Anti cop 21 - COP 21 : pour quoi faire ?

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7/23/2019 Anti cop 21 - COP 21 : pour quoi faire ? http://slidepdf.com/reader/full/anti-cop-21-cop-21-pour-quoi-faire- 1/3 Le Monde libertaire numéro exceptionnel spécial COP21  1 Ce que la science nous dit D’ici à la n du siècle, certaines recherches nous disent qu’il faut s’attendre à un réchauffement de 0,3° à 4,8° selon les diffé- rents scénarios d’émissions. Le changement climatique représente la première menace sur la sécurité alimentaire dans les pro- chaines décennies, en raison de son impact sur les rendements agricoles et la multipli - cation des sécheresses et des inondations, destructrices pour les récoltes. Or il est "extrêmement probable" que ce dérèglement climatique soit lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les activités humaines. L’essentiel de ces gaz est produit par la fabrication de notre énergie, nos déplacements, notre alimentation et la déforestation. Entre 1900 et 2010, les émis- sions mondiales de GES ont crû de 30 %. Avec, bien entendu, un profond sentiment d’injustice puisque les principales victimes sont les "pays pauvres" et les principaux res- ponsables les "pays riches", dont la prospé- rité est bâtie sur une histoire meurtrière. L’illusion des énergies renouvelables Un jeu d’enfant ! Puisque l’utilisation mas - sive des combustibles fossiles constitue la cause principale du dérèglement clima - tique, il suft de s’orienter vers les énergies renouvelables et les techniques douces, par le biais d’une "transition énergétique", véritable "dynamique vertueuse créatrice de richesses et d’emplois, portée par une régle- mentation transparente, une écoscalité équitable, le développement d’une culture de la citoyenneté énergétique" ! Une "troi- sième révolution industrielle" qui "autori- serait même un partage local de la richesse issue de la valorisation du potentiel énergé- tique de chaque territoire, et contribuerait à diminuer les tensions géopolitiques induites par les inégalités d’accès à l’énergie" ! Selon les dirigeants et leurs valets, un authentique conte de fées ! Solaire, éolien, hydraulique, biomasse, déchets, géothermie… : réserves insoupçonnées, perspectives mirobolantes d’énergie propre ! On en oublierait presque que 50 % de la consommation mondiale d’énergie est engloutie par seulement 15 % de la population mondiale. On oublierait presque également que, malgré les discours léniants, 600 à 1000 milliards de dollars de subventions publiques annuelles sont attribués aux énergies fossiles ! Et si la réalité était beaucoup moins enthousiasmante ? L’énergie, c’est le pouvoir La réalité, c’est d’abord un bilan chif - fré : l’ensemble des énergies renouvelables ne représente actuellement que 14 % de l’énergie primaire totale consommée dans le monde (et seulement 6,4 % dans l’Union européenne). C’est dire que leur poids éco- nomique est très inférieur à leur visibilité médiatique. La leçon à tirer est donc une extrême prudence, parce que si les énergies renouvelables cumulées ont un potentiel théorique de production très élevé, ces gise- ments sont souvent extrêmement difciles à exploiter massivement et de façon durable. D’autant que de nombreux obstacles se dressent déjà ou se laissent entrevoir (puis- sance des lobbies du pétrole et du nucléaire, coût souvent élevé des investissements, lourdeur des démarches administratives…). Mais la réalité, c’est aussi les réalisations sur le terrain. Un peu partout sur la planète, d’immenses centrales photovoltaïques ou thermiques colonisent l’espace sur des sur- faces considérables, expropriant de nom- breuses populations. En France, la lière solaire est désormais tout entière aux mains des deux piliers de la politique énergé- tique, EDF et le CEA. Ce schéma vaut aussi pour l’éolien avec la création de "parcs" ou "fermes" de grande dimension. Idem pour les grands barrages hydroélectriques, dont les projets se multiplient. Avec les "dom - mages collatéraux" que l’on connaît : des C O P  2 1  :  p o u r  q u o i f a i r e  ? Au-delà du climat NUMÉRO SPÉCIAL : Après les échecs successifs des "sommets" antérieurs (Rio 1992, Kyoto 1997, Copenhague 2009, Cancun 2010, Durban 2011, Lima 2014), la COP21, 21 e  conférence des Nations unies sur le climat, se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain. Décrypter les enjeux géopolitiques, économiques et fnanciers qui entourent cette nouvelle grand-messe onusienne, c’est prédire – avec une marge d’erreur quasi nulle – un nou- vel échec. Pour dépasser – peut-être – les intérêts divergents, les égoïsmes nationaux, les antagonismes histo- riques, la seule solution appartient aux peuples, à condition de vouloir sa mise en œuvre.

