34279016 L Ameublement Francais Sous Louis XV
-
Upload
massyorane -
Category
Documents
-
view
172 -
download
0
Transcript of 34279016 L Ameublement Francais Sous Louis XV
L'AMEUBLEMENTLOUIS XV
Tous Droits db Rkproddction,
df.
Traduction et d'Adaptation rservs tour tous Pays
o
-
-
zUJ'Si
z
3Ci
BIBLIOTHQUE DE L'ART DCORATIF
L AMEUBLEMENTFRANAISsous LOUIS XVPAR
HENRI CLOUZOTOUVRAGE ILLUSTR DE5
PLANCHES EN COULEURS
ET DE 42 FIGURES EN NOIR
PARIS
LES ARTS GRAPHIQUESDITEURSRUE DIDEROT PARIS VINCENNES
i
V\--
pflnork *-
La Socit au xviiw sicle Distribution nouvelle des appartements Petites
pices
ET petits meubles Chemines de glaces Lambris, tentures et papiers peints
AUelle est
dbut du xviii'peut-tre
sicle,
la
Socit et les
murs
se trans-
forment avec une rapidit surprenante.
L'volution n'est:
pas aussi profonde qu'on s'est plu le dire
moins
superficielle,
coup
sr,
que ne
le
feraitla
supposer
l'poque de caprice et de lgret qui s'ouvre avec
Rgence.air.:
Louis XIV, en mourant, avaitft
command que
le
jeune dauphin
conduit
Vincennes
pour respirer
un meilleur
Ce
premier dpart futse vidrent
le signal
d'une dispersion gnrale
les palais
de Versailles et de Marly, assombris par toute une suite de deuils,
comme
par enchantement.
Les courtisans, longtemps
comprims pareuxse
l'tiquette, se ressaisirent.
Un
petit
nombre
d'entre
groupa autour du Rgent pour prendre part aux
ftes
dula
Palais-Royal, du
Luxembourg, de
la
Muette, d'Asnires, mais
plupart regagnrent leurs htels ou leurs terres.cessa d'tre concentre sur
La
vie
mondaine
un seul point.
Il
n'y eut plus de cour
de France.
Chez
les
uns,
chez
les
autres, et surtout
autour des femmes
d'esprit, des
groupes
se formrent.la
A
Paris,
chez
la
marquise deprsidentesprits,
Lambert, Sceaux, chez l'htel de
duchesse du Maine, l'htel de Sully,s'improvisrent.
Lon,ces
des
cnacles
Lebeaux
Hnault,
Voltaire,
Montesquieu,royautsla la
cent
autres
renouvelrent
auparavant, avaient donn
conversation qui, un sicle de vie aux " ruelles " de la Fronde.se
LesVOL.i.
classes,a
en
mme
temps,
rapprochrent.
Rue Quin-
8
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIF
campoix autour de la banque de Law, l'Opra les soirs de bal, cherchant fortune ou bonne fortune, seigneurs et bourgeois se Pis encore, les compagnons du Rgent, les Canillac, coudoyrent. les d'Effiat, les Noce, les Noailles, s'acoquinrent leurs valets, et afin de mieux ressembler ces pendards ou bons pendre, prirent Pour avoir subi pendant tout le nom de rous, ou bons rouer.un rgne les lois de l'tiquette, la socit ne voulait plus supporter que ses propres caprices. Certes la cour, peu peu, se reformera. Mais Louis xv n'avaitpas l'apparat svre de son aeul, et d'ailleursil
tait
trop tard
pour revenir enverra vers
arrire.les
L'anglomanie aidant, voici ce qu'onappartements du prince de Conti, aule
1760, dans
Temple,
et ce
que nous peindrale
charmant tableau du Th
r Anglaise dansle
Salon des quatre glaces.table ont pris place le bailli de Chabrillant et:
Autour d'uneleur verse boire.
mathmaticien de MairanSurle
la
princesse de Beauveau, debout,
devant, les comtes de Jarnac et de
Chabot, mangent, debout, des gteaux.le service.
Le
prsident Hnault,
tout de noir vtu, est assis devant un paravent.
Aucun
valet
pourmre,
La comtesse d'Egmont,et porte
la
jeune, ne Richelieu, tientla
une serviette
un
plat, et la
comtesse d'Egmont,verseassis
coupe un gteau.
Mmeguitare
de
Vierville.
La marchale de Mirepoix Le prince de Conti esttandis
du thauprs
de
l'intendant
Trudaine,
que
Mozart,
enfant,
touche
du
clavecin, et que Jeliotte, debout, chante en s'accompagnant de la:
De
la
doQceici
et vive gaiet. . .
Chacun
donne l'exemple
Faut-il s'tonner qu'une telle intimit,tions crmonieuses
si
loigne des rceple
de Versailles,
ait
eu sa rpercussion sur
et ait modifi de fond en comble ment tel que l'avaient conu les contemporains du Grand Roi ? Ds les premires annes du nouveau rgne, c'est un bouleversement complet. Palais, htels, maisons bourgeoises, changent vue d'oeil. Pour satisfaire les gots nouveaux de bien tre et de confortable, les architectes de la Rgence changent radicalement
mobilier de l'poque,
l'apparte-
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVla distribution
des appartements. Autant dire
si
nous songeons aux
enfilades de grandes
de toutes pices
la
chambres du sicle prcdent qu'ils inventent distribution moderne des appartements:
"Avant
ce temps," dit un contemporain,
"on
donnait tout
l'extrieur et la magnificence.
A
l'exemple des btiments
antiques et de ceux
de
l'Italie,
prenaitdles,les
que l'on pour mointrieurs
gyjggjgr
taient vastes et sans
aucune commodit.C'taient des salons
double tage, desalles
spacieuses
de
compagnie, des
salles
de festins immenses,des galeries perte
de vue, des escaliersd'une grandeur extraordinaire.
Toutestaient
ces
pices
places sans dgage-
ment autait
bout:
les
unes des autreslog
on
uniquereprl'on
mentsenter,
pouretl'art
igseDESSIN D ALCOVE PAR CUVILLIERFILS.
norait
de
logeret
commodmentsoi.
pour
Toutesl'onles
que htels modernes, qui dgagentces distributions agrables, cesescaliersle
admire aujourd'hui dans nosappartements avec tantais et quid'art,
drobs,
toutes
ces
commodits recherches, quisi
rendent
service des
domestiques
font
de nos
demeures des sjours dlicieux
et enchants, n'ont t invents
que de nos jours
:
ce fut au Palais Bourbon, bti par Lassurance
lo
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIF1722, qu'on enfit
en
le
premier
essai,
qui a t imit depuis en
tant de manires."
La chambre coucher perd son rle de grand apparat. La mode n'est plus de recevoir couch mais assis, et le salon, surtout le petit salon de comDslors tout se
transforme.
pagnie, remplace la ruelle des Prcieuses.
L'alcve est toujours
de
mise,
mais
sa
dignit
s'est
fminise
pour devenir de
la
un rduit mystrieux, garni de glaces, o des rideaux, lgamment draps, ne laissent pntrer qu'un agrable demi-jour. C'est l'asile des amours chant par Bernisgrce. C'est dsormaisetles
potes lgers
:
Dans une
alcve parfume
Impntrable au dieu du jour,
La
Pudeur sanssur les
tre alarme
Dort
genoux de l'Amour.
grand salon de rception, trop solennel que se font construire les financiers enrichis par le systme de Law, ou leurs amies les belles impures, s'efface devant le salon d'assemble ou de compagnie, plus intime, plustemps,le
En mmeles
pour
petits htels
restreint,
pluset
facile
dcorer
et
meubler.
C'est
la
pice
commodeopoint
hospitalire,
o
l'on
runit ses amis, o l'on cause,le
l'on fait de la
musique.
Les plus fastueux poussenten
luxe au:
de
la
faire
construire
double dans leur htel
salon
d'hiver au nord, salon d't au midi.touff Versailles:
Onsalle
a
trop
grelott
ouson
on veut dsormaisutile,la
ses aises.
Spcialisation
non moins
manger
fait
apparition dans l'appartement.
Entre bien modeste, assurment:
de toutes
gance du dcor sont
o le luxe et l'lmoins prodigus, mais du moins y laisse-t-on demeure la table manger que l'on n'a plus besoin de dresser chaque repas dans la chambre ou dans le salon d'apparat.les
pices c'est la plus simple, cellele
Chambremodernesuperflu.
coucher, salon,
salle
manger
:
l'appartement
est cr.
Mais
nous pourrions appeler
De
petites
que charmant le ncessaire, prend naissance un pices, inconnues aux ges prcdents, des ct de cette trinit domestique,
1
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVantichambres, des cabinets, dessalles
1
de bains, desle
chambres de repos,boudoir, encadrent
et la plusla
intime de toutes,
grce fminine et servent de
thtre cette comdie surprises et cachette
que vont jouerde Richelieu.
les
galantes
amies du Marchalsoyonspas
Unesurpris,
telle
mtamorphose, n'enfait
ne
se
pasart
sans
protestations.
Les
dfenseurs du
grand
gmissent de ce qu'ils
Architectes et " A-t-on un philosophes unissent leurs critiquesappellentla:
dcadence du got.
palais?" dit l'auteur de P Ami des hommes (1759), l'irritable marquis de Mirabeau, "il faut y trouver
appartement d'hiver, appartement
d't, apparte-
ment deTROPHE, PAR G.-M. OPPENORD.
bains,
entresols,
cabinets,_
garde-robes,
^Qudoirs, cabincts de livres, garde-robes de r pro' ' O Il prt, communications, escaliers drobs, etc.
faut
des
jours
tout
cela,
et
l'architecte
dsorient,
oblig
d'opter entre le public et le particulier qui le paye, abandonne
Vitruve
et
prend Ddale poursa
matre.
Il
livre
au
dcorateur
cage
contourne, celui-ci
cherche des
angles et des crochets, drobe la chemine, cache lesportes,
niche
le
lit,
proportionne
lesS'il
panneauxse
;
le
vernis et les glaces font le reste.l'antique mobilier quelqueet
trouve dans
beau morceau de peinturealler
de sculpture,sait
il
ne peut
aux placesfautqu'il
ne
o
l'accrocher
lisez
:
onle:
et
il
regagne
Diderot crira huit ans plus tard garde-meuble." " Il n'y a presque plus aucune occasion de faire degrands tableaux:
le
luxe et
les
mauvaisesde
mursse
qui
distribuent les palais en petits rduits anantissent les
beaux ouvrages." moins clairvoyants.
