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7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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Toronto
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7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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^VABlBUo^
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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LOGIQUE
DE
HEGEL
TOME
1
M
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
6/555
OUVRAGES DU
MEME AUTEUR
Problme
de
la
certitude,
1 vol. in-8.
Paris,
Germer Baillire
3
Platonis, ristotelis
et
Hegelii
de medio
termino
doctrina.
1
vol.
in-8.
Paris,
Germer
Baillire
1
50
Introduction
la
Philosophie
de Hegel,
deuxime
dition, 1 vol.
in-8.
Paris, Germer
Baillire 6
Essais
de philosophie
hglienne,
4 vol.
in-18. Paris, G.
Baillire. 2 50
Mlanges philosophiques,
1
vol. in-8.
Paris,
Germer
Baillire
5
Philosophie
de la
Nature de
Hegel,
traduite pour la
premire
fois,
et
accompagne
d'une
Introduction
et
d'un
Commentaire
perptuel,
3 vol. in-8. Paris, Germer
Baillire
2
Philosophie
de
l'Esprit de
Hegel, traduite
pour
la premire
fois, et
accompagne de deux Introductions
et d'un
Commentaire
perptuel,
2 vol.
in-8. Paris, Germer
Baillire
18
UHglianisme et la Philosophie,
1 vol. in-8.
Paris,
Germer
Bail-
lire;
Naples,
Detken
3
50
Inquiry
into Spculative and Exprimental
Science, 1 vol. in-8.
Londres,
Trbner
3
50
History
of
Religion
and
of
the Christian
Church,
by Bretschneider,
translated into
English.
Londres,
Trbner
6
La
Pena di
morte.
Naples,
De
Angelis
2
Amore e
Filosofia.
Milano, Daelli
2
Lezioni
sulla
Filosofia
dlia Storia, raccolte
c
publicate
da
RafTaele
Mariano.
Florence,
Lemonnier
U
Due Frammenti. Naples,
Detken
1
Prolusioni
alla Storia
dlia
Filosofia
(epoca
Socratica)
ed
alla
Filosofia
dlia
Storia. Naples,
Detken
2
//
Cavour,
e
libra
Chiesa in libero
Stato.
Naples,
Detken
3
Il
Problema
delV Assolulo
(parte prima),
1
vol. in-8.
Naples,
Detken.
3
Tout
rcemment
publi.
Strauss,
l'ancienne et la nouvelle
foi,
1 vol.
in-8.
Paris,
Germer
Baillire;
Naples,
Detken
6
Sous
presse.
Philosophie de
la
Religion de
Hegel,
traduite
pour la
premire
fois,
et
ac-
compagne
d'une
Introduction
et
d'un
Commentaire
perptuel.
Paris,
Germer
Baillire.
Introduction to
Spculative
Logic
and
Philosophy.
Saint-Louis,
Missouri,
U.-S.,
E. P.
Gray,
Saint-Louis
Book
and News
C.
Cavour,
et
la
libre
glise
dans
le
libre
tat
(traduit
de
l'italien).
Naples,
Detken.
PARI*.
IMPRIMERIE
K
F,.
MARTINET,
RUE
MIGNON.
2
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
7/555
LOGIQUE
DE
HEGEL
\
TRADUITE
POUR
LA
PREMIRE FOIS
ET
ACCOMPAGNE
D'UNE
INTRODUCTION
ET
D'UN
COMMENTAIRE
PERPTUEL
A.
VERA
Professeur
de
philosophie l'Universil
de Naples,
Ancien
professeur de
philosophie
l'Universit
de
France,
Docteur
es
lettres
de
la Facult
de
Paris,
EVXIKME
EDIflOA
Reiue
et corrige
TOME
PREMIER
S9%
PARIS
LIBRAIRIE
GERMER
BAILLIRE
17,
HUE
DE
L'COLE-DE-MDECINE.
1874
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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B
Mit
F7l/
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AVANT
-PROPOS
DE LA
DEUXIEME EDITION
Lorsque
je
publiai,
en
1859,
le
livre
dont
je
lais
pa-
ratre
aujourd'hui
la
deuxime
dition,
j'avais
hte
de
commencer m'acquitter
de
l'engagement
que
j'avais
pris dans
mon Introduction
la
Philosophie
de
Hegel
de
faire connatre cette
philosophie dans sa
source et
sous
sa
forme
originale.
C'est ce
qui m'engagea
d'abord
h prendre
pour
texte
de
la
Logique
ce
que
j'ai
appel
la
Petite
En-
cyclopdie
de Hegel, publie
par Rosenkranz,
et
qui
dif-
fre
de
la
Logique
de
la
Grande
Encyclopdie,
publie
par
Henning,
en ce
qu'elle
ne
contient pas,
comme
cette
dernire,
les
Zasi'Uz,
ces
appendices
qui
dveloppent
l'ide
fondamentale expose
sommairement
dans
les para-
VUA.
Logique de Hegel. I.
/>
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VI
AVANT-PROPOS.
graphes.
Il
y
avait
l,
il faut
le
dire,
une
lacune.
Et cette
lacune
je
la
fais
disparatre
dans
la
prsente
dition,
o
j'ajoute
textuellement ces
appendices. Je
dois,
en
outre,
avouer que des
inexactitudes s'taient
glisses dans l'in-
terprtation du
texte,
qu'il
y
avait
des
passages
o
la
pense
du texte
n'tait
pas
fidlement
rendue
,
et
d'autres
o
j'avais
cru
pouvoir
m'en
carter
pour
m'ac-
commoder
aux
exigences
de
la
langue,
ou
aux
habi-
tudes
intellectuelles
de mes
lecteurs prsums.
Toutes
ces
taches je
me
suis
appliqu
les
faire
disparatre dans
la
prsente
dition, en
soumettant
mon
travail
une
minu-
tieuse et
complte
rvision
;
de telle sorte
que
cette
di-
tion,
soit
par
les
additions
nombreuses
et
importantes
qu'elle
contient,
soit par la
scrupuleuse fidlit
avec
laquelle le texte
y
est
rendu,
est
une dition vraiment
nouvelle.
La
seule
partie
de
la
premire dition
laquelle
j'ai cru
ne devoir
rien changer
c'est
mon
Introduction.
C'est
qu'elle forme
un tout
auquel
il
m'a
sembl
que
je
ne pourrais
toucher
sans
troubler
l'harmonie
des
parties.
J'ai donc
pens
que
je
ferai mieux
de
placer ici
les
con-
sidrations
que j'ai trouv
convenable
d'y
ajouter.
Il
y
a, comme on pourra
le voir,
deux
points
que
je
me
suis surtout
attach
dmontrer
dans
cette
Introduc-
tion
:
le
premier
c'est
qu'on
ne
saurait
concevoir
que
deux
Logiques,
l'ancienne
Logique, connue sous le nom de
Logique d'Aristote,
ou
bien
de
Logique
formelle et
sub-
jective,
et
la
Logique
hglienne;
le second
c'est que^
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AVANT-PKOPOS.
VU
considre
en
elle-mme
(1),
l'ancienne
Logique
est
non-
seulement
insuffisante,
mais
fausse,
et
que
par
suite
la
Logique
vritable,
ou,
pour
mieux dire,
la
seule
Logique
vritable,
est
la
Logique
telle
qu'elle
a
t conue
et
tra-
ce
dans ses
traits
fondamentaux
et
essentiels par Hegel.
Ces
points,
je
crois
les
avoir
tablis
de
faon ne pas
laisser
de
doute
dans
l'esprit
de
celui
qui
voudra
y
donner
srieusement son attention
.
Mais
il
y
a
d'autres Logiques qui
ont
paru
dans
ces
derniers
temps, et
parmi
ces
Logiques il
en
est une
qu'on
dirait imagine
tout
exprs par son auteur
pour
recueillir
l'hritage hglien,
et
le
recueillir
en
rejetant la Logique
de
Hegel dans
l'ombre
et en
s'
tablissant
sur ses
ruines.
C'est
des
Recherches
logiques
(Logischen
Untersuchungen)
de Trendelenburg
que
je
veux parler. Et
c'est sur ce
livre
que
je
me
bornerai
ici
prsenter
quelques observations,
les
autres
Logiques,
telles
que
la
Logique
de
M.