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Le Monde libertaire numéro exceptionnel spécial COP21   1

Ce que la science nous dit

D’ici à la n du siècle, certaines recherchesnous disent qu’il faut s’attendre à unréchauffement de 0,3° à 4,8° selon les diffé-rents scénarios d’émissions. Le changementclimatique représente la première menacesur la sécurité alimentaire dans les pro-chaines décennies, en raison de son impactsur les rendements agricoles et la multipli-cation des sécheresses et des inondations,destructrices pour les récoltes.Or il est "extrêmement probable" que cedérèglement climatique soit lié aux émissionsde gaz à effet de serre (GES) générées par les

activités humaines. L’essentiel de ces gaz estproduit par la fabrication de notre énergie,nos déplacements, notre alimentation et ladéforestation. Entre 1900 et 2010, les émis-sions mondiales de GES ont crû de 30 %.Avec, bien entendu, un profond sentimentd’injustice puisque les principales victimessont les "pays pauvres" et les principaux res-ponsables les "pays riches", dont la prospé-rité est bâtie sur une histoire meurtrière.

L’illusion des énergies renouvelablesUn jeu d’enfant ! Puisque l’utilisation mas-sive des combustibles fossiles constitue la

cause principale du dérèglement clima-tique, il suft de s’orienter vers les énergies

renouvelables et les techniques douces, par

le biais d’une "transition énergétique",véritable "dynamique vertueuse créatrice derichesses et d’emplois, portée par une régle-mentation transparente, une écoscalitééquitable, le développement d’une culturede la citoyenneté énergétique" ! Une "troi-sième révolution industrielle" qui "autori-serait même un partage local de la richesseissue de la valorisation du potentiel énergé-tique de chaque territoire, et contribuerait àdiminuer les tensions géopolitiques induitespar les inégalités d’accès à l’énergie" ! Selonles dirigeants et leurs valets, un authentiqueconte de fées ! Solaire, éolien, hydraulique,biomasse, déchets, géothermie… : réservesinsoupçonnées, perspectives mirobolantesd’énergie propre ! On en oublierait presqueque 50 % de la consommation mondialed’énergie est engloutie par seulement 15 %de la population mondiale. On oublieraitpresque également que, malgré les discoursléniants, 600 à 1000 milliards de dollarsde subventions publiques annuelles sontattribués aux énergies fossiles ! Et si la réalitéétait beaucoup moins enthousiasmante ?

L’énergie, c’est le pouvoir

La réalité, c’est d’abord un bilan chif -fré : l’ensemble des énergies renouvelables

ne représente actuellement que 14 % de

l’énergie primaire totale consommée dansle monde (et seulement 6,4 % dans l’Unioneuropéenne). C’est dire que leur poids éco-nomique est très inférieur à leur visibilitémédiatique. La leçon à tirer est donc uneextrême prudence, parce que si les énergiesrenouvelables cumulées ont un potentielthéorique de production très élevé, ces gise-ments sont souvent extrêmement difciles àexploiter massivement et de façon durable.D’autant que de nombreux obstacles sedressent déjà ou se laissent entrevoir (puis-sance des lobbies du pétrole et du nucléaire,coût souvent élevé des investissements,lourdeur des démarches administratives…).Mais la réalité, c’est aussi les réalisations surle terrain. Un peu partout sur la planète,d’immenses centrales photovoltaïques outhermiques colonisent l’espace sur des sur-faces considérables, expropriant de nom-

breuses populations. En France, la lièresolaire est désormais tout entière aux mainsdes deux piliers de la politique énergé-tique, EDF et le CEA. Ce schéma vaut aussipour l’éolien avec la création de "parcs" ou"fermes" de grande dimension. Idem pourles grands barrages hydroélectriques, dont

les projets se multiplient. Avec les "dom-mages collatéraux" que l’on connaît : des

COP 21 : pour quoi faire ?

