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Université de Lorraine Campus Lettres et Sciences Humaines – Site de Nancy
Département Information communication – UFR Science humaines et
sociales
Mémoire de stage pour l’obtention de la licence professionnelle
« Journalisme et médias locaux »
La presse hebdomadaire régionale : une presse de
territoires, entre ligne éditoriale et lectorat.
Cas particulier du journal la Semaine Metz
Présenté par :
Olivier Schneider
Entreprise ou organisme d’accueil du stagiaire
La Semaine Metz
Période du stage
Du 17 février au 9 mai 2014
Tuteur professionnel : Tuteur universitaire :
Jean-Pierre Jager Jean-Luc Poncin
2
Table des matières
Introduction ...................................................................................................................................... 3
I. La presse hebdomadaire régionale, élément phare de la presse écrite locale .......................... 5
1. Une presse émancipée mais fragilisée .................................................................................. 5
2. Une presse aux fonctions diverses ........................................................................................ 8
II. La presse hebdomadaire régionale, une presse de territoires ................................................ 11
1. Le maillage régional, des écarts significatifs ........................................................................ 11
2. Le maillage à l’échelle départementale ............................................................................... 14
3. Les principaux titres et leur diffusion .................................................................................. 16
4. Le lectorat type de la PHR ................................................................................................... 18
III. Les caractéristiques de la presse régionale ......................................................................... 20
1. Définir une ligne éditoriale .................................................................................................. 20
2. Le choix des sujets ............................................................................................................... 21
IV. Un titre de PHR atypique, l’exemple de la Semaine ............................................................ 23
1. La Semaine, le pari du contre-courant ................................................................................ 23
2. La genèse du journal ........................................................................................................... 24
3. Une ligne éditoriale différente ............................................................................................ 25
4. La singularité des sujets de la Semaine ............................................................................... 27
V. La Semaine, priorité au contenu ............................................................................................. 29
1. Le rôle primordial de la conférence de rédaction................................................................ 29
2. Les débuts, une ligne éditoriale évolutive ........................................................................... 31
3. La composition du journal et son évolution ........................................................................ 32
VI. La Semaine et ses lecteurs................................................................................................... 35
1. Les forces et faiblesses ........................................................................................................ 35
2. Les attentes ......................................................................................................................... 36
3. Ce qui définit les ventes de la Semaine, cas d’étude sur les 4 premiers mois de l’année
2014 ............................................................................................................................................ 38
4. La Semaine personnifiée par ses lecteurs ............................................................................ 43
Conclusion ....................................................................................................................................... 45
Bibliographie ................................................................................................................................... 46
3
Introduction
La presse hebdomadaire régionale, plus communément siglée PHR, est une
composante devenue, au fil de l’histoire récente de la presse écrite, essentielle parmi celles
qui constituent l’information locale. Malgré son développement et son importance au sein
du territoire, pour ne pas dire des territoires, c’est une presse mal connue et largement en
marge des études menées sur la presse quotidienne qu’on lui associe volontiers, et souvent à
tort. La presse hebdomadaire a été et demeure une presse de proximité. Forme de presse
d’information la plus ancienne en France (un titre sur huit parmi les publications existantes
aujourd’hui a été créé avant 1850), elle continue à fidéliser un lectorat élargi au fil du temps.
Elargi, pas tant d’un point de vue géographique, car elle reste principalement fidèle à un
territoire rural, que d’un point de vue éditorial.
La presse hebdomadaire régionale a su s’organiser et se développer dans un contexte
par définition micro-local, qui semble, de l’extérieur en tous cas, en décalage avec la
mondialisation des échanges comme de l’information. Elle offre en tous cas une
complémentarité et surtout un pluralisme à la presse quotidienne, en recouvrant des
territoires locaux réduits en comparaison à la PQR, et permettant ainsi une couverture de
l’actualité de proximité au plus près des lecteurs. Dans le contexte de globalisation
territoriale, le local prend en compte trois éléments, que sont « la proximité, l’appartenance
à un groupe social et l’effectivité de cette appartenance »1. Ces composantes, également
caractéristiques de la PHR, englobent une définition géographique et thématique de la presse
hebdomadaire régionale aujourd’hui en France. Ainsi, face à une « crainte de globalisation
uniforme »2 de l’information, et plus encore que l’échelle de diffusion, c’est la pertinence du
1 Jean-François Tetu, 1995 2 Presse locale et organisations territoriales, 2001, p.284
4
choix éditorial, à plus forte raison associé au recul lié à la temporalité de publication, qui
donne à la PHR cette « granularité qui lui confère un sérieux atout »3.
La PHR ne s’adresse plus à un lectorat déterminé mais se tourne vers une diffusion
qu’elle veut la plus large possible, tout en ciblant une ligne éditoriale spécifique et un choix
de sujets précis, avec le recul et l’analyse qui sont les siennes. Cette pertinence éditoriale
permet de fidéliser un lectorat, car selon Patrick Eveno, « un lecteur habitué à son journal
est rebuté par tout changement de ligne éditoriale »4. Le lien entre l’orientation d’un journal
et son lectorat sont établis, et ce bien que le choix d’un journal, lorsqu’il n’est pas associé à
une tradition familiale, n’a pas d’explication privilégiée. « Un journal a une « âme », qui
correspond peu ou prou à celle de son lectorat ».
A travers la définition et l’analyse de ce qui constitue la ligne éditoriale dans la presse
régionale, il conviendra de situer le lien entre l’orientation donnée à un journal et le lectorat
visé, à travers l’exemple singulier du récent hebdomadaire la Semaine Metz. Le titre, créé
en 2005, a fait le choix de bouleverser les constituants géographiques et thématiques
traditionnels de la PHR. Auparavant, il s’agira de présenter la presse hebdomadaire régionale
dans sa globalité, de ses fonctions à sa diffusion, en passant par ses origines.
3 Maelle Fouquenet, « Fabrique de l’information hyperlocale », avril 2011 4 Patrick Eveno, 2010
5
I. La presse hebdomadaire régionale, élément phare de la
presse écrite locale
1. Une presse émancipée mais fragilisée
« Nous sommes bien loin des petits hebdomadaires aux tirages confidentiels du milieu
du XVIIIe siècle »5, explique Marc Martin, en introduction de La presse régionale. S’il fait
référence au fait que la grande majorité de l’information régionale est à l’actif des quotidiens,
le secteur de la presse hebdomadaire régionale, la PHR, s’est quant à elle, intensément
développée et demeure aujourd’hui une force vive de l’information territoriale locale.
La loi sur la liberté de la presse contribue à l’émancipation d’une forme de presse, plus
méconnue et moins étudiée que la presse quotidienne, mais qui recense à l’aube de la
première guerre mondiale, pas moins de 1300 titres sur le territoire. Toutefois, notamment
du fait d’un extraordinaire développement en parallèle de la presse quotidienne régionale
aux lendemains de la libération, la PHR décline aussi rapidement qu’elle a su se positionner
parmi les fers de lance de la presse écrite. Environ 300 titres subsistent après 1945. Et la
PHR de s’imposer un changement de cap, dans ses lignes directrices comme dans
l’engagement vis-à-vis de son lectorat.
Ce qui fait la force encore aujourd’hui de la presse hebdomadaire régionale, c’est
d’avoir su remettre en question un mode de fonctionnement qui ne correspondait plus aux
attentes de ses lecteurs. L’information de proximité prend le relais d’une information
générale que le lecteur trouve ailleurs. Ces réorientations ont permis à la presse
hebdomadaire régionale de continuer à progresser, quand, de manière globale, la presse
écrite connaît une période de difficultés croissantes. Ainsi, toutes proportions gardées,
5 Marc Martin, 2002
6
lorsqu’entre 1992 et 1998, 31 titres étaient créés 6, ces trois dernières années, « une dizaine
de nouveaux titres ont vu le jour »7, selon Bruno Hocquard de Turtot, directeur du Syndicat
de la presse hebdomadaire régionale (SPHR). Toutes proportions gardées, car si la
progression perdure, elle faiblit néanmoins.
La presse hebdomadaire régionale subit certes une érosion, communément à
l’ensemble des composantes de la presse écrite française. Néanmoins, le lien fédérateur et
de proximité qu’elle a créé et maintenu, la place parmi les meilleures audiences de la presse
hexagonale. Chaque semaine, les quelques 283 titres recensés attirent près de 8 millions de
lecteurs, possédant, selon Xavier Dordor, spécialiste des médias, « le taux d’achat le plus
régulier »8. Selon l’observatoire de la presse de l’association professionnelle OJD, ce sont
chaque semaine, 1,5 million de numéros écoulés, soit plus de 75 millions d’exemplaires
diffusés chaque année.
Néanmoins, malgré une situation plus favorable comparée aux autres familles de
presse écrite, l’évolution moyenne annuelle de la diffusion des titres est en baisse constante
depuis 2008, après avoir connu une période de stabilité, quand dans le même temps la PQR
notamment, était en chute libre depuis 2000.