Mill, par
exemple, n'ayant
pas,
mon
avis,
une importance
s-
rieuse
et
vraiment
scientifique
(2).
(1)
Je
dis considre en
elle-mme,
car on
retrouve
bien
l'ancienne
Logique
dans
la
Logique
hglienne,
mais
on
l'y
retrouve
comme
un
moment
subor-
donn,
comme une Logique transforme
qui
a
reu
une
nouvelle et
plus
haute
signification,
une nouvelle
et
plus haute
fonction dans la
Logique
hglienne
elle-mme.
(2)
Qu'est-ce que la
Logique de M.
Mill?
Est-elle
une Logique formelle,
ou
bien
une Logique
objective,
ou
comme
on voudra
l'appeler? Ou bien
encore,
est-elle
une Logique
quelconque? Or,
je
dis que
la
seule
rponse
qu'on
puisse
faire
ces
questions,
c'est
qu'elle est
un amas
confus,
indigeste et
superficiel
de
toutes
les
sphres
de la
connaissance., ce
qui veut
dire
qu'elle
est
le
contraire
de
ce
qu'elle prtend,
et de ce
qu'elle
doit
tre.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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VIII
AVANT-lMIOl'OS.
Et qu'il nie
soit
d'abord permis
de
rappeler
que
je
me
suis
dj
occup
de
cette
uvre
de
Trendelenburg
dans
la
Prface
de
la deuxime
dition
de
mon Introduction
la
Philosophie
de Hegel,
o je me
flatte
d'avoir dmontr
qu'elle
est,
je
ne
dirai
mme
pas une
imitation
et
une
reproduction,
mais
une
falsification
de
la
Logique
de
Hegel.
C'est
cette
dmonstration
que
je
me
propose de
complter
ici.
On
sait,
ou du
moins
ceux
qui
ne sont pas trangers
aux
travaux
de
la philosophie
allemande
savent
que
Tren-
delenburg,
aprs
avoir
adopt la
signification
et
la
forme
objectives et
absolues
de
la Logique
de
Hegel,
a
cru
pou-
voir
se
permettre
de
remplacer la
premire
triade hg-
lienne
(premire, bien
entendu,
dans
l'ordre
de
l'abstrac-
tion),
c'est--dire
Y tre,
le
non-tre
et
le
devenir,
par
une
autre
triade,
l'tre, la
pense
et le
mouvement.
La
premire
question
qui
s'offre naturellement
l'esprit
en
prsence
de cette
triade
est
celle-ci
: qu'est
devenu
le
non-tre dans
cette
dialectique,
et
comment la
pense
et
le
mouvement,
et
par suite tout le reste
ont-ils
pu
se
produire
sans
le non-tre? Car
il
est
vident
que
pour
aller
en
avant le
non-tre
est
tout
aussi
ncessaire,
plus
ncessaire
mme que
l'tre.
Mais
que
le
lecteur se
ras-
sure,
le
non-tre
n'est pas perdu,
et
il
paratra
en
temps
et
lieu.
Seulement
il
ne
fera
pas
son entre par
la
grande
porte,
mais par
une porte
drobe
et
sous
un
faux
dguisement.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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AVANT-PROPOS,
Aprs
avoir
expos dans
la
premire
partie
de
ses
Re-
cherches
logiques
un
certain
nombre
de
catgories,
Tren-
delenburg
semble
s'tre
aperu
que
toutes
ces
catgories
n'auraient
pu
tre et
se
dvelopper
sans
l'intervention
d'une
certaine
autre
catgorie.
Et
quelle est
cette
cat-
gorie?
coutons
l'auteur.
Nous
avons
expos, dit-il
(1),
dans
ce
qui
prcde
les
notions
fondamentales
(catgories)
actives
(2).
Mais avec
ces
catgories
travaillaient
silen-
cieusement
{stillsckweigend)
une
autre
catgorie
qu'on
doit
maintenant
considrer
dans
ce
travail
de
coopration
{in
dieser
Mitwirkung).
Cette
catgorie
est
la ngation
(Verneimtng).
Ainsi la
ngation vient se
placer ici
la suite
d'autres
catgories.
Et
qu'a-t-elle
fait
jusqu'ici?
Elle a
travaill
silencieusement.
Sommes-nous
dans
la
sphre
de
la Lo-
gique ou
dans
les
espaces
imaginaires?
11 faut
dire,
en
effet,
que ce
travail silencieux
de
la
catgorie
n'est
pas son
travail, mais
un
travail qui n'existe que
clans
l'imagina-
(1)
2
e
par.
Verneinung.
Le
chapitre
qui
a pour titre Ngation
est
plac
entre
les
deux
grandes classes
des
catgories que Trendelenburg
dsigne
par
le
nom
de
relles
et
modales.
Quaut
au
passage
de
ces
catgories
la
notion
de
la
ngation,
il
s'en tire
avec celle
simple remarque
:
Nous
avons
marqu
dans ce qui
prcde les
catgories fondamentales
actives.
Avec
ces
catgories
travaillait silencieusement une notion que nous devons
considrer
dans
ce
travail
de coopration. Cette
notion est
la
ngation.
En
vrit,
on ne
saurait
y
mettre
plus
de
sans-faon. Mais le sans-faon, on le sait,
cache
souvent
les
positions dsespres.
(2)
Elles
sont
logiquement
actives
en ce
sens que,
suivant
l'auteur, elles
sont
un
dveloppement
du
mouvement.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
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X
AVANT-PKOPOS.
tion
de l'auteur.
Car
voici
comment,
suivant
i'auteur, se
ferait
ce
travail.
Pendant,
dit-il,
que
le
mouvement
en-
gendrait
des
formations
(Gebild)
dtermines, et d'abord
des figures
(Figuren)
et
des
nombres,
apparaissait
dans
cette
uvre
(in
dieser
Tha) un
moment
ngatif.
Il
n'y
a
pas de
figure
sans
point
d'arrt
(Hemmung)
dans
le
mouvement
gnrateur.
Les
units des
nombres
sont
poses
comme se
distinguant
les
unes
des
autres. Chacune
d'elles est
l'uvre
d'une
activit
qui
les
rassemble
et
les
spare tout ensemble
(1).
Lorsque
des produits dtermi-
ns sortent
(2)
du
mouvement
universel,
lorsque de cette
action et de ses
produits
naissent
les catgories,
la dter-
mination
apparat
comme
une
limitation,
et
la
limitation
comme
une ngation.
Chaque
dtermination
de
soi
im-
plique
la
ngation
de
ce
qui n'est pas soi. C'est
ainsi
que
la
ngation
opre
comme
lment
de
la
chose, non
comme
lment
originaire
(3),
mais
comme
une
consquence
;
non
comme but,
mais
comme
moyen
;
elle opre dans un
terme
positif, mais
non
comme
un
lment qui subsiste
par lui-mme
().
Voil
ce
que
nous
dit Trendelenburg.
Or
nous
disons
notre
tour :
autant
de
mots,
autant
de
condamnations
de
sa thorie. Et,
d'abord,
y
a-t-il rien
de
(1)
Einer
Zusammenfassenden
und
zugleich
ausschliessenden
Thtigkeit.
(2)
Sich
ausscheiden
:
se
dtachent.
(3)
Ursprngliches.
(4)
Ein
Selbststilndiges
fiir
sich.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
15/555
AVANT-PROPOS.
XI
plus
trange
que
de
venir
nous
dire
:
Voici
une
catgorie
sans
laquelle
rien
ne
serait
sorti
du
mouvement,
mais
qui, pendant
qu'avec
son
concours
le mouvement
en
se
dterminant engendre d'autres
catgories,
telles
que le
nombre et ses
diffrentes
units,
se tenait,
de
son
ct,
l'cart,
et
ne
travaillait
qu'en
secret
? Y a-t-il,
le de-
mandons-nous encore, rien
de
plus trange?
Car
il
ne
faut
pas
un grand effort
pour voir
que dans
le
dveloppement
des
catgories, cette
catgorie
intervient
tout
aussi
direc-
tement, elle travaille d'une
faon tout aussi
ostensible
et
aussi active,
et
parle
tout
aussi
haut,
plus
haut mme,
que
le mouvement
lui-mme,
puisque sans
elle on
n'au-
rait qu'un mouvement
indtermin, si
toutefois
on a
le
mouvement.