Au-delà du climat

NUMÉRO SPÉCIAL :

Après les échecs successifs des "sommets" antérieurs (Rio 1992, Kyoto 1997, Copenhague 2009, Cancun 2010,

Durban 2011, Lima 2014), la COP21, 21e conférence des Nations unies sur le climat, se tiendra à Paris du

30 novembre au 11 décembre prochain. Décrypter les enjeux géopolitiques, économiques et fnanciers qui

entourent cette nouvelle grand-messe onusienne, c’est prédire – avec une marge d’erreur quasi nulle – un nou-

vel échec. Pour dépasser – peut-être – les intérêts divergents, les égoïsmes nationaux, les antagonismes histo-

riques, la seule solution appartient aux peuples, à condition de vouloir sa mise en œuvre.

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Le Monde libertaire numéro exceptionnel spécial COP212 Le Monde libertaire numéro exceptionnel spécial COP21   3

espaces naturels dévastés, des populationsrurales dépossédées de leur lieu de vie,déportées et concentrées en milieu urbainpour y être prolétarisées.Mais est-il si surprenant que l’énergierenouvelable se retrouve sous la coupe desgrands trusts ? L’histoire de l’énergie estaussi celle de la concentration du pouvoir.La gestion de l’énergie – entre autres – estentre les mains d’une caste de scientiques,hauts fonctionnaires, militaires et hommesd’affaires (voire des maas, ce qui n’estd’ailleurs pas très différent) dont le fonc-tionnement court-circuite toute décisionpolitique face aux impératifs techniques.Les énergies renouvelables ne peuvent enaucun cas constituer un support techniqueà un changement social radical sans unetransformation préalable des structurespolitiques, des processus de décision. Lessystèmes énergétiques conventionnels sontconstitués de chaînes longues et complexes(extraction, production, transport, stoc-

kage, consommation). Tant que ces chaînesdemeureront, même les énergies renouve-lables offriront aux gouvernements la possi-bilité d’un contrôle politique sur les popula-tions à travers leur dépendance énergétique,et aux multinationales l’opportunité de réa-liser des prots par l’entretien de besoinsarticiels. Évacuer la dimension sociale etles relations de pouvoir revient à réduire letraitement de la question énergétique à une

simple "ingénierie de l’environnement",favorable aux carrières des politiciens, maispeu propice au bien-être des peuples.

Une société à reconstruireAu-delà d’ajustements techniques stériles,une transformation culturelle et politiqueprofonde est nécessaire pour envisager unesociété nouvelle. Entreprendre une "décolo-nisation de son imaginaire" pour percevoirque le dogme de la croissance économiqueillimitée est devenu la religion de la sociétémoderne ; que le gaspillage énergétique estune condition fondamentale du maintiendu système économique mondial, c’est-à-dire que celui-ci ne peut se développerqu’en sapant ses propres fondements ; quela foi aveugle dans les bienfaits de la tech -

nologie conduit à une impasse ; que l’abon-dance des biens et services ne sera jamais unpréalable à l’émancipation ; que le problèmedes limites et de la nitude des ressourcesnaturelles ne sera pas résolu par une fuite en

avant suicidaire, mais par une analyse lucidede la condition humaine.Il est temps de dissiper l’illusion qu’un hautdegré de culture implique nécessairementun niveau de consommation d’énergie aussiélevé que possible. De détruire le mythetechno-scientique et les fantasmes d’unesociété hyper-développée qui s’alimententréciproquement. Il ne s’agit pas d’éviterun emballement du climat, mais bien de

