il y a un an.

Dans l’intervalle, les dirigeants interrogés expriment une forte attente d’amélioration du climat des affaires. Quatre transformations majeures sont plébiscitées par près des deux tiers des dirigeants. Il s’agit de la mise en place d’un système efficient de lutte contre la corruption (70%), l’amélioration de la qualité des infrastructures et des services publics (68%), la refonte du cadre légal et institutionnel de l’investissement (62%) et la modernisation du système éducatif et de la formation (63%).

La modernisation du système bancaire, l’allègement de la pression fiscale ou encore l’assouplissement du régime des changes sont perçus comme étant de moindre priorité.

*Plusieurs réponses possibles

Le baromètre Ernst & Young a donné la possibilité aux dirigeants interrogés d’exprimer un souhait, une attente, en adressant un message à une institution tunisienne de leur choix. Les messages ainsi recueillis s’adressent à plusieurs cibles : l’ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens, le Gouvernement, la classe politique, les syndicats et la société civile.

Les messages adressés à l’ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens s’attachent à souligner l’extraordinaire potentiel économique et social de la Tunisie. Ils font ainsi appel au sens des responsabilités de chacun, pour que, main dans la main, ce potentiel soit exploité et mis en valeur. La valeur « travail » est maintes fois citée, pour rappeler à tous la nécessité impérieuse de revaloriser cette valeur et de la promouvoir auprès des nouvelles générations.

Refonte du cadre légal et institutionnel de l’investissement et de l’entreprise

Réorientation des avantages fiscaux (allégement de la pression fiscale et

amélioration de la relation avec l’administration fiscale)

Mise à niveau des prestations de l’administration douanière

Rehaussement de la qualité des infrastructures et des services publics

Un système efficient de lutte contre la corruption

Modernisation du système bancaire

Assouplissement du droit du travail

Assouplissement du régime des changes

Modernisation du système éducatif et de la formation

62%

32%

51%

68%

70%

30%

35%

25%

63%

Page 15: Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie

15Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Les messages adressés au Gouvernement sont de trois ordres.

D’une part, ils sont à caractère « technique », de nombreux messages insistant sur la nécessité de revoir le système éducatif, et de l’orienter vers les besoins du marché du travail.

D’autre part, ils portent sur l’environnement de l’entreprise, en appelant à la restauration de la sécurité et de l’ordre public et à la non politisation de l’administration publique.

Enfin, certains messages revêtent un caractère plus politique, à travers lesquels il est attendu une véritable « renaissance » du gouvernement. A travers cette renaissance, de nombreux dirigeants d’entreprises souhaitent que le gouvernement s’ouvre à d’autres compétences nationales, qu’il s’engage à prendre les décisions difficiles que requiert la situation du pays et que l’économie soit au centre de son action, abstraction faite de tout enjeu politique.

De nombreux messages sont adressés à la classe politique prise dans son ensemble. D’abord, mettre l’intérêt du pays avant tout calcul partisan et privilégier le consensus national. Ensuite, et surtout prendre conscience de l’importance première de l’économie.

De nombreux dirigeants d’entreprises insistent sur le fait que, dans la période actuelle, l’économie doit primer car elle est à même de garantir les véritables objectifs de la Révolution.

Des syndicats, les dirigeants d’entreprises attendent plus de réalisme et moins d’exigences irréalisables. Une demande de rationalisation de leurs revendications est mise en avant, et ce, afin de ne pas fragiliser le tissu économique dans la période actuelle qui est particulièrement délicate.

La société civile, quant à elle, doit contribuer à la sauvegarde des valeurs de tolérance et d’ouverture, tout en développant une approche du consensus. Elle doit ainsi promouvoir le dialogue national.

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16 Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

Verbatims

A la question « Pour vous, en tant que citoyen Tunisien, quel message donneriez-vous, et à qui, pour assurer un avenir radieux et un mode de vie prospère et attractif pour vous et vos descendants ? », voici ce qu’ont répondu, de façon très souvent spontanée, les personnes interrogées :

Des dirigeants adressant un message à tous les Tunisiens

« Un vrai engagement des différents acteurs pour faire évoluer le pays. Le gouvernement avec plus de sérieux, la société civile avec plus de responsabilité et les citoyens avec plus de patriotisme et conscience de la situation actuelle du pays »

« La Tunisie est un pays riche de son potentiel humain qualifié. En le préservant et main dans la main, nous ferons de la Tunisie un Paradis »

« Fonder une nouvelle société basée sur l’ouverture vers le monde et sur la tolérance, valeurs qui ont guidé notre pays depuis des siècles »

« Accepter qu’il faut du temps. Accepter la différence »

Des dirigeants adressant un message au Gouvernement

« Ne politisez pas l’administration »

« Enlevez les freins à la croissance, encouragez une renaissance du gouvernement en faisant appel à d’autres compétences nationales, prenez des décisions difficiles »

« Cessez de faire de la politique et mettez en place des institutions stables. Que les lois soient appliquées ou réformées ! »

« Réagissez très vite et restaurez l’ordre public, la sécurité et la paix sociale pour que les entreprises puissent travailler régulièrement »

Des dirigeants s’adressant aux Elus de la Nation

« Soyez plus rigoureux vis-à-vis du Gouvernement et du Président. Maintenez la pression. Jouez le jeu de la démocratie »

« Une feuille de route claire pour la prochaine période. Favorisez le consensus politique et social. Restaurez rapidement la confiance et retrouvons nos valeurs de tolérance, d’ouverture, de modernité et de solidarité sans renier ce que nous sommes »

Messages à la classe politique

« Privilégiez l’intérêt général et non les intérêts partisans ou privés afin de ne pas tomber dans les travers de l’ancien régime »

« Ne négligez pas le volet économique qui conditionne l’avenir social et politique. Priorité à l’économie ! »

« Mettons nos enfants à l’abri des décisions dogmatiques qui vont les plomber plusieurs décennies »

Des dirigeants s’adressant aux syndicats

« Améliorez le climat social au sein de l’entreprise tunisienne ! »

« Rationnalisez les revendications »

« Ne sciez pas la branche sur laquelle vous êtes assis »

Messages à la société civile

« Essayons de préserver la Tunisie et d’en faire le premier pays libre, démocratique, conduit sous une bonne gouvernance du monde arabo-musulman. Essayons d’en faire le BON exemple »

« Apaisez la situation et pensez à la Tunisie »

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17Baromètre 2012 des entreprises en Tunisie Moral, préoccupations et perspectives des dirigeants d’entreprises

A propos de l’enquête

Les entreprises sélectionnées dans l’échantillon sont des entreprises privées opérant dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services représentatives du tissu entrepreneurial tunisien.

Cette année, l’enquête Ernst & Young a innové, en interrogeant également de nombreux leaders d’opinion du monde économique.

Au total, l’enquête a touché 38 groupes représentant 175 entreprises, 67 000 salariés et un CA de 8 175 millions de dinars (MDT).

Ernst & Young tient à remercier l’ensemble des répondants pour leur ouverture et leur franchise.

Répartition par nombre d’employés

Répartition par nature de fonction

Répartition par secteur d’activité

Répartition par CA

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ContactSami Zaoui Associé Advisory services Tél: +216 70 728 528Email: [email protected]

Boutheyna Guidara Senior Manager-Advisory ServicesTél : +216 70 749 111Email : [email protected]

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