Mais
pourquoi Trendelenburg
introduit-il
ici,
d'une
faon
aussi
arbitraire et
singulire
cette cat-
gorie,
et pourquoi, tout en
faisant
croire
que
c'est
ici
qu'elle
parat,
est-il cependant
oblig de la
faire inter-
venir avant,
bien
qu'il la
fasse intervenir
comme
un
ac-
teur muet?
C'est
que
cette
catgorie est
ni plus
ni moins
le
non-tre.
Et
voyez
l'habilet
de
notre auteur.
Trendel-
enburg,
on
le
sait,
ne
veut
pas
du
non-tre;
il
ne
veut
ni
le
nom
ni
la chose.
Or c'est
prcisment
pour
cette
raison
qu'il
appelle
ngation
ce
qui
en
ralit
n'est
rien
autre chose
que
le
non-tre.
Et pourquoi ne veut-il pas
du
non-tre?
C'est
que,
s'il
avait admis le non-tre, il
aurait
fallu
le
placer
ct
de
l'tre, et
par
l
tout
son
chafau-
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
16/555
XII
AVANT-PROPOS.
dage
logique se serait croul.
Mais comme
la vrit
est
plus
forte
que
l'habilet,
il
a
bien
fallu
avoir
recours
l'lment
ngatif,
lment qui
dans
sa
plus
haute
abstrac-
tion
est
prcisment
le
non-tre. Trendelenburg fait
donc
intervenir
le
non-tre. Mais,
au
lieu
de
l'appeler non-
tre,
il
l'appelle
ngation
;
au
lieu de le placer l
o
il
faut
le
placer,
c'est--dire
comme
le
contraire
de
l'tre,
il
le
fait
venir,
on
ne sait
pourquoi,
la
suite d'une
srie
de
catgories,
qui
le
prsupposent
et
qui
ne
sauraient
tre
sans
son
concours.
Que
signifie
aprs
cela
ce
travail si-
lencieux
et
passif
queTrendelenburg
attribue
la
ngation
et qui
commencerait
la suite du mouvement, par la
raison, dit-il,
que
le
mouvement
a
besoin
de
points d'ar-
rt,
c'est--dire
de
se
dterminer?
Car,
d'abord,
il
n'est
point exact
que la
ngation
intervienne,
silencieusement
ou haute
voix,
la
suite
du
mouvement.
Le
mouve-
ment
n'est
lui-mme
le
mouvement
que
parce
qu'il
n'est
ni
l'tre
ni
la
pense
(les
deux
autres
termes
de
la
triade
Trendelenburgienne),
ce
qui
veut
dire
qu'il
prsuppose
le
non-tre. Et non-seulement le
mouvement, mais la
pense
elle-mme
prsuppose
le
non-tre,
puisqu'elle
n'est
la
pense qu'en
n'tant pas ce
qu'est l'tre. Et
maintenant
comment
peut-on
dire
que
ce non-tre,
sans
lequel
le
mouvement et
la
pense ne
seraient pas,
et
l'aide
duquel
ils
se
dterminent,
est
un lment
passif,
et
qu'il
n'est
pas
un
lment
originaire?
Sans
doute,
le
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
17/555
AVANT-PROPOS.
XIII
non-tre est
un
lment
passif
et
driv
relativement
des
dterminations
plus
hautes,
comme
la
matire,
en
tant que
matire,
est
passive
relativement
aux sphres
plus
concrtes
de
la nature.
C'est
l
un
point
lmentaire.
Mais
le non-tre
ou,
si l'on
veut,
la
ngation
n'est
point
passive
et
drive
dans
le
sens
o
il
faudrait
l'entendre
suivant
Trendelenburg,
c'est--dire
dans
le
sens
que
le
non-tre
serait
moins actif,
moins essentiel
et
moins
originaire
que
l'tre.
L'tre
et
le non-tre sont
tout
aussi
actifs et tout aussi
passifs l'un
que l'autre. Ils sont
tout
aussi
passifs,
en
ce
que
l'tre abstrait
et
indtermin,
ou l'tre en
tant
que
tre,
ne vaut
pas
plus
que
le
non-
tre
galement
abstrait
et
indtermin,
ou le
non-tre
en
tant que non-tre.
Ils
sont
tout
aussi
actifs,
en ce
qu'ils
entrent tous
les
deux et
au
mme titre dans
la
constitu-
tion
et le dveloppement des
termes plus
concrets,
tels
que le mouvement
ou
la
pense.
Le
mouvement
n'est
pas
le
mouvement seulement par
l'tre,
et
parce
qu'il
con-
tient l'tre,
mais
aussi
par le non-tre, et
parce que
le
non-tre nie
l'tre,
et en niant l'tre
rend possible
le
mouvement.
En
d'autres termes, le
mouvement
est, et est
le
mouvement tout
aussi
bien par
le
non-tre
que
par
l'tre,
et
parce
qu'il les contient
tous les
deux,
et
qu'en
les contenant
tous les
deux
il fait
leur
unit.
Ainsi
cette
passivit
et ce
travail
silencieux
et
subor-
donn
de
la
ngation
n'ont
pas
de
sens.
Ils
n'ont
pas
plus
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
18/555
XIV
AVANT-PROPOS.
de sens, ils
ne sont
pas
plus fonds en raison que la n-
gation
elle-mme,
telle
que
la
conoit
Trendelenburg,
et
cette
triade
qu'il
substitue
la
triade
hglienne,
et
sur
laquelle
il
se flatte d'lever
l'chafaudage de
sa Logique.
Napies,
31
octobre 1872.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
19/555
AVERTISSEMENT
(DE
LA
PREMIERE DITION)
En
publiant la
logique
de
Hegel,
je
viens aujourd'hui
remplir l'engagement
que
j'ai
pris,
il
y
a quatre ans,
vis-
-vis des
amis
de la
philosophie
en
gnral,
et
de la
philo-
sophie
hglienne
en particulier. La
logique,
on le sait, ne
forme
qu'une partie
du
systme
de
Hegel,
mais
elle en
forme
la
partie
la
plus
importante en
ce
sens
qu'elle fournit
la
clef
de
tout le
systme.
La
Philosophie
de la
Nature
et
la
Philosophie
de l'Esprit
supposent
la logique, et il
est
indispensable,
avant
de
les
aborder,
que
la
pense
se
fami-
liarise
avec
l'ide
et
la dmonstration
logiques, et
qu'elle
en
saisisse
le
sens et
la porte.
Il
tait
donc
naturel
de
commencer
parla
logique.
Mais
les
deux
autres
parties
du
systme
suivront,
je
l'espre,
de
prs
la
logique.
Ayant
expos
et
discut
dans
mon
Introduction
la
Philosophie
de
Hegel
les
principes fondamentaux de
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
20/555
XVI
AVERTISSEMENT.
cette
philosophie,
et
y
ayant
prsent l'ensemble
du
sys-
tme,
j'aurais
pu
me
borner
donner
la
simple
tra-
duction
de
chacune
des
parties qui
le
composent,
en
l'accompagnant
d'un commentaire.
Mais
en
examinant
la
chose
de
plus
prs,
j'ai
vu qu'une
introduction
spciale
et
se
rapportant
directement
chacune de
ces
parties
tait
indispensable
,
ou
que du
moins
elle
rendrait
mon
travail
plus complet.
J'ai
donc
fait
pr-
cder
la
logique,
et
l'introduction
gnrale
que
Hegel
a
mise
en
tte
de
son
Encyclopdie d'une introduction,
dans
laquelle,
d'une part,
je
me suis
appliqu faire res-
sortir
les
lacunes,
l'impuissance
et
les
erreurs de
l'ancienne
logique,
et,
d'autre
part, j'ai
examin
et discut certains
points
essentiels,
certains
principes
fondamentaux
qui
doivent
faciliter
au
lecteur
l'intelligence
del
logique
hg-
lienne.
Quant
cette logique,
je
la donne telle que je
l'ai
promise
dans
mon Introduction la
philosophie de
Hegel,
c'est--dire
je
donne
la
traduction
littrale
de
la
logique,
telle
qu'elle
se
trouve
dans
ce
que
j'ai
appel
h
petite
En-
cyclopdie.
Quelques explications
sont
ncessaires
pour
faire
comprendre
au lecteur h
nature
du
travail
qu'il
a
devant
lui.