reconstruire une société dans sa globalité.Or un changement social radical ne ferapas, comme son nom l’indique, l’écono-mie d’une révolution sociale s’attaquant àla "racine" des phénomènes. Ce n’est qu’encréant des groupes égalitaires et autonomes,fédérés entre eux, des structures sur la based’unités à petite échelle, que les populationspourront se réapproprier leur avenir. L’ob-jectif d’émancipation, l’aspiration des indi-vidus à travailler moins doivent conduire àdénir librement les besoins individuels etcollectifs, la nalité de la production.Il faut proter de l’occasion pour renverserle modèle capitaliste, la course à l’articia-lisation des conditions de vie, la civilisation"hors sol". Abandonner une agriculture dontla productivité réelle a diminué à mesureque les exploitations dépendaient de plus enplus des combustibles, des fertilisants et dumachinisme, au prot d’une agro-écologiequi reconstruit les sols et les écosystèmes enrestructurant les communautés paysannes.

L’avenir post-pétrole et post-croissance serainévitablement plus sobre.

J-P Tertrais,

Groupe La Commune (Rennes) Fédération anarchiste

Vendredi 13 novembre, au fil des événements, l’inquiétudegrandissante a peu à peu laissé la place à la consternation laplus profonde et à la colère face au bilan sans cesse plus lourddes attentats qui ont eu lieu à Paris : un bain de sang inutile,atroce, nauséabond, rappelant les pires exactions dont l’hu-manité sait malheureusement se montrer capable.

Les adhérent.e.s et sympathisant.e.s de la Fédération anar-chiste sont révolté.e.s contre ces actes de la barbarie. Nousadressons toute notre sympathie aux personnes qui ont subices violences, à leurs familles, à leurs ami.e.s, à ceux et cellesqui y sont resté.e.s et à celles et ceux qui ont heureusementsauvé leur peau.Des assassins intoxiqués par une idéologie délirante ont faitrégner la terreur à Paris comme ils la font régner au Moyen-orient et en Afrique. Ils peuvent se réclamer d’un dieu ou de lasouffrance des populations en Syrie, en Palestine ou ailleurs.Ils ne sont que des meurtriers qui tentent dérisoirement dedonner une justification à leurs actes. Ils n’en ont aucune.Nous rejetons tout autant les tentatives d’amalgames quin’ont pas manqué d’apparaître. L’essentiel de ce que l’on

catégorise comme des populations musulmanes, sont desindividus comme les autres : certains pratiquants, d’autresseulement croyants, d’autres encore athées, tous voulant sim-plement vivre en paix. Nous en avons tous et toutes le droitlégitime.Nous ne cautionnerons pas davantage les accents guerriers

que ces exactions ont instantanément suscitées. L’état d’ur-gence en France, la tentation de soutenir Bachar El-Assad,de redoubler les bombardements sur des objectifs soi-disantciblés mais qui font toujours plus de victimes parmi des popu-lations civiles prises en otage, déplacées, dépecées. La guerreengendre toujours la guerre.Nous veillerons enfin à la mesure de nos moyens à ce que lesmigrant.e.s ne subissent pas les conséquences des exactionscommises par ces fous de dieu qu’ils et elles ont fuit en quit-tant leur pays dans des conditions extrêmes. C’est la solidaritésans faille de tous ceux et celles qui subissent l’oppression, quipermet l’émancipation.Ni dieu, ni maître !

Fédération anarchiste

Communiquéde la Fédération anarchiste

L’année 2014, classée la plus chaudejamais enregistrée par l’Organisation

météorologique mondiale, a été mar-quée par une multiplication d’événementsmétéorologiques extrêmes. Pratiquementplus personne, sinon quelques illuminés, nenie l’évidence : la température mondiale sedirige vers une hausse de 4 °C d’ici la ndu siècle. Or, au-delà d’une augmentationde 2 °C, les conséquences mettent en dangernotre écosystème.