Document 1 9
6 Presse locale et organisations territoriales, 2001, p.286 7 « La force tranquille de la presse hebdomadaire régionale », lenouveleconomiste.fr, mars 2013 8 Ibid. 9 www.erwanngaucher.com, mars 2012
7
Cette presse hebdomadaire a, dans sa très large majorité, connu des difficultés
inhérentes à son fonctionnement et surtout à son histoire. Si elle a pu souffrir d’une
comparaison erronée avec la presse quotidienne, elle a peiné du fait d’un manque évident de
moyens, le financement ayant été souvent assuré par des indépendants aux capacités
financières limitées. Aujourd’hui, face notamment aux difficultés économiques, la
profession définit un nouveau mode de fonctionnement autour de pôles centralisés par de
grands titres de la presse quotidienne régionale. C’est un mode de fonctionnement global
mais non exclusif. La Semaine est un exemple à contre-courant de la politique actuelle.
Le local, force identitaire de la presse hebdomadaire régionale, lui permet d’être
présent partout, autour d’un lectorat plus rural que celui des autres formes de presse. La
majorité des titres de PHR sont l’éclairage informatif d’une population de petites villes,
lorsque d’autres, comme la Semaine Metz, se revendiquent clairement citadins. Ce qui
caractérise la PHR, la large territorialité et la fidélité de son lectorat, c’est, comme l’analyse
Philippe Guinchard, journaliste à l’hebdomadaire Eure Infos, « la possibilité de moins
survoler les sujets et de parvenir à réaliser des enquêtes, à sortir des papiers bien
documentés »10. La couverture d’un territoire restreint avec une équipe de journalistes
réduite, permet de plus à la fois une proximité plus grande avec les personnes amenées à
apparaître dans le journal, et également une identification plus importante de l’hebdomadaire
par ses lecteurs. Au final, la PHR répond à des attentes nouvelles. Au-delà de répondre à une
proximité immédiate de l’information pour les lecteurs, la PHR a su, et malgré des capacités
financières limitées, mettre en place une ligne éditoriale, un format, et souvent un coût
d’abonnement moindre que la presse quotidienne régionale. Bien que souvent associée voire
confondue avec la presse quotidienne, notamment par rapport à la notion de proximité et à
une certaine correspondance avec les éditions locales de la PQR, le rythme hebdomadaire
10 « La presse hebdomadaire régionale mal connue, mais fidèlement lue », la Croix, juin 2008
8
constitue une différence essentielle dans le lien établi par les lecteurs avec l’actualité locale.
Il donne ainsi au journal « une durée de vie, et donc de lecture, plus longue et plus souple ».11
Le très grand nombre de titres, et la récente apparition de nouveaux noms dans le
paysage de la PHR, est une caractéristique de l’intérêt du lectorat pour cette presse, autant
que la volonté et la capacité à créer et innover, dans un secteur médiatique pourtant en
souffrance économique. La PHR apparaît aujourd’hui comme la seule catégorie de presse
écrite, au sein de laquelle il existe non seulement une possibilité de créer un nouvel
hebdomadaire au sein de territoires encore non pourvus, mais aussi une opportunité
davantage raisonnable financièrement. C’est le cas pour le journal la Semaine Metz, dont
nous verrons plus loin, les modalités et caractéristiques ayant abouti à sa création récente.
2. Une presse aux fonctions diverses
Une enquête de la Sofres, en 1994 12 distingue cinq compétences associées à la presse
hebdomadaire régionale 13. Celles-ci se recoupent entre elles car elles définissent le rapport
de titre de PHR et son lectorat.
La première et la plus évidente concerne une fonction dite informative, « suivant deux
logiques, spatiales et temporelles ». Ces deux constituants, par définition liés à la PHR,
voient néanmoins certains titres privilégier l’un ou l’autre. C’est notamment le cas de la
Semaine, qui, à la lecture, fait apparaître davantage une logique géographique dans son
organisation, tout en ciblant essentiellement, une troisième logique, peu présente au sein de
la PHR, celle de la thématique. Cette composante se distingue ainsi de la « lecture
concentrique » associée à celle traditionnelle de la PHR. L’organisation d’un journal
11 Presse locale et organisations territoriales, 2001, p.287 12 Sondage TNS Sofres, juin 1994 13 Presse locale et organisations territoriales, 2001, p.287-289
9
n’engendre pas obligatoirement une structuration de lecture, dans le sens où le lecteur
apprécierait le journal selon la proximité géographique qui est la sienne avec l’actualité.
Nous y reviendrons plus en détail concernant la Semaine.
Est distinguée ensuite une fonction dite intégratrice avec une distinction entre un
lectorat actif et non actif. L’intégration à la vie locale par le biais de la PHR est perçue de
manière très différente selon les catégories socio-professionnelles et les lieux de résidence.
Si le lectorat de la PHR est majoritairement composé de ruraux, pour qui la lecture de la
PHR constitue une « identification locale », concernant les citadins ou ceux que l’on appelle
depuis une vingtaine d’années, les rurbains, la lecture de la PHR est en lien étroit avec la
faculté d’imprégnation à la vie locale autant qu’avec l’engagement professionnel individuel
de chacun. La composante sociale serait de rigueur, mais la fonction intégratrice dépend
certainement davantage de la ligne éditoriale que se fixe un titre de PHR. Concernant la
Semaine, celle-ci constitue un indicateur précis de la volonté intégratrice de catégories socio-
professionnelles moins ciblées traditionnellement par les hebdomadaires régionaux.
Cette fonction intégratrice rejoint une fonction dite fédératrice, faisant en sorte qu’une
population d’un territoire défini puisse s’identifier et « se sentir représentée » par
l’hebdomadaire régional. Le journal a pour vocation à être généraliste dans son apport
informatif. Cela signifie que le lectorat est diversifié autant qu’il existe une grande variété
de rubriques au sein du journal. Cette fonction fédératrice vaut pourtant de manière moins
globale dès lors que l’on vise un lectorat précis. Il est ainsi possible de fédérer autour d’une
orientation particulière. Si cette tendance concerne une minorité des titres de PHR, elle est
l’une des caractéristiques une nouvelle fois de la Semaine.
La lecture de la PHR relève d’un choix identitaire, à un territoire d’abord, à une ligne
éditoriale ensuite, notamment en ce qui concerne la Semaine, et à un mode de réception de
10
l’information bien spécifique. Cette fonction identitaire existe notamment du fait que le lien
avec l’actualité locale est le plus fort concernant la presse écrite, loin devant des offres
d’information récentes, passant par la radio ou la télévision. La fonction identitaire est
commune à une origine historique et traditionnelle.
Enfin, une dernière fonction s’apparente à une fonction dite citoyenne. Dans une
logique de décentralisation, la PHR a accru son développement, notamment lorsque les
acteurs institutionnels ont progressivement formé des territoires à échelle de plus en plus
réduite. La presse hebdomadaire a dès lors constitué « un lien entre l’administration et le
citoyen ». Elle est passée au-delà même du lectorat pour concerner potentiellement un plus
vaste ensemble. Elle a en tous cas proposé une alternative parmi la presse quotidienne
largement répandue jusqu’alors. Mais cette fonction, comme les autres, tend à être remise
en question avec les perspectives de regroupement voire de dislocation de territoires,
jusqu’alors centre névralgique de la presse régionale.
La PHR a donc un rôle à part entière parmi la presse en général, et régionale en
particulier. Un hebdomadaire local apporte non seulement un pluralisme informatif au milieu
de la presse régionale, mais constitue également un lien social fort au sein de territoires plus
restreints que ceux concernant la PQR. Ainsi, cette presse très présente en nombre de titres
sur tout le territoire français, connaît de très nombreuses disparités.
11
II. La presse hebdomadaire régionale, une presse de
territoires
1. Le maillage régional, des écarts significatifs
La PHR, au-delà de son territoire géographique restreint et largement moins étendu
pour chaque titre que celui de la presse quotidienne, est une presse qui ne correspond ni à
l’entité administrative de la région, ni à celle du département. A l’image de la PQR, elle
recoupe des territoires interdépartementaux, dans une configuration intra régionale, compte
tenu de sa diffusion. La pénétration sur le territoire est cependant difficilement mesurable
sans un cadre territorial précis que constitue par exemple la région. Les deux cartes ci-
dessous présentent l’audience en pourcentage dans chaque région ainsi que son évolution.
Document 2. La pénétration par régions de la PHR 14
en 2013
14 AudiPresse One 2013, agrégat « Total PHR »
12
en 2010
La carte de 2013 met en évidence des inégalités toujours très marquées selon les
régions. Ainsi, le grand ouest demeure largement en tête des audiences avec des densités
particulièrement fortes en Basse-Normandie (47 %, -3 %) et Haute-Normandie (34 %, -3
%). Elles sont élevées dans le Nord-Pas-de-Calais (26 %, -2 %) et en Picardie (23 %, +3 %).
La Bretagne (20 %, -1 %) est également au-dessus de la moyenne nationale, tout comme de
manière décroissante l’Auvergne (19 %, +5 %), Rhône-Alpes (18 %, +2 %), Midi-Pyrénées
(18 %, +2 %), Pays-de-la-Loire (17 %, +1 %) et Franche-Comté (17 %, +4 %). On observe
une érosion dans les régions où la PHR est traditionnellement très implantée, tandis que
l’audience progresse dans les autres régions, déjà au-dessus de la moyenne. D’autres régions
ont progressé de manière significative comme le Limousin (11 %, +6 %) la Bourgogne (12
%, +5 %), l’Aquitaine (16 %, +4 %) et la Lorraine (7 %, +4 %), quand certaines ont connu
un déclin comme le Languedoc-Roussillon (13 %, -2 %). Le quart nord-est reste nettement
en marge. La Lorraine ne compte que deux véritables hebdomadaires avec l’Abeille basé à
13
Neufchâteau dans les Vosges et le journal la Semaine, créé en 2005, et ses deux éditions de
Metz et Nancy.