Hegel
a
publi
trois
logiques.
Il
a
d'abord
publi
sa
logique
en deux volumes,
dont les
deux
premires
parties, savoir
:
la
Science de
l'Etre et
la
Science de
l'Es-
sence,
parurent
en
1812,
et
la
troisime
partie,
la Science
de
la
Notion,
parut
en
1816.
C'est ce
que
j'ai appel
la
Grande
Logique,
parce
qu'elle
contient
les
thories
et
les
dductions
hgliennes avec
tous
leurs
dveloppements
et
leurs dtails,
et
dans
toute
leur
rigueur.
Un
an
plus
tard,
c'est--dire
en
1817,
Hegel
publia
une
premire
esquisse
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
21/555
AVERTISSEMENT.
XVI
1
de
son
systme,
ou
la
premire
dition
de
son
Encyclopdie.
C'est
ce
que
j'ai
appel
la
petite
Encyclopdie.
Dans
cette
esquisse,
la
logique
ainsi
que
les
autres parties du
systme
se
trouvent
rduites une
suite de
thses, ou propositions
sommaires, dans
lesquelles Hegel
a
rsum
et
condens
ses
thories et
ses
dductions.
C'tait,
du
reste, une espce de
manuel
qu'il
destinait plutt ses disciples
qu'au
public,
et
qu'il
dveloppait
et
compltait soit par
les
explications
donnes
du
haut
de
sa
chaire,
soit
par
la
publication
d'au-
tres
grands ouvrages,
tels
que
la
Philosophie
du
Droit,
la
Philosophie
de
la Religion,
etc.
Mais
il
comprit bientt
qu'un
tel
livre
tait lettre close, non-seulement
pour
les
non
initis,
mais
pour
les
initis
et
ses
disciples
eux-mmes,
et
que
sa
pense,
dj
fort
difficile
saisir,
lorsqu'elle
tait
prsente
avec tous ses dveloppements, devenait
inacces-
sible
lorsqu'elle tait
condense
dans
quelques
propositions,
et
enveloppe dans
des formes
qui
sortent
des habitudes
ordinaires
du langage.
C'est
alors
qu'il publia
(18*27)
une
seconde dition
de
son Encyclopdie
(1)
dans
laquelle
il
ajouta une sorte de
commentaire
sous
forme
de
corol-
laires [Zusatze)
qui
suivent la proposition
principale,
l'expliquent
et
la
dveloppent,
mais
qui
ne
reproduisent
pas
la dmonstration
directe et
rigoureuse,
et
ne
con-
(1)
Je
dis
une
seconde
dition
de
l'Encyclopdie,
mais il
serait
plus
exact
de
dire une
seconde
dition
de
la
Logique de
l'Encyclopdie.
Car
les
deux
autres parties
de
la
grande
Encyclopdie n'ont paru
qu'aprs
la mort
de
Hegel
dans
l'dition complte
de
ses
uvres
qui
a
t
publie par
le soin
de
ses
disciples et
de
ses
amis.
La
Philosophie de
la
Nature
a
t
dite
par
Michelet,,
et
la
Philosophie de
l'Esprit
par
Boumann.
Et
ces
deux ouvrages
ont t
rdigs
sur les
manuscrits de
Hegel, et
sur
les
cahiers
de
ceux d'entre
sei
disciples
qui
avaient
suivi
rgulirement
ses
cours.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
22/555
XVlll
AVERTISSEMENT.
tiennent
que
des considrations
exotriques,
on des
appli-
cations
et
des
exemples.
C'est
cette
Encyclopdie
que
j'ai
appele la
Grande Encyclopdie. Plac,
dans
le choix
que
j'avais
faire,
en
prsence de
ces trois logiques,
c'est
pour
la
logique
de
la petite Encyclopdie
que je
me suis
dcid.
Voici
les
raisons
qui m'y ont
engag.
Et d'abord une
tra-
duction
littrale
de
la logique
de
la
Grande Encyclopdie
et
t
insuffisante,
et
cela
par
la raison
que
je
viens d'in-
diquer
;
parla
raison, veux-je
dire,
que
le
commentaire
qui
l'accompagne ne
contient
que des
considrations
ext-
rieures
et
qui ne
font
pas
suffisamment entrer
dans
la
vraie
signification,
et dans
l'enchanement de
la
dduction hg-
lienne.
D'un
autre
ct, je
ne
pouvais pas
non
plus
songer
donner
une
traduclion
de
la Grande
Logique.
Car,
d'abord, la
Grande
Logique ne
rentrait
pas dans
le
cadre
de
ma
publication, puisque
c'est
Y
Encyclopdie
que
je
me
suis
propos
de
publier.
Ensuite,
une
traduction
de
la
Grande
Logique
offre
de
nombreuses
difficults, et
des
difficults
qui,
si
elles ne sont pas
insurmontables, sont
cependant
telles
que pour
moi
j'ai
cru devoir en quelque
sorte
les
tourner
plutt
quede
les aborder
de
front.
J'estime
que la
Grande
Logique,
qui
forme
deux
volumes
compac-
tes
dans
l'dition
de Berlin, ne
peut
tre rendue
littrale-
ment
intelligible
que
par
des
notes
perptuelles,
qui
la
porteraient
dj
trois
volumes
au
moins.
Mais
ce
commen-
taire ne
contiendrait
que
l'annotation
purement
littrale
de
l'ouvrage
;
car
il
y
a des
parties pour
lesquelles
il serait
insuffisant.
Par exemple,
il
y
a des
recherches
critiques
sur
le
calcul
infinitsimal,
sur
les
thories
chimiques
de
Berthollet
et
de
Berzlius,
sur le
mouvement des
corps
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
23/555
AVERTISSEMENT.
XIX
clestes,
etc.
;
recherches
o
Hegel
l'ait
l'application
de
ses
thories
logiques,
et
qui
exigent
un
travail
tout
fait
sp-
cial.
Ce sont
l
les
raisons
qui
ont du
me
faire
carter la
Grande
Logique
. Et cependant
la
Grande
Logique
est
la
vraie
logique,
et
ce
n'est que
dans
elle qu'on
peut saisir
la
pense
hglienne. Pour
concilier
ces
difficults,
voici
le
plan
que j'ai adopt.
J'ai,
ainsi que
je
viens
de
le
dire,
traduit
la
logique
de
la Petite Encyclopdie
,
en
y
ajoutant
un
commentaire.
Dans
ce
commentaire, j'ai
runi,
autant
qu'il
m'a
t
possible
de
le
faire,
outre
mes
propres
expli-
cations,
la
Grande
Logique,
et
la
logique
de
la
Grande
Encyclopdie,
soit
en cilant
textuellement
des
passages
tirs
de
toutes
les
deux,
soit
en
rsumant
dans
des
notes
plus
ou moins
tendues les dmonstrations
de
la
Grande
Logique,
Par
l,
le
lecteur
se
trouvera
dans
une
certaine
mesure
en
possession
des trois
logiques. Sans
doute,
il
n'aura
pas
la
Grande
Logique
avec ses
dductions
rigou-
reuses,
avec
ses riches
dveloppements et
ses profondes
applications,
mais
il
en
aura
les
grands
traits
et les
dduc-
tions
essentielles
;
et
quant aux
dtails,
je
crois qu'il
y
en
a
suffisamment
pour
celui qui
voudra
donner
quelque
atten-
tion
ce
travail,
et qui
possde
l'ducation
philosophique
ncessaire
pour
aborder
srieusement
et utilement
de telles
questions.
Encore
un
mot sur
la traduction
. Hegel,
on
le
sait,
a
son
vocabulaire,
ses
formes et
son
langage
.
C'est naturel
:
toute
pense
originale
et
profonde
se
cre
son expression.
Ce
n'est
pas qu'il
ne
sache
employer
au
besoin
le
langage
ordinaire
Quand
il
le
faut,
et
l
o
le
sujet
le
comporte,
ou
lorsqu'il
veut
donner sa pense
une
forme
populaire
ou
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
24/555
XX
AVEBTISSEMNT.
moins
strictement
scientifique,
il
sait
tre
simple
et
naturel,
pour
me
servir
des
expressions consacres,
et
s'lever
jusqu'
l'loquence.
