Apres Vous Monsieur de La Fontaine - Fiche Pedagogique
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Après vous, Monsieur de La Fontaine… Gudule
Niveau 6e
Ce recueil de Gudule se compose de vingt-trois textes qui font suite aux Fables
bien connues de Jean de La Fontaine, ce qui justifie le titre. Cependant il convient de
s’interroger sur le sens de l‘expression « Après vous ». S’agit-il pour l’auteur d’imiter
le fabuliste en reprenant les mêmes thèmes et en les actualisant, ou au contraire de
suivre ses pas en proposant des suites immédiates à chacun de ses textes ? Nous
verrons que c’est à la fois l’un et l’autre : Gudule reprend les thèmes de Jean de La
Fontaine, les rend plus contemporains, mais excelle également dans des suites qui
illustrent la morale classique ou la dépassent.
I. Gudule : un fabuliste
1) Le projet de l’auteur
C’est dans le post-scriptum que Gudule nous dévoile ses intentions au moment de
rédiger ce recueil. Sous la métaphore d’une petite souris ayant trouvé refuge dans
une bibliothèque pour y passer l’hiver, Gudule savoure les Fables de La Fontaine et
décide de les moderniser :
« D’un soupçon de sucre actuel,
Ma commère épiça cette œuvre impérissable,
Pour en atténuer le fiel.
Cela donna les contrefables. » (p. 94).
Le terme « contrefable » est un néologisme. Il se compose du préfixe « contre-
» qui signifie « proche de » et du radical « fable ». Il signifie donc texte qui est
proche de la fable. Comprenons que les fables de Gudule sont des textes proches par
le sens, par les personnages ou les thèmes de ceux de La Fontaine.
Activité possible : Proposer aux élèves de lire le post-scriptum puis de répondre
aux questions suivantes :
1) À quelle période de l’année se déroule l’action de cette fable ?
2) Dans quel lieu la souris élit-elle domicile ? Pourquoi ?
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2) Les caractéristiques de la fable
Les textes de Gudule ressemblent par leur forme à ceux de La Fontaine. En
effet, nous retrouvons la mise en page traditionnelle de la fable (majuscule au début
et rimes à la fin de chaque vers) et les dialogues qui rendent l’histoire plus vivante.
Les vers sont des hexasyllabes, des octosyllabes, des décasyllabes ou des alexandrins,
comme chez La Fontaine (suite des fables Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la
Tortue…).
3) De quoi se nourrit-elle ?
4) Apprécie-t-elle ce mets ? Relevez les termes qui le prouvent.
5) Que décide-t-elle alors de faire ?
Correction
1) En hiver.
2) Elle élit domicile dans une bibliothèque parce qu’elle n’a pas trouvé d’autre
endroit pour hiberner.
3) Elle se nourrit des textes de Jean de La Fontaine.
4) Ce mets lui semble amer : « un arrière-goût d’amertume », « cette écume/
Qui sur ma langue se répand », « atténuer le fiel ».
5) Elle décide alors d’ « [épicer] cette œuvre impérissable » « D’un soupçon de
sucre actuel », ce qui signifie qu’elle modernise les textes du fabuliste.
Activité : Initiation à la versification
Support : Contrefable du Loup et l’Agneau (p.35-36).
1) Soulignez sur le texte les [e] muets.
2) Pour chaque vers, compter les syllabes.
3) Analyser la disposition des rimes.
Éléments de correction
1) Un [e] muet se trouve à la fin d’un vers ou avant tout signe de ponctuation,
ainsi que devant un mot commençant par une voyelle.
2) 6 syllabes dans les vers 13, 15, 17, 19, 24, 26 : on appelle ces vers des
hexasyllabes.
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Nous retrouvons chez Gudule les personnages rencontrés chez La Fontaine : le
Corbeau et le Renard, le Lièvre et la Tortue, la Cigale et la Fourmi, le Loup et
l’Agneau… pour ne citer que les plus connus. Leur caractère n’a pas changé, mais
souvent la suite de leurs aventures les oblige à modifier leur comportement. C’est
ainsi que le Loup devient végétarien et un animal apprivoisé dans la contrefable Le
Loup et l’Agneau, celui du texte Le Loup et la Cigogne devient reconnaissant à la
Cigogne, les Grenouilles apprennent à se rebeller et à vivre démocratiquement.