Les petits paysans dépassésLes multinationales sponsorisées par lanance internationale n’ont pour objectif

que leurs seuls prots, totalement hermé-tiques aux conséquences de l’industrialisa-

tion à outrance sur la biodiversité : séche-resses, inondations, pertes de récoltes, maisaussi catastrophes sanitaires, destruction dessavoirs et des pratiques paysannes et dépla-cement des populations. L’utilisation mas-sive des intrants chimiques et énergétiquesfossiles conduit à la destruction de nombred’espèces animales. L’élevage intensif et lamonoculture sont responsables de la pro-duction de carbone et de la disparition pro-gressive de sols riches en humus et de forêts.L’industrialisation de l’agriculture a débou-ché sur une surproduction. Mais, tandis queles petits paysans produisent plus de 70 % dela nourriture consommée sur la planète enn’utilisant qu’un quart des terres cultivéeset des ressources en eau, l’agriculture indus-trielle ne produit qu’un quart de la nour-riture en immobilisant les trois quarts desressources ! Alors que le rôle de l’agricultureet des plantes est de transformer l’énergiesolaire en carbone (puis en sucres, en breset en protéines) pour nourrir les humainset les animaux, l’industrialisation en a faitune activité consommatrice d’énergie fos-sile, anéantissant ses effets bénéques. Lespopulations rurales des "pays du Sud" sontle plus fortement soumises aux événementsclimatiques extrêmes et à l’accaparementdes terres, entraînant un cortège de millionsde réfugiés qui se déplacent pour fuir deszones devenues inappropriées à l’agricul-ture. Rendre la terre aux centaines de mil-lions de paysans sans terre est le seul moyende produire une nourriture abondante encontribuant à refroidir la planète.

La foire lucrative aux faussessolutionsAlors qu’un changement de modèles’impose, les dérèglements climatiquesdeviennent une opportunité de prots pourl’industrie et les multinationales qui enva-hissent le "marché" de fausses solutions :les OGM, les herbicides, les biotechnologies,

la géo-ingénierie (qui propose de "mani-puler" le climat), les nanotechnologies, etc.Les agrocarburants phagocytent des millionsd’hectares pour alimenter les machines,alors qu’ils devraient être couverts de forêtsou de cultures vivrières. De plus, la biomasse(plantes, algues, résidus organiques, fumier,etc.), censée remplacer le pétrole réduit lavie marine et empêche les sols de récupérerla matière organique nécessaire à leur ferti-lité et à leur protection contre l’érosion. Cesprétendues solutions "d’agriculture intel-ligente" sont une coquille vide portée parles multinationales et les gouvernementsqui font passer et nancer leurs innovationsindustrielles et biotechnologiques devantl’autonomie paysanne pour une alimenta-tion rationnelle.

Revenir à l’agriculture paysanneLes régimes alimentaires actuels des paysoccidentaux intègrent, certes, une partcarnée trop importante par rapport auxbesoins, et diminuer la consommation deviande est une nécessité sanitaire autantqu’écologique. Cependant, cette dimi

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nution doit s’accompagner de revendica-tions autour de l’élevage : suppression desélevages industriels et des concentrationsrégionales d’animaux et soutien des pra-tiques paysannes et pastorales. Pour autantrevendiquer la disparition totale de l’éle-vage, c’est faire le jeu de l’industrie quiattend avec impatience que la société civilelui fraye le chemin vers une viande sansélevage, fabriquée en laboratoire par la bio-logie de synthèse. La solution est plutôt ducôté d’un élevage qui répond aux pratiquesde l’agriculture paysanne (bonnes condi-tions d’élevage, qualité des produits et del’environnement), et qui fait vivre de nom-

breux paysans dans le monde. C’est en effet

l’agriculture paysanne qui maintient dessurfaces considérables de prairies perma-nentes (11 millions d’hectares en France).Les prairies sont de véritables puits de car-bone permettant son stockage dans le sol.Elles sont également garantes du maintiende la biodiversité végétale et animale. Parexemple, les déjections animales sont d’ex-cellents fertilisants du sol et permettentla vie de nombreux insectes et micro-or-ganismes, limitant ainsi l’utilisation d’en-grais de synthèse. De fait, dans les pays auxclimats tempérés, une production végétalepaysanne n’est pas possible sans apportsaux sols grâce à l’élevage. Pour autant,l’agriculture a besoin d’une vraie politiqueagricole et alimentaire. La Politique agri-cole commune de l’UE (PAC) est excluanteet dépourvue de mécanismes efcaces derégulation. Ses effets ne sont pas à la hau-teur des enjeux sociaux, alimentaires etenvironnementaux. Les accords du "libre-échange" actuellement négociés ou encours de négociation (Tafta, Ceta, APE)livrent l’agriculture et l’alimentation aulibéralisme le plus débridé, à une agricul

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ture mondialisée très néfaste pour l’envi-ronnement et le climat. Enn, les pays duNord doivent reconsidérer leurs modes deproduction et de consommation pour per-mettre aux populations des pays du Sud devivre décemment.