Mais la
logique,
la
logique
hglienne
surtout, n'admet pas
de
ces
tempraments
;
je
veux
dire
qu'elle
n'admet
que le
langage
abstrait
et
svre
de
la
science.
Le devoir
d'un
traducteur,
surtout
lorsqu'il
s'agit
d'une
uvre
scientifique,
est
de
reproduire
aussi
fidlement
qu'il
le peut la pense
de
l'original,
et de
subordonner
les
exigences locales
et
finies
du
langage
aux
exigences
uni-
verselles et
absolues
de
la
pense. C'est l
la
rgle que
j'ai
suivie
dans la
traduction,
ainsi
que dans
les
notes et
l'intro-
duction,
bien que moins
strictement
dans
ces
dernires.
Aussi,
tout
en
essayant
de
rester
dans
les
formes
ordinaires
et convenues du langage, n'ai-jc
pas
hsit
adopter
l'ex-
pression
hglienne,
ou
en inventer
une
nouvelle,
lors-
que
je
n'en
ai
pas trouv dans la langue
qui pt
rendre
la
pense
du texte, ou
ma
propre
pense.
Paris,
29
aut
1859.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
25/555
INTRODUCTION
DU
TRADUCTEUR
CHAPITRE
PREMIER:
REMARQUES PRELIMINAIRES.
Qu'il
y
ait
une science
appele logique, c'est
ce
qui
est
gnralement admis;
et
qu'une
telle
science
soit
des
plus
importantes
non-seulement
pour l'investigation
spculative,
mais pour
la
vie
pratique elle-mme, c'est
aussi
un
point
sur lequel
tous
les
hommes
paraissent
s'accorder.
Car,
bien
que
dans la
vie
pratique nous
soyons
le
plus souvent
guids
par
l'opinion,
par
l'intrt, par
la
passion
et
le
caprice,
il
n'est cependant
aucun
de nous
qui
ne
dsire
fortifier
et
dvelopper ses
facults
logiques,
la
facult
de
rai-
sonner,
comme
on
l'appelle
ordinairement,
soit
pour
les
appliquer
l'objet
particulier
de
notre
activit,
soit
pour
triompher
des
adversaires
que
chacun
rencontre
dans
sa
carrire.
C'est
l
ce
qui
fait
que
la
logique
est
avec
les
VRA.
Logique
de
Hegel.
I.
1
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
26/555
CHAPITRE
mathmatiques
la
plus
populaire des
sciences
abstraites.
Car
chacun
sent,
en
quelque
sorte,
par
instinct,
que pour
bien agir il faut
bien penser,
et
que,
par
consquent,
la
science
qui
tudie
les
lois de
la
pense
mrite
l'attention
de
out
tre raisonnable.
Et comme
il n'y
a
ni
science,
ni
art,
ni
occupation
pratique qui ne soit
fonde
sur
la
pense,
et
qui
n'exige
l'exercice
normal
des
facults logiques, on
en
conclut
naturellement que
la
logique est une science
qui
embrasse
dans son
domaine
le champ entier de
l'intelli-
gence et de
l'activit humaines.
Mais
si
la logique,
lorsqu'on
la
considre
abstractive-
ment,
occupe
un
rang
si
lev dans
l'opinion
commune,
elle
est
loin,
il
faut
bien
le
dire, de
rpondre
l'attente
gnrale
et
de
tenir
ce qu'elle promet, lorsqu'on la
consi-
dre
dans sa
forme
actuelle,
et
telle qu'elle
est
expose
dans
les
livres
ou enseigne
dans
les
coles.
Et c'est
l
ce
qui
explique pourquoi,
tandis
que les
mathmatiques
ont
vu
augmenter
le
nombre
de
leurs sectateurs,
et
s'agrandir
le
champ de
leurs
recherches
et
de leurs
applications,
la
logique s'est vue
de plus en
plus nglige
et
dlaisse.
L'on
peut
mme
dire
que,
si
elle
est
toujours
enseigne
dans
les
coles,
il
faut
plutt
l'attribuer
aux traditions
de
l'enseignement
scolaire
qu'
un dsir srieux
de
l'ap-
prendre
;
et
cela malgr
son importance
relle
et
avoue
non-seulement
par
rapport
la
connaissance en gnral,
mais
par
rapport
aux
mathmatiques
elles-mmes,
puisque
la
connaissance
mathmatique
suppose
l'existence et
l'ap-
plication
des
lois
logiques.
C'est
que
cette science qui
a
pour
objet de
rgler
et
de
fortifier
les
facults
naturelles de
l'esprit,
telle
qu'elle
est
maintenant
constitue;
semble
plutt
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
27/555
REMARQUES PRLIMINA1KES.
3
faite
pour les garer et
les
vicier;
car,
ses
thories
ne
nous
offrent
qu'un
assemblage
de
formules
vides,
de
rgles
arbitraires
et de
mthodes
artificielles
qui
ne sont
d'accord
ni
avec
elles-mmes, ni
avec
les choses auxquelles on
les
applique.
Et
ce
n'est
que par suite
d'un
faux
enseignement
et
de
fausses habitudes
intellectuelles,
et
qu'en pervertis-
sant ou en
mutilant les faits qu'on
est
amen
penser que
la
ralit
concrte,
les
choses
de
la
nature
et
de l'esprit,
sont
perues
et
connues
par
nous
conformment
aux
lois
traces
par
la
logique.
On a,
la vrit, depuis
longtemps
compris
ce
qu'il
y
a
d'insuffisant
dans l'ancienne logique, et plusieurs
tentatives
ont
t
faites,
depuis
Ramus,
pour
reconstruire
cette
science
sur des
bases
nouvelles.
Mais
je
n'hsite
point
affirmer
que toutes
ces
tentatives
ont
chou,
et qu'elles
n'ont
pas
seulement
chou,
mais
qu'elles
ne
sont
qu'une
reproduc-
tion
infrieure
des thories qu'elles
prtendent
renverser
et
remplacer.
Car il
n'y a
rien
dans
Yorganum
de
Bacon,
ou
dans la
philosophie
de Descartes
(1),
en
ce
qui
con-
cerne
les
principes fondamentaux
de la
logique,
qui
ne
se
trouve
dans
Yorganum
d'ristote. Et
tous
ceux qui
vou-
dront
accorder
une
attention
srieuse et
dsintresse
ces
matires
admettront,
je
crois, avec
moi,
que
Yorganum
d'Aristote
surpasse
toutes
les
thories
logiques qui
l'ont
suivi
par
l'tendue,
la
profondeur et
la
justesse
de
ses
re-
cherches,
et
par
le
caractre
scientifique
dont i
est
marqu.
Quant
Yorganum
de Bacon,
l'illusion si
longtemps
ca-
resse
et
admise
comme
un
fait
incontestable,
qu'il
nous
(1)
Discours
sur
la
mthode;
Rgles
pour
bien
conduire
sa
pense*
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
28/555
4
CHAPITRE
I.
fournit
une
mthode
nouvelle
et
des
procds
logiques
inconnus
Aristote
et
aux
philosophes
de
l'antiquit,
cette
illusion
a
t dissipe
par
la
critique
moderne
et
par
une
connaissance
plus approfondie et plus
exacte
de
la
philoso-
phie
ancienne
(1).
Le
dfaut
commun
de toutes
les thories logiques,
de
la
thorie
aristotlicienne
comme
des
autres,
mais
plus
de
celles-ci
que de
la premire,
ainsi
que
je
le
montrerai
par
la
suite,
l'erreur
qui
a empch les
auteurs
de ces thories
d'tablir
la logique
sur
des
bases
vraiment rationnelles,
et
qui vicie,
si
l'on peut
ainsi
dire,
l'difice
entier, il
faut la
chercher
dans
le principe mme
d'o
ils
sont
partis,
je
veux
dire
dans
la
manire dont ils ont
conu cette
science. Car
ils
ont
tous
considr
la
logique comme
une
science purement
formelle,
c'est--dire
comme
une
science
dont l'objet con-
siste
analyser
et
dcrire les
formes
purement subjectives
de
la
pense,
formes
qui
auraient
une signification
et
une
valeur
pour
ce
qui
concerne
l'intelligence
et
ses
oprations,
mais
qui
ne
seraient lies par
aucun rapport
objectif
et
consubstantiel avec
les choses
que
nous
pensons
et
con-
/
naissons
avec
leur concours, ou,
comme
on
dit,
avec
l'tre
des
choses.