Les thèmes que nous retrouvons dans les morales des contrefables sont
universels et atemporels : la solidarité et l’entraide (contrefables 1, 2, 3, 10, 11, 20,
22), l’union pour la paix (textes 4 et 7), la nécessaire sobriété de l’être humain (fables
5 et 22), l’argent (texte 6), le pardon (texte 8)…
8 syllabes dans les vers 1, 2, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 16, 21, 23, 28, 29 (octosyllabes)
10 syllabes dans les vers 20, 22, 27 (décasyllabes).
12 syllabes dans les vers 3, 6, 7, 12, 14, 18, 25, 30 (alexandrins).
Remarque : Expliquer la nécessaire diérèse aux vers 11 et 12 pour obtenir des vers
pairs : « dévou-é » et « tu-eur ».
3)
v.1-2 : rimes suivies
v.3-6 : rimes embrassées
v. 7-8 : rimes suivies
v. 9-12 : rimes embrassées
v. 13-24 : rimes croisées
v. 25-26 : rimes suivies
v. 29-30 : rimes suivies
Activité : À chacun sa morale
Reliez chaque fable à sa morale.
CONTREFABLE MORALE
1) L’Âne et le petit Chien
2) L’Âne et ses Maîtres
3) La Tortue et les deux Canards
a) « Chaque être a ses talents. […] /Quels que soient
ses enjeux et son tempérament/ Il y a ici-bas un rôle
pour chacun/Pour peu qu’il sache agir au moment
opportun. »
b) « Quand les petites gens/Plutôt que de se
quereller s’unissent/Justice et paix ils
rétablissent. »
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II. Originalité des contrefables
1) Suites et innovations
La majorité des poèmes de Gudule sont la suite immédiate de ceux de La
Fontaine. C’est le cas des contrefables 1 à 10, 12 à 16, 18-19, 22-23.
Dans Le Corbeau et le Renard et Le Loup et la Cigogne, la victime finit par venir
en aide à celui qui l’a trompée : cette suite immédiate se construit sur un
retournement de situation.
Dans Les Animaux malades de la peste, Les Grenouilles qui demandent un roi et
L’Âne et le petit Chien, c’est l’intervention d’un personnage extérieur qui devient
l’élément de résolution : le Singe, le Crapaud ou la femme du propriétaire de l’âne.
Certaines contrefables mettent en avant les qualités du protagoniste, alors que
La Fontaine insistait sur les défauts de certains personnages : c’est le cas de la Cigale
(texte 3), qui parvient à subsister grâce à ses efforts, le Savetier (texte 6), qui met
à profit l’argent amassé et fait le bien autour de lui. Il n’a plus un sou à la fin de
l’histoire, mais a gagné l’estime de tous. Dans Le Laboureur et ses Enfants, l’un des
frères quitte le domaine familial et trouve son bonheur en devenant artiste. C’est sa
4) Le Chat, la Belette et le petit
Lapin
5) Le Laboureur et ses Enfants
6) Le Lièvre et la Tortue
7) Le Loup et l’Agneau
8) Le Loup et la Cigogne
9) Le vieux Chat et la jeune Souris
10) Les animaux malades de la peste
c) « Inventer un coupable est souvent plus
facile/Que rechercher les bonnes solutions.
/L’exclusion arbitraire et la condamnation/Sont les
armes des imbéciles. »
d) « Peine de mort est un vil châtiment. »
e) « De son destin chacun est seul maître ici-bas. »
f) « Ce qui est bon pour l’un pour l’autre ne l’est
point. »
g) « Faire fi de tout préjugé/Des nobles cœurs est
l’apanage. »
h) « C’est en dépassant ses propres limites/Que
progresse l’humanité. »
i) « La jeunesse a des arguments/Que la vieillesse
doit entendre. »
j) « Secourir qui vous a trahi/Est signe de rare
indulgence. /Obligés, par simple prudence, /À qui
vous tend la main sachez dire merci. »
Correction : 1-g ; 2-e ; 3-h ; 4-b ; 5-f ; 6-a ; 7-d ; 8-j ; 9-i ; 10-c.
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persévérance et son goût du risque qui lui ont été bénéfiques. Enfin, le vieux Chat du
texte 22 fait preuve de compassion et c’est ce qui épargne la jeune Souris.
Mais la tentation pour Gudule était bien grande de critiquer et d’accentuer les
défauts de ses contemporains, comme l’avait fait précédemment La Fontaine. Ainsi le
Héron n’est plus difficile mais glouton au péril de sa vie.
Deux contrefables proposent un contre-exemple : dans le Pot de terre et le Pot
de fer, La Fontaine conseillait :
« Ne nous associons qu’avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces pots. » (p. 76).