Concernant le nombre de titres par région justement, celles bénéficiant des plus forts
taux de pénétration sont en parallèle celles enregistrant le plus grand nombre
d’hebdomadaires. Ainsi, Basse et Haute-Normandie comptent 33 titres (respectivement 17
et 16) pour un total de 587 000 exemplaires vendus. Viennent ensuite le Nord-Pas-de-Calais
avec 25 titres et 205 000 ventes, autant que la Bretagne avec 21 hebdomadaires. La Picardie,
avec un taux de pénétration élevé, compte cependant moins de titres avec 9 journaux
totalisant 85 000 ventes, se partageant les trois départements de l’Aisne, l’Oise et la Somme.
La situation est toutefois très différente avec un département de l’Aisne, à tendance rurale,
qui concentre une grande partie du lectorat. La Lorraine pointe loin derrière avec 3
hebdomadaires et un total de 35 000 exemplaires vendus.
Document 3. Nombre d’exemplaires de PHR vendus par région par semaine 15
15 A partir des données de www.espacephr.fr
0
30000
60000
90000
120000
150000
180000
210000
240000
270000
300000
330000
14
2. Le maillage à l’échelle départementale
Au niveau départemental, les disparités sont tout autant marquées. La Moselle arrive
au 57è rang du nombre de ventes hebdomadaires. Cette position s’explique par l’apparition
tardive de la PHR, implantée par le biais du journal la Semaine, depuis moins de dix ans.
Associé à cela la différence d’orientation en comparaison avec les autres titres de PHR
traditionnels, le département est ainsi nettement en retrait en ce qui concerne la pénétration
locale.
Les départements enregistrant le plus grand nombre de ventes sont logiquement ceux
situés dans les régions ayant les taux d’audiences les plus élevés. De manière plus détaillée,
la Seine-Maritime totalise près de 250 000 exemplaires vendus, le Calvados 115 000, le Pas-
de-Calais 108 000, la Manche 98 000, autant que le Nord. Ces départements se partagent de
nombreux titres, 14 en Seine-Maritime, 13 dans le Nord, 12 dans le Pas-de-Calais, 8 dans le
Calvados, contre seulement 3 dans la Manche, mais les deux-tiers des ventes sont assurées
par l’historique Manche Libre.
On retrouve des ventes de titres élevées dans des départements de tradition rurale, en
dehors des territoires où la PHR est très implantée historiquement. C’est ainsi le cas de
l’Indre-et-Loire avec 35 000 exemplaires et 2 titres, l’Aveyron avec 31 000 numéros et 6
titres, l’Ardèche avec 26 000 exemplaires et 4 titres, ou la Lozère avec 21 000 numéros pour
un seul titre. Ces départements ont une tradition de la PHR avec une implantation locale très
appuyée. Les titres sont disponibles sur un territoire géographique restreint mais ont souvent
un grand nombre de vendeurs partenaires.
Il existe également des distinctions très nettes entre des départements voisins. C’est
par exemple le cas de l’Eure qui compte 64 000 ventes et 8 titres de PHR, tandis que l’Eure-
et-Loir en totalise 3 000 pour un seul titre. Avec une population encore plus équivalente, la
15
Côte d’Or et la Saône-et-Loire se distinguent avec respectivement 74 000 et 16 000 ventes
pour deux titres à chaque fois. La situation de la PHR est donc très différente d’un
département à l’autre, dépendant non seulement de la tradition accordée à sa lecture avec
une implantation marquée et de nombreux titres, et également de la proximité apportée au
lectorat, dans des espaces où la tradition est moins forte mais les taux d’audience élevés.
16
3. Les principaux titres et leur diffusion
Document 5
les plus fortes diffusions de la PHR en 2013 16
diffusion France payée par numéro département 2013 évolution en %
1 La Manche Libre Manche 68 973 -3
2 Le Courrier Cauchois Seine-Maritime 36 049 -2,23
3 Le Messager Thonon Haute-Savoie 23 639 -2,4
4 Le Courrier de la Mayenne Mayenne 22 994 -3,15
5 Oise Hebdo Oise 19 167 -3,15
6 La Lozère Nouvelle Lozère 19 024 -3,31
7 Le Trégor Côtes-d'Armor 18 273 -2,76
8 Le Pays Roannais Loire 17 562 -1,9
9
La République de Seine-et-
Marne Seine-et-Marne 16 942 -4,53
10 La Voix de l'Ain Ain 16 251 -6,11
133 La Semaine Metz Moselle 4 030 -5,27
Le classement annuel publié par l’OJD, recense toutes les catégories de presse écrite.
Les données 2013 concernent la diffusion France payée totale mensuelle établie en moyenne
pondérée, ainsi que l’évolution pour l’année 2013 par rapport à l’année précédente.
Le tableau présenté ici référence les dix premiers hebdomadaires régionaux. Les écarts
sont significatifs parmi ces premiers titres, la Manche Libre et ses sept déclinaisons locales
dominant très largement au nombre d’exemplaires vendus. L’hebdomadaire bas-normand,
créé en 1944, s’est imposé rapidement sur un territoire vidé des hebdomadaires locaux
d’avant-guerre. En 1950, le journal devient le premier hebdomadaire de province. Dans le
département, cas unique en France, le journal enregistre une diffusion payée supérieure à
celle de ses deux concurrents quotidiens.17
16 www.ojd.com, Observatoire 2014 17 www.lamanchelibre.fr
17
Tous connaissent en revanche une évolution négative plus ou moins marquée, mais
significative puisqu’elle marque l’évolution d’une année sur l’autre.
Une particularité, aucun hebdomadaire parmi les dix premiers au classement n’est
diffusé dans l’un des dix départements les plus peuplés. Ainsi, rapporté à sa population, le
département de la Manche compte un numéro de la Manche Libre pour sept habitants,
lorsque ce ratio est de un pour 269 habitants en Moselle et le journal la Semaine.
De manière globale, sur le tableau ci-dessous, on observe depuis 1990 et jusqu’au
milieu des années 2000 une nette hausse des ventes, à rapporter au nombre de titres qui ont
été créés durant cette période. Depuis les ventes accusent un recul.
Document 6. Les principaux chiffres de la PHR depuis 1990 18
En considérant les ventes, l’évolution entre ventes au numéro et abonnements est peu
marquée. Les deux canaux se partagent relativement équitablement la distribution, même si
la vente au numéro a légèrement progressé entre 1990 et le milieu des années 2000, suivant
18 CSM Presse, 2012
18
l’évolution globale des ventes de PHR. Le document ci-dessous est à nuancer tant les
caractéristiques de distribution sont différentes selon les titres et les espaces géographiques
concernés pour chacun. Ainsi, il serait possible de considérer que les départements ruraux
caractérisant un lectorat plus âgé ont des taux d’abonnement plus élevés que les
départements plus urbains et un lectorat majoritairement actifs. Confirmer cette distinction
nécessiterait une étude spécifique qui ne nous concerne pas davantage ici. Nous nous
contentons de donner les caractéristiques générales de diffusion de la PHR.
Document 7. Evolution de la diffusion payée de la presse hebdomadaire par type de
canal de distribution 19
4. Le lectorat type de la PHR
La presse hebdomadaire régionale est très présente sur le territoire métropolitain.
Selon l’Espace PHR, régie nationale de cette presse, en 2013, 287 titres sont référencés dans
19 CSM Presse, 2012
19
89 départements. Cela représente un total de plus de 2,5 millions d’exemplaires vendus
chaque semaine et environ 8 millions de lecteurs. Un lectorat exclusif avec 53% des lecteurs
qui ne lisent ni la PQR ni la PQN. 82% sont des lecteurs réguliers et fidèles tandis qu’en
moyenne 65% des ventes se font au numéro.
C’est un lectorat majoritairement rurbain, c’est-à-dire vivant en zone rurale et travaillant en
ville, 71% des lecteurs vivent dans des agglomérations de moins de 50 000 habitants. 52%
sont des femmes.
Le lectorat est généralement plus jeune que celui de la PQR. 47% des lecteurs ont moins de
50 ans, et 56% sont actifs.
15% de la population en audience sur le lectorat de 15 ans et plus. Sur les différentes tranches
d’âges, cela donne :
11% sur les 15/24 ans
14% sur les 25/34 ans
27% sur les 35/49 ans
48% sur les 50 ans et plus
Un hebdo régional est repris en moyenne 2.9 fois, c’est davantage que les quotidiens
régionaux (2.0 fois) et les quotidiens nationaux (2.2 fois).
La diffusion moyenne d'un journal est de 6 900 exemplaires pour un tirage moyen de 9 500
exemplaires. En France, en 2013, sur les 287 titres de PHR référencés, ils sont 73 à avoir
une diffusion supérieure à la diffusion moyenne nationale.
20
III. Les caractéristiques de la presse régionale
1. Définir une ligne éditoriale
La presse, quelle qu’elle soit, informative ou non, et comme n’importe quelle
composante médiatique, élabore une identité propre et en lien direct avec sa caractéristique
géographique et temporelle. La ligne éditoriale d’un journal est l’élément essentiel qui
conditionne à la fois son contenu et son mode de fonctionnement. Cet élément constitutif
d’une publication est défini pour le lectorat autant que celui-ci s’identifie à la ligne éditoriale
choisie. C’est une philosophie globale et immatérielle du contenu même d’un journal, autant
que du choix des angles que du traitement des sujets.