Il
est
impossible
montrer
La
vrit,
c'estallait
que
la
nouvelle distribution desl'volutionla
appartements
entraner
plus ^nop^^g p^
originale qu'ait jamais subi l'art franais, et que pour g.-m.oppenord
12
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFces
dcorer
mille
recoins
charmants,
crs
par
l'architecte,
bnistes, tapissiers, sculpteurs, allaient faire assaut d'lgance et
d'ingniosit.
Blonde!de de
ne
s'y est
point tromp.les
A
la
gravit des ornedit-il,
ments dont on surchargeaitsortes
murs, succdrent,lgres,
" toutesgot,solives
dcorations demille faons
menuiseriediverses.les
pleines
de
varies
On
supprimaces
les
apparentes des planchers, on
revtit de
plafonds blanchis
quiet
donnent tant quel'on;
de de
grcefrises
etet
dede
lumiretoutes
auxsortes
appartements,
dcora
d'ornements
agrables
au lieu de ces tableaux
et
de ces normes bas-reliefsles
que
l'on plaait sur les
chemines, on
a dcores de glaces,
qui par leur rptition avec celles qu'on leur oppose, forment destableaux mouvants qui grandissent et animentles
appartements
et
leur donnent un air de gait et de magnificence qu'ils n'avaient pas."
DeMansart
ces heureuses innovations nous ne
pouvons donner d'auteur
qu' la dernire.et
C'est l'architecte Robert de Cotte, beau-frre de
directeur de l'Acadmie d'architecture, qui imagina
vers 1720, de placer des glaces sur les chemines, et cette anomalie apparente, qui consiste figurer un " perc " un endroit ole
coffre de la
chemine
ncessite
une partie pleine, entrana des
nouveauts charmantes.Finies les chemines la romaine de Lepautre et de Daniel
Marot.
Plus de
bas-reliefs de pierre ni
tures, plus
d'encadrements classiques.
de stuc, plus de peinLa " chemine de glace "perspectiveles
agrandit l'appartement en prolongeant end'architecture, et lui distribue la gait enles
lignes
rflchissant l'infini
lumires.
Mais
les glaces sont chres,
on?
n'a pas encore trouv
le
moyen
d'en faire de grandes dimensions
Qu'
cela ne tienne.
chemine qui perdra son importance. L'tre se rduit, la varit amusante des chenets de bronze prend la place des lourds landiers pelles, pincettes restreignent. se L'norme manteau du xvii* sicle devient une simple tablette horizontaleC'est la;
destine
:
servir
de
supportfaence,
fleurs
la
glace.
La
garniture
deen
cheminebronze,
vases
de
de
porcelainela
montes
candlabres,'
girandoles,
devient
passion
du
jour.
SECRETAIRE EN MARQUETERIE ET BRONZES DORES. PAR CHARLES SAUNIER ET POULET
CoUcction
II
'aiuc
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVVers1750,la la
15
pendule
elle-mme
descend
des lambris
pour
prendre
place d'honneur au milieu de ces futilits coteuses.sese
La dcoration murale ne pouvait manquer del'unisson.
mettre fabriquent
Les tapisseries de haute-lisse, qui nedansles
plus que
manufactures royales, sonthtels,
insuffisantes
pour
meubler touset petits, qui
les
grands
surgissent de terre
comme par
miracle.
Les tenturesa sonn
de cuir de Cordoue sont encore de mode, maisle dclin
pourla
elles.
D'ailleurs toutes ces
couleurs sont trop sombres pour
symphonie de lumire et de gait que va jouer l'ameublementLouis XV.sonsont des
Le dcor svre a Ce qu'il faut temps.tonset
fait
ce
unis, encadrs de
moulures
de baguettes sculptesdcoration d'unele dessin:
et rehausss d'or,
distinction
suprme dont
de l'architecte fait tout le prix " On colore presque tous leslambris en blanc, en couleur d'eau,
en jonquille, en doreles
lilas
.
.
.
dont on
moulures
et les
ornements,les
ou bienfondsla
l'on peint
seulement
d'une de ces couleurs, etdessin de
sculpture et les cadres d'une
teinte plus ple
que
le reste."
trumeau par boffrand, l'htel de soubise, paris.
Laclipse
peinture sujets mythologiques,
elle-mme,les
subit
uneleurs
momentane.
Entre
les fentres,
o
trumeaux de pein-
ture contre-jour taientreflets et
un peu dplacs, des glaces renvoientla
jouent avec celles de
chemine.
Les dessus de portes
comportent des moulures et des ornements encadrant les bergeries de Boucher, ou les chinoiseries de Huet et de Pillement.
De
ces
murs, cependant,
la
dcoration en
tissus
n'est
pas
i6absente,
BIBLIOTHQUE DE L'ART DECORATIFmaiselle
est
rserve de prfrence aux petites pices,
aux chambres
coucher, aux salons d'assemble, aux boudoirs.aimables ola
Pour
ces
rduits
femme
la
mode
passe
ses
jours futiles, aucune toffe n'est assez luxueuse ni assez frache.
Damas,se
satin,
moire brode ou broche, velours, " quinze-seizeautourdesfentres,s'talent
"
drapentles
sur
les
lambris.la
Danspeinte
intrieurs
plus
modestes,
les
partirtoffes
de
1750,
toileles
imite
des
Indes
remplace
coteuses,l'infini,
et
ingnieuses crations d'Oberkampf, variesdessins fleurs
depuis
les
ou
personnages, jusqu'aux copies les plus parfaites
des perses du Levant, dcorent les demeures des bourgeoises oudes
femmes de
robe.
La
toile
de Jouy pntre
mmeles
dans
les
grands htels.la
On
la
trouve plus frache pour
salons d't:
marquise de Pompadourla
en tapisse son chteau de Bellevue.les
Maisde
folie
du jour ce sont
rideaux
deils
toile
de
cotonfaits
peinte ou blanche, encadrs de perse, quandla plus fine
ne sont pas
mousseline rapporte parla simplicit
On
va plus loin dans
Compagnie des Indes. coteuse. Le papier peint,la
jusqu'alors fabriqu par de modestes graveurs sur bois, l'usagedes boutiques d'artisans et des intrieurs paysans, fait son entre
dans
On l'importe d'Angleterre o "les meilleures maisons. " fabriquent, avec de la laine hache, des papiers bleus tontissiersles
imitant merveille
les
toffes.les
Les modles anglais sont colorisla
la
mode.fleurs,
Ils
rivalisent
avec
papiers rinceaux, arabesques,
imprims en noirparisiens
et
dtrempe, quefabriquer
les
papetiers-tapissiers
commencent
avec
un
got
parfait.
SECRTAIRE EN MARQUETERIE ET BRONZE DOR
lAK
J.
DUBOIS
ColUc'm
C/iarki-Sluarr
II
it/ty
3
II
Le style Louis
xv Les
ornemanistes Oppenord, Slodtz, Meissonnier La rocaille
DcoE asymtriqub Retour au classique Stle X la cjtEOiUB
TOUTESromain.
ces
nouveauts
est-il
besoin de
le la
dire
?
n'ont
d'autre raison d'tre que la fantaisie
de
belle socit.
Au GrandLala
Sicle
on
s'tait
montrles
classique, hroque et
majest, la
symtrie,
ensembles
gomtriques
avaient rgn la cour
commelafait
la ville.osciller
Le rythme capricieuxle
qui rgleintervallesse
mode
et
d'un ple l'autre, des
impossibles
prvoir d'avance, exigeait que
got
diriget vers l'lgant, le contourn, l'asymtrique, et n'obit
plus qu' la fantaisie la plus folle.
Le mouvement, cependant, neeut sa tte des architectes,des
se
fit
pas sans impulsion.des
Il
dessinateurs,
peintres, quiles
semrent
sans
compter, dans des livres d'ornements,etla
trsors
de leur imagination,chose charmante que
composrent pour
les
arts
mineurs cette
postrit devait baptiser
du
nom
de style
Louis XV.Fait bizarrele style le!
Ce
sont en partie des trangers qui engendrent
plus franais que nous ayons possd.
Gilles-MarieParis, est
Oppenoordt ou Oppenord (1673-1742), bien que nlefils
d'un
hollandais,fils
bniste
renomm;
;
Antoine-Sbastien
Slodtz (ti754) est(i
d'un anversois
Juste-Aurle Meissonnierest architecte.Il
695-1 750)
est italien.
Le premierLes
a le titre
de directeur gnral des btiments et jardins du duc d'Orlans,rgentVOL.
duetI.
royaume.
deuxroi.
autres sontles trois
dessinateurs de la
Chambre
du Cabinet du
Tous
donnent dans leurs
20
BIBLIOTHQUE DE L'ART DECORATIFles
ouvrages des modles pour toutesFrises,deliers,
branches decartouches,
l'art industriel.
panneaux, gaines,dessus
pendules,
consoles,cadres,
chan-
de
portes,ils
arabesques, vaisselle,;
meubles,objet,
dcoration gnrale,
passent tout en revue
le
moindre
sous leur crayon fcond et ingnieux, prend immdiatement uneoriginalit et
une lgance inattendues.ont
Des peintres, des desLe charmant Claude Gillot sinateurs leur ont montr la voie. (1673 1722), qui dessine encore dans l'esprit d'Audran et deCertesils
eu
des
prcurseurs.
Brain, mais
avec
plus
d'esprit
et
d'enjouement, algers
publides
ses
arabesques enguirlandes de
feuillages
comme
lianes,
o o
lales
coquille Louis xiv
commence
se
contourner en
rocaille,
dessins des frontons, au lieu d'tre droits et rgulirement
cintrs, dcrivent
dj
des courbes sortantes et rentrantes.(i
Son
lve Antoineses
Watteau
groupeslianes,
et ses singeries,
684-1721) a imagin, pour encadrer un jeu vari l'infini de guirlandes,chantournements enailes ailes
de
de rosaces, de fleurons, de palmettes, de rinceaux, depavillons, de
lambrequins, deet
nerves
ongles de chauves-souris, en
de papillons, en auroles
flamboyantes, en rseaux hrisss de mille pointes.