Gudule prend l’exemple d’ « un sucrier d’acier » et « sa tasse de porcelaine » et
démontre qu’il faut que cessent les rapports de force et que l’on doit être solidaire :
« L’entraide érige des empires ». Cette morale s’applique aussi bien à un couple, à deux
amis ou à deux alliés. C’est ce qu’elle entend par « la vie à deux ».
Dans la fable La Tortue et les deux Canards, La Fontaine préconisait d’éviter
d’être imprudent, vaniteux et trop curieux car cela nous causerait du tort. Certes la
Tortue se pavanait dans les airs, mais chez Gudule, c’est sa persévérance et sa volonté
de se dépasser qui lui ont permis de mener son projet à bien :
« L’audace, l’imprudence et la curiosité
Quoiqu’en pensent certains ne sont point illicites.
C’est en dépassant ses propres limites
Que progresse l’humanité » (p. 74).
2) Une critique de la société
Les contrefables 20 et 23 proposent une critique de la société, alors que dans
certaines de ses fables, La Fontaine visait un public particulier : certains plagiaires
(dans la fable Le Geai paré des plumes du Paon : Colbert aurait ici été visé), les
puissants (Le Pot de terre et le Pot de fer, Le Loup et l’Agneau, Les animaux malades
de la peste…), les nobles (Le Chat, la Belette et le petit Lapin). Pour Gudule, c’est la
société qui est rendue responsable du comportement néfaste de certains citoyens, la
Grenouille par exemple qui, pour se fondre dans la masse et cacher sa différence, a
voulu « se faire aussi grosse que le Bœuf » (p. 78).
Observons également le vocabulaire péjoratif de la dernière strophe du texte Le
Cochon, la Chèvre et le Mouton : « manigances », « dangers », « Spéculations,
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pollution, génocides, /Crimes contre l’humanité » (notons l’accumulation qui accentue le
rythme), « bouchers », « charlatans », « démiurges » (autre accumulation),
« museler », « nul bétail ne s’insurge ». La violence du ton est exceptionnelle et invite
le lecteur à se rebeller, à modifier au plus vite son comportement, même si cela fait
de lui un marginal, et ce, pour le bien de tous. Sont ici visés les hommes politiques qui
incitèrent les foules à massacrer des peuples stigmatisés (les Arméniens, les juifs
lors de la Seconde Guerre mondiale, les Tutsis du Rwanda, les musulmans de Bosnie),
mais aussi les grands groupes financiers et pétroliers qui font du monde leur terrain
de jeu et détruisent la planète au nom du profit. Sont aussi montrés du doigt ceux qui
ne disent rien, qui laissent faire.
Activité TICE : Expliquez les phrases suivantes et trouvez des exemples sur
Internet qui pourraient les illustrer.
Support : Fin de la contrefable Le Cochon, la Chèvre et le Mouton (p. 84-85).
1) « Bien souvent, à la clairvoyance
Nous préférons notre confort. »
2) « Ceux qui dénoncent haut et fort
De nos maîtres les manigances,
Et en détectent les dangers,
On s’obstine à les museler. »
3) « Spéculations, pollution, génocides,
Crimes contre l’humanité,
Sont le fait de bouchers,
De charlatans, de démiurges »
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Activité orale : Discuter l’un des deux points de vue suivants, exemples précis à
l’appui :
1) C’est parfois la société qui nous pousse à agir de la sorte (contrefable 21).
2) La vieillesse a beaucoup à apprendre de la jeunesse (contrefable 22).
III. Après vous, Gudule…
Il convient à présent d’initier pas à pas les élèves à l’écriture d’une fable, comme
le stipulent les programmes officiels. Plusieurs activités faciliteront la réussite de
cet exercice.
Activité n° 1 : La ponctuation du dialogue
1) Observer la mise en page du dialogue dans la fable Le Loup et l’Agneau
(p. 34-35). Quand met-on des guillemets ? Quand place-t-on un tiret ?
2) Ajoutez les marques du dialogue dans l’extrait suivant :
Ayant perpétré son forfait
Le Loup s’endormit, satisfait,
Se croyant à l’abri de toute représaille.
Mais le berger l’avait surpris.
Il alla quérir son fusil
Et de trois coups de crosse éveilla la canaille.
Pitié, épargnez-moi ! dit le Loup en pleurant,
J’ai mal agi, je me repens,
La faim est mon unique excuse.
Si vous daignez me pardonner
Je vous serai tout dévoué.
Cet homme est bon, et le tueur que tout accuse
L’attendrit malgré lui.
Te corrigeras-tu, si je cède, gredin ?
Je vous promets que oui.