C'est
l la
notion
que
les philosophes
se sont
gnrale-
ment
forme
de
la
logique,
et
en
partant
de
ce point
de
vue
ils
ont
mutil
cette science,
ils
l'ont,
pour ainsi
dire,
J
dpouille
de
sa substance, et
n'ont
laiss
qu'une
pure
forme,
qui,
par
cela
mme qu'elle
a
t
spare
de
sa
sub-
(1) Voy.
,
sur ce
point,
un
crit
que
j'ai
publi
en
anglais
:
Inquiry
into
spculative
and exprimental
Science.
Londres,
185$,
Trbncr;
et dans
mes
Mlanges
philosophiques,
l'article
Bacion.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
29/555
REMARQUES PRLIMINAIRES.
5
sfance, et qu'elle
a
t
considre
indpendamment
des
choses
relles
et
concrtes,
est
loin
d'tre
une
forme
vrai-
v
ment
rationnelle
et
un
instrument
de la vrit.
Et,
il
faut
bien
le
dire,
depuis Aristote
jusqu' nos
jours
on croirait
que les
logiciens au lieu
d'agrandir
et de
complter
le
champ
des recherches
marqu
par le
philosophe
grec,
ne
se sont
appliqus
qu' le
rtrcir,
en
retrancher
quelques-unes
de
ses branches
essentielles
et le
rduire ainsi
son
mi-
nimum.
De
l
les distinctions
arbitraires et
superficielles
de
la
vrit
mtaphysique
et de
la
vrit logique,
de
la
raison
et du
raisonnement,
de
la
logique
comme science
des
simples
possibilits,
et de
la
mtaphysique
comme
science
des
ralits
ternelles
et
absolues,
distinctions
qui,
d'une
part,
brisent
l'unit
de
l'intelligence,
et
avec
l'unit
de
l'intelligence l'unit
des
choses,
et, de l'autre,
ont
fait
de la logique
une
sorte
de
caput
mortuum,
o
l'intelli-
gence ne
saurait
trouver
un critrium rel
?
un
guide
ra-
tionnel
et assur,
Tel
est,
mme
en
ce
moment,
l'tal
de
la logique,
bien
qu'il
y
ait
aujourd'hui
plus
d'un
demi-sicle
que sa
rnova-
lion a t
accomplie
par
Hegel.
Lorsque
la logique
de
Hegel
parut
(1),
elle
fut
reue
en
Allemagne
avec
admiration,
on
peut mme
dire
avec
en-
thousiasme
par
le
monde
philosophique.
L'on
comprit
alors qu'elle
tait appele
remplacer
l'ancienne
logique,
et
inaugurer
une
re
nouvelle
non-seulement
pour
la
lo-
gique,
mais pour
la philosophie
et la
science
en
gnral.
Car,
par l mme
que la
logique
est
une science
universelle,
(1)
Nuremberg,
1812.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
30/555
6
CHAPITRE I.
il
n'y
a
pas
de sphre
de
la
connaissance qui
chappe
son
action,
il
n'y
a
pas
de
thorie
ou de
pense
sur
Dieu,
sur
la
nature,
sur
l'homme
qui
n'implique
une loi
ou
une notion
logique,
et,
par
consquent,
la rnovation
de la
logique
doit
ncessairement
entraner
avec elle
de nouvelles
habi-
tudes d'esprit,
de nouveaux
principes
et
des mthodes
nou-
velles
dans
toutes les
branches de
la
connaissance.
Que
la
logique
de
Hegel,
lorsqu'elle
sera
mieux
tudie
et
mieux
connue,
et qu'un
attachement
aveugle
et
mca-
nique
de
vieilles formules
tombera
devant
des
prin-
cipes
vraiment
rationnels
et
dmonstratifs, soit
appele
remplacer
l'ancienne
logique,
c'est
ce
qui
ne laisse
pas
l'ombre
d'un doute
dans
mon
esprit. Et
les
objections
que
l'on
dirige
contre
la
philosophie
de
Hegel,
savoir,
que cette
philosophie
qui
autrefois
a
rgn
en
souve-
raine
en
Allemagne
est
maintenant dlaisse et
perd
tous
les
jours
de
son influence,
que ses
partisans sont
dis-
perss
et
dcourags,
et
osent
peine
reconnatre
la
doc-
trine
de
leur
matre,
et
qu'il
y
a lieu
de croire
que cette
doctrine
n'est
qu'une
phase passagre de
l'esprit
humain,
qu'une
tentative
hardie,
mais
strile
pour
expliquer
les lois
absolues
de
l'univers, de
telles objections n'ont,
mon gr,
aucune
valeur.
Car
ceux
qui
prtendent
que
la
philoso-
phie
hglienne
a perdu de
son influence,
on
peut
d'abord
opposer
l'affirmation
contraire, et
l'on
peut
dire que
ce
qu'elle
a perdu
en
intensit,
elle
l'a
gagn
en
tendue,
et
que cette
influence,
qui autrefois
tait
borne
l'Alle-
magne,
s'tend
aujourd'hui
sur
toute
l'Europe
et au
del
des
mers,
comme
le
prouvent
des
publications qui concer-
nent
directemenl
la
philosophie
hglienne,
ou
qui
portent
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
31/555
REMARQUES
PRLIMINAIRES.
7
une
marque visible
de son
influence
(1).
Et
ce
dplace-
ment
du
centre
de
l'hglianisme
qui
de
l'Allemagne
va
en
se
rpandant
et en
jetant des
germes sur
les
diffrents
points du globe,
au
lieu
d'tre
une
cause d'affaiblissement
deviendra
pour
lui
une source nouvelle de force
et
de
vie.
Car
c'est
en se
combinant
avec
l'esprit
des
autres
peuples,
en
variant
ses
formes
et
son
langage,
et
en
trouvant
d'au-
tres
interprtes
que
ceux du sol
qui
l'a
vu
natre,
qu'un
grand
systme se
dveloppe et dploie
les
richesses
ca-
ches
dans
les profondeurs de
la
pense du matre.
En
outre,
lors
mme
que
l'on
accorderait
qu'en
ce
moment la
philosophie
hglienne
a
perdu de
son
influence,
la
con-
clusion
qu'on
en
veut
tirer
contre
sa
valeur
intrinsque,
contre
son
action
et
ses
dveloppements futurs ne suit nul-
lement
des prmisses, lien
est de
la philosophie
hglienne
comme de la
philosophie de
Platon
et
d'Aristote,
comme
de tout grand
systme,
et on
pourrait ajouter de
tout
grand
vnement
historique. Il
y
a
raction,
et
il
y
a
point d'arrt.
Cette raction et ce point d'arrt
sont amens
par
des causes
diverses,
par
le
pass,
par
les
vieilles
habitudes morales
et
intellectuelles,
par l'intrt,
par
l'ignorance et
l'indiff-
rence,
par
la
difficult
de pntrer
dans
la
signification
vaste
et
profonde
d'une
thorie,
ainsi
que
par
l'impatience
de
voir
l'ide
immdiatement
ralise.
Mais
c'est
l
l'clips,
ce
n'est
pas
l'vanouissement de
la
plante. Les
doctrines
de
Platon
et
d'Aristote
furent
suivies,
ou,
comme
dirait
un
antihglien,
effaces
par
celles
d'Epicure,
des
Sto-
(1)
Voy.,
sur
ce
point,
Prface de
la
deuxime
dition
(1864)
de Ylnlro-
duclion
la
Philosophie de
Hegel;
et
la
Philosophie
contemporaine en
Ilalie,
ch. VI,
par
R.
Mariano.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
32/555
8
CHAPITRE
I.
ciens, etc. Et
cependant
on
ne
les
a
pas moins
vues
revivre,
et
revivre
aussi
vigoureusement
et
plus
vigoureu-
sement
peut-tre,
qu'en
sortant du
cerveau
et
de
la
bouche
de
leurs
immortels
auteurs.
Sans
parler,
en effet,
de
l'cole
d'Alexandrie
ni
de
la
philosophie
romaine,
qui
peuvent
tre
considres
comme un dveloppement
ou
une
repro-
duction
des
doctrines
de
Platon
et d'Aristote,
l'influence
de
ces
doctrines ne
fut jamais
plus
marque
et
plus incontes-
tablement
tablie
qu'au
moyen ge
et la
renaissance.