Mais ce n'est encore qu'une transition. C'est bien Oppenord, Slodtz, Meissonnier qu'on doit ce style contourn, vrillonn, bomb, ennemi de la ligne droite, des surfaces planes et de la symtrie, o la rocaille c'est Paul Rouaix qui le dittrs
bien
:
se
retrousse en larges courbes ascendantes qui ressem-
blent
des vagues.
Peut-tre en avaient-ils
puis
les
lments
Oppenord dans la porcelaine chacun dans leur pays d'origine Plus vraisemSaxe, Meissonnier dans le baroque italien. deblablements'taient-ils;
inspir des chinoiseries la
mode
depuis
un
demi-siccleils
mais
d'un
art
d'Extrme-Orient,
exotique et
bizarre,
avaient su tirer un genre dlicieusement franais.
Le
style rocaille
le
mot
est ancien,la
maischose
le
terme, remarpluscela,
quons-le, n'est que de
1780, alors quela
n'tait djtre,
qu'un souveniront dj connu
commence avecla
Rgence, sans
pour
entirement une nouveaut.
Leclerc,
Lepautre, Marot, Brain
coquille, bien qu'ils l'aient dessine rgulire et
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVdeux parties ornemanistes du Rgentdivisible
21
en
symtriques par son axe.la
Maisreplis,
les
contournent
en
mille
la
mlangent avec des fragments de roches, des
ptrifications,
des
DESSIN DE PANNEAU, PAR ANT. WATTEAU.
pierres trouesles
:
la
mode
des collections de coquillages a envahi
cabinets des curieux.
En mme tempsen lgance, en
l'acanthe oblige s'amincit, s'allonge, gagne
sveltesse.
Elle se dcoupe en cent pointes.
Mle
22
BIBLIOTHQUE DE L'ART DECORATIFrocailles, elle oublie ses
aux
formes naturelles.
Tanttest
c'est
une
rocaille dont les bords s'effritent enc'est l'acanthe
dcoupures d'acanthe, tanttentoure de
elle-mme dont
la
nervure centrale
trous
comme De tout
la valve d'un coquillage.
cela sort
un ensemble ennemi irrconciliable dede tousles styles franais
la
symtrie, un styletoujours
le seul
qui prsenteolesle
enjambement d'un motif dcoratifles
sur
l'autre,
cartouches etcartouches)
cussons
(le
rgne de Louis xv futil
rgne des
penchent sur leur axe, o diviser un ornement par sa ligne mdiane en deux parties quiseest
impossible dese
rptent.
Et
cette
asymtrie ne choque personne, carSi les
elle
ne
comprometne
pas l'quilibre.
deux cts ne
se
rpondent pas,n'existe
se rptent
pas symtriquement, leurs masses se pondrent et
se balancent.
On
ne s'aperoit pas du dsordre ou plutt
il
plus pour l'il.
excellemment Albert Jacquemart, qui a suivi cette volution dans la dcoration du mobilier, prennent des tout se gonfle pour se profiler en lignes licences inimaginablesdit;
" Les formes,
singulires
;
rien de droit, de rgulier;
;
les
angles s'arrondissent;
ou
se
creusent
des sinuosits inattendues sillonnent les surfaces
les choses ventrues, contournes, tarabiscotes sont seules admises..
.
Ainsi se complte un tout bizarre, toujours spirituel et parfoisElle ne sepas d'un
lgant force de singularit."
Bien entendu l'volution a
ses phases.
fait
seul coup, et le degr plus ou moins grand de l'exagration dansles
crations des ornemanistes tablit une sorte de chronologieles
:
" D'abordables,
chicores peu saillantes, dessinant des courbes agrdesle
s'unissent des palmettes et
lauriers,
comme
pour
protester contre
un divorce absolu avec;
sicle
prcdent, tout
en rvlant des tendances nouvelles
plus tard, sous l'impulsion;
de Meissonnier, toute timidit a disparue
les
hardiesses de la
forme sont tellement effrnes querien qui surprennetalent des ciseleurs.;
la
dbauche du cuivre n'a plus
elle.
se
fait
excuser d'ailleurs par l'immensefin
.
.
Vers
la
du rgne on peut prvoirles
lales
rforme qui va s'accomplir,frises
les
chicores se font plus sages,fleurs se
rosaces, les chutes de culots et
soumettent
L'AMEUBLEMENT LOUIS XV
23
une sorte de discipline
:
le
meuble prend une apparence pluson ne pouvaitfit
tranquille et plus rgulire."
Lale
raction en effet tait invitable
;
aller plus
loin dans le caprice et le bizarre.style
Elle sebientt,
jour vers 1750 avec
la
grecque,
devenu
par une habile flatterie
vis--vis de
Marieles
Leczinska, le style la reine.
Bien inspirs,
les
philosophes,
peintres
ds
1754
l'influence de Vien, le matrela
de Davidlibre,
est
manifeste
prchrent
logique,
le
retour l'quiet
aux formesil
classiques.
Les contours s'assagirent,
comme,le
en dfinitive,
est plus facile
de suivre Vitruve que d'inventerla le
dcor Meissonnier, on
revint
symtrie, la mesure.roi
Lades
mode, une
fois
de plus,
commele
Franc converti, brla ceparterre, dbarrass
qu'elle avait
ador.
Dansla
nouveaule
folles vgtations
de
Rgence,
Louis xvi germa.
La
transition n'est pas sans
charme.
On
en a
Mmefru
de
Pompadour, bienmatresclassiques.
qu'elle
n'ait
fait
honneur sans doute quefait
suivre les inspirations de Cochin, adversaire de l'art lades
modelas
et
La
vrit
est
qu'on
tait
des
exagrations de Meissonnier ou plutt deet
celles de ses imitateurs,
L'tude got public cherchait une orientation diffrente. la mode se tourna vers des monuments anciens tait en honneur l'antique, et les dcorateurs puisrent pleines mains dans les
que
le
:
albums de planches que les savants mettaient au jour leur C'taient le comte de Caylus, Winckelmann, Piranesi. intention. A l'un, on demandait des motifs de plafonds pompiens un;
autre,
des
dessins
de
trpieds
ou de termesles
;
un
troisime
des ttes de sphinx adosss.le
Sans rien perdre de sa grce franaise,
mobilier s'infusait peu peusi
antique,
oubli depuis la
agrments d'un style pseudoRenaissance qu'il pouvait passer pourfaisait
une nouveaut.
Louveciennes
le
du Barry, ds 1770, temple de l'art la mode.
Mme
du pavillon de
mLa folie des MF.uELEf5 Marchandise au rtAHAis-Bois exotiques et placages MosaquesGALANTES
La mode
DES BRONZESLE BOIS
DOR LAQUES DE
C'HINE ET VERNIS-MAETIN
TOUTESc'est
ces
caractristiquesle
de
l'art
dcoratif Louis xv,
dans
mobilier qu'on
les
trouve dveloppes
au
plus
haut
point.
Ne
nous
en
tonnons
point.
Le
meuble
est la
grande proccupation de l'poque.tel
Jamais, aucun
momentdigalit.
de notre histoire, on n'en vit unIl
luxe, une telle pro-
n'est
pas
rare
de trouver des salons de cent mille
cus.
Un
comte
d'Evreux,
mourant
dans
la
misre,
laisse
cependant 20,000en possde
livres
de mobilier.
Une marquise
de Massiac
en croire d'Argenson,
pour deux millions. Mme de Pompadour, donne mille cus de pension un bniste du faubourg Saint-Antoine pour lui avoir fait une belle chaiseelle seule
perce.
Tous
les
six
ans
il
est
de bon
got de changer son
ameublement.
Imaginez ce qu'uned'activitet
telle
folie!
de dpense pouvait donner
d'essor l'bnisterieloin,
Jamais
l'art
du bois
et
du
bronze ne fut pouss plus
jamais l'imagination des fabricants
ne leur fournit plus de formes nouvelles, plus de meubles inconnus
aux gnrations prcdentes.de plusn'avaient jamaisvains.Ils
Le vocabulaire technique s'enrichit de cinquante mots que les contemporains du Grand Roientendubeause
prononcer.
Mais
leurs
efforts
sont
ont
multiplier, faire appel leurs confrresils
d'outre-Rhin, qui viennent l'envi s'tablir Paris,satisfaire
ne peuvent
l'impatience de leur clientle.
On
veut voir son dsirles
exauc aussitt qu'il a pris naissance.
Et voil
marchands de
BUREAU DU
ROI. l'AK
1
1
oiBLN
.I/k.,.V ,/a
Luvu-
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVmobilierstout-faits
27
quirue,dit
prennent pignon^1 .""^^^^^^V,
sur
au
grand
dommage,
'^'ii^fW^
Rouboditle
le fils,
de la qualitmenuisierfournirfinis
intrinsque: "Ils s'ingrent,
fameux
bniste,
des
meubles toutceux-ci,
aux particuliers, trompentdprcientla
DESSIN DE CARTOUCHE, PAR
A.
PEVROTTE.
main-d'uvre, et poussent,par l'avilissement des prix, l'ouvrier ne plus rien soigner."
Les clientsper?
se
laissent-ils
bien
aussi
complaisamment tromla
En
fait,
dans cet assaut de luxe et de prodigalit, orester
victoire
doit
aux
gros
sacs
d'cus,
toutese
une catgoriecontentela
d'acheteurs,
moins
fortuns
ou
plus
aviss,
de
l'apparence et de l'extrieur.
Onses
veut jeter derivaux
poudre aux unmobilier
yeux
bonet
compte, craser
avec
bon march. Tant pis si c'est aux dpens de Ecoutez plutt le svre marquis de Mirabeau la solidit. " L'homme choqu du luxe de son gal n'a point de repos qu'iltapageur:
n'aitle
en quelque sorte pris sa revanche.n'estla
Cependant
comme
tout
monde
pas absolument
fol,
l'esprit vient
dans plusieurs
au secours de
bourse.