Patrick Schindler,

Groupe Claaaaaash Fédération anarchiste

et JP,

Confédération paysanne.

Réflexions sur une agriculture paysanne maîtrisée

Les nuits anticop21

Chaque mardi de 0 h 30 à 8 h 30 le lendemain matin Radio libertaire

vous propose les nuits anticop21 pour relayer une information critique,

des informations pratiques et des comptes rendus des actions

pour contrecarrer la propagande d’Etat et celle des lobby de l’écologie

capitaliste.

A écouter sur 89.4 FM en RP et/ou en direct sur le site : www.radio-libertaire.net

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Le Monde libertaire numéro exceptionnel spécial COP214

L’objectif proclamé de la COP 21 est de

"lutter contre le réchauffement clima-tique". Mais qu’en est-il réellement ?

Du "refroidissement global"au "réchauffement global"La COP 21 s’appuie sur le GIEC qui,comme son nom l’indique (GroupeIntergouvernemental sur l’Evolution duClimat), est un organisme politique, lequeldemande des expertises à des savants deson choix. Or, contrairement à ce qui estrégulièrement avancé, il n’y a pas consen-sus scientifique sur la question climatique.Et les désaccords ne se situent pas sur lesmêmes plans, ce qui rend le dossier d'au-

tant plus complexe.Le seul constat partagé par tous lessavants est l’augmentation du CO2 dansl’atmosphère depuis un siècle. Tout lereste n’est qu’hypothèses et difficultésd’interprétation. Le rapport entre CO2 eteffet de serre additionnel n’est pas simple.Dans les années 70, des scientifiques(Stephen Schneider, John Holdren, l’Aca-démie nationale des sciences améri-caine…) annonçaient qu’un nouvel âgeglaciaire était proche : le global coo-ling. A l’époque, on observait en effetun refroidissement des températures danscertaines régions de l’hémisphère boréal(de 1940 à 1973, en gros). Holdren, quideviendra le "conseiller scientifique ettechnologique en chef" du présidentObama, admet désormais le global war-ming, mais il n’a pas varié sur un point :son soutien à l’électro-nucléaire.

Pas d’uniformité et des situationsgéographiques contrastéesLa réalité de ce "réchauffement global"est complexe. Même l’élévation du niveaudes océans est sujette à interrogation.Au-delà des problèmes de mesure etd’interprétations, il ne faut pas perdre de

vue que nous sommes dans un systèmeconcurrentiel – le capitalisme – et que lacompétition (pour les budgets, la noto-riété, l’oreille du politique…) est égale-ment vive entre savants, lesquels sontréciproquement instrumentalisés par lapolitique et la géopolitique.

L’avant-garde du capitalisme vert :le Club de RomeÀ la fin des Trente Glorieuses, l’avant-garde de la bourgeoisie comprend qu’ilne faut pas scier la branche écologiquesur laquelle sont assis ses profits. Ellemène dès lors une campagne active

pour influer sur les politiques de gestiondes ressources, en appuyant l'idée d'une

gouvernance mondiale – dont elle serait

évidemment le principal prescripteur –, etvia une sensibilisation des masses à coupsde catastrophisme.Le Club de Rome deviendra une de sesplateformes d'action privilégiées. Fondéen 1968, ses membres ne sont pas dedoux écologistes, de gentils natura-listes ou de farouches révolutionnaires,mais des dirigeants de haute volée. On ycompte des industriels, des diplomates, lesecrétaire de la Communauté EuropéenneCharbon-Acier, l’un des fondateurs de laTrilatérale, le responsable français de laCommission des Opérations de bourse…Oligarchie cooptée et non démocra-