Trois paramètres sont à considérer pour l’élaboration d’une ligne éditoriale. Celle-ci
désigne à la fois la thématique globale du journal, le public visé et l’objectif de telle ou telle
parution, donnant une nécessaire cohésion de contenus. Cette unité rédactionnelle a une
signification et un sens seulement si elle est permanente et respectée le plus fidèlement
possible. L’identité alors définie expose ses principaux domaines de compétence, en restant
fidèle à un principe de neutralité, qui est l’apanage de la presse régionale. Cette presse,
qu’elle soit quotidienne ou hebdomadaire se matérialise sans caractéristique idéologique
particulière, exception faite des parutions se revendiquant comme chrétiennes, traitant
l’actualité en conformité avec ces valeurs et accordant une place à l’actualité religieuse. Pour
la très grande majorité des titres de presse hebdomadaire, l’accointance idéologique,
religieuse comme politique, n’existe pas.
Une ligne éditoriale se doit d’être la plus précise et identifiable possible pour le lecteur.
Celle-ci permet de distinguer un titre d’un autre par sa tonalité autant que par son fil
conducteur, c’est-à-dire ce qui constitue les deux axes majeurs de ralliement d’un lectorat.
La ligne éditoriale constitue par définition l’outil principal de fidélisation des lecteurs. Outre
21
le fait de partager la conception identitaire du journal, ceux-ci s’identifient au titre en sachant
de quoi il sera question dans les parutions suivantes, et comment cela leur sera exposé et
analysé.
Pour la rédaction, c’est une ligne de conduite à tenir, autant que le ton général donné
à la publication. La ligne éditoriale claire et fidèlement suivie constitue l’essentiel de la
crédibilité accordée par les lecteurs à un titre. C’est une base indispensable à la production
de contenus et à l’organisation rédactionnelle de la publication.
Au-delà de la tonalité du journal, c’est la mise en valeur de telle ou telle forme
rédactionnelle qui participe au respect de la ligne éditoriale. C’est le rapport au rendu de
l’information qui différencie également une ligne éditoriale d’une autre. La position du
journaliste vis-à-vis de l’actualité peut osciller entre analyse, commentaire ou intervention
de tierce personne. La ligne éditoriale ne bride pas la rédaction, elle renforce au contraire le
positionnement par rapport à l’actualité, en évitant l’imprécision ou la confusion sur
l’information elle-même. Elle est totalement libre dès lors qu’elle dispose d’une capacité de
réception du lectorat et qu’elle correspond de manière cohérente à l’espace géographique
considéré.
2. Le choix des sujets
La caractéristique principale d’un journaliste d’un hebdomadaire régional est sans
aucun doute sa grande polyvalence. La rédaction d’un titre de PHR est parmi la plus petite
de la presse écrite, comptant entre trois et dix rédacteurs en moyenne. La polyvalence prévaut
pour le choix des sujets traités, parmi les sollicitations transmises de l’extérieur et les
propositions faites par le journaliste. Le choix du sujet correspond en premier lieu à
l’importance même d’un événement. De fait, en considérant toujours et en priorité
22
l’orientation du journal, certains sujets s’imposent. Rapportés à la temporalité du journal
hebdomadaire, ces sujets, bien que probablement connus des lecteurs, permettent un recul et
une analyse approfondis. D’autres correspondent à une thématique précise, laquelle est
dictée par la ligne éditoriale du journal. Une fois le thème donné, le sujet doit respecter en
priorité l’espace territorial défini et le lien avec l’actualité voisine. En ce sens, il s’agit de
définir un sujet en fonction du rapport avec d’autres composantes essentielles à sa
pertinence, que ce soit d’ordre temporel bien évidemment, ou en liaison avec des faits et/ou
des personnes associés.
Dans la presse hebdomadaire régionale, la composante géographique est clairement
définie et les journalistes ont chacun leur « terrain de chasse ». Libre à eux de répondre aux
sollicitations individuelles ou le plus souvent institutionnelles, ils sont également libres de
proposer un sujet, en lien direct avec une autre actualité ou une personnalité faisant
l’actualité. Cette liberté dans le champ d’action est certainement plus importante dans la
PHR qu’ailleurs. A plus forte raison lorsque la ligne éditoriale, comme celle de la Semaine,
fait abstraction d’une composante essentielle de la presse régionale en général, à savoir les
faits divers. La loi de proximité, qui prévaut dans ce qui attire particulièrement le lecteur, est
l’évident constituant de la presse régionale. La tonalité donnée à cette proximité est
différente en ce qui concerne le caractère hebdomadaire d’un journal, qui impose un recul
temporel. Pour la PHR, c’est donc bien moins la proximité chronologique que géographique
qui prédomine.
23
IV. Un titre de PHR atypique, l’exemple de la Semaine
1. La Semaine, le pari du contre-courant
Jean-Pierre Jager, directeur fondateur de l’hebdomadaire la Semaine, s’est permis une
prise de risque, que d’aucuns ont qualifié d’osée, quand d’autres l’ont considéré comme
totalement utopique. Si le secteur de la PHR offre une possibilité un peu plus certaine
d’implanter durablement un nouveau titre, le monopole de la presse quotidienne régionale à
l’époque, et l’implantation unique du Républicain Lorrain, n’ont en revanche pas facilité la
création d’un titre hebdomadaire. « L’hebdo qui vous change le quotidien », slogan du
journal, a d’abord créé un tsunami dans la presse locale. Jean-Pierre Jager, ex journaliste du
quotidien régional, prend le pari, à 55 ans, de lancer ce qui est alors tout simplement
inexistant sur le département de la Moselle, un hebdomadaire local. Désireux de revenir
« près du terrain » et de pouvoir imposer un ton différent, l’ancien responsable
communication à la mairie de Metz, « ne réclame pas à son équipe une neutralité absolue,
mais au contraire, d’engager leur personnalité ». Le ton est donné. Il résonne en tous cas
comme un journal décalé dans le paysage médiatique de la PHR. Un pari risqué,
certainement. 85 ans d’une exclusivité de la presse quotidienne et du Républicain Lorrain
n’auront-ils alors pas raison d’un hebdomadaire qui aspire à chambouler la vision locale de
l’information ? Briser le monopole de la PQR mais pas seulement. L’objectif premier de
Jean-Pierre Jager est d’apporter une véritable nouveauté aux lecteurs, par une ligne éditoriale
différente. Le journaliste regrette en effet qu’il n’y ait à cette époque, « pas d’autres formes
d’expression journalistique écrite, pas d’alternative à l’unique façon de faire d’un seul
quotidien ».
24
2. La genèse du journal
L’initiative est « un concours humain et de circonstance », qualifie Jean-Pierre Jager,
alors directeur de la Foire internationale de Metz. Celui que l’on dit « posséder le plus beau
carnet d’adresses de la ville 20 », mesure dès 2003 ce que l’on qualifierait de routine dans
l’information régionale telle qu’elle est alors apportée. Plusieurs personnalités de la vie
locale, parmi lesquelles Jean-Marie Rausch, alors maire de Metz, Carlo Molinari, président
emblématique du Football Club de Metz, et Claude Puhl, directeur du quotidien Le
Républicain Lorrain, tous trois en place depuis plus de trente années, s’interrogent sur
l’arrivée probable d’une nouvelle génération médiatique 21.
En parallèle, la Moselle se situe à une période où de très grands enjeux régionaux
s’organisent. La construction de la ligne TGV, inaugurée en 2007, les discussions autour de
l’implantation du Centre-Pompidou à Metz, qui aboutira à son ouverture en 2010, ou le
projet d’un regroupement des hôpitaux messins autour d’un vaste pôle hospitalier régional
en périphérie de la ville, positionnent par exemple le département comme un territoire en
pleine mutation économique. En 2010, la Semaine lance une édition à Nancy, dans un format
et une ligne éditoriale similaire à celle de la Semaine Metz.
Une création qui ne s’est pas faite sans certains grincements de dents. Le monopole
de la PQR a provoqué une scission, mesurée mais constatée, entre d’un côté, un lectorat
satisfait de voir apparaître une certaine forme de résistance dans le paysage médiatique local,
et surtout une tonalité différente, et de l’autre, un lectorat fidèle à la presse quotidienne.
20 « Les 15 politiques qui comptent », l’Express, septembre 2004 21 « Kiosque d’Info », France Info, par Jean-Christophe Bourdillat, 8 décembre 2012
25
Quoiqu’il en soit, la ligne éditoriale de la Semaine ne permettait pas d’opposer sur la durée,
car elle se distingue en de nombreux points.
3. Une ligne éditoriale différente
Jean-Pierre Jager impose une ligne éditoriale et une règle à respecter, celle de ne pas
faire figurer l’information faits divers dans les colonnes du journal, « une des mamelles de
la presse régionale », selon lui. Ainsi apparaît une des principales différences avec, outre, la
presse quotidienne, l’un des fers de lance de la PHR de manière globale. Pour le directeur
de la Semaine, « le journal s’en prive pour traiter autre chose, car les gens ont ces
informations avec d’autres formes médiatiques et d’autres contenus, que ce soit à travers la
presse quotidienne ou les radios locales ».