Deet,
l;
les
recherches futiles et rptesl
de ce que l'on appelle got
de
les
malfaons partout pour
pargner
la
matire
mettant tout l'extrieur,
pourtour
faire
valoir
par
le
ce
qui
n'a
nulle^^'
valeur au fond.surl'espaceest
L'pargne
devenuela
commodit,fondeur
sur
prosurla
lgance,
matire dlicatesse, et tout
en
est
venu
au
pointdessin de cartouche, para.
qu'un jeune chat, enferm
peyrotte.
28
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFdans l'appartement d'un grand seigneur,avoirdtruit
par malheurson absence
peut en
tout
le
mobilier,
de faon que nonchaises aient
seulement
les
ornements, mais
les lits,
les tables, les
besoin d'tre renouvels."
Nous aurions tort, on le voit, de prendre les plaintes de Roubo trop la lettre. Ce professeur de coupe et d'assemblage r Art du menuisier est rest un modle, non seulement pour lades formes duxviii'sicle,
reconstitution
mais
mme
pour
les
modernes du bois ne doivent pas diminuer notre Elles prouvent admiration pour les bnistes de Louis xv. rien de nouveau sous le soleil, et que les tout au plus qu'il n'y a critiques que l'on fait aujourd'hui la main-d'uvre du faubourgtravaux
Saint-Antoine taient dj de mise en 1769.le
En
ralit,
jamais
choix des matriaux,la
le
souci de leur mise en uvre, le bon
got dansaussi loin.
disposition des accessoires dcoratifs n'a t pouss
VoyezDsIl
les bois.
le xvii^
sicle
le
sombre noyerclairset
s'est
trouv
dlaiss.
a
fait
place
aux boisrougeet
varis
de
couleurs, que la
Compagnierose,
des Indes rapporte pleines cargaisons des colonies.
C'est le satin
jaune des Antilles,
le
thuya,est
le
bois de
l'amarante, le bois de violette!
joli que l'affreux palissandre
que
ce
nom
donc plus
le
bois de citron, qui n'est autre
quele
le
jasmin des Antilles.clairs,
La mode deriants, adaptsles
l'exotisme s'en mlant,
got pour ces bois
au dcor ambiant, de-
vient vite une passion.les
Sur
cent sortes de bois qu'emploienttiers
bnistes vers 1750, les
deuxsont
viennent d'Asie, d'Amrique
ou d'Afrique. Mais cesles
jolis
boiset,
rares,les
ils
sont
chers.
On
les
emploie en placagesmeubles,la
pour viter
grandes surfaces, on garnit
faon des mosastes, avec de:
menus morceauxd'cono-
disposs en artes, en damiers, en losanges
la ncessit
miser une matire prcieuse ^onduit une dcoration exquise, o les diffrentes tonalits des bois se font valoir mutuellement, ole bois
de rose voisine avecfilets
le
bois de violette, o l'amarante se
rehausse des
blancs du citronnier.
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVOntelles
29
va plus loin.
De
ces formes gomtriques, nos matres
bnistes arrivent de vritables
mosaques de bois de rapport,:
que
les intarsiatori d'Italie
en imaginaient au xv' sicleils
les
teintes naturelles ne leur suffisant plus,teintes artificielles et l'emploient
soumettent
le bois
aux
" D'abord,"
composer de vritables tableaux. " ce furent des bouquets de fleurs dit Jacquemart,les
avec leur coloris naturel, leurs feuilles varies de toutes;
nuances
du vert puis les trophes d'instruments de musique ou d'instruments champtres se suspendirent des rubans aux couleurs vives ; de la bergerie aux emblmes amoureux il n'y avaitqu'un pas,surgirentparts;
et
les
carquois,
les
flambeaux
couronns
par
les
colombes obliges,detoutes
mieux encore,des
dans
mdaillons
de guiron coucha les bergres aux robes de satin parmi les verlandes,
entours
dures bocagres
;
onTABLE TRUMEAU, STYLE ROCAILLE,J.-A.
vit les pastoralescoquettes de Boucherd' APRS
MEISSONNIER.
envahir
les
panneaux
des secrtaires, les flancs des
commodes,les
et
couvrir
les
bonheurd'caill
du-jour."l'ait
surprenant
!
Tandis quene
fameux placagessolidit
et
de cuivre de Boulle, excuts sur des surfaces planes ou rguarrondies,
lirement
prsentent
qu'une
relative
et
demandentarrivent
sans cesse des rparations, les bnistes de Louis
xvles
une
si
prodigieuse
habilet
qu'ils
parviennent
plaquer leurs mosaques pour une dure presque infinie sursurfaces gondoles, boursoufles, tarabiscotes de leurs
commodes.
Aprs des
sicles
d'existence, leursi
uvre
n'a
pas plus souffert
que ces mosaques romaines,au jour dans
solidement cimentes, que l'on met
les sables africains.
AprsVOLI.
les bois, les
bronzes.
4.
30
BIBLIOTHQUE DE L'ART DECORATIFLa Rgenceetle
rgne
deet
Louis
xv
virent
l'apothose
de cette dcoration somptueuseflancs des
lgre, qui fait courir sur les
commodes,
sur les pieds ou les ceintures des tables, sur
les consoles, sur les meubles d'encoignures, des arabesques ou des
rinceaux d'or moulu, d'un caprice et d'un got inimitables.
C'est
l'ornement fondamental de l'poque.
La modele
n'est pas
nouvelle.
Le Grandciselset
Sicle avait
connu
luxe des ornementsIl
de
bronze,fallules
dors
d'or fin au
mercure.
avait
mmedans
arrter ce got
de dpense quiles
tournait la folie,
et,
annes de misre qui suivirent
guerres, la roi avait
fait dfense d'acheter des tables, bureaux ou " avec des figures et ornements de bronze dor, et tous armoires,
les
ouvriers d'en faire de cette manire."la
Mais comme onans,
s'tait
rattrap,
Rgence venueet
!
Pendant quarante
c'est
une
avalanche d'arabesquesangles des meubles ont
de rinceaux, de vgtations chicoresde tomber
impossibles, de fruits, de fleurs arrangs en suite, et qui dans lesl'air;
une
folle
dbauche de
bronze qui rampe en bordures capricieuses, surgit en poignesimprvues,le
se
contourne en encoignures,
et
n'obit qu'au caprice
plus fou, sans nul souci de la logique ni de " la convenance."
Bien que battu en brche parcette folle prodigalit d'orla
la
mode
des bois exotiques et
moulu,"
le bois
dor conserve cependant
vogue
qu'il
avait
acquise au:
sicle
prcdent et partage
les
excentricitsse
du bronze
Il
entoure
les
glaces de ses chicores,
tord en appliques supportant des lumires, pousse en vgta-
tions fabuleuses mles de dragonssait
pour soutenirses
les consoles.
Il
ne
mme
pas devenir sage pour encadrer les uvres de peinture,
et ses rinceaux
branches dtaches,
chutes de fleurs s'chaples
pant de rocailles profils singuliers, entourenttoilettes
portraits
aux
compasses ou les compositions mythologiques de Natoire ou de Vanloo " (Jacquemart). Il tait donn au rgne de Louis xv de pousser plus loin encore la manie du travestissement du bois, et, par la peinture etles
vernis,
de
le
rendre tout
fait
mconnaissable.
des laques orientaux datait dj du sicle prcdent.etle
La manie La Chine
Japon avaient commenc depuis longtemps
passionner les
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVcurieux, et la
31
modeil
tait
de garnir
les
boudoirs de magots grosles
ventre et tournure bouffonne, pour s'entendre dire paresprits:
beauxblancs,
"
Comme
est laid
!
Il
ressemble
commegrandir
deux gouttesleur succs,
d'eau votre bent de mari."laques noirs, laques
Au
xviii* sicle, laques
rouges, voient
encore
lorsque le got des chinoiseries envahit l'ameublement.
Watteau
dcore
la
chinoise le cabinet du roi au chteau de la Muette.
Boucher peint en vueschinoises les dessus de portes
du chteau deL'inpui-
Bellevue.sable
Pillement com-
pose en style chinoisses paravents, ses parasols, ses
fleurs idales,
ses fleurs
baroques, quiaprs
sont
peut-trelaet
toutsourced'tre
meilleurela
raison
du rococo.
Le meuble nemanquer de se mettre l'unisson.peut
Cabinets,critoires,
cassettes,
encoiDESSIN D APl'LUJUE, PAR NICOLAS PINEAU.
gnures, tables crire,MUSEE DES
commodes,paravents,
cabarets,
ARTS DCORATIFS, PARIS.
toutes
lesla
formes de laques, imagines parleur
Chine ou
le
Japon, trouvent
place
dans
l'appartement.noirs
Avec
des
panneaux anciens,
ou dors, on fait des assemblages monts sur des btis On envoie mme des meubles en Extrme-Orient nouveaux. De l former en France des ouvriers pour les faire laquer.assez habiles
pour excuter sur placeLes Martin
le
mme
travail,
il
n'y avait
qu'un
pas.
le franchissent
en 1740.
Nous
reparlerons des vernis-Martin quand nous tudierons la
32
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFContentons-nousici
carrire de ces grands vernisseurs.la
de constater
vogue du vernis comme lment dcoratif dans l'bnisterie Louis XV, et d'admirer la douceur et la richesse de ces tons rouges passs, bruns clairs, verts olivtres, qui gayent si heureusement certains objets mobiliers. Nous serons moins indulgent pour leur application aux " meubles en dcoupure." Vers la fin de la Rgence, on imagine de dcouper des gravures, des figures enlumines, ornements ou arabesques, de les coller sur le bois et de les fixer en les couvrant d'une couche de vernis. La manie du dcoupage s'empare de toute la belle socit et gagne jusqu'aux gens les plus graves. Mlle Ass peut crire, sans exagration, dans une de " On est ici dans la fureur de la mode pour ses lettres, en 1727 dcouper des estampes enlumines, tout comme vous avez vu que l'on a t pour le bilboquet. Tous dcoupent depuis le plus grand jusqu'au plus petit. On applique ces dcoupures sur des:
cartons, et puis on
met un
vernis l-dessus.Il
On
fait
des tapisseries,
des paravents, des crans.
y a desdeslivres
livres
d'estampes qui cotentla
jusqu' deux
cents
livres,
et
femmes qui ontpice.Si
folie
deils
dcouper des estampes de cent
cela continue,
dcouperont des Raphal."