Et
mme
de nos
jours,
malgr
les
attaques
ddaigneuses
et
les pompeuses promesses
de Bacon
et
de
Descartes,
la
philosophie
grecque constitue
la
base
de
toute
ducation
vraiment
philosophique. Et
il
ne
faut
pas
non
plus
oublier
qu'il
y
a
peu
de
livres
auxquels on
ait
consacr
dans
ces
derniers temps plus
d'attention
et
de
travaux
qu'aux
livres
de
Platon
et
d'Aristote.
Ainsi
l'obscurcissement
momentan
de
ces
grands
luminaires,
loin
d'tre un
symptme
de
fai-
blesse,
est
une
preuve
de
puissance
;
car
il
prouve
combien
est
indestructible
l'esprit qui
vit
en
eux,
esprit qui
se
per-
ptue
travers les
ges,
et
ne s'efface
que pour renatre
une
vie toujours jeune
et
toujours
nouvelle
Que
Hegel
appartienne
la famille
de ces penseurs ex-
traordinaires
et
divins, et
que
ses
thories soient
faites
pour
rsister
l'preuve
du
temps,
c'est
ce
qui,
mon
avis,
ne
saurait
laisser
de
doute
dans
l'esprit
de
celui
qui
voudra
leur accorder
une
attention
srieuse
et dsintresse.
Car
sa
puissance
spculative
vraiment
merveilleuse,
la
profon-
deur
et
la
vaste
tendue de
son
esprit
qui a
embrass
toutes
branches
du
savoir,
et
sa
facult
de dduire
et
de
lier
les
ides
et
de systmatiser
la
connaissance,
facult
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
33/555
REMARQUES
PRLIMINAIRES.
9
que
nul
antre
penseur,
sans
en
excepter
Platon
et
Aristote,
n'a
gale,
lui
assurent
une
des
places
les
plus
leves
parmi
les
gnies
dont s'honorent
la philosophie
et
l'esprit
humain.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
34/555
CHAPITRE
II.
DFINITIONS
DE
LA
LOGIQUE.
Rien
ne
prouve plus
clairement
peut-tre
l'insuffisance
de
l'ancienne logique que
les
incertitudes
et
la
divergence
des
opinions
relativement
son
objet et
ses
limites.
En
effet,
suivant
les
uns,
la
logique
est
un
systme de rgles,
une
mthode pour
former
des
ides claires
et
pour guider la
raison
(1)
;
suivant
d'autres,
c'est
la
science
de
l'argumen-
tation
et
du
raisonnement,
facults
qu'ils distinguent
soi-
gneusement
de
la
raison
(2).
Kant
considre
la
logique
comme
une
science
formelle,
comme
la
science
des
formes
ncessaires ou
lois
de
la
pense,
et,
suivant
ses
propres
expressions, de l'usage
gnral
de
l'entendement,
ind-
pendamment
de
tout objet particulier,
ou
de tout
contenu
fourni
soit
par
la
raison,
soit par
l'exprience
(3).
Il en
est
qui
liminent
de
la
logique toute
question
touchant
les
ides,
leur origine et leur
signification
objective.
Il
en
est
(1)
Descartes,
Watts.
(2)
C'est l
la
notion
qu'on se fait
le
plus
ordinairement
de
la logique.
(3)
Logique
de
Kant,
publie
par
Jsche.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
35/555
DFINITIONS
DE
LA
LOGIQUE.
11
d'autres,
au
contraire,
qui
non-seulement
y
comprennent
ces
questions,
mais
qui
font
de
la
logique
une
sorte
de
miscellane o
ils
entassent
ple-mle et comme
au hasard
toute
espce
de sujets, tels
que les problmes de
la certi-
tude, de
la
probabilit,
des miracles, etc.
(1).
Cette divergence
d'opinions,
cette
incertitude
touchant
l'objet
et les
limites de
la
logique, qui
serait une source
d'erreurs dans toute
autre science, entrane
des cons-
quences
bien
plus
fcheuses
encore
lorsqu'il s'agit
de
la
science qui est prsente comme
l'instrument universel
de
l'investigation
scientifique
,
comme la mthode
l'aide
de
laquelle
on dcouvre
o
Ton
constate
la
vrit
;
car
l'erreur
et
la
confusion
qui
se
glissent
dans
cette
science
univer-
selle
doivent par l
mme pntrer dans
toutes
les
autres
branches du
savoir.
La difficult
qu'on
prouve
se
faire
une
notion
exacte
de
la
logique
est
due
plusieurs
causes,
mais
elle est
due
surtout
l'absence d'une
connaissance
systmatique,
et
de
recherches
suffisamment
approfondies
sur
la
nature
de
la
forme,
et partant
de
la
logique
elle-mme.
Et, en effet,
l
o
il
n'y
a
pas
de systme
(2),
c'est--dire
l
o
il
n'y
a
pas
un tout,
et o les parties
et le
tout ne sont pas lis
par
des
liens
rationnels et par
des
rapports
ncessaires
et
ab-
solus,
il
ne
peut
y
avoir
qu'une
connaissance
fragmentaire
et
accidentelle.
Et une
science
particulire
qui
n'est
pas
systmatiquement
ordonne,
et
qui
ne
constitue
pas
la partie
(1)
La
logique
de Port-Royal, par
exemple.
(2)
Voyez
sur la
ncessit d'une
connaissance
systmatique
et
les
erreurs
qui
naissent de
l'absence
de cette condition,
mon
Inlroi.
la
Phil.
de
Hegel,
ch.
III,
h,
et
plus bas,
ch.
IX,
X
et
XI.
Cf.
aussi
mes
Introd.
la
Phil.
de
la
Nature,
et
la
Philos,
de l'Esprit
de
Hegel,
vol.
I.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
36/555
12
CHAPITRE II.
d'un
tout
ne
saurait discerner
clairement
ni son
objet,
ni
ses
limites,
ni
les
rapports
qui
l'unissent
aux
autres
sciences.
Et
c'est
ce
qui a lieu
dans
la
logique.
Car cetle
science qui,
comme on
nous
l'enseigne,
doit
nous apprendre
ordonner
nos penses
et
former
des
ides
claires
et
compltes,
s'inquite
fort
peu
soit
d'ordonner
ses propres
matriaux,
soit d'en
rechercher et
d'en
dfinir
avec
prcision le
sens
et
la
valeur.
Par
exemple,
la
question de savoir
quel
est
le
rapport
de
la logique
avec
les
autres
sciences, on
se con-
tente
de
rpondre
d'une manire
vague et
superficielle,
que
comme
la logique
est la
science
du
raisonnement,
et
comme
on
a
besoin du raisonnement dans toutes
les scien-
ces,
la
logique
doit
ncessairement
avoir
des rapports
avec
elles.
Mais quelle
est
la
vraie
et
intime nature
de
ces
rap-
ports,
jusqu'
quel
point
et
de
quelle
faon la logique
est
lie
aux
autres
sciences,
et
quelle
est
la
limite
qui la
spare
d'elles,
c'est
ce que les
logiciens ne nous disent
point.
Et
lorsque,
pour
en
donner
une
dfinition
plus
exacte,
ils
ajoutent
que
c'est la science
de
la
forme
ou de
la
mthode
l'aide
de
laquelle
nous ordonnons
nos penses pour
at-
teindre
la
vrit,
ici
aussi on nous
laisse dans l'ignorance
sur
la
nature
de cette
forme
et
de
cette
mthode,
et
sur
leurs
rapports
avec les
objets
de
la
pense,
comme,
par
exemple,
s'il
y
a
entre l'objet de
la
pense
fini
ou infini,
physique
ou
mtaphysique
et
la
forme
une communaut
de
na-
ture,
et,
s'il
y
en
a,
quelle
est
la
diffrence
entre
la
logique
et
l'ontologie
et
la mtaphysique
;
et
s'il n'y
en
a
pas,
com-
ment
la
connaissance
est
possible
;
ou
bien,
si
la
forme
est
ternelle
et
absolue,
ou
prissable
et
relative,
et
si
elle
est
prissable
et
relative,
comment
on peut
atteindre
par
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
37/555
DFINITIONS
DE LA
LOGIQUE.