Deviendras-tu végétarien ?
Je le jure. Il le fit. […]
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3) Grâce à quelles marques avez-vous repéré le dialogue ? Faire remarquer aux
élèves que les pronoms changent dans le dialogue (présence des première et
deuxième personnes) et que le système des temps est différent (présent,
passé composé, futur, impératif).
Activité n°2 : Temps du récit, temps du discours
Exercice d’observation : Contrefable du Loup et la Cigogne (p. 41-42).
1) À quels temps et modes sont conjugués les verbes suivants : « chercha »,
« avait […] éconduite », « fit », « trancha », « se débat », « hurle »,
« apostrophe », « débrouillez-vous », « sorte » ?
2) Apparaissent-ils dans le dialogue ou dans le récit ?
3) Quelle est la valeur de chacun de ces temps ?
4) À quels temps et modes sont les verbes de la morale ?
Éléments de correction
1) Indicatif passé simple, plus-que-parfait, présent, impératif présent et
subjonctif présent.
2) « chercha », « avait éconduite », « fit », « trancha », « se débat » et
« hurle », « apostrophe » apparaissent dans le récit ; « débrouillez-vous » et
« sorte » apparaissent dans le dialogue.
3) Passé simple pour les actions délimitées dans le temps, plus-que-parfait
pour une action antérieure à une autre action au passé simple, présent de
narration. L’impératif exprime l’ordre, le subjonctif présent apparaît dans une
subordonnée dépendant d’un verbe à l’impératif.
4) Nous rencontrons dans la morale de ce texte le passé composé, le présent
de l’indicatif et de l’impératif.
Exercice d’application : Conjuguer au bon temps et à la bonne personne les verbes
placés entre parenthèses.
Par bonheur, l’épouse du maître
Tout aussitôt (venir – passé simple) à paraître.
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Elle (s’étonner – passé simple), en voyant son mari
Lever Martin-bâton sur l’animal marri.
« Quel crime (commettre) cette bête
Pour mériter votre courroux ?
— Il m’ (caresser), (dire) l’époux.
— Cela vaut-il qu’on le soufflette ?
En ce cas, (me battre) aussi
Car, (souvenir)-vous, cette nuit,
Je (ne pas ménager) ma peine !
— Et vous (faire – passé simple) fort bien, ma reine,
(Rétorquer) en riant le mari,
Car vous (être) belle et légère ! […] »
L’Âne et le petit Chien, Gudule,
Le Livre de Poche Jeunesse, p. 63, 2003.
Remarque : Les verbes du récit sont conjugués au présent dans la fable de Gudule.
Il est possible de laisser les élèves les conjuguer au passé simple.
Activité n° 3 : Les substituts nominaux et pronominaux
Support : Contrefable du Lièvre et la Tortue (p. 13-15).
1) Relevez les mots et expressions qui désignent la Tortue et le Lièvre.
2) À quelle classe grammaticale appartiennent-ils ?
3) Pourquoi avoir utilisé différentes expressions pour évoquer les mêmes
personnages ?
4) Quelles autres expressions auriez-vous pu utiliser ?
Correction
1) La Tortue : « dame Tortue », « elle », « la pécore balourde », « Commère »,
« cette vagabonde », « la ».
Le Lièvre : « il », « l’animal », « du coquin ».
2) Nous avons des groupes nominaux, des pronoms personnels (sujet et
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Sujet d’expression
À votre tour écrivez une fable d’une vingtaine de lignes qui reprendra les thèmes
de Gudule ou qui sera la suite immédiate de l’une de ses contrefables. Vous y
insérerez un dialogue et veillerez à éviter les répétitions.
Fiche élève d’auto-évaluation
- J’ai conservé les mêmes personnages que Gudule.
- J’ai mis une majuscule au début de chaque vers.
- Il y a des rimes à la fin de chaque vers (visiter au besoin un dictionnaire des
rimes en ligne, par exemple www.dicodesrimes.com ).
- J’ai correctement ponctué le dialogue.
- J’ai varié les verbes de parole.
- J’ai utilisé le présent, le passé composé ou le futur dans le dialogue.
- J’ai utilisé le passé simple, l’imparfait ou le plus-que-parfait dans le récit.
- J’ai évité les répétitions en employant des substituts.
Remarque : Pour pouvoir évaluer le B2I, il est possible de permettre aux élèves
de taper leur texte.
complément).
3) Ces substituts permettent d’éviter les répétitions.
4) Autres expressions possibles : pronoms démonstratifs (celle-ci, celui-ci),
« cette dernière », « l’inattentive quadrupède »…