tique, le Club de Rome fonctionne avecd’autres clubs du même genre (Trilatérale,Groupe Bilderberg, Forum de Davos…). Ilsagissent, très ouvertement, dans le sensde leurs seuls intérêts : ce sont tous defarouches partisans de l’électro-nucléaire.Et comme le nucléaire est faiblementproducteur de gaz à effet de serre, si onpromeut la théorie d’un réchauffementglobal – en médiatisant les travaux desscientifiques qui soutiennent cettethèse ou, comme le GIEC, en finançantleurs travaux.. –, on peut légitimer et pro-mouvoir le nucléaire…Bert Bolin, météorologue suédois, premierprésident du GIEC fondé en 1988 grâceau G7 était un défenseur acharné dunucléaire. Avec son ami Maurice Strong,premier président du PNUE (Programmedes Nations-Unies pour l’Environnement),comme lui membre du Club de Rome,il participe à la Commission Brundtland(1987) qui, outre le "développementdurable", entérine le global warming.

La bataille pour les énergieset la puissance industrielleLa problématique du secteur nucléaireet celle du secteur pétrolier ne se super-

posent pas, ni géographiquement, nipolitiquement, ni géopolitiquement, enfonction des gisements, des stratégiestechno-industrielles et des enjeux milita-ro-diplomatiques. Cela rend sa géogra-phie complexe, et nous éloigne de touteexplication simpliste (théories du com-plot, les Américains contre les Chinois,les méchantes multinationales contre lesgentils écologistes, etc.).Les États-Unis constituent le grand ter-rain d’affrontement entre les compagniespétrolières historiques et les nouveauxvenus de l’électro-nucléaire, d’où les hési-tations analytiques aussi bien chez les

scientifiques que chez les dirigeants poli-tiques. Mais la situation change déjà avec

l’exploitation des gaz de schiste. La Chine

productrice de charbon et importatrice depétrole ne fait pas du nucléaire une prio-rité et investit massivement dans les éner-gies renouvelablesDes trois grandes puissances ancienne-ment industrielles de l’Union européenne,deux sont pro-nucléaires (la France et leRoyaume-Uni), l’autre non (l’Allemagne).Des pays ont renoncé au nucléaire (outrel’Allemagne : la Suède, la Confédérationhelvétique, l’Autriche, l’Italie). Un chercheson chemin de Damas (le Japon)…Autrement dit, l’enjeu climatique quioppose l’industrie nucléaire et l’industriepétrolière, les anciens pays industrialisés

et le pays "émergents" fait s’affronter desfirmes multinationales entre elles (parfoisprovenant du même pays), des secteurspolitiques à l’intérieur d’un même pays ouentre États rivaux.L’entrée en bourse du marché du car-bone et les échanges géopolitiques dequotas de gaz à effet de serre alimententla machine du capitalisme vert. Le pro-metteur secteur des énergies renouve-lables qui s’y ajoute est traversé par lesbatailles technologiques et les conquêtesde marché.Le succès ou l’échec des sommets inter-nationaux consacrés au climat commela COP 21 doit être jugé à l’aune de cecontexte.

À bas le capitalisme vertLe Club de Rome, le GIEC et la COP 21prônent le principe d’une gouvernancemondiale appuyée sur des experts, nondémocratiquement élus, sinon indirec-tement par des systèmes pyramidaux dedélégations de pouvoir, et fonctionnanten réseaux consanguins.Cette gouvernance constitue ce qu’il fautbien appeler "l’écolocratie" ou "l’écolo-crature". Elle ne vit que grâce aux sub-

sides et aux ambitions de pouvoir, poli-tique ou symbolique. Ses armes sont bienconnues : simplification démagogique etabêtissante des faits, rhétorique de peuret de culpabilisation, mélange de vraiesproblématiques et de faux diagnostics,catastrophisme.Il serait pour le moins curieux que leslibertaires marchent dans cette vaste com-bine… Il ne s’agit pas de se battre pour leclimat, mais contre ce système, de rompreavec le capitalisme et son monde.

Philippe Pelletier

Groupe Makhno

 Fédération anarchiste Auteur de Climat et capitalisme vert (Nada éditions)

La géopolitique de la COP 21 et le capitalisme vert