13
elle
l'absolue vrit, ngligeant ainsi
ou
laissant
sans
rponse
les
questions
les
plus
importantes,
et
dont
la
solu-
tion
constitue la
base d'une
conception
vraiment rationnelle
de
la
logique.
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
38/555
CHAPITRE
III
ESQUISSE
DE
L ANCIENNE
LOGIQUE.
Pour
justifier
l'exactitude
de
ces remarques,
je
vais
tra-
cer
d'abord
une
rapide esquisse de
l'ancienne
logique,
me
me
bornant
indiquer
les
traits
les
plus
essentiels
de cette
science,
ce
qui nous
suffira pour
mettre
en
lumire
ses
la-
cunes,
et
ce
qu'il
y
a,
pour
ainsi
dire,
d'illogique
en elle,
et
nous
servira
comme
de
prparation
et
de
passage
la lo-
gique
hglienne.
Que
la
logique
soit
une
science
universelle,
c'est
l
un
point
sur
lequel
les philosophes
sont d'accord. En
effet,
que
la
logique
soit
la
science
de
la
forme,
ou qu'elle
soit
la
science
du
raisonnement,
l'unit
de
l'intelligence, ainsi
que
l'unit
de
la
science,
exigent
qu'il
y
ait
une science
universelle qui
s'tend
toutes
les
branches de
la
con-
naissance
et de
la pense.
Mais
si,
d'un ct,
la
logique
est
une
science
universelle,
elle
doit,
de
l'autre,
avoir
un
objet
dtermin,
et
par
suite
un
champ
de
recher-
ches
limit,
et,
en
ce sens,
elle
doit
tre une science
par-
ticulire.
Car,
si
elle n'tait
qu'une
science
universelle,
elle
serait
la
science
universelle et la seule science,
et
les
autres
sciences
ne
seraient alors
que
des
parties
ou des
di-
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
39/555
ESQUISSE
DE
l'ANCIENNE
LOGIQUE.
15
visions
de
la logique.
Par consquent,
il
se
prsente
la
question
de
savoir
comment
la
logique
peut
tre
une
science
universelle
et
particulire tout
ensemble,
dans
^
quel
sens
et
jusqu'
quel
point
elle
embrasse
les autres
sciences,
et en
quel
sens
elle
constitue
une
science
sui
generis, ayant
un
objet
distinct
et
dtermin.
Or,
lorsque nous
analysons
la
pense, nous
y
dcouvrons
deux lments
: la
chose
elle-mme
(qu'elle soit
d'ailleurs
purement
pense
ou signifie par des mots),
et
le
mode
suivant
lequel les
diffrentes
choses
sont
unies
et
disposes
dans
et
par
la
pense,
en
d'autres
termes,
nous
y
dcou-
vrons,
d'une
part,
ce
qu'on a appel la matire,
ou le con-
tenu,
et,
de
l'autre,
la
forme.
Si
dans
la
proposition
:
Fhomme
est
mortel,
nous
ne
considrons
en
aucune
faon
ce
qui
se
rapporte
l'tre objectif
et
rel
soit de Y
homme,
soit
de
mortel, comme, par exemple,
s'il
y
a
un
tel
tre
appel homme,
ou
ce
qu'il
est,
ou s'il
y
a des
choses
mor-
telles,
et
en
quoi
consiste
tre
mortel,
etc.,
mais
seulement
la
manire
dont ces
termes
ou
des
termes
semblables
sont
ou
peuvent
tre unis, nous
aurons
la
forme
universelle
de
cette proposition.
C'est
par
le
mme
procd
analytique
que
nous
dcouvrons dans
un
raisonnement
des
lments
et
des
rapports analogues.
Et
si nous
tendons
ce
procd
aux
formes
diverses
l'aide
desquelles
nous pensons
les
choses,
nous
aurons le
point
de vue
fondamental
de
l'an-
cienne
logique, c'est--dire
nous
aurons,
d'une
part,
\&
ma-
tire
de
la
pense,
et les sciences
qui
s'y
rapportent,
telles
que
la
mtaphysique
et
la
physique, et, de
l'autre,
la
forme
de la
pense,
et
la
science de
la
forme
ou
la
logique.
Maintenant,
comme
il
ne
peut
y
avoir
de
pense
sans
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
40/555
16
CHAPITRE
III.
une
forme
dtermine,
il
faut
la
pense certains
lments
fixes
et
gnraux
qui
la
dterminent.
Ces
lments
ont
t
nomms
par
quelques
logiciens termes, par
d'autres
cat-
gories
ou
concepts,
et
par
d'autres
genres
et
espces. Il
faut
remarquer,
cet
gard, que
si^conformment
la
notion
fondamentale
de la
logique que nous
venons
d'indiquer
nous
enlevons
aux
termes ou
catgories, ou
par
quelque
nom
qu'on
voudra
les
dsigner,
leur
valeur
matrielle
et
objective, et
leurs
proprits
relles
(peu
importe
ici
que
ces
proprits soient
drives de
l'exprience
ou
de
la
raison),
on
ne
leur
laissera que
leur
grandeur
ou
quantit,
et
la
logique
deviendra la
science
de
la
quantit
de
la
pen-
se
(1).
C'est
l,
pour le
dire
en passant,
ce
qui
fait
le
rap-
port
de
la logique
et
des
mathmatiques,
et
ce
qui
a sou-
vent
amen
les confondre.
Car,
si l'on dpouille
les
termes
de
leur
contenu,
on
n'aura
plus que
des
nombres
ou des figures
gomtriques,
et
on pourra comparer leur
combinaison
une
proportion
numrique
ou
des
cercles
concentriques
(2).
(1)
Si,
par
exemple,
dans le
terme homme
nous
faisons
abstraction
de
son
existence
relle et de
ses
qualits,
le seul
caractre,
la
seule
entit qui
pourra
lui
rester
sera
la quantit,
c'est--dire nous
aurons
l'homme
considr
comme
un
tout,
ou
comme
une
partie, ou
comme une
unit
indivisible.
Et
il
faut
remarquer
que
nous
faisons
ici
une
concession
l'ancienne
logique
pour le
besoin
de
la
discussion. Car il
est
facile
de
voir
que
la
quan-
tit
et
ses
rapports
quels que
soient
d'ailleurs
leur
valeur
et
le
rle
qu'ils
jouent
dans
la constitution
des
tres,
font partie
de
la
chose
mme
et de
sa
nature
objective,
et
que,
par consquent,
elles
dpassent
les limites
d'une
logique
qui
n'y
voit
que
des
formes purement
relatives
et subjectives
de
l'intelligence.
(2)
Euler,
par
exemple,
compare
le
syllogisme
trois cercles concentriques
dont
le
cercle
central
formerait
le
moyen
terme.
Ploucquet
identifie
la
Ugique
et
le
calcul,
et aprs
avoir ramen
le
syllogisme
au
calcul,
il
couclut
par
les
paroles
suivantes
:
Posse ctiam
rudes
mechanice
tolam
logicam
7/21/2019 Hegel - Logique (tome 1)
41/555
ESQUISSE
DE
L'ANCIENNE LOGIQUE.
17
Maintenant,
conformment ce
point
de
vue
,
les
ca-
ractres
essentiels
des
termes
seront
ce
que
les
logiciens
appellent comprhension et
extension,
lesquelles
forment
'
un certain nombre, une
somme
de caractres appartenant
chaque terme.
Soit,
par
exemple,
le
terme
arbre. Arbre
est
la
fois
un
genre
et
une
espce.
C'est un genre
si
l'on
considre les
termes
infrieurs
et
plus troits,
tels que
chne, htre, peuplier,
qu'il contient;
c'est
une
espce
si
'
l'on considre
les
termes suprieurs et plus
larges,
tels
qu
organique,
matire,
tre,
dans
lesquels
il
est
contenu.
L'ensemble
des
premiers caractres
constitue
son
extension,
l'ensemble
des
derniers
constitue sa
comprhension.
D'o
il
suit
:
1
que
l'on
a
une
somme
ou
une
srie
de
termes
o
la
comprhension
et
l'extension se dveloppent
en
raison
inverse,
la comprhension
augmentant
lorsque
l'ex-
tension
diminue,
et,
rciproquement,
l'extension augmen-
tant
lorsque la comprhension
diminue
;
2
que,
si
l'on
se
reprsente par
la
pense
la srie
entire