Il en va de même concernant la micro-locale. Celle-ci est volontairement non traitée
car « le secteur de la quotidienne traite de façon très complète et claire ces informations »,
explique Jean-Pierre Jager, qui y associe également les radios locales. De plus, le recul
informatif lié à la temporalité hebdomadaire permet de considérer que le lectorat visé
bénéficie déjà d’une autre information, en amont, et qu’il n’est donc pas utile et pertinent de
traiter la micro-locale.
Au-delà de ce que la Semaine ne traite pas, les points forts de la ligne éditoriale sont
les thématiques de la vie quotidienne d’un lectorat actif. Qui lit le journal ? « Essentiellement
des gens qui bougent », répond Jean-Pierre Jager. L’hebdomadaire est implanté dans un
espace de grande mobilité géographique, entre Metz, Thionville et le Luxembourg, avec plus
de 80 000 travailleurs transfrontaliers quotidiens. A considérer cela, le caractère
hebdomadaire de la Semaine paraît plus propice pour un lectorat dynamique et peu
disponible pour une lecture quotidienne d’informations. De plus, outre la temporalité de
26
diffusion du journal, la ligne éditoriale tournée vers les aspects institutionnels, politiques et
économiques de la vie de la région transfrontalière, a pour objectif de traiter une information
en phase avec un lectorat intéressé par ce qui apporte matière à débat. La ligne éditoriale
définie donne une tonalité libre et responsable. L’idée originelle, c’est « parler d’autre chose
que du trottoir en face de chez vous », caricature Jean-Pierre Jager. Plus concrètement, le
but est de prendre un angle différent sur une actualité souvent connue, en la mettant en
perspective.
Le recul sur l’information permet une analyse plus aboutie et potentiellement plus
pertinente de l’information. Il ne s’agit pas d’être informé pour être informé mais de
comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui fait l’actualité, de donner une capacité
de projection et d’analyse critique de l’information. La ligne éditoriale se destine donc
davantage à un lectorat citadin, bien plus que la grande majorité des titres de PHR. De plus,
la une, très régulièrement orientée sur des problématiques liées à l’agglomération messine,
va dans ce sens. Mais selon Jean-Pierre Jager, constituer l’essentiel des unes du journal
autour de thématiques proches de la ville de Metz, n’influence pas l’attrait du journal hors
de l’agglomération, car « les lecteurs s’intéressent de près à leur territoire dans son
ensemble, et parce que les préoccupations présentées en une sont également les leurs ». Plus
globalement, la part importante du lectorat étant constitué d’actifs transfrontaliers, celui-ci
est pour l’essentiel rassemblé sur le sillon mosellan, de Metz à la frontière luxembourgeoise.
Il apparaît donc d’autant plus évident de cibler des unes sur la principale métropole
régionale, son attractivité économique et politique.
Au final, tandis que la PHR se destine essentiellement à créer du lien social de
proximité immédiate au sein d’un territoire défini, la Semaine se distingue par sa volonté
d’informer dans un contexte social établi. Autrement dit, le journal limite son champ
informatif à un ensemble de thématiques définissant un groupe social, davantage visé qu’un
27
autre. C’est une volonté du journal qui ne stigmatise évidemment pas des groupes sociaux
différents, mais la ligne éditoriale tend à rétrécir le lectorat à disposition. Par le fait
d’envisager une ligne éditoriale délibérément très différente de ce que proposent la presse
locale ou la presse hebdomadaire en général, le pouvoir d’attraction d’un lectorat plus
diversifié est sensiblement moindre. Cette volonté demeure cependant tout à fait légitime
dans le sens où elle apporte, au-delà d’une vision différente de l’actualité, une caractérisation
intentionnelle et bien maîtrisée de sa ligne éditoriale.
Cette mise en perspective incite à publier des articles plus longs que ce que l’on peut
trouver dans la presse quotidienne. Jean-Pierre Jager a une opinion différente par rapport aux
habitudes de la presse écrite, consistant à limiter volontairement le volume des articles afin
de ne pas lasser le lecteur. Selon lui, le lectorat ne se lasse pas du moment que l’article est
intéressant et pertinent. Il n’y alors pas de limite à se fixer, même si dans l’univers
médiatique actuel, c’est une certaine prise de risque. C’est en tous cas une nouvelle façon
d’appréhender la vie économique et sociale avec un regard sur l’actualité de la semaine
écoulée et une projection sur celle à venir.
4. La singularité des sujets de la Semaine
Dans le cas de la Semaine, plus encore du fait du lectorat visé, c’est davantage la
proximité thématique qui influe. D’un point de vue géographique, on retrouve la même
composante que pour la PHR traitant des faits divers, c’est-à-dire que la zone couverte
correspond de manière quasi exclusive au « territoire utile » des lecteurs. La perspective
thématique est en revanche très présente concernant la Semaine. En effet, la prépondérance
de sujets plus institutionnels engendre un intérêt tantôt politique, économique ou social, et
liés à l’aménagement et à la mise en valeur du territoire, à la mise en perspective de structures
ou d’organisations diverses ou encore aux échanges transfrontaliers (prédominants au sein
28
de l’espace géographique considéré de la Semaine). C’est parce que le public visé est un
lectorat actif ou anciennement actif que le modèle éditorial et le choix des sujets sont
élaborés à partir d’une information qui identifie le lecteur à ses propres activités et aux
problématiques qui le concernent directement. Contrairement à la majorité des titres de PHR,
la Semaine ne se donne pas comme objectif de parler de la commune à la commune, mais
des constituants et des acteurs de ces espaces géographiques. « Ce qui touche les gens ce
n’est pas que le fait divers près de chez eux, c’est surtout le fonctionnement et le dynamisme
des organes qui participent et font leur vie », analyse Jean-Pierre Jager.
De fait, les éléments constituants le fonctionnement global de la région sont le fer de
lance du journal. A partir de là, le choix des sujets n’est pas plus restreint qu’ailleurs. Il
impose en revanche une connaissance idoine de ces organes afin de les appréhender et de les
faire suivre très concrètement par un lectorat connaisseur. C’est l’avantage de disposer ainsi
de journalistes ayant leur propre espace géographique d’investigation, un territoire réduit
permettant de cibler au mieux la proximité thématique et plus largement d’y associer un
événementiel d’actualité plus général.
A l’échelle régionale, les acteurs institutionnels sont en nombre limité, certes, mais ils
constituent une part importante des organes structurels que l’on retrouve de manière
récurrente dans le journal car principaux décisionnaires de la vie politique et économique du
territoire. Ce sont par exemple, en dehors des municipalités, les assemblées
d’agglomérations, les structures territoriales du conseil général et régional, les principaux
organismes et associations sociales et économiques publiques ou privées, les établissements
culturels, etc.
29
V. La Semaine, priorité au contenu
1. Le rôle primordial de la conférence de rédaction
Si au sein de la PHR notamment, chaque journaliste travaille de manière totalement
individuelle sur ses sujets, la publication globale est l’aboutissement d’un travail collectif,
particulièrement en amont. La conférence de rédaction constitue l’élément d’anticipation et
de préparation capital du journal, en ce sens qu’elle prévoit le contenu de la publication et
l’organisation de celui-ci.
Au sein d’un hebdomadaire, la conférence de rédaction a lieu le jour de publication
du numéro précédent. A la Semaine, celle-ci a donc lieu le jeudi matin, réunissant le directeur
de la publication, le rédacteur en chef et les journalistes. Le rédacteur en chef centralise les
propositions de sujets validées par le directeur, tout en suggérant également des sujets à
répartir au sein de la rédaction. Ce sont généralement des sujets courts, n’appartenant pas à
un même espace géographique et traitant de thématiques diverses. Ces sujets sont répartis
suivant la disponibilité des journalistes à les couvrir. A la Semaine, il s’agit de la rubrique
« 7 jours », qui relate une actualité plus « secondaire » ou ne nécessitant pas un
développement conséquent. Chaque journaliste est sollicité pour donner ses propositions par
secteur, suivant l’ordre de pagination habituelle du journal. Le thème n’est pas énoncé, il est
d’emblée question du sujet précis. Chacun est ensuite discuté autour de sa présentation dans
le journal, à l’exception des sujets d’ouverture de pages qui sont privilégiés et
immédiatement définis. Ce sont les sujets « phares », les plus détaillés de chaque rubrique
du journal. Ces sujets d’ouverture sont à distinguer des pages « dossier » qui exposent une
actualité importante sur deux ou quatre pages exclusivement dédiées à cette information. Il
s’agit de privilégier une différenciation thématique concernant les titres d’ouverture, afin de
ne pas donner à la publication une ligne top tournée vers tel ou tel thème, économique,
30
politique ou culturel notamment. La diversité thématique est demandée, mais parfois le
calendrier empêche une distinction importante, notamment lorsque les semaines sont
tronquées à cause d’un jour férié éventuellement suivi d’un pont avant un week-end. Dans
ce cas, l’actualité étant moindre, la diversité est parallèlement moins importante. Il est
privilégié dans ce cas des rubriques plus courtes, plusieurs pages « dossier » en lieu et place
des habituels sujets d’ouverture, ou encore un portfolio plus conséquent.