Imaginez ce genre de dcoration appliqu un carrosse ou une commode ventrue Combien plus aimable, la simple et!
dlicate parure de peinture blanche,le
style
la
reine,!
et
qui va
faire
que nous verrons surgir avec la suprme distinction duraffin,
mobilier Louis xvices meubles
Rien de plusen blanc, encleste,
de plus lgant que
de
salon
couleur d'eau rehausse de
mouluresles
lilas
doux, bleu
ou vert cladon.
On
pardonne
plus
folles
excentricits
lorsqu'elles
aboutissent
un
tel
triomphe du bon got.
IV
Le lit L'armoire La bibliothque La commode Formes ventrues Formes enCaprice des bronzes MarqueterieLe chiffonnier
S
BOIS,partrelelit,
bronzes, vernis et peintures, nous connaissons dsormais
tous les matriaux des bnistes.
quel
usage
leur gnie sut les
Voyons maintenant employer, et commenonsle
ce meuble de grand apparat du xvii^ sicle, qui, pour
devenu plus intime, n'en joue pas moins encore
premier
rle dans l'ameublement.
Lajadissi
ruelle a disparu.visites
Aau
quoi servirait-elle depuis que l'on?
ne reoit plus de la
lit
Les colonnes,
les
quenouilles,
mode, ontdansles
fait
leur temps.
Ondela
n'en trouve plus
qu'
la
cour,
chambres d'apparat;
encore
ds
1743et
Marie Leczinska
les fera-t-elle disparatre
couchette royale.lit
Finies aussi les lourdes tentures qui enveloppaient lelaissaient apercevoir
nelit
que
le dossier et les le tapissier
colonnes.
Le
bois de
redevient visible, et ce quele
gagne.
Jamais une
tellele
y perd, l'art du menuisier Cervarit de lits ne s'tale au jour.d'ange, sans colonnes ni quenouilles,
taines formes,
commedais
lit
surmont d'un
dontfait
les
rideaux se retroussent sur
le
ct,
ne sont pas tout
nouvelles.
Mme
de Svign
l'a
connue.:
Mais les autres sortent un chapitre entier neappellations.
toutes quipes du cerveau des bnistessuffiraitlit
pas numrer
leurs
nouvelles
h tombeau, caractris par un dais qui forme pente de la tte aux pieds la polonaise, avec baldaquin chantourn l'anglaise, avec un triple dossier en forme deC'est le;
;
sopha
;
en baldaquin, appliqu contre
la
muraille
;
la grecque.
34et
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFla romaine,
lit
la
turque, en ottomane, niche,le
Pitalienne,
Pimpriale,
surtout le
en
plus got de tous dans son alcve
minuscule, dcore de tentures prcieuses ou de glaces.
Mmese
varit, plus
tonnante encore, dans
les
armoires qui
mtamorphosent en une prodigieuse quantit de grands et de imprvues, aux usages nouveaux, petits meubles, aux formesaux
noms inconnus
et
charmants.
L'armoire de Louisrien
xiii
et
de Louis xiv existe toujours et n'alargeur ni en profondeur.seIl
perdu en hauteur, en
semble
mme
que
ses
dimensions
soient encore exagres, carsi
mme,Mais
ses
on y peut loger des vivants et l'on en croit le Journal de Barbier, cacher des morts. Les panneaux, formes sont relativement simples.le dessin
encadrs par de simples moulures, suiventl'appartement,architecturales,les
des lambris de deslignes
et se
seul
le
fronton,
qui
a
conserv
prte aux fantaisies
sculpturales.relief.
Rarementcurieux!
panneaux comportent des motifs entrouve des armoires glace
Fait
Once
dj
!
etle
c'est
un meuble de
genre qui, en
1748, sert masquer
passage secret con-
duisantle
Mme
de
la
Popelinire, la galante fermire-gnrale, chez
marchal de Richelieu.
Une
modification
intressante
de
l'armoireformats,
conduit
la
bibliothque.
Avec
le
got
des
petits
le
petit
in-
douze des conteurs dtrne l'in-quarto de Bossuet et de Malebranche, l'ancienne armoire livres, qui n'tait souvent qu'une
reunion
de
tablettes
superposes
et
ouvertes
tous
les
vents,fils
devient une sorte de vitrine ferme, avec portes treillages ded'acier
Vers 1746, le " bibliothque." parle couramment delaiton.
ou de
nom
suit
la
chose et on
D'autres collections ncessitent galement des formes particulires
de
meubles.
Au
xviii'
sicle,
le
vent
souffle
aux
curiosits naturelles, en particulier la conchyliologie.
Dj La
Bruyre avait peint ce genre de curieux dans son chapitre de la " Devineriez-vous entendre parler celui-ci de son Mode:
'
lopard,' de sa
'
plume,' de sa
'
musique,'
les
vanter
commeles
ce
qu'il
y
a
sur
la
terre de plus singulier et deses
plus merveilleux,?
qu'il veut
vendre
coquilles
?
Pourquoi non
s'il
achte
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVau poids de l'or."
35la
Ds
le
dbut du nouveau rgime,
coquille
rgne en matresse souveraine (ce qui explique jusqu' un certainpoint son invasion dansles arts dcoratifs).
Les bnistes font
pour
la loger des meubles admirables, d'une richesse peu
com-
mune, qui ne le cdent peut-tre en luxe et en perfection qu' ceux construits pour cette autre classe de maniaques les collectionneurs de mdailles. Nous parlerons plus loin du plus beau de ces meubles de caprice,:
le
mdaillier
royal
qui
fait
aujourd'hui la gloire du cabinetdes Mdailles la Bibliothque
Nationale.d'enregistrer
Contentons-nousla
ici
naissance
du
genre.
Aucunecrationsil
desle
nouvelles
de
l'bnisterie,
est?
besoin
de
remarquerla
ne peut rivaliser avec
com-
mode, dul'avait
le
meuble par excellence
sicle,
comme
le
cabinet
t
des ges prcdents.
Faut-il y voir tiroirs.?
une armoire basse
Faut-il y reconnatre
un
coffre habits s'ouvrant par?
devant
L'originele
est
aussil'in-
inconnue quegnieux
nom
de
inventeur.
Toutdire
TROPHE CHAMPTRE POUR MARQUETERIE,
cec'est
PAR WATTEAO JEUNE.
que nousquela
pouvonssicle,
commode
ne remonte pas au del des premires annes
du
que Brain en dessina de fort belles avant de mourir (171 1), et que Boulle lui-mme en faisait en 1720. C'tait encore une nouveaut vingt ans plus tard on en voit partout. Son succs la transforme. D'une composition ferme et un peu massive sous le dessin de Boulle et de Brain, solide l'il, quelque peu redondante, la commode allge promptement sesxviii:
masses.
Les courbes en
S
dcoupent non seulement
la tablette.
36
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFles
mais renflent
panses, les gondolent,
les
chantournent.
C'est
une exubrance de formes charmantesle
et folles,
o l'ebeniste perd
sentiment de
la
logique
et
de la convenance au point de donner
ses meubles la fois des formes ventrues et rentrantes,s'il
comme
prenait pour modle l'arc mme du dieu Eros. Certaines " arbalte " commodes en le terme est de Cressent, le virtuose du
genre
ont
les
faces
latrales
si
peu parallles quelaissent
les
tiroirs,
obligs
d'pouser
un
trac
rectiligne,
de
chaque ct
d'normes espaces vides sans emploi. " L'horizontalit de la plaque
C'est d'un illogisme absolu.
de marbre qui recouvre lafatalit qu'il fallait subir:
commode,"on oelle
dit
Paul Mantz, "tait une
s'y rsigna.
Mais quellese
belle part!
onla
fit
la
courbe partoutqu'il
pouvait
montrer
Dans
saillie
forme au
du meuble, le marbre se dcoupe, se renfle ou se creuse, de faon donner des dessins nergiques. Vus de face, la commode, le mdaillier, l'encoignure n'ont pas la verticalit d'unedessin
muraille.flchissent
Ils
s'arrondissent
commeils
des panses gonfles,et,
ils
s'in-
commeles
des
outres
vides,
agissant
de
la
mme
faon sur
faces latrales,
font les plus grands efforts pourIls
ne pas ressembler un cube.
y parviennent
si
bien qu'on ala le
parfois de la peine les placer dans les angles
du salon ou depresque
chambre.
Les bnistes ralisent ainsi leur rve, c'est--diredans la ligneplane."droite,la
minimumdeIl
suppression
absolue
la surface
Cette fantaisie si peu rationnelle des formes y a mieux. n'est rien auprs du caprice vraiment dsordonn de l'ornementation.
Sous
le
ciseaul'or
d'artistes
dont nous donnerons plus loinenlace les pieds massifs,les
quelques noms,se
moulu
se
contourne l'entre des serrures,tiroir,
noue en
poigneles
chaque
serpente sur
ceintures,
ou retombe en chute dans
angles.
Des personnages de la Comdie Des ttes de femmes, d'une italienne jouent parmi les rinceaux. expression toute moderne, mlent la figure humaine ce dcor
Des
singes sautent la corde.
irrel.
C'estle
de l'enrichissement sans
but,
de
l'ornementationet
pour
plaisir d'orner, des tours
de force de ciselure
de dorure
prodigus par virtuosit
d'artiste,
un feu
d'artifice,
o quelques
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVlumiresdiscrtes
nles
auraient
suffi
souligner
lignes
dujour
meuble.
Ceaussi
n'estle
pas tout.
L'imagination des bnistesbois, dansles
se
fait
dans
choix desdefleurs,
marqueteries de diverses
couleurs, vases
oiseaux,
papillons.