La conférence de rédaction, en ce qui concerne le journal la Semaine, concerne
essentiellement le contenu de la prochaine publication, et dans une moindre mesure
l’organisation de ce contenu. En dehors des sujets d’ouverture couvrant entre une page et
une page et demi, et les articles de la rubrique « 7 jours », d’un volume compris entre mille
et deux mille signes pour chacun, les autres sujets ne sont pas particulièrement discutés pour
ce qui est de leur volume. Une fois le contenu défini et validé, le rédacteur en chef se charge
de l’organisation de la pagination en établissant le chemin de fer du journal. Celui-ci est
amené à être modifié au fil de la semaine selon les apports ou les manques qui sont constatés
au travers des reportages de terrain ou des possibilités d’entretien. La pagination est
globalement identique d’une semaine à l’autre, l’organisation du journal est modifiée
qu’avec l’intégration de pages « dossier » ou d’un portfolio. Pour le reste, la pagination
« réservée » à chaque journaliste, notamment pour ceux couvrant un secteur géographique
défini, est connue. Celle-ci est particulièrement limitée et il est souvent nécessaire de réduire
le volume des articles. C’est notamment le cas pour ce qui concerne la page « Sports ». Elle
est le plus souvent unique, rarement double, et regroupe une information centrale sur un
sport ou un club de l’élite, associée à des articles plus courts sur d’autres disciplines. Ainsi,
concernant la rubrique sports, il est d’autant plus important de sélectionner les informations,
ce qui entraîne le plus souvent une absence de sujets sur des disciplines elles-mêmes
« phares » de la région.
31
2. Les débuts, une ligne éditoriale évolutive
Le premier numéro du journal paraît le 3 mars 2005. Le format est identique à l’actuel,
un format tabloïd classique qui tranche avec le large format du quotidien régional, le
Républicain Lorrain. S’il cherche à se distinguer nettement du quotidien, la police et la mise
en page du titre rappelle sensiblement celles du Républicain Lorrain. Les caractères ont une
police quasi similaire, seulement moins larges. Un bandeau s’étend tout du long au-dessous,
avec la mention « Metz – Sillon mosellan ». Il est alors bleu, lorsque celui du quotidien est
rouge. Celui-ci est conservé tel que dans les six premiers numéros, avant de caractériser un
espace géographique élargi, avec la mention présente encore actuellement, « Metz –
Thionville – Moselle ». La rupture souhaitée ne se marque donc pas à travers une
différenciation notable de la présentation du titre du journal. Cela a pu dans un premier temps
entraîner un problème d’identification et de reconnaissance de l’hebdomadaire, par rapport
à la présence ancrée du quotidien. Le seul point qui tranche véritablement, c’est un triangle
rouge, marquant le point du « i » du mot « semaine », et symbolisant à la fois le fait de
prendre le temps tout en ayant la volonté de faire avancer les choses. Il renvoie notamment
à la touche « play » des lecteurs audios ou vidéos.
La une du premier numéro concerne le projet de « médipôle » régional en périphérie
de l’agglomération messine, reprenant alors un des leitmotive quant au lancement du journal,
à savoir, « l’intensité exceptionnelle de l’actualité et des projets essentiels dans la région
dans les mois et les années à venir », explique Jean-Pierre Jager dans l’éditorial de
lancement. Sous la photographie de une, sont mentionnés sous le titre « dossier », les
informations du cœur du journal, autour des problématiques et thématiques jugées
principales.
32
Les raisons essentielles du succès de l’émancipation de la presse hebdomadaire
régionale sont reprises. Toutefois, s’il existe une volonté d’apporter une tonalité différente
voire de donner un nouvel élan à la presse locale, il ne s’agit pas d’opposer les formes de
presse, mais de les considérer comme également capable d’être complémentaires en matière
d’informations. La pluralité médiatique doit être une des principales composantes de
l’information, quelle que soit l’échelle géographique concernée. Jean-Pierre Jager le
souligne, « c’est une garantie à la liberté de ton et d’analyse, et l’une des aspirations des
lecteurs ». La ligne éditoriale est donnée, la seule volonté de la Semaine étant de « contribuer
à une meilleure connaissance de l’ensemble des réalités et des débats de la région, hors des
cloisonnements et des habitudes ». Cloisonnement lié à un monopole éditorial et habitudes
de lecture et de ton, fondées sur l’absence jusqu’alors de pluralisme médiatique dans le
domaine de la presse écrite.
3. La composition du journal et son évolution
A l’origine, la Semaine se compose de cinq parties principales. La première concerne
ce qu’il est coutume d’appeler l’ouverture du journal. On y trouve notamment l’éditorial,
une page « événement », choisie par la rédaction et touchant à des thématiques diverses
(manifestation, exposition, témoignage, actualité nationale ou internationale impactant
également la région). Rapidement s’ajoute une page intitulée « tête à tête », avec l’interview
d’une personnalité locale, de la vie politique, économique ou culturelle. Cette rubrique
apparaît aujourd’hui sous le titre « mes bons plans ». Elle n’a plus la forme d’une interview
classique en version questions/réponses, mais à travers des propos recueillis, propose un
regard décalé et davantage subjectif. La rubrique courrier, où à l’origine une page entière
en début de journal était consacrée aux réactions, coups de cœur ou de griffe des lecteurs,
n’existe plus. Avec le développement du site web du journal, permettant de contacter
33
directement la direction ou chaque journaliste, il n’est plus apparu utile de faire figurer une
page « réactions » au sein même du journal.
Une seconde partie, la principale, intitulée « l’actu de la semaine », concernait
l’actualité de la région, en commençant par l’agglomération de Metz, puis Thionville et le
sillon mosellan, et au-delà, de la Moselle-Est aux frontières luxembourgeoises et allemandes.
Ces pages présentaient un ou deux articles sur la principale agglomération du territoire
concerné, de façon centrale, et proposaient en colonne, en bord de page, une actualité
« secondaire », ou en tous cas se rapportant à d’autres communes du même territoire.
Aujourd’hui, cette partie constitue toujours le cœur du journal et regroupe l’essentiel de
l’information. Si en nombre de pages, elle n’a pas évolué, elle est structurée plus lisiblement.
Ainsi, la rubrique « Metz en parle » concentre toutes les informations de l’agglomération,
puis une double-page sur Thionville et une sur la Moselle-Est, avec pour chacune un sujet
dit d’ouverture. Le découpage du territoire est moins marqué, le sillon mosellan étant
absorbé tantôt par les pages concernant Metz, tantôt par celles concernant Thionville, lorsque
les articles des anciennes pages « région » appartiennent désormais à un ensemble Moselle-
Est élargi. Surtout, l’information apparaît plus condensée, les colonnes ont disparu, les
articles qui tenaient pour la plupart un volume identique, ont laissé place à un article
d’ouverture plus large, complet et illustré. Une mise en page moins « géométrique » permet
de mettre en valeur davantage les articles « phares ». Mais c’est bien la redéfinition, partielle,
de la ligne éditoriale, avec des articles plus longs et fouillés, qui conditionnent le format
actuel du journal. Moins d’articles mais une analyse en profondeur des principaux.
L’objectif n’est pas de tout traiter, ni de tout mentionner, mais de permettre de mieux
comprendre et d’expliquer des sujets davantage transversaux.
La troisième partie, en pages centrales, était constituée d’un dossier qui faisait le point
sur un thème structurant de la vie lorraine, reprenant la une du journal. Il s’agissait d’une
34
analyse conséquente sur un projet, un sujet donnant matière à débat et mise en perspective,
complétée de témoignages et d’une infographie la plus pertinente possible. Le dossier n’est
plus présent dans chaque numéro. Il n’est plus considéré comme un impératif mais est décidé
en fonction uniquement de l’actualité ou être en lien avec une caractéristique saisonnière ou
événementielle. Il peut ainsi traiter de thèmes très divers, récemment la pratique du vélo
dans et autour de Metz ou la montée du FC Metz en Ligue 1. Si le journal ne comporte pas
une partie « dossier », celui-ci est remplacé par un portfolio, double page où prédomine très
largement la photographie. Là aussi les thématiques associées peuvent être très différentes,
citons par exemple dernièrement l’arrivée de nouveaux animaux au zoo d’Amnéville ou
l’inauguration du musée de 1870 à Gravelotte.
Une quatrième partie proposait un cahier « agenda », sélection des loisirs et des sorties
sur la région. Cette partie constitue aujourd’hui encore comme un quasi supplément au
journal. Enfin, la dernière partie concernait des pages « tendances », classées par thèmes, de
l’immobilier à l’automobile, du tourisme à la gastronomie, avec des conseils et des bons
plans. Cette dernière partie a aujourd’hui en grande partie disparue du fait notamment de
l’apparition des pages d’annonces légales.
Le journal a évolué. Fidèle à une ligne éditoriale clairement définie, la Semaine s’est
recentrée au sein de son espace géographique. A un découpage territorial marqué et quasi
institutionnel, rappelant celui des locales de la presse quotidienne régionale et ses secteurs
clairement identifiés, a laissé place un découpage simplifié et plus lisible. Le lecteur
s’identifie-t-il davantage sous cet angle ? Avec trois territoires plus globaux mais bien
déterminés, il est potentiellement plus aisé d’aller chercher l’information de tel ou tel secteur.
Reste que sur le fond, la volonté de centrer plus précisément l’actualité sur un sujet, celui en
ouverture, amène à délaisser toute une partie de l’information, de manière forcée compte
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tenu du format du journal, et volontaire par un recul et une analyse plus approfondis des
sujets traités.
VI. La Semaine et ses lecteurs
Le journal la Semaine n’a pas mené une étude approfondie auprès de ses lecteurs. Il a
en revanche profité de sa présence à la Foire Internationale de Metz en octobre 2013, pour
mener un projet d’étude et de marketing mené par des étudiants de l’ISFATES, à Metz.