Les tablettes de
marbre elles-mmes font appel aux carrires les plus lointaines, aux espces les plus rares et les plus coteuses. Brche d'Alep, bleu turquin, marbre de Flandre, marbre d'Antin ou de Memphis, portor, brche violette, marbre blanc, combinent l'inpuisablevarit
de
leursles
veines
avec
les
bois de
rose,
les
satins,
les
amarantes,
acajoux desle vernis
btis.le
Vers 1750,en scne.et
rouge, ouest
petit vert de Martin, entre
La commode
devenue un meuble unique de caprice
grecque" vient charme en les assagissant. Mais avant de rentrer dans la mesure et le calme, la commode met au monde un enfant de l'amour, le chiffonnier, ou plutt la chiffonnire, dont les premiers exemplesde fantaisie lorsquele souffle d'austritla
"
glacer ses formes, et leur faire perdre une partie de leur
paraissent
ds
1750,
Avecle
ses
tiroirs
superposs et minuscules,
bons tout au plus pour ranger desdes jouetsd'enfants,il
billetsestla
doux, des bijoux oupersonnificationles
chiffonnierIl
de
l'poque futile o poudre, les
voit le jour.
prend place avec
botes
robes paniers et
les
chaises porteur en vernis-
Martin.
VOL.
I. 5
Tables et consoles Servantes et tables volantes SEERE-rAPiEiis BureauxCYLINDRIQUES Fauteuils Berokks et marquises
PASSONS
d'autres parties
de l'ameublement.
La rupturebois jouent
d'quilibre apparente, dont les matres du
avec
une adresseles
si
tmraire dans qui
les
gros
meubles, n'pargne pas
pices
plus lgres
doivent au
plus haut point dgager une impression de solidit et de scurit.
Nous voulonsPar quelvient-ill'difice,
parler des tables et des siges.
contresens
l'art
du
contourn
et
du tarabiscot
s'attaquer
aux pieds deSicle
table,
ces
quatre colonnes de
ou renRgence courbe en S, amincit jusqu' la fragilit, rentre ou ressort en pieds de biche, avec un mpris, sinon rel du moins trs apparent, des aplombs Passe encore pour le chantournement de la tablette, bien que le butle
que
Grand
avait renfles en gaines
forces
en
consoles, et
que
la
.?
utilitaire
de
la table soit
singulirementPasse pour
mconnu dansle la
ces formes
irrguliresla ceinture,
et
imprvues.le
contour capricieux detablette et peut
qui pouse
chantournement deressourcesle
prter
les
la
dcoration!
des
nouvelles et savoureuses.talent inou de ces dcoutel
Maisraison.
pieds
Il
fallait
vraiment
peurs et assembleurs de bois pour faire admettre unEst-ce
dfi
la
dire,
au
point
de
vue
dcoratif,?
que
la
table
Louis XV neet
reste
pas une petite merveillela
Bien au contraire,
de
mme
que pour
commode,
l'alliance
du bronze
et desle
bois exotiques a produit de vritables chef-d'uvres.
Quand
Lr
SECRTAIRE EN MARQUETERIE ET BRONZES DORS. PAR SIMON
Colttction XaiivuaL-,
OEBEN
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVbois
41
dor
intervient,les
commefabuleux,
dans
les
tables d'appui,
dans
les
consoles, dansrocailles,
encoignures, avec
ses
de dragonssont
de fleurs
charmants caprices de baroques, nous avonsignoraitjusqu'alors
devant nous des meubles d'une richesse incomparable.
Ce
en
mme
temps
desses
ceet
qu'on
meubles de commoditla
d'usage.
Avecpuisse
les
nouvelles
murs, avecvolont,fauteuill'onsela
mode
des petits appartements, la table a perduIl
dimensions
normes.
faut
qu'on
la
dplacer
mettrel'onlit,
ct
du
o
du foyer oL'ingniosit
chauffe.
des bnistes invente plaisir des
formes et des combinaisons pourl'allger, la plier ses
nouvelles
fonctions, la rendre
en un motla
ce
qu'elle:
estle
dans
vie
moderne
meuble
d'intrieur
par excellence.
Voici
les
premires
tables
rondes, puis les tables abattant,les
tables
ambulantes,les
les
tables
chiffonnires,
tableslesla
cran.amusantesturquerie ^_^-
Vers 1750, on cretablesa
en croissantl'ide
:
donn
de
cette
formeFAUTEUILE^f
BOIS SCULIT AVEC
GAHXITURB
lantaSqUe.
ng tapisserie,la
palais de FONTAINEBLEAU.
Dans
chambre
coucher,
on voit apparaitre la table-toilette dont l'usage devient gnral aprs la Rgence (la table de nuit date de la mme poque), o la verve inpuisable des bnistes se donne carrire pour combiner des tiroirs et des compartiments avec les bois les plus rares desIndes.
Dans
la salle
manger, on invente
la
table rallonges qui
s'ouvre en deux parties pour recevoir au milieu un ou plusieurs
plateaux de bois.
Pour
les
petits
soupers sans apparat, o la
prsence des domestiques pourrait tre une gne et un embarras.
42
BIBLIOTHQUE DE L'ART DECORATIFimagine deplacer
on
ct
de
la
grandetrois
table des
petites
tables,
ou servantes, munies de deux ou
tablettes et toutes
garnies,l'aide
pour quevalets
les
convives puissent se servir eux-mmes, sans
de
indiscrets.
On
va
plus
loin.
D'ingnieux
mcanismes font surgirinvits stupfaits.
des tables du parquet aux yeux des. Ds 1762, on s'merveille d'en voir une au
chteaurabaisse
de
Choisy
qui
s'lve
de
dessous
le
plancherest
et
se:
chaque
service.
En
1769, ce
prodige
dpass
l'auteur des Mmoires secrets salue l'apparition des tables volantes
:
"sa
On
voit, dit-il,:
au Louvre une table volante merveilleuse pourelle
construction
doit
tre
placela
Trianon
et
est
bien
suprieureElle s'lve
celle
de
Choisy par
simplicit du mcanisme.
commeles
celle-l
du fond du parquet, couverte d'un pour fourniret
service avec quatre petites tables appeles servantes,
aux
convives
ustensiles
dont
ils
ont
besoin
se
passer
d'officiers subalternesfacilit,et,
autour d'eux.
Elle redescend avec lala
mme
dans
l'intervallele
o on
recouvre,
des feuilles de
mtal remplissent
vide et
forment une rose
trs
agrable au
coup
d'oeil.
Cette machine
est
du sieur Loriot,
artiste
connu parmcaniquesoupers.
plusieurs secrets."
L'intrt de ces inventions, qui tiennent plus de la
que de
l'bnisterie,
ne devait
pas survivre aux
petits
Mais
il
n'en est pas dela
mme
des ingnieuses modifications qui
s'appliquent a en faire le
table crire, et,
par tapes successives, arrivent
bureau cylindrique.est curieuse.
L'volutiontable crire secasiers
Dj la
trs riche
au xvii'
sicle,
la
complique
Rgence d'un gradin dispos enqui devientle
o
l'on peut mettre et classer ses papiers, et
serre-papiers
ouvertes.
quand des tiroirs viennent remplacer les tablettes C'est un meuble part, fabriqu en bois d'amarante,
en satin, en laque, et garni de bronzes dors.serre-papiers ne fait plus qu'un avec la table,
Maiset,
bientt le
imagine de fermerbureau proprementcette
les
tiroirs
par:
un abattantn'est
1750, on cylindrique levers:
dit est cr
"Cetitres
plus, ditet
Jacquemart,voisine
loyale
grandese
table
accessibleles
auet
regardles
du;
cartonnier
o
classaient
correspondances
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVsurmonttablette
43sa
d'un
casier
tiroirs,
il
peut
rentrer incontinentles
glissant
rainures
et
drober
aux curieux
papiers
quiet
le
couvrent auclef."le
moyenbureau
d'un cylindre instantanment abaiss
fermant
Mais
si
est
devenuil
un
meuble mystrieux,
drobant son intrieur aux regards,
rachte par le luxe de son
Plaqus enveloppe extrieure ce qu'il peut avoir de dissimul. de bois de rose, de violette, orns de moulures, de chutes et depieds en bronze, les bureaux Louis xv comptent parmi les plus
beaux modlesd'bnisterie.
d'une
poque qui
fut
si
riche
en
merveillesciter,
Enle
douterait-on qu'il
nous
suffirait
de
au
Louvre,bureau du
Roi,
chef-d'uvre in-
contestableincontest.Si les
et
meu-
bles
parlaientles
et
listes
nouveldu xviii*=leur
sicle
ontfois
plus
d'une
prt
une voix
ce
CANAPE EN BOIS SCULPTE, GARNI DE TAPISSERIE. PALAIS DE FONTAINEBLEAU.
sont les
siges qui auraient certainement les choses les plus intressantes
nous conter.
Aucun meuble enle
effet
n'a
mieux
reflt
son
poque,usages, lale
accus
changement des murs, des habitudes, des disparition progressive du crmonial et de l'tiquette,pourdelale
got croissantsiges
bien-tre et le confortable,
qui
fait
carter lesfoyer.
muraille
pour
les
grouper autour du
Voyezen querre,
plutt les fauteuils.
Du
vivant du grand roi, ce vaste
sige dossier droit, carrment assis sur quatre pieds avec des brasa-t-ill'air?
d'autre chose que d'un
meuble
d'tiquette,
de reprsentation
Donne-t-il la moindre impression d'aise, de?
dtente, de dlassement
Un
trne tant qu'on voudra, un meuble
44 de
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFrepos, jamais.
Quand,
avec
la
Rgence,le
la
hirarchie desn'est
siges
commence
s'efFacer,
quese
fauteuil
plus
unses
honneur auquelcourbes,des
seul les hauts personnages
peuvent prtendre,
formes s'allgent, s'assouplissent,lignes sinueuses,les
contournent, et l'amour dessi
que nous avons trouv parfoisici
draisonnable dans
gros meubles, devient
la plus
heureuse
des transformations.
Lese
fauteuil
pouseil
les
formesses nuits
mmes durver,:
corps fminin.s'tendre,
Il
renverse,
se
cintre,
on y peutil
dormir.
mme
qu'on y
On y passe ses jours et meurt comme le Rgent ende Falaris.
arrive
1723, dans une con-
versation avec
Mme
Formes chantournes, pieds en S,nes,
dossiers en formes violontelles sontles
surmonts de motifs rocaillebien connues!
et
de coquilles,
caractristiques
du fauteuil Louis xv.
Mais que
de varits dans l'espcespires par cet
Que
de modifications ingnieuses, intoutes les classes
amour du confort qui s'empare dedes paniers
de
la socit
!
La modeles
s'accommode mal des bras dula
fauteuil,
lgantes ne peuvent s'asseoir que sur le bord du sige sous
peine de ramasser leurs jupes sur leurs genoux dedisgracieuse dusi
faon
la
plus
monde.
Les
tapissiers vont-ils s'embarrasser
pour
peu
?
Ils
reculent les bras en plaant en retrait les consoles
qui
les portent, et cette
adaptation un nouvel usage donne un
cachet tout spcial au fauteuil rgence.la trouvaille
Barbier lui-mme enregistre
dans son journal (1728).apparat la bergre, agrable fauteuil en
A
la
mme poquele
gondole, au
dos arrondi, au dossier rembourr, pourvu de joues,sige garni d'un carreau,soie, d'toffe
de manchettes,de Jouy.petite
ou
petit matelas de
plumes, que l'on garnit detoile
de Perse, de satin ou de
On
pousse la dlicatesse au point d'y joindre unele
autre
bergre trs basse, etfait
bout-de-pied,
rapproch du
fauteuil,
en
une chaise longue.la;
Plus tard c'est
marquise, large et profonde, dossier bas,fauteuil;
accotoirs relevs
le
enle
confessionnal,cabriolet,les
haut de dossierpetit sige
avec des accotoirs et des joues
coquet
de rputation un peu interlope, qui garnit
boudoirs d'actrices,
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVet qui s'introduit,
45le
Bachaumont duMmoirestaitsecretssi
moins voudrait nous:
faire
croire
jusqu'au sein de l'Acadmie franaiseles
"
On
a dj trans-
form, disent
de 1759,
les
antiques fauteuilsfauteuilsles
auxquels
l'Acadmie
fort
attache, en
moins
volumineux.dansles
Par une nouvelle mtamorphose, on
a
changs
en cabriolets, petits siges de boudoirs qu'on trouve d'ordinaire
appartements desdire encore?
filles."
Quele
On
rencontre autour du foyer
le
fauteuil
cartouche,oreilles, le
le fauteuil
carreaux, le fauteuil poche, le fauteuil
fauteuil la reine.
dossier
ovale.
Mais
le
Marie Leczinska met summum du confortablepupitre
la
modele
c'est
fauteuil
de
commodit,
avec
pour
pouvoir
crire,
crmaillre pour hausser et baisser le dossier selon que l'on veut
dormir ou s'appuyer.
VI
Siges la rAruciyE Can'^aoe
et
r.ois
po-ri^ La
ctiaise se
Mrr.TTPT.TE VonrE
du
CANAi' Flambeaux, candlabres, lustresHorloges et pendules Garnitures
DE FOYER Cassolettes
TOUS Onmaroquin.douceset
cesles
ou laqu. recouvre de damas, de velours cramoisi ou blanc,sigesse
font
bois
apparent, dor
de velours d'Utrecht, d'toffes de Perse, parfois
mme
de
La
manufacture de Beauvais, sous l'habile directionsefait
d'Oudry (1734),Leprince
une
spcialit
de
tapisseries
nuancesde
agrables, destines ces jolis siges.
Boucher, Huet,desfablesla
fournissent
les
cartons.
On
tisse
Fontaine, des scnes de Molire, des pastorales, des singeries, deschinoiseries, tout
un parterre dequi
fleurs.
On
reproduitpas
mmetant
desce
grotesques
de
Brain,
n'ont
presquel'art
vieilli,
prestigieux ornemaniste avait dpass
solennel de son temps.
Aubusson aidant, ameublements engrandes ventes.
les
salons
se
garnissent
de
ces
admirables
tapisserie qui, sous leurs couleurs passes, fontet
encore notre admiration Bien entendu,
excitent
les
folles
enchres dans
les
les bnistes
ne se bornent pas ces meublesclientle
de haut luxe, rservs
unela
fortune.
Leur ententecurieusela
du bon march nous vautmodernes,la
cration de garnitures de siges plus
paille natte et la canne. paille
Remarquepas
:
mode du
sige de
nousles
ne
disons
l'inventionSi
est
un caprice princier qui remonte la Rgence. croyons cette mauvaise langue de Saint-Simon, quidialement Philippe d'Orlans,par dpit du
nous en
hassait cor-
princes et princesses du sang,le
rang
qu'occupait
Rgent, s'tablirent sur
de
L'AMEUBLEMENT LOUIS XV
47
petites chaises de paille qui les dispensaient d'offrir des fauteuilsIl n'en fallait pas plus pour ceux qui pouvaient y prtendre. mettre en vogue les siges en paille natte, plus maniables, plus
frais
en
t, faciles
garnir de coussins,
de dossiers, de carreaux avec des toiles de
qu'on pourraitl'Inde,
faire aussi riches
qu'on
le dsirait
du
satin
ou du brocard.spciale.
Comme
la
premire qualitinventent
exige de ces petits meubles
est la lgret, les bnistes
une constructiondansfont
Au
lieu de
faire
les
assemblages
tenons et mortaises,
comme
les autres siges, ils les
simples
tourillons.se
Les
dossiers
ne
com-
posent
que de deux mon(et la chaise)
tants runis par des traverses.
Lela
fauteuil
capucinele
sont
invents.tel
C'estqu'il
sige
moderne
s'est
perptu jusqu'
nous.
Quant la canne (treillis en corce de canne ou rotindes Indes), c'est une importation
trangre
que
les
Hollandais
avaient
introCOMMODE EN VERNIS-MARTIN, AVEC APPLIQUESDE
duite en France ds le dbut
du
xviii^ sicle.,. .
Mais d'un,.
BRONZE
DOR.
COLLECTION
W.
H.
LEVER.
produit exotique,siers
les
tapisfairela
de
Louis xv savent
cration
la
plus
franaise du
monde.formesles
Couleur naturelle ou dors,chez
leurs cannages s'allient
aux
plus lgantes de btis, aux sculptures les plus dlicates,
et pntrent jusque
Mmedit
de
Pompadour
et
chez
le roi.
Ce que nous avonsaveccette
remarque que le natre ou tout au moins se multiplier ce sige lger. Quant au tabouret, bien dchu de sa grandeur protocolaire, on ne trouve plus ce meuble inconfortable que dans quelques salonsVOL.I.
du fauteuil s'applique la chaise, rgne de Louis xv a vraiment vu
6
48
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFse
dmods, chez des douairires quisicle
rappellent leurs succs du
pass.
Il
est
juste
d'ajouter qu'on
en
fabrique de trs
riches et de trs luxueux.
Et
les
canaps, et
les
sophas
?
Nous avons gard pourdont l'histoire
la
bonne place
ces siges de tout repos,
nous garderons bien d'entreprendregalant etencore.
touche au roman,est
queunen
nous
la posie
lgre, au thtre, la chanson, la vie intime de toutlibertin.Ici,
sicle
lales
mtamorphoseornemanistes
plus surprenantepris
Onla
dirait
que
ont
main
la
baguette des contes defaire de
fes, si fort
en vogue de leur temps, pourSicle
rigide banquette du
Grand
un meuble mouved'une lgancelit
ment, contourn, chantourn, d'uneincomparables, plus vaste quede repos, unissantlala
richesse et
bergre, moins allong que le
grce de l'une au confortable de l'autre,
le
sige par excellence des poses gracieuses et des conversations entre
chien et loup.
Et quelle varit dans joues,
les
formesgarnis
!
Nous avonsdeux;
le
canap
dont
les
bras
sont
de
petits
panneauxconjident,
rembourrs quigarni
se
raccordent avec
le sige
le
canap
aux
deux extrmits dela;
placs en retour,la
deux petits siges triangulaires o deux nouvelles personnes peuvent s'asseoir;
veilleuse
;
mridienne,
intermdiaire entre
la
causeuse et la
chaise longue
le divan, le paphose, l'ottomane, le
plus voluptueux
de ces meubles coquets, qui apparat dssans joues,se fait
1729 avec son dossiervert, velours cisel
arrondi aux deuxles
extrmits en demi-cercle, et qui
dans
plus
riches garnitures,et
damas
fond d'or, lampas cramoisi
blanc, velours cramoisi galonn
d'or.
Maisou
le
plus rpandu, c'est encore le sopha, ce vaste canapplaces,
quatre
six
que
lasi
Turquie nous envoya ds
la
fin
du
xviii^ sicle et qui continua
bien lier son existence celle
des boudoirs qu'il fournissait encore une mchante rime pour une
pigramme contreOnIl
le
cardinal de
Rohanla
:
voitbrille
dans ce portrait
perle des prlats.
galement au Parnasse, Cythre,
Il Il
serait assezest fort
mal en chaire
;
bien sur les sophas.
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVQuant auxsous silence.aurait qu'lits
49
de repos
et
aux chaises longues, passons-lesIl
Leurs formes ne prsentent rien d'original.s'tonner deleurrichesseet
n'ysi
de leur abondance,les belles
Bachaumont ne nous apprenait que de son tempss'y tendaient
dames
pour recevoir
leurs visites, y travaillaient au mtier,
ou
s'y livraient d'autres fonctions qu'il oublie
de prciser.
Imitons sa discrtionl'appartement
et
terminons notre voyage autour de
Louis
XV par
les
luxueux ac:
cessoires
du mobilier
flambeaux, candlabres, horloges,
bronzesfoyer.sicle
ornementaux du
Leest
xviii^
l'ge
du flambeau
en bronze.artistes
Dela
grandsles
en dessinent
modles, et
perfec-
tiontion,
dule
travail, lala
beaut de
composidela
fini
ciselure et de la dorure
sont tels qu'onorfvreriesSousle
les
prfre parfois auxd'argent.
leur
bauchoir,BERGRE.
chandelier architecet
MUSE DES ARTS DECORATIFS,
PAHIS.
massif de Lepautre prend une allure, une lgance, une lgret, une vie La forme en balustre qui en fait un objet nouveau et charmant. ou la romaine s'est assouplie. La rocaille s'est tordue le long des tiges, s'est mle aux acanthes ou aux chicores, aux cartouches inclins sur leur axe, pour venir expirer au bouton duturalcalice qui s'rige
comme
une
fleur gracile.