Celui-ci avait pour but d’apporter une analyse la plus représentative possible du lectorat du
journal. Trois cent personnes, lectrices de l’hebdomadaire, ont été sondées.
1. Les forces et faiblesses
Une des questions portait sur ce qui était le plus apprécié au sein du journal. Pour la
très majorité des personnes interrogées, ce sont les sujets abordés et leurs thématiques qui
sont privilégiées. Les lecteurs trouvent dans le journal une information différente et un
traitement de l’actualité qui les incitent à lire le journal. La philosophie et l’orientation de
l’hebdomadaire sont mentionnées juste derrière un critère plus matériel, le format du journal.
Trois critères qui distinguent en tous cas très nettement l’hebdomadaire du quotidien
régional, le Républicain Lorrain. L’intérêt des lecteurs marque donc bien l’un des objectifs
premiers du journal, à savoir proposer un pluralisme dans l’information locale. Plus
spécifiquement au contenu du journal, en ce qui concerne les rubriques favorites, si les pages
concernant Metz et son agglomération sont plébiscitées, c’est logiquement du fait d’un
lectorat majoritairement concentré sur ce territoire. Viennent ensuite le guide des sorties, et
les pages « dossier ». Le guide est apprécié pour sa lisibilité par rapport à la même rubrique
dans la presse quotidienne. C’est en effet une rubrique bien distincte au sein du journal,
36
permettant de trouver aisément ce que l’on cherche. Quant aux pages « dossier », elles
confirment que le lecteur de la Semaine ne se soucie pas particulièrement de la longueur des
articles qui lui sont donnés à lire. Les lecteurs du journal privilégient le contenu informatif
et la qualité rédactionnelle.
A l’inverse, concernant les critiques formulées, celles-ci sont en lien direct avec le
contenu du journal. Ainsi, les pages « Sports » apparaissent comme celles d’information
étant les moins lues. Si la presse régionale est une place forte de l’information sportive
locale, les lecteurs de la Semaine s’en détournent souvent. Il est également reproché un fond
informatif parfois trop politique et une trop grande présence des principaux acteurs de la vie
politique locale. « Quels sont les projets et les défis au détriment de qui sont les hommes »,
définit un lecteur. Le caractère institutionnel de certains articles ne doit pas faire d’ombre à
l’action politique et économique sur le territoire, commentent plusieurs lecteurs. A cette
présence trop politique est associé un point de vue insuffisamment critique, qui ne donne pas
assez matière à réfléchir. C’est un fait, le journal ne fait pas dans la polémique. L’information
souveraine est l’analyse de l’actualité.
2. Les attentes
Finalement, ce qui revient en parallèle auprès des personnes interrogées, c’est le
manque de place accordé directement aux lecteurs, en ne donnant pas la possibilité de
s’exprimer. Il n’y a désormais plus de place dans le contenu pour le courrier des lecteurs,
page dédiée à l’origine aux commentaires tant sur l’actualité elle-même que sur le contenu
du journal. Les lecteurs aimeraient échanger à travers une rubrique similaire. La possibilité
de contacter la rédaction par le biais du site Internet n’est pas la priorité d’un lectorat qui
apprécie de pouvoir lire des points de vue différents et sortis de ceux de l’équipe du journal,
(si tant est que l’on puisse parler de points de vue). L’actualité, quelle que soit son échelle,
37
ne se réfère pas à un compte rendu aussi analytique soit-il, ni à l’apanage des rédacteurs,
peut-être davantage encore dans la presse régionale, du fait de la proximité accrue avec le
lecteur, et hebdomadaire, compte tenu de la périodicité élargie, permettant au lecteur une
analyse a posteriori et apportant un recul pertinent. D’une manière générale, une place plus
grande est attendue pour l’expression des lecteurs, sous la forme comme certains proposent,
d’un forum autour de questions/réponses entre lecteurs et membres de la rédaction.
Le lectorat attend du journal la capacité à dynamiser encore davantage son contenu.
Si certains souhaitent une place plus grande donnée aux articles sur les différents sites
touristiques et culturels de la région, d’autres attendent une rubrique liée à l’aspect
historique, aux rétrospectives sur Metz et son agglomération, sur l’histoire et le patrimoine
régional. D’autres aspirent à y trouver une ou plusieurs pages consacrées à des réflexions de
société, sur des thématiques allant au-delà de l’information régionale. Oui à l’actualité mais
oui aussi à toutes les composantes de l’information, y compris lorsqu’elles sont
intemporelles et extraites d’une organisation par secteur géographique.
Ce qu’il ressort spécifiquement des attentes des lecteurs, ce sont des rubriques qui
pour la plupart sont absentes du journal. Peu de critiques sont faites concernant le contenu
informatif tel qu’il existe et sur son développement. Les lecteurs sont satisfaits de manière
générale par ce qui leur donné à lire, ils y trouvent leur compte pour ce qui est du champ
d’information spécifique à la ligne éditoriale du journal. Satisfaits de l’orientation du journal
et lecteurs majoritairement très réguliers, ceux-ci souhaitent pour un certain nombre un
contenu plus fourni, au-delà de la l’information traditionnelle, qui tend parfois vers la presse
magazine. Le format du journal et la ligne définie ne permettent cependant pas d’inclure de
nouvelles rubriques qui prendraient le pas, parfois en volume, sur les sujets d’actualité.
38
3. Ce qui définit les ventes de la Semaine, cas d’étude sur les 4 premiers mois
de l’année 2014
L’importance des ventes d’un journal est conditionnée par plusieurs paramètres. Ici,
il ne s’agit pas d’analyser de manière détaillée ces différents facteurs qui devraient faire
l’objet d’une étude approfondie. Les chiffres de ventes de l’hebdomadaire sur les quatre
premiers mois de l’année 2014 permettent de distinguer les sujets qui contribuent à
augmenter le nombre de ventes, et dans le même à caractériser sur une période donnée, ce
qui prédomine au niveau de la une du journal.
En se concentrant sur les ventes au numéro, durant ce mois de janvier, les unes
concernent encore peu ou pas la campagne électorale des élections municipales. Toutes
concernent en revanche l’agglomération messine. Idem en février, pour une seule hors Metz
en mars et autant en avril. Janvier arrive en tête au niveau du nombre des ventes. Quelques
semaines après la mise en service du réseau Mettis, le dossier concernant la situation du
commerce a été la meilleure vente depuis le début de l’année. Curieux des transformations
et des nouveautés dans le secteur, les lecteurs ont été attirés par une thématique très présente,
au-delà de la presse, durant le mois précédent et les achats de Noel.
Arrivent ensuite le numéro de janvier concernant une thématique culturelle et les salles
de spectacle de l’agglomération messine, puis, en février la redéfinition et le réaménagement
d’un quartier de la ville. Les sujets messins sont très largement prédominants mais les ventes
sont à replacer également en fonction du nombre d’abonnements qui, dans le même temps,
a augmenté. En effet, le journal a étoffé son offre en proposant des abonnements de courte
durée. Parallèlement, de nombreux abonnements ont débuté après le projet marketing mené
en octobre 2013. Les différences restent peu importantes mais permettent de constater que
les ventes au numéro, si elles ont diminué au profit de nouveaux abonnés, n’ont pas permis
39
de capitaliser de nouveaux lecteurs. Ainsi, lorsque le premier numéro de janvier totalise plus
de 3200 ventes, abonnements compris, le dernier du mois d’avril totalise 2800 ventes pour
une différence d’environ 200 abonnés et une diminution de ventes au numéro de plus de 600
exemplaires. Au final, la gamme élargie d’abonnements a abouti à fidéliser environ un
acheteur sur huit, mais les ventes au numéro ont diminué davantage que le nombre
d’abonnements a augmenté.
Document 8. Ventes mensuelles du journal la Semaine sur les 4 premiers mois 2014 22
Janvier 2014
9-janv 16-janv 23-janv 31-janv
Janvier TOTAL
Une
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Metz
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1 Une 1 Une 1 Une 1 Une
N°455 N°456 N°457 N°458
Dépôt Metz 1420 1320 1200 1073 5013
Dépôt Amnéville 168 103 117 134 522
Dépôt Forbach 81 79 78 81 319
Relay Metz 97 136 104 103 440
Relay Thionville 25 9 22 8 64
Boulangeries 37 12 23 20 92
Total Ventes au N° 1828 1659 1544 1419 6450
Abonnés payants 1428 1439 1440 1439 5746
Total Abonnements 1428 1439 1440 1439 5746
22 Source : la Semaine
40
Février 2014
6-févr 13-fev 20-fev 27-fev
Fevrier TOTAL
Une
Nouvel hôpital
Robert
Schu
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Metz
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secours
1 Une 1 Une 1 Une 1 Une
N°459 N°460 N°461 N°462
Dépôt Metz 1077 978 957 1220 4232
Dépôt Amnéville 117 132 137 128 514
Dépôt Forbach 105 82 68 105 360
Relay Metz 100 99 137 99 435
Relay Thionville 5 8 12 13 38
Boulangeries 21 18 20 25 84
Total Ventes au N° 1425 1317 1331 1590 5663
Abonnés payants 1439 1424 1426 1402 5691
Total Abonnements 1439 1424 1426 1402 5691
Mars 2014
6-mars 13-mars 20-mars 27-mars
TOTAL
Une
A 3
1 : ê
tre e
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ente
nd
u !
Metz
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favoris
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Metz
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Gro
s ?
1 Une 1 Une 1 Une 1 Une
N°463 N°464 N°465 N°466
Dépôt Metz 986 969 1043 932 3930
Dépôt Amnéville 127 142 125 147 541
Dépôt Forbach 92 92 92 92 368
Relay Metz 112 108 104 137 461
Relay Thionville 16 12 15 7 50
Boulangeries 14 23 27 27 91
Total Ventes au N° 1347 1346 1406 1342 5441
Abonnés payants 1570 1575 1580 1521 6246
Total Abonnements 1570 1575 1580 1521 6246
41
Avril 2014
3-avr 10-avr 17-avr 24-avr 30-avr
Avril TOTAL
Une
Metz
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équip
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iste
1 Une 1 Une 1 Une 1 Une 1 Une
N°467 N°468 N°469 N°470 N°471
Dépôt Metz 1003 850 914 902 850 4519
Dépôt Amnéville 157 144 134 123 99 657
Dépôt Forbach 92 92 92 92 92 460
Relay Metz 99 109 100 78 89 475
Relay Thionville 14 26 14 8 14 76
Boulangeries 28 22 18 11 9 88
Total Ventes au N° 1393 1243 1272 1214 1153 6275
Abonnés payants 1618 1502 1600 1500 1650 7870
Total Abonnements 1618 1502 1600 1500 1650 7870
Document 9. Evolution de la diffusion France Payée de la Semaine sur 5 ans 23 (entre 2009 et 2013)
23 A partir des données de www.espacephr.fr
0
1000
2000
3000
4000
5000
1 2 3 4 5
42
De manière globale, les ventes du journal ont diminué entre 2010 et 2013. Si l’année
2010 marque une hausse, elle est due à la création de l’édition de Nancy du journal.
Toutefois, malgré désormais deux éditions locales, l’hebdomadaire perd des lecteurs.
Document 10. Répartition de la diffusion individuelle de la Semaine sur 2013 24
Répartition des canaux de diffusion de la Semaine sur 2013
24 Source : la Semaine
49%51%ventes
abonnements
65%
35%
ventes
abonnements
43
4. La Semaine personnifiée par ses lecteurs
Des questions plutôt d’inspiration créatives ont été posées. Il a été demandé
notamment de personnifier la Semaine. Pour la moitié des sondés, le journal a une orientation
masculine, constat vraisemblablement porté par la présence tout au long du journal du
directeur de la publication. Pour l’autre moitié des personnes interrogées, l’hebdomadaire a
une personnalité féminine. Au niveau du lectorat, la parité est sensiblement respectée avec
un pourcentage d’hommes et de femmes équivalent.
S’il s’agissait de donner un âge au journal, celui-ci serait de 38 ans selon un âge moyen
donné par les lecteurs. Un âge moyen inférieur à une large majorité de l’ensemble du lectorat,
car s’il concerne un public d’actifs, les lecteurs sont essentiellement des actifs en fin de
carrière professionnelle ou de jeunes retraités.
Enfin, une question consistait à définir une profession associée au journal. « Cadre »
a été l’une des principales réponses apportées, devant « Profession libérale » et
« Commercial ». Difficile d’extraire une analyse quant à ces associations. Les lecteurs
rapprochent-ils le journal de leur propre catégorie professionnelle, ou bien est-ce une réelle
tendance, correspondant à une orientation socio-professionnelle établie, d’un public qui
constitue la « cible » privilégiée par l’hebdomadaire.
En conclusion, parmi les forces qui caractérisent le journal la Semaine, ressortent
principalement l’indépendance et la neutralité, la connaissance et la maîtrise des sujets traités
et la proximité avec les lecteurs du point de vue de l’orientation et de la ligne éditoriale.
Concernant ce dernier point, il est évident que seuls les lecteurs intéressés par la philosophie
de l’hebdomadaire lui sont fidèles, et par conséquent s’identifient et ressentent une affinité
particulière pour le titre en question.
44
Quant aux faiblesses, elles concernent essentiellement l’absence de liens directs entre
les lecteurs et la rédaction avec, comme il a été dit, le manque d’une rubrique sous forme de
courrier des lecteurs. Au-delà, c’est le manque de promotion qui est pointé, avec une faible
image de marque, et un titre qui semble pour les lecteurs insuffisamment présents sur le
territoire, à côté du seul concurrent direct que constitue le quotidien régional, le Républicain
Lorrain.
45
Conclusion
Considérer la presse hebdomadaire régionale comme un élément moteur de
l’information locale est d’un évident intérêt, pour appréhender l’aspect hégémonique que
conserve aujourd’hui encore l’importance de l’actualité de proximité. Forte de ces territoires,
de son dynamisme, de son adaptabilité à son environnement et à son lectorat, elle maintient
un lien prépondérant avec ses lecteurs. La PHR est identifiée à des espaces clairement
délimités, facilitant la proximité qui est la sienne vis-à-vis de son lectorat.
Ancienne, préservée, elle a évolué avec son temps tout en conservant son identité
originelle. Le local, élément fondateur de son contenu, est encore aujourd’hui largement
privilégié des lecteurs. Présente sur tout le territoire, elle bénéficie de foyers plus
traditionnels, quand d’autres espaces l’ont développé plus tardivement. Réactive, elle est
surtout fidèle à une orientation clairement définie et des lignes éditoriales mettant en
perspective ses lecteurs et l’actualité qu’elle développe.
A l’origine composante essentiellement rurale, elle a peu suivi les bouleversements
démographiques en restant tournée vers un lectorat toutefois davantage rurbain aujourd’hui.
Cela lui a permis de demeurer aisément identifiable par ses lecteurs, quand d’autres formes
de presse ont pu s’éparpiller. L’exemple singulier du journal la Semaine correspond à cette
presse active. Ce titre récent s’est détourné de la forme traditionnelle des titres de PHR tout
en conservant les fonctions de cette presse. La presse régionale, dans sa forme
hebdomadaire, apparaît aujourd’hui, malgré la crise touchant la presse dans son ensemble,
comme capable non seulement de se maintenir mais d’être capable d’innover. Son principal
défi consiste désormais à dynamiser son mode de fonctionnement, à travers notamment les
versions numériques, en sachant rester fidèle aux attentes de ses lecteurs.
46
Bibliographie
EVENO Patrick
2010. La presse, PUF
MARTIN Marc
2002. La presse régionale, Fayard
TETU Jean-François
1995. « L’espace public local et ses médiations », Hermès, nº 17-18, CNRS Éditions, pp. 287-298.
Bussi Michel, Debeaurin Hélène, Freire-Diaz Sylviano
2001. « Presse locale et organisations territoriales : la presse hebdomadaire régionale », Annales
de géographie, vol. 110, nº 619 (mai-juin 2001), Paris : Armand Colin, pp. 284-302.
DESCAMPS Elise
Juin 2008. « La presse hebdomadaire régionale mal connue mais fidèlement lue », La Croix
LAUGIER Edouard
Mars 2013. « La force tranquille de la presse hebdomadaire régionale », lenouveleconomiste.fr
LE BOT Julien
Avril 2011. Yakwala, Fabrique de l’information hyperlocale, blog. Entretien avec Maelle Fouquenet
Projet d’étude et marketing des étudiants de l’ISFATES Metz, octobre 2013
www.audipresse.fr
www.csmpresse.fr
www.espacephr.fr
www.lamanchelibre.fr
www.ojd.com
47
La presse hebdomadaire régionale :
une presse de territoires, entre ligne éditoriale et lectorat.
Cas particulier du journal la Semaine Metz
Mots clés : presse hebdomadaire régionale, territoire, diffusion, rédaction, ligne
éditoriale, lectorat
Key words : local weeklies, territory, distribution, editorial staff, editorial line,
readership
Résumé
La presse hebdomadaire régionale est la première forme de presse écrite
d’informations en France. Avec 289 titres sur tout le territoire, c’est une presse de proximité
qui se maintient à un haut niveau malgré la crise traversée par la presse. Certains espaces ont
une plus grande tradition que d’autres mais le développement a été, et est globalement
homogène sur le territoire. Sa vitalité place ses titres d’information parmi les plus appréciés
des lecteurs. Elle se démarque de la presse quotidienne par une ligne éditoriale de proximité
immédiate, au sein d’espaces géographiques réduits. Certains titres ont développé un format
hebdomadaire différent, au niveau de l’orientation donnée au journal et donc en parallèle au
niveau du lectorat visé. C’est le cas de la Semaine Metz, récent et singulier hebdomadaire,
qui a choisi notamment de se priver d’un élément essentiel de la presse hebdomadaire
régionale, les faits divers. Un pari risqué mais abouti.
Abstract
The regional weekly press is the first shape of print media of information in France.
With 289 titles on all the territory, it is the press of nearness, that remains at a high level in
spite of the crisis crossed by the press. Some spaces have a bigger tradition than others, but
the development was, and is, globally homogeneous on the territory. Its vitality places its
newspapers among the most appreciated by the readers. It distances itself from the daily
press by an editorial line of immediate nearness, within reduced geographical spaces. Some
newspapers developed a different weekly size, at the level of the orientation given to the
newspapers and thus in parallel at the level of the aimed readership. It is the case of la
Semaine Metz, recent and singular weekly, that chose in particular to go without an essential
element of the regional weekly press, news items. A risky but accomplished bet.
48