Le capricedevoir
le les
plus
spirituel prside ces crations, torsions, etle
mais
il
exagre parfois
con-
sage Mercure, en
1754, croit
rappeler la
50fantaisietrs
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIFdes orfvres
pluss'ils
de
logique
:
"
Nous
leur
serions
obligs, imprime-t-il,
voulaient bien se souvenir qu'unet
chandelier
doit
tre
perpendiculaire
non tortur
comme
si
quelqu'un dont
l'avait forc."
Accordons grceles
entire, en tout cas, ces
beaux candlabres,bronze,
branches sont portes par
des
personnages de
admirablement camps sur leur base. on n'aura su et on ne saura tirer unet
Jamais, aucune poque,pareilparti
du modelage
de l'enroulement du bronze.l'art dcoratif.
C'est de la statuaire encore plus
que de
Pour les lustres, le grand luxe est toujours le cristal de roche, employ isolment ou combin avec des montures d'or moulu. La porcelaine de Saxe lui fait concurrence. On compose de fragiles et coteuses lanternes de salon en forme de berceau, treillage verni,D'autre matires interviennent dansle
luminaire.
garnies de figures et d'oiseaux de Saxe, avec des branches et des
Vers 1765, la lanterne de glaces, cinq ou six pans, finement monte en bronze dor et cisel, remplacefleurs
de Vincennes.
presque partout
le lustre.les
Mmescompltentcescartels
modifications de style danssi
gaines d'horloge, qui
heureusement
les
ameublements de l'poque, dansles
ou pendules d'applique, dont
rocailles, les guir-
landes, les
amours font
si
heureusement pendant aux baromtresdevient
cadran en bois sculpt et dor.
L'horloge
sujets
de
plus
en
plus
la
mode.sefait
D'allgorique et de mythologiquepersonnelle et historique.etles
sous
Louis xiv,elle
elle
Pour un mariage,runisdes
groupe Vnus
amours avec
les
cussons
victoire, Pallas distribue l'olivier et les
Pour une couronnes tandis que despoux. " Bataille de Fontenoy,"
gnies jouent sur des livres o l'on
lit
:
"Trait de paix."isole.
La pendulela
n'est
plus d'ailleurs
une piceorne-
Elle
tient
place
d'honneurdans
dans
l'ensemble
mentalde
de
la
chemine, accompagnetandiset
de vases,foyer,
de girandoles,chenets
flambeaux,dor
que,
le le
les
en
bronze
cisel
prsentent,
plus
agrablement
du
monde, sphinx,
fleurs,
guirlandes, groupes d'enfants, ou mettent
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVen scne de vritables sujets:
51
"la Chute de Phaton," ou "les
Forges de Lemnos."
Que
dire encore
?
Parlerons-nous des critoires, des botes,
des tuis, des coffrets, des miroirs, des crans, de ces mille riens
qui couraient alors surle
les tables, et
qui font aujourd'hui, bien
comme?
dit
spirituellement Jacquemart,digression
si
courir les amateursloin;
Unedu
telle
nous
entranerait
trop
nous
avons
hte d'arriver aux auteurs de tant de chefs-d uvre, aux matresbois,
du bronze
et
du
vernis, dont nous avons
reconnu
chaque
pas les
crations, sans en
avoir encore abord l'histoire.
Mais
nous nous en voudrions de passer sous silence ces exquis modlesde cassolettes, dontles
belles
fumes bleues ne s'chappaient pas
seulement en peinture surpierres
les
panneaux dcoratifs des appartedeSvres
ments, mais montaient rellement de vases en argent dcors defines,
de
porcelaines
ou de Saxe, on'tait-il
l'on
vaporisait des eaux d'ange, de roses, de fleurs d'orange, d'amarante.
A
une poque o
l'on
divinisait?
la
femme,
pas tout
naturel de lui brler de l'encens
CONSOLE EN BOIS SCULPTE ET DORE, AU GRAND TRIANON, VERSAILLES.
VII
Un
fournisseur de la cour Lazare Duvaux et son journal Les achats de
Mmk de
POMPADOUR Statuts et rglements des
bnistes
Fondeurs
et doreurs
UNle
monumentdela
original et unique nous est rest de l'industrieC'est le journal d'untabli
du meuble sous Louis xv.cour, Lazarele roi, la
marchandDauphin,en botes,
Duvaux,
rue Saint-Honor, etle
qui fournissait
reine,
Mme
de Pompadour,
duc d'Orlans
et les
lgantes de l'poque, non seulement enet
porcelaines,
en bijoux, en vaisselle d'or
d'argent,
en laques, en
papiers de la Chine, en tuis, en ncessaires, en
miniatures, en cristaux, tout ce qui faisait l'assortiment disparate
d'une boutique de joaillier-bijoutier de l'poque, mais aussi envritables meubles, tels
que des secrtaires ou des commodes.le
Denous
1748 1758 voyons dfiler tout y
(son registre manuscrit ne va pas plus loin)
mobilier futile
et
coteux de
Marly,
de
Compigne, de Verrire, aussi bien que de Bellevue, de Crcy ou de Brimborion, et comme le marchandla
Muette, de
tait pointilleux,
ses
descriptions aussises
prcises qu'un inventaire
de commissaire priseur,
prix de vente soigneusement nots plusinstructif
chaquejournal.
article,
rien
n'estl'a
que dele
feuilleter
son
Courajod
imprim.
On
peut
lire.
Mais pourspcialementtabatires,
en donner une ide nous allons reproduire, notre tour, quelquespages, tout en ne conservant que
ce qui intresse
l'ameublement.
Nous
faisons grce
aux lecteurs des
des moutardiers de Saxe, des caisses d'arbres, des rubans, des critoires,
des magots de Chine, vendus:
par ce marchand universel
ses riches clients
L'AMEUBLEMENT LOUIS XV'Janvier i'j2
53
Du 2.
Mmeladuchessede
Fleury
:
un
cran de bois rougi et poli,garni de papierdes IndesCONSOLE ROCAILLE, d'aI'RS PINEAU.Y)\\
15/.
IQ
S
Mde
le
Roi
*
Deux
armoires
d'encoignure, bties;
portes pleines de bois d'acajouentres dors d'or
moulu
Du
14.
S.
M.
le
Roi
:
quadrille brises
Pour les Hubis deux tables de & deux tables de piquet en noyer:
garnies de drap fin
Du
I
5.
Mme Mme
la
marquise de Pompadour
.... ....les:
chne,
chaussons et
265/.
220
/.
Une
table
contour en bois d'acajou plein, avec trois tablettesqui se tirent, garnie de boutons et chaussons dorsd'or moulu, garnie de roulettes dans les pieds
112/.
Du
20.
la
duchesse de Biron
:
Un
bois de para-
vent coulisse, collage et faon des papiers
54/.15/.
Un petit cran garni de papier des Du 29. S. M. le Roy Un corps:
Indes
d'encoignure bti de
chne, plaqu en bois satin, deux portes, formant
une chaisel'anglaise,le
perce avec un rservoir et robinet
fondvette
cu-
d'tain
plan
&
unecu-
double
vette en cuivre, lededans garni
en veloursflacons
et
tabis avec les..
.
245/.
54
BIBLIOTHEQUE DE L'ART DECORATIF
Mme
la
marquise de Pompadour
:
Une
lanterne six
pans, en bronze cisel et dor d'or moulu, avec des
berceaux vernis garnis de branchagesVincennes,le
chandelier d'or
moulu.
& fleurs de & chapiteau. .
de cristal (Grand cabinet du Roi)
Du
14.
Mme Mme M.
1750/.
la
marquise
de
Pompadour
:
Une
paire
de grandes girandoles trois branches, ciseles etdores d'or moulu, sur des cigognes de porcelaine.
1320
/.
Du
22.
la
marquise de Pompadourtreillage,fleurs,
:
Une
petite
lanterne de glace
montants dors d'or
moulu, garnie ende l'Ermitage)
de Vincennes (Garde-robe. ..
.192/.bois
Du
26.
Guesnon
:
Une
tablefilets
de
lit
en
de.
merisier avec des fleurs et
en amarante
51/.
Mars
M.
de
Pierrevert
:
Une commodesatin et
pieds de
biche
plaque enchutes,
bois
fleurs,
garnie de pieds,le.
tirants
moulures dors d'or moulu,trois pieds 1/2.
marbre de Flandre, de
UnUneUneUne
secrtaire de
mme
cornets argents
table de nuit, plaque en bois satin, avec ses
.....boiset fleurs
300/.
aussi
garni
de
23050
/.
deux.
marbrespoli
.
.
.
.
.
/.
table de piquet et.
une de quadrille en bois rouge. . . .
et
.51/..
table crire en croissant, plaque entiroirs et cornets argents.
bois violet, .
.
102
/.
Un
paravent coulisse quatredes Indes. .
feuilles,.
garni en papier..
.
72
/.
Un petit cran Du 6. Mme la
tablette
.
.
.
.15/.
marquise de Pompadour, pour l'htel de:
Versailles
Une commode
de quatre pieds et demi,
deux
tiroirs,
plaque en diffrents bois, garnie enet.
bronze dor d'or moulud'Italie..
de son marbre griotte. .
.410/.
L'AMEUBLEMENT LOUIS XVM.de Pierrevertavecles:
55
Un
trictrac
plaqu en ivoire.
et.
bne.
dames de
mme
.
90
/.
Mme
la
marquise de Gontaut
:
Un
secrtaire
plaqu
en diffrents bois, en
forme de bibliothque, garni d'ornements dors d'or moulu, marbre de brche d'Alep, maroquinet cornets/.
argents 240
Du
II.
Mme:
R-
mond Une commode dequatre pieds, trois tiroirs
de
hauteur, plaque ensandre,d'entres,settes et
palis-
garniero-
bou-
tons dors d'or
moulu,
avec son marbre136/.
Deux
autres
com-
m o d esmmede3
deforme,FAUTEUIL EN BOIS SCULPTE, STYLE ROCAILLE.DES ARTS DCORATIFS, PARIS.
MUSEE
pieds.
1/2, les
boutons aussi dors d'or moulu,. .
les.
marbres
de Flandre
.112/.
Sept tables crire de poirier noirci et poli, avec destiroirs ferrures, cornets et
maroquin, de diffrentes.. .
grandeurs
.
.
.132/.toiles et
Du
19.